MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L
En images /
Madagascar, opération sourire Focus / Népal, la santé au rebut En bref / Mozambique, un cyclone dévastateur
SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE
N° 135 ÉTÉ 2019 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS
RENCONTRE
COLOMBIE
Marcela Médecin
À 36 ans, le docteur Marcela Vera Sanchez a déjà une grande expérience des pénuries d’accès aux soins engendrées par le conflit interne en Colombie. Aujourd’hui, malgré les accords de paix, la situation sécuritaire demeure très instable et les besoins d’assistance sanitaire importants. Marcela a rejoint le programme de réponse d’urgence de Médecins du Monde lancé en mai 2018. POURQUOI J’Y SUIS ? « Avant d’arriver chez Médecins du Monde, je suis passée par différentes organisations humanitaires. Ma volonté d’aider ceux qui ne peuvent pas se faire soigner normalement est née au cours de mes études de médecine à Cuba. Puis j’ai commencé ma carrière comme travailleuse sociale en Colombie. Depuis j’ai enchaîné la lutte contre l’épidémie de choléra en Haïti après le séisme de 2010, un programme de soins dans les quartiers pauvres de Bogota ou encore un projet d’éradication de la tuberculose chez la population indigène en Amazonie. »
CE QUE JE RESSENS « Les situations que l’on rencontre sont tout aussi dramatiques qu’avant les accords de paix. Dans un village isolé du Meta, où des massacres ont été perpétrés dans les années 2000, nous avons trouvé une population démunie, abandonnée de tous, sans aide ni soins. Pendant quatre jours, nous avons vu 450 personnes. De très nombreux cas de blessures jamais soignées, de maladies très avancées. Comme cette ex-combattante qui avait contracté le VIH après avoir été violée et qui était passée au stade sida faute de traitements. C’est une telle injustice. On a parfois l’impression de faire un travail de missionnaires sur des terres complètement oubliées. »
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« Les situations que l’on rencontre sont aussi dramatiques qu’avant les accords de paix. » Marcela, médecin
© Quentin Top
CE QUE JE FAIS « J’ai commencé à travailler pour Médecins du Monde à Tumaco, dans le département du Nariño, où a été lancé le programme de réponse d’urgence en cas d’éruption de violence liée au conflit armé, notamment lorsque des populations sont menacées, attaquées ou doivent fuir des groupes armés. Aujourd’hui je travaille sur la base de San José, dans le Guaviare. Avec d’autres associations, nous intervenons rapidement pour évaluer la situation et élaborer un plan d’action. Dans mon cas, il s’agit d’apporter les premiers soins. »
OPINIONS
ÉTÉ 2019
, Editorial
Choqués
Les cyclones qui ont balayé il y a peu le Mozambique, les inondations massives en Iran, le séisme puis le tsunami en Indonésie l’année dernière, les sécheresses croissantes et massives tant au Sahel que dans la corne de l’Afrique... Ces épisodes catastrophiques ne sont que la partie visible et médiatisée de l’accélération du dérèglement climatique. Les conséquences sont désastreuses – montée du niveau des mers, désertification, raréfaction des ressources, difficultés d’accès à l’eau, déplacements massifs de populations – et les défis majeurs. Surtout pour les pays les plus fragiles. Cela constituera dans les années à venir un enjeu central de la lutte contre les inégalités sociales de santé. Nous avons, en tant qu’ONG médicale et acteur du changement social, un rôle prépondérant à jouer aux côtés des jeunes générations qui se mobilisent pour le climat. Nous devons aider les communautés à réduire les risques en amont des catastrophes, autant que possible, et renforcer leurs capacités à en limiter les conséquences humaines, médicales et sociales. C’est notre devoir et notre responsabilité.
Dr Philippe de Botton Président de Médecins du Monde
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Au sommaire du N° 135 / Ete, 2019
Népal P. 6
Madagascar P. 8
Montgenèvre
J’ai appris par la presse que ce sont les armes françaises qui servent à tuer des civils au Yémen. Cette révélation m’a profondément choquée, alors que la ministre des Armées affirmait n’avoir aucune preuve que nos armes sont utilisées contre les Yéménites. Comment le gouvernement français peut-il se rendre complice d’un tel massacre ? Garance, agent immobilier
Révoltés
Le sort s’acharne sur le Mozambique. Toute une population frappée deux fois en l’espace d’un mois par des cyclones et toute la souffrance que cela engendre m’attriste. Il faut aider ces gens à survivre à cette catastrophe. Bon courage à vous. Franck, restaurateur
Fiers
Ça fait dix ans que je donne chaque année à Médecins du Monde. Je suis très heureuse de pouvoir participer dans la mesure de mes moyens à vos belles actions. Surtout à ce que vous faites pour les droits des femmes. Ce combat me tient particulièrement à cœur, car je travaille moi-même auprès des femmes. Valérie, sage-femme
Vous aussi, réagissez ! donateurs@medecinsdumonde.net
Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Philippe de Botton – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Jonathan Stein-Richez – Comité éditorial : Thomas Flamerion, Jean-Baptiste Matray, Amélie Churlet, Bertrand Brequeville, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : Thomas Flamerion, Jean-Baptiste Matray, Victoire Nicolle, Insaf Rezagui, Justine Roche – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Olivier Papegnies – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 321 200 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1023H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff
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Médecins du Monde N° 135 — 3
PANORAMA
L’image
EN BREF
France / Au cours des jours qui ont précédé la journée des droits des femmes, le 8 mars, Médecins du Monde a révélé cinq portraits de son projet Unsung Heroes. Un travail photographique accompagné de témoignages et signé Denis Rouvre, pour comprendre les violences morales, physiques ou institutionnelles que subissent les femmes à travers le monde, pour faire évoluer les consciences et défendre leurs droits bafoués. L’ensemble du projet Unsung Heroes, soit quelque soixante portraits, sera exposé à Paris début octobre 2019, puis à Bordeaux et dans d’autres villes du monde.
Burkina Faso / Face à la crise sécuritaire
Viêtnam / Réduction des risques
La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader au Burkina Faso. Particulièrement dans la région du Sahel, à l’est et au nord du pays, où se trouvent les provinces du Soum et de l’Oudalan dans lesquelles Médecins du Monde mène un programme de santé sexuelle et reproductive. Des attaques sont menées par des groupes terroristes envers les forces de défense et de sécurité, les édifices publics, les écoles et parfois les centres de soins. Fuyant la violence et les intimidations, des familles quittent leurs villages et le système de santé fonctionne au ralenti.
Le programme pilote de lutte contre le virus de l’hépatite C chez les usagers de drogues, initié par Médecins du Monde à Hanoï en 2015, s’est terminé. En l’absence de programme public de prévention, de dépistage et de soins pour ces personnes, avec des traitements à des prix prohibitifs – 5 500 $ en moyenne – et alors que la possession de stupéfiants est toujours passible de la peine de mort, notre action visait à promouvoir l’accès aux tests, diagnostics et médicaments contre l’hépatite C. Un modèle innovant, basé sur l’accompagnement de pairs éducateurs du réseau vietnamien des usagers de drogues à chaque étape.
Face à cette crise majeure, Médecins du Monde a dû adapter sa stratégie d’intervention. Les ambulances tout-terrain des centres de santé, exposées au car-jacking, ont par exemple été remplacées par des tricycles motorisés et les circuits d’approvisionnement en contraceptifs se sont réorganisés pour limiter les déplacements des équipes. De même, le travail mené dans les clubs scolaires pour la diffusion d’informations sur la santé sexuelle et reproductive est restreint aux plus grosses villes et le plaidoyer est recentré sur la capitale, Ouagadougou. Autant de mesures pour tenter de préserver notre action tout en garantissant la sécurité des acteurs impliqués et des habitants. 4
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Médecins du Monde a également soutenu la mise en place d’une cohorte de traitement au sein de l’hôpital de district de Nam Tu Liem. Une centaine de patients ont ainsi bénéficié d’un traitement à base de médicaments génériques, beaucoup moins chers que ceux disponibles sur le marché. Fort de ce modèle, Médecins du Monde a plaidé auprès des institutions pour un meilleur remboursement des traitements et l’importation de génériques à bas prix au Viêtnam.
Yémen / Le coût humain de la vente d’armes
© Guilaumme Cotillard
Alors que la coalition armée menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis intervient dans la guerre civile au Yémen depuis maintenant quatre ans en soutenant le pouvoir contre les Houthis, la France continue de l’alimenter à travers ses exportations d’armes. Le 28 mars, afin de mettre le gouvernement face à ses responsabilités, Médecins du Monde et trois autres associations – Action contre la faim, CARE France et Oxfam France – ont projeté un message choc sur la façade de l’Assemblée nationale. « En France, la vente d’armes rapporte gros. Au Yémen, elle coûte cher. »
Le saviez-vous ?
© Denis Rouvre
L’âge moyen de décès des personnes sans domicile est de 50,6 ans. Presque trente ans de moins que la population générale.
Source : E spérance de vie - Mortalité, cause de décès en France, Institut national d’études démographiques, 2018.
Car le conflit affecte très largement la population civile. 24 millions de personnes, soit 80 % de la population totale du pays, ont besoin d’aide humanitaire. Les bombardements aériens sont par exemple responsables de plus de la moitié des victimes civiles et de trois quarts des destructions d’infrastructures nécessaires à la survie des populations. Or, en continuant d’exporter des armes qui risquent d’être utilisées au Yémen, la France va à l’encontre de ses engagements internationaux, notamment de la position commune de l’Union européenne et du Traité sur le commerce des armes qui interdit tout transfert d’armes à des pays susceptibles de les utiliser contre des populations civiles. Parallèlement à ses actions de plaidoyer, Médecins du Monde étend son intervention au Yémen. L’association, qui soutient onze établissements de santé des gouvernements de Sanaa, Ibb et Amanat al-Asimah, dans le nord, a ouvert fin 2018 un bureau à Aden, dans le sud du pays, afin d’y soutenir également le système sanitaire.
Mozambique / Un cyclone dévastateur Dans la nuit du 14 au 15 mars, le cyclone tropical Idai balayait les côtes mozambicaines, notamment la province de Sofala. Plus largement, toute la région centrale du pays subissait durant près de deux semaines de fortes précipitations et de graves inondations. La catastrophe a fait près de 600 morts et plus de 15 000 blessés au Mozambique. Beira, seconde plus grosse ville du pays, a été détruite à près de 90 %. Les infrastructures, telles que les écoles et les établissements de santé, ont subi d’important dégâts. Dans les jours qui ont suivi, la stagnation des eaux et la promiscuité dans les centres d’hébergement où se sont réfugiées les victimes ont également favorisé l’apparition de cas de choléra. Médecins du Monde Espagne, présent au Mozambique depuis près de vingt ans, a rapidement activé un protocole d’urgence afin de répondre à cette crise humanitaire, dans un pays où le réseau de santé est extrêmement limité, avec une moyenne de trois médecins pour 100 000 habitants. Médecins du Monde France a affrété un avion transportant du matériel médical afin de soutenir le rétablissement de l’accès aux soins. L’objectif est notamment d’ouvrir un centre de santé et de fournir des consultations médicales aux populations affectées. © Reuters
Médecins du Monde N° 135 — 5
FOCUS
NÉPAL
L’essentiel LA SITUATION
KATMANDOU
Médecins du Monde intervient au Népal pour améliorer la santé des collecteurs de déchets de Katmandou qui s’exposent à des risques majeurs pour leur santé. Mises en œuvre avec un partenaire opérationnel sur le terrain, ces actions visent également à encourager une structuration des groupes de collecteurs et à sensibiliser les autorités aux bénéfices de la gestion des déchets sur la santé publique.
ENJEUX
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F avoriser l’accès aux soins des collecteurs de déchets à la santé, lutter contre leur stigmatisation et pour leur reconnaissance par les autorités.
NOS ACTIONS
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oigner, grâce à la distribution S de médicaments, la formation de personnel médical et la réhabilitation de trois centres de santé. P révenir les risques sanitaires via la distribution de matériel de protection et la sensibilisation des travailleurs à des pratiques moins dangereuses pour leur santé. R enforcer les capacités collectives de ces personnes pour réduire l’impact des environnements nocifs sur leur santé.
NÉPAL
La santé au rebut Au Népal, depuis le tremblement de terre d’avril 2015 dont les stigmates sont encore visibles, la vallée de Katmandou connaît un exode rural massif et fait face à de graves problèmes environnementaux liés à l’accumulation de déchets solides. En l’absence de gestion publique de ces déchets, le tri est assuré par un large réseau de travailleurs informels pauvres, exposés à des risques majeurs pour leur santé et dont le statut n’est pas reconnu.
C
haque jour, bien avant que le soleil ne se lève, juchée à côté du chauffeur d’un camion benne de la municipalité, Manju fait le trajet du centre-ville jusqu’à Sisdole, la grande décharge de la vallée de Katmandou. Ouverte il y a près de quatorze ans à titre provisoire, celle-ci devait permettre le stockage des quelque 700 tonnes de déchets produits par jour en attendant l’ouverture d’un site d’enfouissement. Aujourd’hui, non seulement cette décharge existe encore, mais une deuxième est en projet. RISQUER SA SANTÉ POUR GAGNER SA VIE C’est dans cette décharge que Manju trouve chaque jour les moyens de faire vivre ses deux filles. À Sisdole, la majeure partie des travailleurs sont des femmes. Jusqu’à huit heures d’affilée, au milieu des camions et des pelleteuses dont les chauffeurs sont payés au rendement, elles risquent leur vie pour extraire, à mains nues, le plastique parmi les déchets organiques et autres éclats de verre. « Cela fait quinze ou seize ans que je fais ce travail. Les déchets, pour moi, c’est mon travail alors que pour les autres, c’est repoussant », raconte-t-elle, fataliste. Manju fait partie des 15 000 collecteurs de déchets pour qui plastiques, cartons et papiers extraits des monceaux d’ordures pour être revalorisés constituent l’unique moyen de subsistance. Au Népal, après l’urgence du tremblement de terre et la phase de reconstruction, les équipes de Médecins du Monde sont restées sur 1
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le terrain et interviennent désormais pour améliorer l’accès aux soins de ces travailleurs informels. Comme le précise le Docteur Guillaume Fauvel, coordinateur du programme, « le problème est que tous les types de déchets sont mélangés. Les déchets organiques sources de proliférations bactériennes s’entremêlent avec les déchets toxiques issus des résidus électroniques ou des produits chimiques et des déchets médicaux qui peuvent blesser les personnes et générer de potentielles contaminations ». Ainsi, alors que les études menées auprès des populations ont montré que chaque année deux tiers des travailleurs se blessent, la moitié n’est pas vaccinée contre le tétanos1. « On se coupe avec du verre tranchant, on se pique avec les aiguilles usagées... Ça ne me révolte pas tant à cause de la douleur mais parce que cela m’empêche de retourner au travail pour quelque jours », s’indigne Manju. Les maladies de peau, les problèmes respiratoires et les blessures graves font partie du quotidien, comme le risque d’infection à l’hépatite B ou C et au VIH. PRÉVENIR, SOIGNER, DÉNONCER Installé en contrebas de la décharge, le centre de santé de Sisdole a vu passer près de 1 500 patients au cours du dernier semestre et en attend beaucoup plus à l’avenir. Afin de faciliter la prise en charge des problèmes de santé liés
État de santé et risques professionnels chez les ramasseurs de déchets informels au Népal, étude menée par Médecins du Monde,
PHASE et l’université de Sheffield, 2018.
Te, moignage
© Reuters
Rudra Neupane, responsable des programmes PHASE Népal
aux conditions de travail des recycleurs quelque 3 000 travailleurs ont pu être soutenus informels, Médecins du monde travaille sur la depuis le début du programme. réhabilitation de ce centre et de deux autres structures de soins de Katmandou. Médecins du Monde mène également un combat pour dénoncer la situation de ces travailPar ailleurs, l’association mène des actions pour leurs, faire reconnaître leurs problèmes de intensifier la prévention auprès de ces travail- santé et sensibiliser les autorités aux bénéfices leurs. D’une part en fournissant du matériel de de la gestion des déchets sur la santé publique. protection – gants, chaussures, masques et Lanceuse d’alerte et médiatrice entre les comfiltres – pour limiter les risques sanitaires, mais munautés de travailleur et les autorités, l’assoégalement en organisant des sessions de sensi- ciation est par exemple intervenue pour que bilisation et de formation. Au bord de la rivière cesse l’aspersion de pesticides très toxiques sur Bagmati, qui traverse la ville, des travailleurs la décharge. « Nous avons dû trouver des solusont ainsi invités à commenter les cas présentés tions alternatives et favoriser un dialogue entre par deux animatrices de PHASE, le partenaire les communautés avoisinantes, les autorités et les népalais de Médecins du Monde. Ces échanges travailleurs informels », précise Guillaume permettent d’établir le contact et de communi- Fauvel. Au-delà, notre plaidoyer vise à démonquer sur les soins gratuits dispensés dans trer que les ramasseurs de déchets jouent un chacun des trois centres soutenus par Médecins rôle important pour la société népalaise et qu’il du Monde. « Au départ, sur la décharge, les tra- convient de les reconnaître à leur juste valeur. vailleuses informelles ne faisaient pas attention à nous, explique l’une des animatrices de Les actions entreprises au Népal pour la reconPHASE. Elles pensaient qu’on était là pour se naissance de ces travailleurs de l’ombre et faire de l’argent. Maintenant que nous fournis- l’amélioration de leur accès aux soins, font du sons des matériaux de protection, des messages pays l’un des terrains privilégiés de notre plaide sensibilisation, elles collaborent beaucoup plus doyer environnemental. Pour que celles et ceux et comprennent l’importance du projet. » qui sont contraints de travailler dans des enviMédecins du Monde a également favorisé la ronnements extrêmement nocifs ne soient pas création de onze groupes de recycleurs qui ont doublement pénalisés. reçu une formation et qui sensibilisent à leur tour leurs pairs à des pratiques plus sûres. Ainsi, Jean-Baptiste Matray
« PHASE Népal est une association qui travaille avec les personnes les plus pauvres sur l’accès à la santé, à l’éducation et aux activités génératrices de revenus, principalement dans les zones isolées où les infrastructures sont rares. Grâce à Médecins du Monde, nous avons pu travailler avec une population dont les besoins sont immenses et développer une nouvelle zone d’intervention. Nous avons trouvé un bon équilibre, PHASE travaillant en première ligne auprès des populations ciblées et Médecins du Monde venant en soutien pour renforcer les centres de santé, développer les actions de sensibilisation et faire remonter des messages de plaidoyer auprès des autorités. Grâce à cette complémentarité, nous nous donnons un maximum de chance pour réussir notre objectif auprès des travailleurs informels : protéger leur santé et leur redonner leur dignité. »
« On se coupe avec du verre tranchant, on se pique avec les aiguilles usagées… »
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FOCUS
EN IMAGES
aire Au centre hospitalier universit d’Antananarivo, au premier jour ire, de la mission de l’Opération Sour forme le couloir de l’hôpital se trans ente. en une gigantesque salle d’att
son Esther, 19 ans, vient d’obtenir baccalauréat, mais sa fente e. labio-palatine lui fait trop honté Elle n’ose pas aller à l’universit poursuivre ses études.
Esther, qui ne se sépare jamais de sa maman, aimerait devenir infirmière. « Je veux soigner les gens qui sont comme moi. »
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« Je déteste ça. Les gens me ter demandent tout le temps de répé des ce que je dis. […] Parfois il y a gens qui se moquent de moi et ça me fait très mal. »
opérée une première À un an et demi, Esther a été médicaux, sa famille fois. Mais pour payer les frais . Aujourd’hui, avec a dû vendre son lopin de terre se faire réopérer Médecins du Monde, elle peut gratuitement.
Madagascar
30 ans d’Opération Sourire Depuis 1989, des soignants bénévoles de Médecins du Monde se rendent en Afrique et en Asie pour opérer des patients atteints de différentes pathologies et malformations congénitales. Principalement des fentes labiopalatines et des séquelles de brûlures dues à des accidents domestiques ou de tumeurs. En mars, à Madagascar, une équipe médicale composée de quatre chirurgiens, deux anesthésistes et une infirmière a rejoint le personnel du centre hospitalier d’Antananarivo pour une semaine d’interventions réparatrices. Le premier jour, le couloir de l’hôpital se transforme en gigantesque salle d’attente. Dans la foule, nombreuse, qui le premier jour se presse aux consultations, beaucoup de jeunes que leurs cicatrices ou leurs becs de lièvre empêchent de vivre normalement. Des jeunes que le rejet et la honte chassent de l’école. « J’ai dû mal à boire et à parler, raconte par exemple Rita, 8 ans. C’est pour ça que mes parents n’ont pas voulu que je sois scolarisée, par peur des jugements. » Les consultations, les opérations chirurgicales et les soins postopératoires sont gratuits. L’ensemble du matériel médical et des médicaments est fourni par Médecins du Monde. Dans ce pays où le coût de la nuit d’hospitalisation est inaccessible, être soigné gratuitement est une chance rare. Après le départ des équipes françaises, le suivi des patients est assuré par les médecins et infirmiers malgaches partenaires. Depuis la création de l’Opération Sourire il y a trente ans, Médecins du Monde est intervenu à Madagascar et dans une vingtaine d’autres pays pour opérer gratuitement, bénévolement, des personnes démunies et vulnérables qui n’ont pas accès aux systèmes de santé. En tout, ce sont plus de 17 000 personnes qui ont été opérées et ont pu se réinsérer socialement et professionnellement. Chaque année, 900 patients, pour la plupart âgés de moins de 15 ans, sont pris en charge au cours de plus de 200 jours de mission, pour une moyenne de 16 000 heures de bloc opératoire. Un reportage photographique d'Olivier Papegnies
Avec le soutien de
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DE VOUS À NOUS
EN BREF
, A lire !
Délégation Provence-Alpes-Côte d’Azur/ Soutien aux citoyens solidaires Un manguier au Nigeria, histoires du Borno L'État du Borno s'est retrouvé sur la ligne de front de la lutte contre le terrorisme. Pourtant, l'histoire de la région du lac Tchad mérite plus que la liste des atrocités de Boko Haram. Ce livre donne la parole aux Nigérians. De Vincent Hiribarren Éditions Plon
Mes bien chères sœurs Dans ce court texte incisif qui prône la sororité comme outil de puissance virale, Chloé Delaume aborde la question du renouvellement du féminisme, de l’extinction en cours du patriarcat, de ce qu’il se passe, et peut se passer, depuis le mouvement #metoo.
Alors que les politiques migratoires des États européens ne cessent de se durcir et que les contrôles aux frontières sont de plus en plus répressifs, les migrants sont amenés à prendre davantage de risques pour tenter de traverser la frontière par la montagne. Ils empruntent alors des sentiers enneigés, de nuit, en altitude, par des températures négatives, sans matériel adéquat. Dans le même temps, les citoyens solidaires qui cherchent à leur venir en aide, les « maraudeurs » des vallées alpines, sont de plus en plus inquiétés. En 2018, plusieurs dizaines d’entre eux ont été entendus par la police et pour certains, poursuivis en justice et jugés. Malgré les alertes des associations aux autorités, malgré les blessures, les gelures et les morts, la situation n’a cessé de s’aggraver dans la région de Briançon, dans les Hautes-Alpes. Face à cette situation, le mouvement citoyen Tous migrants soutenu par Médecins du Monde et quatre autres associations a organisé en mars une grande maraude solidaire avec plusieurs acteurs locaux à Montgenèvre, à la frontière francoitalienne. Une action inédite pour exprimer la solidarité envers les personnes qui portent assistance aux exilés.
En mai, toujours en partenariat avec le collectif Tous migrants, Médecins du Monde a testé une unité mobile pilotée par deux personnes, un maraudeur et un soignant de l’association. Elle a assuré des rondes de nuit sur les routes entre Briançon et Montgenèvre ainsi que dans la vallée de la Clarée. Ses missions, rechercher des personnes en errance et répondre à l’appel éventuel de tout maraudeur qui aurait repéré ou sauvé quelqu’un en montagne pour assurer une évaluation rapide de son état de santé et une mise à l’abri adaptée. Parce qu’une personne qui prend la route dans les montagnes sans connaissance géographique et sans équipement adéquat est en danger, elle doit être secourue et mise à l’abri, quelle que soit sa situation administrative.
Coordonnées MdM PACA 4 avenue Rostand, 13003 MARSEILLE Tél : 04 95 04 59 60 paca@medecinsdumonde.net
De Chloé Delaume Éditions du Seuil
, A voir ! ManifestO La 17e édition des rencontres photographiques de Toulouse accueillera Louis Jammes comme invité d’honneur et président du jury. Médecins du Monde y présentera une exposition d’Olivier Papegnies, photoreporter belge du Collectif Huma. Du 13 au 28 sept 2019
© DR
Plus d’info sur festival-manifesto.org
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Vos questions Raymond, donateur
Je veux vous transmettre une partie de mon patrimoine © Ludovic Combe
mais également protéger mon épouse si elle me survit en lui laissant, notamment, l’usage de notre logement. Que dois-je faire ?
Partenariats / La Fondation d’Entreprise Michelin lutte contre les déserts médicaux La question des inégalités d’accès aux soins est une préoccupation grandissante pour bon nombre de Français. Dans un certain nombre de départements ruraux, comme l’Aude ou le Puy-de-Dôme, la couverture médicale tend à se réduire depuis quelques années et l’offre locale de soins, dans certains villages, finit par disparaître. La Fondation Michelin soutient deux programmes de médiation en santé développés par Médecins du Monde pour
favoriser l’accès aux soins et aux droits des personnes en situation de précarité en milieu rural. Dans les Combrailles, depuis 2013, et dans la haute-vallée de l’Aude depuis 2016. L’objectif de la médiation en santé est également de favoriser l’autonomie de celles et ceux qui, pour cause d’isolement et par manque de ressources, renoncent à se faire soigner et à faire valoir leurs droits à une couverture santé.
Comité des donateurs / Auprès de Médecins du Monde à Marseille Le Comité Indépendant de l’association, le Comité des donateurs mène une réflexion critique et constructive sur la gestion, la collecte de fonds, la communication et les grandes orientations de Médecins du Monde. Il témoigne auprès des donateurs de la qualité des missions qu’il visite et il s’exprime au conseil d’administration et à l’assemblée générale de l’association. En savoir plus sur : journeedonateursmdm.org
Le comité des donateurs s’est rendu à Marseille début avril, une ville qui concentre plusieurs actions de Médecins du Monde. Nous sommes tout d’abord allés au Caso, le centre de soins de l’association, situé dans le 3e arrondissement dont plus de la moitié des habitants vit en dessous du seuil de pauvreté. Le comité a voulu rendre compte de la création de la Pass de ville à Marseille. Un dispositif innovant d’accès aux soins pour les personnes précaires initié par Médecins du Monde, des médecins libéraux, des dentistes et des laboratoires. Les patients sont pris en charge sans avance de frais par les professionnels de santé, le temps d’obtenir une couverture maladie. Nous avons assisté à une réunion avec les partenaires de Médecins du Monde agissant pour les « délogés » des appartements détruits ou en état de péril. Des familles sont hébergées dans des hôtels et déménagées fréquemment, ce qui a un impact sur leur santé mentale. Médecins du Monde recrée un lien et un dialogue avec ces personnes en grande détresse. Nous avons enfin rencontré des Roms vivant en habitat précaire que l’association accompagne dans l’accès aux soins et la stabilisation de leurs lieux de vie pour éviter les expulsions répétées. Le comité remercie toute l’équipe pour son accueil et l’efficacité de ses actions.
Afin de préserver le cadre de vie de votre conjoint, la loi lui accorde deux droits d’occupation sur le logement, l’un temporaire, l’autre viager. Le conjoint survivant a le droit d’occuper gratuitement pendant un an le logement familial, meublé. Ce droit profite également au partenaire pacsé. Par ailleurs, le conjoint survivant (mais pas le partenaire pacsé) peut bénéficier sa vie durant de la résidence principale, meublée, si elle appartenait soit exclusivement aux deux époux soit au seul défunt. Lorsque le logement n'est plus adapté, le conjoint peut le louer, notamment pour financer un nouvel hébergement. La valeur de ce droit est déduite de la part de succession recueillie par le conjoint. Si cette valeur est supérieure à ses droits, il n'est pas tenu d’indemniser la succession à raison de l'excédent. Il existe de multiples façons de protéger son conjoint, notamment par le régime matrimonial. Renseignez-vous auprès de votre notaire. Catherine Bienvenu,
Responsable du service legs
Posez votre question, Catherine Bienvenu vous répondra ! legs@medecinsdumonde.net – 01 44 92 14 42 Médecins du Monde – Service legs 62 rue Marcadet - 75018 PARIS
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DEMANDE DE DOCUMENTATION - LEGS Notre documentation vous sera envoyée gratuitement sous pli confidentiel, sans aucun engagement.
q OUI, je souhaite recevoir votre documentation sur les legs, donations et assurances-vie.
Pour toute information : Catherine Bienvenu : 01 44 92 14 42 Responsable du service legs, donations et assurances-vie. www.medecinsdumonde.org Courriel : legs@medecinsdumonde.net
© Sébastien Duijndam
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Merci de compléter ci-dessous : M.
Mme.
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