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DESIGN & ARCHITECTURE

NUMÉRO 76 | SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011

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CHF 5.-

Comme à la maison EN VOYAGE D’AFFAIRES OU EN ESCAPADE ROMANTIQUE, SÉJOURNER DANS UNE CHAMBRE D’HÔTEL PEUT PARFOIS AGACER... MODE

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Mix & Match L’AUTOMNE À PEINE ARRIVÉ QUE DÉJÀ LES TEINTES DE LA NOUVELLE SAISON INSPIRENT À L’ÉVASION...

ÉVASION

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Michalak, l’homme pressé SURDOUÉ DES FOURNEAUX, CHRISTOPHE MICHALAK EST DEVENU L’UN DES CHEFS PÂTISSIERS LES PLUS COURUS.

Rock © Pierre-Olivier / PARIS PREMIERE

GUILLAUME DURAND, PERSONNALITÉ ATYPIQUE DU TUBE CATHODIQUE, OU L’ART ET LA MANIÈRE... INTERVIEW

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190 YEARS AGO

A MAN BET ON HORSES AND CHANGED WATCHMAKING FOREVER .

CONCEPT CAR

FLAGSHIP STORES STATION

NEW STRATOS

LES BANQUES VOIENT GRAND…

PISTONS & ENGRENAGES

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SOCIÉTÉ

LES DOCKS HAUSSENT LE SON PAGE

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GEEK

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WWW.MONTBLANC.COM

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Tobias Regell

Sculpture Pair of walking figures-Jubilee de Lynn Chadwick, 1977. Collection Benjamin et Ariane de Rothschild. Jardins de Château Clarke, Bordeaux.

Créer de la VALEUR, c’est contribuer au progrès de son époque et à une richesse durable. Depuis 250 ans, chaque génération de la famille Rothschild a contribué à l’émergence d’un capitalisme familial de conviction. Investissements d’avenir, développement des patrimoines professionnels et familiaux, ingénierie financière et transmission sont au cœur des savoir-faire de la Banque Privée Edmond de Rothschild. Cette idée de la valeur, venez la partager avec nous.

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Banque Privée Edmond de Rothschild S.A. 18, rue de Hesse - 1204 Genève - T. +41 58 818 91 11

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ÉDITO

LE NOU VEAU MON DE

ne se voit pas forcément, mais se perçoit d’emblée.Loin des clichés, avec toujours ce même souci du détail raffiné, nous avons étoffé avec pertinence et pragmatisme son contenu rédactionnel, imaginé de nouvelles rubriques à multiples rebonds autour de celles qui ont déjà fait la force du magazine dans le seul but de retranscrire cette idée du bon goût masculin... notre fil conducteur. Et si dans l’absolu, nous visons la perfection (à chaque numéro) sans pour autant jamais l’atteindre (mais en n’y renonçant pas davantage), nous avons surtout voulu bousculer les codes et valoriser le titre. Le résultat ? Une formule dans l’air du temps dédiée aux hommes modernes - assurément des acteurs de l’économie et certainement des éternels rêveurs - qui ne ressemble à aucune autre. À travers des univers dédiés à l’horlogerie, l’automobile, la société, l’architecture, l’art, le design, la mode, la gastronomie, Ravie de vous retrouver pour ce numéro qui sent bon la nouveauté ! etc., «AGEFI LIFE» mixe la culture au lifestyle sur un ton original, actuel Ne me dites pas que je vous ai pris voire décalé et sensibilisera, à coup en traître... Je vous l’avais bien dit. Après plusieurs années, les défenseurs sûr, les passionnés d’objets rares, les épicuriens et autres grands enfants. du style impeccable que nous À l’image peut-être de Guillaume sommes sentaient poindre une envie de changement à laquelle nous avons Durand, journaliste/présentateur, notre personnalité invitée cédé. Et comme vous l’aurez sans (page 44) qui, sous une image doute remarqué, «Evasion» évolue. désinvolte d’homme cultivé, Paré d’un plus grand format ne se contente pas d’être un type chic. et d’une élégante maquette, C’est surtout un chic type avec il poursuit désormais son ascension une tête bien pleine, des convictions sous le nom de «AGEFI LIFE». qui n’ont pas fondu sous les sunlights Au fil des pages, nous avons, des plateaux télé, et accessoirement en quelque sorte, retaillé un costume (sur-mesure, bien sûr !) à sa maturité, un passionné d’art. Mais aussi trempé nos pinceaux dans une palette et surtout un homme qui cultive plus riche mais aussi plus consistante sa différence. Comme nous... Assez parlé. Place à la lecture ! pour vous offrir le luxe de ce qui

TEAM ÉDITION Editeur Mediacity SA, rue Saint-Martin, 9 CH-1003 Lausanne, tél. 021 552 33 05, fax 021 21 312 39 65, info@mediacity.ch, www.mediacity.ch

Directeur Eric Valette, e.valette@mediacity.ch Responsable d’édition Caroline Spir, c.spir@mediacity.ch Rédaction Jérôme Ballet, Franck Belaich, Louise Blanes, Paul-Henry Bizon, Joséphine David, Evelyn Dawson, Camille Gobet, Sylvie Hamel, Christophe Joly, Emanuelle Joz-Roland, Emanuelle Künzler-Resisser, Ronan Lamy, Charlotte Marlier, Martine Pavia, Max Robert, Félix Roos-Gilet, Franck Scaglione, Gaëlle Sinnassamy, Renzo Stroscio, Pierre Thaulaz, Marie-Caroline Thomas Création & réalisation maquette Philippe Caubit & Ludovic Bondu www.tylerstudio.com

Caroline Spir

Secrétaire de rédaction François Bocquier Abonnements Diego Cabanelas Publicité Bastian Roncalli, b.roncalli@mediacity.ch

ET AUSSI...

Imprimerie Kliemo Printing Copyright © La rédaction décline toute responsabilité pour les manuscrits et photos qui lui sont envoyés directement. Les textes des journalistes hors de la rédaction ne peuvent engager la responsabilité du magazine. Toute reproduction, même partielle, des articles et illustrations publiés est interdite, sauf autorisation écrite de la rédaction. Vente en kiosque 5 francs (TVA 2,5% incluse)

REPTILIEN

ORIGINES

LAMBORGHINI

RACINES

PISTONS & ENGRENAGES

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FACÉTIES FAMILLE PAGE

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NEURONES

Nouveaux horizons L’Espace culturel Louis Vuitton poursuit à travers sa 16ème exposition, l’exploration régulière des scènes artistiques émergentes de pays lointains. Sous le regard d’Hervé Mikaeloff - commissaire de l’exposition l’occasion est donnée cette année de découvrir une génération énergique et effervescente d’artistes indonésiens. Au nombre de onze, ces derniers présentes des œuvres à l’image de l’île de Java qui exprime le changement dans la continuité d’une terre qui ne cesse de s’exprimer, de bouger, de gronder, au sens propre comme au figuré, expressive et animée, forte et fragile. Le tout, motivé par un désir de mutation. «Trans-figuration». Mythologies indonésiennes, jusqu’au 23 octobre 2011, à l’Espace culturel Louis Vuitton, 60 rue de Bassano à Paris, www.louisvuitton.com/espaceculturel

© Pierre Jeanneret, Fauteuil dit « Judge Chair », c. 1960. Teck massif, cuir. H. 121 x 57,5 x 77 cm.

Le Corbusier / Pierre Jeanneret, Fauteuils, c. 1955/56.

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Urbain

THE CHANDIGARH Exposition PROJECT M.C. THOMAS

CET AUTOMNE, À GENÈVE, LA GALERIE ANTON MEIER INAUGURE LA PREMIÈRE EXPOSITION JAMAIS CONSACRÉE EN SUISSE AUX ŒUVRES DE LE CORBUSIER ET DE PIERRE JEANNERET. DÉDALES DE DÉCOUVERTES URBAINES.

E. K.-R.

époque, réalisés artisanalement sur place pour les bâtiments officiels de la nouvelle capitale du penjab et présentés avec des objets de mobilier urbain rares ainsi que des sigles et empreintes de Le Corbusier. Pour l’époque, les deux hommes avaient imaginé un plan très audacieux de la ville indienne puisqu’ils avaient appliqué la symbolique du corps humain au plan urbain. Au nord, la «tête», se trouve le siège des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Au «cœur», une zone commerciale regroupe marchés, cinémas et places publiques. La ville est divisée en blocs rectangulaires reliés par des réseaux de routes et de végétation(s) à l’image des veines et des poumons tandis qu’un lac artificiel à la «tête» de la ville alimente une rivière qui traverse une série de parcs.

Eko Nugroho © Louis Vuitton / Pauline Guyon

Tout juste quelques mois avant de célébrer les 125 ans de la naissance de Le Corbusier, Anton Meier revient sur le design révolutionnaire de ces deux architectes tout en permettant aux visiteurs de mieux découvrir l’œuvre humaniste de Pierre Jeanneret, trop souvent négligée face à celle de son illustre cousin. Entre des bureaux en teck massif, des chaises cannées, des fauteuils en bois, cuir et coton d’inde et des objets plus étonnants comme un produit de voirie, une thématique commune, la construction en Inde dès 1950 de Chandigarh et le mobilier créé pour la ville nouvelle par Pierre Jeanneret, genevois d’origine, et Le Corbusier. D’où la mise en scène d’une sélection non-exhaustive de meubles de cette

Austère aux premiers abords, il n’en demeure pas moins que la richesse des détails crée à Chandigarh une architecture humaine, organique et ludique aujourd’hui mondialement reconnue. Seule Brasilia, nouvelle capitale du Brésil dès 1956 pensée par l’architecte Oscar Niemeyer, peut prétendre à un tel équivalent dans l’histoire de l’humanité. En somme, un témoignage de l’esprit moderne qui anime la conception de la ville nouvelle entièrement dessinée par les deux cousins et leurs équipes. Une belle occasion de (re)découvrir ce que ces deux hommes ont réalisé ensemble dès 1950. «The Chandigarh Project», jusqu’au 29 octobre 2011 au palais de l’athénée à Genève, www.antonmeier-galerie.ch

EXPOSITION

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formelles, créant une belle dynamique. Le cœur de la manifestation est constitué par une exposition historique déclinée au fil des musées nationaux du XXème siècle des Alpes-Maritimes et d’autres institutions de la région. Peinture, installations, photographie, sculpture, musique, architecture… Sont présents tous les éléments d’expression. En témoignent les œuvres de Bernard Pagès, Georges Rousse, Philippe Ramette ou Natacha Lesueur. À voir ou à revoir jusqu’en octobre et novembre, www.artcontemporainetcotedazur.com M.C. T.

Natacha Lesueur © D.R.

Certains diront : «Encore de l’art contemporain !» Oui, mais histoire de prolonger la douceur de l’été, le temps d’un week-end, direction la Côte d’Azur où musées, centres d’art, fondations, galeries, associations… soit une trentaine de lieux, d’Antibes à Saint-Paul-de-Vence en passant par Menton ou Mouans-Sartoux, racontent le feuilleton récent des soixante dernières années de l’histoire de l’art, sur le territoire. De Pablo Picasso à Jean Dubuffet, de Nicolas de Staël à César, jusqu’à Gottfried Honegger, le chapitre est riche de personnalités fortes, de passions électives, d’expérimentations

Noël Dolla © D.R.

Courez-y vite !

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© Mitch Epstein

© Frank Schramm

© Mitch Epstein

© Frank Schramm

© Pierre Jeanneret, Fauteuil dit « Judge Chair », c. 1960. Teck massif, cuir. H. 121 x 57,5 x 77 cm.

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Zoom

L. BLANES

Exposition

© Saul Leiter

REGARDS CROISÉS Avec «L’Autre Amérique», le Musée de l’Elysée présente trois expositions inédites de photographes américains contemporains dont les clichés offrent un spectre de la couleur depuis 1948. «American Power», soit une série de 63 photographies réalisées entre 2003 et 2008 aux Etats-Unis par Mitch Epstein, examine les problèmes liés à la production et à la consommation d’énergie mettant en valeur ses conséquences sur la société et le paysage américains. En parallèle, Saul Leiter avec «Early colour» exhume de manière poétique presque lyrique des instantanés de la vie new-yorkaise pris dans les années 1948-1960. Une approche unique fondée sur l’utilisation des pelli5

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cules de mauvaise qualité ou périmées qui génère ainsi une gamme de couleurs atypiques. Tandis que Frank Schramm expose, lui, sa démarche «Stand-ups - Reporting Live from Groud Zero», focalisée sur l’expression faciale de journalistes de télévision ayant couvert les attentats du 11 septembre. Trois regards d’un pays au passé nostalgique ou confronté aux difficultés dont il est en proie pour une exposition qui s’interroge sur les contrastes entre le rêve américain et la grande puissance que ce pays représente. «L’Autre Amérique», jusqu’au 20 novembre, au Musée de l’Elysée à Lausanne, tél. 021 316 99 11 ou www.elysee.ch

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Résonance UNE TERRIBLE BEAUTÉ EST NÉE Biennale

Organisée autour de plusieurs parcours, sur les 13 000 m2 que comptent ses quatre lieux d’exposition : la Sucrière, la Fondation Bullukian, le Musée de l’art contemporain de Lyon, et l’usine T.A.S.E, l’exposition engage à réfléchir sur la densité du présent, sur le pouvoir de l’imaginaire, du visionnaire et de l’hallucinatoire. 11ème Biennale de Lyon, «Une terrible beauté est née», jusqu’au 31 décembre 2011, www.labiennaledelyon.com/art

clair que le poète est dans la perplexité et le doute. Indécis, le poème navigue entre affirmation, questionnement et négation. Il est fondamentalement en guerre contre lui-même. Présenté ainsi, le titre de la Biennale est davantage un outil méthodologique qu’une thématique où les artistes présents s’interrogent sur la force du paradoxe, la contradiction, la tension et l’ambivalence en questionnant l’état d’urgence actuel du monde et des arts.

© Diego Bianchi, Ejercicios espirituales, 2010, CC Recoleta, Buenos Aires © «Une terrible beauté est née»

Le titre de la prochaine Biennale de Lyon, «Une terrible beauté est née», est extrait du poème Pâques, 1916 de W.B. Yeats. Composé en septembre de cette année-là, il porte sur l’insurrection de centaines de rebelles revendiquant la libération de l’Irlande par l’occupant britannique. Au premier abord, le poème se lirait comme l’éloge des martyres qui ont donné leur vie pour la cause indépendantiste. Mais en regardant de plus près, il devient

EXPOSITION

Peau d’hommes Elle est douce, sèche, diaphane ou noire. Elle vous fait passer du blanc au vert en passant par un cramoisi honteux. Vous l’avez tirée, égratignée, coupée, râpée, brûlée, piquée, tatouée, piercée, lavée, massée, hydratée, parfumée. Elle mesure deux mètres carrés et pèse cinq kilos. Elle mérite amplement une expo : la peau. À la Fondation Claude Verdan-Musée de la main, «Peau» fait le tour de l’organe en six chapitres : le biologique, l’environnemental, le social, le médical, l’artisanal et l’artistique. «Peau», jusqu’au 29 avril 2012 à la Fondation Claude Verdan, à Lausanne, tél. 021-314 49 62 ou www.verdan.ch. Gabriel Sierra, Sans titre, 2008 © Une terrible beauté est née, Biennale de Lyon 2011, droits réservés

© Otolith Group, Otolith III, 2009, Vidéo HD (son, couleur) de 48’, 1960 © «Une terrible beauté est née»

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Edvard Munch a toujours livré ses visions et impressions sans artifices. Le maître de l’expressionnisme de la peinture moderne et auteur du célèbre Cri (1890) sera mis à l’honneur et consacré avec «Edvard Munch, L’œil moderne», au Centre Pompidou à Paris jusqu’au 9 janvier 2012. www.centrepompidou.fr

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© Edvard Munch

Regards sans concession

© Nasjonalmuseet for kunst, Architecture and Design

EXPOSITION

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GIRARD-PERREGAUX 1966 Calendrier annuel et équation du temps Boîtier en or rose, fond saphir, Mouvement mécanique à remontage automatique Girard-Perregaux. Heure, minute, petite seconde, calendrier annuel et équation du temps.

BOUTIQUE GIRARD-PERREGAUX - GSTAAD | ASCONA - HERSCHMANN | BASEL - BUCHERER | BERN - BUCHERER | CRANS-MONTANA - HERITAGE MONTRES & BIJOUX | DAVOS - BUCHERER | GENEVE - BMP MONTRES PRESTIGE, BUCHERER, LES AMBASSADEURS, JEAN-JACQUES ZBINDEN, AIR WATCH CENTER | INTERLAKEN - BUCHERER | LAUSANNE - BUCHERER | LOCARNO - BUCHERER | LUGANO - BUCHERER, LES AMBASSADEURS | LUZERN - BUCHERER, EMBASSY | SAMNAUN - HANGL | ST-GALLEN - BUCHERER | ST-MORITZ - BUCHERER, LES AMBASSADEURS | VEVEY - MEYLAN | ZERMATT - BUCHERER | ZÜRICH - BUCHERER, LES AMBASSADEURS www.girard-perregaux.com


O CORTEX

Racines

rigines G. SINNASSAMY

À LA RECHERCHE DU TEMPS DES RÊVES COLLECTIONNEUR D’ART, AVENTURIER DANS L’ÂME, ARNAUD SERVAL NOURRIT UNE VÉRITABLE PASSION POUR LA CULTURE ABORIGÈNE. IL VIENT D’OUVRIR «CARRY ON», ESPACE DE PARTAGE ET DE RENCONTRE AUTOUR DES RACINES DU PEUPLE AUSTRALIEN.

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devenue réalité. «Carry On» a ouvert ses portes : 650 m2 accueillent des expositions d’œuvres d’artistes aborigènes reconnus et celles de jeunes talents, ainsi que des concerts ou des projections. «Carry on», nom tiré des leitmotivs de l’artiste et homme de loi Clifford Possum Tjapaltjarri, traduit la nécessité de transmettre le savoir des ancêtres. Et là est bien l’objectif

de ce laboratoire pluridisciplinaire : faire rayonner une tradition millénaire au-delà des époques et des frontières...

Mythes et rites ancestraux Arnaud Serval a parcouru le monde dès son plus jeune âge mais c’est en feuilletant un livre sur l’art aborigène, offert à sa mère que le Parisien d’origine a été conquis. «L’envie de découvrir

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C’est dans une ancienne ferronnerie, près de Plainpalais, qu’Arnaud Serval a donné vie à son rêve. «Je souhaitais créer un lieu susceptible d’offrir de la visibilité à l’art aborigène tant sur la scène genevoise qu’en Europe, une sorte d’ambassade d’un peuple porteur d’une culture séculaire riche et pleine d’enseignements», explique ce passionné. En avril, l’utopie est

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cette culture m’a saisi. J’ai passé trois semaines dans la communauté de Yuendumu. À mon arrivée, une visite à l’Art Center m’a amené à rencontrer mon père spirituel Paddy Tjupurula Nelson. Hasard de la vie, c’est l’un des hommes dont j’avais aimé le portrait dans le livre de ma mère», révèle-t-il. Un premier voyage suivi de bien d’autres. Des séjours au cours desquels il partage la vie quotidienne locale et découvre un art de vivre qui le fascine. «C’est un peuple d’une profondeur et d’une complexité extrêmes. La seule culture qui a perduré sur terre en continu. Les grands maîtres sont les gardiens de plus de 50 000 ans d’histoire», poursuit-il. Car, sous une apparente abstraction, l’art aborigène s’avère riche en significations. Evocateur de mythes et rites ancestraux, il recèle la loi universelle. Les œuvres sibyllines aux non initiés sont en réalité de véritables traités. Elles répondent aux questions basiques d’organisation de la société : comment se nourrir, où dormir,

qui a le droit de puiser l’eau du puits, comme aux interrogations métaphysiques sur la genèse des origines. Un temps immémorial que les aborigènes appellent le Temps du rêve (Tjukurpa en langue anangu). Un temps où des créatures géantes, comme le serpent, l’opossum, le chien sauvage ou le kangourou, ont surgi de terre, de la mer ou du ciel pour engendrer la vie et les paysages australiens. «Les héros du Temps du rêve ont créé les sites naturels, reliefs, fleuves ou déserts. Difficile de discerner réalité et fiction. Les représentations de la nature ressemblent de manière troublante à leur légende», précise Arnaud. Une cosmogonie que l’art aborigène transmet de génération en génération et que la galerie genevoise «Carry on» s’applique à dévoiler au monde occidental.

les quelques 2 500 œuvres réunies par Arnaud et Bérengère Serval (peintures sur écorce, sculptures, poteaux funéraires et objets traditionnels), il se veut avant tout, lieu vivant de partage et de découverte. Outre les expositions permanentes et temporaires, le centre dispose d’un important fonds d’archives ouvert aux chercheurs mais aussi à tous les néophytes et curieux amateurs d’art. Car Serval est un idéaliste. Pour lui, il ne s’agit pas simplement d’exposer un art venu d’ailleurs mais de véhiculer les fondamentaux d’un peuple qui a su préserver ses valeurs et son authenticité au travers des siècles. «Notre culture occidentale a beaucoup à apprendre des Aborigènes. Il faut savoir revenir à l’essentiel. Notre société moderne s’est un peu perdue. “We can’t get away”, disait l’un de mes maîtres. On n’échappe pas à ses erreurs mais peut-être n’est-il pas trop tard pour renouer avec le Temps des rêves...» «Carry On», 18, rue des Voisins, 1205 Genève. Tél. 022 328 16 80

Pour revenir à l’essentiel En effet, si l’espace de la rue des Voisins accueille l’une des plus riches collections privées d’art aborigène avec

Arnaud Serval Fondateur de «Carry On»

Comment s’explique votre attrait pour la culture aborigène ? La culture aborigène résonne très fort en moi. Dès mon premier voyage, j’ai eu un vrai coup de coeur pour l’Australie. Au retour, je n’avais qu’une hâte, repartir. J’ai préparé un second périple de 6 mois, avec un ami, à la découverte des communautés artistiques. En rentrant à Paris, j’ai dédié ma galerie à l’art aborigène. Vous avez passé beaucoup de temps parmi les aborigènes, comment s’intègre-t-on ? C’est une culture et un peuple qui se méritent. Avec les aborigènes, on est mis à l’épreuve à chaque instant. On doit prouver qui on est et ce qu’on vaut. J’ai vécu auprès de cinq grands maîtres qui m’ont tout appris. Une initiation d’une vingtaine d’années. J’ai été l’assistant, l’apprenti, le serviteur. J’ai aidé à trouver du bois, à chasser, à faire le feu mais jamais, je n’ai tenté de percer un secret. J’ai vécu le sacré qu’ils ont voulu partager avec moi.

Et après la galerie genevoise, quels projets ? «Carry On» s’inscrit dans un projet global incluant la Caverne d’Issy près de Paris, fondation et musée sur l’art pariétal des origines à nos jours et le Life Center, terrain de 22 hectares situé à Alice Spring, en Australie, qui servira de base pour l’organisation de voyages d’études dans le désert australien. Je viens aussi d’acquérir un lopin de terre dans le Midi, une centaine d’hectares. Une façon de recréer un morceau d’Australie en France...

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INTERVIEW

Pourquoi une galerie à Genève ? Pendant des années, j’ai fait des allers-retours entre Paris et l’Australie. Au bout de 9 ans, il me fallait un break. J’ai fermé ma galerie, en conservant un entrepôt où je recevais sur rendez-vous. C’est là que j’ai rencontré ma femme. Elle est tombée amoureuse de l’art aborigène et moi d’elle. Elle habitait alors à Genève. J’ai déménagé et nous avons monté «Carry On».

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Œuvres de l’exposition Tingari, épopée millénaire au caractère sacré et secret, évoquant les errances mythiques des ancêtres, au temps des rêves.

© Annik Wetter

© Mauren Brodbeck

© Mauren Brodbeck

L’espace «Carry On» se veut dynamique avec des expositions temporaires et des collections vivantes qui s’exposent, s’accroissent, mais aussi, pour partie, se vendent ou se prêtent à des musées ou de grandes institutions du monde entier.

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Exist Valeur

F. BELAICH

JE CONSOMME, JE RESSENS DES ÉMOTIONS FORTES, DONC JE SUIS. C’EST PEUT-ÊTRE LE SLOGAN DU NOUVEL ESPRIT CAPITALISTE. DANS UNE LOGIQUE DE QUÊTE PERMANENTE, DE VALEUR AJOUTÉE ET DE DIFFÉRENCIATION PAR RAPPORT AUX CONCURRENTS, LES MARQUES DOIVENT TROUVER DE NOUVELLES MANIÈRES DE GÉNÉRER DE LA VALEUR.

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JE SENS DONC JE SUIS Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de posséder un objet pour acquérir des valeurs symboliques (réussite, féminité, dynamisme, jeunesse...), mais, il faut aussi, pour se sentir vivant, se promener avec un iPhone, un jeans Diesel ou se servir un Nespresso. La valeur ajoutée émerge de rituels quotidiens où le consommateur, par le biais de produits conçus à cet effet, va ressentir des émotions fortes qui lui donneront le sentiment d’exister. L’objet, plus que le produit, peut ainsi servir à exprimer ou à extérioriser certains traits de caractère ou de personnalité de son possesseur par une sorte de mécanisme d’incorporation.

Tous ces objets, par les sensations qu’ils provoquent, fonctionnent exactement comme des fétiches ou des objets transitionnels. Dans les cultures primitives, le fétichisme désignait l’adoration d’idoles ou d’objets censés être dotés d’un pouvoir secret. L’objet transitionnel (le doudou, la tétine, le mouchoir…), en psychanalyse, vient remplir une fonction essentielle : rassurer l’enfant, le réconforter, dans sa peur de perdre l’objet suprême, c’est à dire l’objet maternel. C’est ce que fait indubitablement Marc Jacobs en menottant toute la collection Louis Vuitton prêt à porter aux extravagances du fétichisme. Thème culte pour l’automne hiver 2011-2012.

Pensées magiques

La mythification du quotidien, caractéristique de la modernité, se réalise donc dans de petits rituels et une pensée magique. Le sentiment d’appartenance à la culture marchande, incroyablement boosté et survitaminé par le communautarisme on-line, demande de se conformer à des scénarios de vie dans lesquels s’insèrent les produits : danser, marcher, boire, manger, se rencontrer… l’objectif étant de ressentir la promesse d’un sentiment de vie intense. Ainsi, le marketing se donne pour objectif de programmer non seulement des rituels d’appartenance à une communauté, mais aussi les émotions qui seront ressenties par le biais de ces interactions. Le réenchantement du quotidien, promesse de la modernité, appelle à vivre des expériences fortes affectivement. Grâce au marketing expérientiel, la construction de soi est désormais une affaire d’émotions ressenties par le biais d’objets impeccablement intégrés dans la vie quotidienne. Ainsi la couleur rouge, par exemple, associée à une sensation

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ster ÉPROUVER POUR TENTER DE MARQUER LES ESPRITS CARACTÉRISE LES TECHNIQUES DE COMMUNICATION DU XXIème SIÈCLE.

tactile, à une odeur, à une narration visuelle ou auditive devra déclencher, par identification puis fusion, une réaction affective. Un hommage, un clin d’œil, aux correspondances baudelairiennes ou à la madeleine de Proust… La dernière campagne de publicité de la chaîne française de soins du corps Séphora mettait récemment en scène un sex toy en forme de canard. L’Américain 3M a lancé des post-it en forme de bouches parfumées à la fraise. Pour la vaisselle, la marque scotch-brite innove avec des éponges qui ne dépendent pas du liquide vaisselle pour sentir bon. Les grands fabricants d’électroménager cherchent à distinguer leurs produits grâce aux sons de leurs boutons… La marchandisation du plaisir se banalise et devient accessible à tous. Lorsque la dépendance est là, que l’objet est devenu soit une prothèse soit un doudou ou un fétiche, la réussite est totale - iPhone ou iPad. Cela signifie alors que la communication a réussi à articuler manipulation, sensations et représentations associées à ce produit. Le logo et l’identité visuelle ont caractérisé les années dites

de la culture pub. L’imitation massive de cette logique et sa généralisation aux autres domaines de l’économie marchande a eu comme conséquence une saturation des univers visuels. Le plus emblématique est l’arrondissement de tous les logos depuis les années 1990 pour promouvoir les valeurs de proximité, écoute, respect du client. Tout le monde sait ce que «arrondir les angles» veut dire. Aussi, le visuel est-il devenu un univers ennuyeux. Reste les promesses : la crème rend la peau intelligente, le shampooing est une expérience orgasmique, le chewing-gum ou le smoothie une sensation extrême… Désormais, le désir de sensations domine les comportements d’achat.

Aujourd’hui, ce n’est donc plus «je consomme donc je suis», mais «je consomme, je ressens des émotions qui me donnent le sentiment d’exister, donc je suis». Éprouver pour tenter de marquer les esprits caractérise les techniques de communication du XXI ème siècle. Partout, tout secteur confondu, cet éternel retour à l’essentiel et aux fondamentaux du côté des stratégies de marque - retrouver confiance et clarté, praticité et découverte, mise en scène et relations à visage humain, maîtrise du temps… Autant de leviers qu’actionne la distribution moderne pour optimiser les ventes bien sûr, mais surtout pour nous faire croire, in fine, que consommer c’est bien… Que consommer s’inscrit naturellement dans la vie et dans nos affects… Et qu’avoir contribue à être. Rappelons-nous enfin que l’émotion est d’abord et avant tout une expression corporelle : emovere, émouvoir, mettre en mouvement. C’est ici que se situe la marchandisation de ces messages affectifs qui mettent en mouvement les corps. Mais au juste, pour aller où ?

Marquer les esprits Pour les sociologues, cette évolution s’expliquerait par une recherche de compensation face au développement du monde virtuel, ce qui impose aux industriels de concevoir des produits qui éveillent les sens afin de développer une identité polysensorielle. C’est en cela que les produits de demain devront plus finement incarner la marque afin de donner plus de corps à la relation avec le consommateur.

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PISTONS ET ENGRENAGES

Pur-sang PRÉCISION DANS L’ACTION J. BALLET

© Hublot

HUBLOT CRÉE L’ÉVÉNEMENT EN PRÉSENTANT SA DERNIÈRE CRÉATION : LA CHUKKER BANG.

Création

À sport d’élite, montre d’exception ! La marque horlogère suisse, Hublot, a profité de la Gold Cup de polo de Gstaad pour présenter son tout dernier modèle, la Chukker Bang. Directement inspirée de l’univers du polo, cette Big Bang d’un nouveau genre, développée en collaboration avec Facundo Pieres ; l’un des meilleurs joueurs de polo du monde et ambassadeur de la marque ; offre la particularité d’avoir une grille

HUB1141 Polo Flyback dont la particularité présente un compteur de 7,30 min soit la durée d’une période dite «Chukka» d’un match de polo, d’où son nom de baptême. Encore un peu de patience, les fêtes de Noël approchent. Mais, rappelez-vous, les premiers à commander seront les premiers servis dans la mesure où cette pièce est limitée à 500 exemplaires seulement…

en titane amovible sur le cadran (et peut donc s’ôter de la lunette selon vos préférences), afin de protéger le verre lors d’un match engagé de polo. On apprécie tout particulièrement les vis qui entourent le cadran, de même que le cuir du bracelet, parfaitement en accord avec le look de sportif élégant tandis qu’au niveau du moteur, on aime sentir les pulsations d’un chronographe automatique

EXPOSITION

L’itinérante DANS LE CADRE DE SON 220ÈME ANNIVERSAIRE, GIRARD-PERREGAUX PRÉSENTE UNE EXPOSITION ITINÉRANTE RÉUNISSANT UNE BELLE SÉLECTION DE PIÈCES DE SON MUSÉE ET DE SES CRÉATIONS CONTEMPORAINES. PRÉLUDE D’INITIÉS.

© Hublot

Tel un voyage didactique au cœur des valeurs et de l’esprit qui animent la manufacture de Haute Horlogerie suisse, Girard-Perregaux met en scène à travers le monde une exposition itinérante - «Une histoire d’inspiration : 220 ans d’Art horloger dévoilés» - qui retrace l’évolution de la mesure du temps et de ses savoir-faire. Parmi les pièces rares, documents et outils exposés, les visiteurs pourront admirer la montre de poche «Esmeralda», l’illustre exemplaire du Tourbillon sous trois Ponts d’or; chef d’œuvre de Constant Girard-Perregaux pour lequel il obtint la médaille d’or à l’exposition universelle de Paris en 1889. L’exposition commence par la ville des lumières, Paris (jusqu’au 8 octobre), se poursuit à Shanghai (du 20 au 23 octobre 2011), puis s’achève à New York (du 18 au 26 novembre 2011). Avis aux globe-trotters passionnés. www.girard-perregaux.com J. B.

CINQ SENS

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INNOVANT

VIRTUOSE

SPORT

SONOR

Chronographe Speedmaster Co-Axial, boîtier en acier inoxydable, calibre 9300/9301, Omega, www.omegawatches.com

RM 033, calibre automatique extra-plat, boîtier rond - disponible en titane, or blanc ou or rose 18 carats, Richard Mille, www.richardmille.com

Classic Sport Chrono, boîtier en acier inoxydable, mouvement quartz manufacturé en Suisse (EBEL 503), Ebel, www.ebel.com

Lange Zeitwerk Acoustique, mouvement calibre L043.2 manufacturé Lange à remontage manuel, signal sonore pour les heures et les quarts d’heure, boîtier or gris platine, A.Lange & Söhne, www.alange-soehne.com

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Motorisé M.C. THOMAS

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Mécanisme

TUDOR-IFIC! ALORS QUE L’AN PASSÉ, LA MARQUE TUDOR A BEAUCOUP FAIT PARLER D’ELLE AVEC SON SPLENDIDE TUDOR HERITAGE CHRONO, ELLE REVIENT CETTE ANNÉE EN FORCE AVEC LA LIGNE FASTRIDER ET, PLUS PARTICULIÈREMENT, LE MODÈLE TUDOR FASTRIDER DUCATI. UNE MONTRE VROMBISSANTE. «Depuis plusieurs années, j’étudiais la possibilité de fabriquer une montre moins chère que celles commercialisées sous la marque Rolex, mais qui soit digne de la même confiance. J’ai donc décidé de fonder une nouvelle société qui fabrique et vend cette nouvelle montre. C’est la société Montres Tudor SA». Ces propos ont été tenus le 6 mars 1946, par Hans Wilsdorf, fondateur de Rolex. Depuis, «l’autre marque» du groupe à la couronne, et non «la seconde» comme aime à le préciser Gian Riccardo Marini, le nouveau patron de Rolex, a fait du chemin. Après quelques années de stagnation sur le marché européen – l’Asie,

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plus particulièrement la Chine, les rives sud du Pacifique et l’Amérique latine ont continué de lui faire bon accueil –, la belle (re)vient sur le devant de la scène horlogère grâce à son dynamisme et à des mécaniques surprenantes. Pour preuve ? La Tudor Fastrider Ducati, déclinaison du modèle Fastrider (présenté à Bâle en mars dernier), qui s’orne des couleurs de l’iconique constructeur italien.

Un partenariat fort Le ton est donné. Le partenariat entre Tudor et le prestigieux constructeur de motos est annoncé lors d’une conférence officielle faite au musée Ducati de Borgo

Panigale (Bologne), site de production du constructeur. Déjà partenaire de Porsche avec sa collection Heritage, Tudor renforce ainsi sa présence dans le sport mécanique, s’intronise dans un univers encore très peu prisé par les horlogers de ce segment et assoie ainsi davantage encore la ligne Fastrider. «Un partenariat cohérent et consistant, explique Philippe Peverelli, CEO de Tudor. Avec Ducati, nous poursuivons notre collaboration avec l’univers motorisé, entamé en 2009 avec Porsche pour les quatre roues. Nous ne nous livrons pas à une course effrénée, mais nous entendons progresser avec régularité, tout en respectant les valeurs

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PISTONS ET ENGRENAGES

HISTOIRE

de la marque». Nous comprenons alors que ce partenariat permet aussi à la marque helvétique de s’émanciper un peu plus de son illustre mentor. Elle investit, en effet, des horizons laissés de côté par la marque à la couronne.

L’évolution d’un logo

LES DEUX MARQUES ALLIENT MÉCANIQUE, VITESSE, RECHERCHE CONSTANTE DE LA PERFORMANCE & DU DESIGN ORIGINAL

satinée. L’esprit résolument sportif de sati chronographe, qui mesure les temps ce chr apanage des courses de vitesse, courts, a souligné est soulign poussoirs insérés dans la carrure par les pouss cylindres en PVD noir évoquant par des cylindr moteur. Esprit sportif les pistons de mo l’échelle tachymétrique toujours, grâce à l’éc gravée sur la lunette et rehaussée par des touches de rouge Ducati sur les bracelet et sur le bandes verticales du bracel cadran. L’effet de contraste eest superbe avec le tissu et les compteurs noirs. no partagées», Et, mis à part les «valeurs partagé Tudor le partenariat entre les montres Tud et les motos Ducati s’avère profitable aux deux marques : Tudor a pignon sur le marché asiatique, alors que Ducati commence seulement à le courtiser tandis que Ducati est le constructeur de motos numéro un aux Etats-Unis, alors que Tudor y est encore presque inconnu.

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«Une autre entreprise de marketing conjoint», diront les cyniques. Mais non, il n’en est rien. Ce partenariat entre un des grands noms de l’industrie horlogère suisse et une des icônes de la mécanique «made in Italy» sonne à vrai dire comme une évidence, tant les deux maisons ont de points communs. Si leur année de naissance commune, 1926, n’est qu’une coïncidence de bon augure, point de hasard dans la convergence des philosophies animant Tudor et Ducati. Les deux marques allient mécanique, vitesse, recherche constante de la performance et du design original, identifiable au premier coup d’œil. Alors pour fêter les noces, Tudor et Ducati présente la Fastrider Ducati, une édition spéciale, qui exprime parfaitement ce que les deux marques ont en commun. Déclinaison du chronographe Fastrider, la Ducati est en acier, équipée du calibre Tudor 7753 à remontage automatique, avec réserve de marche de 46 heures et boîtier étanche de 42 mm de diamètre à la finition polie et

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Multiples synergies

Pour des raisons d’image évidentes, le logo qui figure sur le cadran des montres est d’une grande importance. Et Tudor n’échappe pas à la règle. Elle prête donc une attention toute singulière à son identité graphique, la faisant évoluer au fil du temps en fonction des besoins de sa communication. Il faut savoir que les toutes premières montres des années 1920 et 1930 portaient simplement le nom Tudor. On trouve encore, cependant, quelques rares exemplaires où le nom de la marque est associé à celui de Rolex, la «grande maison verte» garantissant alors encore la qualité technique de Tudor. En 1936, pour la première fois, la rose des Tudor - du nom de la dynastie qui régna longtemps sur l’Angleterre - inscrite dans un bouclier fait son apparition. Ce logo évoquait l’union invincible de la force et de la grâce. En 1947, un an tout juste après le lancement officiel de Tudor, le cadran ne comporte plus que la rose. Et depuis 1969, les principes d’une esthétique classique acquis, la marque approfondit son pôle technique. La rose disparaît et le bouclier revient, trônant sur le cadran tel un symbole de solidité et de fiabilité.

TECHNIQUE

Nom de code : 7753

© Olivier Foulon

Mouvement mécanique à remontage automatique Diamètre total 30,40 mm Hauteur 7,90 mm Nombre de rubis 27 Fréquence 28 800 alternances Réserve de marche 46 heures

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PISTONS ET ENGRENAGES

Zénith

Interview C. SPIR

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JEAN-FRÉDÉRIC DUFOUR, À BÂTON ROMPU

DEPUIS JUIN 2009, CET HOMME EST LE MONSIEUR ZÉNITH DE LA MANUFACTURE DU LOCLE. SUR TOUS LES FRONTS, AUSSI CRÉATIF QUE RÉACTIF, JEAN-FRÉDÉRIC DUFOUR MÈNE TAMBOUR BATTANT SA (RE)CONQUÊTE FULGURANTE. LA QUARANTAINE RAYONNANTE EN QUELQUE SORTE. MAIS NE PAS SE FIER AUX APPARENCES… DERRIÈRE UN VISAGE QUI PEUT PARFOIS PARAÎTRE LISSE, L’HOMME NE MÂCHE PAS SES MOTS. ET QUAND IL FINIT UNE DÉMONSTRATION, VOUS AVEZ JUSTE ENVIE D’AJOUTER : CQFD !

CADRAN

Second souffle TROUVER UNE MONTRE DE BELLE FACTURE, AU BON PRIX ET GARANTIE SUR LE NET, S’AVÈRE SOUVENT UNE QUÊTE PÉRILLEUSE. MAIS LES TEMPS CHANGENT.

Depuis son arrivée sur la toile, Imontres.com n’a cessé de créer des émules. En véritable expert, ce site est le nouveau courtier dédié aux aficionados de Haute Horlogerie désireux d’acquérir ou de vendre une pièce de seconde main. Séries limitées, pièces vintage ou d’exception, des ventes aux achats en passant par les échanges et autres reprises, imontres.com se charge de tout ! Et si d’aventure, le visiteur ne trouvait pas son bonheur dans les stocks alors il peut toujours passer en mode «recherche sur mesure» pour définir lui-même ses critères (prix, boîte, papiers, état neuf ou occasion...). À noter, et cela a son importance, que les pièces proposées sont toutes authentifiées, certifiées par les manufactures elles-mêmes et garanties de 12 à 24 mois. D’autant qu’au-delà de ces services, imontres. com va encore plus loin en proposant aussi un service permanent de conciergerie sur- mesure accessible depuis le site à travers un formulaire de contact conçu à cet effet. Avec des prestations personnalisées hautement qualitatives articulées autour du sur-mesure, imontres.com innove et se plie à toutes les demandes. Et puis, au détour d’un voyage d’affaires à Paris, entre deux rendez- vous, peut-être aurez-vous la curiosité de visiter leur showroom ?

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Et puis, compte tenu de l’allure où vont les choses, il faut toujours être dans l’air du temps. Chacun de nos modèles retrace un peu d’histoire de la marque, tout en étant classique.

Sur quoi repose le succès de Zénith ? Concrètement, le succès de la marque repose sur la maîtrise et le savoir-faire du chronographe. Nous sommes considérés comme les meilleurs en la matière. Il ne faut pas oublier qu’en 1969, c’est Zénith qui a donné naissance à une montre mythique : le modèle El Primero, le premier chronographe équipé d’un mouvement à remontage automatique avec un rotor central. Par exemple, quand vous parlez de Porsche, la plupart du temps vous pensez 911, eh bien, pour retranscrire cette idée, quand les gens évoquent Zénith, ils pensent El Primero. Et puis au-delà de ça, Zénith s’appuie sur une histoire riche de plus de 135 ans, une manufacture d’excellence, des talents hors-paire, des compétences… Sans compter qu’il y a derrière ce succès beaucoup de travail et de chance aussi, il faut l’avouer.

Pensez-vous que les clients perçoivent ces valeurs ? Nos clients : oui ! Après pour ceux qui sont en passe de le devenir, c’est précisément ce que nous tentons de faire. Via le marketing, nous essayons de traduire toutes ces valeurs, cette histoire dans nos produits car l’important est d’être en adéquation avec ce que l’on dit et ce que l’on fait. Dès votre arrivée ; il y a plus de deux ans ; à la tête de la marque, vous avez dû faire face à de nombreux remaniements. Aujourd’hui, quelles sont vos priorités ? Durant les deux ans qui viennent de s’écouler, les équipes et moi-même nous sommes attachés à reconstruire la marque, poser les bases et revenir à ses fondamentaux en se recentrant sur l’essentiel, ce qui avait fait son succès. Désormais et ce, pour deux ans environ, nous amorçons la phase de conquête. C’est là que je centralise tous mes efforts. Dans un monde où la compétitivité fait rage, c’est un vrai challenge ! Ensuite, nous nous mettrons en mode marathon afin de consolider les acquis.

Comment définiriez-vous le style Zénith ? Zénith, c’est l’intemporel ! Compte tenu des prix, quand vous achetez une montre il faut pouvoir lui assurer une certaine longévité de manière à ce qu’elle vive plusieurs vies. Qu’elle puisse se transmettre de génération en génération.

Actuellement, bon nombre d’horloger ne jurent que par la Chine, en faites-vous partie ? Historiquement, Zénith a toujours un pied en Chine. Nous avons d’ailleurs une plate-forme à Hong-Kong depuis de nombreuses années et plus de 50 points de vente dans le pays. Bien évidemment, nous mettons l’accent sur ce marché mais pas seulement. Le Brésil ou le Mexique sont des pays à très fort potentiel. Il ne faut donc pas les négliger. Justement, est-il envisageable pour Zénith d’adapter ses produits à certains marchés ? Non. C’est une grave erreur de fonctionner ainsi. On l’a bien vu dans les années 80. Si c’est le marché qui dicte à la marque, cela signifie que c’est perdu d’avance. Jean-Claude Biver, CEO Hublot a récemment déclaré : «L’horlogerie suisse, l’industrie du futur», qu’en dites-vous ? Je suis tout à fait d’accord avec lui. L’environnement dans lequel nous évoluons, les techniques, le savoir-faire, les compétences sont incroyables. Ce souci du détail, cette précision que nous tentons d’améliorer toujours plus montre que nous avons tous les éléments pour que cela fonctionne.

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PISTONS ET ENGRENAGES

MÉMOIRE

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Beau livre

Fixe

Exposition

M.C. THOMAS

O’CLOCK

LA CONCEPTION DU TEMPS, LE TEMPS DE CONCEPTION. VOILÀ UNE RÉFLEXION QUI DEMANDE… DU TEMPS ! ALORS POUR TENTER D’Y RÉPONDRE, LE TRIENNALE DESIGN MUSEUM EN PARTENARIAT AVEC LES MONTRES OFFICINE PANERAI MET À L’HONNEUR L’HORLOGE PUBLIQUE. «O’Clock» est une exposition, organisée de main de maître par Silvana Annicchiarico et Jan van Rossem, qui tente, à travers la mise en scène de Patricia Urquiola ; célèbre designer connue pour ses œuvres si singulières dont certaines font parties des collections du MoMA à New York ; d’explorer les relations entre le temps et la conception. Si l’art figuratif, le cinéma et la photographie ont développé une longueur d’avance sur la question, la conception, elle, a souvent été abordée sous le spectre technique de la mesurabilité et de la fonctionnalité. Or, plus complexes qu’il n’y paraît, les relations entre le temps et le design peuvent parfois se révéler surprenantes, à la fois esthétiques et fonctionnelles. Pour preuve, des objets design aux œuvres d’art, des installations aux vidéos

Comme l’évoque si justement Jasmine Audemars, Présidente du Conseil d’Administration d’Audemars Piguet, «ce livre est l’illustration d’une passion, la passion de la Haute Horlogerie». Avec son iconographie digne d’un ouvrage d’art et ses textes généreux, le nouveau livre d’Audemars Piguet offre un panorama authentique de l’univers de la marque. Au fil des pages, les chapitres rendent hommage aux fondateurs de la dernière Manufacture de Haute Horlogerie indépendante et toujours propriété des familles fondatrices et alliées, et mettent en lumière l’audace créatrice dont ont fait preuve les maîtres horlogers. Avec ses clichés propres aux mécaniques, Eric Sauvage sublime l’âme de la Maison tandis que Francis Harmond met en scène la nature qui a inspiré les maîtres depuis le milieu du dix-huitième siècle. Avis aux passionnés… Audemars Piguet, Editions Flammarion, Paris 2011, 320 pages.

d’artistes, les designers exposés invitent avec humour, poésie et critique, le visiteur à répondre à des questions telles que «Comment le temps peut être mesuré ?», «Comment pouvons-nous montrer le temps qui passe ?», «Comment peut être vécu le temps ?»... Indéniablement, ce scénario met à mal le temps, l’émousse dans le présent pour justement montrer l’urgence de ces multiples perspectives comme son agitation incessante. «O’Clock - Le temps de la conception, la conception du temps» Du 11 octobre 2011 au 8 janvier 2012, Triennale Design Museum à Milan, www.triennaledesignmuseum.it

ESPACE

Peau Neuve les collectionneurs, exposant ses sublimes pièces dans des vitrines empreintes du plus grand raffinement. Tandis qu’au sous-sol, attenant à l’espace de vente, se situe le service client. Fort des plus hautes exigences, ce service assure des prestations après-vente d’entretien, de réparation ou la personnalisation des garde-temps. Et pour ceux qui connaissent la maison, l’ouverture

de cette boutique sera sans doute le prétexte de (re)visiter l’Espace Connaisseur, lounge exclusif dédié aux amateurs de pièces d’exception, qui rappelons-le organise une fois par mois une soirée privée pour les passionnés afin de débattre sur des thèmes horlogers et d’échanger avec des spécialistes. Les Ambassadeurs, rue du Rhône 62, 1204 Genève, Tél. 022 318 62 22, www.lesambassadeurs.ch

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Les Ambassadeurs viennent tout juste d’inaugurer une nouvelle boutique au 62 de la rue du Rhône à Genève. Cet espace d’avant-garde, mis en lumière par une belle architecture initiée sur trois étages soit 630 m2, est un écrin de choix pour les collections de joaillerie et d’horlogerie de ses illustres partenaires. Un espace à la fois intime et accueillant pour les amateurs comme

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PISTONS ET ENGRENAGES

Reptilien Lamborghini

F. SCAGLIONE

L’AUTOMNE EN COUPÉ OU EN CABRIOLET ? LORSQUE LES MATINÉES FRAÎCHISSENT ET QUE LES JOURS RACCOURCISSENT, LA QUESTION DU VÊTEMENT À PORTER REJOINT CELLE DE LA VOITURE À UTILISER. COUPÉ OU CABRIOLET ? UN TRIP DE 700 KM ALTERNANT LAMBORGHINI GALLARDO LP570-4 SPYDER PERFORMANTE ET LP 560-4 BICOLORE NOUS APPORTERA LA RÉPONSE.

Pour la beauté du trait La Lamborghini Gallardo, première auto conçue sous l’ère Audi, galope vers sa fin de carrière avec une fraîcheur de jeune première. La «petite» de Sant’Agata a bien vécu son petit coup de bistouri de mi-carrière et continue de faire (re)tourner les têtes de 7 à 77 ans. La technologie allemande cuisinée

à la sauce piquante italienne donne finalement une carte très alléchante. Sous la vitre du capot moteur trône un V10 5.2l développant 560 ch et 540 Nm de couple qui transitent au bitume via les 4 roues motrices permanentes. Le typage propulsion est évident, surtout lorsque vous débranchez les anti-enthousiasmes électroniques. Dans les situations extrêmes, il est rassurant de sentir les roues avant de faire le boulot en toute discrétion, ramenant le nez trop baladeur dans le droit chemin, sans pour autant entraver le plaisir du capitaine de bord. En conduite plus urbaine, on appréciera la fonction automatique de la boîte robotisée e-Gear à palettes au volant, un peu moins sa violence en mode Corsa qui contraste avec la définition GT du châssis. Cette Gallardo Bicolore reste en effet très confortable allant jusqu’à tutoyer la fainéantise en

inscription de courbe virile. La Bicolore séduit en fait par sa silhouette compacte, ses teintes bi-ton, son habitacle soigné, la personnalité de son V10 très sonore et ses performances de haut niveau mais, en cet automne, il lui manque quelque chose d’essentiel. Car si l’esthète préfèrera la pureté du trait d’un coupé sans aileron, le vrai jouisseur automobile qui se plaît à aligner les kilomètres trouvera regrettable d’être à ce point isolé de l’environnement qu’il traverse.

Tout en un Avec son aileron proéminent, ses stickers voyants, son profil haché de cabriolet, le Spyder Performante n’offre pas la séduction immédiate du coupé Bicolore. Pourtant, il possède bien les attributs qui font d’une automobile une Lamborghini, à savoir des arêtes vives, des écopes profondes, un arrière-train puissant et

© Eros Maggi

DES ARÊTES VIVES, DES ÉCOPES PROFONDES, ET UN ARRIÈRE-TRAIN PUISSANT...

De Sant’Agata Bolognese, fief de Lamborghini à la pitlane du circuit HTTT Paul Ricard en passant par Dolceaqua, Cannes et Sanary, nous avons eu 700 km pour apprécier au mieux qui de la Gallardo LP570-4 Spyder Performante ou de la LP 560-4 Bicolore est la plus appropriée pour une virée de fin d’été. Toute personne vivant sous des latitudes sudistes vous dira qu’à la fin de l’été débute la période idéale pour rouler décapoté. Certes, mais n’est-il pas plus séduisant….

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PISTONS ET ENGRENAGES

L’ALTERNATIVE

Les puristes fans des track days pourraient le rejeter, les amateurs de cruising en bord de mer être effrayés, mais au final, il représente le mix parfait cumulant les avantages sans que jamais un défaut ne vienne gâcher le tableau. Cohérent, efficace et terriblement spectaculaire, le Spyder Performante vous connecte avec ce qui vous entoure. Grâce à son châssis rigoureux, vous communiez dans un premier temps avec la route puis, une fois la capote relevée, c’est avec l’extérieur que vous entrez en phase. Vous êtes alors au contact du paysage, de la flore et de ses senteurs mais aussi des innombrables amateurs de belles mécaniques italiennes qui vous sollicitent en permanence. Une Lamborghini est un spectacle mobile que vous avez la chance d’animer, il est donc difficile de rester sourd aux requêtes du public qui réclame juste une chose : que la star s’exprime ! Gêné au début, on oublie

ensuite cette pudeur pour offrir le récital attendu à un auditoire ravi. On ne choisit pas une Lamborghini pour rester anonyme, il faut savoir assumer ses choix ! La grande qualité du Spyder Performante tient donc dans sa polyvalence. Certes, il accélère un peu moins bien que la meilleure des Gallardo (0-100km/h en 3.9s contre 3.4s), certes, il a une autonomie inférieure du fait d’un réservoir 10l plus petit, certes, il bénéficie de moins de rangements qu’une Bicolore mais, au final, il possède le package global le plus homogène, celui qui le rend satisfaisant dans toutes les situations. Et tourner efficacement sur le HTTT Paul Ricard, la tête à l’air, au milieu d’une meute hurlante de Lamborghini en furie procure un plaisir indicible que nul autre modèle de la gamme ne peut offrir. Pas de doute pour nous, dans cet été filant, c’est sans toit que nous irons.

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Même l’intérieur est un véritable concentré de sportivité.

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un regard reptilien. En fait, malgré son statut de voiture de touriste (un cabriolet), le Spyder Performante est un sprinteur qui cache son jeu. Déclinaison ouverte de la très efficace Superleggera coupé, cette découvrable, elle aussi allégée, possède les mêmes réglages de suspension et la même mécanique (570 ch) que sa cousine fermée. Cela signifie ni plus ni moins que l’on a entre les mains une vraie supersportive homogène, terriblement agile et efficace, dotée d’une motricité sans faille, d’un freinage indestructible et d’un châssis aux petits oignons capable d’être performant en piste sans pour autant vous casser les reins sur les départementales abîmées des hauts de Vintimille. On notera que dans cette configuration, la violence de la boîte e-Gear en mode Corsa est mieux supportée. Probablement que l’ambiance intérieure très racing fait son petit effet avec son habitacle et son volant recouverts d’Alcantara, tout comme les superbes baquets carbone qui font écho aux contre-portes monobloc entièrement en carbone, elles aussi.

Lamborghini, propriété du groupe VW, travaille sous le regard bienveillant d’Audi, la Gallardo partage donc une bonne partie de ses entrailles avec l’Audi R8. En l’absence - temporaire - d’une Ferrari 458 Spider, la plus sérieuse rivale de la Gallardo Spyder Performante vient donc de l’intérieur : elle se nomme Audi R8 GT Spyder. V10 5.2l central de 560 ch, abus de carbone pour alléger l’ensemble de 85 kg, freins carbone-céramique, boîte robotisée, intérieur Alcantara, bouclier exclusif à ailettes et aileron fixe, la recette apparaît identique et il y a fort à parier que les deux autos se marqueront à la culotte sur la route comme elles le font sur papier. Et puis, un conseil : soyez rapide ! L’Audi R8 GT Spyder ne sera produite qu’à 333 exemplaires pour la modique somme de 300 000 francs.

© Eros Maggi

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Audi R8 GT Spyder

NOUVEAU

E-Cell Plus

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© Eros Maggi

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L’Etoile de Stuttgart dévoile à Francfort un concept de Classe B baptisé E-Cell Plus Concept gratifié d’un prolongateur d’autonomie et évite ainsi toute impasse dans le domaine des énergies nouvelles.

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Concept

Incroyable : les ingénieurs annoncent un ratio «poids vs puissance» de 2,3 chevaux par kilo, ce qui lui permet de pulvériser le 0 à 100 km/h en 3.3 secondes et 9.7 secondes pour atteindre les 200km/h.

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PISTONS ET ENGRENAGES

Collection

© Michael Aust

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© Michael Aust

NEW STRATOS : RETOUR VERS LE FUTUR

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LA NOSTALGIE EST-ELLE FÉCONDE ? VOILÀ UNE QUESTION HAUTEMENT PHILOSOPHIQUE À LAQUELLE RÉPOND EN PARTIE LA NEW STRATOS VOULUE PAR MICHAEL STOSCHEK, UN COLLECTIONNEUR DE GLOIRES AUTOMOBILES ANCIENNES DÉSIREUX DE PROFITER AUSSI DE LA MODERNITÉ DU PRÉSENT. En sa qualité reconnue de réalisateur de rêves automobiles, Pininfarina fut mandaté pour donner corps à cette résurrection voulue depuis plusieurs années. Sans surprise, la donneuse provient de Maranello (une 430 Scuderia) mais, sauf à jeter un œil à travers le capot moteur pour apercevoir les conduits d’admission badgés Ferrari, difficile de la reconnaître tant le travail effectué est titanesque. Esthétiquement, avant sa rationalisation par Pininfarina, le dessin provenait du concept Fenomenom Stratos (2005) de Chris Hrabalek, l’homme qui fit germer chez Michael Stoschek cette envie d’une Stratos moderne. Le V8 4.3l reçoit un nouvel échappement ainsi qu’une nouvelle gestion électronique qui font grimper la puissance à 540 ch à 8 200 tr/mn et le couple à 520 Nm dès 3 750 tr/mn. L’empattement est réduit de 20 cm, la masse totale fond

La douleur de constater que le passé ne sera plus - la définition de la nostalgie - peut conduire à plusieurs réactions. Ou bien l’on s’enferme dans une vaine contemplation de ses actes anciens, ou alors on cherche à revivre les émotions d’antan. En cela, la nostalgie est positive car elle donne l’énergie et l’envie de se projeter vers l’avant pour produire l’instrument de ses frissons futurs, rappels d’un passé joyeux. Michael Stoschek possède un parc de voitures de course anciennes qu’il ne laisse jamais en paix. La poussière qui les recouvre ne provient pas du plafond d’un garage mais des spéciales de rallye qu’il dispute régulièrement. Cependant, au fil des ans, peut-être s’est-il rendu compte que vivre dans les objets d’hier ne permet pas de retourner dans le passé. Il a alors choisi d’être le maître d’œuvre d’une revitalisation qui lui tenait particulièrement à cœur : celle de la Lancia Stratos.

de 80 kg afin de donner à cette New Stratos une agilité qui était la caractéristique première de son aîné. La mise au point affinée par le pilote portugais Tiago Monteiro a permis de rendre le châssis plus prévenant et finalement encore plus efficace, ce qu’ont confirmé toutes les personnes invitées à en prendre le volant et notamment Bernard Darniche, ancien multiple vainqueur du Tour de Corse au volant d’une Lancia Stratos. Invité à la présentation, le patron de Ferrari s’est dit impressionné par la qualité du travail, ce qui a conduit Michael Stoschek à envisager une production en petite série. Espoir récemment déchu par le véto du même Luca di Montezemolo refusant catégoriquement que Pininfarina, partenaire historique de Ferrari, s’associe à ce projet. Un fantasme réalisé doit-il être reproduit ? Voilà le sujet de notre prochaine réflexion…

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Economie réelle

Concept transparent

Swiss finish

Les 500 meilleures entreprises au monde dans votre portefeuille Si vous partagez ces convictions, nous devrions nous parler: 1 La finance est un art appliqué et pas seulement une technique quantitative 2 La performance est produite par l’économie réelle et ses entreprises 3 Une bonne allocation d’actifs résulte de choix critiques et éliminatoires 4 Les meilleures valeurs de placement se découvrent grâce à l’architecture ouverte 5 La diversification à haute dose accroît le rendement et réduit le risque 6 La simplicité structurelle d’un portefeuille accroît sa robustesse 7 L’investisseur se doit d’affirmer ses objectifs, son horizon temporel et sa vision du risque 8 C’est la philosophie d’investissement qui détermine la performance d’un portefeuille, pas la taille de la banque ou le talent individuel de ses gérants Les conseillers de la Banque Cantonale de Genève se tiennent à votre disposition pour ouvrir le débat, partager leurs convictions et leurs expériences en gestion de fortune avec vous.

Genève Zürich Lausanne Lugano Lyon Annecy Paris Satellite Galileo: 34°00’13.19”N – 17°25’14.69”E – 23’222 km

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PISTONS ET ENGRENAGES

EXCENTRIQUE

Chic

Question de goûts

COSTUMISEZ À SOUHAIT

C. JOLY

Séduire

UNE VOITURE UNIQUE, RIEN QU’À MOI, QUE LE VOISIN N’AURA PAS. LES CONSTRUCTEURS AUTO RIVALISENT D’IDÉES POUR SÉDUIRE ET FIDÉLISER UNE CLIENTÈLE POUR QUI, SEUL COMPTE L’EXCLUSIF. Le caractère exclusif de sa voiture donne envie à cette catégorie de clients, avides de nouveautés, de la garder plus longtemps». L’occasion aussi d’alourdir la facture de plusieurs milliers d’euros : sur une Audi R8 GT vendue 200 000 euros, chaque client dépense en plus entre 20 000 et 30 000 euros en bonus. À l’extérieur, si le noir, le blanc et le gris règnent toujours en maître, vous pouvez commander une voiture de la même couleur que votre cravate ou votre sac à main. «Tout est possible au niveau de la peinture, il faut juste un peu de patience», dit-on chez BMW. Pour l’intérieur, les applications en aluminium (bouchonné, satiné, brossé…) ont le vent en poupe à côté du carbone, prisé pour son caractère sportif. Si la ronce de noyer a pris un sacré coup de vieux, le bois fait un retour en force mais cette fois mat, avec

un toucher satiné, s’inspirant du mobilier contemporain ou du nautisme. Côté sellerie, le cuir peut être de la même couleur que le caniche de la famille. «Nous proposons quinze couleurs de cuirs, quatorze d’alcantara, treize coloris de moquettes et tapis, dix-sept applications de planche», explique-t-on chez Audi. De quoi séduire les femmes, toujours plus impliquées dans le choix de leur voiture, «alors que les hommes sont plus portés sur les motorisations», précise Emmanuel Pagès. D’ailleurs, elles sont les plus friandes de customisation sur les Fiat 500, Mini ou Citroën DS3. Stickers sur le toit, sur le capot ou les rétroviseurs, ces petites chic et craquantes permettent déjà - sans devoir licencier le majordome - de rouler différent jusqu’au bout de la clé, assortie à la couleur de la voiture. So smart !

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Qu’on se le dise, côté voiture, l’heure est à la per-son-na-li-sa-tion. Logique, «la voiture est une extension du conducteur, avec laquelle on a un rapport affectif, explique le sociologue Emmanuel Pagès, auteur du blog “Auto et Sociologie”. C’est une façon d’afficher sa personnalité, son style de vie avec une voiture à son image. Comme son logement». Et là, les constructeurs mettent tout en œuvre pour qu’on se sente aussi bien dans le fauteuil de sa voiture que dans le canapé du salon… Cuir, couleurs extérieures et ambiances intérieures se comptent par centaines. À donner le tournis. Aston Martin, Ferrari, Rolls-Royce, Porsche, Audi ou BMW, tous les constructeurs proposent leur programme de personnalisation, bien décidés à exploiter ce qui s’apparente à un filon. «Cela permet de fidéliser le client, répond-on chez Audi.

Une voiture dorée, recouverte de diamants ou en aluminium poli… pour avoir une chance de croiser les voitures les plus excentriques, c’est plutôt en Russie ou dans les pays du Golfe, qu’il faudra se rendre. Pourtant, le Vieux Continent recèle quelques voitures hors normes. À l’image d’une star de la mode française qui «voulait sur un Q7 un intérieur entièrement recouvert de brun avec deux nuances, il ne voulait plus voir de plastique du tout, raconte-t-on chez Audi. Ou encore, une cliente voulait un Q5 avec un intérieur tout rose, mais elle n’a pas trouvé le rose qu’elle voulait». En revanche, une autre cliente a pu prendre commande d’une A8 rose avec des sièges verts. Il n’y aurait donc pas de limites au mauvais goût ? «Nous ferions tout pour vous convaincre de faire le bon choix explique-t-on chez Aston Martin. Ensuite, le client est roi».

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PISTONS ET ENGRENAGES

CINQ SENS

ARTY

IMPACT

AVANT-GARDE

VOYAGE

Fauteuil Tre Pezzi Wool, collection Cassina I Maestri, réalisé à partir d’un dessin de 1959 de Franco Albini et Franca Helg, édition limitée de 100 pièces, Cassina, prix sur demande, www.cassina.com

Montre Swatch-Love Song réalisée selon le dessin de l’artiste Tilt, Swatch, 70 francs, www.swatch.com

Ampoule/veilleuse U2Mi2, design Frederic Gooris, Alessi, environ 54 francs, www.alessi.com ou www.foreverlamp.eu

Smartphone TAG Heuer LINK sous Android 2.2, écran tactile de 3,5″, capacité de 256Mo, poids 200g, Tag Heuer, environ 5 700 francs, www.tagheuer.com

Nouveau coffret City Guides 2012 des Villes d’Europe incluant : Bari, Odessa, Birmingham, Salzbourg et Zagreb. Louis Vuitton, prix sur demande, www.louisvuitton.com

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AU POIL !

JETLAG

Alpina Startimer Pilot

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La Maison Alpina Genève, indépendante et appartenant à la famille possédant la manufacture Frédérique Constant dont l’histoire (encore méconnue) est étroitement liée à l’univers de l’aviation, présente - avec ses partenaires, le fabricant d’avions Cessna Aviation et la compagnie aérienne de jets privés Privat Air, - sa nouvelle collection : la Startimer Pilot. En tout, quatre modèles largement inspirés du passé de la marque sont proposés en éditions limitées (8 888 pièces pour le monde). Très certainement une nouvelle saga à suivre ! Alpina Startimer Pilot, boîtier en acier de 44 mm de diamètre, calibre automatique sur base de calibre AL-525. Heure, minutes, secondes centrale avec dateur à 3 heures, à partir de 1 190 francs environ, www.alpina-watches.com

Parcours RALLYE CINQ ÉTOILES

Collection

LES AMATEURS DE VIEILLES AUTOMOBILES NE DÉDAIGNENT PAS UN CERTAIN CONFORT. LE SWISS LAKES CLASSIC LEUR OUVRE SES PORTIÈRES… exclusif qu’il est limité dans le temps. La dernière des six épreuves est prévue en 2015, avec une arrivée à Genève à l’occasion des 260 ans de Vacheron Constantin, le partenaire prestige du Swiss Lakes Classic.

Les voitures de collection, dont certaines dépassent le million d’euros, attendent sagement dans un parking sécurisé. Les équipages ont passé la nuit au Montreux Palace, road book de 80 pages étalé au pied du lit. Petit-déjeuner à rallonge dans la majestueuse salle des fêtes, tandis qu’une équipe charge délicatement les bagages dans le camion d’assistance. Pas une chemise ne sera froissée au repas de gala prévu le soir même au Wellness Hôtel de Stoos, nid d’aigle à portée de jumelles du lac des Quatre Cantons. «Le but est d’arriver au plus tard à 17h15 afin que tout le monde puisse se changer pour le dîner de 19h30», lâche Georges Lavanchy, l’âme de ce rallye d’autant plus

Des cols en pagaille Sauter d’un lac à l’autre en empruntant le chemin des écoliers… Cette année (8 au 12 juin), les équipages ont relié Montreux à Davos, terme de trois étapes bien corsées : plus de 800 kilomètres au compteur, la fameuse Axenstrasse (la plus belle route du monde selon l’émission britannique «Top Gear») et des cols en pagaille, huit rien

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P. THAULAZ

que le dernier jour. Auparavant, il a fallu négocier le Jaun sous la pluie, une difficile entrée en matière pour l’équipage belge de cette Jaguar Type C, bête de course privée de toit. Pas suffisant pour doucher les ardeurs de la centaine de participants venus de Belgique, de France, de Grande-Bretagne, d’Allemagne et même de… Suisse, au demeurant rassurés par la devise de Georges Lavanchy : «Ne laisser personne au bord de la route !» Mais honnêtement, personne n’avait envie de participer à la croisière jaune du TCS. Et encore moins le Britannique George Howitt, vainqueur émérite au volant de sa vénérable Bentley VDP Tourer de 1935. Infos: www.swisslakesclassic.ch

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SOCIÉTÉ

Flagship stores G.SINNASSAMY

Concept

QUAND LES BANQUES VOIENT GRAND… A L’INSTAR D’APPLE, LOUIS VUITTON OU NESPRESSO, LES BANQUES INVESTISSENT DANS D’IMMENSES CONCEPT-STORES. DE QUOI RENOUER AVEC LA CLIENTÈLE… ET SOIGNER UNE IMAGE PARFOIS DÉCRIÉE. Car, tel est l’objectif principal de ces temples : devenir une vitrine emblématique. Or, en raison de sa nature immatérielle et intangible, le service, plus encore que le produit, peut se trouver très fortement impacté par l’image que véhicule son réseau de distribution. En effet, «l’efficacité d’un flagship réside dans sa capacité à théâtraliser les attributs de la marque, à en refléter les valeurs. C’est avant tout un travail de l’image», précise Olivier Badot. Et à l’heure où le secteur de la banque vit quelques turbulences, l’enjeu est de taille… même si l’exercice peut s’avérer complexe, car «le flagship ne doit pas dénoter avec le reste du réseau. Il doit rester fidèle à l’ADN de la marque mère tout en véhiculant des valeurs d’innovation fortes».

Travailler sur l’image

Réinventer le concept d’agence

En 2001, ING Direct, pionnier du on-line, lançait son café, rue Scribe. Une agence aux allures de lounge, loin de l’image austère des banques traditionnelles. L’idée ? Proposer aux clients un espace de liberté où flâner, boire un verre, ouvrir ou consulter son compte. Et, le succès est au rendez-vous. On recense aujourd’hui plus de 12 000 visiteurs par an… et près de 20 000 cafés servis. Dix ans plus tard, l’idée a essaimé. Le secteur bancaire surfe allégrement sur la vague du «fun shopping» et se dote d’impressionnants magasins porte-drapeaux. «Véritable média, le flagship store est une manière de véhiculer les valeurs de la marque en 3D, explique Olivier Badot, doyen à la recherche à l’ESCP et spécialiste du marketing de la distribution. Il agit dans la même logique qu’une campagne de communication. Pas de raison donc à ce que le domaine des services ne puisse pas en tirer bénéfice».

Pari gagné pour la BNP et son «2 Opéra». Avec ses dimensions titanesques - 1 900 m2 (dont 1 200 ouverts au public) - le flagship-store de la BNP réinvente le concept d’agence. Outre les services usuels organisés par univers en fonction des besoins clients (épargne, crédit, projet immobilier, jeunes, banque au quotidien, retraite, ...), le «2 Opéra» élargit son spectre. Ainsi, un important espace pédagogique informe sur l’actualité économique et offre des ateliers interactifs pour se familiariser avec le monde de la finance, s’y ajoutent une zone d’exposition et de découverte, un lounge confortable où les visiteurs sont invités à se détendre et à naviguer librement sur Internet ainsi qu’un spacieux coin de jeux pour les enfants. Le tout dans un cadre glamour et branché, où se mixent avec élégance, grâce au talent des Pierre Paulin, Philippe Starck

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©Arnaud Février pour FONCIER HOME

C’est au cœur du Paris des affaires, à deux pas des grands magasins que le Crédit Foncier et la BNP ont choisi d’implanter leurs flagship stores. Le premier a opté pour le boulevard des Capucines, la seconde pour la Place de l’Opéra. Des adresses prestigieuses pour ces «vaisseaux amiraux», enseignes géantes et luxueuses conçues pour devenir des lieux de rencontre et de convivialité. Après avoir cherché à désengorger leurs boutiques de quartier en promouvant les services en ligne, les banques opèrent donc un virage à 180 degrés et cherchent à attirer la clientèle dans de somptueuses agences XXL en plein centre de la capitale française. Comme les noms éminents du luxe, de l’automobile, du textile ou encore du high-tech, le secteur de la finance mise ainsi sur le «retailtainment».

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SOCIÉTÉ

1

Que l’on soit chez BNP (1), ING Direct (2 et 3) ou chez Foncier Home, le mégastore du Crédit Foncier (4), chacune de ces banques deviennent des vitrines emblématiques.

©BNP

3

©ING

©ING

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4

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ou Karim Rashid, couleurs électriques, mur végétal, jeux de lumière, musique d’ambiance, mobilier design et œuvres d’art, à mille lieux des pâles officines de quartier. En bref, un lieu de vie et d’échange attractif qui situe l’expérience client au centre de toutes les préoccupations. C’est dans le même esprit que s’inscrit Foncier Home, le mégastore du Crédit Foncier, vaisseau amiral consacré à l’univers de l’immobilier. Dans des locaux au design épuré et chaleureux, dotés des technologies les plus hypes (murs d’annonces, tables tactiles, outils interactifs), se concentre l’ensemble des solutions et des conseils facilitant la réalisation et la compréhension d’un projet concernant l’habitat. Une révolution dans le secteur. Alors que, jusque-là, pour mener à bien l’achat ou la rénovation d’une résidence, le client se devait de rechercher les multiples intervenants et de croiser les informations, il dispose désormais d’une offre globale en un lieu unique. Et, fin du fin, à l’instar du «2 Opéra», Foncier Home déploie une vaste gamme de services connexes, destinés à enrichir la visite : librairie spécialisée en design et architecture, expositions temporaires, cours de bricolage ou Lounge Bar. Si faute de recul, il est encore trop tôt pour afficher des résultats chiffrés, à l’évidence le concept séduit. Clients et curieux se pressent pour visiter ces étonnants mégastores. Un effet de mode ? Sans doute, mais surtout une réponse bien pensée aux attentes des consommateurs. À l’heure où l’Internet gomme la frontière entre virtuel et réel et où les banques souffrent d’un déficit de confiance, voire d’une perte de légitimité, il était temps pour le monde de la finance de s’incarner physiquement, dans des espaces dédiés et de réinventer l’expérience de la relation client…

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SOCIÉTÉ

Futurologue

Questions à Rémy Oudghiri Directeur du département tendances et prospectives d’Ipsos.

À LA CHASSE AUX TENDANCES G.SINNASSAMY

Comment repère-t-on les courants de demain ? Il n’y pas de méthodologie «magique». Dans la mesure où l’on cherche à détecter des tendances émergentes, l’usage d’un outil statistique n’est pas pertinent. Il faut donc développer des outils d’observation qualitative, comme Trend Observer par exemple, qui est l’étude qu’Ipsos a lancée, il y a une dizaine d’années. L’hypothèse sur laquelle repose cet outil est la suivante : pour identifier les tendances de demain, il faut se placer dans des lieux et au sein de populations «en avance» sur leur époque. Donc au sein des milieux créatifs situés en général dans les grands pôles urbains. Ces personnes nous renseignent sur des signaux faibles qu’elles ont repérés et nous les collectons afin de les analyser. Nous en produisons finalement une synthèse.

Décryptage

HUMER L’AIR DU TEMPS, DÉCRYPTER LES NOUVEAUX COURANTS, CERNER LES GOÛTS DE DEMAIN, TELLE EST LA MISSION DES CHASSEURS DE TENDANCES. ZOOM SUR CES PROFESSIONNELS DONT LE MÉTIER EST DE PRÉDIRE L’AVENIR. Qu’il s’agisse de la couleur qui fera vibrer les fashionistas dans deux ans, des rapports entre virtuel et réel au quotidien ou encore de l’émergence d’un consommateur toujours plus rationnel, les chasseurs de tendances scrutent les signaux faibles qui nous entourent pour proposer leur lecture du monde de demain. Du prêt-à-porter à la grande distribution, de la téléphonie mobile à la VPC, de l’agroalimentaire à la cosmétique, aucun secteur n’échappe à leurs analyses et à leurs recommandations. Découverte d’un métier à la croisée des genres. C’est à Paris dans les années 1960 que sont nés les premiers cabinets de style. Exclusivement dédiés à la mode et peu nombreux à leurs débuts, ils ont progressivement élargi leur champ d’investigation et se sont démultipliés. Ainsi, aujourd’hui, tendanceurs indépendants, services spécialisés

dans les instituts d’études, planneurs stratégiques en agence ou même planneurs intégrés à l’entreprise, les professionnels du décryptage et de la prophétie prolifèrent. Car, à l’heure des accélérations fulgurantes, des ruptures brutales et de l’intensification de la concurrence, difficile pour les marques de se passer des trend-setters pour inventer les produits et services qui feront fureur demain. Comment flaire-t-on les phénomènes émergents ? Quels sont les outils de ces nouveaux Nostradamus ? Qu’il exerce en solitaire ou en équipe, le décodeur d’influences vit en permanence à l’affût. De la presse à Internet en passant par la télévision ou la radio, il scrute les médias du monde entier à la recherche des signaux annonciateurs de changement. Il épluche les études de consommation, surveille les comportements émergents, écume les galeries d’art ou les colloques.

Le challenge ? Savoir trier dans ce flux continu d’informations et être capable de créer les synergies d’où émerge la tendance. C’est pourquoi les éclaireurs du futur travaillent de concert avec un réseau d’experts. Ils se nourrissent des analyses et réflexions des sociologues, ethnologues, économistes, politologues, sémiologues, architectes, artistes, philosophes, capables d’apporter un regard distancié sur le monde. Guetter tous azimuts, étudier l’existant pour tracer les contours de la société du futur, ainsi va la mission quotidienne des chasseurs de tendances. Perspicacité, intuition, esprit d’analyse et de synthèse, telles sont donc les qualités requises pour exercer le métier de tendanceur. Un art plus qu’une science pour un intervenant incontournable aux entreprises en quête de repères et toujours plus soucieuses de s’inscrire dans l’air du temps.

Pouvez-vous me citer quelques-unes des grandes tendances identifiées dans le dernier «trend observer» ? Par exemple, ce qui nous a frappés ces derniers mois c’est, face à la déferlante technologique, le besoin qui se fait de plus en plus ressentir notamment parmi les consommateurs les plus positifs vis-à-vis de la technologie, de «contact humain». Plus la technologie se répand dans nos habitudes, plus nous observons une demande d’humanité. Nous pensons que cette demande va se développer.

© Julien VASQUEZ

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Dans quels secteurs a-t-on recours aux cahiers de tendances ? Plutôt dans l’univers du B to C, car les entreprises ont besoin d’être connectées aux évolutions des consommateurs. Le secteur de la très grande consommation (alimentaire, hygiène et soin, cosmétiques…) est traditionnellement très friande de ce type d’études. Le luxe aussi s’intéresse aux tendances, même si en général, il revendique de les créer lui-même.

CINQ SENS

1 POUR TOUS…

INTEMPOREL

ESSAI

RACÉ

BLACK-TIE

Boîtes de rangement pour le bureau, collection «Mousquetaires», en bois, finition laquage satiné noir, design Adrien Haas, Y’a pas le feu au lac, www.yplfl.com

Réveil AC01, 107x90x34 mm, 200 grammes, existe en rouge, noir et blanc, mouvement quartz, Punkt, www.punktgroup.com

Ballon de rugby en aluminium poli, collection Utopia, 40 cm, environ 122 francs, Now’s HOME, www.nowshome.fr

Vélo à assistance électrique fabriquée par Thoemus, batterie intégrée dans le cadre, personnalisation possible, 3 990 francs, Stromer, www.stromer.ch

Eau de cologne Colonia Essenza, Acqua Di Parma, environ 120 francs les 100 ml, www.acquadiparma.it

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GIRARD-PERREGAUX 1966 Calendrier annuel et équation du temps Boîtier en or rose, fond saphir, Mouvement mécanique à remontage automatique Girard-Perregaux. Heure, minute, petite seconde, calendrier annuel et équation du temps.

BOUTIQUE GIRARD-PERREGAUX - GSTAAD | ASCONA - HERSCHMANN | BASEL - BUCHERER | BERN - BUCHERER | CRANS-MONTANA - HERITAGE MONTRES & BIJOUX | DAVOS - BUCHERER | GENEVE - BMP MONTRES PRESTIGE, BUCHERER, LES AMBASSADEURS, JEAN-JACQUES ZBINDEN, AIR WATCH CENTER | INTERLAKEN - BUCHERER | LAUSANNE - BUCHERER | LOCARNO - BUCHERER | LUGANO - BUCHERER, LES AMBASSADEURS | LUZERN - BUCHERER, EMBASSY | SAMNAUN - HANGL | ST-GALLEN - BUCHERER | ST-MORITZ - BUCHERER, LES AMBASSADEURS | VEVEY - MEYLAN | ZERMATT - BUCHERER | ZÜRICH - BUCHERER, LES AMBASSADEURS www.girard-perregaux.com

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SOCIÉTÉ

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Du collier de luxe aux gamelles en or en passant par des lits royaux ou des niches design, rien n’est trop beau pour nos amies les bêtes.

Hot Dog G. SINNASSAMY

Style

DE L’OR POUR MÉDOR BIJOUX, VÊTEMENTS, PARFUMS, HÔTEL DE LUXE, SPA, ON NE SAIT PLUS QU’INVENTER POUR SATISFAIRE LES CAPRICES TOUJOURS PLUS FOUS DE NOS COMPAGNONS À QUATRE PATTES… ET SURTOUT DE LEURS MAÎTRES. LE TOUTOU DES BEAUX QUARTIERS, LA NOUVELLE NICHE MARKETING À LA MODE ? Inauguré cette année à Vincennes, le palace Actuel Dogs ne désemplit pas. Chambres et suites à l’ambiance cocooning, service traiteur avec menus à la carte, balnéothérapie, salle de massage et de jeux, activités extérieures encadrées (randonnée, jogging…), l’établissement parisien pour chiens snob s’affaire pour séduire ses hôtes et leurs propriétaires. «Il s’agit du premier hôtel canin en Europe mais c’est le seul au monde à être dirigé par une équipe de comportementalistes très expérimentés et donc à allier bien-être comportemental du chien et luxe», explique Devi Burun, directrice de l’établissement. À la journée ou pour de longs séjours, un resort qui, sans aucun doute, dégoûtera définitivement Médor du chenil. Une vie de chien ? Pourquoi pas finalement…

Never « toutou » much

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il y a belle lurette qu’outre-Atlantique, les chiens concentrent toutes les attentions. 60% des toutous américains reçoivent, en effet, des cadeaux de Noël, en général aussi somptueux qu’inutiles, et on ne compte plus les habitués des séjours en resorts dédiés. Ainsi, le groupe Petsmart, spécialisé dans l’hôtellerie pour animaux de compagnie, déploie une centaine d’établissements sur l’ensemble des Etats-Unis. Avec près de 60 millions de chiens au pays de l’oncle Sam, les marketeurs ont assurément flairé la manne… La tendance accessoires bling bling et services cinq étoiles pour cabots s’apprêterait-elle à muer en déferlante ? Qui sait… Le marché fait rêver, mais à l’ère du développement durable et des crises récurrentes, n’est-il pas temps que le meilleur ami de l’homme se mette lui aussi au vert ?

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Dans le même esprit et à Paris également, le spa canin. Dans le très

huppé 16 ème arrondissement, ADP (Animaux domestiques de Paris) propose à nos fidèles compagnons d’oublier le stress quotidien en testant jacuzzi, balnéothérapie, massages shiatsu, aromathérapie, toilettage et autres enveloppements de boue thermale. Le must canin. Too much ? Peut-être mais à constater l’éclosion des sites d’e-commerce consacrés aux produits de luxe pour chiens, il faut se rendre à l’évidence : la demande existe. Des Fauves Mondains à Dogstore online en passant par le Dog shop, wapa.fr ou accessoires-chiens.com, caniches, bergers allemands, bassets et chiwawas trouvent matière à s’adonner au lèche-vitrine virtuel. Niches design en béton, gamelles en or, canapés sur-mesure, lits royaux, bijoux et laisses siglés, rien ne semble trop beau ou trop chic pour nos amies les bêtes. Si le phénomène garde encore une certaine mesure en Europe,

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SOCIÉTÉ

Le bon numéro

Gain

G. SINNASSAMY

Loin des Euromillions, Tacotac et autres jeux de grattage, Startuplotto ne permet pas de remporter un jackpot sous forme de chèque au montant à six zéros mais de gagner des stock-options. Le principe ? Le «gambler» reçoit chaque mois, par mail, le descriptif d’un projet. Si le concept le séduit, il s’inscrit gratuitement, d’un simple clic, à un tirage au sort, grâce auquel, avec un peu de chance, il décrochera 1% du capital de la start up présentée. Un principe «win win» qui offre

aux créateurs d’entreprise l’opportunité de se faire connaître et aux internautes l’espoir de devenir actionnaire d’une future success-story. Loin d’être anecdotique, cette initiative s’inscrit dans la même veine que le très en vogue «crowdfunding». De My Major Compagny à Sandawe en passant par Fashionstake ou Peopleforcinema, il s’agit là aussi de parier, via Internet, sur une société ou un artiste en devenir. De manière un peu plus engageante puisqu’il est nécessaire, ici, de sortir

sa visa. On mise 1 franc, dix, ou l’intégralité de ses économies et on récupère ses deniers démultipliés si le poulain réussit… à l’instar des chanceux mécènes du chanteur français Grégoire. Hasardeux certes mais si décrocher la timbale reste plus qu’aléatoire, mieux vaut se fier à son sens du business qu’à une suite de chiffres pour faire fortune. Startuplotto ou crowdfunding, n’a-t-on, au final, pas plus de chance de débusquer le génie du siècle que d’aligner six bons numéros ? www.startuplotto.com

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ENVIE DE S’IMPROVISER «BUSINESS ANGEL»? L’AGENCE DANOISE DE WEB CONSULTING, 21STRETAIL LANCE UNE LOTERIE UN PEU PARTICULIÈRE.

INSOLITE

Mac Wedding Même si on n’en a pas vraiment rêvé, Mc Donald’s l’a fait. Le géant du fast food se lance dans l’organisation de mariage. Depuis janvier 2011, à Hong Kong, les futurs époux peuvent célébrer leur union dans trois des restaurants de la ville. «C’est une réponse aux attentes de nos clients, explique la Managing Director, Shirley Chang. Mc Donald’s fait partie de la mémoire collective pour de nombreux hongkongais. S’y marier est très symbolique». Bagues à l’effigie du roi des burgers comme alliances, Apple Pie en guise de pièce montée, Ronald en maître de cérémonie, le Mac Wedding pour 100 personnes coûte environ 975 francs pour le package de base. Un mariage cheap and chips !

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G. S.

BUSINESS

Après le café et le thé, Nestlé applique son concept vedette à un nouveau marché : le lait pour bébés. Pratique et ingénieuse, la machine Expresso version nouveau-né permet de préparer un biberon en moins d’une minute et d’une seule main. Pas d’Arpeggio, de Fortissio Longo ou de Ristretto, on choisit ici sa capsule (il en existe six) en fonction

de l’âge et des besoins nutritionnels du bambin. Un vrai jeu d’enfant et peut-être un argument de plus qui convaincra les George Clooney en herbe de se lancer dans les joies de la paternité. Testée en primeur sur le marché suisse, la Babynes rencontre un franc succès. Pas de doute, le magnat des dosettes n’est pas près d’abandonner sa vache à lait… G. S.

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Nest-lait, what else ?

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GEEK

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Station C. JOLY

Design

LES DOCKS HAUSSENT LE SON Leurs formes douces donnent un sacré coup de vieux aux chaînes hi-fi, leur compacité les rend pratiques... et ils cartonnent. Eux, ce sont les docks ou stations d’accueil iPod/iPhone, qui permettent à chacun de partager la musique stockée sur son smartphone ou son baladeur à la pomme. Reste que trop souvent la qualité sonore est restée au raz des fréquences, avec des basses médiocres, une dynamique pauvre et une puissance toute juste suffisante à sonoriser un placard à balais. Jusqu’à ce que les spécialistes du son s’emparent de ce marché lucratif. Harman Kardon, Bowers & Wilkins, Bose, Bang & Olufsen… toutes les grandes marques venues du monde de la hi-fi veulent leur part du gâteau. Et vont devoir satisfaire des consommateurs toujours plus exigeants. «Ils recherchent de la qualité, d’autant que ces docks sont devenus des alternatives crédibles aux chaînes hi-fi, explique Sébastien Leflond, analyste son à l’institut GfK. Il faut

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savoir que 32% des baladeurs sont surtout utilisés dans le salon».

«Et je mets le son» Pionnier dès 2004 avec son SoundDock, Bertrand Nobilet, directeur marketing France de Bose, confirme que «L’exigence en matière audio va augmenter, va s’affirmer». Et de miser sur des «produits discrets, aux lignes très simples, très épurées, pour s’accorder avec tous les intérieurs, qui montrent que l’on a pas besoin d’un gros système pour avoir du bon son». À l’inverse de l’anglais Bowers & Wilkins, dont le Zeppelin en forme de dirigeable affiche un design détonnant. Dans les deux cas, le crédo est le même : proposer un son au top, avec des basses présentes et une dynamique digne de ce nom. Avec un bonus - outre la compatibilité avec l’iPad - pour le Zeppelin : il est l’un des rares à être doté de la fonction Airplay qui permet d’écouter sans fil (via

le wifi) la musique stockée sur son ordinateur ou son iPhone. Forcément, le prix est à l’avenant puisqu’il faut signer un chèque de quasiment 600 euros pour s’offrir le Bose Soundock10 ou le Bowers & Wilkins Zeppelin. En face, les marques généralistes sont bien déterminées à ne pas abandonner le terrain aux spécialistes. Pour faire la différence, Pioneer a fait le pari du multimédia. Son X-SMC5 (pas sexy comme petit nom !) est ainsi doté d’un lecteur CD/DVD, d’un port USB, d’un tuner FM, se connecte à un téléviseur et permet d’accéder à toutes les webradios. Objectif : «Répondre à toute la chaîne du divertissement en concevant des produits tout en un», explique Stéphane Moussu, chef de produit et marketing audio et vidéo Pioneer France. Les rétifs à Apple - il y a en a - seront ravis puisque la compatibilité avec le protocole DLNA permet

© Gilles-Kaminski

À L’HEURE DE LA MUSIQUE DÉMATÉRIALISÉE, RIEN DE MIEUX QUE DE POSER SON IPHONE OU SON IPOD SUR UNE STATION D’ACCUEIL AU DESIGN SOIGNÉ. À LA CONDITION QUE LE SON SOIT À LA HAUTEUR. DÉSORMAIS, C’EST LE CAS. PLACE AUX WATTS.

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GEEK

1- Bowers & Wilkins Zeppelin Air 2- Zikmu Parrot by Starck 3- Pioneer X-SMC5 4- Ipad & Bowers & Wilkins Zeppelin Air 5- Philips DS9800 W 6- Jarre Technologies AeroSystem One 7- Bose SoundDock10

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© Phil Sills

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d’écouter la musique depuis n’importe quel smartphone. Avec en prime un système de correction du son et un prix «doux» : 399 euros. Autre géant, Philips espère bien «susciter le coup de cœur esthétique, les clients Apple étant sensibles au design», explique Alexis Rolin, chef de produit audio Philips France. Au sommet de leur gamme, le très séduisant DS9800W (aïe !), dont les pros saluent les qualités sonores mais vendu au prix fort (800 euros). Philips est aussi le premier constructeur à lancer cet automne trois docks compatibles smartphones fonctionnant sous Androïd, le système d’exploitation pour téléphones mobiles signé Google. «Ils seront compatibles avec 99,9 % des smartphones Androïd», annonce fièrement Alexis Rolin. En plus, ils seront un peu moins chers, puisqu’il n’y aura pas de licence à reverser à Apple.

Allier design et technique À côté de ces mastodontes, quelques trublions comptent bien tirer leur épingle du jeu. À l’image de Parrot, plus connu pour les systèmes main-libre qui équipent nos voitures. Pour dessiner Zikmu, le Français a frappé un grand coup en faisant appel à une star du design : Philippe Starck. «Il a eu l’idée de faire un objet qui puisse se poser par terre, à côté de votre fauteuil et diffuser de la musique», raconte Henri Seydoux, patron-fondateur de Parrot, dont la seule ambition était de concevoir «un système sans fil qui marche avec le téléphone, l’iPod et l’ordinateur». «Ce qui m’a intéressé, c’est que nous n’avons pas dessiné un haut-parleur, mais de l’air en vibration», raconte pour sa part le designer. Mission accomplie

avec brio pour un produit qui fait référence tant côté design que technique. Notamment grâce à la présence de deux enceintes très seventies qui communiquent entre elles via une liaison wifi. Autre acteur inattendu, Jean-Michel Jarre avec l’AeroSystem One sortie l’an dernier, après quatre ans de développement. Constatant que «nous avons progressivement perdu tout rapport émotionnel avec le son», le musicien a voulu un «produit qui puisse accueillir tous les formats numériques, être ambitieux sur l’esthétisme sans nuire à la qualité sonore». Résultat : une colonne de verre et d’acier au son spatialisé particulièrement réussie, qui va bientôt avoir une grande soeur, haute de… trois mètres. Histoire de prendre une hauteur d’avance. 31

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SOCIÉTÉ

Un monde fou, fou, fou ! M. PAVIA

Portrait

QUAND LES DESIGNERS S’INSPIRENT DE LA NATURE OU DE L’HOMME, LES OBJETS DE NOTRE QUOTIDIEN REPOUSSENT TOUJOURS PLUS LES LIMITES DE L’IMAGINATION. POUR UN RÉSULTAT LUDIQUE, ESTHÉTIQUE ET PRATIQUE. SILHOUETTE

© Victorinox Swiss Army

Vivien Muller associe la symbolique de l’arbre aux énergies renouvelables pour créer Electree City. Cette «sculpture» se compose de branches équipées de panneaux photovoltaïques en forme de feuilles. Franchement insolite, une œuvre susceptible d’alimenter en électricité verte diverses installations publiques ou privées. Je veux le même dans mon jardin ! www.electree.fr

Studio japonais de design réputé pour ses créations décalées, Nendo signe un support pour iPhone et iPad réellement surprenant. Baptisé JAGUCHI, il adopte la forme d’un robinet (en ABS) d’où coule un filet d’eau limpide et solidifié (en polycarbonate) qui sert de socle. Commercialisé par Elecom, un concept bluffant de réalisme poétique. www.nendo.jp

© Sherwood Forlee

© Nendo Inc / Hiroshi Iwasaki

PLOMBERIE

CARTOON

Fan de BD, Sherwood Forlee exprime sa passion pour le 9e art à travers un système de haut-parleurs qui adoptent la forme de bulles de dialogue ! Habillés d’une coque en ABS blanc poli, ils sont destinés aux lecteurs MP3 et autres ordinateurs. Un look qui en bouche un coin. www.thinkofthe.com

COUTEAU SUISSE

ANTIVOL

LA ROUE RÉINVENTÉE

Victorinox Swiss Army intègre une clé USB dans son fameux outil tout-terrain créé à l’origine en 1187 par le fondateur Karl Elsener. Décliné en version Slim et Slim Duo (de 4Go à 64Go), ce module étanche et antichoc utilise de surcroît une technologie de cryptage ultra sophistiquée pour offrir une protection des données parfaitement blindée ! www.victorinox.com

Chez Griffin, on ne plaisante pas avec la sécurité ! D’où la conception du Techsafe Locking Security Clamp, un cadenas mobile qui protège tout ordinateur portable (sauf le MacBook Air) en toutes circonstances. Ce système inédit s’installe tout simplement dans la charnière de l’écran. Un chouette antivol, à condition de bien mémoriser la combinaison à 4 chiffres… www.nextway.ch

Objet design et vélo d’entraînement insolite, Ciclotte est né voici deux ans de l’imagination du designer Lucas Schieppati. Fabriqué par LAMIFLEX GROUP à partir de carbone, d’acier et de fibre de verre, il est aujourd’hui «rhabillé» par Roberto Cavalli. Une collection mêlant tissus haut de gamme et motifs animaliers sur certaines zones du vélo. De quoi reprendre du poil de la bête en pédalant ferme ! www.ciclotte.com

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Le sport est le domaine de prédilection des nouvelles technologies. Aller plus loin, rechercher toujours plus la performance avec des tissus plus résistants, légers ou encore techniques tout en étant confortables. La ligne sport du groupe italien Ermenegildo Zegna pousse également ses recherches dans ce but et propose cette année une technologie de pointe. Du nom de «Thermotène», Zegna Sport propose un tissu à très haute performance qui absorbe les rayons solaires infrarouges pour les transformer en chaleur thermique. E. K-R.

3 couches de nylon coupe-vent

Coutures scellées pour une étanchéité optimale Capuche col invisible

Multi-poches avant doublées en microfibre chauffante

Soufflets latéraux munis d’œillets cachés d’aération

© Ciclotte

VÉGÉTATION SOLAIRE

© Griffin Technology

© Electree

À tester cet hiver !

Zone molletonnée de ouatine

Fibres «creuses» Thermore ouatée qui stockent et transforment les rayons en chaleur thermique

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A.I. SO GCEIEÉKT É

1- Livescribe signé Echo 2- Robot aspirateur signé Samsung 3- Robot aspirateur signé Philipps 4- Nao, le robot humanoïde encore destiné aux chercheurs et développeurs

C. JOLY

Robots

INVASION MÉCATRONIQUE

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© D.R.

LES ROBOTS SONT PARTOUT : DANS LES USINES ET DANS LES CHAMPS, AU FOND DES MERS ET DANS L’ESPACE. ILS ONT UNE IMPORTANCE ÉCONOMIQUE GRANDISSANTE, ET D’AUCUNS PRÉDISENT QU’ILS SERONT EN CE SIÈCLE CE QUE LA VOITURE FUT AU XXÈME SIÈCLE. ILS PÉNÈTRENT NOTRE CULTURE ET PETIT À PETIT NOS FOYERS... MAIS POURQUOI FAIRE ? Un robot qui chasse la poussière pendant votre absence ? Un rêve devenu réalité grâce au robots-aspirateurs. Sans se mettre sur la paille, puisqu’il fait compter entre 200 et 600 euros pour s’offrir ces bijoux technologiques. Dotés de capteurs et caméras, ils ne tombent pas dans l’escalier, passent sous les meubles, s’arrêtent devant un animal, ne repassent pas deux fois au même endroit et filent se recharger tous seuls quand leur batterie est à plat. Suivi par les ténors de l’électronique grand public (Samsung, LG, Philips…), l’américain iRobot, pionnier avec ses Roomba écoulés à plus de sept millions d’exemplaires, a de nouveau pris une longueur d’avance avec Scooba, qui lui lave les sols.Dans le même esprit, les robots tondeuses se proposent de mettre votre gazon au carré, mais au prix fort puisqu’il faut compter entre 900 et 2 200 euros. La surveillance de la maison peut aussi être assurée par des robots qui se promènent dans les pièces et alertent en cas d’intrusion, d’inondation

ou d’incendie, à l’image de Jazz de Gostai (7 500 euros). Quant à la corvée du repassage, elle a toutes les chances d’appartenir au passé grâce au robotrepasseur que LG est en train de concocter. Moins sexy que R2D2, mais bien pratique.

La quatrième dimension Mais le meilleur est à venir avec des robots pour nous aider dans toutes nos tâches au quotidien, voire nous tenir compagnie. Bruno Bonnell, patron de Robopolis, des robots, il en voit partout : «Dans les 20 ans qui viennent, vous allez avoir l’intégralité des objets de notre quotidien qui vont prendre une forme d’intelligence. Et ce n’est pas de la science-fiction». Selon Bruno Maisonnier, fondateur d’Aldebaran Robotics et papa de Nao, vendu entre 3 600 et 12000 euros mais seulement destiné aux chercheurs et développeurs, et Roméo, il ne s’agit pas moins que d’une «révolution». À ce moment, «100 % des personnes

âgées disposeront d’un robot pour lire un livre, leur rappeler qu’il faut boire lors de fortes chaleurs. «Si elle ne le fait pas, il pourra appeler les secours», explique Bruno Maisonnier. C’est le chemin emprunté par Mitsubishi avec son robot Wakamaru. Haut d’un mètre, ressemblant à une petit bonhomme, il est connecté à Internet, reconnaît le visage de son propriétaire et peut prendre la parole en fonction ce qu’il voit. Si le potentiel est énorme - les analystes tablent sur un marché de 100 milliards de dollars en 2020 -, il reste à surmonter des freins pour passer à la société du robot. Au-delà des freins psychologiques pour certains consommateurs - pas facile d’accorder sa confiance à une machine -, des freins technologiques - notamment pour renforcer l’autonomie des batteries -, le principal défi est ailleurs. Comme il y a eu pénurie d’informaticiens dans les années 80, selon Bruno Bonnell, «il faut maintenant former des armées de roboticiens, métier qui est en train de s’inventer».

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© Ed Alcock

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© LUKKIEN

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Appart 1

E. DAWSON

© Aka Central Park, New York

DESIGN & ARCHITECTURE

Hôtels

COMME À LA MAISON EN VOYAGE D’AFFAIRES OU EN ESCAPADE ROMANTIQUE, SÉJOURNER DANS UNE CHAMBRE D’HÔTEL PEUT PARFOIS AGACER : PAS ASSEZ D’INTIMITÉ, TROP DE CONTRAINTES… RIEN D’ÉTONNANT À CE QUE L’AIR DU TEMPS SOUFFLE DÉSORMAIS SUR UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE RÉSIDENCES HÔTELIÈRES ET LEURS OFFRES MIEUX ADAPTÉES AUX EXIGENCES PLUS INDIVIDUELLES DE LA CLIENTÈLE. revendiquée avaient reléguées les institutions hôtelières au rang de vieux dinosaures. En 2005, Ian Shrager s’est séparé de son groupe tout en inaugurant le Gramercy Park, club hôtelier très exclusif, et une résidence hôtelière de haut-standing conçue par Herzog & De Meuron, le 40Bond, à Manhattan. Les observateurs ne s’y sont pas trompés : exclusivité et autonomie étaient devenues les mots-clefs de l’hôtellerie de luxe. Qu’on les nomme résidences hôtelières, hôtels pour longs séjours ou appartements avec service, ce sont bien elles les nouvelles adresses en vogue… Tour d’horizon.

Dans chaque domaine, il existe des personnes dont les moindres faits et gestes indiquent la tendance à venir pour les dix prochaines années. Steve Jobs, récemment retraité, fait partie de ces «prophètes». En hôtellerie, la référence se nomme Ian Shrager, fondateur du Morgans Group - Royalton, Delano, Shore Club, Sanderson… et inventeur dans les années 1990 du concept révolutionnaire de «boutique hôtel» qui avait profondément bouleversé l’art de recevoir. Ces adresses modernes signées par des designers en vogue, Starck notamment, et une décontraction

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Aka Central Park, New York À Manhattan justement, trois lettres - AKA - incarnent l’amorce de cette nouvelle façon de penser l’hôtellerie. La formule est simple et pourrait se résumer ainsi : des résidences hôtelières qui cumulent les qualités d’un hôtel et celles d’un appartement. Vastes pour le quartier, les chambres, à la décoration moderne et simple, sont toutes équipées de cuisines et d’un dressing. On les loue à la journée, à la semaine ou au mois. Les tarifs ne changent pas selon les saisons et l’on bénéficie gratuitement d’un nombre considérable de services habituellement

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© Aka Central Park, New York

DESIGN & ARCHITECTURE

La Réserve, Paris

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JIA, Hong-Kong Pour commencer, petite leçon de mandarin. Que signifie «Jia», selon vous ? Mais oui, «maison», c’est bien cela. Plus qu’un nom, c’est un programme que s’attache à défendre cette adresse devenue l’une des références de l’hospitalité hongkongaise en seulement quelques années. Tout d’abord pour son décor, fouillis, rococo, kitch et brillant signé par le Philippe Starck «première période», celle des années Morgans Group. Jeu d’échelles, détournements de références décoratives historiques, marbre blanc veiné, voilages intimistes… Pour son emplacement, ensuite, dans le trépidant quartier de Causeway Bay, regorgeant de boutiques et de restaurants branchés. Pour sa formule hôtelière, enfin, qui se place entre l’hôtel et l’appartement. Tout est aménagé pour des séjours de longue durée. Trente-deux studios et vingt-quatre suites, très spacieux et équipés de cuisines séparées. On profite donc de tous les services de la réception en parfaite autonomie. Un endroit bien à soi, luxe suprême au milieu de l’agitation de Hong-Kong… www.jiahongkong.com

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Soul Suites Anvers

Nouvelles adresses en vogue : 1 & 2 - Le Aka Central Park à New York 3 - Le JIA à Hong Kong 4 - Le Soul Suites à Anvers 5- La Réserve à Paris

© La Réserve

Pour une fois, Paris n’était pas en reste et même plutôt en avance. Confirmant le succès de La Réserve de Genève, l’entreprenant Michel Reybier a imaginé son équivalent parisien sous la forme d’appartements, sans rien renier de sa vision du luxe, fondée «sur un triptyque d’excellence et d’exigence : le plaisir, la qualité et la santé». Une simple porte, aux abords du Trocadéro, préserve l’intimité d’intérieurs sobres et délicats conçus par Rémi Tessier. Un mobilier signé MaxAlto, Flexform, Hurel, Knoll ou Vitra, des couleurs minérales habillant les volumes alambiqués de cette demeure très parisienne, un patio arboré où prendre le soleil : on s’approprie sans mal les recoins intimistes de cette résidence très distinguée. Reste à choisir

l’un des dix appartements et se laisser vivre. Une gouvernante, un concierge, un voiturier se chargent de rendre vos jours paisibles… Et puisqu’on est vraiment à la maison, pourquoi ne pas inviter des amis et s’offrir les services d’un chef de la capitale ? Tout est possible… www.lareserve-paris.com

© Soul Suites

très coûteux dans les hôtels : ligne de téléphone privée incluant la gratuité des appels locaux, wifi, machines à laver, fitness… le tout agrémenté d’un service de concierge non-stop. La définition d’un hôtel ne demande qu’à être précisée en ce sens ! D’autant que la décoration aux accents high-tech du lobby et de la penthouse, imaginée par John Pierpolini, n’a pas à rougir devant celle de ses voisins et relègue aux oubliettes les poncifs surannés de la décoration résidentielle. www.hotelaka.com

© JIA, Hong-Kong

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Anvers se prête aux week-ends à l’improviste autant qu’aux séjours d’une semaine. Dans ce cas, opter pour un appartement d’hôtes peut apparaître comme la solution ad hoc. Au rang des avantages, celui de bénéficier de l’indépendance d’un pied-à-terre - pour y cuisiner notamment - sans se soucier des tâches quotidiennes. À ce jeu, les Soul Suites conçues par l’architecte Jeanne van de Meulengraaf ont de sérieux atouts à faire valoir. Dans les 70 m2 de ces trois appartements, fauteuils en osier façon «Emmanuelle», mobilier suédois, palettes de couleurs automnales et œuvres d’art contemporain s’entremêlent dans une atmosphère seventies. Le tout à quelques rues du musée du Beaux-Arts, dans le quartier de Marnixplaats, plein de boutiques, de restaurants et d’une faune branchée qu’on observe en feuilletant un magazine depuis Vitrin, le café attenant au salon de coiffure exclusif SoulShow. Un lieu de détente qualifié de «hairspa» où le coloriste Philippe B., célèbre pour ses collaborations dans la mode, prodigue de précieux soins capillaires. www.soulsuites.com

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DESIGN & ARCHITECTURE

Retraites DANS LES ARBRES…

P. THAULAZ

Maison

GRÂCE À VERA MICHALSKI, LE VILLAGE DE MONTRICHER, AU PIED DU JURA VAUDOIS, ACCUEILLERA DÈS 2013 DES ÉCRIVAINS DE TOUS LES HORIZONS. CHACUN AURA SA MAISON, ACCROCHÉE À DES ARBRES DE BÉTON. Libres et altruistes

Conçue par les architectes Vincent Mangeat et Pierre Wahlen, la Maison de l’écriture est en communion avec la nature. «L’harmonie vient de cette correspondance entre les colonnes et les arbres de la forêt. C’est sur ces colonnes que seront fixés les cabanes, les escaliers et toutes sortes d’éléments», précise Vera Michalski. «L’idée ? Circonscrire un périmètre, en créant une espèce de toit ouvert». Le mot de canopée est lâché, référence au sommet de la forêt amazonienne : «Même s’il n’y a rien de tropical à Montricher !», ajoute la fondatrice - avec son mari Jan - des éditions Noir sur Blanc. C’est pour honorer sa mémoire qu’elle s’est investie dans ce projet : «Une petite cité consacrée à l’écriture, avec une grande bibliothèque multiculturelle qui sera à la disposition des résidents mais aussi ouverte au public, un auditorium et un lieu d’expositions».

La Maison de l’Ecriture a été pensée comme une petite cité : résidences pour écrivains, bibliothèque, auditorium, lieu d’exposition… seront rassemblés à l’abri d’une canopée.

La bibliothèque ouvrira ses portes au printemps 2012 : «Le gros œuvre est terminé. Nous devons achever les intérieurs, remplir les rayons de la bibliothèque. Il nous restera à réaliser les bâtiments suspendus, soit les bureaux de la fondation, le logement du concierge, la salle à manger et les résidences des écrivains. J’aimerais accueillir les premiers résidents dès 2013». Clin d’oeil à l’individualisme présumé des auteurs ? Chaque cabane sera différente : «On invite un certain nombre d’architectes à se pencher sur ce projet pour que chacune de ces résidences d’auteur soit différente. Il leur faudra s’adapter à cet élément très dominant qu’est la canopée». Six cabanes en quête d’auteurs : «Ce sera comme un grand studio, avec salle de bains et tout ce qui est nécessaire. Un lieu de vie et de travail, mais ils pourront travailler dans la bibliothèque s’ils

le désirent. Ils bénéficieront de conditions idéales d’écriture, tout en étant débarrassé des contingences matérielles».

Juste pour l’écriture Mais n’allez surtout pas parler d’ONU artistique à Vera Michalski : «On accueillera des écrivains du monde entier mais il n’y aura pas de quotas. On se veut libres…» Et altruistes, puisqu’ils bénéficieront de la vue sur le Léman : «Les bureaux seront, eux aussi suspendus, mais plus proches du sol. Les seuls que je vois vraiment dans les airs, si j’ose dire, ce sont les écrivains !» Le Prix Jan Michalski, lui, fait déjà figure de référence : «Seuls les membres du jury peuvent proposer des livres, au maximum deux chacun. Cinq ouvrages sont encore en lice, on connaîtra le nom du vainqueur en novembre», conclut Vera, en déposant délicatement son casque de chantier.

DESIGN

De Tokyo à la Champagne

© D.R.

Pour son coffret annuel autour de son emblématique Blanc de Blanc, Ruinart a sollicité cette fois-ci Oki Sato, fondateur du studio Nendo. Baptisé «Kotoli», il s’inspire à la fois de l’architecture et des scupltures géométriques de Kiichi Sumikawa. Par un système coulissant imitant le mouvement des cloisons japonaises, l’étui s’ouvre sur l’emboîtement de trois plateaux rectangulaires. En paulownia,

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bois très prisé au pays du soleil levant, tel un écho à l’écorce des sarments champenois, l’écrin contient un bouchon stopper, une bouteille et deux flûtes aériennes qui peuvent se percher sur la coque rectiligne de «Kotoli» ou sur la baguette de métal qui lui sert de poignée. Un hommage poétique aux hirondelles qui dansent au-dessus des vignes jusqu’aux premières vendanges. Coffret Kotoli, environ 185 francs, www.ruinart.com

M.C. T.

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Puissant DESIGN & ARCHITECTURE

J. DAVID

Portrait

SCULPTURE

Ceux qui servent Un monde minimal, silencieux, mystérieux et paisible en apparence. Ou à l’inverse, un univers chaotique, impitoyable se cache derrière ces formes étranges. En réalité, un conte philosophique imaginé par Kar. Une histoire qui se lit, une fable que l’on regarde, des sculptures qui s’exposent et se collectionnent. Première édition de personnages Bootland, Ich&Kar, www.ichetkar.com

EDUARDO SOUTO DE MOURA

© D.R.

© D.R.

À 58 ANS, L’ARCHITECTE PORTUGAIS VIENT DE SE VOIR DÉCERNER LE PRITZKER PRICE 2011, LA PLUS HAUTE RÉCOMPENSE INTERNATIONALE DANS LE DOMAINE DE L’ARCHITECTURE.

Remporter le Pritzker, c’est un peu comme décrocher le Prix Nobel d’architecture. Une distinction prestigieuse donc, unanimement respectée et convoitée par les architectes du monde entier depuis trois décennies. Créé en 1979 par la famille Pritzker de Chicago, le prix récompense chaque année le travail d’un architecte vivant dont le travail démontre «un talent, une vision, un engagement qui ont contribué de façon significative à l’humanité et à l’environnement bâti à travers l’art de l’architecture».

après Alvaro Siza Vieira en 1992, dont il fut le disciple et le collaborateur. Son style, à la fois sculptural et minimaliste, joue sans cesse sur les formes et les textures. Le mur est l’élément central qui structure chacune de ses créations, souvent imposantes, toujours audacieuses. Pour le jury, son œuvre présente «la capacité unique de réunir des caractéristiques apparemment contradictoires : la puissance et l’humilité, la bravade et la délicatesse, la force de l’autorité publique et le sens de l’intimité».

Classicisme et modernisme

Des œuvres monumentales

Eduardo Souto de Moura, professeur à l’école des Beaux-Arts de Porto, devient ainsi le 32ème lauréat honoré par un tel trophée, et le second Portugais

La majeure partie de ses quelques soixante réalisations se situe au Portugal. On lui doit notamment la transformation du couvent Santa Maria do Bouro en

hôtel, à Amares, la Maison «Bom Jesus», à Braga, la tour Burgo, à Porto, la Maison du cinéma de Manuel de Oliveira, à Oporto, le musée Paula Rêgo, à Cascais… et surtout le stade de Braga, conçu pour l’Euro 2004 de football, l’une de ses œuvres majeures. Une structure imposante bâtie à flanc de montagne, jouant du contraste entre pierre brute et béton, sa marque de fabrique. Plus d’un million de mètres cube de granit ont été extraits du site et concassés pour produire le béton du stade. «Il a la confiance nécessaire pour utiliser la pierre qui a mille ans ou pour s’inspirer d’un détail moderne», a estimé le jury. Pour l’intéressé, la coexistence de la construction humaine et de la «construction naturelle» fait la bonne architecture. On le croit volontiers.

DESIGN

In & out

© D.R.

© Dan Peretz

Le nouveau concept-store parisien du boulevard Beaumarchais, Gambs, a pour vocation de faire découvrir la nature du monde, en créant, en éditant, et en sélectionnant des objets exclusifs sur le thème de «l’outdoor de l’intérieur». Un hommage à la nature et à la place que l’on peut lui faire en ville. Pour preuve ? Cette lampe créée par Asaf Weinbroom Studio. Lampe Lavior Light XL, 150 cm, Asaf Weinbroom Studio, environ 1 160 francs, chez Gambs store, www.gambs.fr

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DESIGN & ARCHITECTURE

Spa M. PAVIA

Relaxation

MON BEAU MIROIR... ESTHÉTIQUE, FONCTIONNALITÉ, ORIGINALITÉ, DES SALLES DE BAIN AU MASCULIN HAUTEMENT DÉSIRABLES. MAIS PAS FORCÉMENT MINIMALISTES COMME ON POURRAIT LE CROIRE… Espace dédié, a priori, à des fonctions purement hygiénistes, la salle de bain privilégie désormais une approche épicurienne axée sur la détente, le ressourcement. Longtemps caractérisée par une féminisation à outrance sous prétexte que, coquetterie oblige, les femmes y passent plus de temps que les hommes, la salle de bain se masculinise sous l’influence de designers soucieux de répondre aux attentes d’une clientèle urbaine, souvent célibataire. Beaux volumes, matériaux haut de gamme, mobilier intelligent, robinetterie écologique, l’espace dédié à la toilette virile trouve de plus en plus sa place dans la chambre à coucher ou le salon !

Beau et fonctionnel Sous l’impulsion du studio de design ukrainien Mukomelov, la baignoire sabot se transforme en

privilégient une approche 100% wellness, notamment AGUAvit dont les baignoires balnéo disposent d’un système whirlpool qui procure un massage d’air ou d’eau associé à un dispositif de chromothérapie. Le top du top à condition de bénéficier d’une grande salle de bain et d’un compte en banque ad hoc ! Côté douche, l’installation dite «à l’italienne» fait florès. Chez Kaldewei, la ligne Conoflat vient de décrocher le Design Plus Award 2011 qui consacre autant sa souplesse d’intégration sans contour intérieure que le matériau utilisé : un acier émaillé précieux et durable. Mais la douche à parois traditionnelles séduit encore, surtout quand elle adopte des formes géométriques inédites et qu’elle se pare de couleurs vitaminées. La preuve par LOOP, cabine de douche sculpturale dotée de fonctions hammam, aromathérapie

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© Finite Element

© Agape

© Mukomelov Studio

Même si leur équipement est pour le moins étonnant, ces salles de bains, un peu décalées, n’en sont pas moins des lieux de bien-être propices à la relaxation.

exercice d’origami géant avec le concept Infinity qui présente des courbes inédites. Il embarque un mini-ordinateur qui pilote diverses fonctions : diffusion d’huiles essentielles, ajustement de la température de l’eau, jets hydro-massants, musique… Grâce à un système de domotique, la programmation peut se faire à distance, depuis le bureau par exemple. Tout aussi surprenante au niveau de sa forme, la baignoire Vieques, conçue par Patricia Urquiola pour Agape. Évoquant un bidon que l’on aurait déformé en l’étirant, elle s’accompagne d’un dossier adaptable en teck qui n’est pas sans rappeler la planche à laver d’antan. Tout en ellipses, les formes de la ligne ILBAGNOALESSI ONE conçue par Stefano Giovannoni jouent la carte d’un luxe empreint d’une élégante légèreté. Certains fabricants

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Pour amplifier le bien-être

infini. Chez Sabag, les tendances fortes combinent richesse de couleur et textures originales. Cuir, métal, granit, des matériaux brut de décoffrage qui s’avèrent, à l’usage, pleins de sensualité virile. À noter aussi que, la salle de bain étant un lieu où l’on marche souvent pieds nus, les fabricants développent des gammes de carreaux antidérapants qui offrent une bonne conductibilité thermique assortie à une vraie sécurité antiglisse. Démarche artistique et ludique chez Ceramica Bardelli qui édite des décors en décalcomanie à appliquer sur les parois carrelées. Mention spéciale à la collection Macchine Volanti qui reprend des motifs créés par le peintre et sculpteur milanais Pietro Fornasetti. Ses dirigeables, montgolfières et autres merveilles machines volantes semblent tout droit sortir d’un roman de Jules Verne. De quoi réveiller le petit garçon qui sommeille en tout homme ?

© Kaldewei

D’autres concepts novateurs tendent à rendre la salle de bain toujours plus confortable. C’est le cas

de la ligne G-Full signée Hatria : outre une douche à l’italienne et une baignoire généreuse, elle comprend un meuble accueillant bidet et toilettes, doté d’un astucieux couvercle qui, une fois refermé, se transforme en banquette accueillante ! Quant aux adeptes du karaoké matinal, Infinite Element leur fournit de quoi pousser la chansonnette sur leur playlist favorite grâce à HOHRIZONTAL 51. Encombrement minimal et puissance sonore maximale pour cette étagère en bois équipée d’enceintes 2x50W et de connexions iPod, ordinateur… Musique toujours chez Bossini dont le système Aquavolo combine son et lumière pour une douche revigorante, avec dock iPod waterproof et diodes LED. Preuve s’il en était encore besoin que la toilette n’est vraiment plus une affaire de simple hygiène ! Mais qui dit salle de bain pense aussi carrelage et, là aussi, le choix s’avère

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© Bossini SPA

et d’un diffuseur radiophonique. Brillant par sa transparence et ses lignes claires, la Collection 3 de Duscholux impressionne également par son système de parois sans cadre, hautement esthétique. Une vision contemporaine de la maîtrise de l’espace séduisante à plus d’un titre. Quant aux pommes de douche, elles se déclinent en version XXL pour un maximum de sensations. Le modèle Raindance E de Hansgrohe tient compte des dimensions des épaules pour diffuser l’eau en pluie de manière enveloppante et généreuse. Très ingénieuse également, la pomme Reflect Shower permet de se raser sous la douche sans se couper : elle est équipée d’un miroir conçu pour éliminer tout effet de condensation, donc de buée.

Originales, minimalistes, high-tech… les salles de bains rivalisent d’ingéniosité, associant belles matières et formes épurées pour un style résolument contemporain.

© ILBAGNOALESSI

© Duscholux

© ILBAGNOALESSI

DESIGN & ARCHITECTURE

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DESIGN & ARCHITECTURE

Brut R. STROSCIO

Transparence

UN DIAMANT POUR MILAN À PARTIR DU PRINTEMPS 2012, UNE NOUVELLE TOUR BRILLERA DANS LA MÉTROPOLE ITALIENNE.

© KPF, London

du bâtiment de 30 étages se décline dans la disposition des façades formant un prisme irrégulier. Tel un diamant, l’aspect extérieur se modifie graduellement. Au sommet, le toit en découpe oblique, permet d’intégrer harmonieusement l’édifice dans son environnement. Le complexe, qui offre un maximum d’espace modulable aux futurs occupants, compte 45 390 m2 et accueillera principalement des bureaux. En affichant cette volonté de transformation, le chef-lieu lombard est en train de vivre une des reconstructions les plus significatives et emblématiques de ces dernières années. De son côté, Il Diamantone y rayonnera avec style !

© KPF, London

© KPF, London

Le bijou s’expose au cœur de la ville ! Certes, on connaissait depuis longtemps la capitale lombarde pour être la référence du design et de la mode. Aujourd’hui, moins axée sur une architecture conservatiste, Milan a amorcé un nouvel élan urbanistique audacieux et d’envergure. La cité est en pleine mutation. Dans le quartier de Porta Nuova, proche du centre historique, le groupe Hines Italie, dans le but de créer un nouveau pôle d’activités, a impulsé une opération de rénovation urbaine à grande échelle avec une série de constructions emblématiques à hauteurs variables. Sur une étendue de 290 000 m2 ce mégaprojet, qui entend entre autres rétablir le tissu urbain jadis divisé par le chemin de fer, compte sur son site un édifice pour le moins singulier. Baptisé Il Diamantone («le grand diamant») par les Milanais, la tour Varesine qui suscite autant la curiosité que l’admiration, fait déjà la fierté de la grande métropole. L’édifice phare, en verre et acier, a été conçu par le studio d’architectes KPF (Kohn, Pedersen, Fox Associates) de Londres. Sous la bienveillance de Ranieri Fontana-Giusti, chef de projet depuis la moitié 2009, l’ensemble structurel représente l’œuvre, qui culmine à 130 mètres, et deux immeubles adjacents de dix étages chacun. Privilégiant les énergies renouvelables, l’originalité

COURBES

Vignoble © Hotel Marques de Riscal, a Luxury Collection Hotel, Elciego

ONDULATIONS HISPANIQUES

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La tendance des grands domaines viticoles est résolument à la transformation. Image de marque et prospérité oblige, les propriétaires font appel à des stars de l’architecture internationale pour donner une vraie valeur ajoutée à leurs exploitations. L’œuvre la plus significative se trouve au cœur de la Rioja Alavesa, au nord de l’Espagne. Après avoir conçu l’impressionnant Guggenheim de Bilbao en 1997, le génial maître Frank Gehry a récidivé dans la Péninsule avec un deuxième bâtiment en 2006, la bodega Herederos Marqués de Riscal. Préservant l’identité du lieu, l’architecte a réalisé une œuvre avant-gardiste immédiatement reconnaissable par son style. Dicté par l’idée du mouvement, cher à Gehry, l’édifice unique est une véritable fusion métallique ondoyante qui scintille selon la luminosité naturelle. L’élément distinctif

de la nouvelle structure, qui héberge principalement un hôtel de luxe, un spa-vinothérapie et un restaurant, se caractérise en une association de larges bandes ondulées de titane et d’acier inoxydable ; entrecroisées, elles se déclinent en trois couleurs distinctes, rouge-violet, or et argent qui rappellent singulièrement celles des cépages du vignoble et les détails qui habillent les bouteilles. Grâce à cette brillante composition à laquelle Gehry signe également le design intérieur, la métamorphose de la bodega est globalement réussie. Quant au bâtiment, emblématique et spectaculaire, où se mêlent caractère et élégance, il rentre de plain-pied dans le XXIème siècle. www.marquesderiscal.com R. S.

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DESIGN & ARCHITECTURE

Divers

SI VERT-LUISANT !

M.-C. THOMAS

Shopping

QUAND ON PENSE À CETTE COULEUR, ON L’ASSOCIE TOUT DE SUITE AU DESIGN ÉCOLOGIQUE ET DURABLE. MAIS POURQUOI NE PAS S’ATTARDER SUR LA TEINTE EN ELLE-MÊME, ET TOUT CE QU’ELLE REPRÉSENTE ? SOUVENT UTILISÉ POUR MATÉRIALISER L’IDÉE DE NATURE, MAIS AUSSI CELLE DE L’ESPOIR, LE VERT EST UNE DES NUANCES PRÉFÉRÉES DU DESIGN, ÉVOQUANT DE SA COULEUR FRANCHE UN CERTAIN CHIC TRÈS MASCULIN. SÉLECTION.

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1 - Concentré de pamplemousse rose, la nouvelle interprétation de la Cologne Eau de pamplemousse rose, Hermès, 137 francs, www.hermes.com 2 - Vase «Stockholm», designer Anne Nilsson, en verre, pigment, peinture laque, Ikéa, environ 45 francs, www.ikea.com 3 - Patère Simplex, design Sebastian Bergne, vendue par lots de 3 en peinture monochrome ou dégradé de couleur, Tolix, environ 67 francs les 3, www.tolix.fr 4 - Suspension Noctiluque en acier laqué ajouré, design Philippe Nigro, Sabz, prix sur demande, www.sabz.fr 5 - Extincteur, Fleux, environ 125 francs, www.fleux.com 6 - Carré de gazon doté d’un bac acrylique, un carré de gazon prêt-à-pousser et une notice explicative didactique, Fleux, environ 33 francs, www.fleux.com 7 - Chauffeuse Chabada, habillée de tissu laine haute résistance, design Daniel Rod, Roche Bobois, prix sur demande, www.roche-bobois.com 8 - Coussins 2CV, HOME Autour du Monde, environ 48 francs, www.autourdumonde.com 9 - Verres meulés bas, design Guzzini Lab, Guzzini, environ 5 francs, www.iguzzini.com 10 - Gourde avec bouchon à visser classique, 0.6l, SIGG, 20 francs, www.sigg.com 11 - Meuble tabouret, design Frédéric Gaunet, Tolix, à partir de 231 francs, www.tolix.fr 12 - Poupée MOA vietnamienne peinte à la main édition limitée à 10 exemplaires, Fleux, environ 1 025 francs, www.fleux.com 13 - Bibliothèque «Collect» en pin vert verni, Normann Copenhagen, environ 3 090 francs, www.normann-copenhagen.com 14 - Canapé Basket, Cappellini, prix sur demande, www.cappellini.it 15 - Pichet isotherme, design Angeletti Ruzza, en SN, PMMA, verre thermique, Guzinni, environ 63 francs, www.iguzzini.com 16 - Bougie à base cire végétale naturelle Jasmin, Marianne Guedin, 47 francs, www.marianneguedin.com

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© Morgane Le Gall

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TENDANCE

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Aussi beau habillé que NUDE !

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Ce fauteuil est à lui seul un condensé de tendances. Structuraliste : on l’apprécie dans son plus simple appareil, grâce à son ossature d’aluminium racé ultra léger, qu’habillé. Slow : il est issu d’une production locale et d’un savoir-faire artisanal qui transcende la matière brute. Même dans sa version habillée il conserve sa bonne tenue environnementale avec un tissu 100% écologique. Modeux : il s’habille sur demande et peut d’un coup de fermeture éclair changer de couleur, d’aspect et de confort avec des housses en tissu naturel, noir ou tagué et habillé de mousse. Exclusif : cet hiver, il est proposé dans un tissu Teddy Bear décliné en noir et en écru pour devenir un must-have des sommets.

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N.U.D.E - N.ew U.nclothed D.ressed E.dition, L65 x P57 x H68 cm, structure en métal plié, finition Epoxy, 870 euros (modèle nu, prix habillage sur demande), WA.DE.BE Designers, www.wadebe.com 16

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EXPOSITION

© Roland Halbe

© Roland - Zaha Hadid

Aujourd’hui ici, demain ailleurs

Egyptian Pavilion Expo 2010, Shanghai, China

Alors que la crise économique conduit parfois à renoncer à des projets grandioses faits pour durer, une nouvelle vague de bâtiments et de créations architecturales temporaires déferle sur le monde, que ce soit pour loger de toute urgence des refugiés ou accueillir des spectacles. Autre secteur : celui des expositions et des foires, véritable mine de projets fascinants au service de la mode, de la joaillerie ou du design, mais qui apparaissent et… disparaissent en quelques jours. Les défilés de mode ou les expositions

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ICD/ITKE, Research Pavilion Stuttgart, Germany, 2010

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d’art bénéficient aussi de cette nouvelle tendance dynamique qui intéresse les plus grands noms de l’architecture contemporaine - comme Zaha Hadid ou Rem Koolhaas -, mais aussi de très nombreux architectes dont le lecteur n’avait encore jamais entendu parler. Jusqu’à la parution de cet ouvrage. «Temporary Architecture Now!» Couverture souple, 416 pages, environ 34 francs, Editions Taschen, www.taschen.com

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GRAND GARÇON

GUILLAUME DURAND, L’ART ET LA MANIÈRE PERSONNALITÉ ATYPIQUE DU TUBE CATHODIQUE, LE JOURNALISTE CULTIVE SA DIFFÉRENCE ET VOIT LE MONDE À TRAVERS LE PRISME DE L’ART CONTEMPORAIN.

Rock Un appartement-galerie d’art, calme et lumineux, avenue Montaigne. Tableaux, sculptures et photos d’artistes renommés le disputent aux beaux livres, pochettes de disques mythiques et meubles design. Guillaume Durand reçoit chez lui ce dimanche. Des techniciens viennent d’entasser dans une pièce les caméras et lumières pour «Rive Droite», reprise du «93 Faubourg Saint-Honoré» de Thierry Ardisson, sur Paris Première. Un dîner que le journaliste promet plus rock que mondain, plus politique que people, plus arty que paillettes. Guillaume Durand est un enfant des seventies stoniennes plus que du night-clubbing. L’art contemporain est sa passion, une respiration qui lui a permis de traverser brillamment 30 ans de télévision et d’imposer une image attachante d’homme élégant, cultivé, chaleureux. Le parcours fut parfois compliqué. France 2 l’a congédié en juin dernier. Il serait sur la liste noire de l’Elysée, aux cotés d’Arlette Chabot, Franz-Olivier Giesbert, Eric Zemmour et Eric Naulleau. Guillaume Durand s’en amuse. L’homme en a vu d’autres. Dans une heure, il dîne avec Jacques Chirac. Il est temps de démarrer l’interview…

en prépa HEC au lycée Janson de Sailly en 1970 et en face, rue de la Pompe, il y avait la boutique de mode Renoma. Un jour d’octobre, la rumeur de la présence dans cette boutique de Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones, est parvenue jusqu’au cours de mathématiques auquel j’assistais. À ce moment précis, j’ai ressenti un appel. Je me suis levé en plein cours et j’ai couru chez Renoma pour apercevoir le grand chat écorché. J’en suis revenu avec un pantalon pattes d’éph bleu-blanc-rouge et le professeur m’a viré de son cours. En fait, à ce moment précis, j’ai été happé par l’époque.

Pourquoi être devenu journaliste ? Cette rencontre avec Keith Richards m’a détaché de la programmation de ma vie. Il y avait dans l’apparence déglinguée des Stones quelque chose qui a changé profondément le jeune de 20 ans que j’étais en 1970. J’ai tout laissé tomber et je me suis retrouvé à jouer du saxophone Boulevard Sébastopol chez l’acteur Pierre Clémenti. Cette période a duré quatre ans et quand il a fallu revenir dans la vie, je suis devenu prof d’histoire. Ce me fut insupportable ! Le journalisme alors s’est imposé à moi car il fallait que je m’intéresse à quelque chose Vous avez l’image d’un dandy, qui me fasse respirer la vie sinon, passionné d’art contemporain et de culture. Vous vous reconnaissez j’aurais eu l’impression de vivre par procuration. Ensuite, je n’ai pas eu dans ce qualificatif ? la carrière classique d’un journaliste. Je ne me pose pas cette question. J’ai eu une vie en marge de la profession Mes parents étaient marchands d’art car j’ai gardé beaucoup de choses et il est vrai que je n’ai pas changé de passion de toute ma vie pour l’art. Avant de cette époque. La dinguerie et la poésie de ces années-là même mes dix ans, je rencontrais César ont embarqué une partie de mon âme ou Klein dans les dîners de vernissage et de mon comportement. C’est ce qu’il à La Coupole. Et à treize ans, j’achetais y a de plus positif chez moi mais aussi mon premier tableau ! Une autre chose de plus critiqué ! a changé ma vie pour toujours. J’étais

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Atypique

M. ROBERT

La Ferrari, les cheveux en pétard, les pieds nus dans vos mocassins, etc, vous ont effectivement fait passer pour un flambeur et un désinvolte. Je n’ai pas peur de ces reproches. Flambeur, c’est faux. C’est lié à l’art contemporain. Les gens ne peuvent pas comprendre qu’on ait des passions différentes d’eux. Moi, je ne paie pas l’ISF, cet appartement n’est pas à moi et je n’ai pas de maison de campagne. J’ai choisi de collectionner des œuvres d’art et c’est mon choix ! Je ne suis pas obligé d’avoir une vie classique de bourgeois. Quant à une certaine forme de désinvolture, ce n’est pas entièrement faux et je l’assume. Dans le milieu de la télé, je n’ai jamais

JE NE PENSE PAS QUE CETTE DÉSINVOLTURE SOIT UN DÉFAUT. donné l’impression de m’accrocher à mon fauteuil et d’être prêt à tout pour devenir une star de la télé. Je ne suis pas carriériste. J’ai effectivement un côté «la vie est ailleurs» et je ne pense pas que cette désinvolture soit un défaut. J’ai commencé la télé dans les années 80 et c’était les années Gordon Gekko, le héros du film «Wall Street». Donc moi qui arrivait pas peignée et pas déguisé en gendre idéal, je comprends que ça ait pu en exaspéré certains et qu’on se soit demandé pour qui je me prenais.

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Mais aujourd’hui, dans mon milieu, les responsables ont fait le tour de ce «truc» et savent que je ne mentais pas. Depuis 30 ans, vous avez fait beaucoup d’émissions pour de multiples médias et vous êtes toujours là. Comment avez-vous fait pour traverser les années 80, 90 et 2000 ? La raison essentielle est que ce que je fais marche sinon j’aurai disparu depuis longtemps. Pour «Rive Droite», Paris Première cherchait quelqu’un qui fasse des émissions qui marchent et je n’étais pas le seul candidat ! En fait, je suis avec Michel Denisot celui qui a fait le plus grand nombre d’émissions différentes dans tous les genres. Je ne m’en vante pas mais ce qui me passionnait quand j’avais vingt ans, la politique, le rock et la peinture, demeure exactement trente ans après ce qui m’intéresse. Revenons à l’art plastique dont vous dites qu’il est aujourd’hui plus intéressant que le cinéma, la littérature ou une partie de la musique ? L’art plastique est un cas particulier : il est le seul à avoir cette capacité de tout casser, de se réinventer et de relancer quelque chose de nouveau. La musique avec la mélodie, le cinéma avec la narration, la littérature avec l’histoire ont beaucoup de mal a envisager un monde abstrait sans formes ni figures. Beaucoup d’artistes sont conscients de cela. Il ya quelque chose de pathétique à voir aujourd’hui les Stones toujours refaire la même chose. Mais il y a un public pour cela. En revanche, allez chez un galeriste avec un sous-Picasso et on vous rira au nez. Vous considérez le suisse Ugo Rondinone comme l’un des plus grands artistes d’aujourd’hui ? Oui. Ses cibles peintes gigantesques sont extraordinaires. D’une manière générale, les artistes contemporains suisses sont extrêmement forts, aujourd’hui. New York demeure la place centrale du marché de l’art mais plus celle de la créativité qui, elle, est partout. Mais chez nous, il existe une mauvaise humeur autour de l’art car notre culture classique française est remise en cause. Ce malaise est même devenu un rejet. Pourquoi avons-nous ce regard distancié sur le monde ? Le problème de l’art contemporain n’est pas qu’une question d’art. C’est le problème du regard que nous, français, avons sur le monde contemporain et de la représentation que nous en faisons. La France est un pays encore très patrimonial. Les islandais ont Björk, nous Chimène Badi !

© PIERRE OLIVIER / PARIS PREMIERE

Où se voit Guillaume Durand dans cinq ans ? C’est la question centrale et je me la pose vraiment. À un moment, les tours de manège à la télé s’arrêtent ! Je ne me vois pas marchand d’art car c’est un business énorme et je ne suis pas un homme d’argent. Mais pourquoi pas une chaîne de télévision consacrée à l’art sur Internet ?

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CORTEX FILMOGRAPHIE

Cinéma 2007 - «Le Rêve de Cassandre», de Woody Allen 2007 - «How About You», d’Anthony Byrne 2008 - «Brideshead Revisited», de Julian Jarrold 2008 - «The Duchess», de Saul Dibb 2011 - «Captain America : First Avenger», de Joe Johnston 2011 - «I, Anna», de Barnaby Southcombe (à venir)

Télévision

©D.R.

2005 - «Whatever Love Means» 2007 - «Mansfield Park» 2009 - «Le Prisonnier» (The Prisoner) 2010 - «Les Piliers de la Terre» (The Pillars of the Earth) 2010 - «À Livre ouvert» (Any Human Heart)

HAYLEY

Buzz

ATWELL

Glamour

CE NOM NE VOUS DIT RIEN ? PLUS POUR TRÈS LONGTEMPS ! SON RÔLE DANS «CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER», DERNIER NÉ DES STUDIOS MARVEL, DEVRAIT LANCER POUR DE BON LA CARRIÈRE DE CETTE BRUNE INCENDIAIRE. Plusieurs qualificatifs viennent à l’esprit à la vue de cette jeune anglaise de 29 ans. Brune, évidemment. Jolie. Sexy. Pulpeuse voire gironde, diront certains. Loin des brindilles filiformes qui peuplent le petit monde d’Hollywood et les pages des magazines people, Hayley Atwell a ce que l’on pourrait appeler «une gueule». De grands yeux noisette, une mâchoire légèrement carrée, une bouche dessinée, le teint laiteux… Et un physique de pin-up, plus proche de celui d’une Scarlett Johansson que d’une Keira Knightley, sa partenaire dans «The Duchess», en 2008. Un an plus tôt, après plusieurs rôles dans des séries

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télévisées, c’est Woody Allen en personne qui lui offrait son premier (petit) rôle au cinéma dans «Le Rêve de Cassandre», aux côtés d’Ewan McGregor et Colin Farrell.

Premières récompenses Ancienne étudiante en philosophie et en théologie, cette fan de jeux vidéo a choisi, un beau jour, de changer de voie pour se consacrer au théâtre. Ses deux nominations, l’une aux Laurence Olivier Awards pour la pièce «A View from the Bridge», l’autre aux Golden Globes pour «Les Piliers de la Terre», la série télé tirée du best-seller historique de son compatriote Ken Follett, lui ont depuis donné raison. Des débuts prometteurs donc, sur grand écran comme sur les planches, qui ne suffirent pourtant pas à lui faire gagner sa place au firmament des jeunes actrices «bankables». Sa façon remarquable de porter l’uniforme britannique de l’agent Peggy Carter dans «Captain America : First Avenger» devrait y contribuer. Pour camper ce personnage initialement

proposé à Emily Blunt, Hayley Atwell a suivi un entraînement militaire avec un ancien Marine de l’armée américaine. Au programme : préparation physique intensive et séances de tir au revolver et à la mitraillette. «Peggy est une dure à cuire», explique-t-elle.

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F. ROOS-GILLET

TENDANCE

Garde à vous Le résultat est convaincant, même si son rôle exact n’est jamais explicité. Elle est surtout la touche féminine indispensable à tout film de super-héros. En clair : la garantie d’une romance pour le héros, et l’argument rêvé pour permettre aux spectateurs masculins de convaincre leur dulcinée de les accompagner sans trop traîner les pieds. Nul doute que sa moue boudeuse et décidée, ses lèvres carmin et son chemisier dissimulant mal un buste corseté digne d’une Marilyn auront marqué les mêmes esprits masculins. Qu’ils se rassurent, ils la retrouveront bientôt dans le film «I, Anna», où elle jouera la fille de Charlotte Rampling. Une fille à suivre. C’est sûr !

Pin-up En voilà une belle idée : réunir le texte originel de Mailer et les photographies prises par Bert Stern lors de la légendaire Last Sitting, considérée comme la séance de photos les plus intimes jamais prises de Marilyn, pour créer un hommage à l’image d’une femme qui, au moment de sa mort, en 1962, évoquait dans le monde entier et pour toute une génération le symbole absolu du glamour et de l’érotisme. Norman Mailer, Bert Stern : «Marilyn Monroe», aux éditions Taschen, 278 pages, environ 2 100 francs, www.taschen.com

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TREND & ACCESSOIRE

Créateur TIRER SON COUTEAU DU JEU E. KÜNZLER-REISSER

Style

Difficile, me direz-vous, de répondre à la question tant le gap semble marqué. Et pourtant, la réponse s’est trouvée à New York lors de la semaine de la mode des créateurs qui présentaient en février leur collection automne-hiver 2011-2012. Car c’est bien à travers une collection textile que l’énigme s’est entièrement résolue. À la tête de cette petite collection masculine et féminine qui compte 14 pièces, notamment des blousons, des duffle-coats et autres coupe-vent qui s’ancrent parfaitement dans l’air du temps, à la fois urbain et «durable», le jeune créateur anglais Christopher Raeburn est déjà promu à une belle carrière. Diplômé du Royal College of Art de Londres en 2006, il se trouve de suite sélectionné pour présenter sa collection de fin d’études lors de l’exposition «Camouflage», à l’Imperial War Museum de la capitale. Quelques prix plus tard, dont celui du International Ethical Fashion Forum Innovation en 2009, il est distingué par le quotidien anglais «The Independant» dans la catégorie des «créateurs de mode émergents». Un parcours qui a retenu toute l’attention de l’entreprise suisse Victorinox qui s’est laissée séduire par le talent et la représentation éthique comme durable des créations du jeune Anglais. Car dès le début, sa vision est

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claire et forte : recycler des uniformes militaires et des parachutes déclassés en vêtements fonctionnels, intelligents et minutieusement travaillés, le tout, fabriqué dans son atelier de production à l’est de Londres portant ainsi la dénomination légitime de «Remade in England» (refabriqué en Angleterre). De cette signature est née presque logiquement le nom de la collection Capsule Remade in Switzerland : Christopher Raeburn for Vicotrinox. Car c’est bien au cœur de la Suisse, à Ibach, où se trouve l’usine fondée en 1884 par Karl Elsener et qui produit plus de 120 mille couteaux par jour, que tout a été réalisé. Tout d’abord, trouver la matière première, à savoir des matériaux utilisés issus des arsenaux helvétiques. C’est alors que Christopher débarque puis embarque des «Lip Shops» (nom local donné aux points de vente des surplus militaires) les différentes pièces qu’il va réinterpréter. Draps de lit, sacs de couchage, parachutes déclassés, couvertures en laine et même clous utilisés pour le ferrage des chevaux de l’armée trouveront, sous l’œil averti du créateur, une nouvelle vie. La machine est lancée, reste à mettre en place l’atelier de production. Une annonce paraît pour recruter des couturières de la région

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QUEL EST LE LIEN ENTRE IBACH - SITUÉ EN SUISSE CENTRALE - ET LONDRES ? ENTRE LE COUTEAU SUISSE ET LA MODE ? RÉPONSE À TRAVERS LE DÉCRYPTAGE DE LA COLLECTION CAPSULE «REMADE IN SWITZERLAND», TOUT JUSTE PRÉSENTÉE DANS LES BOUTIQUES.

des trois lacs. Le bouche-à-oreille fait son effet, l’engouement pour cette aventure temporaire est un succès. Une quinzaine de personnes sont ainsi retenues et enrôlées. Les pièces uniques limitées à 100 exemplaires chacune prennent alors vie pour se retrouver aujourd’hui dans les boutiques Victorinox à travers le monde. Et de conclure avec les dires du créateur :

«Les vêtements élaborés à partir de matériel suisse recyclé sont nés de façon artisanales, dureront éternellement et sont un statement (point levé) au caractère éphémère de la mode». Point final donc à cette belle histoire dont le fil rouge est l’amour d’un produit fonctionnel au travail soigné jusqu’au plus petit détail, pour un résultat d’une grande qualité.

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TREND & ACCESSOIRE

160 ans Bally E. KÜNZLER-REISSER

Evénement

LEVÉE DE DRAPEAU BALLY SOUFFLE CETTE ANNÉE SES 160 BOUGIES ! L’OCCASION DE MARQUER UNE PAUSE SUR LES AMBITIONS DE CETTE «PETITE» MARQUE HELVÉTIQUE DE LUXE DEVENUE AUJOURD’HUI UNE HOLDING AUX MAINS DU GROUPE LABELUX.

Ceci n’est pas un sac En marge du prêt-à-porter, Bally soutient depuis quelques années déjà les artistes suisses à travers sa fondation éponyme. Mais le désir pour la Maison d’une collaboration - et non plus uniquement d’un parrainage - a mûri pour voir le jour, il y a un an, à travers

une collection annuelle de produits capsules. En coopération avec la très célèbre foire Art Basel et sa cadette Art Basel Miami Beach, c’est ainsi qu’est née Bally Love, une collection conçue par des protagonistes suisses rattachés au domaine de l’art contemporain et l’équipe interne de développement de la holding. Conformément à la philosophie de cette dernière, cette série spéciale est nourrie par l’amour et le dévouement pour la mode et plus généralement par l’art et la créativité. Une collaboration qui donne lieu à une gamme de produits exclusifs. Après l’artiste Philippe Decrauzat, le champ libre a été donné cette année au jeune artiste schaffhousois Olaf Breuning. Sa collection Bally Love - iconic editions #2 - réinterprète les produits Bally par jeux de couleurs posés en bloc. Pour cela, l’artiste s’est inspiré d’affiches vintage de la marque ainsi que de son œuvre «Marilyns», réalisée en 2010. Résultat de cette alchimie ? Cinq corps nus recouverts de peinture blanche, habillés de perruques, de chaussures, de gants et de sacs de couleurs fortes. Travail d’un regard intrépide, provocant mais posé avec humour, en collaboration avec une maison de tradition et de savoir-faire pour une collection disponible et mise en scène dans les vitrines d’une sélection de boutiques Bally à travers le monde, ceci dès le mois de mars 2012. Bally : 160 ans et pas une ride !

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«Bally est une Maison suisse de luxe à l’héritage fort qui possède, par conséquent, un large potentiel de développement. Nous n’allons pas limiter notre action à puiser à nouveau dans les archives de la Maison, mais au contraire nous désirons nous fier à son héritage pour mieux le réinterpréter, lui conférant ainsi une vision moderne». Ce fut les dires, à leur arrivée, du duo Graeme Filder et Michael Herz, nommé l’année dernière à la tête de la création. Ambition annoncée et confirmée depuis dans les faits. Car en effet, contemporanéité il y a. Des produits proposés - collections plus graphiques et techniques qui confèrent à la marque une nouvelle énergie et une nouvelle vigueur - au projet développé en parallèle (lire ci-dessous), la maison Bally porte haut les couleurs du renouveau et de l’ouverture entre disciplines, tout en conservant ses valeurs qui sont l’élégance et un travail de grande qualité. Carl Franz Bally n’aurait donc pas pu rêver mieux pour l’avenir de son patrimoine.

DÉFILÉ

L’Homme chez Lacroix L’affaire avait fait grand bruit : la Maison Christian Lacroix a définitivement tourné la page de la haute couture et des lignes de prêt-à-porter féminin pour se consacrer entièrement à ses diverses licences et à l’univers masculin. Zoom sur la première collection homme signée Sacha Walckhoff.

PACKAGING

Empreinte écologique Fini la boîte à chaussures traditionnelle. Place à un nouveau système de conditionnement et de distribution à travers le produit Clever Little Bag. Développée en collaboration avec le designer Yves Béhar et récompensée par le prix Condé Nast Traveller 2011 Innovation and Designer Award dans la catégorie «durabilité», la Clever Little Bag (petit sac malin) démontre qu’écologie et design seyant peuvent faire un. Puma

concrétise par la même occasion sont programme de développement durable et réduit ainsi de plus de 60 % par an sa consommation d’eau, d’énergie et de gazole lors des processus de fabrication et de distribution. Ecologique mais également réutilisable comme accessoire, cette nouvelle formule de packaging a donc définitivement tout pour plaire. E. K.-R.

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Le créateur fondateur ne fait plus partie des murs mais son nom perdure. Depuis le départ du maître, c’est un des ses assistants qui a repris le flambeau. En effet, après un passage chez Jean Remy Daumas, Elie Jacobson et la Maison Michel Klein, Sacha Walckhoff rencontre Christian Lacroix en 1992. Débute alors une longue et fructueuse collaboration entre les deux hommes. Nommé directeur de la création de la Maison Christian Lacroix en janvier 2010, Sacha Walckhoff perpétue les codes créatifs qui font la renommée de cette marque, à savoir le mix et match des couleurs et des motifs, les références à l’histoire du vêtement ou encore la Camargue et ses coutumes. À ce propos, cette dernière est reprise dans la collection homme de l’automne-hiver 2011-2012 sous la forme de bérets ou de besaces de cuir en bandoulière frappés de la croix de Camargue. Dégaine inspirée des «city workers», la collection annonce un homme cosmopolite au style sensible et singulier où tout se mêle, se démêle, s’attire et séduit. Affaire à suivre donc, d’autant plus que le directeur artistique a choisi, en juin dernier, d’organiser pour la première fois un défilé à Paris pour présenter la collection de l’été prochain. Sortirait-il enfin définitivement du bois ? E. K.-R.

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TREND & ACCESSOIRE

Socks me E. KÜNZLER-REISSER

Fil

CHAUSSE QUI PEUT LES CHOSES TENDENT À CHANGER POUR LA CHAUSSETTE QUI, RELÉGUÉE SOUS LE CANON DU PANTALON, DEVIENT UN VÉRITABLE ACCESSOIRE DE MODE DONT LES HOMMES ÉPRIS DE MODERNITÉ SE FONT UN PLAISIR DE DÉVOILER. TOUR D’HORIZON DE CETTE DISCRÈTE DEVENUE OBJET DE TENDANCE. Combiner costume, chaussures et chaussettes a longtemps été et est encore pour beaucoup d’hommes un savoir soumis à des règles bien précises desquelles il ne faut pas s’écarter car signe d’intellegencia vestimentaire. Quel homme sensible à ces codes n’a pas eu des sueurs froides en voyant un autre vêtu de socquettes blanches - dévoilant alors un mollet peu seyant - associé à un complet trois pièces en laine anthracite ? Car rappelez-vous, pour assortir les couleurs et les matières, il convient de respecter certains principes stricts comme celui des chaussettes qui doivent être aussi foncées que la chaussure, sans trop contraster avec le pantalon et les autres vêtements et surtout, qui doivent être montantes afin que la jambe nue reste invisible aussi bien debout qu’en position assise. En résumé, la chaussette doit être couvrante et la plus discrète possible en jouant la carte de la sobriété, voire celle du caméléon, ton sur ton. Certes, on ne tire jamais entièrement un trait sur ce qui s’est fait ou se fait encore de nos jours, car nombreux sont les établissements professionnels à imposer à leurs collaborateurs des codes vestimentaires stricts et conventionnels. Cependant, la mode a cette formidable capacité de détourner, réinterpréter, questionner les règles

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imposées. Le tout étant que l’acteur - le porteur - assume pleinement ses choix et sache en jouer avec subtilité et sens de l’esthétisme. Car il ne s’agit pas de faire sensation sans pouvoir rester élégant. L’Angleterre illustre parfaitement ce propos. Entre establishment et avant-garde, les Anglais ont cette manière d’associer raffinement et modernité, le tout souvent surmonté d’une pointe d’humour. Les marques Paul Smith et Richard James témoignent de ce regard so british apposé sur la mode. Les chaussettes à rayures multicolores pour la première et celle à pois pour la seconde font référence dans le domaine et sont principalement portées par des hommes d’affaires, comme quoi… Tout l’art étant cependant de savoir composer sa tenue dans son tout. Sans oublier la marque Corgi qui peut

se pavaner d’afficher le «blason royal» depuis 1989 aux côtés de son nom, prouvant ainsi que la marque habille les pieds de la famille royale. Malgré le prestige et l’image de la «bienséance» que cela peut lui conférer, Corgi n’hésite cependant pas à proposer des produits avant-gardistes : coloris forts ou motifs pictogrammes - tels que des têtes de mort - font entre autres partie de leur collection. L’Angleterre serait-elle alors le pays de la chaussette ? Si l’on pense qu’elle est le berceau du soulier… peut-être que ceci expliquerait cela ? Parenthèse faite, l’engouement pour ce vêtement comme accessoire de mode est en pleine expansion. En témoigne l’arrivée sur le marché, de l’autre côté de la Manche, de la jeune marque Royalties. Créée en 2010 par le duo Timothée Pic et Emmanuelle Plescoff - la marque française place la chaussette au cœur de son développement. Entre héritage anglo-saxon (toujours) et singularité à la française, les collections proposent des chaussants aux déclinaisons modernes de côtes et jacquards avec un brin de désinvolture. À ne voir ici que les premières lueurs d’un marché aux prémisses de sa propagation, tant les créateurs ont plaisir à repenser ce «petit» vêtement. La chaussette, accessoire de mode superflu ? À n’en plus douter que non.

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TREND & ACCESSOIRE

Citadines E. KÜNZLER-REISSER

Collection

CHAQUE LIEU EST SOURCE D’INSPIRATION ET PORTE EN LUI DES PARTICULARITÉS. JOHN LOBBS A DÉCIDÉ DE LES RÉVÉLER À TRAVERS UNE COLLECTION QUI REND HOMMAGE À ONZE VILLES INTERNATIONALES : «SPIRITS OF CAPITALS». CARNET DE ROUTE. New York, Paris, Tokyo, Hong Kong, Taipei, Londres, Moscou, Dubaï, Beijing, Séoul ou encore Genève ; onze lieux connus - sans pour autant les avoir personnellement visités - tant leur renommée est notoire et leur atmosphère perceptible. Villes cosmopolites, chargées d’histoire, ou centres névralgiques des affaires et des relations internationales, cette sélection croise la route des hommes empreints d’élégance qui ont ce goût commun de l’excellence du savoir-faire. Car la Maison John Lobb maîtrise depuis plus de 150 ans l’art du chaussé sur-mesure. Rien d’étonnant donc à l’envie de lancer cette nouvelle collection. Pour réaliser ce projet, une équipe - composée de clients, de vendeurs mais aussi d’écrivains et d’artistes constituant ainsi autant de personnalités

aux horizons divers et de regards croisés - s’est formée dans chaque ville pour créer les deux modèles de chaussures qui incarnent le mieux l’esprit de sa propre ville. Un véritable travail collectif autour de brainstormings d’où en sont ressortis des carnets d’inspiration aux multiples croquis, collages et autres photos prises sur le vif. Résultat : des créations qui reflètent l’esprit et les multiples facettes de ces villes, pour ainsi chausser l’homme qui s’y affairera. À vous d’en juger lors d’un petit tour du monde, qui plus est, bien chaussé.

EXPO

L’Anvers de Van Beirendonck

© D.R.

Depuis le 14 septembre et ce, durant 5 mois, le Musée de la Mode d’Anvers présente la première rétrospective dédiée au créateur de mode Walter Van Beirendonck. Personnage haut en couleur à l’imposante barbe, Van Beirendonck construit - au fil des trois dernières décennies - un style hors des sentiers battus, ce qui a contribué à faire avancer la mode vers de nouvelles (idéo)logiques. Né en 1957, l’enfant du pays étudie à l’Académie Royale d’Anvers et sera un des membres du légendaire groupe nommé les «Six d’Anvers» qui a, avec entre autres Dries Van Noten, Ann Demeulemeester ou encore Dirk Bikkembergs, propulsé et fait connaître la mode belge lors de leur défilé londonien en 1987.

E. K.-R.

«Walter Van Beirendonck: Dream the world awake», jusqu’au 19 février 2012, www.momu.be

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30 ans de travail réunis autour d’une exposition qui offre un aperçu de l’univers créatif de cet outsider de la mode en explorant ses sources d’inspiration comme par exemple sa fascination pour l’ethnologie, l’art, le surnaturel, la culture pop, la science-fiction ou encore la technologie. Un volet est également consacré à ses projets en dehors de la mode comme la création de costumes de scène qu’il crée pour le groupe Avalanche ou pour le PopMart Tour de U2 en 1997. Rétrospective donc d’un éternel travail de questionnement sur les concepts imposés par la société où Walter aime à sonder les frontières de la beauté en y donnant sa propre interprétation.

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TREND & ACCESSOIRE

Wild

E. KÜNZLER-REISSER

MIX & MATCH

Shopping

L’AUTOMNE À PEINE ARRIVÉ QUE DÉJÀ LES TEINTES DE LA NOUVELLE SAISON INSPIRENT À L’ÉVASION, AUX LARGES ESPACES ET AU GRAND AIR. MAIS LOINTAINE L’IDÉE PRÉCONÇUE D’UNE SILHOUETTE RUSTIQUE POUR AVENTURIER SOLITAIRE. ON RETIENDRA LES CODES ESTHÉTIQUES DE L’OUTDOOR, REPENSÉS POUR UNE MODE URBAINE.

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1 - Boots Amyas Bally, en cuir de vachette peint à la main, 1 195 francs. 2 - Echarpe Paul Smith, 390 francs. 3 - Veste Geox, en laine, 329 francs. 4 - Ceinture Anagramme Louis Vuitton, en daim, 295 francs. 5 - Porte-monnaie et porte-carte Prada, 350 francs et 170 francs. 6 - Cardigan Burberry Brit, 749 francs. 7 - Parka H&M, en coton, 149 francs. 8 - Gants Contrast Cuff Nappa Gant, en cuir et laine, 139 francs. 9 - Pull Blauer, en laine, 319 francs. 10 - Sac Baron-LG Bally, en cuir de vachette de couleur sienne, 1 995 francs. 11 - Casquette Comme des garçons, 260 francs. 12 - Chemise Folk, 219 francs. 13 - Veston Gant, 750 francs. 14 - Sac à dos Dior Homme, prix sur demande.

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TREND & ACCESSOIRE

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COMING SOON

Britishness On ne le présente plus. 400 boutiques et corners dans 35 pays, 12 lignes de vêtements, des ventes dépassant celles de Chanel, des partenariats avec Evian, Apple, Austin, des marques de vélo : la popularité de Paul Smith dans le monde entier ne cesse de grandir. Arte Editions honore ce gentleman designer avec la sortie d’un livre richement illustré et d’un DVD qui suit le créateur dans son quotidien et ses souvenirs d’enfance. Deux ouvrages biographiques à découvrir dès le mois de novembre. «Paul Smith Notes», propos recueillis par Olivier Wicker, éd. Arte éditions, 2011. «Paul Smith, gentleman designer», film réalisé par Stéphane Carrel, 2011, 52 min.

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E. K-R.

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DRESSING

Au placard !

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Son nom : Saint-Germain. On connaissait déjà le célèbre quartier du même nom, haut lieu de la vie intellectuelle et culturelle parisienne. Beaucoup plus discret mais toujours de standing, Saint-Germain n’est autre ici que le tout dernier dressing Boffi présenté lors du Salon International du meuble à Milan. Lignes épurées et élancées avec ses panneaux verticaux et sa structure en mélanique blanche. Le tout subtilement ponctué d’éléments décoratifs internes noirs mat tels que poignées de meubles à tiroirs, porte-pantalon et plateaux pour chemises,… Le futur meilleur ami de l’homme branché à n’en point douter.

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UNDERWEAR

Sans pantalon

E. K-R.

Ce que les hommes apprécient dans leur code vestimentaire, c’est la recherche de détails subtils et raffinés. Les dessous masculins n’étant de loin pas à négliger… L’occasion est donnée de passer à l’action. La marque de sous-vêtements masculins Hom collabore - et ce, pour la première fois - avec la jeune garde de la création française en la personne d’Alexis Mabille. Rencontre entre l’univers de l’underwear et celui du prêt-à-porter avec pour objectif commun la mise en valeur originale, inattendue du corps de l’homme dans tous ses états. Vous avez dit mâle (dés)habillé ? E. K-R.

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OUTILLAGE

CARACTÈRE

Cocorico ! Cette année, Jean Paul Gaultier propose une nouvelle identité masculine, un visage très mâle qui se dessine en trompe-l’œil pour laisser apparaître de profil un buste noir opaque. L’égérie, cette fois, n’a rien d’un glabre marin. Le mannequin basque aux airs de jeune torero a le sang chaud et se pare d’un plumage noir pour incarner le parfum Kokorico. Le jus de cèdre, patchouli, vétiver, fève de cacao et feuille de figuier qui se décline en un déodorant, un gel douche et un baume après-rasage, est de bien loin aussi beau que son plumage. En Suisse dès mars 2012.

Belle gueule À CHAQUE PROBLÈME SA SOLUTION ENFIN, CHERS HOMMES, LES FABRICANTS DE COSMÉTIQUES DAIGNENT S’INTÉRESSER À VOUS ET PROPOSENT PLUSIEURS SOLUTIONS SPÉCIFIQUES POUR RÉGLER VOS PROBLÈMES. C. GOBET

Caresse

C. G.

SENTEUR

Ikar Cela fait bien 15 ans que Sisley façonne son premier parfum masculin, articulé autour du lentisque, un arbuste que l’on rencontre en Corse, terre d’origine de la Maison française. Autour de cette plante gravitent des agrumes, pour la fraîcheur, et du cuir, du santal et du vétiver pour un fond plus doux. Après avoir couvé son rejeton pendant de nombreuses années, il est temps que la famille d’Ornano lâche un peu de lest et qu’Ikar s’envole de ses propres ailes sur le marché, dans un flacon de verre sculpté. Pourvu qu’il ne se brise pas en mille morceaux comme son infortuné homonyme (50 ml, 90 francs, 100 ml, 145 fr.).

C. G.

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1. Les yeux cernés

2. La peau qui peluche

3. Le visage avachi

4. Des joues mutilées…

Voici un soin indispensable pour raffermir, lisser et éclaircir le contour des yeux malmené par les 14 heures - minimum ! - de pixels quotidiens. En prime, un effet rafraîchissant très revigorant si l’on conserve le produit au frigo.

Oui, les hommes ont une peau plus épaisse et plus résistante que celle des femmes. Et non, celle-ci n’est épargnée ni par la pollution, ni par la climatisation, ni par les petites nuits à répétition. Résultat, une peau desséchée qu’il faut nourrir et hydrater.

C’est votre femme qui va être contente ! Plus besoin d’aller mettre vos pattes dans ses précieux pots de produits anti-âge, il existe dorénavant toute une palette de soins destinés à réduire vos rides et l’affaissement de vos bajoues.

… par le feu du rasoir. Le style costard-cravate -et-barbu n’étant vraiment en vogue ces temps-ci, impossible de faire l’impasse sur le rasage. Mieux vaut donc protéger ses joues avec une huile à appliquer sur la peau velue avant la mousse à raser.

MAX LS Instant Eye Lift (15 ml, 73 francs) de Lab Series.

Gel ou Baume Super Hydratant (50 ml, 58 francs) de Clarins.

Facial Fuel Transformer

Pre Shave Oil

Age Correcting Moisture

de Gentlemen’s Tonic

Gel For Men (75 ml, 51,50

(prix et achat sur

francs) de Kiehl’s.

www.gentlemenstonic.com).

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OUTILLAGE

SENTEUR

Un parfum empreint de liberté Après Olivier Martinez pour L’Homme, et Vincent Cassel, pour La Nuit de l’homme, c’est Benjamin Millepied qui devient l’emblème du troisième opus olfactif masculin de la maison Saint Laurent, L’Homme libre. Réinterprétation des boisés aromatiques à base de patchouli et de vétiver, le parfum est subtil et exprime le pouvoir de la liberté. Il s’offre dans un écrin bleu fumé hexagonal à la transparence typique des autres créations de la gamme. À découvrir dès septembre 2011.

© D.R.

Dimension LA VIE DENSE DE MILLEPIED

C. MARLIER

Portrait

GRÂCE, ÉLÉGANCE, LÉGÈRETÉ… LES QUALITÉS D’UN HOMME ET D’UN PARFUM. EGÉRIE DU PROCHAIN PARFUM MASCULIN YVES SAINT LAURENT, BENJAMIN MILLEPIED RÉUNIT TOUTES LES QUALITÉS DE LA NOUVELLE FRAGRANCE. PORTRAIT. Millepied, chorégraphe. Une fiche d’identité bien elliptique pour un homme au nom prédestiné. Né en France en 1977, il atteint la reconnaissance médiatique en 2011. Chorégraphe et acteur du multi récompensé «Black Swan», il séduit, et est séduit, par le cygne Natalie Portman au point de devenir le père de son enfant. Depuis, l’égérie c’est lui. Du moins pour Renaud de Lesquen, président d’YSL Beauté : «Le style unique de Benjamin, sa liberté créative, l’énergie positive qu’il dégage, son charme lumineux nous ont conquis». Mais pour en arriver là, Millepied a dû travailler. Élève du conservatoire de Lyon, il danse à la School

of American Ballet de New York lors d’un stage d’été. Il a 16 ans. L’année suivante, grâce à une bourse octroyée par le ministère de la culture française, il prend ses quartiers dans la prestigieuse école américaine. Lauréat du Prix de Lausanne pour son rôle principal dans «2 & 3 Part Inventions» de Jérôme Robbins, il termine sa formation en apothéose avec le prix Mae L.Wien et devient rapidement danseur étoile au New York City Ballet.

Né pour danser À 24 ans, ce fils d’une prof de danse contemporaine, qui avoue avoir «dansé dès (qu’il a) su marcher», est nommé directeur artistique au Morriss Center, à Bridgehampton, New York puis,

chorégraphe au Baryshnikov Arts Center de cette même ville. En 2009, Darren Aronofsky le contacte pour chorégraphier les scènes du «Cygne Noir». Le succès du film propulse Benjamin Millepied dans le monde du cinéma - il réalise aujourd’hui son premier court-métrage, «Time doesn’t stand still». Et dans celui de la mode. «Je suis heureux et fier d’avoir été choisi par Yves Saint Laurent, une des marques les plus prestigieuses au monde. J’admire l’univers de cette Maison, son élégance et sa modernité. Monsieur Saint Laurent était un génie de la mode, amoureux des arts, il avait su, aussi, mettre son talent au service de la danse», a d’ailleurs déclaré ce danseur insatiable. 55

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EVASION

Récit © Anvers Tourisme & Congrès

Voyageur

P. BIZON

DÉSORMAIS, DANS CHAQUE NUMÉRO, L’ÉCRIVAIN PAUL-HENRY BIZON NOUS LIVRE LE RÉCIT D’UNE NOUVELLE. UN RENDEZVOUS AUSSI EXISTANT QUE MYSTÉRIEUX... À NE PAS MANQUER ! CHAPITRE I : ANVERS

LE MIROIR DU PORTUGAL F ait rare, si l’on voyage en train, l’arrivée à Anvers commence par une ascension. Une fois sorti du Thalys, depuis les quais souterrains, on s’élève de quatre étages vers la lumière, l’immense verrière, le hall puis la ville. Jonas, porté par le roulement de l’escalator dans ce conduit colossal, s’imaginait sortir d’une mine. Devant la file des taxis, il aperçut un chauffeur qui tenait une feuille blanche avec son nom écrit à la hâte. Il lui fit signe. L’homme ouvrit le coffre de la Mercedes avant d’y déposer sa valise et sa housse à costumes. Au moment où il voulut lui prendre l’étui noir qu’il tenait dans sa main droite, Jonas l’arrêta : « – Non, non. Pas la peine. Je garde toujours mon violon avec moi. » Anvers, en ce matin d’octobre, était baigné d’une fine brume. L’agitation commençait à gagner le quartier des diamantaires. Une foule citadine, européenne, qui se presse vers sa journée et à laquelle se mêlaient les ombres décalées de juifs orthodoxes, la silhouette enserrée de costumes sombres, chapeaux noirs et peot. La voiture traversa Frankrijklei, serpenta dans quelques ruelles avant de contourner Groenplats, le lieu de rendez-vous anversois, pour s’arrêter dans Korte Nieuwstraat, devant la façade en briques de l’hôtel Julien. Le directeur, prévenu de son arrivée, vint à la rencontre de Jonas pour le saluer et l’accompagna jusqu’à la chambre 28. Ils traversèrent les salons

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dont les grands volumes entrecoupés de patios et meublés au goût nordique lui plurent aussitôt. Arrivé dans sa suite, Jonas posa son étui sur le lit et l’ouvrit. Son Guarnerius del Gesù reposait tranquillement. Il était toujours aussi ému par les reflets vernis de son violon, le « Panette », sorti en 1737 de l’atelier de Bartolomeo Guarneri, génial luthier de Crémone dont la signature « IHS », apposée sur le fond de ses créations, lui avait valu le surnom de « del Gesù ». Un simple amalgame de bouts de bois capable de produire les plus brillantes sonorités sous la main de grands musiciens, notamment son maître Isaac Stern, qui, avant lui, avait possédé ce violon, l’un des instruments les plus chers au monde. Pour Jonas, poser ses mains sur le bois patiné de ce chef-d’œuvre lui inspirait un profond sentiment d’absolu, comblait physiquement une partie de la distance qui le séparait du moment de la création, ce gouffre vertigineux de la note, instant de génie marqué à l’encre que son talent de soliste et les années passées à tordre ses doigts lui permettait de reproduire, concert après concert, mais dont le sens exact toujours lui échapperait. Aussi brillamment pouvait-il interpréter une cadence de Mozart, jamais il n’attendrait l’harmonieuse sérénité des origines. Sa vie, c’est ainsi qu’il la définissait, n’était qu’une course magnifique contre ce temps perdu, une litanie d’insatisfaction douloureuse que seul son violon rendait moins amère.

Il referma le couvercle de la boîte et sortit sur la terrasse fumer une cigarette. La mélodie du carillon de la cathédrale Notre-Dame marqua neuf heures. Il était temps d’aller retrouver l’orchestre pour la dernière répétition. Une fois dans la rue, plutôt que d’appeler un taxi, Jonas décida de rejoindre à pied l’opéra qui se trouvait au bout de Meir, cette avenue commerçante agitée tout le jour d’un flot continu. Il aimait se promener à Anvers, ressentir sa sophistication, se perdre dans sa structure urbaine alambiquée, partagée entre les ruelles du centre historique, les zones industrielles du port et l’élégante réhabilitation de l’ancienne citadelle. La réalité, pensait-il, c’est que, comme toutes les villes secrètes, Anvers fascine les bavards. Ses murs de briques noircies, ses façades crénelées comme les rouages d’un coffre-fort font bisquer depuis des lustres tout ce que la terre compte de bateleurs, d’embobineurs, d’aventuriers, de marins et de faussaires, de trompe-la-mort et d’affranchis ; et d’écrivains, qui sont les plus bavards d’entre tous. Faire la ripe. Jouer gros et disparaître. La capitale flamande a des allures de jackpot. Pour une raison très simple : le diamant et ses labyrinthes de rites silencieux conclus d’une poignée de main et d’un « Mazal ». Lui, le taiseux, se plaisait dans ces décors de mystère où flottait une ombre de non-dit. Celle-là même qui, autrefois, avait entouré son père, célèbre antiquaire parisien disparu

tragiquement alors qu’il n’avait que dix ans. Anvers le rappelait à son souvenir. La journée de répétition se passa pour le mieux. Jonas, encore dans sa loge, s’apprêtait à entrer en scène. Il ouvrit le bouton de sa veste, fit un mouvement pour décontracter ses épaules et empoigna son violon par la touche. Du couloir, il entendit l’orchestre s’accorder. Il était l’heure. La salle était comble, à ses pieds, conquise. Applaudissements. Concentration. La main du chef qui s’élance. Le souffle de l’orchestre qui s’engage dans les premières mesures du concerto n°5 de Mozart. Nuances enthousiastes. Dialogues des pupitres. L’orchestre lui parle dans le dos. Un regard du chef. Un dernier tressautement des altos comme une ultime question avant les premières paroles du roi Guarnerius. La cadence s’ouvre sur un silence d’éternité. L’archet s’engage sur les cordes. Jonas est en état de grâce. Un long frisson parcourt la salle. Les trois mouvements s’enchaînent avec la même luminosité. Bientôt les dernières notes, en suspension. La main droite retombe. Silence. La salle tremble. Jonas renaît au bruit. Salut. Groggy, les oreilles bourdonnant d’une fureur de coton, Jonas regagne sa loge. La main sur la poignée, il remarque que la lumière est allumée alors qu’il est certain de l’avoir éteinte. Il pousse la porte. Un homme est assis au fond de la pièce et l’attend. « – Bonsoir Jonas. Tu ne me reconnais pas ? »

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EVASION

Immaculé LA MAISON DES MYSTÈRES

HABITUÉE DES PODIUMS, LA MAISON MARTIN MARGIELA S’EMPARE D’UNE AUTRE SCÈNE, PRÈS DES CHAMPS-ELYSÉES : UNE PARTIE DE L’HÔTEL DE LA PRINCESSE D’ESSLING, HISTORIQUEMENT DÉVOLU AUX CENTRALIENS, POUR DÉROULER SES FANTASMAGORIES. ENTRE JOUR ET NUIT.

Visite

E. DAWSON

S’il compte parmi les plus grands créateurs de sa génération, Martin Margiela est à coup sûr le plus talentueux d’entre eux. Originaire de Louvain, formé à la prestigieuse Koninklijke Academie voor Schone Kunsten d’Anvers - l’Académie des Beaux-Arts - qui a formé toute l’avant-garde anversoise qui, de Dries van Noten à Vincent Van Duysen en passant par Ann Demeulesteer et Kris Van Assche, règne sur le monde de la mode, du design et des arts depuis plus de vingt ans, ce créateur de génie cultive une aura de mystère. Ni photo ni interview personnelle, Martin Margiela a comme cessé d’exister au profit d’un collectif prolifique - il se dit même qu’il aurait quitté la marque au profit 57

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de son ancien associé, Renzo Rosso, propriétaire de Diesel - qui distille ses créations surréalistes, vêtements et objets, en noir et blanc. Rien d’étonnant donc à voir cette Maison s’emparer d’une autre Maison, celle de Centraliens, au 8 de la rue Jean-Goujon, près des Champs-Elysées. La partie ancienne, précisément, celle construite sous Napoléon III par la Princesse d’Essling. Dès l’entrée, au grand jour, l’esprit étrange de la marque fait des merveilles : sur les dalles de pierre de Mareuil, les cabochons en marbre noir s’éparpillent comme de vulgaires confettis. À droite, un bar immaculé, où l’on s’amuse de traces aux murs d’anciens tableaux, joue de ses effets

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EVASION

APPRENTISSAGE

de symétries avec un tapis reproduisant un plafond et des tables en verre. À gauche, le fumoir, semble rescapé d’un incendie. Au fond, un couloir mène au restaurant, La Table du 8, aux prises avec ses détails classiques surdimensionnés et ses assises enveloppées. Pour gagner les dix-sept suites, il faut emprunter l’escalier et gagner la nuit, le noir des corridors ponctués d’éclairages au cordeau. Derrière chaque porte, une nouvelle fantaisie. Dans celle-ci, les moulures sont sans cesse interrompues. Dans celle-là, tout le mobilier est couvert de housses blanches. La suite «salon doré» se couvre de clichés en noir et blanc du mirifique salon d’apparat de la princesse. Les étagères d’une autre chambre sont un petit musée exposant des curiosités antiques et contemporaines, collection de la marque elle-même. Partout, trompe-l’œil et collisions étonnantes de matériaux antinomiques - comme la laine et la faïence. Difficile de décrire précisément ce qu’on ressent en ces lieux. La Maison Champs-Elysées est un théâtre à vivre.

Oenofeel!

La Maison Champs Elysées 8, rue Jean Goujon Paris VIIIème, tél. +33 (0)1 40 74 64 65, www.lamaisonchampselysees.com

Réputé pour son illustre cave, le Beau-Rivage crée l’événement en proposant, pour la première fois, des cours d’oenologie. Amateurs, amoureux, œnologues avertis, Vincent Debergé, le Chef sommelier du Chat-Botté, vous reçoit dans un salon privatif attenant au restaurant un vendredi après-midi par mois, pour une initiation thématique. Une approche tout aussi ludique que conviale qui met vos sens en exergue pour définitivement lever le voile sur les mystères du vin et découvrir les multiples visages de leurs arômes. Tout un programme ! Les cours ont lieu un vendredi par mois, de 16h à 18h et sont suivis de la création d’un cocktail, de 18h à 19h, 96 francs par personne. Renseignements Vincent Debergé sommelier@beau-rivage.ch et inscriptions : Cécile Richard: fb@beau-rivage.ch. Le Beau-Rivage, quai du Montblanc 13, à Genève, www.beau-rivage.ch

BON À SAVOIR Le Bristol, fleuron de l’hôtellerie de luxe et premier hôtel français à recevoir la distinction Palace en mai 2011, se voit de nouveau honoré avec une des plus prestigieuses récompenses, celle de la «Best Culinary Experience» pour son restaurant le 114 Faubourg, lors de la soirée Virtuoso des «Best of the Best - Hotel Awards», en août dernier. www.lebristolparis.com

Un univers théâtral où réalité et faux-semblant se mélangent au minimalisme des formes, elles-mêmes, servies par un incroyable sens du détail.

CINQ SENS

NÉO-BISTROT

QUEUE DE POISSON

COURONNEMENT

POLYGLOTTES

HUMOUR

Chaise Rombo, structure en polycarbonate, Vente-unique.com, environ 517 francs le lot de 4 chaises, www.vente.unique.com

Ménagère 24 pièces Atoll, en inox, finition miroir, Vente-unique.com, environ 47 francs, www.vente.unique.com

Coffret whisky Glenmorangie Pride 1981 vieillit dans des barriques de l’illustre Château Yquem, en édition exclusive, seuls 1 000 flacons sont disponibles dans le monde, environ 3 620 francs, www.glenmorangie.com

Quoi de plus inspirant autour d’un verre que de déchiffrer ces expressions françaises traduites littéralement en anglais ? Surréalisme… It’s not the sea to drink ! Set de 9 sous bocks «Où est Brian ?» en carton absorbant, Ichetkar, environ 15 francs, www.ichetkar.com

Dédié aux gastronomes, ce duo d’assiettes caviar donne un chic décalé aux plats les plus simples. Assiettes «Caviar», en porcelaine, Ichetkar, environ 64 francs, www.ichetkar.com

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Rituel

GARÇON, UNE BIÈRE !

S. HAMEL

Ébullition

EN CONFIANT À SIX CRÉATEURS LE DESSIN D’UNE CHOPE ET D’UNE GRANDE FLÛTE, LA CRISTALLERIE SAINT-LOUIS S’OFFRE LE LUSTRE D’UNE MODERNITÉ AUDACIEUSE ET CONTRASTÉE.

Chahuter les usages : la racine du vrai luxe est là. La vénérable cristallerie lorraine qui fête cette année ses 425 ans, le sait depuis son premier jour. Elle a trouvé le secret de sa longévité dans l’art de surprendre à chaque nouvelle collection. Et, celle qu’elle vient de sortir le prouve à nouveau. Elle joue dans les replis de mémoire, mélange les cultures, les histoires et hisse la très familière bière parmi les breuvages royaux. Une solide chope de cristal taillé et une flûte toute en hauteur forment un couple stupéfiant au service du houblon. Ce mariage étrange, la bière le méritait bien. Sous ses allures de

roturière accoudée au zinc des bars, la petite mousse révèle sa longue mémoire de boisson. Née 5 000 ans avant JésusChrist, probablement mésopotamienne, elle a été autorisée à sortir des abbayes qui avaient l’exclusivité du brassage par… Saint-Louis. Aujourd’hui, c’est la cristallerie du même nom qui lui offre un expert, Hervé Marziou, capable de repérer ses nuances de dégustation. L’homme a collaboré à la mise au point des formes sorties tout droit des archives musées de la maison. Car c’est là le second point de ces retrouvailles originales par dessus les années : la cristallerie a, par le biais d’Anne Lhomme, sa directrice artistique, exhumé un «oser faire» datant du XIXème siècle. Une époque où boire de la bière dans de luxueux verres soufflés et taillés semblait naturel. Un brin chic sans doute.

Multiplier les égards Le chic de la boisson se découvre maintenant dans sa palette sensorielle, à la dégustation rituelle. On la scrute comme un grand vin, à l’affût des chaque sensation qu’elle provoque. Dans la chope aux flancs pesants, elle déploie ses parfums ronds. Des arômes de céréales s’épanouissent, «viennent s’asseoir», selon l’image du biérologue*, dans l’ampleur de son calice. La flûte, longue, qui se saisi à pleine main, pèse dans la paume et se lève haut, ramène à des gestes plus brutaux, ceux des Gaulois choquant la cervoise dans leurs cornes. «La flûte offre une autre gamme de plaisirs tactiles. Et comme elle est plus fermée, elle va dévoiler le liquide plus tard, sur le palais, et l’accompagner», analyse l’homme de l’art gourmand. Ravie d’avoir renoué avec son histoire inventive, Saint-Louis multiplie les

égards pour la boisson la plus populaire d’Europe. Si le nez et le palais du spécialiste ont été nécessaires pour s’assurer que les contenants mettaient bien en valeur le contenu, les créateurs ont en charge de lui donner un habit moderne. Frôlant l’audace souvent. Les six artistes contemporains, choisis dans le creuset créatif du centre verrier de Meisenthal, ont eu carte blanche pour griffer les flancs de la bedonnante et de son homologue longiligne. Et le couple à la Dubout s’est mis à pétiller d’esprit et de poésie. Inspirations grattées au fond des rouages de belles mécaniques ou sur l’empreinte de quelques doigts amoureusement serrés, fantasme d’architecte ou pourfendeur de légendes, chaque dessin sculpté raconte un monde. Un monde habité où le cristal, sa précision et sa longue patience artisanale ne sont que prétextes pour enraciner l’art dans le quotidien. * Le métier de biérologue existe de façon officielle depuis une dizaine d’années. Les brasseurs ont commencé à mettre en valeur leurs dégustateurs experts après avoir fait le constat que les consommateurs buvaient de moins en moins mais de mieux en mieux, en cultivant le plaisir. Hervé Marziou, chez Heineken, a été le premier à ouvrir la voie.

TRANSPARENCE

Cristal

Design à la suédoise, franchement épuré… le couturier ne pouvait pas passer à côté de l’offre de la Maison Orrefors. Création de mode, photographies, édition, parfums, l’art de la table manquait à sa mallette d’inventeur de luxe. Et à sa curiosité, l’envie d’aller expérimenter le domaine inconnu du cristal. Karl Lagerfeld l’a exploré en lui appliquant ses codes habituels : l’indémodable noir 59

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et blanc qui fait sa signature ADN depuis Chanel, la sobriété des formes et l’orgueil d’un monogramme quasi souverain sur certains verres. Le designer aime l’élégance dans le geste de tous les jours et affirme qu’il est incapable de boire son coca allégé dans un gobelet de plastique. Une première collaboration que la cristallerie savoure. L’inventif KL n’a pas usurpé sa réputation.

© Jonas Lindström

KARL LAGERFELD SIGLE ORREFORS

S.H.

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EVASION

Entretien avec Serge Trigano

©D.R.

Fondateur du Mama Shelter.

Facéties CLUB TRIGANO E. DAWSON

Famille

ASSOCIÉE À L’AVENTURE RÉVOLUTIONNAIRE DU CLUB MED, LA FAMILLE TRIGANO FAIT FIGURE, DEPUIS LES ANNÉES 1950, DE VISIONNAIRE DANS L’UNIVERS DU TOURISME. LES TEMPS CHANGENT MAIS LES TRIGANO INVENTENT TOUJOURS, COMME RÉCEMMENT AVEC LE MAMA SHELTER, CONCEPT HÔTELIER D’UN GENRE NOUVEAU QUI, APRÈS AVOIR FAIT SES PREUVES À PARIS, S’EXPORTERA BIENTÔT. «Je me souviens des frères Trigano, du Club Med et des caravanes». C’est une phrase qui aurait pu figurer dans le célèbre livre de Georges Pérec tant le concept inventé en 1950 par Gérard Blitz, un ancien champion de water-polo, bientôt rejoint par la famille Trigano, a marqué la France des Trente Glorieuses, ces années fastes où l’Europe se relevait comme un wakouwa de son second cataclysme. C’était l’époque des artisans, des espadrilles, des premiers postes de télévision où l’on suivait avec ferveur les joutes cyclistes qui opposaient Fausto Coppi et Louison Bobet ou les matchs épiques du Reims de Kopa… Les hommes avaient les cheveux en brosse, s’appelaient Daniel ou Raymond et portaient la chemisette. Les femmes, Solange ou Monique, avaient des jupes

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à taille haute et des permanentes. C’était le temps des congés payés dont on profitait enfin, après une guerre aussi absurde qu’horrible, en filant au soleil pour s’adonner aux joies du camping-caravaning entre amis.

Le temps du Club En 1950, Gérard Blitz, assisté de sa sœur Judith, de sa femme, Claudine, et de ses amis sportifs Tony Hatot, Marcel Hansenne et Dima Philippoff crée une simple association. Il loue un terrain à Palma de Majorque et y implante un village de tentes. En inventant le forfait tout compris, il souhaite abolir les frontières d’argent entre les estivants et faciliter les rencontres. Le succès est immédiat. Pour fournir en toiles de tente les villages qui fleurissent autour de la Méditerranée,

Blitz fait appel à la société Trigano alors dirigée par Gilbert. Le jeune homme est un excellent gestionnaire. D’abord, il intègre l’association en tant que directeur financier puis, lorsqu’elle devient une société anonyme, en 1963, accède au poste de président directeur général. Quelques mésaventures et les krachs pétroliers fragilisent les finances du Club qui doit faire entrer, dans les années 1970, de nouveaux actionnaires au capital dont le groupe Agnelli (Fiat). Minoritaire, la famille Trigano garde cependant la main sur la direction. En 1993, c’est au tour de Serge, le fils de Gilbert, de prendre les commandes du Club Med. Mais les temps changent et la Guerre du Golfe vient définitivement d’achever les Trente Glorieuses : en 1997, le départ de Serge Trigano marque la fin d’une époque.

Comment est née l’idée du Mama Shelter ? Elle est née d’une réflexion sur l’évolution des goûts des consommateurs. Notre vision est que du point de vue du tourisme, le monde est en train de changer, que les gens sont moins tentés par les voyages au bout de la terre, que prendre un avion aujourd’hui est devenue une chose fastidieuse, que la situation politique de la planète n’est pas très stable, etc. Nous pensons que nous sommes entrés dans l’époque du tourisme des villes et qu’il y avait des choses à réinventer en termes d’hôtellerie, entre le luxe intouchable et les modèles standardisés. Votre nom est associé au Club Med. Pensez-vous que le Mama Shelter peut s’apparenter lui aussi à une utopie, celle d’une nouvelle génération ? Un petit peu, oui. Dès l’origine, on s’est défini comme un «kibboutz urbain». Il y a un côté utopique indéniable dans l’histoire du Mama Shelter. C’est une utopie d’essayer de faire venir des gens dans un quartier improbable, de leur dire que la taille de la chambre n’est pas importante, de croire que tout est beau et gentil ! C’est une utopie évidemment mais c’est ce qui nous fait vivre et nous anime… Une utopie que nous faisons vivre tous les jours ! La famille est très importante pour vous. Quelle place occupent vos deux fils ? Jérémie, mon plus jeune fils de 34 ans, dirige presque l’affaire. Mon autre fils, Benjamin, 40 ans, possède une galerie de photographies à Los Angeles et s’occupe de la partie artistique du Mama Shelter. J’ai vécu toute la première partie de ma vie à travailler avec mon père au Club Med. Je trouve que c’est formidable de pouvoir travailler en famille quand c’est possible. On va essayer de retrouver la même synergie en évitant de commettre les mêmes erreurs, c’est-à-dire en gardant le contrôle du capital de la société.

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EVSAION

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©BNP

Starck a conçu Le Mama Shelter comme un endroit familier, chaleureux. L’accumulation d’objets évoque l’atmosphère protectrice d’une chambre à soi.

Mama Shelter, une nouvelle voie Les révolutions socio-culturelles comme celles engendrées par le Club Med sont plutôt rares et correspondent à des cycles très forts au sein des sociétés. Elles épousent de nouveaux désirs, de nouveaux besoins. En matière d’hôtellerie, cette dernière décennie a amorcé sa métamorphose. Les hôtels boutiques sont venus damer le pion aux «paquebots» historiques, en remettant la décontraction et le charme au cœur des préoccupations. Paris, comme toujours, traînait la patte, jusqu’à bruisser d’un nouveau projet emmené

par le trio Cyril Aouizerate, Philippe Starck et… Serge Trigano. Le concept se veut le plus simple possible : investir un quartier populaire de la capitale pour créer un lieu dans l’air du temps, convivial et abordable. En septembre, les 170 chambres du Mama Shelter décorées par Starck ouvrent près de la porte de Bagnolet, quartier noctambule à la réputation peu flatteuse que connaissent mal les Parisiens eux-mêmes ! L’immense salle du bar-restaurant - dont la carte a été conçue par Senderens - emplie de facéties potaches du designer est une vraie réussite et l’effet de

L’ambiance est toujours bonne au Mama Shelter, devenu le nouveau rendez-vous de la jeunesse dorée parisienne.

surprise se change bientôt en un succès incontestable. Le Mama Shelter «colle» à la jeunesse de Paris comme le Club Med à celle de son temps. Des projets qui, bien que totalement différents, s’appuient sur des valeurs assez proches et caresse l’espoir d’une convivialité informelle et sincère entre des clients que tout, a priori, pourrait opposer. Un concept qui s’exporte en province – Lyon, Marseille, Bordeaux… – et à l’étranger, à Istanbul, et une philosophie toujours aussi centrée sur l’esprit de famille puisque les deux fils de Serge, Benjamin et Jérémie, travaillent au développement du Mama Shelter. N’est pas Trigano qui veut…

PARADIS

Perles de l’océan indien

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Pour vos prochaines vacances profitez de l’intimité et du prestige d’une Villa Club Med. Se ressourcer en famille ou entre amis dans un coin de paradis en séjournant dans sa propre Villa, mais sans devoir se soucier de rien. Un concept d’hébergement avec tous les avantages de la célèbre formule Tout Compris du Club Med. Une multitude de petites attentions au quotidien en plus d’un service exclusif avec un majordome personnel dédié à chaque Villa et un service de conciergerie à disposition. Libre à chacun de profiter de son jardin et de sa piscine à débordement privative ou de découvrir les multiples activités et excursions proposées par le Village attenant de la Plantation d’Albion (catégorie 5 tridents). Chaque détail est pris en compte pour faire de votre séjour une expérience inoubliable et totalement personnalisée. Destination idéale pour les golfeurs, les Villas d’Albion sont la première destination Club Med à proposer le Free Golf Illimité: un accès gratuit au Golf de Tamarina. Magnifique parcours de championnat de 18 trous conçu par Rodney Wright, il forme un site naturel préservé avec une vue imprenable sur les chaines de montagnes mauriciennes. www.clubmed.ch

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Sucré Papilles

C. MARLIER

MICHALAK, L’HOMME PRESSÉ

Pressé, Christophe Michalak l’est. Que ce soit derrière les fourneaux du Plaza Athénée où il officie comme chef pâtissier depuis 11 ans, ou dans sa vie au sens large, lui qui, à 32 ans, devint champion du monde de pâtisserie. Rendez-vous compte : roi des entremets à l’international ! Déjà, son adolescence attestait de ce goût prononcé qu’il explorerait pleinement en pâtisserie. Si rien ne prédisposait familialement le jeune Christophe à ce métier (ses proches étant peu enclins à la cuisine maison), son attention se porte, très jeune, sur les desserts. Il se constitue progressivement une petite bibliothèque personnelle de livres de cuisine, quand d’autres collectionnent les comics et rêvent de super-héros. S’il s’imagine d’abord en Superman puis moins ambitieusement (quoique !) en dessinateur, il catalyse son imagination en faisant ses armes dans une petite pâtisserie de province en tant qu’apprenti. «Mon métier me permet de m’exprimer à travers mes créations», raconte-t-il. Une combinaison gagnante puisqu’il sort premier de son école, lui offrant le loisir de partir enquêter encore davantage sur les subtilités des saveurs à travers le monde. À 20 ans seulement, il intègre les hôtels Hilton de Londres et Bruxelles, puis deux ans plus tard l’hôtel Nesgresco à Nice. Un détour à Paris chez Fauchon, une pâtisserie ouverte à Kobé et il devient consultant pour Pierre Hermé à New York avant de revenir dans la capitale dans la célèbre Maison Ladurée.

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© Stéphane de Bourgies

SURDOUÉ DES FOURNEAUX, GÉNIE DES CRÉATIONS SUCRÉES, CHRISTOPHE MICHALAK EST DEVENU, EN UNE DIZAINE D’ANNÉES, L’UN DES CHEFS PÂTISSIERS LES PLUS COURUS DE LA CAPITALE… ET PAS SEULEMENT. ENTRE MAISONS DE CHOIX, LIVRES À SUCCÈS ET IMAGE DYNAMIQUE, PORTRAIT DE CET HOMME DISCRET AU PARCOURS PLUS QU’APPÉTISSANT.

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EVASION

À la recherche du goût

Fourreau PARADIS IMPÉRIAL

VÉRITABLE JOYAU DE FAMILLE, PARADIS IMPÉRIAL, LE DERNIER NÉ DE LA MAISON HENNESSY VA ENCORE PLUS LOIN DANS L’ÉLÉGANCE. SUBTIL, DOTÉ D’UNE BELLE COMPLEXITÉ ET D’UNE GRANDE PERSISTANCE À L’ASSEMBLAGE, IL SE RÉVÈLE FLAMBOYANT ! Chaque jour, Yann Fillioux, le Maître assembleur de la Maison Hennessy retrouve son Comité de Dégustation pour goûter, noter et sélectionner les eaux-de-vie qui se verraient autorisées à entrer dans la composition de ses cognacs. Mais, une fois n’est pas coutume, avant cela, il s’est rendu au Chai du Fondateur, le trésor de Hennessy. C’est ici que, depuis 1774, la Maison enferme ses eaux-de-vie et les élève pour réaliser ses illustres cognacs. Des Maîtres assembleurs issus d’une même famille se transmettent leurs secrets depuis sept générations, sans discontinuer. Parmi ses arcanes, l’histoire d’une commande, celle d’une impératrice, Maria Feodorovna, qui ne jurait que par le beau, avait alors précisé qu’elle souhaitait recevoir un cognac, «une excellente eau-de-vie très vieille couleur d’or en toute première qualité». La beauté de cette couleur a dès lors marqué les Maîtres assembleurs de Hennessy. De Jean Fillioux, à qui James Hennessy avait confié la précieuse commande, à Yann, qui conservait ces quelques lignes en tête, près de 200 ans plus tard, le secret du cadeau impérial continuait à éveiller les rêves. Arrivé à son Bureau, Yann Fillioux parcourut rapidement les notes de ses prédécesseurs et le retrouva dans un carnet daté de 1818... Le Maître assembleur eut soudain envie de redonner corps à cette eau-de-vie demandée par la Cour de Russie. Il voulait en retrouver les accents flamboyants, esquisser le caractère majestueux d’un cadeau dégusté par les Grands de ce monde. C’est ainsi que surgit Paradis Impérial…

Ouf, dix ans sont à peine passés que déjà le Plaza Athénée (3 étoiles au guide Michelin) lui ouvre ses cuisines pour y être chef pâtissier. C’est là qu’il crée, ajuste, teste, développe ses saveurs, ses mélanges de goûts, couleurs, textures qui font de ses créations des mises en bouche d’énergie, fruit d’une recherche assidue. S’il avoue «La passion qui m’anime est le reflet que je porte à mon métier», ses pâtisseries en sont les garantes. Au palace de l’avenue Montaigne, il a su imposer la religieuse au caramel beurre de sel (sa pâtisserie préférée !), les macarons pêche Melba ou les bisounours façon Plaza. Des dizaines de douceurs qui, pourtant, ne l’encouragent pas à l’oisiveté. Son style décomplexé fait mouche aux championnats du monde de pâtisserie qu’il remporte en 2005 grâce à une œuvre qui, aujourd’hui encore, se déguste au Plaza Athénée : l’Oréade, coulis de framboise, glace

La gourmandise en partage «Le jour où j’ai arrêté d’espérer, j’ai réalisé mes rêves». C’est ainsi que le trentenaire résume son parcours déjà bien rempli. Fort de sa Coupe du monde et mu par son envie de partager sa passion, il n’en finit pas de tenir sa promesse : transmettre son savoir pour être le digne ambassadeur de la pâtisserie française. En 2007, il sort son premier livre «C’est du gâteau !»*, puis trois ans plus tard viendra «Les Desserts qui me font craquer»* avant le récent «Le chocolat qui me fait craquer»* ; ses 45 recettes

chocolatées (dont un mini-Twix et un monsieur Patate cacaoté) permettent au public de toucher un peu du doigt la haute couture de la pâtisserie par le biais du ludique et de la gourmandise. Michalak prête aussi son image et sa renommée, en 2010, à la version française de l’émission de téléréalité culinaire «Masterchef». Là encore, l’idée reste immuable : faire connaître la complexité du travail du pâtissier et faire montre des multiples associations de saveurs qui sont la base de son métier. Avec 180 000 visiteurs par mois, son blog «Passions Gourmandes»* démontre que Christophe Michalak réussit à réunir professionnels et amateurs autour d’une même passion. Qui a dit que la gourmandise était un vilain défaut ? * aux éditions Plon

DÉGUSTATION

Avant-première chocomaniaque ! Tel un couturier, le chef pâtissier dévoile sa collection automne-hiver 2011. Un seul mot : chocolat. Vous croyiez que le noir était de rigueur, détrompez-vous et préparezvous à voir défiler dans votre assiette du blanc, du chocolat au lait, et souvent crémeux ou fondant. En mode cacao, les différentes fèves - des Caraïbes, de Madagascar, du Vénézuela... - vous dévoilent toute leur subtilité à travers des alliances originales et des textures variées. Entre la religieuse Captain Choco et les mini profiteroles, il vous sera difficile de faire votre choix. Une chose est sûre, le lieu de la dégustation : la Galerie des Gobelins, restaurant 5 étoiles du Plaza Athénée, Paris 8ème. Plus d’infos : www.plaza-athenee-paris.fr

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vanille kirsch, chantilly, croustillant deux chocolats préfigure le souci de précision du maître. Il le dit lui-même, ses créations naissent «d’un vrai travail de réflexion» : usant des recettes comme un peintre avec sa palette de couleurs, il construit sa pâtisserie, en pensée puis en dessin tel un architecte.

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Off

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Happés par le chant des sirènes, pour une semaine, quinze jours, un mois ou plus, quelques happy few embarquent sur un cargo dans l’idée de suivre les traces de Blaise Cendrars.

Liberté M.C. THOMAS

TOUR DU MONDE EN CARGO En presque 80 jours, de Tanger à Gilbratar, ce voyage au long cours traverse quatre océans, quatre mers, quatre continents… Se prendre pour un Phileas Fogg, mais à bord d’un cargo cette fois ; en réalité un porte-conteneurs de 296 mètres de long et 26 de large. Ce n’est pas tout à fait une croisière car les horaires comme les escales peuvent changer d’un jour à l’autre. Et le nombre de passagers à bord est limité : seules trois cabines peuvent accueillir six passagers qui eux partageront durant ce périple la vie des matelots, mousses et autres manœuvres ou officiers. Sans compter que la liste des ports et des escales résonnent comme un inventaire imaginaire et littéraire sur les traces d’Arthur Rimbaud ou Pierre Loti : au départ de Tanger, la traversée

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commence par la Méditerranée pour ensuite rejoindre la mer Rouge par le canal de Suez. Puis ce sera Aden et le détroit d’Ormuz avec une escale aux Emirats Arabes Unis. Ensuite cap vers l’Asie via, Singapour “la cité marchande aux confins de l’Orient’’ et premier port du Monde, Hong Kong, Shanghai, Pusan. Puis, on traverse le grand océan jusqu’à Panama et l’autre canal où l’on bascule dans le “nouveau monde’’. Houston, Miami, Savannah, Charleston. Et ‘’last but not least’’ la mythique New York avant la traversée de l’Atlantique. Gilbraltar et les colonnes d’Hercule sont en vue. Quelle expérience ! Une mise hors du temps proposé par Voyageurs du Monde à partir de 9 750 francs environ, en base double, pension complète. www.vdm.com

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LA RENTRÉE EST PASSÉE ET POURTANT VOUS AVEZ DÉJÀ ENVIE D’ÉVASION ET D’HORIZONS INFINIS… DÉFINITIVEMENT, LARGUEZ LES AMARRES EN CARGO !

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EVASION

TENDANCE

Régressif CANETTE DE BONBONS «Dylan’s Candy Bar» est une marque et une boutique située à New York au cœur de Manhattan. Sur 900 m2, cette boutique propose une panoplie ludique de bonbons en tout genre, toutes les sucreries possibles et imaginables, 5 000 au total, quels que soient leur taille, leur prix ou leur origine. Totalement régressif mais si jouissif pour les grands enfants que nous sommes… «Soda Can-Dy Triple Bear Gummies», environ 12 euros, en exclusivité chez Colette, www.colette.fr

PLAISIR

Pécher

Décanter

UN CHAPITRE DIT VIN Au cœur du marais parisien, le vin se livre de but en blanc. Comprenez, la première cave-librairie dédiée au vin blanc a ouvert ses portes pour le plaisir des papilles et mirettes des œnophiles initiés ou non. Là, Emmanuel Dupuis, son fondateur, vous renseigne et vous guide parmi les 800 ouvrages et les 400 références de cette cave spécialisée. «J’ai parcouru les vignobles européens depuis près de 10 ans et la sélection que j’ai réalisée est le résultat de mes propres dégustations. Elle n’a pas de parti pris, même si de fait une très large majorité des vins sont issus de l’agriculture biologique ou biodynamique et de domaines familiaux avec lesquels je suis

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en contact direct en France comme à l’étranger». Cet ancien ingénieur passionné d’œnologie vous livre le fruit de ses recherches dans le monde du vin et de la vigne (cartes de vignobles, revues et jeux mais aussi littérature, ethnologie, design…) et vous accueille personnellement pour un conseil de choix parmi ses vins blancs français et européens. De Bourgogne, de Champagne, de Provence, de Wachau, de Galice, du Palatinat, de Tokaj, secs, liquoreux, effervescents, sous voile, mutés, les nectars ravivent l’histoire de leur émergence via les migrations méditerranéennes, le bâtiment des moines et le travail séculaire des vignerons. Ouvert depuis

Collection mars dernier, Chapitre 20 mise aussi sur l’échange (avec des dégustations thématiques tous les jeudis soirs) et la rencontre (avec des auteurs, producteurs et personnalités du monde du vin) pour devenir le lieu incontournable de la diversité culturelle du vin. À découvrir sans modération. www.chapitre20.fr

ŒNOLOGIE

FINS PALAIS

La célèbre Maison aux macarons invite régulièrement les grandes Maisons de couture à imaginer l’écrin de ses gourmandises… Après Chistian Louboutin, John Galliano et Marni, pour cet automne, l’excentrique designer britannique Matthew Williamson imprime ses codes sur une boîte précieuse parée d’ailes de papillon reproduites en couches kaléidoscopiques. Et puis, «les couleurs menthe et cerise sont deux nuances symboliques des deux maisons, parfaites pour accueillir un assortiment arc-en-ciel de macarons », explique l’artiste. Une édition limitée bien évidemment ! Mais aussi un joli cadeau qui pourra également faire l’objet d’une personnalisation avec ses parfums favoris. Il ne vous reste plus qu’à réserver le champagne au frais… So chic ! Coffret Ladurée par Matthew Williamson, série limitée, 24 francs la boîte de 8 macarons, disponible à partir de début octobre, www.laduree.fr

Play ! Ovni mutisensoriel, Wine Sound System sort de l’esprit survolté du gastrophilosophe musical Donpasta. L’idée imposée par son style à part : lier une ambiance musicale à un vin, pour sublimer une situation. Entre roman et essai, et derrière un dialogue prétexte avec son acolyte Candide, il conjugue Tom Waits, Amy Winehouse, Nina Simone au millésime 1988 de Raymond Boulard en Champagne, au moscato d’Asti des Bera ou à un chablis 2006 65

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de De Moor. Musique de fond et verre à la main accompagne cette lecture qui se clôt par la liste des musiques écoutées, des vins dégustés et des recettes de cuisine proposées. Un mélange des sens original et moderne qui loin des dictionnaires d’oenophilie fait revivre, ancré dans le réel, les plus beaux vins que l’on se surprend à écouter. Wine Sound System de Donpasta, éditions Autrement, 220 pages.

C.M.

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PEOPLE

ART

Montblanc

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À MONACO, PRÉSENTATION DE LA COLLECTION PRINCESSE GRACE DE MONACO. 2

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© Stéphane de Bourgies

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1 - Olivia Palermo et Johannes Huebl 2 - La Princesse Caroline de Hanovre, la Princesse Charlene de Monaco et le Prince Albert II de Monaco 3 - Rolf Snoeren, Elsa Pataky et Viktor Horsting 4 - Sarah Marshall et Jean-Claude Jitrois 5 - Franziska Knuppe et Lutz Bethge, CEO de Montblanc International 6 - Genoveva Casanova

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