MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs
N° 128 AUTOMNE 2017 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS
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Focus /
Italie, quand jeunesse s'efface En images / République centrafricaine, survivre à la violence Vie de l'association / Avec les réfugiés syriens au Liban
SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE
RENCONTRE
FRANCE
Louis
Coordinateur, programme migrants Paris Depuis un an, Louis Barda, 36 ans, coordonne le programme d’accès aux soins des exilés dans la capitale. Notamment la veille sanitaire mobile pour les personnes contraintes de vivre à la rue, faute de solutions d’accueil dignes. POURQUOI J’Y SUIS ? « Mes études en sociologie m’ont amené à travailler dans un laboratoire de recherche sur la question de la migration. J’ai ensuite collaboré avec des ONG sur des programmes de développement international, notamment en Afrique de l’Ouest. Au bout d’une dizaine d’années, j’avais envie d’agir dans la lutte contre l’exclusion en France et de combiner mes connaissances théoriques et mon expérience de terrain, au cours de laquelle j’ai pu rencontrer des migrants en transit. J’étais très heureux d’avoir l’opportunité de rejoindre Médecins du Monde il y a un an. »
CE QUE JE RESSENS « Le règlement Dublin de l’Union européenne place les exilés dans des situations d’impasse totale et de désespoir. S’ils sont enregistrés dans un pays d’Europe avant d’arriver en France, ils ne peuvent pas demander l’asile. De plus, les conditions de vie de ces personnes sont particulièrement précaires, scandaleuses et indignes. Les campements de rue dégradent encore plus leur état physique et mental, et la pression aux abords du centre humanitaire saturé est très forte. Heureusement, il y a un travail interassociatif important et des comités de riverains qui s’organisent. »
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« Nous devons nous adapter au contexte extrêmement précaire des installations et des expulsions. » Louis, coordinateur général
© Clémence Hivert
CE QUE JE FAIS « Je travaille pour le centre d'accueil, d'orientation et d'accompagnement de Paris et pour la mission mobile de veille sanitaire auprès des personnes réfugiées à la rue. Depuis juin 2015, date à laquelle le programme a débuté, près de quatre-vingt migrants arrivent chaque jour à Paris. Ils se regroupent dans des campements informels. Avec notre camion, nous allons à leur rencontre trois fois par semaine avec un médecin, un infirmier et un interprète. Les demandes de consultations sont très nombreuses. Et nous devons nous adapter au contexte extrêmement précaire des installations et des expulsions. »
OPINIONS
AUTOMNE 2017
, Editorial
L’Italie et la République centrafricaine. Deux pays à des
milliers de kilomètres l’un de l’autre où se jouent des drames qui pourtant les rapprochent. Celui des migrants, qui chaque jour débarquent en Calabre. Plus de 41 000 durant les quatre premiers mois de l’année 2017. Des hommes, des femmes et des enfants. Seuls parfois. Ceux-là ont eu de la chance. 1 800 personnes, elles, ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée depuis janvier. Bien souvent, l’arrivée en Italie ne constitue qu’une nouvelle étape d’un voyage long et douloureux. Dans ce contexte, nos équipes accueillent, soignent, écoutent. Notamment les femmes victimes de violences sexuelles lors de leur passage par la Libye. En République centrafricaine, un pays en proie à une profonde crise politique, sanitaire et sociale depuis mars 2013, les femmes sont aussi les premières victimes de violences. Malgré l’ampleur des crimes commis, leurs bourreaux restent impunis. Dans ce pays aussi, les équipes de Médecins du Monde tentent de réparer ce qui peut l’être et de témoigner pour briser l’indifférence. Et pour que cesse l’inacceptable.
Mobilisés
C’est en écoutant l’émission de France Inter sur la préparation des équipes d’humanitaires qui partent pour des pays en guerre que j’ai entendu parler de la pétition de Médecins du Monde pour la protection des soignants en zones de conflits. J’ai tout de suite signé l’appel pour que Médecins du Monde ne devienne pas « Targets of the World ». Jacques, retraité
Outrés
J’habite près de la Porte de la Chapelle à Paris et je croise tous les jours des familles de réfugiés qui vivent là, à la rue. Comment peut-on laisser des personnes dans de telles conditions ? Il y des enfants qui dorment à la rue et l’État ne propose rien pour les accueillir. Alix, étudiante
Surpris
J’ai découvert les actions de Médecins du Monde auprès des Roms de Marseille à l’occasion de l’exposition au WAAW. Je n’avais pas idée que des bidonvilles pouvaient encore exister en France de nos jours. Rachel, commerçante
Dr Françoise Sivignon Présidente de Médecins du Monde
Au sommaire du N° 128 / automne 2017
Italie P. 6
Centrafrique P. 8
Liban
Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net
Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Françoise Sivignon – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Clémence Hivert – Comité éditorial : Jean-Baptiste Matray, Emmanuelle Pons, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : Thomas Flamerion, Lisa Véran, Naomi Mobioh, Justine Roche – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Olivier Papegnies – Création maquette : Citizen-Press – www. citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 288 080 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1018H84740 — Le document L’Essentiel est joint à ce numéro — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff – Imprimé sur papier 100 % PEFC.
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Médecins du Monde N° 128 — 3
PANORAMA
L’image
EN BREF
Irak / La reprise de la Mossoul a été longue, douloureuse et les stigmates de l’occupation par l’État islamique demeurent. Pris au piège, littéralement assiégés, les civils ont été confrontés à des conditions de vie dramatiques, utilisés comme boucliers humains, exposés aux bombardements, aux tirs d’artillerie incessants. Plus de 1,75 millions de personnes sont encore déplacées dans les districts du centre de l’Irak et les conditions ne sont pas réunies pour leur permettre de retourner chez eux de façon sécurisée. Médecins du Monde poursuit son action en faveur de l’accès aux soins des Irakiens traumatisés par la violence, l’exil et la perte.
Yémen / Une épidémie dévastatrice
© Reuters
Depuis deux ans, le Yémen est en proie à une guerre entre les forces gouvernementales soutenues par une coalition militaire arabe et les rebelles houthis. Le conflit a fait plus de 8 000 morts, majoritairement des civils. Médecins du Monde intervient dans le pays pour améliorer l’accès aux soins alors que les infrastructures sanitaires sont pour la moitié inutilisables et que l’approvisionnement en matériel médical demeure extrêmement difficile. La population yéménite souffre également du manque de nourriture et d’une épidémie de choléra qui touche plus de 300 000 personnes et a déjà fait des centaines de victimes. Pour faire face à cette crise majeure, quinze points de réhydratation orale et deux unités de traitement des diarrhées ont été mis en place dans des centres de santé encore actifs du gouvernorat de Sana’a, la capitale. Des kits spécifiques à la prise en charge de la maladie et à la désinfection ont également été livrés aux équipes dédiées à la lutte contre le choléra.
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Birmanie / Solidarité communautaire Dans l’État du Kachin, au nord de la Birmanie, Médecins du Monde mène un programme de réduction des risques à destination des usagers de drogues. Outre des actions de sensibilisation, des traitements de substitution à la méthadone sont proposés à ces personnes marginalisées, confrontées à la violence de la police et de milices comme à l’hostilité de la population. Afin de rompre leur isolement, d’améliorer l’entraide et la diffusion des messages de prévention, des actions de mobilisation collective sont également proposées. Les usagers de drogues sont ainsi amenés à se regrouper pour jouer un rôle dans la reconnaissance de leurs droits auprès d’une partie réticente de la communauté. À créer une identité collective suffisamment forte pour se protéger des violences.
Nigeria / Renforcer l’offre de soins L’État de Borno, au nord-est du Nigeria, fait face à une crise humanitaire majeure. La population locale et les nombreuses familles déplacées qui ont fui l’insécurité souffrent de la pénurie alimentaire et d’un accès aux soins extrêmement limité. Malgré les attentats-suicides régulièrement commis par Boko Haram, Médecins du Monde étend ses activités à Damboa, à 90 kilomètres de Maiduguri, la capitale de l’État, où des cliniques fixes et mobiles sont déjà en place. Des soins de santé primaires, de santé sexuelle et reproductive et des traitements nutritionnels y sont proposés à des personnes en grande détresse. Une offre de soins bientôt renforcée par la prise en charge des violences sexuelles et des activités de soutien psychosocial. © Reuters
Le saviez-vous ?
France / Santé des femmes
© Reuters
Un enfant de moins d’un an sur dix dans le monde n’a reçu aucun vaccin en 2016. Source : Organisation mondiale de la santé (OMS) et Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), juillet 2017.
Ces vingt dernières années, le dépistage du cancer du col de l’utérus a permis de réduire de moitié le nombre de décès en France. Cependant, il touche toujours plus de 3 000 femmes chaque année. Plus de 1 000 d’entre elles en meurent, majoritairement des femmes qui sont éloignées du système de santé, sans profession ou sans couverture médicale. C’est pourquoi, afin d’améliorer l’accès au dépistage des femmes en situation de précarité, Médecins du Monde a décidé de proposer des consultations de prévention aux patientes de certains de ses centres de soins et programmes mobiles. Leur sont proposées la réalisation d’un auto-prélèvement ainsi qu’une orientation vers une consultation de gynécologie pour réaliser un frottis.
© Olivier Papegnies
International / Accès à la planification familiale Le 11 juillet 2017, se tenait à Londres le deuxième sommet du partenariat mondial Family Planning 2020, un mouvement initié en 2012 pour garantir l’accès à la contraception de 120 millions de femmes et de jeunes filles d’ici 2020. Ce mouvement regroupe de nombreux États, ONG, bailleurs, fondations et cible 69 pays. Médecins du Monde a décidé de s’associer à cette initiative dans une dynamique d’accompagnement au changement social. D’ici 2020, l’association s’engage à favoriser l’accès à la planification familiale d’un million de personnes, dont 150 000 jeunes. Car l’accès à la contraception est un droit fondamental pour les femmes ainsi qu’une des conditions de leur réalisation personnelle et professionnelle. Médecins du Monde N° 128 — 5
FOCUS
ITALIE
L’essentiel LA SITUATION :
Médecins du Monde intervient en Calabre, troisième point d’arrivée des exilés en Italie. Nos équipes viennent en aide aux personnes migrantes dès leur débarquement au port, puis dans une vingtaine de centres d’accueil.
L’ENJEU : Soigner et apporter un soutien psychosocial aux plus vulnérables, notamment les femmes et les mineurs non accompagnés.
NOS ACTIONS :
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Soins de santé primaires outien aux autorités S sanitaires ctivités de santé mentale A et soutien psychosocial
Nos activités touchent près de la moitié des personnes migrantes de la région.
NOS MOYENS : L’équipe de Médecins du Monde est composée de plus d’une dizaine de personnes (médecins, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux, logisticiens, coordinateurs, médiateurs et interprètes) italiens.
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ITALIE /
Quand jeunesse s’efface La Calabre, l’une des régions les plus pauvres d’Europe est aujourd’hui l’un des principaux lieux d’arrivée en Europe pour des milliers de personnes qui fuient l’horreur de la guerre ou la misère. Parmi eux des jeunes sans famille, traumatisés par l’exil et rescapés des dangers de la Méditerranée, que Médecins du Monde aide à se reconstruire.
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epuis le 1er janvier 2017, un millier de mineurs non accompagnés sont arrivés sur les côtes de ce territoire situé à l’extrême sud-ouest de l’Italie. Systématiquement pris en charge par les autorités italiennes et mis à l’abri, ces jeunes, extrêmement vulnérables, peuvent enfin souffler après un chemin douloureux. Alpha, un jeune Guinéen de 17 ans, vit en Calabre depuis maintenant près d’un an. Parti de son pays à cause d’un conflit ethnique, il a parcouru plus de 7 000 kilomètres. Comme la grande majorité des migrants africains, il est passé par la Libye. Une étape particulièrement traumatisante. « On m’a emprisonné pendant des mois, raconte-t-il, je ne sais même pas de quel crime on m’accusait. Je voyageais avec mon frère. Des hommes armés l’ont attrapé et l’ont tué, juste devant mes yeux. » À son arrivée en Italie, Alpha est choqué, incapable de parler. Placé dans le centre de premier accueil de Melito, géré par la coopérative Exodus, il rencontre Giusi Malaspina, sa responsable, qui recueille les enfants et met un point d’honneur à les aider à surmonter leur traumatisme pour pouvoir envisager leur avenir.
© Olivier Papegnies
Calabre
LIBÉRER LA PAROLE Les équipes de Médecins du Monde sont également présentes dans le centre. À raison d’une permanence par semaine, elles proposent à la centaine de jeunes qui y sont hébergés des activités psychosociales. Un temps d’écoute pour libérer la parole et permettre aux frustrations et aux difficultés rencontrées dans un nouvel environnement de s’exprimer. Yodit et Francesca, travailleuses sociales, amènent notamment ces mineurs à réfléchir aux questions qu’ils voudraient poser aux Italiens qu’ils côtoient au quotidien. Ceux-ci s’interrogent tout particulièrement sur les différences qui semblent les opposer. Car cette cohabitation récente n’est pas toujours simple. Notamment dans les villages très reculés, où les autorités calabraises ont ouvert des centres de premier accueil pour faire face à l’urgence. Alberto Polito est psychologue pour Médecins du Monde. Dans la vingtaine de centres où les équipes interviennent, il mène régulièrement des ateliers d’horticulture. Une activité a priori très éloignée d’un acte médical. Pourtant, en encourageant ces jeunes à planter des piments pour que leurs rêves et leurs espoirs grandissent avec ces plantes qui
Te, moignage Dans le port de Reggio de Calabre, Médecins du Monde participe à l’accueil des migrants secourus en Méditerranée. Le docteur Antonio de Giovanni a ainsi plus d’une centaine de débarquements à son actif avec l’association. Il nous explique pourquoi chaque arrivée est unique.
mettront deux semaines à pousser, il les aide à se reconstruire. « Une fois arrivés en Europe, ces mineurs pensent que tout est fini et qu’ils pourront enfin réaliser leurs rêves. Au bout de quelques jours, ils réalisent tout d’abord l’extrême violence de leur parcours puis entrevoient toutes les difficultés qu’ils devront affronter, pour se faire une place en Europe. Obtenir des papiers, pouvoir aller à l’école ou encore rencontrer une petite amie », explique-t-il. CONTINUER À GRANDIR Dans l’atelier « les héros de l’Afrique », ces jeunes sont invités à identifier de grandes figures de la culture africaine. Yodit et Francesca leur présentent des portraits accompagnés de célèbres citations. Le Nigérian Fela Kuti, le Ghanéen Kofi Annan ou encore l’Ivoirien Alpha Blondy sont quelques unes de ces personnalités respectées. Malik, Sénégalais de 17 ans, reconnaît immédiatement le chanteur Youssou N’Dour : « Il a rendu la fierté à notre pays et nous a fait connaître dans le monde entier. » Réussir à se faire une place, à trouver sa voie tout en préservant le lien avec ses racines, est un enjeu capital pour ces jeunes qui ont dû grandir trop vite
et quitter leur famille pour survivre. Alpha espère avoir trouvé ici, en Calabre, une terre d’accueil où il pourra continuer de grandir. Grâce à la détermination de Giusi de la coopérative Exodus, il peut désormais aller à l’école et apprendre un métier. Aujourd’hui, malgré les discriminations raciales, il se reconstruit peu à peu. « Je rêve d’être un homme reconnu pour montrer aux autres personnes que nous sommes tous égaux et que les mineurs ont droit à un futur. » L’Italie lui a donné une chance. En France, en l’absence de mesures d’accueil dignes et avec les carences du système de protection de l’enfance, Alpha n’aurait vraisemblablement pas bénéficié des mêmes opportunités. Nombre de jeunes isolés n’ont d’autre choix que de dormir dehors, sans aucune prise en charge adaptée. Pour que chacun de ces enfants puissent accéder à la vie à laquelle il aspire, il est désormais urgent que soit mise en place, partout en Europe, une vraie politique d’accueil, solidaire et humaine.
« Pour moi, aider et soigner ces personnes est comme une évidence. Même si la plupart sont perçus comme des numéros, des chiffres qui viennent alimenter des statistiques : 180 000 arrivées en 2016 dont plus 16 % de mineurs… pour moi, derrière ces chiffres, il y a surtout de grandes émotions et des rencontres. Mohamed, Hassan ou Samira, des personnes qui fuient avec leurs rêves et leurs espoirs. Même si ils peuvent sembler tous similaires, remplis des mêmes violences, chaque parcours est différent. Et puis, il ne faut jamais oublier que les blessures les plus profondes ne sont pas visibles. Aujourd’hui, je suis très fier d’exercer dans mon propre pays car l’Italie fait des efforts incroyables. Et je pense que les autres États européens devraient s’inspirer de notre politique d’accueil. »
Cette cohabitation récente n’est pas toujours simple. Notamment dans les villages très reculés, où les autorités calabraises ont ouvert des centres de premier accueil pour faire face à l’urgence.
Lisa Véran
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FOCUS
EN IMAGES
« Quand la Seleka est entrée dans Bangui, nous avons dû fuir notre maison. Quatre Selekas nous ont ans et aperçues, ma petite fille de 13nt mes moi. Ils nous ont violées deva n’a pas neuf enfants. L’un d’entre eux s’ensupporté, il est tombé alors qu’onerrer fuyait, mort. Nous avons dû l’ent dans la forêt. »
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Judith, 41 ans
me « Un jeune homme du quartier harcelait. Il me disait : "Tu te crois tu es trop importante ! Tu crois que la seule femme au monde ? Je ais pass je t’aurai." À chaque fois que et devant lui, il se moquait de moide un jour, il m’a giflée. Beaucoup femmes sont dans cette situation r, mais elles ont peur d’en parle frir qu’on ne les croie pas ou de souf de représailles. » Geneviève, 41 ans
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frappé « Les Selekas ont violemment u ma grand-mère. Quand j’ai voul jetée intervenir, ils m’ont frappée puis de trois au sol et violée. Je suis mère ce viol. enfants, le dernier est issu de mari m’a Après ce qui m’est arrivé, mon disant à abandonnée avec mes enfants, e des nos parents que je suis la femm inuer à Selekas et qu’il ne peut pas cont vivre dans une telle honte. » 8
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Estelle, 21 ans
« Alors que ma mère était absente, mon père m’a demandé d’entrer dans la maison pour dormir. Il m’a enlevé mon pagne et a couché avec moi. Il m’a ensuite menacée en disant que si je racontais ça à quelqu’un, il m’égorgerait avec un couteau. » Alice, 15 ans
Republique centrafricaine Survivre à la violence
Depuis plus de quatre ans, la République centrafricaine est en proie à une profonde crise politique, sanitaire et sociale. Quatorze des seize provinces sont sous la coupe de groupes armés et le pays compte plus d’un million de personnes réfugiées hors du pays ou déplacées internes, soit 20 % de sa population. Les violences intercommunautaires qui se sont accentuées depuis fin 2016 font craindre un nouvel embrasement du pays. Les femmes et les filles en sont les premières victimes. Et malgré l’ampleur des crimes commis, leurs bourreaux agissent dans un contexte général d’impunité. Dans la capitale, Bangui, Médecins du Monde vient en aide aux survivantes de violences liées au genre dans six centres de santé, en partenariat avec des acteurs locaux. L’objectif est de leur permettre de bénéficier d’un suivi médical, d’un soutien psychosocial et d’une assistance judiciaire. Ce sont ces femmes et ces filles, mais aussi celles et ceux qui les accompagnent dans leur reconstruction, qui témoignent de l’inacceptable. Reportage photographique de Christophe Da Silva
e pour redonner « L’aide juridique est important nces liées au genre. espoir aux survivantes de viole tes et je les Je les écoute, je rédige les plain es jusqu’au tribunal accompagne dans leurs démarch ration. La mise en place pour qu’elles obtiennent répa une source d’espoir de la Cour pénale spéciale est pour les victimes. » santé de Gobongo e de Andrée-Marie, juriste au centr
« J’essaie d’apporter une assistance aux survivantes de violences liées au genre, un t soulagement et un rétablissemen psychologique. Je me sens particulièrement touché par lesà cas de mineurs, parfois violés maintes reprises par des s agresseurs qui sont encore libre uet vivent dans la même comm nauté que leurs victimes. » Cyril, conseiller psychosocial de santé de Liton
au centre
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DE VOUS À NOUS
EN BREF HAUTS-DE-FRANCE
, A lire ! La Fissure Pendant trois ans, deux journalistes ont sillonné les frontières de l'Europe et rapporté 25 000 photographies et 15 carnets de notes. Ils en ont tiré une « bande dessinée » qui raconte le sauvetage d'une embarcation au large des côtes libyennes ou encore l'exode des réfugiés à travers les Balkans. De Carlos Spottorno et Guillermo Abri
Éditions Gallimard
Un royaume d’olives et de cendres Les écrivains Ayelet Waldman et Michael Chabon se sont associés à l'ONG Breaking the Silence pour demander à vingt-quatre écrivains du monde entier de se rendre en Palestine afin de témoigner du quotidien de ceux et de celles qui y vivent. 26 écrivains, 50 ans de territoires occupés
, A voir !
Éditions Robert Laffont
FRANCE
Délégation Hauts-de-France Médiation santé Une zone urbaine classée Quartier prioritaire dans une des régions françaises les plus dévastées au niveau sanitaire. Des habitants isolés, qui malgré la précarité ne peuvent prétendre aux minima sociaux et à une prise en charge spécifique. Des personnes qui ne recourent pas assez à leurs droits et aux structures de santé. Lille-Sud, quartier de 20 000 habitants dans les Hauts-de-France, composé essentiellement de familles nombreuses ou monoparentales, concentre des « précaires invisibles ». Ils souffrent de la saturation du système d’accès aux droits et aux soins. C’est pourquoi depuis le mois d’avril 2016, Médecins du Monde y mène un projet de médiation en santé. Il vise à faciliter le parcours de soins des personnes en difficulté par des accompagnements chez un professionnel de santé, des permanences d’information et d’orientation, des actions de prévention et d’éducation ou encore de l’interprétariat.
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Le programme en 2016 200
personnes vues par nos équipes au cours de 12 permanences au sein de structures partenaires
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bénévoles (médecins, infirmiers, psychologues, pharmaciens, etc.)
Coordonnées MdM Hauts-de-France 51 boulevard de Belfort, 59000 Lille / Tél. : 09 83 85 54 78 hauts-de-france@medecinsdumonde.net
Individuelles ou collectives, ces activités ont pour objectif de réduire les inégalités territoriales de santé grâce à une démarche innovante, renforcée par l’ouverture d’un point d’accueil fixe dans le quartier.
Du 11 octobre au 3 décembre 2017
MP de Lille 28 rue Pierre Legrand - 59000 Lille 03 20 05 29 29
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© Véronique Burger
Mise au poing L’exposition de Médecins du Monde, qui rassemble des œuvres inédites de six photographes, un vidéaste et trois écrivains, sera exposée à la Maison de la photographie de Lille cet automne. Denis Rouvre, Alberto García-Alix ou encore Laurent Mauvignier y donnent à voir et à entendre l’épreuve de la précarité.
Vos questions Liliane H., future donatrice
À l’attention de Gladys - Service relation donateurs. Madame, Je voudrais vous renouveler mes remerciements pour le temps que vous m'avez consacré et la disponibilité dont vous avez fait preuve avec moi quand j’ai appelé pour avoir des informations sur Médecins du Monde, ses actions, ses missions en Île-de-France (notamment sur les migrants) et les possibilités de contribuer financièrement aux actions. Merci des informations et de votre gentillesse.
© Oliver Papegnies
Tous mes vœux de réussite pour vos actions.
Comité des donateurs / Avec les réfugiés syriens au Liban En avril, le Comité s’est rendu au Liban, où Médecins du Monde est présent depuis trente ans. Ce pays de cinq millions d’habitants accueille aujourd’hui deux millions de réfugiés. Dans la vallée de la Bekaa, où vivent nombre de déplacés syriens, l’association soutient plusieurs organisations locales, dont Amel, notre partenaire laïque historique. Les réfugiés, comme les Libanais les plus démunis, sont accueillis sans aucune distinction dans cinq centres de santé. Nous avons été impressionnés par l’ambiance de ces dispensaires, véritables ruches d’activités dont le nombre ne demande qu’à être multiplié. Médecins du Monde et ses partenaires y
développent une approche globale de la santé, incluant soins de base, santé sexuelle et reproductive, soins psychologiques mais aussi prévention et information. Les équipes libanaises de l’association réfléchissent déjà aux moyens d’accompagner les acteurs locaux jusqu'à l’autonomie. Car lorsque la situation s’améliorera en Syrie, les fonds internationaux risquent d'être réorientés vers la reconstruction du pays, alors que beaucoup de réfugiés ne pourront pas y retourner. Marc Chabert et Jérôme Denoix En savoir plus sur : journeedonateursmdm.org
Bien cordialement.
Le service relation donateurs de Médecins du Monde a pour mission de répondre à deux principaux objectifs : • Le premier est d’accompagner les donateurs dans leur engagement. Un reçu fiscal, un changement d’adresse ou de coordonnées bancaires pour les prélèvements automatiques, l’équipe de la relation donateurs tâche de répondre au mieux à toutes vos demandes administratives dans les meilleurs délais. • Le deuxième est de rassurer les donateurs/futurs donateurs sur l’utilisation qui est faite des dons mais aussi d’informer sur les actualités de nos missions et de notre organisation interne. Le service donateurs est à votre écoute au 0 800 014 014 (appel gratuit) de 9h à 13h et de 14h à 17h du lundi au jeudi, de 9h à 13h et de 14 à 16h30 le vendredi. Hélène Granville,
responsable du service donateurs
Partenariats/ Défendre les droits des mineurs isolés avec Barreau de Paris Solidarité Signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant, la France s’est engagée à protéger les « enfants temporairement ou définitivement privés de leur milieu familial ». À Paris, pourtant, de très nombreux jeunes étrangers ne bénéficient d’aucune mesure de protection. Livrés à eux-mêmes, ils sont isolés, exposés à de nombreux dangers. À travers un programme dédié à ces mineurs non accompagnés, les équipes parisiennes de Médecins du Monde proposent notamment des consultations médicales et psychosociales. Ces activités sont complétées par un accompagnement dans l’accès à leurs droits soutenu par Barreau de Paris Solidarité.
Posez votre question, Hélène Granville vous répondra ! magazine@medecinsdumonde.net – 0 800 014 014 Médecins du Monde – Service donateurs 62, rue Marcadet 75018 PARIS
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à quoi reconnaît-on une guerre vraiment sale ? à la poussière dans les écoles et les hôpitaux. aidez-nous à rester médecins du monde signez notre appel d’urgence à l’onu pour le respect du droit humanitaire dans les zones de conflit.
#targetsoftheworld *
Crédit photo : © REUTERS / Nour Fourat - *cibles du monde
Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous pouvez accéder aux informations vous concernant ou les modifier en écrivant à Médecins du Monde.
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