Journal des Donateurs no 127 - Médecins du Monde

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MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L

En images /

Palestine, survivre à l'occupation Focus / Kenya, une maison contre l'exclusion Vie de l'association / Auprès des mal-logés de Bordeaux

SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE

N° 127 ÉTÉ 2017 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS


RENCONTRE

NIGER

Amadou

Infirmier superviseur au Niger Amadou Sori, 36 ans, travaille à améliorer la prise en charge de la malnutrition dans le district d’Illéla, au sud du Niger. Pour qu’enfants et femmes enceintes soient dépistés et traités à temps, malgré les obstacles socio-culturels qui demeurent. POURQUOI J’Y SUIS ? Je travaillais en clinique depuis 5 ans lorsqu’en 2010, le Niger a connu une nouvelle famine. Pour participer à l’effort national de lutte contre cette crise alimentaire, j’ai pris en charge la supervision d’un centre de récupération et d’éducation nutritionnelle intensive pendant 10 mois. Puis, en 2011, j’ai commencé à travailler sur la promotion de la planification familiale à Illéla. Rapidement, nous avons dû y associer la nutrition. Car ces deux problématiques sont liées. Maîtriser les naissances permet de ménager les femmes et de prolonger l’allaitement des bébés. CE QUE JE FAIS Je supervise les activités de prise en charge de la malnutrition dans 6 des 24 centres de santé que compte le district, notamment l’approvisionnement en compléments alimentaires et médicaments. Je coordonne également le travail d’une centaine d’agents communautaires. Dans leurs villages respectifs, ces bénévoles font de la prévention, sensibilisent les familles à la gestion des vivres et dépistent les enfants. Par ailleurs, nous formons le personnel soignant aux techniques d’accouchement et aux consultations prénatales.

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« Certaines mères sont encore réticentes à l’idée d’emmener leurs enfants malnutris dans les centres de récupération. » Amadou, infirmier superviseur

© Olivier Papegnies

CE QUE JE RESSENS Malgré nos efforts, certaines mères sont encore réticentes à l’idée d’emmener leurs enfants malnutris dans les centres de récupération. Parce qu’elles ont d’autres enfants, parce qu’elles doivent s’occuper du bétail… Je trouve cela choquant car le transfert des cas sévères vers le centre spécialisé est gratuit, que les repas y sont fournis. Nous devons parfois faire intervenir le chef du village pour qu’il convoque les parents. Heureusement, son autorité finit souvent de les convaincre de faire soigner leur enfant.


OPINIONS

ÉTÉ 2017

, Editorial

En 2017, ce sont bien les hommes,

et non les seuls aléas climatiques, qui provoquent la famine. Au Soudan du Sud, en Somalie, au Nigeria et au Yémen, des conflits armés engendrent une crise alimentaire qui est politique. C’est une urgence par son ampleur – elle concerne au moins 20 millions de personnes – et par la difficulté d’acheminement de l’aide humanitaire. La situation sanitaire est extrêmement préoccupante : plus de 13 000 cas de diarrhées aigües ont été recensés en Somalie tandis que 20 000 cas de choléra sont suspectés au Yémen. Et le risque de famine, annoncé depuis plusieurs mois, va croître tant que des solutions politiques n’auront pas été trouvées. Nous appelons à une mobilisation de la communauté internationale pour garantir le droit des civils à une assistance, notamment des services de santé. En 2011, près de 260 000 personnes sont mortes en Somalie. La moitié d'entre elles étaient des enfants. Si nous ne voulons pas que l'histoire se répète, pour éviter que cette crise ne devienne une catastrophe, nous devons agir sans plus tarder. Le temps est compté.

Solidaires

En pleine cacophonie présidentielle, j’ai entendu parler à la radio de l’Appel des solidarités, ce grand mouvement qui rassemble de nombreuses ONG pour plus d’entraide et de solidarité. J’ai trouvé l’idée très intéressante. Dans ce contexte tendu je trouve essentiel que les Français se serrent les coudes ! Pierre, boulanger

Choqués

On a longtemps cru que la faim dans le monde était une crise majeure des années 1980. Je ne pensais pas que la famine était encore d’actualité quand j’ai entendu parler de la situation en Afrique. Comment peut-on encore laisser les gens mourir de faim en 2017 ? Sarah, biologiste

Tristes

Le camp de migrants de GrandeSynthe n’est plus qu’un tas de cendres. Je ne peux m’empêcher de me demander ce que vont devenir tous ces gens que vous aidiez au quotidien. Vont-ils être relogés ? Où vont-ils trouver refuge ? Jeannine, aide-soignante

Dr Françoise Sivignon Présidente de Médecins du Monde

Au sommaire du N° 127 / ete 2017

Kenya P. 6

Palestine P. 8

Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net

Qui fait le journal ?

Bidonvilles

Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Françoise Sivignon – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Clémence Hivert – Comité éditorial : Jean-Baptiste Matray, Emmanuelle Pons, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : Thomas Flamerion, Justine Roche, Aurélie Daufretin, Nicolas Danicourt, Lisa Véran – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Cyril Zannettacci – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 287 060 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1018H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff – Imprimé sur papier 100 % PEFC.

P. 10

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Médecins du Monde N° 127 — 3


PANORAMA

L’image

EN BREF

Famine / La situation est alarmante. Plusieurs pays africains – parmi lesquels le Nigeria, le SudSoudan, la Somalie et le Kenya – ainsi que le Yémen sont actuellement confrontés à une grave crise alimentaire, menacés de famine. Des millions de femmes, d’hommes et d’enfants sont affectés, victimes tant des sécheresses répétées que des conflits qui les contraignent à se déplacer et de l’insécurité qui les prive d’assistance.

Somalie / Face à la crise alimentaire

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Les épidémies de choléra sont récurrentes en Éthiopie. Elles se multiplient à la saison sèche, lorsque les points d’eau sont rares et les risques de puiser à des sources contaminées plus importants. L’accès limité aux produits d’hygiène en favorise la propagation et l’isolement de certaines communautés complique la détection des cas. Notamment dans la région Afar, où intervient Médecins du Monde. Afin d’accompagner les autorités sanitaires dans la lutte contre la propagation de l’épidémie, nos équipes ont fourni du matériel et des médicaments aux centres de traitement de la zone et distribué des kits d’hygiène. Des actions de sensibilisation ont également été menées avec un partenaire local. Médecins du Monde envisage d’étendre ses activités de lutte contre le choléra à la région Somali, où les malades sont de plus en plus nombreux.

© Quentin Top

En Somalie, plus de la moitié de la population, soit 6 millions de personnes, souffre aujourd'hui d’insécurité alimentaire. S’il est extrêmement difficile d’obtenir des données précises concernant la malnutrition, un rapport de l’Unicef estime que 900 000 enfants somaliens en souffriraient aujourd’hui. Plusieurs saisons des pluies en deçà des prévisions et un conflit armé qui dure depuis des années ont favorisé cette crise en empêchant la population d’accéder à un développement économique durable. Le contexte politique et sécuritaire complique l’intervention des organisations humanitaires et les efforts pour prévenir une situation de famine. À Bosasso, dans le Puntland, une région semi-autonome du nord de la Somalie où intervient Médecins du Monde, les taux de malnutrition et de diarrhées aiguës ne cessent d’augmenter. 50 000 à 60 000 personnes déplacées y vivent dans des camps. Elles ont fui l’insécurité du centre et du sud du pays, l’Éthiopie ou le Yémen, arrivent avec très peu de ressources et souffrent d’un manque évident d’accès à l’eau et à l’assainissement, ce qui favorise la propagation des épidémies. Un soutien régulier est fourni à huit structures sanitaires et à l’hôpital général de Bosasso pour le traitement de la malnutrition. Deux équipes mobiles ont également été mise en place. L’une est spécialisée dans le traitement et le dépistage de la malnutrition, l’autre dans les maladies liées à l'eau et la prévention des diarrhées aiguës. Elles examinent et traitent notamment les enfants de moins de 5 ans et réfèrent vers l’hôpital les cas de malnutrition aigüe sévère avec complications médicales.

Éthiopie / Lutter contre le choléra


Madagascar / Favoriser la lutte contre le VIH Si aucune étude nationale sur l’épidémie de VIH n’a récemment été menée à Madagascar, des rapports d’ONUSIDA ont pointé une prévalence supérieure du virus parmi les usagers de drogue, les homosexuels et les travailleurs du sexe. La politique nationale de santé prévoit donc que ces personnes bénéficient en priorité de dépistages et de traitements. Mais leur parcours de soins s’avère difficile en pratique. C’est pourquoi Médecins du Monde a lancé un observatoire des barrières à l’accès aux soins du VIH dans cinq villes malgaches parmi lesquelles la capitale, Antananarivo. Des enquêteurs de Médecins du Monde et de quatre associations locales sont formés à l’évaluation des problèmes rencontrés par ces communautés vulnérables. Nos équipes enquêtent également auprès des personnels des centres de soins. L’objectif est de permettre aux partenaires malgaches de disposer de données objectives pour plaider auprès des autorités pour un meilleur accès aux services VIH.

Bulgarie / Des enfants dans l’errance

© Olivier Papegnies

Le saviez-vous ?

Ils sont près de 250, sur les 3 000 migrants en transit en Bulgarie. Comme leurs aînés, les mineurs non accompagnés, essentiellement afghans, pakistanais ou syriens, font face au rejet et à la xénophobie. Selon la loi bulgare, les municipalités doivent confier ces enfants, parfois très jeunes, à un tuteur temporaire. Celui-ci est en charge de les suivre et de subvenir à leurs besoins. Dans la réalité, par manque de disponibilité ou à cause de la barrière de la langue, ils résident sans assistance dans des centres d’hébergement où ils font face à la promiscuité, à l’insalubrité et à la violence. Des travailleurs sociaux de Médecins du Monde, accompagnés de membres des communautés de migrants, prennent en charge ces mineurs afin de faciliter leur accès aux services de santé et au regroupement familial pour ceux qui tentent de rejoindre leur famille en Europe.

© Reuters

25 % des assurés sociaux en France renoncent aux soins ou les diffèrent. Source : Personnes interrogées dans les accueils de l’Assurance maladie - Observatoire des non-recours aux droits

et aux services (Odenore) avec l’Assurance maladie, 2017

Le tweet

@franceinter REVOIR - @FSivignon : "Il n'y a pas de politique migratoire de protection et d'accueil digne de ce nom en France."

© Ludovic Combe

France / Recréer du lien social Pour faire face à l’isolement géographique, Médecins du Monde a lancé en 2013 un programme dans les Combrailles où certaines personnes, parce qu’elles cumulent de difficultés sociales, sanitaires et financières, sont en rupture de soins. Anne-Elisabeth Ingold, infirmière et aujourd’hui médiatrice tout terrain, va à leur rencontre – visites à domicile, permanences dans les villages – pour récréer un lien souvent rompu entre les structures sanitaires et les patients. Médecins du Monde aide ainsi les personnes dans leurs démarches d’accès aux droits et aux soins et les accompagne, si nécessaire, vers les professionnels de santé. En parallèle, pour répondre aux souffrances psychologiques évoquées par les personnes rencontrées, un soutien en santé mentale a été développé.

Bangladesh / Soutenir les réfugiés Afin de répondre à la crise migratoire en Asie, à la détresse et au dénuement des populations contraintes à l’exil, Médecins du Monde intervient au Bangladesh depuis le début de l’année. Le pays compte en effet de nombreux camps où sont installés plusieurs milliers de réfugiés birmans. Dans quatre régions du pays, l’association forme les équipes de deux organisations locales, l’une médicale, l’autre juridique, aux questions de santé mentale et de violences liées au genre. L’objectif est d’améliorer la prise en charge psychosociale et la défense des droits des personnes qui ont fui leur pays. En particulier les femmes et les enfants isolés, sans protection, et donc plus exposés aux agressions. Médecins du Monde N° 127 — 5


FOCUS

KENYA

L’essentiel LA SITUATION :

KENYA /

Nairobi

Médecins du Monde au Kenya Depuis 2013, Médecins du Monde mène un programme de réduction des risques (RdR) pour les usagers de drogues injectables dans les circonscriptions de Westlands et de Dagorreti, à Nairobi.

L’ENJEU : Dans une approche pragmatique de non-jugement, le programme vise à limiter les risques liés à la consommation de drogues.

Une maison contre l’exclusion Kangemi. L’un des quartiers les plus pauvres de Nairobi. C’est là que depuis trois ans Médecins du Monde mène un combat contre le VIH et l’hépatite C. Un combat dédié à ceux que l’État criminalise, au mépris de leur santé et de tout espoir de leur redonner une place dans la société.

NOS ACTIONS :

• • • •

révention : information et P éducation préventive, distribution de matériel d’injection stérile et collecte de matériel usagé, distribution de préservatifs. éférencement, préparation R et accompagnement au sein du programme national de substitution aux opiacés. épistage, vaccination et D traitement des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles. Soutien psychosocial.

NOS MOYENS : L’équipe de Médecins du Monde au Kenya compte une vingtaine de personnes : travailleurs pairs, infirmiers, chargé de plaidoyer, éducateur, etc.

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A

ssis sur une chaise dans le centre d’accueil de Médecins du Monde, Nicholas attend patiemment son rendez-vous pour prendre son traitement contre l’hépatite C commencé il y a trois semaines. « Je me suis injecté de l’héroïne pendant plus de 10 ans. À cette époque, j’avais la peau sur les os, je ne me lavais pas et j’errais dans les rues. J’étais l’ombre de moi-même, j’ai fait de la prison : je volais pour payer ma consommation. J’étais esclave de la drogue, je n’étais plus quelqu’un de normal », raconte-t-il. Sur son t-shirt, on peut lire « Soutenez, ne punissez-pas ». « L’Afrique constitue une porte d’entrée, une zone de transit pour tous types de drogues qui sont ensuite acheminées vers l’Europe ou l’Amérique du Sud », explique Esther Mucara, assistante du programme de Médecins du Monde. Au Kenya, la possession de drogue est considérée comme un crime. Une politique répressive et une tolérance zéro au regard de la consommation et du trafic sont appliquées. Pourtant le pays compte près de 130 000 usagers de drogues, dont 30 000 par voie intraveineuse. « Cela souligne les limites de la guerre contre la drogue. Il faut accompagner et réintégrer ces personnes plutôt que les criminaliser. Le gouvernement commence à

© Quentin Top

Kenya

changer sa perception, à mettre en place des programmes spécifiques, mais les politiques de réduction des risques doivent être plus développées », défend Boniface Ndirangu, membre du conseil d’administration de KENPUD, le réseau national d’usagers de drogues au Kenya. DES SERVICES ADAPTÉS Stigmatisés par la population et par les professionnels de santé, marginalisés, les usagers n’ont souvent pas accès aux soins dont ils auraient pourtant besoin. Sans les traitements nécessaires, ne disposant pas de matériel stérile et souvent inconscients des risques liés à leurs pratiques faute d’information disponible, cette population est l’une des plus exposées au VIH et l’hépatite C. À Nairobi, 36 % des usagers de drogues par injection sont infectés par le VIH. Ce taux s’élèverait à 42 % pour l’hépatite C. « Si l’on veut faire diminuer les taux de prévalence au Kenya, on doit viser en priorité ces groupes », poursuit Esther Mucara. Médecins du Monde a donc ouvert dans la circonscription de Westlands un drop-in-center, un centre d’accueil et de soins. « La maison », comme certains


Te, moignage Dr Manasse Murage,

Infirmier conseil

aiment le surnommer. Ce n’est pas une adresse comme les autres. Derrière la porte, à l’abri de la violence de la rue, les usagers de drogues peuvent être soignés, dépistés, vaccinés, recevoir un soutien psycho-social, participer à des séances d’éducation à la santé et être orientés vers des structures sanitaires. Aux environs de midi, un déjeuner est servi par les équipes, un moment de réconfort et de convivialité. Ils trouvent aussi un endroit où se doucher, laver leurs vêtements et se faire coiffer, pour retrouver une dignité qu’ils croient parfois perdue. Afin de toucher les usagers les plus isolés, une équipe mobile de Médecins du Monde se rend tous les jours sur les lieux de consommation pour distribuer des kits d’injections stériles. L’occasion de ramasser les seringues usagées et de diffuser des messages d’information sur l’importance de ne pas partager les aiguilles et de se faire dépister. « La prévention est cruciale, en particulier pour l’hépatite C, maladie asymptomatique, encore assez méconnue au Kenya. Si l’on généralise le dépistage, la prévention et le traitement du virus, on pourra éradiquer cette maladie », explique Esther.

GUÉRIR L’HÉPATITE C « Malgré l’arrivée sur le marché de nouveaux traitements contre l’hépatite C sans effets secondaires majeurs, l’accès y est limité au Kenya car les médicaments ne sont pas encore enregistrés, explique Abigael Lukwaro, chargée de plaidoyer pour Médecins du Monde. C’est un enjeu de santé publique. Notre combat vise à pouvoir donner accès aux génériques à des prix abordables à l’ensemble de la population, y compris aux usagers de drogues. » Un projet pilote, mis en place avec Médecins sans Frontières Belgique, a déjà permis de guérir 12 patients et 23 sont actuellement en cours de traitement. Dont Nicholas, qui sort de la salle de consultation : « Grâce à Médecins du Monde, je vais guérir. Il faut prendre les médicaments tous les jours durant trois mois. Je ne vais pas abandonner car aujourd’hui je veux prendre soin de moi, trouver un travail et me construire un bel avenir. » Le début d’une vie « normale » pour un homme libéré.

« L’état physique des usagers n’est pas bon. Ils souffrent de problèmes dentaires, d’abcès, d’infections respiratoires, de constipations et de maux de ventres. Certains présentent des blessures car ils se battent entre eux ou sont frappés par la police. Ils sont aussi marqués par la vie à la rue : ils ont besoin de soutien psychologique dû à leur isolement. C’est parfois un véritable défi pour eux de suivre leurs différents traitements. Les structures sont éloignées géographiquement et ils n’ont pas les moyens de payer les frais de transport. Or ils doivent quotidiennement se rendre dans une clinique pour prendre leur méthadone puis au centre de Médecins du Monde pour le traitement contre l’hépatite C. Le projet pilote de traitement de l’hépatite C prend en charge les trajets des usagers qui bénéficient du programme hépatite C. La solution serait qu’ils puissent prendre tous les traitements au même endroit. »

« Le gouvernement commence à changer sa perception, à mettre en place des programmes spécifiques mais les politiques de réduction des risques doivent être plus développées. »

Aurélie Defretin

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FOCUS

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EN IMAGES

« Quand les bulldozers sont arrivés au petit matin, ils étaient si nombreux qu’ils auraient pu détruire la montagne. » Sami, 12 ans

, Les bédouins du nord de la ements Cisjordanie voient leurs camp ée. régulièrement détruits par l’arm

Des volontaires formés par t Médecins du Monde dialoguen avec les familles affectées . par les violences

,

colonies Des villages encerclés par les se désertifient sous la pression.

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s témoignent Les responsables communautaire opriations, du stress engendré par les exprchamps d’oliviers, notamment la destruction des principale source de revenus.


Palestine

Survivre à l’occupation Au nord de la Cisjordanie, un incident critique est recensé chaque semaine. Chaque semaine, c’est au moins une personne qui reçoit des menaces de mort, qui est blessée ou tuée. Dans les 72 heures qui suivent, nos équipes se rendent auprès de la victime et de sa famille et reviennent aussi souvent que nécessaire pour apporter leur aide et leur soutien afin d’atténuer les blessures morales et psychologiques liées à ces violences. Car au-delà de la victime, c’est toute une famille qui est impactée. Si les adultes expriment souvent leur mal-être à travers des douleurs physiques, les enfants, eux, ont des difficultés à se concentrer à l’école ou à trouver le sommeil.

maison de Duma, en 2015, Un incendie criminel dans une mois et à ses parents. a coûté la vie à un bébé de 18

C’est le cas de Dawadi, 13 ans. Le 12 décembre 2016, il rentre de l’école quand des colons attaquent son groupe de camarades. Menacé avec une arme, Dawadi est enlevé pour être amené de force dans la colonie voisine de Shilo. Il est arrêté puis emprisonné, les colons veulent le faire parler, de force. « Qui a jeté des pierres contre nous ? » Dawadi n’en a aucune idée. « Je pensais à ma famille, j’avais peur, mais pas tellement, car je savais que je n’avais rien à me reprocher. » Pendant trois jours, les interrogatoires se multiplient. Jusqu’à ce qu’un juge décide de le relâcher, constatant que l’enfant ne constituait pas une menace. Pendant son emprisonnement, sa famille est restée sans nouvelle de lui, vivant cette attente avec une grande inquiétude car Dawadi souffre d’épilepsie et n’avait pas son traitement avec lui. Aujourd’hui, il est retourné à l’école. Pour continuer à apprendre, à grandir, malgré la peur.   Reportage photographique de Cyril Zannettacci

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DE VOUS À NOUS

, A lire !

EN BREF

FRANCE AQUITAINE

Des vies de pauvres Fruit de trois ans d’enquête de terrain dans le département du Puy-de-Dôme, ce livre brosse le portrait des classes populaires dans le monde rural. De Agnès Roche,

Éditions Presses universitaires de Rennes

Frères migrants « Cette déclaration ne saurait agir sur la barbarie des frontières et sur les crimes qui s’y commettent. Elle ne sert qu’à esquisser en nous la voie d’un autre imaginaire du monde. » De Patrick Chamoiseau,

, A voir !

Éditions du Seuil

Ciao Italia ! À l’heure de la crise de l’accueil des réfugiés en Europe, une exposition sur « ces immigrés italiens qui ont fait la France » entre les années 1860 et 1960. Jusqu’au 10 septembre 2017,

Délégation Aquitaine / Auprès des mal-logés de Bordeaux Ils sont près d’un millier à vivre dans des conditions sanitaires déplorables dans les bidonvilles de la périphérie de Bordeaux. Promiscuité, insalubrité, manque d’accès à l’eau et aux commodités d’hygiène… La grande précarité des familles regroupées sur des terrains vagues ou dans des bâtipersonnes non ou mal logées ments désaffectés est encore renforcée par les vues par nos équipes au cours de menaces d’expulsions qui les condamnent à 157 sorties dans 20 squats ou la peur et à l’instabilité. Difficile dans ces bidonvilles. conditions de trouver un emploi durable autre que la revente informelle de ferraille ou des petits travaux agricoles saisonniers. bénévoles Impossible, aussi, d’inscrire les enfants à (médecins, infirmiers, l’école ou d’être suivi par un médecin. psychologues, sages-femmes, Depuis 2011, Médecins du Monde mène un chargés d’accueil, etc.) programme de soutien aux personnes mal logées dans la région de Bordeaux. Il vise à faciliter leur accès aux soins et aux droits et à plaider pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Des entretiens psycho-sociaux et Coordonnées des consultations médicales sont proposés MdM Aquitaine par les équipes bénévoles lors de trois sorties 2 rue Charlevoix-de-Villers, 33300 Bordeaux / Tél. : 05.56.79.13.82 hebdomadaires dans différents bidonvilles et aquitaine@medecinsdumonde.net squats. Les personnes qui requièrent un suivi ou des examens, notamment les femmes enceintes, sont orientées vers les structures de soins. Certaines familles se voient également proposer un appui à la domiciliation. À une stabilisation car, explique le coordinateur du programme, « bénéficier d’un lieu fixe leur permettrait d’avancer dans les démarches administratives, d’accéder à leurs droits et éventuellement de trouver un emploi ».

Le programme en chiffres

516 27

Palais de la Porte Dorée, Paris 12e

Agenda du 6 au 9 juillet La 29e édition de ce grand rendez-vous musical accueillera 70 artistes pour quatre jours de concerts en plein air. Site : http://www.eurockeennes.fr/

10 — www.medecinsdumonde.org

© Olivier Papegnies

Eurokéennes de Belfort


Vos questions Bernard J., à Montauban

© Oliver Papegnies

Je suis donateur depuis plusieurs années et je m’interroge sur le dispositif de prélèvement à la source et la déclaration de mes dons 2017.

Partenariats/ Soigner les Haïtiens sinistrés avec la Fondation d’Entreprise Michelin Afin de répondre aux besoins des Haïtiens affectés par le passage de l’ouragan Matthew en octobre dernier, Médecins du Monde a considérablement accru sa mobilisation. Notamment dans les départements de Grand’Anse et du Sud, les plus violement touchés. Outre le renforcement des activités de veille et de prévention pour lutter contre l’épidémie de choléra, des cliniques mobiles ont été mises en place pour rétablir l’accès aux soins de santé primaires dans les zones sinistrées. Grâce à l’appui de la Fondation d’Entreprise Michelin, l’offre de soins proposée a été étendue au dépistage de la malnutrition, au soutien psychosocial et à la prise en charge des violences liées au genre.

Comité des donateurs / À bord du Lotus Bus Au mois d’avril, le comité des donateurs a visité le Lotus Bus, destiné à faciliter l’accès aux soins et aux droits des femmes chinoises se prostituant à Paris. Nous y sommes accueillies par Nora Martin-Janko, travailleuse sociale, Hélène Le Bail, responsable de mission, Ines, infirmière à l’hôpital Lariboisière, une jeune stagiaire. Et Ajun, travailleuse paire, elle-même bénéficiaire du programme, qui aide à présent ses compatriotes. Médecins des Monde, qui s’interdit tout jugement sur l’activité de ces femmes, leur propose des outils de prévention et un accompagnement médical, leur prodigue des conseils pour l’obtention d’une couverture maladie ou les oriente dans leurs démarches juridiques. En effet, depuis la loi pénalisant les clients des prostituées, les conditions de travail

se sont fortement dégradées : les cas de violence ont presque quadruplé et les promesses d’aide à la sortie de la prostitution ne sont pas effectives. Nora et Hélène nous ont impressionnées par leur professionnalisme, leur capacité d’écoute et de détections des besoins avant même qu’ils ne s’expriment. Elles rassurent, conseillent, guident et enregistrent les témoignages sur des documents anonymes qui nourriront le plaidoyer de l’association. Paule Champetier de Ribes et Josée Letourneux

Grâce à un travail collaboratif entre le ministère de l’Économie et des Finances et France générosités, les réductions d’impôts sur les dons faits aux associations et fondations seront maintenues en 2017. Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu implique uniquement un changement dans le mode de collecte de l’impôt. Concrètement, les dons réalisés en année N ouvriront le droit à une réduction fiscale en année N+1, comme aujourd’hui. Pour mieux comprendre ce processus, je vous propose l’exemple ci-dessous : • Vous faites un don de 100 euros à une association d’intérêt général en novembre 2017. •M ise en œuvre du prélèvement à la source : votre impôt est directement déduit de votre salaire ou de votre pension. •A vril à juin 2018, vous effectuez votre déclaration de revenus et mentionnez votre don de 100 euros de novembre 2017. • En septembre 2018, la réduction d’impôt relative au don de novembre 2017 vous est restituée par l’administration fiscale. Hélène Granville,

responsable du service donateurs

Posez votre question, Hélène Granville vous répondra ! magazine@medecinsdumonde.net – 0 800 014 014 Médecins du Monde – Service donateurs 62, rue Marcadet 75018 PARIS

Le comité des donateurs recrute :

Si vous souhaitez nous rejoindre, vous pouvez nous contacter sur contact@comitedonateursmdm.org Médecins du Monde N° 127 — 11


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Mme.

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