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Migration

À la fin de l’année 2019, le nombre de personnes fuyant la guerre, les persécutions ou les conflits dans le monde approchait 80 millions (rapport du Haut Commissariat aux réfugiés de juin 2020). Les déplacements forcés concernent aujourd’hui plus de 1 % de l’humanité. En 2020, année qui a vu le développement de la pandémie de Covid-19, de nouvelles contraintes et barrières sont apparues qui entravent plus encore les mobilités internationales. Ainsi en France, à la fin de l’année, un peu plus de 95 000 demandes d’asile, mineurs inclus, avaient été introduites auprès de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), soit une baisse de 28 % par rapport à l’année 2019. En dépit de cet indicateur statistique en baisse, les personnes étrangères sans papiers ou demandeuses d’asile présentes sur notre territoire voient leurs conditions de vie se durcir, leur accès aux soins se réduire. Nous restons les premiers témoins de cette précarisation des personnes et des pratiques violentes de la part des autorités, que ce soit aux frontières (sur le littoral nord face à la GrandeBretagne, à Montgenèvre ou Menton, près de la frontière avec l’Italie), en Île-de-France ou encore dans certains territoires d’outre-mer, comme à Mayotte et en Guyane.

PARTOUT EN FRANCE

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Du fait d’une politique de non-accueil et du durcissement des politiques migratoires, les campements et les squats se multiplient partout en France. Les personnes y vivent dans des conditions indignes.

Médecins du Monde travaille auprès des personnes migrantes dans la plupart de ses programmes en France. 96 % des personnes reçues dans nos CASO sont des étrangers précaires. En centre de soins ou en intervention mobile, nos équipes proposent des soins infirmiers, des consultations médicales, des actions de prévention, un accompagnement social. Les souffrances physiques et psychiques générées par les parcours d’exil sont également prises en compte.

Médecins du Monde milite pour un accueil digne de toutes les personnes, quelle que soit leur situation administrative, pour le respect de leurs droits fondamentaux et une prise en charge inconditionnelle et de qualité.

23 NOVEMBRE 2020 : EXPULSION VIOLENTE DE LA PLACE DE LA RÉPUBLIQUE

Grâce à la veille sanitaire, très active auprès des personnes exilées à la rue, Médecins du Monde avait pu alerter les autorités sur la situation d’un campement qui ne cessait de se développer au nord de Paris, à Saint-Denis. 2 300 personnes s’y entassaient sous un échangeur de l’autoroute A1, au moment même où était annoncé un reconfinement.

Mardi 17 novembre, une opération de « mise à l’abri » était menée par la préfecture d’Île-deFrance. Sous-dimensionnée, elle a laissé près de 600 personnes à la rue. Ces personnes sont alors entrées en errance à Paris et dans la proche banlieue, subissant les pressions des forces de l’ordre. C’est dans ce contexte que l’association Utopia 56 a décidé d’aider ces personnes à s’installer dans des tentes sur la place de la République. Médecins du Monde a soutenu et mis en lumière cette initiative tout en insistant sur sa demande politique : l’hébergement des personnes exilées à la rue.

Les réactions indignées aux images montrant l’évacuation violente de la place de la République par les forces de l’ordre seront nombreuses, tant de la part de représentants de la majorité que de partis d’opposition. Trois jours plus tard, des places d’hébergement seront mobilisées. Enfin, le 4 décembre, le président de la République est interviewé par le journaliste Rémy Buisine sur le média Brut. À la toute première question, consacrée à la violence de l’évacuation, le président répondra « non, ce n’est pas normal » et posera comme principe de ne pas procéder à des évacuations sans solutions d’hébergements. Cette déclaration ne sera pas suivi d’effets.

MONTGENÈVRE, FRONTIÈRE FRANCOITALIENNE

Ce passage de l’Italie vers la France est resté en 2020 un axe migratoire important pour les personnes qui veulent poursuivre leur parcours en Europe.

Les risques pris par les migrants, notamment en hiver, pour rejoindre Briançon à travers les Alpes ne cessent d’augmenter. Une situation aggravée par l’annonce en novembre 2020 du doublement des forces de contrôle aux frontières. Malgré un contexte d’augmentation des tensions, l’unité mobile de mise à l’abri (UMMA) de Médecins du Monde intervient dans la montagne avec des bénévoles de l’association Tous Migrants pour secourir et mettre à l’abri les personnes qui traversent la frontière à pied.

LA CAFI, UNE COALITION DE CINQ ASSOCIATIONS POUR FAIRE CESSER LES VIOLATIONS DES DROITS AUX FRONTIÈRES

Avec le retour des contrôles aux frontières intérieures en mars 2015, la frontière franco-italienne est redevenue un lieu de tension, théâtre d’un nombre croissant de pratiques illégales de la part des autorités vis-à-vis des personnes migrantes.

C’est dans ce contexte qu’au printemps 2017, Médecins du Monde a commencé à mener des actions communes avec Amnesty International, La Cimade, Médecins sans frontières et le Secours Catholique. Complémentaires en termes de compétences, de réseaux locaux actifs, de réseaux citoyens, et fortes de leur notoriété auprès de l’opinion et des pouvoirs publics, ces cinq associations ont décidé d’agir ensemble pour dénoncer les violations graves des droits des personnes aux frontières. Ainsi est née la CAFI, la Coordination des actions aux frontières intérieures. Le travail commun des associations se concrétise par des observations aux frontières, le déclenchement d’actions contentieuses contre les refoulements illégaux ainsi que des actions de mobilisation et de plaidoyer.

Aujourd’hui, au vu de constats maintes fois répétés de refoulement illégal, de traitements indignes, de violences policières, de négation du droit d’asile, la CAFI œuvre pour que soit mise en place une commission d’enquête parlementaire. Au-delà des constats, cette initiative contribuerait à concevoir une politique d’accueil alternative respectueuse de la dignité des personnes et de leurs droits.

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