Maritime Medway French translation

Page 1

Conseil de la Medway Maritime Comment la Rivière Medway a marqué l’histoire


2

A propos de ce livre

A qui ce livre est-il destin ?

Ce livre est une introduction à l’histoire de la Rivière Medway. Il couvre les principaux thèmes de cette histoire pour tenter de souligner l’impact de chacun d’entre eux sur la vie des habitants de Medway, au passé comme au présent. Au fil des années, certains de ces thèmes ont été longuement traités par des livres spécialisés. Il était toutefois grand temps de publier un ouvrage d’ordre plus général, accessible et fiable.

Cet ouvrage sera très utile : • aux élèves et aux étudiants du nord du Kent dont les études nécessitent d’être replacées dans leur contexte ; • aux visiteurs désireux d’apprendre ce qui rend cette région spéciale ; • aux habitants de la région avides d’obtenir un résumé de l’histoire de Medway ; • aux lecteurs en général, prêts à se lancer sur le chemin de découvertes plus approfondies.


1 Introduction 5 Qu’est-ce que la Rivière Medway ? . . . . .5 Où commence la Rivière Medway ? . . . .5 Pourquoi la Rivière Medway est-elle importante ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 Comment les populations ont-elles traversé la Rivière Medway ? . . . . . . . . . .6 Comment la rivière a-t-elle modifié la manière dont la région s’est développée ?7 2 Ecologie 10 Qu’est-ce que l’écologie ? . . . . . . . . . . .10 Pourquoi l’écologie de la Rivière Medway est-elle importante ? . . . . . . . .10 Quels sont les principaux habitats de l’estuaire de la Medway ? . . . . . . . . .11 Qu’est-ce qui vit dans les eaux de l’estuaire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12 Quels sont les oiseaux qui vivent sur ou près de la Rivière Medway ? . . .12 Quelles sont les principales réserves naturelles locales proches de la rivière ?13 Quels sont les dangers qui menacent l’écosystème de la Rivière Medway et comment faire pour l’en protéger ? . . .14 3 La p che 16 Pourquoi la vie animale de la rivière s’est-elle modifiée ? . . . . . . . . . .16 A qui appartiennent les poissons de rivière ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16 Quels types de bateaux les pêcheurs de Medway utilisaient-ils ? . . . . . . . . . . .17 Comment attrapait-on le poisson ? . . . .18 Qui étaient les pêcheurs ? . . . . . . . . . . .20 4 Construction des navires et des bateaux 22 Quel genre de navires et de bateaux construisait-on sur la Rivière Medway ? 22 Comment la construction navale a-t-elle commencé sur la Rivière Medway ? . . .22

Où se trouvaient les chantiers navals privés ? . . . . . . . . . . . . .23 5 L’industrie 28 Pourquoi les rivières sont-elles importantes pour l’industrie ? . . . . . . . .28 Qu’est-ce qu’un moulin ? . . . . . . . . . . . .28 Quelles ont été les premières industries d’importance à utiliser la Rivière Medway ? . . . . . . . . . . . . . . . .29 Pourquoi les industries basées sur la Medway ont-elles changé ? . . . . .31 Quelles ont été les sociétés les plus célèbres de la Rivière Medway ? . . . . . .33 Que sont devenues toutes les industries de Medway ? . . . . . . . . . . . . .33 6 Les « hulks » ou pontons-prisons 36 Qu’étaient les hulks ? . . . . . . . . . . . . . . .36 Pourquoi utilisait-on des hulks ? . . . . . .36 A quoi ressemblaient les hulks ? . . . . . .37 Comment était la vie à bord d’un hulk ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39 Qui était responsable ? . . . . . . . . . . . . .40 Qui étaient les détenus ? . . . . . . . . . . . .41 Pourquoi a-t-on fini par ne plus utiliser les hulks ? . . . . . . . . . . . . . . . . .42 7 Les loisirs offerts par la Rivi re Medway

44

Quelles sont les principales activités ludiques offertes par la Rivière Medway ? . . . . . . . . . . . . . . . .45 8 L’avenir

50

La régénération, qu’est-ce que c’est? . . .50 Quel avenir attend les entreprises de la Rivière Medway ? . . . . . . . . . . . . . .51 Que va-t-il arriver à l’environnement? .52 3


1

Introduction

Qu’est-ce que la Rivi re Medway ? La Medway est la rivière la plus longue de la région du Kent. Personne n’est certain de l’origine de son nom mais il est probable qu’il ait été emprunté aux mots anglosaxons de « middle way » c'est-à-dire michemin, puisque la rivière semble couper le nord du comté en deux. Sans la Medway, l’histoire du Kent serait assez différente. Ce livre présente certains des aspects de la rivière qui ont eu une influence sur la vie des habitants du Kent, depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours. Il s’attarde principalement sur les 24 derniers kilomètres de la Medway, juste avant qu’elle ne rejoigne la Tamise puis la mer. A cet endroit, la rivière est plus large, plus profonde, plus salée et plus encombrée et c’est là qu’elle a donné son nom à une communauté historique mais à croissance rapide : la communauté de Medway. O

commence la Rivi re Medway ?

La plupart des rivières du monde font la même chose ; elles prennent leur source en hauteur et coulent vers la mer. La Medway 4

surgit d’une source dans le village de Turner’s Hill dans la région du West Sussex, à plus de 170 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle poursuit ensuite sa course à travers le Kent sur 113 kilomètres avant de rencontrer la Tamise à Sheerness. Pourquoi la Rivi re Medway est-elle importante ? La rivière suit les contours de la terre. Depuis bien des millénaires les populations ont à leur tour suivi le cours de la rivière et élu domicile sur ses rives ou aux alentours. Tonbridge, Maidstone, Rochester et un grand nombre de villes ou villages plus modestes ont été établis sur leur emplacement actuel à cause de la Medway. • Elle a procuré de l’eau aux habitants eux-mêmes, à leurs animaux et à leurs récoltes. • Elle a procuré de la nourriture sous forme de poissons et de crustacés. • Elle a aidé les populations à se défendre contre les attaques extérieures. • Elle offre un moyen de transport particulièrement utile pour le déplacement de lourdes charges.


• Elle a servi de piste de lancement à de gigantesques avions. • Elle a fourni la matière première nécessaire à l’industrie lourde. • Elle a servi de base à la marine anglaise. • Elle représente un important habitat pour de nombreux animaux et oiseaux rares. S’il est vrai que les maisons placées au bord d’une rivière sont plus à la merci des inondations, le problème s’est peu posé depuis quelques années au niveau du cours inférieur de la rivière, entre Maidstone et la mer. L’embouchure de la rivière a également permis à bien des envahisseurs de s’introduire dans le Kent ; des Vikings du 9ème siècle aux Hollandais du 17ème. Comment les populations ont-elles travers la Rivi re Medway ? Ponts routiers de Rochester Les bateaux peuvent transporter un petit nombre de passagers, d’animaux ou même de voitures ou d’autobus d’une rive à l’autre à des points de traversée spécifiques. C’est ainsi que les bacs sont encore utilisés de nos jours. Un itinéraire très populaire peut toutefois exiger une plus grande capacité. Lorsque les romains envahirent la Grande Bretagne en l’an 43 après JC, leur historien, Cassius Dio, décrivit l’armée traversant à la nage la largeur d’une rivière pour battre les britanniques au cours d’une grande bataille. Personne ne peut affirmer que c’était bien la Medway mais ce qui est certain, c’est que quelques temps après les romains victorieux construisirent le premier pont sur la rivière, à Rochester. Ce pont avait une importance cruciale car il aidait à compléter la principale voie romaine du Kent entre Douvres et Londres. C’est en fait ce pont qui a donné

son nom à la ville. A l’époque romaine, Rochester s’appelait « Durobrivae » c'està-dire, « La place forte près du pont ». Les armées romaines quittèrent la Grande Bretagne vers l’an 410 après J.C. Réparé à maintes reprises, leur pont sur la Medway continua à faciliter la circulation pendant plusieurs siècles. Il commença finalement à tomber en ruine au 14ème siècle. Deux hommes payèrent alors pour la construction d’un nouveau pont ; Sir Robert Knolles et Sir John de Cobham. Ce nouveau pont ne rejoignait pas la rue principale comme le faisait l’ancien mais se situait un peu plus en amont, à proximité du château de Rochester. Construit en pierre, il fut inauguré en 1391. Il comportait de nombreuses arches qui forçaient l’eau dans des couloirs au courant très rapide, rendant la navigation difficile à certains bateaux. Il servit cependant pendant plus de 450 ans. En 1856, un nouveau pont fut construit sur les ruines du pont romain. Celui-ci était en fonte. A marée haute, ses trois arches étaient très basses sur l’eau et les bateaux éprouvaient souvent des difficultés à passer dessous. Gravement endommagé par un certain nombre d’accidents, ce pont fut reconstruit en 1914 et de nouvelles arches placées sur sa partie supérieure plutôt qu’en dessous. C’est cette version qui perdure encore de nos jours et qui permet de voyager entre Rochester et Strood. Ouvert en 1970, un dernier pont facilite la circulation dans la direction opposée. Le d sastre du Pont de Rochester En 1816, un jeune homme du nom de Thomas Gilbert décida de fêter son vingtet-unième anniversaire en se promenant sur 5


la Rivière Medway avant de pique-niquer à Halling. Ses invités comprenaient quatre membres de sa famille et neuf jeunes filles du pensionnat que tenait son père à Chatham. Il avait loué les services d’un batelier local chargé de lui procurer et d’entretenir un bateau pour la journée. La promenade en amont et le pique-nique se déroulèrent très bien et le tout le monde remonta à bord vers 19 heures pour redescendre en aval vers Chatham. Personne n’avait réalisé qu’en raison de réparations effectuées sur le pont de Rochester, des planches de bois avaient été attachées à fleur d’eau sous l’une des arches du pont. Le bateau frappa contre le bois et se retourna, noyant tous ses passagers ; seul le chien du batelier parvint à nager jusqu’à la rive. Une large pierre à la mémoire des 15 personnes ayant ainsi perdu leur vie fut placée dans l’église Baptiste de Chatham. Elle fait aujourd’hui partie des objets exposés au musée du Guildhall. Ponts ferroviaires de Rochester La compagnie des chemins de fer « London, Chatham and Dover Railway » construisit le premier pont ferroviaire de Rochester, afin de relier leur gare de Chatham à Strood. Il fut inauguré en 1858. Un second point de traversée en train fut ajouté en 1892 et c’est celui-ci qui sert encore actuellement. Autres points de traversée Aujourd’hui, il existe trois ponts en amont de Rochester, près du village de Cuxton. Deux d’entre eux soutiennent l’autoroute M2. Le troisième a été construit pour le train à grande vitesse qui relie le Tunnel sous la Manche à la gare de St Pancras International de Londres. 1996 marqua l’inauguration d’un différent mode de traversée en aval de Rochester. 6

C’est le Tunnel de Medway, qui relie Chatham Maritime à Frindsbury. Réalisé en plongeant les sections d’un énorme tube dans la rivière, c’est le premier tunnel de ce style construit en Angleterre. Bien que la circulation des vélos n’y soit habituellement pas permise, en 2007 le tunnel a été exceptionnellement fermé pour permettre à environ 200 cyclistes du tour de France de l’emprunter pour réaliser la première étape. Comment la rivi re a-t-elle modifi la mani re dont la r gion s’est d velopp e ? Défense Les romains étaient intéressés par l’emplacement sur lequel Rochester se dresse aujourd’hui car c’était un endroit propice à la traversée de la Rivière Medway, autant en bateau que par l’intermédiaire d’un pont. Une fois leur pont construit, il fallut le protéger. Il est donc probable qu’un groupe de soldats ait vécu en permanence aux alentours du pont, dans la ville de Durobrivae. Un mur érigé tout autour de la ville aidait les soldats à remplir leur tâche. Ce mur tenait encore bien des siècles plus tard lorsque les Vikings remontèrent la Medway mais il faisait alors partir de la ville Anglo-Saxonne de Rochester. Le mur aida à maintenir les Vikings à distance jusqu’à ce que le Roi Alfred arrive et les chasse. Vint ensuite Guillaume de Normandie, qui envahit l’Angleterre en 1066 et envoya ses chevaliers parcourir l’ensemble du territoire pour y construire des châteaux destinés à l’aider à contrôler son nouveau royaume. Ces chevaliers furent nombreux à choisir les anciennes villes romaines comme Rochester, car elles bénéficiaient déjà de fortifications. La


Rivière Medway s’enrichit ainsi d’un autre système de défense sous la forme du gigantesque château normand qui se tient de nos jours encore près de sa rive. Le Chantier Naval de Chatham A l’époque de l’accession au trône de la Reine Elizabeth en 1558, la Medway commençait déjà à devenir la principale base de la marine anglaise. Entre deux utilisations, la plupart des navires d’importance étaient ancrés sur la rivière en dessous de Rochester. Des entrepôts et des lieux de stockage avaient été construits tout près afin de pouvoir ravitailler navires et marins. Le chantier naval de Chatham fut très vite employé pour réparer ces navires et en construire de nouveaux. Ce chantier naval continua à se développer pendant de nombreuses années, fournissant plusieurs milliers d’emplois à la population locale. Il ferma définitivement ses portes en 1984. Transport Avant l’arrivée du chemin de fer, seul le transport par bateaux permettait de déplacer des objets lourds à peu de frais. Il est toutefois impératif de prendre soin des rivières pour permettre aux bateaux d’y circuler en toute sécurité. En 1746, la Medway accueillait de larges vaisseaux jusqu’à Tonbridge. Par conséquent, Rochester et Chatham, situées là où la Medway était large et profonde, devinrent des villes où il était possible de débarquer des cargaisons et de les envoyer vers d’autres parties du Kent par la route. Bien des entreprises affluèrent vers ces villes car la rivière leur permettait de faire venir des matières premières et de renvoyer les produits qu’elles avaient fabriqués.

Le cours de la Medway Ce n’est pas par accident que la Rivière Medway tourne abruptement vers le nord lorsqu’elle atteint la zone de Maidstone. Elle continue alors vers les « North Downs », une succession de collines qui s’étendent sur 190 kilomètres. Partant du Surrey, elles traversent le Kent pour finir sur la côte à Douvres. Puisqu’il est impossible à la rivière de couler en montant, elle tourne et coule à travers l’espace offert par les Downs entre Wouldham et Halling. Elle passe ainsi le long d’une vallée jusqu’à Rochester. Ce même paysage naturellement plus plat a non seulement permis à la rivière de circuler, mais il a aussi favorisé la construction et l’utilisation de la route principale (A228) et de la ligne de chemin de fer qui suivent la rive de la Medway sur toute cette longueur. Le ch teau d’Upnor et le Raid Hollandais Le château d’Upnor avait pour but d’empêcher les ennemis potentiels de s’approcher par la rivière du chantier naval de Chatham et du grand nombre de vaisseaux qui y étaient amarrés. Il avait été construit en deux étapes. En 1559, un énorme bastion triangulaire ou plateforme de tir avait été érigé sur la rive de la Medway. Un bloc fortifié construit juste derrière permettait aux soldats de vivre sur place et offrait une plateforme de tir supplémentaire sur le toit. En 1599, de nouveaux murs et de nouvelles tours furent ajoutés, complétés par des douves, un pont-levis et un corps de garde côté terre.

7


En 1667, une flotte hollandaise sous les ordres de Michiel de Ruyter, attaqua et incendia le nouveau fort de Sheerness, à l’embouchure de la Medway. Les navires de tête se dirigèrent ensuite en amont. Ils brisèrent la chaine tendue sur l’eau entre Gillingham et Hoo Ness, et repartirent en emmenant avec eux le navire-amiral anglais, le « Royal Charles ». D’autres navires furent incendiés ou coulés. Après une nuit au mouillage, d’autres navires hollandais se pressèrent en direction de Chatham. Le 13 juin, ils se battirent contre le château d’Upnor et furent forcés de faire demi-tour, non sans avoir endommagé plusieurs vaisseaux anglais. Bien que le château soit parvenu à enrayer l’attaque du chantier naval, le raid hollandais représenta une terrible défaite pour la marine anglaise. Se rendant à Chatham peu de temps après pour voir les vaisseaux incendiés couchés dans le lit de la rivière, l’écrivain John Evelyn les décrivit comme le plus affligeant spectacle jamais observé par un anglais et un déshonneur impossible à effacer. La Tamise et le canal de Medway Un canal ressemble à une rivière mais il est conçu puis creusé par des hommes avant d’être rempli d’eau. Bien des canaux furent construits au 18ème siècle dans le but de déplacer des objets lourds dans des endroits ne bénéficiant pas de rivières. En 1824, une compagnie privée construisit un canal pour relier la Rivière Medway à la Tamise. Ce canal partait de Strood, passait à travers un long tunnel jusqu’à Higham pour finir ensuite à Gravesend, écourtant ainsi le voyage vers Londres de plusieurs heures. Malheureusement, la construction du canal avait coûté très cher et la 8

compagnie n’obtint jamais aucun bénéfice des bateaux qui payaient pour y naviguer. Le tunnel ne demeura ouvert que quelques années avant d’être vendu pour faire place à une ligne de chemin de fer. C’est cette même ligne qui relie toujours Strood et Higham.


2

Ecologie

Qu’est-ce que l’ cologie ? L’écologie consiste à étudier l’interaction entre les choses vivantes et leur cadre naturel. Tout ce qui existe dans un endroit particulier, y compris les plantes et les animaux mais aussi les ressources telles que l’air et l’eau, peut être décrit comme un écosystème. La taille des écosystèmes varie – certains sont aussi petits qu’un jardin, d’autres sont aussi vastes que la terre tout entière. La Rivière Medway et son estuaire, l’estuaire étant la partie de la rivière qui s’élargit avant de rencontrer la mer, forment un écosystème compliqué. Cet écosystème est composé d’une large gamme d’habitats différents. Pendant d’innombrables années, les plantes et les animaux ont évolué ou se sont adaptés en fonction de leur habitat, c'està-dire l’environnement dans lequel ils vivent. Parfois, les habitats se modifient si rapidement qu’ils ne sont plus adaptés aux plantes et aux animaux, ce qui signifie que ceux-ci peuvent mourir ou disparaître. Les

humains, particulièrement quand ils sont en grand nombre, peuvent souvent modifier les habitats sans même s’en rendre compte. Pourquoi l’ cologie de la Rivi re Medway est-elle importante ? Les estuaires des rivières sont importants car ils représentent des écosystèmes inhabituels et abritent de nombreuses plantes et animaux spéciaux. A l’endroit où la Rivière Medway tourne vers l’est après avoir passé Rochester, Chatham, Brompton et Upnor, elle s’élargit d’un coup. La marée montante et descendante recouvre de vastes étendues boueuses. De petites îles apparaissent au milieu du cours d’eau. L’eau y devient pratiquement aussi salée que l’eau de la mer. L’estuaire change continuellement, de jour en jour et d’année en année. La forte présence de nourriture dans la vase et les eaux de la rivière produit un environnement capable de subvenir aux besoins d’un grand nombre d’animaux. Parmi eux, les invertébrés sont 9


particulièrement importants. Les invertébrés sont des animaux dépourvus de colonne vertébrale tels que les bulots, les crevettes, les crabes et les vers, qui fournissent à leur tour une source d’alimentation à d’autres animaux qui viennent dans l’estuaire pour se nourrir. L’homme utilise lui aussi l’estuaire depuis des centaines d’années. Notre comportement a eu un impact sur l’écosystème. Nous nous sommes montrés très habiles pour pêcher dans les eaux de la Medway. Nous avons dragué la rivière en ramassant la vase pour que l’eau circule librement à travers les canaux de la rivière. Nous avons construit des forts sur les îles et des digues de protection sur la rive pour empêcher la mer d’envahir les villes et les villages côtiers. Nous avons nourri nos animaux de la ferme en les laissant brouter dans les marais de la rivière. Nous y avons jeté toutes sortes de déchets et de produits polluants. Quels sont les principaux habitats de l’estuaire de la Medway ? Zones vasières de balancement des marées Les zones vasières sont de longs bancs de boue qui se forment entre marée haute et marée basse. Entre deux marées, ils constituent un habitat mais ils se retrouvent entièrement noyés sous l’eau deux fois par jour, quand la marée monte et descend. On n’y trouve généralement aucune plante, sauf la zostère marine qui pousse parfois sur certains bancs de vase mieux abrités. Cependant, la vase ellemême regorge d’invertébrés. C’est la raison pour laquelle ces bancs de boue sont importants. Il paraît qu’un mètre carré de boue aurait le même contenu énergétique que 16 barres de chocolat ! 10

Marais salants Les marais salants sont légèrement surélevés par rapport à la boue de la rivière. Ils ne sont pas assujettis aux marées et ne sont qu’occasionnellement recouverts d’eau. Ils forment toutefois un habitat à part où seules certaines plantes spécifiques sont capables de survivre à l’eau salée qui les recouvre régulièrement. Les plantes ellesmêmes aident à préserver l’habitat puisque leurs racines et leurs tiges retiennent la boue des marais et empêchent les flux et reflux de la rivière de l’emporter. Parmi les plantes des marais salants les plus communes on trouve : l’aster maritime, la lavande de mer, la spartine, et l’herbe de prés salés. On trouve aussi dans cette région une espèce rare appelée salicorne dorée. L’estuaire de la Medway est l’un des meilleurs endroits en Grande Bretagne où étudier la famille de plantes du nom de salicornes. Prairies humides La prairie humide est une zone de pâturage ou de terre, sur laquelle les animaux de la ferme se nourrissent librement. Bien qu’humide, elle est plus sèche que les marais salants. L’eau s’y accumule dans des étangs et des canaux que les populations locales utilisent pour gérer l’humidité du marais en construisant des vannes de vidange. Ces vannes sont des sortes de barrières amovibles plongées dans les cours d’eau. Il est possible de les ouvrir et de les refermer pour envoyer l’eau autour des zones de pâturage. Les fossés ainsi noyés empêchent également les animaux de s’échapper. La flore des prairies humides est composée de plusieurs espèces d’herbe et de graminées mais aussi de


nombreuses autres plantes telles que l’orgeat maritime, le chénopode glauque et le trèfle maritime. Digues Les terres de l’estuaire sont protégées en bien des endroits par des digues ; des sortes de larges berges escarpées destinées à forcer la rivière à rester dans son lit ou du moins à limiter ses inondations aux marais salants. Nombre de ces digues ont été construites il y des centaines d’années à base de boue, de terre et d’argile. Au bout d’un certain temps, de vastes prairies ont commencé à se développer sur les digues elles-mêmes et on y trouve de nos jours une profusion de plantes très intéressantes qui poussent sur les rives même de la Medway. L’argile utilisée pour la construction de ces digues était généralement extraite directement du sol en bordure de la rivière. Une fois remplis d’eau, les larges trous et fossés ainsi créés se transformaient eux-mêmes en de nouveaux habitats. Aujourd’hui, on y trouve de nombreux lits de roseaux de Medway. Des visiteurs inhabituels Des créatures surprenantes ont été découvertes dans les eaux de la Medway. On aperçoit de temps à autres des phoques dans l’estuaire. En 2008, un phoque a remonté la Rivière Medway jusqu’à l’écluse d’Allington près de Maidstone. Les dauphins font parfois une rare apparition. En juin 2010, un dauphin s’est retrouvé prisonnier dans une mare peu profonde à Otterham Quay. Avec la marée descendante, le niveau de l’eau baissait de plus en plus et une tentative de sauvetage avait été lancée. Le dauphin mourut au moment même où deux hommes

essayaient de le hisser vers le cours de la rivière. L’examen pratiqué par la suite sur sa dépouille démontra clairement qu’il était gravement malade et n’aurait pas survécu longtemps, même en pleine mer. Les animaux qui se retrouvent ainsi échoués en solitaire finissent souvent par mourir. L’une des espèces de poisson les plus inhabituelles trouvée dans l’estuaire de la Medway ces dernières années à été une lamproie marine. Elle ressemblait à une anguille géante et mesurait un bon mètre de long. On donne parfois aux lamproies le nom de poisson vampire parce que leur bouche est équipée d’une ventouse et de plusieurs rangées de dents qu’elles utilisent pour s’attacher à d’autres poissons. Cette lamproie a été découverte en février 2004 par des employés de Kingsnorth dans l’eau pompée par la centrale électrique. Elle était encore vivante et en bonne santé. A l’époque, l’Agence pour l’Environnement avait déclaré que c’était le premier poisson de cette espèce trouvé dans L’estuaire de la Medway. L’agent technique de l’environnement alors en poste avait avoué avoir eu gros choc lorsqu’il avait sorti cette lamproie de l’eau ! Qu’est-ce qui vit dans les eaux de l’estuaire ? L’eau de l’estuaire n’est ni une eau de rivière ni une eau de mer mais un mélange changeant des deux. Elle peut contenir jusqu’à 30 % de sel. La nature spécifique de cet habitat signifie que les estuaires de la rivière ont une importance au niveau du cycle de vie de nombreux types de poissons. Cet environnement plus protégé représente un habitat très utile où ils peuvent se nourrir, se reproduire et 11


grandir. Pour des poissons de mer tels que le saumon, les eaux de l’estuaire servent de point d’entrée aux routes de migration qui les entraînent vers la sécurité des zones de reproduction situées en amont.

• • • • •

Un nombre particulièrement important de jeunes poissons passe les mois d’hiver dans l’estuaire de la Medway mais la rivière a toujours regorgé de nombreuses espèces différentes. Suite à des prélèvements effectués sur trois points des cours inférieurs de la rivière en 2006, on y a trouvé : des vandoises, des épinoches, des perches, de faux éperlans, des gardons, des ablettes, de petits gobies de sable, des bars, des truites brunes, des anguilles, des flets, des mulets and des sprats. Cependant, l’éperlan et l’huître ; les deux espèces ayant autrefois rendu la pêche sur la Medway si célèbre, ont désormais pratiquement disparu de la rivière.

Les espèces suivantes s’y retrouvent également en quantités suffisantes pour nous permettre de déclarer que l’estuaire de la Medway est l’un des sites britanniques les plus importants pour l’observation des : • Tournepierres à collier • Barges à queue noire • Courlis cendrés • Grèbes huppés • Canards souchets • Sarcelles d’hiver • Canards siffleurs • Oies rieuses

Quels sont les oiseaux qui vivent sur ou pr s de la Rivi re Medway ? L’estuaire de la Medway représente un important habitat pour les oiseaux. Certains oiseaux y passent l’hiver ; d’autres utilisent l’estuaire comme un lieu de reproduction. De très nombreux oiseaux traversent cette zone chaque année en cours de migration vers ou en provenance d’autres pays. Plus de 130 000 oiseaux d’eau passent chaque année par les estuaires de la Rivière Medway et de la Rivière Swale. La variété incroyable d’espèces qui s’y présentent si nombreuses est d’une importance mondiale pour les catégories d’oiseaux suivantes : • Tadorne de belon • Bernache cravant 12

Pluvier argenté Pluvier grand-gravelot Canard pilet Bécasseau variable Chevalier gambette

Quelles sont les principales r serves naturelles locales proches de la rivi re ? La zone de Medway et ses alentours proches offrent plusieurs sites d’observation des oiseaux. On compte parmi eux la « Royal Society for the Protection of Birds (RSPB) » (La société royale de protection des oiseaux) et la Réserve de Northward Hill, qui accueille la plus grosse population de hérons de toute la Grande Bretagne ; soit environ 150 couples de hérons. Il n’est pas rare de voir ces grands oiseaux voler lentement au-dessus des marais. Situé entre Medway et Gravesend, Cliffe Pools est un autre site important pour les oiseaux pataugeurs qui volent jusque-là pour se reproduire. La RSPB est en train de développer une nouvelle réserve sur le site et gère un total de huit réserves sur l’ensemble des marais de la partie nord du Kent, y compris Nor Marshes et Motney Hill à


Medway. Pour l’instant ces sites ne sont pas en mesure d’accueillir des visiteurs mais ils sont visibles depuis les sentiers du parc « Riverside Country Park ». La réserve de Nor Marsh est composée d’une série d’îles dont la surface est recouverte de marais salants ; un habitat idéal pour les oiseaux et d’autres espèces de faune et de flore. Au printemps, le chevalier gambette et le pluvier grandgravelot viennent ici se reproduire et en hiver, c’est une région très populaire pour la bernache gravant, la mouette mélanocéphale et le garrot à œil d’or. Les lits de roseaux de Motney Hill sont d’une importance extrême. Situé près de Gillingham, le « Riverside Country Park » couvre plus de 100 hectares de l’estuaire de la Medway. On y trouve plusieurs types d’habitats, y compris des bancs de vase et des marais salants, des étangs, des prairies et des terrains broussailleux, tous propices au développement de la faune et de la flore. La migration Certains oiseaux effectuent une migration. Cela signifie qu’ils voyagent chaque année vers un nouvel habitat pour s’y nourrir et s’y reproduire ou encore qu’ils migrent en fonction des changements climatiques. De nombreuses espèces se regroupent avant d’entamer leur voyage. Pour les oiseaux de plus grande taille, voler en groupe peut permettre d’économiser de l’énergie. La période migratoire est probablement liée aux modifications de la longueur des journées au fil des saisons. Une fois lancés, les oiseaux peuvent couvrir chaque année des distances énormes. Ils suivent généralement le

même parcours et apparaissent invariablement tous les ans à certain endroits et à une certaine époque. Il arrive cependant que des oiseaux se perdent, surtout lorsqu’ils sont confrontés à des changements climatiques inhabituels. La migration n’est pas uniquement un parcours accompli en volant. La plupart des espèces de pingouins peuvent voyager sur des centaines de kilomètres en traversant la mer pendant leur saison migratoire. D’autres animaux tels que les gnous effectuent eux aussi une migration. Quels sont les dangers qui menacent l’ cosyst me de la Rivi re Medway et comment faire pour l’en prot ger ? Les habitats naturels de la Rivière Medway et des ses alentours constituent une ressource précieuse qu’il est nécessaire de bien gérer, de préserver ou d’entretenir pour l’avenir. La liste des espèces d’oiseaux qui peuplent les zones marécageuses au nord du Kent et l’estuaire de la Medway a beau être longue, nombre d’entre elles font désormais partie des espèces en danger. La couleur orange été attribuée à cette liste pour symboliser le fait que même si les chiffres sont actuellement positifs, ces espèces vont sans doute se retrouver en danger à l’avenir. L’ajout d’une espèce sur cette liste orange signifie que le nombre de ces oiseaux est en diminution progressive ou que leurs habitats deviennent de plus en plus rares. Les industries peuvent endommager l’environnement naturel. L’estuaire de la Medway rejoint l’estuaire de la Tamise entre l’île de Isle de Grain et Sheerness sur l’île de Sheppey. L’estuaire compte 13


plusieurs chantiers navals d’importance ainsi que deux centrales électriques et deux raffineries de pétrole. La croissance d’un port très actif accueillant de larges vaisseaux dans l’estuaire a entraîné la perte d’une partie de l’habitat naturel. Toutes sortes de personnes utilisent la Rivière Medway – parmi elles : les pêcheurs, les propriétaires de bateaux, l’armée, les chasseurs, les fans de jet ski. Ce type d’exploitation de la rivière peut avoir une influence néfaste sur l’environnement et peut engendrer de nouveaux dangers pour ses habitats. Il existe des règles et des règlementations destinées à garantir une utilisation appropriée de la rivière et une limitation maximale des dégâts. L’estuaire de la Medway est à proximité de Londres et se situe au beau milieu d’une partie du pays que le gouvernement a déclarée prête à bénéficier d’un changement. Les personnes chargées de planifier ce changement sont sensées prendre toutes les précautions disponibles pour garantir que les nouveaux développements ne nuisent pas à l’environnement de la rivière ou aux animaux et aux plantes qui y vivent. La protection, la conservation et l’amélioration de l’environnement représentent un véritable challenge, alors même que la région de Medway commence à se modifier très rapidement avec le développement de nouveaux logements et de nouvelles activités économiques. Une grande partie des terres qui entourent la rivière sont classées « SNCI - Site of Nature Conservation Interest » (Zone naturelle d’intérêt écologique). Ce qui signifie que les autorités locales qui en ont

14

la charge ont déclaré ce site comme étant une zone spéciale nécessitant d’être prise en compte lors de tout futur développement. Les espaces verts tels que les parcs et les dispositifs destinés à encourager la faune et la flore sont intégrés aux projets de création des complexes résidentiels locaux. Aidée par d’autres organisations, l’Agence pour l’Environnement essaie de veiller à ce que la Rivière Medway ne souffre pas de la pollution. La propreté de l’eau est d’une importance capitale pour garantir que de nombreuses espèces de poissons continuent à vivre dans la rivière. Les personnes ont toutefois elles aussi besoin d’être protégées, et de nouvelles digues et canaux de drainage les aident à se prémunir contre les inondations.


3

La p che

Pourquoi la vie animale de la rivi re s’est-elle modifi e ? Les poissons sont très sensibles aux changements des eaux dans lesquelles ils vivent. L’eau de rivière peut se transformer pour un certain nombre de raisons : en fonction du temps, de nouvelles espèces de plantes, de la pollution, ou à cause d’un mélange de ces trois facteurs. La pêche elle-même peut aussi nuire définitivement à certaines espèces de poissons si ceux-ci disparaissent en trop grand nombre avant d’avoir pu se reproduire. Cela fait bien longtemps que nous nous sommes aperçus de ces problèmes, c’est pourquoi la pêche est soumise à un certain nombre de réglementations locales et de lois, certaines étant très anciennes. A qui appartiennent les poissons de rivi re ? Il y a des centaines d’années, on considérait que pratiquement tout appartenait à la Couronne – c’est à dire au Roi régnant. Le roi percevait de l’argent

en vendant ou en louant ses terres. Il lui arrivait aussi d’en donner à certaines personnes pour les persuader de devenir ses amis. Les animaux qui peuplaient les forêts et les poissons qui nageaient dans les rivières lui appartenaient aussi. Quiconque désirait chasser les animaux ou pêcher les poissons devait obtenir sa permission. Il était plus simple d’octroyer cette permission à des groupes de personnes plutôt qu’à des individus isolés. C’est ainsi que les pêcheurs ont commencé à former des associations et des sociétés qui organisaient toutes les activités relatives à la pêche et veillaient à ce que seuls les membres des sociétés ou associations attrapent le poisson. Ce système de gestion de la pêche sur la Medway était extrêmement important parce qu’il permettait de contrôler le nombre de poissons sortis de la rivière. Selon l’époque de l’année, certains types de pêche étaient interdits pour donner au poisson le temps de se reproduire. Toute personne surprise en train d’enfreindre le règlement était punie par une amende. 15


Les lois relatives au contrôle de la pêche sur la Medway remontent probablement à l’époque normande. Cependant, la première trace d’une véritable réglementation date de 1446. C’est une charte, c'est-à-dire une sorte d’ordre écrit délivré par Henry VI. Sur cette charte, Henry déclare que toute personne devenue membre de la société officielle des citoyens de Rochester pouvait utiliser tout ce qui vivait dans la Rivière Medway entre Sheerness et Hawkwood (près du village de Burham). Henry permit aussi aux citoyens de gérer la Medway et d’organiser les activités qui y avaient lieu, sans que quiconque ait le droit d’intervenir, quelle que soit son importance. La charte d’Henry signifie que tout maire de Rochester (désormais tout maire de Medway) devient ‘amiral’ de la rivière et doit présider chaque année un tribunal pour nommer de nouveaux pêcheurs et punir toute personne n’ayant pas respecté les règles. Ce tribunal se tient toujours dans le « Guildhall » (Hôtel de ville) de Rochester. En reconnaissance du fait que cette responsabilité fait partie du travail du maire, un aviron en argent fut façonné en 1748 et offert à la ville. Il est encore exposé au musée du Guildhall.

16

Les bateaux de pêche qui sillonnent l’estuaire doivent être faciles à manœuvrer. Il est important que l’équipage puisse se concentrer sur le poisson au moment de le sortir de l’eau sans avoir à se soucier sans cesse de la direction que prend le bateau. Celui-ci doit demeurer stable car les filets sont lourds. Il faut qu’il y ait de la place à bord pour le poisson une fois remonté. Il peut aussi être amené à naviguer dans les bas-fonds. Il faut également qu’il soit solide car la pêche par tous les temps est difficile pour les hommes comme pour leur équipement. La pêche à bord d’un « doble » De petite taille, le « doble » - bateau de pêche typique de Medway - était relativement peu coûteux, permettant ainsi à bien des gens de gagner leur vie en devenant pêcheurs. Les dobles étaient toutefois si utiles que de nombreux hommes les employaient tout au long de leur vie. Souvent la meilleure pêche ne pouvait avoir lieu que la nuit.

Quels types de bateaux les p cheurs de Medway utilisaient-ils ?

Pour s’éclairer, chaque doble était équipé d’une lampe (ou flambeau) spéciale. Cette lampe ressemblait à une théière ou une bouilloire en fonte remplie d’huile de colza. Un épais fil de corde enfilé dans le bec servait de mèche. Imbibé d’huile, il brûlait pendant de longues heures. La lampe était très lourde, ce qui lui évitait d’être secouée par les mouvements du bateau.

Les bateaux se présentent sous bien des formes et des tailles différentes. Chaque type de bateau est destiné à accomplir au mieux une tâche particulière dans un endroit particulier. Un bateau construit pour transporter des véhicules routiers d’une rive à l’autre ne ressemblera pas à un bateau dont le but est de transporter du charbon sur un canal.

Le dispositif le plus important sur les dobles était le « wet well ». C’était un coffrage situé au milieu du bateau et qui reposait sur des trous dans la coque. Ces trous laissaient rentrer juste assez d’eau pour permettre de maintenir en vie le poisson qui y était entreposé, ou du moins le plus frais possible. De nos jours, une grande partie du poisson pêché sur des


bateaux de grande taille est congelé pratiquement dès sa sortie de l’eau. Les pêcheurs de Medway n’avaient eux aucun moyen de maintenir leurs prises bien au frais. Cette méthode de conservation leur permettait donc de continuer à pêcher sans que les premières prises ne s’abîment. A la fin de chaque voyage, ils déchargeaient tout le poisson en le sortant du coffrage à l’aide d’un filet de chargement dont le cadre en fer était spécialement adapté pour recevoir l’ensemble de la pêche. La pêche à bord d’un « bawley » Le bawley était un autre type de bateau de pêche et au lieu d’un « wet well », les plus grands des bawleys de Medway étaient équipés d’un « boiler » ; une sorte de chaudière pour la cuisson. Ces bateaux servaient à la pêche aux crevettes, très importante sur la Medway, particulièrement vers la fin du 19ème et le début du 20ème siècle. En fait, il est fort probable que le nom de « bawley » soit dérivé du mot « boiler ».

étaient parfois organisées, soit sur la Medway, soit ailleurs sur la côte du Kent. Deux modèles de bateau bawley sont exposés au musée du Guildhall de Rochester. Les bornes en pierre A l’époque médiévale, il y avait fort peu de cartes. Il était donc très difficile de connaître avec certitude les limites des terres d’une personne et de celles de ses voisins. Les villes et les villages utilisaient souvent de grosses pierres plantées dans le sol pour délimiter leur territoire, en y gravant parfois une inscription. Visibles depuis la rivière, de hautes pierres servaient également à indiquer les zones de pêche, signalant les endroits où certains groupes de personnes avaient le droit de pêcher. Si ces pierres tombaient ou été endommagées, elles étaient remplacées. Certaines survivent encore de nos jours. Une de ces bornes en pierre se trouve toujours à Hawkwood ; elle indique la limite du territoire en amont sur lequel les pêcheurs de Medway avaient le droit de travailler.

Cette chaudière était en cuivre et reposait dans la cale au fond du bateau. C’est lorsque la pêche aux crevettes a commencé à remplacer la récolte des huîtres en tant que pêche principale sur la Medway que les bawleys ont été équipés de « boilers ». A peine pêchées, les crevettes étaient versées dans la chaudière et cuites dans de l’eau de mer à laquelle on rajoutait du sel. Au bout d’un petit moment, on ressortait les crevettes et on les faisait sécher avec soin à l’air chaud avant de les stocker. Elles gardaient ainsi toutes leurs qualités.

Des pierres encore visibles aujourd’hui à Lower Upnor représentent une autre borne limitrophe. Les pêcheurs londoniens avaient le droit d’attraper uniquement certaines espèces de poissons dans les eaux proches de la rive nord de la Medway et jusqu’à cette limite. La plus petite borne à Upnor est la plus vieille des deux, il est toutefois possible qu’elle ne soit pas aussi ancienne que la date de 1204 qui y est gravée le suggère.

Les propriétaires de bawleys en étaient très fiers et aimaient se faire la course au retour de la pêche. Des courses officielles

Il arrivait parfois aux pêcheurs de Medway de trouver de nouveaux lits d’huîtres demeurés inexploités pendant des années.

Un tr sor cach !

17


Cela équivalait pour eux à la découverte d’un trésor caché. En 1916, un homme du nom de Charles Hill qui avait découvert un nouveau lit d’huîtres à Cookham Wood Reach, reçut la permission d’y effectuer du dragage hors saison. Il récolta 1,4 million d’huîtres entre mai et décembre. Il le fit malheureusement si bien que l’on ne trouva plus jamais aucune huître dans cette partie de la rivière ! En 1922 la famille Hill découvrit un lit d’huîtres qui se développait en toute tranquillité à Half Acre Creek, depuis la 1ère Guerre Mondiale. Ils essayèrent d’en garder le secret en travaillant de nuit ; draguant la crique dans l’obscurité avant de se rendre en mer le matin pour trier leur prise. Ils travaillèrent ainsi pendant un certain temps mais même après que leur secret ait été découvert, il y eut assez d’huîtres pour permettre à plusieurs bateaux de ramener de bonnes récoltes. Certains équipages gagnaient à l’époque jusqu’à 80 livres sterling par semaine – ce qui représenterait de nos jours plus de 2 000 livres. Comment attrapait-on le poisson ? Le comportement et l’habitat des poissons diffèrent en fonction des espèces. Ce qui signifie que toute personne désireuse de pêcher doit soigneusement étudier la question et utiliser l’équipement adapté au poisson qu’elle désire pêcher. L’équipement de certains bawleys de la Medway changeait parfois en cours d’année afin de mieux correspondre à une espèce différente, en fonction des variations du nombre de poissons dans la rivière. Le dragage des huîtres Les huîtres sont des mollusques comme les 18

escargots et elles habitent à l’intérieur d’une double coquille dure. Cela fait des siècles que les gens les mangent crues ou cuites. On a retrouvé des preuves du fait que les huîtres du nord du Kent étaient d’une si grande qualité, qu’au premier siècle après JC on en transportait jusqu’à Rome. Le problème des huîtres est qu’elles sont trop faciles à récolter. Elles sont aussi très sensibles à la qualité et à la température de l’eau. De nombreuses années de pêche abusive, de pollution et d’hivers rigoureux ont entraîné la disparition des huîtres de l’estuaire de la Medway. Pourtant, jusqu’au milieu du 19ème siècle, les huîtres représentaient le premier produit de la pêche pour quiconque travaillait pour la société de pêche de la Medway. Très populaires et bon marché, elles constituaient une partie essentielle de l’alimentation d’un grand nombre des personnes parmi les plus pauvres. Pour récolter des huîtres il est important d’être organisé parce qu’il est très facile de détruire totalement les récoltes. Les lits d’huîtres de la Medway étaient souvent réapprovisionnés avec de jeunes huîtres venues d’ailleurs. On leur donnait alors le temps de se développer et la récolte ne reprenait qu’une fois qu’elles avaient atteint une bonne taille. Tous les pêcheurs de Medway versaient régulièrement de l’argent à la société de pêche aux huîtres « Rochester Oyster Fishery » qui gérait les affaires relatives à la récolte des huîtres et essayait de concilier les parties concernées en cas de conflits relatifs à l’exploitation des lits. Lorsque les huîtres étaient prêtes, au début de la saison en novembre, on les draguait. La drague était un filet accroché à un cadre rectangulaire que l’on traînait à


la surface des lits, récoltant ainsi d’innombrables huîtres. Le travail était extrêmement pénible et effectué par tous les temps. Les dragueurs souffraient de crevasses aux mains et leur peau était très abîmée à la base des doigts à force de tirer sur les cordages attachés aux dragues. Durant la Première Guerre Mondiale, alors qu’un grand nombre de jeunes gens s’étaient engagés dans l’armée, les femmes furent elles aussi chargées de récolter les huîtres. Il n’était pas rare de les voir travailler sur les terrains à huîtres privés autour de Motney Hill, en aval de Gillingham. A la fin du 19ème siècle, la Société de pêche aux huîtres de Rochester accumula les dettes après avoir emprunté l’argent nécessaire au réapprovisionnement des lits d’huîtres avec de nouveaux coquillages. Des hivers très froids suivirent et les huîtres ne se développèrent pas. Afin de récupérer une partie de l’argent, la société loua certains de ses lits à des pêcheurs privés, avec pour résultat une recrudescence de la pêche abusive. Il y eut aussi un vent de panique à cause d’une épidémie de typhoïde. Le typhus était une maladie liée à la pollution de l’eau et les analyses effectuées sur les huîtres près des villes riveraines de la Medway indiquèrent que celles-ci étaient contaminées. L’horrible hiver glacial de 1939/40 porta le coup de grâce aux huîtres restantes de la Basse Medway. Si la rivière paraît aujourd’hui plus propre qu’à l’époque où elle regorgeait d’huîtres, celles-ci semblent pourtant avoir disparu à jamais. Le dragage des éperlans L’éperlan est un fin poisson vert et argent de la famille du saumon. D’une longueur maximum de 25 à 30cm, il est équipé de rangées de dents acérées qu’il utilise contre de plus petits poissons qui lui

servent de proie. Il passe la moitié de l’année en mer. Aux premiers jours de l’automne, de larges de bancs d’éperlans apparaissaient dans les estuaires de la rivière, remontant lentement vers l’amont pour y déposer leurs œufs ou alevins. Leur arrivée marquait le début de la haute saison pour la pêche sur la Medway. A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, l’éperlan était un poisson très apprécié pour son goût. Les éperlans de Medway avaient la réputation d’être exceptionnellement bons et leur présence dans la rivière représentait donc pour les pêcheurs une excellente source de revenus durant cette période. Il était toutefois difficile de prévoir l’apparition des éperlans qui ne se manifestaient pas du tout certaines années. Aujourd’hui encore, personne n’est certain de la raison pour laquelle ils ne viennent plus dans les eaux de la Medway. La capture du poisson exigeait bien sûr une préparation minutieuse. Les quelques premiers éperlans arrivaient dans la partie basse de l’estuaire au mois d’août, et en février des milliers de poissons peuplaient la rivière jusqu’à Hawkwood Stone. Ils refaisaient alors le voyage à l’envers après avoir frayé. En automne et en hiver, les équipages pêchaient entre Chatham et Strood ; au début du printemps, les bateaux se déplaçaient au-delà du pont de Rochester. La pêche à l’éperlan s’effectuait uniquement en eaux calmes, dans le coude d’une rive ou là où un obstacle avait créé un étang bien calme. Ces endroits étaient appelés des « shoots » et portaient chacun un nom distinct. La marée avait aussi une grande importance et généralement, la pêche ne pouvait commencer que deux heures après que la marée ait tourné. En 19


attendant ce moment précis, les équipages des bateaux de pêche alignaient leurs « dobles » avant de pouvoir se relayer pour draguer le « shoot ». Le dragage au filet nécessitait la présence de deux hommes, l’un à bord d’un doble, l’autre sur la rive. Le batelier ramait au milieu du cours d’eau, draguant le filet le long du shoot sur son passage tandis que l’homme posté sur la rive tenait l’autre extrémité. Des poids en plomb tiraient le milieu du filet vers le fond tandis que des bouchons en liège aidaient la partie supérieure à rester à fleur d’eau. La personne chargée de piloter le doble devait ensuite retourner vers la rive à la rencontre de son compagnon, faisant ainsi effectuer un cercle complet au filet. Les deux hommes devaient alors travailler depuis la rive en tirant sur le filet et en déversant le poisson dans le bateau. Au printemps, des équipes de pêcheurs jetaient l’ancre de leurs bawleys au milieu des shoots à Cuxton, Halling et Burham et dormaient à bord pendant un mois ou deux, utilisant des dobles pour la pêche elle-même. Un homme pouvait ainsi gagner 40 livres sterling par semaine pendant cette période, ce qui représentait à l’époque une énorme somme d’argent. Une fois pêchés, les éperlans était placés dans des caisses et envoyés en train jusqu’à Londres où ils étaient vendus au marché de Billingsgate. Danger! La rivière peut être dangereuse quelle que soit la période. Pêcher à longueur d’année et spécialement la nuit pouvait toutefois s’avérer très périlleux. Il y avait quelquefois des accidents et parfois même mort d’homme. 20

Le 31 juillet 1896, un homme appelé John Hill échappa de justesse à la mort. Il pêchait avec son fils Ernest dans les eaux profondes du côté de Sheerness à bord du « Jubilee », son bateau bawley. Ils venaient juste de hisser la drague hors du bateau et celle-ci plongeait rapidement en s’étirant vers le fond. Un simple moment d’inattention suffit pour que le pied de John se retrouve soudain pris dans la ligne. Projeté par dessus bord il fut immédiatement entraîné vers le fond. Deux options s’imposaient à Ernest. Soit arrêter le filet et commencer à le remonter pour permettre à son père de refaire surface - mais la manœuvre risquait de prendre trop de temps. Soit, laisser le filer se dérouler en espérant qu’une fois au fond son père parviendrait à se dégager et à remonter à la nage. Pendant ce temps là, Charles, un autre fils de John qui avait assisté à l’accident, se rapprochait en ramant à bord d’un second bawley. Après un long moment, John parvint à se dégager et à remonter en surface. Charles se précipita immédiatement à l’aide de son père épuisé pour l’aider à rester à flot jusqu’à ce que des secours arrivent. John se rétablit parfaitement mais ne retourna jamais à la pêche. Charles quant à lui, continua non seulement à pêcher mais aussi à sauver les personnes en péril. En 1903, il reçu une médaille pour le récompenser d’avoir sauvé la vie d’un homme du nom de Richard Newington qui était tombé dans la Medway. Qui taient les p cheurs ? Jusqu’à une époque très récente, la pêche sur la Rivière Medway était un travail principalement masculin. Ceci était dû au fait que seuls les hommes avaient le droit


de se joindre à une organisation officielle et de devenir « freemen », c'est-à-dire membres de la société de pêche et libres de pêcher les poissons de la rivière. Il arrivait parfois à certaines sociétés privées ayant obtenu le droit de pêcher d’employer des femmes. Au cours de ces deux derniers siècles au moins, la seule façon de devenir un « freeman » consistait à effectuer un apprentissage de sept ans au sein d’une entreprise appartement à une personne membre de la société de pêche. Les apprentis n’étaient pas rémunérés mais ils étaient nourris et logés et apprenaient tout ce qu’ils avaient besoin de connaître pour monter leur propre affaire. Certains maîtres donnaient de l’argent de poche à leurs apprentis ou leur permettaient de ramasser et de vendre les crabes qui se retrouvaient prisonniers des filets de pêche. Si possible, un bon maître faisait toujours de son mieux pour aider son apprenti à s’acheter un doble et un filet à la fin de son service.

Deerfoot (Patte de Cerf), Beeswing (Aile d’abeille) ou Bear (L’ours). Avant la Seconde Guerre Mondiale, il n’y avait pas de système de retraite et la pêche était un métier difficile. Une caisse de retraite avait été organisée à partir de l’argent versé à la société de pêche par les cimenteries lorsque leurs ouvriers avaient commencé à creuser les berges de la rivière. Cette caisse était utilisée pour aider les pêcheurs plus âgés et leurs veuves, particulièrement à Noël, période à laquelle la Société de pêche de Rochester se réunissait pour décider comment distribuer les fonds.

La communauté des pêcheurs de Medway n’était pas très vaste et de nombreuses familles de la région se connaissaient. Elles faisaient de leur mieux pour s’entraider à l’occasion de la naissance des enfants, de la maladie de l’un des membres d’une famille, si la pêche était mauvaise ou si l’équipement tombait en panne. Les pêcheurs eux-mêmes délaissaient souvent leur véritable nom pour s’appeler entre eux uniquement par leur surnom. Ainsi, dans la région de Medway au début des années 1900 vous auriez pu côtoyer Squeaker (Le Grinceur), Whistler (Le Siffleur), Toggie (Le Cabillot), Tomato Joe (Joe la Tomate), Curly (Le Frisé), Bluey (Le Bleuet), Scratch (La Gratouille); ou même 21


4

Construction des navires et des bateaux

Quel genre de navires et de bateaux construisait-on sur la Rivi re Medway ? La plupart des vaisseaux construits sur la Rivière Medway se divisaient en quatre catégories: • les bateaux construits au « Royal Dockyard », le chantier naval royal de Chatham; • les bateaux construits par des compagnies privées; • les péniches; • les bateaux de pêche. Tout ce travail dépendait en grande partie des évènements du moment dans le reste du monde. Les pays ont besoin de nombreux vaisseaux de guerre lorsqu’ils sont en conflit ou qu’ils ont besoin de paraître prêts à rentrer en guerre. Les péniches ne sont utiles que s’il y a des produits à transporter dans les environs, comme par exemple des briques ou du ciment. Les bateaux de pêche sont superflus 22

si la rivière ne regorge pas de poisson. Les activités de réparation et de radoubage des navires étaient aussi liées à la construction navale et représentaient parfois autant de travail, surtout si le bateau avait été endommagé au cours d’une bataille ou longuement utilisé en mer. Comment la construction navale a-t-elle commenc sur la Rivi re Medway ? C’est sous le règne d’Henry VIII, que la marine a commencé à amarrer ses grands vaisseaux de guerre sur la Rivière Medway près de Gillingham, considéré comme un endroit relativement sécurisé où entreposer les navires non utilisés. Il était alors possible de les examiner ou de les réparer, de les charger en avitaillement et de manière générale, de les préparer pour leur permettre de reprendre la mer. Certains bâtiments de Gillingham étaient loués pour entreposer tout ce qui était nécessaire à la bonne maintenance des vaisseaux. En 1550,


Le roi Henry exigea que tous les bateaux de guerre qui ne se trouvaient pas dans la baie de Portsmouth soient amarrés sur la Medway près de Gillingham. En 1567, la reine Elizabeth I nomma le chantier naval voisin de Chatham « Chantier Naval Royal ». Les documents de l’époque indiquent que le premier bateau à y être construit et inauguré en 1586 s’appelait le « Sunne ». Situé à l’origine à l’endroit connu aujourd’hui sous le nom de « Gun Wharf », ce chantier naval a ensuite été déplacé en 1619, pour s’installer sur le site qu’il occupe encore à présent. Des cales sèches, une corderie, des maisons destinées aux officiers, un grenier à voiles et des entrepôts y furent également construits très rapidement. En quelques années, Chatham devint le chantier naval le plus prospère du pays et l’une des merveilles de l’ère industrielle britannique. Lorsque l’écrivain Daniel Defoe se rendit sur place, il trouva le chantier monstrueusement impressionnant et vaste. Les chantiers de construction, les bassins, les scieries, les chantiers de préparation des pins blancs, de construction des mâts, des canons, des passerelles de corde, et l’ensemble des chantiers et autres tâches ne relevant pas du travail de la marine étaient parfaitement organisés telle une ville bien ordonnée. Parmi les nombreux vaisseaux construits par le chantier naval de Chatham on compte le «HMS Victory », le navire amiral de Nelson qui survit encore, ancré aujourd’hui à Portsmouth et le « HMS Unicorn », inauguré en 1824 et désormais exposé en Ecosse à Dundee. Entre 1862 et 1885, le gouvernement britannique décida de concentrer ses ressources sur Chatham et de fermer les

chantiers navals de Deptford et de Woolwich. Ceci entraîna une croissance fulgurante du chantier naval de Chatham. D’énormes bassins y furent construits pour recevoir les nouveaux navires de guerre victoriens en fer. Ces bassins sont toujours visibles à Chatham et sur l’île de St Mary. Dans le courant du 20ème siècle, un nouveau type de bâtiment fut construit à Chatham ; c’était le sous-marin. De fait, lancé en 1962, le tout dernier vaisseau entièrement construit sur ce chantier pour la Marine Royale britannique fut un sousmarin nommé l’« Ocelot ». Peu de temps après, le chantier ouvrit un centre de réparation spécialisé dans les sous-marins propulsés par des réacteurs nucléaires. Quant à l’Ocelot, de retour dans sa région natale, il désormais devenu un centre d’attraction très populaire du chantier naval de Chatham où il accueille chaque année des milliers de visiteurs à son bord. O se trouvaient les chantiers navals priv s ? Gillingham Au début du 17ème siècle, il y avait un chantier naval à Gillingham dont le propriétaire s’appelait David Duck. Phineas Pett, Maitre Charpentier de Marine Adjoint à Chatham en 1604, y fit allusion dans son autobiographie. Pett se servit du chantier pour construire son propre bateau nommé « Resistance », qu’il loua ensuite au roi comme transporteur. Pett, rencontra toutefois quelques difficultés car il avait utilisé des matériaux destinés au chantier de Chatham à ses propres fins. Il ne souffrit cependant pas trop d’avoir été découvert puisqu’il finit sa carrière en tant que Commissaire de la Marine à Chatham. La famille Muddle fonda un chantier naval 23


à Gillingham au 18ème siècle. Le chantier s’occupa de la construction et de la restauration des bateaux jusque dans les années 1850. En 1808, le chantier Muddle affronta son plus grand défi en acceptant de construire un brick pour la marine anglaise ; un vaisseau équipé de dix canons et baptisé l’« Opossum ». La famille parvint à livrer le navire dans les temps. Une fois mis à l’eau on le remorqua jusqu’à Chatham où les finitions y furent ajoutées par le Chantier Naval Royal. Frindsbury A partir du milieu du 18ème siècle jusque vers 1815, la Grande Bretagne fut impliquée dans une série de guerres. Ceci eut un important impact positif sur l’industrie de la construction navale de Medway. La demande en bateaux de guerre était si importante que les chantiers navals gouvernementaux ne parvenaient pas à la satisfaire. Plusieurs nouvelles sociétés privées s’établirent le long de la rivière à Frindsbury, afin de fournir à la marine les bateaux dont elle avait besoin. Les contrats concernant les paiements et les délais de livraison étaient conclus avant que le travail ne commence. Les chantiers de Frindsbury étaient capables de construire des navires de guerre de pratiquement n’importe quelle taille, mis à part les plus gigantesques. Josiah et Thomas Brindley fondèrent un chantier à Frindsbury et y lancèrent leur premier bateau destiné à la marine en 1794. Leur exploitation se développa rapidement au fil des commandes qui ne cessaient d’affluer. Ils finirent par gérer trois chantiers navals différents, devenant ainsi les plus importants 24

constructeurs privés de bateaux sur la Medway. Ils employaient plus de 50 charpentiers de marine et d’apprentis. Les Brindley ne furent toutefois pas les seuls à prospérer. Au cours de la seule année 1808, les chantiers privés de la Medway furent responsables du lancement de 10 bateaux de guerre sur la courte longueur de rivière entre Frindsbury et Upnor. Au total, les chantiers navals privés construisirent 70 bateaux pour la Marine Royale entre 1793 et 1815. Durant cette même période, le Chantier Naval de Chatham n’en construisit que 14. Ceci est certainement dû au fait que les chantiers navals gouvernementaux étaient également chargés de la réparation et du radoubage des bateaux de guerre, ce qui leur prenait énormément de temps. Une fois la guerre terminée, la marine cessa de financer la construction de bateaux, rendant la survie impossible aux chantiers privés. Les Brindley lancèrent leur dernier bateau en 1814 et en 1820 ils durent eux aussi fermer leurs portes. La construction des péniches C’était une industrie basée presque entièrement sur le travail des briqueteries et les cimenteries. Les propriétaires de ces sociétés obtenaient des bénéfices uniquement s’ils étaient en mesure d’acheminer leurs produits là où les clients leur en réclamaient. Les péniches de Medway offraient une solution idéale. Spécialement conçues pour monter et descendre la rivière en toute sécurité, elles étaient propulsées gratuitement par le vent. Dans les années 1880 et 1890, plus de 100 péniches sillonnaient quotidiennement l’estuaire de la Medway à chaque marée.


Les constructeurs de péniches étaient installés tout le long de la Basse Medway. La plupart travaillaient directement sur la rive qui descendait en pente vers la rivière. Il y avait une fosse de sciage où l’on découpait le bois d’œuvre. L’accore, les étambots, les espars et les mâts étaient taillés à l’herminette. L’utilisation d’une chaudière était essentielle pour produire la vapeur destinée à humidifier les planches de bois et permettre leur mise en forme. Les constructeurs de péniches n’utilisaient pratiquement jamais de plans ou de dessins. Les charpentiers de marine étaient extrêmement compétents et travaillaient au jugé – la pratique les aidant à tomber juste. Les propriétaires des péniches construites sur la Medway étaient généralement des habitants de la région. Certains étaient des capitaines travaillant à leur compte en louant leurs services, d’autres représentaient de grandes usines qui se constituaient rapidement une flotte importante et employaient des hommes pour piloter leurs péniches. Une bonne péniche de Medway avait un fond plat et une cale assez vaste pour lui permettre de transporter 100 tonnes de boue ou de ciment. Elle était étroite et sa poupe était arrondie. Elle était munie d’un mât et de gréements qui se repliaient pour permettre au bateau tout entier de se faufiler sous le pont de Rochester. Cette manœuvre d’escamotage s’appelait « huffling » et le capitaine de la péniche devait faire monter un « huffler » à bord à l’approche du pont. Ce membre d’équipage supplémentaire était employé uniquement pour aider à abaisser et à redresser le mât. Certaines péniches

étaient construites pour participer aux courses populaires qui avaient lieu chaque année pour remporter de coûteux trophées en argent. La majorité des péniches de Medway étaient si bien construites qu’elles duraient souvent 40 à 50 ans. Ce qui signifiait que les constructeurs de péniches étaient tributaires de la croissance des cimenteries, dont l’activité accrue leur permettait de continuer à travailler. Au début du 20ème siècle, dès que les usines commencèrent à fermer, les sociétés de construction de barges ne furent pas longues à suivre. Il ne reste aujourd’hui que très peu de barges de Medway. Les bateaux de pêche Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, deux sortes de bateaux de pêche étaient populaires sur la Rivière Medway ; les « dobles » et les « bawleys ». C’était à l’origine des bateaux à voiles, même si nombre d’entre eux furent plus tard équipés de moteurs. Ils sont très rares de nos jours. Les dobles sont faciles à reconnaître car leurs deux extrémités, la poupe et la proue, sont généralement pointues. Le mot « doble » provient certainement du fait que le bateau est à bouts doubles. Les dobles ne faisaient jamais plus de 5 ou 6 mètres de long et 2 mètres de large. Ils étaient bâtis avec des planches de chêne (parfois d’orme) attachées à de lourdes ‘côtes’ qui donnaient sa forme au bateau. On pouvait les équiper d’un mât et de voiles mais on les voyait le plus souvent se déplacer à la rame sur les territoires de pêche. La rame permettaient aux pêcheurs de contrôler plus étroitement les mouvements du bateau, spécialement lorsque les vents étaient contraires. 25


Albert Lemon construisit le dernier doble de Medway sur son chantier naval de Strood en 1920. Le prix de revient du bateau équipé de son gréement et de ses voiles fut de 60 livres sterling. Il s’appelait le « Fosh ». Le seul doble de Medway à avoir survécu se nomme le « May ». Il appartient au musée du Guildhall mais il est exposé au Chantier Naval Historique de Chatham. Les bateaux de pêche du nom de « bawleys » étaient eux aussi construits sur la rivière Medway. Le bawley était un type de bateau de pêche traditionnel appelé « smack » auquel des équipements spéciaux étaient ajoutés pour pêcher sur la Medway. Plus grand qu’un doble, un bawley bénéficiait d’une coque beaucoup plus profonde. Ses voiles étaient plus vastes et plus compliquées. Ses mâts très hauts pouvaient être abaissés pour passer sous le pont de Rochester, lui permettant de remonter en amont à la recherche d’éperlans. Le Bellerophon Edward Greaves construisit le Bellerophon à Frindsbury en 1786. Il transportait 74 canons et son concepteur était celui-là même qui avait dessiné les plans du « Victory », le navire-amiral de l’Amiral Nelson à la bataille de Trafalgar. Surnommé le « Billy Ruffian » par son équipage, ce navire connut l’une des histoires les plus extraordinaires de tous les navires de l’époque. Il fallut trois ans pour construire le Bellerophon à l’aide de 3 000 tonnes de chêne, transportées par voie d’eau depuis la « Weald », une vaste forêt qui recouvrait alors une grande partie du Kent. Ce navire survécut à de nombreuses batailles contre l’ennemi, y compris la Bataille du Nil, avant de prendre part à la 26

Bataille de Trafalgar. A cette occasion, son équipage repoussa la tentative d’abordage du navire français « L’Aigle » au cours de laquelle son capitaine perdit la vie. En 1815, lors de la reddition de l’Empereur français Napoléon, c’est le Bellerophon qui fut chargé de le ramener sur le sol britannique. Il finit ses jours sur la Rivière Medway, affrété en pontonprison et amarré au large de Sheerness. Madame Mary Ross, constructeur de bateaux Charles Ross construisit son premier bateau pour la marine sur son chantier d’Acorn Wharf, à Rochester, en 1791. Il en construisit plusieurs autres sur sa lancée avec beaucoup de succès. Il mourut malheureusement en 1808, laissant derrière lui sa femme Mary, leurs sept enfants et un contrat en cours conclu avec la Marine Royale pour la production de deux grands vaisseaux de guerre. Normalement en ce temps-là, une femme dans la situation de Mary avait trois choix : soit elle laissait son fils aîné assumer la direction du chantier, soit elle employait un autre homme pour le faire à sa place, soit elle vendait carrément l’entreprise. Ses fils n’étant encore que des enfants, Mary décida de continuer à tout gérer elle-même. Elle y parvint avec beaucoup de succès. La gestion d’un chantier n’était pourtant pas chose simple. Chaque entrepreneur était obligé de faire travailler un très grand nombre d’employés pendant de longues périodes avant de recevoir le règlement du solde. Acheter les matériaux requis au bon moment était aussi très compliqué. Cependant, sous le contrôle de Mary, le chantier parvint à livrer les deux bateaux


de guerre dont la construction avait commencé et à en construire cinq autres pour la marine avant la fin de la guerre. Mary et sa famille vivaient à Acorn Wharf, juste à côté du chantier. La guerre était terminée lorsque ses fils attinrent l’âge adulte ; ils allèrent donc chercher du travail ailleurs. L’un d’entre eux devint fermier et l’autre brasseur à Londres. Mary finit par fermer le chantier pour s’installer elle aussi à Londres où elle mourut en 1847.

employés, permettant de tous temps de traiter rapidement des commandes et de les honorer sans délai aucun. Sur le chantier, chaque employé semble concentré au maximum sur son travail et bien qu’étant tous très pris par la pose de la quille d’une nouvelle péniche, l’organisation du chantier est si bien gérée qu’il est impossible de noter quelque confusion que ce soit au sein de l’une ou l’autre des divisions. »

Le chantier des Curel Le chantier Curel était l’une des plus anciennes entreprises locales de construction de péniches. Ils lancèrent leur première péniche, « John », en 1841 et se développèrent très vite sur les berges de la rivière à Strood et Frindsbury. En 1890, ils avaient lancé plus de 100 péniches. Un guide des sociétés datant de 1894 décrit ainsi la scène: « Rochester et ses alentours abondent de merveilleux paysages… et c’est dans ce district en particulier que fleurit l’industrie locale de construction de péniches. Le chantier de Mr Curel est situé sur l’un des emplacements de la rivière où règne en permanence cette activité de production intense. Un vaste stock de bois d’œuvre anglais parfaitement séché est toujours disponible et pour vous offrir une vague idée de l’étendue du travail et de la taille des espars utilisés, nous pouvons déclarer en avoir vu un dont l’about mesurait plus de trois pieds (91cm) de circonférence, quatre-vingt-douze pieds (28m) de long et deux pieds carrés (60cm2) en son extrémité. En plus de quoi… un grand nombre d’hommes expérimentés y sont 27


5

L’industrie

Pourquoi les rivi res sont-elles importantes pour l’industrie ? L’industrie est le nom général donné aux activités que les personnes exercent pour gagner leur vie. Elle implique souvent la fabrication de produits. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les hommes ont choisi de fabriquer des choses près des rivières. 1. Les rivières représentent une source d’énergie Le meilleur type de rivière pour faire tourner une roue à aube et alimenter un moulin est un petit cours d’eau rapide. La Basse Medway est large et lente. C’est la raison pour laquelle la plupart des moulins de la Medway : • utilisaient les cours d’eau qui s’y jetaient (Snodland); • utilisaient la marée (Strood); • ou bien utilisaient des engins à vapeur comme beaucoup de moulins le firent plus tard.

28

2. Les rivières offrent un excellent moyen de transporter les matériaux Même après la construction du chemin de fer à l’époque Victorienne, il était très difficile de déplacer tout ce qui était lourd sur de longues distances. La manière la plus rapide de les acheminer était souvent par voie d’eau. Les Villes sur la Medway étaient facilement accessibles en bateau et des péniches étaient spécialement conçues pour remplir cette tâche. La Medway rejoignant la Tamise, Londres n’était qu’à quelques kilomètres et regorgeait de gens riches prêts à acheter les produits des usines de Medway – comme par exemple le papier et les briques. 3. Les rivières sont pleines d’eau Certaines industries utilisent d’énormes quantités d’eau pour nettoyer, faire bouillir ou refroidir. Pour ce genre de sociétés, il était souvent plus économique de venir s’installer au bord de l’eau plutôt que de la transporter par canalisation.


Qu’est-ce qu’un moulin ? Un moulin est un bâtiment qui fournit de l’énergie pour permettre de fabriquer un produit ou de faire quelque chose. La source d’énergie peut être le vent, l’eau, la vapeur ou l’électricité. Le produit peut être de la farine, du papier, de l’huile, du coton, de la colle ou un engrais. La Rivière Medway a accueilli de nombreux moulins mais la plupart ont désormais disparu. Le moulin à marée Il y eut un moulin à marée à Strood pendant de longues années. Il se tenait là où le pont de chemin de fer rencontre désormais la rive de la Medway à Strood. Derrière le moulin il y avait un gigantesque étang. Avec la marée montante, l’étang se remplissait et on en fermait l’entrée avec une barrière pour y préserver l’eau une fois la marée redescendue. L’eau était alors libérée à travers un chenal spécial qui la faisait passer sous une large roue en bois. En se précipitant vers le lit de la rivière, l’eau faisait tourner la roue. La roue était liée à deux grosses meules qui écrasaient le blé pour en faire de la farine. L’étang était dangereux. A cette époque-là il n’y avait pas d'éclairage de rues et la nuit, le petit pont en bois qui traversait le chenal était totalement plongé dans l’obscurité. On sait qu’au moins deux personnes s’y sont noyées. Au cours de l’ère victorienne, de nouveaux moulins furent construits dans les parages. Ils employaient des machines à vapeur capables au besoin de fonctionner jour et nuit. La marée elle, n’était utilisable que deux fois par jour. On se servait de ces nouveaux moulins pour moudre les graines et produire de l’huile de lin pour

la peinture ou des aliments pour les animaux de la ferme. Longtemps après la disparition du moulin, son emplacement servit à charger et à décharger les péniches, on appelait cet endroit « Watermill Wharf ». Le Moulin à papier de Snodland Cela fait très longtemps qu’il y a des moulins à Snodland. On en trouve trois dans le « Domesday Book » (Cadastre de l’Angleterre datant de Guillaume le Conquérant) écrit il y a presque 1 000 ans. Au milieu de 18ème siècle, l’un de ces moulins servait à fabriquer du papier et il y a aujourd’hui encore un Moulin à Snodland. Jusqu’à la fin de l’ère victorienne, le papier était fabriqué à base de vieux chiffons. Il nécessitait également un bon apport en eau. Le moulin de Snodland était actionné par une roue à aube alimentée par un bief qui aidait à déchiqueter les chiffons. La même eau était utilisée pour nettoyer la pulpe obtenue avant de la presser pour produire des feuilles de papier. Les eaux de la Medway avaient leur importance puisqu’elles permettaient d’utiliser des bateaux pour transporter d’énormes quantités de chiffons. Au début des années 1800, le Moulin fut également équipé de machines à vapeur car une seule roue à aube ne parvenait pas à fournir assez d’énergie. L’expansion de Snodland fut proportionnelle à celle du moulin qui se développa très rapidement. De nos jours, le Royaume Uni ne fabrique que très peu de papier et l’atelier de fabrication de papier de Snodland a fermé ses portes en 2006. En 2010, le Moulin produisait encore des matériaux d’emballage et du carton.

29


Quelles ont t les premi res industries d’importance utiliser la Rivi re Medway ? Le sel Avant l’invention des réfrigérateurs et des congélateurs, le sel avait une importance capitale parce qu’il permettait de préserver le poisson et la viande et de les stocker beaucoup plus longtemps. Durant l’hiver ou pendant un long voyage en mer, il n’était pas rare que des aliments hyper salés constituent la seule nourriture disponible. Avant le milieu du 18ème siècle, la majorité du sel produit en Grande Bretagne provenait de l’eau de mer bouillie. De gigantesques chaudrons étaient remplis d’eau que l’on faisait ensuite chauffer. L’eau s’évaporait en bouillant, le sel restait au fond. Il y avait deux salines sur l’Ile de Grain et c’est elles qui ont donné son nom à cette partie de la rivière, baptisée « Saltpan Reach ». Ces salines étaient bien placées pour extraire l’eau de mer de la Medway et recevoir le combustible nécessaire pour la faire chauffer. Le bois qui servait au départ de combustible fut plus tard remplacé par du charbon acheminé par la mer depuis le nord de l’Angleterre. Vers le milieu des années 1700, la plupart des producteurs de sel durent fermer boutique. On avait découvert du sel dans le sol de la région du Cheshire et il était bien moins cher d’ouvrir des mines d’extraction que de payer le charbon nécessaire à l’alimentation des chaudrons à sel. Le sulfate ferreux Le sulfate ferreux servait de teinture pour la production de vêtements, de chapeaux 30

et d’encre. Il était fabriqué à base de pyrite de fer, qui se présentait sous la forme de pierres de couleur brillantes. On trouvait ces pierres sur de nombreuses plages du Kent, particulièrement sur l’île de Sheppey. Les pierres étaient ramassées et stockées. Le liquide produit par les pierres était porté à ébullition jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des cristaux de sulfate de fer. Il y avait deux usines de sulfate ferreux sur la Rivière Medway, l’une à Queenborough sur l’île de Sheppey et l’autre à Gillingham, qui n’était encore qu’un petit village. L’usine de Gillingham a cependant marqué cette région. L’étendue marécageuse où poussent les roseaux près du Strand porte aujourd’hui encore le nom de « Copperhouse Marshes », on la retrouve sur les cartes d’état major. L’industrie du sulfate ferreux sur la Rivière Medway ne parvint toutefois pas à survivre à la concurrence exercée par d’autres usines implantées près des gisements de charbon du nord de l’Angleterre. Le transport du combustible jusqu’à la région du Kent revenait tout simplement trop cher. Les usines de la Medway fermèrent au début de l’ère victorienne. La chaux La partie nord du Kent est riche en craie. On en a tellement extrait du sol pour diverses utilisations que la forme de bien des parties du comté s’en est trouvée totalement modifiée. « Bluewater », l’un des plus grands centres commerciaux couverts d’Europe, est bâti sur le gigantesque site d’un ancien gisement de craie. La chaux s’obtient en faisant chauffer la craie dans un four spécial. Pendant des centaines d’années, les fermiers ont utilisé


la chaux pour fertiliser les sols et obtenir de meilleures récoltes. Elle servait aussi à produire le mortier qui maintient les briques ensemble et le lait de chaux. Tout comme l’industrie productrice de sulfate ferreux et de sel, la chaufournerie est apparue sur la Rivière Medway parce que c’était là que se trouvait la matière première (la craie). La rivière permettait en outre d’apporter le charbon et de remporter le produit fini (la chaux). Au début des années 1800 il y avait des chaufourneries à Chatham, Frindsbury, Borstal, Wouldham, Burham, Cuxton et Halling. A l’époque, ces entreprises étaient de taille très modeste, employant uniquement quelques personnes pour extraire la craie et surveiller le four qui chauffait jour et nuit. Gillingham Gillingham suivit Londres de près dans la course au développement. Vers la fin de l’ère victorienne, alors que Londres ralentissait, Gillingham elle s’étendait de plus en plus rapidement. A la mort de la Reine Victoria en 1901, le nouveau village faisait dix fois la taille de l’ancien. Il englobait Brompton ainsi que toutes les fermes et les champs alentours et il reçut son statut officiel de ville en 1903, l’année de la formation de la Municipalité de Gillingham. La croissance ultra rapide de Gillingham a été liée au fait que les Chantiers Navals avaient besoin d’ouvriers et que ces ouvriers avaient besoin de logements. Il y avait aussi beaucoup d’argile alentour pour fabriquer les briques. Les hommes et les femmes de la région trouvèrent de nouveaux emplois auprès des équipes de fabrication des briques qui

travaillaient pour les entreprises ayant racheté les terres. On creusa les terres des anciennes fermes pour fabriquer des briques, et ces champs disparurent ensuite eux-mêmes pour être remplacés par de nouvelles maisons. Le nom des fermes se trouve aujourd’hui encore sur n’importe quel plan des rues de Gillingham : Barnsole, Westcourt, Britton et Upbury. Pourquoi les industries bas es sur la Medway ont-elles chang ? La Révolution Industrielle a apporté un nouveau mode de vie à la population britannique. Le nom de révolution industrielle s’applique à la période durant laquelle divers changements ont commencé à avoir lieu au début du 19ème siècle. Ces changements étaient surtout liés à la nouvelle technologie basée sur l’invention et la mise au point de la machine à vapeur. A cette époque, on a commencé à fabriquer des machines alimentées à la vapeur et capables de réaliser le travail de douzaines, voire de centaines de personnes, au sein de l’industrie agricole, du tissage, de l’imprimerie et de bien d’autres encore. Attirées par le développement des usines, les familles abandonnaient la campagne pour se déplacer vers les villes à la recherche d’un emploi. Petites et grandes villes connurent un essor phénoménal. Ce développement toucha aussi certaines industries de Medway dont les produits furent encore plus recherchés. La Révolution Industrielle ne toucha pas toutes les industries de la même façon. Certaines disparurent ; l’industrie du sulfate ferreux et du sel par exemple. D’autres comme les briqueteries, se 31


développèrent à une vitesse incroyable. D’autres encore étaient toutes nouvelles ; telle la cimenterie. La fabrication des briques La brique est un matériau de construction moulé à base d’une argile spéciale appelée « terre à briques ». Au nord du Kent, le sol regorge de cette argile. De fait, il en est si riche, que toute personne désireuse de se construire une maison dans la région pouvait généralement commencer à creuser un champ juste à côté et à se fabriquer sur place les briques nécessaires. L’idée était d’autant plus judicieuse que les briques étaient lourdes et difficiles à déplacer sur de longues distances. Une fois moulées, ces briques étaient empilées et cuites à l’aide d’un mélange de charbon, de cendres et de détritus pour éviter au feu de trop chauffer. Une fois prêtes à l’utilisation, les briques de Medway étaient généralement de couleur jaune. Au 18ème siècle, la zone proche de la rivière commença à se couvrir de ‘champs à briques’ qui fournissaient les constructeurs locaux. Certaines entreprises envoyaient également leurs briques en direction du chantier naval de Chatham qui prenait déjà de l’ampleur. C’est l’expansion soudaine de Londres au début du 19ème siècle qui apporta un réel changement à l’industrie de fabrication des briques de Medway. En 1801, la ville de Londres comptait environ un million d’habitants. En 1851, la population était passée à plus de deux millions et demi. Cet essor démographique représentait un nombre colossal de nouvelles constructions et une quantité prodigieuse de briques – pas seulement pour la construction des maisons mais aussi pour celle des quais, des entrepôts, des ponts 32

de chemin de fer et des usines. Les briqueteries de Medway se retrouvèrent soudain face à un marché gigantesque désireux d’acquérir leurs produits. La proximité de la rivière facilita aussi le transport des briques. Les constructeurs de bateaux de Medway réagirent à l’explosion soudaine du marché du bâtiment en produisant des centaines de péniches. Elles descendaient les briques le long de la Medway et remontaient en amont vers la Tamise et jusqu’à Londres. Au retour, elles transportaient des cargaisons d’un matériau appelé « rough stuff » (mélange grossier) – constitué de charbon, de cendres et de détritus domestiques de toutes sortes destinés à alimenter les fours à briques. En 1847, 21 briqueteries différentes travaillaient sur les berges de la Basse Medway. Il n’y en avait que six à Frindsbury. A cet endroit, le champ à briques de Manor Farm fut sans doute l’un des plus importants sites du pays pendant les années 1840. Lorsqu’argile d’un champ était épuisée, les fabricants se déplaçaient tout simplement vers un autre gisement voisin. La matière première extraite à Frindsbury, Strood et Gillingham était lentement exploitée pour produire des centaines de millions de briques. Le ciment La briqueterie représenta sans doute l’industrie la plus fructueuse de la première partie du 19ème siècle mais elle fut détrônée par la production de ciment au cours de la seconde moitié. Dès 1900, la cimenterie employait plus de personnel que tout le reste des industries de Medway. Au début de l’ère victorienne, les ingénieurs réalisèrent qu’ils avaient besoin


d’un nouveau type de ciment. Ce nouveau ciment devait se présenter sous la forme d’une poudre qui durcirait une fois mélangée à de l’eau, qui serait d’une résistance extraordinaire et tout à fait imperméable une fois solidifiée. Un certain nombre de fabricants proposèrent un matériau que l’on appela rapidement ciment Portland car il était lisse et dur et avait le même aspect que la plus belle pierre de Portland utilisée dans le bâtiment. La première usine de fabrication de ciment Portland s’installa sur la Rivière Medway à Frindsbury en 1851. Elle fut suivie de nombreuses autres cimenteries, toutes attirées par l’ingrédient secret nécessaire à la production de ce nouveau ciment – la boue de la Medway. Mélangée à de la craie et chauffée dans de gigantesques fours, la boue séchait pour produire des blocs qu’il fallait ensuite réduire en poudre. Dans les années 1850 et 1860, avant qu’une boue semblable ne soit découverte ailleurs, la Rivière Medway fournissait du ciment Portland au monde entier. Les chaufourneries qui travaillaient déjà sur les gisements de craie réalisèrent qu’elles gagneraient plus d’argent en se lançant dans la cimenterie et commencèrent à construire leurs propres usines. Certaines étaient véritablement démesurées. En 1899, la cimenterie Wickham de Strood s’était développée au point de devenir l’une des plus vastes de la rivière. L’usine employait environ 800 hommes et produisait 2 000 tonnes de ciment par semaine. Ses quais, sur lesquels on pouvait charger/décharger les bateaux, étaient longs de plus de 800 mètres. Il arrivait que jusqu’à 25 péniches s’y retrouvent au même moment, occupées à charger et à décharger.

Les « muddies » L’un des aspects insolites lié à la cimenterie tient au fait que bien que d’apparence très moderne, cette industrie était basée sur des méthodes de travail anciennes. Sans les hommes des équipes locales qui sortaient par tous les temps pour ramasser la matière première avec de simples outils à main, les nouvelles entreprises n’auraient pas été bien loin. On arrachait la craie à même la falaise. Les hommes s’attachaient en haut à un piquet, se laissaient plonger dans le vide au bout d’une longue corde et creusaient la colline ainsi suspendus. La craie glissait vers le bas de la falaise où elle était recueillie et emmenée à l’usine sur des chariots ou des camions. La boue était bien plus difficile à extraire. C’était le travail des « muddies » (boueux). La meilleure boue se trouvait dans la partie la plus large de l’estuaire, entre Gillingham et la mer. Chaque cimenterie employait des équipes de muddies des villages proches des gisements de boue de Hoo et de Stoke. Les sites d’excavation étaient soigneusement choisis par les muddies responsables, qui allaient même jusqu’à goûter la boue pour s’assurer qu’elle soit de la meilleure qualité. Chaque équipe de muddies venait à la rencontre des péniches à ciment à l’emplacement du gisement d’argile lorsque la marée redescendait. La péniche était ancrée près de la rive. Au fur et à mesure que l’eau se retirait, la péniche se calait dans la boue. Les muddies commençaient alors à travailler aussi rapidement que possible en la chargeant de blocs d’argile avant que le marée ne remonte, remettant la péniche à 33


flot. Ils se tenaient sur la rive près de la péniche et taillaient la boue avec une pelle spéciale au bout en fer appelée « fly tool » (outil volant). Ils envoyaient ensuite le bloc en l’air par dessus le côté de la péniche pour le faire atterrir dans la soute. Les meilleures équipes pouvaient remplir deux péniches par marée pour un salaire d’environ 35 shillings par péniche. C’était l’équivalant approximatif de deux fois le salaire d’un employé de ferme à la même époque. Sur l’ensemble de la période de vie de l’industrie du ciment à Medway, les muddies récoltèrent une incroyable quantité totale de quatre millions de tonnes d’argile. Quelles ont t les soci t s les plus c l bres de la Rivi re Medway ? Deux sociétés de Medway ont connu une renommée mondiale : Aveling and Porter et Short Brothers. Thomas Aveling ouvrit un atelier de réparations à Rochester en 1851, pour aider les fermiers de la région à entretenir les nouvelles machines qui commençaient à gagner en popularité. En 1860, il vint s’installer sur le bord de la rivière à Strood. Il commença à produire des machines à vapeur utilisables sur route et capables de se déplacer de manière autonome d’un endroit à un autre sans avoir à être tirées par des chevaux. Avec son partenaire Richard Porter, il développa sa société avec tant de succès qu’elle devint la plus grosse usine de locomobiles jamais vue au monde. Short Brothers, fut l’une des premières entreprises à produire des avions. Les frères Short s’installèrent à Rochester en 1913 parce qu’ils désiraient construire des hydravions et utiliser la Rivière Medway comme piste de décollage et 34

d’atterrissage. Pendant plus de 30 ans, leurs ‘bateaux volants’ firent partie des images familières locales, vrombissant d’un bout à l’autre de la rivière entre le Pont de Rochester et ce qui est aujourd’hui devenu le site de l’autoroute M2. Au cours des années 1920 et 1930 les voyages à l’étranger commencèrent à devenir plus courants et les compagnies aériennes achetèrent des avions Short car ceux-ci leur permettaient d’amerrir dans des pays dépourvus d’aéroports. Chacun était construit dans l’usine ou sur l’esplanade et lancé sur la rivière à partir d’une rampe. Plus tard, la société commença aussi à construire des avions ordinaires à l’aéroport de Rochester. Durant la Seconde Guerre Mondiale, le « Sunderland » des frères Short devint l’un des grands avions les plus célèbres de la Force Aérienne Royale anglaise, coulant les sous-marins ennemis et se posant en pleine mer pour sauver les survivants. La société Short Brothers ferma son usine de Rochester pour s’installer à Belfast en 1948. Que sont devenues toutes les industries de Medway ? Le monde à beaucoup changé depuis l’époque à laquelle la Rivière Medway faisait vivre tant d’industries. La croissance Les plus importantes industries étaient tributaires de Londres et de la demande engendrée par l’innombrable quantité de maisons construites durant l’ère victorienne. La proximité de la rivière offrait un net avantage aux entreprises établies à Medway à une époque où le déplacement des matériaux lourds était


difficile et coûteux. Après cet essor, l’industrie de la construction connut de longues périodes de calme et une faible demande en matériaux. Même si de nombreuses habitations sont une fois de plus en construction dans le sud-est de l’Angleterre, les régions du monde où la croissance est la plus rapide ne se trouvent plus au Royaume Uni. La concurrence Aujourd’hui, le transport mondial des briques, du ciment et de bien d’autres produits est relativement peu coûteux. Personne ne réfléchit à deux fois avant d’acheter une marchandise à Taiwan et chacun s’attend à ce qu’elle lui soit livrée sous huit jours. Ce genre de transaction aurait surpris les victoriens. La période durant laquelle un propriétaire d’usine faisait affaire avec une autre entreprise simplement parce que celle-ci était installée dans le même quartier est depuis longtemps révolue. Certaines des industries de Medway découvrirent qu’elles n’étaient pas en mesure de proposer des produits à des prix assez compétitifs pour défier la concurrence venue d’ailleurs. Les matières premières La capacité de production d’un grand nombre d’industries de Medway était liée à l’utilisation de vastes quantités de matières premières trouvées sur place : la craie, la boue, l’argile pour les briques et le bois d’œuvre. L’utilisation continuelle de ces denrées fit qu’elles devinrent plus rares et plus chères à obtenir. Au début du 20ème siècle, la région de Medway commençait à souffrir de surpopulation et il était beaucoup plus difficile de pratiquer des excavations et de découper des falaises. Les matières premières utilisées

provenaient d’autres régions, parfois même d’autres pays. C l bre Medway L’industrie de la cimenterie sur la Medway devint célèbre. Un journal de voyage écrit en 1905 décrit cette scène à Strood : « Partout où l’on trouve de la craie près d’un cours d’eau, on trouve aussi les hautes cheminées, les appontements et les tramways des cimenteries ; mais les plus grandes de toutes les carrières sont sur la Medway. C’est un pays dont les hommes sont en train de modifier rapidement la configuration ; perçant d’énormes couloirs et tunnels à travers les Downs, transportant des collines entières, recouvrant le voisinage d’une impalpable poudre blanche. Le donjon normand de Rochester s’élève à travers la fumée. Ici et là les cimenteries ont littéralement découpé les collines des Downs, laissant apparaître de hautes falaises blanches. Immobile, l’air est lourd de la fumée en suspension que dégorgent d’innombrables cheminées. Le bruit est assourdissant. La grève est encombrée de constructeurs de péniches, de rampes et d’ingénieurs et la rive gauche ressemble à une forêt de cheminées … Des hommes couverts de gris chargent des sacs gris sur les péniches. La pulsation des machines est partout. »

35


6

Les « hulks » ou pontons-prisons

Qu’ taient les hulks? En anglais, le nom de « hulk » est souvent utilisé pour décrire tout bateau délabré et hors d’usage. Employé au pluriel, il faisait généralement référence aux pontonsprisons que l’on trouvait plus spécialement en Angleterre entre la fin du 18ème siècle et le début du 19ème. Ils étaient ancrés dans les rivières et les ports, comme par exemple à Plymouth et Portsmouth et au large de Chatham et de Sheerness sur la Medway. Il en existait deux sortes : ceux que l’on utilisait pour les prisonniers de guerre et ceux qui servaient à l’incarcération des criminels. Pourquoi utilisait-on les hulks ? Le gouvernement britannique utilisait les pontons-prisons parce qu’ils étaient sensés être peu coûteux. Il était beaucoup plus rapide et plus simple de préparer un vieux vaisseau pour placer des prisonniers à son bord plutôt que de construire une prison neuve. Deux facteurs ont 36

contribué à une croissance soudaine du nombre de personnes emprisonnées en Grande Bretagne. 1. La guerre Entre 1793 et 1815, la Grande Bretagne était en guerre avec la France et plusieurs autres pays. Elle connut aussi à la même époque des conflits avec l’Amérique et le Danemark. De nombreux soldats étrangers furent capturés et ramenés en Grande Bretagne. Certains étaient des officiers français qui, ayant promis de ne pas essayer de retourner dans leur pays d’origine, vivaient dans leur propre maison parmi la population locale. La plupart des soldats ordinaires étaient séquestrés dans des camps de prisonniers ou sur les pontons-prisons. 2. L’indépendance américaine Pendant des centaines d’années, la majorité des territoires d’Amérique du Nord firent parties des colonies britanniques. Cela signifiait que les tribunaux anglais avaient la


possibilité d’envoyer les criminels dans des camps de travaux forcés ou sur les immenses fermes de ce qui est désormais devenu le territoire des Etats-Unis. Cette condamnation s’appelait la déportation. En 1776, le peuple américain se battit contre les britanniques, gagna son indépendance et forma son propre gouvernement, mettant ainsi fin à la déportation. Les tribunaux britanniques commencèrent donc à envoyer de plus en plus de personnes en prison au lieu de les déporter, et il n’y eut bientôt plus assez de place. Les premiers hulks remplis de condamnés furent ancrés à Woolwich sur la Tamise. En 1787, la déportation reprit de plus belle, envoyant cette fois-ci les condamnés vers une autre colonie britannique : l’Australie. On utilisait cependant toujours les hulks pour y séquestrer les prisonniers qui attendaient qu’un bateau les emmène faire un voyage de sept mois à l’autre bout du monde. Les premiers bateaux-prisons remplis de condamnés apparurent sur la Rivière Medway à Sheerness, puis à Chatham, au début des années 1800. A quoi ressemblaient les hulks ? Les hulks des prisonniers de guerre Les bateaux de guerre, souvent appelés « men o’ war» (hommes de guerre) étaient généralement peints de couleurs vives pour qu’au plus fort de la bataille, les marins puissent reconnaître les vaisseaux amis des navires ennemis. Les pontonsprisons étaient ternes et sales. Après la guerre, un capitaine français nommé Charles Dupin, envoya un rapport à son gouvernement dans lequel il écrivit que les hulks ressemblaient aux vestiges de navires noircis par de récents incendies.

Si un bateau n’était plus utile à la bataille, il pouvait servir de bateau-prison. On en prélevait tout ce qui pouvait empêcher d’y entasser un maximum de prisonniers. Canons, ancres, câbles, mâts, gréements et bien des cloisons ou partitions en étaient retirés. Des cabanes étaient ajoutées sur le pont supérieur pour abriter les gardes. On clouait des barres en travers des sabords. On construisait d’ordinaire une passerelle sur le pourtour extérieur du bateau, juste au-dessus de l’eau pour permettre aux patrouilles d’inspecter les prisonniers sans se rendre à l’intérieur. Sept cent prisonniers au moins pouvaient ainsi vivre à bord, tous entassés sur les ponts inférieurs, dormant dans des hamacs qui étaient rangés pendant la journée. Entre 1793 et 1815, vingt-trois bateaux servirent à incarcérer des prisonniers de guerre à Chatham. Les hulks réservés aux criminels De l’extérieur, les hulks de Medway destinés aux criminels ressemblaient énormément aux hulks réservés aux prisonniers de guerre, mais à l’intérieur il y avait de nombreuses différences. Les premiers hulks de Woolwich avaient entassé tous les prisonniers ensemble, sans les séparer en fonction de la sévérité de leurs crimes. Au début des années 1800, époque à laquelle les hulks firent leur première apparition sur la Medway, la plupart avaient été divisés en un certain nombre de pièces ou de salles communes plus petites. Les prisonniers étaient répartis en fonction de leurs crimes et de leur comportement. Il y avait des ateliers à bord, des salles pour les malades et même une école pour apprendre la lecture et l’écriture aux détenus.

37


L’ vasion ! Partout où il y avait des hulks, il y avait des évasions. Grâce à un prisonnier de guerre américain appelé Benjamin Waterhouse, nous savons que plusieurs évasions eurent lieu à Chatham. Capturé par les britanniques au cours de la guerre de 1812, Benjamin publia ses mémoires relatant la vie à bord du hulk « Crown Prince » en 1816. Il écrivit qu’à l’occasion d’une évasion, 16 hommes étaient parvenus à se faufiler à travers un trou percé à même la coque du bateau, juste au-dessus de la ligne de flottaison. Mais à sa connaissance, l’évasion la plus risquée fut sans doute celle de quatre américains à bord de l’« Irresistible ». Ils avaient remarqué que le canot utilisé pour faire les allées et venues entre le hulk et la rive était gardé par un seul homme. Ils le maîtrisèrent et commencèrent à ramer vers la rive boueuse sous le feu des mousquets qui les assaillaient de toutes parts. L’un des prisonniers fut blessé mais les trois autres parvinrent à rejoindre la berge où ils se mirent à courir, poursuivis par les soldats britanniques très vite assistés par la moitié de la population de Chatham. Ils furent rattrapés l’un après l’autre et le dernier - qui s’était brisé une cheville en sautant une palissade - fut forcé de se rendre. On les fit remonter à bord de l’Irresistible, sous les acclamations déchaînées des prisonniers de l’ensemble des hulks de la Rivière Medway. Le travail Les bateaux-prisons avaient tout d’abord été installés à Woolwich, afin de placer les détenus près des endroits où l’on avait besoin de main d’œuvre bon marché. 38

Durant toute leur histoire, les hulks ont souvent été associés aux travaux forcés ; qu’ils consistent à nettoyer les berges de la rivière, à travailler sur les chantiers navals ou à défaire des cordes à bord. Le travail des repris de justice était souvent conçu de manière à être ennuyeux au possible et totalement dépourvu de sens. En revanche, les choses étaient différentes pour les prisonniers de guerre qui avaient le droit de trouver tout un tas de façons de gagner de l’argent. Ils enseignaient la danse, les langues, les mathématiques et la navigation et ils confectionnaient aussi des objets. De nombreux prisonniers de guerre découvrirent que l’Angleterre commençait à apprécier de plus en plus les jolis articles qu’ils pouvaient fabriquer à base des matériaux les plus simples comme l’os, la paille et les cheveux. Ils réalisèrent ainsi des coffrets, des jetons de jeux et des dominos, des jouets et des personnages articulés, des bonnets et des tableaux. Les camps de prisonniers de guerre à terre bénéficiaient d’ateliers et de grandes places de marché où ces produits étaient vendus à la population locale. Des négociants se rendaient même à bord des hulks pour acquérir, vendre ou échanger des articles avec les prisonniers. Une grande partie des objets ainsi achetés étaient considérés d’une telle valeur qu’on les gardait pendant de longues années, certains font désormais partie des collections du musée. Quelle tait la vie hulk ?

bord d’un

Les conditions de vie à bord d’un hulk : surpopulation, saleté et danger. Les prisonniers étaient en mauvaise santé, démoralisés, s’ennuyaient, étaient souvent affamés et souffraient parfois de sévices de la part des gardes. Il arrivait que leur


corps soit couvert de puces et de poux. Bien que se trouvant à portée de vue et presqu’à portée de main des milliers de personnes qui vaquaient à leurs occupations dans les villes de Medway, la plupart des prisonniers étaient presque totalement coupés du monde extérieur. Le degré d’inconfort de cette existence pouvait varier. Avec de l’argent, il était possible d’obtenir une certaine amélioration des conditions de vie. On sait qu’un homme au moins eu la malchance d’être incarcéré à bord d’un hulk en tant que prisonnier de guerre puis en tant que criminel. Il s’appelait Jorgen Jorgensen, c’était un marin danois fait prisonnier au cours de la guerre de 1801 entre la Grande Bretagne et le Danemark. Il séjourna un temps à bord d’un hulk de Chatham. Certains prisonniers, les danois en particulier, avaient pour réputation de savoir bien s’organiser en petites communautés, essayant de leur mieux d’améliorer leur condition. Ils géraient leurs propres tribunaux (y compris des châtiments), leurs écoles et leurs clubs. On leur livrait des journaux, ils se racontaient mutuellement des histoires et fabriquaient des objets à vendre. L’arrivée à bord Un uniforme était distribué à chaque prisonnier de guerre à son arrivée à bord. Il était généralement jaune moutarde et marqué d’une flèche, indiquant ainsi le fait qu’il appartenait au gouvernement. Chaque homme recevait un bonnet de laine rêche et des chaussures en toile aux semelles de bois. La plupart des prisonniers haïssaient cet uniforme et préféraient si possible porter des vêtements confectionnés par eux-mêmes, ou par un autre prisonnier en échange d’argent. Le tissu jaune était

toujours soigneusement mis de côté et donné aux prisonniers les plus pauvres, ou revendu aux gardes qui l’avaient distribué en premier lieu. Cet argent pouvait alors servir à acheter un grabat mieux placé à un autre prisonnier ; plus près d’une source d’air frais par exemple. En 1825, de nombreuses années après avoir été remis en liberté, l’ex prisonnier de guerre, Jorgen Jorgensen fut condamné par un tribunal anglais à être déporté à vie en Tasmanie. Cela signifiait son retour à bord des hulks – en tant que condamné. Une fois à bord on lui prit ses propres vêtements, on l’étrilla à la brosse dure et on lui donna un uniforme de prisonnier, très semblable à celui qu’il avait porté en tant que prisonnier de guerre mis à part le fait qu’il était jaune d’un côté et bleu ou noir de l’autre. On lui rasa la tête. Il passa ensuite devant un maréchal ferrant qui lui mit des fers aux pieds. Des chaînes reliaient ses chevilles entre elles, laissant juste assez d’espace pour qu’il puisse marcher mais pas suffisamment pour lui permettre de tendre la jambe et de courir. La chaîne était attachée à une lanière en cuir qui lui pendait à la ceinture pour ne pas traîner sur le sol. Jorgen dû abandonner tout ce qui lui appartenait. Il incombait aux capitaines des hulks de décider ou non de rendre ne serait-ce qu’un partie de leurs biens aux prisonniers. Lorsque de nombreuses années plus tard Jorgen écrivit ses mémoires, il y nota qu’à chaque visite d’un inspecteur du gouvernement, les bateaux étaient soigneusement préparés et les détenus prévenus de ne pas essayer de se plaindre. Le m morial Les prisonniers de guerre furent très nombreux à mourir à bord des hulks de 39


Chatham. On les enterrait rapidement non loin de là, dans les marais de l’île de St Mary. Quelques temps après la fin de la guerre, un mémorial y fut construit pour marquer l’emplacement où reposaient les corps.

semaine et la liste d’attente était longue. Certains capitaines faisaient de leur mieux pour traiter les prisonniers de guerre avec humanité mais bien d’autres étaient paresseux ou mauvais.

En 1904, les projets d’expansion du chantier naval de Chatham mirent en évidence la nécessité d’édifier des constructions sur l’emplacement du cimetière, les dépouilles des prisonniers furent alors déterrées et de nouveau inhumées près de l’église St George.

A Chatham, un certain Capitaine Milne chargé du « Bahama » avait pour réputation d’être spécialement violent. Très souvent ivre, il invitait ses amis à monter à bord pour faire la fête. Un jour, une des ces soirées causa un petit incendie. Tandis que ses soldats se battaient contre les flammes, le Capitaine Milne donna l’ordre de tirer sur tout prisonnier qui essaierait de s’échapper à cause de l’incendie. Heureusement, tout revint dans l’ordre assez rapidement.

Le mémorial fut lui aussi déplacé et on peut toujours l’y voir de nos jours. En 1991, au cours des préparations relatives à la construction d’un grand nombre de maisons sur l’île de St Mary, on découvrit encore d’autres corps. Ils furent eux aussi transportés et ré-enterrés à St George. Qui tait responsable ? Les premiers hulks furent gérés par un homme d’affaires ; Duncan Campbell, qui recevait une certaine somme d’argent pour chaque détenu à bord. Moins il dépensait d’argent pour les prisonniers, plus il en avait pour lui. En 1802, l’ensemble des hulks - qu’ils abritent des prisonniers de guerre ou des détenus était sous la responsabilité d’hommes nommés par le gouvernement britannique. Les capitaines des hulks pour prisonniers de guerre étaient des officiers de la Marine Royale britannique. Pour avoir une chance d’être nommés, ils devaient avoir servi dans la marine pendant au moins dix ans et posséder d’excellents états de service. C’était un poste très prisé parmi les anciens marins, dont certains avaient été blessés à la guerre et recherchaient un travail plus sécurisé dans la marine. Le salaire était d’environ 50 shillings par 40

Le Capitaine Milne pensait pouvoir faire régner le calme en affamant les prisonniers, diminuant sans cesse les rations qui leur étaient distribuées. Son idée eut cependant l’effet contraire quand les détenus à bord du « Baham » organisèrent une rébellion en 1808. Tous les prisonniers, dont la plupart étaient français, se réunirent sur le pont et refusèrent de redescendre si on ne les nourrissait pas correctement. Furieux, le Capitaine Milne ordonna à ses soldats de tirer dans la foule. Comme il était ivre, les soldats n’exécutèrent pas ses ordres et certains des officiers français parvinrent à le persuader qu’il ne pourrait jamais gagner contre tant d’hommes réunis. Les hommes chargés des hulks destinés aux repris de justice s’appelaient des surveillants. Il leur était facile de tromper les inspecteurs et nombre d’entre eux gardaient pour eux l’argent fourni par l’état, au lieu de le dépenser pour s’occuper des prisonniers. En 1832, il y eut une enquête sur les crimes et les


châtiments infligés à bord et certains anciens prisonniers furent interrogés. Un homme connu uniquement par ses initiales A.B. avait séjourné à bord de l’un des hulks de Medway – le « Retribution », à Sheerness. A.B. déclara que John Henry Capper, alors en charge de l’ensemble des hulks, avait passé un accord avec le boucher du coin pour acheter de la mauvaise viande à très bas prix pour les prisonniers. Quelques bonnes pièces achetées en même temps étaient exposées lors des inspections, alors que la viande utilisée en cuisine était avariée. A.B. dévoila en outre que si quelques belles miches de pain étaient également présentées aux visiteurs intéressés, le pain des condamnés était si mauvais que si on l’envoyait contre un mur il y restait collé comme de l’argile. De Grandes Esp rances L’écrivain Charles Dickens vécut à Chatham durant son enfance. Son père travaillait pour le chantier naval. Il avait certainement observé les hulks sur la Rivière Medway. Il est possible qu’il ait également vu des équipes de détenus quitter les hulks pour se rendre sur leur lieu de travail. Bien des années plus tard, il revint habiter dans la région et acheta une grande maison à Higham. A l’époque à laquelle il était devenu très célèbre, les hulks n’existaient plus depuis longtemps. En 1860, il commença toutefois à écrire l’histoire d’un homme qui au début du livre, s’échappe de l’un des bateaux-prisons de Medway. De nouveau arrêté, il est ramené à bord du hulk pour être déporté en Australie. Cette histoire à laquelle Dickens donna le titre « De Grandes Espérances » demeure encore aujourd’hui l’un de ses livres les plus populaires.

Qui taient les d tenus ? Il n’y eut jamais plus de 9 hulks destinés aux repris de justice sur la Medway en même temps. Trois se trouvaient à Sheerness: • le Bellerophon • le Retribution • le Zealand Six se trouvaient à Chatham: • le Canada • le Cumberland • le Dolphin • l’Euryalus • le Fortitude • le Wye La majorité des détenus des hulks de Medway attendaient d’être déportés vers l’Australie mais il leur fallait parfois patienter des années avant qu’un bateau les y emmène. Bien des hommes qui comparaissaient devant le tribunal à cette époque craignaient plus le temps passé à bord des hulks que la vie de travail qui les attendait à l’autre bout du monde. Les femmes qui ne respectaient pas la loi pouvaient également être déportées mais aucun registre n’indique qu’elles aient d’abord été envoyées sur les hulks de la Medway. On déplaçait parfois les prisonniers d’un hulk à un autre; le « Canada » et le « Wye » étaient des bateaux hôpitaux, amarrés assez près pour recevoir des détenus atteints de maladies contagieuses. Il y avait toujours aussi une petite chance de se voir accorder un pardon et de ne pas avoir à servir sa peine. Le gouvernement savait que c’était là un bon moyen d’encourager les détenus à bien se tenir. Cette méthode était pareillement utilisée lorsque les hulks étaient trop surpeuplés, car elle permettait de se débarrasser très rapidement d’un 41


certain nombre de prisonniers. Un grand nombre de registres et des documents répertoriés par les surveillants des hulks sont encore entreposés dans le bureau national des archives de Londres. On faisait régulièrement aligner les hommes de chaque hulk pour les compter afin de tenir les registres à jour. Le nom, le délit et la date à laquelle chaque homme quittait le hulk étaient répertoriés avec soin. A bord du « Cumberland » dans les années 1830, on trouvait des hommes condamnés à la déportation pour le genre de délits suivants : • vol de canards ; • vol de fers à repasser ; • braconnage (attraper ou tuer des animaux sur les terres de quelqu’un d’autre) ; • bigamie (être marié à deux personnes à la fois); • agressions (attaquer quelqu’un); • gribouillis sur le registre d’une église. Les garçons Au début des années 1800, il y avait énormément d’enfants en prison. Ce n’est que vers le milieu de l’époque victorienne que des écoles et des maisons spécialisées furent ouvertes pour accueillir les jeunes gens qui enfreignaient la loi. Les garçons que l’on attrapait plus d’une fois pouvaient être déportés, ce qui signifiait une incarcération à bord des hulks. Au début, on les mélangeait aux prisonniers adultes dont certains avaient commis des crimes très graves. En 1824, 350 détenus de moins de 14 ans furent amenés ensemble à bord d’un hulk de Medway ; le « Bellerophon », à Sheerness. Le bateau avait été divisé en quarante pièces dont chacune pouvait recevoir huit ou neuf garçons. Dans le Bellerophon, ils étaient au moins à l’abri 42

des criminels adultes les plus dangereux mais il n’y avait pas d’ateliers pour les occuper. C’est pourquoi un an plus tard, tous les garçons durent déménager vers un autre bateau appelé l’« Euryalus », à Chatham. Ce bateau comportait des ateliers mais il était beaucoup plus petit et donc encore plus surpeuplé. La vie à bord de l’Euryalus était extrêmement difficile. Les garçons y étaient régulièrement battus. Tout comportement sortant de l’ordinaire était en outre puni d’un séjour en isolation avec pour toute alimentation du pain et de l’eau. A l’inverse des détenus adultes, les garçons ne quittaient jamais le hulk mais on leur donnait les tâches les plus dures et les plus ennuyeuses à accomplir à bord. Ils mangeaient surtout un gruau très clair et de temps en temps du bœuf bouilli. Le plus sérieux désagrément provenait certainement du fait que l’Euryalus ne possédait ni salles communes de petite taille ni cellules, obligeant les garçons à dormir tous ensemble. Il n’y avait donc aucun moyen d’échapper aux pires brutalités et violences. En 1835, le gouvernement lança une enquête spéciale sur la vie dans les prisons anglaises. Les officiers chargés de mener l’enquête interrogèrent un homme qui avait passé du temps sur les hulks de Medway. Il s’appelait Thomas Dexter et il avait été cordonnier avant d’être condamné pour vol et envoyé sur le « Dolphin », un des hulks de Chatham. Thomas intéressait particulièrement l’équipe parce que pendant son séjour en prison, on lui avait confié un travail d’infirmier auprès de garçons malades à bord de l’Euryalus. L’un des officiers lui ayant demandé s’il pensait que leur séjour à bord d’un hulk


avait une influence positive sur le comportement des garçons, il répondit : « Je suis absolument certain que non et souvent, lorsque je vois sur un journal qu’un juge a envoyé un enfant …. sur un hulk, je me dis que si c’était l’un des miens, je préfèrerais le voir mort à mes pieds plutôt que de le savoir en un pareil endroit. » La maladie Les hulks réservés aux prisonniers de guerre étaient si surpeuplés que les maladies s’y répandaient très rapidement. En 1813, une épidémie de variole se déclara à bord du « Crown Prince » de Chatham. Dès son apparition, le médecin en charge réunit tout le monde à bord et offrit à chacun de se faire vacciner. Un vaccin consiste à donner volontairement à un patient une dose inoffensive de la même maladie pour aider son corps à combattre le danger. De nombreux prisonniers qui avaient eu peur de se faire vacciner furent atteints de la maladie. Le hulk fut fermé au monde extérieur, personne n’ayant le droit d’y monter ou d’en descendre. Les bateaux hôpitaux étaient déjà surpeuplés de toute façon et les capitaines craignaient que la variole ne se répande. Malheureusement, l’extraordinaire surpopulation engendra une nouvelle maladie ; le typhus, qui se propagea très rapidement. Au début 1814, le typhus avait atteint presque toute la flotte des hulks de Chatham. Le « Bahama » fut particulièrement touché : sur les 361 prisonniers américains montés à son bord en janvier, 84 étaient déjà morts en avril. Pourquoi a-t-on fini par ne plus utiliser les hulks ? Les prisonniers de guerre furent renvoyés

chez eux à la fin de la guerre. Certains hulks qui avaient hébergé des prisonniers de guerre, comme le « Canada », furent réutilisés pour les détenus. D’autre furent démantelés. Vers les années 1830, le gouvernement britannique réalisa que la gestion des hulks destinés aux repris de justice n’était pas aussi bon marché que ce que bien des personnes l’avaient espéré. Les bateaux étaient anciens. Ils avaient besoin d’être réparés. En premier lieu, leur aménagement et l’installation de véritables salles communes coûtait très cher. Les comptes tenus par Henry Capper indiquent que l’ensemble des coûts nécessaires à la préparation des bateaux, la rémunération des personnels, la garde et le déplacement des prisonniers, la nourriture, les vêtements et (parfois) le travail qui leur étaient fournis s’élevait en 1831 à 70 000 livres sterling. Cela représentait pratiquement le double de la somme requise pour construire une nouvelle prison à terre. Un grand nombre d’hommes et de femmes commençaient également à essayer de modifier le système pénitentiaire anglais. Ils désiraient tenter de mettre de nouvelles idées en pratique pour convaincre un maximum de personnes de ne plus enfreindre la loi. Pour avoir une chance de réussir, la majorité de ces initiatives exigeaient la construction de nouveaux bâtiments. Vers le milieu de l’ère victorienne, la Grande Bretagne construisit ou agrandit jusqu’à 90 prisons. Située à Chatham, l’une d’entre elles ouvrit ses portes en 1852. Les bateaux-prisons de la Rivière Medway disparurent certainement bien avant cette date. Le tout dernier des hulks fut ravagé par les flammes à Woolwich, le 14 juillet 1857. 43


7

Les loisirs offerts par la Rivi re Medway

L’histoire de la Rivière Medway ne concerne pas uniquement l’Histoire, la faune et la flore et la sérieuse question de la conservation. Depuis de nombreuses années, la rivière est aussi très importante car elle offre un moyen de se divertir. Elle fait partie d’un environnement idéal pour de nombreuses activités ludiques. Ces activités comprennent les évènements organisés et le sport, mais aussi le temps libre que les personnes seules ou en famille passent sur la rivière ou aux alentours. Tout ceci exige une bonne gestion pour permettre aux différents groupes de personnes de partager le même environnement et les mêmes installations. Il arrive parfois que les exigences de ces différentes activités ne soient pas compatibles. Les personnes qui aiment pêcher ou observer les oiseaux préfèrent généralement un cadre calme, dépourvu de bruit. Les courses de bateaux à moteur et les fusils des chasseurs ont plutôt tendance à être bruyants. 44

Bien qu’elles dépendent de la rivière, il arrive que certaines de ces activités ludiques contribuent à la polluer. Le carburant, les déchets et même le fil et les plombs de pêche perdus ou cassés, peuvent nuire à l’environnement ainsi qu’à la faune et la flore. Plus une activité est populaire et plus il est important de la gérer étroitement. Les rivières qui font partie de notre paysage peuvent aussi être des lieux de grande circulation. Les bateaux qui y effectuent des allées et venues rapides peuvent endommager certaines parties de la rive qui finissent par se détacher et être emportées par le courant. Les limitations de vitesse sont très importantes. Il est possible que la Rivière Medway devienne à l’avenir l’un des cours d’eau britanniques les plus utiles aux activités ludiques. L’estuaire comporte plusieurs criques qui offrent des eaux calmes et abritées, propices à la voile, où l’on trouve un grand nombre de chantiers


navals et de marinas. La plupart des voiliers peuvent passer sous le pont à Rochester. Les bateaux plus petits peuvent toutefois atteindre les eaux non soumises aux marées entre l’écluse d’Allington Lock et Tonbridge. Quelles sont les principales activit s ludiques offertes par la Rivi re Medway ? Il y a bien des façons de profiter d’une rivière quelle qu’elle soit, mais toujours en fonction des particularités physiques sur la longueur de rivière utilisée. Depuis environ 200 ans, les activités ludiques les plus importantes sur la Medway sont: • la natation ; structurée ou individuelle ; • les courses, de bateaux à rames ou de péniches à voiles ; • la pêche, plus pour le plaisir que pour le profit ; • les bateaux de plaisance. Nul doute que les nouvelles technologies et les nouvelles modes vont produire à l’avenir de nouvelles activités ludiques basées sur l’eau. La natation Il est fort probable que la pratique de la natation et des bains dans la Rivière Medway remonte à la nuit des temps. Elle est pourtant loin d’offrir des conditions idéales. On y trouve des courants puissants, des marées très fortes, une vase traîtresse, beaucoup de circulation et souvent des débris flottants ; de quoi défier les nageurs les plus aguerris ! Tous ces dangers sont sans doute la raison pour laquelle en juin 1836, un homme d’affaires ouvrit le « Bathing Establishment » de Rochester. Il construisit une piscine

sur la rivière, où l’on pouvait nager dans ses eaux naturelles sans être incommodé par le courant, la vase ou les bateaux de pêche. Il veilla aussi à fournir des pièces confortables où les baigneurs pouvaient se changer et se détendre. A cette époque, la baignade consistait autant à prendre un bain qu’à nager et était à la fois considérée comme étant saine et très à la mode. Cette mode avait entraîné un nombre incroyable de riches visiteurs à se rendre dans les villes côtières comme Brighton et on avait aussi encouragé son développement sur la Tamise, à Gravesend. Malheureusement, les bains de Rochester ne connurent pas le succès escompté et ils durent fermer vers le milieu des années 1860. Les clubs de natation de Medway utilisaient les eaux de la rivière pour y disputer des courses. Les riverains hommes et femmes devaient relever le défi en nageant le plus rapidement possible entre le pont de Rochester et le Strand de Gillingham. Les gagnants remportaient des trophées, des médailles, des certificats et parfois même de l’argent. Les familles et les nageurs occasionnels continuèrent aussi à être attirés par les eaux naturelles de la rivière jusqu’au début du 20ème siècle. Des pontonsplongeoirs et des plateformes étaient mises à la disposition du public sur toute la rive, à Strood Pier. De fait, les vacances à la mer faisaient depuis longtemps partie des traditions de cette région. Un grand nombre de résidents ne pouvaient pas se permettre de prendre des vacances loin des villes de Medway. Les familles passaient une journée à la plage à Upnor ou à Gillingham au lieu de voyager jusqu’à une station balnéaire comme Margate, 45


Ramsgate ou Broadstairs. Adultes et enfants nageaient dans la rivière depuis la plage, en dépit du fait que cela pouvait être très dangereux. Il arrivait que des gens se noient en essayant de nager d’une rive à l’autre. Les eaux pouvaient paraître sans danger alors qu’elles ne l’étaient pas du tout. Au cours de l’ère victorienne, les installations où un public de tous âges pouvait se baigner en toute sécurité devinrent de plus en plus courantes. En 1894, un boulanger local nommé Mr. Cucknow, construisit les « Strand Baths » de Gillingham. Cette piscine était connue localement sous le nom de « Mr Cuckoo’s Sea Water Swimming Baths » (Bassin de baignade à l’eau de mer de Monsieur Coucou) et mesurait plus de 80 mètres de long. Il y a déjà de nombreuses années que ce parc de loisirs devenu aujourd’hui le Strand est l’une des attractions favorites des familles de Medway. L’aviron Au départ, l’aviron était tout simplement un moyen de se déplacer. Un canot à rames avance uniquement à la force des bras. Il n’y a pas besoin d’attendre un vent favorable, ce qui permet donc de voyager dans n’importe quelle direction par n’importe quel temps. Son utilisation est facile et peu coûteuse. En Grande Bretagne, le canot à rames fut beaucoup utilisé comme bateau-taxi ou comme bac. Il y a 200 ans, les ponts qui traversent désormais nos fleuves étaient beaucoup plus rares et les rivières offraient un mode de déplacement pratique et relativement rapide. Les premières courses modernes d’aviron 46

développées en compétitions étaient en fait des courses entre mariniers - les hommes qui proposaient un service de bateau-taxi. Sur la Tamise, les guildes et associations de la Ville de Londres offraient des prix aux gagnants. Un sport pratiqué pour le plaisir plutôt que pour de l’argent s’appelle un sport amateur. L’aviron amateur devint populaire dans les universités anglaises vers la fin du 18ème siècle. La première course d’aviron entre les étudiants des universités d’Oxford et de Cambridge eut lieu en 1829 et continue à se tenir une fois par an. C’est en 2007 qu’une course entre les étudiants de l’université du Kent, l’université de Greenwich et l’université de Canterbury Christ Church eut lieu pour la première fois sur la Rivière Medway. Cette course fait désormais partie des évènements importants du calendrier sportif de Medway. Les trois équipes se battent pour obtenir le droit de se faire appeler « Head of the River » (Chefs de la Rivière). La course se joue sur 2,6 kilomètres entre Cuxton et l’esplanade de Rochester. Des centaines de supporters et de spectateurs s’alignent sur les rives chaque année pour assister à la course. Les conditions sont quelquefois difficiles sur la rivière, avec de forts courants de marée et parfois même des tourbillons. Un certain nombre de clubs d’aviron amateur ouverts au grand public furent établis à Medway durant la période victorienne. Ils se rassemblèrent tous en 1958 pour former le « Medway Towns Rowing Club ». Ce club d’aviron des villes de Medway a pour but de fournir des installations ouvertes à tous, quel que soit leur âge ou leur niveau. Un hangar à bateaux appartenant au club se


trouve aujourd’hui encore sur l’Esplanade à Rochester. Les soldats de la « Corps of Royal Engineers » qui installèrent leur quartier général à Brompton en 1812 devaient, entre autres qualités, être d’excellents mariniers. Ces ingénieurs du roi constituèrent un certains nombre d’équipes d’aviron vers la fin du 19ème siècle. Ces équipes utilisaient des cotres ; de petits bateaux ouverts de taille moyenne à bord desquels deux hommes ramaient, assis côte-à-côte sur des bancs. Les courses annuelles d’aviron se disputaient à bord de cotres sur la Rivière Medway, entre les équipes des ingénieurs du roi et celles de la marine royale. En 1950, ces ingénieurs fondèrent un club d’aviron à part, du nom de « Royal Engineers Rowing Club ». Les courses de péniches Au 19ème siècle, les barges pullulaient sur la Medway. Elles équivalaient à l’époque à nos camions de livraison, transportant des tonnes de briques et de ciment en direction de Londres pour en ramener des déchets destinés à être brûlés dans les briqueteries et les fourneaux des usines. Il y avait toujours de la compétitivité, les capitaines de péniches se défiant entre eux de remporter des courses le long de l’estuaire. Des courses de péniches organisées commencèrent à avoir lieur sur la Tamise en 1863. Elles étaient coordonnées par un homme du nom de Henry Dodd, qui avait fait fortune dans le ramassage des déchets et la briqueterie. Il pensait qu’il était possible d’améliorer la conception des péniches pour leur permettre de remporter des courses en plus de transporter d’énormes chargements. Il désirait aussi encourager les capitaines de

péniches à être fiers de leur métier. En fait, ces évènements devinrent si populaires qu’en quelques années, des constructeurs lancèrent des péniches spécialement conçues pour remporter des courses. Tout ceci suscita beaucoup d’intérêt parmi les personnes qui travaillaient sur la Rivière Medway. Certaines des grosses briqueteries et cimenteries qui possédaient de nombreuses péniches commencèrent à organiser leurs propres courses. A la suite de quoi, la première compétition ouverte à toutes les péniches de la Medway eut lieu en 1880. La course se disputait normalement entre Gillingham et le Sun Pier, la jetée de Chatham. Les courses continuèrent jusqu’à ce que la guerre éclate en 1914, avant de reprendre relativement régulièrement jusqu’à ce que la compétition soit de nouveau interrompue par la Seconde Guerre Mondiale de 1939. Les péniches les plus rapides devinrent assez célèbres et leurs propriétaires en étaient très fiers. La compétition était acharnée et la péniche baptisée « Sara » construite sur la Tamise par la société Everard, remporta toutes les courses de la Medway sur l’ensemble des années 1930. En 1955, la péniche de la société London and Rochester Trading Company appelée « Sirdar » sembla finalement avoir pris le dessus sur Sara. La compagnie Everard commença alors à remettre en état une vieille péniche du nom de « Veronica », afin de la rendre plus rapide et de se réapproprier le titre de champion. Tout ceci coûtait de l’argent. En 1963, les propriétaires finirent par en avoir assez et cessèrent de sponsoriser les courses. La plupart des péniches appartenant aux diverses sociétés furent démolies. 47


Heureusement, un certain nombre de propriétaires privés décidèrent de poursuivre la tradition des courses de péniches sur la Rivière Medway. De nos jours, la course annuelle de péniches « Medway Barge Match » attire chaque année environ douze péniches réparties en trois catégories différentes. La course se dispute sur pratiquement 48 kilomètres, de Gillingham jusqu’à l’estuaire avant de revenir au point de départ. Des courses avaient aussi lieu sur le fleuve de la Tamise à Gravesend, sur la rivière Blackwater à Maldon dans l’Essex et sur la rivière Swale à Faversham. La pêche La Medway et son estuaire offrent de multiples opportunités de pêche très stimulantes. Cet habitat changeant produit une variété d’espèces à attraper en fonction des différentes périodes de l’année. Vers la fin de l’hiver et le début du printemps, on y prend des flets, des abadèches roses et des tacauds. Les tacauds sont généralement utilisés comme appât pour attirer des poissons plus gros comme les bars. Anguilles, soles et mulets peuvent être pêchés dès la fin du mois d’avril, lorsqu’il fait chaud. L’automne est une saison calme pour la pêche locale jusqu’à ce que les bancs de merlans apparaissent au large des côtes du nord du Kent, avant de remonter en amont dans les rivières. Même si ce gros poisson s’attrape plus sur la Tamise que dans l’estuaire de la Medway, la morue reste la proie préférée de tous les pêcheurs en mer durant l’hiver. Bateaux de plaisance De nombreux clubs de voile et de bateaux de plaisance sont basés sur la Medway. Au 48

printemps et à l’automne, on peut observer une multitude de bateaux différents sur la rivière. Les marinas locales proposent des endroits sécurisés pour accueillir les bateaux de plaisance et des sites de mouillage pour les bateaux-maisons dont certains sont également disponibles le long des berges de la rivière. La Medway représente une précieuse ressource pour enseigner à ses utilisateurs comment pratiquer des activités nautiques en toute sécurité. Situé à Upnor, le centre « Arethusa Venture » accueille par exemple six mille enfants chaque année, pour leur permettre d’essayer une vaste gamme d’activités sportives ; y compris faire de la voile à bord d’un dériveur, faire du canoë et du kayak. Depuis longtemps déjà, il est possible de profiter de la vie sur la rivière sans acheter un bateau. Les bateaux à vapeur commencèrent à parcourir la Tamise et la Medway dès le début du 19ème siècle. Ces bateaux permettaient à leurs passagers de voyager facilement et à peu de frais depuis les zones très urbanisées jusqu’à la mer, pour y passer la journée ou tout simplement pour profiter de la promenade. Une sortie favorite dans la région consistait à quitter les villes de Medway pour passer la journée à Southend, dans l’Essex. Lors de sa fondation en 1919, la société « New Medway Steam Packet Company » introduisit sa propre gamme de bateaux à vapeur. Le plus célèbre d’entre eux fut le « Medway Queen », construit quelques années plus tard sur la rivière Clyde en Ecosse. Ce bateau partait de Strood et


continua ses traversées jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, période à laquelle il fut converti et utilisé pour détecter les mines et les explosifs flottants, au large de la côte anglaise. Il vécut sa plus célèbre aventure en 1940. L’armée britannique ayant bien du mal à revenir de France pour échapper à l’invasion ennemie, le Medway Queen traversa la Manche sept fois en direction de Dunkerque. Navigant dans des conditions dangereuses, il parvint à sauver 7 000 hommes. Le Medway Queen recommença à transporter des passagers jusqu’en 1963, date à laquelle il fut envoyé sur l’île de Wight. Finalement remorqué de nouveau jusqu’à la Medway en 1984, il lui fallut suivre un programme exhaustif de réparation et de reconstruction. Après un travail énorme de la part de la « Medway Queen Preservation Society », un organisme bien décidé à le sauvegarder, l’argent fut trouvé grâce à une subvention de la part du « Heritage Lottery Fund » (Fonds de sauvegarde du patrimoine financé par la loterie nationale) en 2006. Un sauveteur se noie! Il y a une plaque sur le mur en face de la rivière sous le Château de Rochester, à côté de l’esplanade. Cette plaque est à la mémoire d’un homme très courageux mort en 1912 en sauvant la vie d’une petite fille.

Percy plongea et la maintint hors de l’eau jusqu’à ce qu’un bateau puisse venir à son secours. Malheureusement, au cours du sauvetage Percy fut victime d’une mauvaise crampe. Emporté par le courant, il mourut noyé. On retrouva son corps environ une heure plus tard. Le « Kingswear Castle » De nos jours, l’une des attractions les plus spectaculaires de la Rivière Medway est le Kingswear Castle, un bateau à roues à aubes alimenté au charbon, qui avait été construit à Darmouth en 1924 pour naviguer sur la Rivière Dart. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, le Kingswear Castle fut utilisé par la marine américaine pour transporter le ravitaillement aux alentours de Dartmouth. Racheté en 1967 par la « Paddle Steamer Preservation Society» (la société de sauvegarde des bateaux à roues à aubes), il partit pour l’île de Wight. En 1971, il fut remorqué jusqu’à la Medway et restauré. Le Kingswear Castle recommença à transporter des passagers en 1985 et sillonne désormais les eaux de la Rivière Medway. Depuis sa reprise, 200 000 passagers s’y sont déjà embaqués pour jouir d’une promenade à bord d’un bateau à vapeur historique.

Il s’appelait Percy Gordon et était venu de Londres pour visiter Rochester. Il se trouvait près de la rivière avec des amis lorsqu’ils entendirent un groupe d’enfants hurler sur la jetée. Une petite fille du nom de Dorothy Foster était tombée dans la Medway après avoir essayé de marcher en équilibre sur une corde au bord de l’eau. 49


8

L’avenir

La Rivière Medway et son environnement vont beaucoup changer dans un avenir proche. Il est possible que la rivière prenne une nouvelle importance dans un certain nombre de secteurs : • la régénération • les affaires • l’environnement La r g n ration, qu’est-ce que c’est? La régénération est le nom que l’on donne à la manière dont certaines parties du pays reçoivent plus d’attention et plus d’argent pour les aider à se développer et pour encourager une reprise de la croissance après des années de stagnation. Au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle à Medway, un grand nombre de sociétés ont fermé ou ont quitté la région. Les opportunités de travail sont donc devenues moins nombreuses. Une personne qui ne trouve pas de travail a peu d’argent à dépenser, ainsi, les entreprises et les magasins ont à

50

leur tout du mal à survivre. Ils finissent parfois eux aussi par fermer et la situation se dégrade ainsi petit à petit. La régénération tente de mettre fin à ce processus en rendant de nouveau la zone attractive – sous bien des aspects. La régénération va aussi tirer un maximum de profit du fait que la région est traversée par une rivière. Un certain nombre de sites importants estimés propices au redéveloppement ont été retenus. Ces sites seront convertis pour offrir une gamme de constructions variées et exploiteront au maximum la popularité croissante du concept de la vie au bord de l’eau. En plus d’attirer des personnes nouvelles vers la région, ces redéveloppements feront de Medway un cadre plus agréable à vivre pour ceux qui y habitent déjà. La plupart de ces sites ont été précédemment exploités par les industries. On appelle souvent ces sites des friches industrielles, pour indiquer qu’ils sont différents des zones vertes où l’environnement naturel est détruit par de nouvelles constructions.


Les rives de Rochester La zone située sur les rives de Rochester comprend la plupart des terrains entre Corporation Street, la partie basse de la rue principale et la rivière. Au cours de pratiquement toute l’histoire de Rochester, cette zone essentiellement marécageuse ne fut jamais considérée comme étant constructible. Au tout début du 21ème siècle, un énorme travail fut accompli pour préparer le site à recevoir des centaines de nouvelles maisons. Le niveau des terrains a été surélevé à l’aide d’innombrables tonnes de terre destinées à garantir que les nouvelles constructions ne soient pas à la merci d’inondations potentielles. Les projets comprennent un certain nombre d’espaces verts et la zone riveraine a fait l’objet d’une attention toute particulière. Cela faisait de nombreuses années que les habitants de Medway ne pouvaient plus pu accéder à cette zone. Une nouvelle promenade et une piste cyclable permettent désormais aux résidents et aux visiteurs de profiter de la rivière de très près. Le Chantier Naval Historique de Chatham et Chatham Maritime Le Chantier Naval de Chatham cessa ses activités commerciales en 1984. En 2010, 850 millions de livres sterling avaient été dépensées pour le transformer en une attraction populaire et une nouvelle communauté pleine de vie. On y trouve déjà plus de 1 000 nouveaux logements et des bureaux capables de recevoir plus de 5 000 employés. Les universités et établissements d’enseignement supérieur se sont déplacés vers la zone à développement rapide appelée « Chatham

Maritime ». De nouvelles installations ont été construites sur le site du chantier naval victorien, y compris une marina pour 300 bateaux et plus de 80 hectares de parcs et de promenades au bord de l’eau. St Mary’s Island Par le passé, l’île de St Mary a toujours été un marais vide et un dépôt d’ordures. A la fin de l’ère victorienne on creusa d’immenses bassins sur ses rives pour permettre au Chantier Naval de Chatham d’accommoder les navires les plus gros que l’on y construisait à l’époque. Une fois le chantier fermé, cette zone devint un terrain vague et sale. L’île de St Mary possède désormais une communauté active qui comporte, en plus de centaines de logements ; une école primaire, un cabinet médical et un foyer municipal. Avant de pouvoir entamer les travaux de construction, il a fallu retirer plus de 1,2 millions de mètres cubes de terre et les remplacer pour être certain que le site était sain. Temple Waterfront Temple Waterfront est une zone située en bordure de rivière, à la limite de Strood, face au Château de Rochester. Un développement de 100 millions de livre sterling va apporter un mélange de nouveaux logements, de magasins et de locaux destinés aux entreprises. Outre le fait qu’elles pourront profiter de la rivière, toutes les personnes qui vont venir habiter à Temple Waterfront auront la chance exceptionnelle d’apprendre à connaître le plus vieux bâtiment de Strood : « Temple Manor ». Datant du 13ème siècle, ce hall est placé à la limite du site de régénération et va en devenir l’une des attractions les plus intéressantes. 51


Zone riveraine de Gillingham La zone riveraine de Gillingham est en pleine période de développement ; on y construit actuellement de nouvelles habitations et autres bâtiments. Proche de la rivière mais aussi du Tunnel de Medway, cette zone va attirer quiconque a besoin de prendre sa voiture pour se rendre chaque jour au travail. Comprise entre l’île de St Mary et Danes Hill, elle englobe l’ancienne Jetée de Gillingham, offrant ainsi la possibilité d’améliorer l’utilisation de la rivière par le grand public. Quel avenir attend les entreprises de la Rivi re Medway ? La rivière a toujours servi de voie publique. Jusqu’à la construction des chemins de fer, elle n’avait vraiment aucun concurrent capable de déplacer de lourdes charges. Même si les industries locales telles que les briqueteries et les cimenteries n’existent plus, d’autres sociétés utilisent toujours la rivière pour leurs transports. Elle a continué à être importante, même après l’apparition des voies ferrées puis du transport routier bon marché. L’embouchure de la Medway, là où la rivière rencontre la Tamise, offre de bonnes conditions pour ancrer de très gros bateaux. On trouve parmi eux des porte-conteneurs qui apportent de vastes chargements dans le Kent par la mer. Au cours de ces dernières années, la Rivière Medway a reçu plus de porte-conteneurs en un an que des ports maritimes comme Southampton. La Medway transporte un peu plus de 2,6 % des cargaisons qui circulent via les ports du Royaume Uni. Les chargements varient mais les meubles en pin en provenance de Scandinavie en représentent une grande partie. 52

La Grande Bretagne utilisait principalement le gaz naturel contenu dans les réserves qui lui appartenaient sous la mer du Nord. Celles-ci sont épuisées et la Grande Bretagne doit désormais acheter du gaz en provenance d’autres pays. Un port destiné à la réception du gaz naturel liquide a été construit près de la Rivière Medway sur l’île au Grain. Les bateaux transportant le gaz le déchargent dans un gazoduc qui conduit à des cuves de stockage géantes. A partir de là, des millions de tonnes de gaz peuvent être acheminées par le biais du réseau qui alimente le pays tout entier. Les Quais de Chatham Les quais de Chatham emploient un système à trois bassins, les bassins étant des endroits où les bateaux peuvent s’arrêter pour décharger. Plus de 500 bateaux utilisent chaque année les quais, chargeant ou déchargeant 1,2 millions de tonnes de cargaison. Le terminal à conteneurs « London Thamesport Container Terminal » L’île au Grain se trouve en bout de la Péninsule de Hoo, à l’embouchure même de la Rivière Medway. En 1989, une partie de l’ancienne raffinerie de pétrole fut ici convertie en terminal à conteneurs ; le London Thamesport Container Terminal. Thamesport est l’un des plus vastes et des plus actifs de tous les ports du Royaume Uni. C’est le seul terminal à conteneurs entièrement automatisé du pays. C’est-àdire que ses 655 mètres de quais sont équipés de grues sans chauffeur qui déplacent les conteneurs à l’intérieur du port. La position de chaque conteneur est enregistrée et suivie par des systèmes informatisés de pointe.


Thamesport possède sa propre gare de chemin de fer. Des services quotidiens relient le port au reste du système ferroviaire. Cela signifie que tout ce qui arrive dans le Kent peut rapidement être acheminé n’importe où dans le pays. Que va-t-il arriver l’environnement ? L’accroissement du nombre de personnes vivant aux alentours de la basse Medway, a eu un effet néfaste sur l’environnement. La pêche abusive, la pollution de la rivière et les industries à grande échelle comme la cimenterie ont à jamais changé la région. Ces industries sont cependant nombreuses à avoir disparu et la rivière redevient plus propre. Une opportunité se présente donc d’encourager tous ceux qui en profitent à jouir de la Medway tout en la protégeant pour son propre bien.

avec soin pour permettre aux résidents de Medway d’en profiter à l’avenir. Il y a aussi des questions qui concernent le monde entier. Le réchauffement de la planète va certainement engendrer une montée du niveau des eaux en Grande Bretagne. Personne ne sait avec certitude quelle sera l’ampleur ou la vitesse de ce phénomène. Il serait pourtant difficile de trouver une question plus pressante pour quiconque habite à une courte distance d’une rivière aussi importante que la Medway. Il est impératif d’agir maintenant, pour éviter que la raison même pour laquelle cette région attire tant de personnes désireuses d’y vivre et d’y travailler depuis des siècles, devienne à l’avenir porteuse de danger et de destruction.

Un défi se présente aussi. La régénération va elle-même attirer un grand nombre de personnes désireuses de vivre dans les nouvelles constructions de cette zone. Ces personnes vont avoir besoin de magasins et d’écoles, d’hôpitaux et d’autres installations bénéfiques à la communauté. Il y aura plus de voitures sur les routes qui sont déjà très fréquentées. Une meilleure planification urbaine aura un effet positif car elle fournira de l’espace en plus des logements là où il n’y avait auparavant que des terrains vagues. La conception des logements utilisera moins de ressources et encouragera leurs habitants à produire moins de gaz à effet de serre. Il reste à espérer que la plus grande facilité d’accès à la rivière encouragera ses utilisateurs à bien la traiter. L’environnement naturel est une ressource qu’il est important de gérer

53


Remerciements Cette ressource éducative haute en couleurs a été produite par le personnel du Musée du Guildhall de Rochester ; Conseil de Medway, et fait partie du projet d’inclusion du musée : « Opening the Doors to Access and Learning » (Ouvrir les portes pour faciliter l’accès et l’apprentissage). Le but du projet est d’arriver à promouvoir un meilleur accès physique et intellectuel au musée et à ses collections. Des traductions du texte de cette ressource éducative ont été préparées en langues étrangères pour accompagner l’édition anglaise. Leur but est de partager les informations concernant la Medway Maritime avec des étudiants de langue française et Hollandaise. Ce projet a reçu une généreuse subvention de la part de la « National Lottery » (Loterie nationale) par le biais d’un « Heritage Lottery Fund (Your Heritage) » (Fonds de sauvegarde du patrimoine financé par la loterie nationale - Votre Héritage), et de la part du Fonds Européen de Développement Régional (FEDR), programme de coopération transfrontalière « Interreg IVA 2 Mers Seas Zeeën 2007-2013 » - « Investing in your future » (Investir dans votre avenir). Le Conseil de Medway, qui est propriétaire et administrateur du musée du Guildhall, a lui aussi apporté une contribution considérable au financement du capital requis pour l’ensemble du projet. D’autres résultats liés au projet comprennent une nouvelle entrée pour accéder au musée par la rue principale, une galerie de présentation sur le thème de la Rivière Medway, un service d’accueil et un point de vente ; des améliorations d’ordre général dans la galerie et la création pour les visiteurs d’une nouvelle Zone de Découverte. Les institutions et les individus suivants méritent un remerciement spécial pour l’aide qu’ils ont apporté à la production de cette publication. Medway Archives and Local Studies Centre, Medway Council Archives de Medway et Centre d’Etudes Locales, Conseil de Medway Rochester Oyster and Floating Fishery Société d’ostréiculture et de pêche de Rochester Peter Boreham, Chercheur Dr Jeremy Clarke, Auteur et Rédacteur Steve Nye, Images historiques Christelle Pereira, European Projects Officer, Medway Council Responsable des projets européens, Conseil de Medway Kelly Wood, Graphic Designer, Medway Council, Graphiste, Conseil de Medway

54


55



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.