Dans la note concernant l’évaluation de la loi, il a été demandé aux inspections d’évaluer également « le phénomène de la prostitution des étudiants » et « d’accorder une attention particulière à la question préoccupante du repérage et de la prise en charge des adolescent(e)s mineur(e)s en situation de prostitution ». Si nos associations interviennent de manière occasionnelle sur ces deux sujets, et si, pour certaines, l’expérience de terrain est moindre que dans les autres domaines, nous avons conscience de la nécessité de mettre en place un cadre protecteur et des mesures de réduction des risques spécifiques à chacun de ces publics. Ces deux sujets, distincts, nécessitent d’appréhender les contextes, de comprendre les mécanismes qui conduisent les personnes à vendre des services sexuels et de construire de nouvelles formes d’intervention adaptées aux besoins. Nos associations sont prêtes à mettre à contribution leur expertise, acquise notamment à partir des savoirs expérientiels des travailleuses du sexe impliquées dans nos organisations et associations.
A – La prostitution étudiante ou l’impensé de la précarité étudiante La loi a notamment pour objectif de protéger les étudiant-e-s de la « prostitution ». Pour ce faire, des actions de sensibilisation auprès du public étudiant sont menées afin qu’ils comprennent les dangers qu’ils encourent s’ils se tournent vers le travail du sexe comme travail alimentaire durant leurs études. Cette sensibilisation ne fait guère sens. Si des jeunes et des étudiant-e-s se tournent vers le travail du sexe comme moyen de subsistance, ce n’est pas parce qu’ils-elles ne savent ce qu’est le travail sexuel mais en raison de la précarité étudiante. Tant qu’aucune réponse politique ne se concentrera sur la lutte contre cette précarité, à savoir l’accès au logement étudiant, l’attribution d’un revenu étudiant, de bourses d’études plus larges, la lutte contre la « prostitution étudiante » ne restera qu’un outil de communication politique pour éviter de traiter d’autres problèmes d’inégalités sociales.
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R E P O N S E S A L’ E V A L U A T I O N D E L A L O I D E 2 0 1 6