Une histoire de la "fitna". Autorité et légitimité dans le "Muqtabis" d'Ibn Hayyan, Bruna Soravia.

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CuaderRos de

Madlnat al -Zahr谩'

Vol. 5 C贸rdob

a, 2004


CTJADERI{OS DE MADiNAT AL-ZAI]RÁ'


Cuadernos de Madinat a|-Zahra Revista de difusión científica del Conjunto Arqueo.lógico Madrnat al-Zahra

CONSEJO DE REDACCIÓN (Miembros de ia Comisión Técnica de Madinat al-Zahra)

Presidente: D. JESÚS ROMERo BENÍTEZ Directur Genera/ d¿ Biene.¡ Calnrales

Vocales: D." MERCEDES MUDARRA BARRERO De/egada

Prorjrcia/ le Ca/ttra

rJe

Cít'daba

D. ANTONTO VALLEJO TRTANO Dirrtor del Con.funto Arquealígico Madjrat dl Z¿br¿ D. MANUEL ACIÉN ALMANSA Uniru':idad

de

rtIálaga

D." CARMEN BARCELÓ TORRES L,ttt. n)J¿J J. \ L/.ttri¡ D." JULIA CARABAZA BRAVO Uú¡w¡irlad d¿ ,\eúllt

D.JUAN STRRANO MUÑOZ Arquitecta

COMITÉ ASESOR D. PATRICE CRESSIER Ca:a de Vlázqrcz

D. CHRIST]AN E\rERT Irntituta Arqaeolígico A lenún

D. PIERRE GUICHARD tJnit,ersidad ¿tt llon II D. ESTEBAN HERNÁNDEZ BERMEJO Director delJardín Batánico rk Córdoba

D, M,'ANTONIA ]\4ARTíNEZ NUNEZ Uniursidal le lIálaga

D. ALASTAIR NORTHEDGE Uniuersi¿lad de

Parí:

I

D. VÍCTOR PÉREZ ESCOLANO fl n irer.¡ i tlad de S eú / la

O Junta de Andalucía. Consejcría dc Cultura (c) Los

Sor

autores

Imprenta San Pablo, S. L. - Córdoba Ángela de Ia Cruz, 1 2 - Teléfir¡o 951 283 106 ISSN:1119-9996 Depósito Legal: CO. 1.64412004


SUMARIO . ESTUDIOS EDUARDO MANZANO MORENO El

círculct de pocler de los califas ornelas cle

Córclaha

Pág. 9

JEAN-PIERRE VAN STAÉVEL

Prítoir jzgaler, bátir : droit de la judiciairu

)

Cordoae rJurant le

cr¡nslruclian et institarians

í'lX'

si¿cle

Pág.

3L

MOHAMED MEOUAK Madinat al-Zabm'

en las fuentes

árabu del occidente

i¡láttica

Pág. 53

BRUNA SORAVIA Une bistaire de la f.rna. Aurariré er le tuIutpaltis

d'Ibn

lígitirnirí dan:

Hayan

Pág. 81

MANIIELA MARÍN A/tos fancionarios para e/ ca/ifa: jueces 1 otras cargos de la

Adntinisnación cle'Al¡d al-Rabntan

III

Pá9.97

M.' ANTONIA MARTÍNEZ NÚÑEZ. MANUEL ACIÉN ATMANSA La epi¡1rafra

de

al-Zabra'

Pá9. I07

ya - pa / e s t i n i enne

Pás.159

Madinar

SOLANGE ORY L'

ep

i grap b i e umayy ade

s

CARMEN BARCETÓ El cíJin andalusi de "praaincias" durante el Califato

(3a0_403t9j2_10j3)

pá9. t73

ANTONTO VALLEJO TRTANO, ALBERTO MONTEJO CÓRDOBA, ANDRÉS GARCÍA CORTÉS /a interaenciín art¡aeo/ígica en /a "Ca:a de Ya'far" 1 en el ecliJicia cle "Patio cle los Pilaru" de X[adinat al-Zahra' Resa/tados preliminares de

Pá9.

I99


PATRICE CRESSIER,

MOURAD RAMMAH S¿bra al-A4ansariya : [Jne autre aille

caltfale

Pág.241

JUAN F. MURILLO REDONDO, MARÍA TERESA CASAL GARCÍA, ELENA CASTRO DEL RÍO Madinat Qar¡aba. Aproxinaciín al procesa de forntaciín de la ciudad emiral 1 califal a patir de la información arquealógica Pág. 217 VICENTE SALVATIERRA La instauraciín clel Califato en el AIra

Gaadalqaiuir

Pá5. 291

PEDRO GURRIARÁN DAZA Hacia una canstrucción del poder. Las prácticas edi/icias en la periferia andalusi duranre el

Pág. 297

ALBERTO CANTO GARCÍA El dinar en al-Andalas en el sigla X

Pás.327

Califaro

CAROLINA DOMÉNECH BELDA La

rnaneda

farimí 1 sa relaciín

con

al-Andalus

Pág. 339

PATRICE CRESSIER Histarias de capiteles: ¿Hubo talleres califales

pratincialesi'

Pá9. 751

TILO ULBERT Resafa en

Siria. Una

residencia

califal

de los últimrts onteyas en

)riente Pá9. 377

BERNABÉ CABAÑERO SUBIZA, VALERO HERRERA ONTAÑÓN La tecbu¡nbre de la ampliación de al-Hakan II rJe la mezqaita aljama d¿ Círdoba. Análisi: tícnico 1 estulio forxul de sa policrarnía

Pá9. 391

SABINE NOACK.HALEY Los capireles de

la hlezt¡aita

de

Madinar

al-Zaltra'

Pág.

Egypte

Pág. 445

4I3

MARIANNE BARRUCAND Le prentier clécor arcltitectural

fatimide

en

PIERRE GUICHARD Canc/usions

.

Pág.463

CRÓNICA DEL CONJUNTO

ANTONIO VALLEJO TRIANO, JOSÉ ESCUDERO ARANDA Crínica del Conlanto, añas 1998-2003

Pág. 47

I


ESTIJDIOS ACTAS DE LAS IV JORNADAS DE MADINAT AL-ZAHRÁ': Nuevas investigaciones sobre eI Califato de Córdoba Córdoba, 10-12 Noviembre 2003


UNE HISTOIRE DE LA FITI.{A. AUTORITÉ ET LÉGITIMITÉ DANS LE MUQTABIS D'IBN HAYYÁN BRUNA SORAVIA Uniaenidad de Ronta

msuuÉ

ABSTRACT

Larticie montre que Iaf.tna n'est pas que le sud'Ibn Hayyán relative au V/XI siécle, mais qu'elle est également au centre de sa narrative de I'histoire émirale et caIifale, Ia f.tna étant I'un des thbmes fondamentaux

The article argues that the f.tna is not only the predictable concern of Ibn Hayyán's description of contemporary events, but that it is also central to his narrative of the emiral and caliphal history. The f.tna, one of the main themes of classical islamic historiograph¡ allows Ibn Hayyán to probe al-An-

jet inévitable de la partie de I'Histctire

islamique classique, dont Ibn Hayyán fait la pierre de touche du jugement qu'il

de 1'historiographie

porte sur le passé et le présent andalou. C'est en apprivoisant la ftna que les émirs et califes marwanides ont su établir les assises de leur pouvoir et affrrmer sa

légitimité, alors que la Jitna du V/XI du temps

siécle a révélé I'incapacité des hommes

dalus's past and present. It is by taming the Jitna that Marwanid emirs and caliphs were able to establish their power, while affrrming themselves as legitimate rulers. On the contrary, the V/XI c. f.tna hasn't but revealed the incapacity of Ibn Hayyán's contemporary political leaders to rule al-Andalus.

d'Ibn Hayyán de gouverner la janzVa andaiouse. Mots clefs

Key words

Ibn Hayyán, f t na, historiografia islamica, legi timidad, autoridad, al-Hakam I, adab.

Ibn Hayyán, f.tna,IsIamic historiograph¡ legitim¡ authority, al-Hakam I, adab.

m'a apparu assez frappant que les essais les plus

sources anciennes et des spécialistes des études an-

Irécents sur I'histoire de l'historiographie araboislamique classique ne font guére mention d'Ibn klayyary le plus important historien d'al-Andalus

dalousesl. Je suis anivée á 1a conclusion que l'origine de cette méconnaissance d'Ibn Hayyán de la part des arabisants non "andalusistesr est á recher-

Jl

de tous ies temps dans

le jugement unan.ime des

cher á l'intérieur des études andalouses elles-mémes 81


il ne me semble pas impossible qr-r'il en soient du moins partiellement responsable des jugements tel que celui, trés influent á son époque, d' Emilio García Gómez, clui distinguait entre Ibn Hayyán comme témoin de son temps dans Ie A\atin ou dans quelques trop rares passages du Mac¡tabis, et comme simple compilateur de I'euvre d'autrui dans Ie hIuqtabis. García Gómez e n arrivait á lui nier la paternité de ce dernier ouvrage, qui "contra 1o que se ha et

venido creyendo, no

es stricto sensu obra

del gran his-

toriador cordobes, sino sencillamente Lrna edicion, hecha por éste, de la historiografia arabico-andaluza

precedente"2. La dichotomie entre compilation et création originale dans I'euvre d'un méme allteur a été longtemps expliquée en considétant le Mutlfahis comme un produit jr-rvénile, alors que le choc de la guerre civile et l'urgence d'en parler auraient précipité la maturation d'un esprit historique critique chez Ibn Hayyán. De cette conception descend qu'un historien mlrtiié ou considéré bon seulement per excerpta ne peut aspirer á une évaluation globale de son ceuvre, mais seulement á I'appréciation de ses exploits occasionnels dans l'ouvrage mineur, utilisé comme répertoire de données brr-rtes, jointe ) la lamentation sur la perte d'une grande partie de l'ouvrage originel et mirr. 11 est aujourd'hui évident qu'une telle distinct.ion mésinterpréte Ia signification de l'histoire dans

la culture arabo-islamique classique. Qui est-ce qui souscrirait á un pareil jugement appliqué ) Tabari,

dont le Ta'rikh al-rusul u'a l-ntukk est ni plus ni moins qr-r'une compilation, sous forme d'annales, de traditions historiques reportées de la maniére la plus ample et ia plus approfondie, á Ia maniére des

traditionnistes? Cela n'a pourtant empéché ni de considérer Taban comme le plus grand historien de l'époque abbaside ni de prendre au sérieux son projet historiographique, soit, pour Lltiliser une formule courante, son <<usage du passé". Je crois en effet que la source véritable de l'accusation portée ) Ibn Hayyán d'étre, dans le Mucltabis, un historien dans le sillon de la tradition historiographique arabo-islamique est, plr-rs encore que la persistance du préjugé positiviste prescrivant de distinguer le vrai du faux chez les historiens médiévaux, la croyance, elle aussi survécue jusqu'á nos joursi, dans Ie caractére "exceptionnel, d'al-Andalus et cle sa culture. Ce n'est pas par hasard si Ibn Hayyán est reconnlr 82

par García Gómez comme historien authentique dans sa prétendue défense cle la n¿rndalusidad", soit

de l'"auténtico Islam español"' contre la menace berbére, et c1u'il est loué pour ses taients iittéraires et sa "vision personalissima y amarga>, qui en font le témoin véridique, malgré lui, cl'une époclue fi-rneste e fratricidet. Et il me semble aussi que Ie charme indéniable de cette image ait pu, clans une meslrre non négligeable , retarder une considération approfondie de 1'euvre d'Ibn Hayyán dans son en-

semble, en dépit des nombreux indices signalant qu'elle a été non seulemen¡ conEue mais anssi rédigée dans un setrl morrvementt. I1 est incontestable qu'Ibn F.Iayyán a voulu se présenter comme Lrn alrteru rr.vec sa fropre vision cle l'histoire, ) cont¡e-courant du peu de considéracion que les Andalous de son temps avaient de cette discipline'. Cependant, cette vision ne réside pas, de maniére sélective, dans les parties plus autobiographiques de son ceuvre, mais bien dans l'ensemble de celle-ci. Je tacherai, dans cette communication, á déveiopper quelques implications de la théorie, désormais acceptée par Ia plupart des "andaiusistes, mais non encore, me semble-t-il, pleinement exploitée, d'aprés laquelle Ie Xluc1tahs et le MaÍin représentent deux aspects d'r-rn méme projet his-

toriographique et non deux phases successives de 1'évolution d'Ibn Hayyán comme historien d'alAndalus. Dans ce but, je me propose de montrer, en esquissant une analyse thématique des parties dt Alucltabis relatives á I'histoire du premier émirat, suivant les catégories établies par A. Noth et F. Donner, celle qui a été définte, en parlant des grands historiens islamiques de I'époque classique, ia omaster narrative> ("a grand scheme for organizing the interpretation and writing ofhistory"s) du Ta'rikh d'Ibn Hayyán. Autrement dit, le solis-texte (la "méta-narration") qui gouverne le schéma générai de son récit historique, ia sélection des matériaux disponibles, l'importance accordée á certains événements paf fappofr á d'ar-rtres et qui, hnalement, conduit Ie lecteur/utilisateur de cette histoire á la découverte de sa signification profonde. Je rappellerai briévemente que I'essor de l'historiographie "laique" en al-Andalus, différente

du simple recueil de traditions hétéroclites qu'on trolrve, par exemple, chez Ibn Habib, a été contemporain de l'essor du califat andalou. Les califes .Abd


al-Rahmán al-Násir et a1-Hakam al-Mustansir sont servis de I'histoire comme

se

d'un instrument

événements contemporains. Ce sont, comme Ie

dit

lui-méme dans la lettre dédicatoire de sonTa'rikh,

du bal,t umayyade et de cristal-

les historiens orientaux post-tabariens clui ont parlé

lisation de sa prétention au leadership de la utnnu

de la dissolLrtion de l'autorité du califat abbaside et qui, en décrivant les efTets f¡rnestes de la ftrtr dans leur pays, ont vouiu faire ressortir, par con-

de légitimisation andalouseLr).

Tout en retraEant le processus de fbr-

mation communautaire, de la conquéte jr-rsqu'á la genése

de la nouvelle entité qr-ri est devenue al-

Andalus, cette nouvelle historiographie reprend er

récits c¡-ri avait du se mettre en et qui porte les marclues de la tradition historique primitive ', aussi bie n par le choix de ses th¿mes et par leur agencement, clue par adapte un corpus de

place depuis bien avant

L

le style de 1'expression.

qui est encore r.isible du IY siécle (par exemple, chez Ibn al-Qutiyya ou al-Rázi), apparait remarcluablement peu prononcé dans l'ensemble de I'inCe caractére archaique.

dans I'historiographie

formation triée par Ie Muqtabis, inspirée d'un souc.i cle

documentation cohérente et vraiseml¡lable. ne

füt-ce que sous .l'aspect rhétoric¡-re. On y reconnait

pourtant f inlluence des méme thémes qui ont diriformation de la tradition ancienne et qui continuent de représenter, chez Ibn Hayyán, ies unités

gé la

sémantiques fondamentales du récit historique , et á lui suggérer les cluestions qu'il adresse i ses sources.

rapport qui s'instaure entre ce cadre traditionnel et le projet historique dont Ibn flayyán se déclare l'auteur est ambivalent, puisqu'il lui a fallu ad:rpter Le

ces th¿mes á un contexte historico-politique et géographique excentrique comme celrri clue représente

al-Andalus, á bien cles égards, pour arriver á décrire

i'évolution cle ).a djann'a andalouse dans le cadre tradition historique et politic¡-re de l'islam. Car il s'agit pour Ibn F.Iayyán, aprés avoir identilié al-Anclalus at dat al-i.¡lan et Ies abna' alAndalu á la untxu islamiclue, de défrnir f identité de cette commun¿ruté dans le cadre de I'i'ristoire du califat légitime, en montrant en méme temps la manié¡e dont cette histoire révéle et conhrme. ) travers ses exploits et ses échecs, le ¡¡rand dessein spécifrque cle la

Dieu a préordonné aux affaires hum'.rines. Ibn Hayyán a er-r présent, plus encore que ses sources andalouses, qui lui ont fburni les matériaux et les ensembles thématiques, qui forment le Muqtahs, des mocléles externes qui lui onr permrs de donner un sens á son expérience d'historien. Nous avons la chance de connaitre ces modéles, en ce qui concerne la partie de son histoire relative aux que

En cela,

traste, lzr majesté éternelle de Dieulr. Ibn Hayyán désigne ainsila/itna comme le théme central de son histoire, suivant un mocléle historique influent et cligne d'étre imité. Cela signifie aussi, et il me semb1e capital de le souligner, que Ia f.tna n'est pas la définition objective et obligée des événements clont Ibn Hayyán aétéle témoin, mais qu'elle représente Ie paradigme symbolique ) travers lequel il a choisi

d'interpréter l'histoi¡e d'al-Andalus, celle de

son

temps mais aussi, comme j'espére Ie montrer, celle du passé andalou. Ibn Hayyán se range en cela ) r-rne tradirion l'ristorique clui est bien plus ancienne que celle qu'il évoque, á laquelle ii donne r-rne inflexion distinctive. Le théme de la ftna est en effet Ie principal parmi ceux que Donner définit comme .thémes de leadership", car il tolune autour cie Ia question de l'imamat, á lac1uelle il répond en cléfinissant et distinguant les difÍérentes prétentions des groupes en compétition por-rr le por-rvoirrr. Cette méme dynamique est souvent all centre de la narration d'Ibn Hayyán, oü elle concerne polrrt¿rnt un sujet radicalement étranger ) la tradition primitive cles récits de fttna't, c'est ) dire, les prétentions califa).es dt ha1,t m¿rrwanide sur al-Andalus. Dans cette innovation, Ibn Hayyán se conforme á un r-rsage probablement initié par les historiens de l'époqr-re califale qui, comme Ibn al-Qütiyya et Ahmad alRázi, avaient déjá fait de la/itna L1n th¿me umayyade á piein titre, pour faire ressortir la réussite de Ia c/a'u,¿t marwanide avec 'Abd al-Rahmán III. Il¡n Hayyán en conclut alrtrement que ses devanciers. En précisant la défrnition que j'ai donnée avant, la <master narrative, de son histoire s'¿rvére étre le

récit de

l¿r

formation de la djanú'a andalouse,

clue

I'actiot-l vertueuse et respectuelrse des valeurs traditionnelles menée par les émirs et califes dtt balt marwanide a rendu possible, en supprimant ou en arbitrant Ies nombreuses révoltes et séditions clui ont ponctr-Lé l'histoire précalifale, et de sa dissolu-

tion par I'action des forces centrifr-rges clui ont nié l'autorité légitime cle ce bal't, en h,ri opposant le 83


califat berbére (d'oü la formule omniprésente

de

Jitna barbarillta). Ce drame historique en deux actes (auxquels il faudrait ajouter I'intermezzo ami¡ide

décrir dans les Akhbvr al-dau,la al:ánziri1t1a, .1tti ne nous sont pas parvenus't) comporte la description d'un áge d'or coincidant avec la domination

marwanide et, á I'opposé, une interprétation de I'histoire contemporaine or-f les chefs politiques (les nta/uk a/-tawa')f, formvle antinomique par rapport á l'appel universaliste des définitions réservées aux souverains marwanides, tel que su/tán a/-djama'a) sont indignes du pouvoir qu'ils détiennent.

POUR UNE LECTURE THÉMATIQUE DU MUQTABTS: :rHiiNtES D'AUTORITÉ Er D,HÉGÉMONIE DANS LES RÉCITS SUR

LÉMIRAT MARVANIDE Bien qu'r-rne analyse globale de l'histoire d'Ibn F.Iayyán se heurte á son état lacunaire, il est désormais possible d'avoir une vue d'ensemble passablement suivie de l'état dt Muqtabis, á moins de la partie initiale sur l'émirat de 'Abd al-Rahmán I. La découverte de Ia section relative á l'émirat d'alHakam I et au début de celui de'Abd al-Rahmán que j'ai beaucoup utilisée dans ces notes, permet désormais de vérifiet I'existence d'un schéma narratif qui se déroule, avec quelques variantes, tout au long dt Mucltabis. 11 peut

ll (l8l-2061196-822)tr.

comprendre les éléments suivants, solrvent dans cet ordre: bal,'a de l'émir; ses silar et ses ntanaqib (l'ensemble des dits et faits mémorables prolrvant la .marque, marwanide de l'émir); luttes pour la succession; faits saillants de son émirat; récits des événements 'a/á /-.rinin, faisant principalement état des campagnes militaires, des révoltes et des ambassades, et comprenant aussi de Iongs excarsus suf cer-

tains événements oL1 personnages, tel les portraits de'Abbás b. Firnás pendant I'émirat d'al-Hakam, de Ziryáb durant celui de 'Abd ai-Rahmán II or-r d'al-Zadjdjáli sor-rs le méme émir; mort de l'émir et nomination de son successellr; portrait physique et caract¿re de 1'émir décédé; liste de ses fonctionnaires civils et religieux; nécrologes de personnages éminents décédés durant l'émirat; ¡écits au sujet de l'introduction de telle ou telle autre innovation en al-Andalus'-; finalement, immigration de marwa84

nides orientaux en al-Andalus (parfois mentionnée au début de l'émirat). Ce scl'réma, qui associe la démarche annalistique, agrémentée par l'insertion de passages narratifs et poétiques, alrx parties protocolaires, apparait pour l'essentiel inspiré du modéle tabarien, sans y colncide r parfaitement. La différence principale consiste, au niveau de la forme du récit, dans I'al¡sence

de I'i¡nad, qu'Ibn F.Iayyán remplace par l'iqilbVstg, le florilegiam, soit, par Ia sélection de relations, de témoignages écrits ou de citations d'or-rvrages plus anciens destinés á confirmer, de maniére solrvent subtile et détournée, son interprétation des faits ou, plus simpiement, á en entichir la relation, suivant la tendance á 1'accumulation typique de 1'historio-

graphie classiquele ou, pli-rs simplement *l'amour pour l'histoire" qu'Ibn F.Iayyán avait hérité de son maitre Ahmad al-Rázi. Le théme delaf.tna se fait jour durant l'émirat d'al-Hakam, Iors des révoltes de Toléde et de Cordoue qui menacent I'a¡-rtorité émirale et justifient

la répression sanglante qui s'ensuit20.

Il

gagne du

poids ) la frn de I'émirat de Muhammad I, pour arriver á dominer la narration de 1'émirat de 'Abd

Alláh, Ie grand-pére de'Abd al-Rahmán III, Iorsque l'autotité de l'émir de Cordoue n'arrive plus

) contenir

les poussées autonomistes des potentats

qui s'étaient établis sur le territoire andalou et qr,ri, depuis le début de l'émirat, dispr-rtaient aux émi¡s de Cordoue le contróle du pays et le droit ) la collecte de f impót. Cette dynamique, largement prévisible dans le contexte politique de l'époque, est tout de suite redéflnie par le vocabulaire de Ia ftna'. le rcfus de reconnait¡e 1'émir, su/tán al-djanñ'a,

est expliqué comme "rébellion á l'autorité juste, (rna's71ta) et ia demande d'autonomie des chefs ré-

voltés comme un appel ) reconnaitre un imamat antagoniste de celui marwanide (da'wa)tt. Ce parti pris apparait fonctionnel á la progression vers I'établissement du califat d'al-Násir22 et il me seml¡le qu'Ibn F.Iayyán ait pu hériter cette téléolo¡¡ie de 1'historiographie palatine andalouse, et en particulier d'Ahmad al-Rázi, pour lui donner une valeur plus générale, en tant que description d'une dialectique historiqr-re fatalement préordonnée entre l'affi¡mation de l'autorité légitime et son inévitable subversion.


D'autres thémes interviennent

¿\

articuler et

)

sujet de l'autorité émirale et le clésir, de

lzr

part

des

préciser, de maniére plus ou moins directe, la des-

chron.iqueurs, de souligner 1a cohérence de la poli-

cription de l'autorité légitime

tiqr,re de l'émirr'-.

d¿rns

Ie

Alucltab)s,

tels les silar et ont une fbnction sllrtout hagiographique dans ses sourcest', dont Ibn F.Iayyán se sert également polrr souligner des aspects de Ia démarche politiqr-re des souverains marwanicles qui lui apparaissent comme essentiels i ler,rr réussite. C'est notamment le cas de leur conduite par r¿lpport alx rrc/ine: de l'ét¿rt andalou, dont il est souvent question dans les si1ar. Ainsi, l'émir'Abd al-Rahmán II "fue el primero de los califas marwanies c1r,re dio lustro a la monarqr-ria en Alandalús, la revistío con la pompa de la majestad y le conhrió carácter reverencial, eligiendo a los hombres adecuados para los funciones {...]"". Nluhammacl I est loué pour avoir traité avec respect ules savants. Ies clients et les militaires éminents> et, plus en général, pour avoir observé rigoureurnanaqih cles différents émirs, clui

sement le protocole l-iiérarchiclr-re2t. Par contre, la clécadence de l'émirat á la frn de son régne est attri-

du pouvoir qu'il avait accordé á son vizir Hashim b. 'Abd aI-"Aztz. Ce dernier aurait privilégié "les jouvenceaux> et les "gens vul¡;aires>, en retir¿1nt por-rvoir et inlluence .aux anciens, aux hommes mürs et ) ceux clr-Li ¡ouveient vanter buée aux effets

une ancienneté de service (au.,/i. a/-sabVqa),,)6. A cause de cette subversion funeste de l'ordre social .laJitna surgit dans la plupart dr-r pays, et Ia corruption s'y installa partoLrt>. Limportance d'observer la tradition gouvernementale marlvanide, et notamment I'obligation de conse¡ve¡ I'ordre établi de la société, fbnt aussi I'objet d'autres segments de la narration d¡ A[r.qtabis dont le c¿r¡actére frctif incontestable s'ouvre á une lecture idéologic1r-re. Ce sont les akhhVr qti

interviennent

á fou¡ni¡ l'étiologie, ainsi que le

contrepoint dramzrtique, de tous les événements controversés, pour en suggérer, trés souvent par l'évocation de topoi historiques ou de citations littéraires, une clef de lecture appropriée. Par exemple, Les akhbar cpri ponctuent la narration des faits de L'Arrabal ) l'époqr-re d'¿rl-Hakam I, dans ie but de justilier la conduite de l'émir dont la licité avait été mise en doute ) l'époqi-re; ou Ies nombrer-Lses versions relative á l'histoire de certaines nominations contestées dans Ia khidwa de Muhammad I, clui indiqr-rent un degré élevé de conllictr-Lalité au

Ce méme souci de justification a po:Íeriari

se

manifeste dans les piéces apparemment documentaires (éclictes, testaments, lettres ofhcielles) qui

sont en réalité des interprétations de la politique des émirs par les historiens palatins, visant á re-

) l'aide de formes rhétoriques hautement stylisées, I'autorité de l'émir et sa capacité d'affirmation et de réalisation de son dessein politiqr-re rs. C'est le cas du kitab al-fatb attribué á al-Hak¿rm I, annonqant la répression de la révolte cle l'Arrabal et le rétablissement de I'ordre, clui décrit l'insr-rrrection comme une rupture du serment cle hdélité et comme un acte de trahison de la part de la "racaille" et de ses chefs. clont I'intervention de l'émir est le chatiment jlrste et inévitable 2e. C'est le cas aussi du <testament> du méme émir qui, aussi bien par sa forme que par son contenlr, apparait comme un véritable manifeste de l'idéologie marwanide '(', ar-rqr-rel il ne serait pas impossible de trouver d'antécédents, ainsi que comme Ie texte clef permettant de reconcluire la conduite d'al-Hakam, áprement critiquée i son époque, á un caclre politique tradi-

présenter,

tionnel. Lémir moluant s'adresse á son successeur. en lui résumant I'essentiel de son héritage politique te he trazado y "sigue el camino c1r-re principal y obligatoria para ti es guardar a tu familia, luego :r tu clan, y luego a tus clientes y partidarios qr-re 1os siguen" rr, régle qui trolrve plr-rsieurs applications dans la narration cle son émirat rt, avec l'exception louable qui consiste á rec¡uter clans la khidnn un homme .sin linajc mais ayant des clualités éminentes. Le nouvel émir est aussi autorisé ) prendre I'argent "licite" et á Ie dépenser sans intermédiaires et contróleurs (ce qiti en ces termes:

sabe que Ia cosa mas

semble suggérer Lrne contestation de cette faculté), c¿rr .la base de todo tu pocler es el dinero". IJn souci analogue de cristallisation de la pratique gouvernementale andalouse inspire l'aut¡e élément protocolaire que sont les listes cles fonctionnaires civils et religieux durant les différents émirats. Lá-aussi, il s'agit de I'adaptation cl'une

forme typique de la littérature historiclr-re islamique", dont I'emploi systématiclue apparait pourt¿rnt comme une innovation d'Ibn Hayyán (ou de I'historiographie califale andalouse) par rapport au

8t


dre ;rnnalistique. Aussi que 1es rilt¿v les nanVclib, "t Ia nomination des fonctionnaires est fonctionnelle

des clients marwanides sur l'administration. Ibn F.Iayyán attribue en etlét ) ce trait une importance primorcliale, car il le considére comme dérivant de la tradition gouvernementale r-rmayyade origi-

) l'afhrmation de la parfaite légitimité de l'ima-

nairej".

modéle tabarien, oir ce type de renseignement est présenté occasionnellement et, de régle, dans un ca-

mat marwanide, par la capacité des émirs andalous cl'administrer le paysr'. Il me semble intéressant de noter que, alors que Donner interpréte Ies -ri¡'at' comme Lrn th¿me de ftna (dans le t\Iuqtabis, elles distinguent, en effet, entre les émirs andalou.s, banu l-khulafi', e t les alrtres prétendants au leadership d'al-Andalus), il consiclére le théme administratif comme un <th¿me cie commun¿ruté". Iié ) Ia formation et ) 1'essor de La umrna islamique (le rapport ent¡e celle-ci et I'institution dLr d¡u,¿til par'Umar b. al-Khattáb est d'ailleurs bien connu). Il est aussi, et en méme temps, un th¿me hégémonique, car il confirme, avec les raids, les campagnes militaires et les ambassades provenant des rois chrétiens, la présence d'un état musulman reconnu, 1'autorité c1u'i1 exerce sur les non-Musulmans indigénes et sa capacité de défend¡e le pays, en distinguanr entre al-Andalus comme dar al-islam, soumis aux traditions administratives arabo-isiamiqlres, et le reste

du territoire ibéric1ue. Le théme administratif désigne en particulier dans le ALuqtahs, dans le contexte de l'histoire émirale, une entité liée á la famille marwanide par Lrn rapport d'interdépendance de type patrimonialiste , clui est Ia khidn¡a, c'est á dire, I'ensemble des "serviteurs/fonctionnaires" chargés des fonctions administratives it. Ces fonctionnaires proviennent de vérital¡les dynasties de clients de la maison umayyade, Ies balutát al-sbaraf, ou, pius rareme nt, ils deviennent clients des émirs andalous alr moment de leur désignation dans la klcidn¿a. Les n¡auah andalous

jouissent d'une continr-rité remarquable dans le partage des charges administratives et des l¡énéfices qui en dérivent, au point c1u'ils établissent de véritables monopoles sur certains secteurs de 1'adminis-

tration. En contrepartie, ils semblent garantir, par leur présence auprés des émirs et par leur service ininterrompu, la "marque marwanide" de l'état and¿loLr

et sr srabiliré'. C'est ¡oLrr,lLroi les li:tes

qll'on trouve dans le Muc¡tabi: n'ont

pas la fonction composition de la khidnta á une époque donnée, mais visent i confirmer et ) célébrer l'emprise des ¡¡randes familles

de décrire de maniére exhaustive

86

ler

LE THÉME

DELADAB

L autre théme clui se détache clairement du tissu narratif dt Aluc1tabis est celui qu'on pelrt défini¡ comme "théme de I'adab". C'est un théme complexe, car, au nivear-r sémanticl-re, il apparait proche des ntanVfub (|addb étant au noml¡re des marqlles marwanides classiques), tolrt en étant en rapport avec I'histoire de la communauté andalouse dans son ensemble. dans la mesure oiI'adal¡ définit Ies processus qu'il faut désorm¿ris incliquer, d'aprés Norbert Elias, comme "de civilisattonr,. L'adab est aussi, dr-L point cle vue de sa fonction narrative, un <théme de commencement>, car il distingue nettement entfe Lrn

<<avant>>

et un

.aprés>>) comme

dans les trés longs cléveloppements qu'Ibn F.Iayyán consacre á I'avénement de Ziryab en al-Andalus, et

dans les

aua'i/,les "pren-riéres fois dans 1'histoire

,

qui jalonnent les progrés du savoir classique en al-Andalus gráce au patronaéle actif des émirs. En méme temps, et dans un sens encore ¡:,lus profond clui dépasse sans cloute l'intention d'Ibn Hayyán, il est un "théme délimitant", car c'est par l'acquisition de l',zdab clue Les abni al-Andalus, soit, les membres de l'élite Élouvernementale, se déhnisse nt par rapport aux Andalous ibériques (qui cherchent significativement á les imiter, comme le dénonce la célébre lamentation d'Alvarus de Cordoue), mais aussi aux Orientaux'8.

Limportance de la pratique de I'adab par les émirs andalous et leur entollrage per,rt étre mieux comprise sr-rr I'arriére-plan des traditions historiques qui décrivent les califes c|u balt marwanide de Damas comme férus de poésie et d'histoire, protecteurs des u¡Jabá' sbu''ara' et bons poétes eux-mémes, caperbles d'impnrviser des vers agréables á n'importe quelle occasion'e. Parmi les manifestations de ce m€me trait dans I'histoire de l'émirat andalou. l'attribution de 1'ode célébre (et apocryphe) sur le palmier d'al-Rusáfa n'Abd ¿rl-Rahmán I, avec une série d'écrits, e ux aussi factices, qui témoignent de ses talents de katiú. Tous les émirs andalous, jusqr-r'á


'Abd al-Rahmán III, sont par Ia suite

caractérisés

comme bons écrivains et poétes et comme protecteurs des hommes de lettres, méme lo¡s de périodes particuliérement troubles. C'est le cas de 1'émir

'Abd AIIáh, auquel est attribué une

compétence

parfaite dans toutes les branches du savoir religier-rx et profane, comme por-rr équilibrer son manqlre d'autorité politique et les quelqr-res défauts de caracrérc qui. rcllc son avarice. auraienr pu en rcrnir la réputationl0. LIn exemple éloquent de l'usage hagiographique de I'adab est offert par l'histoire du poéme composé par al-Hakam I á Ia suite de la révolte de I'Arrabal, essentiellement pour se disculper de l'accusation d'avoir excédé la juste mesure dans le chátiment imparti aux révoltés. Ce plaidoyer en forme poétique n'est pas sans atteind¡e son but, car un adib de l'époque ¿rurait observé, ) propos d'un distique de ce pobme que, s'il y avait eu un juge-

ment entre l'émir et les gens de l'Arrabal, ce vers aurait sufÉt á le disculper devant eLrxlt. La gravité extréme des faits mentionnés est pourtant telle que la suite de cette histoi¡e voit al-Hakam al¡andonner I'adab pour Ia taqua, afin d'expier du moins en par-

rir

ses f:aurqs évenruelles

La narration cles émirats d'al-Hakam et de 'Abd al-Rahmán II est typiquement ponctuée par de nombreuses digressions qui présentent Ies //daba' éminents cle I'époqr-re. Il s'agit, comme je l'ai mentionné avant, d'un développement ¡-rltérieur du théme de I'adab,lié á sa connotation communautaire. A travers la biographie de quelques personnages célébres de la cour d'al-Hakam, tels que 'Abbás b. Násih, 'Abbás b. Firnás, al-Ghazal et le syrien Ibráhim b. Sulaymán, Ibn F.Iayyán arrive ) décrire une vie intellectuelle intense et variée dans I'Andalus émiral, tournée vers I'Orient mais encore quelque peu idiosyncrasique et primitivelr. 'Abbás b. Firnás est le personnage responsable de plusieurs aua'i/ dans l'histoire de la cr-rlture andalouse, de f introdr-rction de l'industrie dil ve¡re á la premiére rencontre avec la métrique orientale, tandis que 'Abbes b. Násih aurait importé les textes fondamentaux ciu savoir scientifrque et littéraire oriental, durant une mission dont'Abd al-Rahmán II l'avait

chargéii. Ib¡áhim b. Sulaymán, client umayyade venu de Syrie , était, quant ) lui, r-rn poéte médiocre qui pourtant, en al-Anda|-rs, "mejoró su inspiracion" (á lire, probablement, comme r-rne allusion

polémique alix fadá'il ahl al-Andaltt:). II arratr eu le mérite d'introduire en al-Andalus la poésie des muhdathuz iraqiens qu'il avait connll personnellement, tels Abu Nüwás et Abü l-'Atáhiya, qui changeront profondément le goüt littéraire des Andalous. Toute trace d'archaisme va étre baIayée par l'arrivée du musicien baghdadien Ziryáb,

qui. ancien clienr abbasidr'. devient le héros mihistorique mi-légendaire d'une véritable épopée pédagogiclue á l'époque de 'Abd al-Rahmán. Par l'introduction massive des code alimentaires et vestimentaires orientaux, aussi bien que de l'étiquette de cour et du raffrnement abbasides, son avénement

marque le début d'un processus de <orientalisation" d'al-Andalr-rs qui ne connaitra plus d'arrét. En conclusion, dessein

il me semble que la cohérence du

d'Ibn Hayyán apparait de maniére assez évi-

dente, si on arrive ) se mettre de sa perspective . qui est celle de l'historiograpl-rie classique. Cela ne signifie pas que son histoire est ) considérer simplement comme la reprise de modéles reEus. Je crois que, s'il a pu trolrver dans le théme de IaJitna le moyen principal d' expliquer á soi-méme et á ses contemporains Ie sens des événements contemporains, il a adopté et transformé ce th¿me, au cours du récit, pour en faire la vérital¡le pierre de touche clu jr-rgement qu'il porte sr-rr le passé et Ie présent, arrivant á donner une interprétation puissante et originale de 1'histoire d'al-Andalr-Ls. Car Ia ftna est, d'apr¿s la signification originale du terme, le test qui pelmet de reconnaitre 1'or et, par métaphore, l'épreuve principale , la tentation supréme parmi celles que Dieu envoie nombreuses á sa commlrnauté et aux chefs de celLe-ci'o, pour qu'ils

puissent distinguer I'autorité légitime et vertueuse de celle indigne et censurable. A travers 1a description détaillée et fervente des actions iouables et du caract¿re vertueux des émirs et califes de ce balt,Ibn F.Iayyán a voulu montrer comment ils ont réussi á s'afErmer et á consolider leur pouvoir, et comment ils ont contrasté les menaces externes et les séditions internes, aussi bien par l'observance des principes fondamentaux de leur tradition dynastique, qu'en manifestant r-rne conduite digne de l'imamat légitime. Ainsi faisant, la narration du hluqtahis vrse ) ofTrir un enseignement utile polrr tolrs, pour les contemporains d'ibn F.Iayyán et, plus encore, pour le .souverain, idéal clue I'historien souhaite désigner et dresser par I'offre de son histoire. 87


NOTAS la critique post-moderniste des textes littéraires, toujours en quéte de la "hidden agenda", de l'intention déguisée dans les textes littéraires. Sur l'intérét rela¡ifd'utiliser, de

R. S. Hnmphreys, lslaruic Hi:ntr1: A Franeu'ork for Inclniry, Princeton, 1991; F. Donner, Naratiu oJ lslantic )ripn.r : the Beginnings of Islan)c His¡orical \Vriting, Pnnceton, 1998; C. Robinson, lslanic Historiograpl:1,, Cambridge-New York, 2003. F. Donner (qui traite surtout I'historiographique prétabarienne) mentionne hátivement le Ta'rikh d'Il¡n HaL¡ib, pour qui A. Notlr avait déj) m¿rnifesté cle l'tntérét (NarratiLe, pp.

I35 et 24 L, note

31t; cfr.

A. Noth,

Zú¿

maniére "prargmatique", Ia critique post-moderniste, je me range i l'avis de M. Innes, Using /be Pa.rf , introduc¡ion ) T/;¿ Agrs, (M. Innes et Y Hen 'Middk p. 2000, éds.), Cambridge, 3. C. Pellat, Tbe Origin and DeLelopnutl of Historiographl itt lIu:lint Spain, dans B. Lewis et P.M. Holt, éds., Histarians of the A4iddle Erzsl, London, 1962, pp. 118-25; L. Molina, U ses

Ear\ Arabic

Histarical Traútian. A Samce-Critical Sncly, ed. angl. L. Conrad, Princeton, I991t, p. 42-1 et 47-8). Franz Rosenthal aussi, dans x:n

A Hi.rtarl

of

Mulin Histoúagrapfu,Lerden,

I,

de Ibn Hayyán" , Al-Andalus, XI, 19'i6, pp. 195-421 et Andahtcia tonna Berberia, Madrid, 7976, p. 2L Jugement répété dans I'introduction á la Cranic¿t anouima d¿' 'Abd al-Rabnún III (.avec E. Lévi-Provengal), Madrid-Gra-

"A proposito

l0

t.

"A proposiro", p. 398. Cette interprétation a pu étre

i

en effet, sans exception, par "guerra

civii")

<1ur

aurait divisé

rvay of

legitinizrng the religious and

Dans le sens de A. Noth,

Earj

Il8).

Lslanúc, pp. 26-7

.

Qawwás. Ce dernier pourrait étre lc personnage mentionné dans le T¿'r|kh Baghdi.d, II, n.' 128 (ed. Ma'rui Beirut, 2001), comme Muhamm¿rd b. Ahmad b. Sulaymán (mais sa kun1,a

"t,

Al¡u l-Fadl), parmi les maitres du traditionniste

al-Darraqutnr.

1l

"Thrs theme represents historicrzing iegitrmation in Islam

par

exce//ence,

since the purpose

of

many Jttna accounts is

to describe how leadershrp of the community was won (or lost) by a particul¿r person or parrty through a sequence of mundane events, and to lament or celebrate these events > (Donner, Nawatittes, p. 184). C'est un th¿me <primaire" seion l'analyse des sources, par rapport i son apparition et i

tradltion primitive (cfr A. Noth, Earll, H)stoúcal,26-8 et 33-5); il est aussi, un "boundary theme", un théme délimitant (il "de6ne the son importarnce dans Ia formation de la

community or group in rel¿rtio¡ to others", Donner, Narrat)aa, p. I41), par sa ibnction sémantique et par son étymologie (sur Iaquelle je ¡eviendrai).

al-hhabar) et par le ciésir de I'étudier pour la connaitre. Puisque les Andalous ne s'y intéressaient guére, il se mit i recueillir le peu {d'informationsl qu'il trouvait chez les mai¡res reconnus et ies transmetteurs de traditions, pour le ranger de maniére systématique. Ainsi faisant, ri fut Ie pre-

t4. Le théme de Jina nalt comme théme anti-umayyade en milieu shi'ite, pour décrire le martyrologe des descendants de 'Ali. Il devient ensuite, avec les Abbasides, un théme sunnite, rransformation rendue possible par La commune ori-

[...]"

gine hashemite des deux groupes (Donner, Narratius, pp. I 87-90).

Al-Mar1rabas Trin anha' abilA' dl-Andalu¡, éd. M. Makki, Bei-

ru¡, I 39 1 I 197 3, 2' éd., p. 2 69 (dorénavant ilt t q¡ta bi.r, II-2). Donner, Narratite, p. 129. Je ne sais pas si Donner a été

L5

la dérive

i

son

tour

doute, l'historiographie amrride dut-elle étre

ir

tollr inspirée par un souci similaire d'expliquer I'auto-

rité d'al-Mansur, par des arguments et des moyens qu'on ignore, mais qui durent donner origine á ltr "fiction de légitimité" á travers laquelle on interpréte courammeflt la

des études littéraires post-modernistes.

Je m'en servirai moi-aussi avec beaucoup de précaution, car je ne suis pas d'accord avec la perspective coupabilisante de

Sans aucun

son

pleinement conscient des enjeux idéologiques implicites dans cetre formule, qu'il a empruntée á l'essai de J. Appleby et al., Telhng the Truth about Historyt, New York, 199.1, qui

88

<<a

de I'histoire d'al-Rázi, Abü Muhammad al-Hisni et Ibn al-

Antuna, .inicuamente asesinado por la barbarie"). Pour tous, M.L. Avila, .La fecha de redaccion del A4aqtahis", Al-Qanrara, y, 1984, pp. 9l-108. Cela dans la lettre avec laquelle il offre son Ta'rikh iL il' Ma'm[n de Toléde, que j'ai traduite dans "Ibn F]ayyán, historien du siécle des ta)fas", Al-Qantara, XX, 1999, pp. 113-5. Il dit ailleurs, de I'ceuvre de Ahmad al-Rázi, qu'il appelle .mon pére": .II étudi¿ les traditions et pencha vers I adab, ltsqt'i' étre dominé par l'amour pour l'histotre (habb

mier á jeter ies fondements de I'histoire en al-Andalus

8.

"Ibn Hayyán", pp. 103-,1.

12. Ce sont, avec trl-Fargáni que nous conn¡issons comme source

la djartá'a (trnduite par uunidad ") espagnole (l'article susmentionné s'ouvre avec le rappel de Ia mort de Melchor M.

7.

Pidal,YIL

Cel¿ est conforme d'ailleurs ) l'emploi classique de l'histoire

a-vis other parties' (Donner, Narratiues, p. 11.

son tour influencée, chez

García Gómez, par I'expérience de la guerre civile espagnoIe, reconnue comme une nolelrle litna (terme qu'il traduit

ATenettdez

Lo: Reinos de Tai.fa:, Madrid 1994, pp. 3-27; B. Soravia,

islamique comme

lus). 4.

tbe Early

political claims of their own community vis-a-r'is the claims of other communities and a way of legitimizrng the claims ofparticolar parties and groups rvithin the community vis-

n¿da 1950.

Cette croyance, qui n'a désormais plus d'adeptes en Espagne, est aujourd'hui émigrée aux Etats-Unis (voir la recension de M. Fterro aTbe Cdt¡tbridge Hittorl nf Arabic Literature. A/-Anda/a: d¿ns Der Islan (sors presse) et l'ouvrage récent de M. Il. Menocal, The Ornantent af tbe World, New York, 200J, inspiré par Ie mythe de l'exception qui a été al-And¿r-

in

Histariagraf.a, d¡ns Histarid dt Eslaña

1968, avait d'ailleurs ignoré l'historien andalou. 2

af tbe Pds¡

cu It

t6

ure dc I époqLrc Jer

Cronica

/96

y

cle

r

¿i

[¡s.

lo¡ enires Alhakan I 1 Abdarrahnan

847,

Il

erttre las años

Saragosse 2001 (dorénavant Aluqrabis

II-7).


LI

motif, analogue des arcb¡i classiques ("qui a été le pre) faire"), est á considérer ptrrmi les " thémes de commencement) (in.epÍilil tl:entes) recensés par Donner (ArarzCe

mrer

tiu,p.I42:

L

iJ,

ces th¿mcs "include events that dehne the community temporally and to some ex¡ent in terms of esscntial identity or ideology"). Il s'agit, ilpparemmentr d'une démarche emprllntée i la pratique littéraire. Al-Tha'Tliba, écrivain trés populaire en al-Andtrlus, cléhnit son Iqtibis a/-Qtr'in, unc anthololiie des

citations cortrniques utilisées par les auteurs arabes, comnre nun recueii de tout ce que j'ai aimé" (éd. I.M. al-Saffar, alMa¡surtrh 1 992, p. 38). Il pourrait étrc dc quelque intérét Ie fáit que, ptrrmr les rares titres recensés par Brockelmann et Sezgin

qui contiennent cette racine, trois ¡elévent d'truteurs

andalous du V'siécle (.avec Ie ta

lq

)0

i

¡

cI'

¿l-Htmay dt et I'

Iq

llrqtabis,la Djadhu'a al rnat¡

il b a :

d /-A n

tt.ár d' al-Rushárr).

C'est Ie "'strun¡¡-toélether ch¿rracter' (N ebueina n der haJtui of Ar¿bic historrcal writing, jaclis remarqué par G. Richter et

Jl.

P¿r exemple, dans sa clémence envers ses oncles Sulaymin et 'Abd AlLh, qui lui avaient disputé la succession, ¿rnsi qu'envers son secrétaire Muhammacl b. Yazid qui leisair partie cle ses nat¿uli (A[trqttrbi:, II 1, pp. 22-3). Linsistance sur le rappei des Umayyades orientaux en al-Andalus renvoie elle aussi au respect cIu rpu'rt. 12. Il en est question dans Noth, Edr/1 Islanic, pp. 96-10'1. .13. Donner comprend les .ri1ar parmi les thémes deflza, alors qu'i1 range 1e théme adninistratif parmi les "thbmes de communauté'. liés ) l¿ formation et i I'essor de la annnrt isiamiclue (le rapport entre celle-ci et f institution dLt dittan par 'Umar b. ai-Khattab est cl'ailleurs bien connu). Il est aussi, évidemmcnt, un th¿me hégémonrque (concernant .the question of N{uslim hegemony over non-Muslims , N¿rratite , p. 174), car il justifie la présence d'un é¡at mu sulman et son autorité sllr les slrjets non-musuimans. Les deux thémes peu\¡ent ¡russi étre interprétés, sous I'aspect

narrarif, comme "thémes délimitants", car ils établissent la

clistinction entre ies émirs andalous, haú l-Lbtlafá', et les autres prétendants au leadership d'al-Andalus, mais ¡ussi

commenté par Noth, Ear/), A¡¿¡¡r, tr. 19. Les Tolédens uirritaron cl cmir al-H¿rktrm con sus rebeldes

entre al-Andalus comme dár a/ i.¡/átn, sonmis aux traclitions administratives arabo-islamiques, et le reste du te¡ritoire

veleidades, su desvio dc la obediencia y frivolidacl ignorantc y pecaminosa con clue rechazaban su (XLrqtabLr

II-1, p¡r. 29-30); le

legitimidacl

massacre cle

cle

imam"

I'Arrabal "fue

quc plantb firm¡rmente las tiendas de los maru,¡rnies en Alanclalus, que quedaron clavadas g¡ sl 5¡s16" (p. til). eL

21.

II-1, p. 35 oi Iarabc Jitna e na'si1,tt sont v¡nisembltrblement rendus par "sedición" et "reL¡elp.3c)11 Xltqtabi:, 1II (éd.

14-6,91). Il

AIntltabi:,II

2,

reilh.d/€ et í/ins politiqne.r dans /Espagne tan11ade,

ces

15.

Al:Arabi, Rabat l4l 1/1990, pp.

delafna c\tnsle XIutltabis.

du lexique

massacre

leur soumission ne sera compl¿¡e qu'¿rvec le calil¿t d'al-Nasir,

y

(Mrytabis,II-1, p. 31). " Voir, ptrr exemple, Ia description exaltéc de l'émirat de Muhammad par al Rázi: "Le calilnt clc l'émjr Muhamm¿d b. 'Abd ai-Rahmán (.ilr)

fut une période

d'¿rbondance, son

fut brillante, son pouvoir (¡u/¡an) ftt ) tel point ilIustre que sa renommée arriva jusqu'en Orient" (XIuqtabi:,

époque

II-2, p. 129). L'ensemble

des siyrtr chez les

Soravra, Entre bareatcratie,

i7. II

plus anciens, suivant peut-étre une t¡adition spécifiquement

ilIrytabi:,II-1,p.

171.

25. AMqrabis,II-2, p. 131, citant Ibn al Qutiyya. 26 lbidem, p. 1 32. Ces remarques semblent indiquer I'existence d'une historiogrtrphie contraire oont 2.1

le \lt,,lttl

Prr exem¡le.

i., ¡r,rrds

) Háshim b. 'Abd al-'Aziz,

l( \od\enir.

dtn; \lt,.yal,) .ll-2. pp. I

t <-1.

Lrlanic,84-l et 91. hluqtabis, II-1, i7-8. lhiden, pp. 128-9. Noth mentionne en passant l'existence du genre des au'siy dans la tradition historique primitive, Cfr Noth, Early

29. J0.

et confi¡me son caract¿¡c

llctioonel

(.F,arl1

I:/attic,

p.9l).

pp. i7i-5).

considére aussi les tuau.ali comme les véritables compa-

gnons des émirs ct les catégories qu'il leur applique, celles de tlidan (appartcnance dés le début), cle tbru'u'a (lignage)

umayyade des silar a/+nn/ik. 21.

i l'émir Muhammad, justifiant sa nomination clans la kbidna cI'tn de ses n¿tu.áh dont I' ineptie était notoirc, il dira: "Notre tradition (.nadhbab¿ nd) nous prescrit de limitcr les charges éminentes d¿rns 1'administr¡-

qu'aux choses vulgaires" (t\laqtabis II-2, p. 144 cfr aussi R.

truteurs cirés par

Ibn Hayyán semble reprendrc des ciichés et des "toiroi"

, t994, pp. 1 65-200.

Dans le cliscours attribué

tion aux fils de nos clients cc xllx gens qrLi sont ¿vec nuus de puis le début (ah/ al-sauabiq), et que nous choisissons votre successeur parmi vos clescendants, selon le m¿me prin.i¡e paf lequel nous avons choisi parmi vous Ie successeur de vos prédécesseurs. Si nous nous écartions de cettc tr¿rdition (...) lc nnbi/e tilgts prenckart lc pottvoir, parmi les fils des marchancls, les gens du commun et ceux qui ne s'intéressent

se consolidó la comuni-

,Ja ')).

J'ai traité cet ¿rspect dans "Entre bureaucratie et littératlrre: la btába et les kuttáb dans l' ¿rclministration de I' Espagne 7

36.

) al-Hakam du fbssé, Ibn Hayyán obsen'e que

lorsque nse terminü ltr sedición

Hclsinki

mrLsulmane,, A /-trIa:áq. Stadi¿ Araba-Is/¿trtica Mediterranu,

Par cxempic, lorsque les Tolédans se soumettent

I, i la suite du

mtrwa-

I9t)L) '

se¡¿rit intéressant (et ie regrette de ne pas avoir

eu ie temps de le fairc) de recenser L'ensemble des occurrcn-

L étnde Ia plus compléte cle l'ensemble de Ia kbidnnt

nide est celle de M. Meouak, Pout'úr sout,erairt. ¿dnirtislr¿liut¡

Par exemple, A[ru1tdbis.

día" (je n'ai pas pu veriher le texte arabe);

22

ibérique.

i1.

18.

et de faú.la (excellence) semblent inspirées du lexique de l'histoire prophétic1uc. C'est le principal parmi lcs thémes articulés clans \a AIntlad dinn d'I6n Bassám i sa Db¡khir¿ (1'en ai donné une traduction italienne, Ilintrodtilone llbn Basunt al Kitáb al-dhakhira ll mahásin Ahl al Djazrra, Present¿zione e traclazione, <Ians

Il, NruLos esluclia.¡ :ol¡re el reino tai.fa de tsatlajoz. Diaz Estcl¡¿in (éd.), Maclrid 1999, pp. 25)-11).

ts¿talitls

i9. Elles ont été nottrmment

mises en valeur par

F.

M. Kister,

"The Seven Odes. Some Notes on thc Compilation of the Mrallaqát", Rit.isra degli Srili Orienta/i, '14 (Ig6t)), pp. 21-

89


J6. Un historien abbaside comme Tabari en parle aussi, cf. que'Abd al-Malik b. Marrván aurait improvisés aprés Ia victoire sur ai-Mus'ab et la redditron d'al-Kufah (TheHi.rtorl o.f al Tabarl,XXI,TheVixorl of tfu Maruanir.l.r,

tée par al-¡ülalid

les poémes

40

11

,1i3.

trad. angl. par M. Fishbern, Albany 1990, pp. I 88-90). D'aprés le témoignage du poéte 'Ubáda, l'émir étart "¿dib, éloquent, disert, pieux, bon écrivain er po¿re,. Pour alRázl, "il était expert dans toures les branches du savoir religieux, excellent connaisseur de Ia lexicographie, du garih fl'emploi des mots raresl, des allárn al:Arab lles .journées des Arabes", c'est á dire les récits des bat¿illes de I'Arabie pré-rslamiquel et des vies des califes (:i1ar al-Abalafu')". 11 aurait, entre autres choses, connu par cceur la tradition historique pré-islamique et composé des poémes de sujet ascétique (Maqtabis III, pp. 56-7).

trait archalque dans "Al-Gha-

decrsively inlluencing Andalusi poetry generally.

A pro-

blem ofliterary development is clearly presenr here [...] and

invites further investigation". (.Andalasi Poenl: The

41 45

Golden

Period, dans S.H. Jayyusi (éd.), The Legacl, of A4tsliru S¡taia, Leiden, 1992, pp. 127-8. Muqtah.r, II- i, pp. 169-70.

Ce trait semble préoccuper les biographes andalous, qui mentionnent i plusieurs reprises son rejet de l'afltliation avec les Abbtrs:ides et son choix clair er net de la cour marwa-

II-1, p. 59 (méme récit dans AkhbVr Xladjnn:a). Son absolution devant le tribunal de l'ac/ab est renforcée

nide. Pour tous,

ces vers que

Nah', oh, 'Ali, tír, rú

lui dédie Ibn ai-Shimr: "'Ah b.

eres el refinado, el elegante,/ rúr eres en

origen, si te preguntan, háshimí, /pero en el afecto, omeya"

(llnqtabis II-1, p. 21,1). Ie llrytablr que le AIatin contiennenr de références aux .épreuves> (nihan, intibin, etc,) auxquelles

46. Aussi bren

tiend¡a aussi son apologie devanr le "tribunal de l'adab" pour se justiher d'avoir tué son fils Ismá.il, er je suspecte qu' Ibn Hayyán ait eu présent I'histoire d'al-Hakam dans la relation cle ce meurtre (les détails dans mon afticle (Le meurtre d'Ismá'il>, dans M. Fierro er D. Serra¡o, Estuclios ottamastica-biagraJtcos de al-Andalus, XIV, Madrid, solrs pres-

Dieu assujettit les souverains: par exemple Alrytabi.r,II-1 , pp.61-4 (aprés le massacre de l'Arrabal, al-Hakam est encouragé par son katib

i

pardonner les révoltés, car "Dios h¿

sido bondadoso contigo clándore, pdrd prlbdrte, la vic¡ori¿: sélo

).

tu

termbién con sus criaturas").

Et, comme

cas con-

traire, le récit de l'assassinat d'Ismá'il b. 'Abbád par son pére al-Mu'tadid, lequel, bien que Dreu iui eusse accordé de triompher de la sédition frliale, pour nle me¡ne ) /'ílrene

La conve¡sion ¿u zubd attrtl¡tée á al-Hakam est aussit6t désavouée par la mention du <tesramenr> dont j'ai pa¡lé avant, et de sa double ba1'a en {aveu dc ses fils 'Abd al-Rahmán et al-Mughira. La signrfication symboLque des deux actes indiquc en eff-et son plein exercice de l'aurorité émirale (la dodJ.e bala semble renvoyer á la méme démarche adop-

en ce

qu'II lui avait donné, lmais ill choisit de soulager sa " (Dbak/:|ra, III-1, p. I1t3 ; cfr

colére au lieu de parclonner

aussi note 4 L, mes italiques).

I 90

avair pu

zal's srmplified sryle 1...1rvould not succeed in maturely and

Muqtabi.r

se

S. H. Jayyusi a souligné efficacement ce

son analyse de Ia poésie d'al-Ghazal al-Djayyáni:

par nombre d'akhbár destinés á souligner sa noblesse de caract¿re, son mépris du danger, son respecr des stjets barant (femmes et enfants) etc. Al-Mu'tadid Ibn'Abbád de Séville

12

II en l2i H., dont ibn Hayyán

connaitre le compte-rendu de Tabari, cfr Tbe History af al'f abari,XXYI, pp. 104-115, rrad. de C. Hillenbrand).


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