EXPRESS
NU MÉ RO 14 Hebdomadaire du 10 avril 2011 Chaussée de Bruxelles, 67/2 - 1300 Wavre Tél.010/235.900 - Fax 010/235.908 www.dimanche.be
La “main tendue“ à l’Église
LES SOINS PALLIATIFS Une fin de vie accompagnée
C
ommencés le 22 novembre dernier, les travaux de la “Commission spéciale relative au traitement d’abus sexuels et de faits de pédophilie dans une relation d’autorité, en particulier au sein de l’Église” se sont achevés le 30 mars dernier avec le vote, à l’unanimité, du rapport. Après 60 réunions et 110 auditions, les membres de cette commission ont formulé 70 recommandations. Parmi elles, l’allongement du délai de prescription de 10 à 15 ans après les 18 ans de la victime, et la révision du texte concernant le secret professionnel, maintenu dans l’intérêt même des victimes, mais avec un champ d’application étendu et des dérogations. D’autres recommandations visent à faire de la lutte contre la pédophilie une priorité: tenue à jour des bases de données, amélioration de l’accueil des victimes, motivation des classements sans suite, présentation d’un certificat de bonne vie et mœurs pour les animateurs de mouvements de jeunes et de clubs sportifs qui devraient également signer une charte rédigée par Child Focus. Cette dernière devenant par ailleurs le point de contact central pour signaler tout abus sexuel sur mineurs. Mais avant ces recommandations, une proposition. Après avoir constaté que "les autorités de l’Ég lise ont ma nifesté leur volonté d’assumer une ‘responsabilité morale’ et exprimé le souhait de voir la commission spécia le fa ire des sug g estions concerna nt l’indemnisation des victimes", le rapport propose de donner une traduction concrète à cette "responsabilité morale" avec la mise sur pied d'un tribunal arbitral qui s'occuperait de l’indemnisation des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres ou des religieux. "Nous tendons une main à l'Église ", ont commenté bon nombre de parlementaires à l'issue de leurs travaux. Celle-ci est libre de ne pas accepter. À l'heure où nous mettons sous presse, la Conférence des évêques n'avait pas encore fait part de sa réaction. Nous reviendrons donc plus en détail sur le sujet dans notre prochain numéro. Pierre GRANIER Le rapport complet est disponible sur le site www.catho.be
OPINIONS
p. 2 • Crise politique belge, Pourquoi tant de malentendus ?
DERNIÈRES MINUTES
p. 6
• Les leaders religieux français boycottent le débat sur la laïcité • Côte d’Ivoire : le pape envoie le cardinal Turkson comme émissaire
LITURGIE
p. 8
e
5 dimanche de Carême Tu es la Résurrection, tu es la vie, Seigneur Jésus ! Celui qui croit en toi ne mourra jamais. Jean 11, 3...45
CULTURE
p. 7 • Expo au jardin botanique : “Détours végétaux”
Alors que la prise en charge des malades en fin de vie ne cesse de s’améliorer, la mort et les moments qui la précèdent demeurent tabou dans notre société.
S
OCIÉTÉ
Tous les malades en fin de vie se retrouvent face à des choix: tenter de prolonger sa vie? L’abréger? Explorer d’autres voies? Ou alors respecter l’évolution naturelle, en s’efforçant de valoriser le temps qui reste? C’est cette dernière voie que proposent les soins palliatifs. C’est un fait, de nos jours, 9 personnes sur 10 devront affronter la mort à cause d’une maladie incurable. Ce temps-là peut être long et donner lieu à d’autres maux: le mal-être physique, le mal-être psychologique, le mal-être social, le mal-être existentiel et enfin le mal-être global. Ce sont ces différents mal-être que les soins palliatifs prennent en charge. Améliorer la qualité de vie Pourtant, d’après un médecin généraliste: “Deux personnes sur dix ne savent pas ce que sont les soins palliatifs et trois sur quatre ignorent qu’ils peuvent être dispensés dans d’autres lieux que les unités fin de vie et qu’il est en droit d’obtenir une spéciales.” Ces soins cherchent à améinformation sur son état de santé. Depuis liorer la qualité de vie des patients et de 1991, des aides financières apportées leur famille face aux conséquences d’une dans le cadre des soins palliatifs sont acmaladie potentiellement mortelle. Ils ne cessibles. De plus, ceux et celles qui souvisent ni à guérir, ni à retarder l’évolution haitent accompagner une personne en de l’affection. Ils se concentrent sur le fin de vie peuvent suspendre ou réduire soulagement des symptômes, le soutien leur activité professionnelle et bénéficier psychosocial et l’acd’intervention financiècompagnement spiri“Ce n’est pas parce qu’on a un re de l’ONEM. tuel, avec un enjeu pied dans la tombe qu’il faut se La spécificité des soins central: continuer à laisser marcher sur l’autre” palliatifs, c’est surtout vivre le mieux possible François Mauriac l’accompagnement. “Ici, jusqu’à la fin. je ne suis pas qu’un coLe 22 août 2002, une loi relative aux lon. Je suis une personne”, témoigne une droits du patient a été adoptée, elle prépatiente. Une accompagnatrice a dit: cise que chaque patient a droit à des “Vous êtes important à nos yeux et vous soins palliatifs. Cela signifie qu’il peut en êtes important jusqu’au dernier moment bénéficier dans l’accompagnement de sa de votre vie. Nous ferons tout ce que nous
JEA N-F RA NÇOIS K A HN Une autre société est possible Page3
CRISE POLITIQUE À MA DAGASCA R Sortir de l’oubli Page 5 Rédaction de ce numéro clôturée le 4 avril 2011 Bureau de dépôt : Charleroi X Agréation N°: P305034 Banque: 833-5318719-79 IBAN BE58 8335 3187 1979 - BIC GKCCBEBB
‘
COMMISSION “ABUS“
S
pourrons non seulement pour vous aider à mourir paisiblement, mais pour que vous puissiez être vivant jusqu’au moment de votre mort.” Le soutien apporté par les accompagnateurs permet au malade de faire mémoire du tissu de sa vie, de la trace laissée audelà de lui, grâce à lui ou malgré lui. La fin de vie est liée à un grand nombre de questions et de choix. L’exposition “Si un jour Je meurs” qui a lieu actuellement à Bruxelles les présentent avec sobriété, sensibilité et pédagogie. Un parcours qui a l’avantage de faire réfléchir et aussi de tirer ce sujet délicat hors des couloirs des hôpitaux. Amélie de LIMBOURG (Suite page 3)
GUÉRIR OU ÊTRE SOIGNÉ ?
il y a bien une chose que j’ai retenue, c’est que tout le monde, depuis le plus jeune âge jusqu’à la fin de ses jours, dit: “Je veux être aimé!” Lorsque l’on est un peu à l’écoute, on entend ce cri: “Aime-moi, protège-moi!” On demande cela au médecin. J’ai compris que c’est ce cri déchirant qui traverse toute l’humanité: un cri qui peut se manifester par d’immenses lésions. Le malheureux peut retourner sa douleur pour appeler, en l’entretenant pour que l’on reste à son chevet. (…) Nous nous servons de nos déboires pour appeler l’autre, pour s’attirer son intérêt, son attention. On ne cherche pas à guérir, on cherche
surtout à être soigné. Et le soignant n’est pas forcément là pour guérir, mais pour soigner, pour donner toute son attention au patient. Xavier EMMANUELLI Permanence de la fragilité Dans La fragilité, faiblesse ou richesse ? Albin Michel 2009
Jésus apporte l’amour de Dieu quand l’amour humain ne suffit plus. Frédéric Lenoir