Profil 118

Page 1

— horlogerie joaillerie —

— orient,

voyage des sens SWISS MADE

IMANY la musique du cœur

— paléo, montreux

folk à tout prix

118


© Clément Allain


face à face — 031

Un premier album paru l’a n dernier et déjà Imany est en passe de conquérir l’Europe. Sa voix androgyne donne une maturité un peu irréelle à cette jeune chanteuse originaire des Comores.

paléo festival

uand une chanteuse explose, on se demande toujours pourquoi. Pourquoi elle et pas une autre de ces belles, jeunes et talentueuses qui se bousculent au portillon ? Dans la plupart des cas, les voies du succès restent impénétrables... Avec Imany, on peut oser quelques explications. A commencer par sa voix, grave, presque masculine. Une sorte de réincarnation de Tracy Chapman. Une voix qu’Imany enfant perçoit surtout comme un handicap, un sujet de moqueries. Et comme Imany est belle, c’est d’abord la route des défilés de mode qui se présente à elle. D’où son look soigné et vaguement rétro, un autre signe distinctif de cette chanteuse décidément pas comme les autres. Enfin, Imany travaille avec une équipe soudée et redoutablement efficace : sa sœur Fatou au management et Malick N’diaye à la production, déjà découvreur d’Ayo… Pour arriver là où elle en est aujourd’hui. Douze chansons assemblées dans The Shape of a Broken Heart . Paru l’an dernier, ce CD est déjà sacré disque platine en France et en Grèce ! Il sort ces jours en Allemagne, en Autriche, en Pologne… Et l’aventure

devrait bientôt se poursuivre outre-Atlantique. Comorienne qui vécut depuis son plus jeune âge en France, fille de militaire, Imany commença par faire de l’athlétisme avec un certain succès avant de devenir mannequin. Une façon pour elle de réaliser rapidement qu’être belle n’est pas un métier. Elle n’a pas 20 ans quand elle part aux Etats-Unis tenter autre chose, sans vraiment savoir quoi. Elle y apprendra la vie, passant de petits boulots en petits boulots avant de se risquer à chanter. De retour en France une maquette dans ses bagages, elle écume les clubs et bars de la capitale et frappe aux portes des producteurs de la place. Elle rencontre Malick N’diaye qui n’est pas renversé par sa démo. Il daigne quand même venir la voir sur scène. Et c’est le déclic. Car Imany a cette présence étonnante, faite de paradoxes. Petite fille ou femme forte, innocente ou désabusée, elle suscite à chaque fois l’empathie du public. Malick N’diaye ne s’y est pas trompé. Il lui fait faire plusieurs tours de France en première partie de Ben l’Oncle Soul. A chaque concert c’est le même effet, les gens se ruent sur le CD 4 titres proposé à la sortie et veulent voir et parler

à cette voix étrange qui les émeut. La rumeur grandit. Et quand le CD The Heart of a Broken Heart paraît en mai 2011, la voie semble déjà tracée. Un an plus tard, la belle dont le nom signifie espoir en swahili n’a rien perdu de son charisme. Démonstration sur scène au Paléo et aperçu de son univers ci-contre. suite —> Nyon, Paléo, vendredi 20 juillet. Imany, The heart of a Broken Heart , ThinkZiq / Disques Office.


032 — face à face

L’UNIVERS D’IMANY Quel est votre premier souvenir musical ?
 Imany : Je ne me souviens pas vraiment. Peut-être la première fois où j’ai vu un concert de Tracy Chapman à la télévision. J’ai du mal à me souvenir, mais je crois que c’était à Wembley... Quel est votre premier coup de foudre musical ?
 Les Boyz II Men ( rires ). J’avais 12 ou 13 ans, j’entendais End of The Road  au loin et mon cœur chavirait !! J’ai supplié ma grande sœur qui vivait alors à Lille de me ramener le CD 2 titres pour combler son absence ( rires ). Je ne suis pas sûre d’assumer encore ce choix aujourd’hui.

Quelle est votre période musicale préférée et pourquoi ?
 Les années 60-70. Il y a un véritable renouveau de la musique. On rentre dans l’essence de la pop. Depuis rien n’a jamais été pareil. Ça a été le début d’une musique plus libre, plus personnelle. Quel est votre souvenir d’enfance le plus marquant ? J’ai grandi dans les pinèdes du sud de la France. Nous faisions des cabanes, des jeux de pistes et on mangeait les fruits des arbres, des pignons, des baies etc.
 Un jour, dans l’insouciance de l’enfance, je me suis fait piquer la langue par une abeille en mangeant des mûres ! J’ai couru le sprint le plus rapide de toute ma vie... Peut-être est-ce là que ma première vocation pour l’athlétisme est née... Quel est votre souvenir de scène le plus marquant ? Honnêtement, il y en a vraiment trop. C’est impossible pour moi d’en choisir un plus qu’un autre... Les meilleurs concerts sont ceux dont on n’a aucun souvenir. ça veut dire que l’on est complètement connectée. Quelle est votre héroïne féminine préférée ? Oprah ou l’héroïne des temps modernes ! Je suis fan de son parcours. From rag to riches... Et non pas parce qu’elle est la femme noire la plus riche du monde, mais parce qu’elle est l’incarnation du tout est possible à la force de sa sueur. Elle est forte, indépendante, intelligente, généreuse et sensible. Elle évolue dans un monde d’hommes sans nier sa féminité. Quelle est votre citation favorite ?
 C’est dans l’obscurité qu’il est beau de croire en la lumière. Edmond Rostand

© Clément Allain

Une image, un film ou un livre qui vous a marquée ?
 L’image : la reproduction de The Invisible Man de Jeff Wall. Le livre : il y en a plein ! Je suis une dévoreuse de livres !!! Sans réfléchir, je dirais que mon livre préféré est La Conjuration des Imbéciles  de John Kennedy Toole. Quelle est votre occupation préférée ?
 Dîner à une bonne table avec de bons amis et de la famille, complètement libre de mon temps. Mais quand les plannings sont difficiles à synchroniser, je me contente d’un bon livre, un thé fumant, une couverture douillette et le silence absolu... fin


’ C’est dans l’ obscurité qu’il est beau de croire en la lumière. ’

© Clément Allain

— edmond rostand —


044 — FOCUS 1

LE cLoU DE

l’histoire détoUrnement d’objet devenU bijoU, le noUveaU bracelet de cartier est le mUst-have de l’été. « jUste Un cloU », petite prière à répéter en boUcle à son amoUreUx jUsqU’à ce qU’achat s’ensUive.

texte mathilde BinetruY

vant toute chose, un acte de contrition. Après des années à s’être lamentée sur des dimanches aprèsmidis bricolage, reconsidérer le couple que forme sa moitié avec sa mallette Black & Decker. S’extasier sur la ligne élancée des outils, s’enquérir de la convalescence du marteau, énuquée contre la barrière du jardin. Une fois l’homme ferré, aller droit au but. A-t-il jamais entendu parler de cette nouvelle création « Juste un clou » ? C’est une réalisation glorieuse : un objet au design pur décliné en or jaune, or blanc, or rose, brut ou pavé de diamants, au lieu des petites tiges métalliques et pointues en fer qu’il utilise ou, pire, des modèles sans têtes qui les remplacent. Même ses origines paraissent plus nobles. A contrario de ses confrères dont l’âge canonique atteint les 3 500 ans avant J.-C. en Mésopotamie, lui est né dans les années 1970 à New York. Reflet d’une époque festive et libre incarnée par le mythique Studio 54. Indémodable, il est devenu précurseur d’une mode qui le rattrape aujourd’hui. A présent, l’utilité de l’objet. Comme la plupart des locataires de la boîte à outils, il sert à fixer deux points essentiels. Ne pas s’appesantir sur les points en question. Il s’apercevra bien assez

tôt qu’il s’agit de son amoureuse et de son désir. Développer en revanche tout l’avantage qu’il percevra de cette « fixation ». Primo, l’objet est d’une fiabilité absolue. Il associe travail de l’artisanat et caution d’une maison qui fête en 2012 ses 165 ans. Deuzio, c’est un objet rassembleur. Il n’a pas de genre et sied aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Pour Elle ou pour Lui, c’est un concentré d’énergie brut et chic. Et, pour finir, une fonction cathartique : le clou, élément potentiellement dangereux, est

ici apprivoisé. Le plus dur est fait. Une fois conquis par le bien-fondé de l’objet, le dernier acte consiste à pousser la poste d’une boutique Cartier. Prévoir l’argument fatal au moment de passer à la caisse. « Chéri, je t’en prie, c’est Juste un Clou ! » fin


Š Cartier


070 — FOCUS 4

Rock’n’

Roitfeld

Figure incontournable de la mode parisienne, ceux qui la croyaient finie après son départ de chez Vogue Paris en décembre 2010 se trompaient : Carine Roitfeld revient EN SEPTEMBRE, avec un nouveau magazine biannuel.

texte sophie mueller

CR Fashion Book. Buzz oblige, le titre est pour l’heure la seule information divulguée sur le nouveau magazine biannuel de Carine Roitfeld. L’équipe en place travaille sur la première édition – prévue pour septembre 2012 – dans les bureaux installés dans le nouvel hôtel The Standard situé dans le East Village à New York. Le magazine sera mode, évidemment. Le thème du premier numéro annonce la couleur: « Obsession »… Immanquablement, le terme rappelle une fragrance mythique lancée par Calvin Klein en 1985. Les années 1980 justement, la décennie durant laquelle Roitfeld a posé les jalons de son empire. En trente ans de carrière, Carine Roitfeld a su imposer un style. Rebelle et sans concession. Hors des sentiers battus. À la fois muse et complice du Tom Ford de la période « porno chic » dans les années 1990. Puis évidemment, dix ans passés à la tête de Vogue Paris, Carine Roitfeld est une femme courageuse. Sans les risques, la mode ne l’aurait pas autant passionnée. Radicale dans ses choix professionnels, ne craignant pas le contre-courant, avide de tollés, elle a su préserver sa vie privée jalousement. La mèche en bataille et le regard cerné de khôl Pendant ses années Vogue, dans la plus pure tradition des rivalités médiatiques, son camp était résolument rock’n’roll. Elle est à Anna Wintour ce que les Rolling Stones étaient aux Beatles, laissant la coupe au carré proprette à sa rivale du Vogue US pendant qu’elle pose en fourrure, la mèche en bataille et le regard cerné de khôl, aux premiers rangs des défilés. D’elle, Anna Wintour dit : « Carine est la quintessence de la Parisienne ». Le rêve inaccessible d’une Américaine somme toute très conventionnelle. Flamboyance d’une personnalité antinomique, conjuguant l’élégance parisienne avec une décadence recherchée et affichée. Son

mandat chez Vogue se termine de façon brutale: un simple et laconique communiqué datant du 17 décembre 2010 annonce son départ, précisant qu’elle se retire « pour se consacrer à des projets plus personnels ». Selon la rumeur, elle aurait été sèchement débarquée suite à quelques erreurs et frictions, notamment avec le groupe LVMH. Grandeur et décadence du cirque de la mode. À Paris, certains insiders augurent « la fin du règne des divas ». Une vie après Vogue Paris Faisant fi des bruits qui courent et se refusant à toute déclaration à ce sujet, Carine Roitfeld se voue réellement à d’autres projets, déterminée à prouver qu’il existe une vie après Vogue Paris. Pour commencer, plutôt que se livrer et voir ses propos déformés dans les médias, elle décide de lever le voile sur les mystères entourant sa personnalité dans le livre Irreverent , paru en septembre 2011. Cultiver le silence pour faire plus de bruit, la stratégie lui va comme un gant. Pour la première fois de sa vie, elle parle dans cette vaste biographie illustrée de sa famille et de son attachement à ses origines ukrainiennes, du côté de son père adoré Jacques Roitfeld, producteur de cinéma aujourd’hui disparu. « Il était plus qu’un père pour moi. C’était un dieu vivant. My heart belongs to Daddy , comme le dit la chanson. Il n’était pas souvent à la maison. Mais quand il était là, il me traitait comme une princesse », confie-t-elle. Lorsqu’elle évoque sa mère, c’est de son élégance qu’elle parle : « Elle portait de la haute couture à la maison .» Le destin s’en mêle Au gré des pages, elle se souvient de ses jeunes années de mannequinat et de sa rencontre avec Mario Testino lors d’un shooting pour Vogue Enfant italien auquel participait sa fille Julia, âgée de 6 ans en 1986. Entre eux, c’est le coup de foudre professionnel. Ils s’inspirent mutuellement.


C’est le début d’une nouvelle ère créative pour Carine Roitfeld. Faisant équipe avec le photographe italien, elle va réaliser de nombreuses publicités et séances photos pour Vogue. De Testino à Tom Ford, Carine impose son style dans la mode des années 1990. À propos de Testino, elle est élogieuse : « C’est avec lui que j’ai eu mes meilleures idées. Il a toujours été en mesure de traduire mes pensées et de les améliorer. Personne d’autre n’a compris ma folie aussi bien que lui .» Aujourd’hui âgée de 58 ans, cette figure incontournable du paysage de la mode n’est pas près de prendre sa retraite. Au contraire, comme une star ayant tout vu, tout vécu, elle n’a plus rien à prouver à personne. Mais sa mission fashion continue. Pour le meilleur et pour le plaisir. Rendez-vous en septembre avec le premier numéro de CR Fashion Book. fin

© Dukas

’ personnalité antinomique, conjuguant élégance et décadence ’


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.