OPÉRATION SOURIRE RAPPORT D’ACTIVITÉS 2006 Bénin / Togo Cambodge Erythrée Ethiopie Laos Madagascar Mali Mongolie Niger Pakistan Rwanda
MÉDECINS
DU
MONDE
Sommaire
Sommaire
Introduction I. La mission de l'Opération Sourire : redonner un visage … Des pathologies, sources d'exclusion La réponse apportée par l'Opération Sourire 1- Les interventions chirurgicales 2- La formation des professionnels locaux
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II. Synthèse de l'année L’Opération Sourire en 2006 en quelques chiffres Age des patients opérés en 2006 Pathologies des patients opérés en 2006 par pays
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III. Les missions La carte Les missions de l’Opération Sourire en 2006 Les acteurs de l'Opération Sourire Bénin / Togo Cambodge Erythrée Ethiopie Laos Madagascar Mali Mongolie Niger Pakistan Rwanda
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Les projets de l'Opération Sourire pour 2007
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" Quand j'ai dit à Fatoumata que je ne pourrai pas l'opérer pendant cette mission, elle a simplement baissé les yeux. Et puis, elle a souri, un peu tristement comme le font les enfants malades. " Fatou, nous reviendrons dans quatre mois, il te faudra attendre mais nous t'opérerons, je te le promets " Fatou a une malformation faciale qui déforme son sourire. Une fente de la lèvre, un bec de lièvre comme on dit vulgairement. Une opération d'une heure et demie suffit à réparer la lèvre. Il ne restera qu'une petite cicatrice et Fatou sera contente, elle sourira comme les autres enfants, elle ira à l'école. Puis un jour, on apprendra qu'elle s'est mariée et qu'elle est heureuse ".
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Introduction Paroles de partenaire, Nivo, médecin à Madagascar " Les enfants avec une fente palatine ont de vraies difficultés pour parler, la phonation est perturbée. Après l'opération, l'enfant articule mieux, il peut avoir un nouveau départ vis-àvis de ses amis, de l'école. Certains sont reniés par leur père, simplement parce qu'ils sont vilains. Quand ils sont opérés, le père revient. C'est une véritable renaissance et pas uniquement physique. "
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Depuis la première opération à Battambang au Cambodge il y a 16 ans, l'Opération Sourire a essaimé et mis en place de nombreuses missions de chirurgie réparatrice dans 13 pays, en réponse aux besoins constatés localement et/ou aux demandes de partenaires. Depuis la création de l'Opération Sourire, ce sont plus de 5 000 patients qui ont retrouvé le sourire…. 25 missions de 8 à 15 jours ont été menées en 2006 par des équipes de professionnels de la santé (chirurgiens, infirmières, anesthésistes) dans 10 pays d'Afrique et d'Asie. Ces équipes ont permis d'opérer et de redonner le sourire à 670 patients sur l'année 2006…
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I. La mission de l'opération sourire : redonner un visage …
I. La mission de l'Opération Sourire : redonner un visage…
Des pathologies, sources d'exclusion Quand, faute de compétences locales en matière de chirurgie réparatrice ou de moyens financiers, les personnes atteintes des pathologies mentionnées ci-contre ou de leurs séquelles ne bénéficient d'aucune prise en charge, ils souffrent de l'exclusion dans laquelle les relègue leur handicap. En effet, ces patients et leurs familles souffrent souvent d'une stigmatisation. Ils sont, la plupart du temps, condamnés à vivre cachés, sans possibilité de sortir et d'avoir le moindre contact avec la société. Pour les enfants, la pathologie se transforme en véritable handicap social qui rend difficile l'accès à la scolarisation. Le développement de relations sociales et amicales est alors très réduit, voire parfois impossible. Devenues adultes, ces personnes n'ont pas accès à l'emploi, ni à la possibilité de fonder une famille. Au-delà d'une souffrance physique et psychique du patient, c'est aussi toute la famille qui souffre du handicap et de l'exclusion. Or la prise en charge de ces pathologies est possible : les procédés chirurgicaux existent et ne nécessitent pas d'infrastructures hospitalières très élaborées. Un simple acte opératoire peut contribuer à leur rendre le sourire et leur permettre de retrouver un mode de vie normal.
Les pathologies rencontrées - Fentes labio-palatines ou "becs de lièvre" Il s'agit d'une ouverture de la lèvre ou du palais qui aurait dû se fermer durant les premières semaines du développement du fœtus. Dans certaines croyances populaires, les fentes sont attribuées à une faute, elles sont donc considérées comme le résultat direct d'un comportement immoral qui met au ban de la société les enfants atteints. - Malformations congénitales Outre les fentes, on rencontre des malformations invalidantes des membres, notamment des mains, qui entravent leur usage. Certaines malformations crâniofaciales (méningo-encéphalocèles), fréquentes en Asie du sudest, sont prises en charge par des équipes très spécialisées réunissant les compétences d'un chirurgien maxillo-facial et d'un neurochirurgien. - Brûlures Beaucoup sont accidentelles : les repas étant souvent préparés à même le sol, il arrive que les enfants se brûlent avec le feu ou l’eau bouillante. Mal soignées au départ, elles cicatrisent en rétraction, entravant la fonction motrice des membres ou déformant péniblement le visage.
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La réponse apportée par l'Opération Sourire 1- Les interventions chirurgicales En Asie (Cambodge, Laos, Pakistan), certaines brûlures sont dues à des agressions à l'acide, dont les tristement célèbres crimes d'honneur. - Séquelles de traumatismes de guerre Certains pays d'intervention ont traversé des périodes de conflits armés. Les traumatismes par armes blanches, balles, mines, éclats d'obus, sont à l'origine de séquelles fonctionnelles et esthétiques parfois très sévères. - Tumeurs En l'absence de prise en charge, certaines tumeurs atteignent des volumes considérables. Lorsqu'elles sont bénignes, le traitement chirurgical permet de guérir le patient. Les tumeurs malignes peuvent être enlevées pour un meilleur confort de vie même si sans traitement complémentaire, la guérison n'est pas garantie.
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La prise en charge des pathologies ou de leurs séquelles par la chirurgie réparatrice facilite la réhabilitation physique des patients dans leur vie quotidienne, sur des aspects tels que l'alimentation, la voix et la prononciation (pour les personnes souffrant de fentes labio-palatines), la réduction de douleurs, la fonctionnalité des membres et du mouvement (pour les personnes brûlées notamment). Cette réhabilitation physique s'accompagne d'effets parfois spectaculaires en termes de socialisation, mais aussi de scolarisation, d'emploi, de vie de famille, etc. C'est dans cette perspective que l'Opération Sourire a développé des missions depuis plus de 15 ans. Celles-ci mobilisent des équipes bénévoles de professionnels de la santé : chirurgiens, infirmières, anesthésistes. Elles sont originaires de France, d'Allemagne et du Japon. En général, deux missions annuelles sont organisées sur chaque site de manière à assurer un suivi des patients. Avant le départ, la préparation en étroite collaboration avec les partenaires locaux permet de recenser les malades, d'identifier les pathologies, et de planifier les opérations. Cette préparation permet d'optimiser le séjour de nos équipes (type d'intervention, matériel nécessaire …) qui peuvent ainsi consacrer la majorité de leur temps sur le terrain à opérer : une quarantaine d'interventions ont lieu au cours de chaque mission. La première demi-journée de la mission est consacrée à la consultation des patients pré-identifiés et à la mise en place d'un programme opératoire, suivi immédiatement par les premières interventions chirurgicales. Après la mission, les équipes locales assurent le suivi post-opératoire des patients. Les partenaires offrent par ailleurs un accompagnement des patients et jouent un rôle déterminant en favorisant ainsi leur réintégration sociale.
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I. La mission de l'opération sourire : redonner un visage …
2- La formation des professionnels locaux L'objectif de l'Opération Sourire est de permettre à un maximum de patients d'avoir accès à une prise en charge de la pathologie et de ses séquelles. Aussi le second grand axe des missions est d'aboutir à ce que les chirurgiens locaux puissent, à terme, prendre en charge les patients dans leur propre pays. Les missions offrent un excellent champ d'apprentissage aux équipes locales. La formation est assurée par compagnonnage, ce qui signifie qu'elle se fait surtout de façon pratique et toujours individualisée : le chirurgien local apprenant "derrière l'épaule" du chirurgien de l'Opération Sourire et ce de mission en mission. La formation consiste d'abord à montrer aux équipes locales ce que la chirurgie réparatrice peut faire : dans les pays où nous intervenons, la plupart des chirurgiens n'ont jamais eu l'occasion de voir les résultats de telles opérations. Ensuite, il s'agit pour les chirurgiens formés de comprendre et d'assimiler les bases, les gestes et les techniques afin de pouvoir les reproduire. Après plusieurs missions, un chirurgien formé par l'Opération Sourire est amené à opérer sous la " supervision de son enseignant ", puis seul. Ce compagnonnage se poursuit d'année en année et s'est prolongé pour certains par une formation complémentaire en France. Dans quelques "missions phares", notamment au Niger et au Bénin, des projets émergent pour mettre en place des centres de chirurgie réparatrice de référence. Ces futurs centres permettront de former les chirurgiens locaux et d'assurer une meilleure prise en charge des patients.
- Noma Le noma est une infection gangrénante affectant le visage. Les premières victimes de cette bactérie sont principalement les enfants de moins de six ans, souffrant de pauvreté et de malnutrition extrême. Si la maladie est détectée de manière précoce, sa progression peut être évitée par un traitement antibiotique, une alimentation équilibrée, et quelques règles simples d'hygiène bucco-dentaire. Si, comme dans la majorité des cas, la maladie n'est pas traitée, l'ulcère se développe de manière très rapide, et douloureuse : les joues et les lèvres gonflent, le processus de gangrène s'installe, et se développent très rapidement des lésions profondes qui peuvent aller jusqu'à la destruction d'une partie du visage, avec parfois ankylose de la mâchoire, interdisant toute alimentation. C'est une maladie à évolution très rapide, l'ensemble des stades pouvant être atteints en moins de trois semaines. Le taux de mortalité est très élevé, il atteint près de 90% des personnes touchées.
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II. Synthèse de l'année
L'Opération Sourire en 2006 en quelques chiffres Les 25 équipes parties en mission pour l'Opération Sourire en 2006 ont permis l'opération de 670 patients. Cela porte à 5 096 le nombre de patients opérés depuis 1989 dans 12 pays d'Afrique et d'Asie. Les actions de formation des équipes locales se poursuivent, et quelques chirurgiens locaux, à l'issue de leur formation, sont appelés à prendre en charge directement certaines pathologies ciblées. Toute cette activité se développe grâce à la participation de plus de 80 professionnels de la santé bénévoles : chirurgiens, anesthésistes, infirmières. Leur temps d'investissement sur les missions Opération Sourire représente près de 1 500 jours de bénévolat en 2006.
Age des patients opérés en 2006 Sexe des patients opérés en 2006 D’année en année, le pourcentage hommes/femmes des patients opérés demeure stable.
Plus de 58 % des patients opérés ont moins de 20 ans. L'action de l'Opération Sourire reste très ciblée sur une population d'enfants et de jeunes adultes.
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II. Synthèse de l'année
Pathologies des patients opérés en 2006 par pays Les fentes (178 patients opérés en 2006) restent la pathologie la plus opérée au sein de l'Opération Sourire. Le nombre de patients opérés de brûlures est toujours croissant, comme le reflète l'activité des missions spécialisées sur ce sujet, au Pakistan ou en Mongolie
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La carte
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III. Les missions
III. Les missions
Les Missions de l'Opération Sourire en 2006 Niger Mongolie Laos Cambodge Cambodge Pakistan Cambodge Cambodge Cambodge Mongolie Madagascar Erythrée
Hopital de Niamey Hôpital des brûlés, Oulan Bator Mission exploratoire Kampong Cham/O Reang OV/Kg Thom (All) Children's surgery Hospital, Phnom Penh (All) FPAP, Islamabad Hôpital de Kossamak, Phnom Penh Hôpital de Kossamak, Phnom Penh (Jap) Children's surgery Hospital, Phnom Penh Hôpital des brûlés, Oulan Bator HJRA Antananarivo - chir viscérale pédiatrique Hôpital Orotta, Asmara
Ethiopie Mali
Hôpital St Mary’s, Axum Hôpitaux Gabriel Touré et Point G, Bamako
Rwanda
CHU, Kigali
Cambodge Madagascar Mongolie Togo Niger
Kampong Cham/O Reang OV/Kampong Thom HJRA Antananarivo - chir réparatrice Hopital des brulés, Oulan Bator Hôpital d'Afagnan Hôpital de Niamey
Cambodge Cambodge
Hôpital de Kossamak, Phnom Penh (Jap) Hôpital de Kossamak, Phnom Penh (Jap)
Cambodge Cambodge
Hôpital de Kossamak, Phnom Penh (Jap) Children's surgery Hospital, Phnom Penh
Pakistan
FPAP, Islamabad
Du 16 au 24 janvier Du 27 janvier au 5 février Du 4 au 11 février Du 11 au 24 février Du 4 au 18 mars Du 1 au 15 avril Du 20 mai au juin Du 28 mai au 4 juin Du 20 mai au 4 juin Du 2 au 10 juin Du 27 juin au 1 juillet Du 26 août au 2 septembre Du 25 au 30 septembre Du 28 septembre au 5 novembre Du 30 septembre au 14 octobre Du 6 au 21 octobre Du 20 au 28 octobre Du 20 au 28 octobre Du 18 au 26 novembre Du 24 novembre au 1 Décembre Du 20 au 27 novembre Du 28 Novembre au 3 décembre Du 3 au 10 décembre Du 20 novembre au 10 décembre Du 8 au 16 décembre
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Les acteurs de l'Opération Sourire Paroles de bénévole, Paulette, infirmière retraitée " Quand MdM s'est créé, j'ai eu envie de m'engager dans l'aventure. En 1988, il y a eu un tremblement de terre en Arménie... J'y suis partie pour ma première mission humanitaire. Ce fut la seule expérience, car à l'hôpital en France, on avait besoin de moi, je devais être disponible pour les interventions d'urgence (poumons, greffes). Alors, je me suis promis de le faire plus tard… Avec mon mari nous avons créé une belle famille. Nous avons 2 fils et maintenant 5 petites filles et un petit-fils. J'ai pris ma retraite le plus tard possible. Je me suis proposée à MdM.Toujours à la recherche de missions en chirurgie, j'ai entendu parler de l'Opération Sourire. De temps en temps, j'allais voir si l'on avait besoin de moi. En mai 2000, j'ai pu y mettre un pied : on m'a proposé d'accompagner une équipe d'Opération Sourire au Rwanda. En août, je suis repartie avec l'équipe de Toulouse. Et là, j'ai vraiment eu envie d'y mettre les talons…
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Sur le terrain Emmanuel Barcat Isabelle Barthélémy Hélène Beaujard Antoine Bernes Jérome Bessard Isabelle Brechet Annie Brouchet Daniel Cataldo Despina Chaitidiou Christelle Chapron Susanne Codoni J-François Collin Bernard Coustets Céline Dekeister Paulette Fauché François Foussadier Thomas Galas Sonia Gaucher André Gay Stéphanie Gestin Florence Giroussens Anne-Marie Gouvet Bernard Gramond Julie Guignart Didier Guinard Nivo Hantar Masako Harada Sylvain Harbon Elizabeth Hodin Fabio Ingallina Mondane Jactat Sophie James Bruno Joly Barabas Joseph Takayama Keeko
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Jérome Nelly Gunter Frédéric Bun-Hoc Raphaël Bernard Gérard Julie Catherine Marie Harada Gérard Thomas Philippe Jean-Luc Marta Bernard Bruno Claudine Ito Kojiro Ohura Otsubo Nori Issa Elhadji Jean-Roch Philippe Pierre Cécile Thomas Thierry Jean-Mathieu Jean Yvon Suzanne
Landru Lapeyre Lauer Lauwers Lim Lopez Lorenceau Mahieu Malvy Martinaud Martineau Masako Mateo Meresse Micheau Michel Millan Môle Mompeyssin Moreau Nobuko Noda Norihiko Noriko Ohura Ousmane Paoli Patenotre Perrot Philandrianos Pinzer Ponsoye Pujalte Rapidel Raulo Reyzs
Colette Ribes Robert Roux F-Emmanuel Roux Auteur Sam Yolande Sandorfi Yoza Satochi Bon-Vath Say Terashima Sawako Hilke Schneider Wiebke Schupp Norbert Schwenzer Katja Schwenzer Jean-Marie Servant Sylvie Simonnet Nadia Smail Masuda Teiichi Dominique Thomas Laurence Tougloh Abdul Touré Christian Troje Saki Uneo Fabrice Vallée Delphine Voulliaume Schilli Wilfried Nobuyuki Yamada Satoshi Yoza Asano Yuko Stephan Zimmerer Fonctions support Demeestere Juliette Doisy Pia Giroux Odette Gueguen Josiane Catherine Henriette Segard Axelle Frédéric Turro
III. Les missions
Bénin / Togo L'Opération Sourire assure depuis 1999 une à deux missions par an à l'hôpital de Tanguieta au Bénin et, faute de disponibilité au bloc opératoire, à l’hôpital homologue situé à Afagnan au Togo (à proximité). Les pathologies traitées sont principalement les malformations congénitales, en particulier les fentes labio-palatines. D'autres pathologies font également l'objet d'interventions : pathologies tumorales, séquelles de brûlures, ulcères de Burulli, noma, séquelles de traumatismes divers et lésions infectieuses. La mission Opération Sourire au Bénin s’insère dans un réseau de partenaires très dynamiques. Ce réseau contribue à l'efficacité de la mission : information des patients concernés par notre action, organisation de leur recrutement pour la mission, suivi de chaque patient opéré tant sur le plan postopératoire que sur le plan de sa réintégration sociale. Le CAEB (Comité d'aide au développement du Bénin) assure en particulier un rôle majeur pour l'information aux patients et leur accompagnement social après l'intervention. En 2006, une équipe s'est rendue en octobre à l'hôpital d'Afagnan au Togo, car l'hôpital de Tanguieta ne pouvait accueillir la mission faute de disponibilité du bloc. Lors de cette mission, 25 patients ont été opérés, ce qui donne un nombre de 300 patients opérés au Bénin depuis le début de l'action de l'Opération Sourire. Pour 2007, l'Opération Sourire prévoit d'appuyer l'aménagement du nouveau bloc opératoire à l'hôpital de Tanguieta en partenariat avec les autres associations y travaillant. Ce nouveau bloc facilitera l'organisation des missions qui, jusqu'à présent, ont été limitées en raison du manque de disponibilité du bloc.
Paroles de partenaire, Paul Loko, directeur du CAEB «Avant la 1ère Opération Sourire au Bénin, je n'y croyais pas. Selon notre tradition, les enfants qui naissent avec un handicap comme un bec de lièvre ne l’ont pas par hasard. Le fétiche les a choisis et personne n'a le droit d'y toucher. Quand Jacques Malet m'a dit que l'on pouvait agir sur ce handicap grâce à des opérations de chirurgie réparatrice, cela ne me paraissait pas possible. Une fois convaincu, j'ai dû, à mon tour, convaincre une équipe avant de lancer la 1ère mission. Je peux vous avouer que pendant l’opération, j'étais dans le bloc opératoire, et je me demandais, si le pire arrive, que va-t-il se passer ? Au début, c'était comme la mer à boire. Comment aller vers les communautés pour corriger ce handicap ? Il nous a fallu convaincre des patients et prouver que les fentes étaient un handicap sur lequel on peut intervenir, sans faire réagir le fétiche… Puis on a continué, en s'appuyant sur le résultat des opérations réalisées… Je peux dire que l'on a gagné du savoir.»
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Cambodge Paroles Paulette, retraite
de bénévole, infirmière à la
" Depuis 8 ans, deux fois par an, je pars au Cambodge avec l'équipe de Toulouse, quinze jours (voire trois semaines) à chaque fois. C'est une mission de chirurgie maxillo-faciale qui, depuis deux ans, prend en charge les méningocèles. J'aime beaucoup aller au Cambodge. J'ai beaucoup d'affinités avec l'équipe locale, j'aime les Asiatiques. Une mission, on reste quinze jours et on s'en va, les contacts avec les patients restent professionnels et limités. Les relations, les échanges sont plus riches avec les équipes soignantes et leurs familles. "
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La première mission de l'Opération Sourire est née à Battambang, au Cambodge, en 1990. Depuis, de nombreuses équipes ont travaillé tant à Phnom Penh que dans des zones plus éloignées. Aujourd'hui, des équipes Opération Sourire allemandes, françaises et japonaises se coordonnent et interviennent sur différents sites du Cambodge. A Phnom Penh, l'Opération Sourire intervient à l'hôpital de Kossamak et au Children's Surgical Center. L'Opération Sourire travaille également en dehors de Phnom Penh, dans les hôpitaux de Kampong Cham, Kampong Thom, et O Reang Ov. L'ensemble des pathologies pouvant être soignées par la chirurgie réparatrice sont traitées par l'Opération Sourire au Cambodge. La pathologie spécifique des méningo-encéphalocèles fait l'objet d'interventions spécialisées en neurochirurgie au Children's Surgical Centre. 11 équipes se sont rendues au Cambodge en 2006, pour des missions d'une à deux semaines, permettant d'opérer 330 patients sur l'année. La formation d'équipes locales se poursuit. Plusieurs des chirurgiens formés sont en activité et certains restent nos référents, en particulier pour le recrutement des patients. Le niveau technique s'est grandement amélioré tant sur le plan de l'équipement que des compétences du personnel médical. L'Opération Sourire dispose d'un bureau à Phnom Penh dans l'enceinte de l'hôpital Kossamak. Une équipe locale intègre un coordinateur des missions et un chirurgien qui assure la sélection et le suivi des patients. Pour 2007, l'Opération Sourire encouragera les chirurgiens locaux référents à prendre en charge directement certaines pathologies (les fentes labio-palatines et les séquelles de brûlures). Un autre site d'action en province pourra être couplé aux missions de Kossamak sur le principe de missions tournantes; l'hôpital de Battambang sollicitant régulièrement notre retour. Par ailleurs, le projet de fabriquer sur place des vêtements compressifs pour la prise en charge des séquelles de brûlures (brûlures criminelles par acide fréquentes) et les chéloïdes sera poursuivi.
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III. Les missions
Erythrée L'intervention de l'Opération Sourire a démarré en 2003 à Asmara. Les pathologies traitées, essentiellement des traumatismes, supposent une intervention spécialisée en chirurgie maxillo-faciale. L'Opération Sourire a réalisé une mission à Asmara en Août 2006, permettant l'opération de 10 patients. La formation de la chirurgienne locale se poursuit. Pour l'organisation du suivi des patients, cette mission bénéficie du soutien d'une femme stomatologiste formée à la chirurgie de guerre durant les années de conflit. Elle se charge du recrutement des patients ayant subi de graves dommages balistiques et parfois chirurgicaux. Pour 2007, l'équipe Opération Sourire prévoit deux missions. Les interventions viseront en particulier le développement de la chirurgie maxillofaciale afin de répondre aux besoins importants sur ce type d'intervention. A ce titre, est envisagée la possibilité de laisser sur place du matériel spécialisé en chirurgie maxillo-faciale.
Paroles de bénévole, Gérard, anesthésiste « Mon engagement dans l'humanitaire est lié au souci de me mettre au service des autres, d'être utile mais aussi de voir d'autres choses, d'être dans un autre contexte. J'aime visiter d'autres pays, approcher d'autres cultures… J’aime beaucoup l’Afrique. Lors des missions, on profite d'un contact privilégié avec les habitants, c'est très différent de la relation que l'on peut avoir si l’on va dans ces pays en touriste. Ils ont un fantastique sens de l'accueil, j'en suis toujours surpris. Ils nous invitent à partager leur quotidien et savent nous recevoir… Ils nous donnent de vraies leçons quant à l'accueil de l'étranger ". Partir en mission me permet de créer des relations avec des personnes de l'autre côté du monde que je ne croiserais jamais sans cela. Se connaître l'un l'autre est passionnant, ça m'enrichit… Tout n'est pas noir ou blanc, c'est plus subtil, comme la vie. Toutes ces rencontres colorent ma vie. »
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Ethiopie Paroles de bénévole, François, chirurgien plasticien " Partir en équipe ouvre l'esprit. On vit, on mange, on travaille ensemble pendant quinze jours. L'équipe est soudée, concernée par les interventions, les problèmes d'anesthésie, de stérilisation… On s'entraide, on fait face ensemble aux relations avec le personnel local. Souvent il n'y a pas de réanimation donc cela exige des interventions bien pensées pour ne pas avoir de problèmes après l'opération. On ne fait pas d'interventions trop dangereuses. Il faut apprécier le patient, le temps, le type d'opération, être attentifs aux enfants déshydratés, exsangues. "
L'Opération Sourire assure des missions en Ethiopie depuis 1993, visant les séquelles maxillo-faciales de traumatismes par armes à feu. Parallèlement, à la fin de la collaboration de l'Opération Sourire avec l'hôpital d'Addis-Abeba, la mission long-terme de MdM à Axum (programme de formation de chirurgiens, anesthésistes et infirmiers de bloc) a fait appel à l'Opération Sourire pour la prise en charge de nombreuses fentes labio-palatines. Une première mission a donc été assurée à Axum en Septembre 2006. Cette mission s'est organisée au sein de l'hôpital Saint Mary's d'Axum et a permis l'opération de 48 patients. La mission a sollicité une forte collaboration entre l'Opération Sourire, les acteurs de la mission MdM, et le staff local, qui a très bien fonctionné. Les patients vus en consultation ont été très nombreux et présentaient principalement des fentes labio-palatines et des séquelles de brûlures. Le nombre de prises en charge de fentes labio-palatines nécessitant des interventions longues a été limité afin de dégager du temps pour la prise en charge d'un maximum de patients. Le suivi post-opératoire des patients a été assuré par le staff local. Pour 2007, une mission plus longue est prévue, 94 patients sont d'ores et déjà en attente.
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III. Les missions
Laos L'Opération Sourire a organisé en février 2006 une mission exploratoire au Laos en vue d'évaluer l'intérêt de la mise en place d'une nouvelle mission. La première partie de la mission a consisté en différents rendez-vous officiels à Vientiane, la capitale du Laos. Il en résulte que le Laos reçoit beaucoup d'ONG travaillant sur la chirurgie réparatrice. Leur activité se fait essentiellement sur la moitié Nord du pays et à Vientiane. C'est pourquoi l'Opération Sourire concentrera son action dans les provinces de Paksé et de Savannakhet. Le Laos est composé de groupes ethniques multiples qui parlent généralement des langues différentes. Pour certains groupes vivant dans les montagnes du centre du pays (chaîne anamitique), un déplacement sur Vientiane correspond à un grand déracinement. Il est donc a priori plus cohérent de se rendre au contact de ces populations que de rester à Vientiane. L'objectif de la deuxième partie de la mission était donc d'évaluer les possibilités d'action sur Savannakhet. Avec près d’1 million d'habitants, Savannakhet est la 2ème ville du pays et la 1ère province en superficie et en densité de population. C'est une province qui est également riche, tant sur le plan des ressources économiques que d'un point de vue historique puisqu'il s'agit de la province natale des héros de la révolution.
Pour 2007, l'Opération Sourire prévoit de développer une mission à Savannakhet. L'hôpital mettra à disposition un bloc opératoire et l'activité de l'Opération Sourire sera focalisée sur la formation d'1 ou 2 chirurgiens qui participeront aux interventions. Le recrutement des malades sera facilité par l'organisation du système de santé laotien, qui permettra d'assurer un recensement par l'intermédiaire des postes de santé installés aux différents niveaux du bassin de population et ce jusqu'aux dispensaires de villages; l'information passant semble-t-il très bien aux différents étages hiérarchiques. Il semble possible d'opérer 5 à 6 malades par jour pendant 10 jours ouvrables, soit 2 semaines.
Médecins du Monde a déjà travaillé à l'hôpital de Savannakhet où un projet de réhabilitation du bloc opératoire et de formation a été mené dans les années 90. Le directeur est toujours le même et garde un excellent souvenir de sa coopération avec Médecins du Monde. L'hôpital compte 160 lits et fonctionne en recouvrement de coûts. L'Opération Sourire a mené quelques missions au Laos, conjointement au programme long terme de MdM, il y a plus de 10 ans.
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Madagascar Paroles de partenaire, Nivo, médecin à Madagascar "C'était un jeune homme de 23 ans, épileptique. Au cours d'une de ses crises, il est tombé dans le feu de la cuisine chez lui. Il avait toute la face brûlée, sa bouche n'arrivait pas à se fermer, les cicatrices tiraient affreusement ses yeux. Il cachait constamment son visage pour éviter le regard et les moqueries des autres. Il avait déjà été opéré deux fois, mais son visage portait encore des séquelles disgracieuses. Il est allé se présenter à la télévision pour demander de l'aide. C'est là que je l'ai vu et j'ai pris contact avec lui. Il souhaitait qu'on améliore son aspect physique. Il a été opéré deux fois par les missions de l'Opération Sourire. Aujourd'hui, il est guéri, sa bouche et ses yeux sont de nouveau fonctionnels. Il ne se cache plus, il est libre. On l'a aidé et c'est gravé dans sa mémoire. Nous avons vraiment notre place dans son cœur. "
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L'Opération Sourire intervient à Madagascar depuis janvier 2005. Ces missions se déroulent dans le service de chirurgie pédiatrique, au sein du centre hospitalier universitaire, l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona, à Tananarive. L'action vise la prise en charge des pathologies et la formation des professionnels locaux sur les deux domaines suivants : - La chirurgie réparatrice pour les patients ayant une malformation congénitale ou des séquelles de brûlure handicapantes, - La chirurgie viscérale pédiatrique pour les patients atteints de malformation congénitale viscérale handicapante. La mission Opération Sourire s'appuie sur le bureau de la mission MdM long terme à Madagascar, son équipe et, en particulier, sur un médecin qui assure la préparation et le suivi des missions. En 2006, une mission de chirurgie réparatrice et une mission de chirurgie viscérale ont pu être mises en place. Ainsi, 30 patients ont été opérés en chirurgie réparatrice et 14 enfants en chirurgie viscérale. Par ailleurs, 5 enfants souffrant de pathologies viscérales non traitables à Madagascar ont pu bénéficier d'évacuations sanitaires à la Réunion afin d'y être opérés. En parallèle, la formation par compagnonnage a été assurée de façon pratique et s'est accompagnée d'une conférence théorique sur les célosomies, ouverte aux praticiens extérieurs à l'HJRA. Au total, 137 patients ont été opérés à Madagascar depuis le début du projet Opération Sourire. Une mission exploratoire a été menée à Diego Suarez les 25 et 26 octobre 2006 dans le but d'évaluer la possibilité de faire bénéficier les patients des provinces des activités du projet . Elle a conclu à la possibilité de développer une mission à l'hôpital de Diego. Pour 2007, L'Opération assurera deux missions de chirurgie réparatrice et deux missions de chirurgie pédiatrique viscérale. Par ailleurs, après confirmation des besoins sur la zone de Diego Suarez, une nouvelle mission pourrait voir le jour.
OPÉRATION SOURIRE - RAPPORT D’ACTIVITÉ 2006
III. Les missions
Mali L'Opération Sourire s’est développée au Mali en 1989. Cette mission se distingue par son activité centrée sur la formation en chirurgie réparatrice, plastique et orthopédique, en particulier sur les prothèses de hanche. Celle-ci s'organise deux fois par an à Bamako dans les hôpitaux Gabriel Touré et du Point G, ainsi qu'à l'hôpital de Kati. En 2006, l’Opération Sourire a réalisé une mission en octobre. A cette occasion, 23 patients ont été opérés et la formation de 7 professionnels locaux s'est poursuivie. Le suivi des patients est assuré par les praticiens maliens référents. La mission a pris un tournant cette année avec la participation du gouvernement malien dans le programme de chirurgie orthopédique. A terme, la formation des traumatologues à cette chirurgie devrait aboutir à une activité pérenne. Pour 2007, l'Opération Sourire poursuivra son activité avec deux missions longues de formation orthopédique associées à une mission plus courte de chirurgie plastique. La présence d'une infirmière est également prévue afin d'élargir la formation aux équipes infirmières locales.
“ Il y a de la musique partout à Faladié, quartier périphérique de la capitale malienne, des jeunes filles qui dansent, des familles sous les manguiers. Un bonheur de vivre qu'avait perdu Mamadou Coulibaly dont la vie a basculé il y a 7 ans. A 40 ans, ce chef de famille dynamique se retrouve lourdement handicapé. Incapable d'exercer sa profession, il est licencié. Pendant deux ans, il se traîne sur des béquilles, s'informe, découvre qu'il peut être guéri par la pose d'une prothèse au Maroc mais c'était une somme impossible à trouver. " Enfin, à force de frapper aux portes, il entend parler de l'action de Médecins du Monde et de la possibilité d'être opéré à Bamako. " Je suis le premier malade à avoir été opéré des deux hanches. " Avec succès: il faut une observation attentive pour déceler la légère boîterie qui subsiste. Mamadou Coulibaly a voulu éviter ce parcours du combattant à d'autres en créant l'Association pour le soutien des personnes affectées par l'arthrose au Mali (Aspaam) qu'il préside.
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Mongolie Carnet de voyage de Frédéric Turro, photographe bénévole “2ème jour. Nous ne sommes pas encore vraiment remis du voyage de la veille, mais ça ira. Le RDV est à 9h devant l'hosto: dés que l'équipe arrive c'est direction l'étage pour se changer et opérer. Le bistouri électrique au look rétro marche quand il a le temps et pour l'éclairage il faut éviter d'effleurer les rallonges électriques si l'on ne veut pas tout éteindre; quant au respirateur il n'y en a pas et c'est un ballon qu'il faut manipuler... pas génial comme conditions pour bosser, mais Mongoles ou Français tout le monde s'en arrange avec bonne humeur. Sur les 5 opérations prévues, une me marque, Anton un Russe de 15 ans avec une infection qui l’a rongé jusqu'au tibia. C'est chaud mais ça se passe bien et il va garder sa jambe. Ce gosse est impressionnant, il est conscient pendant l'opération mais pas un mot, pas un cri, juste une larme qui coule parfois et qu'il se dépêche d'essuyer. Je suis content pour lui, il pourra marcher et c'est génial ! La journée a été longue, l'équipe finit d'opérer vers 21h "
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La mission Opération Sourire a démarré en Mongolie en 2000. Cette mission, organisée au sein de l'hôpital des brûlés à Oulan Bator, vise plus spécifiquement depuis 2003 la prise en charge des séquelles de brûlures. La mission combine des interventions chirurgicales spécialisées sur les séquelles de brûlures et une formation théorique et pratique (incluant les aspects rééducation) adaptée à l'équipe médicale locale. En 2006, l'organisation de trois missions a permis la prise en charge de 58 patients. L'équipe locale en formation est constituée de 6 chirurgiens seniors, 6 à 8 résidents, 1 anesthésiste, 2 médecins rééducateurs, 5 kinésithérapeutes. Par ailleurs, une mission d'observation et d'évaluation a été menée à l'hôpital de Choir en Juin 2006, mains ne donnera pas lieu à l'ouverture d'un nouveau site d'intervention. Pour 2007, l'Opération Sourire prévoit d'augmenter à quatre le nombre de missions. Par ailleurs, la formation des équipes médicales et paramédicales se poursuivra, tant sur le plan pratique que théorique. L'amélioration de l'équipement et le développement des structures de soins (bloc opératoire, services, salles de soins, accueil des urgences, salles de réanimation et de déchoquage) seront étudiés.
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III. Les missions
Niger La mission est née en 1993, suite à un appel de l'OMS sur la prise en charge des séquelles du noma. Depuis, la plupart des missions se sont organisées, deux fois par an, à Niamey, au sein de l'hôpital national.
Extraits du carnet de voyages de la mission de novembre 2006, Robert Roux et Marie Martineau
La mission Opération Sourire au Niger vise en premier lieu la prise en charge du noma.
" Jeudi 30 novembre 2006, l'heure est à la réfection des pansements. Nous traversons 'la cour des consultations'. Quelle émotion que de voir Mr Servant prendre le temps de jouer avec les enfants présents et d'entendre les éclats de rires diffus ! Passée la porte du pavillon des grands brûlés, l'atmosphère est toute autre. Défaire les pansements est une épreuve pour tout le monde (manque de moyens toujours). Nous assistons impuissants à la douleur d'un enfant de 8 ans opéré d'un lambeau très important. Ses larmes ne sont sans doute pas à la hauteur de sa souffrance. Celuici aura cependant la force d'accompagner les mouvements nécessaires à sa guérison. Et puis le bloc toujours, mais ici rien ne pèse sauf, bien sûr, la sensation d'être insuffisant dans notre action. Les besoins sont immenses et nous sommes parfois très petits…"
En 2006, 50 patients ont été opérés, ce qui porte à 600 le nombre de patients opérés depuis le début de l'Opération Sourire au Niger. Le chirurgien nigérien formé par l'Opération Sourire, en relais à l'hôpital Saint-Louis, assure la préparation et le suivi de la mission. Par ailleurs, c’est notre partenaire, Sentinelles, qui gère le recrutement des patients atteints de noma, notamment à Zinder, leur transport jusqu’à Niamey, leur accompagnement post-opératoire immédiat et à distance jusqu'à la réinsertion dans leur milieu familial. En 2007, l’Opération Sourire mènera deux missions à Niamey. La création d’un centre de chirurgie de référence sera étudié.
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Pakistan Extraits du récit de vie des missions de Gérard Mahieu, anesthésiste
Suite à une mission exploratoire réalisée en mai 2005, une nouvelle mission Opération Sourire a vu le jour en octobre 2005 au Pakistan.
" … J'ai toujours un stress deux ou trois jours avant le départ. Là-bas, je suis au quotidien face à des situations qui m'obligent à garder une faculté d'adaptation. En France, chaque geste est standardisé. Là-bas il n'y a pas de respirateur et tout est sous clé. Alors si je suis face à un problème aigu, il me faudra d'abord trouver la clé. On est toujours sur la corde raide. .. ….Au quotidien, on se confronte aussi au problème de la langue étrangère. Au Pakistan, par exemple, on parle anglais avec les équipes soignantes locales, mais les Pakistanais qui parlent anglais sont peu nombreux, c'est l'élite du pays. Alors, nos relations avec la plupart des patients se limitent à des contacts visuels et cutanés. Ils sont contents qu'on les opère. Le merci, on l'a par le sourire, le regard, pour moi c'est suffisant..."
Cette mission vise en priorité à prendre en charge les séquelles de brûlures à l'acide des femmes victimes de violence. En effet, la mission longterme de MdM est impliquée depuis plusieurs années dans l'aide aux femmes pakistanaises victimes de violences conjugales (travail en relation avec le gouvernement pakistanais dans des refuges spécifiques aidant et protégeant ces femmes). Plusieurs opérations en chirurgie réparatrice sont nécessaires pour permettre aux femmes brûlées de retrouver certaines fonctionnalités ainsi qu'une mobilité physique.
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La mission Opération Sourire se déroule au sein de l'hôpital FPAP à Islamabad, structure semi-privée (" charity hospital "), à forte orientation mère-enfant. En 2006, la réalisation de deux missions a permis 33 opérations. La formation locale s'est mise en place par compagnonnage avec un chirurgien local référent. Les missions sont organisées en coordination avec différents partenaires locaux, notamment l'hôpital FPAP et l'association Depilex Smile Again, qui se chargent du recrutement et de suivi des patientes. Les axes d'intervention ciblés pour l'Opération Sourire en 2007 sont : - le renforcement de la formation d'une équipe locale, - le développement d'un secteur permettant les soins postopératoires des patients ; soins infirmiers, rééducation, fondamentaux pour les séquelles de brûlures. - l'étude de nouvelles possibilités pour opérer plus facilement (une seule salle d'intervention, peu de lits disponibles dans le service d'hospitalisation), soit en finançant une " extension " du bloc, soit en trouvant une autre structure d'accueil.
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III. Les missions
Rwanda L'Opération Sourire fonctionne au Rwanda depuis 1995 sur la base de 2 missions de 15 jours par an. Ces missions sont organisées au sein du CHU de Kigali. En 2006, une mission de 15 jours a pu être organisée, permettant à 45 patients d'être opérés. L'axe formation de la mission se développe très bien sur le volet de l'anesthésie; la formation de chirurgiens s'avèrant pour l'instant plus complexe. Pour 2007, les besoins de la population justifient la poursuite de 2 missions annuelles, que les équipes japonaises assureront. Parallèlement à l'activité opératoire, une réflexion sera menée sur la formation des équipes locales, ainsi que sur le recrutement des patients.
Paroles de bénévoles, Paulette, infirmière retraitée " En mission, j'aide les chirurgiens, je veille à ce qu'ils aient tout ce dont ils ont besoin. Maintenant, je ne fais plus d'instrumentation mais je gère pour ne pas perdre de temps. J'espère être utile et je me fais plaisir. Ca m'apporte beaucoup… Mes petits-enfants savent ce que je fais, cela les touche et d'ailleurs ils aimeraient que je passe à la télévision. Quand je suis partie au Rwanda, pour la seconde fois, une de mes petites filles m'avait fabriqué des bateaux en papier pour que je les donne aux enfants de l'orphelinat d'à côté. Ce que j'ai fait, d'ailleurs. Depuis, pour les missions Opération Sourire, comme on opère beaucoup d'enfants, j'emporte toujours des jouets…."
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Paroles de bénévole, François, chirurgien et responsable de l'Opération Sourire " Etre à l'origine de l'Opération Sourire est la chose la plus importante de ma vie. Notre action est totalement bénévole et donc limitée. La chirurgie réparatrice est une chirurgie qui n'est pas très chère et réalisable de façon peu sophistiquée. J'aimerais, suite à nos missions en Afrique, ouvrir des centres de formation et l'on pourrait faire venir des étudiants, donner des cours, faire circuler notre enseignement dans les pays voisins Bénin, Niger, Tchad, Mali. Mais cela nécessite qu'il y ait 6 ou 7 missions dans l'année. Pour moi, l’Opération Sourire, c'est aussi du développement et de la coopération. "
Quels sont les projets de l'Opération Sourire pour 2007 ? Dans quels pays l'Opération sourire sera-t-elle présente en 2007 ? Les missions seront poursuivies dans les 10 pays d'intervention ciblés en 2006 : Bénin, Cambodge, Erythrée, Ethiopie, Madagascar, Mali, Mongolie, Niger, Pakistan et Rwanda. Par ailleurs, une équipe devrait se rendre au Tchad où les missions de l'Opération Sourire n'ont pu être organisées depuis 2 ans. Une nouvelle mission de l'Opération Sourire devrait également se mettre en place au Laos, selon les modalités définies lors de la mission exploratoire de 2006. Qui seront les bénéficiaires de l'Opération Sourire en 2007 ? L'Opération Sourire prévoit de réaliser 30 missions dans l'année. L'ensemble de ces missions devrait bénéficier à près de 900 patients qui seront opérés de fentes, d'autres malformations congénitales, de séquelles de brûlures, de méningocèles, de tumeurs, etc. L'intervention de l'Opération Sourire s’orientera également vers les professionnels de la santé locaux formés au cours des missions. Qu'apporte la formation des professionnels locaux à l'action menée par l'Opération Sourire ? L'Opération Sourire peut mesurer l'impact de la formation qu'elle a menée en constatant que quelques chirurgiens formés par ses soins exercent aujourd'hui. En 2007, de nouveaux chirurgiens locaux seront appelés à prendre en charge directement des pathologies ciblées à l'issue de leur formation. A terme, la formation des professionnels locaux permettra de pérenniser l'action de l'Opération Sourire et d'augmenter la capacité de prise en charge des pathologies localement. Que deviennent les patients après l'opération ? Les patients opérés par l'Opération Sourire sont accompagnés par les partenaires locaux qui facilitent leur réhabilitation et leur réintégration sociale. L'Opération Sourire peut ainsi mesurer le chemin parcouru vers de nouveaux sourires. Comment seront menées ces actions en 2007 ? L'Opération Sourire s'appuiera comme chaque année sur les équipes de professionnels de la santé allemandes, françaises et japonaises qui cumuleront sur l'année 2007 plus de 2000 jours de bénévolat. La prise en charge des frais de déplacement, d'hébergement, d'équipement et de matériel font l'objet d'une recherche de financement auprès des partenaires de l'Opération Sourire. COORDINATION : AXELLE SEGARD - CRÉDITS PHOTOS : ISABELLE ESHRAGHI, CATHERINE HENRIETTE, FRÉDÉRIC TURRO - RÉDACTION : PIA DOISZ, JOSIANE GUÉGUEN, MARIE MARTINEAU, ROBERT ROUX, AXELLE SEGARD, FRÉDÉRIC TURRO - MAQUETTE : JULIETTE DEMEESTERRE ONT COLLABORÉ : FRANÇOIS FOUSSADIER (RESPONSABLE MISSION) ODETTE GIROUX, HÉLÈNE VALLS, AURORE VOET - IMPRESSION : L’ARTÉSIENNE - EDITION MARS 2007 22