Memoire TPFE - Zones d'activités et banalisation

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PAYSAGE D’ACTIVITÉS

ou comment réenchanter une zone d’activités Mélisse Carpentier ESAJ 2013-2014


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PLAN I. Zones de banalité

1. Définition de la banalité 2. Paysages ordinaires 3. Les Zones d’Activités : nouveau modèle économique 4. Projets et (ré-)aménagements

2. Découvrir la zone 4

1. Les Bordes en chiffres et en contraintes 2. Architecture et gabarits 3. Des matériaux “bétons” 4. Des végétaux 70’s 5. Nouveaux regards 6. Story ‘Bordes’ 7. Une hiérarchisation déséquilibrée des espaces 8. Les limites

3. Dynamiques urbaines

1. Un contexte territorial complexe : entre Paris et ruralité 2. Un territoire agricole et boisé 3. Polarités et lieux de vie 4. Intentions


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TEXTE FONDATEUR

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Au départ, la réalité d’une vie quotidienne en banlieue parisienne. Une approche progressive, puis une sensibilité accrue aux détails de cette « suburbia », au fil de ma formation de paysagiste, en ont fait mon site de projet de prédilection. J’ai donc voulu en faire mon terrain d’explorations et de questionnements. J’ai choisi d’aborder un sujet qui entre dans les problématiques péri-urbaines actuelles : la banalité dans le paysage. Fatalité ? Résultante d’une extension massive et rapide des villes ? Ou bien le basculement irrémédiable vers une « France moche » ? Tout d’abord, il me semble important de définir la banalité, comment je la perçois. Le dictionnaire Larousse définirait ainsi le Banal, adj : sans nuance péjorative, ce qui est commun au plus grand nombre. Péjoratif, caractère de ce qui est vulgaire à force d’être dit, vu, utilisé. Dans le jargon paysager, la banalité évoque un sentiment péjoratif, une critique. La banalité c’est ce que l’œil ne regarde plus : « La banalité est morne parce qu’elle est le rappel et la conformité d’une uniformité lassante » (L. Jerphagnon, De la banalité)


J’ai attrapé ce sujet en entrant par la brèche creusée par les zones d’activités. J’ai envie de m’interroger sur leur place dans le territoire, leur statut en répondant à la problématique : Comment humaniser et réenchanter les zones d’activités? Quel projet paysager pour faire de ces enclaves confisquées de réels morceaux de ville ? Les zones d’activités, résultantes d’une politique d’aménagement basée sur la croissance et la rentabilité, sont à mes yeux une forme de partage de l’espace et d’occupation du sol en totale opposition avec ceux de l’espace public. La rue, la place sont des lieux pensés par le paysagiste avec des notions de circulations, d’ouvertures, d’horizon et d’homogénéité. Or, les zones d’activités fonctionnent en circuit fermé, ignorant la ville qui les entoure et venant former une enclave dans le tissu urbain. Déshumanisées, fonctionnelles, fermées : on se retrouve face à une sorte de confiscation de l’espace à ceux qui y travaillent comme à ceux qui y passent. Les préoccupations actuelles d’aménagement du territoire remettent en question la logique d’extension de la ville, consommatrice de foncier au détriment des espaces naturels alentour. Cet étalement urbain est encouragé lors de la répartition des surfaces bâties sur une zone d’activités. Les entrepôts ne dépassant que rarement les dix mètres, la zone progresse de manière horizontale et non dans une logique verticale, plus économe d’espace. Au regard des actualités économiques, le domaine de l’industrie est en proie à une forte de crise ; taxes et impôt étranglent les budgets, reléguant ainsi en arrière- plan les projets d’aménagement et de paysage sur leurs lieux d’activités. Les aménagements sont succincts, fonctionnels et surtout pensés avec une économie de moyens, ne prenant en

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compte que des questions sécuritaire ou pratiques. Face à ce phénomène de paysage au rabais, quelle place trouve le projet de paysage dans une organisation fonctionnelle d’un espace, sous la contrainte financière ?

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Pour aborder cet espace inconnu, il m’a d’abord fallu me saisir l’objet de la zone d’activités, pour le définir et prendre pleinement conscience de ses enjeux territoriaux, économiques et sociaux. Étudier l’histoire de l’implantation des activités m’a permis d’observer des constantes dans leur positionnement sur le territoire. La mise à l’écart, due à des nuisances sonores ou olfactives et le regroupement des artisans par métiers ont fait des locaux industriels entre autres des zones à part, exclues du centre-ville. L’évolution du schéma de la ville n’a pas vu de grands changements dans ce domaine puisque les zones d’activités sont monofonctionnelles, excluant l’habitat ou le commerce et souvent rejetées en lisière de la ville. J’ai été tentée de remettre question ce fonctionnement et la légitimité de ce type d’espaces, mais ce n’est pas le propos. J’ai rapidement choisi une zone pour pouvoir ancrer mes réflexions dans un site donné, me permettant ainsi de commencer une analyse complète du territoire et du lieu. La cahier des charges était assez simple : je souhaitais travailler en contact direct avec la ville, choisissant une zone d’activités située en plein tissu urbain, non réaménagée, que je ne connaissais pas auparavant. J’ai choisi de travailler sur la zone d’activités industrielles des Bordes, à Chennevières-sur-Marne dans le Val-de-Marne. Étendue sur presque 30 hectares, cette zone privée est un lieu de travail, pour ainsi dire de vie puisque les 2000 personnes qui y évoluent consacrent une dizaine d’heures par jour à leur métier. Or les abords, les circulations ne sont pensés et dimensionnés que pour les véhicules de transports. Il en est


de même de l’ architecture standardisée. Il me semble que l’investissement de l’espace n’est possible qu’à l’intérieur des locaux et qu’une fois dehors on n’a qu’une issue : rentrer chez soi. Analyser le socle géographique de mon site - situé sur la pointe du Plateau de la Brie, en surplomb des coteaux de la Marne – m’a permis de mettre en lumière une urbanisation industrielle en rupture avec son milieu urbain et naturel environnant. Riche de son patrimoine agricole, maraîcher et forestier, le plateau de Chennevières est principalement construit de logements pavillonnaires résidentiels, à l’origine lieu de villégiature de la bourgeoisie parisienne. Or, la zone des Bordes propose un modèle d’organisation sans cohésion avec son cadre ; c’est un espace imperméable et pauvre. C’est là que j’ai senti que mon regard et mon analyse tombaient dans la caricature et surtout la dépréciation. Des entrepôts cubiques, de la tôle ondulée, du bitume déroulé en longues bandes, du béton, de multiples affiches publicitaires ; tout cela en formait l’image préconçue. J’avais lu trop de choses négatives sur les zones d’activités, j’avais trop d’idées toutes faites et j’en oubliais de regarder vraiment. La deuxième phase de mon travail a été de mettre en lumière les détails qui font la particularité de la zone des Bordes ; de regarder les couleurs, les formes, les textures. Ce relevé est passé par le dessin, la photographie et de l’écriture. Il me faut appréhender le site d’un œil neuf pour en saisir l’esthétique brute. Un mail ombragé de tilleuls, un feuillage automnal contrastant sur le vert d’un persistant, la lumière rasante se reflétant sur des vitres ; autant de scènes, d’instants poétiques et inattendus en ce lieu.

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Mon approche du site ne peut pas être complète si je ne prends pas en compte les projets de la ville de Chennevières, qui seront à terme déterminants pour l’avenir de la zone. Située le long d’une des dernières enclaves agricoles à l’intérieur de la ville, la zone des Bordes jouxte un futur grand projet de réaménagement du centre-ville ‘Écocentre’ et de mise en place d’un Transport en Commun en Site Propre -ou de tramway. Rien n’est encore sûr et encore moins déterminé ; la parcelle de champs offre de grandes opportunités de projets et les différents acteurs ne sont pas encore tombés d’accord. Face à ces mutations, au contact direct de mon site, mon travail de paysagiste ne peut se limiter à des envies de projet sur un périmètre donné. L’avenir de la ZA des Bordes dépend du processus engagé à l’échelle de la ville, et mon travail sera alors de faire des propositions des différents scénarios envisageables. Si la zone reste privée et close, comment traiter les limites pour qu’elle entre en contact avec la frange de ville tout autour ? L’enjeu de ce scénario n’est pas de camoufler ou cacher la zone, ce qui est souvent le cas des aménagements actuels. J’aimerais pouvoir travailler les porosités avec la ville, les épaisseur de limites et les transparences. Si la zone devient publique ou semi-privée, redynamisée par les projets de la ville, comment intégrer les Bordes, non plus comme une zone d’activités mais comme un quartier d’activités ? Ce projet serait l’occasion de traiter un réel espace public dans la zone, un espace à taille humaine en s’interrogeant sur les circulations, les vues, en s’appuyant sur la pratique piétonne. Le troisième scénario possible repose sur la supposition de la fin progressive de la ZA. En effet, les chiffres des Bordes montrent que depuis 20 ans le nombre de salariés a diminué de moitié et que la location des terrains se fait de plus en plus


difficile. Dans ce cas, comment envisager la mutation de ce site ; ou peut-être l’émergence d’un nouveau type d’activités sur la zone ? Quel qu’il soit, le scénario engagé portera une très forte notion de mutabilité. Le projet visera à implanter une trame porteuse d’un paysage futur, tissée par des lignes structurantes, ancrée dans la ville et dans le territoire. C’est une réponse spatiale, avec la mise en place d’un socle qui puisse accompagner le devenir de la ZA, qui doit prendre en compte la variante ‘temps’ qui n’est pas contrôlée, tenue par des facteurs économiques et politiques. Le paysagiste devient à son tour acteur de la zone puisqu’il intervient après une décision concertée.

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1. ZONES DE BANALITÉ

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1 DÉFINITION DU BANAL Pour aborder le sujet de la banalisation du paysage, je dois d’abord définir ce qu’est la banalité en elle même et associée au paysage. Qu’est-ce que le banal ?

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1. DÉFINITION Le terme banal possède d’abord une origine féodale (de « ban », mot d’origine franque), puisque au Moyen-Âge la banalité désigne le « droit du seigneur de contraindre tous les habitants de sa seigneurie à utiliser, moyennant une redevance en argent, l’équipement technique (four, moulin, pressoir, etc.) qu’il a réalisé à ses frais sur son domaine. » Puis jusqu’au XIXème siècle, l’adjectif banal s’emploie de façon plus générale en parlant du bien commun dont les habitants du village ont la libre jouissance (aussi synonyme de communal). La recherche étymologique montre que ce terme n’avait qu’une connotation neutre, celle d’objet commun à tous. Le terme banal désigne aujourd’hui à la fois quelque chose de courant, commun mais aussi, de façon péjorative, une personne qui manque d’originalité, de personnalité ou un objet qui devient vulgaire à force d’être utilisé, employé, vécu. Je note que le mot « banlieue » est formé sur le même préfixe « ban » que banal ; signifiant à l’origine les terres du seigneur à une lieue du bourg... La banalité c’est le commun, l’ordinaire, le quotidien. Car le banal c’est bien ce que l’on vit, l’on côtoie chaque jour. C’est ce qui n’est reconnu ni parce que c’est beau, intéressant, hors du commun, extra-ordinaire, fascinant, immémorable. Alors le banal, c’est quoi ? Tout le reste ?


La double connotation du banal s’applique aussi pour le paysage. D’un côté, le paysage banal, notre paysage commun, celui que l’on cotoie quotidiennement : le paysage quotidien. Et d’autre part, le paysage banalisé, qui a perdu toute personnalité, toute unicité. C’est de ce dernier dont je traite dans ce mémoire. Ce paysage qui n’est plus porté par des choix mais seulement par des décisions. Je me suis tournée vers l’art pour comprendre comment le banal s’est fait un statut et quelle place il prend aujourd’hui, dans notre quotidien comme dans notre imaginaire.

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Alexey Brodovitch, Le Bal Banal, (1924)

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“On en a assez de cette éternelle recherche de l’originalité ! (...) Nous vous promettons des décors banaux [sic], un vestiaire banal, une gaîté banale mais sincère. Nous vous invitons banalement à mettre les travestis les plus banaux, à éviter toute recherche d’art, d’originalité, toute complication psychologique. (...) Le plus banal aura le premier prix, celui qui serait le meilleur dans un autre bal sera classé dernier chez nous. (...) Vous verrez dans des décors banaux, dans des masques banaux, l’élite la plus banale de Paris !”

Sleep, Andy Warhol, (1963) - le poète John Giorno filmé pendant son sommeil durant huit heures.

Foutain comme


2. LE CULTE DU BANAL Pour répondre à mes questions sur cet objet qu’est le banal et toutes les images auxquelles il nous réfère ; j’ai lu le livre de François Jost, Le Culte du Banal. Aborder un sujet aussi vaster à travers le filtre de l’art me permet d’avoir un regard à la fois pictural, social et conceptuel.

n, Marcel Duchamp (1917) - ou ent un urinoir retourné fait oeuvre d’art.

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En peinture comme en sculpture, une frontière s’est instaurée entre l’objet commun et l’oeuvre d’art. Les grandes peintures ont d’abord été à la gloire de sujets nobles, de héros antiques ou des grandes scènes de bataille. On glorifiait le beau et le spectaculaire. Jusqu’au 19ème siècle, les goputs se portent vers les natures mortes et les paysages : on ne regarde plus seulement l’oeuvre mais la patte du peintre. Au début du 20ème siècle, des artistes se rebellent contre l’art académique et la conception du musée : espace figé de collection d’objets choisis. Marcel Duchamp notamment, place un urinoir retourné et signé au rang d’oeuvre d’art : c’est le coup d’envoi du ready-made. On ne créé plus un objet, on en extrait un du quotidien en le prônant oeuvre d’art. Dès lors, l’ordinaire devient sujet d’intérêt, celui qui nous concerne tous. Les auteurs du Nouveau Roman, à l’image d’Alain Robbe-Grillet refusent l’originalité et repensent la forme du roman. Andy Warhol et Georges Pérec interrogent le quotidien et la volonté toujours grandissante des médias de nous rapporter l’anormal et le spectaculaire. Pourquoi ne pas investir l’habituel, espace-temps sur lequel on ne s’attarde jamais ? Le “nothing special” de Warhol met un nom sur le

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Campbell Soup Cans, Andy Warhol, (1962) - l’art du ready-made.

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“rien de spécial” du quotidien de l’homme quelconque qui se voit nommé héraut de la banalité. Lorsque Warhol filme le sommeil d’un homme durant toute une nuit, Léger propose de pouvoir regarder durant 24 heures la vie d’un couple quelconque au métier quelconque. Projet incongru et voyeuriste ? A l’époque peut être mais lorsqu’aujourd’hui on allume sa télévision pour regarder la vie en bocal de quelques adolescents enfermés dans une villa, le concept n’est pas loin... Le banal aujourd’hui est un produit télévisuel vendeur : on préfère regarder le quotidien fade des autres plutôt que d’enjoliver le sien. En paysage comme en architecture, on distingue souvent les ouvrages par leur beauté ou leur aspect remarquable. Mais pourquoi ne pas faire du banal une nouvelle esthétique ? L’objet ordinaire a fait son entrée dans l’art, non pas distingué par ses qualités propres mais par son usage. Comment envisager pour les paysages ordinaires une nouvelle place ? Un nouveau regard porté sur ces espaces et une nouvelle façon de les habiter ? 19

Je réalise que le banal et l’ordinaire deviennent des éléments moteurs lorsqu’ils sont choisis et assumés. Mais quelle place tiennent-ils dans le paysage ? Comment sont-il perçus?


2 PAYSAGES ORDINAIRES Les paysages ordinaires sont les paysages qui forment la mosaïque de nos paysages du quotidien. Mais comment les définir ? 1. PAYSAGES QUOTIDIENS

Edward aux mains d’argent, Tim Burton, 1990 - Résidence pavillonnaire américaine caricaturée.

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Lancaster, banlieue de Los Angeles (USA) - Extension spatiale des villes programmée.

Ce sont des lieux avec lesquels on entretient un rapport affectif et d’usages très fort. Le paysage est avant tout une lecture, une image que l’oeil mais aussi les autres sens s’en font ; une lecture physique. Ici ce sont les pratiques de ces territoires au quotidien qui font leur identité. Ils se définissent davantage par un vécu que par une image, une esthétique ou une qualité visuelle. Notre paysage quotidien c’est le lieu où l’on vit, celui où l’on travaille ou encore celui que l’on traverse en transports en commun matin et soir. Le rapport affectif à ces lieux est très présent du fait du lien étroit et familier que l’on entretient chacun avec eux. Ce paysage porte une notion de prévisibilité créée par un contexte de répétition qui est rassurant. Le caractère extrêment répétitif des grandes structures de lotissements, formées d’une trame régulière et calibrée et occupées de maisons identiques, place l’individu dans une situation “balisée”. Il en est de même pour les zones d’activités dont l’architecture boîte à chaussures homogène forme un cadre uniforme et stable. Poussé à l’extrême, ce schéma peut devenir étouffant, voire angoissant, pour le promeneur coincé dans un palais des glaces géants, reflétant à l’infini les mêmes motifs.


2. PAR OPPOSITION AUX PAYSAGES EXTRA-ORDINAIRES Les territoires ordinaires sont rarement connus comme ayant spontanément qualité de “paysages”. Dans l’ouvrage Paysages ordinaires, De la protection au projet, les auteurs mettent en avant la dualité qui existe entre les paysages exceptionnels et les paysages ordinaires. Les premiers font l’objet d’une reconnaissance collective établie sur des critères symboliques, esthétiques ou historiques et incitent des interventions paysagères dans le domaine de la protection principalement. Le but étant de protéger ces chefs d’oeuvre de la disparition ou de la dégradation grâce à un régime d’exception. Les territoires ordinaires quant à eux ne font pas l’objet d’autant d’attentions : ils sont régis par des lois ordinaires et sont une évidence par leur état. Comment amener les usagers de ces espaces à les considérer comme un ‘paysage’ et non plus uniquement comme leur ‘pays’, terme utlisé dans le sens de lieu vécu et connu ? Selon les auteurs, l’intervention paysagère (projet, en opposition à la protection) sur les paysages ordinaires doit permettre d’instituer une représentation unificatrice reliant à la fois passé, présent et futur sur la base d’un socle et d’un sol partagés par une population. Cette notion me parait intéressante et judicieuse dans l’approche du projet.

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2. BANALISATION DES PAYSAGES QUOTIDIENS Si le phénomène des paysages ordinaires doit être vécu comme un atout, leur banalisation pose problème. Mais quel est ce phénomène qui dévore les villes ?

Zone d’activités de Sermenaz, Lyon.

Zone d’activités de Vervins

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La banalisation agit comme un filtre uniformisant. Elle se caractérise par la perte de l’identité d’un lieu. Lorsque des zones d’activités se sont implantées dans des villes, elles ont souvent fait l’impasse du caractère du lieu pour imposer une organisation commune à toutes. Il n’y a donc plus d’identité du lieu mais d’identité de l’objet en tant que tel. On sait reconnaitre une zone d’activités qu’elle soit située à Marseille ou à Paris ; elles ont souvent la même apparence.

Cette question est traitée dans les ZA ; entités urbaines particulièrement banalisées mais aussi au coeur de dynamiques de mutations. On s’interroge aujourd’hui sur leur qualité paysagère, leur qualité écologique ? Je pense que le paysage peut être porteur de ce renouveau car sa question a-t-elle jamais été abordée lors de la conception d’une zone d’activités ? De son impact paysager sur le territoire ?

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3 LES ZA, NOUVEAU MODELE ÉCONOMIQUE Les activités des hommes ont toujours façonné les territoires et modelé l’organisation des villes. Comment l’industrie et les activités économiques ont progressivement occupé le territoire ? Quelle place occupent-elles dans la ville ? 1. DES ACTIVITÉS ET DES HOMMES. Pour comprendre l’histoire de l’implantation des activitiés humaines sur le territoire, il m’a fallu remonter jusqu’au Moyen-Âge. A cette époque, la ville ne connaissait pas d’urbanisme formel : pas de zonage ou de fonctions urbaines définies. Les corps de métiers se distinguaient en se regroupant naturellement par corporations ; leur place au centre ou en périphérie de la ville étant établie en fonction de leur dégré de nuisances sonores ou olfactives. Ainsi, l’artisanat se développait plus facilement dans le centre-bourg et les teintureries ou tanneurs, consommateurs d’eau et dégageant des odeurs nauséabondes, étaient relégués à la sortie de la ville. 24

A partir du 18ème siècle, l’industrialisation conduit à une multiplication des activités. Avant ce développement, l’activité économique se résumait en trois points : l’artisanat, l’agriculture/élevage et le commerce. L’expansion de l’industrie mécanique, textile et automobile demande des infrastructures de plus en plus lourdes et le développement du trafic et des modes de transports nécessaires à la logistique. Avec l’apparition de nouvelles sources d’énergie, les modes de fabrication se sont mécanisés. Ils se sont aussi libérés de la contrainte hydraulique comme seule force motrice. Les industries de ne s’installent plus le long des cours d’eau mais


autour des principaux axes de desserte. L’évolution des activités dessine le territoire mais influe aussi sur le déplacement et l’implantation des hommes. L’industrialisation marque l’enrichissement d’une partie de la population, et une augmentation générale du niveau de vie. En parallèle, services, loisirs et tourisme se développent pour satisfaire la demande de la population.

Usines de la Cité Industrielle

La zone industrielle de T. Garnier

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Au 20ème siècle, les besoins grandissants en terme d’assise foncière repoussent les industries en dehors de la ville. Elles s’installent d’abord dans les faubourgs puis dans les espace péri-urbains, voire ruraux, où les questions de logistiques se gèrent plus facilement. De plus, ces déplacements sont dus aux nuisances générées par les industries : pollution sonore, pollution atmosphérique et densité du trafic. La population urbaine de plus en plus aisées devient instruite et exigeante ; l’image de l’industrie change et se pense de plus en plus dans un rapport ville/industrie. Au début du 20ème siècle, des urbanistes tels que Ebenezer Howard, Tony Garnier ou Charles Fourier imaginent la nouvelle identité de la ville industrielle, ses fonctions et son organisation autour de l’activtié économique et des services publiques. L’idée étant d’assurer une autonomie fonctionnelle à l’ensemble de la ville. La Cité Industrielle de Garnier s’organise selon un principe de zoning hiérachisant les activités et espaces d’habitation. Les logements s’organisent sur un coteau sud, éloignés des zones industrielles. Le centre-ville est réservés aux services administratifs et équipements publics. La zone industrielle est localisée près d’un barrage hydroélectrique et

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d’une voie ferrée. Les espaces sont pensés selon des critères pratiques et mettent au coeur de l’organisation l’activité économique.

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2. LES ZONES D’ACTIVITÉS : rendement et productivité

L’implantation d’une activité économique sur le territoire est un enjeu majeur pour la collectivité car elle bénéficie de la création d’emplois pour la population locale, de l’augmentation du niveau de vie des habitants et de la création d’activités économiques dérivées en réponse aux besoins des entreprises et des employés. Ces nouvelles activités sont synonymes de nouveaux emplois et de rentrées fiscales, avec l’apport des taxes foncières et professionnelles. Dans les années 60, apparait une solution favorisant l’implantation des entreprises tout en maitrisant le développement foncier. Elle propose de décharger les entrepreneurs des préoccupations foncières et d’équipement en aménageant des groupements de terrains pour l’accueil des activités : les zones d’activités. Il s’agit généralement d’un espace semi-clos, aménagé dans l’objectif précis d’accueillir de l’activité économique : ensemble des activités de production et d’échange de biens et de services. La zone en fonctionnement est un ensemble de parcelles (privées) bâties ou non, bénéficiant des infrastructures mises en place par l’aménageur et accueillant des activités économiques, c’est à dire des activités générant de l’emploi


et des taxes. Les parcelles sont reliées par des espaces communs (voirie, espaces verts, etc.). Les zones d’activités sont les résultantes d’un même objectif de croissance et de partenariat entre professionnels et collectivités. Si les principes économiques et productifs sont très clairement énoncés dans les définitions des ces espaces ; leurs notions d’urbanisme et de prise en compte globale du territoire sont beaucoup moins éclairées. Il n’est jamais question, dans les années 70 et même encore après, de prise en compte du socle sur lequel les zones s’installent. Ni encore du réseaux de circulations et d’usages de la ville, actuels ou à venir. Puisque ces espaces ne font l’objet d’aucun choix, d’aucunes intentions ; qu’aucune idée forte n’est moteur du projet : peut-on les considérer comme des paysages banalisés ? Enlevés à toute identité et uniquement guidées par des considérations chiffrées ? Oui. Au delà de mes questionnements, je m’interroge sur les problématiques soulevées par ces espaces. Comment d’autres paysagistes, architectes ou urbanistes se sont emparés de ce sujet ? Par le biais de quel axes ont-ils orienté leurs réflexions ? Les préoccupations actuelles d’aménagement du territoire remettent en question la logique d’extension de la ville, consommatrice de foncier et la prise en compte du développement durable : cette problématique a des échos sur les ZA. Des programmes de quartiers mixtes réveillent la forme figée et endormie des pôles d’activités.

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La proximité immédiate de la forêt du Rouvray

Traitement de l’eau : récupération des eaux de pluie

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Crédits photographiques : Agence Hyl.

Réinterpr boisées

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Trame orthogonale

Bassin rétention en belvédère

Ouvrage récupération des eaux : un paysag


rétation du motif forestier : bandes

ge changeant.

4 PROJETS ET RÉ-AMÉNAGEMENTS

1. La ZA du Madrillet, Rouen - Agence HYL

Il s’agit du projet d’extension d’une zone d’activités prévue en lisière de forêt du Rouvray, et qui aura aussi une place importante à l’entrée de la ville. L’agence vient soulever l’importance d’un continuité paysagère de la forêt en reprenant le vocabulaire forestier qui la caractérise. Cette intention se représente sous la forme de bande boisées larges de 30 mètres qui viennent structurer les parcelles et faire la transition ville-nature. De plus, le projet valorise la gestion de l’eau en interprétant le principe des mares à travers le dessin de noues et de fossés venant récupérer les eaux pluviales. Ici, l’accent est mis sur la dimension écologique : le respect des milieux au contact avec la zone, notamment au travers de la perméabilité des sols. 2. Le Parc d’activités de la Tulipe, Gonesse - Sandro Munari Le paysage du Parc est façonné par la gestion des eaux pluviales à ciel ouvert, bassins de rétention, noues, filtres à sables qui révèlent le parcours de l’eau tout en respectant les normes strictes des zones aéroportuaires. La ZA fait face à la plaine aéroportuaire du Bourget et les buttes de Gonesse. Le plan prend en compte l’organisation orthogonale ordonnée de l’entrée de ville et la mise en valeur d’une trame bleue et verte comme support d’une urbanisation à venir. L’axe important de ce projet repose sur sa volonté de mettre en place une trame paysagère qui se fasse guide des projets et aménagements à venir.

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Point méthodologie

Au regard des actualités économiques, le domaine de l’industrie est en proie à une forte crise ; taxes et impôts tiennent les budjets, reléguant ainsi en arrière-plan les projets d’aménagement et de paysage sur les lieux d’activités. Quelle place trouve le projet de paysage dans une organisation fonctionnelle d’un espace, sous la contrainte financière ? Et la place de l’humain dans tout ça ? Lui l’usager premier, celui qui y vient et y travaille ? Pour étayer mes hypothèses et tester des pistes de projet, il me faut un site pour appuyer mes recherches. J’ai mis au point un cahier des charges pour m’aider à faire mon choix : je cherche une zone d’activités en milieu urbain ou périurbain, n’ayant été l’objet d’aucun projet de réaménagement et surtout dans une ville que je ne connais pas. Le but étant de pouvoir porter un regard neuf sur ce paysage ordinaire, qui n’est pas pour autant mon paysage quotidien. 31


2.DÉCOUVRIR LA ZONE

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1 LA ZONE EN CHIFFRES ET CONTRAINTES

REGLES DU JEU

Étendue sur 278 000 m², presque 30 hectares, la zone d’activités des Bordes est divisée en 68 parcelles d’un minimum de 1000 m² et d’un maximum de 30 000 m². Mais la surface moyenne est d’environ 5000 m². La hauteur des bâtiments est régie par une loi imposante un maximum de 9m3/m² soit une hauteur de 9 mètres en moyenne. De plus, au sol, la surface bâtie ne doit pas représenter plus de 50% de la surface totale; tout en étant centrée par rapport au limites. La façade est alignée à la rue dans un parfait ensemble parallèle.

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Toutes ces contraintes de dimensionnement globales, appliquées sans distinction créent un ensemble homogène, égal. Cette masse bâtie composée de locaux forme une première ossature de la ZA, imposante et immuable. Socle d’un paysage formaté et calibré ? Ces réglementations sont instaurées dès la création de la Zone Industrielle des Bordes en 1968, financée par le Chambre de Commerce de Paris et le département de la Seine et Oise. Elle est stratégiquement située le long de la RD4 reliant l’est de Paris à l’Alsace en traversant le plateau de la Brie, permettant une desserte efficace et rapide. Il est prévu au cahier des charges une zone d’activités exclusivement réservée à l’industrie et au commerce en gros, excluant habitations et festivités. Le chantier débute entre 1969 et 1970; il s’achève rapidement : en juin 1971 la première entreprise s’y implante. Entre 1971 et 1978, “âge d’or” des Bordes, un remplissage dynamique permet à la zone d’accueillir jusqu’à


3000 salariés. Les entrepreneurs peuvent choisir de devenir propriétaires ou locataires en prenant part au système de copropriété instauré sur la zone, organisation permise par son statut privé. La copropriété permet de mettre en place des concertations et des réunions pour prendre des décisions groupées sur le devenir de la ZA. A partir de 1986, l’effectif des personnes employées chute à 2000 personnes. Cette baisse est due à une réduction du nombre de salariés au sein des entreprises, sujettes à de nombreuses charges et à une baisse de la production. En terme de proportion, on dénombre un tiers de départ à la retraite et un tiers de mise au chômage non remplacés. Les Bordes semblent en perte d’activité : de nombreuses entreprises délocalisent, d’autres quittent les lieux et il est difficile pour la gérance de la copropriété de séduire de nouveaux professionnels. Le gérant de la copropriété m’apprend qu’il n’y a pas eu de directives d’aménagement ou de réflexion sur la place du paysage lors de l’implantation de la zone. L’aménagement de chaque parcelle a été laissé au bon vouloir de chaque occupant : aucune obligation de plantation, de stationnements. “Une ZA c’est fonctionnel, pratique. On n’a pas d’argent à placer dans de l’aménagement extérieur, ni de temps pour s’en occuper.” J’ai la confirmation qu’il n’y avait pas eu de préalable à l’aménagement, hormis des normes quantitatives et sécuritaires. J’ai envie d’étudier l’aménagement produit par une posture aussi rigoureuse. Quelle qualité spatiale, esthétique et matérielle ?

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Cama誰eux de bleu

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DÉCRYPTER LA BANALITÉ

Quels sont les éléments qui composent le tableau banal d’une zone d’activités ? Créent-ils réellement un paysage ? Pour le paysagiste, il existe toujours un forme de paysage et c’est grâce aux différents outils à sa disposition qu’il va pouvoir l’aborder. Dans le cas de la zone d’activités des Borde, face aux contraintes financières et techniques, quel paysage a su trouver sa place dans ce lieu ? Sur un site de cette taille, que je peux traverser en une dizaine de minutes, je peux tout relever. C’est donc un listing précis et presque exhaustif que j’entame ; je note et photographie : les typologies de clôture, de haies, de stationnement, les essences d’arbustes, d’arbres, les matériaux, ... Ces éléments qui composent et structurent la zone, qu’ils soient beaux ou non, qu’ils soient originaux ou pas, en dessinent le visage. C’est seulement après les avoir identifiés que je pourrais esquisser des pistes de projet. Décrypter la banalité c’est mettre en lumière ce qui fait de ce lieu un endroit banal certes, mais aussi vivant.

“Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infraordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ?” Espèces d’espaces, Georges Pérec, (1974)

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2 ARCHITECTURE ET GABARITS Ode aux poids lourds

1. Architecture

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L’architecture de “boîte à chaussures” n’est pas renommée pour son esthétisme, ni sa grande valeur architecturale. C’est néanmoins la figure emblématique de la zone d’activités. Horizontale plutôt que verticale, elle est conçue pour accueillir de grands volumes sur un seul niveau et permettre l’accès à des véhicules de transports imposants. C’est la forme la plus directement adaptée à l’image des matériaux choisis pour leur réalisation : basique, élémentaire. Le détail n’est pas dans la finition, ni les fioritures puisque la fonction première est la pratique. L’attention est portée sur les dimensionnements qui doivent permettre une grande envergure dans les déplacements des engins et une marge pour le stockage des marchandises. La forme cube autorise un grande portance et la possiblité de bâtir de façon horizontale. Ces formes cubiques procurent un sentiment de force, d’aplomb mais forment aussi des obstacles visuels insurmontables. Lorsqu’on longe un bâtiment long de plus de 100 mètres, la vue d’un côté est bouchée. Les entrepôts viennent cadrer le regard. Leur linéaire de toit vient en quelque sorte supporter le ciel et le souligner. L’absence de détails, la sobriété de cette architecture lui permet de mettre en valeur ce qui l’entoure malgré sa présence massive.


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Un paysage marqué par l’architecture geométrique des “boîtes à chaussures”.


@google images

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2. Gabarits Le dimensionnement des voiries est calculé à l’échelle d’un semi-remorque, c’est à dire le plus gros véhicule amené à emprunter les accès. Le piéton, le vélo, la moto, la voiture, le camion, le poids lourd et le semi-remorque sont les usagers de la zone. Or si une voiture peut se contenter de 3,50 mètres de large, un poids lourd nécessite au moins 4,50 de large pour une longueur d’au moins 18 mètres, contraignant un rayon de braquage de 8 mètres. Il est donc impossible de ne pas prendre en compte ces contraintes. Si je me positionne à la place du camionneur, les routes ont la bonne largeur pour que je puisse circuler. En rechanche, quand je suis en position de piéton, tout me semble plus large, plus loin que d’ordinaire ; sans pour autant ressembler à une quatre voie. Le dimensionnement ‘camion’ produit des espaces inadaptés aux piétons, voire dangereux. Je remarque aussi sur l’ensemble de la zone l’absence de passages cloutés ; le piéton se fait une place mais à ses risques et périls ! Il n’y a pas non plus de bande blanche de séparation des voies. Les stationnements hors des parcelles ne sont pas dessinés. Sans emplacements réservés, les voitures stationnent sur les trottoirs et entravent la circulation piétonne. Il me parait crucial de rééquilibrer la place des différents usagers: redonner aux piétons la possiblité de circuler fluidement et réduire raisonnablement l’emprise du véhicule. La typologie dérive de celle de la rue mais pas le dimensionnement, ni les pratiques. Je m’interroge sur la façon dont se déplacent les gens ?

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Voies carrossables communes

Trottoirs

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Parkings

Accès piétons (allées)

Relevé des espaces perméables (pelouse et s


sols stabilisés)

3 DES MATÉRIAUX “BÉTONS”

1. REVÊTEMENTS DE SOLS

Le trafic important des véhicules et notamment des camions type poids lourds a imposé la mise en place d’une voirie en béton. On n’observe jamais en ville ce type de revêtement, auquel on préfère le bitume pour le confort de la conduite et la réduction du bruit. Le béton possède une très bonne résistance aux lourdes charges, ce qui le rend idéal pour des routes fréquentées quotidiennement par des véhicules de transport. Son autre atout est qu’il est très économique ; sa quasi absence d’entretien et le coût de sa mise en oeuvre représentent un budjet très modeste. La longévité du béton à permis de conserver aujourd’hui des rues en excellent état, quarante ans après leur création. Les trottoirs sont réalisés en enrobé. On retrouve donc la même qualité de revêtement qu’en ville. Pourtant, malgré la distinction de revêtements, c’est comme si la séparation entre chaussée et trottoir n’existait pas. Les allées d’accès sont traités avec des matériaux “piétonnier”, dont l’usage n’est jamais fait pour les voitures : opus incertum, dallage, pavage.. Ce relevé me fait prendre conscience de la très forte imperméabilisation des sols. Par facilité de mise en oeuvre, de grandes surfaces ont été bitumées d’un geste un peu trop généreux et la trop grande minéralisation des sols pose problème : l’eau ruisselle, ne s’infiltre pas et on perd tout rapport au sol.

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Concernant la récupération des eaux, elles sont divisées en deux trajets. Les eaux de ruissellement (voirie) sont recoltées dans les regards des eaux usées tandis que les eaux de toitures sont canalisées pour rejoindre un bassin d’orage qui les nettoie et les stocke en cas de surplus. L’ensemble de la zone d’activités fonctionne comme une immense toile cirée au travers de laquelle l’eau ne peut pas passer. Dès lors, un enjeu semble se dégager : réouvrir les sols pour permettre une infiltration plus directe de l’eau et retrouver un nouveau rapport au sol.

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Grillages : Panneau zingué plastifié, des matériaux au rabais 46

Grilles


2. CLÔTURES

Chaque parcelle est délimitée par une clôture de dimensions et de formes variables. C’est cette limite physique qui dessine le parcellaire calibré et proportionné de la ZA. Les clôtures modifient le rapport entre le bâtiment et la rue. Leurs différentes typologies n’induisent pas les mêmes contacts, ni les mêmes vues entre l’intérieur et l’extérieur. L’utilisation d’une clôture permet de gérer son espace privé du reste de l’espace commun. Elle est infranchissable. Le grillage zingué plastifié est le plus couramment utilisé. Haut de 2 mètres, il assure une délimitation efficace malgré une certaine souplesse. Sa mise en oeuvre est simple puisqu’il se présente sous la forme de panneaux à assembler sur des poteaux, préalablement fixés dans un socle de béton. Ce grillage a néanmoins une connotation provisoire puisqu’il est souvent utilisé sur des chantiers pour la réalisation de séparations intermédiaires. La grille fixée sur un muret se retrouve beaucoup au sein de la zone. Plus travaillée et plus sophistiquée que le grillage, elle demande une mise en place plus complexe. La création d’un muret et de poteaux en béton, très résistants, est nécessaire pour venir ensuite poser le grille. La trame métallique est constitué de segments de tubes carrés de 15x15 mm supportée par des poteaux de 50x50 mm.

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Ce type de limite se rapproche des clôtures de jardins, associées à un portail ou un portillon. Ce style de barrière était très répandu dans les années 70 et rajoutent au portrait vieillisant de la zone. Le grillage zingué est beaucoup plus récent et évoque des aménagements plus contemporains. On retrouve d’autres typologies de clôtures sur l’ensemble de la zone. Ces dernières peuvent fonctionnelles ou décoratives à l’image de la chaîne basse reliée à de petits potelets qui sont placées le plus souvent près des accès piétons de la clientèle. Ce n’est plus une clôture dissuasive mais juste un élément de décor pour délimiter une pelouse par exemple. La rareté de ces éléments dans la ZA me permet encore une fois de réaliser combien les clôtures sont basiques et pratiques ; loin d’être dimensionnées à l’échelle du piéton. Je fais aussi ce constat lorsque je m’intéresse aux entrées. Plus de la moitié des parcelles possède un portail, sans proposer d’entrée piétonne. Le véhicule, camion comme voiture, décide du dimensionnement des accès. Il n’y a pas de réelle entrée pour le piéton mais plus un accès instinctif. Les décisions d’aménagement tournées vers le pratique et le fonctionnel se retrouvent dans le choix des matériaux, sélectionnés pour leur prix, leur résistance. Il n’y a pas de contraintes de hauteurs, ni de couleurs. Cette liberté permet de ne pas tomber dans l’uniformité et de conserver une part d’originalité.

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- le Thuya plicata, ou béton vert : arbuste persistant de prédilection pour la réalisation de haies franches et compactes. - le Prunus laurocerasus : arbuste persistant vigoureux et rustique. Feuilles luisantes et coriaces. Peu d’entretien, hormis une taille stricte pour structurer la haie - le Cotoneaster lacteus : grand classique persistant. Feuilles ovales et duveteuses. Fruits rouges en grappes.

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4 DES VÉGÉTAUX 70’s

1. HAIES A première vue, les haies me semblent systématiquement accompagner les clôtures. Comme un binome indissociable, la présence des arbustes accompagne, sous la forme des haies taillées ou libres le linéaire des barrières. Lorsque je réalise l’inventaire des végétaux arbustifs une liste de tête revient souvent : le Thuya plicata, le Cotoneaster lacteus et le Prunus laurocerasus. Ce trio est avant tout le reflet d’une époque et d’une mode. Leur production intense dans les années 70 a permis une commercialisation à un coût très bas et en grande quantité. C’est en quelque sorte une industrialisation du végétal. Ces végétaux ont séduit grâce à leur pousse rapide, leur résistance et leur feuillage persistant qui permet un écran plus ou moins opaque en toute saison. La politique économiste d’aménagement conduit donc à une palette végétale horticole restreinte qui est le reflet d’un catalogue de pépinière daté. Devenus les incontournables des jardins à cette période, ils portent aujourd’hui l’étiquette de la plante ringarde -“hasbeen”- des parcs et jardins vieillissants. Ils ont été trop vus et entrent dans la catégorie de plantes banales : de celles que l’on voit partout, sous toutes les formes et de toutes les tailles. Ce choix de végétaux, aussi controversé soit-il aujourd’hui, reflète les goûts et les pratiques d’une époque. Cette gamme de production végétale marque les espaces verts comme la collection de prêt à porter accompagne une

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génération. Mais comme dans toute mode artistique, textile ou de décoration, le démodé ne revient-il pas un jour ou l’autre sur le devant de la scène “vintage” ? Je sens que le projet devra prendre en compte ces éléments qui rattachent mon site à son époque.

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L’image que les arbustes vieillots véhiculent est souvent négative et elle est ici renforcée par leur utilisation. Dans la zone, la haie est souvent conduite comme barrière avec parfois un aspect défensif lorsque sa taille dépasse les deux mètres. Cette apparence leur est donnée par la forme proche de celle du mur. Dense et haute, la haie bloque la vue et casse les perspectives. Basse, elle créée une distance entre la parcelle et la rue qui accentue la découpe formée par la clôture. Mais alors qu’elle est réellement la place et la fonction de la haie ? Lorsque j’interroge certaines personnes sur le choix de leur plantation, la réponse est à peu près similaire à : “il fallait bien mettre un peu de vert !”. Son utilisation est normalisée et peut être comptabilisée en mètres linéaires. Le végétal est en fin de compte utilisé comme tous les autres matériaux dans la zone. Il n’est ni plus, ni moins qu’un outil mis au service d’un espace fonctionnel et pas l’inverse. C’est la très grande capacité de transformation de l’arbuste de haie qui en a fait le “matériau végétal” de prédilection de la zone d’activités. Leur entretien ne nécessite pas de techniques particulières puisque ces arbustes supportent très bien une taille franche au taille-haie par exemple. Là encore, l’économie de temps et de moyens domine.


Changer les formes, pas les essences. Floraison du laurocerasus

Port naturel occidentalis

Prunus

Il me semble crucial de venir diversifier cette palette végétale uniquement horticole. Certes, il ne s’agit ni d’une exploitation agricole, ni d’une réserve naturelle mais il est important en terme de biodiversité d’établir de véritables milieux. On trouve sur le site une palette arbustive et arborée, en revanche la palette herbacée est absente. Il manque une échelle végétale, celle plus proche du sol qui évite l’effet d’éloignement créé par les arbustes.

du

Thuya

Si l’usage des certains végétaux renforce leur image connotée, il est temps de venir bouleverser ces codes établis. On oublie souvent la très belle et odorante floraison du laurier-palme ou le port naturel harmonieux d’un thuya. C’est pourquoi, il me parait important de venir redonner à ces végétaux toutes leurs lettres de noblesse en oubliant quelques instants leur image “haie”.

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Populus italica - Peuplier d’Italie

Couleurs d’auto

Acer pseudoplatanus - Erable plane

Pinus sylvestris - Pin sylvestre

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Cedrus libanii - Cèdre du Liban Abies nordmanianna - Sapin de Nordmann

Fagus sylvatica - Hêtre pourpre

Tilia cordata - Tilleul

Betula pendula - Bouleau

Catalpa bignonioides - Catalpa

Prunus serrulata Prunus

Horizontales et v


omne

verticales

2. Arbres XXL Lors du relevé des arbres présents sur la zone des Bordes, je suis surprise par leur taille et leur beauté. A vrai dire, lors de mes premières visites, mon oeil avait surtout remarqué les éléments négatifs et très peu cherché de constats positifs. Mais une fois, à la lumière du soir, la luminosité traversant les feuillages dorés m’a permis de prendre conscience de la présence indéniable des arbres et de leur force. Ces arbres ont pour la plupart été plantés à la création de la zone et ont aujourd’hui une quarantaine d’années. A la différence des arbres de ville qui sont taillés régulièrement et dont la taille est contenue ; ces arbres ont un port libre et équilibré, proche de ceux des parcs. Certes la zone est privée mais les espaces communs fonctionnent sur le même modèle de partage et de circulations que l’espace public. On pourrait donc considérer être dans un espace à la rencontre entre le parc et la ville, entre un végétal mis en valeur et un végétal cadré. Dans cette zone où jusque ici tout me semblait réglé et mesuré, les arbres font office de figures libératrices. Rien n’est venu entraver leur croissance. Leur âge leur permet d’atteindre jusqu’entre 15 et 25 mètres, une taille qui les place en concurrence directe avec la hauteur des entrepôts. Leur silhouette longiligne vient contrebalancer les formes horizontales et étirées des locaux.

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ZA Val d’Argent (95)

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ZA Berges de Seine 1 (95)

ZA des Hautes Pâtures (92)

Le patrimoine arboré de la zone comporte quelques espèces significatives d’une époque, à nouveau les années 70. L’arbre le plus emblématique est le peuplier d’Italie que l’on retrouve dans la ZA surplombant les rues, perché entre 20 et 25 mètres. Beaucoup planté à l’époque de la création de la zone, il était alors très à la mode. Le peuplier d’Italie se développe très rapidement lors de ses premières années et permet d’obtenir en quelques temps un arbre de taille adulte, à la silhouette longiligne. Il était particulièrement utilisé pour verdir les espaces extérieurs des cités HLM entre les années 1960 et 1970 car son imposante masse pouvait se targuer de rattraper la hauteur des tours et d’en masquer l’architecture brutale. On utilise aussi le peuplier pour signaler l’entrée d’un port et aussi plus généralement pour border en rideau les cours


d’eau canalisés. Plantés par Napoléon le long de routes, ils servaient de repères aux soldats en patrouille, à l’instar des platanes. Aujourd’hui, leur existence est controversée : leurs racines drageonnantes abiment les chaussées, leur silhouette (trop) rigide lasse le regard. Tombé en désuétude, il devient alors tout à fait banal, lui qui a su pourtant imposer sa stature. S’ils sont les vestiges d’une mode, ils sont aussi l’empreinte de l’Homme sur le paysage, qu’il marquent fièrement de leur longue tige. On retrouve le peuplier dans de nombreuses zones d’activités datées de la même époque. S’ils n’indiquent pas la présence de l’eau, ils étaient alors choisis pour leur qualité de brise-vent lorsqu’ils sont plantés très proches. Aussi car leur facilité de production a permis d’en faire un arbre facile à obtenir et à un prix très abordable. Ou peut-être sont-ils un rappel des ripisylves des bords de Marne, en contrebas du plateau ? Quels liens ces arbres entretiennent-ils avec le reste de la trame arborée de la ville ? Je ne connais pas non plus la nature des boisements que j’aperçois dans la vallée quand j’arrive dans Chennevières. Il me parait essentiel de préserver ce patrimoine qui la qualité de ce site. Comment valoriser cet atout dans le projet ? Dans la ZA, tout fonctionne par règles et contraintes, presque tout. J’ai le sentiment que pour développer mon projet il me faudrait établir une notice du paysage, à l’image de celle instaurée pour le reste.

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5 NOUVEAUX REGARDS

Portés par beaucoup de lectures aux avis très tranchés sur les zones d’activités non récentes, souvent peu flatteurs et assez critiques, mon regard et mon appréciation se sont laissés embrigader. Je cherchais à montrer et démontrer la banalité sous toutes ses formes, à former un portrait péjoratif de la ZA des Bordes. Mais je suis tombée dans l’excès ; j’en oubliai de porter un regard neuf, exempt d’à priori. Je n’ai parlé que du matériel, de l’espace mais pas des gens, des usages. Alors je suis repartie, l’oeil neuf, pour essayer de redécouvrir la zone et d’en extraire le meilleur à l’aide d’outils nouveaux : le dessin, l’écriture et la photographie.

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1. PALETTES Les couleurs m’ont paru être un bon moyen d’entrer dans l’univers de la zone industrielle. Hormis les verts et cuivres des feuillages, toutes les autres couleurs sont parfaitement artificielles : la carosserie d’un camion, la peinture d’un portail, ... sont autant de coloris qui entrent dans une gamme précise, enregistrées sur un RAL.

COULEURS

J’ai noté que la majorité des couleurs employées sont les couleurs primaires : le bleu, le rouge et le jaune. Utilisés sur les toits, les bâtiments, les véhicules ou les objets ils viennent créer un univers fortement coloré. Serait-ce un nouveau courant du fauvisme ? Ou bien la matérialisation vivante des peintures cubistes de Mondrian ? Aucun artiste n’est venu apporter sa touche créatrice mais pourtant on pourrait le croire. La silhouette basse et étalée des bâtiments ne vient pas former des obstacles visuel très hauts et vient en quelque sorte soutenir et mettre en valeur le ciel. Du lever orangé du soleil et au passage rapide des nuages, le ciel est mis en scène et devient un spectacle changeant et quotidien. Il s’agit plus ici de moments saisis que d’un paysage nommé mais ces éléments me paraissent pouvoir être porteurs d’une poétique de projet.

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TEXTURES ET MATÉRIAUX

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CIELS 63


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Des bâtiments-objets identifés par leur couleur et leur matériau


Ces éléments qui entrent dans le catalogue du banal ont une indentité marquée, ancrée dans des choix techniques et professionnels. Mes objectifs sont les suivants : Tout l’enjeu de mon projet sera de faire du banal un choix et de le revendiquer comme une partie de l’identité de ce lieu. Je souhaiterais aussi requalifier les espaces extérieurs, en les considérant comme des espaces publics. Comment réenchanter la zone d’activités pour qu’elle devienne espace à vivre ?

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6 Story “Bordes�

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Assise dans ma voiture, je contemple les va-et-vient, les mouvements, la vie.


7h50 - Une femme arrive Ă pied, le pas lĂŠger.

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Merci !


Certains arrivent encore, ...

... que d’autres s’affairent déjà !

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Les trottoirs sont envahis.

Calme plat. Hormis les voitures, les rues sont


t vides.

Mais si on cherche bien, ... 69

... on trouve toujours une prĂŠsence !


A l’heure du déjeuner, rires et éclats de voix. 70

Dialogues de sourds ?


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Lueurs du soir, contre-jour.


Retrouver les tro

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Investir les trott

Planter les trotto


ottoirs

toirs

oirs

7 UNE HIÉRARCHISATION DÉSÉQUILIBRÉE DES ESPACES

J’ai minutieusement étudié tous les éléments qui composent le site, mais il me manque encore la compréhension des espaces et de leur fonctionnement entre eux. J’ai décidé de les observer ainsi que leurs usagers, au travers des dessins. La zone est organisée autour de trois rues principales, la rue Gay Lussac, la rue Condorcet et la rue Pierre et Marie Curie. Ces grands axes sont uniquement réservés à la circulation et au stationnement. Sur ce plan, j’ai mis en relief : en rouge, les surfaces de circulation, en bleu celles de stockage et en gris les surfaces bâties. En négatif apparaissent les espaces intersticiels : les vides ou “bouts de pelouse”. J’ai le sentiment que le bitume a été déroulé dans un esprit de rapidité de mise en oeuvre et que les maigres espaces jardinés n’ont pour seul but que d’être la vitrine fleurie de l’enseigne. En résumé, les espaces sont d’une part fonctionnels ou de l’autre “décoratifs”, mais alors où sont les espaces à vivre ? Ceux que l’on peut investir quand on prend une pause ou l’on déjeune ? Les espaces sur lesquels je peux intervenir sont la voirie et certaines parcelles. Faut-il diminuer l’importance du véhicule et retrouver une mixité de déplacements dans le rue et l’imaginer comme un nouvel espace de rencontre ? Ou bien, faut-il dégager un véritable espace central vers lequel convergent les flux de piétons ?

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Perm

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50 m

RepĂŠrage des espaces potentiels

20 m

100 m

Optimiser l’espace u


HYPOTHESES

Ce premier diagnostic, concentré sur la zone en ellemême, m’aiguille vers un premier scénario proposant un projet à minima : la mise au point d’un projet paysager soumis aux contraintes financières et techniques de la zone d’activités, répondant aux différents enjeux soulevés. Les prises de positions établies tout au long de mes investigations vont me permettre d’établir une charte visant à guider le réaménagement de la ZA des Bordes mais aussi à l’avenir de poser les bases de futurs espaces d’activités. Il s’agit à différentes échelles de repenser l’organisation des circulations d’une part et d’autre part de retravailler chaque parcelle sur les thématiques de la perméabilité des sols, de l’emplois des strates végétales et la gestion des limites.

méable

Après avoir identifié les différents espaces et relevé leurs dimensions, j’ai fait émerger en vert sur le plan tous les espaces d’intervention potentiels. C’est avec cette matière que je vais pouvoir effectuer un travail du sol et de l’espace. La première phase de mon esquisse consiste à dessiner les diverses manières potentielles d’occuper l’espace pour ensuite en dégager la plus appropriée à la ZA des Bordes. Je dessine d’abord des grandes intentions schématiques, larges dans le geste du dessin, pour ensuite mieux détailler le processus choisi. Imperméable

utile pour mieux investir le restant

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Hypothèse 1

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Investir l’arrière des bâtiments et créer une trasnversale plantée et perméable ?


Hypothèse 2

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2

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Libération d’un espace fédérateur au sein de la zone ?

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8 LES LIMITES

La zone d’activités ne se limite pas à son intérieur aussi je me suis intéressée à son contact avec le reste de la ville. Comment se caractérisent ses limites ? J’ai relevé trois types de limites, toutes caractérisées par une attitude hermétique et repliées sur l’intérieur de la zone. 1. CONTACT PAVILLONNAIRE - ZONE Lorsque la zone touche le tissu pavillonaire résidentiel, le rapport est brusque et il n’existe aucune interaction visuelle. La ZA est camouflée, dissimulée aux regards comme un objet laid et disgracieux. Un long mail de tilleul, à triple rang vient former une barrière épaisse à l’est, côté rue de Constantin Limpens. 78

2. CONTACT PARCELLE AGRICOLE - ZONE A la rencontre du champs, au sud de la zone, la limite est abrupte : une clôture suivie d’un mur en béton viennent délimiter et ceinturer. Le rapport visuel est intéressant puisqu’on peut embrasser des yeux la vaste étendue mais l’alignement de peupliers renforce l’image de rupture physique.


ZA des Bordes

Mail

ZA des Bordes

Pavillonnaire r茅sidentiel

RN 4

Entrep么ts de distribution Franprix

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ZA des Bordes

Enclave agricole

Pavillonnaire lotissement


3. CONTACT RD4 - ZONE Le front bâti donnant sur la RD4 est la vitrine commerciale de la ZA. C’est là que se concentrent les enseignes automobiles (Mercedes, Renault, BMW). Cette limite s’inscrit dans le trame urbaine et sur-publicisée de la route départementale, étouffée sous les panneaux bariolés et les devantures de magasins.

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Il n’existe pas de porosités entre la zone et les autres quartiers de la ville, comme il en existe entre différents quartiers d’une même ville. La zone est cloitrée comme une enclave et j’ai la réelle sensation d’une mise à l’écart. Or cet effet de répulsion ne fait que rajouter à l’image que l’on s’en fait. Puisque la ZA n’est pas traitée comme espace public dans ses parties communes, il n’est pas fait d’effort d’entretien et de mise en valeur. Il me parait important de traiter les limites, dans l’optique de redonner une réelle place à la ZA au coeur de la ville. Gérer les épaisseurs, les franges de contact et les vues sont autant de points que je vais aborder pour tenter de réconcilier Chennevières et la zone des Bordes.


POINT MÉTHODOLOGIE

Jusqu’ici, j’ai pris le parti de m’immerger dans la vie et l’espace de la ZA, sans l’inscrire dans un environnement plus large. Positionnée comme un objet, je l’ai traitée comme telle : une et unique. Au terme du décryptage du banal, j’ai cerné les enjeux et les questionnements internes à la ZA mais j’ai aussi l’intuition d’un projet prenant en compte beaucoup plus de facteurs, à l’échelle de la commune. Quelles sont les dynamiques de la ville et quel avenir puis-je espérer pour la ZA ?

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3. DYNAMIQUES URBAINES

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PARIS SEINE

PARIS MARNE

Chennevières sur Marne, en périphérie de Paris : frange ruralo-urbaine.

Chennevièr

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Extrait du PLU

Une ville dynamique, ultra connectée - ENJEUX ET PROJETS


res sur Marne

1 UN CONTEXTE TERRITORIAL COMPLEXE : ENTRE PARIS ET RURALITÉ

Je sais maintenant comment se compose la zone, quels en sont les espaces, les essences. J’avais d’abord choisi de me limiter à la découverte de la ZA des Bordes mais je’ai ensuite eu besoin la replacer dans un contexte plus large, plus général. Mais dans quel ensemble plus grand s’inscrit ce noyau? Quelles sont les grandes entités paysagères ? Quelle échelle représente cette zone au sein de la ville ? Quels sont les enjeux de la ville ?

1. L’ex-VDO, une potentialité foncière

Avec des terrains qui s’étendent sur plus de cinq communes et représentant une superficie de plus de 115 hectares, le projet de voie de desserte orientale (VDO) constitue un enjeu de développement fort pour la moitié est du département. Urbaniser ses zones délaissées présente également une opportunité de structurer et de renforcer les liaisons entre les différents territoires du Val-de-Marne. Cette emprise foncière exceptionnelle devait à l’origine accueillir une liaison autoroutière reliant l’A4 à la Rn4, puis à l’A6. Ce projet de liaison autoroutière ayant été abandonné, les terrains de la voie de desserte orientale constituent une friche longue de plus de 15 kilomètres sur plus de 80 mètres de large traversant le territoire de Villiers-sur-Marne, Champigny-

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sur-Marne, Chennevières-sur-Marne, Ormesson-sur-Marne et Sucy-en-Brie. Conscients de l’enjeu que représente la mutation de cette grande bande, le Conseil général du Val-de-Marne, les villes concernées et l’Etat ont initié une démarche collégiale et ont confié à Sadev 94 une mission d’étude de prospective sur le devenir de la voie de desserte orientale. 2. 40 HECTARES AU COEUR DE CHENNEVIERES, un enjeu urbain.

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La parcelle encore agricole qui jouxte la ZA représente aujourd’hui un espace vide extraordinaire en milieu urbain dans une ville comme Chennevières. Je constate qu’elle représente la même superficie que la zone d’activités ellemême ou que la cité HLM du Bois l’Abbé. En terme de chiffres, si je compare avec le Bois l’Abbé, cela équivaut à 8 000 logements et environ 23 500 habitants. C’est donc un possible nouveau quartier de Chenevières avec une possibilité d’accueil de logement conséquente.


3. LE PROJET DE LA VILLE

La commune de Chennevières articule son projet autour de la création d’un Transport en Commun en Site Propre (TCSP) qui reliera la Gare RER de Sucy-Bonneuil et celles des 4 Communes. Autour de ce nouvel aménagement vient se greffer une organisation de tissu pavillonnaire et le remaniement du centre-ville ancien. Le projet couvre 18 hectares de la parcelle actuellement disponible et sera prêt à accueillir 1000 logements. Programme auquel s’ajoutent crèches, équipements sportifs et groupes scolaires: équipements créés pour accompagner le nombre accru de la population et décharger ceux déjà existants. Le projet laisse une grande place à une charte de développement durable et notamment l’aménagement d’espaces favorables à la biodiversité, une qualité énergétique des constructions et la gestion économe des eaux et des déchets. Dans ce but est prévu un bassin de rétention des eaux pluviales au coeur d’un parc urbain de 3 hectares, situé à l’extrémité de ce nouveau quartier. Mais quelle est la légitmité de ces intentions ? Les futurs aménagements viennent “remplir” le vide de la parcelle et se coller à la ZA des Bordes sans questionnements sur leur rapport. Cette image me rappelle celle du patchwork où tous les morceaux de tissu sont cousus entre eux sans recherche

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TCSP : Parcours prĂŠvu ; une nouvelle transversale

Un nouveau quartier p puzzle.


pour Chennevières, une nouvelle pièce du

d’unité ou de cohésion dans les couleurs ou les textures. D’autre part, ce projet et le passage du transport en commun sont un nouveau souffle pour la ville et pour le dynamisme de la ZA. En plus de dessertes dont elle dispose déjà (RD4, proximité de la Francilienne), ce nouvel accès canalisera un flux de voyageurs important. Pourquoi ne pas profiter de l’occasion de la volonté de la ville de construire du logement pour repenser un quartier mixte ? En effet les bâtiments de la ZA ne sont pas tous jeunes. La restauration ou pourquoi pas le renouvellement de certains locaux serait l’occasion de réfléchir à la réorganisation des différents usages de la ville. Le travail à cette échelle me permet de voir se dessiner un deuxième scénario, celui remettant en cause la forme de la zone d’activités. Ce n’était pas mon but au début des recherches : remettre en cause l’organisation monofonctionelle de la ZA.

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2 UN TERRITOIRE AGRICOLE ET BOISÉ

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Boisements

Champs

Maraichage


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150 m 50 m

400 m

800 m


1. SITUATION GÉOGRAPHIQUE Située sur la commune de Chennevières-sur-Marne dans le Val-de-Marne, la ZA des Bordes possède une position singulière sur le territoire. Chennevières est située à 104 mètres d’altitude sur un plateau dominant la rive gauche de la Marne et prolongeant la plaine de la Brie, venant ainsi terminer son plateau. Si l’on se tourne vers la Marne, d’abrupts côteaux surplombent les eaux. A l’ère tertiaire, les couches géologiques remplissaient la dépression de Sucy-Bonneuil jusqu’à une hauteur de 100 mètres (c’est le travail d’érosion réalisé par les eaux qui a désagrégé le plateau de Brie et donné à la falaise de Chennevières sa morphologie actuelle). Ce lieu est devenu un endroit de choix pour faire construire une maison de campagne, proche de Paris. Les côteaux abritent aujourd’hui des villas grandes et luxueuses. Mais il est intéressant de noter que la position centrale de la ZA par rapport aux lignes de crête rendent impossible la perception de coteaux depuis sa place. La lisibilité est entravée par un grand nombre d’habitations qui bouchent l’horizon. Si l’on se place de l’autre côté de la Marne, en revanche, les coteaux sont fortement ressentis, soulignés par un cordon boisé. Le relief inférieur de la vallée du Morbras à l’est est plus lisible puisque dans la continuité de la RD4 se profilent les champs en contrebas, soulignés par le tracé de la route qui ondule sur la pente.

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1. LES TERRAINS FORESTIERS ; des forêts domaniales.

Les forêts domaniales font partie du domaine privé de l’État ; leur gestion est assurée par l’Office National des Forêts (ONF). La forêt de Notre-Dame étendue sur 2200 hectares est visible depuis le vallon du Morbas pour s’étendre ensuite sur le plateau. Elle fait face au Parc du Château d’Ormesson dont la forte présence boisée habille une pente de la vallée. Ces boisements sont essentiellement composés de feuillus, en grande majorité de chênes pédonculés, de bouleaux, d’érables et d’ormes champêtres, et d’érables planes. On note aussi la présence d’érables sycomores qui sont la trace des campagnes de replantations. Ce patrimoine forestier est entretenu et protégé. Le Val-de-Marne met l’accent sur la sensibilisation à la faune et la flore forestière pour protéger cet environnement. Le milieu forestier offre un espace couvert caractérisé par deux strates distinctes : une strate arborée de haute tige (20-30 mètres) et une strate arbustive (2-5 mètres).

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2. UN TERRITOIRE RURAL ET PROGRESSIVEMENT URBANISÉ

Au début du XXième siècle, l’agriculture représentait une part importante du paysage du Val-de-Marne. Blé, maïs, betterave à sucre faisaient partie de la majorité de la production destiné à l’alimentation et à la nourriture des bêtes. En plus du chanvre et du lin, on cultivait sur le plateau de Chennevières des fourrages, des céréales et des pommes de terre et sur le coteau ensoleillé la vigne, la luzerne et les arbres fruitiers (pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers, noyers). L’implantation de l’agricluture et du maraichage s’explique par la présence d’un sol hydromorphe : le sous-sol de la Brie est constituée de marnes imperméables qui retiennent l’eau et de calcaires siliceux. Les plateaux recouverts de limons fertiles sont donc favorables à la grande culture céréalière. Il reste aujourd’hui des exploitations fruitières le long de la départementale. Si l’on s’imagine le grand paysage d’openfields qui devait s’étendre sur des kilomètres, il est loin de celui actuellement bien diminué et voué à disparaitre. Pour pallier à ce changement des partenariats entre agriculteurs se sont mis en place pour essayer de développer une forme d’agriculture péri-urbaine. Ce projet a pour but de maintenir une activité de production rentable mais aussi de proposer aux citadins le cadre de vie “rural” qu’ils étaient venus chercher.

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Les traces d’anciennes entrées de domaines

Un couvert arboré dense

Jeux de lumières dans les feuillages

Les tracés des chemins dessinent la pente

Les arbres isolés, élémen

Coupe AA’ : Un plateau en surplomb, à l’ouest les coteaux sur la Marne et à l’est la vallée du Morbras

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Coupe BB’ : Le plateau dans sa longueur, répartition hétérogène du bâti


nts verticaux

Aujourd’hui sa place se résume à des exploitations morcelées résistant difficilement aux assauts de l’extension de la ville. Reculant de plus en plus vers l’est, les parcelles de culture laissent derrières elles des enclaves agricoles qui se retouvent en contact direct avec les dernières maisons de la ville. Nichées dans le vallon : fermes et exploitations

Les exploitations agricoles sont le paysage du vide ; après le fourmillement de la ville et la densité de la forêt, c’est un paysage calme et linéaire qui s’ouvre. Malgré la dimunition des surfaces agricoles, l’impression qui s’en dégage reste celle d’un milieu ouvert. Grâce à la définition des grandes entités paysagères, je comprends dans quel contexte se place la ZA des Bordes. Située à la limite entre une péri-urbanisation galopante et la ligne de recul de l’activité agricole, elle est au carrefour de la ville et du rural. Je me demande comment cet espace pourrait devenir un espace identitaire de ce territoire : ni tissu urbain, ni espace agricole ? Comment retrouver un contact et se ré-ancrer dans ce paysage ? Est-ce que ce n’est pas la décontextualisation de la ZA qui lui confère son caractère banal ? Détachée de son territoire, elle n’en porte pas l’identité et se retrouve posé sur son socle et non partie prenante de son organisation.

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RD4


3 POLARITÉS ET LIEUX DE VIE

3. DES ESPACES PUBLICS CONTRASTES : de naturels à urbains

La double identité de Chennevières, à la fois tournée vers le Grand Paris mais aussi encore très attachée à son histoire agricole permet la présence d’espaces publics diverses. On trouve au nord de la RD4, la Ferme des Bordes et l’asinerie Francilianes nouvellement installée. La Ferme est une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne (AMAP) et propose une production maraichère bio distribuée une fois par semaine sous la forme de paniers. Cette association vise à mettre en place un mode de consommation alternatif permettant le maintien d’une agriculture de proximité. Depuis 2009, un ânier et ses bêtes se sont installés dans des pâturages autour de la ferme. Il s’agit plus généralement d’une ferme pédagogique qui accueille les groupes scolaires ou les promeneurs. Jouxtant la plaine, le Parc départemental de la plaine des Bordes accueille des aires de jeux, de pique-nique et de sport : un lieu que j’ai trouvé ouvert et accueillant. Au sud, dans le secteur du centre-ville et des logements pavillonnaires ; on retrouve des squares et des parcs dimensionnés à l’échelle de la ville. De la placette au parc urbain, les espaces publics se déclinent sous différentes formes. Les Terrasses de Chennevières mettent en valeur le panorama offert sur la Marne et plus loin sur Paris. J’ai clairement senti une rupture entre les deux qualités d’espaces et dans leur lien les uns avec les autres.

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Cité HLM du Bois l’Abbé

Quartier pavillonnaire de Chennevières 102

ZA les Bordes

Un tissu urbain dense, essentiellement pavillonnaire


5. La ZA des Bordes, UN QUARTIER à part entière ? Située en limite de ville, la zone d’activités se positionne comme une enclave dans le tissu urbain. Non pas qu’on, ne puisse pas y entrer, ni en sortir, mais on ne peut pas la traverser. Elle possède certes deux entrées mais qui débouchent toutes deux sur le même axe. Une seule solution reste : la contourner. La zone mesure 30 hectares, ce qui représente environ la même superficie que la cité HLM au nord ou que le quartier pavillonnaire qui la jouxte. Les Bordes se situent au coeur d’un tissu pavillonnaire dense, résidentiel et de lotissements. J’ai pu observer un phénomène de déplacements pendulaires entre les quartiers pavillonnaires et les lieux d’activités. Comme des vases communiquants, lorsque l’un se vide, l’autre se remplit. La ZA (en violet) est occupée et active du lundi au vendredi, de 7heures à 20heures, tandis que les zones de logements (en orange, rose et jaune) retrouvent leur vie le week-end et le soir, après 18heures. Il me semble que ce rythme de vie donne à la zone d’activités toute sa vocation de quartier. Je m’interroge encore sur sa forme. Et si on imaginait un espace véritablement communicant avec le reste de la ville ? Un lieu que l’on traverse, où l’on s’arrête et qui puisse vivre à toute heure ?

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Les Bordes

Les coteaux 104


6. INTENTIONS

Ma deuxième grande interrogation concerne le statut de la ZA dans la ville et au vu des différentes dynamiques de projet il me semble tout à fait probable d’envisager d’inclure la remise en question de la zone d’activités dans un projet plus global. La réserve foncière que représente la parcelle restante est une potentialité pour l’extension de la zone et la création en son sein d’un tissu mixte d’activités et de logements. Ce projet serait mené par les grandes lignes suivantes : - création d’un nouvel espace fédérateur au coeur du quartier qui soit une respiration dans la densité bâtie et un ouvrage capable de gérer les eaux de pluie ou de ruissellement, apportant une réponse à la perméabilisation existante du sol - penser et inventer des espaces hybrides qui répondraient aux attentes des différents usagers, aussi bien travailleur qu’habitants. Trouver une réponse à la double temporalité des ces lieux par la mutualisation des espaces. - rompre la fracture nord-sud de la ville et mettre en écho les différents espaces publics, urbains comme naturels. - retrouver un rapport au sol et au territoire. Je ne sais pas encore comment mais ré-ancrer la zone sur son plateau.

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CONCLUSION Mes travaux de recherches et d’investigations pour ce TPFE m’auront permis de me rapprocher des enjeux urbains et surtout péri-urbains. Cette frange qui n’est ni la ville, ni la campagne est souvent délaissée de projets et de considérations ; ce qui entraine inéluctablement sa dégradation. Aborder le thème du banal au travers des zones d’activités m’a permis d’entrer dans le vif du sujet. J’ai appris à porter un regard à la fois critique et dénué d’à priori sur ce paysage ordinaire qui est le paysage quotidien d’un grand nombre de personnes. J’ai apprécié regarder et façonner un espace pour les gens qui y vivent et y travaillent. J’ai l’impression de n’avoir jusqu’ici que peu pris en compte la dimension humaine dans mes projets ; mais travailler sur une zone d’activités c’était obligatoirement prendre ses usagers en compte. Je n’ai pas encore à ce stade de l’écriture du mémoire pu encore définir l’esquisse du deuxième scénario de mon projet.

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Annexe

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“Travaux pratiques Observer la rue, de temps en temps, peut-être avec un souci un peu systématique. S’appliquer. Prendre son temps. Noter le lieu : la terrasse d’un café près du carrefour Bac SaintGermain l’heure : sept heures du soir la date : 15 mai 1973 le temps : beau fixe Noter ce que l’on voit. […] Il faut y aller plus doucement, presque bêtement. Se forcer à écrire ce qui n’a pas d’intérêt, ce qui est le plus évident, le plus commun, le plus terne.”

Georges Perec, Espèces d’espaces, Éd. Galilée, Paris, 1974, p. 70

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Tentative d’épuisement d’une zone d’activités (Cet exercice est arrivé à un stade de mon travail où j’avais l’impression de ne plus savoir comment appréhender la zone des Bordes.) En 1974, Georges Pérec a fait une expérience : tout dire d’un lieu dans sa banalité du quotidien. Du 18 au 20 octobre, pendant plusieurs heures, il note dans un carnet tout ce qu’il voit, qu’il entend, les choses auxquelles on ne prête pas attention d’ordinaire en littérature. Il dresse une liste exhaustive (si c’est possible ?) de ce qui l’entoure, de la démarche d’un passant à la couleur d’une 2CV. Son but ? Montrer la ville, la vie dans tous ses détails et pas seulement ce que l’oeil a besoin de voir pour se repérer, s’orienter

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A ce stade de mon mémoire, j’ai décortiqué, analysé, photographié le moindre endroit de la ZA des Bordes et pourtant j’ai l’impression que mon regard s’est porté principalement sur ce qui concernait mon projet. J’ai parlé des végétaux, des matériaux, des espaces, des surfaces. Mais ai-je parlé des gens ? Des lumières ? Des mouvements ? Non, et c’est ce que je me suis efforcée de faire ici.


Dans la zone d’activités de Bordes, il y a beaucoup de choses, par exemple : une plate-forme de tri de la Poste, un garage automobile, des boîtes aux lettres, des poubelles, un alignement de tilleuls, un centre EDF, une société de transports, une entreprise d’entretien industriel, un arrêt de bus et bien d’autres choses encore. Toutes ces choses, ou presque, ont été recensées, inventoriées, listées, photographiées. Par moi, entre autres. Ce n’est donc pas l’objet de mon travail. « Mon propos dans les pages qui vont suivre a plutôt été de décrire le reste : ce que l’on ne note pas généralement, ce qui ne se remarque pas, ce qui n’a pas d’importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages »*. Du banal. La date : mardi 04 janvier 2014 L’heure : 7 h 30 Le lieu : Entrée est, dans ma voiture Le temps : Froid sec. Ciel noir, il fait encore nuit. Inventaire des choses visibles (non exhaustif) : Des noms, lettres : BMW, SN Decobat, Café de l’Avenue (situé en dehors de la zone mais dont l’enseigne est visible depuis ma place) Des chiffres : 90 (vitesse limite inscrite derrière un camion), 6487ND10 (une plaque d’immatriculation), 94 (le département du Val de Marne écrit sur le plan de la zone), le n°6 ( de la rue Lavoisier à laquelle je fais face) Des symboles, signes : un P dans un rond bleu (signifiant un

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parking), une grosse flèche noire, un panneau rouge barré d’un trait blanc (sens interdit) Des matières : le béton (de la rue), le métal (plus précisément de la tôle ondulée), des vitres (qui reflètent les lueurs des réverbères) Mouvements

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Une fourgonnette grise de la marque Fiat entre A ma droite, dans les maisons, derrière les arbres, une lumière s’allume Une Mercedes grise entre à son tour Coup de klaxon (je n’en voit pas la provenance) Un bus se dirige vers la RN4, je ne vois ni sa destination, ni son numéro Passe une voiture grise, marque inconnue Passe un break Les voitures ont les phares allumés Entre une voiture Peugeot, type monospace Un homme à pied porte une grosse parka. De la buée sort de sa bouche. Après vérification, il fait 4°C Passent un camion 3,5T, une BMW grise, une voiture blanche Calme Se croisent, une voiture de la marque Renault, un camion noir, une petite voiture grise et un fourgon blanc Entre encore une voiture, mais comme j’écrivais, je ne l’ai pas vue. Une BMW blanche grimpe le trottoir et se gare en face de moi Il fait encore trop nuit pour que je distingue clairement tout autour de moi Calme Un homme sort de d’une voiture, il porte un sac plastique orange Une femme traverse la rue, son sac à main sur le bras

Entrent un camion benne bleu et une voiture Twingo noire Passe une fourgon blanc La Twingo noire fait demi-tour pour tenter de se garer juste devant moi. Devant l’effort, la voiture cale. Toussotement de moteur. Elle redémarre et se place sur le


trottoir Dans mon rétroviseur, une benne bleue est déposée par un camion, sur la chaussée Passe une Peugeot blanche Un homme brun descend de la Twingo et se dirige vers la concession BWM

Entre une voiture grise La Twingo porte un A sur le pare-brise arrière (jeune conducteur?) Entre une Citroën Picasso Se croisent un break Laguna et un fourgon Entre une Renault Clio, qui se gare dans le même élan sur le trottoir Sur la devanture BMW s’inscrit aussi en lettres lumineuses le mot MINI Un portail jaune s’ouvre pour laisser passer un homme qui porte un bonnet SN Decobat Un 4x4 noir BMW se gare en marche arrière dans une petite allée Les trottoirs se retrouvent peu à peu encombrés de voitures, stationnées en file indienne. Cependant, il n’y a pas de logique dans l’occupation de l’espace. Chaque personne semble se garer au plus près de son lieu de travail et non pour laisser de la place ou non aux autres. Un cycliste porte un gilet jaune rélféchissant Un homme qui porte une veste en cuir Je n’arrive pas à tout noter, le trafic est trop important, les véhicules occupent toute mon attention. Un homme portant une capuche semble écouter de la musique dans un casque Trois voitures : deux qui sortent et une qui entre Le ciel semble s’éclaircir, je distingue mieux le contour des choses Barbier INDUSTRIEL Deux voitures qui entrent, deux voitures qui sortent Une femme pousse la porte du concessionnaire MINI

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Transports A Moreau Trois voitures, un camion benne, un fourgon, une voiture Une Renault, une camion de transport blanc, un monospace Les arbres n’ont plus de feuilles Un homme qui porte une bleu de travail, les mains profondément enfoncées dans les poches Une voiture de la Poste, une fourgon bleu, un camion benne ASTPRC Une femme, à la capuche en fourrure, porte un cabas vert Une autre camionnette de la Poste Un camion, une fourgonnette, une voiture, Deux voitures, un camion benne, une moto, une voiture, non deux voitures

Une moto, deux voitures Deux hommes se saluent d’une poignée de main Une camionnette de la Poste Un break, une moto, un monospace, une Citroën Xantia Un flot presque discontinu de voitures rythme la rue. Un homme portant un sac à dos passe le portail jaune Un homme chauve Calme

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Entre une petite voiture rouge Bruit régulier des voitures Deux hommes en costume allument une cigarette devant le concessionnaire, plus loin, un homme et une femme discutent Klaxon Camions. Voitures. Entrent. Sortent. Je ne peux plus compter, après tout à quoi servirait le nombre ? Une femme blonde ferme sa voiture à clé Une homme qui porte une barbe traverse la rue d’un pas rapide Cinq personnes sont maintenant devant le concessionnaire BMW Une moto quitte son stationnement, avec une passagère à l’arrière

Six voitures entrent Une Clio, une Peugeot noire JL Sécurité AUBRY Camions Passe un bus (lequel?) Un camion stationne devant moi. Il fait descendre le hayon et s’active à décharger des palettes à l’aide d’un engin


08 h05, fin du rush ? L’heure d’arriver est passée Un homme traverse en courant (retard?) Transports NORBERT Un camion vert, un pick-up (vitesse excessive) Une moto, une voiture, une autre moto Si je me retourne, je vois arriver une homme, le visage caché par sa capuche Ciel clair, éclairage des rues toujours allumé Les véhicules qui entrent et sortent ont tous éteint leurs phares Une femme est au téléphone Un homme arrête brièvement sa voiture pour déposer une enveloppe dans la boîte de SN Decobat Un pigeon survole la rue Camion de location ADA Deux voitures, un scooter La circulation me paraît désordonnée, pas hiérarchisée Un camion fait demi-tour Une femme mange une viennoiserie Une homme qui porte une doudoune Un homme portant son sac à dos sur une épaule Deux voitures, une moto Deux femmes asiatiques marchent en discutant Une voiture se gare, deux jeunes hommes en sortent Une femme dont les cheveux sont teints en rouge 08h20 – j’ai mal au bras à force de griffonner sur mon carnet Sort un bus ligne 7 Une voiture, une fourgonnette bleue Deux femmes Go Sport

Encore un homme vêtu d’une parka Un jeune homme portant un sac en plastique à la main Un homme ,qui fume, porte à la fois un bonnet et sa capuche Camions TENDRON Auchan Les concessionnaires finissent de sortir leurs voitures d’exposition Quatre voitures, une camionnette

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La rue est complètement brouillée de véhicules en double file, de demi-tours intempestifs et de voitures rapides Un homme descend le hayon de son camion (livraison?) 08h30 – Jour totalement levé. Pause

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La date : mardi 04 janvier 2014 L’heure : 10 h 30 Le lieu : Rue Gay Lussac, dans ma voiture Le temps : Sec et froid. Ciel voilé, éclaircies par intermittences Je suis encore une fois garée sur le trottoir, assise côtée conducteur La rue est encombrée de camions et de voitures Un homme au téléphone monte dans un camion benne Une voiture se gare, un poids lourd manoeuvre (difficilement) BIR Pliage Services Passe une Twingo noire Deux hommes s’affairent près d’un camion grue Croisement difficile entre deux véhicules Un camion démarre depuis les entrepôts de la Poste Le poids lourd termine sa manoeuvre Passe une jeune femme sur un vélo de la Poste (postière ?) Quatre voitures d’affilée UPS Deux camions, un 4x4 noir Une voiture s’arrête sur la chaussée et allume ses feux de détresse Au loin, une femme traverse Des cartons remplis, déchirés, posés à côté des poubelles Du vert dans les arbres (pas tous) Fourgon de la Poste UPS Calme Grupo Logistico Une voiture bleue Le 4x4 repasse (perdu ?) Un camion quitte sa place et entre dans les locaux BIR

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Une voiture (trop rapide) Le vent agite les plastiques des poubelles Un monsieur de la Poste sur son vélo A ma droite, cinq voitures BIR blanches identiques Sans bouger, je peux compter jusqu’à cinq poubelles Une femme marche, son téléphone à la main Un sac en plastique traverse la rue, poussé par le vent Un des hommes sur le camion grue passe la meuleuse Étincelles lumineuses Paillettes de feu Grincement du métal (persistant) BIR Vert pomme Une camionette cède la priorité à un camion benne Un homme en bleu de travail, cigarette aux lèvres, porte des tuyaux en plastique sur l’épaule droite

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Passe une voiture noir et une camionette grise Vent léger Voiture bleue, suivie de deux autres véhicules Camio benne BIR Le passage des poids lourds secoue la voiture Un 4x4, queue de poisson, coup de klaxon Gens pressés Meuleuse toujours en marche SIREMBALLAGE Bip de recul Deux pies dans un bouleau Un homme qui porte des gants marche d’un pas rapide Groupe de six personnes, rires Une femme traverse la rue, elle porte un gilet beige

Je me demande combien de voitures passent ici par jour ? Combien de véhicules tout simplement ? Serait-il possible d’avoir le courage de tous les compter ? Un camion décharge, acculé au bâtiment Un rayon de soleil troue les gris des nuages


Passent trois voitures, un vélo de la Poste Le groupe de personnes s’éloigne dans un buit de voix Unfemme portantdes bottes fourrées s’approche en fumant Elle écrase sa cigarette Deux voitures grises un 4x4 se gare derrière moi Calme Le poids lourd a fini de décharger, il démarre et quitte sa place Un bus 120, une voiture rouge Känter Un fourgon passe Une femme slalomme entre les voitures sur le trottoir Poids lourd rouge Je gêne l’entrée d’un camion, je déplace ma voiture et me gare sur le trottoir d’en face

11 h - Mon ventre gargouille déjà Le poids lourd rouge manoeuvre et entre dans les locaux de la Poste Trois frougon se suivent, puis deux voitures Il fait 5°C METRO L’homme portant des tuyaux repasse en sens inverse, suivi d’un homme portant un ordinateur Deux fourgons se croisent Un vieux camion benne Renault Une femme ouvre le coffre de sa voiture et cherche à l’intérieur Un camion poubelle passe avec deux éboueurs en gilet jaune Il est 11h10 - Je vais me chercher à manger et prévois de revenir pour midi. 11h55 - Le ventre plein, je reprends Transports CAUDRON Un camion benne rempli de sable

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Mercedes rouge Une voiture bleue sort d’un entrepôt bleu. Le même bleu. Je remarque une entrepôt avec un toit en shed. Le seul que j’ai vu depuis ce matin. Il me rappelle ces photographies des grandes industries, emblématiques. Une voiture blanche 11h57 - Les employés trépignent-il d’impatience d’aller déjeuner ? Une homme sort d’un local, un autre traverse la rue dans la même direction. Une Peugeot Un homme portant un bonnet et une femme montent dans une voiture et s’en vont Passe un jeune homme avec une lettre à la main Un des deux hommes emprunte sa voiture Des voitures quittent peu à peu les locaux. Vont-ils manger ailleurs ? Chez eux ? un cycliste porte un gilet fluo et un casque Passe une scooter, le conducteur porte lui aussi un gilet fluo Un deuxième cyclite apparait au bout de la rue Un homme l’air sévère avnce d’un pas raide Un véhicule de la Poste Un fourgon arrêté devant moi me bouche partiellement la vue

Éclaircie Je revois des gens que j’ai déjà vus, le jeune homme à la lettre revient sans, la femme aux bottes fourrées repasse.

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12h00 - Fourmillement de véhicules, va-et-vient de personnes JANDRI Deux hommes sortent d’un local en discutant ils commencent à décharger un semi-remorque D’autres voitures quittent leur stationnement. Pendant quelques minutes, les trottoirs retrouvent leur liberté. Deux voitures Une voiture allume son clignotant, elle déboite. Les hommes sortent des gors sacs du camions qu’ils déchargent Deux camions

Trois voitures Un véhicule de service Un homme passe en portant deux petits bidons contenant un liquide rouge Les nuages avancent vite dans le ciel, c’est impressionant


Un homme un sandwich à la main croque dedans Un homme passe tenant en laisse un épagneul breton Un vélo de la Poste Un homme avec des sandwiches dans un sac Un scooter Deux autres scooters Le semi-remorque a fini décharger Une fourgonnette, deux voitures Un homme avec un caisse à outils à la main Une femme habillée tout en noir avec des chaussures blanches Un scooter de la Poste (où sont passés les vélos ?) Calme - La sortie de midi pour déjeuner semble se calmer Un poids lourd allume ses feux de détresse au bout de la rue PARKING RÉSERVÉ A LA CLIENTELE Un jeune homme dans une camionette grise semble surpris de me voir là. Il allume une cigarette Trois voitures Un fourgon de la Poste L’homme à l’air sévère repasse avec un sandwich Deux voitures se croisent Un scooter de la Poste Calme Ennui Je regarde l’heure : il est midi vingt-cinq Une voiture noire suivie d’un scooter Une portière qui claque, un 4x4 noir qui recule et qui s’éloigne Deux voitures Une voiture apparait au bout de la rue. Elle arrive vite à ma hauteur Un camion frigorifique, deux voitures dont une rouge Une Clio blanche

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Une voiture grise cède la priorité à un camion de la Poste Une file de six voitures, interrompue par un scooter qui déboite Un homme qui porte une polaire noire Un vélo de la Poste

Une Peugeot grise, rapide KTY Un semi-remorque Deux voitures quittent leur place, surement de ceux qui ont leur pause à midi trente Calme Un vélo de la Poste Deux voitures, un camion Au loin, deux personnes (hommes ? femmes ?) fouillent dans un coffre. Une voiture sort d’un parking, le portail électrique se referme derrière elle Un homme traverse la rue en courant

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Trois voitures dans un sens, deux dans l’autre Grand rayon de soleil. Je sens sa chaleur à travers la parebrise L’ombre des bâtiments s’accentue sur le route Éblouissement Un vélo de la Poste Calme Un camion BIR Un voiture Des véhicules passent, je n’y ai pas prêté attention 12 h40, grand calme et soleil Deux vélos de la Poste se croisent Une femme se gare et prend un sac dans son coffre Elle verrouille sa voiture

Ciel assombri


Soleil Un scooter de la Poste Deux voitures Une plume volète Une pomme de pain roule au sol (vent ?) Bruit d’accélération derrière moi Une voiture grise Le soleil apparait et disparait Quatre voitures et un poids lourd Crissement de pneus un camion chargé de bouteilles de gaz Deux voitures, un fourgon de la Poste Ballet de voitures Je pensais à autre chose, bercée par le ronronnement des véhicules 12h45 Une femme qui porte une doudoune blanche et des lunettes de soleil 13h - Je me surprends encore une fois à rêvasser. stop, je m’y remets sérieusement Deux voitures Un camion La femme à la doudoune blanche revient sur ses pas Deux voitures Un homme et une femme traversent la rue en discutant Un camion benne jaune Un utilitaire blanc Une voiture se gare Spring Nettoyage Deux fourgons sortent simultanément d’un entrepôt

Soleil et nuages noirs Un homme se gare et entre dans un local

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Un chat noir comme chaussé de bottines blanches longe nonchalement un grillage. A sa rencontre vient un jeune homme qui l’ignore et continue sa marche. Flot de voitures qui se garent Un homme essaie de démarrer, le moteur tousse et finit par s’allumer Une jeune homme roux à vélo Deux voitures grises se croisent 13 h20 - J’arrête et reprendrais un autre jour.

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Bibliographie François JOST, Le Culte du banal - De Duchamp à la télé-réalité, (2013), éd. Biblis Georges PÉREC, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, (1975), éd.Christian Bourgois

Espèces d’espaces, (1974), éd. Galilée

MARCOS WEIL - Jean-pierre DEWARRAT - Richard QUINCEROT - Bernard WOEFFRAY, Paysages ordinaires, De la protection au projet, (2003), éd. Mardaga Jean-Chirstophe BAILLY, Le Dépaysement : voyages en France, (2011), éd. du Seuil Pascal Cribier, Itinéraires d’un jardinier, (2009), éd. Xavier Barral Michel Desvigne, Natures intermédiaires - Les paysages de Michel Desvigne, (2009), éd. Birkhaüser

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La sensibilité au paysage ordinaire des habitants de la grande périphérie bordelaise, Thèse géographie, Université Bordeaux Géographie et Aménagement Michel Montaigne, Eva Bigando, (2009) CAUE de Loire-Atlantique 44, Ré-inventer la zone d’activités - Pour un aménagement durable des espaces d’activités, (2011) Conseil général des Côtes d’Armor, Paysages et zones d’activités : éléments de réflexion, DIREN Bretagne, CAUE des Côtes d’Armor, (1993). L’eau au coeur d’un parc d’activités. Agence de l’eau Artois Picardie, Association PALME, (2008)


http://www.projetsdepaysage.fr/fr/le_paysage_ordinaire_ porteur_d_une_identite_habitante http://www.mairie-chennevieres.fr/ http://www.caue94.fr/

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Remerciements

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Je tiens à remercier mes parents sans qui rien de tout cela n’aurait été possible, merci de m’avoir poussée sans réserve vers ce riche et complexe univers du paysage. Merci pour la gestion des heures de crise et les relectures sans fin ! A l’équipe pédagogique de l’ESAJ qui aura su nous porter aux bouts des projets. Et plus particulièrement mes encadrants de diplôme qui ont su guider et soutenir mes travaux tout au long de cette année. A Lionel Guibert pour son dynamisme, son énergie et son dévouement pour cette école. A l’émulation intellectuelle,, culturelle et musicale qui n’a cessé de porter cette classe exceptionnelle qui m’aura accompagnée durant ces quatre années. Merci de m’avoir rassurée, soutenue et beaucoup fait rire ! Merci les filles, Audrey et Louise, de votre présence inconditionelle et vos conseils toujours rigoureux !

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