MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L
Focus /
Irak, la douleur à vif En images / Haïti, après la tempête Vie de l'association / Avec les travailleurs précaires à Nancy
SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE
N° 126 PRINTEMPS 2017 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS
RENCONTRE
NICE
Sabine
Assistante sociale à Nice Au centre de soins de Médecins du Monde à Nice, Sabine Babé Loubet accueille les exclus des soins, les exclus du droit. Des étrangers pour beaucoup, qui pour certains sont parvenus à traverser la frontière italienne, pourtant fermée, à travers les montagnes. POURQUOI J’Y SUIS ? « Depuis très jeune, je me destine au travail social. Si j’ai choisi le milieu associatif et humanitaire, c’est pour la liberté d’action qu’il confère. J’ai été embauchée par Médecins du Monde en 1998, après avoir fait quelques mois de bénévolat. Appartenir à cette association m’a permis d’obtenir un certain nombre de victoires administratives. En effet, en se présentant comme assistante sociale de Médecins du Monde, on a tout de suite plus de poids. On se dit : ‘‘Elle ne nous lâchera pas tant qu’elle n’aura pas obtenu gain de cause.’’ »
CE QUE JE RESSENS « Si ces personnes ont été contraintes de traverser la montagne pour rejoindre la France, c’est parce que la frontière est fermée depuis juin 2015 et que le gouvernement a déployé une force policière et militaire qui mène une véritable chasse à l’homme, n’hésitant pas à reconduire les mineurs à la frontière voire jusqu'au sud de l’Italie, au lieu de les confier à l’Aide sociale à l’enfance. L’action des habitants de la Roya est plus que louable. Ils ont secouru, protégé et permis à ces exilés de reprendre des forces en leur offrant le gîte et le couvert. »
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« L’action des habitants de la Roya est plus que louable. Ils ont secouru, protégé et permis à ces exilés de reprendre des forces en leur offrant le gîte et le couvert. » Sabine, assistante sociale
© Valentina Cugusi
CE QUE JE FAIS « Au Caso de Nice, nous recevons beaucoup de personnes étrangères, en situation irrégulière ou pas, qui ne connaissent pas leurs droits ou ne parviennent pas à les faire valoir. Le contexte géopolitique est particulier dans notre région, le climat social est plutôt délétère pour notre public. C’est une zone frontalière qui n’a été rattachée à la France qu’en 1860 et a connu une grande vague de migration italienne, arrivée notamment par la vallée de la Roya. Ce qui explique peut être que ses habitants aient spontanément accueilli chez eux les migrants en transit que nous tentons d’aider en leur apportant des soins. »
OPINIONS
PRINTEMPS 2017
, Editorial
L’Irak. Un pays déchiré.
Un pays où la violence et les opérations militaires ont fait plus de 16 000 victimes civiles en 2016 et provoqué le déplacement de quelque 3,3 millions de personnes, notamment vers le Kurdistan irakien. Des hommes, des femmes et des enfants traumatisés, installés dans des camps officiels, chez des familles hôtes ou dans des campements informels. Leurs besoins en santé sont immenses. Dans le camp de Chamisku, qui héberge 26 000 déplacés en grande majorité yézidis, à Borek, sous contrôle des peshmergas kurdes, où les « retournés » peinent à revivre, ou encore à Kalata Farhran, village à majorité arabe sunnite. Partout, les récits sont terribles : ceux des femmes anciennes esclaves de Daech, ceux des enfants témoins d’atrocités, ceux des populations ayant fui Mossoul. Nos équipes, pour certaines, ont vécu ces violences. Elles savent l’urgence d’apporter un soutien psychologique. En Irak et ailleurs, Médecins du Monde propose des réponses humanitaires. Mais celles-ci ne peuvent se substituer à des solutions politiques. À la construction d’une paix juste et durable pour ces millions de déracinés.
Mobilisés
Je n’ai pas l’habitude de participer à des manifestations. Mais ce qui se passe en Syrie me révolte réellement. Comment peut-on laisser toutes ces personnes subir les bombardements, vivre dans la peur, mourir de faim ? Sans parler des soignants que l’on cible délibérément. Je me suis dit qu’il était temps de faire entendre ma voix en manifestant le 8 décembre à Paris, aux côtés de Médecins du Monde. Erika, comptable
Touchés
Je suis amateur d’art et j’aime beaucoup les expositions. Mais ce week-end j’ai vécu une expérience particulière. L’exposition « Mise au Poing » de Médecins du Monde m’a vraiment bouleversé. Les photographes ont su donner un visage digne et une voix forte à ceux qu’on ne regarde pas et qu’on n’entend jamais. Vraiment puissant. Joseph, designer
Inquiets
La vague de froid qui s’est abattue sur la France cet hiver peut paraître anecdotique pour beaucoup d’entre nous. Mais je ne peux m’empêcher de penser aux personnes qui vivent dans la rue lorsque je me dépêche de rentrer chez moi. J’essaie d’aider les sans-abri de mon quartier dès que je peux. Personne ne devrait avoir à dormir dehors par ce froid glacial. Adélaïde, kinésithérapeute
Dr Françoise Sivignon Présidente de Médecins du Monde
Au sommaire du N° 126 / Printemps 2017
Irak P. 6
Haïti P. 8
Précarité
Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net
Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Françoise Sivignon – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Clémence Hivert – Comité éditorial : Alexandre Jalbert, Hugo Tiffou, Emmanuelle Pons, Marius Musca – Rédaction : Nicolas Danicourt, Aurélie Defretin, Thomas Flamerion, Justine Roche, Lisa Véran – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Olivier Papegnies – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 363 870 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1018H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff – Imprimé sur papier 100 % PEFC.
P. 11
10-32-2387
Médecins du Monde N° 126 — 3
PANORAMA
L’image
EN BREF
Exposition / C’est un des temps forts du plaidoyer de Médecins du Monde pour les élections présidentielles d’avril. Une occasion de rappeler notre engagement de plus de 30 ans auprès de celles et ceux qui, en France, font face à l’exclusion. L’exposition « Mise au poing », présentée du 10 février au 18 mars à Paris, a rassemblé le travail inédit de six photographes, un vidéaste et trois écrivains. Pour donner à voir et à entendre l’épreuve de la précarité, et dessiner pour l’avenir les contours d’une société solidaire.
Madagascar / Inauguration d’un bloc opératoire
© Mylène Zizzo
Depuis plus de 20 ans, Médecins du Monde mène à Madagascar un programme chirurgical pour les enfants de moins de 16 ans atteints de cardiopathies congénitales ou acquises. 300 enfants ont ainsi été opérés au cours de 40 missions et 480 ont été référés en France ou à Monaco pour y être soignés. En décembre dernier, un bloc opératoire de chirurgie cardiaque a été inauguré au centre hospitalier de Soavinandriana. Construit et équipé par Médecins du Monde, il permet à des équipes malgaches, formées au dépistage et au diagnostic des cardiopathies des enfants, de réaliser seules ce type d’interventions. De travailler dans les meilleures conditions pour sauver toujours plus de vies.
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Vietnam / Soigner l’hépatite C Parce que les usagers de drogues par injection sont parmi les premières victimes de l’hépatite C au Vietnam, Médecins du Monde développe à Hanoï un modèle de prise en charge de ce public. Dans un premier temps, des usagers militants sont allés à la rencontre d’autres usagers pour les inciter à se faire dépister à l’université médicale d’Hanoï. Une centaine de personnes parmi les plus gravement malades vont ensuite bénéficier d’un traitement à base de médicaments génériques fournis par Médecins du Monde. Nos équipes forment le personnel de la clinique où elles seront soignées à l’accueil et au suivi de ces personnes souvent stigmatisées et marginalisées. L’objectif est à la fois de démontrer l’efficacité d’une prise en charge adaptée et la nécessité d’importer des médicaments génériques à bas prix au Vietnam.
Serbie / Survivre au froid
Côte d’Ivoire / Lutter contre la tuberculose
Près de 8 000 migrants sont actuellement bloqués en Serbie. Les températures hivernales, souvent inférieures à 0°, ont atteint -25° en janvier. Elles rendent la survie de plus en plus compliquée pour ces familles qui aimeraient franchir la frontière hongroise ou croate et trouver refuge en Europe. À Belgrade, la situation est particulièrement alarmante. Un millier de migrants vivent à la rue, dans des squats ou des hangars ouverts, dans des conditions sanitaires désastreuses. Présent dans la région des Balkans depuis janvier 2016, Médecins du Monde a ouvert quatre cliniques mobiles réparties sur le territoire serbe. 4 000 migrants ont pu être pris en charge par nos équipes pour le seul mois de décembre 2016. Plus de 21 000 pour toute l’année.
Depuis 2015, Médecins du Monde mène à Abidjan un programme auprès des habitués des fumoirs, fragilisés par des conditions de vie extrêmement précaires. Lancée fin 2016, une étude auprès de centaines d’usagers permettra d’évaluer leurs risques de contracter la tuberculose et l’efficacité des méthodes de diagnostic de la maladie. L’objectif est de favoriser le traitement des personnes atteintes en les accompagnant vers les centres de santé. Ainsi, si la consommation de drogues est encore criminalisée en Côte d’Ivoire, Médecins du Monde entend améliorer l’accès au droit à la santé de ces personnes particulièrement vulnérables.
© Reuters
Le saviez-vous ? © Valentin Fougeray
Plus de 5 000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée en tentant de fuir vers l’Europe en 2016.
Le tweet
@UOSSM_France, Nous sommes aux côtés des soignants de Syrie. Ne les abandonnons pas.
Source : Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
© Olivier Papegnies
France / La trêve hivernale appliquée aux bidonvilles La promulgation de la loi Égalité et Citoyenneté, le 27 janvier 2017, est venue réduire une inégalité. Désormais les personnes qui vivent dans des bidonvilles, dans des tentes, des cabanes ou d’autres abris de fortune peuvent bénéficier de délais avant d’être délogées et de la protection de la trêve hivernale. Car été comme hiver, expulser des habitants de leur domicile sans proposition de relogement ne fait qu’aggraver leur situation. En attendant une solution pérenne, maintenir ces personnes dans leur lieu de vie leur offre une forme de stabilité. Cela permet aux associations, dont Médecins du Monde, de leur proposer un accompagnement suivi pour leur permettre, enfin, de sortir de la précarité.
#Syrie #Alep @MdM_France
Algérie / Avec les femmes migrantes Toute le disent, elles ont subi des violences physiques ou ont été abusées sur le parcours qui les a menées du Cameroun, du Nigeria ou d’autres pays d’Afrique subsaharienne vers l’Algérie. À Oran, Médecins du Monde aide ces femmes qui vivent dans des « maquis » en périphérie de la ville et qui, parce qu’elles ne peuvent pas travailler, sont contraintes de se prostituer. Des relais communautaires, eux-mêmes migrants, vont à leur rencontre, chez elles. Ils leur indiquent où se faire soigner, les informent des moyens de se protéger, d’accéder à la planification familiale. Et ils les accompagnent vers les structures de santé pour s’assurer qu’elles y seront comprises et prises en charge sans discrimination. Médecins du Monde N° 126 — 5
FOCUS
IRAK
LA SITUATION : Dohuk
Kirkouk
Ninive
Irak
En Irak, Médecins du Monde intervient dans les gouvernorats de Kirkouk, Ninive et Dohuk. Nos équipes viennent en aide aux personnes déplacées à l’intérieur du pays, aux réfugiés syriens et aux populations des régions d’accueil.
L’ENJEU : • Soigner et accompagner les populations vulnérables, victimes des combats qui touchent le pays depuis 2014.
NOS ACTIONS :
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S oins de santé primaires, soins pédiatriques en clinique fixes et mobiles S outien psychosocial A ccompagnement des femmes, des grossesses et planning familial É ducation à la santé D épistage nutritionnel
NOS MOYENS : L’équipe de Médecins du Monde est composée d’une centaine de personnes (médecins, infirmiers, psychologues, logisticiens, coordinateurs, travailleurs communautaires) irakiennes et expatriées.
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La douleur à vif Alors que la bataille pour libérer Mossoul progresse lentement, une grande partie de la population irakienne vit toujours sous la menace des violences de Daesh. Le pays compte plus de trois millions de déplacés interne. Des déracinés que Médecins du Monde soigne et aide à se reconstruire. Malgré le dénuement et des traumatismes profonds.
« Être aux mains de Daesh revient à être esclave. J’ai passé mes journées seule, privée d’eau et de nourriture. Enfermée dans le noir comme en prison, je ne voyais plus le soleil. Les minutes comptaient comme des heures. J’ai été maltraitée, battue et violée par chacun de mes « propriétaires ». On n’est plus un être humain sous la menace de ce monstre de groupe armé. On vit un cauchemar éveillé. » Haifa, 22 ans, vient d’échapper à l’enfer. Arrivée il y a seulement trois jours dans le camp de Chamisku, qui compte plus de 26 000 déplacés, elle est restée deux ans prisonnière des hommes de Daesh. UNE VIE DE CAMP Occupation de leur ville, bombardements, combats et enfin la fuite pour échapper à la progression rapide de l’organisation État islamique. Depuis 2014, les Irakiens – Kurdes, Yézidis, Assyriens ou Arabes – vivent dans la violence. La plupart font le douloureux récit de déplacements forcés, d’exécutions sommaires, de décapitations, de viols, de châtiments corporels et de pertes d’êtres chers. Près de la moitié d’entre eux se sont réfugiés au Kurdistan irakien et dans les régions avoisinantes. Le gouvernorat de Dohuk, situé à la frontière turque, accueille aujourd'hui plus de 500 000 personnes qui vivent dans les préfabriqués des camps ou dans des abris de fortune. « Après avoir fui dans des conditions tragiques, elles sont traumatisées. La santé mentale est l’un des principaux enjeux humanitaires de ce pays. Leur passé sous Daesh, leur présent de déplacés et l’incertitude de leur avenir sont des vecteurs d’importants troubles psychologiques », explique Amélie Courcaud, coordinatrice générale en Irak pour Médecins du Monde. Les populations reçues par nos équipes souffrent d’anxiété, de troubles du sommeil, de dépression ou encore de stress post-traumatique. Les besoins sont immenses et les séquelles profondes.
© Olivier Papegnies
L’essentiel
IRAK /
LES BLESSURES INVISIBLES Sous une lumière blanche, les yeux fermés, les mains sur leur diaphragme et leur ventre, une dizaine de femmes yézidis sont réunies autour de Hairan, l’une des psychologues de Médecins du Monde à Chamisku : elles apprennent à mieux respirer pour gérer leurs angoisses. Après avoir défini le stress post-traumatique et ses symptômes, Hairan insiste sur l’importance de parler pour exprimer ce qu’elles ont vécu, en particulier à un spécialiste. Depuis plus de deux ans, Médecins du Monde a intégré la santé mentale aux activités de soins de ses centres de santé et cliniques mobiles des gouvernorats de Dohuk, Ninive et Kirkouk. « Les déplacés doivent être suivis et accompagnés pour atténuer l’extrême souffrance à laquelle ils sont confrontés. Les maux de l’âme, comme ceux du corps, doivent être traités », confie Hairan. Des sessions individuelles ou en groupe, proches de séances de thérapie, sont mises en place. Le personnel de santé mentale de Médecins du Monde appartient généralement à la même communauté que les patients. Ils sont eux-mêmes déplacés. Dotés d’une forte capacité de résilience, ils parviennent à nouer
Te, moignage Dr Edmund,
Coordinateur médical à Dohuk
« Des ressources insuffisantes »
des liens de confiance avec les patients. « L’objectif est qu’ils expriment par la parole, le dessin ou d’autres activités thérapeutiques leurs traumatismes. Dans les cas plus graves, nous devons les référer à un psychiatre, même si parfois cela peut se révéler compliqué car les ressources font défaut », déplore Amélie Courcaud. DES BESOINS À LONG TERME À Chamisku, les déplacés sont sensibilisés aux bénéfices des activités psychosociales. Ce qui n’est pas forcément le cas dans le reste de l’Irak, où la santé mentale est encore considérée comme un tabou. « Quand on va voir un psychologue, on est pris pour un déséquilibré, c’est un stéréotype très négatif », poursuit Amélie Courcaud. La société irakienne n’a pas encore intégré la santé mentale dans ses mœurs : un défi crucial pour les années à venir. Dans une maison aux fenêtres abimées, Bashra est assise sur un sol couvert de tapis élimés. Elle est rentrée il y a trois jours à Borek, dans le Sinjar, village occupé par Daesh jusqu’en 2015. Après plus de deux ans dans un camp de déplacés, elle fait aujourd'hui partie des populations dites « retournées » : sa famille a
décidé de revenir dans son village natal, malgré les pillages et les destructions. Les services de base, tels que l’accès à l’eau potable, ne sont plus disponibles, et seules de rares échoppes ont rouvert leurs portes. À Borek, le silence est assourdissant : seul le centre de Médecins du Monde, qui propose des consultations et des sessions d’accompagnement psychosocial, semble animé. « Je suis heureuse d’avoir retrouvé ma maison mais tout a changé ici, c’est un village fantôme, et ceux qui sont rentrés sont encore hantés par la peur de l’EI. Rien ne sera comme avant désormais. » Des 5 000 familles qui vivaient ici, 1 250 sont de retour. Malgré la liberté retrouvée, la violence a investi les esprits et la barbarie a semé la terreur. Aider les déplacés à se reconstruire sera long : c’est cet effort que soutient Médecins du Monde dans un pays déchiré par les conflits. Aurélie Defretin
« En Irak, les ressources en santé mentale sont très peu développées. Dans le Kurdistan irakien, on compte simplement cinq psychiatres et deux psychologues pour deux millions de personnes. Aucun programme éducatif n’est actuellement prévu pour accroître les ressources. Le pays n’est pas assez développé en termes de santé mentale. À cause de la guerre et des déplacements de populations, la structure familiale est déstabilisée, et par conséquent la société dans son ensemble. Les populations n’ont plus de repères, ce qui est générateur de stress et d’insécurité. Tous ceux qui en auraient besoin ne sont actuellement pas pris en charge et cela va s’étendre sur plusieurs générations. La santé mentale est une crise humanitaire durable et transgénérationnelle, à prendre en compte urgemment. »
« Les déplacés doivent être suivis et accompagnés pour atténuer l’extrême souffrance à laquelle ils sont confrontés. Les maux de l’âme, comme ceux du corps, doivent être traités. »
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FOCUS
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EN IMAGES
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Des patients pris en charge dans un centre de traitement du choléra. L’eau est le premier facteur de contamination au choléra.
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Monde Une infirmière de Médecins dusouffrant s'occupe d'une personne âgée de malnutrition.
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Dans le village de Font Bayard,on préparation à la décontaminati alentours. des maisons infectées et de leurs
« Les gens mourraient avant Matthew par manque d’accès aux soins, imaginez la situation aujourd’hui. »
. Haiti
Après la tempête Mardi 4 octobre 2016, une nuit apocalyptique pour des centaines de milliers d’Haïtiens. Infrastructures détruites, toits arrachés, arbres écimés, animaux tués, récoltes ravagées, le bilan matériel de l'ouragan Matthew est très lourd. Six mois après la catastrophe, les stigmates sont toujours aussi visibles dans les départements les plus violemment touchés, la Grand’Anse et le Sud, où Médecins du Monde intervient. Le système de santé, déjà très fragile, a sévèrement été ébranlé. Les moyens de subsistance manquent. Et pour se nourrir, les habitants de la péninsule sud d’Haïti dépendent largement de l’aide internationale.
Monde a réhabilité l’unité Après l’ouragan, Médecins du toine de Jérémie. t-An Sain ital l’hôp de ue pédiatriq
En réponse à cette urgence humanitaire, Médecins du Monde déploie des cliniques mobiles afin de permettre aux habitants des zones sinistrées de se faire soigner. Nos équipes ont également été renforcées pour faire face à la recrudescence de cas de choléra, lutter contre la propagation de l’épidémie et assurer la prise en charge des malades. Reportage photographique d’Oliver Papegnies / Collectif Huma
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DE VOUS À NOUS
EN BREF
LORRAINE
FRANCE
, A lire ! Passeur À l’automne 2015, le journaliste Raphaël Krafft réalise un reportage sur le drame des exilés bloqués à la frontière francoitalienne, entre Menton et Vintimille. Il rencontre des militants, des policiers, une avocate spécialiste des Droits de l’homme, etc. Et décide alors d’aider deux Soudanais, « Satellite » et Adeel, à franchir la frontière. De Raphaël Krafft, Editions Buchet-Chastel
Agenda 7 avril
Journée scientifique de la santé humanitaire et solidaire
Dans le contexte de l’élection présidentielle, Médecins du Monde s’interroge sur le poids de la recherche scientifique et de l’expérience humanitaire sur les décisions politiques.
Délégation Lorraine / Soutenir les travailleurs pauvres Ils ont un travail, un logement. Ils devraient pouvoir se faire soigner correctement. Mais les salariés dont les revenus sont trop modestes sont souvent contraints de renoncer aux soins faute de moyens, parce qu’ils ne peuvent pas payer une mutuelle satisfaisante. En Lorraine, 6 % des personnes actives vivent sous le seuil de pauvreté. C’est pourquoi les équipes du centre d’accueil, de soins et d’orientation de Médecins du Monde à Nancy ont ouvert une permanence hebdomadaire en horaires décalés, de 18 h à 21 h. L’objectif est de permettre à celles et ceux qui travaillent de venir consulter un médecin, un dentiste ou un psychologue gratuitement. Nos équipes travaillent en partenariat avec l’Association Accès aux sroits - Santé et solidarité, qui aide les personnes qui dépassent le seuil d’attribution de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) mais dont les revenus sont faibles, à bénéficier d’une complémentaire santé.
La delegation en chiffres 1 314
consultations médicales et paramédicales réalisées au centre de Nancy
1440
consultations médicales ou entretiens de prévention pour les personnes non ou mal logées à Metz
433
consultations médicales auprès des personnes non ou mal logées à Nancy
90
bénévoles (médecins, infirmiers, psychologues, pharmaciens, dentistes, chargée d’accueil, etc.)
Coordonnées MdM Lorraine 13 B rue de la Ravinellle 54000 NANCY / Tél. : 03.83.27.87.84 lorraine@medecinsdumonde.net
23 au 25 juin Retrouvez Médecins du Monde à l’hippodrome de Longchamp pour partager en musique un temps d’échange solidaire. En savoir plus :
www.solidays.org
10 — www.medecinsdumonde.org
© Bénédicte Salzes
Festival Solidays
Vos questions Michel D., à Bordeaux
J’ai donné à Médecins du Monde cette année. Comment puis-je bénéficier de la déduction fiscale ?
©?
Si vous êtes imposable, vous pouvez bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu de 75 % du montant de votre don dans la limite de 530 € (plafond 2016). Au-delà, les dons sont déductibles à hauteur de 66 % dans la limite de 20 % de votre revenu imposable.
Partenariats / La Fondation EDF soutient les migrants à Paris Depuis juin 2015, les équipes mobiles de Médecins du Monde organisent des veilles sanitaires dans les campements informels de Paris où se regroupent des centaines de migrants et de réfugiés. Deux à trois fois par semaine, elles évaluent leur état de santé, les accompagnent vers des centres de soins et les orientent vers les structures adaptées pour l’hygiène, le vestiaire, la nourriture, l’hébergement, etc. Depuis l’ouverture du centre humanitaire de La Chapelle par la mairie de Paris, Médecins du Monde y propose également des consultations médicales quotidiennes et un soutien psychologique. Ce programme essentiel pour des personnes déjà extrêmement fragilisées par leurs parcours migratoire, tant physiquement que mentalement, est soutenu par la Fondation d’entreprise Groupe EDF.
Comité des donateurs / Solidarité à Nice Le comité des donateurs a visité le centre d’accueil de Nice en décembre 2016. Les locaux, situés non loin du centre, concilient facilité d'accès et loyer modéré. Salariés et bénévoles, qui se répartissent sur les deux étages du Caso, reçoivent chaque jour, avec beaucoup d’attentions, des dizaines de personnes en grande précarité, pour beaucoup d’origine étrangère. Certains y reçoivent des premiers soins, d’autres sont aiguillés vers les hôpitaux, mais tous sont aidés, orientés dans le cadre d’une prise en charge de leur situation. La deuxième activité du centre porte sur l’assistance aux migrants qui, venus du Sahel ou du Proche-Orient, tentent de passer la frontière. Agnès Gillino, la coordinatrice, nous a emmenés à Vintimille, où des familles entières sont hébergées dans une église.
Lorsque vous remplirez votre déclaration d’impôt sur le revenu, il vous faudra reporter l’intégralité des dons versés à titre de l’année écoulée dans la case 7UD (dons aux organismes d’aide aux personnes en difficulté). Tout au long de l’année, Médecins du Monde vous adresse par courrier ou par email les reçus fiscaux correspondant à vos dons qui vous serviront de justificatifs auprès du Trésor Public. Si vous envoyez votre déclaration par courrier, vous devez joindre les reçus fiscaux. Si vous effectuez votre déclaration en ligne, vous n’ êtes pas tenus de les joindre. En revanche, il est important de les conserver précieusement. Le service donateurs peut éditer des duplicata de vos reçus fiscaux, à la demande, si vous ne les avez plus en votre possession. Hélène Granville,
responsable du service donateurs
L’équipe, par son expérience et la souplesse de son organisation, s’adapte ici aux déplacements des populations, à leurs arrivées et à leurs départs. À Nice, l’engagement des bénévoles et des salariés est fidèle aux valeurs de l’association et à ce que nous en attendons : agir et témoigner pour favoriser l’accès aux soins des plus démunis. Marc Chabert et Olivier Péray En savoir plus : journeedonateursmdm.org
Posez votre question, Hélène Granville vous répondra ! donateurs@medecinsdumonde.net – 0 800 014 014 Médecins du Monde – Service donateurs 62, rue Marcadet 75018 PARIS
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Pour son action en France
« J’ai choisi Médecins du Monde parce que l’association agit en France. C’est très bien d’aller aider d’autres populations dans le pas monde, mais il ne faut s oublier qu’il y a aussi de en gens en France qui sont grande difficulté. L’association mène des ur programmes de fond po aider ces personnes à sen prendre en main et à s’e sortir par elles-mêmes. e Elle n’agit pas que lorsqu des crises surviennent. C’est ce qui m’a plu chez Médecins du Monde. »
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de Laurent Bagani, 57 ans est donateur depuis plus Astrophysicien, Laurent de estir plus dans la vie s’inv t erai aim Il . ans 25 ps le lui permet. l’association si le tem
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