Lotus Bus : Enquête auprès des femmes chinoises se prostituant à Paris

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Dossier de presse Médecins du Monde - Février 2009

LOTUS BUS :

Enquête auprès des femmes chinoises se prostituant à Paris


SYNTHÈSE Le Lotus Bus s’adresse aux femmes chinoises qui se prostituent à Paris. Sa mission est de réduire les risques liés aux pratiques prostitutionnelles et de favoriser l’accès des femmes aux soins et aux droits. Le Lotus Bus répond à un très fort besoin d’information : éduquées à une époque où toute relation extra maritale était lourdement condamnée, où l’existence d’infections sexuellement transmissible était niée et où l’épidémie de sida était réputée ne toucher que les étrangers sans représenter encore une menace en Chine, ces femmes n’avaient jamais été confrontées auparavant à la prostitution. Elles cumulent les facteurs de vulnérabilité et sont exposées à de multiples risques liés à leur activité prostitutionnelle et à leur situation de migrantes. Afin de mieux cerner leur niveau de connaissance et leurs pratiques, et donc adapter les messages et les activités, nous avons interrogé 93 femmes à l’aide d’un questionnaire, durant 5 mois, de septembre 2007 à janvier 2008, sur chacun des sites où stationne le Lotus Bus.

Résultats : • Un peu plus du 1/3 des femmes interrogées est en France depuis moins d’un an • 80 % vivent seules • 90% d’entre elles ont au moins un enfant qui vit en Chine • Leur âge moyen est de 42 ans. • Plus du 1/3 des femmes interrogées disent avoir déjà eu des infections sexuellement transmissibles • 46% d’entre elles n’ont pas de suivi gynécologique régulier ou approprié • 45% n’ont jamais effectué un dépistage VIH • 70% des femmes ont déjà été confrontées à une rupture de préservatif. • Elles sont mal informées sur le traitement post-exposition et n’ont pas le « réflexe » d’aller aux urgences, mais de fausses croyances sont très répandues comme pratiquer des douches vaginales après un rapport à risque. • 75% d’entre elles déclarent être en bonne ou très bonne santé : ces femmes ont une perception positive de leur santé, ce qui reflète que d’une manière générale, les femmes ne vont pas consulter de façon préventive et explique, en partie, le peu de dépistages et de bilans gynécologiques systématiques • Il existe un lien significatif entre le recours au dépistage du VIH et la connaissance du Lotus Bus. A l’issue des enquêtes, une forte demande d’informations complémentaires a émergé concernant les orientations gynécologiques, les adresses pour effectuer des dépistages, le matériel de prévention, le traitement post-exposition et les adresses d’hôpitaux.

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SOMMAIRE

1. Le Lotus Bus......................................................................................... 4 Témoignage d’un bénévole « Le 20 septembre 2007, Mme LIU Chunlan, en situation irrégulière, âgée de 51 ans, s’est défenestrée par peur de la police qui frappait à la porte de son appartement à Belleville, terrorisée à l’idée d’être contrôlée, arrêtée, expulsée. Elle est décédée à l’hôpital, le lendemain, des suites de ses blessures. Cette tragique affaire, largement médiatisée, a très fortement marqué toute l’équipe du Lotus Bus. Cette femme, correspondait en tous point aux femmes que nous rencontrons. Elle aurait pu être l’une d’entre elles. Nous aurions très bien pu la croiser lors de nos tournées, nous l’avons peut-être croisée Son âge, sa région de provenance en Chine, son parcours migratoire, les motivations de sa migration, sa demande d’asile rejetée en France, son entrée dans la clandestinité, ses petits boulots pour survivre, ses difficultés pour accéder aux soins malgré des maladies chroniques importantes, sa vie cachée, ses conditions d’hébergement, sa peur de la police, tout nous amène à comparer sa situation avec celle des femmes que nous rencontrons. L’histoire de cette femme me conforte dans mon action, dans mon engagement auprès de MdM et auprès du Lotus Bus. L’aide que nous apportons n’est certainement pas à la hauteur des besoins qu’expriment ces femmes, mais par les contacts qu’elles ont avec nous, elles peuvent sortir un peu de leur isolement, trouver une oreille attentive à leur situation, et voir que, ici, en France, des personnes ne sont pas insensibles à leur détresse. »

A -Travail de rue....................................................................................................... 4 B - Au-delà du bus.................................................................................................... 5

2. Parcours et conditions de vie des femmes qui fréquentent le Lotus Bus.............................................................. 6 A - Provinces d’origine : des zones de migration récentes...................................... 6 B - Une migration féminine de rupture..................................................................... 7 C - Une présence en France récente........................................................................ 8 D - Des conditions de vie difficiles........................................................................... 8 E - Un contexte politique et migratoire répressif...................................................... 9

3. Une population qui cumule vulnérabilité et absence d’information..................................................................... 11 A - Un accès aux soins limité .................................................................................. 11 B - Un suivi gynécologique très insuffisant.............................................................. 13 C - Des femmes vulnérables face au VIH et aux hépatites....................................... 13 D - Un dépistage trop peu pratiqué.......................................................................... 15 E - Des risques accrus par une méconnaissance des moyens de prévention et des dispositifs de prise en charge..................................................................15

Conclusion............................................................................................... 17 l’équipe du Lotus bus............................................................................. 18

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Le Lotus Bus

Depuis 2002, Médecins du Monde intervient à Paris auprès des femmes chinoises se prostituant, victimes de trafic ou non. Cette action a été initiée en été 2002 lors des permanences du bus d’échange de seringues pour les usagers de drogues. Des bénévoles parlant chinois se sont intégrés au programme existant. En janvier 2004, le programme Lotus Bus, recevant sa première subvention propre, est né. Médecins du Monde assure le financement avec l’Observatoire de l’égalité Femme/Hommes de la Marie de Paris, le Groupement Régional de Santé Public (GRSP) et Sidaction. Le Lotus Bus stationne plusieurs fois par semaine sur 4 sites différents reconnus comme fréquentés par ces femmes. 450 à 550 femmes fréquentent le bus régulièrement ; en 2008 elles sont venues en moyenne 16 fois, avec un maximum de 86 fois. Lors de l’enquête, les femmes ont expliqué venir sur le bus pour récupérer des préservatifs (91% d’entre elles), mais aussi pour : • parler avec un médecin (59%) • se renseigner sur les démarches administratives concernant la couverture médicale (54%) • se renseigner sur les IST, VIH, et les hépatites (52%) • prendre un rendez vous à l’hôpital (34%) • se renseigner pour faire un dépistage VIH/ SIDA, hépatites (30%)

Espace d’accueil du Lotus Bus

A - Travail de rue Le bus est aménagé avec 2 espaces différents : • Un espace d’accueil, où l’équipe distribue du matériel et des brochures de prévention, délivre des messages, écoute, oriente les femmes et effectue des démonstrations concernant l’utilisation du matériel de prévention (les femmes sont incitées à réaliser elles-mêmes ces démonstrations le plus souvent possible). • Un espace fermé à l’arrière du camion permet d’effectuer, avec une relative confidentialité, des entretiens médicaux, socio juridiques, de prévention, des enquêtes.

Entretien à l’arrière du lotus bus

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A chaque sortie, l’équipe est composée d’un médecin et au minimum de deux animateurs de prévention sinophones, qui servent d’intermédiaires entre les femmes et les autres membres de l’équipe. Le médecin, en plus de sa contribution à des entretiens de prévention plus spécifiques (IST, vaccinations, connaissance du corps,…), reçoit les femmes qui le demandent en entretien médical individuel, les oriente vers des consultations adaptées, et assure le lien avec les médecins partenaires (courriers d’accompagnement, etc

B - Au-delà du bus Ateliers Les ateliers sont des sessions de promotion de la santé et d’informations sur les droits que l’on ne pourrait pas proposer sur le bus. Ils ont lieu au centre d’accueil, de soins et d’orientation de MdM à Paris et sont organisés de façon interactive, avec la participation active des femmes, soit par le jeu, soit par la discussion, l’échange autour de situations vécues, ou rapportées.

Accompagnements La barrière de la langue et la méconnaissance du dispositif médico-social français font que même lorsque les femmes bénéficient d’une couverture maladie, elles ont très difficilement accès aux services de santé. Il faut alors prévoir des accompagnements avec des membres de l’équipe sinophones pour éviter les échecs et assurer l’accès effectif à leurs droits.

Mercredi 23h15, Belleville Une femme monte assez tard sur le bus, accompagnée par une autre qui vient régulièrement. Je lui propose d’aller à l’arrière du bus avec moi pour que nous discutions un peu. Et là elle craque et raconte sa vie. On lui a dit qu’elle pourrait trouver du travail en France et qu’elle gagnerait beaucoup d’argent alors elle est partie. Elle a payé 12 000 euros pour le voyage. Des voisins lui ont prêté de l’argent. « On ne peut pas trouver de travail quand on n’a pas d’autorisation de travail et encore moins quand on ne parle pas français » a-t-elle constaté à son arrivée en France. Elle a été nounou chez deux familles Wenzhou. Elle trouvait ça très dur. Elle était payée 700 euros par mois. Elle a également travaillé dans des ateliers de confection, toujours sans autorisation de travail. Elle a fait une demande d’asile, rejetée. Elle est venue sur le bus parce qu’on lui a dit que le bus aidait les femmes chinoises. Elle n’a plus de travail, plus d’argent, mais elle ne veut pas repartir en Chine, elle doit rembourser la dette. Elle y a laissé deux enfants. Elle me dit qu’elle veut vendre son sang et me demande où elle peut le faire ! Elle a vendu son sang pendant 8 ans en Chine. Je lui dis qu’en France on ne peut pas vendre son sang, qu’ici on le donne. Elle pleure et me dit qu’elle a pensé à se prostituer. Dans l’après midi un client dans la rue lui a proposé un service pour 20 euros, elle n’a pas accepté, elle n’a pas franchi le pas. Après lui avoir expliqué ce que nous faisions sur le bus je l’oriente vers une association partenaire qui a des permanences juridiques spécifiques pour les Chinois. Sa situation est malheureusement compliquée puisqu’il est trop tard pour faire un recours contre la décision du refus d’asile. Je lui dis que nous serons là chaque semaine et qu’il y a des médecins sur le bus, qu’elle vienne nous revoir autant qu’elle le souhaite. »

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Madame Z.est âgée de 47 ans, elle vient du Liaoning (Nord Est) et a un fils qui fait des études d’informatique. Il est dans sa dernière année d’université et ses études, en Chine, coûtent 10 000 euros par an. Madame Z. est venue en France et a fait de multiples petits boulots comme la garde d’enfants ou de personnes âgées à domicile. Elle a également une mère malade en Chine qui a besoin de se faire opérer des yeux mais l’opération coûte très cher. Elle loge dans une grande chambre, avec six autres chinoises, qu’elle paie 120€/mois. Tout le peu d’argent qu’elle peut économiser est envoyé à sa famille.

L’équipe du Lotus Bus

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Parcours et conditions de vie des femmes qui fréquentent le Lotus Bus

A - Provinces d’origine : des zones de migration récentes

dans le domaine du commerce, secteur étatique bouché, absence de réseau de relations indispensable en Chine).

La majorité des femmes qui fréquentent le Lotus Bus sont originaires du Nord-Est (54 % viennent du Dongbei), connu pour l’extraction des ressources primaires et la production industrielle. Avec la concurrence étrangère et la privatisation croissante, les entreprises sont forcées de rationaliser afin de rester compétitives. Par conséquent le Dongbei est fortement touché par le chômage et ses habitants, instruits et habitués à un niveau de vie moyen, se retrouvent soudainement en marge de la société. L’espoir d’une réintégration est souvent vite anéanti par de trop nombreux obstacles (manque d’expérience

Ainsi, la prostitution de rue chinoise que nous rencontrons à Paris ne concerne que les femmes de foyers d’immigration relativement récents et non celles de la région traditionnelle de migration du Zhejiang (Wenzhou). Depuis fin 2006, nous notons une diversification des provinces d’origine de la population chinoise vue sur le Lotus Bus, reflet de l’évolution des processus de migration des Chinois. Peu nombreuses, ces femmes nouvellement arrivées ne peuvent bénéficier de réseaux de solidarités inexistants ou peu constitués.

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B - Une migration féminine de rupture Une migration économique Les dialogues qui ont pu s’instaurer lors de certains entretiens avec les femmes du Lotus Bus ont montré que ce sont les pressions financières, souvent dues à l’importance des frais de scolarité de l’enfant, ou à la préparation d’un mariage prochain, qui les ont poussées à quitter la Chine. En effet, les femmes sont souvent mères de famille et leur maigre pension touchée suite à leur licenciement, voire l’absence totale de revenu, ne saurait couvrir les frais de scolarité exorbitants. Ces femmes décident alors de tenter leur chance ailleurs. Au contraire de la migration de regroupement des Wenzhou, la migration des femmes du Dongbei est donc une migration de rupture. Les femmes qui quittent la Chine ne viennent pas dans l’intention de

Bénéficiaire du programme Lotus Bus

se prostituer, mais comme elles sont les premières de leur famille à émigrer, elles ne bénéficient d’aucun réseau de relations en France pour les aider. Elles se sont fortement endettées pour venir en France de façon régulière (visa tourisme ou visa d’affaire) en payant entre 7 000 et 15 000 euros. Le montant de la dette est variable et augmente en fonction des modalités de passage. Arrivées en France elles se retrouvent dans une situation ni anticipée et ni préparée. Elles travaillent d’abord dans les secteurs traditionnellement investis par les Wenzhou comme la confection ou la garde d’enfants auprès de patrons chinois. Victimes d’exploitation et de mauvais traitements, de harcèlement, mais aussi de préjugés discriminatoires à l’intérieur même de la communauté, les femmes se tournent vers la prostitution. Sans droit au travail, ne parlant pas d’autre langue que le chinois et en situation très précaire, elles n’ont pas d’autre choix pour subvenir à leurs besoins et pour rembourser la dette du voyage. La prostitution s’exerce dans différents lieux, dans la rue, dans les voitures des clients, dans des hôtels ou bien dans les appartements des clients.

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Des femmes relativement âgées

leur louent une couchette, dans des chambres surpeuplées pour 100 à 150 euros par mois. Cette promiscuité peut être très nocive pour leur état de santé, en particulier lorsqu’elles souffrent de pathologies qui nécessitent du repos, ou lorsqu’une personne de la chambrée est atteinte d’une maladie contagieuse.

Les femmes interrogées sont relativement âgées : la moyenne d’âge est de 42 ans. 65% d’entre elles ont plus de 40 ans. 30% ont entre 35 et 39 ans, 30% entre 40 et 44 ans et 27% entre 45 et 49 ans. La femme la plus jeune a 27 ans, la plus âgée a 56 ans.

E - Un contexte politiqueet migratoire répressif

C - Une présence en France récente

La Loi de Sécurité Intérieure (LSI)

Dans l’enquête comme dans la file active du Lotus Bus, on constate que la majorité des femmes ne sont pas installées en France depuis longtemps (moins de 3 ans) : plus d’1/3 des femmes interrogées sont en France depuis moins d’un an, et 1/3 est en France depuis plus de 3 ans.

La loi de sécurité intérieure de 2003, en instaurant le délit de racolage passif, a contribué à augmenter de manière importante la pression policière. Le racolage étant un délit, les personnes se prostituant se cachent, fuient et s’isolent, devenant moins accessibles aux acteurs de terrain. Ce contexte fortement répressif a de nombreux effets délétères :

Parmi les femmes interrogées, 92,5% ont répondu avoir connu le bus par une amie, une seule a répondu connaître le Bus grâce à la brochure, 2 l’ont vu dans la rue. Les femmes répondent souvent qu’elles connaissent les lieux ressources par des amies, même si parfois elles ont été orientées par des associations ou d’autres professionnels socio-sanitaires.

• Lors des temps de présence du bus, par peur d’une éventuelle présence policière, les personnes ne passent que de manière furtive, d’où des temps d’échange réduits et une tension qui les rend moins réceptives aux messages de prévention. Elles peuvent parfois se sentir traquées. vue extérieure du bus

D - Des conditions de vie difficiles Des femmes isolées Parmi les femmes interrogées, 80 % vivent seules : 13 % sont célibataires et 44% sont divorcées. Parmi les femmes déclarant être en couple, seules 5 sont mariées en France, 28 déclarent être mariées en Chine. Pourtant, quasiment toutes ont une famille : 90% des femmes ont au moins un enfant en Chine. Seules 10% en ont 2. Dans 90% des cas, l’enfant est âgé de moins de 25 ans. La quasi totalité des enfants vit en Chine (97%), seuls 2 vivent en France.

...Exposées à la violence Les violences physiques envers les femmes sont le fait de clients, de petits délinquants, et d’autres personnes se prostituant. La violence de la part des clients prend diverses

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formes : refus de payer, coups, viols, etc. Alors que des vols avec violence, passages à tabac et racket sont évoqués, les femmes craignent de porter plainte. Migrantes, souvent en situation irrégulière, et se prostituant, elles n’identifient pas le commissariat comme un lieu de protection et ne s’y rendent pas pour porter plainte. Extrait du Cahier de transmission : « 07/05/07 : Une femme arrive pour dire qu’elle est menacée depuis deux semaines par un homme (probablement un ancien client) qui l’appelle avec plusieurs portables différents pour qu’elle ne se doute pas que c’est lui. Une fois sur place elle se voit menacer de mort (le geste de couper la gorge a été fait clairement) si elle ne fait pas ce qu’il veut ou si elle ne lui donne pas de l’argent. »

Stigmatisation et précarité La forte stigmatisation dont les femmes sont victimes constitue également une violence. Les femmes chinoises sont considérées comme « bon marché » par leurs clients, ce qui leur vaut notamment un rejet de la part des autres personnes se prostituant, considérant qu’elles « cassent » les prix du marché. Un rapport du Bureau International du Travail souligne la stigmatisation au sein de la communauté chinoise : « En regard de la communauté chinoise, et en particulier des immigrés du Zhejiang, ces prostituées sont particulièrement méprisées et constituent « une grande honte pour la réputation des Chinois ». Les conditions de logement des femmes sont quasiment toutes identiques. Ce sont des marchands de sommeil qui

• Le temps de négociation avec le client est raccourci par peur d’être repérées par la police, ce qui conduit les femmes à accepter plus vite une passe, sans avoir eu le temps de négocier l’utilisation du matériel de prévention, avec un client qu’elles auraient pu identifier comme dangereux si elles en avaient eu le temps. • La possession de préservatifs pouvant parfois constituer une présomption de racolage, certaines femmes en limitent le nombre qu’elles ont sur elles voire les refusent. Comment accepter qu’un outil indiscutable de prévention devienne ainsi un outil de répression ? Bien qu’elles soient exposées à de multiples violences et risques, la LSI met davantage les personnes en danger qu’elle ne les protège : initialement, la loi prévoyait en effet de lutter contre le proxénétisme et la traite en proposant aux femmes une possibilité de sortie de prostitution en échange de la dénonciation de leur proxénète ou d’un réseau. Dans les faits, les conditions d’application de cette loi la rendent peu efficace. A l’inverse, cette loi a aggravé la situation des femmes en les « criminalisant ».

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Mme S. : « Une fois j’étais juste en train de marcher, j’étais seule, deux policiers sont venus. L’un des deux m’a passé les menottes sans que je sache pourquoi. Ils m’ont emmenée au poste, j’avais deux préservatifs dans mon sac et ils m’ont dit « voilà la preuve ! ». Mais je n’étais vraiment pas en train de travailler ce jour là. Ils m’ont demandé ce que j’étais en train de faire, je ne comprenais pas très bien ce qu’ils voulaient savoir. L’interprète m’a dit « la police pense que vous étiez en train de vous prostituer » et c’est tout ce qu’il m’a dit. Ils m’ont fait signer un papier en me disant que si je signais ils me laisseraient partir. Si on nous laissait travailler normalement je ne ferais pas ça, c’est pour survivre. Je fais ça parmi d’autres petits boulots ; pour les femmes chinoises il y a moins de chances de trouver du travail même au noir. »

Répression de l’immigration Les personnes en situation irrégulière arrêtées pour racolage passif risquent de se faire expulser. A Paris, les contrôles sont très fréquents. Certaines femmes se font arrêter plusieurs fois par semaine et décrivent des gardes à vue humiliantes. Ne parlant pas le français, elles ignorent souvent leurs droits et ne savent pas, par exemple, qu’elles ne sont pas obligées de signer le procès-verbal qu’elles ne peuvent même pas lire : La différence d’alphabet latin/mandarin met les personnes, le plus souvent alphabétisée, dans des situations d’analphabétisme. Ceci intervient dans le contexte politique sécuritaire que l’on connaît : la gestion de l’immigration, régie par une politique du chiffre (le nombre d’expulsions de sans-papiers a doublé entre 2002 et 2005), a de graves conséquences sur la santé des personnes. Les étrangers malades ont de plus en plus de difficultés à faire valoir leur droit au séjour pour raisons médicales. En effet depuis 2006, l’obtention d’un titre de séjour pour soins, instauré en 1998, s’est durcie : attaques politiques, entraves dans la mise en application, nombreux dysfonctionnements rencontrés par les étrangers en préfecture… Conséquence, on assiste à la multiplication d’arrestations qui entravent les actions de prévention. Mardi 31 juillet – Porte Dorée « La dernière fois, les femmes nous avaient dit que beaucoup de policiers en civil à pied et en voiture rodaient autour du bus. Aujourd’hui très peu de femmes sont venues. La troisième est très stressée et parle beaucoup de la police. Elle dit qu’elle a très peur de descendre du bus car les policiers repèrent les femmes qui montent et les arrêtent un peu plus loin. Elle nous montre des policiers en civil qui se promènent près du camion. Elle nous dit que les autres femmes ne viennent plus ici car il y a trop de policiers. »

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Entretien de prévention avec l’équipe Lotus Bus

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Une population

qui cumule vulnérabilité et absence d’information Vue extérieure du bus

A - Un accès aux soins limité Etat de santé et obstacles à l’accès aux soins Comme pour la plupart des migrants en France, les obstacles à l’accès aux soins des femmes chinoises se prostituant sont multiples. Malgré des droits théoriques qui permettent un accès aux soins aux personnes en situation irrégulière, cet accès est souvent laborieux et complexe en pratique comme en attestent les femmes ont mentionné les freins suivants : • la méconnaissance du système de santé français • les difficultés financières • la barrière linguistique • l’absence de couverture maladie

La précarité de leur statut administratif, la barrière de la langue et une connaissance erronée voire inexistante des droits sociaux et du système de soins français, les placent dans un état de dépendance envers les intermédiaires de toutes sortes : proches plus ou moins bien intentionnés, sociétés de traduction plus ou moins honnêtes, associations franco-chinoises plus ou moins bienveillantes. Certains intermédiaires usent de leur « savoir » et de leur réseau pour faire payer leurs services. Les droits sociaux ne sont jamais expliqués et tout accès aux droits se monnaye. Une fois ces droits ouverts, les Chinois se dirigent vers les médecins de ville sinophones ou vers les structures hospitalières. Dans ces dernières, ils sont « handicapés », comme ils le disent eux-mêmes, par la non-maîtrise du français, d’où la nécessité de se faire accompagner par

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B - Un suivi gynécologique très insuffisant 46% des femmes ont déclaré n’avoir pas été suivies au niveau gynécologique au cours de l’année passée. Le suivi que certaines avaient en Chine n’est pas maintenu automatiquement en France. Les femmes chinoises ont été suivies lors de leur grossesse, mais n’ont pas toujours bénéficié de suivi complet par la suite. 49% d’entre elles n’ont jamais fait de frottis et 64% n’ont jamais fait de mammographie. Du fait de leurs pratiques à risque, et de leur âge (entre 35 et 49 ans), il est pourtant nécessaire de bénéficier d’un suivi gynécologique régulier. Ces femmes, en plus des difficultés qu’elles rencontrent pour accéder aux soins, ne perçoivent pas nécessairement l’importance d’une démarche de santé préventive. Elles vont plutôt aller consulter un gynécologue lorsque des symptômes ou douleurs apparaissent.

Une connaissance des moyens de contraception limitée La pratique de la stérilisation fut la norme pour environ 50 % des Chinoises pratiquant la contraception (c’est-àdire 83 % de la population féminine, selon les statistiques officielles) durant l’époque la plus virulente de la politique de l’enfant unique. Le stérilet fut également un mode privilégié de contraception. Les avortements furent nombreux.

Les femmes sont donc sensibilisées à la contraception mais ont une connaissance limitée des différents moyens qui existent. Près de la moitié des femmes interrogées indiquent porter un stérilet. 30 d’entre elles le portent depuis plus de 3 ans. Certaines femmes nous ont dit avoir mis un stérilet à la suite de la naissance de leur enfant et ne jamais l’avoir changé depuis (soit depuis 15 voire 20 ans).

Plus du 1/3 des femmes interrogées disent avoir déjà eu des infections génitales ou IST (infections sexuellement transmissibles). Le taux d’infections génitales et des IST est inquiétant car nous savons qu’elles fragilisent la muqueuse et majorent la vulnérabilité au VIH. De plus, il indique que la protection par le préservatif est insuffisante (préservatif peu ou mal utilisé).

C - Des femmes vulnérables face au VIH et aux hépatites Un pays d’origine à forte prévalence VIH et hépatites La Chine est un des pays asiatiques les plus fortement touchés par l’épidémie de sida, et la prévalence des hépatites B et C y est également très élevée. Selon l’ONUSIDA, 700 000 personnes vivaient avec le VIH en 2007. En réalité,

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un interprète. Comme les femmes chinoises vues sur le bus sont en majorité venues seules en France, sans famille sur place, ces accompagnements sont réalisés par des personnes qui cherchent à se faire rémunérer. L’accès aux droits sociaux et aux soins représente donc pour elles un coût très important. L’enquête révèle que globalement, les femmes ont une perception positive de leur santé puisque 75% d’entre elles déclarent être en bonne ou très bonne santé. Cette perception de la santé, et notamment en terme gynécologique, nous inquiète car un certain nombre d’infections (IST, hépatites) peuvent rester très longtemps asymptomatiques. Elle montre un nombre non négligeable de troubles anxieux : de fait, lors des tournées, lorsque les femmes demandent à parler au médecin de l’équipe pour des questions médicales, il n’est pas rare qu’elles montrent des signes de lassitude ou d’angoisse liés à des conditions de vie difficiles dans un climat d’insécurité. Perte d’appétit avec demande de « vitamines », besoin de se faire réexpliquer plusieurs fois des résultats d’examens, mais aussi soulagement d’être entendues et comprises.

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Recours aux soins 23% des femmes interrogées déclarent avoir dû renoncer à des soins de santé dans les 12 derniers mois. Il est alarmant de voir que la majorité de ces personnes ont renoncé aux soins les plus basiques puisque les 2/3 ont dû renoncer à aller consulter un médecin. Beaucoup de femmes ne consultent pas, que ce soit pour des pathologies chroniques, ou pour d’autres problèmes importants tels que l’achat de lunettes ou encore les soins dentaires. Plus le temps de séjour en France est long, plus le pourcentage de femmes qui consultent un médecin est important. De même, le fait de connaître le Lotus Bus est un facteur favorisant pour l’accès aux soins. Si elles ne consultent pas, seules 28% ne font rien. Les autres ont recours à l’automédication : 68%, parmi elles un tiers utilisent la pharmacopée chinoise, deux tiers la pharmacopée occidentale, une personne utilise des plantes traditionnelles.

Dépistage « hors les murs » C’est à partir du constat de la faible fréquentation par les femmes chinoises se prostituant des structures de dépistage « classiques », qu’a été réalisée en décembre 2008 une première expérience de dépistage « hors les murs », c’est à dire dans le Lotus Bus. Pendant deux semaines, 5 séances de dépistages ont été organisées sur 5 sites différents. Les intervenants du CDAG de l’hôpital Saint-Louis se sont installés dans le Lotus bus pour effectuer des prélèvements et conduire les entretiens pré-tests pour les hépatites, le VIH et certaines IST. La semaine suivante, les femmes se sont rendues au CDAG récupérer les résultats, accompagnées par des sinophones de l’équipe du Lotus bus. 46 femmes ont fait un dépistage VIH/hépatites/syphilis. 43 femmes sont allées chercher les résultats (dont 38 par notre intermédiaire, 35 lors des deux permanences planifiées pour le rendu des résultats et un accompagnement individuel pour 3 femmes). Au total : • aucune femme n’est porteuse des virus de l’hépatite C ni du VIH. • 3 femmes sont porteuses de l’hépatite B, dont une qui le savait déjà et est suivie par le Moulin Joly, une qui ne le savait pas et a été orientée à Saint-Louis en consultation d’hépatologie, et une qui n’est pas venue chercher son résultat. • 1 femme a la syphilis • 1 avait une chlamydiae et a été traitée.

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ce nombre serait plus proche de 2 millions. Si les chiffres restent difficiles à appréhender, nous savons néanmoins que 78% des personnes contaminées en Chine ignorent leur statut sérologique. Le tabou de la sexualité et le conservatisme moral des dirigeants ont été un frein important à la lutte contre l’épidémie. La prise de conscience de l’importance de l’épidémie fut tardive mais depuis 2004, quelques progrès ont eu lieu. Des programmes d’accès aux traitements ARV (anti rétroviraux) sont en place gratuitement, mais seulement dans certains lieux et depuis peu de temps. Malgré les avancées dans les domaines du dépistage, de l’accès aux médicaments et de la réduction des risques, des progrès sont encore à déployer pour les généraliser à toutes les provinces. D’autre part des progrès considérables restent à faire en termes d’information, d’accès au dépistage et de lutte contre les discriminations. Par ailleurs, l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires en Chine commence tout juste.

Risques infectieux en France Les personnes se prostituant sont particulièrement exposées aux risques infectieux (VIH, VHB, IST). Ce risque augmente, de fait, avec la multiplication du nombre de partenaires sexuels si les rapports sont non protégés. L’Ile de France, et particulièrement Paris, est la zone la plus touchée avec la Guyane. De plus les données épidémiologiques sur l’infection à VIH en France montrent que « parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2007, et dont le mode de contamination est connu, 60% ont été contaminées par rapports hétérosexuels (98% chez les femmes) ». Enfin, les femmes chinoises, étant dans une situation très précaire et très dépendantes de l’apport financier de leurs pratiques prostitutionnelles, peuvent être amenées à accepter des rapports « à risque » s’ils sont mieux rémunérés, notamment des rapports sexuels sans préservatif. De plus elles peuvent être confrontées à des clients violents qui enlèvent le préservatif pendant le rapport les forçant à terminer le rapport sans protection.

D - Un dépistage trop peu pratiqué D’une manière générale les femmes ont plus fréquemment pratiqué un dépistage VHB et VHC que VIH (quasiment jamais pratiqué en Chine par les femmes). Parmi les femmes interrogées, 72,5% ont déjà fait un test de dépistage du virus de l’hépatite B, 66% de l’hépatite C et seules 54% du VIH.

Hépatites B et C 1/3 d’entre elles a effectué le dépistage en Chine. Pour la moitié, il date de moins d’un an. Parmi celles qui ont pratiqué le dépistage du VHB en France, elles ont préféré se faire dépister dans une association, notamment le centre du « Moulin Joly » de la Croix Rouge, plutôt qu’à l’hôpital ou au centre de dépistage anonyme et gratuit. Le Moulin Joly propose en effet une permanence en chinois pour les dépistages et le suivi gynécologique. La tendance est plus ou moins la même pour le dépistage VHC, même si en absolu il y a moins de femmes qui se sont faites dépister VHC.

VIH 44 % des femmes n’ont jamais pratiqué de dépistage VIH. Parmi les 64 personnes qui ont déjà été confrontées à une rupture ou accident de préservatifs, 40% d’entre elles ne sont jamais allées faire un dépistage VIH. Sur les 50 femmes ayant pratiqué un test, 2/3 d’entre elles l’ont pratiqué il y a moins d’un an. Seules 3 l’avaient pratiqué en Chine. Le dépistage en France se fait plutôt via les associations que l’hôpital ou le CDAG. Il y a un lien significatif entre le recours au dépistage du VIH et le temps de connaissance du Lotus Bus par les femmes : plus la durée de fréquentation du Lotus Bus est longue, plus les femmes sont sensibilisées au dépistage, mieux informées sur les structures le pratiquant et plus elles se font dépister.

E - Des risques accrus par une méconnaissance des moyens de prévention et des dispositifs de prise en charge Les femmes rencontrées sur notre programme font partie d’une tranche d’âge qui, en Chine, n’a jamais eu accès à des informations sur les IST et le VIH. Elles affirment être des « conservatrices ». En Chine, la connaissance des moyens de prévention est médiocre : 60% des personnes disent ne pas être renseignées sur l’usage de préservatif. Les femmes se révèlent très mal informées sur le VIH et les IST et ont souvent une méconnaissance de l’utilisation du matériel de prévention (utilisation du préservatif et du gel). D’ailleurs, lorsque nous leur demandons de faire une démonstration, elles sont nombreuses à faire des erreurs dans l’utilisation du préservatif.

Béneficiaires du programme Lotus Bus

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Dossier de presse Lotus Bus - février 2009 - Médecins du Monde

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Distribution de matériel de prévention

Conclusion Elles ne sont pas informées sur le traitement post exposition (TPE) n’ont pas pour « réflexe » d’aller aux urgences

A l’issue de cette enquête, les activités ont été adaptées aux besoins et niveaux de connaissance identifiés ; l’équipe a accentué le travail sur les orientations gynécologiques, les adresses pour effectuer des dépistages, le matériel de prévention comme le fémidon et la digue dentaire, le traitement post-exposition et les adresses d’hôpitaux.

Bien que les femmes qui se prostituent depuis plusieurs mois voire années semblent améliorer leurs connaissances sur le VIH et les IST, elles connaissent encore très peu les recours possibles et les lieux de soins suite à un risque d’exposition au VIH. Or, d’après nos observations de terrain, elles ont quasiment toutes été confrontées à ce genre de situation : 70% des femmes interrogées ont déjà été confrontées à une rupture de préservatif. De fausses croyances sont très répandues comme la pratique de douche vaginale après un rapport à risque qui abîme davantage la muqueuse et augmente donc les risques de transmission du virus. De nombreuses femmes nous ont également rapporté qu’elles mettaient un ovule vaginal après un rapport à risque, sans être capable de nous préciser de quel type de médicament il s’agissait.

Des pratiques relativement protégées mais une connaissance limitée des moyens de prévention 92% déclarent mettre des préservatifs systématiquement. 7 femmes ont déclaré ne pas mettre systématiquement de préservatifs lors de rapports avec pénétration vaginale. Les raisons évoquées de ne pas utiliser de préservatifs sont : •n e voient pas la nécessité d’un préservatif (3 femmes) • r efus du client (1 femme) •n e voit pas la nécessité car la pénétration vaginale est pratiquée avec un client régulier (1 femme) La majorité des femmes (80%) déclarent utiliser un préservatif à chaque fellation de façon systématique du début à la fin. Là encore, il arrive que le client refuse de porter le préservatif ou que le préservatif soit perçu comme superflu, le client étant considéré comme régulier.

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Face aux difficultés d’accès aux soins de cette population vulnérable, nous demandons :

Le rapport anal est refusé par la plupart des personnes enquêtées bien que ce soit une pratique fréquemment demandée par les clients : 85% des femmes ont répondu ne pas le pratiquer. Parmi les 15% de personnes qui le pratiquent, 9 indiquent utiliser un préservatif de façon systématique du début à la fin, tandis que 5 personnes indiquent ne pas utiliser de préservatif à chaque fois. Une personne nous explique : « Je ne mets pas de préservatif lors de rapports anaux lorsque le client est en pleine forme. » L’utilisation du gel lubrifiant est, elle, plus relative : systématique pour 45% des femmes seulement. 43% déclarent ne pas utiliser systématiquement de gel lors de pénétrations vaginales et 11 femmes ont déclaré ne jamais utiliser de gel.

Une faible connaissance des autres moyens de protection Bien que 81% des personnes connaissent le préservatif féminin, ce moyen de protection est encore mal accepté : 68% des femmes qui le connaissent ne l’ont jamais utilisé. Cette faible utilisation est due au fait que le préservatif féminin est perçu par les femmes comme peu pratique et souvent refusé par les clients. De plus les femmes ne savent pas toujours correctement l’utiliser.

• L’abrogation des articles de la LSI criminalisant les personnes se prostituant : la peur de l’arrestation et de l’expulsion représente un frein majeur à l’accès aux soins et aux structures de santé et de dépistage. • Une offre de soins et de dépistage adaptée à ces populations migrantes, avec notamment la possibilité de recours à des services d’interprétariat dans les services hospitaliers et les CDAG, la langue représentant une barrière centrale au recours aux soins. Nos actions prouvent que lorsque le recours à une traduction est possible, et connue des personnes, ces dernières se déplacent et ont recours à l’offre de soins. • Une information à destination de la police sur les missions effectuées par les associations de prévention, qui sont par ailleurs soutenues par les autorités de santé (ministère et DDASS), ainsi qu’une sensibilisation sur la nécessité de la diffusion du préservatif auprès des personnes se prostituant.

Seulement 34% des femmes interrogées connaissent la digue dentaire (appelée également carré de latex : moyen de protection pour les relations bucco-génitales), ce qui est encore plus faible que pour le préservatif féminin.

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L’équipe du Lotus Bus Naël

Mélanie Ai Anh Claire

Tim José

Tiphaine

Françoise Hélène

Fernand

dessins réalisés par Damien ROUDEAU / Les yeux dans le monde. Samuel Edition Médecins du Monde mise en page Aurore Voet

Paulette Chloé 18

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Contact Annabelle Quénet / Florence Priolet Service de presse Médecins du Monde Tél : 01 44 92 14 31/32 – 06 09 17 35 59

www.medecinsdumonde.org Nous soignons ceux que le monde oublie peu à peu


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