MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L
En images /
République démocratique du Congo, protéger les enfants des rues Focus / Adoption, au bonheur des familles En bref / Kurdistan, soigner les réfugiés
SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE
N° 137 HIVER 2020 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS
RENCONTRE
YÉMEN
Wafa’a
Coordinatrice générale Wafa’a Al Saidy, 41 ans, vit à Sana’a, la capitale yéménite. Depuis 2014, la guerre qui fait rage dans son pays affame et terrorise la population. Responsable de la réponse de Médecins du Monde à cette grave crise, Wafa’a mène de front engagement humanitaire, vie de famille et études en administration publique à l’université de Birmingham. POURQUOI J’Y SUIS ? « Je suis diplômée en pharmacie de l’université de Sana’a. J’ai commencé ma carrière en tant qu’enseignante en pharmacologie puis j’ai dirigé une structure de santé jusqu’à la révolution yéménite en 2011. C’est alors que Médecins du Monde a commencé à soutenir le centre dans lequel je travaillais. Ils avaient besoin d’une pharmacienne pour gérer les stocks de médicaments. Les choses ont commencé comme ça. J’ai ensuite été assistante de la coordination médicale, agent de santé, représentante nationale et finalement coordinatrice générale. »
CE QUE JE RESSENS « Les besoins des Yéménites ne pourront être satisfaits tant que la guerre durera. L’aéroport de Sana’a est fermé. Le blocus freine l’importation de médicaments. Cela affecte toute la population. Il y a des denrées alimentaires sur les marchés mais elles ne sont pas abordables. Les prix ont doublé, or les gens ont perdu leur emploi. Nous observons une recrudescence des mariages précoces dans les villes, parce que les familles ne peuvent plus nourrir leurs filles et que la dot permet de survivre quelques mois. Avec la guerre, nous avons vu arriver dans les centres de santé gratuits des personnes qui pouvaient jusque-là payer leurs soins ou de jeunes patients enchaînés parce qu’ils n’avaient plus accès au traitement pour leur maladie mentale. Il faut mettre un terme à cette guerre. » 2
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« Le blocus freine l’importation de médicaments. Cela affecte toute la population. » Wafa’a, coordinatrice générale
© Anaïs Oudart
CE QUE JE FAIS « Lorsque Médecins du Monde a lancé son programme d’urgence au Yémen, en 2015, nous avons commencé par quelques cliniques mobiles dans le gouvernorat de Sana’a. Puis rapidement nous avons étendu nos activités au gouvernorat d’Ibb. Aujourd’hui nous soutenons seize centres de santé dans cinq gouvernorats pour renforcer l’offre de soins primaires, de santé mentale et le référencement des urgences, notamment les accouchements, vers les hôpitaux. Nous participons également à la réponse aux épidémies telles que le choléra et la diphtérie. »
OPINIONS
HIVER 2020
, Editorial
Le droit à la santé, que l'on croyait pourtant inaliénable, est régulièrement attaqué pour des raisons économiques, idéologiques ou d'instrumentalisation politicienne.
Les récents assauts contre l’Aide médicale d’État et la création d’un délai de carence de trois mois pour les demandeurs d’asile l’ont prouvé. Alors que la santé physique et psychique de tous devrait faire l’objet de la plus grande attention de la part des États, nous assistons à la marchandisation progressive des systèmes de santé. Des pratiques néolibérales mercantiles décomplexées, excluant les personnes les plus vulnérables, sont mises en œuvre dans un nombre croissant de pays. Ailleurs, les populations sont confrontées à la faiblesse endémique, voire la faillite des dispositifs médicaux publics. Pourtant, la santé est un élément essentiel d'inclusion et de justice sociale. Lutter pour ce droit fondamental est notre manière de préserver et de renforcer l'accès aux soins. Car nous ne devons laisser personne sur le bord de la route.
Consternés
Après la décision du gouvernement d’instaurer un délai de carence de trois mois pour que les demandeurs d’asile puissent accéder à la Sécurité sociale en France, je me pose une simple question : la France a-t-elle réellement compris le sens du mot asile ? Franck, couvreur
Touchés
C’est en me promenant dans Paris que j’ai découvert la gigantesque fresque réalisée par un artiste yéménite pour dénoncer la vente d’armes françaises au Yémen. Quelle émotion quand on sait ce que subissent les populations dans ce pays ravagé par la guerre. Magnifique ! Héloïse, agent immobilier
Solidaires
Je comprends tout à fait la colère du personnel hospitalier et je la partage. Je me suis rendue à la manifestation à Paris et j’étais heureuse de constater que Médecins du Monde s’était joint à nous pour tirer la sonnette d’alarme. Il faut que le gouvernement entende enfin nos revendications. Annie, directrice d’un Ehpad
Dr Philippe de Botton Président de Médecins du Monde
Au sommaire du N° 137 / Hiver 2020
Adoption P. 6
RDC P. 8
Exposition
Vous aussi, réagissez ! donateurs@medecinsdumonde.net
Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Philippe de Botton – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Jonathan Stein-Richez – Comité éditorial : Thomas Flamerion, Jean-Baptiste Matray, Amélie Churlet, Julien Dussart, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : Thomas Flamerion, Nathalie Piechowiak, Insaf Rezagui, Justine Roche – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Olivier P a p e g n i e s – Création maquet te : C i t i z e n - P r e s s – w w w. c i t i z e n - p r e s s . f r – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 301 200 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1023H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff.
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PANORAMA
EN BREF
ELLE A TRÈS MAL AU VENTRE.
A-T-ELLE LE DROIT D’ÊTRE SOIGNÉE ? PAS VRAIMENT. Car elle n’est pas considérée comme une enfant.
L’image
France / À l’occasion de la parution de son rapport annuel sur l’accès aux soins des plus démunis en France, Médecins du Monde a lancé une campagne d'affichage dans plusieurs villes de France sur le thème « A-t-il(elle) le droit d’être soigné ? » Une question simple, posée sous le visage d’anonymes qui pourraient être nos amis, nos voisins, des membres de notre famille. Et une réponse souvent compliquée, contrastée. Car en effet, nous continuons de l’observer, de nombreuses personnes en France ne bénéficient d’aucune couverture maladie et ne parviennent pas à se faire soigner.
Kurdistan / Soigner les réfugiés
France / Une campagne pour tous
L’offensive turque sur le Kurdistan syrien, lancée début octobre avec le départ des troupes américaines de la région, a poussé près de 400 000 personnes à fuir. La zone bombardée, une bande de territoire large d’une trentaine de kilomètres au nord-est de la Syrie, a connu d’intenses combats qui ont fait des victimes parmi les civils et ont endommagé les infrastructures. Rapidement, les équipes de Médecins du Monde ont soutenu des centres de santé du territoire pour leur permettre de reprendre une activité partielle et de continuer à couvrir les besoins en santé des populations.
En décembre, Médecins du Monde a lancé sa campagne de fin d’année sur un thème résolument provocateur : « On s’en fout ». Derrière ce titre, un message de tolérance et de non-jugement qui sous-tend tous les combats et les programmes de l’association. Car Médecins du Monde refuse de se laisser influencer par une quelconque idéologie ou le qu’en-dira-t-on. Le parcours de chacun, son expérience de vie ne font jamais obstacle aux soins que nous devons lui apporter. Cela nous permet au contraire de déterminer la meilleure façon de l’aider. Qu’il soit migrant, usager de drogues, travailleur du sexe, sans abri, nous le considérons comme une personne avant tout. Médecins du Monde place cette diversité au cœur de son éthique et de sa pratique humanitaire.
Au Kurdistan irakien voisin, où quelques milliers de déplacés syriens ont trouvé refuge dans les premières semaines qui ont suivi le début de l’offensive d’Ankara, Médecins du Monde a préparé une réponse d’urgence. L’objectif est de pouvoir couvrir les besoins médicaux d’un des camps de la province de Dohuk, en cas d’afflux de réfugiés syriens.
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Tout le monde a droit à la santé, c’est le message de cette campagne qui prend la forme d’un film et d’affiches réalisés par Matilda Finn. Elle illustre la diversité du champ d’action de Médecins du Monde et souligne sa capacité à agir là où les autres ne veulent ou ne peuvent pas agir.
République démocratique du Congo / Défendre les droits des femmes
© Olivier Papegnies
En République démocratique du Congo, Médecins du Monde développe depuis de nombreuses années un programme de santé sexuelle et reproductive à destination des jeunes filles et des femmes. Dans ce pays, la question de l’accès à la planification familiale, dont l’accès à l’avortement sécurisé, mobilise la société, notamment à l’occasion de la Journée mondiale de la contraception, le 26 septembre. Car si l’Union africaine a adopté en 2003 le protocole de Maputo, un instrument juridique international qui pose le cadre légal entourant le recours à l’avortement pour une femme, les barrières législatives demeurent. Toute femme qui tente d’avorter encourt une peine de cinq à dix ans de prison. Cette pénalisation oblige souvent les femmes à recourir à des avortements clandestins et donc dangereux pour leur santé.
© Anaïs Oudart
Le saviez-vous ?
1 159 lieux de vie informels ont été démantelés en France métropolitaine entre novembre 2018 et octobre 2019. Près de 90 % de ces expulsions n’ont donné lieu à aucune proposition de mise à l’abri.
Aussi, au quotidien, les équipes de Médecins du Monde soutiennent et accompagnent les femmes qui font face à une grossesse non désirée. Plus largement, elles sensibilisent la population afin de limiter le nombre et les conséquences des avortements non médicalisés, forment les personnels de santé, appuient cinq centres de soins de la capitale congolaise et plaident auprès des responsables politiques. Pour permettre à chaque femme de disposer librement de son corps et de son avenir.
Source : O bservatoire des expulsions de lieux de vie informels, 2019
Caucase / Développer la réduction des risques Depuis 2011, Médecins du Monde mène en Géorgie un programme de réduction des risques pour les usagers de drogues. L’association a d’abord soutenu l’organisation géorgienne New Vector dans l’ouverture d’un centre d’accueil, de prévention et de soins dédié à ce public marginalisé, exclu des soins et particulièrement exposé aux infections telles que le VIH et le VHC. Les équipes de Médecins du Monde et New Vector ont ainsi développé un protocole pour favoriser le dépistage et l’accès au traitement pour l’hépatite C. L’objectif : démontrer la nécessité et l’efficacité d’un suivi adapté aux pratiques et au mode de vie des usagers de drogues et basé sur l’accompagnement par un pair, tout au long du parcours de soin. Ce modèle a ensuite été développé à l’échelle nationale. Forte du succès de ce projet qui se termine à la fin de l’année 2019, l’association travaille aujourd’hui à étendre ses activités de réduction des risques aux jeunes qui consomment de nouvelles formes de drogues psychoactives et à la communauté LGBT. Elle s’apprête également à mettre à profit les résultats positifs de son travail en Géorgie pour soutenir d’autres acteurs dans le Caucase du Sud. À Erevan, capitale de l’Arménie, dans un premier temps. © Olivier Papegnies
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FOCUS
ADOPTION
ADOPTION
L’essentiel EN CHIFFRES De 1990 à 2019 :
• 3 666 familles adoptantes • 4 244 enfants adoptés. PAYS D’ADOPTION
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Albanie Arménie Bolivie Brésil Bulgarie Chili Chine Colombie Côte d’Ivoire
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Équateur Haïti Madagascar Pérou Philippines Roumanie Russie Ukraine Viêtnam
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Au bonheur des familles À la fin des années 1980, la situation dramatique de nombreux enfants victimes d’abandon et de traumatismes frappe l’opinion. Association médicale de solidarité internationale, Médecins du Monde s’interroge sur la possibilité d’accompagner ces enfants. La mission adoption ouvre en 1987, sept ans après la naissance de l’ONG.
adoptive proposés à tous les futurs parents. En 2011, une préparation spécifique pour les adoptions de fratries, d’enfants grands et d’enfants à problèmes médicaux est mise en place. Le suivi post-adoption, période sensible de construction des liens d’attachement, est par ailleurs assuré pendant au moins deux ans grâce à l’investissement permanent et la formation continue des équipes dédiées.
C
UN SAVOIR-FAIRE UNIQUE
rée à l’initiative du professeur Alain Deloche et du docteur Claude Hertz, la mission adoption trouve rapidement sa légitimité, conforme aux valeurs et aux engagements de Médecins du Monde envers l’enfance vulnérable. Afin de contribuer à la protection des enfants, elle prend appui dans ses pratiques sur la défense des droits des enfants selon la Convention de l’ONU du 20 novembre 1989 et sur la Convention internationale de La Haye du 29 mai 1993. Son éthique : lutter contre la maltraitance, le trafic, la corruption, les adoptions illégales. Et accompagner, via l’adoption, les enfants dont les droits fondamentaux ne peuvent être assurés dans leur pays d’origine. Médecins du Monde obtient en 1987 sa première autorisation du département de Paris. Suivront les trois premières habilitations, pour le Brésil, l’Équateur et la Roumanie.
MISSIONS
LES ENFANTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
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Cet organisme autorisé pour l’adoption (OAA) de droit privé a occupé durant trois décennies une place particulière, celle d’un organisme adapté et légitime, se spécialisant pour accompagner les enfants les plus vulnérables : les enfants à besoins spécifiques – grands, en fratrie ou avec des problèmes médicaux. La recherche d’une famille pour ces enfants nécessite l’intervention de professionnels de l’enfance – médecins, pédopsychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, mais aussi juristes – afin d’évaluer les besoins de l’enfant et ses difficultés potentielles d’adaptation, ainsi que la capacité des parents à répondre et à faire face à ces besoins.
Témoigner et dénoncer les atteintes aux droits. Contribuer à faire évoluer la protection de l’enfance en France comme à l’étranger.
• •
Combattre la marchandisation de l’enfant et son exploitation. Défendre les droits fondamentaux des enfants : être élevé par ses parents, avoir accès aux soins et à l’éducation.
Dès 2007, Médecins du Monde avait développé des programmes de préparation à la parentalité
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En 2016, Médecins du Monde amorce l’arrêt progressif de son activité d’adoption internationale qui intervient fin 2019. Soucieuse du devenir des enfants adoptés, la mission adoption a notamment partagé ses connaissances à travers trois enquêtes auprès des familles, afin d’évaluer l’évolution des enfants. Les compétences spécifiques de l’association – sessions de formation, référentiels méthodologiques et modules de préparation des parents – ont été transférées à la mission de l’adoption internationale du ministère des Affaires étrangères.
Te, moignage La famille Remondelli « Lors de notre séjour en Chine pour l’adoption de notre premier enfant, nous avons rencontré des couples américains qui adoptaient des enfants à particularités. Des enfants qui souffraient de cardiopathies, de fentes labiopalatines qui, en France, n’étaient pas cliniquement insurmontables. L’idée a germé et pour notre deuxième adoption nous avons voulu accueillir un enfant à particularité. Une assistante sociale nous a conseillé de contacter Médecins du Monde qui était spécialisé dans ces adoptions spécifiques.
médical. Médecins du Monde nous a présenté le dossier de notre fils. Pour la petite histoire, il se trouve que sa date de naissance était la même que celle de notre fille.
Il avait une double fente labio-palatine et une malformation des doigts des mains et des pieds. Médecins du Monde nous a encouragés à contacter des spécialistes à Paris pour savoir quelles opérations seraient nécessaires et pour nous y préparer. Avant même l’arrivée de notre fils, nous avons pris rendez-vous à l'hôpital Necker pour qu’il soit opéré le plus rapidement possible. Il y a eu Nous les avons rencontrés en 2011. À ce plusieurs interventions pour sa fente et moment-là nous avions déjà beaucoup ses mains, et beaucoup de séances réfléchi aux particularités que nous d’orthophonie. Aujourd’hui, il a dix ans. pouvions prendre en charge mais nous voulions être accompagnés, encadrés. Les Et à l’école, il écrit sans problème. » équipes de Médecins du Monde nous ont aidés dans notre cheminement. Nous avons découvert un organisme qui correspondait à notre besoin, qui avait un lien fort avec des orphelinats, avec des enfants dont il connaissait bien le profil
P hilippines - 2018
. - 2016 Haiti
Chine - 2014
nterview
I
COMMENT AVEZ-VOUS REJOINT LE PROGRAMME ADOPTION DE MÉDECINS DU MONDE ?
QUELLE ÉTAIT LA SPÉCIFICITÉ DE L’ADOPTION CHEZ MÉDECINS DU MONDE ?
« Avant de rejoindre Médecins du Monde, j’étais enseignante en maternelle. J’avais eu dans ma classe des enfants en difficulté, des enfants handicapés. Après le tsunami de 2004, lorsque j’ai cessé mon activité, j’ai eu envie d’aider, de faire quelque chose d’utile. J’ai rejoint le service adoption de Médecins du Monde en 2005, d’abord comme chargée de suivi. Une fois qu’une famille avait adopté un enfant, le pays qui nous l’avait confié nous demandait de le suivre durant un certain nombre d’années. Cela nous permettait d’accompagner les parents pendant les périodes les plus compliquées. Des visites étaient organisées très rapidement et très régulièrement, au moins tous les trois mois au cours de la première année. On pouvait ainsi voir si des difficultés apparaissaient, si un soutien psychologique devait être apporté. Un rapport était ensuite envoyé à l’Aide sociale à l’enfance, en France, et dans le pays d’où l’enfant était originaire. »
« Avec l’évolution du profil des enfants adoptés, notamment l’arrivée d’enfants de plus en plus grands et de fratries, Médecins du Monde a décidé de développer la préparation à la parentalité adoptive. Cette préparation complémentaire consistait en trois journées auxquelles les parents étaient obligés d’assister avant l’adoption. Elles étaient animées par un psychologue et un chargé de suivi. J’ai bénéficié des formations organisées par Médecins du Monde pour participer à ces préparations. Ces formations, conférences et stages étaient dispensés par des experts de qualité comme le docteur Lévy-Soussan. C’est ainsi que nous nous sommes professionnalisés, grâce à des programmes de formation de haut vol. » EN QUOI CONSISTE CETTE PRÉPARATION ? « Ce travail en amont permettait notamment de se préparer à l’accueil d’enfants grands. C’est-à-dire des enfants qui ont passé de
nombreuses années dans une famille maltraitante ou sont passés d’orphelinat en orphelinat. Ce sont des enfants dont le comportement est affecté et qui ont davantage de difficultés à s’attacher. Au fil des années, il a également fallu se préparer à l’accueil d’enfants avec des handicaps. Car dans la mesure où le niveau économique et culturel progressait dans les pays d’origine, les adoptions se faisaient de plus en plus au niveau national. Les Brésiliens ou les Chinois par exemple se sont mis à adopter des enfants dans leur pays. Les besoins d’adoption à l’international ont donc évolué. Lorsque des parents souhaitaient adopter chez Médecins du Monde, on leur faisait passer des entretiens avec nos psychologues, en supplément des consultations déjà effectuées pour obtenir l’agrément. Ils déterminaient alors les pathologies et les handicaps qu’ils se sentaient capables de prendre en charge et évidemment nous les accompagnions dans l’accueil de l’enfant. » Line Gloppe, bénévole chargée de suivi et de préparation à l’adoption
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FOCUS
EN IMAGES
, 4 118 Entre avril 2018 et mars 2019 ien et enfants ont bénéficié d’un sout nt mme nota d’une prise en charge, mais médicale, alimentaire, scolaire, ssionégalement de formations profeliales. nelles et de réunifications fami
ction Les membres de comités de prote rités (acteurs de la société civile, auto unauadministratives, leaders comm és au taires, religieux, etc.) sont form nts. droit et à la protection des enfa
,
Jean, 15 ans, a été kidnappé très sévit jeune par un groupe armé qui pays. dans les régions en guerre du e d’êtr t avan Il a connu la rue à accompagné et scolarisé grâce par l’une des structures soutenues Médecins du Monde.
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à vivre en petits Les jeunes à la rue ont tendanceégiques de la ville. strat oits endr des dans pes grou assez rapidement Si les garçons trouvent leur place filles, isolées, subissent au sein du groupe, les jeunes sexuelles. plus de violences, notamment
Bien que la situation économique s’améliore en RDC, les conditions de vie demeurent difficiles en termes de santé, d’éducation et d’assainissement. Cette pauvreté touche plus particulièrement les jeunes qui représentent aujourd’hui 70 % de la population totale.
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Republique , democratique du C ongo Protéger les enfants des rues Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Dans cette immense métropole de plus de 11 millions d’habitants, quelque 20 000 enfants sont contraints de vivre à la rue où ils sont victimes de toutes sortes d’abus. Déscolarisés, isolés, soumis à une violence extrême et à des réseaux d’exploitation, les « Shégués », comme on les appelle au Congo, doivent leur subsistance à la mendicité, à la prostitution ou à la délinquance. Les services sociaux, défaillants, ne peuvent leur venir en aide et l’État ne finance pas les structures sociales œuvrant à endiguer le phénomène des enfants à la rue. Livrés à eux-mêmes, ces enfants n’ont accès ni aux soins, ni à l’éducation. Pour se sortir de la rue, ils ne peuvent compter que sur des associations parmi lesquelles Médecins du Monde Belgique, membre du réseau international de Médecins du Monde, qui mène depuis 2018 un programme de « renforcement du système de protection communautaire des enfants et jeunes de Kinshasa ». L’association travaille notamment avec le REEJER, le réseau des éducateurs des enfants et jeunes de la rue. Cette organisation congolaise rassemble différentes structures spécialisées dans l’aide aux enfants isolés. Chaque jour, dans six quartiers de Kinshasa, les équipes du REEJER soutenues par Médecins du Monde accueillent ou vont à la rencontre des jeunes marginalisés. Elles les soignent, les orientent et leurs apportent du réconfort pour affronter un quotidien chaotique et extrêmement violent. Outre la prise en charge de ces enfants, l’objectif de Médecins du Monde est de sensibiliser les communautés afin qu’elles adoptent des pratiques plus respectueuses des droits des enfants, de manière équitable pour les filles et les garçons. Un reportage photographique d'Olivier Papegnies
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DE VOUS À NOUS
EN BREF
, A lire !
Exposition/ Unsung Heroes Girl S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école jusqu'à son évasion, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. De Edna O’Brien
Éditions Sabine Wespieser
Voir venir - Écrire l'hospitalité Cette correspondance entre deux auteurs impliqués depuis plusieurs années dans l’accueil de migrants chez eux – à Paris et à Bayonne – est hantée par l’image d’une Europe laissant mourir des milliers de personnes dans l’indifférence quotidienne.
Présentée à Paris en octobre puis à Bordeaux en novembre, l’exposition Unsung Heroes - Elles brisent le silence a été un très beau succès, largement partagé avec les donateurs de Médecins du Monde. C’est à l’initiative de l’association et du photographe Denis Rouvre, collaborateur de longue date de Médecins du Monde, qu’est né ce projet consacré à la violence du monde telle qu’elle s’impose, de manière disproportionnée, aux femmes. Près de soixante portraits accompagnés de témoignages écrits ont ainsi été présentés au public, accompagnés d’une bande sonore composée d’extraits du récit des femmes. Des femmes originaires de nombreux pays dans le monde : Népal, Bulgarie, Colombie, République démocratique du Congo, France, Syrie, etc. Des femmes qui toutes ont fait ou font encore l’expérience de la violence, qu’elle soit morale ou physique, économique ou sociale, domestique ou politique.
L’équipe qui a mené ce projet d’envergure a été particulièrement touchée de l’accueil qui lui a été réservé. Vous êtes nombreux à être venus aux visites privées organisées pour les donateurs. « Nous retrouvons tous les programmes de Médecins du Monde que nous connaissons dans ces témoignages. » « Magnifique travail à la fois intellectuel et artistique. Quelle beauté, quelle dignité malgré tant de douleurs. Bravo à tous. » Autant de messages qui nous encouragent à poursuivre la diffusion de ce projet à l’international afin de porter loin la parole de ces femmes. Unsung Heroes sera exposé en Belgique, à Malines, de mars à mai 2020.
De Marie Cosnay et Mathieu Potte-Bonneville Éditions Stock
, A voir !
Du 22 novembre 2019 au 1er mars 2020
Mucem, Fort Saint-Jean - Bâtiment Georges Henri Rivière
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© Léo Delafontaine
Kharmohra Depuis 2001, une nouvelle génération d’artistes a vu le jour en Afghanistan, après des années de guerres et de vie sous un régime taliban hostile aux pratiques culturelles. L’exposition réunit une soixantaine d’œuvres représentatives de cette génération.
Vos questions Claudine, donatrice
Je souhaite faire un don en ligne depuis le site de Médecins du Monde. © Olivier Papegnies
Dois-je obligatoirement créer un espace donateur ? La transaction par carte bleue est-elle sécurisée ?
Comité des donateurs / Un programme innovant dans l’Aude Le Comité Indépendant de l’association, le Comité des donateurs mène une réflexion critique et constructive sur la gestion, la collecte de fonds, la communication et les grandes orientations de Médecins du Monde. Il témoigne auprès des donateurs de la qualité des missions qu’il visite et il s’exprime au conseil d’administration et à l’assemblée générale de l’association. En savoir plus sur : journeedonateursmdm.org
Le comité des donateurs s’est rendu à Quillan, dans la haute vallée de l’Aude, où depuis trois ans Médecins du Monde mène un programme pour améliorer l’accès à la santé des personnes en situation de précarité en zone rurale. L’éloignement géographique et le retrait des services publics dans cette vallée, où une personne sur six vit en dessous du seuil de pauvreté, accentuent les difficultés d’accès aux droits et aux soins. Médecins du Monde va à la rencontre de cette population. Nous avons été accueillis par Flavienne, coordinatrice de ce programme innovant. Puis nous avons rejoint Laura, la médiatrice en santé, et Jeanine, une infirmière bénévole, dans les locaux d’Espéraza, situés en face des Restos du cœur, ce qui permet aux bénéficiaires de venir facilement rencontrer l’équipe de Médecins du Monde. Le lendemain, nous avons assisté à un forum « Parlons santé », organisé par Médecins du Monde, où plus d’une douzaine de partenaires proposaient dépistages et conseils. Ce programme, qui mobilise de nombreux bénévoles, s’appuie ainsi sur la constitution d’un réseau à même de renforcer durablement la capacité des plus fragiles à accéder au système de santé de droit commun. Le comité remercie toute l’équipe de son accueil et nous suivrons avec attention ce programme.
Partenariats / Des lunettes fournies par la fondation OPTIC 2000 Les prestations d’optique sont parfois mal remboursées. Cette difficulté d’accès aux soins est encore plus violente pour les personnes précaires qui ne disposent pas, pour certaines d’entre elles, de droits ouverts à la Sécurité sociale et ne peuvent souscrire à une complémentaire santé faute de ressources. C’est pourquoi, depuis 2001, des consultations d’ophtalmologie sont proposés dans les centres
d’accueil, de soins et d’orientation de Médecins du Monde. Ce programme est soutenu par la fondation OPTIC 2000 depuis 2009. Grâce à notre partenaire, les personnes accueillies par nos équipes en France peuvent bénéficier gratuitement de paires de lunettes correctrices adaptées à leurs besoins.
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© Matilda Finn - Création Agence Marcel -
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