MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L
En images /
Bangladesh, l'exode des Rohingyas Focus / Ouganda, le crime d'aimer Vie de l'association / Les donateurs réunis à Villeurbanne
SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE
N° 129 HIVER 2017 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS
RENCONTRE
FRANCE
Miruna
Médiatrice santé, mission bidonvilles Île-de-France L’engagement de Miruna Popescu est intimement lié à son histoire personnelle. Depuis 4 ans, armée de sa langue maternelle et de son désir d’aider les plus stigmatisés de ses compatriotes, elle défend activement l’accès aux soins et aux droits des habitants des bidonvilles. POURQUOI J’Y SUIS ? « En Roumanie où je suis née, la discrimination envers les Roms est très forte et j’ai toujours été très agacée par les discours de haine à leur égard. Lorsque mon mari qui est français et moi avons décidé de nous installer en France en 2011, j’ai eu envie de venir en aide aux familles roms qui vivent dans des conditions extrêmement précaires. J’ai alors donné des cours de français à des mineurs pour l’association Hors la rue. Puis j’ai rejoint le programme bidonvilles de Médecins du Monde. D’abord en tant qu’interprète bénévole puis comme médiatrice santé. »
CE QUE JE RESSENS « Le rythme des démantèlements s’est considérablement accéléré. Et la trêve hivernale qui s’applique maintenant aux habitants des bidonvilles peut être cassée en cas d’arrêté de péril. À chaque fois, ils perdent leurs repères, le bénéfice d’un lien avec un centre de soins, une école. Les politiques espèrent dégoûter les gens, mais on provoque des ruptures dans les parcours de soins à force d’expulsions. On aggrave les problèmes de santé et on crée de la souffrance psychologique. La manière dont les Roms sont perçus, rejetés, est vécue comme une fatalité et leurs enfants grandissent avec cette image. C’est pourquoi je suis heureuse de pouvoir agir auprès d’eux et avec eux. Car ceux qui se battent sont transformés. Ils apprennent à se reconsidérer. »
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« La manière dont les Roms sont perçus, rejetés, est vécue comme une fatalité. » Miruna, médiatrice santé
© Nicolas Moulard
CE QUE JE FAIS « J’ai débuté en accompagnant une sage-femme dans les bidonvilles dans lesquels Médecins du Monde intervient, dans quatre départements d’Île-de-France. Aujourd’hui je mène également mes propres activités de médiation et je développe des compétences de travailleuse sociale. Outre l’accompagnement vers les structures de santé ou dans les démarches d’ouverture de droits, je participe à la veille sanitaire. La surveillance des épidémies comme la tuberculose, la coqueluche ou la rougeole est très importante. »
OPINIONS
HIVER 2017
, Editorial
Depuis deux mois, quelque
600 000 personnes, dont 80 % de femmes et d’enfants, ont fui l’horreur des crimes commis dans l’État du Rakhine, en Birmanie, pour trouver refuge au Bangladesh. Ce que l’ONU qualifie d’épuration ethnique vise les Rohingyas, cette minorité « la plus persécutée au monde ». En Birmanie, des familles entières ont été décimées, victimes de toutes les exactions de la part de l’armée birmane. Les survivants, eux, ont assisté aux pires atrocités et se retrouvent au Bangladesh dans le plus grand dénuement. Depuis quelques mois, le district de Cox's Bazar, territoire boueux et insalubre abritant le plus grand camp de réfugiés au monde, est le théâtre d’une crise humanitaire majeure. L’état de santé des populations qui s’y pressent est dégradé. Elles sont épuisées, affamées, déshydratées. Alors que les risques d’épidémies augmentent, alors que l’accès aux soins demeure particulièrement restreint, les exilés qui ont fui la barbarie tentent de survivre à de profonds traumatismes psychologiques. Les défis sanitaires et humains sont immenses. En coordination avec ses partenaires bangladais, Médecins du Monde ne pourra aider les Rohingyas à les relever sans votre précieux soutien.
Émus
Je suis allée au concert de Jane Birkin au profit de Médecins du Monde au Grand Rex à Paris. L’écouter chanter Gainsbourg m’a ramenée à mon adolescence et savoir que ce moment permettait par la même occasion de soutenir une association qui m’est chère n’a fait que renforcer mon émotion. Pauline, Paris
Indignés
Pour contourner la trêve hivernale qui impose l’arrêt des expulsions même dans les bidonvilles et évite que des familles se retrouvent à la rue par grand froid, la ville de Marseille a ordonné l’expulsion d’un bidonville où vivaient près de 800 personnes, le 31 octobre, à moins de 24 h du début de la trêve. C’est une honte ! Bernard, Cassis
Choqués
J’ai vu à la télévision de nombreux reportages concernant les Rohingyas, cette population massacrée par l’armée en Birmanie. J’ai été choquée par la violence des histoires que racontent les survivants. Comment peut-on ainsi torturer des personnes parce qu'elles sont différentes ? Charlotte, Le Mans
Dr Françoise Sivignon Présidente de Médecins du Monde
Au sommaire du N° 129 / hiver 2017
Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net
Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Françoise Sivignon – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Clémence Hivert – Comité éditorial : Jean-Baptiste Matray, Emmanuelle Pons, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : Thomas Flamerion, Justine Roche – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Arnaud Finistre – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 288 080 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1018H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff – Imprimé sur papier 100 % PEFC.
Ouganda P. 6
Rohingyas P. 8
France P. 10
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Médecins du Monde N° 129 — 3
PANORAMA
L’image
EN BREF
Nigeria / Les efforts de Médecins du Monde pour reconstruire le système de soins dans le nord-est du Nigeria se poursuivent. Nos équipes ont déjà remis en service quatre centres de santé dans l’État de Borno où les crimes de Boko Haram ont poussé 1,8 millions de personnes dont 56 % d’enfants à se déplacer. Depuis novembre, elles fournissent également des soins de santé et luttent contre la malnutrition dans la ville de Mainok, à l’ouest de la capitale de l’État, Maiduguri.
Mexique / Surmonter la peur
© Estefani Herrera
Le 19 septembre dernier, 32 ans jour pour jour après le séisme qui avait détruit une partie de la capitale du pays en 1985, un tremblement de terre de magnitude 7,1 frappait le Mexique, faisant 369 morts et détruisant ou endommageant des milliers de bâtiments. Plusieurs mois après la catastrophe, de nombreux sinistrés ont préféré quitter les abris provisoires où ils avaient trouvé refuge pour regagner des habitations qui pourtant tardent à être réhabilitées et protéger leurs biens. Afin de venir en aide à des populations particulièrement éprouvées, Médecins du monde a lancé une opération d’urgence en santé mentale dans les États de Puebla et de Morelos, des zones proches de l’épicentre au sud de Mexico. Deux équipes mobiles de l’association constituées de psychologues et de travailleurs sociaux ont organisé des ateliers de gestion du stress post-traumatique dans des écoles, des centres de santé, des gymnases. Elles ont ainsi formé travailleurs sociaux et agents de l’État au soutien psychologique et suivi des centaines de personnes, en groupes ou dans le cadre de prises en charge individuelles. Pour leur permettre de reprendre confiance en elles et de réapprendre à vivre malgré la peur d’un nouveau drame.
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Madagascar / Lutter contre la peste Depuis le mois d’août, Madagascar mène une bataille contre l’épidémie de peste pulmonaire qui sévit sur son territoire. Extrêmement contagieuse, la maladie a touché quelques milliers de personnes et fait plus d’une centaine de morts. Afin d’aider les autorités sanitaires dans ce combat, Médecins du Monde a déployé une réponse d’urgence dès l’apparition des premiers cas. Nos équipes ont soutenu la création de centres de triage et de traitement de la peste dans deux hôpitaux de l’agglomération d’Antananarivo, la capitale, et travaillent à l’amélioration de la qualité des soins et des conditions d’hygiène. Aux côtés d’autres organisations internationales, elles forment des médecins, infirmiers, sagesfemmes et agents hygiénistes à la prise en charge sécurisée des malades. Car pour mettre un frein à la propagation de l’épidémie, il est impératif de protéger les personnels soignants comme les malades.
Haïti / Santé sexuelle des femmes L’interdiction totale de l’avortement a de terribles conséquences sur la santé des femmes en Haïti. Un tiers des décès maternels sont ainsi liés à des complications après un avortement clandestin. Par ailleurs, une grossesse non désirée provoque une véritable rupture dans la vie des jeunes filles, entraînant exclusion scolaire et stigmatisation sociale. Aussi Médecins du Monde met en œuvre un programme de prévention des grossesses non désirées et de prise en charge des soins après avortement en partenariat avec deux associations haïtiennes et la Direction Santé de la famille du gouvernement. Ce programme vise à sensibiliser la population sur les droits en santé sexuelle et reproductive, la contraception et les risques liés à l’avortement non médicalisé via une ligne téléphonique gratuite. L’association travaille également à l’amélioration de la prise en charge médicale des avortements incomplets dans six hôpitaux de Port-auPrince en dispensant des formations et en fournissant du matériel de soins.
© Livia Saavedra
© Bénédicte Kurzen
Le saviez-vous ?
France / Beau geste
Environ 16 000 personnes dont 36 % de mineurs vivent dans 571 bidonvilles en France métropolitaine. Source : É tat des lieux national des campements illicites, grands squats et Bidonvilles, Délégation interministérielle
à l'hébergement et à l'accès au logement, avril 2017.
Le 26 octobre dernier, au Grand Rex à Paris, Jane Birkin lançait sa nouvelle tournée française intitulée Gainsbourg Symphonique. Créé à l’occasion des FrancoFolies de Montréal, le spectacle revisite des standards du répertoire de Serge Gainsbourg avec des arrangements du compositeur japonais Nobuyuki Nakajima. Engagée depuis de nombreuses années auprès de Médecins du Monde, la chanteuse a décidé de reverser les bénéfices de cette première date à l’association. Sur scène, accompagnée de 60 musiciens de l’orchestre national d’Île-deFrance, la chanteuse visiblement émue a notamment remercié les acteurs de l’association pour leurs efforts en faveur des victimes du conflit syrien et des Rohingyas réfugiés au Bangladesh.
© Olivier Papegnies
Palestine / La colonisation nuit gravement à la santé 2017 marque les 50 ans de l’occupation de la Palestine. Aujourd’hui, les Palestiniens font toujours face aux restrictions de circulation, aux expulsions, à la démolition d’infrastructures, à la dépossession. La Bande de Gaza est quant à elle de plus en plus isolée et sera, selon l’avis des Nations unies, inhabitable d’ici trois ans si le blocus n’est pas levé. Cette situation a nécessairement un impact sur la santé des Palestiniens. Que font les associations locales et internationales pour la santé des Palestiniens ? Quelles solutions envisager ? Le 15 décembre, au Sénat, Médecins du Monde a organisé une journée de débats sur les conséquences sur la santé de la plus longue occupation de l’histoire et les perspectives d’actions concrètes pour garantir un droit à la santé effectif en Palestine. Médecins du Monde N° 129 — 5
FOCUS
OUGANDA
LA SITUATION :
OUGANDA KAMPALA
LAC VICTORIA
Médecins du Monde intervient à Kampala auprès de son partenaire, l’organisation Marpi. Avec le soutien du ministère de la Santé, elle mène des activités de prévention, dépistage et traitement des IST parmi les populations clés (travailleurs du sexe, LGBT, usagers de drogues, personnes incarcérées, jeunes).
L’ENJEU : Proposer aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles des services de santé sexuelle et reproductive adaptés à leurs besoins et à leurs contraintes dans un cadre sécurisant.
NOS ACTIONS :
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outien à l’aménagement des S structures d’accueil de Marpi dans l’hôpital Mulago de Kampala éveloppement d’un service D de proctologie par le biais de formations et d’appui matériel ormation de leaders commuF nautaires
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OUGANDA /
Le crime d’aimer Les relations homosexuelles y sont passibles d’emprisonnement. Être gay, lesbienne, bisexuel ou transsexuel en Ouganda expose aussi au rejet et à la persécution. Depuis deux ans, Médecins du Monde y soutient l’accès aux soins pour ceux que la morale et l’autorité condamnent.
L
orsqu’elle longe Kawaala road, la grande rue qui traverse le quartier éponyme à l’ouest de Kampala, le regard des passants et des commerçants s’attarde sur Rihanna. Démarche chaloupée, tresses retenues sur la nuque, elle oppose aux airs désapprobateurs et aux messes basses une fière indifférence. C’est que depuis six mois qu’elle loue une pièce sombre à l’écart de la route, Rihanna, 23 ans, est habituée aux moqueries, aux injures, aux menaces. Elle a 16 ans lorsque, à la faveur d’un atelier mené par une association LGBT, elle comprend que son identité ne correspond pas à son sexe biologique. Quatre ans plus tard, Rihanna doit quitter sa famille. Sans diplôme, sans travail. Transsexuelle dans un pays où l’homosexualité est illégale, où la doctrine religieuse et la pression sociale pèsent sur les libertés individuelles, la jeune femme, qui a emprunté son nom à la chanteuse barbadienne qu’elle admire, fait front malgré la peur qui dicte son quotidien.
Ses journées, Rihanna les passe le plus souvent enfermée avec sa colocataire, Aron, transsexuelle comme elle. Elles sortent le soir, dans la relative protection de l’obscurité. « Nous avons été cambriolées. Des hommes sont entrés chez nous et ont volé mon drapeau arc-en-ciel. Ils ont menacé de revenir. Je suis allée déposer plainte à la police mais ça ne servira à rien. » Rihanna est amère. Lorsque la loi anti-homosexualité est signée en 2014, renforçant la criminalisation des relations entre personnes de même sexe, condamnant la promotion de l’homosexualité et incitant à la délation, elle est dénoncée et arrêtée. Elle passera plusieurs mois en prison où on lui fera subir des examens invasifs. « Il n’y avait personne pour prendre sa défense, se souvient Edward Mwebaza, directeur des programmes du Human Rights Awareness and Promotion Forum (HRAPF)(1), une organisation non gouvernementale ougandaise qui défend les droits des groupes marginalisés et prend en charge le cas
© Olivier Papegnies
L’essentiel
de Rihanna. Le conseil municipal, la police, tout le monde était ligué contre elle. Heureusement son père a témoigné en sa faveur et elle a été libérée car il n’y avait pas de preuve de sa sexualité. » Si la loi anti-homosexualité voulue par le président Museveni est finalement invalidée par la Cour constitutionnelle quelques mois après sa promulgation, la presse fait régulièrement ses choux gras de révélations sur l’intimité de personnalités en vue, et l’homophobie demeure extrêmement vivace. Entretenue par les prêches des leaders religieux, elle est prétexte au chantage et à l’extorsion. « Ma propriétaire me dit qu’elle va me dénoncer à la police si je ne lui donne pas de l’argent. Mais j’ai déjà du mal à payer le loyer et à acheter de quoi manger. Or je ne peux pas prendre mon traitement contre le VIH sans un repas », raconte Rihanna. La crainte du harcèlement est également un frein à la consultation médicale, alors même que les risques de contracter une infection sexuellement transmissible sont élevés. C’est pourquoi depuis 2008 l’ONG ougandaise Marpi – Most At Risk Populations Initiative(2) – propose gratuitement des services de prévention, de dépistage, de traitement et de suivi à destination des personnes
Te, moignage Brenda Abio, conseillère au centre de soins de Marpi
« Je vois une trentaine de personnes par jour. En fonction des cas, elles sont orientées vers différents services de la clinique. Un test VIH leur est souvent proposé. Il faut 30 à 40 minutes pour obtenir les résultats. S’ils sont négatifs je les envoie directement en consultation avec un médecin pour la suite des examens. S’ils sont positifs je prends d’abord le temps de leur expliquer le traitement, les effets secondaires, les règles de nutrition mais aussi les bénéfices, pour eux et pour leurs partenaires. C’est parfois très difficile. Je me souviens d’un jeune homme qui voulait mourir. Il pensait qu’il allait perdre du poids, qu’il allait avoir l’air malade et qu’on le rejetterait. J’ai passé beaucoup de temps à le calmer. Aujourd’hui il suit son traitement et il va bien. »
LGBT, mais aussi des travailleurs du sexe et des usagers de drogues, dans l’enceinte de l’hôpital Mulago de Kampala. « La discrimination existe aussi chez le personnel soignant. Mais aucune loi ne dit que l’on ne peut pas prodiguer des soins, informer et soutenir psychologiquement une personne. Ici les patients savent qu’ils sont traités avec respect », explique Peter Kyambadde, son directeur. Depuis 2015, Médecins du Monde aide Marpi à développer ses activités. Les locaux ont ainsi été améliorés et la salle d’attente aménagée entre les conteneurs qui accueillent bureaux et salles de consultation ne désemplit pas. Aux bras du personnel, des bracelets portant l’inscription « Testing makes us strong »(3) et contre le mur, des piles de cartons de 6 000 préservatifs. Un peu plus loin, le service de proctologie tenu par Harriet Nanfuka est financé par Médecins du Monde. Régulièrement formée par les équipes de l’association, l’infirmière reçoit et soigne des hommes qui présentent des pathologies anales. Notamment des condylomes, de petites tumeurs liées au papillomavirus. « Cela demande beaucoup de temps de mettre en confiance les patients. Ils souffrent, mais ont honte de consulter. Il faut les convaincre de se
laisser examiner. Car contrairement à ce qu’ils pensent, il ne s’agit pas d’un simple bouton. Plus on attend plus la lésion s’étend et peut tourner au cancer. » Devant le cabinet où opère Harriet, Solomon, 20 ans, attend les résultats de ses tests. « C’est un activiste de Kawempe, mon quartier, qui m’a parlé de Marpi. Je viens ici pour passer des examens et récupérer des préservatifs parce que mes parents ne savent pas que je suis homosexuel. » Malgré les menaces qui pèsent sur elles, malgré les démantèlements et les intimidations de la police, des associations LGBT s’organisent pour venir en aide aux anonymes qui, dans les régions les plus éloignées de la capitale, font face à la stigmatisation et aux difficultés d’accès aux soins. Des responsables sont ainsi formés par Médecins du Monde pour leur permettre de mener à bien des programmes humanitaires et consolider leur capacité à agir pour les causes qu’ils défendent. Pour que demain Rihanna, Solomon et les autres puissent vivre et s’aimer au grand jour.
Forum de sensibilisation et de promotion des droits de l'homme Initiative pour les populations les plus à risque (3) Les tests nous rendent forts (1) (2)
Cela demande beaucoup de temps de mettre en confiance les patients. Ils souffrent, mais ont honte de consulter.
Thomas Flamerion
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FOCUS
« Les personnes que nous rencontrons présentent de sévères troubles psychologiques. Elles ont été violées, blessées par balle. Certaines ont vu leurs proches jetés vivants dans le feu. » Sajjad, psychologue
EN IMAGES
t le Près de 5 000 Rohingyas fuien i eux Rakhine quotidiennement. Parm jeunes beaucoup de femmes et de très et enfants qui doivent se cacher marcher des jours entiers. les Les conditions sanitaires dans camps qui s’agrègent les uns aux ues. critiq ent mem autres sont extrê L’absence d’eau potable et les déchets qui s’accumulent font ies. craindre la propagation d’épidém
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chez les Le dépistage de la malnutritioneffectué enfants de 6 mois à 5 ans est mobiles en continu dans les cliniques de. soutenues par Médecins du Mon
Bangladesh L’exode des Rohingyas Les discriminations envers la minorité rohingyas dans l’État du Rakhine, une région pauvre à l’ouest de la Birmanie, ont pris des proportions dramatiques depuis le mois d’août. Privés de citoyenneté, d’accès aux services publics et de liberté, rejetés et stigmatisés, les Rohingyas sont aujourd’hui la cible d’attaques à répétition de la part de l’armée birmane. L’ONU parle d’épuration ethnique. Les survivants – ils sont plus de 600 000 à avoir gagné le Bangladesh, mineurs pour plus de la moitié d’entre eux – racontent l’extrême violence. La torture, les viols, les meurtres, l’incendie des villages. Dans le district de Cox’s Bazar, à l’extrême sud du Bangladesh, des milliers de personnes viennent chaque jour grossir la foule des réfugiés qui s’entassent dans des camps de fortune. Épuisés par la marche, profondément traumatisés et démunis, ils doivent encore affronter des conditions de vie extrêmement précaires, le manque d’abris, d’infrastructures sanitaires, de nourriture, d’eau, de soins, la promiscuité et le risque de contracter des maladies contagieuses. Afin de répondre à cette urgence humanitaire et d’améliorer l’accès aux soins des réfugiés, Médecins du Monde soutient son partenaire local, Gonoshasthaya Kendra (GK). Des cliniques mobiles sont mises en place dans les camps de Cox’s Bazar afin de proposer des soins de santé primaire et un soutien psychosocial, notamment pour les victimes de violences liées au genre. Reportage photographique d’Arnaud Finistre
n constante de la L’absence de routes et l’évolutioiés complique géographie des camps de réfug nt de l’aide considérablement l’achemineme humanitaire.
Médecins du Monde N° 129 — 9
, A lire !
La fin du sida est-elle possible ? La fin du sida : l’objectif paraît utopique au vu des multiples défis posés par l’épidémie. Il est pourtant, en 2017, au cœur des réflexions des militants associatifs, des médecins et des chercheurs. Ce livre éclaire les enjeux contemporains et les tensions sociales et politiques autour de la lutte contre l’épidémie. De François Berdougo et Gabriel Girard Éditions Textuel
Répondons présent !
120 propositions pour une société solidaire
En mars 2017, une coalition inédite de 80 ONG de tous horizons lançait l'Appel des solidarités pour rappeler que les crises que nous traversons ne pourront se résoudre que par plus de solidarité. Voici 120 propositions issues de cet appel.
EN BREF
Opérations France / Les délaissés du système de santé
OBSERVATOIRE DE L’ACCÈS AUX DROITS ET AUX SOINS
DE LA MISSION FRANCE
Le 17 octobre, à l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère, Médecins du Monde a publié son rapport annuel de l’Observatoire de l’accès aux droits et aux soins en France. Médecins du Monde en France, ce sont quelque 2 250 intervenants, bénévoles ou salariés qui agissent sur 35 20 sites. Basé sur leur travail de terrain, ce rapport témoigne 16 des difficultés persistantes rencontrées par les personnes en situation de précarité, toujours majoritairement oubliées des politiques de santé publique. Notamment en matière de prévention, pourtant annoncée comme l’une des priorités du ministère de la Santé. D’une manière générale, les patients reçus dans nos centres sont peu à jour de leurs vaccins. Chez les plus de 15 ans, moins d’une personne sur deux est à jour pour le tétanos, la diphtérie, la polio et le BCG. À peine un tiers d’entre eux pour le ROR, la coqueluche et l’hépatite B. Chez les femmes enceintes, seules 29 % ont déjà réalisé un frottis cervico-vaginal, soit trois fois moins que population générale française. Près de la moitié de celles que nous recevons en consultation présentent un retard de suivi de grossesse. 40 % seulement ont eu accès à des soins prénataux. Le premier obstacle observé demeure l’absence de couverture maladie, les difficultés à l’obtenir et à la conserver. Or améliorer la prévention et l’accès aux soins sont des leviers essentiels de la lutte contre la pauvreté. RAPPORT
DE VOUS À NOUS
Préface d’Edgar Morin
, A voir !
Les éditions de l’Atelier
Du 20 octobre 2017 au 25 février 2018 Fondation Cartier pour l’art contemporain 261 boulevard Raspail 75014 Paris
10 — www.medecinsdumonde.org
© Olivier Papegnies
Exposition 20 octobre 2017 › 25 février 2018
Malick Sidibé Mali Twist Un an après la disparition de l’artiste en 2016, une rétrospective en hommage à celui qui fut surnommé « l’œil de Bamako ». 300 photographies en noir et blanc pour révéler comment Malick Sidibé a su saisir, dès le début des années 1960, la vitalité de la jeunesse bamakoise.
Vos questions Vincent T., donateur
Je soutiens Médecins du Monde
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en envoyant un chèque en fin d’année. Quelle est la date limite pour bénéficier d’une déduction fiscale sur 2017 ?
Partenariats / Soigner les femmes migrantes avec la Fondation CHANEL Elles sont nombreuses à prendre les routes de l’exil pour fuir l’horreur ou la misère. Certaines voyagent en famille, avec leurs enfants, avec leurs parents. D’autres ont pris le risque de partir seules malgré les convoitises, les violences et les trafics. Elles sont parfois très jeunes, parfois enceintes. Fragilisées. Pour accompagner les femmes migrantes et réfugiées dans leurs parcours souvent douloureux vers un asile toujours plus incertain, Médecins du Monde met en place une prise en charge médicale et psychosociale adaptée à leurs besoins spécifiques. Des activités soutenues par
la Fondation CHANEL dans quatre pays d’Europe : en France, en Italie, en Grèce et en Serbie. Ce sont ainsi plus de 7 700 consultations – gynécologiques, pré et postnatales, psychologiques, sociales, etc. – qui ont été menées par les équipes de Médecins du Monde et de ses partenaires dans ces quatre pays au premier semestre 2017. La Fondation CHANEL a également participé au débat « Alerte mondiale sur les droits et la santé des femmes : agissons maintenant » organisé par Médecins du Monde lors du forum humanitaire Convergences en septembre 2017.
Comité des donateurs / Les donateurs réunis à Villeurbanne L’association a besoin de ses donateurs. Il lui faut mieux les connaître en les écoutant. Le comité des donateurs de Médecins du Monde, qui a pour mission de développer ce lien de confiance, initie donc des rencontres avec les acteurs de l’association. Le mois dernier, c’est la délégation Auvergne-Rhône-Alpes qui nous a accueillis à la mairie de Villeurbanne en présence de l’adjointe au Maire, Agnès Thouvenot. De nombreux responsables étaient présents : Philippe de Botton (administrateur et trésorier), Jean-Baptiste Matray (directeur de la communication et du développement), Jean Faya (délégué régional), Rafik Bédoui (responsable de missions urgences), Camille Salmon (coresponsable du groupe Europe), Marielle Chapuis (responsable de l’observatoire). Ont été présentées les actions de Médecins du Monde en France et à l’international, sa stratégie, son financement, sa communication. Le rafraîchissement qui a suivi a permis aux donateurs d’interroger moins formellement les intervenants. Le comité tient à les remercier, tout comme l’équipe de la délégation et ses bénévoles qui ont permis cette rencontre. Cette générosité, qui créé des liens de transparence et de confiance entre tous, donateurs, bénévoles, associatifs, salariés, c’est aussi Médecins du Monde. À l’occasion de cette réunion, un appel à candidature pour rejoindre le comité des donateurs a été lancé. N’hésitez pas à vous renseigner, nous avons besoin de vous.
Tout d’abord, un petit rappel concernant la déduction fiscale. Si vous êtes imposable, vous bénéficiez d'une réduction d'impôt sur le revenu de 75 % du montant de votre don dans la limite de 530 €. Au-delà, les dons sont déductibles à hauteur de 66 % dans la limite de 20 % de votre revenu imposable. Par exemple, un don de 100 € ne vous coûte que 25 €. Si vous choisissez d’effectuer votre don par chèque, vous avez jusqu’au 5 janvier 2018 pour nous l’envoyer par voie postale à l’adresse mentionnée plus bas. Vous pouvez utiliser les enveloppes préaffranchies jointes aux différents courriers que nous vous envoyons en cours d’année. Attention : Pour que votre don soit comptabilisé sur 2017, vous devez impérativement le dater du 31/12/2017 au plus tard. Vous pouvez également effectuer votre don par carte bancaire depuis notre site internet via notre plateforme sécurisée. Dans ce cas, vous avez jusqu’au 31 décembre à minuit. Le service donateurs est à votre écoute au 0 800 014 014 (appel gratuit) de 9h à 13h et de 14h à 17h du lundi au jeudi, de 9h à 13h et de 14 à 16h30 le vendredi. Hélène Granville,
responsable du service donateurs
Posez votre question, Hélène Granville vous répondra ! magazine@medecinsdumonde.net – 0 800 014 014 Médecins du Monde – Service donateurs 62, rue Marcadet 75018 PARIS
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© A. Thibaud
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