EXPRESS
NU MÉ RO 5 Hebdomadaire du 6 février 2011 Chaussée de Bruxelles, 67/2 - 1300 Wavre Tél.010/235.900 - Fax 010/235.908 www.dimanche.be
PERSÉCUTIONS
RELIGIEUSES
BOUDDHA ET JÉSUS Et s’ils se rencontraient ?
L’Europe se positionne !
L
es ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont réussi à se mettre d’accord pour lancer un appel au respect des minorités religieuses dans le monde. Ce message, délivré le 31 janvier dernier à Bruxelles, se veut une réponse aux récents attentats contre les chrétiens d’Europe. Si, après l’émotion suscitée par les attentats d’Alexandrie et de Bagdad, la prudence diplomatique a vite repris le dessus, les ministres des Affaires étrangères des 27 États membres de l’Union européenne ont réussi malgré tout à s’entendre sur une déclaration condamnant les actes de violence commis à l’égard des minorités religieuses. À l’heure de boucler cette édition, nous ignorons encore quel sera le contenu précis de ce texte, mais il est fort probable, d’après les éléments dont nous disposons, qu’il ne mentionnera aucun pays ni aucune religion en particulier. “Notre vive préoccupation ne se limite pas au sort des seuls chrétiens d’Orient“, précisait la lettre des quatre ministres à l’origine de cette initiative. “Nous avons à l’esprit nos responsabilités pour protéger toutes les victimes de menaces ou de persécutions en raison de leurs appartenances confessionnelles.“ En effet, les musulmans eux-mêmes sont victimes de cette violence, notamment du fait des tensions entre chiites et sunnites, comme en Irak. “Contre une menace commune, nous devons mener un combat commun” (Michèle Alliot-Marie, notre photo) Bien qu’ils ne soient pas les seuls concernés par cette déclaration, les chrétiens d’Orient se réjouissent que l’Europe s’engage enfin dans ce domaine. Ils s’interrogent toutefois sur les moyens d’action dont dispose cette dernière pour que les minorités religieuses soient réellement respectées. La haute représentante aux affaires extérieures de l’UE Catherine Ashton leur apportera peut-être des éléments de réponse, puisqu’il lui a été demandé de faire un rapport sur ce qui pourrait être mis en place pour renforcer l’action de l’Union à cet égard. Tout espoir n’est donc pas totalement perdu. Pascal ANDRÉ
OPINIONS
p. 2 • Crise politique belge : l’impasse est-elle totale ?
DERNIÈRES MINUTES
p. 6
• Décès de Mgr Samuel Ruiz, l’évêque converti par les Indiens • Commission “Abus” : une Église à deux visages
LITURGIE
p. 8
5e dimanche du temps ordinaire
• Théâtre : magnifique Cerisaie ! • Expo : l’homme et l’espace
Bouddha et Jésus proposent tous deux un message et un chemin de guérison et de libération. Mais le bouddhisme ne parle pas de “Dieu”, alors que Jésus se présente toujours en relation et en communion avec celui qu’il appelle “Père”
Serait-il vrai que l’Orient et l’Occident jamais ne se rencontreront ni ne se comprendront? Le bouddhisme, en effet, représente probablement le plus grand écart par rapport au christianisme. Mais si rencontre il y a, ce sera d’une grande fécondité. Jésus, un bouddhiste? Il y a bien certaines légendes qui courent: Jésus, entre l’âge de 12 et 30 ans, serait allé au Tibet, en aurait rapporté toutes sortes d’enseignements mystérieux, etc. Cela n’a rien de très sérieux, estime Jacques Scheuer, spécialiste des religions orientales. La véritable question est de savoir comment des bouddhistes, hier et aujourd’hui, peuvent regarder Jésus? Comme un sage, certainement. Comme un maître d’intériorité. Et encore comme un guide et un formateur pour ses disciples. Comme un modèle de non-violence, un homme en sympathie avec tous les êtres vivants. Un
BRUX ’A ÎNÉS Le handicap face aux épreuves de la vie Page 3
RÉVOLUTION TUNISI ENNE Le Maghreb va-t-il s’embraser ?
Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie. Matthieu 5, 13-16
CULTURE
R ELIGIONS
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Rédaction de ce numéro clôturée le 31 janvier 2011 Bureau de dépôt : Charleroi X Agréation N°: P305034 Banque: 833-5318719-79 IBAN BE58 8335 3187 1979 - BIC GKCCBEBB
homme plongé dans la foule et cependant attentif au plus petit, à celui que frappe la souffrance ou l’épreuve. Mais si les bouddhistes regardent le Bouddha non pas comme une divinité, mais plutôt comme un être humain, un être comme nous, qui a cherché et trouvé par luimême un chemin de libération, c’est aussi comme cela d’abord qu’ils voient Jésus de Nazareth. Tout est souffrance Au point de départ du bouddhisme, il y a la question de la douleur, de la souffrance, en soi et chez les autres. Mais il n’est pas facile de bien comprendre ce que le bouddhisme veut dire par “souffrance”, constate le P. Scheuer, auteur de Un chrétien dans les pas du Bouddha, paru chez Lessius. C’est d’abord les limites ou les contraintes de notre condition humaine, explique-t-il: naissance, vieillissement,
mort… C’est le fait que tout, autour de nous et en nous, évolue, se transforme et passe. C’est l’impermanence de toutes choses. Et surtout, le redoublement de souffrance qui vient de notre (mauvaise) manière de réagir à cette situation: déceptions, jalousie, rancune, violences, dépression… Dans ses conversations et ses enseignements, le Bouddha avait l’art de mettre le doigt sur les souffrances et les frustrations cachées des personnes qu’il rencontrait. Mais Jésus de même percevait cela, non seulement chez l’aveugle ou le paralytique, mais dans la veuve ou le mendiant méprisés par la société, sans oublier la souffrance secrète du “jeune homme riche”. En ce sens, le Bouddha et Jésus proposent tous deux un message et un chemin de guérison et de libération. Charles DELHEZ, Voir interview page 3.
D’ABORD FAIRE LA PAIX EN SOI-MÊME
O
On a bien le droit d’être triste et abattu de temps en temps par ce qu’on nous fait subir; c’est humain et compréhensible. Et pourtant, la vraie spoliation, c’est nous-mêmes qui nous l’infligeons. Je trouve la vie belle et je me sens libre. En moi des cieux se déploient aussi vastes que le firmament. Je crois en Dieu et je crois en l’homme, j’ose le dire sans fausse honte. La vie est difficile, mais ce n’est pas grave… Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si chaque individu fait d’abord la paix en soi-même, extirpe tout sentiment de haine pour quelque race ou quelque peuple que ce soit, ou bien domine cette haine et la chan-
ge en autre chose, peut-être même à la longue, en amour – ou est-ce trop demander?... Je suis une femme heureuse et je chante les louanges de cette vie, oui, vous avez bien lu, en l’an de grâce 1942, la énième année de guerre. Etty HILLESUM
Heureux les bienveillants, ils se feront beaucoup d’amis.