EXPRESS © Osservatore Romano
NUMÉRO 23 Hebdomadaire du 19 juin 2011 Chaussée de Bruxelles, 67/2 - 1300 Wavre Tél.010/235.900 - Fax 010/235.908 www.dimanche.be
AUX CAPTIFS, LA LIBÉRATION L’Évangile de la rue
VATICAN 2.000 Roms invités
A
Venus essentiellement d’Italie, mais aussi de toute l’Europe, 2.000 Roms ont donc été accueillis par le pape le 11 juin dernier, veille de Pentecôte. Cette audience inédite, eu égard au grand nombre de Roms ainsi invités officiellement, était organisée à l’occasion des 150 ans de la naissance du bienheureux Ceferino Gimenez Malla (1861-1936), premier gitan à avoir été béatifié (en 1997). Au cours de cette audience qui aura fait résonner musiques, chants et danses tziganes, Benoît XVI a fait part de son souhait que les Tziganes ne soient “plus jamais objet d’oppressions, de refus et de mépris“. Le pape a également souligné que l’Europe ne devait pas oublier le “drame encore trop peu reconnu“ de l’extermination des Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Une rescapée d’Auschwitz a d’ailleurs témoigné devant le souverain pontife. Pointant l’existence de problèmes graves et préoccupants, comme les rapports souvent difficiles avec les sociétés dans lesquelles ces peuples vivent, le pape a aussi demandé à ces derniers de toujours rechercher la justice, la légalité, la réconciliation et de s’efforcer “à ne jamais être la cause de souffrance des autres“. Benoît XVI a ensuite rassuré ses visiteurs en leur répétant, à la suite de Paul VI, qu’ils étaient “une portion aimée du Peuple de Dieu pérégrinant“. Mais les a aussi mis en garde contre “le risque des sectes ou d’autres groupes qui mettent en danger votre communion avec l’Église“. En outre, le pape a tenu à rappeler que l’Europe, qui réduit les frontières et considère que la diversité des peuples et des cultures est une richesse, offre de nouvelles possibilités à ces peuples nomades. Il a aussitôt invité les Tziganes à “écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire pour (leur) peuple et pour l’Europe“. Pierre GRANIER
OPINIONS
p. 2 • Les nationalismes représentent-ils une menace pour l’Europe ?
DERNIÈRES MINUTES
p. 6
• Yémen: de la contestation à la guerre civile • Birmanie: les dissidents enfermés dans des “cages à chiens”
LITURGIE
p. 8
Dimanche de la Sainte Trinite Gloire au Père, et au Fils et au SaintEsprit : au Dieu qui est, qui était et qui vient ! Jean 3, 16-18
CULTURE
p. 7 • “La séparation”: quand le mensonge mène le film
© Aux captifs, la libération
u cours d’une audience haute en couleur, Benoît XVI a fait part de son souhait que les Tziganes ne soient “plus jamais objet d’oppressions, de refus et de mépris“.
“Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération” (Jésus dans la synagogue de Capharnaüm - Luc 4, 18).
P
AR I S
Il y a trente ans, le 18 juin 1981, naissait “Aux captifs, la libération”, une association pour rejoindre les gens de la rue et les aider à en sortir. Offrir un service social, sans doute, mais tout autant une démarche spirituelle, car les gens de la rue ont aussi une âme! Découverte avec Aurore de Montalivet, responsable de communication. Rue de Rocroy, 10e arrondissement de Paris, près de la gare du Nord. Une grande pièce où se côtoient gens de la rue et bénévoles. “Vous boirez quelque chose?” L’accueil est garanti. C’est là qu’Aurore de Montalivet, une jeune femme manifestement pas née dans le milieu de la rue, me reçoit. Toujours accueillante à ceux qui, interrompant notre
LES JEUNES SANS-ABRI De plus en plus nombreux dans nos rues Page 3
AFRIQUE Pourquoi les gouvernants ont-ils peur des élections ? Page 5 Rédaction de ce numéro clôturée le 14 juin 2011 Bureau de dépôt : Charleroi X Agréation N°: P305034 Banque: 833-5318719-79 IBAN BE58 8335 3187 1979 - BIC GKCCBEBB
conversation, viennent la saluer, elle me préChrist. “Nous ne sommes pas des sauveurs, sente cette association trentenaire, “Aux capcommente Aurore. Seul, le Christ est sautifs, la libération”, dont le but veur. Nous voulons les ameest d’accompagner les gens “Nous ne sommes pas ner à lui, non par prosélytisqui vivent dans la rue. Un des sauveurs. Seul, le me, mais pour que, à notre quart du territoire urbain leur contact, ils envisagent la vie Christ est sauveur” a été confié. avec joie et espérance.” Il Le père Patrick Giros, prêtre s’agit de leur permettre parisien alors vicaire du futur cardinal Lustid’affronter leur propre histoire avec bienger, est à l’origine de cette initiative. Il voulait veillance, sans jugement. Ils ont besoin d’un unifier démarche sociale et “charité chréregard humain, car la culpabilisation peut tienne”. Et Aurore d’expliquer: “Il y a une diêtre forte. Or, personne n’a choisi cette vie, mension spirituelle en chacun. La personne même si parfois ils le disent pour qu’on ne de la rue a aussi une âme, il faut l’accompales regarde pas comme victimes. gner dans cette recherche.” Le matériel et le Le projet est donc d’être dans la rue avec les spirituel, ni l’un ni l’autre avant l’un ou l’autre. personnes qui y vivent, qui n’ont plus la force L’association a aussi créé un collectif “Mort d’aller ailleurs, mais aussi de faire Église avec dans la rue” qui organise un enterrement elles, car parmi elles il y a des chrétiens. Une digne pour ces personnes. fois par mois, une veillée de prière est organisée par les gens de la rue. Et c’est eux qui invitent les paroissiens. Offrir un regard humain Bénévoles et salariés veulent, sans tomber dans la pitié, témoigner de la tendresse du
Charles DELHEZ, à Paris Voir page 3
LA FOI CHRÉTIENNE EST TRINITAIRE
O
n raconte qu’au siècle dernier,
bien tout, en effet: toute la foi, la li-
dans le diocèse du Puy, un vi-
turgie, la vie chrétienne. Mais cela,
caire général interrogeait un tout jeu-
seul l’enfant pouvait le deviner.
ne garçon désirant devenir prêtre. Monseigneur “le Grand Vicaire”,
Jean-Noël BEZANÇON
s’enquérant des connaissances reli-
“Dieu n’est pas solitaire”
gieuses de l’enfant, lui demande un résumé de la foi catholique. Et
“Est-ce tout?”, s’inquiète le prélat.
“Si le temps te presse, laisse courir ton corps, mais pas ton esprit.”
“C’est tout”, répond l’enfant. C’est
Lanza del Vasto
l’enfant, gravement, de tracer sur lui le signe de la croix, en en redisant lentement les paroles. Puis il se tait.