LA GRANDE GUERRE
DE LA FLEUR AU FUSIL À LA FLAMME DU SOUVENIR
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ÉDITORIAL 3
Il y a 90 ans s’achevait l’un des conflits les plus meurtriers que le monde ait connu. De 1914 à 1918, les armées ennemies se sont affrontées dans d’âpres combats. Quand arrive enfin le jour de l’armistice, un sentiment se dégage unanimement : plus jamais cela ! Cette guerre devra rester connue comme la « der des der » ! Le département du Nord compte parmi les plus touchés en France : l’occupation allemande, la présence du front, les bombardements incessants, les privations et brimades quotidiennes ont bouleversé la société nordiste. Quatre années durant, les hommes et les femmes ont pourtant continué à vivre, ou plutôt à survivre, dans cet enfer. Chaque habitant du Nord sera concerné, de près ou de loin, par cette hécatombe. « C’était le Nord en 14-18 » : le Département du Nord se souvient et met en place une série de manifestations (colloques, expositions, spectacles…), destinées à rendre hommage à tous ceux qui vécurent au plus près les ravages de la guerre. La Médiathèque départementale prend part activement à cette commémoration notamment par cette bibliographie. L’écho des batailles retentit ici à travers le regard des témoins du front. Ces « paroles de poilus », dont on a redécouvert la force et l’importance depuis les années 80, sont devenues le socle d’une nouvelle approche historique et littéraire de la Première Guerre mondiale. Il s’agit d’explorer le champ de l’intime, des combattants comme des civils, de réhabiliter les oubliés de la Grande Guerre (soldats des colonies et des fronts de l’est, mutins et fusillés), de faire revivre ce qui fut occulté de l’occupation, l’exode et la déportation. Les bouleversements engendrés par la guerre se sont prolongés par des mutations sociales, politiques et techniques. Ses déflagrations se font entendre chez les artistes, dans leurs œuvres musicales, littéraires ou picturales, jusqu’à l’orée de la Seconde Guerre mondiale. Quête et transmission familiale ou hommage à une génération sacrifiée et aujourd’hui disparue, avènement du XXIe siècle ou miroir de nos guerres actuelles ? Cette Première Guerre redevient depuis quelques décennies un « sujet », chargé d’un enjeu mémoriel, dont s’emparent écrivains, musiciens et cinéastes.
Bernard DEROSIER Président du Conseil général du Nord
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INTRODUCTION À LA PREMIERE GUERRE MONDIALE La production de documents généraux sur la Première Guerre mondiale reste très dynamique, signe de l’intérêt des historiens comme du public. Les ouvrages suivants, du plus synthétique au plus encyclopédique, du plus illustré au plus universitaire, permettent d’avoir une approche globale de cette guerre, dénommée « Grande Guerre » dès 1915, et d’embrasser la totalité de la période 1914-1918 tout en comprenant les mécanismes d’entrée en guerre et en mesurant les conséquences du conflit sur les équilibres mondiaux. 14-18 : 1000 photographies inédites Pierre MIQUEL Ed. du Chêne, 2000 34,00 Euros De la mobilisation à la fête de la victoire, mille photos commentées par celui qui a témoigné sans relâche sur la Grande Guerre, dressent un panorama complet de la vie au front comme à l’arrière. 1914-1918 La Grande Guerre : 6 heures d’archives colorisées TF1 Vidéo, 2004 58,60 Euros 2 DVD Évoquant aussi bien la grande que la petite histoire, ce film apporte une vision globale, émouvante et souvent éprouvante du conflit, et propose des archives rares en provenance du monde entier, entièrement colorisées et enrichies de témoignages de survivants. Les trois volets du documentaire couvrent les débuts optimistes mais vite désenchantés de la guerre, les batailles et l’enlisement dans les tranchées, et enfin la victoire entachée par la mort de dix millions d’hommes. 1914-1918 Première Guerre mondiale www.1914-1918.fr Le site se veut « une approche de la guerre de 1914-1918 par la photographie et les documents, un témoignage direct sur la guerre et ses conséquences » et donne accès à des photographies d’époque, classées par année et par thématique. L’ABCdaire de la Première Guerre mondiale Pierre CHAVOT, Jean-Denis MORENNE Flammarion, 2001 10,00 Euros La série des ABCdaires permet à tous les publics d’aborder une thématique ; ce documentaire traite de façon très claire de l’histoire générale de la Première Guerre mondiale.
Atlas de la Première Guerre mondiale Anthony LIVESEY Autrement, 1996.- (Atlas/Mémoires) 34,00 Euros Année par année, pays par pays, une vision géographique de la guerre et de la progression des fronts. Chronologie de la Première Guerre mondiale Jean-Noël GRANDHOMME Ouest-France, 2004 5,00 Euros Pour mieux comprendre le conflit, les grandes dates de la Grande Guerre et de ses prolongements. Encyclopédie de la Grande Guerre : 1914-1918 Stéphane AUDOUIN-ROUZEAU, Jean-Jacques BECKER Bayard, 2004 52,00 Euros Cette encyclopédie a pour ambition d’écrire une histoire internationale de la Grande Guerre sous tous ses aspects (militaire, politique, social, technique et plus largement culturel), à travers une centaine d’articles signés par les spécialistes mondiaux sur le sujet. La Grande Guerre Nicolas OFFENSTADT Geste éd., 2007.- (En 30 questions) 9,00 Euros En trente questions et réponses, étayées par les acquis les plus significatifs de l’historiographie, cet ouvrage présente les traits saillants du conflit. S’il entend redonner toute leur place aux pratiques des acteurs de l’époque, il rend compte également des débats parfois âpres et décrypte les enjeux qui ont entouré la mémoire d’une guerre encore présente dans nos sociétés contemporaines.
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La Grande Guerre : 1914-1918 Stéphane AUDOUIN-ROUZEAU, Annette BECKER Gallimard, 1998.- (Découvertes ; Histoire) 12,00 Euros Le concentré d’efficacité et d’information de la collection « Découvertes Gallimard », la description et l’analyse de deux grands historiens spécialistes du sujet sont mis au service de la Première Guerre mondiale. La Grande Guerre / The First World War : 1914-1918 Frémaux, 1999 30,00 Euros 3 CD Chansons françaises ou empruntées aux Alliés, rengaines populaires ou airs militaires, documents sonores d’époque ou lectures ultérieures témoignent avec émotion du « temps de la guerre ». La guerre de 1914-1918 : de la Belle Epoque à la fin des Empires Cliosoft, 2002 49,00 Euros DVD-ROM 6 heures de récits animés et interactifs au travers de cinquante thèmes différents, une chronologie générale ou militaire du conflit, des cartes géopolitiques et stratégiques des fronts et des batailles, 1500 textes, articles, biographies, descriptifs et images originales, la reconstitution en 3D d’une tranchée. Inventaire de la Grande Guerre Dir. François LAGRANGE Universalis, 2005 40,00 Euros Des centaines d’articles d’historiens et spécialistes, un index détaillé, des renvois judicieux offrent un panorama global et une vision encyclopédique de la guerre. Les mots de la Grande Guerre Thérèse BUROLLET Paris musées / Actes Sud, 2005 19,00 Euros Des œuvres ayant la Première Guerre mondiale pour sujet, peintures, sculptures ou photos, choisies au sein des collections des musées parisiens, illustrent un abécédaire de soixante mots évoquant la boue des tranchées, la peur des poilus, l’attente du courrier, le devoir de mémoire... Les parcours de la Grande Guerre Roland ANDRE Alan Sutton, 2007 27,00 Euros Du Nord à la Marne, nous parcourons l’ensemble des secteurs en guerre en France comme aurait pu le faire un poilu de l’infanterie. Des photos de soldats, de champs de bataille et de villages détruits accompagnent ces recherches et commentaires sur les différents lieux touchés par la guerre.
Photographies en couleur de la Première Guerre mondiale www.worldwaronecolorphotos.com World War One Color Photos : from the Western Front in World War I En 2004, un Anglais passionné par la Première Guerre mondiale (pléonasme ?) fait la découverte exceptionnelle, sur le site Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France, de milliers de photographies en couleur du front français. Le travail de recherche, de classement et de traduction (en anglais !) accompli est colossal et passionnant ; il permet de visionner et imprimer des photographies couleur sur tous les aspects de la guerre 1914-1918. La Première Guerre mondiale John KEEGAN Perrin, 2003 24,50 Euros Après 5 ans de recherche, l’historien réputé John Keegan réussit avec ce récit détaillé de la Première Guerre mondiale à donner la mesure internationale du conflit, sans en oublier les enjeux nationaux et le quotidien des hommes. Il s’interroge également sur la fatalité et le poids de la guerre. La Première Guerre mondiale Jean-Pierre VERNEY Fleurus, 2006.- (Voir l’histoire) 14,50 Euros LIVRE + DVD Ce documentaire permet aux enfants à partir de 9 ans de prendre connaissance des grands événements de 1914-1918. Sont évoquées les batailles mais aussi les difficultés au front comme à l’arrière. Le DVD, nourri d’images d’archives accessibles à tous, nous fait revivre les 4 années de guerre. La Première Guerre mondiale : au jour le jour François ICHER La Martinière, 2007 32,00 Euros 570 pages et, à chaque page, un extrait et une photo se répondent avec une émotion grandissante et une efficacité remarquable. Les images sont exceptionnelles par leur justesse et leur rareté. Les textes ont été piochés dans les écrits des grands et petits témoins de la guerre (journaux de poilus, correspondances de guerre d’écrivains et d’artistes, extraits de romans ou d’ouvrages d’historiens…). Verdun et la Somme Julian THOMPSON Gründ, 2006 39,95 Euros Ce documentaire, accompagné de nombreux fac-similés, évoque les terribles batailles de la Somme et de Verdun avec exactitude historique et richesse iconographique. L’abondance des illustrations et la reproduction de documents d’époque le rendent accessible aux jeunes comme aux adultes et en font un support d’apprentissage et d’animation idéal.
SOMMAIRE REGARDS Ils étaient des Hommes
page 10 à 15
(Sur)vivre au front .............................................................................................................................. page 11 Les mots de l’absence......................................................................................................................... page 12 Adieu la vie, adieu l’amour : Amours et sexualité..................................................................... page 12
Soldats d’ailleurs et autres fronts
page 16 à 19
Soldats d’ailleurs ................................................................................................................................. page 16 Autres fronts ....................................................................................................................................... page 17
La guerre rebelle
page 20 à 24
Mutins et fusillés ............................................................................................................................. page 21 Pacifisme et antimilitarisme ..................................................................................................... page 23 Fraternisations .................................................................................................................................. page 23
La société en guerre
page 25 à 33
L’enfant, un petit soldat en guerre buissonnière ........................................................... page 25 Les civils, combattants de l’arrière ........................................................................................ page 28 L’information sous la mitraille : de la propagande au journal de front ............. page 31
EMPREINTES Poètes et romanciers au combat
page 35 à 41
Poètes ..................................................................................................................................................... page 36 Romanciers .......................................................................................................................................... page 39
Des artistes dans la tourmente
page 42 à 45
Peintres ................................................................................................................................................ page 42 Cinéastes ............................................................................................................................................. page 43 Musiciens ........................................................................................................................................... page 44
(R)évolutions : l’avènement du monde moderne
page 46 à 53
Reconstruire le pays défiguré .................................................................................................. page 47 Apprendre à revivre ..................................................................................................................... page 50
MÉMOIRES Commémorer : les chemins du souvenir
page 54 à 74
Monuments, cimetières et commémorations ................................................................. page 56 Musées, objets et archéologie : ces objets témoins du passé .................................. page 59 Albums-souvenirs, hommages documentaires .............................................................. page 61
La Grande Guerre : une source d’inspiration
page 64 à 69
Littérature ........................................................................................................................................... page 64 Cinéma ................................................................................................................................................. page 67 Musique ............................................................................................................................................... page 68
Transmettre : la guerre en héritage
page 70 à 74
Romans ................................................................................................................................................. page 71 Albums .................................................................................................................................................. page 72 Documentaires .................................................................................................................................... page 74
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REGARDS 9
PAROLES DE POILUS En lançant l’opération « Paroles de poilus » sur Radio France lors du 80e anniversaire de l’Armistice de 1918, Jean-Pierre Guéno ne s’attendait sans doute pas à recevoir plus de huit mille lettres et extraits de carnets racontant les détails d’une guerre qui n’a jamais reçu cet éclairage dans nos livres d’histoire. Ces paroles individuelles ont fait mentir l’histoire officielle léguée par les outils de propagande. Cette correspondance d’hommes ordinaires constitue une source directe, immédiate et plus que tout autre document, spontanée et authentique, car non soumise à la déformation du souvenir. Ce ne sont pas les têtes d’affiche qui font l’Histoire, ce sont les figurants, et ces témoignages bouleversants qui reconstituent l’album de nombreuses familles sont un formidable outil au service du devoir de mémoire. Ces « Paroles de poilus » ont été adaptées sous de nombreuses formes : bande dessinée, film documentaire, théâtre et même chansons. En voici quelques références :
Paroles de poilus : lettres et carnets du front 1914-1918 Jean-Pierre GUENO, Yves LAPLUME Librio, 1998 1,52 Euros Paroles de poilus : lettres et carnets du front 1914-1918 Soleil / France Inter, 2006 14,95 Euros BD Paroles de poilus : lettres et carnets du front 1914-1918 Radio France, 1999 29,99 Euros CD Paroles de poilus : lettres de la Grande Guerre Jean-Pierre GUENO, Yves LAPLUME Tallandier, 1998 25,00 Euros
POUR ALLER PLUS LOIN… Regard de soldat, la Grande Guerre vue par l’artilleur Jean Combier Nicolas MEAUX, Marc COMBIER Acropole, 2005 35,00 Euros Histoire d’un poilu, carnets de Charles-Henri Poizot du 67e R.I. Anovi, 2003 18,00 Euros
Paroles de Verdun : lettres réunies par Jean-Pierre Guéno Perrin, 2006 19,00 Euros Paroles de Verdun : 21 février 1916 - 18 décembre 1916 Soleil / France Info, 2007 14,95 Euros BD Paroles de Poilus : lettres de soldats de la guerre 14-18 Ivan MORANE, Isabelle MAUDET Naïve Vision, 2007 23,80 Euros LES BELLES LURETTES Paroles de poilus, lues Les In-Ouies, 2005 16,22 Euros CD
De l’horreur à l’art : dans les tranchées de la Première Guerre mondiale Nicolas DURAND, Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives Seuil, 2006 40,00 Euros Les carnets de Laurent Pensa, musicien brancardier au 31e R.I. CRDP de l’Académie d’Amiens, 2006 23,00 Euros CD-ROM + DVD
ILS ÉTAIENT DES HOMMES 10
L
a Première Guerre mondiale a été subie par la majorité de la population, soldats ou civils, entraînés malgré eux dans ce carnage organisé et industrialisé par les États. Les historiens prolongèrent parfois cette injustice en présentant une version officielle et peu subversive. Les choses ont heureusement évolué grâce à la publication de témoignages individuels (carnets, correspondances, souvent illustrés), une nouvelle approche de la Grande Guerre a vu le jour à partir des années 1980. Ce nouvel éclairage, s’intéressant à l’intime, au privé, a humanisé notre vision de cette période de notre histoire et en a permis la réappropriation par notre mémoire collective. Le succès rencontré par les Paroles de poilus ou par l’exposition Amours, guerres et sexualité 1914-1945 présentée il y a peu au Musée des Armées, en est la meilleure preuve.
14-18, le cri d’une génération Rémy CAZALS, Frédéric ROUSSEAU Privat, 2003.(Entre légendes et histoire) 14,00 Euros Rémy Cazals et Frédéric Rousseau dressent une typologie des témoignages de guerre (journaux, carnets de route, correspondances, mémoires, romans), puis retracent les étapes de la prise de parole des combattants, et enfin de la prise en compte de ces écrits, la reconnaissance de cette source historique irremplaçable. Quel que soit le camp du combattant, son opinion politique, son grade, son devenir (on pense à Céline, à Drieu La Rochelle ou au journal de Rommel, à Giono décrié pour son pacifisme), lire ces textes permet de déceler et de révéler le « discours caché » derrière l’Histoire officielle. Entre les deux guerres, on privilégie l’histoire militaire, la guerre stratégique et les récits de batailles. Depuis, les travaux des historiens s’appuient sur les écrits des témoins afin de mesurer et d’analyser la dimension humaine de la guerre.
(SUR)VIVRE AU FRONT Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918 La Découverte, 2003.- (La Découverte Poche) 13,00 Euros À 35 ans, Louis Barthas, tonnelier d’un village de l’Aude, est appelé au front, il en reviendra avec un implacable témoignage. Dès les premiers jours, il tint ses carnets où il notait ce que ses camarades appelaient « l’histoire de leur calvaire ». À son retour, il retranscrira ce journal de guerre sur dix-neuf cahiers d’écolier illustrés des cartes postales et lettres qu’il avait envoyées et que sa famille avait conservées à sa demande. Preuve, s’il en est besoin, de la volonté de ce chrétien socialiste, syndicaliste et pacifiste de rendre compte de l’horreur de ces 4 années. Ce témoignage est précieux car c’est celui d’un homme ordinaire. Observateur lucide, ce simple caporal, titulaire du certificat d’études primaires, offre un récit qui associe valeur historique et talent d’écrivain. Ma Grande Guerre Gaston LAVY Larousse, 2004 45,00 Euros Dès sa mobilisation, à l’âge de 40 ans, Gaston Lavy tient son journal. Il note tout : activités, situations, état d’esprit. Il y appréhende et juge l’organisation de l’armée et ses manques avec son expérience d’homme mûr et responsable. Parallèlement, il dessine ses camarades, les paysages, les tranchées, les ruines. Métreur de métier, il a l’œil aiguisé, le trait sûr et le sens du dessin ; certains de ses supérieurs lui demanderont d’ailleurs des portraits. À son retour, il réalise un volume relié qui associe ses textes et ses dessins dans l’espoir que ce travail serve aux générations futures. Ce manuscrit, sorte de « livre de guerre illustré », fait partie des collections du musée d’Histoire contemporaine qui l’a publié afin d’ « offrir à un large public ce témoignage dont la richesse et l’originalité donnent une vision si vivante de la Première Guerre mondiale ». 1914-1918 : Nous étions des hommes Jacques MOREAU La Martinière, 2004 39,00 Euros En 1968, âgé de 81 ans, un vieux monsieur du nom de Jacques Moreau se rend
chez Larousse pour vendre plus 2 000 clichés de la guerre 14-18. On ne sait presque rien de lui, sinon qu’il fût photographe professionnel avant guerre puis incorporé à 27 ans dans la section photographie de l’armée. Cependant, la plupart de ses photos étaient restées inédites jusqu’alors. Jacques Moreau est une sorte de Robert Doisneau avant l’heure. Il sait saisir les instants : photos de campements de fortune, de longs convois, de compagnies sillonnant les routes maculées de boue, de l’univers des tranchées, de no man’s land et de villes dévastés par les bombardements… mais c’est bien l’Homme qui est au centre de l’œil du photographe. Il est toujours plein de tendresse et de mansuétude pour tous ces PCDF, « Pauvres Couillons du Front ». C’est peu dire que ce photographe a su merveilleusement capter la vie quotidienne des soldats de 1914 à 1918 : ses clichés, accompagnés de textes des écrivains majeurs de cette guerre, sont un bouleversant témoignage sauvé du temps. Les tranchées : le quotidien de la guerre 1914-1918 Michel LITALIEN, Stéphane THIBAULT Athéna, 2004 37,20 Euros Au Canada aussi, l’intérêt pour la Première Guerre mondiale est soutenu et sans cesse grandissant. Témoin, ce documentaire qui veut rendre hommage aux victimes de ce conflit qui fit plus de soixante mille morts dans le corps expéditionnaire canadien. Les photos choisies, souvent inédites ou méconnues, évoquent en grande partie la vie quotidienne de ces soldats dans ce lieu emblématique : la tranchée. Comment vit-on ou plutôt, survit-on dans une tranchée ? Dans l’enfer de Lorette, de Vimy, avec la boue, les rats, les poux, les attaques au devant des mitrailleuses ? Les auteurs, en racontant ainsi la Grande Guerre, ont voulu la présenter différemment, en mettant l’accent sur la vie des hommes du rang, à l’instar des Paroles de Poilus qui, en France, ont révélé toute la dimension humaine de cette tragédie.
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LES MOTS DE L’ABSENCE Lettres du front et de l’arrière (1914-1918) Sylvie DECOBERT Les Audois, 2000.- (La mémoire de 1418 en Languedoc) 9,15 Euros Cet ouvrage est à l’origine un travail universitaire mené par Sylvie Decobert à partir de la correspondance de Georges et Marie-Thérèse, jeunes bourgeois du Sud-Ouest de la France qui entretenaient une liaison extraconjugale. Il s’agit d’un dialogue indirect : les lettres présentées sont en effet celles que Marie-Thérèse envoya à Georges (au regard de la situation, elle ne conserva pas les réponses de son amant) et celles que Georges écrivit à sa famille. Au fur et à mesure de l’analyse rigoureuse de l’auteur, on voit se dégager, en plus du portrait d’un certain milieu social, le contraste entre la vie et les préoccupations du front et de l’arrière ainsi que l’évolution des mentalités de chacun des correspondants et de leur rapport à la guerre. Ce livre démontre, comme bien d’autres, combien l’étude des correspondances a permis de donner un nouvel éclairage à l’histoire de la Grande Guerre. Mon papa en guerre Axel CLEVENOT Montparnasse, 2005 32,00 Euros Été 1914, des millions d’hommes partent au front pour une guerre qu’on croit courte. Instituteurs, paysans, ouvriers, commerçants,... quittent leurs familles qui restent plongées dans le désarroi. La plupart de ces soldats étaient des pères dont les enfants, le conflit s’éternisant, vont grandir loin d’eux. C’est grâce à la correspondance qui s’instaure que le lien résistera. Ces lettres, truffées de petits mots, dessins d’humour, paroles d’amour, seront le ciment qui permettra à la fonction paternelle de se construire malgré l’éloignement. S’il ne fallait qu’un seul
exemple parmi ces témoignages toujours émouvants mais aussi parfois drôles et légers malgré les circonstances, ce serait sans doute la ténacité avec laquelle Martin Vaillagou corrige sans relâche l’orthographe défaillante de son fils Maurice. Ce film documentaire nous invite à partager l’émotion de ces échanges dans une mise en image fluide et inventive. Catherine CUENCA La marraine de guerre Hachette Jeunesse, 2007 4,29 Euros Le jeune Etienne est un poilu dans l’enfer des tranchées. Il reçoit les colis et lettres de Marie-Pierre, sa marraine de guerre qu’il ne connaît qu’à travers ses écrits et que ses compagnons d’infortune lui envient. Au cours d’une permission, Etienne, bravant sa timidité et sa peur, va rencontrer Marie-Pierre. Retourné au front, il n’aura de cesse de se garder en vie, trouvant « le courage de surmonter et d’affronter les souffrances inutiles d’une guerre bête à pleurer » dans l’espoir de revoir un jour sa marraine.
ADIEU LA VIE, ADIEU L’AMOUR : AMOURS ET SEXUALITÉ Amours, guerres et sexualité 1914-1945 François ROUQUET, Fabrice VIRGILI, Danièle VOLDMAN Gallimard / BDIC / Musée de l’Armée, 2007 23,00 Euros Publié à l’occasion d’une exposition qui a eu lieu à Paris fin 2007, ce livre aborde les deux guerres mondiales par le biais de l’amour et de la sexualité, depuis la mobilisation jusqu’aux retrouvailles. Les hommes et les femmes qui ont vécu ces époques troublées ont vu leurs relations affectives et sexuelles profondément bouleversées pendant et après les conflits. Ce catalogue, richement illustré, montre comment, confrontés aux violences,
à l’angoisse de la mort, aux privations, à la solitude affective et aux frustrations sexuelles, les deux sexes se sont adonnés à la passion, aux plaisirs charnels, mais aussi comment les hommes ont utilisé la sexualité forcée (viols, prostitutions) comme une arme destinée à démoraliser l’ennemi en l’atteignant dans son intimité. Un panorama complet sur les amours de guerre consenties ou subies et sur la sexualité débridée ou contrôlée par les autorités. Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerre : les mœurs sexuelles des Français, 1914-1918 Jean-Yves LE NAOUR Aubier, 2002.- (Coll. historique) 21,50 Euros Dans cet ouvrage tiré d’une thèse de doctorat, et cependant très accessible, Jean-Yves Le Naour démontre comment ce qui relève de l’intime, la sexualité, devient une affaire d’Etat en période de crise. Pendant la Grande Guerre, une vague moralisatrice déferla sur la France dans l’intention de la régénérer, l’épurer et la repeupler. Que ce soit la mode, la littérature, les spectacles, la fidélité, la prostitution et le péril vénérien, tout est passé au crible de la censure et contrôlé afin de ne pas nuire à la mission du défenseur de la patrie, le poilu, sorte de héros sacralisé et désincarné, sans pulsions ni frustrations. Cette histoire des mœurs est surtout une histoire de l’intime, rigoureuse, parfois sombre mais aussi émouvante.
Lise NOEL Le retour Geste, 2007 20,00 Euros Limousin, 1916. Pour Marie, la vie n’est pas facile : son mari François est prisonnier et son jeune beau-frère JeanLouis vient de partir au front. Il lui faut donc assumer seule la direction de la ferme. Elle fait face courageusement, comme beaucoup de femmes alors. En plein désarroi, à la nouvelle de la mort de Jean-Louis, elle trouvera du réconfort dans les bras d’un jeune soldat en convalescence. Ce moment d’égarement sera lourd de conséquences. Ce roman aux accents de Maupassant expose tout le drame que vécurent ces couples séparés, laminés par les tourbillons de l’Histoire. L’auteur l’a écrit en 1944, agent de liaison de la Résistance, elle passait de longues journées à attendre les messages. La situation de l’époque : « l’intense désolation mêlée à des élans d’espoir » ainsi que des souvenirs d’enfance lui ont inspiré cette histoire dramatique.
Cendrine GENIN, Nathalie NOVI Rendez-vous sous les cerisiers Le Baron Perché, 2006 14,50 Euros Marguerite et Henri s’aiment mais nous sommes en 1914… Une tendre correspondance commence, croisant serments et détails de la vie quotidienne, mais les mots, qu’ils soient doux ou passionnés, ne seront pas assez forts pour combattre l’absence et la violence de la guerre. Quand Henri reviendra, au rendez-vous sous les cerisiers, ce sera avec une autre. Des années plus tard, Marguerite partage avec sa petite fille, en parcourant les lettres d’Henri, le souvenir de cette blessure d’amour jamais cicatrisée. Avec sensibilité et émotion, la poésie du texte et la douceur des illustrations semées de références artistiques confèrent à cet album toute la mélancolie d’un amour déçu. 13
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ET POURTANT, ILS CHANTAIENT ! La Première Guerre mondiale fut une terrible épreuve pour les Français. En premier lieu pour les poilus bien évidemment qui, pendant ces quatre ans, vivaient et mouraient dans des conditions infâmes mais aussi pour le reste de la population qui connaissait l’occupation, les bombardements et l’angoisse pour les proches qui étaient au front. Et pourtant on chantait en France ! Au fond des tranchées, dans les auberges et les cafés parisiens... Dès le début de la guerre, ce sont les chants patriotiques et revanchards qu’on entend. Ils laisseront place au fil des années d’horreur aux chants de révolte et de désespoir. Mais il est d’autres refrains parlant de femmes, de vin et de Paname qui reflètent la vie quotidienne du soldat entre les combats : l’ennui, la solitude, le manque d’amour, l’envie de quitter cet enfer, ne serait-ce que le temps d’une simple permission.
En voici quelques extraits : La Madelon (Louis Bousquet, Camille Robert) « … La servante est jeune et gentille… nous l’appelons La Madelon, nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour, ce n’est que Madelon mais pour nous c’est l’amour … Nous avons tous au pays une payse qui nous attend et que l’on épousera… et quand le temps nous semble long, tout ce qu’on ne peut lui dire, on va le dire à Madelon. » Vive le pinard (Louis Bousquet, Georges Picquet) « Le pinard c’est de la vinasse Ca fait chaud là où c’que ça passe Vas-y, Bidasse, remplis mon quart Vive le pinard, vive le pinard ! … Aime ton pays, aime ton étendard… Aime l’adjudant même si il a une sale gueule Mais qu’ça n’t’empêche pas d’aimer le pinard ! »
Quand on vient en permission (Paul Maisondieu, Charles-Louis Pothier, Paul Dalbret) « … D’rester pendant des nuits des jours sans femme à qui faire la cour et sans avoir seulement d’sa belle quelques nouvelles ça manque d’amour… N’empêche que le soir au clair de lune une petite brune ça serait fameux... Mais quand on vient en permission après des mois de privation, on est choyé, la chose est sûre on vous procure des distractions. On vous conduit au cinéma, quelle chouette invention que c’truc là ! On voit Poincaré sur le front quand on vient en permission ! » Chœur Montjoie Saint Denis Chants de poilus et autres refrains de la Grande Guerre 1914-1918 Chœur Montjoie Saint Denis, 2007 20,00 Euros 1914-1918 : Les chansons de ces années-là… UMIP, 1999 20,00 Euros
SOLDATS D’AILLEURS ET AUTRES FRONTS 16
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ans la mémoire populaire, l’évocation de la Première Guerre mondiale se limite le plus souvent à la vision d’un « front » qui s’étendait des plaines de la Somme aux contreforts des Vosges et où s’affrontaient les poilus français et les envahisseurs allemands. C’est vite oublier que cette guerre impliqua, à l’échelle planétaire, une multitude d’autres nations. Les empires se mobilisèrent, appelant au secours les peuples et les soldats d’Outre-mer, levant des armées de volontaires et portant la guerre dans les colonies ennemies ou sur les océans. Partout, le bruit du canon fit trembler les hommes et la terre, jusqu’aux confins de l’Asie. Des hommes et des combats parfois tombés dans l’oubli.
ouvrage mérite une attention particulière : plus qu’un recueil d’histoires, le lecteur y trouvera un ensemble de documents très riches. Il y découvrira à quel point cette page de notre histoire fût et demeure commune à des hommes issus d’horizons divers et de multiples cultures.
SOLDATS D’AILLEURS Les colonies au secours de la Patrie Les colonies dans la Grande Guerre : combats et épreuves des peuples d’Outre-mer Jacques FREMEAUX Ed. 14-18, 2006 25,00 Euros Entre 1914 et 1918, l’empire colonial français a consenti un effort et des sacrifices dont l’ampleur est encore largement méconnue de nos jours. Destiné à un public passionné, cet
Dans les tranchées, l’Afrique : l’aventure ambiguë Florida SADKI Médiathèque des 3 Mondes, 2004 35,00 Euros Le recours à des troupes coloniales, levées en Afrique, dans le Maghreb et en Asie, date de bien avant la Grande Guerre. Toutefois, à partir de 1914, les troupes mobilisées ne le furent pas seulement pour garnir le défilé du 14 juillet, comme ce fut le cas en 1913. Jetés dans la fournaise dès l’âge de 16 ans, 130 000 Africains vont, pour la première fois, combattre au sein de divisions mêlant soldats coloniaux et poilus. Un Africain sur cinq n’en reviendra pas. À l’issue du conflit, la question de la constitution d’une « Force Noire » fera longtemps débat… Des images rares et émouvantes, agrémentées d’interviews d’historiens et d’auteurs, comme Eric Deroo, lui-même réalisateur de documentaires sur le sujet. À voir absolument.
SOLDATS D’AILLEURS ET AUTRES FRONTS 16
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ans la mémoire populaire, l’évocation de la Première Guerre mondiale se limite le plus souvent à la vision d’un « front » qui s’étendait des plaines de la Somme aux contreforts des Vosges et où s’affrontaient les poilus français et les envahisseurs allemands. C’est vite oublier que cette guerre impliqua, à l’échelle planétaire, une multitude d’autres nations. Les empires se mobilisèrent, appelant au secours les peuples et les soldats d’Outre-mer, levant des armées de volontaires et portant la guerre dans les colonies ennemies ou sur les océans. Partout, le bruit du canon fit trembler les hommes et la terre, jusqu’aux confins de l’Asie. Des hommes et des combats parfois tombés dans l’oubli.
ouvrage mérite une attention particulière : plus qu’un recueil d’histoires, le lecteur y trouvera un ensemble de documents très riches. Il y découvrira à quel point cette page de notre histoire fût et demeure commune à des hommes issus d’horizons divers et de multiples cultures.
SOLDATS D’AILLEURS Les colonies au secours de la Patrie Les colonies dans la Grande Guerre : combats et épreuves des peuples d’Outre-mer Jacques FREMEAUX Ed. 14-18, 2006 25,00 Euros Entre 1914 et 1918, l’empire colonial français a consenti un effort et des sacrifices dont l’ampleur est encore largement méconnue de nos jours. Destiné à un public passionné, cet
Dans les tranchées, l’Afrique : l’aventure ambiguë Florida SADKI Médiathèque des 3 Mondes, 2004 35,00 Euros Le recours à des troupes coloniales, levées en Afrique, dans le Maghreb et en Asie, date de bien avant la Grande Guerre. Toutefois, à partir de 1914, les troupes mobilisées ne le furent pas seulement pour garnir le défilé du 14 juillet, comme ce fut le cas en 1913. Jetés dans la fournaise dès l’âge de 16 ans, 130 000 Africains vont, pour la première fois, combattre au sein de divisions mêlant soldats coloniaux et poilus. Un Africain sur cinq n’en reviendra pas. À l’issue du conflit, la question de la constitution d’une « Force Noire » fera longtemps débat… Des images rares et émouvantes, agrémentées d’interviews d’historiens et d’auteurs, comme Eric Deroo, lui-même réalisateur de documentaires sur le sujet. À voir absolument.
L’empire britannique se mobilise 9 avril 1917 : Les Canadiens à Vimy Eric LABAYLE Ysec, 2001 10,52 Euros S’il est un peuple qui a également payé un lourd tribu à la victoire, c’est bien le peuple canadien : le Mémorial de Vimy est là pour rappeler le sacrifice de ses 60 000 morts. Seul succès des offensives alliées de 1917, l’assaut victorieux sur la crête de Vimy, le lundi de Pâques 9 avril 1917, fut le début d’une série de victoires qui fit du corps expéditionnaire canadien « la plus formidable machine de guerre ». Un document sobre, illustré de photographies de grande qualité, qui nous mène à travers les champs de l’Artois, de l’hiver 1916 jusqu’à nos jours. Lafayette, nous voilà ! Mémoires de guerre d’un soldat américain, 1918-1919 : le bon endroit Hugh C. HULSE L’Harmattan, 2007.(Mémoires du XXe siècle) 23,50 Euros En mars 1918, l’auteur s’engage comme volontaire dans les forces expéditionnaires américaines. Après quelques mois d’entraînement et de déplacements successifs où il découvre la France et ses habitants, il est plongé dans la boue des tranchées d’AlsaceLorraine. Puis c’est le front de la Meuse Argonne et les combats incessants jusqu’à ce jour d’octobre 1918 où un obus l’envoie à l’hôpital, jusqu’à la fin de la guerre… Tout au long de son journal, qu’il a tenu avec soin et avec une multitude de détails insolites, l’auteur pose un regard étrangement jeune (il a alors 26 ans) et détaché sur les événements dont il est à la fois le témoin et l’acteur. Plus que les fracas de la guerre, ce sont ses rencontres et l’infortune de ses compagnons qui sont ici dévoilés avec toute l’émotion que lui ont inspiré ces moments.
Autre empire, autres hommes Le crépuscule des aigles John GUILLERMIN Fox Pathé Europa, 1966 26,60 Euros France, printemps 1918. Un jeune Allemand, gonflé d’ambition, parvient à se sortir des tranchées boueuses de la Somme pour intégrer une unité de pilotes de chasse. Son caractère froid et ambitieux, ainsi que ses origines modestes, ne lui valent que des inimitiés, d’autant que l’obtention d’une décoration « Pour le Mérite » compte plus à ses yeux que la vie de ses camarades… Pour les amateurs de films d’aviation, ce film est bourré de scènes aériennes magistralement réalisées. Bien que truffé de petites erreurs historiques tout hollywoodiennes, il n’en demeure pas moins très intéressant. À noter qu’il s’agit du premier film sur la Grande Guerre tourné en cinémascope et en couleur (1958).
AUTRES FRONTS Quand les colons s’en vont en guerre La victoire en chantant Jean-Jacques ANNAUD Fox Pathé Europa, 1976 51,00 Euros Janvier 1915, au Cameroun, colons français et allemands vivent en bon voisinage, ignorant la furie qui ravage l’Europe centrale… Jusqu’à l’arrivée de journaux datant de 6 mois plus tôt. L’heure de la revanche a sonné ! Commerçants et prêtres français s’improvisent généraux et constituent une armée composée uniquement d’autochtones. Les Allemands font de même. Un film particulièrement révélateur de l’état d’esprit qui régnait à l’époque au sein de la population française d’Afrique équatoriale, et notamment
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au sein de l’Église catholique : « Dieu est français » disait-on… Et lorsque la guerre commence comme une garden party, elle ne peut se terminer qu’en massacre… d’Africains ! Ce premier long métrage de Jean-Jacques Annaud reçut l’Oscar du meilleur film étranger en 1977. Il est le résultat de recherches effectuées en 1967, sur des combats qui eurent lieu à Mora au Cameroun, dès le 19 août 1914 (soit 16 jours après la déclaration de guerre franco-allemande). African Queen John HUSTON ITV, 1951 53,50 Euros Tanganyika, début 1915 : Charlie Allnut, capitaine d’un petit caboteur, parcourt la rivière Lunangwa pour ravitailler la mission catholique du révérend Sayer et de sa sœur Rose. Mais dans la colonie allemande d’Afrique orientale, la présence de ces Britanniques est à peine tolérée. C’est alors que survient l’annonce de l’entrée en guerre. À peine sont-ils remis de leurs émotions que la mission est dévastée par un raid allemand. Le révérend ne s’en relève pas. Charlie et Rose décident alors de participer à l’effort de guerre : seuls, ils vont remonter la rivière jusqu’au lac Tanganyika et couler le « Shona », une canonnière allemande. Comment présenter à nouveau un tel chef-d’œuvre du cinéma d’aventure, sinon en rappelant que ce film, réalisé en majeure partie en Afrique centrale, fût à l’époque un des premiers films à montrer la « vraie Afrique », très loin des clichés de Tarzan.
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La guerre en Orient et en Asie La Bataille des Dardanelles, 1914-1916 Michel HERUBEL Presses de la Cité, 1998 19,82 Euros En novembre 1914, les Turcs entrent en guerre aux côtés des Allemands. En avril 1915, les alliés réagissent, décidant de prendre Constantinople et d’envoyer, par le détroit du Bosphore, une force navale
qui pourrait tendre la main aux forces russes en difficulté, permettant ainsi d’ouvrir un nouveau front et de soulager le front occidental. Mais le plan audacieux tourne au carnage : après un an de combats héroïques, dignes de Verdun, les corps expéditionnaires français et britanniques se retirent sur un échec. Si les récits de batailles sont parfois d’une lecture difficile, l’auteur parvient ici à nous captiver, déroulant les événements au travers du regard des acteurs, qu’ils soient des figures célèbres, comme Winston Churchill, ou des soldats oubliés, comme le caporal-chef Ben Youssef… Fronts de l’est : des combats tombés dans l’oubli Roger VERCEL Capitaine Conan Albin Michel, 1996 14,90 Euros Capitaine Conan Bertrand TAVERNIER Universal, 1996 57,99 euros C’est une guerre peu connue que nous décrit Roger Vercel : celle des corps francs, face aux Bulgares, sur le front des Balkans. Une guerre faite de coups de mains et d’actions désespérées. Un combat taillé sur mesure pour la cinquantaine de « préventionnaires », tout droit sortis des prisons militaires. À leur tête, le Capitaine Conan, un chef de bande qui méprise l’armée régulière, mais qui porte haut et à juste titre son insigne de « chasseur ». Lui et ses « nettoyeurs de tranchées » sont plus des guerriers que des soldats. Ce sont des loups, que personne n’a jamais pu dompter et que chacun s’est empressé d’oublier. Prix Goncourt 1934, Capitaine Conan est le deuxième volet d’une trilogie balkanique avec Notre père Trajan (1930) et Lena (1936). À noter la superbe adaptation pour le cinéma de Bertrand Tavernier en 1996, disponible en DVD.
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La guerre sur les mers ou l’affrontement des empires pour la domination des océans Le Jütland (1916) : la plus formidable bataille navale de tous les temps François-Emmanuel BREZET Economica, 1992 20,00 Euros En plus d’être la plus grande bataille navale de la Première Guerre mondiale et la plus complexe de l’histoire, la bataille du Jütland est le point de départ d’un front d’un genre nouveau puisque situé en pleine Mer du Nord. Cette bataille impliqua plus de deux cent cinquante navires, se faisant face et formant virtuellement une ligne de front, avant de s’entrechoquer en une succession d’attaques infructueuses, pour aboutir dans une impasse. Une impasse sur mer qui reflète celle de la guerre des tranchées. Plus qu’un simple récit chronologique, l’auteur nous dévoile une analyse détaillée, mais très abordable, d’un événement qui révolutionna la guerre maritime.
Pour aller plus loin… Un tirailleur en enfer, Verdun 1916 Yves PINGUILLY Nathan Jeunesse, 2003 5,00 Euros Des tranchées de Verdun à l’Église Saint-Bernard : 80 000 combattants maliens au secours de la France Bakari HAMIAN Karthala, 2001 30,00 Euros La légion en 14-18 Pierre DUFOUR Pygmalion, 2003 22,50 Euros Un long long chemin Sebastian BARRY J. Losfeld, 2006 23,00 Euros Un brave soldat Nicolas DEBON Les 400 coups, 2005 9,00 Euros
La guerre de 14-18 racontée par un Allemand Werner BEUMELBURG Bartillat, 2001 22,90 Euros Parole d’hommes Peter HUNT Studio Seven, 2007 57,99 Euros DVD Gallipoli Peter WEIR Paramount, 1981 50,00 Euros DVD Lawrence d’Arabie David LEAN Columbia Tristar, 1962 39,00 Euros DVD Les poilus d’Orient Pierre MIQUEL Fayard, 1998 20,00 Euros 7 mai 1915 : le secret du Lusitania Anne-Marie PARIS Nathan Jeunesse, 2005 5,00 Euros
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1917
est une année qui a durablement marqué la mémoire collective car elle a été riche en événements aussi divers que fondamentaux : armes nouvelles, arrivée des Américains, prise d’Aqaba par Lawrence d’Arabie, Révolution russe… et en France par l’offensive du général Nivelle (vingt mille morts le premier jour !) qui entraînera une vague de mutineries qui toucha soixante-huit divisions. La lecture des ouvrages cités permettra de comprendre que, si le phénomène de la rébellion a été paroxysmique en 1917, les désertions, les révoltes et les exécutions sont courantes dès le début du conflit, dans toutes les armées.
Survivre au front 1914-1918 : les poilus entre contrainte et consentement François COCHET 14-18 éd., 2005 25,00 Euros Loin des clichés sur les mutineries de 1917, expliquées uniquement en raison des offensives ratées, l’auteur explore une thèse jusque là ignorée : il explique comment la guerre était ancrée dans les esprits de la société d’avant 1914 et intériorisée par les soldats qui s’en allaient « la fleur au fusil ». La France d’alors était construite sur « un système social de déférence et de respect », une société du devoir qui expliquait le consentement général à la guerre. Les chocs des premiers combats, l’enlisement dans une guerre nouvelle, inconnue et extrêmement violente, auront raison de la confiance des soldats envers leurs supérieurs : ce qui explique les premières vagues de mutineries et de désertion dès le début de la guerre.
MUTINS ET FUSILLÉS Yves PINGUILLY Rendez-vous au Chemin des Dames : avril 1917 Oskar Jeunesse, 2007.- (Cadet. Histoire et société) 8,95 Euros Avril 1917, la tristement célèbre offensive Nivelle… Trois poilus qui vivent cet épisode (appelé « boucherie » par les survivants) participent à une mutinerie suite à la suppression d’une permission. Décision courageuse mais aux conséquences tragiques… Le récit est suivi d’un dossier constitué d’un mini lexique, d’une chronologie du premier conflit mondial et de documents centrés sur le Chemin des Dames et l’offensive de 1917.
Jean VAUTRIN, Jacques TARDI Quatre soldats français T1. Adieu la vie, adieu l’amour T2. La femme au gant rouge R. Laffont, 2004 20,00 et 21,00 Euros Les aventures de quatre soldats d’horizons fort divers, que la guerre a réunis et qui survivent à la sinistre offensive Nivelle. Rien n’y manque : l’horreur des combats, « l’injustice militaire », les fusillés « pour l’exemple »… le tout servi par une gouaille qui renforce le propos et rend plus sympathiques ces poilus sacrifiés face aux « chamarrés d’étatmajor » et aux « officemares » (officier, en argot de poilu).
Michael MORPURGO Soldat peaceful Gallimard Jeunesse, 2004 13,50 Euros Le jeune Tommo et son grand-frère Charlie s’engagent et se retrouvent sur le front ouest. Ils vont y trouver l’horreur des affrontements, les gaz de combat à Ypres et surtout l’absurdité et la cruauté des ordres et menaces aboyés par certains officiers. Ces deux Britanniques, que rien ni personne ne peut séparer, connaîtront sur le continent un destin tragique. Cet ouvrage a reçu le prix Sorcières 2005, catégorie romans ados.
Jean AMILA (Jean MECKERT, alias) Le Boucher des Hurlus Gallimard, 2001.- (Folio policier) 4,60 Euros Quand on est membre des « orphelins de guerre de la rue de Colombes » et fils de fusillé de 1917 en but à la haine et aux quolibets des « patriotes », on a qu’une envie : venger son père en tuant le boucher des Hurlus. L’auteur a réussi une véritable gageure : être drôle et immoral sur un pareil sujet !
Les nouvelles aventures de Mic Mac Adam T3. Les Taupes Luc BRUNSCHWIG, Yves BRUNSCHWIG, André BENN Dargaud, 2004 11,00 Euros BD 1916, au cours d’une mission dans le Pas-de-Calais, Mic Mac Adam est témoin du procès de deux soldats devant un tribunal d’exception. Cette bande dessinée insiste très justement sur les énormes différences de classe de l’époque entre des soldats souvent « jauréssiens » et des officiers nobles ou grands bourgeois. La fin est surprenante, politiquement incorrecte mais très drôle.
Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999) Nicolas OFFENSTADT O. Jacob, 1999 22,00 Euros Ouvrage particulièrement riche qui s’appuie sur de nombreux documents d’archives (privés et publics), une abondante bibliographie et des sources audiovisuelles. La présence de notes, annexes et index des noms propres se révèle très utile. Ce livre a le mérite d’analyser les événements dans la durée, en tenant compte de l’évolution des mentalités, des valeurs et des enjeux idéologiques dont l’auteur a une conscience particulièrement aiguë.
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Serge UTGÉ-ROYO Contrechants… de ma mémoire Vol. 1 Edito Hudin / Noir Coquelicot, 1999 20,46 Euros CD Au sein d’un disque qui mêle des chants de « peine et de refus essentiels », anciens et contemporains, se trouvent deux chansons liées à la Première Guerre mondiale : La chanson de Craonne, célébrissime hymne anonyme à la rébellion écrit en 1917 sur l’air de Bonsoir m’amour d’Adelmar Sablon et La butte rouge, datant de 1923, écrite par un Montéhus redevenu pacifiste et dénonciateur de la « grande boucherie ».
des Français « passèrent » à la révolution bolchevique et furent écrasés par Kérenski (qui dirigeait les troupes « loyalistes ») avec l’aide de l’armée française. Un fait méconnu du grand public et que l’auteur a justement sorti de l’oubli.
Le pantalon Yves BOISSET Koba Vidéo, 1997 / 2006 22,80 Euros Yves Boisset adapte le livre d’Alain Scoff pour relater la tragique et véridique histoire de Lucien Bersot. Ce soldat refuse en 1915 de porter un pantalon « en loques et maculé de sang ». Il est condamné à mort par un Conseil de guerre spécial. Il est fusillé pour l’exemple et réhabilité facilement en 1922, tellement sa peine était disproportionnée par rapport à la faute reprochée !
Les sentiers de la gloire Stanley KUBRICK MGM, 1957 / 2002 31,00 Euros L’impact de ce film est dû aux talents conjugués du romancier qui inspira le scénario et du metteur en scène. Humphrey Cobb publia en 1935 Paths of Glory, son unique roman inspiré par les premières réhabilitations de fusillés de 14-18. Cela ne pouvait laisser indifférent cet ancien engagé volontaire à 17 ans qui fut blessé et gazé sur le front français. Stanley Kubrick réalisa un film fort et émouvant, servi par un Kirk Douglas talentueux. Le film sortit durant la guerre d’Algérie et les premières projections en Belgique déclanchèrent une telle réprobation chez les anciens combattants qu’il fut autocensuré par les producteurs. Les spectateurs français attendront 1975 pour le voir enfin !
Lucien Bersot ou le destin tragique d’un poilu franc-comtois http://www.cg90.fr/data/gallery_files/si te_1/vivre_le_territoire/pdfvlt71/memo ire71.pdf Article sur le martyr Lucien Bersot, héros tragique du « Pantalon rouge ».
Les 306 « fusillés pour l’exemple » britanniques de 14-18 en voie de réhabilitation http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1489 Article sur la réhabilitation des 306 fusillés britanniques.
Histoire des soldats russes en France, 1915-1920 : les damnés de la guerre Rémi ADAM L’Harmattan, 1996.- (Chemins de mémoire) 29,00 Euros Ce document relate la mutinerie des soldats russes retranchés dans la Creuse au camp de La Courtine. La moitié des Russes combattant au côté
PACIFISME ET ANTIMILITARISME Etienne TANTY Les violettes des tranchées : lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre Italiques, 2002 26,00 Euros Recueil de lettres écrites à sa famille, entre juillet 1914 et octobre 1915, par un jeune universitaire pacifiste et antimilitariste. Élevé dans un milieu républicain, dreyfusard et libre penseur, le jeune Etienne partira au front, comme bon nombre, dégoûté, sans illusions mais sans haine. Blessé en 1915, prisonnier en 1918, il ne sera jamais un « ancien combattant » et il se réjouira toujours des progrès de la réconciliation franco-allemande. Gilles RAPAPORT 10 petits soldats Circonflexe, 2002 13,50 Euros Dix petits soldats, encouragés par leur Reine à donner leur vie, disparaissent l’un après l’autre pour divers motifs. Le dernier choisira la désertion. Cet album jeunesse évoque la cruauté et l’absurdité des guerres, bien servi par un texte et des illustrations où la noirceur est omniprésente. Henry POULAILLE Pain de soldat Grasset, 1995.- (Les cahiers rouges) 11,50 Euros Roman paru en 1937, écrit par un ancien poilu, antimilitariste et « anar ». Livre anti-guerre qui montre l’horreur du conflit, son absurdité sans en rajouter, sans effets, la triste réalité se suffisant amplement à elle-même.
Léon WERTH Clavel soldat V. Hamy, 1993 22,71 Euros L’auteur, antimilitariste malmené par la tourmente de 14-18, nous livre un roman paru en 1919 et dans lequel l’ennemi n’est pas celui que l’on pourrait croire ! Comme bon nombre de poilus passés par les tranchées, il ne peut s’empêcher de voir en l’Allemand d’en face un frère, un semblable que le hasard et la mobilisation subie l’ont amené à affronter.
FRATERNISATIONS Michael MORPURGO La trêve de Noël Gallimard Jeunesse, 2005.(Album junior) 6,90 Euros Une lettre, écrite par un soldat britannique, trouvée dans un secrétaire acheté chez un brocanteur, relate l’incroyable trêve de Noël 1914 avec les soldats allemands de la tranchée d’en face. L’acheteur du meuble part à la recherche de Connie, la destinataire… Frères de tranchées Perrin, 2005 20,00 Euros Quatre historiens, un allemand, un britannique et deux français (dont Marc Ferro), font revivre de nombreux actes de fraternisation, de non agression réciproques, d’accords tacites sur les principaux fronts (France, Italie, Russie) au grand dam des états-majors. De l’excellente vulgarisation qui repose sur une riche bibliographie et un récit vivant illustré d’exemples incroyables et tellement éloignés des versions officielles !
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Pour aller plus loin… Emilio LUSSU Les hommes contre Denoël, 2005 22,00 Euros La grève des tranchées : les mutineries de 1917 Denis ROLLAND Imago, 2005 23,00 Euros Jean Le Gouin : journal d’un simple matelot de la Grande Guerre César FAUXBRAS Ancre de marine, 2004 22,00 Euros L’affaire du Chemin des Dames : les comités secrets (1917) Henri CASTEX Imago, 2004 18,00 Euros Fusillés pour l’exemple : 1914-1915 André BACH Tallandier, 2003 27,00 Euros Les mutineries de 1917 Guy PEDRONCINI PUF, 1996 30,00 Euros Les « crimes des conseils de guerre » de la Grande Guerre h t t p : / / w w w . l d h toulon.net/spip.php?article1624 Article sur les mutins du Chemin des Dames et les fusillés pour l’exemple français Jean Jaurès et son discours à la jeunesse Philippe MARLIÈRE, Sylvie MONTMOULINEIX La Nacelle, 1995 15,00 Euros Cripure Alexandre TARTA ; mise en scène Marcel MARECHAL L.C.J., 1991 36,00 Euros DVD Pour l’exemple Joseph LOSEY Studio Canal, 1964 / 2007 56,70 Euros DVD La Grande Guerre Mario MONICELLI Seven 7, 1959 30,00 Euros DVD
Joyeux Noël Christian CARION Warner Home Vidéo, 2005 52,00 Euros Ce film (dont le scénario a donné un excellent roman jeunesse publié par Perrin) relate la trêve de Noël 1914 entre des soldats alliés (français et écossais) et allemands. Il a l’immense mérite de rappeler des faits réels censurés par les états-majors qui ont tout fait pour que de telles fraternisations ne se reproduisent plus. Le succès commercial a confirmé, une fois de plus, l’intérêt du public pour cette période de notre Histoire. Premier Noël dans les tranchées Michaël GAUMNITZ Montparnasse, 2005 20,40 Euros A l’aide de scènes reconstituées et de documents d’archives (films et surtout photos), ce documentaire nous aide à comprendre le quotidien des soldats sur le front et le cheminement qui les a amenés de la mobilisation à la fraternisation. Les premières trêves avaient pour but de récupérer les morts, les suivantes étaient le fait d’hommes qui avaient en commun la souffrance, la lassitude et le rejet d’un conflit particulièrement sanglant. Très proche de Frères de tranchées, livre coécrit par Marc Ferro qui est interviewé dans le bonus, ce film a été choisi par la Médiathèque départementale et l’association Cinéligue pour être diffusé dans les communes lors du « Mois du film documentaire » en novembre 2008. La tranchée des espoirs Jean-Louis LORENZI L.C.J., 2003 40,00 Euros Ce téléfilm nous raconte une belle histoire de fraternisation entre deux petits groupes de soldats allemands et français, en 1918. La présence d’une jeune fermière vivant à proximité des tranchées va redonner à ces hommes l’humanité qu’ils avaient perdue au cours des années d’affrontements particulièrement sanglants et souvent inutiles.
LA SOCIÉTÉ EN GUERRE
L’ENFANT, UN PETIT SOLDAT EN GUERRE BUISSONNIÈRE
Pendant la Grande Guerre, l’enfant devient l’objet d’une propagande sans précédent. Dans la vie de tous les jours, son environnement scolaire, culturel ou simplement ludique, est envahi par la militarisation. Aucun enfant, qu’il vive en zone de combat, en zone occupée ou à l’arrière, n’est épargné par la guerre : il assiste au départ du père, du frère, de l’oncle…, et en supporte l’absence ; il échappe parfois à l’école, fermée faute de locaux et d’instituteurs, mais pas à l’éducation constante au devoir patriotique ; il est confronté comme les adultes aux bouleversements sociaux, culturels et techniques engendrés par la guerre. Les documents qui suivent rendent compte de son quotidien et de son univers, à travers l’analyse des informations et enseignements dispensés, les journaux, dessins et témoignages des enfants, la littérature enfantine de l’époque et d’aujourd’hui.
La guerre des enfants : 1914-1918, essai d’histoire culturelle Stéphane AUDOIN-ROUZEAU Armand Colin, 2004 20,00 Euros « Les enfants furent un enjeu caché de la guerre. Pour qui sait voir, ils sont partout. Dans le courrier des soldats, pour lesquels ils constituent une raison explicite de continuer à tenir ; […] ; à l’arrière où ils occupent une place centrale et multiforme dans le discours de propagande ; après la guerre enfin, sur tant de monuments aux morts… […] L’étude de ce qui leur fut «appris» de la guerre permet d’atteindre au cœur les mécanismes culturels des sociétés en guerre. » Les enfants dans la Grande Guerre 5 continents / Historial de la Grande Guerre, 2003 Ce catalogue est abondamment illustré des objets et documents présentés lors de l’exposition réalisée par l’Historial de la Grande Guerre à Péronne en 2003. De nombreuses contributions d’historiens viennent enrichir des images déjà très explicites sur le vécu et l’utilisation des enfants pendant la guerre. 25
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Le discours de l’école ou la fabrique à soldats L’école des poilus : l’enseignement de la guerre dans les écoles primaires de 1870 à 1914 André-Roger VOISIN Cheminements, 2007 20,00 Euros L’école et la patrie : Histoire d’un désenchantement, 1914-1940 Olivier LOUBES Belin, 2001.- (Histoire de l’éducation) 20,00 Euros Les deux ouvrages couvrent la période de trois guerres sur le territoire français. L’école des poilus propose un florilège édifiant de textes utilisés pour l’enseignement de la grammaire, le calcul, l’éducation physique, le chant, toutes les matières sont prétextes à servir des sujets patriotiques. L’école et la patrie offre une analyse approfondie de la place de l’école d’une guerre à l’autre, de la transmission d’un héroïsme guerrier à un enseignement pacifique porté par la réforme de l’école unique.
La parole aux enfants de la guerre Ces p’tits bouts de la Grande Guerre : Comines-1914 Yves et Damien GHESQUIERE Les Films du paradoxe, 2004 42,00 Euros Ce film documentaire met en scène des personnes âgées de plus de 90 ans, ayant vécu la guerre à Comines, ville frontière au nord de Lille. Elles témoignent avec une émotion toujours aussi vive de la mobilisation, de la stabilisation du front, de l’occupation allemande, de l’évacuation puis de la difficile reconstruction.
La guerre des crayons : quand les petits Parisiens dessinaient la Grande Guerre Manon PIGNOT Parigramme, 2004 25,00 Euros Ce livre est composé de dessins d’enfants âgés de 6 à 13 ans et scolarisés à Montmartre pendant la Grande Guerre. Ces témoignages bouleversants offrent une autre vision de leur vécu de la guerre, plus direct, plus sensible. La nécessaire analyse qu’en propose l’historienne Manon Pignot les met en perspective dans le contexte historique et les prolonge d’une lecture psychanalytique. Journal de la guerre 1914-1918 L’Enfant Yves CONGAR Cerf, 1997 26,30 Euros Yves Congar, futur cardinal, est un jeune Sedanais de 10 ans quand il commence son journal de guerre. Cette publication « à l’identique » est exceptionnelle par sa rareté et par la maturité des écrits. L’enfant se fait le porteparole de tous dans son compte-rendu du quotidien en zone occupée.
Journal d’une adolescente dans la guerre : 1914-1918 Marcelle LEROUGE Hachette Littératures, 2004 25,00 Euros Marcelle Lerouge a 13 ans et habite Bois-Colombe en région parisienne quand éclate la guerre. Son journal est un fabuleux témoignage du vécu de la guerre à l’arrière, des espoirs et déconvenues, des peurs et pertes ressenties autant par les adultes que par les enfants.
La guerre de 14, un sujet de livre pour enfants CAUMERY, Emile-Joseph Porphyre PINCHON Bécassine pendant la Grande Guerre Gauthier-Languereau, 2006 12,50 Euros Ce personnage de bande dessinée très populaire est apparu pour la première fois en 1905 dans la revue La Semaine de Suzette. À partir de 1916, la patriote et courageuse Bécassine participe à l’effort de guerre – et au bourrage des jeunes crânes, avec ses aventures relatées dans Bécassine pendant la Grande Guerre, suivi en 1917 puis 1918 de Bécassine chez les alliés et Bécassine mobilisée. Malgré tous les défauts du personnage (en particulier celui de véhiculer un racisme ordinaire et bienpensant), Bécassine traduit les devoirs et sentiments de son temps ; ses albums seront d’ailleurs interdits et brûlés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Benjamin RABIER Flambeau, chien de guerre Tallandier, 2003 25,00 Euros En 1916, Benjamin Rabier met son art du dessin et son génie animalier au service du patriotisme français et conçoit cet album pour instruire les enfants et soutenir le moral de l’arrière. Les péripéties de Flambeau, chien de guerre très laid mais très ingénieux, font œuvre de propagande « anti boche » (les Allemands ne sont jamais nommés autrement), mais souligne également l’absurdité des comportements humains.
Au temps de la Grande Guerre René PONTHUS, Ginette HOFFMANN Casterman, 1998.- (Des enfants dans l’Histoire) 7,50 Euros La Grande Guerre 1914-1918 Philippe GODARD Ed. du Sorbier, 2003.- (La vie des enfants) 12,00 Euros Ces deux ouvrages destinés aux 7-10 ans présentent aux enfants d’aujourd’hui le quotidien de leurs semblables pendant la guerre, le premier par le biais d’un récit accompagné de quelques rappels historiques, le second à travers un documentaire chapitré par grandes thématiques, illustré de documents d’époque et entrecoupé d’histoires courtes mettant en scène des enfants. Philippe BARBEAU La guerre d’Eliane Syros, 1998.- (Souris histoire) 4,00 Euros Le bonheur d’Eliane Syros, 1999.- (Souris histoire) 4,50 Euros Nous suivons le parcours de la jeune Eliane, 7 ans au départ de son père pour le front, jusqu’à la fin de la guerre dans le premier récit, puis durant l’aprèsguerre dans le second. Eliane doit assister sa mère au travail et à l’éducation de ses deux petits frères, supporter la perte du père remplacé par un compagnon alcoolique, endurer les maltraitances pendant la maladie de sa mère. Mais, heureusement, tout s’achève sur la promesse d’un premier amour… Olivier LARIZZA Mon père sera de retour pour les vendanges Anne Carrière, 2001 12,00 Euros Jeune auteur, Olivier Larizza s’intéresse à la Grande Guerre en donnant la parole à un garçon resté avec sa mère enceinte, dans leur petit village de Bretagne. L’enfant imagine entre les lignes écrites au front par le père l’horreur de la guerre, il doit aussi faire face à la tristesse et la solitude de sa mère, alors que ressurgissent les secrets de famille. L’écriture sobre et poignante de ce court roman le rend facilement accessible aux adolescents.
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LES CIVILS, COMBATTANTS DE L’ARRIÈRE
Si la souffrance des civils est sans commune mesure avec celle des soldats au front, la vie à l’arrière est éprouvante moralement comme physiquement. Elle peut surtout être bien différente selon les territoires : les régions dévastées par les combats puis occupées par l’armée allemande, telles que la Belgique et le Nord de la France, les zones de front et de bataille, paysages de désolation, saignés par les tranchées et défigurés par les villages en ruine, enfin l’arrière et surtout Paris, qu’il faut protéger coûte que coûte, où les plaisirs reprennent vite leurs droits, qui creuse et cristallise le malentendu entre les civils et les combattants. Les documents présentés permettent de dresser un panorama sensible et méconnu de tous les contrastes et ambiguïtés de la vie à l’arrière.
L’espionne et la résistante Louise de Bettignies : résistante lilloise (1880-1918) René DERUYK La Voix du Nord, 1998 18,00 Euros Femme du Nord née à Saint-Amand-lesEaux en 1880, Louise de Bettignies est le symbole de la résistance pendant la Grande Guerre. Infiniment pieuse mais d’une indépendance d’esprit et de comportement peu adapté à la vie monacale, elle devient préceptrice dans les plus grandes familles européennes. De retour à Lille au moment de l’entrée en guerre, elle soigne les blessés et, rapidement, s’engage dans la création d’un réseau de résistance avec une efficacité et une énergie sans faille. Elle tombe sur dénonciation et est condamnée à mort, mais sa peine sera commuée en prison à perpétuité. Déportée politique en Allemagne, elle meurt de maladie en 1918. Une statue en hommage à son courage et à son dévouement est érigée aux abords de Lille, en direction de Roubaix, en novembre 1927.
Mata Hari : Innocente ! Russel WARREN HOWE L’Archipel, 2007 21,95 Euros Le titre le proclame : Mata Hari ne fut que l’innocente et naïve victime d’un complot ! Née aux Pays-Bas en 1876 sous le nom de Margareta-Geertruida Zelle, divorcée d’un officier de l’armée coloniale aux Indes, célèbre danseuse orientale, courtisane auprès des plus grands personnages de l’époque (ou le laissant croire) et enfin espionne sous le nom de code H-21, elle est accusée d’intelligence avec l’ennemi par l’armée française et meurt le 15 octobre 1917 sous le peloton d’exécution. Le mythe pouvait alors commencer… Manipulée à des fins patriotiques par la France et l’Allemagne, Mata Hari fut aussi la victime de la morale de l’époque condamnant la liberté des mœurs.
1914-1918, Lille dans les serres allemandes René DERUYK La Voix du Nord, 1992 15,00 Euros Porté par son désir de réhabiliter les « boches du Nord » et sûrement empreint de bons sentiments patriotiques, le journaliste René Deruyk fait œuvre de mémoire subjective. Le titre de ce livre en est révélateur. Il a cependant le mérite d’être un des seuls à aborder le sujet de l’occupation allemande pendant la Première Guerre mondiale. Il a exhumé des archives jusqu’alors inexploitées et évoque avec conviction les brimades quotidiennes, les conflits politiques locaux, la résistance, les déportations, les pillages… 1914, les atrocités allemandes John HORNE, Alan KRAMER Tallandier, 2005 32,00 Euros La rumeur concernant les atrocités commises par l’armée allemande se diffuse dès que la Belgique est envahie. Les historiens John Horne et Alan Kramer ont enquêté et analysé ce phénomène de rumeur. Il y eut effectivement des incidents mineurs ou majeurs avérés, tels que saccages, exécutions, incendies, pillages, viols (cette dernière donnée étant peu mesurable en raison de la réticence des victimes à témoigner), que l’armée allemande justifiait par la lutte contre la participation civile au combat. Il était cependant nécessaire de démonter, archives et témoignages à l’appui, la propagande, les croyances et les mythes à ce sujet. Il en résulte une mise au point salutaire et plus formellement une mise entre guillemets systématique du terme « atrocités ».
spoliations et cruautés de l’occupation allemande. Ces temps de guerre, troubles et difficiles, seront partagés par les 7,6 millions d’habitants mais renforcera les divisions au sein de la société belge. Dans la tourmente de la Grande Guerre : Gens du Hainaut Anne-Marie DEVAUX Alan Sutton, 2001 18,30 Euros On suit Ferdinand Devaux, grand-père de l’auteur, et son gendre Michel Billiet, dans la « tourmente de la Grande Guerre ». Issus tous deux du Valenciennois, ils accomplirent leur guerre principalement dans ce secteur et nous parlent à travers leurs carnets de leur vie de combattants, de prisonniers et de blessés. Les habitants des villages, comme ceux des villes, ne sont pas épargnés, à la merci des occupants allemands, victimes de pillages lors du passage des troupes. La souffrance des civils est ici évoquée avec exactitude et humanité. Le Nord en guerre : 1914-1918 Claudine WALLART, Archives départementales du Nord/ Conseil général du Nord, 1998 4,00 Euros Le catalogue de l’exposition réalisée par les Archives départementales du Nord à l’occasion du 80e anniversaire de l’armistice offre une vision synthétique et richement documentée de tous les aspects, sur tous les secteurs, du « Nord en guerre » : les avancées et les reculs des armées autant que la vie sous l’occupation, le cas de la « forteresse lilloise » comme les difficultés vécues dans les petits villages.
La Belgique et la Première Guerre mondiale Sophie DE SCHAEPDRIJVER Archives et musées de la littérature, 2006 28,20 Euros Ce livre a d’abord été publié en langue flamande en 1997, cette nouvelle édition réactualisée et surtout traduite en langue française a permis de faire la synthèse des recherches sur l’histoire belge de cette période. Etat neutre envahi dès le 4 août 1914, le « royaume de Belgique » se rappellera longtemps des 29
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Les reflets de Paris : 1918-1919 Laurent TAILHADE Ressouvenances, 2006 18,30 Euros Monté à Paris, devenu proche des Parnassiens, Laurent Tailhade fait exploser sa fibre anarchiste et anticléricale dans des poèmes et des textes empreints de provocation. Le contexte de la Première Guerre mondiale renforce la vigueur et l’ironie de cet esprit libertaire, où l’on voit également transparaître une vaste culture et un profond amour de la nature. Dans ses chroniques, Tailhade enrage contre la légèreté des politiques et des commandements. Il peste contre la « sottise parisienne » des planqués qu’il oppose au destin tragique des poilus, tel une métaphore de la lutte des classes. Il célèbre aussi la nature avec des descriptions bucoliques, presque romantiques. « Petit merle ! […] ton trille pur d’acier et de cristal ne va-t-il point bientôt accréditer par le monde la fin de tous les hivers, de toutes les froidures, la douceur d’un nouveau printemps où, sous les arbres épanouis, marcheront enfin, liés par une fraternelle étreinte, les hommes exempts de haine, les hommes ne subissant d’autre joug que celui de la Raison et de l’Humanité ? » Tranchées et bowettes : Le Pays noir dans la guerre 14-18 Pierre THOMAS La Voix du Nord, 1998 18,00 Euros Pendant la Grande Guerre, des millions d’hommes souffrent et meurent pour regagner quelques arpents du territoire sous lequel se cache le bien le plus précieux de l’effort de guerre : le charbon. En secteur français, les mineurs ont eux aussi le sort du pays entre leurs mains et remontent des tonnes de houille. De l’autre côté du front, en zone occupée, les Allemands exploitent également le soussol, déplacent les populations et détruisent le patrimoine industriel. C’est l’histoire de ces destins parallèles en pays
minier, ceux des poilus et des gueules noires, ceux des populations sous l’oppression ou sous la mitraille, que raconte Pierre Thomas. Vivre à Paris pendant la Grande Guerre Pierre DARMON Hachette Littératures, 2004.- (Pluriel) 10,00 Euros Cet ouvrage, dense mais accessible, fait référence historiographique sur la vie à l’arrière, celle des « embusqués » dont la lâcheté et le confort provoquent la haine des soldats et de leur famille. Pourtant, tous cherchent à oublier la dureté de la guerre, les bombardements, les maladies, la faim, en s’étourdissant dans les plaisirs de la « vie parisienne ». Du début de la guerre à l’armistice, tous les événements qui ont rythmé les quatre années de conflit et leurs conséquences sur les populations sont abordés sous l’angle matériel mais aussi psychologique. Bernard LEGUILLIER Le village assassiné Vague Verte, 1996 14,00 Euros Chronique romancée de la vie dans les villages de Picardie avant, pendant et après la Grande Guerre, ces villages qui furent rasés, « assassinés » dit l’auteur, lors du retrait des troupes allemandes. C’est aussi le récit des fraternisations entre les habitants et les occupants, les privations, les évacuations et la désolation du retour. Maxence VAN DER MEERSCH Invasion 14 (in Gens du Nord) Omnibus, 2001 23,62 Euros Dans cette fresque littéraire, Maxence Van der Meersch retrace le quotidien des Roubaisiens en s’inspirant de témoignages, d’anecdotes et de faits réels. Ce récit, qui témoigne de la condition humaine, met à nu les comportements humains en temps de guerre : le courage des uns, la lâcheté des autres, les trafics pour survivre, la résistance à l’ennemi. Le lecteur prend plaisir à suivre les nombreux personnages, s’insurge contre le comportement de certains, s’inquiète pour d’autres. Une occasion pour tous de découvrir à partir d’épisodes locaux un aspect du conflit peu relaté dans l’histoire officielle.
L’INFORMATION SOUS LA MITRAILLE : DE LA PROPAGANDE AU JOURNAL DE FRONT Avant la guerre, l’information est déjà monopolisée par le conflit à venir et orientée vers la mise en condition de la population. La guerre déclarée, les médias sont d’autant plus mobilisés par cette situation exceptionnelle et dramatique et cherchent à répondre aux sollicitations croissantes du public. Celui-ci réclame bien sûr des informations sur l’issue des combats et des nouvelles de leurs proches mais souhaite aussi participer à l’élan patriotique et se laisse emporter par l’émotion voire la jouissance que procure le spectacle guerrier. Cependant, les médias, essentiellement la presse en 1914-1918, doivent faire face à un paradoxe : informer le pays sans renseigner l’ennemi. La mission d’entretenir le moral des combattants et des civils leur est assignée, ce qui passe par la censure et l’instrumentalisation de l’information et par l’interdiction pour les journalistes d’accéder au front. Dès la fin de la guerre, la sanction est terrible : le « bourrage de crâne » auquel se serait livré la presse est dénoncé et déchaîne mépris et colère dans l’opinion publique. Pourtant, de grands écrivains et journalistes ont tenté de rendre compte des réalités de la guerre et les combattants ont très vite créé leurs propres outils d’information.
Mensonges et désinformation : Eté 1914-1918. Comment on « vend » une guerre… Léon SCHIRMANN Italiques, 2003 19,00 Euros Léon Schirmann appuie là où ça fait mal et démonte la désinformation manifeste pratiquée en 1914 : la France n’aurait pas été à la hauteur pour éviter le conflit de 1914, devenu la Première Guerre mondiale. La propagande a fonctionné à plein régime afin de masquer les faiblesses du gouvernement français et faire porter la totale responsabilité à l’Allemagne. À la veille de la guerre, Jaurès a payé de sa vie sa volonté de dénoncer les manipulations.
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Les images, vecteurs de propagande 32
Les affiches de la Grande Guerre Martelle / Historial de la Grande Guerre, 1998 22,50 Euros À la fin du XIXe siècle, l’affiche illustrée représente un moyen de communication florissant. Pendant la Première Guerre mondiale, elle devient un moyen de propagande qui substitue au slogan commercial un message politique et financier. Elle est le reflet, parfois amusant, souvent effarant, des mentalités de l’époque et l’expression des volontés d’embrigadement des gouvernements. La Grande Guerre : Première partie : de 1914 à 1916 Le Livre de Paris, 1994.(Les grands dossiers de l’Illustration) 22,00 Euros La Grande Guerre : Deuxième partie : de 1917 à 1919 Le Livre de Paris, 1994.(Les grands dossiers de l’Illustration) 22,00 Euros Pendant la Première Guerre mondiale, L’Illustration, « journal universel », est un organe de presse acquis à la censure, pratiquant même l’autocensure. Il fallait certes informer la population mais ne pas renseigner l’ennemi. Il en reste une image subjective mais néanmoins passionnante de ce qu’on voyait et disait de la guerre pendant le conflit, une image qui correspondait à l’histoire officielle et qui a perduré dans de nombreux foyers après-guerre.
La grande guerre des crayons : les noirs dessins de la propagande en 1914-18 Jean-Pierre AUCLERT Robert Laffont, 1981 27,30 Euros Dès 1914 et dans tous les camps, les dessins édités par les journaux se sont mis au service de la propagande. Ce recueil riche en illustrations aborde les différents thèmes exploités par les caricatures : les atrocités allemandes (les mains coupées des bébés belges, les viols…), la lâcheté des alliés chez les Allemands, la personnalité ridiculisée des chefs d’État... Histoires de famille : cartes postales et culture de guerre Marie-Monique HUSS Noesis, 2000 35,00 Euros « Cartes postales utilisées par des millions de combattants, de femmes, de mères, de fiancées pour raconter - ou ne pas raconter, […] ces représentations sont le miroir de ce temps d’exception où l’on était prêt à la fois et à souffrir, et à mourir, et à aimer. […] Ce travail exemplaire veut nous faire réfléchir sur ces objets dont la mièvrerie ou la grivoiserie paraissent si dévastatrices dans leur insignifiance face à la guerre. » Annette Becker
Les journalistes « en terrain miné » 14-18 Grands reportages Omnibus, 2005 24,00 Euros Colette à Saint-Malo, Verdun et Rome, John Buchan dans la Somme, Karl Rösner au Q.G. allemand de la Marne, et Cendrars, Loti, Conan Doyle, H.G. Wells, Tolstoï…, sur tous les fronts, écrivains et intellectuels se font grands reporters dans les pas des combattants et racontent les difficultés de la vie à l’arrière. Entre censure et patriotisme, émotion et devoir journalistique, ces récits et reportages parus pendant la guerre sont des témoignages précieux de la circulation de l’information et du quotidien des populations combattantes ou civiles. Contre le bourrage de crâne Albert LONDRES Arléa, 1998 7,00 Euros Les reportages réunis dans ce livre concernent les années 1917 et 1918. Ils portent la trace évidente de la censure et de la révolte permanente d’Albert Londres contre le « bourrage de crâne ». Londres vit la guerre au plus près et compte bien exercer en toute intégrité son métier de grand reporter. L’état-major inscrira son nom dans une liste noire, assorti de la mention « mauvaise tête ». Feuilles bleu horizon : le livre d’or des journaux du front, 1914-1918 André CHARPENTIER Italiques, 2007 49,00 Euros « Ces journaux ont pour but de distraire et d‘amuser les combattants. En même temps, ils montrent à tous que nos soldats sont pleins de confiance et de courage. J’estime que leur publication mérite d’être envisagée avec bienveillance. » Ainsi parlait Joffre en 1915 de ces journaux du front, gazettes de guerre et autres canards de tranchée, tout en leur faisant appliquer la censure. Ces feuillets étaient souvent rédigés par des journalistes improvisés, ce qui leur a donné cet aspect si savoureux et si émouvant, mais y participèrent égale
ment des hommes politiques, des dessinateurs, des artistes ou des journalistes professionnels mobilisés. Humour noir, satire, poésie, historiettes, conseils pratiques, description des combats sont au rendez-vous pour amuser les soldats et remonter le moral des troupes. Le célèbre Canard enchaîné est un journal né dans les tranchées, il avait pour objectif de combattre le bourrage de crâne. Sa ligne éditoriale a conservé le même état d’esprit jusqu’à aujourd’hui ! La France en guerre : 1914-1915 Edith WHARTON Tournon, 2007 19,00 Euros « Envoyée spéciale » sur le front occidental pour un journal américain, Edith Wharton publie en 1915 des textes qui cherchent à provoquer une prise de conscience chez ses compatriotes. La célèbre romancière fait donc œuvre de propagande pour un pays qu’elle a adopté depuis 1907 ; elle emploie son talent et sa sensibilité dans la description des conséquences de la guerre, au front comme à l’arrière ; elle s’engage en même temps dans des actions sanitaires et humanitaires.
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EMPREINTES
Dès le début de la guerre de 14, les artistes (poètes, romanciers, peintres, cinéastes et musiciens) de toutes nationalités confondues se sont engagés dans le conflit : la création leur permit de témoigner de la vérité et d’exorciser les cauchemars de la guerre. Car « l’art est un anti-destin », comme le dit André Malraux. Quelles empreintes la guerre a-t-elle laissé dans leurs corps et leurs esprits avant de contaminer leurs œuvres ? Comment ontils choisi de traiter ce thème douloureux ? Et qui étaient-ils surtout ? La topographie et l’urbanisme ont également subi les carnages de la guerre : la violence des bombardements alliée à la technologie moderne a détruit des villes entières et défiguré les paysages troués par les obus, emportant les « arbres déracinés comme des tulipes ». Pour la première fois, on parla de guerre meurtrière à grande échelle. Les stigmates de la guerre ont aussi touché la société entière pendant et après-guerre : beaucoup d’hommes, hélas, ne sont pas revenus. La vie a dû s’organiser autrement : la femme a endossé de nouveaux rôles puis s’est émancipée. Il a fallu faire appel à l’immigration massive. On a vu apparaître des orphelins et des pupilles de la nation. Après cette grande hécatombe, tout était à reconstruire…
POÈTES ET ROMANCIERS AU COMBAT
« Sur nous s’est abattu l’orage des eaux, de la flamme et du fer, (…). » Poème De Profundis de Jean-Marc Bernard (1881-1915), tué au front. Poètes et romanciers furent confrontés à la Première Guerre mondiale de plein fouet. Certains, trop jeunes, périrent dans les tranchées ou lors d’affrontements majeurs. Ils s’appelaient Charles Péguy, Louis Pergaud, Alain-Fournier, Wilfred Owen ou Rupert Brooke. D’autres, plus chanceux, survécurent mais restèrent marqués à jamais au plus vif de leur âme et de leur chair : Blaise Cendrars, servant dans la Légion étrangère, perdit un bras ; le poète-soldat Guillaume Apollinaire, touché à la tête par un éclat d’obus, fut trépané puis décéda deux jours avant l’armistice des suites de la grippe espagnole. Le poète anglais, Siegfried Sassoon, après avoir honoré de ses services l’armée britannique, agitera dans ses écrits le tocsin de la révolte et du pacifisme. Les futurs membres du Surréalisme : l’infirmier Paul Eluard et les internes en médecine André Breton et Louis Aragon, chargés de recueillir les blessés revenant du front, se souviendront longtemps de cette tragédie de 14-18. « Nos » romanciers prirent aussi une part active à la Grande Guerre. Il n’est pas possible ici de les citer tous. Maurice Genevoix, « le plus grand peintre de cette guerre », Roland Dorgelès et Henri Barbusse sont par leurs voix et leurs engagements la mémoire combattante de nos poilus. Dans le camp d’en face, derrière les barbelés et les chevaux de frise, on trouve surtout la figure casquée du grand écrivain allemand Ernst Jünger. Chez nos alliés, de formidables auteurs en devenir comme les Américains Ernest Hemingway et John Dos Passos, ainsi que les Anglais Robert Graves et Frederic Manning en furent tout autant bouleversés, précipités dans cette guerre en pleine jeunesse. Dans leurs livres, tous dénoncent l’absurdité de la guerre, le quotidien des combats fratricides avec un réalisme nu… Poètes et romanciers sont à la fois les acteurs et les témoins de la peine des hommes et de la barbarie. Très vite, en chacun d’eux s’est imposé un irrépressible devoir de mémoire : celui de restituer au plus grand nombre « l’expérience du front »… pendant le conflit pour certains (même si leurs écrits furent mutilés par la censure) ou quelques années plus tard pour d’autres. L’impact et l’empreinte de cette guerre dans leurs corps et leurs mémoires sont tels qu’elle ne cessera jamais véritablement de les hanter. Chacun d’eux s’est exprimé pour survivre à l’insupportable, se délivrer de l’horreur des combats, se laver de cette guerre mais surtout pour témoigner « à la mémoire des morts et au passé des survivants »1. Ils relatent pour transmettre, racontent la solidarité qui a noué les hommes… au-delà du cataclysme commun. Dans le même temps, ils ont témoigné au-delà des mots, comme l’affirme si bien Jean-Pierre Guéno, de l’indicible, de la déchéance de la condition humaine « lorsqu’elle s’aventure trop près de l’insondable gouffre de l’inhumanité ». 1 Dédicace contenue dans le livre de Maurice Genevoix, Ceux de 14.
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LES POÈTES Guillaume Apollinaire, le poète-soldat amoureux « Je pense à toi mon Lou ton cœur est ma caserne » Poèmes à Lou, IV Le Russe-Polonais Wilhelm de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire (1880-1918), fut l’ami des peintres cubistes et, avec Cendrars, le poète du monde moderne. En 1914, il est surtout l’amoureux transi de Louise de ColignyChâtillon, dite « Lou », qu’il rencontre à Nice avant de rejoindre le front. À l’arrière où il s’ennuie, entre deux canonnades, il fait fleurir pour elle lettres et poèmes même si leur liaison sera de courte durée… Il s’évade ainsi de la guerre par l’amour et la poésie dans une sorte de réel sublimé. Cela donnera deux recueils importants : Calligrammes (1918) et Poèmes à Lou (1947) ainsi qu’une copieuse correspondance sensuelle et passionnée reprise dans Lettres à Lou (1969). Après l’artillerie, Apollinaire rejoint l’infanterie en 1916. Le 17 mars, il est blessé d’un éclat d’obus à la tempe droite lors d’un violent bombardement, avant d’être trépané quelques mois plus tard. Déclaré inapte, Apollinaire retrouve ses amis Picasso, Cocteau, Max Jacob, Reverdy et les futurs surréalistes : Aragon, Soupault, Breton… renouant avec les cercles littéraires parisiens. Le 9 novembre 1918, Apollinaire meurt à 38 ans des dommages collatéraux de la Grande Guerre, non sans avoir montré, dans un discours à l’intention des jeunes générations, la voie de « L’Esprit nouveau » et inventé le mot de « Surréalisme ». Apollinaire au feu : Catalogue Historial de la Grande Guerre de Péronne, 2005 19,00 Euros Guillaume APOLLINAIRE Si je mourais là-bas : poèmes de la Grande Guerre (issus de Calligrammes et de Poèmes à Lou) Complexe, 2006 19,90 Euros
Extraits de Poèmes à Lou, Alcools de Guillaume Apollinaire Lus par Jean-Louis TRINTIGNANT Musique Daniel MILLE, Erik SATIE Abacaba, 2004 21,44 Euros CD Lettres à Lou de Guillaume Apollinaire Lues par Gérard DESARTHE Gallimard, 2006.- (Ecoutez lire) 16,00 Euros CD Apollinaire en 1914 http://www.wiu.edu/Apollinaire Sur ce site qui lui est consacré, vous verrez Apollinaire s’agiter en 1914 sur un petit film noir et blanc, en compagnie de son ami André Rouveyre ; vous l’entendrez aussi réciter deux de ses célèbres poèmes, Marie et Le Pont Mirabeau.
Blaise Cendrars, engagé volontaire sur le front nord « Comme si la place d’un poète n’est pas parmi les hommes, ses frères, quand cela va mal et que tout croule, l’humanité, la civilisation et le reste. » L’homme foudroyé Pendant la guerre, contrairement à Apollinaire, le Suisse Frédéric Louis Sauser alias Blaise Cendrars renonce à écrire (à l’exception d’un poème, La Guerre au Luxembourg (1916), et d’un court texte en prose, J’ai tué (1918), où il évoquera le meurtre de l’autre dans toute sa brutalité.) Il s’engage dans la Légion étrangère, combat sur le front nord, de la Marne à la Somme, de Notre-Dame de Lorette à Vimy, puis
finira caporal dans les tranchées du Nord de la France après que son bataillon ait été décimé. Blessé en 1915, il sera amputé de l’avant-bras droit. Il signera alors ses ouvrages de son invariable dédicace : « Avec ma main amie. » Deux récits de guerre écrits 30 ans plus tard, L’homme foudroyé (1945) et La main coupée (1946) reviennent sur cette expérience traumatisante. Mais là où d’autres sombreraient dans le pathos, Cendrars décide d’en faire deux épopées au style musclé, drôlement jubilatoire ! Ces deux romans sont bien plus qu’un récit de la guerre de 14-18… Dans la première partie de L’homme foudroyé, Cendrars évoque aussi sa confrontation avec la mort absurde, la fraternité, la peur de mourir qui saisit, peu à peu, chaque soldat. Ce roman, apparemment décousu, fourmille de correspondances. Le lien entre tous les épisodes marquants, c’est Cendrars, « l’homme foudroyé » qui, écrivant, « brûle à nouveau » et renaît de la cendre de ses souvenirs. Dans La main coupée, Cendrars raconte les aventures dramatico-picaresques de son escouade de légionnaires sur le front. Le poète émaille son récit de « joyeusetés » et d’anecdotes sur ses compagnons d’infortune, dressant pardelà l’horreur quelques portraits inoubliables. Ce qui fit dire à Henry Miller : « Salut, cher Blaise Cendrars ! Tu es musicien ! Autant que de diatribes au vitriol, nous avons besoin de mots réconfortants – et tu nous les apportes ! » Blaise CENDRARS La main coupée, suivi de La main coupée (1918), suivi de La femme et le soldat Tout autour d’aujourd’hui, volume 6, Œuvres complètes Denoël, 2002 23,00 Euros
Blaise CENDRARS La main coupée Lu par Jacques BONNAFFÉ Gallimard, 2005.- (Ecoutez lire) 22,00 Euros CD Blaise CENDRARS L’homme foudroyé Gallimard, 2005.- (Folio) 7,20 Euros Gisèle BIENNE La ferme de Navarin Gallimard, 2008.- (L’un et l’autre) 14,50 Euros Wilfred Owen, le sens du sacrifice et de la poésie « Ceux qui couraient en ce dernier haut lieu, Fendant la vague des balles, balayés (…) On dit d’eux que Dieu les prit avant même qu’ils fussent tombés. » Poème Offensive de printemps, extrait du recueil Et chaque lent crépuscule Plus lyrique et romantique que son aîné Siegfried Sassoon, en raison de son jeune âge, le poète anglais Wilfred Owen (1893-1918) laisse malgré sa brève existence un recueil bouleversant à la portée universelle. L’édition, proposée par l’écrivain belge Xavier Hanotte, regroupe les meilleurs poèmes de guerre de l’auteur - « War poems » - ainsi que des lettres émouvantes adressées à sa mère et à sa sœur ; ces dernières rendent compte à la fois de la violence et de l’âpreté des combats qui font rage et de la bonté lumineuse du lieutenant Owen qui court vers le sacrifice, comme tant d’innocents, de compatriotes britanniques… Tombé à Ors (Nord), discret village du Cambrésis, le 4 novembre 1918, en franchissant les berges du canal de la 37
38 Sambre, Owen ne renoncera jamais à l’innocence, à la compassion, à l’amour et à la foi candide en une éternité meilleure, jusqu’au bout : « C’est la belle vie. Davantage hélas que vous, chère Mère, j’oublie le hideux reflet des canons dehors, et les impacts creux des obus. » Voilà, peut-être, ce qui touche le plus dans cette œuvre et ce destin fauchés en plein vol. Depuis, la mémoire du poète est honorée par des amis connus et inconnus qui, d’Angleterre et de France, se rendent jusqu’au petit cimetière d’Ors où le poète repose… Signalons que le célèbre compositeur Benjamin Britten s’est inspiré des poèmes d’Owen pour écrire son War Requiem, mise en garde contre les folies de la guerre. Trois autres grands poètes britanniques ne sont pas revenus de cette guerre : Charles Hamilton Sorey, mort à 20 ans, lors de la bataille de Loos-en-Gohelle en octobre 1915, Isaac Rosenberg tué à 28 ans sur le front de la Somme en avril 1918 et Rupert Brooke, décédé de pneumonie au même âge, alors qu’il s’apprêtait à partir à la bataille de Gallipoli (Turquie). Wilfred OWEN Et chaque lent crépuscule… : poèmes et lettres de guerre (1916-1918) Trad. Xavier HANOTTE Le Castor Astral, 2001.- (Escales du Nord) 13,00 Euros Benjamin BRITTEN, John Eliot GARDINER, NDR-Sinfonierorchester War Requiem Textes de la Missa pro defunctis et poèmes de Wilfred OWEN Deutsche Grammophon, 1993 26,00 Euros Wilfred Owen Nord’ : revue de critique et de création littéraires du Nord-Pas-de-Calais N°32 - Octobre 2008 15,00 Euros Association Wilfred Owen http://www.wilfredowen.fr L’Association Wilfred Owen France perpétue la mémoire de Wilfred Owen
et de son œuvre au niveau local et international. Elle initie également des colloques, journées d’études et rendez-vous, liant la Grande Guerre et la création artistique. Siegfried Sassoon, de l’héroïsme à la révolte « Ô vous (…), Quand vous acclamez les soldats qui passent (…), priez de ne jamais connaître L’enfer où s’en vont rire et jeunesse. » Poème Suicide dans les tranchées, extrait du recueil Qu’est-ce que ça peut faire ? Siegfried Sassoon (1887-1967), officier et poète anglais comme le jeune Wilfred Owen, fut aussi de sept ans son aîné et son modèle littéraire. Les deux hommes se rencontrèrent en 1917 à l’hôpital militaire de Craiglockhart, en Écosse, au moment même où Sassoon choisit de se rebeller. Sa Déclaration d’un soldat fit l’effet d’une bombe car il y fustigeait le haut commandement militaire qu’il accusait de faire durer la guerre. Dans ses poèmes, Sassoon laisse éclater son indignation et son dégoût contre cette guerre « absurde »… Qu’y dépeint-il ? Des scènes atroces, très réalistes, de bombardements et de combats de tranchées, où la mort est omniprésente. Il n’enjolive rien, pas plus qu’il ne glorifie l’héroïsme des soldats. Il montre la peur et l’angoisse qui les tenaillent au cœur des plus sombres événements, les terribles séquelles de la guerre chez les survivants. Et quand le désespoir est trop vif, le poète use en dernier recours de l’ironie : « Combien de morts ? Autant que tu veux. (…) Qui veut mes jolis corps tout frais, un penny les deux. »
Siegfried SASSOON Qu’est-ce que ça peut faire ? : poèmes 1914-1918 L’Arbre, 2004 13,00 Euros Siegfried SASSOON Mémoires d’un chasseur de renards Trad. A. SEMEZIES, J. ELSEY Phébus, 1995.- (D’aujourd’hui étranger) 20,43 Euros Les poètes de la Grande Guerre : Anthologie Jacques BREAL Le Cherche-Midi, 1992 (en réimpr.).(Espaces) 13,50 Euros Quels poètes ont écrit, témoigné, résisté et chanté sous les salves des mitrailleuses, la déflagration des obus, la brûlure des gaz de combat ? On retrouve de grands écrivains contemporains : Vildrac, Cocteau, Claudel, Eluard, Dorgelès, Montherlant, Duhamel, Cendrars, Apollinaire… et beaucoup d’autres auteurs méconnus, non moins intéressants. La plupart d’entre eux relatent la violence des affrontements, l’apparition des machines de guerre véritables « moulins de la mort » -, l’horreur des tranchées ou saluent la mémoire des camarades soldats tombés aux champs d’honneur. Ils célèbrent aussi les lendemains de fête, la victoire, la liberté reconquise, avec la même intensité, à l’exemple des vers enthousiastes d’un Paul Dermée : « Bleu bleu bleu ce long été de 1918. Et des reflets à toutes les vitres » où l’air que l’on respire paraît, soudain, délivré.
LES ROMANCIERS Les grands romans de 14-18 : Henri Barbusse Le Feu, Roland Dorgelès Les Croix de bois, Joseph Kessel L’Équipage, Ernst Jünger Orages d’acier, Arnold Zweig Éducation héroïque devant Verdun, Jérôme et Jean Tharaud La Randonnée de Samba Diouf Omnibus, 2006 25,00 Euros Maurice GENEVOIX Ceux de 14 Omnibus, 1998 23,60 Euros Georges DUHAMEL Vie des martyrs et autres récits des temps de guerre Omnibus, 2005 25,00 Euros La guerre de 14-18 est à l’origine d’une abondante production romanesque, littérature de témoignage, de contestation principalement. Les classiques de 14 : Les Croix de bois de Dorgelès, Le Feu de Barbusse (prix Goncourt en 1916) ou Orages d’acier de l’Allemand Jünger ont marqué les consciences… On regrette que le chef-d’œuvre monumental de Maurice Genevoix, Ceux de 14, n’y figure pas, et pour cause, il comporte plus de cinq cents pages comme Vie des martyrs et autres récits des temps de guerre de Georges Duhamel auxquels l’éditeur Omnibus a consacré deux autres tomes agrémentés de reproductions d’époque du lieutenant Genevoix au front et du médecin-chirurgien Duhamel au service des mutilés de la Grande Guerre. Avec ces trois ouvrages fondamentaux, vous êtes bien armés pour revivre - au plus près - les affres de poilus célèbres en la personne de quelques-uns de nos plus fameux écrivains !
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40 Roger MARTIN DU GARD L’été 1914 (Dernière partie du roman Les Thibault) Les Thibault, Tome 1 : Le cahier gris, Le pénitencier, La belle saison, La consultation, La Sorellina Les Thibault, Tome 2 : La mort du père, L’été 1914 Les Thibault, Tome 3 : L’été 1914 (suite et fin), Épilogue Gallimard, 2004-2007.- (Folio) 26,70 Euros les trois tomes Le grand cycle romanesque Les Thibault de Roger Martin du Gard peint l’histoire d’une famille bourgeoise du début du siècle à 1914 (on songe aussi à deux autres sagas : Les Hommes de bonne volonté de Jules Romains et les Pasquier de Georges Duhamel). Ce tour de force lui valut le prix Nobel de littérature en 1937. L’été 14, le dernier tome de cette saga familiale, fait évoluer les principaux personnages du roman au cœur de la tourmente où leurs destins vont se dénouer… André MAUROIS Les silences du colonel Bramble Grasset, 2003.- (Les Cahiers Rouges) 7,40 Euros André MAUROIS Les silences du colonel Bramble Frémeaux & associés, 2007 29,99 Euros 3 CD + 1 livret Pour son premier roman insolite et raffiné, édité à compte d’auteur en 1917 et devenu par la suite un succès de librairie, le jeune André Maurois s’est inspiré de son expérience d’agent de liaison dans l’armée britannique lors de la Première Guerre mondiale. Quatre officiers-gentlemen conversent sur l’existence : philosophie, sport, musique, mœurs, coutumes, sens de l’honneur et flegme de nos alliés britanniques. Tout est passé au peigne fin, subtilement analysé et dépeint avec acuité par l’écrivain. Voici un petit livre spirituel, attachant, original et qui détonne au milieu du concert de tous les autres. Robert GRAVES Adieu à tout cela Autrement, 1998.- (Littératures) 22,95 Euros Ce livre de l’écrivain britannique Robert Graves est un récit autobiogra-
phique : Robert von Ranke Graves appartient à une famille de la bourgeoisie anglaise protestante. Il passe son enfance à Wimbledon et pendant les vacances se rend régulièrement en Allemagne, chez sa famille maternelle, près de Munich. À 19 ans, l’âge où l’on devient étudiant, le jeune Graves, idéaliste et rebelle, n’est pas mécontent, en s’engageant, d’échapper à Oxford où il devait entrer à l’automne 1914. D’autant plus que la guerre devait être courte… L’officier Robert Graves des Royal Welch Fusiliers participe activement à l’expérience terrifiante des tranchées (puis à la guerre de mouvement sur le front de Somme). Il se révèle être un chef téméraire qui n’a pas froid aux yeux. Le cantonnement de son bataillon est basé dans le secteur Béthune-La Bassée. La nuit, il n’hésite pas à s’approcher des lignes allemandes pour observer les manœuvres du camp d’en face. En 1916, lors d’une offensive en Picardie, dans le bois des Freux, il est gravement blessé au poumon par un éclat d’obus et déclaré mort dans le Times tandis qu’on le rapatrie dans un navire-hôpital vers l’Angleterre. Même s’il rejoint quelque temps après l’arrière du front en tant que capitaine instructeur, sa santé et son moral se détériorent rapidement : « En continuant cette guerre, il nous paraissait que les jeunes générations d’idéalistes ne faisaient que sacrifier à la bêtise et à l’effroi protectionnistes de leurs aînés. » Malade des nerfs, son traumatisme grandit. En 1918, Robert Graves, vingttrois ans, n’arrive plus à se réjouir de l’armistice signé. Il ne cesse de maudire le sort, de sangloter et de penser aux disparus, comme Wilfred Owen qui lui envoyait ses poèmes de France. Ce récit capital, écrit quelques 10 ans après, fut une thérapie pour Graves : tout en tirant un trait sur son passé, il lui permit de s’interroger sur les valeurs de la société et le sens de l’existence.
Frédéric MANNING Nous étions des hommes Phébus, 2002 20,00 Euros C’est l’histoire d’un simple soldat dans la Première Guerre mondiale. Le soldat Bourne refuse de devenir officier et préfère rester auprès de la troupe, ce qui inquiète sa hiérarchie. Ce roman oublié et censuré est paru pour la première fois en 1929. Salué par Hemingway et William Boyd comme l’un des plus beaux romans sur la Grande Guerre, il a été découvert par un large public lors de sa réédition. Frédéric Manning était dans la Somme en 1916 comme engagé volontaire. Il ne décrit pas la ligne de front, il en envoie des flashs, des éclats, autant d’impressions contradictoires.
Pour aller plus loin… Écrivains combattants de la Grande Guerre B. Giovanangeli ; Ministère de la Défense, 2004 20,00 Euros Jacques VACHÉ Lettres de guerre Mille et une nuits, 2001.- (La petite collection) 1,95 Euros La Mémoire du Grand Meaulnes Jean-Pierre GUÉNO, Alain RIVIÈRE Robert Laffont, 1995 15,09 Euros Louis-Ferdinand CÉLINE Voyage au bout de la nuit Gallimard, 2006.- (Folio) 6,90 Euros Jean GIONO Le grand troupeau Gallimard, 1983.- (Folio) 5,30 Euros Max DEAUVILLE La boue des Flandres : et autres récits de la Grande Guerre Labor, 2006.- (Espace Nord) 10,00 Euros
Edlef KÖPPEN L’ordre du jour Trad. de l’allemand François PONCET Tallandier, 2006 20,00 Euros Si ce n’était l’époque et ce qui s’y passe, ce serait une promenade dans des lieux familiers : Lens, Liévin, Souchez, Lorette… Mais nous sommes en 1915 et cette litanie recouvre le théâtre d’une guerre criminelle où le soldat meurt sans comprendre. Heureusement, les chefs d’État et les états-majors savent, eux. Ils le notifient dans les divers communiqués et déclarations que relaie une presse peu critique, quel que soit le camp. Ces fanfaronnades patriotiques, émanant de ceux dont on pressent qu’ils mènent une guerre sur cartes d’état-major, s’entremêlent au récit en partie autobiographique d’une réalité sinistre qui dit la terrible aberration de la guerre. Ce qui rend ce livre allemand étonnant, passionnant et d’une grande modernité littéraire. En le refermant, on se surprend à chanter Vian : « Je ne veux pas la faire, je ne suis pas sur terre pour tuer de pauvres gens… », mais que ferions-nous si on nous appelait ?
Rupert BROOKE Si je meurs… : 1914 et autres poèmes Bartillat, 2003 19,00 Euros Ernest HEMINGWAY L’adieu aux armes Gallimard, 1982.- (Folio) 6,60 Euros John DOS PASSOS L’initiation d’un homme : 1917 Gallimard, 1997.- (Folio) 5,10 Euros Yvan GOLL Europe : revue littéraire mensuelle N°899 - Mars 2004 18,30 Euros D’origine juive, Yvan Goll (1891-1950), de son vrai nom Isaac Lang, poète franco-allemand, fut de toutes les avant-gardes (Expressionnisme, Dadaïsme, Surréalisme) et rencontra des artistes du monde entier. Dès 1914, exilé en Suisse, il s’éleva dans ses écrits contre la guerre : « J’écris en allemand et en français mais je n’appartiens qu’à l’Europe. » Un auteur trop oublié. Le Rouge et le Gris : Ernst Jünger dans la Grande Guerre Hors Oeil, 2007 53,00 Euros DVD-ROM
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DES ARTISTES DANS LA TOURMENTE PEINTURE « Une bataille, c’est un paysage qui tire sur vous » L. Moreau-Vauthier L’art et la Première Guerre mondiale http://www.art-ww1.com/fr/visite.html Les peintres comme les autres hommes en âge d’aller combattre sont envoyés sur le front. Ils sont alors confrontés à des visions traumatisantes et entièrement nouvelles. Comment traduire par leur art ce qui ne peut être montré ? Ce site propose une visite guidée de l’exposition intitulée La couleur des larmes, qui a réuni les œuvres les plus marquantes créées des deux côtés de la ligne de front. Les œuvres sont classées suivant la chronologie des événements et les types de combats. Un index des artistes est également disponible. Naturellement, la peinture de guerre a toujours existé. Mais peut-on représenter de manière académique cette guerre semblable à aucune autre ? Comment peindre l’ypérite par exemple autrement que par la stylisation ? Parallèlement aux évolutions techniques et stratégiques, les nouveaux styles de peintures révolutionnent l’art et les visions de cette guerre passent par les filtres nabis, cubistes ou expressionnistes. Allemagne, les années noires Bertrand LORQUIN, Annette VOGELl, Hans WILDERROTTER Gallimard ; Fondation Dina ViernyMusée Maillol, 2007 35,00 Euros Des œuvres de Georg Grosz, Max Bechmann, John Heartfield ou d’Otto Dix exposées au Musée Maillol nous présentent un portrait au vitriol de la société allemande. Traumatisés par la
Première Guerre mondiale, les peintres expressionnistes nous montrent la guerre sans fard, dans toute sa violence et sa crudité. Rien de plus fort n’a été créé depuis les Désastres de la guerre de Goya pour condamner l’horreur. Paysages dévastés, ruines, trous d’obus défigurant la terre, charniers, cadavres d’hommes et d’animaux éventrés, mutilés, pourrissants, côtoient les êtres encore vivants mais mutilés dans leur chair comme dans leur âme, blessés, fous, défigurés. Leur art nous met en face de la responsabilité de l’humanité. Leur message indésirable fut refoulé, refusé et nié, jugé décadent par les instances nazies. On peut contempler l’intégrale des gravures de La Guerre (Kriegsmappe) d’Otto Dix à l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. Carnets de guerre, 1914-1918 André MARE Prés. Laurence GRAFFIN Herscher, 1996 44,00 Euros Quelle émouvante histoire que celle d’André Mare ! Cet élève des BeauxArts, ami de Fernand Léger, est envoyé sur le front comme des millions de jeunes Français. Il ne se séparera jamais de son bien le plus précieux : ses carnets de dessin. Durant tout le conflit, il peint, croque et dessine sur le vif des portraits de soldats, des paysages de champs de bataille, évoluant de l’aquarelle au cubisme, agrémentant aussi sa chronique de la « Grande Guerre » des photos de son vest-pocket Kodak. Après l’offensive de Champagne, Mare rejoint une section de « camouflage » qui officiera surtout dans le Pas-de-Calais, les Flandres, la Somme, l’Aisne et l’Oise. Avec ses camarades, il réalise des leurres, des peintures en trompe-l’œil pour dissimuler des hommes, des routes, des périscopes dans des ruines ou des arbres-observatoires en carton-pâte, à 150 mètres parfois des lignes ennemies… André Mare ne survivra hélas pas longtemps à l’après-guerre, les gaz lui ayant rongé les poumons, mais il tenait à léguer à l’humanité le contenu de ses dix carnets, ce livre d’art et de témoignage unique, bouleversant.
Pour aller plus loin… Alain et Tresch : 1914-1918, un philosophe, un peintre, dans les tranchées Mémoires des arts, 2005 29,00 Euros Croquis et dessins de poilus : une collection du ministère de la Défense Somogy, 2002 38,00 Euros (Épuisé) La Première Guerre mondiale vue par les peintres Frédéric LACAILLE Citedis, 1998 20,00 Euros Les peintres de la Grande Guerre : archives de L’Illustration Trésor du patrimoine, 2004 34,50 Euros Une correspondance de guerre à Louis Poughon, 1914-1918 Fernand LÉGER Les cahiers du Musée national d’Art moderne, 1997 16,77 Euros Otto Dix : dessins d’une guerre à l’autre Christian DEROUET Gallimard, 2003 39,00 Euros Recueil de dessins de la Grande Guerre http://dessins1418.free.fr
CINÉMA Dès 1918, le cinéma s’empare de la Grande Guerre avec des films américains signés de grands noms tels que D. W. Griffith ou Charlie Chaplin. Le célèbre J’accuse (1919) d’Abel Gance et Blaise Cendrars est pour le moment indisponible. Cependant, au cours des années 30, le point de vue change. On passe de la glorification de l’héroïsme à la condamnation de la grande boucherie.
Charlot soldat Charlie CHAPLIN MK2, 1993 23,90 Euros Dans un camp militaire américain, de nouvelles recrues s’entraînent avant de partir à la guerre en France. L’entraînement est épuisant et Charlot s’endort aussitôt l’exercice fini. Une fois arrivé dans les tranchées, il doit s’accommoder de l’insalubrité et du mal du pays, tandis que les obus pleuvent et que les batailles font rage. Réalisé au moment où la Première Guerre mondiale prenait fin, Charlot soldat reste l’une des meilleures comédies du genre. Pas de comique troupier ici, juste du burlesque de qualité, sans autre prétention que de faire rire.
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Pour aller plus loin… Verdun : visions d’histoire Léon POIRIER Carlotta, 2006 42,00 Euros Film documentaire de 1928 tourné sur les lieux même de la bataille
Têtes de pioches LAUREL et HARDY Universal, 2006 35,00 Euros 1918 : Laurel et Hardy combattent sur le front en Europe. Tandis que Laurel garde la tranchée, Hardy part à l’offensive. Mais ni Hardy, ni le reste de la troupe ne reviennent et Laurel attend ainsi pendant 20 ans, ignorant la signature de l’armistice. Quand il est rapatrié aux Etats-Unis, Hardy retrouve son compagnon d’arme et le ramène chez lui pour le présenter à sa femme. Les catastrophes arrivent car Laurel a beaucoup de mal à s’adapter à la vie moderne. Tourné en 1938, ce film traite de façon burlesque le difficile retour d’un soldat à la vie civile au moment où une autre guerre pointe le bout de son nez. La grande illusion Jean RENOIR Studio Canal, 2004 31,30 Euros Prix du meilleur ensemble artistique au Festival de Venise de 1937, réalisé dans un contexte politique si proche de la Première Guerre mondiale et déjà si trouble, La grande illusion demeure un symbole parmi les films pacifistes de l’entre-deux-guerres. Il ose montrer l’amitié et l’estime qui peut naître entre individus de deux pays ennemis en temps de guerre. Une certaine idée chevaleresque de la noblesse et du devoir va en effet rapprocher le Français Boieldieu (Pierre Fresnay, au sommet de son art) et l’Allemand Von Rauffenstein (Erich Von Stroheim, toujours aussi émouvant). Sans renoncer pour autant à leurs idéaux, sans trahir, ils ne rejettent pas un seul instant la fraternité qui les unit.
À l’Ouest rien de nouveau Lewis MILESTON Universal, 2005 53,00 Euros 2 Oscars en 1930 : Meilleur film et Meilleur réalisateur La Patrouille perdue John FORD Montparnasse, 2003 14,10 Euros Considéré par la critique américaine comme le meilleur film de l’année 1934
MUSIQUE Nombreux furent les musiciens et les compositeurs, de toutes nationalités, qui participèrent à la Première Guerre mondiale. Certains y perdirent la vie et nombre de carrières prometteuses furent ainsi interrompues. Malheureusement, la disponibilité actuelle des enregistrements ne permet pas une évocation très large, les musiciens allemands, par exemple, étant absents de cette bibliographie. Reynaldo HAHN, Hüseyin SERMET Oeuvres pour deux pianos Audivis, 1992 20,00 Euros On connaît Reynaldo Hahn pour ses œuvres légères : opérettes, musiques de ballets, valses. Il est temps de redécouvrir ses œuvres pour piano, indissolublement liées au contexte de la Grande Guerre. Né d’un père allemand et d’une mère vénézuelienne, il est déjà célèbre pour sa musique et ses liens avec la haute société artistique et mondaine, quand en 1912, il obtient la nationalité française. Dès le début de la guerre, il est engagé volontaire. On retrouve l’élégante mélancolie de sa musique dans Pour bercer un convalescent, composé en 1915 pour Henri
Bardac, « sergent au 306e régiment d’infanterie, grièvement blessé à la bataille de l’Aisne ». C’est au front qu’il compose une de ses plus célèbres œuvres, Le ruban dénoué, pour deux pianos. La douceur de ces douze valses contraste avec le contexte dans lequel elles furent écrites puisque l’une d’elle fut même notée sous un bombardement.
Maurice RAVEL, Samson FRANCOIS, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire Concerto pour piano et orchestre en sol majeur ; Concerto pour la main gauche EMI Records, 1960-1987 20,00 Euros Contrairement à Debussy, Ravel n’a pas englobé dans la haine de « l’ennemi » la culture germanique et particulièrement la musique dès la déclaration de guerre. Bien que désireux de se battre sur le front, il sépare art et politique. Le plus beau symbole en est le Concerto pour la main gauche commandé par le pianiste virtuose mutilé Wittgenstein à la fin des années 20. Ce n’est pas le premier concerto écrit pour une seule main de l’histoire de la musique. Cependant, comment ne pas reconnaître le statut particulier de cette œuvre ? Créée à Vienne le 27 novembre 1931 avec succès, n’est-elle pas le symbole d’une fragile réconciliation voulue par les artistes dans une Europe déchirée ? La limpidité du chant élégiaque du piano, où l’art illusionniste de Ravel parvient à nous faire oublier la mutilation du pianiste, sera finalement brisée par les rythmes violents d’une fanfare apocalyptique, sonnant comme une réminiscence des horreurs qu’avait connu Ravel comme ambulancier. Les deux musiciens se brouillèrent ensuite, mais ceci est une autre histoire.
Deux musiciens dans la Grande Guerre Maurice MARECHAL, Lucien DUROSOIR Tallandier, 2005 23,00 Euros Maurice Maréchal, le plus grand violoncelliste de la première partie du XXe siècle, et son ami Lucien Durosoir, violoniste virtuose, sont plongés comme tant d’autres dans la Grande Guerre. Ce livre reprend de larges extraits des lettres de Lucien Durosoir et des carnets de Maurice Maréchal. Un cahier de photos où l’on peut voir l’étrange violoncelle de guerre de M. Maréchal, taillé dans une caisse de munitions allemande et baptisé « poilu », accompagne le texte, ainsi qu’un rare enregistrement reprenant des compositions inédites de Durosoir. Le général Mangin, amateur de musique, a réuni autour de lui les meilleurs musiciens mobilisés pour de petits concerts, ce qui leur a permis de continuer à pratiquer leur art entre deux combats.
Pour aller plus loin… Gustav HOLST The Planets Decca, 2006 20,00 Euros C’est du premier conflit mondial que Holst s’inspira pour écrire le mouvement consacré à Mars, la planète sanglante vouée au dieu de la guerre. Edward ELGAR Pomp & circumstance Teldec classics, 1991-1993 20,00 Euros Elles sont qualifiées habituellement de « deuxième hymne national britannique ». Emile JAQUES-DALCROZE 1914, Impressions Tragiques Sterling, 2004 21,80 Euros La musique au fusil : avec les poilus de la Grande Guerre Claude RIBOUILLAULT Ed. du Rouergue, 1996 38,11 Euros (Manque provisoirement) Histoire culturelle de la Grande Guerre Armand Colin, 2005 24,00 Euros La Grande Guerre vue par les artistes et les
écrivains (1914-1918) Librio, 2006 2,00 Euros
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(R)ÉVOLUTIONS : L’AVÈNEMENT DU MONDE MODERNE
ies de s chargent à cheval, suiv ise ça an fr s pe ou tr s le , iforEn 1914 baïonnette dans son un la à t au ss l’a e nc la i qu l’infanterie soldats se déplacent en s le , 18 19 En e. nc ra me rouge ga es et l’aviation appuie iv ns fe of s le t en vr ou s camion, les char des innovations techité of pr a ée rm l’a s, an les attaques. En 4 r la même occapa t an ifi od m r, se ni er od ais nologiques pour se m ent des combats. Désorm em ul ro dé le et s ue iq ct jussion les ta ande échelle. En effet, gr à re riè rt eu m t en vi la guerre de lits était causée prinnf co s le nt ra du é lit ta or qu’en 1870, la m nts. Le taux de mortade ci ac s le et ie ad al m cipalement par la armes causées par toutes ces ns tio ila ut m s le et é les lité élev onds traumatismes chez of pr de r ue oq ov pr nt vo 8 modernes remettront jamais. Avec se ne up co au be nt do combattants millions de victimes, la 5 1, et s sé ili ob m es m millions d’hom sée. Pendant toute la ili ab st dé i ss au ve ou tr vie à l’arrière se bstituer aux homsu se dû t on es m m fe oducdurée du conflit, les es pour continuer la pr in us s le et ps am ch s le ur mes dans rtaines en ont profité po Ce t. on fr le r ne on isi ov tion et appr rès la guerre, la France Ap . lin cu as m r oi uv po s’affranchir du ts est complètement ba m co s de t ar up pl la où s’est déroulée nstruction va obliger co re la ur po as br de e fecdévastée. Le manqu tion pour combler les ef ra ig m m l’i à l pe ap ire fa ais le pays à d’années à se relever m e in za di e un is m a ce tifs. La Fran core. Régulièrement, on en t en ist bs su lit nf co des traces du assement ou pendant rr te de x au av tr de rs lo retrouve des obus dû être évacué pour a y m Vi de ge lla vi le , it de les labours. En 2001 munitions qui présenta de ge ka oc st de re nt ce rs vider le puis 1945, 617 démineu De n. io os pl ex d’ es ac en usérieuses m experts estiment qu’il fa s Le e. ic rv se en t or m ont trouvé la dégâts causés par la s le » r ye tto ne « ur dra un siècle po la suffira-t-il ? Grande Guerre. Mais ce
RECONSTRUIRE LE PAYS DÉFIGURÉ
archives de l’armée française et a pu ainsi avancer des chiffres réels de victimes qui manquaient jusqu’alors.
Progrès techniques
Fritz Haber David VANDERMEULEN Tome 1, L’esprit du temps Delcourt, 2005.- (Mirages) Tome 2, Les Héros Delcourt, 2007.- (Mirages) 17,50 Euros le volume BD http://www.editions-delcourt.fr/fritzhaber
La chair et l’acier : L’invention de la guerre moderne (1914-1918) Michel GOYA Tallandier, 2004 25,00 Euros La Première Guerre mondiale a reçu beaucoup de qualificatifs : « Grande Guerre », « Der des ders », « guerre moderne ». Ce dernier terme fait référence aux rapides mutations survenues pendant le conflit et qui ont fait de l’armée française l’armée la plus avancée techniquement en 1918. Les progrès techniques sont dus à l’engagement des élites scientifiques qui ont mis tout leur savoir au service de leur patrie. La guerre s’est faite sur le front et dans les laboratoires. Toutes les unités (artillerie, infanterie, transmission, aviation…) ont profité des innovations qui ont modifié les tactiques et les stratégies. On peut dire que c’est à cette époque que la composition et le fonctionnement de l’armée actuelle ont été forgés. La grande guerre chimique : 1914-1918 Olivier LEPICK PUF, 1998 30,00 Euros L’arme chimique, déloyale, perfide et meurtrière, est souvent perçue comme l’arme la plus redoutable du conflit de 14-18. Mais face aux autres innovations techniques comme les chars ou les canons Krupp, cette arme a-t-elle été la plus meurtrière ? Certes, les gaz de combat ne sont pas des armes comme les autres. Leur apparition provoqua un choc et son emploi entraînait la panique dès que les premiers nuages surgissaient. Sans vouloir minimiser sa dangerosité, Olivier Lepick s’emploie dans son ouvrage à étudier l’impact réel de l’arme chimique dans le déroulement des combats et les raisons qui en font l’arme la plus atroce à nos yeux. Écrit en 1998, l’auteur a eu la chance de pouvoir interroger des vétérans qui ont connu les attaques chimiques. Il a aussi eu accès aux
Cette biographie dessinée du savant allemand Fritz Haber nous permet de découvrir la vie tourmentée et l’œuvre contestée de ce prix Nobel de chimie. Son origine juive lui a valu l’ostracisme du milieu universitaire, ce qui n’a pas empêché son amour de l’Allemagne d’être immense. Il a donc voulu mettre tous ses dons au service de sa patrie. Devenu riche et influent, il signe le Manifeste des 93 en 1914, affichant un soutien sans faille à la politique guerrière du Reich. Il travaille ensuite à la mise au point du chlore comme gaz de combat, connu sous le nom d’ypérite et employé pour la première fois à Ypres le 22 avril 1915. Pour lui, c’est sans aucune hésitation la science qui doit se mettre au service de la politique. En 1918, il reçoit sous les huées le prix Nobel de Chimie pour la synthèse de l’ammoniaque, car il a été condamné pour crime contre l’humanité à cause de l’invention d’armes chimiques. Cette magnifique bande dessinée aux illustrations sépia est complétée de façon exceptionnelle par un site Internet qui présente tout l’environnement politique, idéologique et culturel de Fritz Haber. La guerre des chars : 1916-1918 Henri ORTHOLAN B. Giovanangeli, 2007 20,00 Euros Inexistant en 1914, le char naît du fruit de l’évolution technologique et surtout de la recherche d’une solution pour sortir
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48 de la guerre des tranchées qui s’éternise. Deux hommes vont marquer l’histoire du char en convaincant les étatsmajors réticents d’utiliser cet engin : le général Estienne en France et le général Swinton en Grande-Bretagne. Si les premières attaques en 1916 sont des échecs, les perfectionnements et la ténacité de ces deux hommes vont faire basculer l’équilibre des forces et contribuer au percement du front qui mènera à la victoire. Un chapitre est d’ailleurs consacré à l’offensive sur Cambrai en 1917. Après la Première Guerre mondiale, le char qui aura fait ses preuves remplacera à jamais le cheval dans les unités de cavalerie. Les camions de la Victoire : 1914-1918 Jean-Michel BONIFACE, Jean-Gabriel JEUDY Massin, 1996 43,50 Euros Cet ouvrage relate la formidable épopée de la motorisation de l’armée française qui commence dès la fin du XIXe siècle et s’accélère avec l’arrivée de la guerre. Dès la mobilisation, le gouvernement réquisitionne tous les véhicules civils pour acheminer les troupes le plus rapidement vers le front. Puis c’est au tour de l’industrie d’être sollicitée pour fabriquer des véhicules de toutes sortes (ambulances, autos-canons, automitrailleuses…) et faire ainsi de l’armée française l’armée la plus motorisée du monde en 1918. Les nombreuses photographies d’archives et les commentaires permettent de bien percevoir l’évolution technique et de comprendre que toute la logistique militaire actuelle a été créée à cette époque. Les avions de la Première Guerre mondiale Vol. 1 : 1914-1916, L’entrée en guerre ; la domination des Fokker Vol. 2 : 1917-1918, Les as allemands ; les Américains arrivent Screen Services, 2006.- (Légendes du ciel) 16,95 Euros le volume
L’aéronautique intéressa très tôt l’armée car elle offrait de nouvelles conditions d’observation et la possibilité de larguer des bombes sur l’ennemi. La guerre aéronautique est aussi une guerre technologique et d’espionnage que se sont livrés les industriels français et allemands. Au cours de la guerre, les avions vont devenir plus rapides et maniables et être armés pour devenir des appareils de chasse. C’est la naissance de la guerre aérienne et l’apparition des « as », ces héros des duels aériens : Garros, Guynemer, Von Richtofen dit le Baron Rouge… Composés en grande partie d’images d’archives, les deux DVD font revivre cette formidable épopée. Modification du paysage et reconstruction Zone rouge http://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_roug e_%28s%C3%A9quelles_de_guerre%29 La zone rouge est un territoire d’environ 120 000 hectares qui regroupe onze des départements les plus touchés par la guerre et sur lesquels se trouvent encore des milliers de corps et des tonnes de munitions non explosées et enfouies. Une loi de 1919 prévoit l’expropriation et le dédommagement des propriétaires de ces terres polluées. Dans les zones surexposées, seules quelques activités sont autorisées : la sylviculture, le tourisme de mémoire, les activités militaires. La Première Guerre mondiale a été un désastre humain mais aussi écologique dont les séquelles n’ont toujours pas été réparées. Des Américaines en Picardie : Au service de la France dévastée, 1917-1924 Réunion des musées nationaux, 2002 23,00 Euros Entre 1917 et 1924, 350 volontaires américaines se sont rendues en Picardie, région durement éprouvée par la guerre, pour partager la vie des populations et leur porter secours grâce à des fonds privés collectés aux ÉtatsUnis. Sous la bannière du Comité américain pour les régions dévastées (CARD), ces femmes vont mener une action de reconstruction exemplaire, se donnant pour mission d’amener les populations à l’autosuffisance. Pendant 7 ans, elles vont travailler à la construc-
tion de magasins de ravitaillement, d’ateliers, de bibliothèques et d’écoles d’apprentissage. Elles vont soigner et former des infirmières-visiteuses. Cet ouvrage, illustré de nombreuses photographies, est un hommage au courage et au dévouement de ces femmes. La reconstruction et sa mémoire dans les villages de la Somme (1918-1932) David de SOUSA La Vague Verte, 2001 18,50 Euros Si les documents sur la reconstruction après 1945 sont nombreux, ceux traitant de l’après 1918 sont plus rares. En effet, la Seconde Guerre mondiale a balayé tous les souvenirs de l’entredeux-guerres et ses ravages restent plus vivaces dans les mémoires que ceux de la Grande Guerre. Le livre de David de Sousa est un excellent mémoire de maîtrise qui traite justement de ce sujet peu prisé par les historiens. L’auteur montre le difficile retour des réfugiés dans un département complètement dévasté où tout est à refaire. Il décrit clairement les mécanismes d’indemnisation et les difficultés de financement. Enfin, on y voit les interrogations des élus et des habitants sur le style des reconstructions, ainsi que le travail des architectes qui ont œuvré à la création de villages modernes avec eau courante et électricité. Architectures de la Reconstruction dans l’Est de la Somme Inventaire général ; ADAGP, 2006 7,50 Euros Si la destruction des villes et villages fut un événement traumatisant pour les populations, leur reconstruction marquait le début d’une époque faste pour les architectes. Avec 381 communes rasées, la Somme fut un énorme chantier qui fit sortir de terre des villes nouvelles et modernes. Les constructions sont d’inspiration régionaliste ou Art Déco. L’emploi de la brique rouge fut privilégié car c’est un matériau local et économique. Cet ouvrage propose un historique de cette période et des photographies pour découvrir ce patrimoine d’après-guerre. Des circuits touristiques sont aussi proposés pour aller visiter les bâtiments les plus marquants.
Des billets pour l’enfer LEM L’Equipe, 2007 16,60 Euros BD L’Enfer du Nord : jamais la course cycliste Paris-Roubaix n’a si bien porté son nom qu’en 1919. Quelques mois seulement après l’armistice, des coureurs s’élancent sur les routes dévastées du nord de la France où les paysages ne sont que ruines et désolation. Pourtant la foule est là, nombreuse, venue soutenir les champions qui, le temps d’un passage, font oublier les malheurs qui les entourent. Course cycliste, course poursuite contre des voleurs, course vers la liberté d’un prisonnier de guerre allemand, cette reconstitution historique inspirée de faits réels permet de découvrir comment, dans une France dévastée, la population tente de reprendre une vie normale.
Pour aller plus loin… L’aventure des villes, 185 0-1950 Archives départementale s du No
rd, 1997 La grande reconstructio n : Reconstruire le Pas-de-Calais après la Gra nde Guerre Archives départementale s du Pas-de-Calais, 2002 25,00 Euros La reconstruction dans l’Aisne http://02610.moy.free.fr/M oydelaisne/02610 .moy/Cartespostales/Cart espostales.html Le sabre et l’éprouvette : l’invention d’une science de guerre, 1914/1 939 Noesis, 2003 21,50 Euros La guerre des gaz : 191 5-1918 Paul VOIVENEL, Paul MA RTIN B. Giovanangeli, 2004 20,00 Euros La direction des servic es automobiles des armées et la motorisatio n des armées françaises (1914-1919) Rémy PORTE Lavauzelle, 2004 26,00 Euros
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APPRENDRE À REVIVRE Immigration Histoire de l’immigration en France au XXe siècle Somogy, 1998 38,11 Euros Après la saignée causée par la guerre, la France dut faire appel à l’immigration pour la reconstruction. L’essentiel des combats s’étant déroulé sur le territoire français, tout est à remettre en état : industrie, mines, habitations, infrastructures… Une campagne d’information est lancée et des centres de recrutement sont ouverts dans certains pays. Une convention est signée avec la Pologne pour importer une main d’œuvre nombreuse (700 000 personnes au recensement de 1931). C’est le flux migratoire le plus important après l’Italie (800 000 personnes). La Belgique, la Tchécoslovaquie et les colonies d’Afrique fourniront aussi des contingents mais de moindre importance. Cette immigration massive fut suivie d’une campagne de naturalisation pour intégrer ces populations et relancer la natalité. La Grande Guerre a été un moment important dans l’histoire démographique française à travers l’intégration des combattants étrangers et l’appel à une main d’œuvre qui s’est installée en France.
… Pour aller plus loin stoire nts d’ailleurs : Hi Enfants d’ici, pare mil’im de et l ra ru de xo et mémoire de l’e gration Carole SATURNO , 2005 Gallimard jeunesse 22,90 Euros re 14ais : Après la guer Les mineurs polon ts fan na et leurs 8 en 18, Walenty, Marian YBKA Patrice DUFOSSÉ-R 02 20 il, Nord-Avr 18,00 Euros
Traumatismes et médecine Johnny s’en va-t-en guerre Dalton TRUMBO Babel, 1987 8,00 Euros
Johnny got his gun Dalton TRUMBO Paramount, 1971 50,00 Euros L’histoire de Johnny est celle d’un jeune soldat américain atrocement mutilé par un obus. Manchot, cul-de-jatte, muet, aveugle, ce corps mort mais dont le cerveau reste intact devient un objet d’expérience pour les médecins. Prisonnier dans ce corps, Joe pense, se souvient de sa vie avant la guerre et cherche un moyen de pouvoir communiquer avec l’infirmière qui s’occupe de lui et dont il ressent la présence. Véritable chef-d’œuvre de la littérature antimilitariste, ce bouleversant roman écrit en 1939 sera mis en film en 1971 par Dalton Trumbo lui-même. La chambre des officiers Marc DUGAIN Lattès, 1998 15,00 Euros La chambre des officiers François DUPEYRON TF1 Vidéo, 2001 39,10 Euros La Première Guerre mondiale est une guerre moderne qui a provoqué de terribles blessures faciales, en grand nombre, auxquelles ont dû faire face les chirurgiens pas du tout préparés à ce phénomène. La chambre des officiers raconte l’histoire tragique d’un de ces soldats, défiguré par un obus, et qui va passer toute la guerre au Val-de-Grâce, dans une pièce réservée aux officiers mutilés. Il va y séjourner 5 ans pour y subir des opérations de reconstruction physique mais aussi mentale. En effet, il faut préparer sa sortie, préparer l’avenir et surtout apprendre à affronter le regard des autres. Un très beau film a été tiré du roman de Marc Dugain.
Gueules cassées de la Grande Guerre Sophie DELAPORTE A. Viénot, 2004 23,00 Euros Cet ouvrage est une étude poignante sur les soldats blessés à la face que l’on a surnommé à la fin de la guerre les « gueules cassées ». Les blessures causées aux visages des soldats ont pris au dépourvu les services de santé militaire qui ont dû s’adapter très vite en mettant au point un parcours médical spécifique. L’armée a mobilisé les médecins spécialisés dans la reconstruction faciale pour aider ces mutilés à retrouver un visage et surtout une identité. En effet, dans ce genre de blessure, les souffrances physiques sont accompagnées de souffrances psychologiques. C’est pourquoi, en 1921, une association de gueules cassées, l’Union des blessés de la face, verra le jour pour aider les mutilés à affronter le retour à
la vie. Cette association existe toujours et a continué son action en soutenant les gueules cassées des autres conflits. L’histoire du soldat inconnu vivant Le soldat inconnu vivant Jean-Yves Le NAOUR Hachette Littérature, 2002 18,00 Euros Le soldat inconnu vivant Joël CALMETTES Compagnie des Phares, 2004 46,90 Euros Le voyageur sans bagage Jean ANOUILH Ed. de la Table Ronde, 1958 27,00 Euros En février 1918, un soldat français, rapatrié d’un camp de prisonniers allemand, revient amnésique, sans aucun
document permettant de l’identifier. Interné dans un asile psychiatrique, cet homme va fasciner l’opinion pendant plus de 20 ans. Surnommé le « soldat inconnu vivant » par les journaux, Anthelme Mangin, appelé ainsi par les autorités car il lui faut bien un nom, va susciter l’espoir et déchaîner les passions de centaines de familles à la recherche d’un proche disparu à la guerre et dont elles sont sans nouvelles. Son cas va inspirer des écrivains et des dramaturges, notamment Le voyageur sans bagage de Jean Anouilh. L’histoire du soldat Mangin est une histoire insolite et tragique, celle d’un mort-vivant devenu héros malgré lui. Les réprouvés Ernst VON SALOMON Bartillat, 2007 22,00 Euros Dans les sagas islandaises, les réprouvés étaient des hommes qui ne voulaient pas se plier au règlement des castes et des familles et qui, pour cette raison, furent chassés des régions de l’ordre. En 1918, Ernst Von Salomon s’engage à 17 ans dans les corps francs pour aller combattre les communistes dans les pays baltes. Mais le Traité de Versailles signé par la République de Weimar vient stopper cet élan patriotique et oblige l’Allemagne à dissoudre son armée. Déçu et perdu face à cette situation, Salomon comme des milliers de jeunes Allemands va entrer en rébellion et se lancer à corps perdu dans un combat contre le gouvernement et les « rouges ». Ce roman autobiographique est un témoignage saisissant de l’Allemagne d’après-guerre où règne le chaos orchestré par des organisations combattantes clandestines. Le cavalier démonté Gisèle BIENNE L’école des loisirs, 2006.- (Médium) 9,20 Euros En ville et dans sa famille, le grand-père de Lucile est considéré comme un marginal, alcoolique et mécréant qui vit seul depuis le départ de sa femme qui ne supportait plus ses colères. Les seuls amis qui lui restent sont des gueules cassées. Lucien n’a plus qu’une jambe. Camille a une drôle de bouche, un trou sans lèvres. Jacques a perdu deux doigts
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52 à la main droite. Quant au grand-père de Lucile, il a eu de la chance, il n’a pas été blessé physiquement. La jeune fille qui désire connaître son grand-père enfreint l’interdiction familiale et intègre le groupe de ces quatre anciens combattants de la Grande Guerre. Elle découvre le passé de son grand-père et comprend les traumatismes qu’il a vécus pendant 4 ans. Roman destiné aux jeunes lecteurs confirmés. La vie et rien d’autre Bertrand TAVERNIER Studiocanal, 1989.- (Tavernier) 26,70 Euros 1920 : une jeune femme parcourt les villages en ruine et les hôpitaux militaires à la recherche de son mari disparu sur le front. Son chemin croise celui de nombreuses familles dans le même cas et celui du commandant Dellaplane qui dirige un service de recherche des morts et disparus de la Grande Guerre. Plus de 350 000 soldats français ont disparu et chaque jour, des corps sont déterrés et il est difficile de les identifier. C’est parmi un de ces soldats anonymes que sera choisi le soldat inconnu de l’Arc de Triomphe. Ce film de Bertrand Tavernier montre avec beaucoup d’émotion et une pointe d’humour le difficile travail de deuil des familles qui n’ont pas récupéré le corps d’un proche 2 ans après la fin des combats. Revivre : victimes de guerre de la Grande Guerre à Saint-Étienne, 1914-1935 Aurélie BRAYET Publications de l’Université de SaintÉtienne, 2006 35,00 Euros Comment revivre après avoir vécu l’enfer des tranchées ? Comment survivre à la perte d’un être cher mort à la guerre ? Quel accueil est réservé aux soldats à leur retour ? Pour sa thèse, Aurélie Brayet, étudiante et chercheuse en histoire, s’est intéressée aux victimes civiles et militaires de la Grande Guerre et au retour des poilus à Saint-Étienne. Elle décrit le décalage entre l’image du combattant vue par les civils et la réalité. L’accueil fait au retour était différent pour un prisonnier de guerre que pour un mutilé. Quant aux « fous de guerre», la société mettra longtemps à les
accepter comme victimes. L’auteur explique aussi le travail de deuil et la place des veuves et orphelins dans la société. Enfin elle termine sur le travail de mémoire qui s’est traduit par la construction d’un monument aux morts dans chaque commune.
Pour aller plus loin… Un chirurgien dans la Grande Guerre Prosper VIGUIER Privat, 2007 15,00 Euros Gueules cassées… et alors ? : Sourire quand même Corine VALADE Alan Sutton, 2004 20,00 Euros Association des gueules cassées http://www.gueules-cassées.asso.fr
Femmes et orphelins 1914-1918 : Combats de femmes : Les femmes, pilier de l’effort de guerre Evelyne MORIN-ROTUREAU Autrement, 2004.- (Mémoires) 19,00 Euros Le rôle des femmes a été capital pendant la guerre 14-18. Ce livre montre avec force, à travers de nombreuses études, leur engagement sur tous les fronts : elles sont chargées de s’occuper de la famille et deviennent l’épaule du soldat, travailleuses agricoles, métallos, conductrices de taxis et de tramways, directrices d’entreprises, maires et, le cas échéant, espionnes et résistantes comme Louise de Bettignies ou Mata Hari. Leur dévouement fut sans bornes, dans les hôpitaux encore, et, aux côtés des blessés, à l’arrière, dans des campements de fortune. Infirmières, on les nommait « les anges blancs ». En ces temps belliqueux, la Femme incarne aussi le courage et le bon sens. Même les
féministes se rallient aussi sans hésiter à l’Union sacrée, patriotes avant tout ! À l’époque, l’hommage du maréchal Joffre envers les femmes est éloquent : « Si les femmes qui travaillent dans les usines s’arrêtaient 20 minutes, les Alliés perdraient la guerre ! » Dès les années 20, la femme au look de « garçonne » apparaît, libérée tant sur le plan vestimentaire qu’intellectuel et moral. C’est l’émergence de la femme moderne. Peut-être est-ce ce souvenir-là qui inspirera à Aragon, plus tard, sa célèbre formule ? : « La femme est l’avenir de l’homme. »
Les Dames de la Côte Nina COMPANEEZ Koba Films Video, 2003 28,50 Euros Sur la côte normande, la vie est douce pour la haute bourgeoisie. Il ne semble y avoir de problème plus grave que de conduire élégamment ses flirts ou trouver des domestiques travailleurs… La Première Guerre mondiale éclate, bouleversant l’ordre établi. Les hommes partent pour le front et les femmes restent seules. Elles doivent assumer les tâches dont elles étaient exclues auparavant. Grâce à cela, la jeune femme mal mariée s’émancipe (Fanny Ardant), la grande bourgeoise austère découvre l’amour véritable (Françoise Fabian), et les deux jeunes cousines issues de la classe populaire accèdent à des destins inouïs. Pour son bonheur, l’une des bonnes devient maîtresse alors que l’autre ne trouve que malheur et passion contrariée dans la carrière de cocotte (Evelyne Buyle). Le splendide feuilleton de Nina Companeez datant de 1979 continue de nous séduire par ses nombreuses qualités : interprétation, réalisation, histoire, décors et costumes…
Les enfants du deuil : orphelins et pupilles de la nation de la Première Guerre mondiale (1914-1941) Olivier FARON La Découverte, 2001.- (Textes à l’appui/Histoire contemporaine) 25,00 Euros On estime à un million les orphelins français de la Grande Guerre. Ce nombre élevé d’enfants privés cruellement de père amène le gouvernement à réfléchir à une aide pour ces familles endeuillées. En effet, la perte du chef de famille privait le foyer d’un revenu et plongeait les plus pauvres dans le désarroi. En 1917, l’Assemblée Nationale vote une loi qui reconnaît les orphelins des soldats morts à la guerre, pupilles de la nation. L’État s’engage à prendre en charge l’entretien des orphelins par une aide matérielle mais aussi morale et éducative. Cet ouvrage relate l’élaboration de cette loi et son application. Les institutions publiques vont remplacer les associations et les œuvres philanthropiques qui s’occupaient des orphelins jusqu’à présent. L’auteur dresse aussi un bilan de la gestion de ces pupilles.
Pour aller plus loin… Hommes et femmes dans la France en guerre (1914-1945) Luc CAPDEVILA, François ROUQUET, Fabrice VIRGILI, Danièle VOLDMAN Payot, 2003 22,50 Euros Loulou : La boîte de Pandore Georg Wilhelm PABST Nero-Film, 1929 / 2004 35,00 Euros Les années folles (1919-1929) : exposition, Paris, Musée Galliera Paris-Musées, 2007 39,00 Euros La victoire endeuillée : la sortie de guerre des soldats français (1918-1920) Bruno CABANE Seuil, 2004.- (L’univers historique) 27,00 Euros
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MÉMOIRES Selon une enquête réalisée à l’occasion du 80e anniversaire de l’armistice sur les événements marquants du XXe siècle, la Grande Guerre arrive en troisième ou quatrième position dans l’esprit des Français, et en particulier chez les 15-25 ans. À l’heure où les derniers poilus disparaissent, et à l’aube du 90e anniversaire, le besoin d’entretenir et de transmettre la mémoire reste vivace. Les archives, les études historiques et les différents témoignages de ceux qui ont vécu la guerre sont sans cesse mis et remis en valeur par de nouvelles publications. Les commémorations sont perpétuées par bon nombre d’associations de vétérans de 14-18. Les témoins français étant tous morts - le dernier poilu, Lazare Ponticelli, est mort à 110 ans le 12 mars 2008 -, ce sont les participants à d’autres conflits soutenus par les aides de l’État qui entretiennent la mémoire, ainsi que les familles, enfants et petits-enfants de poilus ressentant le besoin de se recueillir sur la tombe de leurs proches. Le deuil national s’organise autour du sacrifice d’une génération et du devoir de mémoire en respect pour la bravoure et l’héroïsme de ces soldats morts pour la patrie. Les monuments, cimetières, musées et la naissance récente d’une archéologie de la guerre (bien que le terme soit controversé) témoignent de ce besoin de « retrouver » la guerre et de laisser des traces pour la jeunesse et les générations à venir. Nous invitons le lecteur à parcourir les chemins du souvenir, à la découverte ou redécouverte de ces innombrables outils de mémoire, hommages offerts aux poilus notamment à travers la littérature, le cinéma et la musique contemporains et à envisager la manière dont l’histoire de la Grande Guerre est transmise aux jeunes générations. Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 19141918 http://www.crid1418.org 14-18, d’Ypres à Verdun, mémoire d’une Grande Guerre Pays du Nord (Hors série), 2007 5,90 Euros Un document essentiel pour toute personne qui souhaite parcourir le chemin du souvenir en Belgique et en France, du Nord aux Ardennes. Ce hors série clair et efficace fait état, région par région, des cimetières, monuments et musées incontournables à découvrir.
COMMÉMORER : LES CHEMINS DU SOUVENIR
En chacun d’entre nous reste le souvenir d’avoir traversé des paysages marqués par des hectares de croix alignées. Chacun a en mémoire la visite de monuments impressionnants à l’architecture pensée ou simplement la vision du monument aux morts communal dédié aux poilus tombés pour la France. Lieux de recueillement, lieux dédiés à la confrontation avec la mort et à l’expression de la peine, les nécropoles et mémoriaux sont le théâtre des cérémonies commémoratives et l’occasion de réfléchir en commun à ce que fut la Grande Guerre. Les musées construits à proximité des champs de bataille sont devenus de réelles attractions touristiques et traduisent également ce besoin de comprendre, d’honorer et de restituer la mémoire de la Grande Guerre.
Mémoire des hommes Site de recherche des morts ou disparus de la guerre http://www.memoiredeshommes.sga.de fense.gouv.fr Les 1,3 millions de militaires ayant obtenu la mention « mort pour la France » figurent sur cette base de données, constituée par la numérisation et l’indexation des fiches élaborées après la Première Guerre mondiale par l’administration des anciens combattants. Site en français Commonwealth War Graves Commission http://www.cwgc.org Ce site comporte une base de données recensant les 1,7 millions d’hommes et de femmes tombés au cours des deux conflits mondiaux. C’est une adresse Internet incontournable qui nous permet de comprendre le sens de la mémoire britannique. Ses nombreuses pages permettent également de retrouver les cimetières et carrés militaires du Pas-de-Calais. Site en anglais
Volksbund Deustche Kriegsgräberfürsorge http://www.volksbund.de Site de l’association fondée en 1919 chargée d’entretenir et de conserver les tombes de guerre allemandes Site en allemand Chemins de mémoire http://www.cheminsdememoire.gouv.fr Site référençant les différents lieux de mémoire en France Site en français Le Canada dans la Grande Guerre http://www.vac-acc.gc.ca/general%5Ff Site dédié à la mémoire des anciens combattants du Canada Site en français
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MONUMENTS, CIMETIÈRES ET COMMÉMORATIONS Les hauts lieux de la Grande Guerre B. Giovanangeli / Ministère de la Défense, 2005 35,00 Euros Verdun, Notre-Dame de Lorette, les Éparges, Le Chemin des Dames… autant de noms qui évoquent les stations du calvaire des soldats de la Grande Guerre. De l’Artois à l’Alsace, affleurent partout dans le paysage les cicatrices insoupçonnées et les vestiges des terribles combats qui se déroulèrent pendant 4 ans sur la ligne de front. Ils portent témoignage de la mémoire héroïque et tragique des combattants de la guerre 14-18 dont la présence hante ces hauts lieux.
Les monuments aux morts sont dressés dans les années 20 pour commémorer et glorifier les soldats et quelquefois les civils tombés pendant la Grande Guerre. Présents dans la quasi-totalité des communes de France, ils sont à l’image d’un pays meurtri, traditionnel, laborieux, ils véhiculent aussi des volontés pacifistes (ces derniers ont soulevé d’âpres polémiques). Mais qui a déjà vraiment levé les yeux de ces listes interminables de morts pour fixer les regards remplis de souffrance et d’espoir de ces soldats de pierre figés pour l’éternité ? Ce livre présente des photos remplies d’émotion d’une victoire compatissante, d’un soldat exultant à l’assaut, mais aussi dans le cas d’un monument pacifiste, d’une mère penchée sur son enfant mort pour notre liberté. C’est un très bel ouvrage de mémoire qui invite les jeunes et futures générations à se souvenir. Mémorial Lionel MONTAGNE, Daniel LIENARD Helio, 2002 10,00 Euros Ce livre accompagne l’exposition présentée en 2008 à la Médiathèque départementale du Nord et dans les bibliothèques partenaires. La Caverne du Dragon : Mission du Chemin des Dames http://www.memorial-chemindesdames.fr
Les architectes de la mémoire Simon TIXIER, Jean-Christophe DARTOUX Éd. du huitième jour, 2007 35,00 Euros Les auteurs reviennent sur les concepts de deuil national et de remerciement aux enfants morts pour la patrie. Ils proposent une sélection de monuments, véritables œuvres architecturales à la gloire et à la mémoire des victimes des deux guerres mondiales et en expliquent la mise en œuvre, du projet à la réalisation. Mémoire figée, mémoire vivante : les monuments aux morts Jacques BOUILLON, Michel PETZOLD Citedis / Secrétariat d’État chargé des anciens combattants et victimes de guerre, 1999 27,44 Euros
Vestiges de la guerre 14-18 http://vestiges.1914.1918.free.fr Belgique et Nord de la France La Première Guerre mondiale des Flandres à l’Alsace Guy PÉDRONCINI La Renaissance du livre, 1997 8,00 Euros (Epuisé) Sur les chemins de la Grande Guerre Yves FOLHEN La Voix du Nord, 1998 13,72 Euros
Voyage au pays du souvenir 1914-1918 : sur les traces de la Première Guerre mondiale des Flandres à l’Alsace Fabienne TISSERAND, Frédéric HERMANN La Renaissance du Livre, 2003 45,00 Euros De magnifiques photographies illustrent les chemins de la Grande Guerre de la Mer du Nord à l’Alsace, où les paysages ont été modelés à jamais par les combats et la destruction. Cet ouvrage met en valeur le travail de mémoire et de commémoration et répertorie par site les nécropoles, monuments et musées dédiés aux victimes de la Grande Guerre de toutes les nationalités. Mémoire de pierre http://pagesperso-orange.fr/memoiresdepierre/index.html Ce site recense les monuments aux morts, stèles et plaques commémoratives du Pas-de-Calais. Chaque monument situé sur ce département fait l’objet d’une fiche descriptive assez complète. Site en français Mémorial canadien de Vimy http://www.nordmag.fr/patrimoine/histoire_regionale/premiere_guerre/vimy. htm http://olivier.ct.club.fr/vimy/PageCadre. html La porte de Menin à Ypres http://www.lastpost.be
Champagne-Ardennes Cimetières militaires et monuments aux morts de la Grande Guerre : Marne Alexandre NIESS D. Guénio, 2005.- (Itinéraire du patrimoine) 8,50 Euros
Monuments des batailles de la Marne http://crdp.ac-reims.fr/ memoire/ lieux/ 1GM_CA/monuments/menu.htm Lorraine Historial tour of Verdun Jean-Pascal SOUDAGNE Ouest-France, 2005 10,00 Euros En anglais La bataille de Verdun Jean-Pascal SOUDAGNE Ouest-France, 2006 5,00 Euros Ossuaire de Douaumont http://www.verdun-douaumont.com Picardie Le circuit du souvenir : la Somme dans la guerre de 14-18 Jean-Pascal SOUDAGNE Ouest-France, 2005 5,00 Euros Le 14 février 1916, Joffre confirme, lors d’une conférence militaire alliée à Chantilly, qu’une offensive franco-britannique aura lieu sur la Somme. Du 1er juillet au 21 novembre de la même année, la Grande Bretagne et le Commonwealth payèrent un lourd tribut dans un événement devenu anglofrançais. Cette offensive a révélé au monde que « la méprisable petite armée » britannique (selon Guillaume II) était devenue une armée de « durs à cuire ». La Somme sera pour les vétérans britanniques ce que sera Verdun pour les Français. Cette monographie nous explique la bataille de manière chronologique. Les textes et les photos nous retracent de façon très précise cet événement majeur de la Première Guerre mondiale. 57
58 14-18 en Picardie http:// www.picardie1418.com Ce site personnel est consacré à la mémoire des soldats de la Grande Guerre. Il répertorie les vestiges et les monuments dans les départements de la Somme, de l’Aisne et de l’Oise. Vous pourrez entre autres choses trouver des informations sur le Mémorial britannique de Thiepval, la Tour d’Ulster, le mémorial australien de Villers-Bretonneux, le mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel, le mémorial de Longueval, le mémorial du « souvenir français » de Rancourt. Les champs de bataille de la Somme h t t p : / / w w w. s o m m e 1 4 18.com/fr/remembrance/circuit.aspx Mémorial britannique de Thiepval http://www.thiepval.org.uk Site en anglais Parc commémoratif australien de Le Hamel http://hamelfriends.free.fr
11 novembre : la célébration du souvenir Le lundi 11 novembre 1918 (jour de la Saint Martin, Saint Patron de la France) à 11h00, dans toute la France, les cloches sonnent à la volée. Au front, les clairons appellent au cessezle-feu et pour la première fois depuis 4 ans, Français et Allemands peuvent se regarder sans s’entretuer. Le matin même, à 5h15, dans la forêt de Compiègne, au carrefour de Rethondes, vient d’être signé entre les forces alliées et le tout jeune gouvernement allemand, un armistice d’une durée de 36 jours renouvelable, qui aboutira au Traité de Versailles. Cet accord, sollicité par les Allemands, contraint ceux-ci à des négociations sans conditions. Ce « jour de bonheur » ne peut faire oublier aux anciens combattants l’expérience tragique et le message dont ils sont porteurs. De nombreuses associations seront créées pour ne pas oublier le courage et le sacrifice de leurs compagnons. C’est ainsi, peut-on dire, que les anciens combattants imposeront le 11 novembre comme une fête nationale. L’année suivante, le 11 novembre 1919, une seule cérémonie discrète est organisée à l’Hôtel des Invalides en présence du maréchal Foch. Le 11 novembre 1920, pour la première fois, on rend hommage au soldat inconnu, représentant anonyme des poilus. Le 11 novembre 1923, en présence de nombreuses associations d’anciens combattants, André Maginot, alors ministre de la guerre et des pensions, allume pour la première fois la flamme du souvenir sous l’Arc de Triomphe. Depuis, le Comité de la Flamme a pour mission de la raviver chaque matin à l’aube. Malgré tout cela, le Maréchal Foch, signataire de Rethondes, déclarera en 1920 : « Ce n’est pas une paix, c’est un armistice de 20 ans. » Tout le monde connaît la suite.
MUSÉES, OBJETS, ARCHÉOLOGIE : CES OBJETS TÉMOINS DU PASSÉ Une « archéologie » de la Grande Guerre Alain-Fournier et ses compagnons d’armes : une archéologie Frédéric ADAM Serpenoise, 2006 20,00 Euros 22 septembre 1914, après une violente attaque allemande, une compagnie est envoyée en reconnaissance dans un bois proche de Saint-Rémy-la-Calonne. Celle-ci tombe dans une embuscade, les vingt et un hommes seront décimés. Parmi eux, Henri-Alban Fournier, plus connu sous le pseudonyme de « Alain-Fournier », le célèbre auteur du Grand Meaulnes. Les causes et les circonstances de cette disparition susciteront pendant 77 ans de nombreuses interrogations. Ce livre nous retrace le travail de fourmi entrepris et mis en œuvre pour retrouver et exhumer les vingt et un corps de ces soldats français, mais aussi les questions posées par cette découverte. En particulier, celles qui mettaient en cause les moyens mis à la disposition des chercheurs pour découvrir un homme célèbre alors que tout autre soldat était simplement déterré et inhumé avec les honneurs les plus sommaires. Les résultats scientifiques à venir prirent le dessus sur tous les préjugés. En effet, c’est la première fois qu’une telle étude anthropologique, archéologique et historique fut mise en œuvre pour déterminer la cause et les circonstances exactes de ces décès. Pour compléter ce livre, un film a été tourné et édité sous le titre À fleur de terre.
Mémoires d’objets, histoires d’hommes : 1914-1918 François BERTIN Ouest-France, 2007 12,00 Euros L’objectif de François Bertin était de faire parler des objets témoins et acteurs de la Première Guerre mondiale. L’auteur propose un nouveau et très inattendu regard sur ce conflit. Armes, matériel, pièces d’équipement mais aussi reliques relevées sur le terrain sont mis en valeur de façon très émouvante, avec un réalisme étonnant. Après la lecture de ce livre, chacun pourra penser que « les objets inanimés ont vraiment une âme. » La Première Guerre mondiale : 1914-1918 Philippe LAMARQUE SIDES, 2003.- (Guide des musées) 7,00 Euros Ce guide illustré répertorie tous les musées d’histoire militaire de la
Première Guerre mondiale et les classe par ordre numérique départemental. Il figure dans chaque notice les coordonnées, les horaires et le thème du musée.
Belgique Musée In Flanders Fields d’Ypres http://www.inflandersfields.be/#muse um http://www.greatwar.co.uk/westfront/y psalient/museums/iffields.htm
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60 Talbot House, musée vivant de la guerre à Poperinge http://www.talbothouse.be Créé en 1915 par deux aumôniers de l’armée britannique, Talbot House se voulait un lieu de détente pour les soldats britanniques afin d’oublier les affres de la guerre. Tour de l’Yser à Diksmuide http://www.ijzertoren.org Musée des Première et Deuxième Guerres mondiales, installé sur vingtdeux étages Musée mémorial de la bataille de Passendale de 1917 http://www.passchendaele.be Site en anglais Nord-Pas-de-Calais Fort de Seclin http://www.fortseclin.com
National du Souvenir de Verdun nous propose également de nombreux documents sur la bataille. http://www.memorial-de-verdun.fr Site trilingue Picardie L’Historial de la Grande Guerre de Péronne Le musée de la Grande Guerre de Péronne a été inauguré en 1992. Pour la première fois, un musée qui s’adresse à tous offre la possibilité aux visiteurs de comparer ce que fut la guerre pour trois des nations participantes. Le conflit est présenté pour chaque salle sur trois niveaux, le premier correspondant à l’Angleterre, le second à la France, le troisième à l’Allemagne. On y redécouvre les uniformes et les objets ayant appartenu aux soldats. Le musée organise régulièrement des expositions thématiques (les écrivains de 1914-1918, les animaux dans la Grande Guerre…)
Musée de Fromelles http://www.asbf14-18.org Musée du Fort Leveau http://fortdeleveau.site.voila.fr Musée vivant 14-18, Notre-Dame de Lorette http://www.nordmag.fr/patrimoine/histoire_regionale/premiere_guerre/lorette.htm
Historial de la Grande Guerre, guide de visite Véronique HAREL La Voix du Nord, 1996.- (Regards) 4,57 Euros
Lorraine Nos poilus de 1914-1918 : l’infanterie, août 1914-1918 François VAUVILLIER Histoire et collections, 2006 5,95 Euros Le mémorial de Verdun Un site sur le mémorial et sa muséographie. Le service éducatif du Comité
L’Historial de la Grande Guerre et le circuit du Souvenir Thomas COMPÈRE-MOREL La Renaissance du livre, 2000 5,95 Euros (Épuisé) Historial de la Grande Guerre http://www.historial.org Musée franco-australien de VillersBretonneux http://www.museeaustralien.com
Musée sud-africain de Bois-Delville http://www.picardie1418.com/fr/approfondir/musees/boisdelville.htm La bataille de la Somme, 1916 un espace mondial The battle of the Somme, Die Somme Schlacht : exposition Péronne, Historial de la Grande Guerre, 28 avril -10 décembre 2006 Somogy, 2006 26,00 Euros
ALBUMS-SOUVENIRS, HOMMAGES DOCUMENTAIRES Artois : Paysages de la Grande Guerre, Landscapes of the great war Anne ROZE, John FOLEY B. Giovanangeli / Historial de la Grande Guerre / Les champs de la mémoire, 2007 14,00 Euros La Somme : Paysages de la Grande Guerre, Landscapes of the great war Anne ROZE, John FOLEY B. Giovanangeli / Historial de la Grande Guerre / Les champs de la mémoire, 2006 12,00 Euros
Les traces de la Grande Guerre : vestiges oubliés de la Mer du Nord à la Suisse, Traces of the Great War : forgotten vestiges from North Sea to Switzerland J.S. CARTIER Marval / Ministère des anciens combattants et victimes de Guerre, 1994 73,18 Euros (Épuisé) Les traces de la Grande Guerre : vestiges oubliés en Belgique, Nord-Pas-deCalais et Picardie J.S. CARTIER Marval / Ministère des anciens combattants et victimes de Guerre, 1994 38,11 Euros (Épuisé) Les traces de la Grande Guerre : vestiges oubliés en Champagne-Ardennes, Lorraine et Alsace J.S. CARTIER Marval / Ministère des anciens combattants et victimes de Guerre, 1994 38,11 Euros (Épuisé) J.S. Cartier a parcouru plus de trois cent cinquante sites du premier conflit mondial de 1985 à 1993 pour nous proposer cet ouvrage photographique. Ces clichés souvent étonnants sont accompagnés des commentaires de l’auteur.
Le soldat inconnu : invention et postérité d’un symbole Jean-François JAGIELSKI Imago, 2005 21,00 Euros Images de poilus : la Grande Guerre en cartes postales François PAIRAULT Tallandier, 2002 25,00 Euros Claude DUNETON Le monument Balland, 2004 20,00 Euros Claude Duneton a souhaité rendre hommage aux vingt-sept soldats morts pour la France durant la guerre 14-18, dont les noms sont à jamais gravés sur le monument aux morts de son village natal de Lagleygeolle en Corrèze. C’est à travers un roman et à partir de faits avérés que l’auteur a reconstitué des tranches de vie de ces poilus, dont certains sont tombés dans l’oubli. Le roman débute par un souvenir personnel de Claude Duneton autour d’une commémoration de l’armistice en 1964, lors de laquelle il avait accompagné son père vétéran de la Grande Guerre. L’auteur nous livre un ouvrage intimiste et un beau travail de mémoire envers les soldats oubliés de la Guerre.
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14-18 : des hommes dans la tourmente Pascal GOETHALS, Bruno VOUTERS Montparnasse / Les Productions du Cercle Bleu, 2005 30,00 Euros Ce DVD est essentiellement composé de deux films documentaires : Le sang des autres (104 minutes) et Combattants de la paix (54 minutes), écrits et réalisés par Bruno Vouters et Pascal Goethals. Le premier reportage se décompose en quatre épisodes intitulés Les jardins de pierre, Le sens du sacrifice, Les corps brisés et Les collectionneurs de mémoire, le fil directeur de ces quatre parties étant la réalité d’une guerre qui ne fut pas seulement française mais internationale. Les interviews d’auteurs et historiens tels que Jean-Jacques Becker, Annette Becker et Jean-Pierre Thierry, viennent compléter des images et des témoignages très émouvants. Le second reportage, Combattants de la paix, est d’un seul tenant. Le sujet central reste principalement Craonne et les « creutes ». Il se termine sur l’épisode peu connu de la réconciliation entre De Gaulle et Adenauer au cimetière de Cerny-enLaonnois.
Ultimes sentinelles : paroles des derniers survivants de la Grande Guerre Jean-Noël GRANDHOMME La Nuée Bleue, 2006 18,00 Euros Les derniers poilus Jean-Pierre BIOT De la Martinière, 2004 25,00 Euros Lazare le légionnaire, Ramire le planteur, Léon Roger le boxeur, Henri Chapot de la Chanonie le chevalier vendéen et tous leurs compagnons d’armes… Ce sont trente-quatre portraits de ces derniers poilus que Jean-Pierre Biot a dressés pour nous. Ouvrier, professeur, directeur d’école, vigneron, etc. : tous nous racontent leurs récits de guerre avec une pointe de malice et la nostalgie d’une époque révolue. De 1914 à 1919, huit millions cinq cent mille hommes ont répondu à l’appel de leur pays. En janvier 2008, il n’en restait plus qu’un : Lazare Ponticelli le légionnaire. C’est une idée formidable que l’auteur a eu de recueillir les témoignages ultimes de ces hommes marqués dans leurs chairs et dans leurs âmes par 4 années de conflit, mais malgré tout, pacifistes convaincus.
Pour aller plus loin… Quelques ouvrages analysent, avec le recul de l’histoire et suite à la consultation des archives, la Grande Guerre et son impact dans la société du XXe siècle. 14-18 : retrouver la guerre Stéphane AUDOIN-ROUZEAU, Annette BECKER Gallimard, 2000 21,90 Euros Penser la Grande Guerre : un essai d’historiographie Antoine PROST, Jay WINTER Seuil, 2004 9,50 Euros
L’hommage au soldat inconnu « Ici repose un soldat français mort pour la patrie : 1914-1918 » Le vendredi 28 janvier 1921, une cérémonie militaire célébrée sous l’Arc de Triomphe marquait l’aboutissement d’une longue série d’hommages commémoratifs voués au Soldat inconnu, récent symbole de la nation française en deuil. Choisi au hasard parmi huit corps de combattants anonymes d’une casemate de la citadelle de Verdun, ce soldat doit être l’emblème des 300 000 disparus de la Grande Guerre. L’idée d’une commémoration émerge durant le conflit, dès 1916. Le choix du soldat et du lieu d’inhumation a suscité de vifs débats entre les partisans du Panthéon, mausolée des Hommes illustres et ceux de l’Arc de Triomphe, symbole de la victoire. Les cérémonies de commémoration du 11 novembre 1920 marquent le choix définitif de l’Arc de Triomphe pour accueillir le tombeau du soldat inconnu, dédié aux disparus, morts pour la patrie, français et alliés de la Grande Guerre. Ce symbole est repris par d’autres pays de 1921 à nos jours, permettant ainsi de maintenir et de renforcer les liens entre les nations victorieuses. Le dernier soldat inconnu fut rapatrié et inhumé au Canada en 2000. En 1923 est mise en place la « Flamme du souvenir », destinée à renforcer le sentiment d’appartenance nationale, à combattre l’oubli et susciter le recueillement. Une association d’anciens
combattants est chargée de raviver et de garder quotidiennement la Flamme et d’entretenir la mémoire de tous les combattants français tombés au champ d’honneur. L’année 1923 marque ainsi le glissement du statut du Soldat inconnu. De représentant des disparus, il devient le symbole élargi du deuil, commémorant l’ensemble des morts de la Grande Guerre. À partir de 1932, les cérémonies de ravivage de la flamme seront définitivement accompagnées de la sonnerie « Aux morts ». Des générations de vétérans, ceux de la Seconde Guerre mondiale, de la Résistance et des guerres de décolonisation vont poursuivre avec la même dévotion que leurs aînés l’entretien de la Flamme du souvenir. Ponctuellement malmené et critiqué, taxé de récupération politique, notamment pendant les manifestations de mai 1968, le culte du soldat inconnu a, de nos jours, retrouvé une sérénité. Il s’organise autour de la cérémonie quotidienne d’entretien de la Flamme, des grandes manifestations du 14 juillet et du 11 novembre, mais aussi autour de l’Arc de Triomphe, monument réputé et touristique. Le soldat inconnu a renoué avec sa vocation de rendre hommage aux soldats français de toutes les guerres « morts pour la France ».
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LA GRANDE GUERRE, UNE SOURCE D’INSPIRATION
Romans
L’impact de la Grande Guerre sur le XXe siècle fut tel que le conflit continue à hanter, à la veille du 90e anniversaire de l’armistice, la mémoire collective. Nous avons choisi de montrer qu’un grand nombre d’œuvres contemporaines prennent encore pour thème ou tout au moins pour décor la guerre 14-18, que ce soit dans la littérature, le cinéma ou la musique.
LITTÉRATURE Bandes dessinées Le cœur des batailles Jean-David MORVAN, Igor KORDEY Delcourt, 2007 12,90 Euros La Mandiguerre. T1 à 4 Jean-David MORVAN Delcourt, 2001-2007 12,90 Euros le volume Poésie Jean-Michel DELAMBRE La Der des der (éclats-poèmes) Les Écrits du Nord / Ed. Henry, 2005 10,00 Euros Du monument aux morts de son village jusqu’aux Twin Towers du 11 septembre, l’auteur rend hommage au Dormeur du val et aux dormeurs de toutes les guerres par de très courts et très touchants poèmes, illustrés de photos en noir et blanc.
Henri-Frédéric BLANC Le dernier survivant de Quatorze Rocher, 1999 5,18 Euros Le dernier survivant de Quatorze raconte la guerre (l’horreur des tranchées, la peur au ventre, les cadavres, l’artillerie lourde...) à une jeune journaliste venue l’interviewer. À travers son récit, on comprend toute l’absurdité du conflit, la rancœur de celui qu’on a utilisé comme de la chair à canon. Car « que vaut un homme pour un canon ? Des clous. Et pourtant, il a fallu beaucoup d’intelligence pour fabriquer un canon. Un canon, c’est de la raison bien calibrée, de la logique en acier trempé. La raison fait de grandes choses mais elle penche du côté de l’inhumain. » William BOYD Comme neige au soleil Seuil, 1995 20,50 Euros En 1914 en Afrique Orientale, au pied du Kilimandjaro, à la frontière angloallemande, on a entendu parler de l’attentat de Sarajevo. Colons, fermiers et militaires partent alors en guerre avec la certitude que la guerre sera courte. 1918, l’armistice a été signé mais l’armée allemande d’Afrique n’a toujours pas capitulé… faute d’en avoir reçu l’ordre. S’ensuit une multiplication de scènes cocasses qui peuplent, avec ironie et tendresse, ce roman haut en couleur. La Grande Guerre est un thème cher à William Boyd, qui a également réalisé La Tranchée, un film sur 14-18, qui n’est malheureusement pas disponible en DVD. Serge BONNERY Une patience : fragments d’une mémoire retrouvée L’Amourier, 2003 9,00 Euros Grâce aux photos et cartes postales retrouvées, un arrière petit-
fils part sur les traces de son aïeul. Parti de Carcassonne, le matricule 216 se trouvera au front, près de Lens en 1915. Beau témoignage tout en poésie qui montre le besoin de se souvenir et de transmettre aux autres le courage du soldat de la Grande Guerre. Didier DAENINCKX Le der des ders Gallimard, 1999.- (Folio Policier) 5,10 Euros Alice FERNEY Dans la guerre Actes Sud, 2005.- (Un endroit où aller) 21,80 Euros 1914. Jules, Félicité et Antoine, leur fils, vivent en parfaite harmonie avec leur chien Prince dans une ferme landaise, entourés de Julia, la mère acariâtre de Jules et de Louis, son frère. Mais le 2 août, l’ordre de mobilisation tombe : Jules part au front. La vie s’organise sans lui. Un jour, le chien disparaît ; il va traverser toute la France pour rejoindre son maître et deviendra indispensable dans les tranchées. C’est un roman attachant où l’on voit se tisser de nouveaux liens entre compagnons d’armes, parents et enfants, hommes et animal. Par cette chronique de la désolation, Alice Ferney laisse sourdre en contrepoint un chant d’amour et d’innocence.
Max GALLO Morts pour la France. T1 à 3 Fayard, 2003 20,00 Euros
Laurent GAUDÉ Cris Actes Sud, 2001 6,50 Euros Marius, Jules, Boris, M’Bossolo et bien d’autres encore partagent une même histoire : celle de soldats impliqués dans la Grande Guerre. Entre deux croisements de sections - l’une quitte le front et l’autre arrive pour assurer la relève -, le lecteur suit les péripéties de chaque personnage, partage ses pensées, ses craintes et ses envies. L’auteur évoque ainsi le difficile retour à la normalité au cours des permissions... À travers le personnage de « l’hommecochon », soldat devenu fou qui erre entre les tranchées, c’est toute l’horreur et la folie des hommes qui sont ici évoquées. D’un style haletant, l’écriture de l’auteur nous donne l’impression de suivre au plus près les combats et les hommes. Parfois dur à lire, ce roman donne un autre aperçu des conditions de vie durant la guerre. Xavier HANOTTE Derrière la colline Belfond, 2000 19,67 Euros Dès les premiers jours de la guerre, un jeune poète britannique, Nigel Parsons, décide de s’engager dans l’armée. Déception amoureuse ou incertitude quant à son avenir professionnel, les raisons qui le poussent à s’enrôler sont multiples. La guerre va l’entraîner dans le tourbillon de l’Histoire mais va aussi se révéler source d’une amitié solide et durable avec un autre volontaire, William. Ce sont eux qui s’expriment dans le roman à la première personne, chacun leur tour et à deux époques différentes : l’un évoque pendant la guerre son quotidien et ses rencontres et l’autre, près de 40 ans après, entretient le souvenir de ses camarades perdus en prenant soin de leurs tombes. Entre réflexions sur l’identité, l’amitié et un singulier devoir de mémoire, le récit de ces deux hommes atteint son paroxysme à la fin du roman, révélant une fin inattendue et émouvante.
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66 Christophe MALAVOY Parmi tant d’autres Flammarion, 1996 14,94 Euros Christophe Malavoy, acteur et écrivain reconnu, évoque la figure de son grandpère décédé sur le front des suites de ses blessures puis les conséquences de cette mort sur les membres de sa famille. Entre souvenirs d’un petit garçon fasciné par des reliques conservées dans un grenier et imagination des derniers instants de son aïeul, il nous livre une histoire tendre et poignante. Une belle façon de rendre hommage à tous ces soldats disparus loin de leur famille.
Hubert MINGARELLI Quatre soldats Seuil, 2003 15,00 Euros Pierre MIQUEL Les enfants de la patrie. T1 à 4 Fayard, 2002 20,00 Euros
Jacques TARDI : petit-fils de poilu Né en 1946 à Valence, Jacques Tardi - dont le père militaire de carrière refusera d’aller combattre en Indochine - passe ses premières années dans l’Allemagne dévastée de l’après-guerre. De retour en France, il suit, à l’âge de 16 ans, l’enseignement des Beaux-Arts à Lyon puis entre à l’Ecole Bibliographie sélective nationale supérieure des arts décoratifs de Adieu Brindavoine Paris. Sa carrière Suivi de La fleur au fusil Casterman, 1979 d’auteur de bande dessinée commence en 1969 9,50 Euros lorsqu’il intègre l’équipe de la revue de René Goscinny, Pilote. On lui confie alors, sur un Le Trou d’obus scénario de Christin, les dessins de Rumeur Sodis, 1984 sur le Rouergue, son premier album paru en 15,09 Euros 1971. Mais Tardi préfère aux récits contempo(Manque provisoirement) rains l’univers des faubourgs de Paris, des anarchistes, de la misère, de la révolte ; l’auteur La véritable histoire du soldat inconnu déclarant d’ailleurs : « Je ne m’intéresse qu’à Suivi de La bascule à Charlot Futuropolis, 2005 l’homme et à ses souffrances et mon indigna14,50 Euros tion est grande… ». Après diverses histoires brèves, Tardi entre en 1976 chez Casterman et C’était la guerre des tranchées : débute les Aventures extraordinaires d’Adèle 1914-1918 Blanc-Sec. Parallèlement, il adapte et illustre Casterman, 1993 plusieurs œuvres littéraires comme Voyage au 15,95 Euros bout de la nuit de Céline ou plus récemment Le cri du peuple de Jean Vautrin. Par ailleurs, il Le Der des Ders Scénario Didier DAENINCKX adopte autant qu’adapte les péripéties de Casterman, 1997 Nestor Burma, le célèbre personnage des 12,95 Euros romans policiers de Léo Malet. Ses travaux les plus remarquables concernent ceux ayant trait Varlot soldat à la Première Guerre mondiale. Marqué par les Scénario Didier DAENINCKX souvenirs de son grand-père gazé lors de ce L’Association, 1999 conflit, Tardi n’a de cesse de disséquer la bêtise 9,00 Euros humaine et de dénoncer l’absurdité et l’horreur de cette guerre, symbole à ses yeux de toutes les autres. L’auteur célèbrera d’ailleurs, à sa manière, le 90e anniversaire de l’armistice de la guerre 14-18 par la parution en octobre 2008 d’un album très attendu sur le sujet (chez Casterman).
CINÉMA La Grande Guerre sur grand écran Michel JACQUET Anovi, 2006 13,00 Euros Panorama et analyse des films français, britanniques, allemands, italiens et américains sur la guerre 14-18. Du J’accuse d’Abel Gance (1917) aux Âmes grises d’Yves Angelo (2005), les représentations de la guerre sont nombreuses et posent des questions : le grand massacre était-il légitime, faut-il « héroïser » les poilus, comment garder en mémoire la bravoure des soldats ?
Première Guerre mondiale. Les soldats Tamino et Papageno se voient chargés d’une mission délicate : sauver la belle Pamina, la fille de la reine de la nuit, retenue prisonnière dans le camp adverse par le mystérieux Sarastro. Deux jeunes gens qui s’aiment parviendront-ils à influer sur le sort des nations et la vie de millions d’êtres humains ? Un long dimanche de fiançailles Jean-Pierre JEUNET Warner Bros France / Tapioca Films / TF1 Films production, 2004 28,80 Euros
Les âmes grises Yves ANGELO Warner Home Vidéo, 2005 20,00 Euros Philippe CLAUDEL Les âmes grises Stock, 2003 18,80 Euros En décembre 1917, dans un village de Lorraine, une fillette est retrouvée morte dans le bois qui jouxte la maison du procureur Destinat. À quelques kilomètres de là, la guerre fait rage. Le juge Mierck est chargé de mener l’enquête. Les soupçons se portent sur le procureur mais d’autres feraient d’idéals coupables. Yves Angelo met en scène le très beau roman de Philippe Claudel, qui a participé à l’écriture du scénario. On y envisage toute la dureté et la longueur de la guerre, sur le front comme à l’arrière, où la population est figée dans une macabre torpeur. Les destinées sentimentales Olivier ASSAYAS Arena, 2000 21,76 Euros Les enfants du marais Jean BECKER Warner Home Vidéo, 1998 35,00 Euros La flûte enchantée Kenneth BRANNAGH France Télévisions Distribution, 2007 59,00 Euros Le célèbre opéra de Mozart est revisité par Kenneth Brannagh et transposé en pleine guerre de tranchées, inspiré de la
Sébastien JAPRISOT Un long dimanche de fiançailles Denoël, 2004 14,00 Euros 1919 : bien que l’avis officiel l’atteste, Mathilde refuse de croire à la disparition de son fiancé Manech, « mort au champ d’honneur », et mène son enquête. Malgré le temps qui passe, malgré les mensonges et la loi du silence, elle ira jusqu’au bout de l’espoir insensé de le retrouver. Roman couronné du prix Interallié en 1991. Play the game Stéphane BARBATO DVD Pocket, 2005 18,50 Euros 1er juillet 1916 : bataille de la Somme. L’attaque est imminente. Pour relever le moral de la troupe et lui donner du courage, le capitaine W.P. Nevill propose une partie de football à ses hommes… Ce film de 18 minutes inspiré d’un fait réel est une petite merveille. 67
68 Sunshine Istvan SZABO Seven 7, 1999 45,00 Euros Réalisateur hongrois, Istvan Szabo nous offre la chronique d’une famille juive de Hongrie dont l’histoire familiale se confond avec la grande Histoire. Sur trois générations, on suit passionnément les événements qui se croisent et s’entremêlent, la Grande Guerre étant l’élément déclencheur qui va bouleverser sur plusieurs décennies la famille Sonneschein et la Hongrie. De l’assassinat de l’archiduc FrançoisFerdinand, héritier de l’Empire austrohongrois, le 28 juin 1914, à la révolution de 1956, ce film se veut une réflexion sur le poids de l’histoire et sur l’identité personnelle.
MUSIQUE Classique Isabelle ABOULKER, Sonia de BEAUFORT, Orchestre de Picardie 1918, l’homme qui titubait dans la guerre Audiopic, 1999 20,00 Euros Benjamin BRITTEN, Richard HICKOX War requiem ; Sinfonia da requiem ; Ballad of heroes Chandos, 1991 39,21 Euros Chanson française Marc OGERET Chante Aragon Tu n’en reviendras pas EPM, 1992 23,17 Euros Léo FERRE 1959 : La mauvaise graine Tu n’en reviendras pas La mémoire et la mer, 2006 19,44 Euros Jacques BREL Les 100 plus belles chansons Jaurès Barclay, 2006 38,94 Euros
Georges BRASSENS Les 100 plus belles chansons La guerre de 14-18 Mercury France, 2006 38,94 Euros Rock DIRE STRAITS Brothers in arms Phogram, 1985 23,00 Euros COLLECTION D’ARNELL ANDREA Villers-aux-Vents (Février 1916) Prikosnovénie, 2003 18,13 Euros Rock progressif, coldwave XANG The last of lasts Galileo, 2006 Toutes les chansons de cet album ont pour thème la Première Guerre mondiale. CRANBERRIES No need to argue Zombie Island, 1994 20,00 Euros Metal BOLT THROWER Those once loyal Metal Blade, 2005 21,35 Euros Bolt Thrower fait figure de vétéran de la scène Metal britannique du milieu des années 80, véritable creuset des expérimentations sonores les plus extrêmes avec, entre autres, Napalm Death et Carcass. Avec constance et opiniâtreté, Bolt Thrower s’est appliqué à se forger une identité forte autour de la thématique guerrière et ses funestes dommages collatéraux. Chaque album analyse et dissèque le chaos belliqueux qui anime l’humanité depuis des temps immémoriaux.
IRON MAIDEN Death of the road Universal, 2005 26,31 Euros METALLICA Justice for all One Metallica, 1988 21,44 Euros Directement inspiré du roman et du film de Dalton Trumbo, Johnny s’en va-t-en guerre, le titre One reste à ce jour une pièce inégalée de pure orfèvrerie musicale de sa majesté Metallica. Mouvements lents et passages exécutés crescendo s’entrechoquent jusqu’au climat final de cette évocation du premier conflit mondial, où l’inhumanité et l’absurdité de la guerre prennent toute leur démesure. MOTÖRHEAD 1916 Sony Music, 1991 10,17 Euros Motörhead appartient à l’histoire du Heavy Metal, c’est un monument respecté voire vénéré par beaucoup pour son intégrité musicale. Le titre 1916 évoque les horreurs de la Première Guerre mondiale à travers la pathétique destinée d’un jeune soldat anglais. Émotion et retenue s’entrecroisent dans ce titre porté par toute l’intensité dramatique de la voix de Lemmy Kilmister.
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TRANSMETTRE : LA GUERRE EN HÉRITAGE Lettre à mes arrière-grands-pères 90 ans après l’armistice que vous avez vécu, j’aimerais aujourd’hui rappeler vos faits d’armes, afin de raviver votre souvenir dans nos mémoires.
Nous sommes à la veille de commémorer la fin d’un conflit qui a marqué durablement les esprits. Aujourd’hui, la transmission du souvenir de la Première Guerre mondiale est un enjeu important. C’est pourquoi des auteurs ont envie de partager des récits sur la Grande Guerre avec les plus jeunes. Dans cette partie, nous vous proposons une sélection de littérature jeunesse.
Combien de fois ai-je entendu le récit de vos années de guerre, qui m’évoquaient alors un monde à part, vous imaginant au milieu des champs de bataille, entourés de vos compagnons d’armes ? Petite fille alors, j’étais fascinée par ce que me racontaient vos enfants. Cette transmission d’un adulte à une enfant m’a marquée et j’ai toujours voulu en savoir plus sur la Grande Guerre. Aujourd’hui, ce contexte si particulier me donne l’occasion de renouer avec vous. Chacun à votre manière, vous avez traversé la guerre. Vos témoignages nous permettent aujourd’hui de mieux comprendre la réalité de ce conflit. Bon Papa, tu étais parti pour la guerre le 4 août 1914 comme simple soldat. Prisonnier en Allemagne en septembre de la même année, tu réussis à t’évader avant de réintégrer les batailles du Nord en août 1915 comme aviateur pionnier aux commandes d’un Caudron. Tu participas aux bombardements des lignes ennemies et tu reçus les honneurs militaires en 1919. Grand’Pa, médecin militaire, tu as approché au plus près les ravages des obus sur le corps des combattants et tu as essayé d’apaiser, grâce à tes soins, leurs chairs déchirées. Ta mère, ta femme et ta petite fille t’attendaient, priant chaque jour de te revoir vivant à Tourcoing. Papy, toi, tu as connu le front, dans les tranchées de la Somme, d’où tu étais originaire, puis à Verdun. Tu as vécu l’enfer des bombardements et vu tes compagnons d’armes tomber sous tes yeux. Tu as écrit des cartes postales du front pour rassurer tes proches. Je les ai collectées, elles sont émouvantes. Et toi, Grand-papa, trop jeune pour combattre à la déclaration de guerre, tu t’es engagé dès que tu l’as pu, cherchant à rejoindre tes frères au combat, devançant l’appel. Ton journal de guerre que j’ai entre les mains est pour moi une source précieuse, poignante de ce que fut la guerre pour un jeune soldat. Tu as dû faire face à tant de carnages, tes écrits nous montrent qu’il faut agir au quotidien afin que la mémoire de ces millions de soldats ne s’efface jamais. J’émets ici à mon tour la promesse de transmettre, à mes enfants et petits-enfants, votre courage et votre héroïsme. Merci à vous mes chers arrière-grands-pères, nous vous devons tous le devoir de mémoire devant ces actes qui, à mes yeux, suscitent le respect et l’admiration. Tendrement, Lucie
ROMANS Patrick BOUSQUET Bleu, chien soleil des tranchées 6,40 Euros Les années feu. 7,00 Euros Le silence des armes. 7,00 Euros Le fantôme de 23h17. 8,00 Euros Bleu : la dernière cible. 9,00 Euros La Serpenoise, 1995-2008 Premier roman de la série, le lecteur va découvrir comment le sergent-infirmier Jules Besson va rencontrer son compagnon Bleu, un labrador retriever. Bleu a sauvé d’une mort certaine Jules enseveli sous terre après une explosion d’obus. Ils ne se quitteront plus. Marita DE STERCK Avaler tout cru Éd. du Rouergue, 2007 14,00 Euros Une grande manifestation pacifique s’annonce en réaction à la guerre d’Irak. Joppe, élève infirmier, va devoir garder son arrière-grand-père malade. Malgré ces projets contrariés, Joppe va tisser des liens de complicité avec Tist, son aïeul, qui lui délivrera un lourd secret. Le lecteur découvre la vie de ce vieil homme qui traversa deux guerres et perdit beaucoup d’êtres chers. De quoi redouter au plus profond de soi de s’attacher à nouveau, de risquer la perte de ses proches… Ce livre confronte les atrocités vécues par les aînés durant deux guerres mondiales et ce que la jeunesse occidentale peut percevoir, par médias interposés, des conflits actuels. Marita de Sterck, conteuse néerlandaise, mêle Histoire, parcours de vie et légendes. Elle sait camper les personnages tout autant que la guerre dans toute son horreur quotidienne. Jacques LINDECKER Les bleuets de l’espoir Nathan / Le Bleuet de France, 1999 5,70 Euros Jean est un très jeune soldat. Au front,
c’est l’enfer au quotidien. Lors d’un assaut, il échappe à la mort grâce à son ami indien mais se retrouve amputé sur un lit d’hôpital. Pour oublier sa douleur, des infirmières lui proposent de fabriquer des fleurs en papier : des bleuets de France, en souvenir des jeunes soldats venus en renfort et que leurs aînés surnommaient « les bleuets » à cause de leurs uniformes bleus. Michael MORPURGO, François PLACE Cheval de guerre Gallimard, 1997.- (Folio Junior) 14,00 Euros Été 1914, en Angleterre, un fermier achète un poulain pour son jeune fils mais la guerre éclate et le cheval Joey est aussitôt vendu à un officier de la cavalerie anglaise. Le narrateur est le cheval : le front, les tranchées, les combats, l’enfer des batailles, les blessés, l’artillerie lourde… Joey partagera la vie de divers compagnons soldats et congénères. Dorothée PIATEK L’horizon bleu Petit à Petit, 2002 19,00 Euros Haubourdin, juillet 1914, Pierre et Elizabeth, jeunes mariés, vivent à Haubourdin où Pierre est instituteur. Ce dernier part au front. Le couple sera séparé pour 4 ans. Les lettres qu’envoie Elizabeth à Pierre dépeignent la vie au village, rythmée par les bombardements, les réquisitions et le manque de nourriture. Celles que Pierre envoie du front montrent l’angoisse, la mort, la boue et les ordres absurdes. Anne-Marie POL Promenade par temps de guerre Hachette, 2002 5,02 Euros Octobre 1918. À la faveur des bombardements, Victor, 14 ans, s’enfuit de l’orphelinat où il était depuis 4 ans. Il part au hasard, guidé par son instinct qui lui dit que son père n’est pas mort, qu’il l’attend quelque part...
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72 L’auteur dédicace ce récit à son grandpère mort d’un éclat d’obus en 1915. Marcus SEDGWICK La prophétie de l’oiseau noir Milan, 2006 13,00 Euros Alexandra, jeune Anglaise, voit son frère aîné partir au front de la Grande Guerre. Elle a un don étrange : un oiseau noir lui annonce de mauvais présages, les visions des champs de bataille et la mort. À la disparition de l’aîné, le cadet s’engage à son tour. Sa sœur qui veut le protéger part en France en usurpant l’identité d’une infirmière volontaire. Alexandra affrontera non seulement la guerre mais aussi les suspicions des supérieurs et médecins. Heureusement, elle rencontrera un jeune homme surnommé « la poisse », qui a le même don divinatoire et qui est rejeté par ses pairs. Ce roman d’un grand réalisme historique propose un suspense haletant.
Arthur TENOR Mémoire à vif d’un poilu de 15 ans Gulf Stream, 2007.- (L’Histoire comme un roman) 8,00 Euros Maximilien a 15 ans quand le tocsin retentit le 4 août 1914. Passionné de journalisme, il rêve de partir au front comme correspondant de guerre. Muni d’une fausse carte de presse et d’un calepin, il part au hasard vers les combats. Il réussira à gagner les tranchées et à vivre avec les poilus, embarqué malgré lui au cœur du combat et de l’inacceptable. Iain LAWRENCE Le général des soldats de bois Hachette Jeunesse, 2003.- (Histoires de vies / Le Livre de Poche Jeunesse) 5,20 Euros (Epuisé) Août 1914. Alors que son père part empli d’allégresse pour le front français et que sa mère est réquisitionnée pour
travailler dans une usine d’armement de Londres, Johnny est exilé chez sa tante, à la campagne. Le père lui envoie régulièrement des nouvelles du front. À chacun de ses colis est joint un petit soldat de bois qui complète les armées de « tommies » et de soldats allemands fabriquées par le père avant son départ. Johnny peut ainsi reconstituer les tranchées et les combats au quotidien. Pensant retrouver sa famille pour Noël alors que la guerre s’éternise, Johnny prend peu à peu la mesure du conflit et perd le moral. La tendresse de son professeur et de sa tante vont l’aider à traverser les épreuves. Ce très beau roman de Iain Lawrence présente de nombreux aspects de la Grande Guerre et toute l’ambiguïté du conflit.
ALBUMS Paul VERREPT Le petit soldat Pastel, 2003 11,50 Euros Un petit soldat, représenté sous les traits d’un enfant pour favoriser l’identification, raconte avec ses mots comment il est parti faire la guerre. Une fois la guerre finie, de retour au village, il se souvient de ses amis disparus. Il va rebâtir sa maison mais surtout se reconstruire. Les phrases s’enchaînent dans un style quasi télégraphique, sans explications, car le petit soldat est plongé dans une réalité qui le dépasse, aussi absurde que cruelle. Le parti pris est le même dans les illustrations : alors que sur la page s’étalent des couleurs dures, agressives, le visage du petit soldat, lui, paraît vide, sans expression, car en réalité, rien ne pourrait lui permettre de comprendre ce qui lui arrive. L’auteur a choisi un point de vue et un langage qui sauront toucher la sensibilité des enfants. Davide CALI, Serge BLOCH L’ennemi Sarbacane, 2007 16,00 Euros Réalisé en partenariat avec Amnesty International et l’Historial de la Grande Guerre de Péronne, L’ennemi est un hymne à la paix ou plutôt un album salutaire contre tous les va-t-en-guerre. Le décor est vite planté : deux trous déchirent la page. Dans ceux-ci, deux soldats, deux ennemis. Sur fond blanc, on suivra les états d’âme de ces soldats de plus en plus perdus. Car le manuel le dit : « L’ennemi est une bête féroce et sanguinaire qui empoisonne et brûle
les villages. » Nos soldats doivent attendre, face à eux-mêmes, ils s’interrogent l’un sur l’autre : quels sont ses sentiments ? Sa famille ? Ils apprendront sans doute que l’ennemi leur ressemble un peu et qu’ensemble, ils pourraient même arrêter la guerre. Un décor épuré, une vraie réflexion sur ce que peuvent éprouver ceux qui vivent au cœur du conflit, une pensée à hauteur d’homme, pour un album à mettre entre toutes les mains. François DAVID Les étoiles sont tombées mortes Motus, 2007 12,00 Euros Rencontre inattendue entre Agnès Propeck, dont les photographies étonnantes en noir et blanc donnent de la résonance au texte sobre et poétique de François David pour dire toute la douleur de la guerre. Un bel album pour que les plus jeunes se souviennent du chamboulement que crée un conflit dans le cœur de ses acteurs. Sylvie NEEMAN, Olivier TALLEC Mercredi à la librairie Sarbacane, 2007 14,90 Euros Dans une librairie, un vieil homme sans âge et une petite fille curieuse se croisent tous les mercredis autour de leurs lectures favorites, un gros livre pour lui, des bandes dessinées pour elle. Peu à peu, la petite fille s’interroge sur l’importance de l’ouvrage épais qui donne des larmes aux yeux de cet homme. Un texte subtil et hautement symbolique et des illustrations d’une grande tendresse. PEF Zappe la guerre Rue du Monde, 1998 12,20 Euros 80 ans après la guerre de 1914, des soldats quittent leur monument aux morts pour aller découvrir la vie moderne : les grands immeubles, l’automobile, la télé-
vision. Un des soldats fait la connaissance d’un petit garçon à qui il va raconter sa guerre. Le texte passe brusquement du passé au présent. L’auteur a voulu faire revenir sur terre les soldats de la Première Guerre mondiale qui sont étonnés de voir une télévision et sont déçus par les images de guerre qui défilent sur l’écran. Leur guerre n’aura servi à rien… C’est à la fois triste et teinté d’humour (les soldats croient que la télécommande est une grenade...). RASCAL, Régis LEJONC Le phare des sirènes Didier Jeunesse, 2007 18,90 Euros Ange est une gueule cassée qui écrit ses souvenirs d’enfance. Il a vécu avec son oncle Yann, seuls au bord de l’océan. Yann était pêcheur de harengs. Ange a grandi dans cette odeur et dans l’insouciance jusqu’au jour où une violente tempête a enlèvé Yann à son neveu. À l’aube d’un jour nouveau, Ange va découvrir une sirène blessée qu’il soignera de son mieux. Il tombera amoureux de Swidja qui lui racontera le mystère du fond de l’océan. Guérie, elle devra retrouver les siens mais Swidja continuera à partager ses journées avec Ange. Elle emmènera même son ami au royaume des sirènes, un privilège exceptionnel. Mais un jour, le tocsin sonne et Ange est enrôlé dans l’armée et les tranchées. Il découvrira l’horreur de la guerre et le monde des humains. Mario RAMOS Le petit soldat qui cherchait la guerre Pastel, 2005 11,00 Euros Assommé au combat, Eustache le soldat cherche à rejoindre ses troupes. Sur sa route, il croise un aveugle, une famille détruite, un homme mutilé ; tous sont des victimes de la guerre et chacun d’entre eux le fait réfléchir au sens de celle-ci. Épuisé, Eustache se repose dans une maison en ruine et le feu qu’il allume brûle ses vêtements ! Sans uniforme, que reste-t-il de ce soldat ? Il ne le sait plus lui-même mais, quoiqu’il en soit, il se sent léger et une nouvelle vie s’ouvre alors à lui. Ici, Mario Ramos prend le parti de nous suggérer la guerre, nous évoquant les effets et les blessures qu’elle cause. Le petit soldat sans son uniforme n’est plus crédible et devient ridicule. Tout comme la guerre en somme... Ce que
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74 devraient percevoir les enfants assez facilement. Un album qui rappelle avec intelligence les méfaits de la guerre et qui pourra certainement susciter de nombreuses questions chez les jeunes lecteurs. Marie Gabrielle THIERRY Belle Petite Monde : histoire de poilus racontée aux enfants Somogy, 2006 (Ed. Bilingue) 10,00 Euros Pour sa fille de 8 ans, Renefer, artiste et soldat au front, a raconté et dessiné, dans les tranchées, à l’assaut ou au repos, la vie quotidienne des poilus. Son carnet, fidèlement reproduit au format original, constitue un récit « de première main », pensé pour les enfants et qui garde aujourd’hui toute sa valeur de mémoire. À travers trente textes et aquarelles, il livre un témoignage mesuré et sensible sur les horreurs de la guerre. Ce livre-objet est reproduit dans les mêmes dimensions que celles du carnet original créé par Raymond Fontanet dit Renefer (1879-1957).
DOCUMENTAIRES La Grande Guerre expliquée à mon petit-fils Antoine PROST Seuil, 2005 8,00 Euros Un petit livre synthétique, d’une grande clarté, qui peut constituer une excellente initiation à la période. Un grandpère raconte, sous forme de questionsréponses, la guerre de 14-18, de son commencement à l’armistice : ce qu’est une tranchée, d’où vient le nom « poilu », comment fonctionnait l’économie pendant la guerre, pourquoi les États-Unis sont entrés dans la guerre en 1917... Illustré avec des documents d’époque, ce texte a été pensé et écrit en priorité pour des enfants entre 8 et 14 ans. J’ai vécu la Première Guerre mondiale, 1914-1918 Jean-Yves DANA Bayard Jeunesse, 2004.- (Les dossiers Okapi) 9,90 Euros Le témoignage de trois anciens soldats de la Grande Guerre, centenaires en
2004, qui racontent avec ferveur leur vie dans les tranchées. Suivi d’un dossier récapitulatif de ces années. La Première Guerre mondiale Simon ADAMS Gallimard, 2002.- (Les yeux de la découverte) 14,00 Euros Collection désormais de référence, « Les yeux de la découverte » propose une plongée dans l’horreur de la guerre à travers ce volume consacré à la Première Guerre mondiale. Cet ouvrage, richement illustré et très bien documenté, constitue un témoignage marquant sur cette tragédie et les hommes qui y ont combattu. Un hymne à la paix. Quand ils avaient mon âge… les étendards sanglants se levaient Gilles BONOTAUX, Hélène LASSERRE Autrement jeunesse, 2004 13,50 Euros Sous forme de bande dessinée, cet album présente la vie quotidienne de trois enfants, un russe, un allemand et un français. Alternant les scènes familiales et les combats au front, les descriptions nous plongent dans la réalité cruelle de la guerre pour les civils comme pour les soldats. Raconte-moi la Première Guerre mondiale Isabelle BOURNIER Le Mémorial de Caen, 2005 5,00 Euros (Épuisé) Ce livret conçu pour les plus jeunes par le Mémorial de Caen explique avec des mots simples le conflit : avec des photos d’archives, un quiz pour renforcer le coté ludique et un glossaire pour le sérieux du propos.
Ont participé à l’élaboration et à la rédaction de la bibliographie : Ghislaine Dangé, François-Xavier Farine, Gilbert Guttadauro, Dominique Lambert, Laurent Lemaître, Michèle Leucérand, Laurent Mercier, Dorothée Pasquesoone, Lucie Pasquesoone, Alexandre Salczynski, Fabienne Raux, Alain Valcke, Géraldine Verhée Coordination : Lucie Pasquesoone, Fabienne Raux Relecture : Éric Desieter, Marie-Odile Paris-Bulckaen, L’œil de la MdN : Éric Desieter Création et réalisation : Cathy Vanhoutte Bibliographie disponible sur le site de la MdN : http://www.cg59.fr/mediathequedunord Mai 2008
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