CHINE-USA LA GUERRE PROGRAMMEE

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le blog des 2 témoins de l'apocalypse chronique et revue de presse eschatologique en attendant la révélation de l'Impie Rumeurs et bruits de guerre en mer de Chine… 9 décembre 2011 | Nouvel Ordre Militaire (NOM)

Le président chinois, Hu Jintao, a appelé la marine à êtreprête au combat et à poursuivre sa modernisation afin desauvegarder la sécurité nationale, a rapporté l’agence d’information Chine nouvelle, mardi 6 décembre . Il lui a ainsi demandé « d’accélérer sa modernisation » et de « mener des préparatifs intensifs pour le combat militaire » afin de« sauvegarder la sécurité nationale et la paix mondiale », alors que les ambitions maritimes de la Chine provoquent l’inquiétude de ses voisins et des Etats-Unis. Le Japon a exprimé ses inquiétudes concernant l’expansion maritime de la Chine vers le Pacifique et“l’opacité” de son budget militaire. Dans son rapport annuel sur la défense (Defense of Japan 2011), le ministère de la défense japonais prévoit que la Chine, “compte tenu de la récente modernisation de ses forces aériennes et navales”, va étendre ses activités en mer de Chine méridionale, en mer de Chine orientale et dans l’océan Pacifique. Or Pékin a confirmé mercredi 27 juillet qu’elle remettait en état un porte-avions de conception soviétique acheté à l’Ukraine, le Varyag, et, selon des sources proches du pouvoir, qu’elle aurait parallèlement entrepris la construction de deux autres porte-avions, de conception chinoise. Ce sont des moyens idéaux pour projeter des forces sur des théâtres d’opération lointains. Ces développements récents ne font que confirmer l’expansion continue de la marine de guerre chinoise.

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ICI selon Lemonde.fr Pour en savoir plus, lire la suite.

Le président chinois, Hu Jintao, demande à la marine d’être prête au combat LEMONDE.FR avec AFP | 06.12.11 | 15h17 • Mis à jour le 06.12.11 | 18h58

Le président chinois, Hu Jintao, a appelé la marine à être prête au combat et à poursuivre sa modernisation afin de sauvegarder la sécurité nationale, a rapporté l’agence d’information Chine nouvelle, mardi 6 décembre . Il lui a ainsi demandé « d’accélérer sa modernisation » et de « mener des préparatifs intensifs pour le combat militaire » afin de « sauvegarder la sécurité nationale et la paix mondiale », alors que les ambitions maritimes de la Chine provoquent l’inquiétude de ses voisins et des Etats-Unis. Hu Jintao s’exprimait à Pékin devant des responsables de la puissante commission militaire centrale, dont il est le chef, et en présence de son très probable successeur à la tête du pays, le vice-président Xi Jinping, numéro deux de la commission. Selon un communiqué publié sur le site du gouvernement, la rencontre portait sur l’armement de l’Armée populaire de libération (APL) et les derniers développements concernant la marine.« Notre travail doit se concentrer sur le thème de la défense nationale et du renforcement des capacités militaires », a expliqué le chef de l’Etat. PRÉSENCE MILITAIRE DES ÉTATS-UNIS L’armée chinoise avait annoncé qu’elle devait mener fin novembre des manœuvres navales dans « l’ouest de l’océan Pacifique », dans un contexte de tensions accrues sur des territoires disputés avec ses voisins. Cet« entraînement de routine (…) ne vise aucun pays particulier » et la liberté de naviguer de la Chine « ne doit pas être entravée », avait-elle assuré. Cette annonce est intervenue juste après un voyage en Asie-Pacifique du président américain Barack Obama, au cours duquel il a annoncé que les Etats-Unis allaient renforcer leur présence militaire en Australie. Dans un discours prononcé le 16 novembre à Canberra, Barack Obama avait insisté sur le fait que les Etats-Unis étaient dans la région « pour [y] rester ». « La Chine a le droit de développer ses capacités militaires et de se préparer, tout comme nous le faisons« , a réagi mardi George Little, l’un des porte-parole du Pentagone, tout en rappelant les fréquents appels de Washington à ce que Pékin se montre « transparent » en matière militaire. La question de la transparence entre les deux principales puissances du Pacifique « fait partie de la relation que nous essayons de bâtir avec l’armée chinoise« , selon M. Little. UNE MARINE DE PLUS EN PLUS PUISSANTE

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L’APL, plus grande armée du monde, reste essentiellement une armée de terre, mais la marine joue un rôle accru alors que la Chine apparaît de plus en plus soucieuse de défendre ses ambitions maritimes. Le Pentagone avait émis une mise en garde plus tôt cette année contre les importants budgets alloués par la Chine à sa marine, notamment en armement sophistiqué. Fin novembre, le premier porte-avions chinois, qui incarne les ambitions navales de Pékin, a effectué sa deuxième sortie. Le sujet des ambitions de Pékin dans les régions maritimes à l’ouest du Pacifique s’est aussi invité au sommet annuel de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) ainsi qu’au sommet de l’Asie orientale le mois dernier à Bali (Indonésie). En effet, le Vietnam, les Philippines et Taïwan se heurtent à la Chine pour revendiquer la souveraineté sur le petit archipel des Spratleys, des îles de la mer de Chine méridionale riche en hydrocarbures, que Pékin considère siennes. Pékin et Hanoi se disputent aussi les Paracels. Ces différends territoriaux provoquent des pics de tension chroniques entre la Chine et ses voisins – Philippines ou Vietnam ces derniers mois, Japon à la fin 2010.

L’inquiétante expansion de la marine chinoise

Le Japon a exprimé, le 2 août, ses inquiétudes concernant l’expansion maritime de la Chine vers le Pacifique et “l’opacité” de son budget militaire. Dans son rapport annuel sur la défense (Defense of Japan 2011), le ministère de la défense japonais prévoit que la Chine, “compte tenu de la récente modernisation de ses forces aériennes et navales”, va étendre ses activités en mer de Chine méridionale, en mer de Chine orientale et dans l’océan Pacifique. Or Pékin a confirmé mercredi 27 juillet qu’elle remettait en état un porte-avions de conception soviétique acheté à l’Ukraine, leVaryag, et, selon des sources proches du pouvoir, qu’elle aurait parallèlement entrepris la construction de deux autres porte-avions, de conception chinoise. Ce sont des moyens idéaux pour projeter des forces sur des théâtres d’opération lointains. Ces développements récents ne font que confirmer l’expansion continue de la marine de guerre chinoise. […]

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Avec la montée en puissance de la Chine dans le monde, la marine évolue maintenant vers une nouvelle stratégie d’”opérations dans les mers lointaines” avec des responsabilités qui s’étendent au-delà de la “seconde chaîne d’îles”, partant du Nord du Japon jusqu’au Nord des îles Mariannes et Guam où se trouve importante base navale américaine. […] En 2010, la marine comptait 225 000 hommes, au moins 58 sous-marins, dont six nucléaires, plus de 50 frégates et au moins 27 destroyers. Elle est devant le Japon, la première flotte d’Asie, si l’on exclut la marine américaine. Et en tonnage, elle est la troisième du monde. Les EtatsUnis, qui sont un acteur militaire clef du Pacifique, s’en inquiètent. Le “déclin” américain est toutefois relatif. Si l’on considère le tonnage cumulé, la marine américaine a un avantage de 2,63 contre 1 vis-à-vis des flottes russe et chinoise combinées… Et qualitativement, elle est très supérieure. Néanmoins, la Chine fait peur parce qu’elle a d’importants différends territoriaux maritimes avec ses voisins. Et aussi parce qu’elle est devenue le deuxième importateur mondial de pétrole, ce qui ne fait qu’accentuer les revendications territoriales chinoises. Le grave incident naval entre la Chine et le Japon autour des îles disputées de Diaoyu (en chinois) ou Senkaku (en japonais) en mer de Chine orientale en septembre 2010 a conduit à de vives tensions entre Pékin et Tokyo. Au sud, en mer de Chine méridionale, d’autres différends empoisonnent les relations entre Pékin et ses voisins. Outre les Paracels, l’archipel des Spratly (Nansha en chinois), constitué d’îlots et de récifs, est revendiqué par six pays. Pékin a commencé à y débarquer des troupes à partir de 1988, ce qui a donné lieu à des affrontements meurtriers entre les marines chinoise et vietnamienne. Comme dans les Senkaku, la présence d’hydrocarbures off-shore complique la donne. Ces dernières années, les incidents – collisions entre bateaux ou accusations d’incursion dans les eaux territoriales – n’ont pas été très graves, mais ils ont provoqué à chaque fois de vives réactions diplomatiques. Elle conduit aussi les voisins à moderniser leur appareil militaire. Après l’incident des Senkaku, le Japon a été conforté dans l’idée de restructurer ses forces : l’accent est porté sur la protection des îles lointaines du sud du Japon et la sécurité des routes maritimes. Le nombre de sous-marins va passer de 16 à 22. Mais d’autres pays asiatiques accroissent aussi leur flotte de sous-marins, et étoffent leur flotte de guerre, au point que certains parlent de course aux armements. […]

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Aussi, un réseau de nations, avec pour pivot les Etats-Unis, émerge dans la région qui essaie de contrebalancer la puissance chinoise ascendante, en accroissant leur coopération militaire. Des navires de guerre américains ont ainsi fait récemment escale au Vietnam. Cependant, Washington manifeste une certaine prudence et soutient aussi la volonté des pays de la région de régler les disputes dans un cadre multilatéral. La Chine et l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (Asean) ont adopté jeudi 21 juillet une “feuille de route” modeste, première approche vers un règlement collectif des nombreuses controverses. Reste que, selon l’expert naval Philippe Langloit, la marine chinoise pourrait connaître un développement encore plus massif et plus rapide en raison de la part modeste consacrée à la défense par rapport au PIB. Il estime aussi que “Les marines sont toujours d’un point de vue historique, les instruments de l’expansion coloniale.” La marine chinoise va maintenant de plus en plus loin de ses bases. Pour assurer la sécurité de ses voies de communication, venant du golfe Persique, Pékin construit “un collier de perles” de bases permanentes le long des côtes de l’Océan Indien. Et elle intervient au lointain pour participer à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie. Récemment, elle a même déployé un navire en Méditerranée, une première, pour évacuer des ressortissants dans la crise libyenne. La question reste donc de savoir ce que la Chine fera de sa puissance navale. (Source: Le Monde)

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Les États-Unis gagnent une bataille dans leur guerre d’influence régionale avec la Chine. La Chine a du mal à se remettre de la fièvre asiatique qui s’est emparée de Barack Obama. Elle s’estime défiée, humiliée par les États-Unis. Et ce, dans sa «cour», dans cette AsiePacifique que certains voudraient transformer en «sinosphère».

Le président américain, il est vrai, ne s’est pas contenté d’une solennelle déclaration, proclamant que l’Amérique était «là pour rester». Il a lâché une longue rafale d’actes concrets. En annonçant

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Et, enfin, au sommet de l’Apec (Coopération économique Asie-Pacifique), en poussant à la formation d’une

vaste zone de libre-échange transpacifique (TPP), à laquelle la Chine n’est pour l’heure pas conviée. Hillary Clinton achève de « vider le chargeur», en se rendant en Birmanie, ce qui est vu ici comme une volonté de contrer le parrain chinois. «Mentalité de guerre froide» Après un temps de stupéfaction, les réactions chinoises se multiplient. Mercredi, de manière assez rare, le ministère chinois de la Défense a officiellement critiqué le débarquement annoncé de 2500 «US Marines» en Australie. «Les alliances militaires sont le produit de l’histoire, mais nous pensons que les renforcer ou les étendre relève d’une mentalité de guerre froide», a-t-il fait savoir, avertissant que cela pouvait déstabiliser la région. La veille, un général de l’Armée populaire de libération était monté en ligne, dans les colonnes duQuotidien du peuple. Le général Luo Yan s’insurge contre ce «positionnement de pièces et de forces à la périphérie de la Chine», signe d’une volonté d’«encerclement» du pays. Il y voit une «erreur stratégique fatale». Les stratèges chinois voyaient déjà la présence américaine en Afghanistan comme une manœuvre autour de la Chine, complétant, à l’Ouest, le dispositif militaire déjà présent à l’Est, en Corée et au Japon. Par un «hasard» du calendrier, l’armée chinoise a annoncé pour ces jours-ci d’importantes manœuvres navales dans «l’ouest de l’océan Pacifique». Et, en même temps, annonce a été faite de la deuxième sortie en mer pour essais du porte-avions expérimental chinois. Sur la Birmanie, la presse officielle sonne aussi la charge. Le quotidien Global Times a averti mercredi que la Chine n’y laissera pas «piétiner» ses intérêts. Washington s’est déjà attiré les meilleures grâces de la plupart des pays d’Asie du Sud-Est, Vietnam y compris. Dans la guerre d’influence régionale, les commentateurs de Hongkong et même de Chine continentale estiment que les États-Unis ont gagné cette nouvelle bataille diplomatique. Même si, comme l’a dit à Reuters le professeur Shen Dingli, du Centre d’études américaines de l’université Fudan, de Shanghaï, «cette fois-ci, nous avons perdu, mais dans dix ans, ce sont les États-Unis qui perdront. Nous pouvons être plus patients qu’une administration américaine.» Les experts estiment qu’au-delà de déclarations outrées, Pékin ne va pas réagir dans l’urgence. Pour ne pas accentuer l’impression de camouflet, et parce que les Chinois entrent eux aussi en «année électorale», avec un changement de leadership en 2012, qui s’accommode mal de fortes turbulences internationales. Le professeur Zhu Feng, de l’université de Pékin, juge cependant que le président Hu Jintao est soumis «à une pression sans précédent en politique étrangère». Certains suggèrent que ce dernier bras de fer stratégique sert les deux pays, en satisfaisant leurs opinions réciproques. Et en évitant le pire, une guerre commerciale à outrance après un vote sanction du Congrès américain sur la question du yuan. la création d’une base de marines en Australie. En passant outre les avertissements chinois de ne pas mettre les différends de mer de Chine méridionale au menu du sommet de l’Asie de l’Est (EAS) de Bali.

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L’avenir de l’Eurasie se joue en mer de Chine Dans Analyse, Géoéconomie, Géopolitique, Géostratégie le 30 mai 2011 à 15:32 par Jure Georges Vujic pour Realpolitik.tv

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Comme l’a si bien déclaré Zbigniew Brzezinski, l’Eurasie est le pivot mondial du supercontinent. La puissance qui dans les prochaines décennies exercera sur cette masse continentale l’hegemon, exercera corrélativement une grande influence sur les peuples et les deux zones économiques les plus riches et les plus productives du monde : l’Europe occidentale et l’Asie du Sud-Est. D’autre part, compte tenu de la proximité géographique de l’Eurasie, la puissance hégémonique en Eurasie exercera de même une grande influence sur l’Afrique et le Moyen-Orient. La Chine et l’Inde en tant que puissances émergentes, la renaissance impériale de la Russie en tant qu’hegemon régional, l’émergence du Japon et de la Corée du Sud dans le jeu des grandes puissances, laissent présager un éventuel nouveau partage des cartes géopolitiques dans la région. L’Europe Occidentale, avec sa stratégie de défense et sa PESC (« Politique étrangère et de sécurité commune », ndlr) malgré sa dépendance vis-à-vis des mots d’ordre atlantistes de Washington, semble néanmoins consciente de l’enjeu géopolitique eurasiatique. C’est dans cette optique que l’UE entend promouvoir, dans la région et les pays de Union, davantage de multilatéralisme effectif, afin d’éviter un cloisonnement de cette région et son isolement par la politique européenne du voisinage et la toute nouvelle Union méditerranéenne. Les intérêts géo-économiques et financiers de l’Union dans la région, les enjeux de la globalisation sont trop grands pour que l’Europe soit marginalisée par le jeu des grandes puissances en Eurasie. En suivant les thèses bien connues de Mackinder à propos du heartland, il est aujourd’hui davantage plus clair que les États-Unis et les autres puissances régionales atlantistes entendent parfaire la bien connue stratégie de défense du neocontainment (« endiguement », ndlr) par un contrôle accru des mers et de la zone littorale qui s’étend de Suez à Shanghai, et notamment à cause de l’émergence de nouveaux acteurs régionaux d’envergure comme le Japon, la Chine, et l’Inde. C’est dans cette perspective que Bill Émmot l’éditoraliste de The Economist affirme que les nouveaux pouvoirs eurasiatiques renforcent leurs pouvoirs maritimes sous la forme d’installations militaires localisées, pour les mettre au service de la protection de leurs intérêts économiques, la défense de leurs routes stratégiques et afin élargir leurs zones d’influence.

La stratégie américaine d’encerclement de la Chine Depuis des décennies et surtout depuis la Guerre Froide, les États-Unis se posent en pouvoir dominant sur le littoral asiatique méridional. Afin d’améliorer son dispositif hégémonique dans la région et de décourager toute puissance montante continentale en Asie Centrale, le système de sécurité maritime américain repose actuellement sur des régions sécuritaires dites pivots : d’une part le Canal de Panama qui relie l’Atlantique et le Pacifique, deuxièmement les lily pads (« nénuphars », ndlr) qui relient les installations militaires maritimes de San Diego à Hawaï jusqu’à Guam, et de Guam au Japon et la Corée du Sud, et enfin troisièmement, la grande barrière qui s’étend le long du littoral du sud-est asiatique. Grâce à cette barrière maritime qui s’étend du nord de Bornéo en passant par Singapour, les États Unis sont assurés d’une présence géostratégique en Asie du Sud-Est. Le système de sécurité maritime américain comprend deux têtes de ponts stratégiques : Taïwan et le Japon. Les États Unis ont conclu en octobre 2008 un contrat avec Taïwan pour la vente de

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missiles intercepteurs et d’hélicoptères Apache pour 4.4 milliards d’euro. En chien de garde de la grande barrière sécuritaire maritime, Taïwan a mis la Chine dans une position défensive. Le second pilier du dispositif défensif américain est le Japon qui abrite la plus importante base navale de l’American Seventh Fleeth et possède une armée efficace. La modernisation militaire de la Chine et la montée en puissance maritime de la Corée du Sud ont forcé les cercles militaires et stratégiques japonais à repenser leur doctrine militaire. C’est ainsi que le vice-amiral Hideaki Kaneda à la tête de la force japonaise maritime d’autodéfense explique, en affirmant que la Chine a changé de style de défense maritime vers un sea-power plus agressif, ce qui a poussé le Japon à reformuler sa stratégie maritime nationale. L’armée japonaise vient de se doter d’armements sophistiqués, de destroyers portes-hélicoptères Hyuga qui accroissent les capacités opérationnelles maritimes.

Tokyo utilise le JMSDF (Force japonaise maritime d’autodéfense) en support aux opérations en Afghanistan et en Irak. D’autre part, le Japon a acquis une nouvelle force de frappe avec le développement de la garde côtière qui est engagée dans la diplomatie maritime avec leurs partenaires dans l’Asie du Sud-Est. La Corée du Sud, allié stratégique des États Unis dans la grande barrière maritime, vient de construire des bases navales maritimes tout près de la Chine et du Japon. La Corée du Sud, qui a le plus grand budget militaire dans le monde en proportion de son PIB, vient de réorganiser et de moderniser son armée avec la mise sur pied de trois escadrons mobiles stratégiques qui seront opérationnels en 2020 et qui seront constitués de bâtiments équipés du système de combatAEGIS. Paul Kennedy dans « The Rise and Fall of the Great Powers » (« Naissance et déclin des grandes puissances », ndlr) a déclaré que le Japon et la Corée du Sud se doteront d’un certain degré d’autonomie face à leur allié états-unien, mais continueront d’occuper une place prépondérante dans le dispositif de défense américain de la grande barrière maritime.

La stratégie chinoise du collier de perles La Chine constitue une menace géopolitique certaine pour le Japon et la Corée du Sud. Sa croissance économique a doublé depuis 1990 ; afin de soutenir cette croissance vertigineuse Pékin devra augmenter sa consommation de pétrole de 150% d’ici 2020. Actuellement plus de 6000 navires chinois naviguent dans l’Océan Indien pour approvisionner leur pays en pétrole. Il va de

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soit que d’ici 2025, la Chine devra importer de considérables ressources énergétiques du MoyenOrient et de l’Afrique. Les géostratégies maritimes américaine et japonaise buttent uniquement sur la voie maritime chinoise, laquelle passe par la Mer de Chine avec ses ramifications le long du Détroit de Malacca. 80% des transports maritimes pétroliers empruntent cette artère stratégique. Afin d’assurer la sécurité de ses routes maritimes d’approvisionnement énergétique, la Chine devra contourner les États-Unis et le Japon à l’Est. La Russie concentre sa puissance maritime au Nord, alors que l’Inde contrôle le flanc maritime Sud de l’Océan Indien. En conséquence, la Chine devra renforcer son indépendance et la puissance de son pouvoir naval militaire, en particulier dans l’Océan Indien. La stratégie maritime chinoise est double : d’une part, elle doit contenir la présence américaine dans le détroit de Taïwan, d’autre part, à l’avenir, elle devra assurer sa poussée maritime vers l’Océan Indien en encerclant l’Inde.

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C’est dans le cadre de cette nouvelle stratégie maritime que la Chine vient de s’équiper de sousmarins russes de la classe Kilo. La deuxième composante du programme de modernisation navale chinois et d’encerclement stratégique de l’Inde est constituée de ce que l’on appelle le collier de perles maritime (« collier = réseau » et « perles = bases », ndlr). Ce collier maritime relie l’installation navale chinosie de Sanya dans le sud avec l’île de Hainan, et d’autre part avec le Moyen-Orient. D’autres colliers maritimes secondaires s’étendent vers le Sri Lanka et dans les Maldives, reliant la baie de Bengale avec Gwadar dans la Mer d’Arabie et complétant le triangle stratégique autour de l’Inde. La Chine redoute actuellement que les États-Unis et leurs alliés encerclent la Chine et l’espace maritime privilégié chinois, et c’est pourquoi les thèses d’Alfred Mahan à propos de la nécessité de la sécurisation des routes de transports sont actuellement très en vogue dans les milieux stratégiques militaires chinois. Les perles (étapes) du collier chinois, du Pakistan à Bornéo, vont devenir des couloirs stratégiques dans le littoral qui relie l’Afrique au Moyen-Orient. Afin de diversifier ses routes d’approvisionnement et d’éviter des goulots d’étranglements dans le dispositif du collier de perles, les ressources énergétiques pourront être acheminées par Sittwe et Gwadar, par route et voie ferrée le long de la frontière chinoise avec la Birmanie et le Pakistan en pénétrant dans les provinces chinoises de Yunnan ou le Xingjiang. Lorsque la géostratégie chinoise sera consolidée dans l’Océan Indien, le futur collier de perles pourra s’ouvrir aux Seychelles en étendant la poussée stratégique chinoise vers l’Afrique. Ce n’est pas un hasard si Pékin a annoncé en décembre 2008 la volonté de construire une base aérienne, afin de de sécuriser son collier de perles et de consolider la présence stratégique maritime chinosie dans l’Océan Indien.

Le contre-encerclement de l’Inde et le projet indo-atlantiste Comme la Chine, l’Inde est extrêmement dépendante des routes maritimes commerciales. 77% des importations indiennes de pétrole proviennent du Moyen-Orient et de l’Afrique. Le brigadier Arun Sahgal, directeur de l’Institut indien United Service Institution de New Delhi, qualifie la politique géopolitique chinoise de stratégie d’encerclement. En effet, le Nord de l’Inde est directement voisin de la Chine ; à l’Ouest le rival régional pakistanais, avec lequel la Chine développe ses relations, à l’Est le Bengladesh pro-chinois et la junte birmane, alors qu’au Sud se trouve le collier de perles chinois qui entoure l’Inde tel un serpent maritime géostratégique. Pour certains géopoliticiens et stratèges indiens et américains, une grande coalition des États côtiers et insulaires permettrait d’opérer un contre-encerclement de la Chine. Cette stratégie indo-américaine permettrait d’assurer un contre-encerclement par une ceinture géostratégique autour des rimlands (« terres côtières», ndlr) asiatiques : l’Inde au Sud-Ouest de la Chine, la Corée du Sud au Nord-Est, le Japon et Taïwan à l’Est, et les Philippines et Guam au Sud-Est, ce qui obligerait la Chine à adopter une posture géostratégique défensive. Cette stratégie indo-américaine pourrait menacer à long terme la construction d’une alliance eurasienne stratégique maritime et continentale.

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L’Inde anticipe de même la menace d’un renforcement des relations entre le Pakistan et la Chine, et a entamé une pénétration géostratégique en Asie Centrale : en 2006, New Delhi a étendu son influence dans cette région de l’Eurasie en ouvrant un premier aéroport militaire indien dans cette région, au Tadjikistan, un pays qui borde le Pakistan au Nord et la Chine à l’Ouest, et qui offre à l’Inde un pont avancé dans la région. L’Inde renforce son potentiel militaire naval et a construit une nouvelle installation maritime militaire stratégique à Karwar au Sud-Ouest de la côte indienne, ainsi qu ‘une nouvelle base aéronavale à Uchipuli dans le Sud-Est, et un poste d’observation à Madagascar lui permettant de concentrer son commandement naval dans les îles d’Andaman. L’Inde a pris place dans la profondeur de la Mer de Chine du Sud, en pénétrant dans la baie vietnamienne de Cam Ranh, laquelle lui ouvre la voie à une combinaison géostratégique navale et aérienne permettant de projeter sa force de frappe dans la Mer d’Arabie, le Golfe de Bengale, le long de l’Océan Indien et la partie Ouest du Pacifique. Consciente de ces menaces d’encerclement et de contre-encerclement de la profondeur eurasiatique continentale sur les franges maritimes du continent européen et asiatique, la Russie se livre à un redéploiement de sa stratégie militaire eurasiste le long du littoral eurasien et africain, qu’illustre la décision d’ouvrir des bases militaires navales en Syrie, en Libye et au Yémen. Ces décisions sont accompagnées d’un vaste programme de modernisation navale, par des projets de construction d’avions de combats de nouvelle génération et un renforcement des capacités technologiques et logistiques.

Tribulations géopolitiques dans la zone côtière eurasiatique Il est désormais évident que les stratégies d’encerclement et de contre-encerclement américaines, japonaises, sud-coréennes, chinoises, indiennes et russes se concentrent sur la zone côtière eurasienne, en tant que zone géopolitique pivot pour le contrôle de l’hinterland (« arrière-pays »,

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ndlr), la profondeur stratégique de la masse continentale eurasienne. Dans cet ensemble géopolitique émergeant, la ceinture littorale eurasienne passe par des axes géostratégiques composés par le canal de Suez et Shanghai, car ces axes séparent des pouvoirs émergents eurasistes : la Chine, le Japon et la Corée du Sud à l’Est, l’Inde au Sud, la Russie au Nord, alors que l’UE se situe à l’extrême Ouest, et les Etats-Unis sont présents dans la région par la présence de bases navales. La revue stratégique de Défense française en 2008 annonçait déjà que le centre de gravité stratégique global glissait vers l’Asie. Dans le cadre d’une reconfiguration multipolaire du monde, au XXIème siècle, la zone Suez-Shanghai jouera le rôle géostratégique de gateway (« passerelle », ndlr) entre les divers pouvoirs continentaux et maritimes de l’Eurasie.

Le jeu sino-américain et la stratégie du linkage en Mer de Chine Point de passage entre la Mer de Chine, l’Asie du Sud-Est et l’Asie Orientale, la Mer des Philippines offre des possibilités incontournables à l’armée américaine pour s’assurer du contrôle de toute cette zone stratégique. Mais la Chine est la puissance régionale incontestée de la zone. Elle fait figure de menace en raison de son implication dans toutes les zones de conflit, de ses multiples revendications territoriales et de ses réticences à entrer dans un processus de règlement multipolaire. En effet, la Chine cherche à étendre sa zone économique exclusive, notamment sur les archipels de Paracels (ou « îles Xisha », ndlr),Spratleys (ou « îles Nansha », ndlr), Pratas (ou « îles Dongsha », ndlr) et Macclesfield. Au total, depuis les années 90, le renouveau de l’intérêt porté par la Chine à cette mer ne s’est pas démenti. Mais, cela n’est en rien comparable à l’intérêt que Pékin porte à Taïwan.

Source de la carte : Rivalités maritimes en Asie (Philippe Rekacewicz)

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La Chine est hyper sensible à l’égard de Taïwan, qu’elle considère comme sa 22ème province. Elle ne concède aucun compromis sur la position d’une Chine unique. Bien que les États-Unis aient accepté cette position, la Chine est convaincue que l’aide fournie par les États-Unis à Taïwan lui donne la confiance de s’opposer aux revendications de Pékin ; ce qui entraîne la méfiance de la Chine à l’égard des États-Unis. Il est certain que, de son attitude dépendront la paix et la sécurité de cette partie de monde. Il est aussi certain qu’avec le développement économique, la Chine sera de plus en plus dépendante de son approvisionnement en pétrole et de son commerce maritime.

L’enjeu stratégique de la Mer des Philippines Le rôle éminent joué en Asie, sur le plan militaire, par les États-Unis, au cours des cinquante dernières années, leur a permis de mettre en place un dispositif aux articulations majeures dont la Mer des Philippines offre des possibilités qui demeurent incontournables. En effet, les États-Unis sont actuellement, en Asie, la nation la plus puissante, à la fois politiquement, économiquement et militairement. Leur présence actuelle tient principalement à la menace qu’exerce la Corée du Nord dans la péninsule coréenne et au réveil de la Chine. En Asie du Sud-Est, les États-Unis ne sont plus présents de manière permanente, depuis qu’ils ont dû abandonner leurs deux bases des Philippines, en novembre 1992. Néanmoins, dans toute la région sauf, peut-être la Chine, il existe une reconnaissance générale des États-Unis comme seul et important acteur ayant la capacité d’assurer l’équilibre stratégique. Ainsi les États-Unis participent largement au maintien de la sécurité dans cette région du monde. Le commandement du Pacifique, dont l’État major est à Hawaï, est en charge de l’ensemble des forces américaines stationnées entre la côte Ouest des États-Unis et la Mer des Philippines. Le contrôle de la Mer des Philippines permet à l’armée américaine d’assurer le soutien logistique de ses forces largement disséminées dans la région asiatique et de donner la liberté d’action aux flottes déployées dans la région des Philippines. Disposer à nouveau de bases aux Philippines présente aux yeux des Américains un double intérêt. Le premier est le relais entre les Océans Pacifique et Indien, lequel n’est assuré aujourd’hui que par Singapour, où un millier d’hommes s’occupent du ravitaillement et de l’entretien des bâtiments et avions américains. Mais Singapour est une petite île aux capacités limitées et qui se trouve à l’entrée du Détroit de Malacca. Les Américains lorgnent le complexe aéroportuaire de Général Santos qu’ils ont récemment aménagé loin des regards indiscrets dans une baie bien abritée de l’île philippine de Mindanao. Général Santos est davantage à l’écart que la Baie de Subic de la Mer de Chine du Sud, des eaux qui sont l’objet d’une querelle ouverte notamment entre la Chine, le Vietnam et les Philippines et dont les États-Unis ne paraissent pas vouloir se mêler. Le deuxième intérêt est de disposer en Asie de l’Est, en cas de conflit en ExtrêmeOrient, d’un point d’appui solide à l’extérieur du Japon et de la Corée du Sud. Le complexe de Subic et Clark remplissait autrefois cette fonction. Les Philippines pourraient de nouveau le faire si les « manœuvres conjointes » en cours, qui peuvent s’étaler de six mois à un an, débouchent sur un engagement plus durable. Cette possibilité ne peut être exclue si l’on s’en tient aux pressions constantes des Américains sur les Philippins pour aboutir à une « normalisation » des relations militaires qui feraient du vote de 1991 un accident de l’histoire. La Mer des Philippines occupe une

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place stratégique sur le plan militaire aussi bien pour les puissances régionales que pour les États-Unis d’Amérique.

La Chine, quant à elle, cherche à utiliser sa puissance maritime croissante pour contrôler, non seulement l’exploitation des eaux riches en hydrocarbures de cette zone, mais aussi les voies maritimes, parmi les plus fréquentées au monde. Afin de contrer l’influence chinoise en Mer Jaune et en Chine méridionale, les États-Unis entendent redéployer une ceinture maritime

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militaire autour de la Chine en s’associant à des exercices maritimes et aériens avec la Corée du Sud, au large de la côte Est de la péninsule coréenne. Les liens militaires entre les États-Unis et l’unité d’élite des forces armées indonésiennes s’inscrivent dans le cadre de cette politique navale renouvelée. Ces jeux de stratégie militaire constituent surtout un avertissement lancé à la Corée du Nord sur la force de l’engagement de l’Amérique en Corée du Sud, suite au naufrage du bâtiment de guerre sud-coréen leCheonan. Mais ils confirment surtout que les engagements de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan n’empêchent pas les États-Unis de défendre leurs intérêts nationaux vitaux en Asie. Le deuxième théâtre de ces jeux stratégiques se situe en Mer Jaune, dans les eaux internationales, très proches de la Chine, démontrant encore une fois l’engagement des États-Unis pour la liberté des mers en Asie. S’ensuivit la visite d’un porte-avions américain au Vietnam, le premier depuis la fin de la guerre, il y a 35 ans. La Corée du Nord, s’est violemment opposée à ces jeux stratégiques, menaçant même d’une réponse «physique ». La Chine a non seulement qualifié l’intervention de Mme Clinton au sujet des îles Spratleys « d’attaque », mais a aussi organisé des manœuvres navales non prévues en Mer Jaune avant les exercices conjoints américano-coréens.

Le théâtre géostratégique de la Mer de Chine La Mer de Chine méridionale devient ainsi un théâtre géopolitique parmi les plus critiques de la planète. En effet, se superposent ici les projections d’influence de la Chine à caractère expansif et le rôle régional des États Unis à caractère défensif. Les premières remettent en cause la stabilité régionale, le deuxième préfigure un « soft-containment » d’un type nouveau. A partir du discours d’Obama à Tokyo en novembre 2009, la politique de la nouvelle administration américaine vise à définir les États Unis comme « une nation du Pacifique ». Cette déclaration, énoncée dans le but de « renouveler le leadership américain dans le monde », s’adresse non seulement aux alliées historiques de la région, mais également aux pays de l’ASEAN (The Association of Southeast Asian Nations). L’ASEAN constitue un forum stratégique de toute première importance pour la stabilité, la paix et le développement économique en Extrême-Orient et les Etats-Unis ont demandé d’y adhérer. Dans une perspective de mouvement de l’échiquier asiatique, l’activisme chinois en politique étrangère influence en profondeur les enjeux stratégiques des principaux acteurs régionaux dans la Mer de Chine méridionale, dont les ressources naturelles sont disputées par Taïwan, les Philippines, la Malaisie, l’Indonésie, Brunei, Singapour et le Vietnam. Cette zone est désormais inclue, d’après le New York Times, dans le périmètre des «intérêts vitaux » de la Chine au même titre que le Tibet et Taïwan, et ceci bien qu’aucune déclaration officielle n’ait fait étalage de cette position. La superposition de deux zones d’influence chinoaméricaine sur le même espace a été confirmée par la Secrétaire d’État, Mme Hillary Clinton à Washington, le 23 juillet 2010, lors d’une déclaration dans laquelle elle a fait référence à des « intérêts nationaux » des États-Unis concernant la liberté de navigation et les initiatives de « confidence building » des puissances de la région à l’encontre d’une prétendue « Doctrine Monroe » chinoise dans la Mer de Chine méridionale. Une partie des pays du Sud-Est comptent, de manière explicite, sur la présence des États-Unis pour contre-balancer l’activisme chinois. Rien ne serait plus dangereux pour la politique étrangère de Kung-Chuô, qu’un pareil alignement sur les déclarations américaines, car la Chine n’a aucun intérêt à l’internationalisation de litiges

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concernant les eaux territoriales. Or le linkage entre la Mer de Chine méridionale et la façade maritime du Pacifique est inscrite dans l’extension des intérêts de sécurité chinois. A travers les mers du Sud et les détroits, transite 50% des flux mondiaux d’échange, ce qui fait de cette aire maritime un théâtre de convoitises et de conflits potentiels, en raison des enjeux géopolitiques d’acteurs comme la Corée du Sud et le Japon qui constituent des géants manufacturiers et des pays dépendants des exportations. Une des clés de lecture de cette interdépendance entre zones géopolitique à fort impact stratégique est le développement des capacités navales, sous-marines et de surface, de la flotte chinoise.

L’importance des routes maritimes eurasiatiques L’importance stratégique des routes maritimes eurasiatiques pour l’économie de l’Europe est grandissante, compte-tenu de l’accéleration de l’industrialisation et du développement commercial de la Chine, de l’Inde et de la Corée du Sud. Parmi les 15 plus grands partenaires de l’UE, 7 d’entre eux (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Taïwan, Singapour et Arabie Saoudite) sont situés le long de la côte eurasiatique. Le volume d’importation de l’UE via ces pays est passé de 268.3 milliards d’euros en 2003 à 437.1 milliards d’euro en 2007. Par ailleurs, 90 % du commerce maritime de l’UE passe par les voies maritimes, alors que le commerce maritime avec l’Asie constitue 26.25% du total du commerce maritime transcontinental.

Les points de choc et les « flash point » stratégiques En raison des risques d’interruption d’approvisionnement en énergie, et plus particulièrement en gaz (comme cela a été le cas plusieurs fois ces dernières années dans la crise du gaz entre la Russie et l’Ukraine), l’UE doit compter sur une diversification croissante des routes énergétiques d’approvisionnement. Il en est ainsi également du commerce maritime cargo dans le cadre des relations commerciales entre l’Europe et l’Asie, lequel doit emprunter des routes maritimes instables et des zones maritimes côtières de Suez à Shanghai. Les navires de commerce doivent suivre des routes maritimes qui longent le continent africain, à travers l’Océan Pacifique et l’Océan Atlantique, en passant par des zones géographiques précaires appelées points de frottements. Elles peuvent être définies comme des chaînes. Les navires pétroliers européens qui s’approvisionnent au Moyen-Orient passent par le détroit d’Ormuz, alors que les produits manufacturés d’Asie du Sud-Est passent par le détroit de Malacca. Tous les pavillons européens doivent passer par le tunnel maritime stratégique du canal de Suez, le detroit de Bab-el Mandeb et le golfe d’Aden. La localisation géographique de ces points stratégiques, tout près de la Corne d’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud-Est, est d’autant plus sensible dans le contexte d’embrasement du monde arabe et d’intervention occidentale en Libye.

Vers un projet eurasiste pluri-océanique L’Europe devra prendre conscience de l’importance stratégique des zones maritimes eurasiennes et asiatiques, moyen-orientales et indo-océaniques, et plus particulièrement celles qui se trouvent au carrefour du canal de Suez et de Shanghai, non seulement pour la croissance de son économie mais aussi pour la sécurité militaire et commerciale de sa profondeur continentale euro-sibérienne. Aujourd’hui, la majeure partie des zones eurasiennes côtières à risque est sécurisée par la flotte

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américaine, mais la dépendance de l’Europe à l’égard des États-Unis sur le plan stratégique et militaire ne fera qu’accroître à long terme sa faiblesse stratégique commerciale et géopolitique. Le développement d’une stratégie eurasiatique maritime pluri-océanique (avec le développemnt des capacités de frappe et de défense navales appropriées) dans la zone située entre Suez et Shanghai, le renforcement d’une géopolitique multipolaire et des partenariats privilégiés avec la Chine, la Russie, l’Inde, Le Brésil, l’Afrique, les puissances multipolaires émergentes, constituent les véritables défis géostratégiques de l’Europe, puissance de demain. La dialectique atlantisme/eurasisme, dont les néo-eurasiens actuels font usage dans leurs polémiques anti-américaines, oublie que l’Amérique ne tient pas sa puissance aujourd’hui de sa maîtrise de l’Atlantique, océan pacifié où ne se joue pas l’histoire qui est en train de se faire, mais de son retour offensif dans l’Océan du Milieu, ce qui illustre bien la concentration de ces capacités opérationnelles maritimes en mer de Chine. L’atlantisme ne saurait se réduire à la seule maîtrise des Açores, petit archipel portugais au centre de l’Atlantique, car il ne faut pas oublier que ce qui a précipité la désagrégation de l’URSS, puissance eurasienne, c’est la maîtrise de Diego Garcia, île au centre de l’Océan Indien, d’où partiront plus tard les forteresses volantes pour bombarder l’Afghanistan et l’Irak. La présence de l’Amérique à Diego Garcia est en contradiction avec les intérêts de l’Europe puissante et de la Russie et leurs possibilités de s’ouvrir demain des fenêtres sur les espaces orientaux où se joue le destin du monde. Jure Georges Vujic Jure Vujić, avocat, diplômé de droit à la Faculté de droit d’Assas Paris II, est un géopoliticien et écrivain franco-croate. Il est également diplômé de la Haute École de Guerre Ban Josip Jelačic des Forces Armées Croates et de l’Académie diplomatique croate où il donne des conférences régulières en géopolitique et géostratégie. Il est l’auteur des livres suivants : Fragments de la pensée géopolitique (Zagreb, éditions ITG), La Croatie et la Méditerranée-aspects géopolitiques (éditions de l’Académie diplomatique du Ministère des Affaires Étrangères et des intégrations européennes de la République de Croatie), Le terrorisme intellectuel-Bréviaire hérétique (Zagreb, éditions Hasanbegovic), Place Maréchal Tito – Mythes et réalités du titisme (Zagreb, éditions Uzdanica), Anamnèses et transits (Zagreb-Bruxelles, éditions NSÉ), Nord-Sud l’honneur du vide (Zagreb-Bruxelles, éditions NSÉ), Éloge de l’esquive (Zagreb, éditions Ceres), Le silence des anges – Apocryphe du général Ante Gotovina (Zagreb 2009), Un Ailleurs européen-Hestia sur les rivages de Brooklyn (Avatar editions 2011). Il est également l’auteur d’une centaine d’articles en philosophie, politologie, géopolitique et géostratégie. Il collabore aux journaux Vjesnik, Fokus, Krisis, Eurasia, avec le Centre d’Études Politologiques de Zagreb. Il est également responsable du département de politologie de l’Association Matica Hrvatska Zagreb. Site internet : Pensées en contrebande Source : Realpolitik.tv ▶ Afficher 18 Commentaires ÉTATS-UNIS, ÉMERGENCE PACIFIQUE, CHINAFRIQUE, CHINAMÉRIQUE, CHINE, COLLIER DE PERLES,COMMUNISME, DARFOUR, DÉCLIN ÉTATS-UNIEN, DÉMOCRATIE DE MARCHÉ, DÉMOCRATISATION,DISLOCATION GÉOPOLITIQUE GLOBALE, DOMINATION

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GLOBALE, EXPANSIONNISME CHINOIS,EXPORTATIONS CHINOISES, GÉOÉCONOMIE, GÉOPOLITIQUE, GÉOSTRATÉGIE, GUERRE CONTRE LE TERRORISME, GUERRE DE QUATRIÈME GÉNÉRATION, GUERRE FROIDE, GWOT, HENRY KISSINGER,HYPERCAPITALISME, INTERDÉPENDANCE, MODERNISATION, MULTIPOLARISATION, NO UVEAU GRAND JEU,OPÉRATION CHESTNUT, PANDA HUGGERS, POLYCENTRISME, POSTCAPITALISME, PROTECTIONNISME,SOCIALISME DE MARCHÉ, TAÏWAN, UNOCAL, URSS, ZBIGNIEW BRZEZINSKI, ZONES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES

La guerre des empires Dans États-Unis, Chine, Géoéconomie, Géopolitique, Géostratégie le 26 novembre 2010 à 17:59 par l’équipe Scripto pour le Scriptoblog

Pour François Lenglet (FL), la « guerre des empires » est inéluctable. L’hypothèse d’une alliance structurelle USA-Chine est, à ses yeux, une « bulle géopolitique » qui finira par exploser, et sans doute assez vite. Nous sommes d’accord, même si (on le verra plus loin), nous marquons quelques fortes divergences avec l’analyse de l’auteur, à notre avis trop proUS.

« Tous les ingrédients sont réunis pour une nouvelle guerre planétaire, la quatrième. Fondamentalement, le heurt va opposer deux puissances qui sont, et l’une, et l’autre, des empires. Il n’y a pas d’un côté une puissance malsaine, de l’autre une puissance saine. Il y a deux systèmes de pouvoirs immenses, l’un sur le déclin, l’autre en expansion, mais aussi brutaux l’un que l’autre. »

La thèse, dans les grandes lignes : FL établit un parallèle inquiétant entre le rapport actuel Washington-Pékin et le rapport LondresBerlin en 1899. Deux économies interdépendantes, l’une ayant longtemps été en avance sur l’autre, plus puissante et plus avancée. Puis, progressivement, l’économie « à la remorque » se renforce, et finit par battre son alliée à son propre jeu. Dès lors, l’alliance n’est plus possible, parce qu’on ne sait plus qui est le maître de qui. La rivalité commence. Les arguments qu’on oppose à ce parallèle ne satisfont par FL.

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La Chine, se démocratiser ? Pur occidentalo-centrisme. Pour qui voit les choses du point de vue chinois, quel est le meilleur régime politique : une démocratie occidentale corrompue, dévorée par le cancer financier, virtualisée par le marketing tout puissant, ou un régime pékinois autoritaire, mais qui garantit à son peuple le doublement du PIB tous les sept ans ? A part le droit de vote, dont ils ne sauraient sans doute pas quoi faire, les Chinois n’ont rien à gagner à se « démocratiser », si la « démocratie » veut dire, concrètement, le règne de Goldman Sachs. La Chine, puissance pacifique qui ne s’intéresse qu’à elle-même ? Niaiserie. Il existe un très fort ressentiment chinois. Pour Pékin, les guerres de l’opium et le « siècle de l’humiliation », qui suivit, jouent un peu le rôle du traité de Versailles dans l’Allemagne de Weimar : une honte, et surtout, une injustice. Les occidentaux ont souvent tendance à croire que leur suprématie mondiale de ces deux derniers siècles traduit un ordre des choses quasi-essentialisable. Illusion : c’est oublier qu’à l’échelle du temps long, le pays le plus développé et le plus puissant du monde a été, le plus souvent, la Chine. Et de cela, les Chinois, eux, se souviennent parfaitement. Alors, USA, Chine : un fauteuil pour deux ? Première question : comment en est-on arrivé là ? FL commence par rappeler l’histoire des relations américano-chinoises. La visite de Nixon, en 1972, a été le coup d’envoi d’un partenariat USA/Chine qui, pour ne pas avoir été sans nuages, s’est bon an mal an maintenu pendant quatre décennies. Au départ, pour les USA, il s’agit surtout de contrer l’URSS. Exemple, l’opération Chestnut, lancée en 1979, permet aux Américains d’implanter une station d’écoute ultra-perfectionnée dans le désert occidental chinois. Pour écouter qui ? Les soviétiques, sur le point d’entrer en Afghanistan (où la CIA s’active, afin précisément d’attirer Moscou dans le piège). Face à l’enjeu représenté par le soutien chinois contre l’URSS, l’amitié avec Taiwan ne pèse pas lourd, aux yeux des conservateurs réalistes (Kissinger, puis Brzezinski). Pour la Chine, dès le départ, l’alliance aigre-douce avec les USA est surtout une affaire économique Pékin n’a pas vraiment besoin des investissements occidentaux (la Chine n’a jamais manqué de capital, parce qu’avec un coût du travail quasi-nul, on n’a pas besoin de capitaux importants pour produire – le travail, au besoin, fabrique le capital productif). Mais la Chine a en revanche désespérément besoin des technologies occidentales.

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« La zone économique spéciale ayant remporté le plus de succès en Chine est celle de Shenzhen, à l'origine simple village, devenue en une vingtaine d'années une ville de plus de 10 millions d’habitants. » Source : Wikipedia

Dans les années 80, Deng lance donc la modernisation à marche forcée de l’économie chinoise, et pour récupérer de la technologie sans permettre l’implantation en profondeur des USA, il invente une solution aussi simple que redoutable : les « zones économiques spéciales », sorte de Far West chinois ultra-capitaliste, qui va servir de filtre (la technologie occidentale passe, mais, le pouvoir restant aux Chinois dans les joint-ventures, l’influence est bloquée). Les firmes américaines, qui pensent leur planification à beaucoup moins long terme que Pékin, vont se laisser attirer dans le piège, fascinées qu’elles sont par le gigantesque marché chinois. Un marché de dupe, où la dupe n’est pas celui qu’on croit : les capitalistes occidentaux sont persuadés qu’ils viennent de gagner la guerre contre leurs propres peuples (en mettant en concurrence le salarié occidental et l’esclave chinois) ; c’est vrai, mais ils ont aussi, sans le savoir, perdu la guerre à l’échelle géopolitique, contre une oligarchie rivale… Quoi qu’il en soit sur le long terme, au fil des années 80-90, une sorte de symbiose s’instaure progressivement entre les deux géants. Pékin offre aux firmes US sa main d’œuvre quasiment illimitée, très bon marché et remarquablement docile. Les Américains, en retour, offrent la technologie, le savoir-faire, et un appui massif à la Chine pour son intégration dans l’économie mondiale (clause de la nation la plus favorisée, puis OMC). Mais cette symbiose n’a jamais été sans ambiguïté et nuages. Dès 1982, les Chinois se sont rendu compte que, contrairement aux accords passés, la CIA construisait des réseaux sur leur sol (plus tard, cela débouchera sur la secte Falun Gong). Aussitôt, exploitant la diaspora, profitant de l’envoi aux USA de dizaines puis de centaines de milliers d’étudiants, ils bâtissent leurs propres réseaux (les services secrets chinois sont potentiellement plus puissants que la CIA elle-même – nous y reviendrons dans une note de lecture ultérieure). Surtout, le mode de développement choisi par Pékin présente un inconvénient pour la population : une génération entière est sacrifiée. Le PIB chinois présente en effet, à partir de la fin des années 80, une structure tout à fait atypique : exportations gigantesques (jusqu’à 35 % certaines années, soit un taux d’extraversion absurde pour une économie de cette taille), investissement fabuleux (jusqu’à 50 % certaines années, un taux qui ferait presque passer le décollage japonais pour une entreprise au rabais !)… et, donc, obligatoirement, une part du PIB réservée à la consommation très faible (certaines années, à peine 20 %). L’avantage de cette formule, évidemment, c’est que le développement des capacités productives se fait à une vitesse foudroyante. Si vous investissez 50 % de votre PIB, étant donné que dans les conditions chinoises, 5 points d’investissement rapportent à peu près 1 point de capacité productive, vous faîtes croître vos capacités de production de 10 % par an (ce que feront les Chinois pendant trente ans). Mais si en plus, vous exportez 30/35 % de votre PIB (pour accumuler des réserves de change et acheter, en réalité, de la technologie), il vous reste peu pour la consommation. Conséquence : les salaires versés aux ouvriers qui produisent pour l’investissement ou l’exportation n’ont pas de contrepartie dans le marché intérieur, et le risque de

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surchauffe inflationniste est permanent. La Chine pourrait en sortir en remplaçant les exportations par le marché intérieur, mais comme Pékin veut absolument acheter de la technologie (et de l’influence), le choix sera maintenu durablement en faveur de ce modèle qu’on pourrait qualifier de « stakhanovisme à l’échelle d’un pays-continent ».

« Scène historique des massacres de la place Tian'Anmen, le tabou de la Chine. »

Comme le rappelle FL, le « printemps de Pékin » en 1989 fut donc beaucoup plus une demande de remise en cause de ce modèle (moins d’exportation, plus de consommation) qu’une revendication démocratique (même si, peut-être du fait de l’existence de réseaux CIA, les étudiants pékinois mirent en avant la revendication politique stricto sensu). Et donc, la boucherie de Tian Anmen ne signifiait pas que le « communisme » était maintenu, mais plus simplement que la Chine, pour ne pas avoir à tolérer l’influence occidentale (en échange des technologies) continuerait à acheter du savoir-faire en exportant à tout va – au prix de sa « génération sacrifiée ». Ce message, d’ailleurs, fut reçu en Occident : pour la galerie, Bush père prit quelques sanctions peu durables ; mais en arrière-plan, le très puissant lobby patronal US-China Business Council a parfaitement décodé Tian Anmen : pour lui, cela veut dire, tout simplement, que la Chine va poursuivre son développement en sacrifiant une génération, et qu’il y a donc beaucoup, beaucoup d’argent à gagner dans les « zones économiques spéciales ». De fait, ce qui s’est décidé à Tian Anmen, c’est donc une alliance objective entre l’oligarchie postcommuniste chinoise et l’oligarchie néolibérale US – alliance dont les consommateurs surendettés américains et les ouvriers surexploités chinois vont faire les frais (une analyse que, bien entendu, FL s’abstient de formuler aussi brutalement – ici, c’est nous qui décodons). Les années 1990-2008 voient le triomphe de la « Chinamérique ». Les flux commerciaux croissent vertigineusement, au rythme de la bulle financière occidentale et de l’économie productive asiatique. Il en découle une période de forte croissance apparemment globale, en réalité purement chinoise ; l’Amérique réelle est en train d’imploser – même si, au départ, personne n’accepte de le voir. Ici, FL propose une analyse qui, à notre humble avis, fait la part trop belle aux élites occidentales. Pour lui, les dirigeants du capitalisme occidental auraient toléré la dévaluation de 50 % du Yuan en 1994 parce qu’ils souhaitaient maintenir coûte que coûte les liens avec la Chine (et non, comme nous le pensons, parce qu’ils y voyaient un moyen d’intensifier la guerre de classes en Occident même). Idem, FL estime que lorsque les

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taux longs US n’ont pas immédiatement suivi la remontée des taux courts en 2005, les dirigeants US n’ont pas compris que cela venait des achats chinois de bons du trésor US (sans rire ?). Et il ajoute que la crise des subprimes trouve son origine dans le dérèglement du marché des taux par les achats chinois à partir de cette date, ce qui est tout simplement faux (l’explosion du marché des subprimes est antérieur de trois ans au décrochage des taux longs, il remonte à 2001/2002, et il trouve son origine dans les taux directeurs bas de la FED – lire à ce sujet « Crise ou coup d’Etat ? »). Bref, l’analyse de FL fait à notre avis la part un peu trop belle au discours officiel US ; nous croyons quant à nous que les USA ont accepté le Yuan comme monnaie de guerre chinoise parce que cette monnaie de guerre était, aussi, celle de leur propre guerre, contre leurs propres peuples, en vue d’un ajustement brutal de la structure de classe.

« Chinamérique : Je t'aime... moi non plus. »

Quoi qu’il en soit, le double marché de dupes s’est maintenu pendant deux décennies, de 1990 à 2008. Ni l’incident de 1994 (bâtiment chinois intercepté car soupçonné de livrer des armes chimiques à l’Iran), ni celui de 1999 (bombardement « par erreur » de l’ambassade de Chine à Belgrade lors de l’opération US/OTAN pour le Kosovo) n’ont remis en cause les dynamiques commerciales formidables enclenchées par la « Chinamérique »… Jusqu’au moment où ces dynamiques ont produit ce qu’elles devaient produire : le basculement du centre de gravité du capitalisme global. Voilà comment nous en sommes arrivés où nous sommes aujourd’hui. Deuxième question : et où va-t-on, après ? Fondamentalement, le heurt va opposer deux puissances qui sont, et l’une, et l’autre, desempires. Il ne faut pas ici tomber dans le simplisme : il n’y a pas d’un côté une puissance malsaine, de l’autre une puissance saine. Il y a deux systèmes de pouvoirs immenses, l’un sur le déclin (donc plus prédateur à court terme), l’autre en expansion (donc n’ayant pas besoin d’être prédateur à court terme), mais aussi brutaux l’un que l’autre. Oui, oui, on sait, l’Amérique est « démocratique », pas la Chine – mais allez donc poser la question à Bagdad, vous allez voir… Et oui, oui, on sait, la Chine n’a pas attaqué de pays récemment – mais allez poser la question de son « émergence pacifique » aux millions d’esclaves qui triment dans ses usines, et là aussi, vous verrez… FL nous apprend qu’en 1999, deux colonels de l’armée chinoise inventent le concept de « guerre hors limite », notion pratiquement identique au concept US du « Fourth Generation Warfare » (guerre de quatrième génération désignée par l’acronyme G4G, ndlr) : la guerre qui se

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déploie sur tous les fronts, en impliquant tous les aspects de la vie politique, économique et culturelle, parce que la confrontation directe, par l’armement, est devenue impensable (trop grande puissance de destruction). Et quand les USA inventent la « lutte contre le terrorisme » pour justifier leur impérialisme, la Chine conçoit la théorie de « l’émergence pacifique » pour désamorcer les critiques que son offensive économique tous azimuts pourraient susciter.

« Dans les guerres de 4e génération, bâtons et cailloux peuvent briser une armée. Les informations télévisées peuvent devenir une arme opérative plus puissante que des divisions blindées. La guerre a trois dimensions: physique, mentale et morale. Et c'est l'élément moral qui peut poser le plus grand problème pour les Etatsnations. » Source : Checkpoint online

Chine et USA jouent chacun avec leurs atouts propres, mais en réalité, ils jouent sur le même échiquier, et avec des logiques de puissance précontraintes par la nature même de leur affrontement. Les Chinois font semblant de ne pas avoir de prétention à la domination globale (sauf quand il s’agit de mettre la main sur le pétrole du Soudan et du Tchad – alors là, on y va franchement, soutien militaire inclus), et les Américains font semblant de coopérer sans arrièrepensée (sauf quand une firme chinoise veut s’emparer d’Unocal – alors là, pas touche, il y va du contrôle US sur le pétrole d’Asie centrale…). A ce petit jeu, la puissance montante part a priori gagnante. Plus grand marché du monde, Pékin va progressivement supplanter les USA comme le pays qui définit les normes (une des sources de la puissance US au XX° siècle). Ayant désormais refait l’essentiel de son retard technologique, la Chine n’a plus vraiment besoin des USA ; ce qu’elle achetait jusqu’ici à l’Ouest, c’était de la technologie ; mais désormais, la technologie, elle peut dans une large mesure la produire ellemême. Plus structurant peut-être, le modèle de « socialisme de marché » inventé par Pékin (l’Etat possède en réalité l’outil de production, mais tolère l’enrichissement du management) semble, à ce stade, mieux fonctionner qu’un modèle US néolibéral en chute libre. Comme le rappelle FL, depuis 30 ans, la Chine fait exactement le contraire de ce qui est préconisé par le FMI – et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle s’en sort mieux que ceux qui ont obéi au « consensus de Washington ».

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Privatiser l’économie, dit le FMI. Restructurer les entreprises d’Etat, répond Pékin. Libéraliser le compte de capital du pays, dit le FMI. Contrôle des changes, répond Pékin. Banque centrale indépendante, dit le FMI. Contrôle politique sur le crédit, répond Pékin. Jusque dans la gestion de la crise financière, Pékin donne une leçon de pragmatisme et d’efficacité à l’Occident : sauver les banques, dit l’Occident ; relancer par l’économie productive, répond Pékin (l’UE sauve les créanciers de la Grèce, la Chine investit dans ses usines…). En somme, pour FL, ce qui vient de se passer, en 2008, c’est une rupture d’environnement géostratégique : ce n’est pas la chute du capitalisme, non. C’est la chute du capitalisme occidental néolibéral. Un mur vient de tomber : celui que l’Occident avait érigé autour de son pouvoir global. La chute de ce mur-là joue, pour les Chinois, le rôle joué par la chute du Mur de Berlin pour les Occidentaux : l’annonce qu’on vient de gagner une guerre « de quatrième génération ». Nous ne dirons pas le contraire. Lire à ce sujet « Crise économique ou crise du sens ? ». Conséquence de cette rupture géostratégique : la « Chinamérique » va exploser. Ici, deux théories s’opposent : le « découplage » (la Chine poursuivra sa croissance sans la « Chinamérique ») et la crise globale (les USA entraîneront la Chine dans leur faillite, car Pékin ne pourra pas maintenir sa croissance folle une fois la « Chinamérique » disparue). Sur ce point précis, nous marquons un désaccord avec l’auteur de « La guerre des empires ». FL prend position pour la crise globale, donc contre le « découplage ». Il invoque pour cela les premières conséquences de la crise, qui aura entraîné un effondrement des exportations chinoises (voir « Crise ou coup d’Etat ? »). La croissance chinoise réelle passe sensiblement sous le seuil des 8 % annuels (nécessaire pour éviter la hausse du chômage, dans un pays qui voit un gigantesque exode rural interne). Pour notre part, nous doutons de la viabilité de cette analyse. Que dans un premier temps, la Chine subisse un ralentissement de croissance est évident, logique. Mais nous estimons que le marché intérieur chinois pourrait très rapidement prendre la relève des exportations ; encore une fois, ce qui explique la croissance chinoise, c’est un taux d’investissement énorme et des débouchés solvables (l’exportation) ; si les exportations calent, il reste le développement du marché intérieur, et rien n’empêche Pékin de le lancer, à présent, puisque l’acquisition des technologies est en passe d’être achevée (donc plus besoin des exportations pour financer l’acquisition de technologie), et les ressources financières existent (taux d’épargne élevé, réserves de change énorme : marché solvable). Peut-être la crise US arrive-t-elle quelques années trop tôt pour la Chine ; mais à moyen terme, à notre avis, sauf problème écologique ou énergétique, on ne voit pas ce qui empêcherait la Chine de se développer par l’investissement et la consommation (lire, à ce sujet, « Crise économique ou crise du sens ? »). Le fond du désaccord : FL pense que la relance chinoise par l’investissement va enclencher un cycle inflationniste ; à notre avis, il oublie que si la Chine développe son marché intérieur au lieu d’exporter, le risque social lié à la surchauffe va beaucoup

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baisser (puisque les salaires augmenteront avec l’inflation, laquelle sera contenue par un afflux de produits enfin destinés au marché intérieur). FL pense que la dette chinoise est trop importante pour développer le marché intérieur : à notre avis, il oublie qu’une dette totale (tous acteurs confondus) à 200 % du PIB (son estimation, à notre avis maximaliste) n’est pas insurmontable, si le taux d’épargne est élevé (il l’est en Chine) et, surtout, si la croissance permet de couvrir les intérêts (à ce stade, elle le permet). En outre, il ne faut pas négliger que les flux du commerce international peuvent très bien rebondir via les pays émergents entre eux (c’est d’ailleurs ce qui se passe depuis un an). Bref, comme FL, nous croyons effectivement que la crise marque la fin d’un système : la mondialisation néolibérale occidentalo-centrée ; mais à la différence de cet auteur, nous estimons que la théorie du « découplage » est tout sauf absurde. Il ne s’agit pas de nier que la Chine va éprouver des difficultés (on ne reconvertit pas sans casse une industrie bâtie pour l’export), mais simplement d’estimer, tout bien considéré, que Pékin a de fortes chances de surmonter ces difficultés. Encore une fois, avec 10 % de croissance et un fort taux d’épargne, on couvre les intérêts d’une dette totale, tous acteurs confondus, à 200 % du PIB (situation chinoise). Alors qu’avec une croissance faible (2, 3 %), voire nulle, et une épargne anéantie, on ne couvre pas une dette totale (tous acteurs confondus) qui doit maintenant dépasser largement 300 % du PIB (situation US). Donc, disons-nous, la Chine va souffrir – mais elle passera le cap (ce qui ne sera pas le cas des USA). L’avenir dira qui avait raison… FL est en revanche tout à fait intéressant quand il nous renseigne sur les premières étapes de l’explosion de la « Chinamérique ». Du côté américain, deux tendances s’affrontent. Les « gentils garçons » veulent la paix avec la Chine (on les appelle les « panda huggers », les « embrasseurs de panda ») ; Obama, a priori, appartient à cette école « mondialisation avant tout » (son demi-frère est d’ailleurs marié à une chinoise), tout comme une bonne partie de son administration. Mais une autre tendance, qui prime au Congrès, « America first » en quelque sorte, veut la confrontation. Arme envisagée : le protectionnisme (enfin, on y vient) – la campagne de presse en cours aux USA sur la sécurité des biens fabriqués en Chine, ou encore les tentatives du Congrès pour faire accuser la Chine de manipulation monétaire, traduisent d’ailleurs une volonté de faire sentir aux Chinois que les « panda huggers » ne sont pas forcément les seuls à décider, à Washington. On ne s’étonnera pas ici que l’administration Obama (financement : Soros donc Rothschild ; conseil stratégique : Brzezinski dont Rockefeller) soit « panda hugger » (finir de gagner la guerre de classes), tandis que le Congrès (soumis au vote de l’Amérique profonde et en partie financé par l’industrie US) soit nettement plus hard avec la Chine (préserver la puissance US)…

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« Chine et USA sont, l’un comme l’autre, enfermés dans une manipulation commune qu’ils ont tolérée pour des raisons symétriques, et dont ils ne savent plus comment sortir. »

Du côté chinois, on prend progressivement conscience de sa puissance, et on teste le rival, à petites touches. Remise en cause du dollar comme monnaie de réserve mondiale (discours de Zhou Xiaochuan, gouverneur de la banque centrale chinoise). Pesée au sein du FMI en faveur d’une monnaie de réserve mondiale constituée d’un panier de monnaie. Accords avec des pays asiatiques qui officialisent le rôle de monnaie internationale régionale du Yuan. Ce qu’il faut bien comprendre, en tout cas (et là-dessus, FL est très clair), c’est que le discours officiel sur la Chine « manipulatrice de monnaie » est surtout rhétorique. En réalité, les USA souhaitent d’un côté la réévaluation du Yuan (pour regagner des parts de marché), et la redoutent d’un autre côté (si le Yuan est réévalué, la puissance financière de Pékin, déjà considérable, deviendrait peut-être suffisante pour que la Chine remplace les USA comme première puissance monétaire du monde – ce qui lui permettrait de racheter les entreprises un peu partout, y compris en Occident). En fait, Chine et USA sont, l’un comme l’autre, enfermés dans une manipulation commune qu’ils ont tolérée pour des raisons symétriques, et dont ils ne savent plus comment sortir. Le problème, c’est qu’en sortant de cette manipulation commune, les USA et la Chine vont s’apercevoir qu’une fois le Yuan et le dollar convertibles, il n’y aura qu’un seul gagnant. Une des deux puissances va se trouver en situation de modeler l’économie mondiale – et il n’est pas du tout certain que ce soit les USA. Conclusion de FL : tous les ingrédients sont réunis pour une nouvelle guerre planétaire – la quatrième (après les deux guerres mondiales et la Guerre Froide). Troisième et dernière question : puisque ce qui vient, c’est une guerre, à quoi ressemblera cette guerre ? Réponse : la « guerre sans limite », pour parler chinois, ou encore la « guerre de quatrième génération », pour parler US. La guerre des mers : la Chine est en train de construire une flotte capable de rivaliser avec l’US Navy. C’est logique : puisque les Chinois mettent la main sur les matières premières partout où ils peuvent, avec leurs réserves de devise, ils veulent aussi pouvoir sécuriser les routes maritimes vers ces matières premières.

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C’est aussi une mesure défensive : pour Pékin (que FL juge paranoïaque et que nous estimons simplement prudente), la Mer de Chine est un poste avancé. Surtout qu’il y a, au large, une bombe diplomatique prête à exploser : Taiwan, qui, en déclarant officiellement son indépendance, pourrait provoquer une intervention chinoise. La Chine peut-elle rivaliser à termes avec la puissance militaire US ? Réponse : oui. Officiellement, Pékin dépense 10 fois moins que Washington en dépenses militaires (60 milliards de dollars contre 600 milliards). Mais la réalité serait, d’après FL, toute autre. Le chiffre réel des dépenses chinoises serait probablement du double du chiffre avoué, et comme les salaires chinois sont beaucoup plus faibles que les salaires US, on peut considérer que les 60 milliards officiels équivalent à 120 milliards réels au taux de change courant, et à 250 milliards à parité de pouvoir d’achat. Pékin dépenserait donc à peu près 40 % de ce que dépense Washington – et, en outre, n’ayant pas à financer d’expéditions coûteuses en Irak et en Afghanistan, ses dépenses d’équipement ne sont pas rognées par les dépenses de fonctionnement. Au final, il semble peu probable que Pékin puisse jamais se donner les moyens de gagner une guerre conventionnelle contre les USA. Mais il est probable, en revanche, qu’elle puisse interdire à l’Amérique de considérer possible une victoire dans ce domaine. Ce qui reportera le conflit vers d’autres théâtres d’opération, extérieurs à la sphère militaire… La guerre du cyberespace : ils ont l’air malin, ceux qui annonçaient que l’Occident pouvait abandonner sans remord l’économie physique, puisqu’il allait gagner l’économie de la connaissance !

« Avec le Tianhe-1A, la Chine revendique désormais la première place du classement des superordinateurs les plus puissants du monde. »

La Chine possède désormais le supercalculateur le plus puissant du monde. Elle possède aussi des entreprises performantes dans le secteur des télécoms. Elle compte 400 millions d’internautes. Elle forme chaque année des centaines de milliers d’ingénieurs dans les technologies de l’information. Le quart des tentatives de piratage observées dans le monde proviendrait de Chine. Le moteur de recherche Baidu domine Google en Chine même, tandis que les encyclopédies en

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ligne Baidu Baike et Hudong, contrôlée par le gouvernement chinois, n’ont même pas de concurrent (Wikipedia est bloquée). La Chine n’a pas le contrôle d’Internet, mais celui de son Internet. La Chine se met en situation de gagner, en tout cas sur son sol, la « guerre de l’information ». L’opération « faux SMS » conduite semble-t-il par la CIA en Iran, après la réélection d’Ahmadinedjad, n’est tout simplement pas « jouable » en Chine. La guerre de l’or noir : la Chine n’a pas de pétrole. Pendant longtemps, ça ne l’a pas empêchée de dédaigner la grande stratégie globale : elle n’avait besoin du pétrole, n’ayant pas d’industrie. Cette période est révolue : la Chine va désormais se projeter à l’extérieur, contrairement à sa longue tradition, pour le pétrole (et d’autres matières premières). Au total, et sur ces opérations récentes, la Chine s’est assurée l’exploitation de 8 milliards de barils hors de ses frontières (environ quatre ans de sa consommation au rythme actuel). Il est à noter que 30 % de cette manne vient d’Afrique… et 30 % d’Iran (où un seul champ représente 2,5 milliards de barils). Où l’on comprend pourquoi « l’axe du Mal » associe le Soudan et l’Iran… En 2008, les investissements chinois à l’étranger ont dépassé 50 milliards de dollars, soit plus que les investissements étrangers en Chine. L’essentiel de cet effort porte sur les matières premières et les hydrocarbures. La guerre du capital : la Chine n’a pas de pétrole, mais elle a tellement de devises qu’elle peut se permettre d’acheter bien d’autres choses encore. On a récemment fait remarquer que l’évaluation de l’investissement nécessaire pour remettre en état l’ensemble du parc d’infrastructures des Etats-Unis (totalement délabré après 30 ans de néolibéralisme) correspond approximativement au montant des réserves de change chinoises. Ou pour le dire autrement (et cela donne une idée du raid financier qui se prépare potentiellement), les USA pourraient rembourser 20 ans de consommation de produits chinois à bas prix en vendant à la Chine… leurs ports, leurs routes, leurs aéroports, leurs ponts et leurs chemins de fer ! (où l’on comprend, encore une fois, que la réévaluation du Yuan est à la fois souhaitée et redoutée par Washington). On n’en est pas là. Mais ça commence. Savez-vous que Volvo est, depuis quelques mois, une entreprise chinoise ? Et que si EDF s’est désengagée de l’électricité britannique, c’est parce que son concurrent chinois alignait les zéros ? La guerre des modèles : le déluge d’argent chinois qui peut à tout moment fondre sur les entreprises occidentales va imposer au capital une révision drastique de son discours dominant (antiprotectionniste jusqu’ici). Ce n’est pas tant qu’il s’agisse de défendre le marché intérieur (les capitalistes occidentaux ne s’en préoccupent pas vraiment, ils pensent global avant tout) ; c’est qu’il va falloir défendre le contrôle exercé sur les entreprises par les institutions financières occidentales. Cette défense va réhabiliter l’idée de compétition entre deux modèles. Non plus « la démocratie de marché » contre « l’économie dirigée par le Parti Unique », mais le néolibéralisme US contre

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le néo-colbertisme chinois. Or, dans cette guerre, il n’est pas certain que le modèle occidental prédomine. Si l’Amérique s’est longtemps imposée, rappelle FL, c’est parce qu’elle faisait rêver. Mais aujourd’hui, c’est la croissance chinoise qui fait rêver (en tout cas les peuples pauvres). La Chine a d’ailleurs commencé cette guerre. Elle forme les élites des pays émergents. Il y a des milliers d’étudiants africains à Pékin. Partout, la Chine propose aux peuples longtemps dominés par l’Occident un modèle de rechange (lire la note de lecture sur « La Chinafrique »)… et cela ne se limite pas aux fonctions techniques ou d’encadrement intermédiaire : le directeur d’HEC s’est récemment étonné de la capacité des Chinois à rattraper leur retard dans la formation des gestionnaires ! La guerre culturelle : verrons-nous un jour un cinéma français proposer non plus trois films US (très bien faits) et un film français (minable), mais trois films chinois (très bien faits) et un film français (toujours aussi minable) ? Pas impossible, même si c’est peut-être le seul terrain où les USA dominent encore … Le mandarin va-t-il remplacer l’anglais comme langue la plus usitée sur Internet ? Qui a répondu : jamais ? – perdu, c’est déjà le cas.

« Après Séoul, Londres, Le Caire, Oakland, Boston, Rome et bien d'autres, l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense a inauguré en février 2008 un Institut Confucius. Selon Wikipedia, il y a déjà 14 instituts Confucius en France. »

Pékin est pragmatique : pour développer l’apprentissage du chinois, le pouvoir chinois a copié rigoureusement le système des « alliances françaises », avec les « instituts Confucius » (60 dans le monde). En 2010, 30 millions de courageux ont entrepris l’apprentissage du Chinois (simplifié, tout de même – sinon, c’est dix ans d’études à raison de 4.000 idéogrammes par an). Nous ne nous rendons pas compte de cet effort culturel, parce qu’il porte prioritairement sur la périphérie de l’Empire chinois. Pour l’instant, ce que veulent les dirigeants de Pékin, c’est réaffirmer leur prédominance culturelle sur les anciens Etats tributaires du système mandarinal. Mais demain ?… La guerre monétaire : Ce sera le terrain décisif. L’équation est simple : tant que le Yuan n’est pas réévalué, le dollar reste monnaie de réserve, mais l’Amérique implose. Le jour où le Yuan est réévalué, et où il devient convertible, il y aura deux monnaies de réserve possibles pour le monde (trois si l’euro existe encore, ce dont beaucoup doutent ici).

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On en est peut-être très proche : voici un véritable symbole, la firme Mc Donald vient d’annoncer qu’elle s’endetterait en Yuans pour financer son implantation en Chine… Le jour où le Yuan sera réévalué et convertible, on verra se produire un évènement décisif : les USA seront obligés soit d’emprunter en Yuan, ou, s’ils le font encore en dollars, de rembourser avec des dollars stabilisés, appuyés sur des actifs réels. Ce jour-là, estime FL, l’Empire thalassocratique anglo-saxon aura perdu la suprématie mondiale. Et la guerre pourra opposer deux camps, parce qu’il y aura deux camps. On pourra alors vérifier, pour la centième fois dans l’Histoire, que l’interdépendance économique ne garantit pas la paix. Au contraire : elle crée des opportunités de guerre,parce qu’elle oblige à définir le sens de la dépendance. à lire également sur le même sujet : - La guerre du Pipelineistan de la Chine - La Chine et quelques uns de ses voisins - 2030, la fin de la mondialisation ? - De l’arrogance à l’inquiétude - La superpuissance de l’énergie du XXIe siècle Source : Scriptoblog ▶ Afficher 19 Commentaires ASIE, ASIE CENTRALE, BIRMANIE, CACHEMIRE, CHINE, COLLIER DE PERLES, CORÉE DU NORD,DÉNUCLÉARISATION, DROIT D'INGÉRENCE, EXPANSIONNISME CHINOIS, GUERRE DE L'ÉNERGIE, INDE,INTÉRÊTS GÉOSTRATÉGIQUES, JAMMU & KASHMIR, KIM JONG-IL, MER D'ARABIE, MOYEN-ORIENT,MYANMAR, NOUVEAU GRAND JEU, NUCLÉARISATION, PAKISTAN, RELATIONS SINO-BIRMANES, RELATIONS SINOINDIENNES, RELATIONS SINO-NORD-CORÉENNES

La Chine et quelques uns de ses voisins Dans Analyse, Géopolitique le 11 novembre 2010 à 17:49

par Jean-Paul Yacine pour Question Chine

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Les relations de la Chine avec ses voisins sont souvent marquées par l’intérêt bien compris du commerce et des opportunités partagées, avec, en fond de tableau, l’inconfort d’une cohabitation tendue par les rivalités stratégiques ou les querelles de frontières. Ces dernières sont avivées par le souci de Pékin de protéger ses revendications maritimes à l’Est, et d’ouvrir le pays vers l’Asie Centrale, la Mer d’Arabie et le golfe du Bengale, qui sont autant d’accès plus directs aux hydrocarbures du Moyen Orient. Parfois, comme avec la Corée du Nord ou le Pakistan, les relations sont aussi enkystées dans les arcanes compliquées du jeu stratégique régional. Privilégiant le temps long et la stabilité qui favorisent ses influences, Pékin craint, par-dessus tout, les secousses qui brouilleraient son jeu, notamment en Corée du Nord, au Pakistan, au Myanmar et en Asie Centrale (lire “Où en est le nouveau Grand Jeu en Asie Centrale ?” QC, 29 avril 2010).

Chine et Inde Entre la Chine et l’Inde, les relations s’améliorent, mais restent marquées par la méfiance et une prudente réserve, qui se traduisent par d’assez maigres relations commerciales (60 milliards de dollars, contre plus de 350 milliards entre la Chine et les Etats-Unis). Les querelles de frontières non résolues de l’Arunachal Pradesh et du Cachemire pèsent toujours après le bref conflit de 1962. Mais il y a plus. Les Indiens, dont le pays n’est jamais que le n°2 des grands pays émergents, derrière la Chine, éprouvent rancœur et amertume d’être une puissance nucléaire non reconnue, que les Chinois regardent souvent de haut. La plupart d’entre eux considèrent d’ailleurs l’Inde comme un pays retardé et chaotique. Parfois, le ressentiment ou les reproches, avivés par ces susceptibilités nationalistes, s’expriment directement dans la presse ou sur le net. Alors, resurgissent en vrac les méfiances à propos de la connivence entre Pékin et Islamabad, celles sur la question des frontières près des hauteurs glacées de l’Himalaya et le long du Cachemire, objet des lourds ressentiments indiens, nourris des craintes d’une annexion rampante des territoires contestés par la Chine. L’opposition indienne joue de ces méfiances pour accuser le pouvoir de faiblesse. Récemment, sur le site « Project Syndicate », Jaswant Singh, nationaliste intransigeant, coutumier des déclarations polémiques, ancien ministre des AE, des finances et de la Défense de l’Inde, membre de l’opposition, dénonçait la présence de 10 000 soldats chinois à la frontière (Col de Khunjerab) et le long de la route de Karakorum, reliant le Xinjiang au Pakistan. Pour autant, Pékin avait dépêché ces troupes au Cachemire (7000 hommes du génie et des transmissions) pour aider les populations sinistrées par les récentes catastrophes et réparer les infrastructures, dont une partie avait été construite par les ingénieurs chinois eux-mêmes, pour relier le Xinjiang au Pakistan et à la Mer d’Arabie. Aujourd’hui, la Chine pourrait bien tirer partie de sa maîtrise dans les ponts et chaussées pour étendre et prolonger sa présence dans la zone, non seulement au Cachemire pakistanais toujours

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sinistré, mais également dans la partie sud, contrôlée par l’Inde. Le 15 septembre dernier, le ministre indien en charge des infrastructures routières, de passage à Pékin, créait en effet la surprise en annonçant que son pays accueillerait des investissements chinois pour l’extension et la réparation du réseau autoroutier en Inde, y compris dans la zone de Jammu, au Cachemire indien. Cette offre, qui prend l’opposition indienne à contrepied, tranche brutalement avec les attitudes de méfiance qui s’exprimaient jusqu’à présent par de sévères restrictions de visas imposées par l’Inde aux compagnies chinoises. Elle ouvre à la Chine la possibilité d’augmenter son influence dans les zones contestées, où les inondations et les glissements de terrain ont gravement endommagé les infrastructures. Au Cachemire pakistanais, la Chine, également inquiète des risques de dérapage du pays vers l’islamisme radical, dispose déjà d’un réseau de contacts avec les fonctionnaires d’Islamabad, tandis que ses sociétés de construction commencent à dynamiser l’économie locale par leurs contrats de sous-traitance. Si la proposition de l’Inde était suivie d’effet, les compagnies chinoises de construction y développeraient les mêmes stratégies d’influence, auxquelles les populations locales et les fonctionnaires, en quête de travail, de contrats et d’argent frais, ne peuvent résister. Dans une zone en pleine effervescence, proche du bourbier afghan, l’enjeu et les défis sont de taille. S’il est vrai que son implication dans la zone conforte ses projets d’ouverture du grand Ouest chinois vers la Mer d’Arabie, Pékin devra rester à l’écart des violents troubles qui secouent la région. Depuis le 11 juin, en effet, 72 manifestants anti-indiens ont été abattus par les forces de police de New-Delhi dans la région de Srinagar, dans le sud Cachemire où New-Delhi voudrait impliquer les compagnies chinoises (AFP 13 septembre). Elle devra aussi se défendre des accusations « d’annexion rampante » de ceux qui, en Inde et ailleurs, considèrent avec appréhension l’élargissement de l’influence chinoise dans la région.

Chine et Corée du Nord Avec Pyongyang, l’attitude de Pékin reste inflexiblement attachée à la préservation du Régime de Kim Jong Il ou de ses successeurs, en dépit des deux explosions nucléaires en 2006 et 2009, qui mirent le régime chinois en porte à faux et un terme au dialogue à 6 sur la dénucléarisation de la Corée du Nord. Tout indique même que la position chinoise en faveur de la stabilité de son voisin s’est récemment durcie, créant à Séoul ressentiment et méfiance. Au cours de la deuxième moitié de 2009, après le deuxième test nucléaire, et alors même que Pékin s’était associé aux sanctions onusiennes, Kim Jong Il s’est rendu en Chine, juste avant la visite à Pyongyang du ministre de la Défense Liang Guanglie, elle-même suivie, quatre mois plus tard, par celle du Premier Ministre Wen Jiabao.

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Peu après, la Chine signait, par le biais d’une société de Dalian, un accord de leasing sur 10 ans des installations du port nord-coréen de Rajin. Enfin, lors du torpillage de la frégate sud-coréenne Cheonan, le 26 mars 2010, Pékin a clairement pris ses distances avec le rapport d’experts qui accusait Pyongyang. Aujourd’hui, alors que de nombreux observateurs soulignent les risques liés à la transition, le Parti observe avec attention les prémisses politiques de la succession de Kim Jong Il qui devrait être assurée par son fils Kim Jong Oeun, récemment promu général en même temps que la propre sœur du « Cher dirigeant ». Cette situation conduira à une direction collégiale du Régime dont la première conséquence pourrait être la recrudescence des rivalités internes. A Zhongnanhai, on est d’autant plus attentif aux évolutions en cours, qu’en cette période d’incertitude le Régime Nord-coréen est encore moins enclin aux concessions. Signe qu’à Pékin et Pyongyang on ne veut rien laisser au hasard, la chasse aux transfuges s’est considérablement durcie. Le journal Asahi Shimbun signale que l’appareil de sécurité chinois travaille étroitement avec la police secrète nord-coréenne, dont une centaine d’agents opèrent en Chine, en liaison avec la Police Armée pour traquer les fugitifs partout dans le pays. Le resserrement des mailles du filet serait directement lié aux incertitudes de la transition. Les équipes de policiers sont déployées dans les régions du Yunnan, du Guangxi et dans la province de Canton sur la route du Vietnam du Laos ou de la Thaïlande, possibles destination des réfugiés. Le Shandong, destination privilégiée des investisseurs sud-coréens et patrie de nombreux Chinois d’origine coréenne, est également la cible des enquêteurs. Bien qu’il n’existe que peu de statistiques officielles, on estime que plusieurs dizaines de milliers de Nord-coréens fuient leur pays chaque année et que près de 400 000 Coréens vivent clandestinement en Chine.

Chine et Birmanie Avec le Myanmar, c’est aussi le souci de la stabilité qui prévaut, assorti de ses intérêts bien compris liés au gaz birman, à l’accès au golfe du Bengale et à la construction du gazoduc et de l’oléoduc vers le Yunnan. (lire “Chine – Myanmar, le dilemme birman” QC, 5 septembre 2009). C’est pourquoi, même si elle a aussi intérêt à l’amélioration de l’image du Régime birman, la Chine acceptera sans broncher les résultats des élections prévues le 7 novembre prochain, dont la plupart des analystes estiment qu’elles ne seront ni libres ni équitables. Lors de la récente visite en Chine du chef de la junte Than Shwe, le porte parole du MAE chinois a en effet précisé : « La Chine espère que la communauté internationale apportera un soutien constructif aux élections au Myanmar et s’abstiendra de toute ingérence qui pourrait avoir un impact négatif sur les affaires intérieures du pays et sur la paix et la stabilité régionales ». Mais au Myanmar, le jeu chinois, qui tente à la fois de préserver ses liens avec les milices locales et de gagner les faveurs du gouvernement central, n’est pas simple. Dans les zones limitrophes du Yunnan, les autorités locales chinoises sont parties prenantes au commerce transfrontalier et aux

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trafics, en liaison avec les groupes ethniques birmans, jadis soutenus par Mao, et eux-mêmes en conflit larvé avec les autorités centrales. Depuis les échauffourées sur sa frontière, il y a un an, Pékin s’est investi pour créer les conditions d’un dialogue entre Naypyidaw et les groupes rebelles des zones frontières, tout en persuadant le gouvernement central de stopper ses offensives militaires. Au cours des 18 derniers mois, trois membres du Comité Permanent du Bureau Politique ont effectué le voyage à Naypyidaw pour renforcer les liens politiques et signer des contrats pour la construction de barrages et l’exploitation minière, faisant de la Chine le plus gros investisseur au Myanmar. Les compagnies chinoises ont en effet augmenté de manière notable leurs investissements dans le secteur hydroélectrique et minier. Ces derniers viennent s’ajouter à plusieurs dizaines de projets déjà en cours dans ces deux secteurs depuis la fin des années 90. Début juin, lors de son voyage au Myanmar, Wen Jiabao a, avec son homologue birman, présidé à la signature d’un accord pour un investissement de la société d’état NORINCO, principal fabricant et exportateur d’équipements militaires conventionnels chinois, en vue de participer à l’exploitation d’une mine de cuivre à Monywa, dans le riche centre minier du pays. La Chine était déjà présente sur le site de Monywa par le biais de la société China Nonferrous Metal Mining.Co. C’est le 2e investissement d’envergure dans le secteur minier de NORINCO, déjà impliqué, dans un projet d’extraction de nickel dans l’état de Chin qui borde le golfe du Bengale, au travers de sa filiale Wanbao Mining. Co, associée à une compagnie minière listée à Hong Kong, mais propriété de la Zhijing Mining, appartenant, elle aussi, à l’Etat chinois. Selon le site internet de NORINCO, Wanbao est aussi impliquée dans un projet d’usine chimique avec China Tianchen Engineering Co., grâce à un prêt préférentiel accordé par la Chine au gouvernement birman. Le 18 août dernier, Taiyuan Iron and Steel Group, 1er producteur mondial d’acier et la compagnie China Nonferrous Metal Mining se sont associés pour développer une mine de nickel dans la région de Tatkon, 50 km au Nord de la capitale. Cet investissement s’ajoute aux 800 millions de $ déjà engagés par la compagnie pour l’exploitation d’une autre mine de nickel à Tagaungtaung, dans le Nord du pays, à 150 km de la frontière chinoise, et dont les opérations d’extraction devraient commencer en 2011. Il reste que la manœuvre de la junte, qui envisageait de transformer les milices rebelles en gardefrontières contrôlées par l’armée a échoué, tandis que l’influence de Pékin dans le pays se heurte à quelques raidissements de la population de plus en plus hostile à l’exploitation des ressources naturelles, dont l’impact sur l’environnement et la vie des ruraux soulève des protestations. Selon International Crisis Group, certains observateurs lient l’attentat d’avril 2010 contre le projet de centrale hydraulique de Myitsone, dans l’état de Kachin, à des groupes dissidents mécontents de la présence chinoise.

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Il est aussi avéré que certains groupes rebelles considèrent que les grands projets chinois dans les zones frontières, notamment dans l’état de Kachin, riche en ressources minières, sont un appui direct à la politique de mise au pas des milices par le gouvernement central. Enfin, l’investissement chinois dans la mine de Monywa, piloté par le fabricant d’armes NORINCO, principal fournisseur d’équipements militaires au Pakistan et au Myanmar, ajoute à une récente controverse internationale, déclenchée par l’ONG Earth Rights International qui implique la société canadienne Ivanohe Mining. Cette dernière liée, entre autres, au secteur minier et de l’énergie chinois, jusqu’à présent principal opérateur de la mine de Monywa, est accusée de faciliter le détournement, au profit de la junte, des bénéfices miniers vers une banque black-listée par le gouvernement américain basée à Singapour et dont les ramifications renvoient, entre autres, à une banque de Chinois d’outre mer. La polémique qui enfle depuis quelques mois, se développe au milieu d’insistantes rumeurs venant, entre autres, des milieux du renseignement américains, sur les risques d’une possible « nucléarisation » du Myanmar. Cette crainte est aujourd’hui relayée publiquement par le Congrès des Etats-Unis qui souligne les liens de la junte avec la Corée du Nord. Jean-Paul Yacine à lire également sur le même sujet : - Le réveil de l’Asie au sein d’un monde multipolaire - Les relations sino-japonaises restent tendues - La guerre du Pipelineistan de la Chine - Pourquoi la guerre des Corée n’aura pas lieu Source : Question Chine ▶ Afficher 7 Commentaires ASEAN, ASIE, ÎLES DES SPRATLEYS, ÎLES PARACELS, ÎLES SENKAKU, CHINAFRIQUE, CHINE, CHINE NOUVELLE, CHINE PLURIELLE, COLLIER DE PERLES, CONFUCIANISME, CORÉE DU NORD, CORÉE DU SUD,CROISSANCE ÉCONOMIQUE, DALAÏ LAMA, DROITS DE L'HOMME, EMPIRE DU MILIEU, ETATS-UNIS, EUROPE,EXPANSIONNISME CHINOIS, GÉOÉCONOMIE, GÉOPOLITIQUE, HU JINTAO, JAPON, MANIPULATION, MER DE CHINE, OCCIDENT, PIB, RELATIONS INTERNATIONALES, SOFT POWER, SOMMET DE COPENHAGUE, TAÏWAN,TIBET, URBANISATION, VIETNAM, WEN JIABAO

De l’arrogance à l’inquiétude Dans Chine le 21 octobre 2010 à 16:38

par François Danjou pour Question Chine Assurément la manière dont les Occidentaux et nombre de pays asiatiques perçoivent la Chine est en train de changer. Après un cycle positif commencé au milieu des années 90 et qui a pris fin en 2009, les commentaires sur la Chine s’aigrissent à nouveau. Pékin n’y est pas insensible et réagit à sa manière, tandis que se dessine un débat interne sur les risques et limites des ambitions chinoises.

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« Les puissances héritières de l’après guerre acceptent de plus en plus mal le surgissement du colosse chinois en quête de cibles pour ses investissements, avide de ressources, de marchés et d’influence dans un monde, à bien des égards, toujours calibré à l’aune des intérêts occidentaux. »

La période précédente (1995 – 2009) n’était certes pas exempte de controverses sur le déficit commercial, les droits de l’homme, la prolifération, la question de Taïwan, le Tibet, le Dalai Lama, le budget militaire ou les ambitions stratégiques chinoises. Mais la tonalité générale de l’époque, marquée par l’entrée de la Chine à l’OMC et l’organisation des JO restait à la fois pragmatique, patiente et raisonnablement sereine, sous tendue par les espoirs du « grand marché », et la conviction que Pékin se coulerait docilement dans le moule du monde développé aux références essentiellement occidentales. Les turbulences de la crise financière mondiale, dont la Chine a émergé avec un profil international renforcé, également ponctuée par les agacements réciproques de l’échec de Copenhague et les atermoiements chinois sur la valeur de sa monnaie, ont changé la donne. L’heure n’est plus à « l’harmonie des relations internationales », clamée par Pékin et, plus ou moins sincèrement, entérinée par les Etats-Unis et l’Europe qui disaient «accompagner la montée en puissance pacifique de la Chine ». Les lourdes méfiances réciproques sont de retour, ponctuées par les discours à l’emporte pièce sur « l’arrogance chinoise », dans un contexte où les puissances héritières de l’après guerre acceptent de plus en plus mal le surgissement du colosse chinois en quête de cibles pour ses investissements, avide de ressources, de marchés et d’influence dans un monde, à bien des égards, toujours calibré à l’aune des intérêts occidentaux. Les voisins asiatiques ressentent aussi sa puissance économique, ses appétits commerciaux et la force de son rayonnement, sur fond d’exorbitantes revendications en Mer de Chine. Celles-ci ont

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récemment été exacerbées par les passes d’armes avec les Etats-Unis, le Japon et le Vietnam. En 2009, autour des Iles Paracels, contestées depuis 1974, la marine chinoise a saisi 33 chalutiers vietnamiens et détenu 433 marins, condamnés à payer des amendes. En 2010 deux incidents du même type ont eu lieu, tandis que persistent les tensions avec la Corée du Nord, protégée par Pékin, lancinante réminiscence d’un conflit meurtrier et de la Guerre Froide, sources d’inquiétude pour Séoul et Tokyo. Les réactions en Asie du Nord-est et au sein de l’ASEAN, dont les ministres de la défense se réuniront le mois prochain à Hanoi avec ceux de la Russie des Etats-Unis, de la Chine et de la Corée du Sud, restent discrètes et se gardent bien d’exprimer leurs craintes. Au point que certains assimilent leur réserve à un début de finlandisation sous l’ombre portée de Pékin. Mais, en sous main, les pays de la région, redoutant la mainmise univoque de la marine chinoise, comptent toujours sur le contrepoids de Washington pour tenir en respect les prétentions démesurées de Pékin. A Zhongnanhai on est conscient que le nationalisme crispé, exprimé récemment par le Ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi lors du dernier sommet de l’ARF Hanoi, le 23 juillet dernier, et repris dans la blogosphère – ils sont 70 millions de « bloggeurs » à exprimer vertement le nationalisme nourri par le Parti -, véhicule le risque de ternir l’image de « puissance douce » que le Régime s’applique à accréditer. Le Bureau politique sait aussi que les inquiétudes des voisins de la Chine favorisent mécaniquement l’influence de Washington. De fait, récemment plusieurs personnalités de haut rang, dont Lee Kwan Yu, ont réaffirmé leur intérêt pour la présence de la marine américaine dans la région. Tel est le fond de tableau qui explique une étonnante initiative diplomatique chinoise destinée à rejeter les accusations d’arrogance qui se multiplient dans la presse occidentale, dans un contexte où le Régime, par la voix des plus hauts dirigeants, exprime au contraire l’inquiétude d’une situation intérieure difficile, marquée par une longue collection de défis politiques économiques et sociaux : « en 2010, le pays affrontera une situation plus complexe, à l’intérieur, comme à l’extérieur. Chacun doit rester sérieux et concentré, tout en gardant au cœur l’angoisse que le pays ne se laisse distancer », Wen Jiabao, discours du Nouvel An chinois, 11 février 2010. A la fin août, l’ambassadeur He Yafei, ancien vice-ministre des Affaires étrangères, aujourd’hui accrédité auprès de la délégation de l’Union Européenne aux Nations Unies – certains disent qu’il s’y trouve en disgrâce, après les tensions du sommet de Copenhague où il était le chef de la délégation chinoise – a réuni une cinquantaine de journalistes accrédités à l’ONU pour expliquer, en substance, que la Chine, aux prises avec de très graves problèmes internes, n’avait qu’une expérience internationale limitée, ce qui expliquait ses maladresses (Asia Times, 8 septembre 2010). Pékin, expliqua l’Ambassadeur, avait une priorité cardinale : la situation intérieure du pays qu’il fallait remettre en ordre. La tâche était ardue et devenait de plus en complexe, dans un monde globalisé secoué par la crise financière et la récession. Celles-ci avaient, quoi qu’on dise, aussi affecté son pays, avec une chute de 20% des exportations dans la seule province de Canton. Si le

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système financier avait mieux résisté qu’ailleurs, c’est bien parce que Pékin avait repoussé les pressions et contrôlé le flux des capitaux, au risque de gêner la croissance. Mais au-delà, les soucis du Régime étaient surtout liés à la transition économique du pays, déjà à l’œuvre, mais dont le contrôle sera difficile. Il s’agissait en effet de continuer à créer chaque année près de 20 millions d’emplois, alors que, dans les campagnes, 120 millions de paysans étaient au chômage ou sous employés et que, dans le même temps, le déficit de main d’œuvre qualifiée handicapait les secteurs de pointe. La solution consistait à accompagner l’urbanisation accélérée du pays, pour aboutir, dans moins de 10 ans, à une population de 700 millions d’urbains.

Shanghaï

Les mégalopoles nouvelles exigeraient non seulement de pharaoniques travaux d’infrastructure, des équipements de transport, de santé et d’éducation, des stations dépuration et des égouts ; mais également une adaptation du Hukou, le passeport intérieur, un système de taxes encore dans les limbes, des assurances maladie et des caisses de retraite. La tâche était si obsédante, ajoutait He Yafei, que les questions diplomatiques non directement liées à la sécurité économique, devenaient secondaires. Encore l’Ambassadeur s’est-il bien gardé d’évoquer la question de la réforme du système politique, dont de nombreuses voix assurent qu’elles sont aujourd’hui la condition indispensable à la réussite de la transition socio-économique du pays. Faisant écho à la volonté de rassurer le monde sur les ambitions chinoises, Wang Jisi, spécialiste reconnu des Etats-Unis à l’Académie des Sciences Sociales prononçait, le 21 juillet dernier, une conférence à l’Université de Pékin sur les thèmes étonnants de l’identité de la Chine et des Chinois, complètement à contre courant des clichés sur l’arrogance : «Quel sorte de peuple devrions-nous être ? Quelle Chine devrions-nous construire ? ». Sa première remarque renvoyait à une évidence souvent oubliée : « S’il est vrai qu’il y a dans le modèle américain de nombreux points que nous pourrions imiter, il y en a un qui se trouve hors de notre portée. Ni la Chine ni le monde ne pourrait en effet supporter un niveau de consommation de ressources par les Chinois équivalent à celui des Etats-Unis. C’est pourquoi,

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sauf graves erreurs commises par les Américains, la Chine n’atteindra jamais leur niveau de développement. Ce serait même une erreur que de tenter de le faire». Poursuivant la comparaison avec les Etats-Unis, Wang Jisi rejetait aussi l’idée d’une volonté chinoise de défier Washington sur son statut de grande puissance globale : « Je ne pense pas que la Chine devrait devenir un leader mondial selon le modèle américain. Même si elle le voulait, elle ne le pourrait pas ». Au contraire, l’ambition proposée par Wang Jisi aux jeunes étudiants était liée à à l’idée accomplissement personnel, toute empreinte de la sagesse de la Chine ancienne, marquée par le moralisme confucéen, dont les valeurs individuelles et collectives, jettent, par contraste, une lumière crue sur les manquements de la société chinoise moderne. « Les conditions pour être un homme de bien renvoient à la manière dont vous traitez votre famille et vos collègues de travail ; à votre honnêteté d’étudiant ou de fonctionnaire qui évitent de tricher et refusent la corruption ; aux exigences de probité des chercheurs qui rejettent le plagiat ; à l’intégrité des entrepreneurs ou des commerçants qui répugnent aux constructions de mauvaise qualité et aux produits frelatés ». Enfin, pour bien faire comprendre ses idées sur ce que devraient être les ambitions internationales de la Chine, Wang Jisi n’hésite pas à utiliser en contre exemple l’histoire de Zhuge Liang, le stratège de Shu de l’époque des Trois Royaumes, vénéré par la grande majorité des Chinois comme un héros exemplaire d’une grande probité morale. « Liang était d’une moralité parfaite. Mais comme souverain, malgré ses succès, il n’a pas compris que la reconstruction du pays exigeait de conserver un profil bas. Au lieu de cela, il s’engagea, malgré sa faiblesse, dans une compétition avec le Royaume de Wei et échoua dans son ambition d’unifier la Chine ». Plus encore : « S’il avait eu moins d’ambitions stratégiques, son action, appuyée par ses talents diplomatiques, aurait été plus bénéfique pour la société, pour le peuple et pour lui-même ». L’avenir dira si les dirigeants chinois sauront éviter les écueils du mimétisme stratégique d’autant plus porteur de catastrophes que les tensions sur l’eau et les ressources inciteront de part et d’autre aux positions arc-boutées. Celles-ci seront d’autant plus probables que les nations développées paraissent se raidir à la perspective d’un nouvel acteur global dont les appétits bousculent leur vieille conception du partage des richesses du monde. François Danjou Source : Question Chine ▶ Afficher 6 Commentaires AFPAK, ARABIE SAOUDITE, ASIE CENTRALE, ASIE DE L'EST, ASIE DU SUD, BAHREIN, BARACK H. OBAMA, BIG OIL, CHINE, CNPC, COLLIER DE PERLES, COMPAGNIES PÉTROLIÈRES, CONDOLEZZA RICE, CSNU, DÉTROIT D'ORMUZ, DÉTROIT DE MALACCA, DICK CHENEY, EMIRATES ARABES UNIS, ETATS-UNIS, EURASIE,GÉOÉCONOMIE, GÉOPOLITIQUE DE L'ÉNERGIE, GÉOPOLITIQUE DES PIPELINES, GÉOSTRATÉGIE, GEORGE W. BUSH, GUERRE D'AFGHANISTAN, GUERRE D'IRAK, GUERRE DE L'ÉNERGIE, GUERRE DU PAKISTAN,GURBANGULY BERDIMOUKHAMEDOV, HILLARY CLINTON, HU JINTAO, IRAK, IRAN, KAZAKHSTAN, KOWEÏT,LOBBY DE L'ÉNERGIE, LOBBY DU GAZ, LOBBY DU PÉTROLE, MAHMOUD AHMADINEJAD, MER CASPIENNE,MOYEN-ORIENT, NATIONAL

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IRANIAN OIL COMPANY, NOUVEAU GRAND JEU, OCCIDENT, OCS, OMAN, ONU,ORGANISATION DE COOPÉRATION DE SHANGHAÏ, PÉTROLE, PIPELINEISTAN, QATAR, RÉSOLUTION 1929,RICHARD MORNINGSTAR, RUSSIE, SANCTIONS DE L'ONU, SINOPEC, SUPERMAJORS, TURKMÉNISTAN,UNION EUROPÉENNE, VLADIMIR POUTINE, WEN JIABAO

La guerre du Pipelineistan de la Chine Dans Analyse, Géoéconomie, Géopolitique, Géostratégie, Guerre contre le Terrorisme, Guerre d'Afghanistan, Guerre d'Irak,Guerre de l'Énergie, Guerres Énergétiques, GWOT, le Grand Echiquier, Lobby Pétrolier le 17 octobre 2010 à 20:51 par Pepe Escobar pour TomDispatch.com

Montée des enjeux, pari et bluff dans le Nouveau Grand Jeu.

Un soldat états-unien contemplant la guerre du pétrole en Irak, une des nombreuses aventures du Nouveau Grand Jeu de l'Eurasie entre la Chine, les Etats-Unis et la Russie.

Les historiens de demain peuvent bien convenir que la Route de la Soie du XXIe siècle s’est ouverte pour les affaires le 14 décembre 2009. C’était le jour où un tronçon crucial de pipeline est entré officiellement en opération reliant l’État fabuleusement riche en énergie du Turkménistan (via le Kazakhstan et l’Ouzbékistan) à la province du Xinjiang, dans l’extrême ouest de la Chine. Les hyperboles n’ont pas dissuadé le président du Turkménistan, spectaculairement nommé Gurbanguly Berdimoukhamedov, de se vanter, « ce projet n’a pas seulement une valeur commerciale ou économique. Il est également politique. La Chine, grâce à sa politique de sage et visionnaire, est devenue un des principaux garants clés de la sécurité mondiale ». Le résultat final est que, en 2013, Shanghai, Guangzhou, et Hong Kong croiseront le plafond des sommets économiques donnant le vertige avec le gaz naturel fourni par le pipeline de l’Asie Centrale long de 1833 kilomètres, prévu pour fonctionner à plein régime. Et il faut rajouter à cela que, dans quelques années encore, les grandes villes chinoises recevront sans aucun doute également une fabuleuse saveur de l’Irak, les réserves de pétrole à peine exploitées, évaluées de façon conventionnelle à 115 milliards de barils, mais probablement plus proche des 143 milliards de barils, qui placeraient l’Irak devant l’Iran. Lorsque les généraux de l’administration Bush ont lancé leur guerre mondiale au terrorisme, ce n’est pas exactement ce qu’ils avaient à l’esprit. L’économie chinoise a soif, et donc elle boit profondemment et planifie encore plus profondemment. Elle solicite le pétrole d’Irak et le gaz naturel du Turkménistan, ainsi que le pétrole du Kazakhstan. Déjà, au lieu de dépenser plus d’un trillion de dollars pour une guerre illégale en Irak ou bâtir des bases militaires partout dans le Grand Moyen-Orient et en Asie

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Centrale, la Chine a utilisé ses compagnies pétrolières d’État pour obtenir une partie de l’énergie dont elle a besoin tout simplement par appel d’offres dans une vente aux enchères du pétrole irakien parfaitement légale. Pendant ce temps, dans le Nouveau Grand Jeu en Eurasie, la Chine a eu le bon sens de ne pas envoyer un soldat n’importe où ou de s’enliser dans un bourbier infini en Afghanistan. Au lieu de cela, les Chinois ont simplement passé un accord commercial direct avec le Turkménistan et, profitant des désaccords de ce pays avec Moscou, se construisent un pipeline qui fournira une grande partie du gaz naturel dont ils ont besoin.

Le « Nouveau Grand jeu » autour du pétrole et du gaz (Philippe Rekacewicz - juin 2007)

Source de la carte : Le Monde diplomatique (cliquer sur la carte pour aggrandir) Pas étonnant que le tsar de l’énergie eurasienne de l’administration Obama, Richard Morningstar, a été obligé d’admettre lors d’une audience du Congrès que les États-Unis ne peuvent simplement pas rivaliser avec la Chine lorsqu’il s’agit de la richesse énergétique d’Asie Centrale. Si seulement il avait livré le même message au Pentagone.

Cette équation iranienne

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A Pékin, ils prennent la question de la diversification des approvisionnements en pétrole très, très au sérieux. Lorsque le baril de pétrole a atteint 150 $ en 2008 – avant l’effondrement financier mondial déclenché par les États-Unis – un média national chinois s’était mis à appeler le Big Oil étranger « les crocodiles internationaux du pétrole » avec l’implication que l’agenda caché de l’Occident était en fin de compte de stopper le développement implacable de la Chine dans ses voies. 28 % de ce qui reste des réserves prouvées de pétrole dans le monde sont dans le monde arabe. La Chine pourrait facilement tout engloutir. Peu de gens savent que la Chine elle-même est en réalité le cinquième producteur de pétrole dans le monde, avec 3,7 millions de barils par jour (bpj), juste en dessous de l’Iran et légèrement au-dessus du Mexique. En 1980, la Chine a consommé seulement 3 % du pétrole mondial. Aujourd’hui, sa part est d’environ 10 %, la rendant le deuxième plus grand consommateur de la planète. Il a déjà surpassé le Japon dans cette catégorie, même si elle est toujours derrière les États-Unis, qui se nourrit de 27 % du pétrole mondial chaque année. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), la Chine représentera plus de 40 % de l’augmentation de la demande mondiale de pétrole jusqu’en 2030. Et cela suppose que la Chine augmentera à « seulement » 6 % le tarif annuel qui, fondée sur la croissance actuelle, semble improbable. L’Arabie Saoudite contrôle 13 % de la production mondiale de pétrole. À l’heure actuelle, c’est le seul producteur à oscillation – c’est-à-dire qu’il peut déplacer la quantité de pétrole pompée en haut ou en bas à volonté – capable d’accroître considérablement la production croissante. Ce n’est pas un hasard, alors, que, pompant 500 000 bpj, il est devenu un des fournisseurs de pétrole majeurs de Pékin. Le top trois, selon le Ministère du Commerce chinois, sont l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Angola. En 2013-2014, si tout va bien, les Chinois s’attendent à ajouter l’Irak à cette liste de façon magistrale, mais tout d’abord la production de pétrole du pays perturbé a besoin de mettre le démarreur en marche. En attendant, c’est la partie iranienne de l’équation d’énergie eurasienne qui est vraiment angoissante pour les dirigeants de la Chine. Les entreprises chinoises ont investi, avec stupéfaction, 120 milliards de dollars dans le secteur de l’énergie en Iran au cours des cinq dernières années. Déjà, l’Iran est le second fournisseur pétrolier de la Chine, comptant jusqu’à 14 % de ses importations ; et le géant de l’énergie chinois Sinopec a remis 6,5 milliards de dollars à la construction des raffineries de pétrole du pays. En raison des sévères sanctions imposées par l’ONU et celles américaines et des années de mauvaise gestion économique, cependant, le pays manque de savoir-faire en haute technologie pour se pourvoir lui-même et sa structure industrielle part dans tous les sens. Le chef de la National Iranian Oil Company, Ahmad Ghalebani, a admis publiquement que les machines et pièces utilisées dans la production de pétrole d’Iran doivent encore être importées de Chine. Les sanctions peuvent être un tueur, ralentissant les investissements, augmentant le coût du commerce par plus de 20 % et resserrant sévèrement la capacité de Téhéran d’emprunter sur les marchés mondiaux. Néanmoins, le commerce entre la Chine et l’Iran a augmenté de 35 % en 2009, à 27 milliards de dollars. Ainsi tandis que l’Occident a éreinté l’Iran avec des sanctions, des embargos et des blocus, l’Iran s’est lentement developpé comme un corridor de commerce crucial

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pour la Chine – aussi bien que pour la Russie et la pauvre en énergie, l’Inde. À la différence de l’Occident, ils y ont tous investi comme des fous parce qu’il est facile d’obtenir des concessions du gouvernement ; il est facile et relativement bon marché de construire des infrastructures ; et, étant à l’intérieur, lorsqu’il s’agit des réserves énergétiques iraniennes, est une nécessité pour tout pays qui veut être un acteur essentiel dans le Pipelineistan, qui a contesté l’échiquier des pipelines d’énergie cruciaux sur laquelle une grande partie du Nouveau Grand Jeu en Eurasie se déroule. Sans aucun doute, les dirigeants des trois pays font des offrandes à n’importe quels dieux qu’ils veulent adorer pour que Washington continue à leur rendre la vie si facile (et lucrative). Peu aux États-Unis peuvent savoir que l’an dernier l’Arabie Saoudite – maintenant le(re)armant jusqu’aux dents, avec la gracieuseté de Washington et de peu de paranoïaques sur le programme nucléaire iranien – a offert de fournir les Chinois avec la même quantité de pétrole, que le pays importe actuellement d’Iran à un prix beaucoup moins cher. Mais, Pékin, dont l’Iran est un allié stratégique à long terme clé, a étouffé l’affaire. Comme si les problèmes structurels de l’Iran ne suffisaient pas, le pays a peu diversifié son économie au-delà des exportations de pétrole et de gaz naturel dans les 30 années passées; l’inflation en cours d’exécution de plus de 20 %,; le chômage de plus de 20 %; et les jeunes gens instruits s’enfuient à l’étranger, une importante fuite des cerveaux pour ces terres assiégés. Et ne pensez pas que c’est la fin de sa litanie des problèmes. L’Iran souhaiterait être membre à part entière de l’Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS) – l’union de la coopération économique et militaire multicouche qui est une sorte de réponse asiatique à l’OTAN – mais est seulement un observateur officiel de l’OCS parce que le groupe n’admet aucun pays dans le cadre de sanctions de l’ONU. Téhéran, en d’autres termes, voudrait un peu de protection de grande puissance contre la possibilité d’une attaque des États-Unis ou Israël. Autant que l’Iran pourrait être sur le point de devenir un joueur beaucoup plus influent dans le jeu de l’énergie d’Asie Centrale grâce aux investissements russe et chinois, il est très peu probable que n’importe lequel de ces pays risquerait actuellement d’entrer en guerre contre les Etats-Unis pour « sauver » le régime iranien.

La Grande Évasion Du point de vue de Pékin, le titre de la version cinématographique du conflit des rebelles ÉtatsUnis contre l’Iran et de la compétition stratégique du Pipeineistan des États-Unis contre la Chine qui couvent pourrait être : « Évasion d’Ormuz et Malacca ». Le Détroit d’Ormuz est la définition d’un goulot d’étranglement stratégique potentiel. C’est, après tout, la seule porte d’entrée dans le Golfe Persique et à travers elle, transite maintenant grossièrement 20 % des importations de pétrole de la Chine. À son point le plus étroit, il n’est large que de seulement 36 kilomètres, avec l’Iran au nord et Oman au sud. Les dirigeants chinois se tourmentent de la présence constante de groupes de bataille des porte-avions américains à cet endroit et patrouillant à proximité. Avec Singapour au nord et l’Indonésie au sud, le Détroit de Malacca est un autre goulet d’étranglement potentiel si jamais il y avait un conflit – et à travers elle transite plus de 80 % des

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importations de pétrole de la Chine. À son point le plus étroit, il est de seulement 54 kilomètres de largeur, et comme le Détroit d’Ormuz, sa sécurité est également de la variété made in USA. Dans une future confrontation avec Washington, les deux détroits pourraient rapidement être fermés ou contrôlés par la marine américaine. Par conséquent, l’accent croissant de la Chine sur le développement d’une stratégie énergétique terrestre en Asie Centrale pourrait se résumer comme : Au revoir Ormuz ! Au revoir Malacca ! Et bienvenue à une nouvelle Route de la Soie axée sur le pipeline de la Mer Caspienne au Far West de la Chine, dans le Xinjiang. Le Kazakhstan a 3 % des réserves prouvées de pétrole dans le monde, mais ses plus grands champs de pétrole ne sont pas loin de la frontière chinoise. La Chine considère ce pays comme un fournisseur de pétrole alternatif clé via de futurs pipelines qui relieraient les champs de pétrole kazakhs aux raffineries de pétrole chinoises dans son extrême ouest. En fait, la première aventure transnationale du Pipelineistan de la Chine est déjà en place : le projet de pétrole ChineKazakhstan 2005, financé par le géant de l’énergie chinois CNPC. Beaucoup plus est encore à venir, et les dirigeants chinois s’attendent ce que la Russie riche en énergie joue un rôle significatif dans le sas de secours de la Chine ainsi planifié. Stratégiquement, cela représente une étape cruciale en matière d’intégration de l’énergie régional, serrant le partenariat de la Russie et la Chine à l’intérieur de l’OCS aussi bien qu’au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Lorsqu’il s’agit du pétrole, le nom du jeu est l’immense pipeline de Sibérie Orientale-Océan Pacifique (ESPO). En août dernier, un tronçon russe long de 4000 kilomètres de Taishet en Sibérie Orientale à Nakhodka, toujours à l’intérieur du territoire russe, a été commencé. Le Premier Ministre russe Vladimir Poutine a salué l’ESPO comme « un projet vraiment complet qui a renforcé notre coopération énergétique ». Et fin septembre, les Russes et les Chinois ont inauguré un pipeline long de 999 kilomètres de Skovorodino dans la région d’Amour de la Russie au concentrateur pétrochimique Daqing dans le nord-est de la Chine. La Russie livre actuellement jusqu’à 130 millions de tonnes de pétrole russe par an à l’Europe. Bientôt, pas moins de 50 millions de tonnes peuvent être dirigées vers la Chine et la région du Pacifique également. Cependant, il y a des tensions bouillantes cachées entre les Russes et les Chinois lorsqu’il s’agit des questions énergétiques. Le leadership russe se méfie tout naturellement du progrès ahurissant de la Chine en Asie Centrale, de l’ancienne ex-URSS « près de l’étranger». Après tout, comme les Chinois l’ont fait en Afrique dans leur quête de l’énergie, en Asie Centrale, aussi, les Chinois construisent des chemins de fer et présentent des trains de haute technologie, parmi d’autres merveilles modernes, en échange de concessions pétrolières et gazières.

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En Asie, des projets de construction de voies d’acheminement du pétrole et du gaz (Philippe Rekacewitz - mai 2005)

Source de la carte : Le Monde diplomatique (cliquer sur la carte pour aggrandir) Malgré les tensions bouillantes qui couvent entre la Chine, la Russie et les États-Unis, il est trop tôt pour être sûr de savoir qui est susceptible de s’imposer comme le vainqueur dans le Nouveau Grand Jeu en Asie Centrale, mais une chose est assez claire. Les « Stans » (pays, ndt) d’Asie Centrale deviennent des joueurs de poker à part entière toujours plus puissants, et comme la Russie tente ne pas y perdre son hégémonie, Washington place tous ses jetons sur les pipelines destinés à contourner la Russie (y compris l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui achemine le pétrole d’Azerbaïdjan à la Turquie via la Géorgie) et des premières grandes mises de la Chine pour son avenir en Asie Centrale. Quiconque perd, il s’agit d’un jeu que les « Stans » ne peuvent perdre mais uniquement qu’en profiter. Récemment, notre homme Gurbanguly, le dirigeant turkmène, a choisi la Chine comme son pays pour un prêt de 4.18 milliards de dollars supplémentaires pour le développement du Sud-Yolotan, le plus grand gisement de gaz de son pays. (Les Chinois avaient déjà bombardé 3 milliards de dollars pour aider à développer). Les bureaucrates de l’Énergie à Bruxelles ont été dévastés. Avec des réserves estimées jusqu’à 14 milliards de mètres cubes de gaz naturel, le gisement a le potentiel d’inonder l’Union européenne affamée d’énergie avec le gaz pendant plus de 20 ans. Au revoir à tout cela ?

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En 2009, les réserves prouvées du Turkménistan ont été estimées à 8,1 trillions mètres cubes stupéfiants, le quatrième plus grand du monde après la Russie, l’Iran et le Qatar. Sans surprise, du point de vue d’Achgabat, capitale du pays, il semble invariablement pleuvoir du gaz. Néanmoins, les experts doutent que la République d’Asie Centrale sans littoral, idiosyncrasique ait en réalité assez d’or bleu pour fournir la Russie (qui a absorbé 70 % de l’approvisionnement du Turkménistan avant l’ouverture de l’oléoduc en Chine), la Chine, l’Europe de l’Ouest et l’Iran, tous en même temps. Actuellement, le Turkménistan vend son gaz à : la Chine par l’intermédiaire du plus grand gazoduc du monde, 7000 kilomètres de long et conçu pour une capacité de 40 milliards de mètres cubes par an, la Russie (10 milliards de mètres cubes par an, moins des 30 milliards par an jusqu’en 2008) et l’Iran (14 milliards de mètres cubes par an). Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est toujours accueilli avec le tapis rouge de bienvenue de Gurbanguly et du géant de l’énergie russe Gazprom, grâce à une politique de prix améliorée, et est traité comme un client privilégié. Cependant, à l’heure actuelle, les Chinois sont sur le tas, et plus généralement, quoi qu’il arrive, il ne peut y avoir aucun doute que l’Asie Centrale sera le principal fournisseur étranger de la Chine en gaz naturel. D’autre part, le fait que le Turkménistan a, dans la pratique, remis ses exportations de gaz futures à la Chine, la Russie et l’Iran signifie la mort virtuelle des divers plans de pipelines trans-caspiens longtemps favorisés par Washington et l’Union européenne.

IPI vs TAPI encore une fois Sur le front du pétrole, même si tous les « Stans » ont vendu à la Chine chaque baril de pétrole qu’ils pompent actuellement, moins de la moitié des besoins d’importation quotidienne chinois sont réunies. En fin de compte, seul le Moyen Orient peut étancher la soif de pétrole de la Chine. Selon l’AIE, les besoins pétroliers complets de la Chine augmenteront à 11,3 millions de bpj d’ici à 2015, même avec la production intérieure atteignant 4 millions de bpj. Comparez cela à ce que certains autres fournisseurs de la Chine produisent maintenant : Angola, 1,4 millions de bpj, Kazakhstan, 1,4 millions aussi et au Soudan, 400 000. D’autre part, l’Arabie Saoudite produit 10,9 millions de bpj, l’Iran autour de 4 millions, les Émirats Arabes Unis (ÉAU) 3 millions, le Koweït 2,7 millions – et puis il y a l’Irak, à l’heure actuelle à 2,5 millions et susceptible d’atteindre au moins 4 millions d’ici à 2015. Pourtant, Pékin doit encore être pleinement convaincu qu’il s’agit d’un approvisionnement sûr, surtout compte tenu de tous ces agissements états-uniens « des sites avant exploitation» dans les Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Koweït, Qatar et Oman, en plus de ces groupes de bataille navals itinérants dans le Golfe Persique.

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Stratégies pétrolières et militaires américaines dans la région du Golfe (Philippe Rekacewitz - novembre 2002)

Source de la carte : Le Monde diplomatique (cliquer sur la carte pour aggrandir) Sur le front de gaz, la Chine compte certainement compte sur un changeur de jeu sud-asiatique. Pékin a déjà dépensé 200 millions de dollars dans la première phase de la construction d’un port en eau profonde à Gwadar dans la province du Balouchistan pakistanais. Il voulait et a obtenu d’Islamabad, « des garanties souveraines aux installations du port. » Gwadar est seulement à 400 kilomètres d’Ormuz. Avec Gwadar, la marine chinoise aurait un port d’attache qui permettra facilement de surveiller le trafic dans le détroit et un jour peut-être même de contrecarrer les desseins expansionnistes de la marine américaine dans l’Océan Indien. Mais Gwadar a un autre rôle futur infiniment plus juteux. Il pourrait s’avérer être le pivot dans une compétition entre deux pipelines discutés depuis longtemps : TAPI et IPI. TAPI signifie le pipeline Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, qui ne pourra jamais être construit

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Aussi longtemps que les États-Unis et les forces d’occupation de l’OTAN se battent contre le parapluie de résistance commodément nommé « Taliban » en Afghanistan. IPI, toutefois, est le pipeline Iran-Pakistan-Inde, également connu sous le nom de « pipeline de la paix » (qui, bien entendu, ferait avec TAPI une « guerre de pipelines »). À la détresse incommensurable de Washington, en juin dernier, l’Iran et le Pakistan ont finalement conclu l’affaire pour construire la partie « IP » de l’IPI, avec le Pakistan assurant à l’Iran que l’Inde ou la Chine pourrait plus tard être inclue dans le projet de construction. Que ce soit IP, IPI ou IPC (Iran-Pakistan-Chine), Gwadar sera un nœud clé. Si, sous la pression de Washington, qui traite Téhéran comme la peste, l’Inde est obligé de se retirer du projet, la Chine a déjà clairement ce qu’elle veut. Les Chinois construiraient un lien Pipelineistan de Gwadar le long de la route de Karakorum au Pakistan à la Chine via le col de Khunjerab – un autre corridor terrestre qui s’avèrera être immunitaire aux interférences états-uniennes. Il aurait l’avantage supplémentaire de couper radicalement la route pétrolière longue de 20 000 kilomètres autour du bassin d’Asie du Sud. Sans doute, pour les Indiens, ce serait un son de cloche stratégique de se déplacer pour s’aligner sur l’IPI, surenchérissant une profonde méfiance que les Chinois passeront à les déborder dans leur recherche d’énergie étrangère avec la stratégie du « collier de perles » : la mise en place d’une série de « ports d’attache » le long de ses itinéraires de ravitaillement de pétrole clés du Pakistan au Myanmar. Dans ce cas, Gwadar ne sera pas longtemps simplement un port « chinois ». Quant à Washington, il estime toujours que si TAPI est construit, il contribuera à empêcher l’Inde de pleinement briser l’embargo états-unien – appliqué sur l’Iran. Le Pakistan affamé d’énergie préfère évidemment sa « praticable » alliée de la Chine, qui pourrait s’engager à la construction de toutes sortes d’infrastructure énergétique au sein de ce pays dévasté par l’inondation. En bref, si la coopération énergétique sans précédent entre l’Iran, le Pakistan et la Chine va vers l’avant, il sera le signal d’une défaite majeure pour Washington, dans le Nouveau Grand Jeu en Eurasie, avec des répercussions géopolitiques et géoéconomiques énormes. Pour le moment, la priorité stratégique de Pékin a été de soigneusement développer un ensemble remarquable et diversifié de fournisseurs d’énergie – un flux d’énergie qui couvre la Russie, la Mer de Chine du Sud, l’Asie Centrale, la Mer de Chine Orientale, le Moyen Orient, l’Afrique et l’Amérique du Sud. (Les incursions en Afrique et en Amérique du Sud de la Chine seront traitées dans un futur article sur TomDispatch de notre tournée des points chauds de l’énergie du globe.) Si la Chine s’est avérée être jusqu’ici magistrale dans la manière qu’elle a joué ses cartes dans sa « guerre » du Pipelineistan, la main états-unienne – contournement de la Russie, chasser la Chine, isolation de l’Iran – pourrait bientôt être appelée pour ce qu’elle est : un bluff. Pepe Escobar Pepe Escobar est correspondant itinérant d’ Asia Times. Son dernier livre est Obama does Globalistan . Il peut être joint à pepeasia@yahoo.com. à lire également sur le même sujet :

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- La superpuissance de l’énergie du XXIe siècle - Au-delà des sanctions, la réalité de la géopolitique de l’énergie - Où en est le nouveau « Grand Jeu » en Asie Centrale ? - La guerre d’Iran aura-t-elle lieu ? - Le Grand Échiquier d’Asie Centrale Article original : China’s Pipelineistan “War” Traduction : Saïd Ahmiri pour le MecanoBlog Reproduction autorisée avec indication des sources ! Source : TomDispatch.com ▶ Afficher 14 Commentaires AFRIQUE, AGENCE INTERNATIONALE DE L'ENERGIE, AIE, ANGOLA, ARABIE SAOUDITE, ARMES CONTRE PÉTROLE, ÉMISSIONS DE DIOXYDE DE CARBONE, ÉNERGIE HYDRAULIQUE, ÉNERGIE SOLAIRE, ÉNERGIES RENOUVELABLES, ÉOLIENNE, BASIC, BRIC, CARBURANTS ALTERNATIFS, CHANGEMENTS CLIMATIQUES,CHARBON, CHEVRON, CHINE, COLLIER DE PERLES, COMPAGNIES PÉTROLIÈRES, DARFOUR, DÉTROIT D'ORMUZ, DÉVELOPPEMENT DURABLE, DOCTRINE CARTER, DOCTRINE EISENHOWER, DOCTRINE NIXON,DOCTRINE TRUMAN, EFFET DE SERRE, ETATS-UNIS, EXXONMOBIL, GÉOTHERMIE, GOLFE ARABOPERSIQUE,GUERRE DE L'ÉNERGIE, HU JINTAO, HUGO CHÁVEZ, IMPORTATIONS DE PÉTROLE, IRAN, JAPON, JOHN D. ROCKEFELLER, LI JUNFENG, LOBBY PÉTROLIER, MAJORS, MER CASPIENNE, MILITARISATION, MOYEN-ORIENT, MULTIPOLARISATION, OMAN, OMAR HASSAN AHMAD AL-BASHIR, OPEP, PÉTRO-ÉTATS, PÉTROLE,PETROCHINA, PIC PÉTROLIER, PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX, PUISSANCES ÉMERGENTES,RÉSOLUTION 1929, RUSSIE, SEPT SOEURS, SINOPEC, SOUDAN, STANDARD OIL COMPANY,SUPERPUISSANCE DE L'ÉNERGIE, TAÏWAN, TROISIÈME GUERRE MONDIALE, VÉNÉZUELA, WEN JIABAO

La superpuissance de l’énergie du XXIe siècle Dans Analyse, Chine, Géopolitique, Géostratégie le 21 septembre 2010 à 17:51

par Michael T. Klare pour TomDispatch.com

« Les efforts de la Chine à renforcer ses liens avec ses fournisseurs de pétrole étrangers ont produit une friction géopolitique avec les États-Unis. Le risque de conflit sino-américain est beaucoup plus sérieux maintenant que nous entrons dans l’ère du « pétrole dur » et que l’offre mondiale de pétrole facilement accessible diminue rapidement. »

Chine, énergie et puissance mondiale

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Si vous voulez savoir de quelle manière souffle le vent global (ou le soleil brille ou le charbon brûle), regarder la Chine. C’est la nouvelle pour notre avenir énergétique et pour l’avenir de la politique des grandes puissances de la planète Terre. Washington est déjà entrain de regarder – avec anxiété. Rarement une simple entrevue de presse en a dit plus sur les changements de puissance mondiale qui se déroulent dans notre monde. Le 20 juillet, l’économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), Fatih Birol, a raconté au Wall Street Journal que la Chine avait dépassé les États-Unis en devenant le numéro un des consommateurs d’énergie dans le monde. On peut lire ce développement de nombreuses façons : comme preuve de la continuation des prouesses industrielles de la Chine, de la récession persistante aux États-Unis, de la popularité croissante des automobiles en Chine, et même du rendement énergétique supérieur de l’Amérique par rapport à celle de la Chine. Toutes ces observations sont valables, mais toutes manquent le point principal : en devenant le leader mondial des consommateurs d’énergie, la Chine deviendra également un acteur international plus dominant et donc en définira le rythme dans l’élaboration de notre avenir global. Car l’énergie est liée à nombreuses aspects de l’économie mondiale, et parce que les doutes grandissent sur la disponibilité future du pétrole et d’autres combustibles vitales, les décisions que prennent la Chine concernant son portefeuille d’énergie auront des conséquences profondes. En tant qu’acteur de premier plan sur le marché mondial de l’énergie, la Chine déterminera considérablement non seulement le prix que nous paieront pour les combustibles cruciaux, mais aussi le type de systèmes énergétiques auxquels nous dépenderons. Plus important encore, les décisions sur les préférences énergétiques de la Chine détermineront largement si la Chine et les États-Unis peuvent éviter de se laisser entraîner dans une lutte globale sur les importations de pétrole et si le monde échappera aux catastrophiques changements climatiques.

Comment s’élever vers la prééminence mondiale Vous ne pouvez réellement évaluer l’importance de la récente découverte de l’influence de l’énergie de la Chine si vous ne saisissez pas tout d’abord le rôle de l’énergie dans l’ascension de l’Amérique à la prééminence mondiale. Que la région Nord-Est des jeunes États-Unis était richement dotée d’énergie hydraulique et de gisements de charbon a été cruciale au début de l’industrialisation du pays ainsi que pour l’éventuelle victoire du Nord dans la Guerre de Sécession. Cependant, c’est la découverte du pétrole dans l’Ouest de Pennsylvanie en 1859 qui ferait des États-Unis l’acteur décisif sur la scène mondiale. L’extraction pétrolière et les exportations ont alimenté la prospérité américaine au début du XXe siècle – un temps lorsque le pays était le principal producteur de la planète – en élevant la hausse de ses géantes sociétés. Il ne faut jamais oublier que la première grande société transnationale de la planète – laStandard Oil Company de John D. Rockefeller – a été fondée sur l’exploitation et l’exportation de pétrole américain. La législation antitrust voulait briser la Standard Oil en 1911, mais deux de ses plus

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grands descendants, la Standard Oil of New York et la Standard Oil of New Jersey, avaient fusionné plus tard dans ce qui est maintenant l’entreprise publiquement cotée en Bourse la plus riche au monde, ExxonMobil. Un autre descendant, la Standard Oil of California, est devenu Chevron – aujourd’hui, la troisième société américaine la plus riche. Le pétrole a également joué un rôle clé dans la montée des États-Unis comme puissance militaire prééminente de la planète. Ce pays a fourni la plupart du pétrole consommé par les forces alliées tant dans la Première Guerre Mondiale que dans la Seconde Guerre Mondiale. Parmi les grandes puissances de l’époque, seuls les Etats-Unis étaient auto-suffisants en pétrole, ce qui signifiait qu’ils pouvaient déployer de vastes armées en Europe et en Asie et maîtriser les militaires bien équipés (mais en manque de pétrole) allemands et japonais. Peu le réalisent aujourd’hui, mais pour les architectes de la victoire de l’Amérique dans la Seconde Guerre Mondiale, y compris le président Roosevelt, c’était la dotation nationale supérieure de pétrole, pas la bombe atomique, qui s’est avérée décisive. Ayant créé une économie et un établissement militaire basés sur le pétrole, les dirigeants américains ont été contraints d’employer des mesures plus coûteuses et désespérées pour s’assurer que les deux avaient toujours une provision adéquate d’énergie. Après la Seconde Guerre Mondiale, avec des réserves nationales commençant déjà à diminuer, une succession de présidents ont établi une stratégie globale basée sur l’assurance d’accès américain au pétrole d’outre-mer. Comme un début, l’Arabie Saoudite et les autres royaumes du Golfe Persique ont été choisis pour servir de « stations de pompes à essence » d’outre-mer pour les raffineurs américains et les forces militaires. Les compagnies pétrolières américaines, en particulier les descendants de la Standard Oil, ont aidé et encouragé à établir une présence majeure dans ces pays. Dans une mesure considérable, en fait, les grandes déclarations stratégiques d’après-guerre – la Doctrine Truman, la Doctrine Eisenhower, la Doctrine Nixon et surtout la Doctrine Carter – étaient toutes liées à la protection de ces « stations de pompes à essence ». Aujourd’hui, encore, le pétrole joue un rôle essentiel dans les plans mondiaux et les actions de Washington. Le Département d’Etat, par exemple, maintient toujours une capacité militaire complexe, coûteuse, et profondément enracinée dans le Golfe Persique pour assurer la « sûreté » et la « sécurité » des exportations de pétrole de la région. Washington a également étendu sa portée militaire à des régions productrices de pétrole clés comme le bassin de la Mer Caspienne et l’Afrique de l’Ouest. La nécessité de conserver des liens amicaux et des relations militaires avec les fournisseurs clés comme le Koweït, le Nigéria et l’Arabie Saoudite continue à dominer la politique étrangère américaine. De même, dans un monde se réchauffant globalement, l’intérêt américain croissant dans la fonte de l’Arctiqueest propulsé par un désir d’exploiter les réserves d’hydrocarbures inexploitées de la région polaire.

Charbon de la planète ? Le fait que la Chine a maintenant dépassé les États-Unis comme leader mondial des consommateurs d’énergie doit radicalement changer ses stratégies mondiales, tout comme la prédominance de l’énergie autrefois de l’Amérique. Sans doute cela, à son tour, modifiera le cours

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des relations sino-américaines, sans parler du monde des affaires. Avec l’expérience américaine à l’esprit, à quoi pouvons-nous nous attendre de la Chine ? Tel un commencement, personne ne lisant les pages de journaux d’affaires ne pourrait avoir le moindre doute sur les perspectives d’énergie des dirigeants chinois comme étant une – éventuellement « la » – préoccupation majeure du pays et ont consacré des ressources substantielles et planifié l’obtention de futures provisions adéquates. En abordant cette tâche, les dirigeants chinois font face à deux défis fondamentaux : garantir l’énergie suffisante pour satisfaire la demande sans cesse croissante et décider de quels carburants dépendre pour répondre à ces conditions. Comment la Chine répond à ces défis aura des implications frappantes sur la scène mondiale.

« Les 104 quadrillions BTUs que la Chine devra d’une façon ou d’une autre rajouter à son approvisionnement énergétique en cours sur la prochaine quart de siècle égale la consommation totale d’énergie de l’Europe et du Moyen-Orient en 2007. »

Selon les plus récentes projections du Département de l’Energie américain (DoE), la consommation d’énergie chinoise va augmenter de 133 % entre 2007 et 2035 – c’est-à-dire, de 78 à 182 quadrillions d’unités thermiques britanniques (BTUs). Pensez-y plutôt de cette façon : les 104 quadrillions BTUs que la Chine devra d’une façon ou d’une autre rajouter à son approvisionnement énergétique en cours sur la prochaine quart de siècle égale la consommation totale d’énergie de l’Europe et du Moyen-Orient en 2007. Rechercher et convoyer tellement de pétrole, de gaz naturel et autres combustibles à la Chine seront sans aucun doute le seul plus grand défi économique et industriel faisant face à Pékin – et dans ce défi se pose la possibilité de friction réelle et de conflit. Bien que la plupart des fonds d’énergie du pays soient toujours dépensés sur le marché intérieur, ce que la Chine consacre aux combustibles importés (pétrole, charbon, gaz naturel et uranium) et à l’équipement d’énergie (raffineries pétrolières, centrales électriques et réacteurs nucléaires) déterminera considérablement le prix mondial de ces produits – un rôle qui, jusqu’à présent, a été largement rempli par les États-Unis. Ce qui est plus important, cependant, seront les décisions prises par la Chine sur les types d’énergie sur lesquels elle dépendra. Si les dirigeants chinois devaient suivre leurs inclinations naturelles, ils éviteraient sans aucun doute de dépendre des combustibles complètement importés, compte tenu de comment est

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vulnérable la dépendance à l’énergie étrangère qu’un pays peut rendre avec des interruptions d’approvisionnement d’outre-mer ou, dans le cas de la Chine, un possible blocus naval américain (dans le cas présent, disons, d’un conflit prolongé avec Taïwan). Li Junfeng, un haut fonctionnaire de l’énergie chinois, a récemment été cité en disant, «l’approvisionnement d’énergie devrait être où vous pouvez y poser votre pied dessus » – c’est-à-dire de sources intérieures. La Chine possède vraiment un type de carburant en abondance : le charbon. Selon les plus récentes projections du DoE, le charbon composera environ 62 % d’approvisionnement énergétique net évalué de la Chine en 2035, que légèrement moins à l’heure actuelle. Toutefois, une lourde dépendance sur le charbon renforcera les problèmes environnementaux, en faisant glisser vers le bas l’économie du pays comme le support aux coûts des frais de soins de santé. En outre, à cause du charbon, le Chine est maintenant leleader mondial des émetteurs de dioxyde de carbone qui modifient le climat. Selon le DoE, la part de la Chine dans les émissions de dioxyde de carbone mondiales sautera de 19,6 % en 2005, lorsque les États-Unis n’en avaient laissé traîner qu’à peine 21,1 %, à 31,4 % en 2035, quand il dépassera largement tous les autres pays dans les émissions nettes. Tant que Pekin refuse de réduire significativement sa dépendance au charbon, et ignore sa rhétorique sur les négociations du réchauffement climatique, il ne pourra tout simplement pas être capable d’accomplir des étapes véritablement significatives pour lutter contre les changements climatiques. De cette façon, aussi, il modifiera le visage de la planète. Récemment, les dirigeants du pays semblent être devenus beaucoup plus sensibles aux risques d’une dépendance excessive au charbon. L’accent est désormais massivement placé sur le développement de systèmes d’énergie renouvelable, en particulier l’éolienne et l’énergie solaire. Déjà, la Chine est devenue le premier producteur mondial d’éoliennes et de panneaux solaires et a déjà commencé à exporter sa technologie aux États-Unis. (En fait, quelques économistes et syndicats prétendent que la Chine subventionne injustement ses exportations d’énergie renouvelable en violation des règles de l’Organisation Mondiale du Commerce.) L’insistance croissante de la Chine sur l’énergie renouvelable serait une bonne nouvelle, si elle a abouti à des réductions substantielles dans l’utilisation du charbon. Dans le même temps, la conduite du pays d’exceller à ces techniques pourrait la pousser à l’avant-garde d’une révolution technologique, comme au début de la domination américaine sur la technologie du pétrole l’a propulsée dans les premiers rangs des puissances mondiales du XXe siècle. Si les États-Unis échouent à aller de pair, ils pourraient trouver le rythme de son déclin comme puissance mondiale immédiate.

À qui sont les Saoudiens ? La soif de la Chine pour l’énergie supplémentaire pourrait également mener assez rapidement à une friction et être en conflit avec les États-Unis, en particulier dans la concurrence mondiale de plus en plus rare de livraisons de pétrole importé. Comme son utilisation énergétique tend toujours vers le haut, la Chine utilise plus de pétrole, qui ne peut mener à une plus grande implication de la politique économique, politique et probablement, un jour, un engagement

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militaire dans les régions productrices de pétrole – des secteurs longtemps considérées à Washington comme constituant l’énergie d’outre-mer privée de l’Amerique. Comme récemment en 1995, la Chine consommait uniquement environ 3,4 millions de barils de pétrole par jour – un cinquième de la quantité utilisée par les États-Unis, le premier consommateur mondial, et les deux tiers de la quantité brûlée par le Japon, alors numéro deux. Étant donné que la Chine a pompé 2,9 millions de barils par jour de ses champs intérieurs cette année-là, son fardeau d’importation n’était simplement que de 500 000 barils par jour tandis que les États-Unis importaient 9,4 millions de barils et le Japon 5,3 millions de barils. En 2009, la Chine était à la place de numéro deux à 8,6 millions de barils par jour, ce qui encore tombait toujours loin en-dessous de l’Amerique avec 18,7 millions de barils. Cependant, à 3,8 millions de barils par jour, la production nationale n’allait pas de pair – le même problème que les États-Unis avaient du faire face pendant l’ère de la Guerre Froide. La Chine importait déjà 4,8 millions de barils par jour, beaucoup plus que le Japon (qui avait réduit effectivement sa dépendance au pétrole) et presque la moitié, quasi autant que les Etats-Unis. Dans les décennies à venir, ces chiffres sont garantis qu’ils vont encore s’empirer. Selon le DoE, la Chine va dépasser les États-Unis comme le leader mondial des importateurs de pétrole, d’après une estimation de 10,6 millions de barils par jour, autour de 2030. (Certains experts estiment que ce changement pourrait se produire beaucoup plus tôt.) Quelle que soit l’année, les dirigeants de la Chine sont déjà empêtrés dans la même “situation fâcheuse” longtemps confrontée par leurs homologues américains, dépendants comme ils le sont sur une substance vitale qui peut seulement être acquise par une poignée de producteurs non fiables dans les zones de conflit et de crise chronique.

Les principales sources d'importations du pétrole de la Chine (en milliers de barils/jour)

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À l’heure actuelle, la Chine obtient la plupart de ses importations de pétrole de l’Arabie Saoudite, d’Iran, d’Angola, d’Oman, du Soudan, du Koweït, de la Russie, du Kazakhstan, de la Libye et du Venezuela. En désirant assurer la fiabilité du flux pétrolier de ces pays, Pékin a établi des liens très étroits avec leurs dirigeants, dans certains cas, leur fournissant une importante assistance économique et militaire. C’est exactement la voie prise autrefois par Washington – et avec certains des mêmes pays. Les sociétés d’énergie contrôlées par l’Etat ont forgé également des “partenariatsstratégiques” avec des entreprises homologues dans ces pays et dans certains cas également ont acquis le droit de développer des gisements de pétrole majeurs. Ce qui a été particulièrement frappant est le moyen que Pékin a cherché pour couper l’influence états-unienne en Arabie Saoudite et avec d’autres cruciaux producteurs de pétrole du Golfe Persique. En 2009, la Chine a importé pour la première fois plus de pétrole saoudien que les États-Unis, une évolution géopolitique de grande importance, compte tenu de l’histoire des relations américano-saoudiennes. Bien que ne concurrençant pas Washington lorsqu’il s’agit de l’aide militaire, Pékin a détaché ses plus hauts dirigeants à Riyad, promettant de soutenir les aspirations saoudiennes sans employer les droits de l’homme ou la rhétorique de pro-démocratie généralement associés à la politique étrangère américaine. Beaucoup d’éléments doivent sembler extrêmement familiers. Après tout, les États-Unis ont autrefois courtisé les Saoudiens d’une façon similaire lorsque Washington a tout d’abord commencé à voir le Royaume comme sa station de pompes à essence d’outre-mer et l’a transformé en officieux protectorat militaire. En 1945, tandis que la Seconde Guerre Mondiale faisait toujours rage, le président Roosevelt fit un voyage spécial pour rencontrer le roi Abdul Aziz de l’Arabie Saoudite et établir un régime de protection contre pétrole qui persiste à ce jour. Sans surprise, les dirigeants américains ne voient pas (ou veulent reconnaître) l’analogie ; au lieu de cela, les hauts fonctionnaires voient d’un mauvais oeil la manière que la Chine braconne sur le gazon états-unien en Arabie Saoudite et autres pétro-états, dépeignant de tels mouvements comme antagonistes. Comme la dépendance de la Chine à ces fournisseurs d’outre-mer grandit, elle va probablement renforcer ses liens avec leurs dirigeants, produisant de nouvelles tensions dans l’environnement politique international. Déjà, la réticence de Pékin de mettre en péril ses relations énergétiques vitales avec l’Iran a contrecarré les efforts états-uniens pour imposer de nouvelles sévères sanctions économiques à ce pays comme un moyen de le forcer à abandonner ses activités d’enrichissement d’uranium. De même, le récent prêt de 20 milliards de dollars de la Chine à l’industrie du pétrole vénézuélienne a stimulé le statut du président Hugo Chávez à la fois lorsque sa popularité nationale, et donc sa capacité de résister aux politiques états-uniennes, glissait. Les Chinois ont également conservé des liens amicaux avec le président Omar Hassan Ahmad alBashir du Soudan, malgré les efforts américains pour le peindre comme un paria international en raison de son rôle présumé à superviser les massacres au Darfour.

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Diplomatie armes contre pétrole sur une planète dangereuse Déjà, les efforts de la Chine à renforcer ses liens avec ses fournisseurs de pétrole étrangers ont produit une friction géopolitique avec les États-Unis. Il y a un risque de conflit sino-américain beaucoup plus sérieux maintenant que nous entrons dans l’ère du “pétrole dur” et que l’offre mondiale de pétrole facilement accessible diminue rapidement. Selon le DoE, l’approvisionnement mondial de pétrole et d’autres liquides pétroliers en 2035 sera de 110,6 millions de barils par jour – assez précisément pour répondre à la demande mondiale prévue à ce moment-là. Cependant, de nombreux géologues pétroliers pensent que la production mondiale de pétrole atteindra un niveau de pic de production bien au-dessous de 100 millions de barils par jour d’ici 2015 et commencera à baisser après ça. En outre, le pétrole qui reste à trouver sera de plus en plus dans des endroits difficiles à atteindre ou dans des régions très instables. Si ces prévisions se révèlent exactes, les États-Unis et la Chine – les deux principaux importateurs de pétrole du monde – pourraient être pris au piège dans un concours de grandes puissances, où les deux seraient perdants, pour accéder aux provisions en baisse de pétrole exportable. Ce qui arrivera dans ces circonstances est, bien entendu, impossible à prévoir, d’autant plus que les risques de conflit abondent. Si les deux pays continuent sur leur chemin actuel – armer les fournisseurs favorisés dans une offre désespérée pour protéger les intérêts à long terme – les pétro-états fortement armés peuvent également devenir plus craintifs, ou envieux, de leurs voisins (aussi bien équipés). Tant avec les États-Unis que la Chine déployant un nombre croissant de conseillers militaires et d’instructeurs pour ces pays, l’étape pourrait être mise sur l’engagement mutuel dans des guerres locales et des conflits frontaliers. Ni Pékin ni Washington ne souhaitent une telle implication, mais la logique de la diplomatie armes contre pétrole en fait un risque inévitable. Puis, il n’est pas difficile de l’imager dans un moment à venir où les États-Unis et la Chine sont fermés dans une lutte mondiale sur les réserves de pétrole restantes de la planète. En effet, de nombreux officiels à Washington pensent qu’une telle collision est presque inévitable. « La focalisation à court terme de la Chine sur la préparation pour des éventualités dans le Détroit de Taïwan… est un conducteur important de sa modernisation [militaire] », a noté le Département de la Défense dans l’édition 2008 de son rapport annuel « La puissance militaire de la République populaire de Chine ». « Toutefois, l’analyse des acquisitions militaires et de la pensée stratégique suggère que Pékin développe également des capacités à utiliser dans d’autres éventualités, comme un conflit sur les ressources… »

« Le conflit ou la coopération entre les Etats-Unis et la Chine est sans doute l'une des plus importantes questions géopolitiques du XXIe siècle. »

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Le conflit sur les réserves pétrolières planétaires n’est pas, cependant, le seul chemin que le nouveau statut d’énergie de la Chine pourrait ouvrir. Il est possible d’imaginer un avenir dans lequel la Chine et les États-Unis coopèrent dans la poursuite des alternatives du pétrole qui obvieraient au besoin la nécessité de diriger les sommes considérables dans les courses d’armements navals et militaires. Le président Obama et son homologue chinois, Hu Jintao, semblaient entrevoir une telle possibilité lorsqu’ils ont convenu en novembre dernier, au cours d’un sommet économique de Pékin, de collaborer dans le développement des carburants alternatifs et des systèmes de transport. À ce stade, seulement une chose est claire : la grande dépendance de la Chine au pétrole importé, le plus grand risque de conflit avec les États-Unis, qui s’appuie sur les mêmes fournisseurs d’énergie de plus en plus problématiques. Plus grande sera sa dépendance au charbon, moins confortable deviendra notre planète. En mettant d’avantage l’accent sur les carburants alternatifs, elle peut, probablement, en faire le domaine de la Chine du XXIe siècle. À ce stade, comment la Chine répartira ses besoins énergétiques parmi les divers carburants candidats demeure inconnu. Quel que soit son choix, cependant, les décisions sur l’énergie de la Chine agiteront le monde. Michael T. Klare Michael T. Klare est professeur d’études sur la paix et la sécurité dans le monde au Hampshire College et l’auteur, plus récemment, de Rising Powers, Shrinking Planet. Son précédent livre, Blood and Oil, a donné un film documentaire et est disponible surbloodandoilmovie.com. Pour réécouter la discussion de Michael T. Klare à propos de la domination de la superpuissance d’énergie de la Chine dans la dernière interview audio TomCast de Timothy MacBain, cliquez ici ou, pour le télécharger vers votre iPod, ici. Article original : Twenty-First Century Energy Superpower Traduction : Saïd Ahmiri pour le MecanoBlog ▶ Afficher 9 Commentaires ASEAN, ASIE DU SUD, ASIE DU SUD-EST, AUSTRALIE, CHINE, COLLIER DE PERLES, CORÉE DU NORD, CORÉE DU SUD, DÉTROIT DE LOMBOK, DÉTROIT DE MALACCA, DÉTROIT DE SUNDA, ETATSUNIS, GÉOSTRATÉGIE,HILLARY CLINTON, HU JINTAO, JAPON, MALAISIE, MER DE CHINE, MER DU JAPON, MER JAUNE,MILITARISATION, MULTIPOLARISATION, OCÉAN INDIEN, OCÉAN PACIFIQUE, SINGAPOUR, TAÏWAN, VIETNAM,WEN JIABAO

Les dangers de la rivalité qui s’accroît entre les Etats-Unis et la Chine Dans Géostratégie le 24 août 2010 à 22:20

par Peter Symond pour WSWS

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La secrétaire d’Etat Hillary Clinton et le secrétaire à la Défense Robert Gates dans la zone démilitarisée de la péninsule coréenne. Les nouvelles manoeuvres militaires américano-sud-coréennes ne sont qu'une énième intimidations des Etats-Unis à l'égard de la Chine, allié de la Corée du Nord.

Au cours du mois dernier, le gouvernement Obama a repris et accentué sa position de confrontation envers la Chine. Après un brève interruption en mai et juin, durant laquelle Washington cherchait à s’assurer le soutien de Beijing pour une nouvelle série de sanctions onusiennes contre l’Iran, les Etats-Unis ont délibérément attisé les tensions avec la Chine dans une série de mesures agressives en Asie de l’Est et du Sud-Est. Prenant la parole lors d’un forum sur la sécurité de l’Association des nations d’Asie du sud est (ASEAN) le 23 juillet, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’est rangée de façon provocatrice avec le Vietnam et d’autres pays d’ASEAN dans leurs conflits territoriaux avec la Chine au sujet de la Mer de Chine méridionale. Beijing avait dit à deux hauts représentants américains en mars dernier qu’il considérait la Mer de Chine méridionale comme un de « ses intérêts majeurs. » Néanmoins Clinton a ignoré le message et a appelé à « un accès ouvert » aux eaux auxquelles prétend la Chine, une démarche qualifiée par le ministre des Affaires étrangères chinois Yang Jichi de « quasi attaque contre la Chine. » Plusieurs jours plus tard, Les Etats-Unis ont commencé un exercice naval majeur conjoint avec la Corée du Sud en Mer du Japon malgré les objections de la Chine. Ces manoeuvres qui étaient présentées comme une riposte à l’allégation du naufrage par la Corée du Nord d’un vaisseau sudcoréen en mars impliquaient 20 navires de guerre sud-coréens et américains dont un énorme porte-avions, l’USS George Washington. Le Pentagone annonce à présent qu’un autre exercice naval aura lieu avec la Corée du Sud dans le courant de cette année dans la Mer Jaune, plus près encore de la Chine. La semaine dernière, le gouvernement Obama a divulgué les détails d’un pacte nucléaire en cours de négociation avec le Vietnam et qui ouvrirait la voie à la vente de la technologie américaine de réacteur nucléaire à Hanoï. Après avoir déjà soutenu le régime vietnamien concernant la Mer de Chine méridionale, ce marché nucléaire représente un signe de plus d’un alignement stratégique plus étroit entre les deux pays et dirigé contre la Chine. Comme prévu, cette action a provoqué la

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colère de Beijing qui a accusé Washington d’avoir « deux poids, deux mesures » ce qui « remet en cause l’ordre international actuel. »

La carte des revendications territoriales maritimes en Mer de Chine.

Derrière ces tensions, il y a des changements profonds dans l’équilibre mondial des forces. La croissance économique rapide de la Chine ces deux dernières décennies qui a fait d’elle cette année la deuxième plus importante économie mondiale derrière les Etats-Unis et devant le Japon, perturbe les relations au sein de l’Asie et dans le monde entier. Les Etats-Unis ont réagi à leur propre déclin économique historique par le recours à la puissance militaire pour essayer de s’assurer la domination des régions riches en énergie d’Asie Centrale et du Moyen-Orient, et de contrer la Chine par des alliances et des partenariats allant du Japon et de la Corée du Sud en passant par l’Asie du Sud-Est vers l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan. La crise économique mondiale de 2007-2008 a fortement exacerbé les rivalités entre ces deux puissances. Initialement, confronté au danger d’une crise financière, le gouvernement Obama avait cherché l’aide de Beijing. Etant le plus grand débiteur au monde, les Etats-Unis dépendent fortement des rentrées d’argent en provenance de la Chine. Mais avec l’accalmie temporaire de la tourmente financière, Washington a commencé à faire pression sur Beijing sur une série de questions, dont celle de la réévaluation de la monnaie chinoise, et d’initiatives concernant le commerce et le changement climatique. Dans le même temps, Washington a commencé à intervenir activement dans la région Asie-Pacifique.

la poupée Hillary Clinton (made in China)

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En juillet dernier, la secrétaire d’Etat américaine Clinton a dit en toute franchise à un sommet d’ASEAN en Thaïlande que les Etats-Unis étaient « de retour en Asie », une référence aux critiques à l’égard du précédent gouvernement Bush concernant sa négligence de l’Asie. Clinton a indiqué une nouvelle offensive diplomatique lorsqu’elle a dit aux reporters: « Je sais qu’un grand nombre de voisins de la Chine ont exprimé des inquiétudes [quant à l'accroissement de son influence], donc nous voulons renforcer nos relations avec de nombreux pays de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. » Les implications dangereuses de l’accroissement de frictions entre les Etats-Unis et la Chine ont été présentées lors d’une conférence à Sydney le 4 août par John Mearsheimer, professeur de science politique à l’université de Chicago, conférence intitulée « Le défi de la Chine face à la puissance de l’Amérique en Asie. » Invité en Australie par le Centre for International Security Studies de l’université de Sydney, Mearsheimer, analyste perspicace et fin de la politique étrangère, a dressé un portrait sombre des perspectives pour la paix en Asie et par extension dans le monde. Il a dit à un auditoire très nombreux d’étudiants, de responsables de la politique étrangère et de diplomates que du fait de son expansion économique extraordinaire, la Chine chercherait à devenir une puissance régionale et à exclure d’Asie ses rivaux potentiels, utilisant les mêmes méthodes impitoyables auxquelles les Etats-Unis avaient eu recours pour garantir leur prédominance dans l’hémisphère occidental, c’est-à-dire l’Amérique du Nord, Centrale et du Sud. « Les Australiens devraient s’inquiéter de l’émergence de la Chine, » a déclaré Mearsheimer, « car il est probable que cela conduira à une compétition intense pour la sécurité avec la Chine et les Etats-Unis, et comporte un potentiel considérable de guerre. De plus, la plupart des voisins de la Chine, dont l’Inde, le Japon, Singapour, la Corée du Sud, la Russie, le Vietnam et aussi bien sûr l’Australie, se joindront aux Etats-Unis pour contenir la puissance de la Chine. Pour dire les choses crûment : la Chine ne peut pas accroître son influence de manière pacifique. » Mearsheimer a exclu que toutes intentions pacifiques et expressions de bonne volonté pourraient éviter le conflit. Inévitablement, ce qu’un pays considère être une escalade militaire défensive est perçu par ses rivaux comme une dangereuse possibilité d’agression. Du point de vue des dirigeants chinois, a-t-il expliqué, il est tout à fait rationnel d’accroître les forces militaires d’un pays pour défendre ses intérêts dans le monde. En se fondant sur l’expérience récente, a déclaré Mearsheimer, les dirigeants chinois « vont presque certainement conclure que les Etats-Unis sont le pays belliciste et dangereux. Après tout, les Etats-Unis ont été en guerre durant 14 années sur 21 depuis la fin de la Guerre froide. Ce qui veut dire les deux tiers du temps. Et il ne faut pas oublier que le gouvernement Obama semble envisager une nouvelle guerre contre l’Iran. » L’expansion économique de la Chine en tant que plus grande plate-forme mondiale de travail à bon marché a nécessité une vaste expansion de ses importations de matières premières de tous les coins du globe. Plus de la moitié de son pétrole et de son gaz qui lui sont essentiels est importé, principalement du Moyen-Orient et d’Afrique. Pour cela la Chine est déterminée à s’assurer ses routes maritimes à travers l’Océan Indien en passant par la Mer de Chine méridionale en construisant une force maritime capable de sillonner les océans [blue water navy.] Les Etats-Unis sont tout aussi déterminés à ne pas la laisser faire et à maintenir leur propre prédominance navale.

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Mearsheimer a expliqué que l’Australie, qui a jusqu’ici essayé de garder un équilibre entre ses intérêts économiques en tant qu’exportateur majeur de minerais à la Chine et son alliance de longue date avec les Etats-Unis, serait inévitablement attirée dans le conflit entre les Etats-Unis et la Chine. Pour passer de l’Océan Indien à la Mer de Chine méridionale, a-t-il dit, le trafic maritime chinois n’a que trois options : Le détroit de Malacca, contrôlé dans les faits par Singapour, un allié étroit des Etats-Unis, ou les détroits de Lombok et Sunda traversant l’archipel indonésien, dont tous deux sont situés tout juste au nord de l’Australie. « Les mesures que la Chine prend pour neutraliser la menace que représente l’Australie pour ses voies maritimes … poussera certainement Canberra à travailler étroitement avec Washington pour contenir la Chine. » Mearsheimer a reconnu avec une certaine candeur qu’il trouvait ses propres conclusions «franchement déprimantes. » De plus, bien qu’il fût en train d’envisager l’impact de l’expansion de la Chine pour les deux décennies à venir, il existe des conséquences immédiates. Les EtatsUnis ont déjà démontré durant les vingt dernières années leur volonté de lancer des actions militaires agressives, notamment en Irak et Afghanistan, pour poursuivre leurs intérêts contre leurs rivaux. L’ensemble de la vision stratégique du Pentagone consiste à empêcher l’émergence d’une puissance, amie ou ennemie, capable de défier la suprématie militaire américaine. Les dernières mesures du gouvernement Obama en Asie font partie d’une stratégie visant précisément à préempter l’expansion de la Chine en contrant son influence régionale et en créant des obstacles majeurs à son expansion militaire. Le conflit Etats-Unis-Chine a des parallèles historiques significatifs. Au début du vingtième siècle, l’émergence de l’Allemagne comme puissance capitaliste dynamique avait attisé une compétition et une rivalité profondes avec l’empire britannique et d’autres puissances majeures, ce qui avait provoqué deux guerres mondiales dévastatrices. Dans les années 1930 et 1940, la montée du Japon et son besoin de marchés et de matières premières l’avait mis en rivalité avec les Etats-Unis et les intérêts grandissants de l’impérialisme américain en Asie. Il est significatif que l’extension de la Seconde guerre mondiale au Pacifique en 1941 a été déclenchée lorsque les Etats-Unis ont imposé un blocus sur le pétrole qui a menacé de paralyser le Japon. Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et comme Beijing en est tout à fait conscient, l’armée américaine cherche à maintenir sa capacité à bloquer l’approvisionnement à ses rivaux actuels et potentiels. Au moment où le capitalisme sombre dans sa pire crise économique depuis les années 1930, le danger se profile à l’horizon de rivalités entre grandes puissances sur les questions de marchés, de matières premières et de position stratégique, ce qui menace une fois de plus de se transformer en conflagration mondiale catastrophique, impliquant cette fois des pays en possession de l’arme nucléaire. L’unique force sociale capable d’empêcher une telle guerre est la classe ouvrière internationale, se mobilisant de façon unifiée à l’échelle mondiale pour abolir le système capitaliste et sa division dépassée du monde en Etats nations rivaux et en la remplaçant par une économie mondiale démocratiquement organisée et rationnellement planifiée. Telle est la perspective socialiste internationaliste avancée par le Comité international de la Quatrième Internationale et ses sections de par le monde.

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(Article original paru le 12 août 2010) Source : WSWS ▶ Afficher 6 Commentaires ASIE CENTRALE, CHINE, COLLIER DE PERLES, CSNU, DÉTROIT D'ORMUZ, DÉTROIT DE MALACCA, ETATS-UNIS, GAZODUC IPI, GAZODUC TAPI, GÉOPOLITIQUE DE L'ÉNERGIE, INDE, MOYEN-ORIENT, PAKISTAN,RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN, RÉSOLUTION 1929, RUSSIE, SANCTIONS DE L'ONU, TURKMÉNISTAN,TURQUIE

Au-delà des sanctions, la réalité de la géopolitique de l’énergie Dans Analyse, Géopolitique, Géostratégie le 2 août 2010 à 10:22

par Vincent Eiffling pour Chroniques Persanes Il clair que les sanctions internationales et peut-être plus encore les sanctions unilatérales prises par les Etats-Unis et l’Union européenne porteront un coup de frein à l’expansion du secteur des hydrocarbures iraniens ; nerf névralgique de l’économie du pays. Cependant, les développements survenus au cours de ce mois de juillet démontrent que malgré le contexte international actuel autour de la question nucléaire, le secteur énergétique iranien séduit encore les puissances étrangères.

Les tracés des projets de gazoducs IPI (rouge) et TAPI (vert).

Ainsi, ce 26 juillet, l’Iran a inauguré un nouveau gazoduc long de 902 km, reliant Assalouyeh, dans le sud-ouest du pays, à Iranshahr, dans la province du Baloutchistan (sud-est). Ce gazoduc constitue en fait la première partie du projet IPI (Iran-PakistanInde) auquel les Etats-Unis sont férocement opposés en raison du poids géopolitique que sa réalisation procurerait à Téhéran. Ce projet, connu également sous le vocable de

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“gazoduc pour la paix”, devrait permettre d’évacuer le gaz en provenance du gisement de South Pars en direction de l’Asie du sud. Washington a à plusieurs reprises fait pression sur Islamabad et New Delhi pour que ceux-ci abandonnent le projet. Les américains avaient réussi à en éloigner l’Inde pendant un cours laps de temps, notamment grâce à la signature d’un pacte de coopération bilatérale signé en 2008 dans le domaine du nucléaire civil – pacte qui alimentera d’ailleurs les diatribes iraniennes accusant Washington de mener une politique de deux poids deux mesures dans le domaine du nucléaire, l’Inde n’étant pas signataire du TNP à l’inverse de l’Iran. Or, au cours de ces derniers mois, l’Inde a pourtant à nouveau fait part de son intérêt pour le projet. Le vote de nouvelles sanctions, tant par le CSNU que par le Congrès, a par ailleurs suscités des craintes chez les officiels indiens, lesquels se sont dits préoccupés pour le futur de leur approvisionnement énergétique et pour leur liberté d’investissement dans ce secteur (certaines des nouvelles sanctions présentant un caractère d’extraterritorialité, caractère déjà présent depuis l’adoption de la loi d’Amato en 1996). En raison de l’instabilité persistante en Afghanistan, le projet IPI semble donc à nouveau prendre le dessus sur le projet TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan, Inde) dans les esprits des dirigeants indiens. L’Inde a par ailleurs évoqué la possibilité d’associer le Turkménistan au projet IPI en réalisant un tracé longeant la frontière orientale du territoire iranien et rejoignant le nouveau gazoduc tout juste inauguré. En outre, même si beaucoup s’interrogent à New Delhi sur la pertinence de mettre l’approvisionnement énergétique du pays dans les mains de son plus vieil ennemi (le Pakistan), l’intérêt marqué pour l’Iran n’en a pas disparu puisque la possibilité existe de créer un terminal de GNL dans le port iranien de Chabahar, lequel permettrait d’évacuer le gaz iranien vers le sous-continent indien sans passer par le territoire pakistanais. Enfin, les parties iraniennes et indiennes auraient également évoqué la possibilité de mettre en chantier un gazoduc sous-marin reliant les deux pays au travers de la mer d’Oman. Le ministre iranien des affaires étrangères a pour sa part évoqué une possible participation de la Russie et de la Chine au projet IPI. Pékin pourrait en effet profiter des infrastructures existantes pour les compléter par un tracé reliant le sud du Pakistan à la province du Xinjiang. La Chine avait déjà imaginé un projet similaire (resté pour l’heure sans suite), dans le secteur pétrolier toutefois : à partir du port pakistanais de Gwadar (port dans lequel elle a considérablement inveti ces dernières années et dans lequel elle dispose de facilités), élément le plus à l’est de son dispositif de collier de perles (ceinture de plusieurs ports entre le Moyen-Orient et Shangaï au sein desquels Pékin dispose de points d’ancrages afin de sécuriser ses importations pétrolières depuis le détroit d’Ormuz jusqu’en mer de Chine, en passant par le détroit de Malacca), Pékin envisageait de construire un terminal pétrolier et un oléoduc jusqu’au Xinjinag, ce qui lui aurait procuré plusieurs avantages : 1. Un gain considérable en distance à parcourir. 2. Un évitement du détroit de Malacca, zone géopolitique sensible qu’elle ne peut entièrement dominer dans la configuration actuelle du système international. 3. Un ancrage de son influence au Pakistan, rival de l’Inde, elle-même rivale de la Chine (les ennemis de mes ennemis sont mes amis …)

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Pour l’heure, même si les éventualités d’un participation russe et chinoise au projet IPI se cantonnent à de simples déclarations unilatérales en provenance de Téhéran, elles n’en témoignent pas moins de l’ambition que l’Iran entend jouer à l’avenir dans le secteur énergétique au sein de l’Eurasie. Autre fait marquant de ce mois de juillet, la signature entre l’Iran et la Turquie d’un accord prévoyant la construction d’un nouveau gazoduc de 660 km entre les deux pays, ce dernier devant également être approvisionné à partir du gisement de South Pars.

Une plate-forme gazière du gisement offshore de South Pars, considéré comme l'un des plus importants au monde.

Si ces projets témoignent bien de l’intérêt toujours existant que suscite le secteur énergétique iranien et plus encore, la position d’espace intermédiare du pays entre le Moyen-Orient et l’Asie Centrale, il reste que Téhéran va devoir trouver les crédits nécessaire à l’augmentation de sa production ce qui, sans l’assistance des occidentaux et malgré les discours optimistes des dirigeants de Téhéran, risque de s’avérer relativement complexe. Néanmoins, la signature de ces accords fait les choux gras du régime dans la mesure où ils lui permettent d’arguer que son “isolement international” est essentiellement le fait des occidentaux. Source : Chroniques Persanes

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Madagascar dans le Collier de perles chinois GEOPOLITIQUE OCEAN INDIEN Madagascar dans le Collier de perles chinois

http://archipelnews.blogspot.com/2011/06/geopolitique-ocean-indien.html Nul n'ignore la difficulté sur le traitement du cas de transfert de pouvoir survenu à Madagascar en mars 2009. Ce pays est même devenu « l’épine dans le pied » de la Communauté Internationale, cette dernière qui n’a pas bougé d’un iota sur sa considération du cas malgache : oui, il y a eu « coup d’état » à Madagascar, d’où le maintien des sanctions et toutes déconsidérations qui en découlent. Nous n’allons plus réciter le parcours suivi par les politiciens malgaches, imposé par la Communauté Internationale qui a mandaté la SADC pour le cas Madagascar. Le dernier revirement du 17 juin 2011, après la décision commune des chefs d’Etats de la SADC à Sandton le 11 juin, a divisé davantage l’opinion. « Mais où veut-elle (la SADC) en venir », « La SADC se dédit », … titrait la presse malgache. Si la SADC et l’opinion en général se sont concentrées sur le cas du retour avec ou sans conditions de Ravalomanana, le régime transitoire fait le dos rond car, à tort ou à raison, il s’est fixé un cap sans condition pour régler la crise : les élections. Mais il y a un inconnu de taille : le calendrier électoral. La réunion du 17 juin des trois communautés africaines, SADC, EAC et COMESA a accouché d’une autre forme d’exclusion pour Madagascar. En effet, la Grande Ile était absente de cette réunion pour la création et de la mise en place d’un axe économique fort partant de l’Afrique du Sud jusqu’en Egypte, traçant une zone de libre échange pour l’Afrique. L’objectif est que l’Afrique parlera désormais « d’une même voix » lors de ses échanges et négociations auprès des partenaires d’autres continents. Jacob Zuma, le président sud africain appelle « la responsabilité commune des 26 pays concernés par ce projet pour la création d’un marché commun africain porteur d’une valeur économique réelle ». « Cela ne peut se faire du jour au lendemain, il y a beaucoup d’obstacles et de barrières à affronter », indique le Roi Mswati du Swaziland. Les plus grands de ces obstacles sont les pays africains instables, quatre exactement et qui sont invités à intégrer totalement au projet : Libye, Madagascar, Soudan et Zimbabwe. Le projet de cette zone de libre échange est appelé à voir le jour d’ici trois ans, délai fixé par les dirigeants des Etats membres de cette communauté désormais tripartite SADC – EAC – COMESA. Si on lève un peu les yeux en considérant les problèmes dans un cadre global, planétaire, le continent africain est actuellement en phase de mutation et surtout en passe de négocier un nouveau virage historique, virage provoqué par des forces étrangères pour certains. Ce pourrait être le cas de la Libye, de Madagascar et du Soudan.

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Pour le cas particulier de Madagascar, un appel d’air très fort se fait actuellement sentir dans la région de la Grande Ile et du Canal de Mozambique. Plus personne n’ignore la volonté réelle de la Chine de contrôler le bassin de l’Océan Indien. La Transition malgache en a fait son premier partenaire financier à travers des projets d’extraction de minerais, des projets d’infrastructure et d’équipement, à l’image du puissant groupe chinois CIF en Angola. Discrètement, la Chine a aussi installé des unités commerciales et armées dans plusieurs zones portuaires de l’Asie du Sud et aux larges de l’Océan Indien pour accompagner et sécuriser sa croissance effrénée. Une vague de navires chinois a colonisé l’autoroute maritime Afrique – Asie et on compte actuellement plus de 6000 navires de fort tonnage chinois qui appareillent dans les ports de l’Océan Indien. Mais le plus troublant est la véracité de la crainte de l’Inde et des Etats-Unis évoquant la présence de navires de guerre chinois dans la Mer de Chine du Sud dans laquelle l’Empire du Milieu s’arroge une largeur dépassant les accords internationaux. Pas plus tard que le 6 juin 2011, des centaines de vietnamiens ont manifesté devant l’ambassade de Chine à Hanoï en accusant des navires chinois d’avoir sectionné un câble d’un navire pétrolier vietnamien dans la Mer de Chine du Sud. Dans la même semaine, les Philippines ont protesté auprès des chinois à propos d’un projet de la Chine concernant une installation de plates-formes pétrolières toujours dans la zone de la Mer de Chine du Sud, zone souveraine revendiquée par les Philippines. La Chine a émis une fin de non recevoir en invoquant « une souveraineté incontestable de la Chine sur la majorité de la Mer de Chine ». L’inévitable affaire « Ben Laden », conclue par sa chute a encore envenimé les rapports sinoaméricains. Le 1er mai 2011, un commando américain a fait une incursion dans la ville d’Abbottabad, au Pakistan, cette opération a été aidée par des drones. Cette incursion américaine constitue pour beaucoup de pays une violation flagrante de la souveraineté territoriale pakistanaise. Times of India a affirmé dans ses colonnes les propos de parlementaires pakistanais citant que la Chine, « un allié puissant du Pakistan », « a prévenu clairement qu’une attaque contre le Pakistan, un pays souverain, serait considérée comme une attaque contre la Chine ». Et le ministre pakistanais de la défense Gilani de surenchérir que « le Pakistan est appelé à répondre sans hésitation par la force à toute forme d’atteinte à sa souveraineté ». Ce double avertissement constitue la première menace réelle de risque de conflit ouvert contre les Etats-Unis « depuis la guerre froide contre l’URSS sur la crise de 1958 à Berlin », selon le Pentagone. Le Pakistan est une « puissance nucléaire de fait », comme l’Inde, les deux ayant intégré le groupe restreint des puissances nucléaires « officielles » constituées par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine. L’Arabie Saoudite s’est invitée elle aussi « au bal » en finançant la défense pakistanaise, déjà forte de 50 avions de chasse JF17 chinois envoyés dans la zone le 18 mai 2011 pour « éliminer les drones américains » et appuyer les positions chinoises dans le port de Gwadar dans le détroit d’Hormouz au Pakistan. Selon plusieurs observateurs, une information capitale constitue les raisons de cette montée de tension : la Chine possède 66 missiles intercontinentaux capables de frapper directement les Etats-Unis, 118 missiles de moyenne portée dont certains sont installés chez des « pays amis » dans le Moyen Orient dont le Pakistan, et 36 missiles qui peuvent être lancés à partir de sous-marin. C’est la logique du « Collier de perles » chinois dans l’occupation de l’Océan Indien et de l’Est de l’Afrique comme le surnomme les observateurs géopolitiques. Et le 23 juin 2011, les Etats-Unis et la France font une annonce officielle commune pour accélérer le retrait de leurs soldats postés en Afghanistan et aux frontières du Pakistan. Ce qui fait réfléchir, c’est que le cas des drones américains qui pullulent dans la région qui n’a pas été évoqué dans ce communiqué… En parlant de sous-marin, l’Océan Indien et les côtes africaines seraient « infestés » de sous-marin et de navires de guerre chinois, selon l’observatoire Indien au nord de Madagascar et ceux américains dans l’Océan Indien. Ces postes avancés dans ce bassin ont déjà accusé ouvertement la Chine d’appuyer les pirates des eaux territoriales somaliennes et internationales de l’Afrique de l’Est. Entre janvier et mai 2011, 117 navires ont été attaqués au large de la Somalie, 20 bateaux ont été détournés, 338 personnes prises en otage et 7 marins tués. Le groupe CMA CMG affirme avoir essuyé une douzaine d’attaques en moins de trois mois dans l’axe Kenya – Mozambique. MSC, AP Moller Maersk, Cosco et Evergreen ont rejoint CMA CGM dans l’éventualité pressante de prendre le chemin plus long pour contourner l’Afrique au cas où la question des pirates ne serait pas résolue. Ce qui renforce le choix de la Chine sur l’autoroute maritime Afrique – Asie… et le « Collier de perles ». Le mois de mai et juin 2011, nous avons assisté impuissants à une Afrique et un Moyen Orient qui « brûlent ». Les pays de ces zones passent un à un dans une situation de conflit ou de transition politique difficile : Côte d’Ivoire, Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, Bahreïn, Yemen, Madagascar, Zimbabwe, Soudan, … et au même moment, un navire de guerre chinois s’engouffre dans la Mer Méditerranée prétextant vouloir sécuriser ses navires commerciaux utilisant le Canal de Suez. Le 17 juin 2011, l’Afrique se réveille pour lancer le projet d’Alliance tripartite SADC – EAC – COMESA pour la zone de libre échange. Pour qui, et pourquoi maintenant ?

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Le 29 avril 2011, suivant la ratification le 22 avril 2001 de la Convention Internationale sur le Droit de la mer et donnant 10 ans aux signataires, jusqu’au 21 septembre 2011 pour le cas de Madagascar, ce dernier a soumis aux Nations Unies un document d’une importance capitale pour le pays et ses voisins, document apporté par Zina Randrianarivelo Razafy, ambassadeur de Madagascar auprès de l’ONU en présence de M.Rajal, directeur adjoint de la division des Affaires maritimes et du Droit de la mer et secrétaire de la Commission de l’ONU des Limites du plateau continental, ce document revendiquant la possession par Madagascar de certaines des îles éparses françaises dans le Canal de Mozambique et des îles occupées par les américains dans l’Océan Indien, dossier manifestement appuyé par l’île Maurice, le Mozambique et les Comores, qui sont eux aussi contre la présence de la France et des Etats-Unis dans la région. Souvenons-nous de la prise de position de l’île Maurice, des Comores et du Mozambique pour la Transition malgache actuelle. Andry Rajoelina a même été le seul président présent aux Comores pour installer Ikililou Dhoinine, le nouveau président des Grandes Comores, aux cotés de représentants diplomatiques étrangers dont les présences chinoise, qatarie et saoudienne ont été très remarquées. Cette question des îles éparses sera examinée à partir du mois d’août au sein de la Commission de l’ONU des Limites du plateau continental et risque de s’ajouter aux questions qui maintiennent déjà Madagascar au milieu d’une tension sur les débats et les positions géopolitiques dans l’Océan Indien et en Afrique. Archipel ------------------------------

Les missiles nucléaires chinois à l'abri d'un tunnel secret Arnaud de La Grange, à Pékin Mis à jour le 18/12/2009 à 21:43 | publié le 19/12/2009 à 21:28 –lefigaro.fr

Des soldats chinois devant un missile nucléaire. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Pékin aurait construit depuis 1995 une «grande muraille souterraine» de 5.000 km pour protéger son arsenal.

Les dirigeants de la Chine communiste tiennent enfin leur Grande Muraille, invisible pour les yeux celle-là. La presse officielle chinoise vient en effet de rendre compte d'une incroyable nouvelle, tant par l'ampleur de l'ouvrage que par sa divulgation elle-même.

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Selon le Journal de la Défense nationale, l'Armée populaire de libération (APL) aurait terminé le creusement d'un gigantesque tunnel de 5.000 kilomètres de long destiné à abriter ses missiles nucléaires. En Chine, rien n'est jamais petit, mais la longueur d'un tel ouvrage souterrain laisse pantois. D'autant qu'il est précisé que sa profondeur peut atteindre 1.000 mètres. Il se situerait dans les zones montagneuses du nord du pays. Des dizaines de milliers de soldats auraient été mobilisés pour sa construction depuis 1995. À cette époque, les experts se rappellent qu'un article discret avait évoqué l'affectation de 10.000 soldats chinois à des travaux au profit de la «deuxième artillerie». Le vocable englobe la force nucléaire chinoise, mais aussi des missiles conventionnels. En 2008, un nouveau reportage de la télévision officielle chinoise CCTV avait de nouveau parlé de grands chantiers souterrains destinés à protéger les forces stratégiques chinoises contre une attaque nucléaire. La presse chinoise estime que ce tunnel de tous les records serait destiné à garder une capacité de seconde frappe si le pays était victime d'une attaque nucléaire. La doctrine nucléaire chinoise a toujours été de «non-emploi en premier» avec un arsenal juste «suffisant» et destiné à l'autodéfense. Pékin s'engage aussi à ne pas l'utiliser ou menacer de l'utiliser contre les pays qui ne détiennent pas d'armes nucléaires.

Affirmation de puissance Dans le budget chinois de la Défense à deux chiffres, des moyens financiers importants sont cependant mis à disposition de la «deuxième artillerie». Et la Chine a déjà construit plusieurs sousmarins nucléaires lanceurs d'engins, même s'ils ne sont pas encore opérationnels, pour mener des patrouilles de dissuasion. Il semble ainsi que la marine ne maîtrise pas encore la difficile technique d'un tir de missile depuis une plate-forme sous-marine. Un journal de Hongkong suggère que la révélation de cette cache d'armes géante est un signe de plus de la volonté d'affirmation de la puissance chinoise. L'article militaire évoque lui-même le concept osé de «grande muraille souterraine». Il est vrai que, sur le plan de la distance, on n'en est pas très loin, puisque le fameux ouvrage élevé pour protéger l'empire des invasions du Nord est long de 6.700 kilomètres (voire 8 800 selon de récentes découvertes). Le souterrain à missiles n'en fait que 5 000 mais, après tout, l'APL n'a peut-être pas fini de creuser.

Polémique autour de l'armement nucléaire chinois 13/12/2011 | Lia Le Men (Aujourd'hui la Chine).

Un nouvelle étude de l'université de Georgetown relance le débat sur le nucléaire chinois en supposant l'existence d'un arsenal dix fois plus important qu'estimé habituellement.

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Depuis son premier essai nucléaire en 1964, la Chine maintient le silence sur l'état de son armement, ce qui donne lieu à de multiples spéculations sur la réalité de sa force militaire. Ces dernières années, Pékin a savamment entretenu la controverse en communicant sur la construction d'un vaste réseau de tunnels, supposé dissimuler l'arsenal de l'Armée Populaire de Libération. « La grande muraille souterraine » Commencé en 1995, ce labyrinthe de 5000 km permettrait la circulation de trains chargés de missiles balistiques, rampes de lancement mobiles et autres têtes nucléaires. En 2006, en réponse au discours de quelques analystes américains sur la faible force de frappe de la Chine, les médias officiels diffusent les premièresinformations sur la « grande muraille souterraine ». En 2008, un documentaire de CCTV évoque la mise en place d'installations permettant au pays de se ménager une capacité de contre-attaque en cas de conflit. Et en 2009, la deuxième division d'artillerie, en charge des missiles stratégiques, ouvre partiellement les portes du réseau enfin achevé aux journalistes locaux. La « grande muraille souterraine » est donc étonnamment médiatisée pour un site militaire. Mais si son existence est bien connue, on ne sait pas pour autant ce qu'elle abrite. Et elle est aujourd'hui, plus qu'un fantasme pour amateurs de science-fiction, le cœur d'un débat scientifique acharné. Une nouvelle étude de l'université de Georgetown a relancé la polémique le mois dernier en estimant à 3000 le nombre d'ogives dissimulées dans ces tunnels, un nombre 10 fois supérieur à celui avancé jusqu'à présent. Combien de têtes nucléaires chinoises ? Alors que la plupart des rapports d'Etat estimaient de 300 à 400 le nombre de têtes nucléaires possédées par la République Populaire de Chine, le chiffre avancé par l'équipe du professeur Phillip Karber a fait l'effet d'une petite bombe dans le milieu des analystes américains. Chacun y allant de son argument, l'étude a été maintes fois critiquée pour ses méthodes. Parmi celles-ci, la comparaison entre des images satellite et des extraits d'un

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docudrama de la CCTV tourné sur des sites militaires a donné lieu à de nombreuses remarques ironiques

Comparaison entre une image satellite et un extraitde docudrama de CCTV

Université de Georgetown

Mais ce sont surtout ses allégations qui ont alimenté le débat. Pour la plupart, le chiffre donné serait tout simplement incompatible avec les ressources chinoises en plutonium. Léger problème, ces ressources sont elles-mêmes l'objet de spéculations, Pékin ne communiquant pas à ce sujet. Le rapport de l'université de Georgetown n'est pas le premier à déclencher le débat sur le nucléaire chinois, et il n'est probablement pas le dernier. En l'absence de sources sûres, les spéculations se répandent comme une traînée de poudre et se confrontent les unes aux autres dans les médias occidentaux. Et en Chine, la transparence de la politique d'armement n'est pas à l'ordre du jour, comme en témoigne le peu d'avancées des négociations internationales sur la non-prolifération. Un dialogue de sourds Pour l'analyste américain Gregory Kulacki, spécialiste du nucléaire chinois, au bout de dix ans de dialogue, les discussions avec Washington sont au point mort. « Si les experts ont raison, nous sommes supposés vivre dans l'ère post-guerre froide. On peut parfois en douter en observant ces négociations. » note-t-il sur Allthingsnuclear.org. La Chine demande l'assurance que les Etats-Unis ne seront pas les premiers à utiliser leurs armes de destruction massive et n'y auront recours que pour riposter à une attaque nucléaire. De son côté, Washington refuse de donner cette garantie, argumentant sur la nécessité d'une connaissance réciproque des forces pour entamer des négociations. Un refus incompréhensible pour Pékin, selon l'analyste. Il est communément admis que l'armement nucléaire chinois est bien moins important que celui des Etats Unis. Toute la force de dissuasion de la Chine reposerait sur la réputation d'une capacité de seconde frappe suffisamment importante pour que nul ne songe à la provoquer, par peur des représailles. Il est donc hors de question d'étaler au grand jour ses capacités nucléaires. Dans l'art de la dissuasion, le doute est parfois plus efficace que la connaissance.

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A lire aussi : Une grande muraille souterraine pour ranger des armes nucléaires en Chine ?

Une grande muraille souterraine pour ranger des armes nucléaires en Chine ? le 17/12/2009 à 10h46 par Mathilde Bonnassieux (Aujourd'hui la Chine) Poster un commentaire : (28 avis)-Science&Alternative L'armée chinoise aurait creusé un gigantesque tunnel dans le nord-est du pays pour ranger ses missiles et conserver une capacité de seconde frappe en cas d'attaque nucléaire, selon un journal proche du gouvernement. Les nouveaux missiles ballistiques inter-continentaux Dongfeng 5 présentés lors du défilé des 60 ans de la RPC à Pékin, le 1er octobre 2009 L'Armée chinoise aurait achevé la construction d'un tunnel souterrain de 5500 kilomètres de long démarrant dans la province du Hebei, située dans le nord-est du pays, pour y dissimuler des missiles. S'appuyant sur un courrier officiel de l'Armée Populaire de Libération, le quotidien hongkongais Ta Kung Pao, souvent considéré comme la voix des autorités de la République populaire, révèle dans ses colonnes que la deuxième division d'artillerie, l'escadron en charge des missiles stratégiques chinois, a construit un immense tunnel sous cette province montagneuse du Hebe pour y cacher ses armements nucléaires, dont le fameux missile balistique intercontinental Dongfeng 5, d'une portée de 13000 kilomètres. La construction de cette cache-d'armes surnommée "la Grande muraille sous-terraine" a mobilisé des dizaines de milliers de soldats depuis 1995, a rapporté la CCTV. Elle doit permettre de maintenir une capacité de seconde frappe en cas d'attaque sur le sol chinois. La télévision officielle avait déjà diffusé en mars 2008 un documentaire révélant que la plus grande armée du monde travaillait à la mise sur pied d'installations sous-terraines pour rendre ses missiles indétectables et lui permettre ainsi de mener une contre-attaque en cas d'attaque nucléaire. Reste à savoir pourquoi l'Armée Populaire de Libération est désireuse de communiquer sur le sujet. Le Ta Kung Pao souligne que la révélation de l'existence du tunnel, jusqu'ici tenue secrète, est une première et montre la confiance du gouvernement en sa puissance militaire.

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Pékin juge sévèrement l'accord sur la dette publique américaine France 24-: 03/08/2011

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Pour la Chine, l'adoption du texte permettant aux États-Unis d'éviter un défaut de paiement ne parviendra pas à "désamorcer la bombe de leur dette". Dans la foulée, l'agence de notation chinoise Dagong a abaissé la note de la dette américaine. Par Dépêche (texte)

AFP - La Chine a accueilli durement mercredi l'adoption d'un plan qui évite un défaut de paiement aux Etats-Unis, estimant qu'ils échouaient à désamorcer "la bombe de leur dette" et confirmant son intention de limiter sa dépendance au dollar pour ses énormes réserves de change. L'agence de notation financière chinoise Dagong a par ailleurs abaissé la note de la dette souveraine américaine dans la foulée. L'adoption par le Congrès américain d'un texte permettant d'éviter un défaut de paiement des Etats-Unis au moins jusqu'en 2013, a échoué à désamorcer "la bombe de la dette", a jugé mercredi, en des termes très sévères, Chine nouvelle. Un échec à maîtriser les emprunts américains pourrait affecter le "bien-être de centaines de millions de familles au Etats-Unis et à l'étranger", estime l'agence officielle. Le gouverneur de la Banque centrale, Zhou Xiaochuan, a annoncé que "les réserves de change de la Chine vont continuer à suivre les principes de la diversification des investissements et de la gestion des risques", dans un communiqué. Les réserves de change de la Chine, les plus importantes au monde, ont atteint 3.197 milliards de dollars fin juin, en augmentation de 30,3% sur un an, selon la banque centrale. Mais la Chine est préoccupée car elle est de loin le plus grand créancier des Etats-Unis, et détenait en mai quelque 1.160 milliards de dollars de bons du Trésor américains. La crise de 2008 a renforcé l'inquiétude de la Chine sur ces avoirs et l'a poussée à investir davantage en euros --pour des montants non divulgués mais jugés modestes par les analystes-notamment en France et en Allemagne. La marge d'action de la Chine reste toutefois limitée, selon les experts. "Je suis convaincu qu'ils souhaitent une diversification (de leurs réserves) mais cela ne concernera que des marges", a affirmé à l'AFP Alistair Thornton, analyste chez IHS Global Insight. "En fait il serait compliqué pour la Chine de se diversifier aux dépens de l'achat de dette américaine sans radicalement changer tout son modèle économique", a-t-il expliqué.

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"Il n'existe pas d'autre marché aux liquidités aussi importantes que les Etats-Unis", ajoute-t-il, pour expliquer les achats massifs par la Chine de dette américaine. La Chine "dispose de très peu d'options pour investir sur les marchés internationaux ses réserves de change massives", a confirmé Yin Zhentao, de l'Académie des sciences sociales. La déclaration très critique de Chine nouvelle sur l'accord américain sur la dette intervient après des commentaires très négatifs, lundi et mardi dans la presse officielle chinoise. "Même si les Etats-Unis ont fondamentalement évité le défaut de paiement, les problèmes de leur dette souveraine demeurent non résolus", avait jugé le Quotidien du peuple, organe officiel du Parti communiste. La télévision d'Etat avait elle aussi critiqué l'accord de dernière minute conclu entre le président Obama et le Congrès. "Il s'agit d'un spectacle politique qui est plus un effet d'annonce qu'(un accord de) fond", avait-elle estimé. L'agence de notation chinoise Dagong a de son côté abaissé la note des Etats-Unis. Elle passe de A+ à A avec une perspective négative, a précisé Dagong, qui assure être indépendante mais doit encore prouver dans le temps une réelle crédibilité. Le relèvement du plafond de la dette publique américaine ne pourra qu'"aggraver encore" la crise, a estimé Dagong. Le 14 juillet, Dagong avait assorti d'une perspective négative son évaluation de la dette souveraine des Etats-Unis, qu'elle avait déjà abaissée d'un cran en novembre 2010, de AA à A+. L'agence de notation chinoise suit une méthodologie distincte de celle des agences anglosaxonnes Moody's, Fitch ou Standard & Poor's. Contrairement aux trois agences qui accordent aux Etats-Unis le sésame Aaa, Dagong n'avait pas accordé à Washington cette note maximale.

La Chine achète de l'or, les défis du dollar américain Câbles Wikileaks allèguent que la Chine est l'achat d'or pour affaiblir la suprématie du dollar américain comme monnaie de réserve du monde. Chris Arsenault Dernière modification: 13 septembre 2011 15:16-ALJAZEERA

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La Chine envisage de laisser son commerce devise librement sur les marchés internationaux en 2015 [EPA] La Chine se déplace une partie de ses avoirs étrangers en or et au détriment du dollar américain, sapant le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale, selon un télégramme récemment publié Wikileaks. «Ils [les Etats-Unis et l'Europe] ont l'intention d'affaiblir la fonction de l'or comme monnaie de réserve internationale. Ils ne veulent pas voir d'autres pays se tourner vers les réserves d'or au lieu du dollar américain ou euro", a déclaré le câble 2009, citant chinois international des radiocommunications . «Réserves d'or de la Chine ont augmenté agira donc comme un modèle et conduire vers d'autres pays en réservant plus d'or." Le câble est intitulé "La Chine augmente ses réserves d'or afin de tuer deux oiseaux avec une pierre". Pris ensemble avec politiques récemment annoncées par les responsables bancaires chinois, il peut signal se déplace par la Chine pour éventuellement remplacer le dollar américain comme monnaie de réserve du monde. La semaine dernière, les représentants des entreprises européennes a annoncé que la Chine prévoit de rendre sa monnaie, le yuan, entièrement convertible pour la négociation sur les marchés internationaux en 2015. Zhou Xiaochuan, gouverneur de la banque centrale de Chine, a dit le marché offshore pour le yuan est "le développement rapide que nous l'avions imaginé", mais il n'ya pas de calendrier définitif pour rendre la monnaie entièrement convertible. Actuellement, le yuan ne peut pas être facilement convertis en d'autres devises, en raison des restrictions gouvernementales. Les avoirs en or de la Chine sont faibles par rapport aux autres grandes économies. Il a 1054 tonnes, les réserves de sixième dans le monde, selon les données de la World Gold Council. Dollar dilemme Acheter de l'or et de permettre au yuan d'être échangés librement affaiblirait la domination du dollar américain comme monnaie de réserve internationale. Le déménagement aurait des implications majeures, ce qui rend plus coûteux pour le gouvernement américain à emprunter de l'argent et pour exécuter des échanges perpétuels et les déficits budgétaires. "Les Etats-Unis est utilisé pour avoir la position d'avoir la monnaie de réserve clés, mais d'autres sont impatients de le remplacer", a déclaré Josh Aizenman, un professeur d'économie à l'Université de Californie et présidente de l'International Economics and Finance Society. En tant que monnaie de réserve, le dollar américain est la valeur par défaut pour les transactions internationales. Si, par exemple, une entreprise sud-coréenne veut acheter le vin du Chili, les chances sont elles effectuer la transaction en dollars. Les deux sociétés doivent alors acheter des dollars pour mener leurs activités, conduisant à une plus grande demande. La valeur des marchandises mondiales, comme le pétrole, est aussi généralement délimitées en dollars américains. Être une monnaie de réserve permet aux États-Unis d'emprunter à des taux d'intérêt bas, les banques centrales du monde entier sont désireux d'acheter la dette du gouvernement américain. "Tout pays qui ne peut financer ses dépenses en imprimant de l'argent ou vendre des obligations est essentiellement d'obtenir un repas gratuit», Aizenman déclaré à Al Jazeera. Avec changement apparent de la Chine du cœur, que «repas gratuit» aujourd'hui pourrait venir avec un onglet lourd.Compte tenu du déficit commercial massif des États-Unis, les Américains moyens pourraient être envoyés à la cuisine du restaurant pour laver la vaisselle si le dollar perd son statut de monnaie de réserve du monde. "La Chine, jusqu'à récemment, était axé sur l'achat du dollar américain par des obligations", a déclaré Aizeman.Depuis la crise économique, le dollar américain a chuté par rapport aux autres principales

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devises, en particulier le franc suisse, dollar canadien et le real brésilien. Cela laisse la Chine dans une impasse, selon les analystes. Réserve des devises En Mars 2011, la Chine a tenu 3.04tn $ de dollars américains en réserve, Xinhua Nouvelles agenecy signalés. C'est le plus grand détenteur de bons du Trésor américain, ou la dette publique, avec 1.166tn $ en date du 30 Juin 2011, selon le San Francisco Chronicle. Ainsi, la dévaluation importante du dollar nuirait Chine, car il serait gauche tenant des liasses de papier sans valeur. "Si vous devez à la banque de 100 $, c'est votre problème. Si vous devez à la banque de 100 millions de dollars, que le problème de la banque», l'industriel américain Jean Paul Getty a déjà fait remarquer, dans une parabole qui résume la situation difficile de la Chine. "La Chine est verrouillé dans une position où ils ne peuvent vendre une grande partie de leurs réserves en dollars du jour au lendemain sans se blesser», a déclaré Aizenman. "Il est trop tard pour aujourd'hui à se diversifier rapidement le stock qu'ils ont déjà accumulés." La réponse: l'or Acheter. Tout le monde semble être le faire. La valeur de la marchandise étincelant, inutiles à des fins plus pratiques, ont augmenté de près de 400 pour cent, passant de moins de 500 $ l'once en 2005 à environ $ 1900 en Septembre. «L'or a augmenté en valeur en raison de l'incertitude dans l'économie mondiale", a déclaré Mark Weisbrot, co-directeur du Centre for Economic Research and Policy, un think-tank de Washington. «Normalement, l'or augmenterait en raison de la forte inflation. C'est une réserve de valeur qui augmente s'il ya inflation. Mais dans ce cas, il va jusqu'à parce que personne ne sait où encore de mettre leur argent." Dans le câble Wikileaks, la Chine a allégué que "les Etats-Unis et l'Europe ont toujours supprimé la hausse du prix de l'or», mais ni Weisbrot ou Aizenman pense d'une telle politique se déroule ou même possible. Actuellement, la Chine impose des contrôles stricts sur sa monnaie, ce qui limite les étrangers de faire des affaires dans le yuan ou la négociation sur les marchés des changes. Cela pourrait changer dans les cinq prochaines années, selon la récente annonce du gouverneur de Xiaochuan. En détenant ces vastes réserves de devises américaines, et à travers le contrôle du yuan, la Chine peut maintenir sa monnaie inférieure à ce qu'elle serait si elle flottait librement. Cela rend les exportations chinoises moins chères. La relation, dans laquelle les investissements chinois en obligations du gouvernement américain permet faibles taux d'intérêt pour les Américains d'acheter des produits chinois, qui a bien fonctionné pendant les 15 dernières années.En 2010, les Etats-Unis a enregistré un déficit du commerce 273.1bn $ avec la Chine. «Nous payons nos dettes en dollars afin que nous puissions imprimer de l'argent pour payer nos dettes internationales», Weisbrot déclaré à Al Jazeera. En raison du statut du dollar comme monnaie de réserve, les Etats-Unis "peut fonctionner indéfiniment des déficits commerciaux», tandis que l'emprunt international sans répercussions graves, ce qui donne la plus grande économie au monde un "grand avantage", at-il dit. Si l'or, le yuan, ou une combinaison des autres devises a remplacé le dollar, les Etats-Unis perdraient cet avantage. Sans un remplacement à court terme, rien ne remplacera le dollar comme monnaie de réserve du monde dans les cinq prochaines années au moins. Mais rien ne dure éternellement. «Quand ils [la Chine] veulent la chute du dollar, ils vont le laisser", a déclaré Weisbrot. "Le dollar va baisser à terme mais qui pourrait être une longue absence."

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Le sort du dollar, malgré un câble séparé WikiLeaks expose certaines des ambiguïtés plus large des plus importants du monde des relations économiques, ou «ChinAmerica", comme il a été surnommé par l'historien Niall Ferguson. «Personne en 1979 aurait prédit que la Chine allait devenir les Etats-Unis" plus importante relation en trente ans ", a indiqué le câble. "Personne aujourd'hui ne peut prédire avec certitude où nos relations avec Pékin sera de trente ans plus tard."

La Chine et le Japon conviennent pousser la monnaie Par Simon Rabinovitch à Pékin/Financial.times-27.12.2012

La Chine et le Japon vont promouvoir l'utilisation de leur monnaie pour le commerce et l'investissement, selon un accord qui selon les analystes a été en grande partie un geste symbolique car il a été avare de détails. Les deux économies asiatiques ont dit qu'ils voulaient réduire les coûts et les risques pour leurs entreprises - un appel implicite à moins de dépendance sur le dollar, qui est actuellement leur support prédominant d'échange. Le Japon a également confirmé un plan pour acheter des obligations du gouvernement chinois, ce qui marquerait la première fois il a ajouté renminbi dette libellée à ses réserves de change. Selon les analystes, l'accord pourrait aider à stimuler le rôle du renminbi en Asie et dans le monde, mais que ce n'était que l'une des nombreuses étapes de minuscules que Pékin a prises pour élever le statut de sa monnaie et que la position du dollar comme monnaie de réserve mondiale Premiere était sûr pour l'instant. «C'est un geste symbolique. Avant le Japon a essayé de promouvoir le yen comme monnaie internationale pour que l'Asie, donc ce sera bien accueillie par le gouvernement chinois ", a déclaré Shen Jianguang, économiste chez Mizuho Securities. Par ailleurs, le Trésor américain a de nouveau refusé mardi de nommer formellement la Chine comme un manipulateur de devises, mais il a dit que le rythme d'appréciation du renminbi a été inadéquate. Dans son rapport de change deux fois par an, dont il a prises pour libérer à un moment où il est peu probable d'obtenir une

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large couverture médiatique, le Trésor a continué à appeler pour Pékin afin de permettre une plus grande flexibilité du renminbi tout en disant que le régime de la monnaie chinoise ne répondaient pas aux définition formelle de la manipulation. Bien que la «manipulation» de désignation a atteint une importance politique symbolique, au Congrès américain, en nommant la Chine comme un manipulateur qui exigent simplement le Trésor à entrer en négociations avec Pékin - quelque chose que les fonctionnaires du Trésor affirment qu'ils le font déjà, en tout cas. Alors que les flux commerciaux ont explosé entre la Chine et le Japon, leur politique officielle de coopération a été freinée par les tensions de différends territoriaux pour blessures historiques. Les deux pays ont déclaré que l'accord financier, signé après Yoshihiko Noda, le Premier ministre japonais, a visité Pékin le jour de Noël, était destiné à favoriser une plus grande coopération et la stabilité. Il sera, toutefois, prendre le temps d'évaluer si leur pacte a été significatif en termes économiques. Bien que les rapports des médias chinois fait une grosse affaire de l'engagement d'encourager l'utilisation des monnaies des pays eux-mêmes pour régler les échanges commerciaux bilatéraux, cela avait déjà été possible, car une réforme par Pékin à la mi-2010. Pourtant, le volume des échanges qui ont été réglées entre yen et du renminbi a été si minime que les statistiques officielles de mesure de ces flux n'existent pas. Les entreprises chinoises achètent des biens en provenance du Japon convertir leurs renminbi en dollars pour faire des achats depuis leurs homologues japonais sont encore réticents à accepter la monnaie chinoise. Les entreprises japonaises même convertir leurs yens en dollars lors de l'achat de la Chine. Le principal obstacle à la promotion du commerce telle a été la réticence de la Chine à assouplir les contrôles sur son compte de capital, ce qui signifie que les entreprises étrangères qui reçoivent sa monnaie n'ont nulle part où l'investir en dehors de la base offshore du renminbi à Hong Kong. Liang Meng, chercheur à la Banque populaire de Chine, a reconnu que le vœu de régler plus de commerce en renminbi serait par elle-même peu de changement."Ce n'est pas comme les flux sans entraves mondiale du dollar. Pour investir en Chine, vous avez encore à passer par les canaux intermédiaires ", at-il déclaré dans le journal du ministère du Commerce . Le Japon a également cherché à minimiser son plan d'acheter jusqu'à 10 milliards de dollars d'obligations du gouvernement chinois. Un fonctionnaire anonyme du Japon a été cité dans les médias chinois que de dire que ce fut une expression de la coopération économique, pas une tentative de diversification de ses réserves de change. Au cours des cinq derniers jours, la Chine a également signé des accords monétaires avec la Thaïlande et le Pakistan, l'ouverture des lignes de swap bilatéraux vaut Rmb70bn et Rmb10bn, respectivement. «Ce sont tous des petites parties de l'image

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plus grande de tenter d'internationaliser le renminbi", a déclaré Ken Peng, économiste chez BNP Paribas. Reportage supplémentaire par Alan Beattie ------------------------

Comment l’Occident a désintégré l’URSS mais il n’a pas réussi à détruire la Russie ! Axe Atlantique :: Samedi, 28 novembre 2009 :: Eva R/Géostratégie

Assassinat méthodique de l’URSS communiste ? L’Occident a dépecé cette fédération d’Etats, il a pillé ses ressources, et il a appauvri toute la population. Mais depuis Poutine, en s’affranchissant de la tutelle de l’Etranger, la Russie a retrouvé son statut – si nécessaire pour l’équilibre du monde – de grande puissance. Voici plus de vingt ans, l’Occident a décidé de disloquer la puissante Union des Républiques socialistes soviétiques, son rival en matière d’idéologie ou de puissance militaire. Objectif atteint en 1991 (1). L’URSS communiste, notamment par sa puissance militaire (2), son étendue géographique, le nombre de ses habitants, et surtout la variété de ses ressources, est une cible de choix. Comment l’affaiblir ? En la disloquant, en la fragmentant, en l’émiettant. Tout simplement. Diviser, pour régner, la méthode est éprouvée ; Et en effet, le bloc soviétique, monolithique tant sur les plans politique (tous les pays qui le composaient étaient membres du Pacte de Varsovie), économique, qu’ idéologique, s’effondra, explosa : « Plus vaste État du monde (22 402 200 km²), l’URSS occupait le 1/6 des terres émergées, s’étendant sur 11 fuseaux horaires, de la mer Baltique à la mer Noire et à l’océan Pacifique, c’est-à-dire toute la partie nord de l’Eurasie. À sa dissolution, sa population comptait 293 millions de personnes » (3) Après avoir trouvé une marionnette docile, viscéralement anti-communiste et gros amateur de vodka, Boris Eltsine (il quitte le Parti en juin 1990), l’Occident avait poussé les Républiques constituantes de l’URSS à faire sécession, et au cours de l’automne 1991, elles proclamèrent l’une après l’autre leur indépendance, sans que Gorbatchev puisse s’y opposer par la force. Lorsque l’Union soviétique fut amputée de ses Républiques, on ironisa en disant que l’URSS se limitait désormais au Kremlin ! L’esprit de changement s’était propagé de la Russie de Gorbatchev à tous les pays satellites, qui avaient réclamé leur souveraineté pleine et entière. Même les Républiques baltes recouvrèrent leur indépendance, dans la foulée des bouleversements fondamentaux, et les forces soviétiques quittèrent la Tchécoslovaquie et la Hongrie, puis, plus tard, en 1994, la Pologne et l’Allemagne (4). La Russie à genoux Affaibli, ce qu’il restait de l’URSS, c’est-à-dire le noyau russe (en perdant le quart de son territoire, il avait perdu la moitié de ses habitants), ne constituait plus une menace pour l’Occident. La fin de la « guerre froide »,

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idéologique, devait être le corollaire de l’éclatement de l’URSS. La détente Est-Ouest se profilait à l’horizon, puisqu’il ne restait plus qu’une puissance, américaine, et le Pacte de Varsovie liant militairement les Républiques soviétiques, n’avait plus de raison d’être. Tout cela avait été facilité par le fait que le jeune et fringant premier Secrétaire du parti Communiste, Gorbatchev (5), face à l’étendue des problèmes économiques de sa nation (beaucoup liés à la militarisation croissante, dans un contexte d’âpre rivalité avec les Etats-Unis, et aux effets de la catastrophe de Tchernobyl), décida de mettre en place un vaste plan de réformes pour corriger les failles du Système : La Perestroïka et la Glasnost. La Perestroïka, ou restructuration, tenta de moderniser l’économie, en instituant la propriété privée et en recherchant la performance, et la Glasnost, qui signifie transparence, essaya, elle, de démocratiser le système, par exemple en adoptant la liberté d’expression et de l’information, l’ouverture des frontières, la levée de la censure, la libération des prisonniers politiques – même les Archives Nationales furent ouvertes au public… (6) . Mais très vite, celui que certains appellèrent plus tard le « fossoyeur de l’URSS, le destructeur de l’Empire créé par les Tsars » (7), sera dépassé par les événements, abandonné de tous, alors que son rival pro-occidental, Boris Eltsine, bénéficiera de l’appui du bloc anti-soviétique pour accomplir le démantèlement de l’URSS, et pour libéraliser l’économie le plus vite possible, avec l’aide des conseils du FMI. Sous son égide, des transformations économiques et sociales vont se succéder à une cadence infernale, brisant le tissu social et projetant dans une grande misère des pans entiers de la société russe. Les Moscovites furent chassés du centre de la ville (8), au profit d’intérêts étrangers raflant à bas prix des appartements somptueux, et parmi eux beaucoup de retraités furent jetés impitoyablement à la rue. Tous les avantages sociaux disparurent les uns après les autres, le travail ne fut plus garanti à tous, la rue devint le refuge des victimes du libéralisme à l’occidentale, on vit même des hordes d’enfants, pour la première fois depuis la mise en place du communisme au début du 20 e siècle, vivre dehors, et la délinquance fit son apparition, durement réprimée. Le Système occidental avait triomphé sur les décombres de l’ancienne URSS, entraînant soudain des disparités insupportables entre les citoyens, avec l’émergence d’une classe de nouveaux riches sans scrupules, très minoritaire, et la projection de la plus grande partie de la population dans des abymes de pauvreté. Ceux qui tirèrent leur épingle du jeu, sous la Présidence Eltsine et le début du mandat de Poutine, furent ceux qui pouvaient se réfugier dans une pitoyable économie de subsistance, par exemple en cultivant des pommes de terre sur leur lopin de terre. Et l’espérance de vie moyenne des hommes chuta de dix ans. (A noter qu’aujourd’hui, deux tiers des Russes, même s’ils sont plus libres qu’à l’époque du communisme, regrettent l’ancien système social soviétique, et ils ont la nostalgie de leur puissance passée (9)). Libéralisation à marche forcée En effet, pour mieux asphyxier la Russie, pour mieux la tenir à sa merci, l’Occident imposa la libéralisation à marche forcée, sans tenir compte des acquis sociaux, des traditions, de la culture du pays. Le FMI supervisa la transformation, c’est tout dire. Une classe de super-riches apparut, insolente, carnassière, et la masse russe sombra dans une misère indicible, le désespoir, l’alcool, le suicide. Après avoir détruit l’URSS, l’Occident tenta de mettre à genoux la Russie, économiquement, et de s’emparer des secteurs les plus juteux, en favorisant les oligarques locaux acquis à la cause du libéralisme le plus sauvage. Ce fut l’époque des richissimes hommes d’affaires – appelés dans le monde postsoviétique « oligarques » – très liés à l’Occident, ainsi, les hommes d’affaires russes du scandale Ioukos : » Quand le régime a changé, et que les actions des usines ont été données aux ouvriers, eux ont eu l’idée de tout ratisser. A un ou deux dollars l’action, ils ont fait le tour des usines et ont acheté ce qui était encore pour les Russes de la rue un simple bout de papier… En quelques mois, ils sont devenus propriétaires de pans entiers de l’économie. Puis ils ont créé une banque privée, Menatep, puis une filiale à Chypre, qui leur a permis de sortir des capitaux. En dix ans, ils sont devenus multimilliardaires en dollars. Le patron de Ioukos se vantait d’avoir bâti « en dix ans un empire que les Rockfeller ont construit en plusieurs générations. » En russe, il y a une expression qui veut dire « perdre le toit », en Français on dit « perdre la tête ». Ils se sont crus intouchables… » (10). L’ingérence de l’étranger pour affaiblir la Russie Plus tard, Poutine, à l’origine d’un grand « nettoyage » économique (et politique, contre ses opposants liés à l’Etranger), fustigera l’ingérence des puissances étrangères dans les affaires de la Russie, en insistant sur le rôle obscur des Ambassades : « Malheureusement, il y a toujours dans notre pays des personnes qui s’infiltrent par le biais des ambassades étrangères, qui comptent sur le soutien de fonds et de gouvernements étrangers, mais pas sur leurs propres concitoyens. » Ces opposants « veulent que la Russie soit faible et impuissante (…) pour pouvoir jouer de mauvais tours dans notre dos » (11). Le jeudi 26 avril 2007, le Président Poutine s’en prend ouvertement à l’ »ingérence » des « colonisateurs » occidentaux en Russie : « Sous couvert de promotion de la démocratie, ils font preuve d’ingérence « directe » dans les affaires de l’Etat russe en finançant l’opposition et les ONG de défense des droits de l’homme ». Soucieux de répondre à l’expansion militaire de l’Otan à ses frontières et notamment au projet américain de déploiement d’un bouclier antimissile, il a menacé de sortir du Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), un des textes clés régissant la sécurité sur le Vieux Continent après la Guerre froide. Dans son 8e discours à la Nation, le dernier avant la fin de son mandat en mai 2008, le maître du Kremlin a défendu un bilan qui a permis de faire de la Russie « une des dix plus puissantes économies dans le

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monde ». « Le flux d’argent venant de l’étranger, utilisé pour une ingérence directe dans nos affaires intérieures, augmente », a-t-il déploré.. « Il y a ceux qui, en utilisant habilement une phraséologie pseudo-démocratique, aimeraient revenir à un passé proche : les uns pour piller comme avant, les richesses du pays, voler les gens et l’Etat, sans être châtiés ; les autres pour priver notre pays de son autonomie économique et politique », a-t-il ajouté à l’adresse des Occidentaux. « A l’époque du colonialisme, on parlait du rôle civilisateur des Etatscolonisateurs », a ironisé M. Poutine, reprenant un argument auquel il avait déjà recouru dans le passé. Les Occidentaux « utilisent des slogans sur la démocratisation, mais le but est le même : l’acquisition de manière unilatérale d’avantages destinés à assurer leurs intérêts propres » (12). Aujourd’hui, l’Occident se permet encore de tenter de s’ingérer dans les affaires russes, et il soutient l’ancien champion d’échec, Garry Kasparov, qui s’est engagé en politique avec l’appui des Américains (13) . Mais « Les Etats-Unis ont perdu de l’efficacité du point de vue de leur capacité à critiquer le gouvernement russe. Aujourd’hui, quand ils formulent des critiques, les autorités russes leur répondent de balayer devant leur porte » (14) La chance de la Russie est d’être passée des mains d’Eltsine à celles de Poutine, qui a redressé le pays à une vitesse fugurante, et avec une poigne de fer bien nécessaire dans le contexte particulier d’ un Etat en pleine désintégration et téléguidé en sous-mains, pour sa perte et pour le profit de la Finance internationale, par l’Occident. La Russie s’est désormais affranchie des griffes de l’Etranger, elle conduit seule ses affaires, et concernant le passé récent, Vladimir Poutine, dans un discours à la Nation prononcé en 2005 alors qu’il était président de la Russie, a pu dire que « la chute de l’URSS en 1991 avait été « la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle « (15). Et aujourd’hui, le Président Medvedev déplore que la chute du Mur de Berlin n’aie pas justifié tous ses espoirs. « Les relations entre la Russie et l’Europe auraient pu se développer selon un scénario différent », a-t-il déclaré. Après la chute du Mur, nous espérions que la disparition du Pacte de Varsovie entraînerait un autre niveau de l’intégration de la Russie en Europe. Et qu’est-ce qu’on a eu finalement ? L’Otan, une alliance militaire, dont les missiles visent la Russie », a lancé le président russe. La Russie n’a cessé de dénoncer l’élargissement de l’Alliance atlantique aux pays de l’Europe de l’Est et voit d’un très mauvais oeil les aspirations atlantistes d’ex-républiques soviétiques comme la Géorgie ou l’Ukraine ». (16) Même affaiblie politiquement et économiquement, la Russie reste une importante puissance militaire, dotée d’un formidable arsenal nucléaire sur fond de résurgence de nationalisme exacerbé par l’unilatéralisme agressif de l’Occident, rappelant le contexte de guerre froide. Washington voit en effet d’un fort mauvais oeil la Russie renaître de ses cendres, retrouver son statut de grande puissance et aspirer à retrouver la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre dans le contexte international. La chance d’une grande Europe avec la Russie Pourtant, la ré-émergence de la Russie est une chance pour un monde qui aspire au multilatéralisme, au rééquilibrage des puissances, des nations, et, surtout, elle devrait constituer une formidable espérance pour tous ceux qui aspirent à la paix et à l’indépendance. Mais la vision gaullienne d’une grande Europe avec la Russie demeure néanmoins le meilleur atout, aujourd’hui, pour une paix durable. Dans le cas contraire, c’est à dire dans un contexte où l’UE pourtant née de l’aspiration des peuples à la paix serait à la remorque des Etats-Unis, à travers notamment l’OTAN, dans ce cas-là, l’Europe pourrait être entraînée malgré elle à servir de supplétif pour les guerres impériales de Washington, et même à permettre aux Etats-Unis de faire une sale guerre par procuration contre la Russie, désormais considérée par l’Occident comme une rivale, comme une voix nonalignée, indépendante, menaçant par là-même l’hégémonie de l’Empire. La seule voie possible, aujourd’hui, pour favoriser la paix, reste la concrétisation du rêve du Gl de Gaulle : La mise en place d’une grande Europe économique, culturelle, et pour la paix, avec la Russie retrouvant enfin son rang de grande puissance – avec d’autres pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil… -, afin de permettre l’émergence d’un monde nouveau, multipolaire, équilibré et pacifiant. Notes : (1) http://fr.wikipedia.org/wiki/URSS : L’URS st un État fédéral de 15 républiques soviétiques qui a existé de 1922 jusqu’à sa dissolution en 1991. (2) Ses chercheurs et ses ingénieurs ont mis au point entre 1965 et 1976 deux fois plus d’armes et de systèmes de destruction et de protection que les États-Unis ; Ses forces armées totalisèrent 5 millions de combattants actifs et 25 millions de réservistes entraînés et représentait la plus vaste armée en temps de paix du XXesiècle ; L’armée soviétique était capable d’aligner 50 divisions susceptibles d’être engagées sans délai et 30 autres mobilisables dans de brefs délais. Elle fut totalement motorisée et constamment rééquipée en fonction de l’innovation technologique, en chars, canons, véhicules de transport et systèmes de communication ; Elle disposa de la plus grande flotte aérienne de tous les temps, de la plus grande flotte de sous-marins nucléaires du monde, et d’une flotte de navires de surface largement supérieure en tonnage à celle des États-Unis, à l’exception des porte-avions. Le complexe militaro-industriel soviétique représentait entre 1985 et 1990 : plus de 14 millions

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d’employés, 6 000 entreprises. L’industrie de défense proprement dite absorbait durant les années 1970/1980 20 % du revenu national, 8 % du PIB et 47 % des dépenses publiques pour les besoins de l’Armée soviétique. La production d’armes soviétiques était la plus importante du monde. En 1981 : 2 500 chars, 3 500 canons, 1 700 avions de combat, 750 hélicoptères, 9 sous-marins, 475 missiles balistiques (IRBM, ICBM). Après la chute de l’URSS en 1991, c’est l’armée de la fédération de Russie qui hérita de la quasi totalité de l’équipement de l’Armée soviétique en particulier l’arsenal nucléaire et les différentes flottes (..) Après la chute de l’URSS en 1991, c’est l’armée de la fédération de Russie qui hérita de la quasi totalité de l’équipement de l’Armée soviétique en particulier l’arsenal nucléaire et les différentes flottes », mais « Après la dissolution de l’URSS, à la fin de 1991, à elle seule, l’Ukraine hérita sur son territoire de la troisième force nucléaire stratégique mondiale et d’un nombre important d’armes nucléaires tactiques (Sécurité ukrainienne et dilemme nucléaire d’ANATOLY ZLENKO – août 1993″. (3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:URSS (4) http://www.clham.org/050573.htm (5) « Après la rapide succession de Andropov (1982-1984) et de Tchernenko (1984-1985), Gorbatchev, un jeune et énergique dirigeant de 53 ans, devint premier secrétaire du Parti ». http://fr.wikipedia.org/wiki/URSS (6) Public Senat (7) Public Senat (8) Du temps où la télévision française programmait encore des sujets d’investigation sur les grands enjeux de notre temps, du temps, disons-le, où la télé se permettait encore des libertés, j’avais vu un documentaire qui m’avait beaucoup frappée : On y voyait la main-mise d’investisseurs étrangers sur les immeubles du centre ville, en jetant dehors les habitants à peine indemnisés, c’était choquant. Je crois que le documentaire avait été diffusé sur Arte. Aujourd’hui, grâce à cette scandaleuse razzia qui montre au grand jour le cynisme de l’Occident prédateur, Moscou est devenu l’une des villes les plus chères du monde (Eva) (9) Bien que les Russes soient plus libres qu’ils n’ont jamais été de leur histoire, un sondage récent indique que près des deux tiers des russes ont la nostalgie pour l’aide sociale soviétique, l’ordre social et la fierté d’être une superpuissance mondiale, tous perdus lors de la chute le l’empire soviétique. (10) Par exemple,le groupe des sept banquiers qui s’étaient unis pour faire réélire Boris Eltsine à la présidence, et qui contrôlaient 50 % de l’économie russe, comprenait : Mikhaïl Friedman, 39 ans, et Piotr Aven, 48 ans. A l’écart de la politique, ils se consacrent à leurs affaires. Leur holding Alfa-Groupe compte notamment la banque Alfa, les supermarchés Perekriostok, la chaîne de télé de divertissements STS et, surtout, la firme pétrolière TNK, qui a conclu en février le contrat du siècle avec le britannique BP (acheteur, pour 7 milliards de dollars, de la moitié de TNK). Vladimir Goussinski, 51 ans. Réfugié à l’étranger depuis l’été 2000, le magnat de la presse s’était rangé dans l’opposition à Vladimir Poutine, critiquant notamment la guerre en Tchétchénie. Poursuivi pour « crime économique », il a fait de la prison. Son empire de presse a été saisi et le fleuron, la chaîne de télé NTV, a été normalisée. Il vit depuis en Israël (..). . Et ici et aujourd’hui ? 260 milliards de dollars : c’est le montant des pertes subies par les milliardaires russes en janvier dernier. Soit presque autant en quatre semaines qu’au cours des cinq derniers mois de l’année 2008. Vite faites, les fortunes des nouveaux riches se défont tout aussi promptement depuis le début de la crise. Ainsi, le club des milliardaires russes a-t-il perdu 55 membres. Ceux qui restent peinent à se maintenir dans la liste de Forbes. Les oligarques russes sont-ils une espèce en voie d’extinction ? Les exemples de débâcle ne manquent pas. Même Mikhail Prokhorov, le roi du nickel russe, a finalement renoncé à l’achat (500 millions d’euros !) de la splendide Villa Léopolda à Villefranche-sur-Mer. Il cherche même à récupérer les 38 millions d’euros versés au propriétaire actuel lors de la signature de la promesse de vente, c’est dire. Les malheurs des oligarques ont inspiré les humoristes. Ainsi de l’une des blagues les plus populaires sur le Net russe. Un fils demande a son père : « Papa, c’est vrai que la crise va toucher les nouveaux riches ? – Oui, elle va seulement les toucher. Quant à nous, nous allons simplement crever ». (11) denistouret.fr (12) denistouret.fr (13) Soutenant dans les années 1980-90 Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine, il est un farouche opposant à Vladimir Poutine et crée en 2005 le Front civique unifié, qui regroupe les opposants à Poutine pour les élections présidentielles de 2008. Considéré comme le meilleur joueur d’échec de tous les temps, Garry Kasparov a été brièvement emprisonné en avril et novembre 2007 (14) denistouret.fr (15) et (16) : Le point/0/393173 Source : Oulala.net, n° 287

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