MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L
En images /
Amérique centrale, l'exil sans issue Focus / Haute vallée de l'Aude, les liens du soin En bref / Philippines, prévention des incendies
SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE
N° 132 AUTOMNE 2018 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS
RENCONTRE
BIRMANIE
Dr Momo
Coordinatrice réduction des risques Dr Momo, 32 ans, assure la coordination du projet de réduction des risques mené à Rangoun auprès des travailleurs et travailleuses du sexe. Elle supervise le personnel de la clinique et les équipes qui vont à la rencontre de ces populations. POURQUOI J’Y SUIS ? « Après mes études de médecine, j’ai travaillé auprès des populations marginalisées dans l’État du Rakhine pour Médecins sans Frontières. En 2012, l’ensemble des organisations non gouvernementales ont dû quitter cet État. Comme Médecins du Monde avait un engagement de très longue date dans notre pays et s’inscrivait dans le long terme, j’ai rejoint l’association en tant que médecin dans la clinique de Rangoun. J’ai appris, lors des consultations, comment aborder les problématiques des personnes qui se prostituent et comment travailler avec elles dans un climat de confiance. » CE QUE JE FAIS « Après deux années de consultations médicales, j’ai été chargée de l’organisation des salariés de la clinique, puis, en 2015, de l’ensemble des acteurs du projet. Nous avons mené un travail de fond pour repenser la manière d’atteindre les populations les plus marginalisées et mis en place un nouveau système. Il s’appuie sur des travailleurs pairs issus des communautés de travailleurs du sexe, sur la mobilisation et la montée en compétence de ces communautés. Je suis au jour le jour les résultats de cette nouvelle approche qui nous permet de couvrir plus précisément et plus efficacement les populations à risque. »
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« Nous avons mené un travail de fond pour repenser la manière d’atteindre les populations les plus marginalisées. » Dr Momo, coordinatrice
© Sébastien Duijndam
CE QUE JE RESSENS « Je suis avant tout fière d’avoir contribué à définir une nouvelle façon de travailler, d’avoir pu mettre en place un système de cartographie des risques sur l’ensemble des arrondissements que nous couvrons. Nous pouvons ainsi adapter notre réponse et traiter le plus largement possible les personnes qui en ont besoin. Ce modèle a montré de très bons résultats et doit maintenant être diffusé auprès des autres associations et au-delà de la Birmanie. »
OPINIONS
AUTOMNE 2018
, Editorial
Déçus
Nouvellement élu, je souhaite
partager avec vous ma vision, qui s’inscrit dans la continuité des combats menés par notre association pour plus de justice sociale et pour un meilleur accès aux droits et aux soins. Alors qu’en France les précarités augmentent, il est essentiel que nous continuions à nous battre pour la défense de notre système de protection sociale et solidaire et pour l’amélioration des conditions de vie des populations délaissées ou stigmatisées. Le récent avis du Conseil constitutionnel consacrant le principe de fraternité est une belle victoire qui nous donne raison de croire que cela est possible et surtout nécessaire, que l’action citoyenne et humanitaire pèse dans les décisions publiques. Cette fraternité doit également guider nos actions à l’international, alors que les conflits se multiplient et se complexifient. Elle doit nous pousser à dénoncer, à influer sur les gouvernements lorsque le droit ne protège plus ou pas assez. Je suis de ceux qui pensent que notre mobilisation comme nos actions qui en découlent sont puissantes. Cela notamment grâce à vous. Je commencerai donc ce mandat par un grand merci.
J’habite juste à côté du square Daviais. Tous les jours, je voyais les tentes des migrants qui dormaient là sans eau, sans douche. J’ai bien essayé de donner un peu de nourriture de temps en temps mais franchement, je ne comprends pas ce que font les autorités pour ces gens. Rien, à part les déloger pour qu’il se réinstallent plus loin. C’est aberrant. Marc, Nantes
Touchés
J’ai adopté une petite fille au Bangladesh il y a quinze ans. Alors quand je vois ce qui se passe en Birmanie, tous ces Rohingyas qui sont massacrés et qui fuient, je suis très émue. Je voulais simplement vous dire merci pour ce que vous faites pour ces familles détruites. Bravo. Nathalie, Pau
Motivés
Cela fait plusieurs mois que je pense à m’engager dans des actions humanitaires et le fait de rencontrer des personnes qui travaillent chez Médecins du Monde au festival Solidays m’a convaincu. J’aimerais moi aussi consacrer du temps à aider les autres, avec vous. Paul, Boulogne-Billancourt
Dr Philippe de Botton Président de Médecins du Monde
Au sommaire du N° 132 / automne 2018
France P. 6
Amérique P. 8
Mayotte
Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net
Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Philippe de Botton – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Clémence Hivert – Comité éditorial : Jean-Baptiste Matray, Amélie Churlet, Marina Benedik, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : : Nicolas Danicourt, Thomas Flamerion, Jean-Baptiste Matray, Victoire Nicolle, Insaf Rezagui – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Jeoffrey Guillemard – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 288 080 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1018H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff — La brochure L’Essentiel est jointe à ce numéro.
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Médecins du Monde N° 132 — 3
PANORAMA
L’image
EN BREF
Nigeria / En dépit des efforts menés par l’armée nigériane dans la lutte contre Boko Haram, les attaques continuent de se multiplier dans l’État de Borno. 4,3 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire. Un tiers d’entre elles manquent de nourriture. La lutte contre la malnutrition est un des axes de l’intervention globale de Médecins du Monde sur l’amélioration de l’accès aux soins dans le nord-est du Nigeria. Deux cliniques supplémentaires ouvrent ainsi à Azir et Gumzuri, portant à sept le nombre de structures de santé soutenues par l’association.
Algérie / Innover pour les droits des femmes Le 14 juillet, à Oran, les droits des femmes étaient à l’honneur du Jardin des femmes. Ce havre de sécurité où l’anonymat est préservé, inédit en Algérie, est animé conjointement par Médecins du Monde et ses partenaires associatifs algériens. Les femmes algériennes ou migrantes y sont accueillies, écoutées, orientées. Groupes de parole, sensibilisation, permanences en santé sexuelle et reproductive, garde d’enfants, accompagnement de proximité grâce à des équipes de relais communautaires, réalisation de tests de dépistage, entretiens psychologiques, conseils juridiques, etc. Chaque mois, ce sont des centaines de femmes qui sont aidées et accompagnées. En leur donnant la parole pour présenter les bénéfices de ce projet à la population et aux autorités, Médecins du Monde entend sensibiliser les pouvoirs publics algériens aux droits des femmes. Et démontrer la nécessité de mener une politique de santé publique qui prenne véritablement en compte les droits sexuels et reproductifs de toutes.
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Venezuela / Face à la pénurie de soins Depuis 2014, le Venezuela est touché par une crise politique, économique et sociale majeure. Le pays, dont l’approvisionnement dépend principalement des importations, notamment pour les médicaments, manque de tout. Le marché noir se développe et le bolivar, la monnaie vénézuélienne, ne cesse de perdre de la valeur. La population est asphyxiée. Plus de 500 000 personnes ont fui vers d’autres pays d’Amérique latine ou vers les États-Unis. Parmi eux, de nombreux soignants. Dans ce contexte tendu, face à des indicateurs de santé extrêmement inquiétants, Médecins du Monde lance un programme de soutien à différentes organisations humanitaires locales et internationales. L’objectif est d’améliorer l’accès aux soins de santé primaires pour les populations affectées. Notamment en accompagnant la mise en place de cliniques mobiles autour de Caracas. Outre des formations professionnelles et une aide structurelle, Médecins du Monde appuie le recrutement de personnel et fournit des médicaments essentiels à ses partenaires.
Amsterdam / Médecins du Monde à AIDS 2018
Née en 1985, au plus fort de l’épidémie mondiale du VIH, cette conférence est un rendez-vous incontournable pour tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le virus du sida. L’édition 2018 était consacrée à la défense des droits des personnes vivant avec le VIH et des communautés particulièrement exposées aux risques d’infection : personnes usagères de drogues, travailleurs et travailleuses du sexe, LGBT, etc.
© Bénédicte Kurzen
En France comme à l’étranger, les équipes de Médecins du Monde mènent des programmes de prévention et de soins auprès de ces différents publics pour permettre l’amélioration de leurs conditions de vie, leur accès aux soins et œuvrer à enrayer les épidémies du VIH et des hépatites. Des dispositifs et expériences de terrain que les équipes ont pu présenter aux nombreux acteurs – ONG, syndicats, chercheurs, organisations intergouvernementales etc. – présents à ce sommet 2018. Pour partager les bonnes pratiques et avancer ensemble dans la lutte contre le sida.
© Nicolas Danicourt
Fort de ses engagements pour la réduction des risques, Médecins du Monde s’est, pour la sixième année consécutive, mobilisé à la conférence internationale AIDS 2018 en juillet à Amsterdam.
Le saviez-vous ?
47 % des nouvelles infections au VIH dans le monde en 2017 concernaient des populations clés et leurs partenaires sexuels.
Source : S tatistiques mondiales sur le VIH, ONUSIDA, 2018.
Philippines / Prévention des incendies Dans le district Barangay 775, à Manille, quelque 13 500 personnes vivent et travaillent dans ce qui est considéré comme un quartier informel de la capitale des Philippines. Elles sont exposées à différents dangers environnementaux parmi lesquels le risque d’incendies, perçu comme une grave menace. Afin d’aider la population à améliorer la qualité de son environnement, Médecins du Monde a lancé cette année un nouveau programme de prévention. En collaboration avec les pompiers, les équipes de l’association ont mené diverses activités au sein des communautés. Visites à domicile, discussions de groupe, évaluation des risques des ménages, jeux pour enfants, concours de fabrication d'affiches, élaboration de matériel avec un artiste philippin, etc. La campagne a permis d’établir des liens de confiance avec les habitants et de les rassembler autour d’une cause commune.
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La prévention des incendies est directement liée à d’autres problèmes environnementaux sur lesquels Médecins du Monde prévoit de travailler. Notamment la présence d’un marécage hautement contaminé qui est utilisé pour éteindre les feux.
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FRANCE
L’essentiel LA SITUATION
FRANCE HAUTE VALLÉE DE L'AUDE
Depuis 2016, Médecins du Monde mène un programme de médiation en santé pour les personnes en situation de précarité vivant en milieu rural dans la Haute vallée de l’Aude.
L’ENJEU Médecins du Monde entend contribuer à améliorer l’état de santé des personnes et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales de santé.
NOS ACTIONS
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P ermanences et activités mobiles d’accueil, d’écoute, d’orientation et d’accompagnement dans l’accès aux soins et aux droits. A ctions d’information, de prévention et de dépistage en lien avec les partenaires médicaux. réation et participation à un C réseau santé précarité sur le territoire. P laidoyer pour l’accès à la santé et à la prévention.
NOS MOYENS Ce programme est financé à plus de 90 % par la générosité du public.
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HAUTE VALLÉE DE L’ AUDE /
Les liens du soin
C’est un petit territoire enclavé entre le massif des Corbières et les Pyrénées. Dans la Haute vallée de l’Aude, où précarité et isolement nourrissent les inégalités, Médecins du Monde lutte pour l’accès à la santé avec les armes de la médiation.
A
vec 21,4 % d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté, l’Aude pointe au deuxième rang des départements les plus pauvres de France. Dans la Haute vallée, où les industries – notamment la célèbre usine Formica – ont fermé leurs portes, villes et villages se dépeuplent. Les loyers, réputés bas, attirent les bénéficiaires des minima sociaux qui à Narbonne ou à Carcassonne, la préfecture du département, doivent attendre des mois pour obtenir un logement. Mais aux difficultés financières se greffent l’isolement et les limites d’une offre de soins réduite et dispersée.
« L’accès aux services de santé est plus compliqué en secteur rural, explique Flavienne MazardoLubac, coordinatrice du programme de Médecins du Monde en Haute vallée de l’Aude, la zone compte seize médecins généralistes pour 19 000 habitants mais beaucoup n’exercent pas à temps plein dans la haute vallée ou ne prennent pas de nouveaux patients. » Il faut pouvoir se déplacer, mettre de l’essence dans la voiture ou rejoindre un arrêt de bus pour emprunter l’une des rares liaisons disponibles, patienter de longues heures en salle d’attente. « Les consultations sont brèves, poursuit Flavienne Mazardo-Lubac, ça ne permet pas d’aborder les questions liées à la prévention, au dépistage. » Certains se découragent. RENOUER AVEC SA SANTÉ C’est à Quillan, à une heure de route au sud de Carcassonne, que Médecins du Monde a ouvert sa première permanence de médiation en santé en septembre 2016. Une approche innovante, reconnue par la loi comme un moyen de lutter contre les inégalités d’accès à la prévention et aux soins. L’objectif de Médecins du Monde, qui couvre aujourd’hui cinq communes à raison de onze permanences par mois, est de participer à la réponse médicale sur le territoire. D’améliorer
© DR
FOCUS
le lien avec les professionnels de santé, de favoriser l’accès aux droits à la santé et aux soins. D’écouter, d’accompagner, de remobiliser. Contraint d’abandonner son métier de maçon en raison d’une arthrose invalidante, profondément affecté par une rupture amoureuse, Stéphane, 50 ans, a ainsi pu confier sa douleur. Exprimer son appréhension face aux pesantes démarches relatives au logement, à la santé, aux aides sociales, à l’emploi. Médecins du Monde l’a orienté mais aussi rassuré. « Je souffre d’hypertension mais je ne prenais pas mes cachets, racontet-il. Je ne comprenais pas comment ça fonctionnait, le dosage, la durée du traitement. Je n’avais pas pu poser de questions. » Cet accompagnement thérapeutique, c’est une infirmière bénévole de l’association qui le lui a fourni. Elle l’a conseillé, conduit vers l’acceptation du traitement. PRENDRE LE TEMPS D’ÉCOUTER Depuis de nombreuses années, la Haute vallée de l’Aude accueille des personnes engagées dans des choix de vie alternatifs. Certains se sont installés là dans les années 1970, séduits par l’esprit de liberté insufflé dans la vallée par le courant hippie. Jean, 65 ans, est de ceux-là. Arrivé dans l’Aude en 1976, il rejoint d’abord la ferme des
Te, moignage
Pauline Lassnig, Médiatrice en santé
« Lorsque j’ai rencontré Abigail, 61 ans, elle n’avait plus de gaz pour faire cuire des pâtes. Je lui ai installé une nouvelle bombonne et, petit à petit, elle s’est livrée. Issue d’une famille aisée d’Angleterre, elle est arrivée dans la région avec son mari guitariste dans les années 1980. Ils se produisaient, recevaient beaucoup. Quand son mari l’a quittée, Abigail a sombré dans l’alcool. Elle n’a plus rien pour vivre. Sa maison est délabrée, sans eau courante. Je l’ai accompagnée chez le médecin, au laboratoire d’analyse. Nous avons demandé la reconnaissance de son affection longue durée et pris contact avec l’éducatrice spécialisée qui la suit pour la réouverture de ses droits et les demandes d’aides spécifiques. »
parents de sa compagne, travaille comme peintre en bâtiment, se consacre à ses activités artistiques. Quarante ans plus tard, il vit seul à Nébias, à 10 km de Quillan. Derrière lui, une vie émaillée d’épisodes destructeurs, de violences conjugales, d’hospitalisations en psychiatrie. C’est par hasard, alors qu’il apporte son linge à la laverie de la rue Carnot, à côté du local de Médecins du Monde, que Jean pousse la porte de l’association. « J’ai la phobie des papiers, mais je n’arrivais pas à avoir un rendez-vous avec une assistante sociale pour m’aider à remplir mon dossier pour la CMU », se souvient-il. Très vite, Pauline Lassnig, la médiatrice santé de Médecins du Monde, constate que le dossier est complet. Elle entame alors avec Jean un dialogue au terme duquel il évoque sa consommation d’alcool régulière et solitaire. « Trois, quatre, cinq verres le midi et le soir. Le vin rouge donne de l’énergie. » Le regard est humide, la voix douce hésite, cherche les mots justes. « Le fait d’en parler m’a interpellé. C’est un réconfort d’être écouté. Et ça demande aussi un investissement de moi-même. » Avec Pauline, Jean prend alors rendez-vous avec une infirmière en addictologie et entame un suivi médical. En quelques mois, sa consommation d’alcool a beaucoup diminué. « La médiation une porte d’entrée vers le soin », résume Pauline Lassnig.
Depuis quelques mois, Médecins du Monde propose également des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) pour le VIH et l’hépatite C. Des bénévoles ont reçu une formation habilitante. Comme Axelle, 20 ans, qui veut mettre à profit son expérience personnelle pour parler prise de risques et prévention avec les consommateurs de produits psychoactifs, attirés dans la région par les free parties. Elle participe à la permanence du jeudi après-midi, à Espéraza. À ses côtés, Jeanine, infirmière à la retraite, ausculte les jeunes Somaliens orientés vers elle par les Restos du Cœur, installés en face du local prêté à Médecins du Monde par la mairie. La coopération entre acteurs de la solidarité est un enjeu de la réponse médicale en zone rurale. C’est pourquoi, à l’initiative de Médecins du Monde, un réseau santé et précarité se met en place. Ses membres organisent une première grande journée de prévention à Quillan le 23 novembre. Thomas Flamerion
Il faut pouvoir se déplacer, mettre de l’essence dans la voiture ou rejoindre un arrêt de bus pour emprunter l’une des rares liaisons disponibles, patienter de longues heures en salle d’attente. Les consultations sont brèves, ça ne permet pas d’aborder les questions liées à la prévention, au dépistage.
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FOCUS
À Arriaga, dans l’État de Chiapas au Mexique, la Maison des migrants est une halte pour celles et ceux qui tentent, à plusieurs reprises, de gagner l’Amérique du Nord.
EN IMAGES
nes À Guatemala City, le refuge Racinon d’amour accueille des mineurs de accompagnés, souvent victimes ont violences. Certaines jeunes filles s. été abusées et sont déjà mère
L’Association des retournés guatémaltèques soutient les personnes renvoyées des États Unis. Leurs familles attendent devant la porte de l’aéroport vol militaire sans savoir par quel leurs proches arriveront.
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de La Bestia (la bête), est un trainet le marchandises qui relie le sud le nord du Mexique. Surnommé les train de la mort, il est utilisé partière migrants pour atteindre la fron des États-Unis.
emala, marque la Le río Suchiate, à l’ouest du Guatun lieu de passage frontière avec le Mexique. C’est nt à bord de pour les migrants qui le traverse bres à air de camions. radeaux montés sur des cham
Amerique centrale L’exil sans issue Ils fuient l’exclusion sociale, la violence des gangs et de la police, l’instabilité politique et la pauvreté. Près d’un demi-million d’hommes, de femmes et d'enfants originaires d’Amérique centrale et du Mexique migrent dans l’espoir de rejoindre les États-Unis. Nombre de ceux qui tentent de traverser les frontières finissent aux mains de bandes criminelles ou de trafiquants, les femmes étant particulièrement vulnérables aux abus sexuels ou forcées à se prostituer. Une situation encore aggravée par les politiques de contrôle des flux migratoires entre le Mexique et les États-Unis. Cette migration centraméricaine représente une crise humanitaire invisible. C’est pourquoi Médecins du Monde France et Médecins du Monde Espagne interviennent conjointement depuis 2016 pour contribuer à améliorer l’accès aux droits et à la santé de la population migrante, lors des déplacements et des retours contraints. Un travail de mise en réseau est effectué avec des institutions et des associations de la société civile au Salvador, au Honduras, au Guatemala et au Mexique. Ainsi, qu’il s’agisse de promouvoir les droits humains, d’améliorer l’accueil, les conditions de vie et la prise en charge médicale des migrants, de protéger les enfants isolés ou encore de participer à la recherche de parents disparus et de favoriser l’accès à la justice pour les membres de leurs familles, Médecins du Monde et ses partenaires luttent aux côtés de celles et ceux que l’exil, le dénuement et le rejet fragilisent. Reportage photographique de Jeoffrey Guillemard
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, A lire !
EN BREF
L’Odyssée d’Hakim Tome 1 L’histoire vraie d’un homme qui a dû tout quitter – sa famille, ses amis, sa propre entreprise – parce que la guerre éclatait, parce qu’on l’avait torturé, parce que le pays voisin semblait pouvoir lui offrir un avenir et la sécurité. De Fabien Toulmé Éditions Delcourt
Raconte-moi la fin Aux États-Unis, les enfants migrants d’Amérique du Sud subissent un interrogatoire. Quarante questions censées permettre de juger la véracité de leur histoire. Valeria Luiselli, qui a été interprète pour les tribunaux américains, raconte la brutalité des politiques migratoires. De Valeria Luiselli Éditions de l’Olivier
A voir !
© Olivier Borson
DE VOUS À NOUS
Partenariats / La Fondation de France soutient l’accès à la santé à Mayotte Depuis l’année dernière, la Fondation de France soutient nos actions pour les enfants du bidonville de Kaweni, plus grand bidonville de France, à Mayotte. Département français le plus pauvre, avec 84 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, c’est aussi le plus jeune : plus de la moitié de la population a moins de 18 ans. La Fondation de France s’engage aux côtés de Médecins du Monde pour développer l’accès aux
Du 14 septembre au 2 décembre 2018 Musée d’art moderne 12-14 avenue de New York 75016 Paris
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Grace à ce partenariat, une équipe de 31 bénévoles travaille à l’accompagnement médical, social ou communautaire des familles. Un centre médico-social d’accueil, de soins et d’orientation est soutenu pour prendre en charge les enfants et leurs proches.
Comité des donateurs / Un moment d’échange privilégié Le Comité
Ron Amir Quelque part dans le désert Composée de trente photographies et de six vidéos, l’exposition évoque les conditions de vie de réfugiés soudanais et érythréens retenus dans le centre de détention de Holot, situé dans le désert du Néguev en Israël.
soins et le droit à la santé des enfants du bidonville et de leurs familles par des actions de prévention et d’amélioration des conditions de vie.
Indépendant de l’association, le Comité des donateurs mène une réflexion critique et constructive sur la gestion, la collecte de fonds, la communication et les grandes orientations de Médecins du Monde. Il témoigne auprès des donateurs de la qualité des missions qu’il visite et il s’exprime au conseil d’administration et à l’assemblée générale de l’association. En savoir plus sur : journeedonateursmdm.org
Cette année, l’Assemblée des donateurs a eu lieu à Paris. Ce fut l’occasion d’une rencontre privilégiée entre les donateurs, le comité et surtout les acteurs de Médecins du Monde : bénévoles, salariés et membres du conseil d’administration. L’accent a été mis sur les zones de conflits et la situation au Moyen-Orient. Mais nous avons également souhaité évoquer de nouveaux programmes en France, dans les zones rurales en Auvergne et dans la Haute vallée de l’Aude ainsi qu’à Paris auprès des mineurs non accompagnés. Nous sommes plus de 350 000 donateurs à Médecins du Monde. C’est la force de l'association et la garantie de son indépendance au moment où les ONG de solidarité sont partout attaquées et sacrifiées sur l’autel des replis populistes et identitaires. L’indépendance financière permet de développer un plaidoyer fort, de dénoncer les injustices et les abus. Nous soutenons Médecins du Monde dans le développement de ses actions respectueuses des valeurs universelles, à l’abri de la facilité ou des techniques de communication. Lors de cette assemblée, les donateurs présents ainsi que leur comité ont exprimé, à travers leurs questionnements, toute leur gratitude, leur respect et leur admiration confiante envers l’association.
Faire un don à Médecins du Monde / Ma réduction d’impôt à l’heure du passage au prélèvement à la source
Vos questions Jeanine, donatrice
Retraitée depuis peu, je souhaite consacrer un peu de mon temps libre à vous aider dans vos actions. Comment m’engager auprès de vous en tant que bénévole ?
Depuis la création de Médecins du Monde, les bénévoles occupent un rôle historique et important. En 2017, les 1 853 bénévoles actifs ont été des ressources déterminantes pour l’évolution de nos actions. La nature de leur participation est impressionnante. Elles ont consacré 199 492 heures à Médecins du Monde. Un bénévole qui nous rejoint est une personne qui choisit librement de donner gratuitement de son temps et de ses compétences à l’association, aux causes qu’elle défend et surtout aux personnes qui bénéficient de son soutien. Pour s’engager à nos côtés, deux possibilités : évoluer sur nos missions en France (dans nos centres ou dans le cadre de nos missions mobiles) ou à notre siège parisien. Pour cela, contactez la délégation régionale la plus proche de chez vous (coordonnées sur notre site) ou bien postulez aux offres de bénévolat disponibles sur le site medecinsdumonde.org. Hélène Granville,
responsable du service donateurs
Posez votre question, Hélène Granville vous répondra ! donateurs@medecinsdumonde.net – 0 800 014 014 Médecins du Monde – Service donateurs 62, rue Marcadet 75018 PARIS
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Haïti /
© Benoît Guénot
Malgré le recul de l’épidémie, la lutte contre le choléra demeure un défi majeur pour les hôpitaux et les centres de santé.
BULLETIN DE SOUTIEN RÉGULIER
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