La Mission France de Médecins du Monde

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LA MISSION

FRANCE

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© Benoît Guénot

UN ACCÈS AUX SOINS POUR LES PLUS VULNÉRABLES [ En France, l’accès aux soins des personnes défavorisées est de plus en plus difficile. Depuis 1986, Médecins du Monde met en place des solutions adaptées pour ces publics : 21 centres de soins offrant un accueil médico-social mais aussi actions mobiles destinées à aller à la rencontre des personnes les plus exclues sur leurs lieux de vie. MdM agit partout en France au travers d’un réseau de 15 délégations régionales. ]

QUELQUES DATES-CLÉS 1987 / Premier centre de dépistage VIH anonyme et gratuit en France.

2006 / Publication de l’enquête sur les refus de soins, réalisée auprès de 725 médecins généralistes en France « Je ne m’occupe pas de ces patients ».

1989 / Premier programme d'échange de seringues en France, à Paris.

2007 / Implantation du programme d’accès aux soins à Mayotte.

1992 / Première mission Roms Tsiganes.

2008 / La mission Parrainage des enfants hospitalisés fête ses 20 ans.

1986 / Premier centre d'accueil, de soins et d'orientation à Paris.

1998 / Premier bus méthadone à Paris. 2000 / Première mission prostitution à Nantes, le Funambus. 2002 / Publication des 12 propositions de MdM pour l’accès aux soins pour tous en France.

2010 / Ouverture d’un programme innovant d’éducation aux risques liés à l’injection (ERLI) en Ile-de-France. 2013 / Projet d’ouverture d’une salle de consommation à moindre risques, en lien avec l’association Gaïa Paris. Ouverture du projet accès aux soins et précarité en zone rurale en Auvergne.

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EN CHIFFRES* 98 20 1 63

programmes dans 30 villes centres d’accueil, de soins et d’orientation recevant près de 31 000 patients ont assuré 45 000 consultations médicales et enregistré 18 000 consultations sociales. centre de soins pédiatriques à Mayotte a assuré plus de 3000 consultations médicales. actions mobiles de proximité (campements roms, squats, raves, maraudes auprès des SDF) ont comptabilisé plus de 30 000 contacts

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programmes auprès des personnes proposant des services sexuels tarifés ont comptabilisé 18 000 contacts

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programmes de réduction des risques ont comptabilisé plus de 13 000 contacts

1971 bénévoles et 69 salariés

L’Observatoire de l’accès aux soins En 2000, MdM crée l’observatoire de l’accès aux soins. Depuis, chaque année MdM publie un rapport présentant l’état des lieux en matière de santé des plus précaires en France. Depuis 2008, l’activité globale exprimée en nombre de passages a augmenté de 16 % et la file active de près de 24 %. L’évolution de l’activité médicale est de la même ampleur avec une hausse du nombre de patients de 33 % et du nombre de consultations de 23 %. Au total, l’activité médicale (médecins et dentistes confondus) a augmenté de près de 17 % depuis 2008. La part des mineurs continue d’augmenter avec une hausse de plus de 69 % depuis 2007. En 2012, ils représentent 12,5% des consultants dans les CASO.

*Au 31 décembre 2012

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TRISTE ÉTAT DES LIEUX DE L’ACCÈS AUX SOINS EN FRANCE [ L’effritement progressif de certains mécanismes de protection sociale, accentué par le contexte de crise économique mondiale et l’existence de politiques inadaptées, voire parfois violentes envers des personnes en situation de vulnérabilité, entraîne une hausse des inégalités sociales et territoriales de santé. Bénéficier de soins semble de plus en plus difficile dès lors que l’on a des moyens financiers limités, que l’on soit français ou pas. ] Les équipes de Médecins du Monde en France constatent au quotidien les effets délétères de l’effritement des mécanismes de protection sociale sur la santé des personnes et les enjeux de santé publique. En effet, les 20 Centres d’accueil, de soins et d’orientations (Caso) de Médecins du Monde ne désemplissent pas. Bien au contraire, l’activité de ces structures ne cesse d’augmenter depuis ces dernières années : depuis 2008, l’activité globale exprimée en nombre de passages a augmenté de 16 % et la file active de près de 24 %. L’évolution de l’activité médicale est de la même ampleur avec une hausse du nombre de patients de 33 % et du nombre de consultations de 23 %. Au total, l’activité médicale (médecins et dentistes confondus) a augmenté de près de 17 % depuis 2008. Les personnes accueillies connaissent des conditions de vie particulièrement précaires : 99 % vivent au-dessous du seuil de pauvreté et la plupart connaissent des difficultés de logement majeures (près de la moitié d’entre elles vivent dans un logement précaire et un quart sont hébergées par un organisme, une association ou sont sans-domicile). Pour de multiples raisons (méconnaissance des droits, complexité administrative, barrière linguistique, critère de résidence ou encore difficultés financières…), ces populations précaires accèdent de plus en plus difficilement au système de soins. En conséquence, plus d’un tiers des patients consultent tardivement, selon les médecins des Caso, alors même que dans 4 consultations sur 10 le besoin de prise en charge des patients s’inscrit dans la durée (≥ 6 mois) et plus d’un patient sur

10 présente une pathologie à potentiel de gravité (telle que l’hypertension artérielle, le diabète, l’asthme, l’épilepsie, un cancer ou une psychose)1. Au regard de l’augmentation constante du reste à charge laissé par l’assurance maladie (franchises médicales, déremboursement de certains médicaments, augmentation du forfait hospitalier…) bénéficier d’une complémentaire devient ainsi déterminant pour les populations les plus précaires.

Les étrangers représentent la grande majorité des patients accueillis par Médecins du Monde. Ils font toujours face à des stratégies répressives, qui visent à dissuader ceux qui sont en situation administrative précaire de rester sur le territoire français, quitte à mettre en danger leur vie et à stigmatiser davantage certaines communautés. Les migrants en transit sur le littoral du Nord-Pas-de-Calais, les populations en situation irrégulière à Mayotte ou encore les populations marginalisées que sont les personnes proposant des services sexuels tarifés subissent des pressions importantes. Ce climat aggrave leurs conditions de vie, les éloigne du système de soins (conduisant bien souvent à des ruptures de traitement et/ou des renoncements aux soins) et entrave par la même occasion le travail de prévention, de réduction des risques, d’accès aux droits et aux soins mené auprès de ces publics. Dans un contexte d’alternance politique, les associations ont noté en 2012 des signes en faveur d’un changement d’approche de la précarité et une volonté de reprise du dialogue et de la concertation. Le droit de timbre à l’Aide médicale d’Etat (AME) a été levé ainsi que certaines mesures transitoires pour les ressortissants roumains et bulgares. Cependant, au regard des pressions exercées sur la minorité Rom et des obstacles persistants à l’amélioration de leurs conditions de vie, Médecins du Monde reste particulièrement vigilant concernant le respect des engagements pris au cours de la dernière campagne électorale. Des mesures de solidarité exceptionnelles sont nécessaires aujourd’hui pour répondre à la crise économique et à ses conséquences pour les publics les plus précaires. Par ailleurs, le droit au séjour

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des étrangers malades doit être respecté, la loi abrogeant le délit de racolage public doit être promulguée en urgence et des réponses efficaces doivent être apportées, notamment en autorisant l’ouverture expérimentale de salles de consommation à moindre risque, pour limiter l’épidémie d’hépatite C chez les usagers de drogues par voie intraveineuse. La conférence nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion de décembre 2012 a abouti à un plan quinquennal qui contribue, entres autres, à une amélioration de l’accessibilité financière aux soins de santé et aux dispositifs d’accès aux soins comme les Permanences d’accès aux soins de santé (Pass). MdM regrette cependant l’absence de mesures concrètes en faveur de l’AME et sa fusion souhaitée avec la Couverture maladie universelle (CMU) ainsi que l’absence de politique claire sur l’accompagnement des personnes vers des solutions de logement pérenne. En tant qu’acteur sanitaire et social, Médecins du Monde va suivre la mise en place des mesures annoncées et souligne l’importance de poursuivre le travail de concertation réalisé entre associations et institutions au cours de cette conférence.

Colombes

La Plaine-Saint-Denis

Saint-Denis

Le respect des principes de santé publique et des droits fondamentaux doit être au cœur de nos politiques publiques pour favoriser un meilleur accès possible aux soins pour tous. ■ Médecins du Monde, « Observatoire de l’accès aux soins de la mission France-rapport 2011 », 2012,216 pages.

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ALLER VERS

LES SANS-ABRI & LES MAL-LOGÉS [ Le logement est un droit fondamental, pourtant en France on compte aujourd’hui plus de 3,6 millions de personnes non ou mal-logées. Près des trois quarts des patients rencontrés par MdM sont sans-abri ou vivent dans des logements précaires. ]

“ PATRICK Toulouse

Ça fait 10 ans que je suis à la rue. J’ai 52 ans, c’est pas vieux. Je suis en bonne santé, mais dans la tête, je suis fatigué. Si je me suis retrouvé à la rue, c’est qu’il y a eu une cassure. Ce que je suis en train de vivre, c’est pas une vie. Je ne vis pas, je survis. »

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© Benoit Guenot

SANS DOMICILE FIXE

Depuis 1983, des équipes mobiles de MdM vont à la rencontre des personnes vivant dans la rue ou dans des abris de fortune. Souvent fragiles et désocialisées, ces personnes ont du mal à s’adresser spontanément aux structures de droit commun. MdM assure des consultations médico-sociales dans la rue, dans les centres d’hébergement d’urgence, et en partenariat avec d'autres associations. À partir de sa mobilisation sur le terrain, l’association témoigne des conséquences néfastes sur la santé du non ou mal-logement : épuisement, stress, mauvaise alimentation, difficultés face à l’hygiène, difficultés d’observance de traitements, problèmes d’addictions ou de santé mentale.

SANTÉ MENTALE DANS LA RUE

32 % des personnes sans-abri sont atteintes de troubles psychiatriques sévères. La plupart n’ont pas accès à des soins effectifs et décèdent prématurément. Face à l’impasse dans laquelle se trouvent les patients psychotiques vivant à la rue, MdM continue d’aborder les questions de la santé mentale et de la précarité, et met en place des programmes adaptés.

A travers eux, MdM promeut l’innovation et la mise en place de dispositifs adaptés pour améliorer la prise en charge de la souffrance psychique et des troubles psychiatriques pour les personnes en errance. Après un partenariat avec l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille de 2007 à 2011 qui a abouti à la mise en place d’une équipe hospitalière mobile, MdM souhaite développer des programmes visant l’évitement à l’incarcération des personnes en grande précarité et avec des troubles psychiatriques à la rue.

SANTÉ LOGEMENT

Le saturnisme est une intoxication liée à l’ingestion de plomb entraînant des séquelles irréversibles sur le système nerveux central. Depuis plus de 15 ans, MdM a initié des missions visant à repérer et à protéger les enfants victimes d’intoxication au plomb. Le travail associatif a abouti au vote d’une loi permettant de protéger les enfants et faire reconnaître la lutte conte le saturnisme comme une priorité de santé publique. MdM a étendu cette mission à l’ensemble des pathologies liées à l’habitat dégradé et insalubre entrainées par l’humidité, les moisissures, les peintures écaillées, ou encore la présence de nuisibles.

MISSION SQUATS

Dans les squats, se regroupent des personnes qui, du fait de vulnérabilités diverses (accumulations de traumatismes personnels et familiaux, contentieux juridiques et administratifs), partagent souvent une invisibilité sociale et des résistances à aller vers les dispositifs sociaux et sanitaires de droit commun. L’état de santé des personnes qui vivent dans ces habitats précaires est préoccupant : morbidité importante, pathologies particulières et surreprésentées par rapport à la population générale (infections respiratoires, problèmes dermatologiques, traumatismes, …). Les problèmes de santé mentale et d’addictions sont aussi très visibles au sein de ces populations. Médecins du Monde propose donc des interventions médico-psycho-sociales dans les squats. L’objectif est de réduire les risques socio-sanitaires des personnes vivant dans les lieux non prévus pour l’habitat, de leur permettre d’accéder aux soins, aux droits et à la réduction des risques. ■

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© Elisabeth Rull

VENIR EN AIDE

AUX ÉTRANGERS PRÉCAIRES & AUX DEMANDEURS D’ASILE [ Contrairement aux idées reçues, les étrangers ne viennent pas en France pour se faire soigner, les facteurs de migration sont avant tout économiques, sociaux ou politiques. 92 % des personnes ne savent pas si elles sont malades lors de leur arrivée sur le territoire français. On observe par ailleurs un retard d’accès aux soins chez 22 % des patients étrangers reçus par MdM. ]

MIGRANTS NORD LITTORAL Depuis la fermeture du centre d’hébergement de Sangatte en novembre 2002, MdM mène un programme de santé auprès des migrants dans la région de Dunkerque et Calais, et assure des consultations médicales, de l’accompagnement vers le système de santé, mais aussi du soutien logistique d’urgence en distribuant du matériel de survie : jerricans, tentes, matériel d’hygiène, couvertures.... Particulièrement vulnérables, les migrants vivent dans des conditions sanitaires insalubres : abris précaires, accès à l’eau et à l’hygiène difficile, absence de gestion des déchets et des excréments.... Dans le Dunkerquois, cette situation a conduit MdM à construire des abris pour ces personnes, ainsi que des latrines et des douches, afin de faire face à cette mise en danger. Des équipes médicales proposent également des consultations à ces personnes. La majorité des pathologies rencontrées sont directement liées à ces conditions de vie très précaires : maladies dermatologiques, ORL, ostéo-articulaires, digestives, traumatologiques et dentaires, problèmes liés à une grande souffrance psychique (dépressions, angoisses et apathies). A Calais, les migrants subissent une pression constante des autorités et de la police et ne peuvent que difficilement trouver un abri où se poser. Fragilisés, précarisés, ils sont très éloignés du système de santé. MdM les accompagne vers le système de droit commun et témoigne des entraves aux droits fondamentaux et de leurs conditions de vie alarmantes.

MAYOTTE

A Mayotte, la politique liée à l’immigration se concrétise par des expulsions massives. Conséquence sur la santé : le renforcement des contrôles aux frontières et la peur des arrestations engendrent très souvent un renoncement aux soins. De plus, depuis la mise en place d’un système spécifique de protection sociale en 2005 avec l’instauration d’un forfait payant pour les non affiliés, sans CMU, CMU-C ni AME, une part importante des habitants de Mayotte n’a plus accès aux soins. Face aux difficultés d’accès aux soins dont les enfants sont les premières victimes, MdM a ouvert en 2009 un centre de soins pédiatriques au cœur du bidonville de Koungou au nord de l’île, et une clinique mobile en 2012. Le centre de soins et l’unité mobile assurent des consultations médicales et sociales, la distribution de médicaments, la planification de vaccinations. Le personnel médical mène aussi des actions de prévention et de dépistage notamment en matière de malnutrition. Au-delà du soin, MdM poursuit ses actions afin de garantir un accès aux droits à ces enfants. Début 2011, le Tribunal des affaires de sécurité sociale de Mayotte (TASS), a donné raison à MdM en reconnaissant le droit à l’affiliation directe d’un mineur à une caisse de sécurité sociale, avancée considérable pour le respect du droit à la santé de l’enfant. Une ordonnance de 2012 stipule la gratuité des soins pour les enfants et les femmes enceintes, mais n’est absolument pas appliquée à ce jour. MdM œuvre activement pour son application.

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© Elisabeth Rull

VALÉRIE Médecin au Caso de Lyon

CENTRE D’ACCUEIL, DE SOINS ET D’ORIENTATION La quasi-totalité des patients reçus par MdM vit en-dessous du seuil de pauvreté. 77 % des personnes reçues en 2012 relevaient d’un dispositif de couverture maladie mais seule une minorité, 12 %, avaient des droits effectivement ouverts. Les Centres d’accueil de soins et d’orientation (Caso) mobilisent des équipes pluridisciplinaires : médecins, infirmières, travailleurs sociaux, psychologues. Cet accueil médicosocial est souvent le premier lieu fréquenté par les personnes en situation d’exclusion qui ne connaissent pas leurs droits à une couverture maladie et le fonctionnement du système de soins. ■

Mademoiselle Y est une guinéenne de 17 ans qui est arrivée, en France depuis l’âge de 14 ans. En vue de faire des études, elle a suivi son oncle à Lyon. Cette jeune fille a été séquestrée pendant 3 ans, n’est jamais allée à l’école, a été victime d’un esclavage moderne (lever 5h, coucher tardif, dormant par terre dans la cuisine, devant effectuer toutes les tâches ménagères, ne mangeant pas tous les jours à sa faim). Elle a été par ailleurs victime de violences physiques, psychologiques (elle téléphonait une fois par mois à sa mère au pays, en présence de son oncle et devait dire que tout allait bien). C’est une tentative de viol de la part de son oncle qui la pousse à tout tenter pour s’enfuir. Elle est alors aidée par un ami de la famille à qui elle pense pouvoir faire confiance. Lui-même en situation irrégulière ne peut l’héberger que quelques jours. Mineure à la rue elle trouve de l’aide auprès du Conseil Général. Elle est logée à l’hôtel. Nous la voyons en consultation, adressée par son éducateur pour manque d’appétit. Elle fait à peine 50kg pour 170 cm, et ne peut s’alimenter que de thé et de fruits. Nous lui proposons un suivi au Caso, un programme de réalimentation et un suivi psychologique qu’elle accepte. »

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© Steven Wassenar

LUTTER CONTRE LA STIGMATISATION DES ROMS

[ Pourtant ressortissants de l’Union Européenne, les Roms sont aujourd’hui considérés comme des citoyens de seconde zone en France. Ils subissent des expulsions répétées, des refus de soins et vivent le plus souvent dans des conditions de vie indignes. La peur et la pression se sont encore plus accrues depuis quelques années sur ces populations. Cette situation a des effets graves sur leur santé, le suivi des pathologies, l’accès aux soins des femmes enceintes et des enfants en particulier. ] En 2012, les expulsions massives de familles roms, rendues plus visibles depuis 2010 et la position répressive du gouvernement à cette époque, se sont poursuivies, avec une peur exacerbée pour cette population, alimentée par des intimidations répétées et des procédures administratives de renvoi irrégulières. Malgré des initiatives gouvernementales pour mieux encadrer ces démantèlements (circulaire du 26.08.2012), les expulsions sans propositions de relogement continuent et conduisent à des ruptures de traitement pour des patients atteints de maladies chroniques telle que la tuberculose, et de vaccinations d’enfants contre la rougeole, alors que l’épidémie est de retour en France et en Europe.

Médecins du Monde intervient depuis 1992 auprès des Roms, vivant en bidonvilles et en squats, dans les terrains en périphérie des villes de Bordeaux, Grenoble, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Strasbourg, Toulouse ainsi qu'en Seine-Saint-Denis.

Moins d’un enfant sur cinq est couvert par l’assurance maladie, et à peine un sur quatre est à jour dans ses vaccinations. MdM assure donc une veille sanitaire (consultations médicales, consultations pédiatriques, vaccinations, suivi péri natal, etc.) et oriente les familles pour une prise en charge dans le système de droit commun. MdM appuie aussi la facilitation de la scolarisation des enfants et effectue des démarches auprès des communes pour améliorer les conditions d’hygiène sur les terrains et pour trouver des solutions de logements adaptés et pérennes. ■

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“ SABINA

Je suis arrivée en France, depuis la Roumanie, en 2010, avec ma mère, mon frère de 11 ans et ma petite sœur de 3 ans. On vit dans la rue depuis qu’on est arrivé. Un jour, on a vu le camion de Médecins du Monde près de la gare, des gens montaient pour se faire soigner et on nous a dit qu’on pouvait être soigné gratuitement. Ce sont les seuls médecins que nous avons vu depuis que nous sommes là. J’aimerais aussi qu’on nous aide à trouver un logement, surtout pour que j’aille à l’école, parce que les écoles refusent que nous nous inscrivions si nous n’avons pas d’adresse. »

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SANS JUGEMENT, SANS TABOU,

AUPRÈS DES PERSONNES PROPOSANT DES SERVICES SEXUELS TARIFÉS

“ IRÈNE

Coordinatrice de la mission prostitution à Nantes

Médecins du Monde ne doit pas se substituer au droit commun, mais être un relais entre celui-ci et les personnes. Pour cela, MdM essaie de favoriser au maximum les partenariats avec d’autres structures : centre de dépistage anonyme et gratuit, centre de lutte anti-tuberculose, permanence d’accès aux soins de santé, centre de planification, centre de vaccination, etc. »

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© Boris Svartzman

[ A force de mobilisation, en mars 2013, le Sénat a adopté une proposition de loi visant à abroger le délit de racolage public. En attendant la promulgation de cette loi, il demeure toujours un délit. Les personnes proposant des services sexuels tarifés doivent toujours se cacher pour être moins visibles. Plus vulnérables, elles s'éloignent des structures médicosociales. ]

Les travailleuses/rs du sexe sont confronté(e)s de manière manifeste à de multiples formes de violences physiques, sexuelles et morales, le délit de racolage public (punissable de 3750 € d’amende et d’une peine de prison de 2 mois) aggravant leur situation. En mars 2013, à l’occasion des 10 ans de la loi de sécurité intérieure (LSI), de nombreuses personnes proposant des services sexuels tarifés et associations, dont MdM, se sont fortement mobilisées pour demander l’abrogation du délit de racolage public.

Depuis 1999, MdM intervient auprès de ces personnes dans cinq villes de France : Montpellier, Nantes, Paris, Poitiers et Rouen.

Se rendre sur les sites de prostitution et dialoguer avec les personnes permet d’instaurer, au fil du temps, une relation de confiance favorable aux démarches médicales et sociales. Ainsi des équipes mobiles assurent des tournées nocturnes et diurnes sur les lieux de prostitution afin de mettre à disposition du matériel de prévention (préservatifs masculins, féminins, gels lubrifiants…) et d’offrir un espace d’écoute et d’information sur les risques liés aux infections sexuellement transmissibles, au VIH, aux hépatites et sur les droits des personnes. Deux équipes proposent également des permanences en lieu fixe afin d’effectuer un suivi plus individuel. Des accompagnements physiques permettent d’orienter les personnes vers les structures de droit commun et facilitent la communication lorsqu’elles ne parlent pas français. Convaincu que le transfert des actions sera d’autant plus réalisable dès lors que les communautés seront fortement mobilisées, Médecins du Monde soutient le recrutement de travailleurs pairs dans ses missions de réduction des risques. Elles participent ainsi à une meilleure approche du public et de leur problématique tout en permettant une valorisation de leurs compétences et expériences. C’est à l’occasion d’une mission exploratoire dans les bars à hôtesses de Nantes que MdM a recruté un travailleur pair. ■

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© Virginie de Galzain

PROPOSER DES SOLUTIONS INNOVANTES

AUX USAGERS DE DROGUES [ Les politiques quasi-exclusivement répressives menées vis-à-vis des usagers de drogues en France, ne permettent pas de répondre efficacement aux problèmes de santé qui touchent cette population. ]

MdM ne souscrit ni à l’usage de drogues ni à l’injection mais tente d’en réduire les méfaits lorsque ceux-ci ont lieu. Dans une approche pragmatique et de proximité, l’objectif est d’informer, sans juger, et d’accompagner les usagers de drogues pour limiter les risques.

Démarche de prévention, de soins, et d’instauration du dialogue, notamment avec les personnes les plus marginalisées, la réduction des risques s’attache à lutter contre la stigmatisation, à préférer le lien d’aide et de soins aux jugements moraux.

MdM mène depuis 1997 des actions de prévention et de réduction des risques (RdR) liés à l’usage de produits psycho-actifs. Dans les lieux ou espaces de rassemblement en milieu festif (free parties, raves, …), les équipes de MdM pratiquent les premiers soins, distribuent du matériel d’injection stérile, collectent le matériel souillé et assurent aussi l’information et l’analyse des produits consommés. Dans les squats, MdM intervient auprès des personnes en situation de vulnérabilité socio-sanitaire pour leur permettre un accès aux soins, aux droits et à la réduction des risques. Ces interventions, en partenariat avec les associations d’auto-support, favorisent le partage des connaissances et des compétences avec les personnes concernées renforçant ainsi l’action communautaire.

Le développement d’un programme d’Education aux risques liés à l’injection (Erli) initié en juillet 2010 se poursuit. MdM propose en effet aux usagers de drogues par voie intraveineuse des séances éducatives, théoriques et pratiques, centrées sur la santé afin notamment de réduire l’incidence de l’hépatite C.

ANALYSE DE DROGUES

Le contenu des drogues fait partie des préoccupations majeures des usagers. MdM tente de répondre à ces préoccupations par la mise en place d’un dispositif global d’analyses de drogues par chromatographie sur couche mince (CCM, spectrométrie de masse). Ce dispositif, coordonné par la mission XBT (xénobiotrope), constitue un outil de RdR unique en France. Innovant, les consultations individuelles, avant et après l’analyse du produit, sont basées sur l’approche pragmatique de la réduction des risques. Aujourd’hui, quatre équipes de MdM réalisent ces analyses en lieu fixe (Bayonne, Marseille et Paris) et en milieu festif (Bayonne, Marseille et Toulouse). MdM souhaite promouvoir l’émergence de l’analyse de drogues dans les structures de réduction des risques françaises. L’objectif étant de développer un réseau national d’analyse de drogues basé sur les structures de réduction des risques existantes.

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MARIE Coordinatrice du programme ERLI

(éducation des risques liés à l’injection)

Il ne s’agit pas d’organiser ni de souscrire à la consommation de drogues. L’objectif est de sensibiliser, aux pratiques à moindre risque, les usagers de drogue qui, pour un temps donné dans leur vie ne peuvent pas s’abstenir de s’injecter et prennent des risques pour leur santé à long terme.»

AUX POPULATIONS PRÉCAIRES EN MILIEU RURAL [ Les évolutions législatives, les contextes socioéconomiques… font apparaitre de nouvelles problématiques d’accès aux soins et aux droits amenant Médecins du Monde à mettre en place des projets innovants. ] Favoriser l’accès aux droits et aux soins des personnes en situation de précarité en milieu rural – Auvergne.

SALLE DE CONSOMMATION

Récemment, les nouvelles orientations politiques ont permis de remettre le débat sur les salles de consommation au cœur de l’actualité. En effet, suite à un diagnostic de faisabilité d’un tel dispositif, le gouvernement en a autorisé l’ouverture, à titre expérimental. A Paris, la salle de consommation à moindres risques et à visée éducative (SCMRE), est portée par l’association Gaïa Paris, en partenariat avec MdM. Ce projet s’articule autour de deux objectifs : ➜ Limiter les prises de risque lors des consommations de produits par les usagers en grande précarité sociale ; ➜ Réduire les nuisances associées à l’usage de drogues en milieu urbain. Une évaluation externe du projet permettra de mesurer son impact à la fois auprès des usagers mais aussi sur l’ensemble de l’espace public. ■

La précarité n’est plus une particularité des grandes villes. Aujourd’hui, ce phénomène prend plus d’ampleur en milieu rural et se manifeste par de nouvelles formes. L’accès aux soins des personnes précaires vivant en milieu rural se voit entravé par plusieurs facteurs tels que la mobilité des individus et l’accessibilité géographique, la rareté de l’offre médicale locale ou encore des difficultés d’ordre financier.

Médecins du Monde a ouvert une action innovante en Auvergne pour favoriser l’accès aux droits et aux soins des personnes en situation de précarité en milieu rural. Un réseau de santé et de coordination d’appui (Rescorda) a été créé avec pour objectif d’aider à la prise en charge médicale et sociale des personnes en situation de précarité. Cette action permettra également d’apporter un témoignage objectivé sur l’accès aux soins et aux droits des personnes précaires en milieu rural d’une part, et de proposer des pistes d’amélioration de leur prise en charge d’autre part. ■

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© Jérôme Sessini / Magnum Photos pour MdM

PRÉVENIR, DÉPISTER ET FACILITER L’ACCÈS AUX TRAITEMENTS

[ En France, les populations précaires et/ou migrantes sont vulnérables face aux pathologies infectieuses comme le VIH, les hépatites ou la tuberculose. Elles sont, pour la plupart, en grande difficulté d’accès à la prévention, au dépistage et aux soins. ]

Dès 2009, Médecins du Monde avait mis en place des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) du VIH en Guyane ; ce sont maintenant 7 programmes qui en déploient. Devançant l’autorisation légale de leur utilisation, les équipes de Bayonne et de Metz proposent aussi des TROD de l’hépatite C, couplés à ceux du VIH, dans une stratégie globale de réduction des risques. Onze Centres d’accueil, de soins et d’orientation ainsi que des missions mobiles auprès de personnes se prostituant, sans-abri, usagers de drogues, offrent quotidiennement des actions de prévention : entretiens individuels ou animations collectives, distribution de matériel (flyers, préservatifs...), proposition de dépistage. ■

Médecins du Monde propose des actions innovantes pour permettre aux personnes d’accéder à plus de prévention.

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© Sophie Brändström

PARRAINER LES ENFANTS HOSPITALISÉS

[ Créée en 1988, la Mission Parrainage accompagne chaque année plus d’une centaine d’enfants. ]

Hospitalisés pour des semaines voire des années ces enfants peuvent être isolés. Cependant, dans de nombreux cas, les parents sont présents mais confrontés à des difficultés sociales (famille mono-parentale, maitrise insuffisante de la langue, coût trop important des transports) qui les empêchent de gérer seuls l’hospitalisation de leur enfant.

Les enfants parrainés souffrent de pathologies graves. Ils viennent parfois de loin principalement des D.O.M.-C.O.M. (Antilles, Guyane, Réunion et Mayotte) et ne parlent pas toujours le français.

Médecins du Monde a mis en place en 1988 le premier parrainage à l’hôpital Necker-Enfants-Malades. Depuis, dans plusieurs hôpitaux d’Ile-de-France, de Guyane et de La Réunion, les bénévoles de la mission apporte aux enfants une présence et un soutien affectif qui les aide à préserver leur équilibre psychologique et à affronter la maladie. ■

Depuis plus de 20 ans, près de 2 300 enfants ont bénéficié de la présence sécurisante et structurante de 110 parrains et marraines bénévoles.

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PR. ALAIN FISCHER Chef du service immunologie de l’hôpital Necker

On ne peut pas imaginer que la vie d’un enfant à l’hôpital se résume au contact avec le personnel soignant. Même si les soignants essaient d’apporter plus que les gestes techniques, ils n’ont pas le temps… L’enfant a besoin d’avoir des relations affectives qui le rassurent et l’aident à tenir le coup. »

LA MISSION FRANCE

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photo couverture © Benoit Guenot / mise en page_Maud Lanctuit/ Editions_Médecins du Monde_septembre 2013

62 rue Marcadet 75018 Paris Tel : 01 44 92 15 15 | Fax : 01 44 92 99 99

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