Mercedes-Benz magazine / automne-hiver 2013

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1925-4156

13·AUTOMNE/HIVER

FUTUR SIMPLE Place à la nouvelle génération de Classe S

ÎLE FLOTTANTE Goûtez aux saveurs de l’Î.-P.-É.

SHOPPING À TOKYO Découvrez l’étiquette du magasinage au Japon

NICO ROSBERG Passez 60 min avec la superstar dans les coulisses d’un Grand Prix


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ce

n u m éro

FA S C I N AT I O N De la gastronomie au style, la culture canadienne tient la route.

DESIGN

O N DE S DE C H O C

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ÉVÉNEMENTS

PA S S E R E L L E S INH A BITUELLES

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QUARTIER

E F F E RV E S C E N T E E DM O N T O N

SCÈNE

LA CRÈME DE L A B E AU T É Trois marques de cosmétiques d’ici prouvent que dans les petits pots canadiens, les meilleurs onguents.

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E S C A PA D E

M E R N OU R R IC I È R E Sur l’Île-du-Prince-Édouard, où l’on pratique depuis belle lurette autocueillette et locavorisme, tout le monde met la main à la pâte pour nourrir ses passions.

Partout au pays, une nouvelle vague de semaines de la mode en vogue fait surface.

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MÉCÈNE EN SCÈNE

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Réputé pour ses films qui illustrent les clivages sociaux, dans la vraie vie, le réalisateur canadien Paul Haggis œuvre à les estomper.

Le design canadien se love dans les formes sinueuses et remise les angles à 90 degrés au placard.

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PROFIL DE VEDET TE

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Les bonnes adresses du quartier le plus branché d’Edmonton.

p h o t o : g r ac i e u s e t é d e l a t o r o n t o a r t fa s h i o n w e e k

JET SET

SHOPPING ZEN Découvrez le raffinement à la japonaise, là où on ne l’attend pas : dans les temples de la consommation de Tokyo, où le commerce est florissant.

MONDANITÉS

F I L M S , F E S T I VA L S E T JO L I S M I NO I S Sortez avec Mercedes-Benz aux événements les plus courus de la saison, de concerts privés aux fêtes remplies de stars.

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PERFORMANCE DE CONDUITE

FA N TA S T I Q U E 4M AT IC La CLA 45 AMG 4MATIC est un coupé quatre portes aux superpouvoirs.


13• au tom ne/ h iver

bu l l e t i n

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M O T DU P R É S I DE N T

BON THÉ, QUEL BOOM ! Bien que Chengdu soit la ville chinoise connaissant la plus forte croissance au pays, la métropole sichuanaise préserve soigneusement ses traditions.

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COURIR LA CHANCE

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L A F O R M E PA R FA I T E

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Les athlètes s’entraînent des années avec un objectif en vue : optimiser leurs techniques.

Fréquemment, la nature fait germer les meilleures idées afin de concevoir immeuble écoénergétique ou maillot hydrodynamique.

I N N O VA T I O N D’une édition limitée de la smart en passant par une imprimante 3D, voyez comment haute technologie et design se conjuguent au plus-que-parfait.

P OINT

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DE

MIRE

MISSION : PER FECTION Remportant le titre de meilleure voiture du monde depuis sa création, la nouvelle Classe S est non seulement à la hauteur de sa réputation, mais elle surpasse les attentes.

L’ H E U R E L A P L US LONGU E

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U N S OU F F L E DE M O B I L I T É L’artiste japonais Yasuaki Onishi crée une sculpture quasi immatérielle à partir de la Mercedes-Benz CLA.

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Pas à pas, on suit le pilote de Mercedes AMG Petronas, Nico Rosberg, durant les 60 min qui précèdent le début du Grand Prix d’Australie.

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A S S OY E Z -VOUS . . . La nouvelle Classe S transforme le modeste siège conducteur en une interface hommemachine.

U N E L É G E N DE Grâce à ses avancées technologiques continues, la Classe S s’est forgé une réputation enviable de doyen toute catégorie, en plus d’incarner l’exclusivité.


Mot du Président

A

vec chaque nouvelle génération, la Classe S présente des avancées technologiques révolutionnaires et des systèmes avant-gardistes qui contribuent à repousser sans cesse les limites de l’industrie. En effet, non seulement la Classe S est un fer de lance technologique pour Mercedes-Benz, mais aussi pour l’ensemble de la planète automobile. Cette tradition d’excellence remonte au tout premier véhicule de Classe S et elle s’est poursuivie au gré des lancements de nouveaux modèles et de l’introduction sur le marché de dispositifs aussi considérables que les coussins gonflables, les freins ABS et le Programme de stabilité électronique (ESP). Nos brillants ingénieurs ont œuvré sans relâche à développer trois grandes priorités de la Classe S 2014, soit l’Intelligent Drive (conduite intelligente), l’Efficient Technology (haute performance technologique) et le Essence of Luxury (la quintessence du luxe). D’ailleurs, l’article « Mission : perfection » (p. 24) donne un bon aperçu des innombrables et fort impressionnantes caractéristiques grâce auxquelles la Classe S s’établira comme nouvelle référence en matière de véhicule de luxe. Par exemple, voyez comment le dispositif DISTRONIC PLUS avec conduite assistée permet une conduite mains libres semi-autonome dans le trafic et comment PARKTRONIC avec aide active au station­nement repère automatiquement, par capteurs ultrasoniques, les espaces de stationnement parallèles ou perpendiculaires disponibles, et prend, au besoin, le contrôle du volant afin de ranger le véhicule en douceur. Dans le luxueux habitacle, les sièges avant multicontours pour conduite dynamique enveloppent les passagers dans un confort unique et leur offrent en option la fonction Massage aux pierres chaudes (p. 98). Quant au système audio ambiophonique Burmester, offert en équipement standard, il est spécifiquement adapté aux configurations de l’habitacle afin d’y développer pleinement une acoustique dynamique et bien équilibrée. De plus, le nouveau système AIR BALANCE propose un choix de quatre

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parfums d’ambiance de grande qualité et permet d’optimiser la filtration en plus de bénéficier d’une ionisation accrue de l’oxygène qui améliore la qualité de l’air, tout en réduisant l’exposition aux virus, bactéries et odeurs venant de l’extérieur. Pour avoir passé pas mal de temps au volant de la nouvelle Classe S, à Toronto et dans les environs de Muskoka, lors du lancement de presse mondial en juillet dernier, je peux affirmer avec certitude que nous avons bien atteint notre objectif de concevoir l’une des meilleures voitures du monde. Nous étions d’ailleurs extrêmement fiers de recevoir en sol canadien plus de 700 journalistes venant des quatre coins du globe. Nos routes pittoresques et nos démons­ trations spéciales ont fourni le décor idéal pour mettre en valeur notre nouvelle berline vedette. Pour plusieurs de nos invités, c’était une première visite au Canada ; quelle belle façon de découvrir un pan de notre grand pays au volant d’un si grand modèle. D’ailleurs, bien que ce numéro réussisse à brosser un excellent portrait de la Classe S et de ses innombrables innovations révolutionnaires, rien ne remplace l’expérience de la conduire. Ainsi, surveillez son arrivée chez nos concessionnaires, dès novembre. Que vous soyez séduit par son remarquable design, hommage à son riche héritage, ou par ses multiples systèmes qui mêlent habilement et somptueusement confort et sécurité, la Classe S vous plaira à coup sûr. Découvrez-la dans ce numéro ainsi qu’une foule d’autres sujets intéressants, et parions que vous passerez un bel automne.

Amicalement,

Tim A. Reuss Président et chef de la direction


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dé ta i l s de pu bl icat ion Publié par Daimler AG · Communications · HPC E402 · D-70546 Stuttgart Responsable auprès de l’éditeur Mirjam Bendak Conseil d’édition Dr. Joachim Schmidt (Chairman) · Daniel Bartos · Thomas Fröhlich · Lüder Fromm Christoph Horn · Jörg Howe · Anders Sundt Jensen · Alexandra Süss Canada Mercedes-Benz Canada Inc., 98 Vanderhoof Ave., Toronto, ON M4G 4C9 Président et chef de la direction Tim A. Reuss Vice-président du marketing Gavin Allen Directrice, Communications et relations publiques JoAnne Caza Directeur, Communications commerciales nationales Jay Owen Superviseure, Gestion des relations avec la clientèle Lisa Hynek Superviseur, Relations publiques Michael Minielly Coordinatrice Vanessa Pagliaroli C o nc e p t i o n e t r é dac t i o n Allemagne Condé Nast Verlag GmbH · Karlstrasse 23 · D-80333 München Collaborateurs 500GLS, Bernhard Bartsch, Fabrice Braun, Leandro Castelao, Annabel Dillig, Björn Fischer, Lyndon Hayes, Christoph Henn, Jasper James, Jörn Kaspuhl, Anatol Kotte, Harmut Lehbrink, Michael Moorstedt, Tobias Nebl, Ulrike Stierle, Matthias Straub, Wolfgang Wilhelm, Meike Winnemuth Canada Spafax Canada, 4200, boul. Saint-Laurent, bureau 707, Montréal QC H2W 2R2 Président, contenu Raymond Girard Vice-président directeur, marketing de contenu Nino Di Cara Vice-présidente, finances et exploitation Paula Pergantis Directeur de contenu Arjun Basu Stratégiste principale Courtney MacNeil Chargée de projet Celyn Harding-Jones Rédactrice en chef Natasha Mekhail Rédacteurs principaux Christopher Korchin, Isabelle Vialle-Soubranne Rédactrice adjointe Eve Thomas Adjointe à la rédaction Stephanie McBride Rédactrice web Jasmin Legatos Adjointe à la rédaction web Renée Morrison Collaborateurs Rich Begany, Mike Berson, Curtis Comeau, Kate Hahn, Valerie Howes, Tracy Hyatt, Christophe Jasmin, Frances Juriansz, Paige Magarrey, Celeste Moure, Julie Saindon, Chantal Tranchemontagne Directrice artistique Christine Houde Graphistes Bruno Dubois, Nicole Noon Directrice de la production Joelle Irvine Responsable de la production Jaclyn Irvine Vérificatrices d’information Catherine Korman, Lisa Voormeij Correctrice d’épreuves Sabine Cerboni Traduction CH Kay, Marie-Paule Kassis Ventes médias et publicitaires Spafax Canada, 1179 King Street West, bureau 101, Toronto, ON M6K 3C5, sales@spafax.com Directrice des ventes Laura Maurice Tél. : 416-350-2432, lmaurice@spafax.com Droits ©Copyright 2013 pour Mercedes-Benz Canada Inc. Tous droits réservés. La reproduction et l’utilisation du contenu de ce magazine, en tout ou en partie, ne sont permises qu’avec l’autorisation écrite de l’éditeur et de Daimler AG. Les points de vue formulés sont ceux des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux de Mercedes-Benz Canada Inc., de l’éditeur ou des chefs de la rédaction. L’éditeur se réserve le droit d’accepter ou de refuser tout matériel publicitaire. L’éditeur n’est pas responsable des manuscrits, photographies ou autres documents non sollicités. Certains véhicules illustrés peuvent inclure des équipements non offerts au Canada, et certains équipements offerts en option peuvent ne pas être disponibles pour tous les modèles. Certains modèles présentés n’ont pas de feux de position latéraux. Pour de l’information mise à jour sur les modèles, les caractéristiques standard, les équipements offerts en option ou les couleurs disponibles au Canada, de même que sur les prix, veuillez contacter le concessionnaire autorisé Mercedes-Benz le plus près de chez vous, ou visiter www.mercedes-benz.ca. À notre connaissance, les renseignements contenus dans ce magazine sont exacts, mais nous ne pouvons pas être tenus responsables de toute erreur éventuelle. magazine Mercedes-Benz est publié deux fois par an, en collaboration ou sous licence, en 40 langues. Numéro 324, 59e année de publication, en remplacement de Mercedes – le magazine pour les gens en mouvement et de Mercedes-Benz in aller Welt. Retourner les non livrés à Spafax Canada, 1179 King Street West, bureau 101, Toronto, ON M6K 3C5 Imprimé sur du papier blanchi sans chlore Imprimé au Canada ISSN 1925-4156 Poste-publications numéro de convention 41657520

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AV O I R S

Maison modèle bonestructure . ca

B â t ir u n e m aiso n sans planter un clou, c’est le lot quotidien de Marc-André Bovet, président de BONE Structure. Depuis 8 ans déjà, dans ses ateliers de Laval, le constructeur assemble sur mesure des maisons écoresponsables, entièrement composées d’acier recyclé. Grâce au procédé d’assemblage qui imbrique toutes ses composantes (des murs au toit), un peu comme on le ferait avec un Meccano géant, non seulement élimine-t-on les déchets sur le chantier, mais, surtout, on supprime poutres et murs portants afin de créer d’extraordinaires concepts d’habitation à aire ouverte. Conçues pour durer des générations, les maisons peuvent être montées en aussi peu que 4 jours.

A v o i r s

S T Y L E

C U L T U R E

VO Y A G E

A P P É T I T

fa s c i n at i o n appétit

Eau à la bouche whistlercornucopia . com

L e j oailli e r m o n t r é alais Ecksand ne confectionne ses précieux bijoux qu’avec des joyaux écoresponsables. Pour ses perles, des plongeurs fouillent des lagons australien et tahitien (réimplantant les grains de sable qui relanceront le processus), alors qu’il s’approvisionne en diamants naturellement teintés dans des mines canadiennes et australiennes. Les proprios d’Ecksand, Erica Bianchini et Yoan Gehant-Vidoni, tous deux dans la vingtaine, proposent des collections qui respectent l’environnement. Ainsi, la collection Classic Pearl est montée sans point de colle (une première dans l’industrie), alors que Little Eck utilise du cuir récupéré.

avoirs

G r â c e à so n e m p la c e m e n t et à sa culture plein air, Whistler a toujours séduit les hédonistes, et fait saliver les épicuriens. C’est pourquoi Cornucopia – le gargantuesque festival des plaisirs de la bouche du village britanno-colombien – a récemment doublé les rations, en portant de 5 à 11 jours ce marathon culinaire, qui se tiendra du 7 au 17 novembre 2013. Au menu des activités : encore plus de dégustations, de ripailles, d’ateliers culinaires, de concours de cocktails… Les fins gourmets se procureront sans tarder des billets pour le Chef’s Trip to the Farm ainsi que le Araxi’s Winemakers Dinners, sous la gouverne du chef primé James Walt. Et, cerise sur le gâteau, les festivaliers sont invités au Masquerave, légendaire party du Bearfoot Bistro et son bar à vodka glacé, qui clôture les agapes.

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Trouver la perle rare ecksand . com


ST Y LE

Au poil ! harricana . qc . ca

st yle

Attachants lacets stolenriches . com

Parmi les sacs - cade aux que le TIFF offrait

e n 1 9 9 3 , la Québécoise Mariouche Gagné a récupéré le vieux manteau de fourrure de sa maman afin de le métamorphoser en une combi de ski réversible et ses accessoires. Depuis, cette doyenne de la mode écolo a fondé Harricana, griffe aujourd’hui reconnue mondialement, grâce à des points de vente dans plus de 15 pays (sauvant du même coup plus de 800 000 petites bêtes à poil). Récemment, la designer a conçu, en partenariat avec la légendaire marque de ski Rossignol, une collection capsule de 12 créations. Sorte de clin d’œil à un skieur de compétition qui aurait percuté un artisan inuit, ces vêtements hybrides mélangent habilement tissus technos, fourrures et peau de mouton, motifs amérindiens, tresses et franges. La mode durable n’aura jamais été aussi confo ni eu autant de panache – à la ville comme à la montagne.

aux stars en 2012, un objet tout à fait inattendu a fait perdre pied à tout ce beau monde : les lacets Stolen Riches. Digne héritier d’une famille d’industriels textile depuis quatre générations, David Barclay a élevé l’humble lacet au rang de vedette, persuadé que « si la chaussure annonce la couleur d’une personnalité, le lacet est une déclaration d’intention ! » Mesurant 69, 81 ou 163 cm, ces petits cordons à cœur de nylon se déclinent en une foule de coloris aux noms rigolos (Rouge Portsalon, Bleu Bubba, Jaune Huckleberry), qui vous mettront du pep dans le soulier. Superbement ornés de ferrets de métal doré, argent ou bronze, ils sont si robustes qu’ils sont couverts par une garantie !

photo Joern Rohde/joernrohde.com (bearfoot bistro)

CULTURE

Éclair de génie yinggao . ca

C r é a t r i c e d u p r o j e t Living Pod, manteaux munis de mécanismes photosensibles activant des micromoteurs cousus à même le tissu, la styliste montréalaise Ying Gao est une virtuose du design avant-gardiste. Son expo actuelle (no)where (no)here présente deux tuniques interactives, qui semblent imiter les mouvements des méduses. Confectionnées de fils photoluminescents et dotées d’une technologie oculo­mé­ trique, les robes de l’artiste sont activées par le regard du spectateur. Pour voir son travail, rendez-vous au nouveau Museum of Contemporary Art Shanghai, ou, plus près, à Toronto, au Textile Museum of Canada (en 2014).

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C U LT U R E

Silence, on tourne ! phi - centre . com / fr / evenements / id / seances

ST YLE

E n j u i llet , au Centre Phi de Montréal, le brillant cinéaste Guy Maddin a tourné 12 films en 13 jours, dans le cadre de son projet expérimental Seances. Obnubilé par les œuvres du début du cinéma à Hollywood qui ont été perdues, à cause du destin ou des outrages du temps, le réalisateur de Winnipeg et 66 acteurs québécois – dont Karine Vanasse (Pan Am) et Roy Dupuis (J’ai serré la main du diable) – se sont plongés dans une transe profonde pour redonner corps et âme à ces films muets. D’abord filmée en direct et retransmise en circuit fermé devant public, l’expérience servira de matière première à un film et à une œuvre interactive, sorties prévues en 2014.

av o i r s

Plat du jour zoemowat . com

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Or i g i n a i re d ’ E d m o n t o n , la Montréalaise d’adoption Zoë Mowat a acquis une enviable réputation grâce à ses meubles aux courbes fluides, ponctués d’amusantes touches de couleur, prouvant qu’elle maîtrise l’art d’harmoniser formes et matériaux (souligné par le numéro Global Interiors du Wallpaper*). Ces jours-ci, la designer privilégie le petit format, offrant à ses admirateurs une vision plus intimiste de sa recherche esthétique. Après avoir conçu des planches à découper, en partenariat avec des chefs d’ici, puis lancé le porte-bijoux Arbor, elle présente Table Service, une collection de plats gigognes pour repas post-moderne.

Botte secrète burton . com

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manitobah . ca

P o ur s a c o llect i o n de bottes pour femmes de l’hiver 2013-14, Burton Snowboards, le plus important fabricant de vêtements et accessoires pour la planche à neige au monde, s’est inspiré du projet Manitobah Mukluks’ Storyboot et des broderies traditionnelles amérindiennes. Burton s’est en effet associé à l’entreprise nord-manitobaine pour élaborer Memento, une botte de randonnée haute performance dont le motif traditionnel a été dessiné par la regrettée Annie Madeleine McKay, de la nation crie de Misipawistik. Reprenant les caractéristiques du classique mukluk (bout retroussé, franges et broderies florales), Memento revêt tous les aspects techniques d’une grande botte Burton, soit laçage rapide, chaussons thermomoulables et pochettes spéciales pour chauffe-orteils.


appétit

APPÉTIT

Sortis du bois

Cochon… la confiture

dorigina . com

kitchenbybrad . ca

D a n s l e n o r d d u La c - Sai n t - J e a n , à environ 4 heures de route de Québec, au plus profond de la forêt boréale, se cachent des trésors de saveurs. C’est là que l’équipe d’Origina, Être boréal – entreprise fondée par la Coopérative forestière de Girardville en 1979 – cueille à la main, au moment précis où les arômes sont au summum, les plantes sauvages dont elle tire une gamme durable d’huiles essentielles, de thés, de tisanes et d’herbes aromatiques bios à forte teneur en antioxydants. Les aromates sont particulièrement prisés des grandes tables du Québec, comme Chez Boulay, où le chef JeanLuc Boulay, figure majeure de la gastronomie de la Vieille Capitale, parsème ses recettes d’inspiration boréale des produits d’Origina, tels que la Poudre de thé des bois et le Poivre des dunes.

I l e x i s t e p l u s i e u r s c o m p o té e s d e b ac o n sur le marché, mais aucune ne rivalise avec celle du chef Brad Smoliak. Oubliez les saveurs coup-de-poing sucrées ! Le chef joue plutôt sur une palette de saveurs complexes, où se mêlent piment chipotle, espresso, sirop d’érable, tomate et savant mélange d’épices en finale. Avec cette confiture de bacon, donnez du mordant à vos sandwiches et burgers, réveillez vos œufs brouillés et transformez le duo craquelins-fromage en authentique festin. Acteur d’importance sur la scène culinaire d’Edmonton, Brad Smoliak a cuisiné pour la reine Élisabeth II, cofondé le resto Hardware Grill et lancé récemment Kitchen, qui regroupe sous un même toit une école de cuisine, un centre d’expérimentation culinaire et une salle de réception.

C’est un départ !

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photo curtis comeau (COMPOTÉE DE BACON)

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En voyage d’affaires ou d’agrément, pendant une petite fin de semaine ou les grandes vacances, tout déplacement digne de ce nom commence par une valise bien bouclée. Offrez-vous l’unique collection de bagages Mercedes-Benz, confectionnés par Samsonite, à glisser dans le coffre pour voyager avec style. De la résistante valise à roulettes X-Pression Spinner 66 (1) au chic sac X-Pression Holdall (2), en passant par une foule de sacs de voyage (3), les articles partagent tous des qualités inhérentes à Mercedes-Benz et à Samsonite : matériaux de haute qualité, fonctionnalité et design élégant. thecollection.ca

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f a s c i n a t i o n :

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Ondes de choc Dehors, les meubles carrés ! Aujourd’hui, il souffle un vent de renouveau sur le design canadien, qui se love dans les formes sinueuses et remise les angles droits au placard. Les artistes esquissent des lignes harmonieuses, afin de concevoir des pièces si légères qu’elles ont l’air de flotter au vent. t e x t e Pa i g e M a g a r r e y

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Table des matières

Bols d’air

Tout en grâce aérienne malgré la couleur terre de sa base, la table de salon de la collection Wave surfe sur la vague du succès. Conçue par l’ébéniste torontois Brett Lundy, qui œuvre chez Merganzer Furniture and Design, Wave englobe des tables basses ou d’appoint, dont les socles sont taillés dans du noyer, du cerisier ou du sassafras massifs, sur lesquels on dépose une plaque de verre.

Maintenant offerts dans un élégant fini miroir, les incomparables bols Cell, qui sont signés par Tsunami Glasswork, présentent de jolies courbes organiques, réalisées grâce à la technique de verre soufflé propre aux artisans du studio de Windsor, en Ontario. Les pièces, dont la taille varie de 15 à 40 cm, se déclinent en une avalanche de couleurs et de finis mats ou brillants.

merganzer . com

tsunamiglassworks . com


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Méandres de la création

Mur à mur

Tapis, tapis gris !

Géométrie variable

Offrir des meubles sans pattes, sans traverses, sans supports a entraîné le Québécois Kino Guérin à contrecourant. Ainsi, il a développé un savoir-faire unique et créé tables, pièces et sièges entortillés sans joints, composés de superminces couches de bois, collées, puis courbées, pliées et nouées. Résultat ? Des créations aérées, telle sa tablette Double Twist, d’une seule pièce, avec couches de bois spiralées et placage en noyer.

Conçus par Keiou Design Lab, les parements de mur en 3D Dapli tordent le cou aux espaces intérieurs, grâce à une panoplie de textures, sortes de touches tactiles qui subliment le décor. L’atelier de design de Richmond, en Colombie-Britannique, a concocté une substance en pierre constituée, entre autres, de fines particules de jade blanc, qui sert à fabriquer de grands panneaux (150 cm2) finement ouvragés, aux reliefs spectaculaires.

Confectionné à la main en laine tibétaine et en soie chinoise, le tapis #432 – tiré de la collection Art Day de Creative Matters – a été conçu lors de séances de remue-méninges organisées par l’entreprise de tapis torontoise, alors que tout son personnel se rassemble pour dessiner, peindre et, même, ériger des châteaux de sable. Ce tapis formé de couches abstraites a été inspiré par une journée d’estampillage.

Inspiré par l’Art déco, le designer Shawn O’Neill s’est servi de couches de noyer, de bouleau de la Baltique et de contreplaqué pour concevoir l’étonnante base multicouches de sa table de salon, à surface en verre, dont l’arche renforcée crée une courbe convexe à chacune de ses extrémités. La forme qui en résulte évoque un mouvement d’expansion et de contraction, comme si elle bougeait constamment.

kinoguerin . com

keioudesign . com

creativemattersinc . com

oneillfurnituredesign . ca

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f a s c i n a t i o n :

é v é n e m e n t s

Passerelles inhabituelles

Rendez-vous à la World MasterCard Fashion Week de Toronto, où, grâce à L’Opération démarrage de Mercedes-Benz, vous verrez des talents canadiens émergents. Aussi, partout ailleurs au Canada, on organise des semaines de la mode non conven­ tionnelles, qui offrent une vitrine à des designers, à des collections et à des mannequins qui sortent du moule. Surveillez une nouvelle vague en vogue. t e x t e C e l e st e M o u r e

Toronto

Fashion Art Toronto fashionarttoronto . ca

A v R I L Bien plus qu’un simple cortège de défilés, le Fashion Art Toronto (FAT) célèbre le style sous toutes ses coutures : mode, musique, danse, films, sans oublier la photo et autres installations artistiques. L’événement, qui ensoleille la capitale de la mode chaque printemps, accueille des milliers d’invités ainsi que plus de 200 designers et artistes locaux et internationaux qui redessinent l’industrie. Le FAT revêt différents aspects, qui vont du prêt-à-porter aux collections les plus avant-gardistes.

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Regina

National Aboriginal Fashion Week facebook . com / nationalaboriginalfashionweek

J U i n Inaugurée en 2012 à Regina, la semaine de la mode autochtone a permis de braquer les projecteurs sur les créateurs de mode des Premières Nations d’Amérique du Nord, ainsi que sur les musiciens qui ont tissé la trame sonore. « C’est une belle occasion de montrer à la planète mode que nous existons, qu’on a du talent et de la créativité à revendre », affirme l’Amérindienne Linsay Willier, finaliste 2012 de la première saison de Canada’s Next Top Model.


Va n c o u v e r

Eco Fashion Week ecofashion - week . com

AvR I L Avoir fière allure et respecter l’environnement irait de pair ? « Naturellement ! » s’exclame Myriam Laroche. Voilà pourquoi, elle a lancé la Eco Fashion Week (EFW) en 2009. Deux fois l’an, plus de 2000 fashionistas, photographes et autres VIP à la fibre écolo convergent vers Vancouver pour promouvoir, découvrir et célébrer des griffes innovatrices et durables, conçues partout sur le globe. L’univers de la mode écolo ne se résume pas qu’à des vêtements en chanvre ! À preuve, les thèmes qui défilent aux séminaires gratuits de la EFW : tissus bios, commerce équitable, production renouvelable et respect de Dame Nature.

Toronto

Va n c o u v e r

Men’s Fashion Week

photos Fashion art toronto ( matière noire de Cécile R aizonvillE), Leftboot productions (bottes CRIES nisgaa)

mensfashionweek . ca

AO Û T C’est indéniable, les designers de mode masculine sont sous-représentés lors des semaines de la mode des quatre coins du globe. C’est pourquoi Jun Ramos, cofondateur de l’entreprise d’accessoires pour hommes Ramos & Fortier, a lancé, en 2010, la Men’s Fashion Week (MFW), qui n’a rien à envier aux événements du genre présentés à Paris, à Londres ou à Milan. « Il était temps qu’on puisse mettre en scène le talent d’ici. » Non seulement, la MFW met en lumière les couturiers du pays, mais elle est devenue une passerelle pour les créateurs internationaux désirant percer le marché.

Canada Philippine Fashion Week canadaphilippinefashionweek . com

J Ui n Après le décès de son fils, le communicateur philippino-canadien Jeff Rustia a tenté de surmonter son chagrin en lançant, à Toronto, cette année, un événement qui célébre la mode et la culture philippine au Canada, sa terre d’adoption, et amasse des fonds pour la Kol Hope Foundation for Children, un OSBL destiné aux enfants souffrant d’un handicap. Durant cinq jours, pour le plaisir des yeux et du cœur, défilent les créations de designers philippins et canadiens parmi les plus avant-gardistes.

Montréal

Black Fashion Week blackfashionweekmontreal . com

M Ai Après avoir brillé dans la Ville lumière, la Black Fashion Week Paris défilait pour la première fois à Montréal. Organisé par la designer sénégalaise Adama Paris, l’événement de trois jours, qui promeut la mode noire au Canada, présentait notamment des griffes canadiennes et françaises, portées par des beautés venant d’aussi loin que le Sénégal, le Cameroun ou Haïti. La brillante mise en scène du défilé a ravi le public recueilli dans l’église Saint-Jean-Baptiste, parée de ses plus beaux atours pour l’occasion.

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f a s c i n a t i o n :

Q U A R TI E R

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Effervescente Edmonton Place aux principaux attraits du quartier le plus branché d’Edmonton. t e x t e T r a c y H yatt

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VOYA G E

La scène

Le marché

Il y a 10 ans, le centre d’Edmonton se transformait en ville fantôme une fois les bureaux désertés. Aujourd’hui, il a retrouvé un second souffle, grâce à des efforts de revitalisation, à l’érection de complexes de condos et à des entrepreneurs… entreprenants. Au cœur de l’ancien quartier industriel se trouve la piétonnière 104e Rue, où logent The Helm, une boutique pour hommes de chaussures et complets sur mesure ; Tzin, le très couru tout petit bar à vin ; et Corso 32, l’un des meilleurs restos du pays. Découvrez les nouvelles facettes d’Edmonton et constatez à quel point cette ville des Prairies a peaufiné son image.

Les samedis, rendez-vous au City Downtown Market, l’un des lieux les plus alléchants de la 104e Rue. Déjà de bon matin, il fourmille d’activités avec musiciens ambulants, étals communautaires et 100 producteurs locaux, qui offrent miel frais, pecorino du cru et hydromel bio – soit la crème de la crème du nouveau courant alimentaire albertain. On croise de célèbres toqués d’Edmonton à l’incontournable Evoolution, où ils dégustent huiles d’olive et vinaigres balsamiques de toute première qualité. Dénichez aussi de l’artisanat, dont des bols en céramique, de délicats bijoux en papier et des planchettes de crib en bois.


photos Curtis Comeau (Corso 32); Edmonton Economic Development Corporation (art gallery of alberta)

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1 Le chef Daniel Costa dresse ses plats d’inspiration italienne au Corso 32. 2 The Helm propose complets italiens et articles sur mesure pour hommes. 3 Grâce à sa gourmande sélection de vins et fromages, le Cavern est le rendez-vous idéal pour l’apéro. 4 La structure métallique du Art Gallery of Alberta évoque les sinuosités des aurores boréales. 5 La boutique Coup offre des vêtements féminins griffés. 6 Tel un écrin, le salon Beauty Lounge loge dans l’historique immeuble Birks.

Le spa Sur l’avenue Jasper, faites-vous bichonner au Beauty Lounge, à la fois salon de beauté, spa et centre de mieux-être, où le proprio William Halabi est un véritable pro des petits pots. Entre autres traitements, essayez l’enveloppement maison boue-argile, qui détoxifie et réduit les cellules adipeuses ; les soins visage Dermalogica ; les massages thérapeutiques et les manucures Ciaté Caviar. Le décor aussi vous transportera de joie. Le salon est niché dans un joyau d’immeuble aux allures Art Déco 1930, autrefois occupé par Birks, où papiers peints damassés, lustres en cristal et canapés rococo subliment la beauté intérieure.

AVO I R S

APPÉTIT

C u lt u r e

Haut lieu de l’avant-garde de la mode masculine, sur une rue qui attire les aficionados du vêtement griffé, The Helm affiche sans vergogne son goût du sur-mesure et du savoir-faire hors pair en confection, dont les complets italiens Corneliani et les chaussures oxford espagnoles Magnanni. À deux pas se trouve la boutique Coup, qui propose de grandes marques de luxe de la mode féminine en vogue à Tokyo, à Londres et à New York. Un lieu couru, surtout depuis qu’on a appris qu’à l’époque on pouvait s’y procurer la veste Smythe bleu marine que portait la duchesse de Cambridge lors de sa visite au Canada en 2011.

Dissimulé au sous-sol du Phillips Lofts se trouve le Cavern, un café-bar doublé d’une échoppe, dirigé par la Montréalaise Tricia Bell, ex-apprentie du renommé maître fromager nordaméricain Max McCalman. Au bout de la rue, le resto Tzin en jette plein la vue, autant par sa riche carte des vins que par ses tapas de pétoncles, ses épicées patates braves ou ses tièdes olives marinées. Sinon, prenez la direction sud-est et vous croiserez le Corso 32, où officie Daniel Costa, le plus audacieux chef d’Edmonton, qui épate les épicuriens friands de ses plats italiens revisités, comme ses pâtes boulettes arancini et beurre de truffe noire.

Tout près de là, visitez l’Art Gallery of Alberta (AGA), rouverte en 2010 après que l’architecte américain Randall Stout l’ait redessinée (voyez la façade acier et verre, tout en courbes). L’exposition permanente du musée présente 7000 œuvres modernes, dont une importante collection du groupe des Sept. Puis, arpentez l’avant-gardiste galerie Latitude 53, qui présente des œuvres décoiffantes d’artistes visuels d’ici et d’ailleurs, entre autres des sculptures interactives en cuir de Megan Dickie et les installations son et lumière de Kyle Whitehead. Certains soirs, le Tout-Edmonton fait la fête en ces lieux inspirants.

Les boutiques

Le menu

Les arts

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p r o f i l

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v e d e t t e

Mécène en scène Réalisateur canadien de longs métrages qui mettent en lumière les disparités sociales, tels Crash et Third Person, Paul Haggis tisse dans la vraie vie des liens significatifs entre deux mondes aux antipodes : Hollywood et Haïti. t e x t e K at e H a h n

est lors de sa première visite à Haïti en 2008 que Paul Haggis l’a remarquée : la petite fille à la robe blanche. Son uniforme immaculé d’écolière contrastait avec les taudis en arrière-plan. Son sourire éclatant la suivait même dans le fossé d’eau sale où elle se rendait, pieds nus, laver la vaisselle. « Cette fillette en disait long sur Haïti : tant de joie, tant de beauté, tant de désespoir », se rappelle le réalisateur primé. C’est le désir de lutter contre ce désespoir qui a poussé Paul Haggis, originaire de London, Ontario, à fonder l’OSBL Artists for Peace and Justice (APJ) afin de soutenir des programmes en santé et en éducation à Haïti. C’était bien avant que le tremblement de terre de 2010 attire l’attention du monde sur cette île des Antilles. À Hollywood, Paul Haggis est d’ailleurs reconnu pour sortir des sentiers battus. Dans Crash, qu’il a écrit et réalisé et pour lequel il a remporté l’oscar du meilleur film en 2006, il délaisse les histoires traditionnelles d’héroïsme pour lever le voile sur le racisme latent qui refait surface lorsque des univers hétéroclites de Los Angeles entrent en collision. Third Person, son prochain film à paraître cet automne, qui met en vedette James Franco et Mila Kunis, exploite le même filon et raconte l’histoire de trois couples, dont les destins se croisent de façon inattendue. Scénariste iconoclaste, Paul Haggis a contribué à renouveler l’image de James Bond, incarné par Daniel Craig dans les superproductions Casino Royale et Quantum of Solace. Il a également créé des personnages à la morale douteuse, notamment les soldats du film de guerre In the Valley of Elah. C’est pendant un voyage en Italie pour faire la promotion de ce film que Paul Haggis a découvert sa vocation de philanthrope. Après l’entrevue dans un café, il a poursuivi la conversation. De fil en aiguille, la journaliste lui a raconté ses récentes affectations, dont celle qui l’a conduite à Haïti rencontrer le père Rick Frechette, médecin américain et organisateur communautaire qui a consacré plus de 20 ans de sa vie à la construction d’orphelinats, d’écoles et d’hôpitaux dans cet État des Antilles, le plus pauvre des Amériques. Piqué par la curiosité, Paul Haggis a lu

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photo WireImage (portr ait )

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l ’ a r t i c l e l’article de l’intervieweuse, qui a provoqué chez lui une véritable révélation. « Franchement, j’étais sceptique. J’avais peine à croire que cet homme existait. Ma nature cynique doutait de son héroïsme », avoue le cinéaste, qui s’est empressé de s’envoler vers Haïti dénicher le père Frechette. Une fois sur place, il travaillera une semaine dans des bidonvilles. Avec ses yeux bleu clair, sa bouille sympa criblée de taches de rousseur et sa barbe naissante qui lui donne un petit air débraillé, Paul Haggis pourrait se glisser dans la peau d’un personnage de fonctionnaire, qui dénonce bravement des actes de corruption. Premier scénariste récipiendaire deux années de suite de l’oscar du meilleur film (pour Million Dollar Baby, en 2004, et Crash, en 2005), il n’a aucune difficulté à attirer des grosses pointures du septième art. De plus, Paul Haggis est fidèle à un groupe d’acteurs, avec lesquels il tourne fréquemment, dont Liam Neeson et Olivia Wilde, qui sont devenus des amis. C’est ainsi que le scénariste a organisé un souper en l’honneur du père Frechette, dans sa maison de Los Angeles, où il a convié certaines des plus grandes stars du cinéma. Les invités gravitaient dans un univers à des années-lumière de celui du missionnaire. Tant et si bien qu’un moment donné pointant une grande blonde, il s’est enquis à son hôte du métier de la dame. Et Paul Haggis de lui répondre : « C’est Charlize Theron, elle est actrice… » Au début, les dons provenaient surtout d’un petit noyau d’artistes hollywoodiens. Mais à partir du tremblement de terre de 2010, Paul Haggis a redoublé d’efforts, s’est envolé avec APJ, des provisions et de l’argent à Port-au-Prince. De retour à Los Angeles, une semaine plus tard, il a amassé 4,5 millions de dollars en un seul après-midi ! Le cinéaste voulait régler illico les problèmes, sur tous les fronts. Le père Frechette privilégiait un plan plus large. Selon lui, il fallait d’abord reconstruire ; selon Paul Haggis, il fallait construire ce qui n’avait jamais existé. Leur approche commune a changé le visage de l’enseignement en Haïti. Dès 2010, la Fondation APJ a bâti la première école secondaire gratuite, The Academy for Peace and Justice, ainsi que le premier collège gratuit d’arts et de technologie, l’Artists Institute. Depuis son ouverture, l’école attire de plus en plus d’élèves. Chaque année, ils sont plus de 400 à s’y inscrire. En 2016, quand

Dans le sens horaire, depuis le coin droit : Paul Haggis et l’actrice Olivia Wilde sur le plateau deThird Person, son plus récent film ; sur le terrain avec des étudiants haïtiens à l’Academy for Peace and Justice, à laquelle on ajoute des salles de cours ; des univers s’affrontent dans l’une des scènes de Crash, qui a remporté l’oscar du meilleur film en 2006.

l’établissement d’enseignement aura atteint sa pleine capacité, il seront autour de 3000. Selon la charte de l’APJ, les bâtiments scolaires doivent non seulement être fonctionnels, mais esthétiques. Cette beauté contribue à remplir l’un des aspects les plus intangibles de la mission de l’OSBL, soit redonner de la dignité humaine. « Cultiver l’amour-propre fait partie de la guérison », déclare le réalisateur, qui connaît la portée de quelques mots d’encouragement. À l’élémentaire, alors qu’il était en 5e année, son prof l’a motivé à écrire, après avoir décelé le talent naissant de l’auteur en herbe. « J’ai été profondément touché. Quelqu’un croyait en moi. Il suffit souvent

d’un petit coup de pouce pour enclencher tout un processus. » Il aura peut-être fallu un esprit de la trempe de Paul Haggis pour rapprocher deux mondes qui semblaient aux antipodes : Hollywood, la sophistiquée ; Haïti, la défavorisée. Cette année, le cinéaste, son ami musicien Quincy Jones et d’autres artistes membres de l’APJ inaugureront un autre institut, qui, cette fois, donnera aux élèves haïtiens la chance d’œuvrer dans l’industrie du divertissement, voire de la mettre sur pied, dans un avenir qui semble déjà plus brillant. Comme une petite robe blanche qui braverait > la misère, sous le soleil.

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T E X T E M I C H A e l M o o r s t e dt

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manteau en cuir Belstaff

La meilleure voiture du monde : titre décerné à ce modèle phare depuis sa création, qui ne se dément pas.


La nouvelle génération de Classe S est à la hauteur de sa réputation, surpasse même les attentes comme jamais.

Mission : perfection

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Un aperçu de l’avenir de l’automobile

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PAGE DE GAUCHE veste ET GILET L AGERFELD; CRAVATE ET CHEMISE HACKETT; LUNETTES PRIVATE CETTE PAGE COMPLET ET CHEMISE BOSS

L’ensemble optionnel AIR BALANCE ionise l’air et filtre les particules de poussière et les microbes.

AIR PUR

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e succès a-t-il une odeur ? Si oui, est-ce la grisante odeur d’un feu d’artifice, l’enivrante effervescence du champagne ou le suave arôme des roses aux pieds du vainqueur d’une course ? S’il s’agit d’un triomphe ponctuel, comme célébrer une promo au boulot ou remporter un prix, peut-être. Mais qu’en est-il quand le succès est devenu la norme, quand servir de référence est devenu habituel, quand la seule véritable concurrence est soi-même ? Dans ces circonstances, mieux vaut faire preuve de subtilité. Alors, comment réduit-on un concept déjà difficile à définir en une infinité de microscopi­q ues molécules odorantes, qui

transmettraient au profane une vague sensation qui l’en rapprocherait ? Après tout, le nez est directement lié au système limbique. « C’est la région la plus primitive du cerveau, et la responsable des émotions », explique Sabine Engelhardt. La spécialiste en sait quelque chose, puisqu’elle a développé le système AIR BALANCE de la nouvelle Classe S et a trouvé des équivalents olfactifs pour des concepts, tels que familiarité et confort ou progrès et luxe. Travaillant de pair avec un parfumeur renommé, l’équipe de Mme Engelhardt a créé quatre fragrances, allant de la sportive (qui rappelle la verte > fraîcheur des jeunes pousses) à la nocturne

VESTE ET GILET L AGERFELD; CRAVATE ET CHEMISE HACKETT; LUNETTES PRIVATE

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MODERNITÉ CLASSIQUE, le volant à deux rayons est un héritage de la Classe S.

CONTRÔLES INTELLIGENTS De nombreux systèmes d’aide à la conduite assistent l’automobiliste.

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Un monument à ce que la technologie peut accomplir

MANTEAU, CHEMISE ET PANTALON JIL SANDER; LUNETTES BOTTEGA VENETA; FL ÂNEURS GUCCI

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(qui rappelle les essences de bois rares et l’ambre gris). Évidemment, les fragrances ne doivent pas être trop envahissantes, mais plutôt s’apparenter à la sensation « d’inspirer une bouffée d’une bouteille de parfum », précise l’experte. Sabine Engelhardt est intarissable et s’exprime avec éloquence sur les courants à axe vertical et la distribution optimale de l’air dans les espaces fermés… Discuter avec elle, c’est partager l’enthousiasme que la nouvelle Classe S inspire à tous ceux qui ont participé à la conception de la voiture, même ceux, tels que Mme Engelhardt, qui ont focalisé sur ce qui peut sembler d’infimes détails. Le processus a exigé la collaboration de nombreux experts, des professionnels désireux d’élargir leurs champs de compétences afin de jouer un rôle dans un projet d’envergure. La Classe S a toujours été plus qu’une simple voiture. C’est un monument qui rend hommage à ce que la technologie peut accomplir, qui donne un aperçu de ce que sera l’avenir de l’automobile. Le travail méticuleux d’experts comme Sabine Engelhardt a eu l’effet escompté : des journalistes de l’influent magazine techno Wired sont allés jusqu’à proposer d’élire domicile dans le nouveau modèle phare de Mercedes-Benz ! Ils n’ont pas décrit le véhicule avec le vocabulaire habituel (conduire, rouler, enfoncer la pédale au plancher), ils ont plutôt utilisé une métaphore immobilière (emménager, empaqueter ses biens, quitter son appartement et, au besoin, se trouver des colocs), parce que l’habitacle de la Classe S peut accueillir quatre passagers.

L’habitacle aux 100 moteurs

LA VERSION LONGUE Pour la première fois, les concepteurs ont focalisé sur la berline à empattement long.

Sa taille mise à part, il n’est pas surprenant que la nouvelle Classe S ait attiré l’attention des ingénieurs et de la confrérie TI. Plus de 30 millions de lignes de programmation sont nécessaires au fonctionnement d’une telle merveille (même si le conducteur n’en soupçonne pas l’existence), soit un peu moins que dans un avion de passagers. En résumé, il s’agit d’une parfaite symbiose entre logiciel et équipement. La liste des innovations technologiques développées par Mercedes-Benz pour cette Classe S est aussi longue qu’impressionnante. Il y a plus de 100 actionneurs et moteurs électriques uniquement dans l’habitacle – évidemment, la vraie star demeure la mécanique sous le capot. La série de nouveautés et de premières mondiales au plan technologique est presque illimitée. Elle comprend > des systèmes intelligents d’aide à la conduite,

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PLUS QU’UNE SIMPLE VOITURE Fragrances et sièges avec effet de massage aux pierres chaudes transforment la Classe S en un spa sur roue.

PARFAITE HARMONIE Le système audio ambiophonique Burmester avec FrontBass fournit une expérience auditive en 3-D.

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PHOTO DU HAUT ROBE ET SAC PR ADA PHOTO DU BAS/ELLE VESTE, CEINTURE ET PANTALON BURBERRY LONDON; BR ACELET EN DIAMANT POMELL ATO LUI VESTE, PANTALON ET CHEMISE EMPORIO ARMANI; LUNET TES BOT TEGA VENETA

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Sonata Streamline Mouvement automatique breveté manufacture avec technologie Silicium. Alarme et compte à rebours. Boîte titane avec lunette en céramique. Aussi disponible avec lunette en or rose 18 ct. W W W . U LY S S E - N A R D I N . C O M


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tels que les systèmes DISTRONIC PLUS avec assistant directionnel et BAS PLUS avec assistant carrefours lesquels, respectivement, aident le conducteur à demeurer dans sa voie et à maintenir la distance souhaitée avec les voitures devant, et qui détectent les piétons ainsi que les dangers potentiels aux intersections. Et puis, il y a le système multimédia, qui donne aux quatre occupants la possibilité d’accéder individuellement à l’ensemble divertissement. Ajoutons un système de suspension qui utilise une caméra stéréoscopique montée derrière le pare-brise afin de balayer la route devant et de pouvoir ainsi réagir aux défauts et inégalités en une fraction de seconde. Mercedes-Benz appelle cette innovation MAGIC BODY CONTROL. Comme l’a écrit l’auteur de science-fiction Arthur C. Clarke : « Toute technologie suffisamment avancée se confond à la magie. » Même lui aurait eu de la difficulté à entrevoir tout le chemin parcouru par l’ingéniosité humaine, d’autant plus appliquée à un objet aussi commun qu’une voiture.

Comme par magie Il va sans dire que depuis ses débuts, la Classe S n’a jamais été considéré comme un simple mode de transport, en raison de son aspect high tech. Elle s’est encore métamorphosée pour devenir à la fois bureau, salon et coin détente sur roue. Martin Bremer et son équipe ont veillé à ce que la dernière incarnation du modèle phare de Mercedes-Benz joue avec brio tous ces rôles, aujourd’hui comme demain. À titre de chef de la division couleur et garniture, M. Bremer résume : « On s’occupe de tout ce qu’on peut voir et toucher dans l’habitacle. » Étant donné qu’il a travaillé sur les séries précédentes, et passé un bon moment sur le nouveau modèle, voilà un homme qui connaît bien la Classe S. « Une fois qu’on a l’idée de départ, il faut 60 mois pour produire le véhicule destiné au grand public. » L’expert et son équipe sont à pied d’œuvre depuis le tout début afin d’atteindre l’objectif fixé : la sérénité visuelle. « On est d’avis que le conducteur ne doit pas se rendre compte de la complexité des différents mécanismes et multi­ples technologies. » Pendant tout le processus, les concepteurs ont focalisé sur concevoir un intérieur qui n’asservirait pas l’occupant – en dépit des techno­logies intégrées, écrans grand format, nombreux boutons et commutateurs –, mais transmettrait plutôt le savoir-faire qui donne un cachet unique, propre à ce qui est fabriqué main. Pour ce faire, il fallait donc utiliser exclusivement des matériaux qui se prêtaient à ce type d’ouvrage. M. Bremer et son équipe ont mis deux ans

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PREMIÈRE CLASSE Un niveau de luxe sans précédent attend les passagers arrière.

i S 550 4MATIC Moteur/Performance V8 4,6-l 449 ch à 5250-5500 tr/min Couple max. 516 lb-pi à 1800–3500 tr/min

Transmission 7G-TRONIC PLUS Transmission automatique à 7 vitesses

Sécurité Le forfait optionnel haut de gamme pour les sièges arrière inclut un sac de ceinture qui protège les passagers arrière lors d’une collision. Un sac gonflable situé dans la sangle de la ceinture de sécurité permet de gonfler cette dernière jusqu’à près de trois fois sa taille normale. Cette structure gonflable additionnelle atténue les conséquences d’un accident.

Ambiance L’éclairage d’ambiance, sous la forme d’une bande de lumière enveloppante de sept couleurs, est utilisé pour rehausser l’impression de confort de l’habitacle. Les données figurant ci-dessus ne sont pas liées à un véhicule en particulier et ne font pas partie d’une offre, mais servent seulement à faciliter la compa­r aison entre les différents modèles. m ercedes - benz . ca

uniquement pour sélectionner les cuirs et les essences de bois rares de l’intérieur. Ce n’est qu’ensuite qu’ils ont commencé à chercher les meilleurs fournisseurs et les meilleurs procédés de fabrication, qui garantiraient aux éléments naturels intégrité des couleurs et des formes, même après des années d’utilisation. « Ce savoir-faire ne s’acquiert pas en passant quelques jours à la Semaine de la mode de Milan, fait remarquer M. Bremer, ajoutant, avec une fierté à peine dissimulée, que son designer en chef vient du milieu de la haute couture. Il est primordial qu’il règne une belle harmonie entre les différents éléments. » Quand on lui demande de quoi il est le plus fier, il répond sans hésiter : « Les sièges ! Ou pour être plus exact, la façon dont les coutures du capitonnage en cuir perforé (offert en option) ont été cousues. Cet “art de la mise en scène” s’apparente au designer de mode qui sélectionne le meilleur chausseur pour mettre en valeur ses vêtements lors du défilé. » Songeur devant toute cette attention aux menus détails ? Dites-vous que c’est précisément pour cette raison que la nouvelle Classe S est unique en son genre. Contemplez attentivement l’extérieur, puis inspectez l’intérieur et assoyez-vous confortablement dans les sièges. Vous serez aux premières loges pour constater qu’on a réussi tout un coup de maître, et que les éléments qui composent cette voiture méritent tous les superlatifs. Pourtant, aucun d’eux n’accapare le devant de la scène. La Classe S est la somme de ses parties. > Et beaucoup plus encore.

ELLE ROBE BURBERRY PRORSUM; BOUCLES D’OREILLES POMELLATO LUI VESTE BOSS; CHEMISE BRIONI STYLISME LYNN SCHMIDT/SCHIERKE COIFFURE ET MAQUILLAGE FEE ROMERO/KULT ARTISTS MANNEQUINS ROBERTAS AUKSTUOLIS/SELECT, JAY SHIN/MD MANAGEMENT

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La vraie beauté

se cache à L’intérieur des murs

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©2013 Simple Concept Inc. | BONE Structure. L’illustration peut différer du modèle réel. Les œuvres architecturales relatives à chacune des maisons BONE Structure sont assujetties aux lois internationales sur le droit d’auteur. Le simple fait d’utiliser ou de copier les plans de Simple Concept Inc., en tout ou en partie, ou de fabriquer ou de construire, directement ou indirectement, une maison basée, en tout ou en partie, sur les plans, maquettes ou maisons modèles de cette dernière, sans la permission expresse de Simple Concept Inc., est susceptible de constituer une contravention aux lois internationales sur le droit d’auteur.


S C è N E

La crème de la beauté

Découvrez trois marques de cosmétiques d’ici et leurs fondatrices, qui n’ont pas eu froid aux yeux et ont cru que dans les petits pots canadiens, les meilleurs onguents. texte E ve Thomas photos rich begany

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Une belle peau, c’est comme une toile. Les tendances vont et viennent au gré des saisons. Certains changent de couleur de vernis ou de cheveux en criant ciseaux, mais une peau saine, zéro défaut, est toujours à la mode... , lee graff

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amais Lee Graff n’aurait cru un jour concurrencer Estée Lauder. Pourtant, jetez un coup d’œil sur les étagères de Sephora et vous verrez que Cover FX, la gamme de maquillage qu’elle a contribuée à créer, côtoie les marques les plus populaires, telles Clinique et Dior. On la trouve aussi dans plus de 1000 Shoppers Drug Mart au pays, de même que dans les grands magasins de luxe Harvey Nichols et House of Fraser, en Grande-Bretagne. Tout un exploit, quand on sait que Cover FX ne visait même pas le marché commercial. En effet, la marque a été conçue pour la clinique CosMedic du Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto, où Lee Graff œuvre toujours en tant que spécialiste du maquillage correctif. « J’ai été engagée pour aider les patients envoyés par les dermatologues et les chirurgiens plastiques, explique la psychologue de formation. J’ai découvert que cette clientèle n’était pas la seule à vouloir se sentir bien dans sa peau. » Même si l’industrie ultracompétitive de la beauté a longtemps été dominée par les marques européennes et les grandes sociétés américaines, Cover FX est loin d’être la seule réussite canadienne dans ce domaine. Les fondateurs de M.A.C ont débuté dans une cuisine de Toronto il y a près de 30 ans ; pendant plus de 40 ans, Lise Watier a dirigé sa marque éponyme, avant de céder les rênes récemment ; alors que Cargo Cosmetics, reconnaissable à ses contenants argentés, a été fondée par la Montréalaise d’origine égyptienne Hana Zalzal. Il semblerait que les marques de cosmétiques canadiennes partagent toutes un ADN similaire – souci de la qualité, approche pratique des fondateurs, accent sur les ingrédients naturels –, même si elles abordent le marché chacune à leur façon.

> –La pionnière « Je pourrais remplir cette salle de conférences avec tous les produits que j’ai essayés ! » s’exclame Lee Graff, au siège social de Cover FX. Elle a consacré 15 ans de sa vie à dénicher le produit

beauté FATALE M.A.C 1984, Toronto produit CHOUCHOU :

Crayon à lèvres Spice info beauté : Tous les pro­ fits des rouges à lèvres Viva Glam sont remis à la fondation M.A.C AIDS, qui a amassé, depuis 1994, plus de 240 millions. maccosmetics . com

Lise Watier 1968, Montréal produit CHOUCHOU :

Correcteur professionnel Portfolio info beauté : Fondé en 1968, l’Institut Charme et Beauté Lise Watier offrait, en plus de cours de maquillage, des cours d’épanouissement per­ sonnel, de maintien et d’étiquette. lisewatier . com

Miracle10 2005, Toronto/ Mississauga produIt chouchou :

Platinum10 avec EMC10md INFO BEAUTÉ : La gamme a été conçue dans une chic clinique de chirurgie plastique à Yorkville. miracle 10 . com

cover fx

qui masquerait à la perfection tout un ensemble de problèmes cutanés – des cicatrices d’acné à la dépigmentation causée par le vitiligo – sans irriter la peau par des ingrédients comme du parfum, du gluten ou des huiles minérales. Heureusement, elle avait tous les outils en poche pour sa recherche : un labo à deux pas de son bureau et des patients prêts à tout essayer. « D’habitude, les gens à la peau sensible sont superprudents. Mais, ils se détendent dans un environnement médical », confie la Torontoise, qui est déjà grand-maman (difficile à croire en la voyant). Comme la plupart de ses compétitrices. Ces belles entrepreneures sont les meilleures ambassadrices de leurs produits. Pour tester ses premières formules de fond de teint, Lee Graff a ciblé les personnes souffrant de rosacée, car, dans l’univers des soins de la peau, elles jouent le rôle du canari dans une mine de charbon et sonnent l’alarme. Si un ingrédient ne déclenche pas d’inflammation chez elles, il est probable qu’il sera sans danger pour le commun des mortels. Par ailleurs, le caractère cosmopolite de la Ville Reine garantissait à Mme Lee un éventail de couleurs de peau, ce que Cover FX appelle sa « palette mondiale ». En 2003, à la suite de la diffusion d’un reportage sur la clinique et Cover FX qui, entre autres, présentait des applications du maquillage créé par Lee Graff, elle a été submergée d’appels de gens (dont plusieurs hommes) qui n’avaient jamais acheté de cosmétiques et encore moins consulté un dermatologue. Puis, le SRAS a frappé Toronto. Comme presque toute la métropole, la clinique a fermé temporairement, et avec elle l’intérêt suscité par le reportage allait s’évanouir. Plutôt que de se laisser abattre, Lee Graff a investi un Shoppers Drug Mart et s’est installé un petit comptoir pour y conseiller les clients et présenter sa gamme aux passants. « J’ai toujours mis la main à la pâte, ajoute-t-elle. J’ai concocté des produits dans mon sous-sol, je > les ai emballés, et, même, expédiés. »

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Les Canadiens se préoccupent du choix des ingrédients. On a développé nombre de produits en pensant au climat. Quand le chauffage fonctionne six mois par an, la peau a besoin d’éléments nourrissants. Impossible de maquiller la réalité !  , h e at h e r r e i e r

Bien sûr, elle peut compter sur une équipe multi­ disciplinaire, hautement qualifiée. Elle travaille toujours avec le chef de dermatologie du Sunnybrook, le Dr Neil Shear, sous la nouvelle direction de Sharon Collier, ex-PDG de Laura Mercier. Sinon, il y a Victor Casale, DG de l’innovation, qu’on croise souvent en sarrau blanc maculé d’un arc-en-ciel de pigments, dont le CV satisferait n’importe quelle société de cosmétiques, canadienne ou non : cofondateur, chimiste en chef et ex-directeur général de M.A.C. À l’instar de M.A.C, Cover FX est rapidement devenue la marque chouchou des maquilleurs professionnels, surtout pour masquer tatouages ou imperfections de la peau, amplifiées devant les implacables caméras HD. Même si la gamme a évolué et s’est élargie, en ajoutant brosses, traitements pour les lèvres et nouveaux emballages, elle repose toujours sur les mêmes principes de base. « Une belle peau, c’est comme une toile, déclare Lee Graff. Les tendances vont et viennent au gré des saisons. Certains changent de couleur de vernis ou de cheveux en criant ciseaux, mais une peau saine, zéro défaut est toujours à la mode. »

> –La star À l’autre bout de la ville, une autre Torontoise a adopté une différente approche pour aider les gens à se sentir bien dans leur peau. Le nom Heather Reier ne vous dit peut-être rien, mais vous avez probablement déjà vu ses produits roses dans les pages de LouLou ou de Hello! Ou vous avez peut-être humé quelque part son shampoing sec au citron, sa mousse nettoyante vanille et noix de coco ou sa délicieuse lotion biscuits au sucre (on en mangerait). Il était une fois les origines de Cake Beauty… En 2003, alors qu’elle a 20 ans et des poussières, Heather Reier s’enferme dans sa cuisine et en ressort avec son premier produit vedette : la crème à mains Velveteen. Bien qu’il soit tentant

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BEAUTÉ RARE FACE Atelier 2005, Calgary produIt chouchou :

Ultra Foundation info beauté : Parmi la fidèle clientèle, on compte Kelly Clarkson, Pink, Fergie, Lady Gaga et Madonna (la gamme a même commandité sa tournée Confessions). faceatelier . com

DaLish 2006, Toronto produIt chouchou :

Duo mascara et crayon yeux liquide ardoise info beauté : Entre autres stars qui portent DaLish, il y a l’actrice Nina Dobrev, la chanteuse Sass Jordan et la comédienne Tara Spencer-Nairn, de l’émission Corner Gas. dalishcosmetics . com

Mèreadesso 2008, Toronto produIt chouchou :

Hydratant tout en un info beauté : La fondatrice Linda Stephenson a un bac spécialisé en chimie et biologie ainsi qu’une mineure en botanique. mereadesso . com

cake beaut y

d’imaginer la jolie blonde concevant des cosmétiques munie de son seul rêve et d’une cuillère en bois, la réalité est un brin différente. « C’est vrai que j’ai commencé dans la cuisine, mais j’avais établi un rigoureux plan d’affaires », précise Heather Reier. Originaire de Kitchener, en Ontario, cette maman de deux enfants est titulaire d’un diplôme en sciences politiques, ce qui, insiste-t-elle, s’avère particulièrement utile quand vient le temps de négocier avec les fournisseurs. Alors que les femmes s’arrachaient les petits gâteaux Magnolia, grâce à Sexe à New York, Heather Reier, ex- employée de Roots et accro aux petits pots, a tablé sur la tendance et a fait d’une pierre deux coups : elle a répondu à la demande de l’industrie, qui salivait devant les douceurs rose bonbon, et à l’attrait intemporel des produits de beauté qui font du bien. Aussi, il faut dire que l’attention des stars a alimenté le succès de Cake. La marque s’est d’abord fait remarquer aux États-Unis, après que Kate Hudson ait commandé des crèmes et répandu la bonne nouvelle au Tout-Hollywood. Un coup de pouce d’Oprah Winfrey a été la cerise sur le gâteau de l’ascension de Cake. Depuis, la marque bénéficie du placement de produit le plus convoité de la planète mode : ses produits se retrouvent dans les sacs de cadeaux distribués aux festivals TIFF et Sundance ou à la cérémonie des oscars. « On n’a pas ciblé les stars, mais elles ont exercé une grande influence, confirme Mme Reier. Elles peuvent s’offrir tout ce qu’elles désirent, et c’est notre marque qu’elles ont choisie. » Cake s’est également inspirée de l’univers de la mode, en lançant de nouvelles gammes, chaque saison, et en collaborant avec d’autres marques pour créer des produits en édition limitée. Le premier a été conçu pour le 50e anniversaire de Barbie (« Mattel qui m’appelle ! » s’exclame-t-elle, encore sonnée). Cet automne, Cake lancera un sac en partenariat avec Nella Bella, une griffe d’accessoires végétaliens de luxe, made in Canada, aussi. Cependant, la fondatrice insiste pour dire que Cake, c’est plus que de mignons emballages. > D’abord, elle a conçu une gamme abordable,



S C è N E

De NOS jours, il m’apparaît impensable de démarrer une entreprise de cosmétiques sans accorder la priorité aux ingrédients.  julie clark, province apothecary

la plupart des produits coûtant moins de 20 $. Ensuite, elle a pensé aux préférences de ses compa­ triotes. « Les Canadiens se préoccupent du choix des ingrédients », dit-elle, soulignant du même coup que les produits Cake sont exempts de parabènes. « De plus, on a développé nombre de produits en pensant au climat. Quand le chauffage fonctionne six mois par an, la peau a besoin d’éléments nour­ rissants. Impossible de maquiller la réalité ! »

> –L’apothicaire À l’autre bout du pays, à Halifax, Julie Clark a démarré tout doucement. « Je cherchais simplement un truc à m’appliquer sur le visage », annoncet-elle. Son DES en poche, elle emménage à Montréal pour étudier en mode et en conception de costumes, puis elle poursuit son chemin jusqu’à New York, où elle œuvre comme styliste. C’est là que le stress et les aléas de la vie urbaine aggravent ce qu’elle surnomme son « trio de problèmes » : eczéma, asthme et allergies. Elle fait face à un autre problème aux États-Unis : elle n’a pas d’assurance maladie. Voilà pourquoi en deux coups de cuillère à pot elle suit des ateliers pour apprendre à confectionner ses propres crèmes et potions maison. Toutefois, même ces produits artisanaux ne conviennent pas à son épiderme, car l’huile de coco et le beurre de karité sont encore trop abrasifs. Elle retraverse donc la frontière et s’inscrit dans une école de santé holistique à Toronto. Là même où, en 2012, elle lance son entreprise de soins de la peau, qu’elle baptise Province Apothecary (PA). Aujourd’hui, elle possède un modeste salon dans Little Portugal, où elle prodigue des soins visage à l’aromathérapie, et offre une ligne de cosmétiques bios, qu’elle vend également en ligne, dans les boutiques de la métropole et jusqu’au branché Junction Flea Market. D’abord emballés un peu n’importe comment (étiquettes manuscrites, collées au ruban adhésif), les produits PA ont subi une cure de jouvence,

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beauté NATURElle Éminence 1958, Vancouver/hongrie produit chouchou :

Exfoliant rhubarbe-fraise INFO BEAUTÉ : Même si les produits écorespon­sables viennent de Hongrie, le QG est situé à Vancouver, réputée pour son mode de vie écolo et son côté Hollywood du nord. eminenceorganics . com

Smith Farms 2009, Saint-Polycarpe (QC) produIt chouchou : Crème pour les mains enrichie de vitamines INFO BEAUTÉ : L’entreprise est établie dans la ferme familiale, en Montérégie, où les sœurs fondatrices passaient leurs étés. smithfarmsproducts . com

Sappho 2008, Vancouver/Toronto produIt CHOUCHOU : Fond

de teint liquide Philosophie 100 % transparente quant aux ingrédients. On est toujours à l’affût des avan­cées, quitte à changer des formulations. info beauté :

sapphocosmetics . com

grâce à un ami de la fondatrice, as des affaires et du design. Bien que l’emballage bleu minimaliste reflète la simplicité des ingrédients, il est discret quant à leurs diverses origines. Soins et produits ont tous droit au même traitement et ils renferment des ingrédients qui proviennent de partout au pays : argile glaciaire de Colombie-Britannique, foin d’odeur (sweetgrass) tressé par des autochtones du Manitoba, lavande d’une ferme familiale de l’Ontario et algues récoltées en Nouvelle-Écosse. Fallait s’y attendre, Julie Clark assure trouver nombre de ses fournisseurs de façon toute naturelle. « Quelqu’un entend parler de ma démarche et me parle d’une amie de sa grand-mère qui fabrique du miel et de la cire d’abeille. » Le marketing est de la même eau. « Le bouche à oreille et Instagram font le reste ! » Même si elle démarre, qu’elle va bientôt lancer une nouvelle gamme de parfums aux huiles essen­ tielles et qu’elle prévoit une percée chez nos voisins du sud, la marque de Julie Clark s’inscrit dans une tendance lourde : elle symbolise une nouvelle vague d’entrepreneurs qui perçoivent les ingrédients verts comme des incontournables plutôt qu’une plus-value. Ainsi, les produits PA sont tous exempts de pétrole, de parabènes, de parfums synthétiques, de colorants et de pesticides. À tel point que Julie Clark jure qu’ils sont presque tous comestibles (sans pour autant recommander de les manger !). « De nos jours, il m’apparaît impensable de démar­ rer une entreprise de cosmétiques sans accorder la priorité aux ingrédients », affirme-t-elle. Lee Graff et Heather Reier abondent dans le même sens. La fon­ datrice de Cake ajoute : « La tendance actuelle ? Exit les ingrédients spéciaux. Il faut mettre l’accent sur les absents ! Et dresser la liste de tout ce qui n’entre pas dans la composition des produits. » Impossible de distinguer qui porte une marque de cosmétiques ou arbore un soin visage faits au Canada, sauf que dès qu’on y regarde de plus près, une étiquette leur colle à la peau : emballages écolos, ingrédients équitables, service personnalisé, partena­ riat avec des OSBL. Après tout, rien ne sert de l’étaler. La grandeur d’âme, c’est comme les cosmétiques, > dans les petits pots, les meilleurs onguents.


Une marque de Daimler

Joignez-vous à la conversation. Ça pourrait modifier votre perception de Mercedes-Benz et même vous conduire à changer de volant. Silhouette fougueuse, style indéniable, performance dynamique sur route… voici la CLA. Montez à bord et découvrez ce qu’elle déchaîne en vous !

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B U L L E T I N

Bon thé, quel boom ! Bien que Chengdu soit la ville chinoise connaissant la plus forte croissance au pays, la métropole, située dans la province du Sichuan, préserve soigneusement ses traditions. Ici, les gens aiment le progrès, mais aiment tout autant se la couler douce.

C O N T R A STES

texte bernhard bartsch

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photos Jasper James

Une vue de Chengdu, où vivent 14 millions d’habitants. Invisibles sur la photo, les traditionnelles maisons en rangée nichent à l’ombre des gratte-ciel, faisant un pied de nez au boom économique.


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B U L L E T I N

À

Chengdu, une journée typique débute lentement. Tôt le matin, des adeptes de tai-chi se réunissent sous les arbres du parc Wenhua, afin de boxer le vent au ralenti. On croise de vieux messieurs portant des oiseaux en cage, qui vont accrocher leurs amis à plumes sur la branche d’un arbre, avant de s’installer sur un banc de pierre pour disputer une partie d’échecs chinois. Un éventail de femmes pratiquent des exercices au rythme enlevé d’une musique pop. Des couples exécutent des valses viennoises. Dans un petit pavillon, une chorale chante à tue-tête des airs folkloriques.

Une capitale en devenir Chen Shuwei s’est installé à une table en pierre, un cahier de notes en main, prêt à composer des poèmes. À moins qu’il ne passe la matinée à discuter. « Personne n’aime autant que nous, les habitants de Chengdu, bavarder de tout et de rien, avance le retraité. Dans notre dialecte, on appelle ça “échafauder des plans de bataille”. » M. Shuwei – qui travaillait dans les bureaux administratifs d’une usine d’État – en a « piqué des jasettes » depuis près de 70 ans et, même si sa ville a changé de façon spectaculaire depuis sa jeunesse, lui est resté un éternel bavard.

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changeR tout en restant fidèle à soi-même, voilà Chengdu !  su qian, entrepreneure

« Ici, on se distingue, avance-t-il, avec un large sourire. On reste fidèle à notre identité. » Voilà l’une des facettes de la population de Chengdu qui suscite l’envie de plusieurs de ses compatriotes. En effet, les habitants de la capitale sichuanaise, située dans le sud-ouest, sont considérés comme les personnes les plus heureuses du pays. Bien que la ville de quelque 14 millions ait enregistré la plus forte croissance de la République populaire de Chine, son rythme de vie y est plus relaxe que dans d’autres mégapoles chinoises. Les flamboyants gratte-ciel cohabitent avec les traditionnelles maisons avec cour ; les larges autoroutes se partagent la voie avec les anciennes ruelles ; l’art de vivre contemporain avoisine la culture traditionnelle. Croître rapidement. Vivre lentement, telle est la devise du maire Ge Honglin. À l’instar de Chen Shuwei, Su Qian démarre sa journée avec un thé. Confortablement installée dans un salon de thé de la ruelle Kuanzhai, l’entrepreneure de 31 ans attend l’un de ses associés, alors qu’on s’affaire à préparer le cérémonial entourant le service. « À Chengdu, c’est dans les salons de thé qu’on tisse les rapports sociaux », précise Mme Qian – qui après avoir étudié les sciences économiques en Grande> Bretagne dirige aujourd’hui une affaire viticole.


C H E N G D U réussit à conjuguer passé et présent, comme l’illustrent le tout nouveau centre commercial Raffles Mall et l’entrée d’un resto de l’hôtel Old Chengdu Club (page de gauche), ainsi que cette jolie Sichuanaise en habit traditionnel et ses compagnons aux coiffures modernes.

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B U L L E T I N

« On se donne rendez-vous pour le thé, comme les Occidentaux se rencontrent dans un café », ajoute la jeune femme. En sirotant un thé, les professionnels brassent des affaires et signent des contrats, pendant que les intellectuels et les artistes analysent l’actualité. Épineux ou légers, dans les salons de thé de Chengdu, tous les sujets ont droit de parole. Cette tradition contribue certainement à la fâcheuse réputation qu’ici les gens prennent le travail à la légère. Soit, mais Su Qian réfute cette thèse et déclare : « Quel mal y a-t-il à joindre l’utile à l’agréable ? On travaille tout en passant un bon moment. » À Chengdu, on mène ses affaires différemment que dans le reste du pays, et il en est ainsi depuis belle lurette. La ville a joué un rôle unique dans l’histoire chinoise. Bien avant que les premiers chameaux se fraient un passage vers la Chine, en empruntant la route de la soie, Chengdu – qui signifie « capitale en devenir » – servait de porte d’entrée. La métropole vendait de délicates étoffes jusque vers des contrées aussi lointaines que celles qui constituaient l’Empire romain. Puis, on fait un grand bond en avant, à l’époque de Mao, alors que Chengdu est à l’avant-garde de la nouvelle Chine. Grâce à sa situation géographique privilégiée, au centre de la Chine, Chengdu est une terre de prédilection pour l’industrie et la recherche. Selon M. Shuwei, ce n’est pas un hasard si le grand réformateur Deng Xiaoping, qui a entraîné la Chine sur la voie de l’économie de marché, était originaire de la région. « Deng avait les pieds sur terre, affirme le vieil homme. Ça, c’est typiquement sichuanais ! » Aujourd’hui, Chengdu est le centre économique de la Chine occidentale. Plus de 200 sociétés internationales ont implanté des usines dans les parcs industriels ceinturant la métropole, dont Apple qui y fabrique son iPad. Au cours des dernières décennies, la

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P e r s o n n a g e derrière son masque traditionnel expressionniste (ci-dessus) ; lèche-vitrine haut de gamme sur la rue People South (ci-dessous).

population a plus que doublé. D’ailleurs, Chengdu est la ville qui affiche la croissance la plus rapide de la planète. « Toutefois, le boom n’a pas que du bon », tempère Su Qian. De retour au pays après trois ans à l’étranger, elle peine à reconnaître certains secteurs de sa ville, où rues, immeubles d’habitation et centres commerciaux flambant neuf ont poussé comme des champignons. Néanmoins, les urbanistes de Chengdu ont compris plus vite que certains de leurs homologues que la modernisation présente peu d’intérêt à moins d’y intégrer des éléments historiques. C’est ainsi qu’ils ont ménagé de la place aux espaces verts et restauré des ruelles afin de préserver l’essence de la ville – un aspect important aux yeux des habitants, toutes générations confondues. Plusieurs des restos haut de gamme que Mme Qian approvisionne en vin ont pignon sur rue dans l’enceinte de la vieille ville. « On aime le métissage de l’ancien et du nouveau », ajoute la jeune femme, qui affectionne particulièrement le White Nights – un établissement qui navigue allègrement entre salon de thé et bar.

L’histoire croise la modernité Comment les habitants de Chengdu font-ils pour atteindre un juste équilibre ? Selon Chen Shuwei, « c’est grâce au tao ». La philosophie de la « voie » enseigne l’importance de reconnaître les connexions, de suivre le flux vital et de se méfier des apparences trompeuses. Su Qian abonde dans le même sens : « Changer, tout en restant fidèle à soi-même, voilà Chengdu ! » Un petit panda en peluche se balance à son sac à main. Pas étonnant que les gros ours chats en voie de disparition, réfugiés dans les réserves naturelles enserrant la ville, soient les préférés des habitants de Chengdu. Selon l’adage, les pandas sont des Sichuanais pure laine : posés, agréables, excentriques, mais… attention de > ne pas les sous-estimer.


Mouvement suisse, cœur anglais

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Salle d’exposition à 1, Park Street, Maidenhead, Angleterrre. Pour obtenir un rendez-vous personnel appelez le +44 (0)1628 763040


Meilleur que la cuisine maison LES RESTOS DE CHENGDU sont reconnus dans toute la Chine, et Zhou Shicheng est une

F E S T I N D ’A R Ô M E S Dans son resto branché, le prometteur jeune chef Zhou Shicheng cuisine en utilisant des ingrédients locaux.

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star montante de la scène culinaire. Le jeune homme de 27 ans est chef de cuisine au renommé Zheng Qifu, un établissement qui sert des spécialités sichuanaises auxquelles on ajoute un zeste de modernité. « Une centaine de parfums », ainsi résume-t-il sa philosophie culinaire. Aucune autre province que le fertile Sichuan n’offre autant d’ingrédients. « Ici, les saveurs naturelles sont essentielles », déclare ce fils de fermier, qui a hérité de sa maman son amour pour la cuisine. Elle trouvait mille et une combinaisons pour mettre en valeur l’abondante récolte de son jardin. À 16 ans, Zhou Shicheng entre en apprentissage à Chengdu – où il suit une formation on ne peut plus traditionnelle, passant un an à couper des légumes et à observer les moindres gestes de son maître, avant d’être autorisé près d’un fourneau. Toutefois, ses talents sont vite reconnus, et, après avoir travaillé pour plusieurs tables, il assure la relève du petit mais élégant restaurant Zheng Qifu en 2010. Il s’approvisionne auprès de producteurs locaux, cueille ses herbes sauvages dans les montagnes et farcit ses dumplings avec le jambon salé qu’il tire des cochons élevés par ses parents. « C’est une de mes tantes qui confectionne le tofu salé mariné qu’on sert en hors-d’œuvre, confie le chef. Certains plats sont tout simplement impossible à reproduire. » Restaurant Zheng Qifu, Kuangxiang Rue 2, +86 28 8626 8777


Chaud devant (très chaud)

T ÔJinli, T À L’ A U B E sur la rue

le matin, le calme c’est le calme plat...règne jusqu’à sur la ce rueque Jinli. elleles lesBientôt, touristes, s’animera auetcontact des marchands les amuseurs tourismes, des marchands publics débarquent. et des artistes de rue.

COMME LES INUITS, qui possèdent une foule de mots pour désigner la neige, les Sichuanais prennent très au sérieux les divers degrés de piquant. Par exemple, le terme « ma » désigne la saveur particulière du poivre du Sichuan (en passant, pas du tout une baie, mais plutôt un agrume). Quand on le croque, ce poivre au léger goût d’anis engourdit les papilles. Quant au « la », il désigne le goût piquant des piments rouges séchés, qu’on trouve en quantité sur les tables du Sichuan. Plusieurs recettes combinent « ma » et « la » comme le célèbre huoguo (ou ragoût épicé). Méfiez-vous, il porte bien son nom…

>

i M enu d e Z h ou S h ic h eng c é l é b rant le d é b ut d e l’ é t é Viande de yak séchée au poivre Porc dans une sauce Xiangchun épicée Haricots et légumes sauvages Ragoût épicé et tofu Dumplings aux épinards farcis au jambon salé Carpe braisée Chou mariné sauté et haricots rouges Ragoût de betteraves Patates douces Suining au four Pousses de bamboo printanières sautées Poires Shangri-La aux graines de lotus

CUISINE piquante. Les Occidentaux trouveront peut-être l’offre culinaire de Chengdu un tantinet trop épicée.

L E S P O TA G E R S du Sichuan offrent un vaste choix. Ci-contre, des patates douces qui grillent sur un mini-four.

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B U L L E T I N

Regardez. Relaxez. Admirez. 1

MUSÉE MODÈLE Situé à seulement une heure de Chengdu, le musée Jianchuan est réputé bien au-delà des frontières de la Chine pour son incomparable œuvre d’interprétation historique. Véritable modèle à suivre dans le genre. L’immense superficie du musée permet d’exposer, notamment, un lot de 200 sculptures dédiées à la résistance contre l’occupation japonaise.

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NUITS BLANCHES À Chengdu, pour s’amuser, on se donne rendez-vous dans un salon de thé. On y va pour discuter, jouer au mah-jong ou simplement siroter un parfumé mélange de thé vert ou un pu’erh fumé. Le salon de thé White Nights, dirigé par le célébrissime poète Zhai Yongmin, est un incontournable. En soirée, l’établissement se transforme en bar.

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DOUX PANDAS (PAs si doux...) Chengdu est le pays du panda, dont la plupart vivent dans les réserves naturelles du Sichuan. Dans l’un des centres de recherche qui lui sont consacrés, les scientifiques essaient de comprendre ses comportements idiosyncratiques, dont une reproduction paresseuse. Ce qui rend les bébés pandas d’autant plus admirables.

La rue des animaux en caramel KITSCH ou tradition ? Un heurtoir dragon frappant.

LA RUE JINLI attire aussi la jeunesse.

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C H E N G D U est une métropole moderne, mais qui ne renie pas son passé. La rue Jinli en est le plus bel exemple. Mesurant à peine 350 m, cette promenade historique permet aux visiteurs de voyager dans le temps, de remonter à une époque révolue. Ici, les musiciens de rue jouent des airs traditionnels devant des stands croulants sous de l’artisanat aux techniques classiques, dont des broderies inspirées du xviie siècle. Même si des mauvaises langues la traitent de piège à touristes, la rue Jinli est fréquentée par de nombreux habitants de Chengdu. Surtout, les enfants qui aiment par-dessus tout les confiseurs qui façonnent des animaux en caramel en 3D. Si vous goûtez les activités à saveur plus culturelles, il suffit de lever les yeux vers la scène sur laquelle se produit un opéra sichuanais, où les acteurs enfilent leurs masques expressionnistes > à la vitesse de l’éclair.


L’avenir aux commandes. Depuis toujours, la Classe S de Mercedes-Benz s’impose comme la référence en matière d’innovation automobile. À bord du modèle 2014, vous pouvez dorénavant profiter d’une suite intégrée de systèmes d’aide à la conduite et de sécurité appelée « Intelligent Drive ». Au volant de la Classe S, l’avenir est entre vos mains.

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CE QU’IL FAUT SAVOIR

Chengdu

La vie de palais AU O L D C H EN G D U C L U B , les hôtes sont traités comme des rois. Sis dans un

Pourboires Il n’est pas d’usage de laisser un pourboire au resto, à l’hôtel ou dans un taxi. Cependant, n’hésitez pas à en donner un à votre guide touristique, à moins qu’il ne vous conduise dans un endroit où vous effectuez des achats. Dans ce cas, soyez assuré que les marchands lui ont déjà donné un petit quelque chose.

complexe traditionnel, ancienne résidence d’une famille d’aristocrates, l’hôtel-boutique offre des chambres spacieuses, au mobilier de bois antique, dont des lits à colonnes aux rideaux jaunes, couleur longtemps associée à la cour. Après une longue journée dehors, dans la chaleur torride du Sichuan, vous plongerez avec délice dans la piscine, bien qu’elle soit une goutte anachronique.

Combattre le feu par le feu Chengdu est l’une des villes où il fait le plus chaud en Chine. Pour combattre la chaleur extérieure, les résidents boivent un thé brûlant, réputé plus désaltérant que l’eau froide.

Place au confort La Mercedes-Benz ML 350 4MATIC, devant le Old Chengdu Club.

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Le pont Jiuyan est un bon point de départ

PO

NT

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RU EJ

Mandarin 101 La prononciation des voyelles dans le dialecte sichuanais le rend incompréhensible pour de nombreux Chinois. Dans les bureaux gouvernementaux, il est donc essentiel de parler mandarin.

En avant toute !

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Champignon magique Le Sichuan est la plaque tournante de la médecine traditionnelle chinoise. Parmi les remèdes miracle, le champignon chenille qui se donne des airs de ver séché.

liao yiwu, poète

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JIU

YA

N

pour une balade pittoresque à la bru­nante. Remontez à contre-courant jusqu’aux petits restos pour goûter brochettes de viande grillée, crabes de rivière épicés et musiciens qui jouent dans les bars environnants. Au 5e pont, après environ 4 km, tournez à gauche et au bout de 10 min vous croiserez la rue Jinli, où un cocktail > vous attend dans le jardin du Lotus Palace.

MODèLe EUROPéeN présenté

Bonnes manières à table Vous pouvez faire des miettes sur la table, mais ne placez jamais vos baguettes à la verticale dans le bol de riz, car ça rappelle aux Chinois les deux bâtons d’encens placés ainsi dans les sanctuaires dédiés aux défunts.

La ville est définie par sa culture des salons de thé, où on aime jaser jusqu’à plus soif.

LI

Thé spécial Chengdu est fou de ses pandas, de son thé et… de son thé de panda. Les feuilles qu’on prélève des arbustes à thé qui poussent dans le fumier de panda coûtent en moyenne 3000 $ le kilo.


IV x d u e j è s, m r he

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Vancouver – Calgary Toronto – Oakville – Waterloo Montréal – Laval Hermes.com


e s c a p a d e

Mer nourricière Sur l’Île-du-Prince-Édouard, où l’on pratique depuis belle lurette une tradition d’autocueillette et de locavorisme, aujourd’hui des expressions à la mode sur la planète Épicure, tout le monde met la main à la pâte pour nourrir ses passions. t e x t e Va l e r i e H o w e s p h o t o s F r a n c e s J u r i a n s z

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O

ouvre l’appétit Vue près de Cavendish, sur la côte de l’Î.-P.-É. ; savoureux petit-déjeuner au Youngfolk & The Kettle Black.

On surnomme cet endroit l’Île Douce (Gentle Island). Il suffit de contempler les vaches Guernesey dans les champs de boutons-d’or, les maisons en bois aux couleurs pastel et les grands hérons qui prennent leur envol dans un bruissement d’ailes pour comprendre pourquoi. Lors de mon séjour à sillonner l’Îledu-Prince-Édouard, entre la capitale et la côte nord, j’ai également compris, à faire bombance et à cueillir ici et là des ingrédients du cru, que la solidarité est ancrée beaucoup plus profondément qu’il n’y paraît. J’ai découvert une indéfectible loyauté et une fructueuse collaboration entre ceux qui produisent, récoltent et servent les spécialités gastronomiques régionales tirées de la terre ou de la mer. « Mes associés et moi sommes les travailleurs acharnés les plus paresseux que je connaisse », affirme Robert Pendergast, tandis qu’il sort une fournée de pains de campagne à l’avoine et au blé Red Fife, surveille du coin de l’œil bébé Beatrice endormie, et me garnit mon assiette. On est installés dans sa cuisine, à l’arrière du Youngfolk & The Kettle Black, le nouveau café de Charlottetown, où l’on sert petits-déjeuners, sandwiches et burgers, concoctés avec des délices du coin. Ainsi, le sirop d’érable qui nappe le pain doré est fabriqué en petites quantités par un producteur local, alors que l’aneth et la ciboulette qui parsèment les petits pains fourrés au homard sont dérobés (avec la permission des jardiniers) dans les potagers des restos avoisinants, avec qui M. Pendergast entretient d’amicales relations, qui autori­sent ces petits larcins. Robert Pendergast est en train de se forger une belle réputation grâce aux 3-4 types de pains artisanaux qu’il confectionne minutieusement avec des semences patrimoniales bios cultivées localement. Après les heures d’ouverture du Youngfolk, le boulanger, natif de l’Île, œuvre à mettre sur pied un service de traiteur pour les mariages – de pair avec le chef et guide culinaire Ross Munro – afin d’embarquer à bord de petits bateaux de festifs clients (et leur festin) festoyer sur des plages isolées. Le PrinceÉdouardien organise aussi des cinq services à la bière au pub Gahan House, et peaufine son pain de seigle destiné à un futur gros événement en collabo avec le fameux delicatessen montréalais de viande fumée Schwartz’s. Pour un « paresseux », c’est pas mal (j’opterai plutôt pour l’adjectif « calme »). En fait, Robert Pendergast est du genre à faire ce que doit, dans la mesure où il ne perd pas la boule et est soutenu par > des passionnés faits de la même eau que lui.

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escapade

Après le petit-déjeuner, j’emprunte la Route 2 depuis Charlottetown, direction nord-ouest. Des bouffées d’air salin et de sapinages s’engouffrent par les fenêtres ouvertes. En toile de fond : des champs de pommes de terre émeraude, qui émergent d’un sol couleur rouille ; des bouées qui dansent au-dessus de moulière ; un renard qui s’essaie au fox-frot. Puis, une fois que j’ai croisé la proprette maison blanche de la célèbre auteure Lucy Maud Montgomery – qui a signé Anne, La maison aux pignons verts –, à New London, je gare la voiture devant Annie’s Table : une nouvelle école de cuisine, sise dans une église reconvertie, où l’accent est mis sur les saveurs locales. En deux coups de cuillère à pot, j’enfile un tablier et, en compagnie de six autres élèves (des gens du coin), je mets la main à la pâte pour faire des douceurs sans gluten, sous les conseils de Tracey Allen (éleveuse de porcs, barre oblique auteure de livres de recettes, barre oblique nouvelle ensei­gnante) qui, justement, donne son premier cours. L’école invite différents profs, qu’ils soient sommeliers, chefs ou pêcheurs de moules, à venir partager leur savoir-faire, selon leur champ de compétences. Aujourd’hui, le toqué en résidence, Norman Zeledon, est là pour prêter main-forte à Tracey Allen, qui fait ses premiers pas. Norman se précipite dans le potager chercher des fines herbes – basilic, estragon, sarriette, menthe, citronnelle –, qu’on mélangera à la pâte à pain de Tracey. Pour les biscuits, il nous suggère de disposer des tranches de poires de l’Île-du-Prince-Édouard en éventail, puis de les saupoudrer de sucre brun, de sel et de poivre. Pour couronner le tout, il nous montre comment utiliser la pâte d’ail noir, une spécialité exclusive de l’Île Douce mise au point par Al Picketts, un agri­culteur local, comme agent sucrant, à la façon

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des dattes. « Je n’aurais jamais pensé à ça ! » s’exclame Tracey Allen, de plus en plus animée au fil des conseils prodigués par notre hôte. À la fin du cours, les deux instructeurs concoctent… un projet de coécriture. C’est le travail d’équipe et l’imagination fertile qui alimentent cette école. « Parfois, notre voisin Herb, un agriculteur bio, arrive en tracteur, chargé d’un panier de haricots verts, et nous demande si on les veut, raconte Norman. Vu qu’on les veut, faut improviser avec les étudiants et mettre une nouvelle recette au menu ! » Le chef Zeledon a également demandé à une artisane de la région, Suzanne de chez Village Pottery, de reproduire en céramique sa râpe à ail thaïe. Désormais, lorsque les clients admirent les râpes à l’école, Norman peut les envoyer chez son amie s’en acheter une. Quand je suis passée la voir, Suzanne m’a dit qu’elle travaillait à concevoir des faitouts et des tagines. « Chaque fois que je croise Norman, il mijote un projet spécial pour moi », s’esclaffe-t-elle. Cet après-midi, j’ai tout juste le temps de faire une promenade sur la plage avant d’aller souper au North Rustico. Les casiers à homards sont vides... Normal,


PARFOIS, notre voisin HERB arrive en tracteur, chargé d’un panier d’haricots verts, et nous demande si on en veut. Et on en veut !  , norman zeledon

on se la coule douce, dans les maritimes Dans le sens horaire : Haut les mains, on fait du pain au Youngfolk & The Kettle Black, à Charlottetown ; bord de l’eau, à Naufrage ; enseignes et vieilles plaques au Water-Prince Corner Shop and Lobster Pound ; Village Pottery à New London ; assiette du brunch, au Pearl Café.

chef

les pêcheurs partent en mer dès 4 h du matin, à cette heure, ils sont rentrés. Mais il y a de l’action à revendre sur un bateau à moteur piloté par deux papas brûlés par le soleil. Au moment où l’embarcation entre dans le port, un gamin à son bord, à la bouille constellée de taches de rousseur, s’écrie : « Le premier qui arrive, c’est lui qui gagne ! » Dans un bel élan de solidarité, quatre enfants et un chien berger abandonnent le navire et sautent à l’eau, dans un sillage de protection solaire et de fourrure mouillée. Je roule jusqu’au Pearl Café, dont le menu fait la part belle aux emblématiques ingrédients de la province, tels que les huîtres Raspberry Point, le bœuf élevé aux herbes-céréales-patates, et les célèbres tubercules de l’Île-du-Prince-Édouard. Dehors, le coquet jardin où s’épanouissent fleurs et sculptures en bois flotté me donne un avant-goût de ce qui m’attend dedans. La rousse proprio, Maxine Delaney, m’accueille dans la salle à manger remplie d’œuvres d’art. J’ai bu tout mon cocktail (vodka, Cointreau, lime et cordial de forsythia cueilli sur place) avant > de remarquer que j’étais entourée de gens nus.

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escapade

GÉNIE EN HERBES Melinda Gorman, sous-chef de l’auberge de Bay Fortune, part cueillir ses ingrédients secrets. Page de droite : Julie Shore de la Prince Edward Distillery ; au bout du quai, depuis Confederation Landing Park ; tarte sans gluten chez Annie’s Table ; brandy aux pommes.

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En fait, ils sont sur les toiles d’Exposed, expo d’œuvres réalisées par des artistes prince-édouardiens. Je désigne mes préférés à Maxine : deux cyclistes en costume d’Adam, des foufounes bronzées et une tricoteuse dans son plus simple appareil. Dans cette œuvre, une jeune femme est assise, jambes croisées, comptant nonchalamment une maille à l’endroit, une maille à l’envers, toute nue près d’une bande de grands-mamans chics dans leurs twin-sets. C’est hilarant. « Oh ! celle-là, c’est moi qui l’ai peinte », me lance la serveuse un brin gênée, tout en me versant mon thé. Un grand sourire illumine son visage : « Et, la tricoteuse, c’est moi ! » Peintre à ses heures, Maxine engage souvent des artistes en herbe pour décorer son établissement rural. On a l’impression que cette créativité alimente la magie qui attire la clientèle, qui vient ici pour la cuisine, mais aussi pour vivre une expérience des sens. Le deuxième jour, je me rends au Terre Rouge Bistro Marché à Charlottetown faire provision de charcuterie et de fromage. Les gens du coin viennent y boire un café, s’approvisionner en denrées ou, même, s’y chanter la pomme. Fondée en 2012, cette coentreprise est dirigée par les chefs John Pritchard – qui partageait son savoir-faire culinaire, dont la confection de petites culottes mangeables, à son émission de télé destinée aux hommes – et Dave Mottershall – alias « Animal », le batteur zinzin de Sesame Street, en raison de son rythme de travail effréné. À l’arrière, un espace est réservé aux repas gastronomiques, affichés sur tableau noir ; à l’avant, on vend une foule de denrées, du navet miniature au beurre fermier, confectionnées par des partenaires que les proprios encouragent depuis 25 ans. « La plupart de nos fournisseurs sont de petits agriculteurs bios, qui désirent qu’on valorise leurs produits », déclare John Pritchard. Je me dirige vers l’est, et m’arrête au Dalvayby-the-Sea louer une bicyclette en vue de parcourir > les 4 km qui me séparent de Covehead Harbour,


LA PLUPART de nos fournisseurs sont de petits agriculteurs qui désirent qu’on valorise leurs produits.  , john pritchard

chef

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étoiles de mer Le pêcheur d’huîtres George Dowdle ; la plage de Naufrage ; des palourdes prêtes à passer à la casserole.

Charlottetown Farmers’ Market Le samedi matin, serrez la pince aux artisans du coin, dont les étals regorgent de marchandises diverses. 902-626-3373 c h a r l o t t e t o w n fa r m e r s m a r k e t . w e e b ly . c o m

Annie’s Table Explorez les saveurs et les traditions de l’Île avec ses chefs et ses producteurs. 902-314-9666 a n n i e s - t a b l e . c o m Pearl Café Savourez une cuisine 100 % locale, dans un décor aux œuvres d’art 100 % locales. 902-963-2111 thepearlcafe.ca

sur des sentiers côtiers bordés de marécages. Au phare rouge et blanc, je bifurque vers le Richard’s Fresh Seafood, où je me régale de moules vapeur, tout juste sorties de l’eau. J’ai à peine le temps de m’installer au Johnson Shore Inn, sur la côte nord-est, que je dois déjà penser au dernier repas de la journée. Gérée par Arla Johnson et Julie Shore, distillateurs de vodka de l’Île, l’auberge sert, entre autres, des omelettes au jambon maison (ils élèvent leurs cochons), ainsi que des mollusques ou du bœuf (troqués contre porc et vodka). Je sirote mon thé, dans une chaise Adirondack, perchée à la jonction de deux falaises fouettées par le vent, où les vagues viennent se fracasser avec grand bruit. Je quitte l’endroit revigorée. Discuter avec la sous-chef Melinda Gorman, en faisant le tour du propriétaire du Bay Fortune Inn, c’est une expérience tout aussi stimulante, surtout quand elle me parle de ses flancs de porc de la veille, de son projet de risotto à la peau de saumon ou de gaspillage. « J’ai tronçonné une partie de ce pommier pour mon fumage à froid. Bientôt, je vais servir un risotto couleur argent métallique. Les gens vont capoter. Je n’aime pas jeter mes choux gras… Alors, j’utilise tout ce que je peux. J’applique ce principe aux animaux et aux végétaux. »

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L’une des facettes préférées du boulot de Melinda consiste à former des apprentis cuisiniers. Plus que de brasser des casseroles, ils sont ici pour apprendre à se servir de la livèche du potager, à recueillir le varech du rivage, à tisser des relations avec les fromagers du cru, et à tout confectionner maison – de la brioche parfumée à la patate douce en passant par la crème brûlée au foie de poulet. À mi-repas, je jette un discret coup d’œil en cuisine et je m’étonne du calme qui y règne, malgré le coup de feu. Grâce au savoir-faire de Melinda, cette nouvelle génération de chefs a la chance de se faire la main dans un endroit unique, où l’on prend la transmission des connaissances au sérieux. « Quand le resto ferme l’hiver, je vais travailler à Montréal, m’explique-t-elle. Là-bas, chaque fois que je déballe un produit, je me dis que si j’étais à l’Île-du-Prince-Édouard, je l’aurais sans doute confectionné de A à Z. » Telle la marée, depuis les sept dernières années, Melinda revient toujours sur l’Île Douce, où elle a tissé des liens plus solides que le roc des côtes. « On peut se procurer des huîtres dans toutes les mers du monde, mais y a rien comme se les faire livrer par le pêcheur avec qui on boit > une broue, à la brasserie du coin. » Santé !

Johnson Shore Inn Lové sous une courtepointe faite main, endormez-vous au son des vagues qui se fracassent sur les rivages accidentés de la côte nord. Goûtez à la vodka de pommes de terre primée que concoctent les proprios-distilleurs. 902-687-1340 johnsonshoreinn.com

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Bay Fortune Inn Dégustez des plats maison entièrement mitonnés avec des ingrédients provenant du potager du chef ou de fournisseurs locaux, dans cette institution qui fête ses 25 ans, cette année. 902-687-3745 i n n at b ay f o r t u n e . c o m

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Shopping zen Découvrez la simplicité raffinée de l’esthétique à la japonaise, là où on ne l’attend pas, dans les temples de la consommation de Tokyo, où le commerce est florissant. t e x t e N ata s h a M e k h a i l

L’idéal du [théisme] est l’aboutissement même de cette conception zen : la grandeur réside dans les menus faits de la vie.  Dans la cérémonie japonaise du thé, la marche vers le salon de thé est la première étape du rituel. En franchissant ces quelques pas à travers un jardin, une forêt ou une bambouseraie, les invités doivent abandonner les soucis du monde extérieur et s’éclaircir les idées pour apprécier pleinement le thé. Bien que le centre commercial Omotesando Hills, situé dans le populeux quartier Shibuya, à Tokyo, n’ait strictement rien à voir avec un salon de thé, il y subsiste une part de rituel, alors que je remonte tranquillement l’allée principale, qui serpente jusqu’au troisième étage. Avec sa pente douce, exit les escaliers roulants et bonjour l’atmosphère paisible, même un samedi après-midi ! Ce n’est pas un hasard si l’architecture de ce centre commercial permet de neutraliser le rythme frénétique qui accompagne habituellement l’expérience shopping. En effet, l’architecte qui l’a conçu, Tadao Ando, s’est inspiré de la philosophie zen, comme il le fait pour tous ses ouvrages. La pièce principale de l’église qu’il a construite à Osaka (Church of the Light) est une croix composée de deux faisceaux lumineux qui se croisent dans le béton : symbole interreligieux qui s’apparente

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photos Sivan Ask ayo

extrait du livre du thé de kakuzo okakura


au yin et au yang. Sur l’île de Naoshima, le Chichu Art Museum qu’il a conçu est partiellement enfoui et se confond littéralement avec la terre. Ainsi, le centre commercial Omotesando Hills, avec son atrium inondé de lumière naturelle et ses murs en béton qui ondulent sans rupture, est l’endroit idéal pour magasiner, mais aussi pour déambuler. Tous les espaces japonais, du salon de thé au centre commercial, se caractérisent par un design dit de « pleine conscience » (mindfulness). L’érudit Kakuzo Okakura a décrit ce concept à Boston au tournant du siècle dernier, lorsqu’il a donné une conférence qui allait devenir Le Livre du thé. Traduit en plus de 30 langues, cet ouvrage a permis à des générations d’Occidentaux de s’initier à l’esthétique japonaise. Sa prémisse selon laquelle la beauté existe même dans ce qui est banal est tout aussi pertinente aujourd’hui. Ici, dans ce temple du commerce de détail, ce principe se traduit ainsi : la consommation s’élève pour se transformer en une forme d’art.

L’art de la vie réside dans un constant réajustement au milieu. Les Japonais ont une véritable passion pour le magasinage. Au Japon, troisième économie en importance après les États-Unis et la Chine, les dépenses des ménages constituent environ 60 % du PIB. La culture japonaise est obsédée par tout ce qui est « spécialités ». Chaque petite ville possède sa spécialité, qu’il s’agisse de la poterie de Bizen, des paravents en papier de riz ou des conserves de prunes amères. Et elles se vendent comme des petits pains, car le tourisme domestique en raffole. Offrir des présents fait également partie des essentiels de la culture japonaise, et toute visite chez un ami s’accompagne de l’achat d’un bouquet de fleurs, d’une boîte de bonbons ou d’un ensemble de tasses à thé. Cependant, même s’ils dépensent allègrement, les Japonais accordent une grande importance à la qualité, tout en faisant preuve de discernement. C’est pourquoi un centre commercial comme le Omotesando Hills peut sembler vide aux yeux d’un Occidental, même si les boutiques haut de gamme s’y succèdent. Mais à y regarder de plus près, on découvre la raison de cet apparent dénuement. Chez Edition, l’une des nombreuses boutiques de luxe du centre commercial, on n’expose qu’un seul < article par produit. Qu’il s’agisse d’un t-shirt

FORMES D’ART La poterie japonaise embrasse la beauté dissimulée dans les imperfections (page de gauche) ; la boutique de Mikimoto, joaillier champion des perles de culture, dessinée par Toyo Ito, est l’un des joyaux du chic quartier Ginza. 63


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en coton bio, d’une bague en argent ou de mocassins en cuir cousus main, tous les articles sont disposés avec le plus grand soin. L’un est suspendu sur un cintre en bois, l’autre est placé dans un tiroir en vitre et le troisième trône sur un podium en métal. La marchandise est disposée selon les règles de l’art de l’ikébana, l’art floral japonais, et respecte son premier enseignement : l’espace entre les objets est aussi important que les objets eux-mêmes. Ainsi, à sa guise, on peut toucher, regarder, retourner les articles sous toutes leurs coutures. La boutique se métamorphose en galerie d’art. Loin d’être froide et austère, elle est animée et il y règne une ambiance chaleureuse, car les vendeurs accueillent les clients avec l’incontournable irasshaimase (mot de bienvenue), et les vitrines sont joliment tapissées de fougères. Le centre commercial est l’un des beaux exemples de design qui longent l’avenue Omotesando, où les griffes de luxe rivalisent d’efforts pour occuper l’avantscène, en confiant aux plus grands architectes de la planète la conception de leur boutique phare. Aujourd’hui, la foule qui parcourt la grande artère est un heureux mélange d’acheteurs sérieux (lire : de jeunes aristos de la capitale et leurs caniches tea-cup), de branchés du quartier Harajuku et de touristes des quatre coins du globe, qui photographient cette expo architecturale en plein air. Discrètement, moi aussi, je sors mon appareil-photo devant le grand magasin Tod’s, griffe italienne de chaussures et d’articles de cuir qui occupe une tour de verre de sept étages, dessinée par Toyo Ito, laquelle semble enchâssée dans un entrecroisement de béton. Puis, je rejoins la cohue qui photographie de plus belle, cette fois la boutique Cartier, dessinée par Bruno Moinard. En verre et en acier, l’immeuble est orné à la verticale de lattes de bois tressées qui représentent des tiges de bambou. Le voisin, où loge Prada, signé par Herzog & de Meuron, est sans doute le plus célèbre

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ESPACE FUTURISTE Sur Omotesando, Prada doit son époustouflante conception à Herzog & de Meuron (ci-dessus) ; au Japon, trouver un présent est un passe-temps auquel on s’adonne avec sérieux (ci-dessous).

de l’avenue. Sa façade en verre bullé fumé simule la patine d’un sac à main de luxe. « L’art de magasiner. Le magasinage comme forme d’art » est une règle tacite. À Tokyo, aucun immeuble n’incarne mieux ce lien qui unie intimement le commerce et l’art que le Dover Street Market, dans le chic quartier Ginza. Sœur jumelle de l’immeuble original de Londres, la succursale de Tokyo a été mise sur pied par la fondatrice de Comme des Garçons, Rei Kawakubo, qui la décrit comme un « joyeux chaos ». Aucun mur ne sépare librairie, boutique de vêtements ou comptoir de parfums. À la place, chaque espace est délimité par l’atmosphère qui y règne. Par exemple, la zone réservée à la ligne Black Comme des Garçons ne présente que des morceaux monochromes, l’étourdissante zone Balenciaga se démarque par des miroirs kaléidoscopiques, et la zone Mulberry est flanquée d’une armée de nains de jardin blancs. Dans l’espace Junya Watanabe Man, de Comme des Garçons, on achète les emblématiques t-shirts blancs de la marque d’une machine distributrice. Dans la simplicité classique de ce t-shirt se trouve l’essence même de l’esthétique japonaise.

l’art du thé consiste en effet à dissimuler la beauté que l’on est capable de découvrir, et à suggérer celle que l’on n’ose révéler.  De retour à Shibuya, admirez les étalages rustiques des vitrines de Found Muji, où tasses en céramique et bocaux de conserve à l’aspect rétro semblent incongrus sur Aoyama, le grand boulevard à six voies. Boutique concept unique (dans tous les sens du mot, c’est la seule !), Found Muji est une branche de Muji,

photos IwanBa an (pr ada); Sivan Ask ayo (CLIENTS, PORTE- BAGUET TES)

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SOUCI DU DÉTAIL Même aux porte-baguettes on réserve une place de choix (ci-dessus) ; l’espace Mulberry et ses nains de jardin, au Dover Street Market (ci-contre).

la marque chouchou des Japonais qui vend articles ménagers et vêtements minimalistes. On y trouve des objets inspirés des techniques artisanales traditionnelles, de même que des ustensiles et instruments ménagers qui se distinguent par leur design exceptionnel. Marmites à vapeur en bambou de Chine, cuillères à thé en étain d’Angleterre ou sacs à dos militaires en toile de Suède sont mis en valeur avec le plus grand soin pour faire ressortir leurs attributs respectifs, leur unicité, leur universalité. Alors pourquoi un magasin qui occupe les pieds carrés parmi les plus chers de la planète accorde-t-il une telle place de choix à un simple pot de confitures vide ? Du point de vue japonais, c’est tout à fait logique. Selon Kakuzo Okakura, l’art japonais est sensé suggérer : « En laissant une part au non-dit, l’artiste offre au spectateur l’occasion de compléter l’idée sous-jacente. » Ce simple pot, dont le design n’a pas changé au cours des siècles, symbolise la perfection même ; vous pouvez le remplir de marinades, de pierres de rivière ou de coquillages. En d’autres termes, ce n’est pas le pot qui est à vendre, mais plutôt son potentiel. La boutique Over The Counter applique ce même concept. Dirigé par la styliste Sonya Park, ce minuscule espace est une sorte d’apothicaire qui offre aussi des objets hétéroclites célébrant l’art de vivre, du genre écharpes en cachemire, tasses à thé en porcelaine et blaireaux. Plutôt que de faire étalage de la mar­ chandise, on l’expose derrière un comptoir. Ce système favorise le dialogue entre l’acheteur et le vendeur quant à la provenance de l’article, ses particularités ou l’histoire de la marque. Ainsi, si < l’on décide d’acheter un dentifrice de qualité

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supérieure, beaucoup plus cher que le courant vendu en pharmacie, on le fera en connaissance de cause. Par exemple, si la pâte à dents est confectionnée par une entreprise familiale de cinquième génération ou constituée d’ingrédients équitables, ça justifie son prix élevé. En intégrant une telle conversation à l’expérience d’achat, Over The Counter confirme le profond respect que lui inspirent ses clients.

[…] nul n’a le droit d’approcher la beauté s’il n’est lui-même beauté.  Le respect est une vertu intrinsèque dans cette société qui place le groupe au-dessus de l’individu. Posez votre sac à main dans le panier prévu à cet effet, enlevez vos chaussures, montez sur la plateforme, tirez le rideau et recouvrez votre visage d’une serviette, voilà les consignes à suivre pour entrer dans une cabine d’essayage au Japon. Le protocole d’achat est un rituel pétri de bonnes manières dans lequel les vêtements – ainsi que la personne qui les essaiera par la suite – reçoivent toutes les marques de respect attendu. De la même manière que les Occidentaux s’étonneront du peu de marchandises exposées dans les magasins au pays du Soleil levant, ils trouveront le nombre d’employés un tantinet excessif. Auparavant, on plaçait à l’entrée des boutiques des gens, dont le travail consistait uniquement à souhaiter la bienvenue aux clients, puis à les saluer à la sortie. Hélas... cette pratique tend à disparaître de l’expérience shopping, à cause des coupures de personnel engendrées par la récession.

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lèche-vitrine Sur Omotesando, la boutique Comme des Garçons (ci-dessus) et ses t-shirts qu’on se procure d’une distributrice au Dover Street Market (ci-dessous).

Cependant, il y a toujours un endroit qui respecte rigoureusement cette tradition. Il s’agit du somptueux grand magasin Takashimaya, à Chuo, où le décor (planchers de marbre et chandeliers en cristal) et le service à la clientèle (employés attentifs et gantés de blanc) ont très peu changé depuis l’ouverture du magasin en 1933. À mon arrivée un peu avant l’ouverture à 10 heures, il y a déjà une file d’attente. À 9 h 57, trois femmes aux uniformes immaculés (chapeau, veste, jupe fourreau et gants) s’approchent de l’entrée. Deux d’entre elles tiennent les portes entrouvertes, pendant que la troisième s’avance à l’extérieur. Elle souhaite la bienvenue aux clients, en employant l’expression officielle okyakusama (« invité d’honneur »), après quoi elle donne les heures d’ouverture du magasin et du restaurant, et annonce une exposition de roses au 8e étage et une nouvelle installation d’ikébana dans le hall d’entrée. Elle se retire à l’intérieur avec ses compagnes et, une minute plus tard, à 10 heures pile, le trio ouvre grand les portes aux clients. Ensuite, selon la tradition séculaire, qui se répète tous les matins, les employés du magasin forment deux lignes parfaites de chaque côté de l’entrée. Lorsque les premiers clients entrent, tout le personnel s’incline à l’unisson : un geste qui exprime le plus grand respect pour la clientèle. Une cérémonie où la < grandeur réside dans les menus faits de la vie.

TOKYO EN IMAGES Un collier Marni de petites poupées, au Dover Street Market (ci-dessus) ; Found Muji remet l’artisanat ancestral au goût du jour (ci-dessous).

photo Sivan Ask ayo (DEVANTURE)

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Les rêves sont faits pour être réalisés.

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Tokyo Omotesando Hills Où achat et architecture vont de pair. 4-12-10 Jingumae, Shibuya omotesandohills.com

Dover Street Market Ginza Les espaces de Rei Kawakubo, où règne un « joyeux chaos ». 6-9-5 Ginza, Chuo ginza.doverstreetmarket.com

Found Muji Objets des quatre coins du monde, revisités à la mode Found Muji. 5-5-6 Jingumae, Shibuya muji.net/foundmuji

(en japonais seulement)

Over The Counter Pharmacie et cie 101 Palace Miyuki, 5-3-8 Minami Aoyama, Minato arts-science.com/shoplist/ over_the_counter

Takashimaya Nihonbashi Le grand magasin de luxe de la capitale. 2-4-1 Nihonbashi, Chuo ta k a s h i m aya . c o . j p / t o k y o (en japonais seulement)

L’art s’invite à l’hôtel J ’ a i a d m i r é l e s œ u v r e s d ’ a r t du Shangri-La Tokyo pendant deux jours, avant qu’un membre du personnel ne m’en confie le secret. Les 2000 pièces commandées par l’établissement – depuis les paravents en soie brodée de fil d’or du hall (dont un fil correspond à un dixième d’un cheveu), jusqu’aux 2400 carreaux en porcelaine coquille d’œuf qui composent l’installation murale de l’entrée – sont basés sur le poème chinois de la dynastie Tang Le chant du pipa. Au Shangri-La, l’esthétique est très importante, comme le prouvent la déco, la disposition des chambres ou les services au spa. Le soin Kisetsu dure deux heures et inclut l’exfoliation des pieds, un polissage de la peau, un bain vapeur, un massage complet du corps et un bain minéral, dont les produits, huiles essentielles et autres thés aromatiques changent au gré des saisons pour s’harmoniser aux besoins du corps. Rendez-vous au Nadaman et optez pour le kaiseki-ryōri, soit un repas japonais traditionnel de plusieurs services. Dans cette succession de petits plats, servis selon un cérémonial, seuls les ingrédients les plus frais sont sélectionnés par le chef. Les plats sont présentés de façon artistique, décorés de fleurs, et la table est dressée (bols laqués et porte-baguettes) pour se marier aux couleurs et à l’atmosphère en vigueur selon la période de l’année. shangri - la . com / tokyo

> PETIT extra Le Shangri-La peut vous organiser une visite guidée du grand magasin Takashimaya. À la fois guide et interprète, votre commis aux commandes personnelles vous initiera aux mystères des tasses à thé, vous expliquera comment acheter de l’encens ou vous montrera comment nouer un kimono.

À Tokyo, Mercedes-Benz Connection est beaucoup plus qu’un simple concessionnaire : c’est un espace de rencontre pour tous les aficionados de la marque. Au Downstairs, dégustez cafés au lait et cappuccinos préparés avec maestria par le maintes fois primé barista Hiroshi Sawada. Puis, visitez la salle d’exposition pour examiner de près la gamme des Mercedes-Benz. Là, faites l’essai d’un véhicule ou regardez ses performances diffusées sur la télé à écran large. Pas encore rassasié ? Montez au resto-bar Upstairs et parions que vous apprécierez à la fois le menu aux accents français conçu par l’étoilé chef Ryuta Iizuka et l’ambiance décontractée. Mercedes-Benz Connection, 7-3-10 Roppongi, Minato mercedes - benz - connection . com

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photo AL AMY (COMMIS d’ASCENSEUR)

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L’heure la plus longue texte Hartmut LEhBRINK

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p h o t o s W O L F G A N G wilhel m


L’ARRIVÉE du gladiateur haute vitesse : Nico Rosberg se rend à grandes enjambées du paddock au garage avant le Grand Prix d’Australie.

LES 60 MINUTES avant le début d’un Grand Prix de formule 1 occupent les équipes de tous bords tous côtés. Filant à la vitesse de l’éclair, le temps s’écoule ensuite à pas de tortue. Le rituel précédant la course s’apparente à un ballet parfaitement chorégraphié.

MODE MULTITÂCHE Quatre-vingt-dix minutes avant la course, les pilotes sortent pour accueillir les spectateurs. C’est le moment d’user de son charme.

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d’illustres coureurs de F1 qui l’ont précédé, tels Nelson Piquet et Gerhard Berger. Soixante minutes avant le départ. L’équipe procède à un essai moteur sur une Mercedes F1 W04, et un autre en utilisant un démarreur externe. Ça lui permet de fixer les régimes et la pression d’huile avant d’activer l’étincelle d’allumage. Les moteurs V8 laissent échapper de puissants grondements de baryton, quelques aboiements furieux, puis s’éteignent et le calme revient comme si de rien n’était.

Le calme avant la tempête DÉTENDU

Le trac n’est pas un problème pour Nico Rosberg.

L

a fascinante fuite du temps est une inexorable réalité, qui se vit encore plus intensément sur une piste de course. Les fractions de seconde, mesurables uniquement grâce à des gadgets de haute précision, font toute la différence entre victoire et défaite, triomphe ou catastrophe.

La course contre la montre Mais que se passe-t-il vraiment pendant cette heure avant que les lumières au-dessus de la grille de départ ne s’éteignent ? Ces dernières 60 minutes précédant une course sont quelque peu para­ doxales : le temps fuit ou s’éternise. Soit les secondes filent à la vitesse grand V ou s’égrènent à n’en plus finir. La mécanique parfaitement huilée de l’univers de la formule 1 semble réglée sur une horloge interne différente du reste du monde. Alors que les minutes s’écoulent avant le départ du Grand Prix d’Australie 2013, le visage imperturbable de Nico Rosberg ne montre aucun signe de trac. « Pas après 128 courses de F1  », affirme le pilote de Mercedes AMG Petronas en haussant les épaules. Rétrospective de ce grand jour au pays des kangourous. Il reste 80 minutes avant le début de la course, et Nico Rosberg revient tout juste du défilé des pilotes. Il entre dans un profond état de calme, parle au téléphone avec sa douce moitié, Vivian, et se détend. Toutefois, il ne trouve pas le temps de fermer l’œil afin de piquer une sieste éclair. Le pilote ne maîtrise pas encore l’art du roupillon sur commande, comme savaient le faire

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> UN ART essentiel pour un pilote de formule 1 : pouvoir faire une sieste éclair sur demande.

Cinquante-cinq minutes avant le départ. Échauffement. Pour Nico Rosberg, ça signifie taper dans un ballon avec le physiothérapeute Daniel Schlösser, le faire bondir sans qu’il ne touche le sol (en jargon de soccer, on appelle ça « faire jongler le ballon »). « Ça fait des années que personne ne m’a battu dans un concours de jonglage de ballon ! » jure un Nico Rosberg tout sourire. Entre-temps, les mécanos ont enfilé leurs combinaisons ignifugées et se sont branchés à leurs radios. Le directeur sportif, Ron Meadows, se concentre sur la stratégie de course de l’équipe. Les réservoirs de carburant des deux Mercedes AMG Petronas ont été remplies jusqu’à ras bord, et les refroidisseurs de carburant sont retirés. Lors d’une course, l’essence se dilate au fur et à mesure que la température augmente (elle grimpe jusqu’à 60 °C). Ainsi, les refroidisseurs sont utilisés en début de course, on remplit le réservoir autant que possible. « Le carburant peut être refroidi jusqu’à 10 °C sous la température de l’air », précise Ron Meadows. Quarante-deux minutes avant le départ. « C’est à ce moment-là que je me rends au garage, au trot ou au galop. Ça fait partie de mon échauffement », affirme Nico Rosberg. Là, il blague avec ses mécaniciens, dans un calme apparent, avant de passer aux choses sérieuses avec l’ingénieur de course, Tony Ross. Le coureur analyse le départ du Grand Prix de l’année dernière : la façon dont la course s’est déroulée, les sources de pré-­ oc­cupation. Même pour un professionnel comme lui, il reste toujours des choses à apprendre. Le pilote allemand insère ses bouchons d’oreilles, enfile son passe-montagne ignifugé, met son casque et se glisse dans le cockpit. Le moteur à huit cylindres qui lui souffle derrière la nuque se manifeste bruyamment. On a servi moult rafraîchissements aux grosses légumes près des > puits, et Ross Brawn, le patron de l’équipe,


LE PARI DES PNEUS La décision quant au type de pneus peut être prise à peine 3 min avant une course.

PARCOURS D’ESSAI Vérification du moteur dans le garage des puits. Le vrombissement infernal du groupe moteur V8 en oblige certains à se boucher les oreilles.

LE ROI DU JONGLAGE Maintenir le ballon dans les airs fait partie de la routine d’échauffement du pilote de Mercedes AMG Petronas. Nico Rosberg affirme être imbattable.

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p o int

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mire

a fait provision de bananes. Les choses sont pas mal moins glamours, et beaucoup plus énigmatiques, dans l’univers de Nico Rosberg. Lui, dans son cockpit, il sirote 1,5 L d’une boisson fraîche top-secret. C’est la quantité maximum permise par le règlement (afin d’éviter que le liquide ne serve de lest). La bouteille devra être vide à mi-course, sinon son contenu sera bouillant dans l’étouffante cabine de pilotage en carbone. Trente-six minutes avant le départ. La météo ne fait pas de vague : pas de pluie à l’horizon. Les mécaniciens envoient donc la voiture sur la grille de départ, chaussée de Pirelli lisses. Puis, une fois sur place, une autre paire de pneus lisses sera calibrée. S’il pleut, l’équipe sera fin prête et pourra changer le type de pneus jusqu’à trois minutes avant le départ. Trente-deux minutes avant le départ. La voie de ravitaillement est ouverte. Nico Rosberg fait deux tours de chauffe, au cours desquels le rythme des échanges radio avec Tony Ross s’intensifie. Si l’équilibre de la voiture est déficient, le pilote devra revenir brièvement pour des réglages de l’aile avant afin d’ajuster survirage et sous-virage. À cette étape, ce sont les seules interventions permises par le règlement de la F1. Tony Ross recommande à son coureur de ménager le moteur « afin que le régime ne soit pas trop élevé, mais qu’il obtienne suffisamment d’air de refroidissement ».

À L’ÉTROIT Nico Rosberg se fraie un chemin dans le monocoque de carbone confiné de sa Flèche d’Argent.

SILENCE, SVP C’est le temps pour l’homme et la machine de former un tout. Les mécaniciens escortent la Mercedes en position de départ.

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La foire aux vanités Le V8 de Nico Rosberg se tait 100 m avant d’atteindre le fond de la grille. Les mécaniciens de Mercedes transportent la W04 jusqu’à son emplacement, à la troisième rangée, et la pousse en position. La Flèche d’Argent se fraie un chemin à travers la foule, où il règne une atmosphère de fête foraine. Les voitures sont disposées selon leur position de départ, formant un archipel de 22 petites îles, endiguées d’étroits marquages sur la piste. Autour des bolides, papillonne tout le gratin du faste de la F1. Les filles des paddocks arborent leurs plus beaux sourires. Flanqué de dignitaires locaux, le président de la F1, Bernie Ecclestone, se délecte des feux de la rampe. Voir et être vu, voilà la question. Les photographes avancent à reculons, se pliant autant que faire se peut pour croquer leurs proies, les flashs mitraillent les stars, qui viennent faire leur tour de piste au grand cirque de la F1. Nico Rosberg s’enferme dans sa bulle, afin de se concentrer au milieu de tout ce brouhaha. Il se hisse hors de la > voiture une dernière fois, échange quelques


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FEU VERT pour le tour de formation. Il y a 22 bolides qui vrombissent sur le circuit. Aucun dépassement n’est autorisé.

> nico Rosberg conduit peut-être une monoplace, mais il n’est jamais seul : la voix de son ingénieur à l’oreille le presse de chauffer les freins et de maintenir le moteur froid. 76

mots avec ses ingénieurs et va faire honneur aux équipes de télé. Quatorze minutes avant le départ. Le pilote se glisse dans le cockpit, scellant ainsi le lien qui unit l’homme et la machine. Il vérifie la liaison radio avec l’équipe de ravitaillement et effleure les freins pour permettre aux roues d’être montées correctement. Enfin, la monoplace est abaissée sur la piste. Et que la course commence ! Douze minutes avant le départ. Seul le per­ sonnel autorisé est sur la grille de départ. Six minutes. On retire les ventilateurs de refroi­ dissement de la voiture. Quatre minutes. Les moteurs grondent en un tonnerre assourdissant, le bruit est insupportable. Trois minutes. On retire les housses qui main­ tiennent la température idéale des pneus. Sans elles, les Pirelli n’adhéreraient presque pas à la piste, lors des premiers tours. Les pneus ont atteint 80 °C, mais l’air frais automnal de cet après-midi australien ne tardera pas à se faire sentir. Deux minutes et demie. Dorénavant, plus per­ sonne n’est autorisée près des voitures. Deux minutes. On donne le feu vert pour le tour de formation. Nico Rosberg réussit un départ d’essai et se place dans la file tressaillante et zigzagante des 22 bolides. Pendant le tour de formation, le dépassement est strictement interdit. La Mercedes est peut-être une monoplace, mais le pilote n’est

jamais seul. « Mon ingénieur me parle constamment à l’oreille, et me répète inlassablement : “Garde les freins et les pneus chauds ; maintiens le moteur froid ; ne lâche pas des yeux les réglages de l’embrayage et de la boîte de vitesses ; prépare la voiture comme il se doit pour le départ”. » Dans l’intervalle, les membres des écuries se pressent aux puits, formant une mer de couleurs. Une fois sur place, ils se précipitent sur leurs casques et leurs gants ignifugés : « Une des voitures peut être touchée durant le premier tour et néces­ siter un nouveau cône avant, par exemple », explique Ron Meadows, qui parle d’expérience. Dans de telles conditions, il est ardu de revenir en vitesse au garage, et c’est encore plus vrai sur le circuit de Malaisie. « Il y a quelques années, on a eu un certain nombre de redémarrages », se souvient Ron Meadows, qui a des sueurs froides en y repensant. « Et certains gars se sont carrément évanouis. » Le décompte est terminé. Les cinq feux rouges sur le portique au-dessus de la grille s’allument un par un, à des intervalles d’une seconde, puis s’éteignent tous d’un coup. Les rangées bien nettes de voitures démarrent dans le chaos, et Nico Rosberg se retrouve au beau milieu de l’arène. Enfin, le coup d’envoi de la course qui couronnera le champion du Grand Prix d’Australie est donné. Qui la remportera ? Ça, c’est une tout > autre histoire.



photos Levon Biss/Contour by Get t y Images

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C O U R I R

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C H A N C E

Pendant des années, sprinters, golfeurs et nageurs s’entraînent dans un seul et même but : optimiser leur technique de course, leur élan de golf ou leur plongeon en vrille, car ce sont souvent de petits détails qui assurent la victoire ou infligent la défaite.

AVA N T- C O U R E U R Usain Bolt et sa technique ont métamorphosé l’univers du sprint. T E X T E a n n a b e l d i ll i g

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B U L L E T I N

BAIN M O U SS A N T Pour perfectionner leur position, les nageurs s’entraînent dans des cuves à circulation spéciales, qui réduisent la résistance de l’eau.

Contracter les fibres musculaires Chercheur à la Deutsche Sporthoshchule, à Cologne, en Allemagne, Volker Herrmann étudie les secrets du mouvement parfait. « Le style de course d’Usain Bolt confirme ce que la sphère scientifique soupçonne depuis un certain temps », explique

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Dans l’univers de l’athlétisme, il est communément admis que tout le monde peut devenir marathonien, mais qu’on naît sprinter.  l’expert en biomécanique. Le sprinteur est passé de l’approche « poussée » (technique courante dans les années 1980) à l’approche « traction », laquelle sollicite davantage l’avant du centre de gravité corporel. Pour ce faire, l’athlète doit plier et ramener rapidement le genou sous lui, et poser le pied juste devant l’aplomb de la hanche. « Ça permet au coureur de réduire les forces de freinage qui s’exercent sur le corps », indique M. Herrmann. Ce nouveau style de course permet de mieux exploiter le potentiel des muscles postérieurs de la cuisse. Cependant, la meilleure technique de course au monde ne vaut rien si elle ne s’harmonise pas au physique du sprinter. Dans l’univers de l’athlétisme, il est communément admis que tout le monde peut devenir marathonien, mais qu’on naît sprinter. Entre autres attributs physiologiques essentiels, il faut compter sur un haut coefficient de rigidité des tendons pour un transfert optimal des forces musculaires, une bonne longueur de jambe pour un effet de levier maximal, et une bonne proportion de fibres musculaires blanches à contraction rapide. Grâce à un programme d’entraînement personnalisé, un athlète peut activer ses prédispositions innées. Ainsi, 13 des 15 sprinters du groupe de Volker Herrmann bénéficient d’un entraînement sur mesure, qui tient compte de leurs forces et faiblesses particulières. Tous visent l’excellence, > scientifiques et sportifs confondus.

photos DPA Picture Alliance; Contour by Get t y Images

U

sain Bolt jaillit hors des blocs – le mouvement est plus horizontal que vertical. Entre le départ et la ligne d’arrivée, il ne fera que 41 enjambées. En pleine accélération, il parcourt la distance à la vitesse du félin en chasse, ses pas ne touchant la piste que tous les 2,5 m. Au 45e, alors qu’il atteint sa vitesse maximale, on dirait qu’il vole. Et il soutient le rythme plus longtemps que tous ses rivaux. Il n’aura fallu que 9,58 secondes au Jamaïcain pour inscrire le nouveau record mondial du 100 mètres. Comment améliore-t-on une activité aussi fondamentale et primaire que la course ? Existe-t-il une manière parfaite de poser un pied devant l’autre ? Depuis des décennies, chercheurs, entraîneurs et athlètes du monde entier tentent de répondre à ces questions. En laboratoire comme en piste, ces experts ont fait appel à l’équipement le plus high-tech et aux méthodologies les plus rigoureuses pour optimiser la séquence des mouvements biomécaniques de la course qui, à l’instar de la marche, a évolué sur des millions d’années. Or, le plus infime facteur fait parfois toute la différence. Dans des disciplines comme le 100 mètres, la gloire et la fortune se mesurent en centième de seconde. Tel Usain Bolt, quiconque réussit à établir un nouveau record mondial au sprint s’assure de figurer dans les ouvrages d’histoire.


VOL PL ANÉ Il faut près de 500 plongeons avant de maîtriser une nouvelle séquence de mouvements.

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É L A N V I TA L Pour exécuter un élan de golf, le cerveau sollicite environ 130 muscles ; l’analyse séquentielle de l’image permet d’étudier les mouvements biomécaniques (ci-dessous).

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d’abord au trampoline, puis dans le « bac à mousse », et, finalement, dans l’eau de la piscine, dont la surface est « adoucie » par l’ajout de bulles d’air qui réduisent l’impact sur le corps.

Jouer un tour au cerveau Quand on l’interroge sur l’élan parfait, le golfeur professionnel allemand, Bernd Ritthammer, laisse échapper un long soupir. On lui pose la question sous un ciel clément d’une belle journée chaude, au club de golf München Eichenried. « Des quelque 72 coups qu’exige un parcours complet, il y en a 2 ou 3 que je pourrais décrire comme presque parfaits. » L’élan de golf, un des mouvements biomécaniques les plus complexes de la planète sport, mobilise simultanément près de 130 muscles. M. Ritthammer a 26 ans et pratique le golf depuis l’âge de 3 ans. > Comment perfectionne-t-on davantage des

photos Get t y Images; Gallery stock

Il y a quelques années, les membres de l’équipe américaine en quatre nages individuelles ont réussi à rogner 1 ou 2/10e de seconde dans la transition du dos à la brasse, en pivotant quasi latéralement – réduisant ainsi l’angle et la distance de déplacement requise pour virer –, une interprétation limite mais légale des règlements. Le nageur doit donc, à force d’entraînement, apprendre à son corps à pivoter plus vite sur l’axe latéral. Dans les années 1970, les alpinistes fréquentant le Yosemite National Park ont commencé à perfectionner leur sens de l’équilibre en marchant sur une simple sangle tendue entre deux points fixes. Le concept s’est rapidement répandu dans d’autres disciplines. Pour les grimpeurs, cet entraînement est tout à fait logique, puisqu’il exige la coordination de plusieurs groupes de muscles simultanément. Quant aux plongeurs, ils peuvent refaire 500 fois le même mouvement avant de maîtriser un nouvel enchaînement ; ils s’entraînent


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es quelque 72 coups D qu’exige un parcours complet, il y en a 2 ou 3 que je décrirais comme presque parfaits. mouvements répétés des centaines de milliers de fois, depuis tant d’années ? Et même si l’esprit sait parfaitement à quoi ressemble le mouvement parfait, comment amène-t-on le corps à l’exécuter correctement ? Ces questions sont au cœur des recherches menées par Peter Lamb, expert en biodynamique à l’Université technique de Munich. Dans son laboratoire allemand, ce chercheur canadien relie des golfeurs à des capteurs, puis modélise l’arc tracé par leurs élans. Pendant qu’ils exécutent les mouvements, les joueurs ont droit à une rétroaction immédiate. Par exemple, si leur fer n’est pas suffisamment projeté derrière l’épaule, ils entendent un signal sonore. « Ça permet au golfeur de reconnaître les sensations et perceptions physiques associées au bon mouvement. Le cerveau se souviendra de cette position du corps », précise M. Lamb, lui-même golfeur. Pour les besoins de sa recherche, Peter Lamb a compilé des données analytiques de l’élan de centaines de golfeurs, dont la moitié sont des pros de la PGA. « Ces statistiques correspondent à ce qui s’approche le plus de la perfection, précise le chercheur. Tous les joueurs vous le diront, réaliser l’élan parfait est une quête incessante. Il suffit d’un seul beau coup pour devenir accro et vouloir reproduire cet exploit encore et encore. » Quant à Bernd Ritthammer, il préfère résoudre ses problèmes sur le terrain de golf plutôt qu’en laboratoire. « Votre hanche revient trop vite, trop brusquement », diagnostique l’expert. C’est un problème vieux comme le monde : l’entraîneur explique à l’étudiant ce qu’il doit améliorer, ce dernier acquiesce, mais re­produit pratiquement les mêmes erreurs. C’est pourquoi M. Ritthammer tente d’améliorer ses techniques par le biais de l’exagération, réduisant toute rotation des hanches au moment de la descente (downswing). Même s’il fait une chaleur accablante sur le terrain, le pro frappe balle après balle. Les balles sifflent dans l’air avant de retomber 130-180 m plus loin. Bernd Ritthammer semble satisfait. A-t-il un autre truc ? « J’imagine la trajectoire de la balle si je pivotais mes hanches un peu plus lentement, puis je tente de la frapper exactement comme imaginée. » Il suffit > donc, parfois, de jouer un tour à son cerveau !

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photos Get t y Images; Gallery stock

bernd ritthammer


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B U L L ET I N

g e taway

L A BIONIQUE

La

se rapporte à l’art de fonder des applications technologiques sur des phénomènes naturels. Ci-dessous : une reconstitution artificielle d’un vol de mouettes. Page de droite : la structure interne d’un pavillon basée sur un oursin.

parfaite t e x t e FA B R I C E B R A U N

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photos Festo; ICD/ITKE

forme


Architectes, chercheurs et ingénieurs observent souvent les règnes animal et végétal à la recherche d’inspiration dans leur quête de la forme idéale. Fréquemment, la nature fait germer les meilleures idées afin de concevoir aéronef peu gourmand en carburant, immeuble écoénergétique ou même maillot hydrodynamique.

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MODÈLE BASÉ

L’

énorme libellule quitte précautionneusement son perchoir en battant des quatre ailes, d’abord lentement, puis de plus en plus rapidement. Planant quelques secondes, elle s’élance ensuite vers l’avant en décrivant de grands cercles intrépides, pique au ras du sol pour remonter de nouveau en flèche, ses deux paires d’ailes transparentes battant si vite qu’elles forment une masse indistincte presque invisible. Si ce n’était du vrombissement des servomoteurs, on pourrait croire à une libellule préhistorique ressuscitée. À vrai dire, cette machine volante de 44 cm de long n’est pas un être vivant en chair et en os, mais bien une création high-tech en aluminium, fibre de carbone et polyamide. Fabriquée par Festo, une firme d’ingénierie installée en Allemagne, la fausse libellule s’appelle « BionicOpter ». Pesant 175 g, ce minuscule objet volant est contrôlé grâce à un téléphone intelligent. Ses ailes artificielles peuvent battre jusqu’à 1200 fois par seconde et exécuter 13 manœuvres – dont voler à reculons. « On a abordé ce projet de la même façon que les constructeurs automobiles se penchent sur une voiture concept. On voulait démontrer ce qui était technologiquement possible », explique le directeur de projet, Heinrich Frontzek.

Fenêtre ouverte sur la nature Bien que le concept de bionique n’existe que depuis le milieu du xxe siècle, Dame Nature a toujours été une source d’inspiration pour les scientifiques et les inventeurs. Déjà, en 1505, à la suite de la rédaction de son Codex sur le vol des oiseaux, Léonard de Vinci tentait de construire des machines volantes à partir de ses analyses. Pour mettre en œuvre ses desseins, il ne lui manquait que les moyens technologiques... Depuis lors, quand ils sont en panne d’inspiration,

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VO L E U S E La BionicOpter reproduit une libellule. Son duo de paires d’ailes fonctionne indépendamment, ce qui lui permet de voler à reculons.

les chercheurs de diverses disciplines observent la nature depuis les fenêtres de leurs labos. Dans les années 1940, entre autres, l’ingénieur suisse Georges de Mestral s’inspirait des graines crochues de la bardane pour mettre au point son invention du Velcro. Dans les années 1980, Dietrich Bechert concevait un type particulier de feuille métallique reproduisant les propriétés hydrodynamiques de la peau de requin. Un aéronef recouvert de ce matériau consomme 4 % moins de carburant. Par ailleurs, l’extrémité pliée vers le haut des ailettes des avions modernes constitue également une mesure d’économie de carburant : en diminuant la turbulence, ces ailettes réduisent la résistance de l’air. Dans le ciel, il suffit d’observer le bout des ailes aux plumes maniables de grands volatiles, la version grandeur nature de ces ailettes aéronautiques, que l’on trouve également sur les bolides de formule 1. Les fabricants de pneu ont également modelé la forme des bandes de roulement sur des phénomènes naturels, tels que l’alvéole d’une ruche ou les doigts de pied de petites bestioles, comme la rainette ou le gecko. Mercedes-Benz avance aussi de pied ferme en recherche bionique. En 2005, l’entreprise inaugurait une « voiture bionique », un véhicule concept reposant sur les principes de la bionique, qui doit d’ailleurs > son exceptionnellement faible taux de

photos Soma; Festo

sur une fleur tropicale : les lamelles souples se cambrent pour suivre la course des rayons du soleil.


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appliqué aux tuiles de toiture et aux vitres facilite la conception de surfaces auto­ nettoyantes. Ici aussi, c’est une fleur qui a servi de modèle architectural.

coefficient de traînée de 0,19 à sa forme aéro­ dynamique, inspirée du tropical poisson-coffre. Réalisée par les ingénieurs de Mercedes-Benz, une expérience de tunnel aérodynamique a permis d’illustrer clairement l’efficacité avec laquelle la nature optimise certaines formes, grâce au processus d’évolution, dont ce modèle reproduisant fidèlement l’anatomie du poisson-coffre, lequel a enregistré un coefficient de traînée d’à peine 0,06. « La nature a bénéficié de millions d’années pour peaufiner ses merveilles », rapporte Werner Nachtigall, l’un des plus illustres pionniers ès bionique de la planète, pour expliquer la quasi-perfection de cette aérodynamique. Pendant plus de 50 ans, les recherches du Pr Nachtigall, main­tenant à la retraite, ont porté sur ce que la technologie peut glaner de la biologie. « L’œuvre de la nature est disséminée sur une grande échelle. En Europe, il existe des milliards de mouches bleues de la viande, toutes un brin différentes. » Grâce à l’expérimentation, aux erreurs et à la sélection naturelle, des formes de vie aux carac­ téris­tiques souvent stupéfiantes ont vu le jour. « Lorsqu’il nage, le gyrin affiche un taux d’efficacité de 93 % au chapitre de la consommation énergétique », conclut Werner Nachtigall. Les ingénieurs peuvent toujours rêver… ils ne sont pas prêts d’atteindre cette perfection !

Beauté vs fonctionnalité La bionique ne vise pas uniquement à singer la nature sous toutes ses coutures. Le plus important est de demeurer fidèle au principe déterminant. Il y a quelques années, l’ingénieur Frontzek et son équipe de Festo ont développé un grappin très agile en s’inspirant de la nature de la trompe de l’éléphant. Le bras actionné peut être utilisé, entre autres, pour trier des légumes qui meurtrissent facilement. Aux dires de l’ingénieur : « La trompe d’un éléphant possède 40 000 muscles, mais on a pu s’en sortir avec 11. »

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Firme d’architectes viennoise, Soma aussi fait appel à la bionique. « La nature constitue notre principale source d’inspiration, surtout à l’étape de la conceptualisation », affirme Stefan Rutzinger, un de ses fondateurs. Lors de l’exposition universelle de 2012 en Corée du Sud, le spectaculaire pavillon One Ocean signé par sa firme a fait sourciller. Les surfaces et les lignes organiques de la structure high-tech sont particulièrement impressionnantes. Cependant, la beauté – du moins sur le plan des structures bioniques – est considérée comme une coïncidence certes plaisante, mais reléguée au second plan de la primordiale fonctionnalité. L’aspect le plus spectaculaire de l’édifice est sa façade de 140 m constituée d’immenses lamelles, atteignant jusqu’à 13 m de haut, qui peuvent être cambrées. Outre ses qualités biomimétiques, la façade remplit également une fonction architectonique en contrôlant l’entrée de lumière et la température intérieure. L’équipe de Soma est allée encore plus loin dans sa conception d’un pavillon d’art de Salzbourg, alors qu’elle a mis au point une version accélérée du processus naturel d’évolution, en utilisant un ordinateur pour calculer la position optimale de 1500 entretoises d’aluminium à l’aide d’un générateur aléatoire de nombres. Les architectes ont saisi COUP D’ŒIL sur une infatigable vigie. De plus, la peau du requin est idéale du point de vue hydrodynamique. La trompe d’un éléphant a inspiré un grappin de haute précision.

certains paramètres, mais ignoraient le résultat du produit final une fois que l’ordinateur a commencé ses calculs. Stefan Rutzinger est toutefois conscient des limites inhérentes au processus : « On peut tenter de s’approcher de la complexité de la nature, mais elle aura toujours une importante longueur d’avance. » Tenter d’imiter la nature peut être le parcours du combattant, comme l’a appris le biologiste Wilhelm Barthlott. Dans les années 1970, le professeur allemand a découvert « l’effet lotus ». Il a remarqué que la fleur de lotus indienne est toujours d’une propreté immaculée, même si elle pousse dans l’eau boueuse. Considéré comme un symbole de pureté dans le bouddhisme, le lotus possède la capacité unique de s’autonettoyer. En l’examinant au microscope à électrons, le Pr Barthlott a découvert le pot aux roses : la surface des pétales paraît lisse à l’œil nu, mais est en réalité couverte de microscopiques bourrelets cireux. Cette protection fait perler l’eau et y emprisonne les particules de saleté. Le biologiste a rapidement constaté le fort potentiel du principe du lotus appliqué à la fabrication de matériaux autonettoyants. Mais le chemin qui mène à l’aboutissement d’un processus de fabrication est semé d’embûches : « Ça nous a pris 10 ans simplement pour déterminer qu’on pouvait arriver à quelque chose. Il nous a fallu 10 ans de plus pour lancer un vrai produit sur le marché. Aujourd’hui, on trouve des tuiles de toiture, du verre à vitre ainsi que des produits d’entretien automobile auto­ nettoyants, qui intègrent l’effet lotus. Il est essentiel d’adopter une perspective à long terme, comme l’a fait Wilhelm Barthlott, lorsqu’on travaille avec la bionique. Somme toute, que valent 20 ans de recherche intensive comparativement à des millions d’années > d’évolution ? PHOTOS MAURITIUS IMAGES; GET T Y IMAGES; F1 ONLINE

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Animation suspendue : L’artiste japonais Yasuaki Onishi a créé une sculpture

Un souffle de mobilité

To te dolecumquae imilitaque laut et repro omni te volupta cor. T e x t e U l r i k e S t i e r l e P h o t o s B j ö r n F i s c h e r , M at t h i as S t r aub modèle européen présenté

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quasi immatérielle de la Mercedes-Benz CLA.

Sculpter l’ e s p a c e Une pellicule plastique épouse les contours de la CLA qui semble suspendue par de minces fils de colle noire.

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Virtuose de la colle Yasuaki Onishi (ci-contre) conçoit des sculptures avec de l’air et de la colle.

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égère comme une plume, se berçant à la moindre brise, la coquille diaphane flotte dans l’espace et accroche les reflets de lumière ambiante. Chatoyante, la forme argentée suspendue au plafond par d’innombrables fils transparents semble à la fois ancrée et en apesanteur. À première vue, on dirait une montagne miniature ; mais, à mesure qu’on s’approche, on découvre les lignes distinctives de la Mercedes-Benz CLA. Yasuaki Onishi recule d’un pas et laisse retomber son pistolet à colle. Pensif, l’artiste nippon se passe une main dans les cheveux et examine l’installation d’un œil expert. « Quand j’ai vu à quel point cette voiture était sobre et élégante, j’ai voulu la reproduire dans une œuvre. » L’espace reproduit en négatif, l’air en tant que médium : telle est la vision de Yasuaki Onishi. À l’aide d’outils rudimentaires – soit avec des pellicules de polyéthylène translucide et des fils

de colle noire –, l’artiste de 34 ans crée des œuvres qui chamboulent notre façon de voir. Aussi immatérielles que colossales, elles semblent flotter dans l’espace. Jusqu’à tout récemment, l’artiste d’Osaka avait surtout conçu des paysages abstraits, telle sa célèbre série d’installations Reverse of Volume, exposée dans de prestigieuses galeries d’art en Norvège, en Israël et aux États-Unis. Shaping Air, sa dernière œuvre qui capture les lignes fluides de la Mercedes-Benz CLA, a été réalisée dans un hangar spécialement aménagé près de Stuttgart. Affichant un coefficient de traînée aussi bas que 0,28, le coupé quatre portes est en effet une des voitures de série les plus aérodynamiques au monde. « Elle possède un petit quelque chose d’organique, de naturel avec ses courbes pro­filées. Voilà en quoi elle rejoint mon > travail », précise Yasuaki Onishi.


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Film fantôme Le film de plastique piège la lumière ambiante, créant une forme aérienne, quasi fantomatique.

Einarmiger Handstand bei starkem Wind: Jede seiner Bewegungen sieht leicht und beiläufig aus, egal, ob er über knorrige Bäume oder bröckelnde Felsen springt. Son unique approche artistique consiste à grand souci du détail. Tout ce temps, l’artiste laisser couler goutte à goutte de la colle chaude le long de fils de nylon fixés au plafond. Les milliers de gouttelettes glissent doucement pour atteindre l’immense feuille de polyéthylène translucide qui, à quelques mètres du sol, recouvre un objet donné. Une fois ledit objet retiré, il ne reste plus qu’un espace négatif, une coquille remplie… de vide. Ainsi, avec une simple bâche de plastique et un fusil à colle, Yasuaki Onishi arrive à sculpter l’air et à le transformer en œuvres d’art vivantes, souvent fantomatiques et aériennes qui, invariablement, laissent libre cours à l’interprétation. « Fréquemment, on me dit que mes pièces évoquent des chaînes de montagnes. Cette fois, j’ai voulu créer une œuvre à partir d’un objet plus tangible », poursuit M. Onishi. Il a consacré cinq jours à ce projet inhabituel, faisant montre d’une patience d’ange, d’une extrême précision et d’un

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a étudié les formes de la Mercedes-Benz CLA, l’a caressée, a soigneusement mémorisé ses moindres courbes, ses moindres creux. Plus précise est la représentation des lignes de la voiture sous son enveloppe plastique, plus nombreuses seront les perles de colle scintillantes. Pour favoriser la concentration, Yasuaki Onishi travaille au son de la musique classique. En sirotant un thé vert, il raconte comment la rencontre artistique marquante avec la MercedesBenz CLA a déclenché une émotion singulière : « J’ai ressenti toute la fierté du constructeur qui s’inscrit dans une longue tradition. » À l’inverse, le travail de l’artiste est momentané. Son installation Shaping Air n’a été créée que le temps d’une vidéo, puis a été démantelée une fois le tournage terminé. Ainsi, l’unique processus créatif de Yasuaki Onishi est partie intégrante de > l’œuvre éphémère – un souffle de mobilité.


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Assoyez-vous… … et relaxez. La nouvelle Classe S transforme le modeste siège conducteur en interface homme-machine, massage aux pierres chaudes compris.

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our conduire du point A au point B, il est nécessaire de s’asseoir. C’est ainsi depuis l’invention de l’automobile, et, sur le fond, peu de choses ont changé. Toutefois, aujourd’hui, quand on pense au siège du conducteur, on est baba ! En effet, il ne s’agit plus d’un simple siège, mais plutôt d’une interface hommemachine. Ou, si vous préférez, il s’agit d’un facteur clé pour optimiser le confort doublé d’un acteur au rôle déterminant pour maintenir le pilote frais et dispos durant le trajet. Cette technologie de pointe profite également au passager avant. Du support lombaire réglable électriquement de 4 façons aux appuie-tête qui bougent à l’horizontale et à la verticale, les occupants de la nouvelle Classe S (voir p. 24) seront aux anges. Parce qu’une fois qu’on a goûté aux plaisirs des fonctions massage énergisant et climatisation de siège, on est au paradis.

RÔLES DE SOUTIEN EN VEDETTE La position, la longueur, la hauteur et l’angle du siège – sans parler de la profondeur du coussin d’assise, de la hauteur des appuie-tête et du support lombaire réglable de 4 façons –, qui peuvent être ajustés électriquement, sont des caractéristiques offertes de série. Mais là où la magie opère vraiment, c’est avec les supports latéraux, alors que le siège multicontour pour conduite dynamique, offert en option, les gonfle séparément en quelques secondes seulement par simple commande depuis le volant. Ainsi, le conducteur et le passager avant obtiennent un support latéral optimal.

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DÉTENTE VISIBLE

HAUTE TECHNOLOGIE MULTICOUCHE Les designers ont accordé une place de choix au confort et à la légèreté lorsqu’ils ont développé les nouveaux sièges avant. La structure des sièges pèse en deçà de 20 kg – soit environ 20 % de moins qu’une conception conventionnelle, grâce, entre autres, à une construction en sandwich axée autour de coquilles d’acier aux incrustations de plastique intégrées.

Les ingénieurs ont également eu une idée de génie en concevant la fonction énergisante. L’écran central de 12,3 po du système infodivertissement en ligne COMAND affiche les zones de massage individuelles dans les sièges. De plus, un graphique de bouton rotatif apparaît à l’écran pour choisir le programme désiré en chiffres. Enfin, le menu pour les fonctions de siège s’affiche directement sur la console centrale à l’aide d’un bouton.

MASSAGE AUX PIERRES CHAUDES

CLIMATISATION DE SIÈGE

PHOTO DAIMLER AG

Par une simple pression d’un bouton, quatre ventilateurs électriques situés sur la surface du siège et deux situés dans le dossier infusent de l’air ambiant plus froid à la surface du siège en cuir perforé. Au bout de 4 min, les ventilateurs changent automatiquement de direction afin d’éviter les courants d’air lors de longs trajets. De plus, on peut régler l’intensité des ventilateurs selon trois niveaux.

La fonction énergisante des sièges, qui s’inspire du principe du massage aux pierres chaudes pour offrir une relaxation active, est une première mondiale. Il existe 6 programmes, dont 2 chauffants. Chaque programme commande séparément les 14 coussins d’air de chaque siège, dont certains bénéficient du chauffage à réaction rapide. Chaleur et pression simulent l’effet des pierres chaudes, qu’on applique en massothérapie pour soulager épaules, dos et bassin.

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W 108 / W 109 Grâce à son V8, la haut de gamme 300 SEL 6,3 allie le luxe à la performance d’une sportive.

1972–1980

w 111 / w 112 Grande première : les modèles 220, 220 S et 220 SE Fintails arborent une carrosserie sécuritaire.

1965–1972

W 180 / W 128 La Ponton a été la première Mercedes-Benz équipée d’une carrosserie autoportante.

1959–1968

1954–1959

Majestueuse, sophistiquée, supérieure W 116 La 1re des Classe S marque l’arrivée de l’ABS et du diesel dans la catégorie de luxe.

Les ancêtres de la Classe S étaient particulièrement prisés des hommes d’État et des stars abonnées au confort matériel. En grande partie grâce à ses avancées technologiques continues, le modèle haut de gamme de Mercedes-Benz s’est forgé une réputation enviable de doyen toute catégorie, en plus d’incarner l’exclusivité.

Une légende Quand les paparazzis croquent une star telle Céline Dion, la Classe S n’est jamais loin.

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ême si le premier chancelier de la République fédérale d’Allemagne n’avait pas de permis de conduire, il aimait se déplacer avec style. En 1951, Konrad Adenauer a élu la Mercedes-Benz 300 voiture de fonction, tout en suggérant discrètement à ses ministres de choisir un modèle plus petit. Le chancelier hésitait à se déplacer sans sa limousine de luxe. C’est ainsi que lorsqu’il s’envole pour Moscou, au plus fort de la guerre froide en 1955, sa Mercedes-Benz le précède dans un wagon à marchandises spécialement transformé pour l’occasion. Le véhicule de série allemand le plus imposant et rapide de son temps a non seulement impressionné le chef d’État, mais de nombreux autres politiciens. C’est grâce à la 300 qu’on tient aujourd’hui les véhicules Mercedes-Benz en haute estime. Voilà pourquoi, la berline se retrouve dans l’expo spéciale du musée Mercedes-Benz de Stuttgart, qui présente la Classe S et ses pré­ curseurs, jusqu’en novembre. Bien que ce ne soit qu’à partir de 1972 que les modèles de la série deviendront officiellement la Classe S, son véritable ancêtre direct – aussi lancé en 1951 – était le modèle 220 (W 187). Ensuite, en 1954, Mercedes-Benz a présenté une nouvelle génération haut de gamme. Avec sa carrosserie autoportante, la 220a (W 180) offrait un niveau de confort intérieur inconnu jusque-là. Les décennies suivantes ont vu défer­ler une succession de véhicules recelant

2005-2013

w 220 Avec la S 600 haut de gamme, la Classe S atteint la marque des 500 ch pour la première fois.

W 221 Vision de nuit, réglage à distance, ces aides à la conduite sont de vrais atouts.

MAGISTRALE Konrad Adenauer fait toujours son entrée avec sa Mercedes-Benz 300.

> Les VIP de la planète jettent leur dévolu sur MercedesBenz pour afficher leur statut social ou en faire leur voiture de fonction.

d’avant-gardistes caractéristiques, lesquelles forment aujourd’hui une longue liste de premières dans l’univers automobile : carrosserie sécuritaire, ABS, coussins gonflables pour les passagers avant et Programme de stabilité électronique (ESP). Tous ces dispositifs ont d’abord fait leur marque dans la Classe S. De telles innovations ont élevé la luxueuse série dans une classe à part pour lui faire atteindre un nouveau record mondial. En effet, avec des ventes totalisant plus de 3,5 millions, la Classe S et ses prédécesseurs sont devenus la gamme remportant le plus grand succès de leur catégorie. Ce succès est attribuable en partie aux innombrables VIP adeptes de la marque – des papes aux politiciens, en passant par des célébrités tels Frank Sinatra et Elvis Presley. Une fois conquis, plusieurs d’entre eux sont devenus des clients fidèles. La palme de l’achat multiple le plus insolite revient au cheik Hamad bin Hamdan al Nahyan, qui a commandé six berlines de la série W 126, chacune arborant l’une des couleurs de l’arc-en-ciel, afin de correspondre aux armoiries de sa famille. Cette série de Classe S populaire auprès des automobilistes l’a aussi été auprès des coureurs. Selon la presse des sports motorisés de l’époque, en 1983, sur 35 pilotes de formule 1, ils sont 20 à posséder une Classe S ou l’un des coupés SEC (parmi eux, < on trouve des pilotes des écuries rivales...).

TEXTE CHRISTOPH HENN PHOTOS SPL ASHNEWS; DAIMLER AG; CELEBRIt YCARSBLOG.COM

STYLE L.A. L’acteur Gerard Butler apprécie également le confort de la Classe S.

W 140 L’insonorisation et l’habitacle plus spacieux améliorent le confort ; le système ESP augmente la sécurité.

1998–2005

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W 126 Première mondiale pour les sacs gonflables et pour les pare-chocs en plastique chez Mercedes-Benz.

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1991–1998

1979–1991

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Les ailes d’un ange A U N O M D E S O N A R T , la star du design Jeremy

Scott est prête à repousser toutes les limites. Les ailes représentent la marque de commerce de ses créations de mode plutôt excentriques, qui lui valent l’admiration des vedettes pop – telles Lady Gaga et Rihanna – et le respect de ses pairs, tel Karl Lagerfeld. Aujourd’hui, l’enfant terrible de la mode jette son dévolu sur la smart en l’affublant d’éton­nantes ailes arrière, qui élèvent cette version spéciale aux nues. Jeremy Scott l’avait initialement conçue comme voiture d’exposition unique, baptisée smart forjeremy, mais elle sera désormais produite en édition limitée. L’édition smart fortwo signée Jeremy Scott est proposée en blanc polaire avec une paire d’ailes chapeautant les feux arrière. Quant au cuir, il apporte une touche de haute couture à l’intérieur de la petite voiture, littéralement fabriquée sur mesure. thesmart.ca/fr

LES AILES de la voiture d’exposition (avec Jeremy Scott, ci-dessous) ont été fixées pour la version de production.

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Force motrice Spécialiste des jeux de course chez Evolution Studios, Paul Rustchynsky est responsable du design. À ce titre, sa mission consiste à rendre le jeu DriveClub (sortie prévue fin 2013) pour la console PlayStation4 le plus réaliste possible.

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Être au parfum

LE PAR FUME UR Gérald Ghislain cherchait une façon d’unir ses deux passions – les voyages et les odeurs –, c’est ainsi qu’il a créé la série The Scent of Departure, soit 22 parfums pour 22 villes, de New York à Budapest. L’idée de départ ? Chaque parfum capture l’atmosphère qui s’exhale de chaque ville et aide à vaincre le mal du pays. Avec l’essence de la fleur de tiaré et celle de la noix de coco, on s’embarque pour Bali, alors que la bergamote et l’ambre entraînent à Abu Dhabi.

À quel point la conduite est-elle authentique dans votre jeu ? DriveClub n’est pas un simulateur, mais on s’approche de plus en plus de la réalité.

PHOTOS DAIMLER AG ILLUSTRATION LYNDON HAYES/DUTCHUNCLE

Comment y parvenez-vous ? Et comment enchâssez-vous la CLA 45 AMG dans le jeu de façon si réaliste ? En travaillant d’arrache-pied ! On commence par reproduire le véhicule en utilisant des données de CAO originales. Ensuite, on prend des milliers de photos pour enregistrer chaque détail de l’extérieur et de l’intérieur, puis on incorpore toutes les caractéristiques techniques qu’on peut afin de saisir l’essence de la voiture. Il y a plusieurs AMG dans DriveClub, alors on a aussi visité le siège social à Affalterbach, en Allemagne, afin de faire l’expérience de la vraie conduite d’une AMG. Quel rôle le son d’une voiture joue-t-il dans votre travail ? Il joue un rôle important, car il renforce l’impression d’être assis dans une vraie voiture. L’équipe audio s’est rendue sur une piste de course et, grâce à des douzaines de micro internes et externes, a enregistré tous les sons, qu’elle a ensuite reproduits en 3D. Que faut-il d’autre pour créer une simulation parfaite ? Généralement, les télés ne permettent pas d’avoir une vision périphérique, ce qui augmente la sensation de vitesse et facilite l’anticipation pendant la conduite. On est en train d’essayer de résoudre ce problème.

thescentofdeparture . com

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Capture de mouvement n. f. Technique d’animation qui permet de transformer les mouvements d’un humain en données informatiques. Daimler utilise des combinaisons spéciales munies de capteurs qui enregistrent les mouvements du sujet en temps réel. L’analyse exacte des données peut être utilisée, par exemple, pour optimiser le futur design intérieur d’un véhicule.

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Attrapez le virus Doodle L e 3 D O O D L E R est un stylo qui libère l’artiste de la simple surface papier et permet à ses dessins d’aller dans tous les sens. C’est un genre d’imprimante 3D actionnée à la main, mais qui utilise le plastique au lieu de l’encre. Celui-ci est tout d’abord chauffé, puis refroidi et rapidement durci à l’aide d’un ventilateur intégré. On peut s’en servir pour faire des croquis tridimensionnels ou concevoir des bijoux et des accessoires, à la mitaine. Cette petite imprimante manuelle ingénieuse de Wobble Works est en vente depuis cet automne. the 3 doodler . com

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P E R S O N N E S travaillent dans ce qu’on appelle le « Square Mile », soit le centre londonien du secteur des services financiers, où se trouve l’une des plus fortes concentrations de sociétés de financement au monde. Ici, le coût de la vie n’est pas donné, mais, au moins, le plus important réseau gigabit sans fil d’Europe assure un accès gratuit et illimité à Internet pour tous, qui couvre 95 % de Londres. D’autres villes offrent des services similaires, dont Berlin, qui est en train de développer un réseau de 100 points d’accès sans fil dans les quartiers de Mitte et Prenzlauer Berg. Cependant, la navigation gratuite y sera limitée à 30 min.

24°

3'

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GARÇON DE L A C L A SS E

moyenne, Neil rencontre John, fils de riches, à l’école, et ils deviennent amis. Tandis que Neil choisit une vie normale avec un emploi, une femme et deux enfants, John coupe les ponts avec tous ceux qu’il connaît et se retire dans un coin isolé. David Guterson (La neige tombait sur les cèdres) raconte l’histoire de cette amitié hors du commun, qui prend fin dans des circonstances mystérieuses. amazon . com

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Al Ain Jebel Hafeet

de à

d i s tan c e 24 km D U R É E 32 min P O I N T L E P L U S É L E V É 1219 m

L A M O N T A G N E J E B E L H A F E E T chevauche la frontière entre les Émirats arabes unis et le sultanat d’Oman. Pour la gravir jusqu’à sa crête dénudée, on emprunte une route serpentant sur 21 virages. Au sommet, la vue sur l’immensité du désert est spectaculaire, particulièrement au coucher du soleil. En chemin, vous croiserez un hôtel, une station radar et plusieurs petits palais.

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COMMENT S’Y PRENDRE ? Il faut vouloir sauter depuis une falaise qui surplombe l’océan de 10 m et atteindre une vitesse de croisière qui varie entre 50 km/h et plus de 90 km/h (si ladite falaise fait plus de 28 m).

O C C A S I O N

U N I Q U E…

COMMENT S’Y PRÉPARER ? S’entraîner au préalable à la piscine du quartier en sautant à partir des tremplins de 5 et de 10 m. Puis, passez à des falaises peu élevées et sécuritaires. Oubliez Acapulco pour le moment ! OÙ APPRENDRE ?  Naviguez dans Internet pour trouver des clubs de natation qui offrent un entraînement de plongeon.

Sauter d’une falaise PROPULSEUR

« UNE VOITURE   représente notre personnalité et reflète exactement nos goûts. C’est un objet de désir, comme les petites voitures avec lesquelles on jouait enfant. »

Un ballon d’hélium et un propulseur permettent de la hisser.

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La structure de câbles répartit également le poids du gratte-ciel. PLATEFORMES

Des plaques réglables régularisent l’équilibre général.

usher, musicien

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Usher, star de la pop, rend visite à Mercedes AMG.

ESPACES VERTS

Des plantes purifient l’air.

Jardins suspendus L E L I G H T P A R K est un concept imaginé pour le magazine d’architecture eVolo, qui organise chaque année un concours de conception de gratte-ciel. Cette tour oscillante souhaite réduire la pression sur l’infrastructure de Pékin – avec ses plateformes en éventail qui porteraient parcs, restos et serres – et vise l’autonomie avec ses panneaux solaires sur le ballon d’hélium qui fourniraient de l’énergie à la structure. evolo.us

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Le vrai du faux

Le concept GLA illustre ce à quoi ressemblerait un VUS premium compact de Mercedes-Benz. S’apparentant à un coupé, ce véhicule comprend des technologies révolutionnaires, comme des projecteurs à laser dans les phares qui peuvent projeter photos ou films sur un écran ou un autre type de surface. Lequel de ces deux exemplaires est l’original ?

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C o m m ent con j uguer modernité et tradition ? Dans le village néerlandais de Schijndel, le toit et la façade d’un édifice high-tech ont été recouverts par la photo d’une ferme traditionnelle. Dedans, on retrouve des restos, des boutiques et un centre de mieux-être. mvrdv . nl

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QUATRE ERREURS se trouvent dans la photo de droite. Il manque l’emblème de la marque, le rétroviseur extérieur, la poignée de la portière arrière et l’un des phares de jour.

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La garantie limitée prolongée

Votre garantie peut être prolongée jusqu’à un total de 7 années et un maximum de 160 000 kilomètres (le double de la distance de la garantie de base). Les avantages incluent une franchise à zéro, l’assistance routière et la garantie peut être transférée à un nouveau propriétaire.*

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Yacht électrique

Q U E S T I O N  : Qu’est-ce qui lie Miami et Affalterbach ? Le concept de yacht Cigarette AMG Electric Drive qu’AMG et les constructeurs de bateaux Cigarette Racing ont présenté à l’International Boat Show en Floride. Le moteur produit un stupéfiant 2221 ch, qui propulse le yacht à une vitesse de pointe de 160 km/h. Un triomphe en matière de transfert de technologie de la route à l’eau.

Bien qu’elle ressemble à un moteur V12, c’est une machine à espresso fabriquée main par Espresso Veloce. Au lieu d’un turbocompresseur, elle possède un réservoir à grappa pour se concocter un caffè corretto. espressoveloce . com

Une fois, deux fois, trois fois, adjugé, vendu ! LA MAISON DE VENTE AUX ENCHÈRES BONHAMS vend généralement des vases Ming et des œuvres de grands maîtres, des objets qui ont à la fois valeur immatérielle et matérielle. Ainsi, l’une des voitures de course les plus célèbres du monde ne jurait pas dans son catalogue. Les deux Grands Prix qu’a remportés Juan Manuel Fangio dans cette W 196 de 1954 ont marqué le retour triomphant de Mercedes-Benz dans l’univers de la course. L’emblématique modèle a fait un tour de piste en juillet 2013 dans le cadre du Goodwood Festival of Speed. bonhams . com

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PHOTOS MAURITIUS; CIGARET TER ACING.COM; ESPRESSOVELOCE.COM

DÉMARRE BIEN LA JOURNÉE



M O N D A N I T É S

Films, festivals et jolis minois

FESTIVAL international DU film DE TORONTo Mercedes-Benz et Hello! Canada ont uni leurs efforts au cocktail annuel du magazine, où stars des petit et grand écrans côtoyaient les VIP de l’industrie (dont le comédien Russell Peters, photographié ici avec l’une des reporter sociales de MercedesBenz, Michelle Danese). Une invitée spéciale vole la vedette : la rutilante CLA 45 AMG 4MATIC.

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photo Michael Perl (F1)

SORTEZ avec Mercedes-Benz aux événements les plus courus de la saison, de concerts privés aux fêtes remplies de stars.


B pour branché Après avoir mené une campagne nationale, Mercedes-Benz a désigné quatre reporters pour conduire la nouvelle Classe B 2013 pendant un an et rapporter leur expérience sur les réseaux sociaux. Dans le sens horaire : Natasha Chudyk (Goût de la sponta­néité), Chelsea McDermott (Goût de jouer) et Charles Ruocco (Goût de l’aventure). Suivez-les sur mercedesbenzcanada.tumblr.com ou #BTheFace.

formulE 1 L’enfant prodige du volant Lewis Hamilton (et membre de l’équipe Mercedes AMG Petronas) est accueilli par Tim Reuss, président et chef de la direction de Mercedes-Benz, lors d’un événement de la F1 à Montréal.

lancement de la Classe b Une foule en liesse célèbre le lancement au Canada de la Classe B 2013, au son des DJ tels que Chromeo et Dirty Vegas, qui ont fait salle comble à la Sound Academy, à Toronto.

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Performance de conduite

Fantastique 4MATIC La CLA 45 AMG 4MATIC est un coupé quatre portes aux superpouvoirs. t e x t e christopher korchin modèle européen présenté

C e t a u t o m n e m a r q u e l’arrivée de la nouvelle CLA, une éblouissante MercedesBenz quatre portes arborant la silhouette longiligne et aérodynamique d’un coupé. C’est un véhicule compact qui n’a pourtant rien de petit. Et même s’il offre des performances exemplaires, sa cousine en possède davantage. Place à la CLA 45 AMG 4MATIC ! Évidemment, l’histoire débute sous le capot avec le moteur automobile quatre cylindres produit en série le plus puissant du monde : un 2,0 L à turbocompresseur dynamo en ligne, développé indépendamment par Mercedes-AMG, qui libère une puissance incroyable de 355 ch à 6000 tr/min et dont le couple atteint 332 lb/pi au régime moyen. La transmission automatique à sept rapports SPEEDSHIFT d’AMG, jumelée aux quatre roues motrices 4MATIC, profite de l’héritage en course automobile pour obtenir des résultats prodigieux de la part de ce groupe motopropulseur fabuleux. Si vous êtes du genre à vouloir passer de 0 à 100 km/h en seulement 4,6 secondes, la CLA est pour vous. Le traitement AMG signifie aussi que ce coupé stupéfiant est agrémenté de caractéristiques élégantes comme les phares bi-xénon, les roues en alliage de 45,7 cm (18 po) à cinq doubles rayons d’AMG, le volant à base plate inspiré par la course automobile et les pédales sport en acier inoxydable. Et puisque c’est une Mercedes-Benz ultramoderne, la CLA 45 AMG 4MATIC est un parfait équilibre entre puissance, gloire, caractéristiques de sécurité innovatrices, comme l’avertisseur de risque de collision (COLLISION PREVENTION ASSIST), et technologies d’économie d’énergie, comme la fonction de démarrage/arrêt ÉCO. C’est ce qu’on appelle une voiture sans égal.

Visitez mercedes-benz.ca pour en apprendre davantage à propos de l’enivrante nouvelle CLA 45 AMG 4MATIC. 114


>> Transformez la ville en loft. La smart fortwo édition BoConcept. Qu’ont en commun un spécialiste de design intérieur urbain danois et un fabricant automobile? Bien plus qu’on pense. BoConcept et smart misent tous deux sur un design urbain contemporain à la fois distinctif, fonctionnel et novateur qui sort toujours de l’ordinaire. Pas étonnant que le fruit de leur collaboration ait lui aussi quelque chose d’extraordinaire – une voiture si accueillante que vous ne voudrez plus en sortir. Pour en savoir plus, visitez www.smart.com ou votre Centre smart.

www.smart.com © smart Canada, une division de Mercedes-Benz Canada Inc., 2013.

smart – une marque de Daimler



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