Mercedes-Benz printemps/ete 2013

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mercedes-magazine.ca

issn

1925-4156

13·PRINTEMPS/ÉTÉ

LA CLA Dans les coulisses d’une beauté sauvage redessinée

MANGER NATURE Les meilleures tables champêtres au Canada

ISTANBUL, la funambule À visiter jour et nuit

PAGE COUVERTURE ANIMÉE… Avec un téléphone intelligent ou une tablette, expérimentez la réalité augmentée. Détails p. 7.


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SAN FRANCISCO

Shreve & Co Tel. + 1 41 58 60 40 10

BERLIN

KaDeWe Tel. + 49 30 21 01 65 80 Hotel Adlon Tel. + 49 30 20 45 52 88

HONG KONG

ifc Tel. + 852 25 40 10 28

CALGARY: J. Vair Anderson, Tel. (403) 266 1669 • VANCOUVER: Montecristo, Tel. (604) 899 8866 TORONTO: Bandiera, Tel. (416) 642 8806 • Wellendorff • Tel. (415) 860 4010 • www.wellendorff.com


Célèbre ses 120 ans d’existence l'authenticité à l'honneur depuis 1893


DA NS

12 16 18

CE

bu l l e t i n

N U M ÉRO

fa scin at ion De la gastronomie au style, la culture canadienne tient la route.

DESIGN

ÉMINENCE GRISE Le béton enterre ses origines austères au profit d’un élégant renouveau proposé par une frange de designers canadiens qui ne reculent devant aucun défi de taille.

événemeNTS

À ta b L E  ! Chefs, restaurateurs et vignerons transplantent leur savoir-faire à la campagne, à la plage et même au cœur des villes.

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Q U A R T I ER

le s t y le en vogue à yor k ville

M OT D U P r É siden t

Découvrez l’un des quartiers chics de Toronto où se la couler douce.

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p r o f i l d e v e d e tt e

le dou x p a r f um de l a réussi t e

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Barb Stegemann infuse des huiles essentielles équitables dans ses parfums The 7 Virtues.

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E S C A PA D E

CLICHÉS HORS CHAMP Emprunter l’autoroute 263 en Saskatchewan permet de sortir des lieux communs habituels qui collent aux Prairies.

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S C È NE

L’ E N V E R S DU DÉCOR Un groupe de photographes canadiens présente à la planète le thème du paysage, sous un nouvel éclairage.

c o u v e r t u r e , i s ta n b u l  : m o d è l e e u r o p é e n p r é s e n t é

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œ U V R E S D ’A R T AU S O M M E T Six excursions qui mènent à du grand art : Saint-Moritz, Kitzbühel, Salzbourg, Davos, le Valais et le Tyrol du Sud.

c œ ur t endre Ni gâteau ni biscuit, le macaron est une petite douceur haute en saveur.


13• PRINTEM P S / ÉTÉ

P OI N T

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I S TA N B U L , L A F U N AmB U L E Si Istanbul a été témoin d’une multitude de changements, que dire du quartier des spectacles de Beyoglu, où la splendeur ottomane côtoie le chic contemporain.

DE

M I R E

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G M O N VOYAG E  !

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D I G NE D E S VE D E TTE S

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b e a u t é s a uva ge

Avec 34 ans au compteur, le toutterrain de Classe G peut revendiquer son statut de légende. Lors d’un essai routier en Italie, ce monstre sacré déploie sa remarquable polyvalence.

Les précurseures de la Classe E n’ont pas seulement comblé leurs fidèles conducteurs d’innovations avant-gardistes, elles ont aussi conquis une foule de célébrités et joué de grands rôles au cinéma.

La souplesse d’un félin... Avec un aérodynamisme sensationnel, la CLA, le nouveau coupé quatre portes de Mercedes-Benz, annonce un tout nouveau concept.

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L e w is h a milt on

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D es sens S U P E R a iguisés

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Le pilote de l’équipe Mercedes AMG Petronas et champion du monde discute élégance, showbiz et jalons charnières de sa carrière.

Intelligent Drive : un réseau de caméras et de capteurs pour contrer les dangers et augmenter la sécurité.

récolt e d ’au tomne Cet automne, la douce bien que nerveuse CLA arrive dans les salles d’exposition d’un bout à l’autre du pays.

La photo de la CLA 2014 en page couverture est conçue en réalité augmentée. Scannez ce code QR afin de télécharger l’appli pour la visionner ou visitez cla.mercedes-benz.ca/app


Mot du président

C

hacun des numéros du magazine Mercedes-Benz couvre un large éventail de sujets – incluant la mode, la gastro­nomie, les voyages et les plus récentes nouvelles sur nos produits –, grâce à une foule d’articles variés conçus pour transporter, au propre comme au figuré, nos distingués clients en divers lieux exotiques et luxueux au pays ou ailleurs sur la planète. Dans ce numéro, je suis particulièrement fier de vous offrir, chers lecteurs, un aperçu d’un nouveau modèle qui vient enrichir notre gamme de véhicules Mercedes-Benz, et arrive chez nos concessionnaires dès cet automne. La CLS a inspiré une toute nouvelle catégorie de véhicules qui, pour la première fois, alliait le dynamisme d’un coupé au confort et à la fonctionnalité d’une berline. C’est ainsi qu’est née l’inédite CLA (p. 80), laquelle s’inscrit dans le prolongement formel de ce nouveau concept innovateur. Avec sa spectaculaire calandre diamant noire au centre de laquelle trône l’étoile à trois branches;  son long capot ; sa ligne de toit plongeante ; ses portières sans montants et son duo de tuyaux d’échappement rectangulaires chromés, la CLA ne manquera pas d’attirer les regards, de tous bords tous côtés. Sa silhouette remarquable révèle plus qu’un design original et accrocheur. En effet, ses lignes pures repoussent les frontières aéro­ dynamiques de la voiture produite en série. Grâce à son allure unique, à ses luxueux dispositifs, à ses généreux accessoires offerts de série et à ses systèmes de sécurité révolutionnaires, la CLA séduira sans doute de nombreux clients actuels, en plus d’attirer une nouvelle génération de conducteurs dans notre réseau de concessionnaires. Ce numéro retrace également l’histoire d’une emblématique pionnière, la Classe G de MercedesBenz (p. 66). D’abord conçue pour circuler surtout hors route, en terrain accidenté, la Classe G a connu

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une fabuleuse évolution depuis ses débuts en 1979, tout en conservant son design unique. À ce jour, elle maintient sa position de tête parmi les véhicules tout-terrains de luxe, sans compter qu’elle a transmis son capital génétique aux autres populaires VUS de Mercedes-Benz. Bien que les éloquents modèles CLA et G soient situés aux deux extrémités du spectre de vé­hicules, ils n’en partagent pas moins un ADN commun et une tradition d’excellence mise en place par les fondateurs de Mercedes-Benz, inventeurs de l’automobile. Au fil des ans, nous avons inauguré de nombreuses technologies innovatrices qui ont considérablement amélioré le confort et la sé­curité automobile. De plus, nous avons toujours proposé des designs avant-gardistes, afin que les véhicules arborant l’étoile à trois branches soient immédiatement identifiés comme faisant partie de la famille Mercedes-Benz. Notre engagement collectif indéfectible envers l’innovation ne se dément pas, comme en té­moigne les lancements d’une nouvelle famille de Classe E et de la légendaire Classe S. Et, il reste encore une foule de nouveautés à découvrir. Je vous invite donc à suivre le parcours de Mercedes-Benz, tandis que l’entreprise poursuit sur sa lancée et continue de repousser les limites de l’automobile. Attachez votre ceinture, car la route promet d’être palpitante.

Amicalement,

Tim A. Reuss Président et chef de la direction



dé ta i l s de pu bl icat ion Publié par Daimler AG · Communications · HPC E402 · D-70546 Stuttgart Responsable auprès de l’éditeur Mirjam Bendak Conseil d’édition Dr. Joachim Schmidt (Chairman) · Daniel Bartos · Thomas Fröhlich · Lüder Fromm Christoph Horn · Jörg Howe · Anders Sundt Jensen · Alexandra Süss Canada Mercedes-Benz Canada Inc., 98 Vanderhoof Ave., Toronto, ON M4G 4C9 Président et chef de la direction Tim A. Reuss Vice-président du marketing Gavin Allen Directrice, Communications et relations publiques JoAnne Caza Directeur, Communications commerciales nationales Jay Owen Superviseure, Gestion des relations avec la clientèle Lisa Hynek Superviseur, Relations publiques Michael Minielly Coordinatrice Chashmeen Rekhi C o nc e p t i o n e t r é dac t i o n Allemagne Condé Nast Verlag GmbH · Karlstrasse 23 · D-80333 München Collaborateurs Jean Cazals, Tom Clarkson, Hannah Engelmaier, Elias Hassos, Christoph Henn, Markus Jans, Manfred Klimek, Anatol Kotte, Michael Moorstedt, Tom Parker, Marc Trautmann, Christof Vieweg, Mario Wagner, Margot Weber, Robert Zsolnay Canada Spafax Canada, 4200, boul. Saint-Laurent, bureau 707, Montréal QC H2W 2R2 Président, contenu Raymond Girard · Vice-présidente à la direction, médias Katrin Kopvillem Vice-présidente, finances et exploitation Paula Pergantis Directeur de contenu Arjun Basu Stratégiste principale Courtney MacNeil Chargée de projet Celyn Harding-Jones Rédactrice en chef Natasha Mekhail Rédacteurs principaux Christopher Korchin, Isabelle Vialle-Soubranne Rédactrice adjointe Eve Thomas Adjointe à la rédaction Aliyah Shamsher Rédactrice web Jasmin Legatos Adjointe à la rédaction web Renée Morrison Collaborateurs Mike Berson, Lorne Bridgman, Allan Casey, Annelise Dekker, Joanna Fox, Grant Harder, Paige Magarrey, Stephanie McBride, Celeste Moure, Stina Persson, Chantal Tranchemontagne Directeur artistique Guillaume Brière Graphiste Nicole Noon Directrice de la production Joelle Irvine Responsable de la production Jaclyn Irvine Vérificatrice d’information Stacey McLachlan Correctrice d’épreuves Sabine Cerboni Traduction Marie-Paule Kassis, Strategic Languages, Toronto Ventes médias et publicitaires Spafax Canada, 1179 King Street West, bureau 101, Toronto, ON M6K 3C5, sales@spafax.com Directrice des ventes Laura Maurice Tél. : 416-350-2432, lmaurice@spafax.com Droits ©Copyright 2013 pour Mercedes-Benz Canada Inc. Tous droits réservés. La reproduction et l’utilisation du contenu de ce magazine, en tout ou en partie, ne sont permises qu’avec l’autorisation écrite de l’éditeur et de Daimler AG. Les points de vue formulés sont ceux des auteurs et ne représentent pas nécessairement ceux de Mercedes-Benz Canada Inc., de l’éditeur ou des chefs de la rédaction. L’éditeur se réserve le droit d’accepter ou de refuser tout matériel publicitaire. L’éditeur n’est pas responsable des manuscrits, photographies ou autres documents non sollicités. Certains véhicules illustrés peuvent inclure des équipements non offerts au Canada, et certains équipements offerts en option peuvent ne pas être disponibles pour tous les modèles. Certains modèles présentés n’ont pas de feux de position latéraux. Pour de l’information mise à jour sur les modèles, les caractéristiques standard, les équipements offerts en option ou les couleurs disponibles au Canada, de même que sur les prix, veuillez contacter le concessionnaire autorisé Mercedes-Benz le plus près de chez vous, ou visiter www.mercedes-benz.ca. À notre connaissance, les renseignements contenus dans ce magazine sont exacts, mais nous ne pouvons pas être tenus responsables de toute erreur éventuelle. magazine Mercedes-Benz est publié deux fois par an, en collaboration ou sous licence, en 40 langues. Numéro 324, 59e année de publication, en remplacement de Mercedes – le magazine pour les gens en mouvement et de Mercedes-Benz in aller Welt. Retourner les non livrés à Spafax Canada, 1179 King Street West, bureau 101, Toronto, ON M6K 3C5 Imprimé sur du papier blanchi sans chlore Imprimé au Canada ISSN 1925-4156 Poste-publications numéro de convention 41657520

mercedes-magazine.ca Centre de service à la clientèle Mercedes-Benz 1-800-387-0100 10


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Le nouveau parfum intense pour homme


v o ya g e

Bon grain de l’ivraie dillons . ca

D I L L O N ’ S Small Batch Distillers n’a ouvert que fin 2012, mais la distillerie suscite déjà beaucoup d’intérêt. Plantée dans la région viticole de Niagara, l’entreprise familiale – dirigée par le trio Geoff Dillon, Peter Dillon et Gary Huggins – n’utilise que des grains et des raisins cultivés localement, en plus d’autres variétés de fruits et de végétaux, afin de produire de petites quantités de rye, de gin, de vodka, de whisky canadien, ainsi que six variétés d’amers. Pour goûter, l’idéal est de se rendre à la source. Profitez-en pour visiter les lieux, glâner de l’info sur les étapes de fabrication et déguster un verre, accoudé au bar de la flambant neuve salle de dégustation.

A v o i r s

S T Y L E

C U L T U R E

VO Y A G E

A P P É T I T

fa s c i n at i o n S TY L E

Un secret bien gardé

a u d é b u t d e l a v in g t a inE , Chuck Hughes troque sa carrière en publicité contre une nouvelle aventure qui le mue en chef, restaurateur, animateur sur la chaîne Food Network et auteur culinaire. Chuck’s Day Off, son deuxième livre qui compte plus de 100 recettes, alimente l’appétit des Montréalais pour la gastronomie. Pour cuisiner comme un pro, laissez-vous aussi tenter par Toqué! Les artisans d’une gastronomie québécoise – du chef Normand Laprise, qui honore les produits du terroir d’ici – ainsi que soupesoup, de la restauratrice Caroline Dumas, pour des plats saisonniers réconfortants.

secretlocation . ca

S U R L A R UE W ATE R , dans le quartier de Gastown à Vancouver, se trouve un lieu où les consommateurs de culture se donnent rendez-vous. Imaginé et conçu par Carey Melnichuk, Secret Location est à la fois un magasin concept d’inspiration européenne, un café-bar et un espace où organiser des événements. On y offre articles de mode, objets d’art, gadgets, articles pour la maison et même des bouquins triés sur le volet. L’objectif ? Proposer des produits uniques de grande qualité, peu importe la marque. Menu concocté par le chef Marcus Bugoy et événements courus, telle une séance de dédicace de Scott Schuman, auteur de The Sartorialist, complètent le tableau. 12

Le goût de Montréal chuckhughes . ca restaurant - toque . com flammarion . qc . ca

PHOTO: DOMINIQUE L AFOND (CHUCK HUGHES)

A P P ÉT I T


ST YLE

C’est dans le sac ! elahandbags . com

ST YLE

Mode futée veilance . arcteryx . com

L O R S Q U E L E C É L È B R E bottier Jimmy Choo a encouragé Ela Kowalewska à dessiner des sacs à main, il y a cinq ans, elle n’a pas hésité une seconde. La belle a mis à profit son expérience chez Burberry Londres et Hermès Canada pour lancer Ela, avec son mari Martin Aldorsson. Établie à Toronto, leur entreprise confectionne, en somptueux cuir italien, une foule de sacs en vogue aux robustes fermoirs. La collection printemps-été 2013 s’inspire des modèles antérieurs, en les infusant de textures et coloris audacieux. Admirez les modèles Editor’s Pouch, Chibi Lady et M.I.L.C.K. (acronyme de money, ID, lipstick, cellphone, keys) et la gamme de couleurs proposées : argent ou rose-or miroir ; roses, bleus et jaunes saturés ; noir et blanc ; suède marine et vert aux motifs pyramide gaufrés.

ARC’TERY X DE VANCOUVER est la marque courue des sportifs depuis l’ouverture en 1989. L’entreprise – qui a conquis massivement les accros de l’adrénaline, avec des vêtements technos haut de gamme – s’étoffe également d’une ligne polyvalente, laquelle passe incognito du plein air au bureau. La gamme Veilance du printemps 2013 offre des vêtements en tissus novateurs qui protègent des éléments, sont légers, se plient facilement et respirent. La coupe classique et ajustée des habits, particulièrement le blazer LT et le manteau Partition, plaira aux gens d’affaires actifs.

C U LT U R E

Notoriété en hausse ago . net / aiweiwei

B I E N Q U ’ I L A I T É T É nommé « la personnalité la plus influente en art contemporain » en 2012 par le magazine ArtReview, Ai Weiwei est peu connu en Occident. Mais, plus pour longtemps. À compter du mois d’août, le Musée des beaux arts de l’Ontario présentera According to What?, une collection de photos, sculptures, installations et pièces audio et vidéo signées Ai Weiwei. Il s’agit de sa première expo au Canada et l’une des cinq présentées en Amérique du Nord. Organisée par le Mori Art Museum de Tokyo, l’exposition mettra en lumière des thèmes chers à l’artiste, dont la liberté d’expression et les droits de l’homme.

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APPÉTIT

ST YLE

Pas de la petite bière

Design Duy

bestie . ca wurst . ca

duycollection . com

GR ÂCE À UNE COLLECTION inspirée de la télésérie Dynastie, Duy Nguyen a

LA BRASSERIE EN PLEIN AIR née en Allemagne au début du xixe siècle, permet, encore aujourd’hui, à toutes les générations de se retrouver pour boire et manger. Par bonheur, une savoureuse variante haut de gamme du concept a migré dans certains restos du Canada et fait de plus en plus de bruit. Ainsi, deux nouveaux venus – Bestie, à Vancouver et Wurst Beer Hall, à Calgary – servent une cuisine aux accents bavarois, avec des ingrédients locaux, et préparent presque tout maison, y compris sauces et condiments. Au Bestie, on propose saucisses au curry, tendres bretzels et légumes racines ; au Wurst Beer Hall, ce sont des spécialités allemandes revisitées, tels les tacos à la viennoise.

av o i r S

Bouche bée daneson . com

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D A N E S O N A T R A N S F OR M É le simplissime cure-dents en un bel objet qui pique la curiosité des fins palais. À la tête de Daneson, Peter Smith taille ses bâtonnets en bouleau blanc, les infuse d’aromes naturels (thé des bois, fenouil), puis les fait sécher dans son atelier de la baie Georgienne, près du lac Huron. Résultat ? Cinq exquises saveurs parfumées : bouleau salé, menthe-cannelle, menthe, single malt et fumé. On trouve 12 mignons cure-dents par petits tubes teintés, en emballage de 4 ou en boîte de 24.

remporté l’édition 2012 d’Opération démarrage de Mercedes-Benz, un programme qui offre du mentorat à des designers canadiens et les aide à percer sur la scène nationale et internationale. Sa collection printemps-été 2013 combine tissus vaporeux (coton, denim délavé) et joyeuses teintes turquoise, rouge et or métallique. Tous les articles – des microshorts aux impeccables vestons, en passant par de somptueuses robes de soirée à basque – reflètent le doigté du talentueux designer montréalais, d’origine vietnamienne. Sa collection automne 2013, dévoilée dans le cadre de la Semaine de la mode World MasterCard, célèbre les grands espaces canadiens.


av o i r S

De toute beauté mereadesso . com

ST YLE

Bain de soleil

L A S I M P L I C I T É , voilà le principe directeur qui soustend la gamme de soins pour la peau Mèreadesso, fondée par Linda Stephenson. À preuve, l’entreprise torontoise ne fabrique que quatre produits, qui couvrent tout le rituel beauté : hydratant tout-en-un, nettoyant visage et cou, crème pour le corps et baumes pour les lèvres (neutres ou teintés). Bachelière en chimie et en biologie, puis cadre dans l’industrie des cosmétiques, Linda Stephenson a mis sa solide expérience à profit pour ne sélectionner, sur toute la planète, que des matières premières reconnues pour leur pureté et leur efficacité. Si certaines sont familières (aloès, hamamélis, vitamine E), d’autres sont beaucoup plus exotiques (arginine, extrait de graines de kola).

bethrichards . com

B E T H RI C H AR D S confectionne davantage que des maillots de bain d’inspiration vintage. La designer de Vancouver dessine des pièces flyées parfaitement conçues et utilise du tissu italien anti-UV plus-que-parfait au facteur de protection 50 et plus, qui se métamorphosent en combinaisons. Dans sa collection printemps-été 2013, on reconnaît ce qui honore sa griffe depuis son lancement l’an passé, soit des maillots chics, minimalistes, classiques. Le rose et la dentelle à fleurs extensible ajoutent une touche de féminité à sa palette originale en noir et blanc, aux hautes tailles. On agence bas et hauts comme bon nous semble pour des maillots à porter jour et nuit.

Le vélo de luxe réinvente la roue

La gamme de vélos Mercedes-Benz

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1 Tous les produits de cette gamme de vélos, conçus et produits en collaboration avec le grand fabricant de bicyclettes ADP Rotwild, situé dans la Hesse, bénéficient de la technologie novatrice de pointe et de la légendaire qualité Mercedes-Benz.

2 Les grandes roues sont furieusement tendance dans l’univers du vélo. Mercedes-Benz propose une bicyclette dotée des nouvelles roues sport de 29 po de diamètre (pneus compris), qui procurent une meilleure traction et une plus grande stabilité.

3 En plus des vélos, la gamme Mercedes-Benz comprend des vêtements de cycliste de haute qualité et des accessoires pratiques, mis au point de paire avec des entreprises réputées telles que Deuter Sport, Uvex, Topeak et Sigma Sport.

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fa s c i n at i o n : D E SI G N

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Éminence grise Jadis le chouchou des adeptes d’une esthétique industrielle chic, le béton enterre ses origines austères au profit d’un élégant renouveau proposé par une frange de designers canadiens qui ne reculent devant aucun défi de taille. t e x t e pa i g e m ag a r r e y

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Le siège social

Une idée lumineuse

anthonyconcretedesign . com

2stone .ca

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Bien qu’il soit souvent perçu comme étant volumineux, le béton a la propriété d’être plutôt aérien – à preuve, ce banc flottant conçu par Commute Home pour une résidence de Toronto. Le siège ultramince a été fabriqué par Anthony Concrete Design, à Burgessville, en Ontario. Cet atelier de béton œuvre avec des designers et des architectes afin de livrer des meubles, des plans de travail et jusqu’à des murs-décors sur-mesure pour des clients pesants tels que Starbucks et Mendocino.

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Lorsqu’on imagine un lustre, le béton n’est pas le premier matériau qui vient à l’esprit. Voilà pourquoi le plafonnier moulé à la main signé Justin Brown, du studio 2Stone de Calgary, frappe l’imagination. Produit de plusieurs années de recherche et de développement, le luminaire blanc moulé de 91 sur 182 cm, qui pèse 36 kg fait moins de 2 cm d’épaisseur, est suspendu au plafond par de robustes câbles aéronautiques, ce qui lui confère la grâce d’un tissu flottant au vent.


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Pierre qui roule...

L’as de carreaux

Une station- Artiste service dans l’âme

sticks - and - stones . ca

urbanproduct . ca

stylegarage . com

woodstonedesign . ca

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Situé à Squamish, en ColombieBritannique, le magasin de meubles Sticks + Stones Furniture adopte une appro­che durable. La plupart des ma­tériaux utilisés, y compris le bois récupéré, proviennent d’un rayon de 150 km du studio, lequel tire même profit du béton rejeté en le transformant en porte-bouteille de vin cubique ou en matériaux routiers. Sa table basse Calvin primée, composée en sapin de Douglas local et d’une dalle de béton polie de 7,5 cm d’épaisseur, se déplace facilement grâce à ses roulettes industrielles.

Voilà un revêtement mural qui sort de l’ordinaire. Dunes – les carreaux tout en courbes du designer écossais Stephen Lindsay – se déclinent en divers matériaux, mais c’est en béton qu’ils frappent le plus l’imagination. Confectionnées à la main, les pièces mesurent autour de 20 cm2, dépassent du mur d’environ 5 cm et se combinent pour créer un nombre infini de configurations. Le designer les fabrique sur mesure, en quantité limitée, dans son studio Urban Product, à Toronto, en collaboration avec le fabricant Mags Concrete Works d’Oakville.

Les matériaux hautement industriels de cette table – dessus en béton coulé et élégant cadre en acier inoxydable – sont adoucis par un profil mince et délicat qui en fait la pièce de résistance idéale pour meubler salon, atelier ou espace bureau. Même si les artisans de Stylegarage – boutiques de meubles de Toronto et de Vancouver – offrent une version standard qui fait 91 cm2 sur 38 cm, ils se feront un plaisir de la fabriquer sur mesure, dans une multitude de tailles, de formes et de hauteurs.

Steven Pollock est catégorique : c’est un artiste, pas un designer de meubles. Dans son studio de Vancouver, Woodstone Design, il crée des sculptures ainsi que des tables, des chaises et des unités de rangement aux lignes pures – dont cette unité minimaliste – en béton et en bois, afin de concevoir des espaces de nature inspirante. L’artiste précise : « Ce que je trouve fascinant avec le béton, c’est sa masse et sa présence poids lourd. C’est un matériau qui dégage la stabilité, la force et la longévité, des éléments à intégrer à nos décors. »

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fa s c i n at i o n : Événements

À table ! Partout au pays, chefs, restaurateurs et vignerons désireux d’offrir des expé­ riences uniques à leurs clients transplantent leur savoir-faire à la campagne, à la plage et, même, au cœur de la ville. Qu’ils célè­ brent l’abondance estivale ou les aliments chouchous de la récolte, ces festins en plein air concoctés à la ferme, sur le bord de la mer ou dans les vignes valent le détour. texte celeste moure

VA N C O U V E R

Fleur de sel salttastingroom . com

T O U T E L’ A N N É E Sur la Blood Alley, à Gastown, au Salt Cellar – la cave à vin creusée sous le désormais célèbre Salt Tasting Room –, on organise des repas composés de bouchées à grignoter à son rythme, installé autour d’une grande table commune de 9 m. Voilà le cadre idéal pour les épicuriens désirant picorer fromages artisanaux, condiments maison et charcuterie du coin, arrosés des meilleurs crus que comptent le Canada.

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WHISTLER

Parts de marché araxi . com

J U I L L E T - A O Û T James Walt, chef de cuisine d’Araxi, réunit les meilleurs producteurs, agriculteurs et viticulteurs de la vallée de Pemberton, en Colombie-Britannique, pour une série de soupers de la ferme à l’assiette organisés en plein air au Farmers’ Market. Les invités sirotent quelques cocktails en grignotant des crudités du cru sélectionnées par le chef, puis passent à table savourer un quatre services.


WEST POINT

Mer Nature fallflavours . ca

S E P T E M B r e Les expériences culinaires foisonnent à l’Île-du-PrinceÉdouard durant le Fall Flavours Festival, mais l’événement incontournable est sans contredit le Lobster Party (la fête du homard) qui a lieu directement sur la plage. Tandis que la grisante brise Atlantique se mêle à la douceur du sable sous les pieds, un chef étoilé (Susur Lee était de la fête en 2012) apprête à la perfection le crustacé local.

Halifa x

Agapes au musée coleharbourfarmmuseum . ca

A U T O M N E Tous les ans, au Cole Harbour Heritage Farm Museum, on célèbre l’héritage rural et les traditions culinaires néo-écossaises lors d’un repas qui met le butin des récoltes à l’honneur. Maisons centenaires, fermes et granges historiques entourent les convives, qui se délectent d’un trois services servi au Rose & Kettle, le salon de thé du musée.

M ont r É a l

Bec sucré lacabane . ca

photo: NELSON MOUËLLIC (SALT TASTING ROOM); TOURISMe Î.- p.- é. ( TIM PETERS PHOTOGR APHY )

A U P RI N T E M P S , tradition et innovation se fondent parfaitement au décor de La Cabane, alors que les becs fins avisés font honneur au copieux repas de cette chic cabane à sucre urbaine. Sise dans un loft aménagé du Vieux-Port, La Cabane reçoit un chef invité qui se nourrit de l’esprit des sucres et s’inspire des mets traditionnels de la saison. Tourtières au boudin, beignes à l’érable et autres délices du terroir mettent l’eau à la bouche.

N i a g a r a - on the - L a k e

Bien arrosé laileyvineyard . com

S E P T E M B R E Planté le long du Niagara, le Lailey Vineyard, qui s’enorgueillit de posséder des cépages chardonnay et pinot noir parmi les plus anciens d’Ontario, organise un repas à plusieurs services où les produits de saison en vedette sont mitonnés par les toqués les plus réputés de la péninsule, et accompagnés des derniers millésimes du vignoble.

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fa s c i n at i o n : Q U A R TI E R

Les clients du Four Seasons Hotel Toronto n’ont pas loin à faire pour goûter les meilleurs restos et bars de Yorkville. Ils peuvent s’y faire conduire dans la Berline Mercedes-Benz S 550 4MATIC 2013 de l’hôtel.

Le style en vogue à Yorkville Découvrez l’un des quartiers chics de Toronto où se la couler douce. texte eve thomas

Le lieu

L’hébergement

Q u a r t i e r b o h è m e par excellence dans les années 1960, Yorkville – avec ses maisons victoriennes et ses rues secondaires qui invitent à la flânerie – a conservé son allure de petite ville, où logent, néanmoins, Hermès et Gucci. À deux pas des enseignes prestigieuses de la Ville Reine, de ses meilleures tables, de ses galeries d’art et du Musée royal de l’Ontario se trouvent une ancestrale caserne de pompiers et une pittoresque librairie de quartier. Une fois de plus, Yorkville est en pleine mutation. Désormais, le secteur attire autant les grandes marques internationales que les jeunes artistes émergents, autant les PME avant-gardistes qu’une élégante clientèle.

L e s h ô t el s F o u r Sea s o n s sont

D ’ u n e s u p e r f i c i e de 2 7 8 7 m 2 ,

réputés de San Francisco à Shanghai, mais c’est à Toronto que tout a commencé, alors que le fondateur de la chaîne, Isadore Sharp, a ouvert, en 1961, le Four Seasons Motor Hotel (alors bien loin des établissements cinq étoiles qu’évoque la bannière aujourd’hui). Fin 2012, on inaugurait le Four Seasons Hotel Toronto, vaisseau amiral du groupe hôtelier, qui fait déjà sensation dans la métropole avec ses 259 chambres, dont 42 suites, toutes dotées d’un iPad, d’une Nespresso, d’une douche à pommeau pluie, d’une baignoire de détente et de produits Etro. Le décor compte 1700 œuvres canadiennes d’art contemporain, dont les pissenlits d’Alissa Coe, qui accueillent les visiteurs dans le hall.

le spa du Four Seasons Hotel Toronto s’impose comme le plus grand spa hôtelier non seulement de la métropole canadienne, mais aussi de tous les établissements du groupe, avec ses 2 hammams, ses 17 salles de soins, sa terrasse extérieure où profiter de l’été, son salon baigné de lumière et sa station manucure. Offrez-vous un soin visage au miel entièrement bio ou faites des longueurs dans la piscine, au son d’une musique sous-marine. Le gym, réservé aux clients et aux résidants, est doté d’équipement Matrix à la fine pointe, dont des appareils Virtual Active, lesquels simulent des parcours de vélo et de jogging dans des parcs nationaux.

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Le spa photo: lorne bridgman (entrée de l’hôtel)

VOYA G E


Au Café Boulud (où les œuvres décoiffantes de Mr. Brainwash ornent les murs), la salade de homard et la pieuvre à la plancha font déjà partie des classiques prisés par les gourmets. « J’ai insufflé un brin d’accent new-yorkais au menu », déclare le chef Daniel Boulud.

AVO I R S

APPÉTIT

C UL T U R E

Les boutiques

Le menu

Le festival

B e v e r ly H i l l s A Rodeo Drive, New York

L e q u arti e r Yor k vi l l e est réputé pour ses restos haut de gamme, mais les places les plus convoitées se trouvent sans conteste sur les terrasses, d’où on peut zieuter le Tout-Toronto ou les stars d’Hollywood. Dînez en compagnie des chics clientes de l’épicerie fine Pusateri’s, ou rendez-vous au Cookbook Store rencontrer de réputés chefs invités, tels qu’Anthony Bourdain ou Nigella Lawson. Sinon, arrêtez-vous au Café Boulud du Four Seasons goûter à la cuisine française aux accents cosmopolites de l’étoilé Daniel Boulud, rehaussée par l’un des crus d’ici ou d’ailleurs proposés par l’expert ès vins Drew Walker. Finissez la soirée en beauté au dbar, en sirotant l’un des cocktails maison.

L e F e stiva l i n t e r n atio n a l d u fi l m d e T oro n to ( T I F F )

sa 5e Avenue et Toronto son « Mink Mile », soit un tronçon de la rue Bloor où se succèdent les marques emblématiques, telles que Chanel et Prada, et les enseignes de luxe d’ici, dont Holt Renfrew et Harry Rosen. Les rues avoisinantes foisonnent de griffes réputées, de designers locaux et de boutiques avantgardistes. Deux incontournables : l’imposant Teatro Verde, sur Yorkville, et la bijouterie Knar, sur PrinceArthur. Au premier, l’on s’arrache les plus beaux bouquets de fleurs en ville ou des articles pour la maison Jonathan Adler et du Baccarat ; au second, le premier point de vente à Toronto du joaillier ontarien, on trouve les bijoux Tamara Comolli et Soho et les diamants Hearts On Fire et Forevermark.

a beau être aussi prestigieux que ceux de Cannes et de Sundance, les vedettes aiment bien s’éclipser dans le luxe discret de Yorkville, entre premières et soirées. En septembre dernier, avant même son inauguration officielle (en fait, il était toujours en construction !), le Four Seasons de Toronto accueillait George Christy et une foule de personnalités, dont Ewan McGregor et Salman Rushdie, lors du cocktail dînatoire que le célèbre chroniqueur de Hollywood organise chaque année, depuis 30 ans, pour le lancement des activités entourant le TIFF.

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Bulletin

‚ Œuvres d art au sommet

Au sommet des sommets, dans les hauteurs du paysage alpin de l’Engadine, est érigée la sculpture de l’artiste brésilien Matheus Rocha Pitta, qui fait un clin d’œil aux randonneurs.

Une lapine en larmes, un mur carrelé suintant de troublantes images, un cœur de galeriste qui bat la chamade. Six excursions qui célèbrent le grand art : un parcours qui mène de Saint-Moritz à Kitzbühel en passant par Salzbourg, de Davos jusqu’au Valais et qu’on couronne par une randonnée exceptionnelle dans le Tyrol du Sud, où le sentier devient la véritable attraction. texte margot weber, hannah engelmaier photos elias hassos

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Il ne faut pas se fier aux apparences, comme le prouve la Miffy Fountain, de l’artiste new-yorkais Tom Sachs, plantée devant le chic Badrutt’s Palace.

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st. Moritz Art MAsters

U

ne lapine blanche trône devant le Badrutt’s Palace à Saint-Moritz, en Suisse. Du haut de son imposant 2,6 m, elle pleure, et ses larmes se répandent jusque dans l’allée de l’hôtel cinq étoiles. Tout à coup, une fillette l’aperçoit, échappe sans crier gare à la surveillance de ses parents, se plante bouche bée devant la sculpture. Miffy Fountain, de son petit nom, était le centre d’attraction du St. Moritz Art Masters 2012, un

festival d’art en haute Engadine, qui expose plus de 200 œuvres contemporaines, pendant 10 jours à la fin de l’été. Les origines de cette lapine toute spéciale remontent à 1955, aux Pays-Bas, où on raconte ses aventures dans plus de 100 livres, traduits en 30 langues. Partout sur la planète, Miffy repose sur la table de chevet de milliers d’enfants ; d’ailleurs, c’est sa popularité qui a attiré l’attention de Tom Sachs. Dans son atelier de SoHo, à New York, l’artiste américain de 46 ans réinvente le design d’entreprises contempo­raines. Qu’il s’agisse de Nike, de Chanel ou de McDonald’s, aucune marque n’est à l’abri de ses reproductions uniques teintées d’ironie. L’art de Tom Sachs se distingue par sa tridimensionnalité : il martèle, visse, colle et bricole ses objets, en utilisant du bronze, du carton et de l’âme de mousse (foam core). L’artiste laisse également les coutures et les points de colle exposés, ce qui tranche nettement avec la perfec­ tion industrialisée de ses sujets. Dans ses œuvres, rien n’est jamais comme il y paraît. Ainsi, bien que sa Miffy pleureuse soit en silicone blanche au dehors, elle est en bronze au dedans.

Troublant carrelage à l’église

Photos signées Albert Watson dans le Kempinski Grand Hôtel des Bains, à Saint-Moritz.

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L’œuvre de Tom Sachs marche sur la corde raide entre le consumérisme et la critique, se situe dans une zone grise qui navigue entre la publicité, le marketing, la propagande et l’art urbain. Or, lors d’un débat libre au St. Moritz Art Masters, le NewYorkais s’est révélé très sympathique en affichant sans détour son affection pour les objets qu’il réinvente. Tom Sachs exhibe un enthousiasme quasi juvénile pour ses œuvres : « À la maison, la religion importait peu, ce qui comptait c’était d’acheter des trucs. On n’avait pas d’autres ambitions. Tous les jours, on discutait de ce qu’on voulait acquérir, qu’on ait ou pas les moyens. » Alors qu’il a 8 ans, le petit Sachs s’aperçoit que son père ne peut s’offrir l’appareil photo Nikon qu’il convoite. Pour faire plaisir à son papa, l’artiste en herbe lui en fabrique une réplique en argile, qu’il peint en noir. Ce jour-là, au Connecticut, un écolier du primaire venait de découvrir sa passion. Ce sont des rencontres fortuites de ce genre qui confèrent une dimension si captivante au St. Moritz Art Masters. L’élégante petite station de montagne suisse, où se tient le festival


t por s u t d oû g Le

Montre Dressage en acier, mouvement mécanique de manufacture H1837

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Œuvres de Lutz et Guggisberg, dans le bâtiment Paracelse.

Dans le sens horaire : un échange entre le conservateur du St. Moritz Art Masters Reiner Opoku, l’artiste Tom Sachs, le directeur de musée Jeffrey Deitch et le représentant de Mercedes-Benz Lüder Fromm.

L’envers du décor rétroéclairé : Verso de Vik Muniz, dans l’église réformée.

« À LA MAISON, la religion importait peu, ce qui comptait c’était d’acheter des trucs. » tom sachs

depuis 5 ans, ne fourmille pas uniquement de galeristes et d’agents, on y croise aussi tout plein d’artistes. La conférence au sommet réunissant les photo­ graphes Steve McCurry, Jock Sturges et Amedeo M. Turello, dans le cadre d’un atelier de deux jours, faisait partie des faits saillants de l’évé­ nement. Tout comme le symposium Engadine Art Talks, avec l’urbaniste et concepteur Paulo Sergio Niemeyer, qui suit les traces de son grandpère Oscar, le légendaire architecte brésilien. On retrouve le Brésil dans la forêt, à proximité de la station thermale, où l’Église au bois sert 26

de décor à la sculpture surdimensionnée Linda da Lapa, signée Adriana Varejão. L’artiste de Rio aborde le thème de la colonisation de son pays par les Portugais. À première vue, sa sculpture ressemble à une section de mur carrelé abattue dans une boucherie de Lisbonne. Mais en y regardant de plus près, on remarque des entrailles ensanglantées suintant du carrelage peint à la main. Pourquoi avoir installé une œuvre d’art si profondément troublante, dans une église, de surcroît ? « C’est un choix délibéré », déclare le conservateur Reiner Opoku, qui a sélectionné un lieu offrant le contraste le plus flagrant. Reiner Opoku a utilisé la même approche en concevant une installation dans la chambre des pompes de l’ancienne station thermale. Les célèbres sources d’eau minérale se sont taries en 1920, après quoi le bâtiment a été laissé à l’abandon – jusqu’au moment où il a été décou­ vert par les visionnaires à la tête du St. Moritz

Art Masters. C’est ainsi que le Paracelse s’est avéré la niche idéale pour abriter les installations des Suisses Lutz et Guggisberg. Ceux pour qui les catalogues ne suffisent pas à assouvir la curiosité pouvaient se sustenter au Artist Talk, où des participants tels que Jeffrey Deitch – directeur du Museum of Contemporary Art de Los Angeles – discutaient du rôle de la commandite d’entreprise dans le domaine des arts avec Tom Sachs et Lüder Fromm, représen­ tant de Mercedes-Benz, commanditaire du St. Moritz Art Masters. Leur propos : le dialogue est inestimable et permet à toutes les parties de bénéficier d’échanges dynamiques susceptibles d’influer ensuite l’œuvre de chacun. Lorsqu’on demande à Tom Sachs s’il obtient la permission des entreprises avant de réinventer leurs pro­ duits, il répond par la négative : « Il est plus facile de demander pardon après coup, que la permis­ sion avant. » www.stmoritzartmasters.com


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Collectionneurs, marchands et amateurs unis par leur passion commune pour l’art, Mieke et Theo Jongen ont réalisé leur rêve de devenir galeristes, dans les Alpes de Kitzbühel.

kitzbühel Aaart foundation

La collection Jongen à Kirchberg compte une œuvre du sculpteur Hansjürgen Vogel, qui accueille les visiteurs à l’entrée de la galerie.

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TABLEAUX: A XEL KR AUSE/VG BILDKUNST, BONN 2012

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I

l n’y a pas si longtemps, Theo Jongen avait de la difficulté à trouver le som­ meil et, par conséquent, empêchait sa femme de dormir. Il pensait sans cesse à la collection d’art appartenant à une dame du voisinage. Le « voisinage » en question englobe les environs de Kirchberg, ville autri­ chienne située à 6 km à l’ouest de Kitzbühel. Collectionneur, marchand et amateur d’art, Theo Jongen était intrigué – obsédé serait plus exact – par le Manet qui, comble du hasard, était accroché au mur d’une maison près de la sienne. La propriétaire souhaitait que sa succession soit entre bonnes mains, après son décès. De telles occasions ne se présentent pas tous les jours pour un homme comme Theo Jongen, âgé de 65 ans, dont la première incursion dans le marché de l’art remonte à 2008. Sa femme, Mieke, et lui dirigent The Aaart Foundation, une galerie qui vend de l’art contemporain et clas­ sique dans le cadre de deux expositions annuelles. L’hiver dernier, la galerie a présenté des œuvres de l’artiste et compositrice britan­ nique Zoë Kronberger et de Vinc, l’affichiste suisse. En installant leur galerie à Kirchberg, qui ne compte que 5000 âmes, le couple néerlandais a choisi un coin de l’Autriche où Manet et Monet ne sont pas au cœur des conversations quoti­ diennes. Néanmoins, ici, tout le monde sait distinguer Hermes, le service de livraison


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L’art foisonne : deux étages lumineux offrent amplement d’espace pour les expos et le commerce. Les Jongen vivent et œuvrent entourés de trophées de chasse et d’augustes boiseries.

de colis, d’Hermès, le sellier des sacs Birkin. Les Jongen connaissent bien le Tyrol, ils y passaient déjà leurs vacances il y a 30 ans : « Dans le temps, Kitzbühel était une petite bourgade tranquille », se rappelle Theo Jongen. Aujourd’hui, Kitzbühel et Kirchberg sont devenus des lieux de villégiature fréquentés par les très fortunés.

On possède un Hermès, vous savez ! Les Jongen sont tous deux architectes de formation. Au cours des années 1980, ils ont conçu des édifices en Chine, des parcs de bungalows en Europe et un centre commercial près de Berlin. C’est grâce à ce travail qu’ils ont réussi à financer leur passion. Leur collection privée, qu’ils enrichissent depuis 1969, année de leur mariage, s’accroît au même rythme que leurs affaires. En 2008, le couple réalise finalement son rêve et installe sa galerie sur  l’ancien terrain d’une station de télésièges, où il érige un bâtiment de trois étages, abritant des espaces de vie, d’expo et de vente. La galerie est constituée en grande partie de verre et de bois dur du Suriname – bois qui a passé 100 ans immergé 30

dans les eaux de ports néerlandais avant d’aboutir dans les Alpes. Malgré des espaces délimités, les œuvres d’art sont exposées partout dans la maison, tels des meubles familiers qu’on côtoie sans façon. Le maître des lieux caresse une toile, pointe le paysage d’un tableau, s’appuie amicalement sur l’épaule d’un bronze – une beauté signée Maillol, qui trône au centre de la galerie et profite d’une vue imprenable sur un présentoir d’œuvres à échelle réduite de Jean Arp. À mille lieues du droit de cuissage d’un seigneur conquérant, ces petites marques d’affection expriment l’amour incondi­ tionnel d’un amateur dont le cœur bat la chamade à la seule évocation d’un tableau de Manet. Lorsqu’ils acquièrent de nouvelles œuvres, nos galeristes se laissent guider par leur instinct. « C’est mon intuition qui décide, affirme Theo Jongen. Jusqu’à maintenant, ça marche. » Et il ajoute, en lançant un petit regard à son épouse « On décide de tout ensemble. La seule fois où je me suis aven­ turé en solo... disons que ça n’a pas été une réussite. » « Pas une réussite, en effet... » confirme sa douce moitié, un sourire amusé aux lèvres.

« Si, d’ici les huit prochaines années, The Aaart Foundation ne se hisse pas parmi le 5 % des meil­ leures galeries des pays germaniques, on va plier bagage », déclare Theo Jongen. Il a de bonnes chances d’atteindre son objectif, car, au final, il sait ce que cherchent les collectionneurs. « La chasse aux tableaux et les vacances vont de pair, ces activités s’harmonisent parfaitement. En prime, on obtient Kitzbühel en toile de fond. De plus, les acheteurs s’intéressent à la provenance de leurs acquisitions. À l’heure actuelle, on pro­ pose bon nombre de pièces de la collection des Dumas, propriétaires d’Hermès. Certains clients achèteront ce genre d’œuvres uniquement pour le plaisir de dire : “On possède un Hermès, vous savez !” Mais, il y a plus : l’œuvre doit également refléter les goûts de l’acquéreur. On ne vend pas ce qu’on n’achèterait pas pour nous », affirme Mieke Jongen. Ainsi, il arrive parfois que son mari gonfle le prix d’une œuvre qu’il affectionne particulièrement dans l’espoir de décourager un acheteur potentiel... w w w . a a a r t f o u n dat i o n . c o m


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Lana ART PAYSAGER

Salzbourg GALERIE THADDAEUS ROPAC S o l a r c at est le nom

Unter Verschluss (« Zippé jusqu’au cou ») de Stefan Sprenker.

il n’y a pas de musée d’art contemporain, mais la petite municipalité italienne, située entre Merano et Bolzano (Tyrol du Sud), n’en a pas besoin. À la place, la ville s’enorgueillit de son projet d’art paysager accessible en toute saison : un sentier de sculptures qui serpente autour de 33 œuvres d’artistes reconnus mondialement. Parfait exemple de la destination devenant l’attraction. Le long du parcours de 9 km, non seulement l’observateur est-il fasciné par les découvertes exceptionnelles à sa portée, mais pas à pas il s’aperçoit qu’il fait partie intégrante du projet.

Vilniusstrasse 13 5020 Salzbourg, Autriche r o pa c . n e t

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Hodie ferias agimus de Hans Knapp.

S E N T I E R D E S C U L P T U R E S . À Lana,

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Meranerstrasse 18 39011 Lana, Italie l a n a-a r t. i t

Davos MUSéE KIRCHNER E R nst lud w ig Kirchner, né en 1880, fut l’un des peintres et graphistes allemands les plus importants du xxe siècle – et l’un des plus prolifiques. De 1917 jusqu’à son suicide, le 15 juin 1938, il vécut à Davos, en Suisse. Aujourd’hui, la ville balnéaire se targue de posséder un musée entièrement consacré à l’artiste et à son œuvre expressionniste. Le bâtiment moderne en verre, dont la conception puise son inspiration à la source de la lumière alpine étincelante de la vallée de Davos, recèle la plus importante collection au monde de ses œuvres. Ernst Ludwig Kirchner Platz Promenade 82 7270 Davos, Suisse k i rch n er m useu m.ch

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59, rue du Forum 1920 Martigny, Suisse gi a na dda .ch

est un organisme privé situé dans le canton suisse du Valais. Créée en 1978 par l’ingénieur, journaliste et artiste Léonard Gianadda, elle a été nommée en l’honneur du frère défunt du fondateur. Depuis son inauguration, elle a accueilli plus de huit millions de visiteurs, méritant ainsi la réputation d’être l’un des musées les plus populaires de Suisse. Chaque année, on y organise trois expositions réunissant des œuvres issues de collections privées et des musées les plus prestigieux du monde. L’endroit abrite également un grand parc de sculptures, dans l’annexe du jardin, ainsi qu’une exposition permanente de vestiges galloromains. Le musée de l’automobile, où sont exposées environ 50 voitures d’époque, mérite certainement que l’on s’y arrête. Parmi ses trésors inestimables : une Mercedes-Benz Super Sport 1929 et une 1897 Benz.

Martigny FONDATION PIERRE GIANADDA

Großes Liebespaar (« Grands amants »), 1930.

Le musée en verre.

l a F O N D AT I O N P I E R R E G I A N A D D A

L’exposition permanente de la Fondation Gianadda : le parc de sculptures.

PHOTOS: PR, FR ANK KLEINBACH; STEFAN SPRENKER/VG BILDKUNST BONN, 2012 (SCULPTURE); MICHAEL SAILSTORFER/VG BILDKUNST, BONN 2012 (INSTALL ATION)

de l’installation du Berlinois Michael Sailstorfer, à qui la Galerie Thaddaeus Ropac a consacré une expo solo en décembre 2012. À 33 ans, l’artiste originaire du sud de l’Allemagne est l’un des plus importants adeptes de l’art contemporain de son pays. Son installation inspirée de l’univers des félins compte 15 chats en peluche fixant une lumière, comme s’ils étaient hypnotisés.


Sonata Streamline Mouvement automatique breveté manufacture avec technologie Silicium. Alarme et compte à rebours. Boîte titane avec lunette en céramique. Aussi disponible avec lunette en or rose 18 ct. W W W . U LY S S E - N A R D I N . C O M


PROFIL DE VEDETTE

Le doux parfum de la réussite

Grâce à sa parfumerie The 7 Virtues, Barb Stegemann combat la pauvreté en s’approvisionnant en huiles essentielles dans les régions les plus démunies de la planète. t e x t e j oa n n a f ox i l l u s t r at i o n s s t i n a p e r s s o n

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Q

Qu’en neuf mois un parfum passe du concept à la vente en magasin, c’est du jamais vu. Que ce parfum s’avère une réussite dans l’industrie très concurrentielle des cosmétiques est encore plus improbable. Pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit pour Barb Stegemann, entrepreneure canadienne et PDG de The 7 Virtues – dont le succès commercial n’est qu’un aspect de l’histoire. L’aventure débute par une note tragique : le meilleur ami de Mme Stegemann, stationné en Afghanistan, est blessé gravement. « Nos vies ont basculé, comme c’est le cas pour bon nombre de familles dans le monde qui ont parents ou amis dans l’armée », raconte celle qui a éprouvé le besoin de faire quelque chose pour la contrée déchirée par la guerre. « N’étant ni une brave soldate ni un chef d’État, je me suis contentée de chercher un nouveau moyen de favoriser le changement dans des pays en reconstruction. » Ce nouveau moyen s’est révélé en 2009, lorsque Barb Stegemann, à l’époque directrice des communications, est tombée sur un article où il était question d’un agriculteur afghan en difficulté. Alors que ses pairs se tournaient vers la culture du pavot – illégale mais lucrative, parce que servant à la production d’opium –, Abdullah Arsala voyait sa culture de fleurs d’oranger, activité traditionnelle de sa tribu, menacée. Par l’intermédiaire d’une ONG, Mme Stegemann a communiqué avec M. Arsala, et, en investissant les derniers 2000 $ de sa carte de crédit, a mis la main sur une huile biologique de grande qualité extraite des fleurs afghanes. Grâce à l’aide de Susanne Langmuir, une amie de Toronto dans la parfumerie de luxe, elle a concocté son premier parfum : Afghanistan Orange Blossom. Bien que Mme Stegemann gère son entreprise depuis son garage et ne vende son parfum qu’en ligne, sa production initiale de 1000 flacons s’écoule en deux mois. Néanmoins, elle réalise qu’il lui faut des fonds si elle veut que ça décolle réellement. Alors, elle participe à la VO de Dans l’œil du dragon et présente sa compagnie au groupe d’investisseurs vedettes de l’émission.

« Mes amis m’ont dit : “Mais qu’est-ce que tu fais ? Ils vont te manger tout rond”. Mais j’avais besoin de dire à des millions de téléspectateurs qu’il est nécessaire de développer des échanges commerciaux avec des pays touchés par des conflits armés. Lorsque la mission est plus grande que soi, on trouve la force. » Mme Stegemann a réussi à toucher la corde sensible des « dragons », pourtant réputés coriaces – surtout W. Brett Wilson, qui a investi 75 000 $ pour acquérir 15 % de The 7 Virtues, et a poursuivi son rôle de mentor même après avoir quitté Dans l’œil du dragon. Depuis la diffusion de l’émission en 2011, les choses se sont succédé à un rythme effréné, côté ventes et honneurs. Notamment, la parfumeuse a reçu un prix Entrepreneur de l’année d’Ernst & Young, et ses produits se sont retrouvés sur la liste Beauté : Top 100 du magazine Châtelaine. Et, en plus de figurer sur la liste des 30 meilleurs entrepreneurs du magazine Profit, Mme Stegemann a été la première femme nommée colonelle honoraire des Forces canadiennes de Greenwood, en reconnaissance de sa contribution citoyenne en Afghanistan. « J’ai été la première femme des provinces de l’Atlantique à conclure une entente avec Dans l’œil du dragon, annonce fièrement l’entrepreneure, et, en décembre 2012, on m’a décerné le titre de Top Game Changer, soit la participante ayant eu le plus grand impact dans l’histoire de l’émission. Pas mal pour une fille élevée sur l’aide sociale en Nouvelle-Écosse ! » D’ailleurs, son éducation y est pour beaucoup dans sa philosophie. Ainsi, plutôt que de faire

la charité, elle préfère miser sur la respon­ sabilisation. « Les gens avec lesquels j’ai travaillé m’ont dit que la charité étouffait leur créativité, et je les crois. Quand on responsabilise, on favorise le rêve, et la voie royale vers l’autonomie financière, c’est l’autosuffisance. » Il y a maintenant quatre parfums The 7 Virtues sur le marché : Afghanistan Orange Blossom, la fragrance initiale ; Noble Rose of Afghanistan ; Vetiver of Haiti ; et Middle East Peace, qui mêle l’huile de pamplemousse israélienne à des notes de lime et de basilic iraniens. Ils renferment tous davantage que de bonnes intentions. En plus d’être fabriqués au Canada à partir d’ingrédients issus du commerce équitable, ils sont végétaliens, ne contiennent ni phtalates ni parabènes et ne sont pas testés sur des animaux. Lorsqu’on l’interroge sur les parfums à venir, me M Stegemann oscille entre tristesse et espoir. « Il y a actuellement 33 pays dans le monde où sévit une forme de génocide. Par conséquent, il ne manque malheureusement pas d’États sur lesquels attirer l’attention, où l’on peut acheter des huiles pour en faire le commerce. » En dépit de son succès, Mme Stegemann vise autre chose que la seule croissance de sa compa­ gnie ; elle désire que toute l’industrie suive son exemple. « Je me suis donné comme mission d’inciter un tas de pays à mener leurs affaires différemment et d’être largement récompensés. Seuls, les gouvernements et l’armée ne peuvent pas faire tout le boulot. Les citoyens et le milieu des affaires doivent également ajouter leur pierre à l’édification de la paix. »

« quand on responsabilise les gens, on leur permet de réaliser leurs rêves. » B a r b S t e g e m a n n 35


Bulletin

CĹ“ur tendre

Ni gâteau ni biscuit, le macaron est une petite douceur haute en saveur. texte manfred klimek

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photos jean cazals


La maison Pierre Hermé : axée sur la texture et le goût.

Photos: Jean Ca z als (MACARONS CI - CONTRE), Pierre Hermé RP (MACARON CI - DESSUS), DDP Images (l a boutique)

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l y a de fortes chances qu’à l’origine le macaron n’ait été qu’un simple gâteau aux amandes nord-africain. Oui, mais, les Français ne sont pas d’accord : ils prétendent que le macaron a plutôt été inventé dans les cuisines du monastère de Cormery, au centre de l’Hexagone. En fait, l’histoire la plus vraisemblable veut que ce soit les Arabes de Tunisie et de Libye qui ont importé en Sicile la première mouture de ce minirégal. Peu importe la thèse à laquelle on souscrit, le nom de ces petits gâteaux originaux viendrait de l’italien ammaccare, qui signifie « écraser », ou du vénitien maccherone, qui veut dire « pâte ». Mais quelle que soit la vraie nature de cette friandise croquante au cœur tendre, les Français peuvent se targuer de l’avoir perfectionnée puis raffinée. Apparemment, ce sont les pâtissiers des grandes familles aristocrates du pays qui auraient trouvé le parfait mélange pour la pâte d’amandes, et instauré la tradition de fourrer les macarons de crème et de gelée. Les chefs ont eu une autre idée brillante : incorporer des épices et des petits fruits broyés à la pâte d’amandes. C’est à l’époque de la reine MarieAntoinette (celle-là même qui a déclaré la

En effet, le processus est loin d’être évident, et exige de parfaitement doser les ingrédients. Amandes moulues, blancs d’œufs, sucre à glacer, aromatisants (pistaches ou cacao) doivent être mélangés avec une grande précision.

Selon les règles de l’art tristement célèbre « [...] qu’ils mangent de la brioche ») que le macaron, tel qu’on le connaît aujourd’hui, a été mis au point – croustillant, avec son centre mousseux et sa vaste gamme de saveurs. Mais c’est Auguste Escoffier (18461935) qui catapulte les macarons dans l’ère moderne. Le grand chef s’aperçoit que les petits biscuits aux amandes accompagnent divinement bien ses immenses bombes glacées et ses riches tartes aux fruits. D’après la légende, c’est grâce à Escoffier que la version de luxe du modeste macaron se retrouve à Londres et à New York. Noblesse oblige, my dear ! Mais en réalité, la confection du macaron a poussé plus d’un toqué aux bords du désespoir.

La rigueur est de mise, car les deux moitiés du macaron doivent demeurer légèrement humides et aérées à l’intérieur ; alors que l’extérieur doit être croustillant comme la croûte d’une baguette de pain. L’objectif : une fois qu’on a croqué à belles dents dans le biscuit craquant, la langue se frotte au goût frais juste à temps pour que la pâte onctueuse et la garniture crémeuse titillent les papilles et libèrent leur exquis mélange de saveurs. Cette pâtisserie de haute voltige exige un savoir-faire hors pair ; sa réussite repose sur deux ingrédients : le bon mélange de pâte et la bonne température. À Paris, la Maison Lenôtre case tous les jours des milliers de macarons dans de petites

LÉGER ET MOELLEUX à la fois. Croquant à l’extérieur, aérien à l’intérieur.

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POUR UN MACARON PARFAIT, tout est dans le mélange d’ingrédients classiques : amandes moulues, blancs d’œufs, sucre à glacer, pistaches ou cacao.

J e a n C a z a l s habite Londres, où il est considéré comme l’un des meilleurs photographes culinaires du monde. À l’heure actuelle, il prépare un livre et une exposition sur les macarons. Trouvez ici une sélection exclusive de ses clichés. Pour plus d’info sur son œuvre, visitez le j e a n c a z a l s . n e t

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boîtes et les exporte partout sur la planète. Lenôtre, Pierre Hermé et la vénérable Maison Ladurée constituent la crème de la crème des confiseurs français du macaron. En fait, ce trio se flatte d’être le meilleur au monde. Sauf qu’aujourd’hui, il doit compter sur l’arrivée d’un quatrième joueur insoupçonné : l’Allemagne.

Berlin remixe les saveurs Personne n’a vu venir la renaissance du maca­ ron. En Allemagne, il a toujours été considéré comme une douceur traditionnelle qu’on sert à Noël, jusqu’à ce qu’en 2005 un petit groupe de confiseurs se penchent sur les recettes françaises et les peaufinent. En effet, ce sont les Allemands (ou plutôt quel­ ques Berlinois, dont la maison Makrönchen Manufaktur située dans le district de Schöneberg) qui ont extirpé le macaron de l’univers du sucré pour le faire entrer dans une autre dimension, celle des duos de saveurs du genre fromage de chèvre et coings, tomates et basilic ou graines de citrouille et cari. En plus de faire vivre de nouvelles expériences gustatives, ces combinaisons ajou­ taient un ingrédient de surprise : car, on s’attend à ce que le macaron tout rond soit sucré. En fait, ces garnitures alliant le sucré-salé s’accordent à merveille avec un vin blanc léger ou un cham­ pagne, tandis que les traditionnelles accompagnent parfaitement un thé au lait légèrement sucré. Par contre, il faut oublier l’espresso corsé (ou n’importe quel type de café) qui altère leur goût. À Berlin, un nombre croissant de boulangeries artisanales se consacre désormais à la fabrication de macarons, alors que de jeunes confiseurs inventent des recettes, comme s’il s’agissait d’un nouveau produit. Rendez-vous chez LiloBop, sur l’artère Kurfürstenstrasse, où deux dames charmantes se spécialisent dans des macarons particulière­ ment fruités, ou à la pâtisserie Arielle’s Macarons, dans le district de Charlottenburg. Cependant, le spécialiste en la matière demeure sans contredit Frédéric Cassel, aux Galeries Lafayette. Bien qu’on croise rarement le célèbre pâtissier de Fontainebleau en chair et en os au rayon culinaire du célèbre grand magasin qui a pignon sur rue à Berlin, on y trouve ses créations, lesquelles sont


Vous vous imaginez déjà en train de l’essayer?

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Vous adorez conduire et ça se voit. La façon dont vous regardez cette voiture en dit long. La toute nouvelle Classe E semble prête à s’élancer, même arrêtée. Toute la puissance et la dynamique de conduite de la Classe E satisferont vos plus grandes soifs de performance. Faites-en l’essai dès maintenant. Découvrez comment les nouvelles technologies avancées distinguent l’expérience de conduite de la Classe E à mercedes-benz.ca/classee

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De Paris au reste du monde : les différents parfums concoctés par Ladurée, le maître français du macaron.

Macarons Ladurée L’une des plus anciennes fabriques de macarons parisiennes expédie quotidiennement des centaines de boîtes-cadeaux dans le monde entier. L’attrait de ses ganaches délicates repose sur le mélange de saveurs fruitées et acides. Parmi les parfums les plus populaires : citron, lime et pomme verte. 75, av. des Champs-Élysées 75008 Paris laduree.fr

Frédéric Cassel Au sud de Paris, la pâtisserie de Frédéric Cassel, comme ses succursales de Tokyo, Casablanca et Berlin, confectionne des macarons exquis. Parmi les parfums les plus populaires : noix de Grenoble et vanille. 71–73, rue Grande 77300 Fontainebleau frederic-cassel.com

Des modèles à suivre pour les confiseurs de la planète : Ladurée à Paris et Sprüngli à Zurich.

Sprüngli Sans doute la pâtisserie la plus connue de Suisse, Sprüngli propose le Luxemburgerli, sa version, plus petite et plus haute que le macaron classique. Parmi les arômes les plus populaires : champagne et framboise de luxe. Bahnhofstrasse 21 8001 Zurich spruengli.ch

Makrönchen Manufaktur Berlin se targue d’offrir les macarons les plus créatifs. Ici, on trouve même des garnitures amères et salées. Parmi les parfums coups de cœur : argousier et yogourt ; cerise amère et schnaps tyrolien aux cerises ; pêches plates et champagne ; graines de citrouille et cari. Apostel-Paulus-Strasse 4 10823 Berlin m a k roe nc h e n - m a n u fa k t u r . de

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PHOTOS: JEAN CA Z ALS, FL ASHMEDIA , L ADURÉE RP, MAURITIUS, VARIO IMAGES

livrées par avion, tous les jours. Effectivement, le macaron possède une durée de vie extrêmement limitée ; il faut donc le déguster frais du jour. Mais comment Berlin, entre toutes, est-elle devenue le lieu de prédilection des macarons ? La réponse n’est guère surprenante. Il y a quelques années, le macaron est devenu l’une des friandises préférées des branchés de New York – et Berlin, avec ses nombreux cafés, bars et clubs tout aussi branchés, est la capitale européenne de choix de ces urbains de la classe moyenne, représentants d’une sous-culture. C’est en grande partie grâce à eux qu’on redécouvre cette confiserie française classique, et qu’elle se réinvente. En revanche, le macaron traditionnel confectionné par Sprüngli en Suisse, qui navigue à contre-courant des dernières tendances, est probablement le plus conservateur au monde. La célèbre confiserie offre ses Luxemburgerli, qui sont légèrement plus hauts et duveteux que les français, mais aussi un peu plus petits. Quiconque connaît la Suisse et fréquente assidûment la pâtisserie Sprüngli sise sur la Bahnhofstrasse, à Zurich, reconnaîtra ces classiques, à mille lieues de l’esbroufe. Ce qui a bien meilleur goût.


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BULLETIN

CONTRASTES Istanbul mène la vie dure aux clichés – qu’on visite la contemporaine mosquée Sakirin, à Üsküdar, ou qu’on partage un repas dans un resto branché, tel le Gram.

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Istanbul, la funambule Si Istanbul a été le théâtre d’une multitude de changements, que dire du quartier des spectacles de Beyoglu, où l’Asie rencontre l’Europe, où la splendeur ottomane côtoie le chic contemporain, et où l’appel du muezzin se mêle au tempo des discos. t e x t e r o b e r t z s o l n ay

p h o t o s t o m pa r k e r

modèle européen présenté

43


I

stanbul aime le jour, mais adore la nuit. » Ainsi débute le couplet d’une chanson de Duman en l’honneur de la cité située sur le Bosphore. Tous les musiciens de ce groupe rock vivent à Beyoglu, le coin le plus branché d’Istanbul. Blotti entre la place Taksim et le Tünel du côté européen de la ville, ce quartier enserrant l’Istiklal Caddesi (l’avenue de l’Indépendance) fourmille d’esprits créatifs le jour ; alors qu’à la nuit tombée, il devient un lieu pour célébrer la vie.

Danser jusqu’à ce que le marbre fonde Les rues et ruelles du quartier sont bordées de bars, de cafés, de clubs et de restos. De délectables effluves de mezzés – hors-d’œuvre chauds ou froids – s’échappent de partout. Des notes de musique flottent dans l’air. Trônant sur l’une des sept collines d’Istanbul, Beyoglu est parmi les agglomérations les plus animées de la seule métropole au monde à chevaucher deux continents. Pendant le règne du sultan Mehmed II, qui a conquis Constantinople en 1453, la région était encore connue sous le nom de Péra. Les empereurs byzantins trônaient sur la rive sud de la Corne d’Or, à Eminonu ; tandis que les Génois, qui contrôlaient le commerce sur le Bosphore, s’étaient établis à Péra (« l’autre côté »). Sur une colline surplombant la Corne d’Or, ils ont fondé une colonie, à laquelle se joindront plus tard 44

DIVERSITÉ Istanbul possède tout ce qu’il faut : une Mercedes-Benz C 250 BlueEFFICIENCY garée devant la tour de Galata datant du xive siècle (ci-contre), l’un des nombreux points de repère de la ville. La cohabitation entre le passé historique et la modernité de la vie nocturne, entre l’Empire byzantin et le monde des bars, voilà ce qui attire tant le visiteur. À Beyoglu, la boîte de nuit Babylon (ci-dessous) vaut toujours le détour.

Grecs, Vénitiens et Florentins. Les fastueuses fêtes orchestrées par les marchands y étaient légendaires. Un récit de voyage du temps relate que les habitants de Péra dansaient « jusqu’à ce que le marbre fonde ». Gül Güngör est la reine de la vie nocturne de Beyoglu, où elle gère le Babylon – l’une des salles de spectacle les plus courues d’Europe, laquelle s’est hissée sur la liste des « 100 plus grands clubs de jazz » du magazine Down Beat. Mais il n’y a pas que le jazz : le rock, le hip-hop et la musique ethnique s’y côtoient, puisque le club accueille des DJ des quatre coins du globe. Ici, les 40 employés du Babylon, des portiers jusqu’aux techniciens de son, suivent tambour battant le rythme imposé par Gül Güngör. Istanbul s’amuse à faire mentir les clichés te­naces, dont celui d’un monde des affaires dominé par les hommes. Sur les rives du Bosphore, les femmes n’ont pas besoin de politique d’intégration au marché du travail. En effet, selon le Forum économique mondial, elles occupent 12 % de tous les postes cadres en Turquie. À titre de compa­ raison, en Allemagne, ce nombre atteint à peine 3,2 %. Visiter Istiklal Caddesi bouscule également les préjugés. Ici, les paradoxes cohabitent au quotidien : des transsexuels grimés paradent derrière de pieuses Istanbuliotes voilées, pendant que des accros du magasinage font les boutiques de luxe, alors que des gamins démunis mendient devant les somptueuses vitrines. Une foule d’impressions


« J’adore Istanbul,

parce que la ville me donne l’occasion rarissime de vivre simultanément dans l’histoire et la modernité. » Gül Güngör, gérante d’une boîte de nuit

œuvres contemporaines du Musée d’art moderne d’Istanbul. Elle apprécie autant les joyaux du palais de Topkapi que la coupole à couper le souffle de la cathédrale Sainte-Sophie – jadis la plus grande église de l’Empire romain d’Orient, laquelle sera transformée en mosquée, puis en musée en 1934. Le photojournaliste Ara Güler a été témoin de bon nombre de ces changements. Née en 1928, cette légende vivante en Turquie, nommée « photo­ graphe du siècle » en 1999, se trouve souvent au sympathique Ara Café, situé à un jet de pierre de la trépidante galerie marchande. Ara Güler a été témoin du déclin précipité de Beyoglu au début des années 1980, alors que le quartier était en proie à la drogue et à la prostitution. Pour que le secteur reprenne vie, il a littéralement fallu ressusciter la zone piétonnière d’Istiklal, ainsi que l’ancienne ligne de tramway. Les murs de l’Ara Café sont tapissés de photographies signées Ara Güler – on retrouve les images croquées par le maître des lieux jusque sur les napperons.

Témoin vivant d’une époque révolue

se bousculent, mais à trop focaliser sur l’une d’entre elles, on risque d’entrer en collision avec le vieux tramway… qui fait la navette entre la place Taksim et l’historique métro Tünel.

Quand l’histoire croise la modernité Après avoir décroché son diplôme en droit, Gül Güngör s’accorde un temps de réflexion pour trouver la carrière qui la comblera. Depuis toujours, elle sait que son avenir professionnel se jouera sur les rives du Bosphore. « J’adore Istanbul, parce que la ville me donne l’occasion rarissime de vivre simultanément dans l’histoire et la modernité », précise-t-elle affectueusement. Elle adore la magnificence du palais de Dolmabahçe, la résidence des derniers sultans, ainsi que les

QUALITÉ DE VIE Pour Gül Güngör (ci-dessus), âme du Babylon, déménager est hors de question. Elle apprécie trop l’histoire de la ville et de son bazar, d’où s’échappent d’exotiques parfums d’épices.

Les archives et le bureau de cet ex-membre de la coop Magnum logent au-dessus du café, dans un vénérable édifice en briques. Au rez-de-chaussée, les rayons du soleil entrent par les fenêtres colorées, tandis que des théières anciennes et des moulins à café trônent sur le comptoir. Entouré de ses admirateurs, Ara Güler tient salon et relate des pans de l’histoire de son vieux quartier : des récits se déroulant dans des pubs de pêcheurs près de la tour de Galata ou dans de bancales maisons en bois, la fois où le Bosphore a gelé. Preuve à l’appui : la photo d’un groupe d’hommes fumant gaiement le narguilé sur la glace. À l’époque où Ara Güler débutait sa carrière de photo­graphe, Istanbul comptait environ 1,5 million d’habitants. Aujourd’hui, le chiffre officiel frôle les 13 millions, mais ça pourrait aussi bien être 18 millions. Ara Güler est peut être reconnu comme un témoin de cet Istanbul d’hier, mais ça ne l’empêche pas d’être toujours en quête de moments magiques à capter aujourd’hui. En tant que cité, Istanbul joue continuellement à l’équilibriste, à la funambule. Si le photographe et sa ville par­tagent un point commun, c’est bien leur ouverture aux diverses influences provenant de tous bords tous côtés. 45


Une question de goût L e s r e c e t t e s rares triées sur le volet sont monnaie courante dans l’empire gastro­

PLAISIR DÉMODÉ On commande ses plats directement au comptoir dans les restos du globe-trotter Musa Dagdeviren.

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nomique bâti par Musa Dagdeviren, comme en fait foi son ragoût d’agneau coings, châtaignes, abricots séchés, pommes de terre et safran. Ou ses tomates aux amandes. Ou, au dessert, ses noix vertes pochées dans le sirop. Étonnamment, sur les tables en bois foncé du Ciya Sofrasi – l’un des restos de Musa Dagdeviren –, il n’y a ni déco ni menu. La même règle prévaut dans ses deux autres établissements situés à proximité, le Ciya Kebap et le Ciya Kebap II. Chez lui, on choisit ses plats en pointant du doigt, car ce sont les ingrédients et la préparation qui priment ; le reste n’est que de la frime. Ses savoureuses créations sont le fruit de minutieuses recherches culinaires. Pendant quatre ans, le chef sillonna une partie de l’Asie, lors d’un périple gastronomique qui le conduisit à cheval, en chameau ou à dos d’âne dans moult villages isolés d’Anatolie, puis dans les bourgades les plus reculées de l’Ouzbékistan et de l’Azerbaïdjan. « J’ai vécu un moment avec les populations autochtones afin de mettre la main sur les recettes qu’elles chéris­ sent le plus », avoue-t-il. Aujourd’hui, les rôles sont inversés. C’est lui qui voyage à travers la planète pour retracer l’influence ottomane dans les cuisines du monde entier. Ciya Sofrasi, Güneslibahce Sokak 43, Kadiköy, tél. : +90 216 3303190 ciya.com.tr


Se sucrer le bec

CORNE D’OR Dans la vieille cité historique se côtoient la cathédrale Sainte-Sophie et la Mosquée bleue.

DIDEM SENOL (ci-contre), psychologue de forma-

tion et diplômée du French Culinary Institute de New York, a ouvert le Gram, en 2012, à Beyoglu. Depuis la cuisine à aires ouvertes, on est aux premières loges pour voir les chefs à l’œuvre. Souvent, la patronne en personne met la main à la pâte. À la fois pâtisserie, boulangerie et resto, le Gram est le rendez-vous d’une faune artistique venue goûter à l’un des deux plats du jour ou aux délicates salades. Vous avez raté le service du midi ? Rattrapez-vous en savourant les douceurs de Didem Senol, qui vous feront fondre de bonheur. Gram, Mesrutiyet Caddesi 107/D grampera.com

E b e g ü me c i K a v u r m a ( f e u illes d ’ h i b is c u s g r ill é es ) recette de musa dagdeviren donne 4 PORTIONS

100 g (1/4 lb) d’oignon, en dés 25 g (1 oz) d’ail, en dés 250 ml (1 tasse) d’huile d’olive 1 cuillère à thé de paprika en poudre 1 poivron rouge, en dés 750 g (1 2/3 lb) de feuilles d’hibiscus Sel et poivre, au goût

MEZZÉS Issus du riche héritage ottoman, ces horsd’œuvre turcs sont délicieusement variés.

1 Dans

une casserole, faire revenir l’oignon et l’ail dans l’huile d’olive. 2 Ajouter

ACCROCHEUR Cihangir est un secteur particulièrement coloré du très branché quartier Beyoglu.

le paprika, le poivre, les dés de poivron et les feuilles d’hibiscus, puis laisser braiser 15 min. 3 Saler

et servir.

47


Prières, coussins et volutes MOSQUÉE SAKIRIN

PE R A PA L AC E

ASPIREZ À LA DÉTENTE

Zeynep Fadillioglu est la première femme à

Sultanahmet a son palais Topkapi, Besiktas a le

Blottis confortablement dans les coussins pelucheux

concevoir une mosquée. Construite en 2009,

palais de Dolmabahçe, Beyoglu a le Pera Palace

du Nargilem Café, les hôtes ont l’embarras du choix

à Üsküdar, la mosquée Sakirin, qui rompt sans

Hotel Jumeirah (jumeirah.com). Inauguré en

parmi une étonnante sélection de tabacs pour

contredit avec la tradition, est le lieu de culte le

1884 pour les passagers de l’Orient-Express,

narguilé – de l’ananas en passant par la cannelle.

plus moderne de Turquie. Les femmes y entrent

l’hôtel récemment rénové peut se targuer d’avoir

Une bouffée et on oublie tout, malgré les volutes

par la grande porte et, une fois à l’intérieur,

reçu, parmi ses invités de marque, Agatha

de fumée et le brouhaha ambiant. Nargilem Café,

s’octroient les meilleures places pour prier.

Christie et Alfred Hitchcock.

Tophane Sali Pazari Sira Magazalar 101

Voguez sur le Bosphore À Istanbul, même les visiteurs de passage se doivent de naviguer sur le Bosphore

à bord de l’un des innombrables traversiers. En effet, c’est depuis l’eau que la beauté de la métropole est la plus époustouflante, alors que se mêlent les cris stridents des goélands, le bleu acier de la mer de Marmara et la silhouette imposante de la ville. Les nombreuses lignes de ferry qui relient les différents districts stambouliotes ne coûtent presque rien (et permettent d’éviter les navettes touristiques). Ces traversées sont toujours agréables : on y sert le thé, il y a une foule de monuments à admirer, sans oublier l’étourdissant trafic maritime. Jusqu’à 150 navires par jour (dont bon nombre d’immenses pétroliers) franchissent les détroits entre la mer Égée et la mer Noire. Optez pour une traversée d’une journée, et rendez-vous dans le paisible quartier d’Ortaköy. Sinon, depuis Kabatas ou Eminönü, faites une tournée des îles des Princes.

« Bien que la ville soit

caractérisée par un mal de vivre et un échec sans fin, au plus profond de mon âme, le Bosphore est synonyme de joie de vivre et de bonheur. » O r h an P amuk , écri v ain

48


Prenez les commandes en tout contrôle. L’Académie de conduite Mercedes-Benz mercedes-benz.ca/academiedeconduite


Ce qu’il faut savoir

Istanbul Us et coutumes au resto Évitez de séparer l’addition, si vous désirez rester en bons termes avec votre serveur. Ce mode de paiement lui fera généralement froncer les sourcils. Aussi, sachez qu’un pourboire de 10 % est la norme en Turquie. Soleil couchant Pour admirer le plus saisissant coucher de soleil d’Istanbul, empruntez le traversier jusqu’à Üsküdar et installezvous confortablement dans les marches menant aux berges du Bosphore. Beauté pour hommes Les messieurs qui désirent coupe de cheveux ou taille de la barbe éviteront d’entrer dans un kuaför, au risque de se faire montrer la porte. En effet, ce type d’établissement est presque uniquement réservé à la beauté au féminin.

D a n s u n h a m m a m , transformez-vous en malléables figurines d’argile. Vrais amateurs

de massage ? Visitez un bain turc, tel que le Cemberlitas à Sultanahmet – où les uniques traditions ottomanes sont soigneusement préservées depuis des siècles. À votre arrivée au hammam, commencez par vous détendre sur une surface en marbre chauffée. Puis, laissez le personnel vous prendre en main : après plusieurs déversements d’eau chaude, on vous savonne, on vous masse, puis on vous frictionne. Résultat : vous avez une peau de bébé. La visite au hammam prend fin en sirotant une tasse de thé. Cemberlitas Hamami, Vezirhan Caddesi 8

En voiture ! U n e v i r é e dans un vieux tramway, voilà une

belle façon d’explorer la facette asiatique d’Istanbul. Montez à bord d’un historique tram qui fait la navette entre les gares maritimes de Kadiköy et de Moda – il est d’ailleurs plus utilisé par les Stambouliotes que par les touristes. Avec des départs aux 20-30 min pendant la journée, il longe les très animées avenues Sögütlucesme Caddesi et Bahariye Caddesi pour se rendre jusqu’à la vénérable gare de Moda, et revient ensuite à son point de départ, en empruntant la Moda Caddesi. 50

MO

DA

Cache-nez À Istanbul, si l’envie d’éternuer vous prend… sachez qu’il est impoli de se moucher en public. Figure paternelle L’effigie de Kemal Atatürk, le père de la République turque, se retrouve partout : sur les édifices publics, dans les bureaux, les restos et cafés, et sur les billets de banque. Dans le palais de Dolmabahçe, les pendules dans son ancienne chambre à coucher indiquent toujours 9 h 05, soit l’heure à laquelle il est décédé, le 11 octobre 1938. Assurez-vous de toujours traiter les reliques avec respect. Langage des signes En Turquie, si vous faites un cercle avec l’index et le pouce (ce qui signifie « excellent boulot ! » pour un Européen ou un Nord-Américain), c’est l’équivalent du doigt d’honneur.

PHOTO: EUGENIA MA XIMOVA/ANZENBERGER AGENCY; ILLUSTR ATION: ANNA LINDER

Bains turcs

Code de la route Attention ! à Istanbul, un feu vert ne vous donne pas automatiquement le droit de traverser la rue, du moins sans avoir d’abord jeté un coup d’œil des deux côtés. Pour plusieurs conducteurs stambouliotes, les feux de circulation ne sont ni plus ni moins qu’une nuisance publique ; ils trouvent le klaxon beaucoup plus utile...


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e s c a pa d e

Clichés hors champ

Emprunter l’autoroute 263, en Saskatchewan, à la rencontre de lacs dérobés et d’une nature artistique insoupçonnée permet de sortir des lieux communs habituels qui collent aux Prairies. texte allan casey photos grant harder

Et vogue la galère, sur les lacs Hanging Heart, avec Natalie Matheson, guide au Waskesiu Marina Adventure Centre.

52


E

En cette belle matinée estivale, tandis qu’on s’engouffre dans un corridor d’épinettes en direction ouest, on aperçoit un panneau de signalisation arborant fièrement « route panoramique ». L’autoroute provinciale 263, qui serpente au cœur d’une région de villégiature vallonnée, nous entraîne ensuite dans la tremblaie du parc national de Prince Albert. Il est plutôt rare de croiser en à peine 1 km d’intervalle les mots « Saskatchewan », « luxuriant » et « vallonnée ». Pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans ce coin de pays, la Saskatchewan a la réputation de manquer de relief. Ce stéréotype remonte à 1882, année où les arpenteurs du Canadien Pacifique empruntaient le plus plat des chemins du sud de la province pour jeter les bases d’un réseau ferroviaire qui entraînerait l’essor de l’Ouest. Tracé que suivra également la Transcanadienne dans les années 1950. Depuis, des générations de voyageurs alimentent la légende que le paysage de la Saskatchewan est infiniment plat au point de se fondre dans le décor. En plus de démentir ces allégations, la 263 reste un secret bien gardé. Les vacanciers ont tendance à se précipiter vers le nord par l’autoroute 2, qui offre un trajet plus direct, mais moins agréable. Pour les habitants de la muni­cipalité rurale de Lakeland, propriétaires de terrains et de chalets parmi les plus chers de l’Ouest canadien, c’est presque 51 km de voie réservée. Je voyage avec ma femme, l’artiste peintre Marlene Yuzak, qui s’intéresse à cette région pour sa longue histoire de l’art et son surprenant rayonnement international. Parmi les brillants esprits qui sont venus se perdre en rêveries ici au fil des ans, on compte Jules Olitski, Anthony Caro et jusqu’au réputé critique d’art moderne Clement Greenberg. Bien qu’on soit du coin, Marlene et moi avons décidé de jouer aux touristes le temps d’un week-end, histoire 53


d’observer de près à quel point le cadre a changé. Pendant des années, dans cette partie de Lakeland, le gîte et le couvert étaient peu invitants. Les visiteurs devaient se contenter de quelques bars-motels vieillots, flanqués de stationnements de gravier. Mais récemment, une poignée d’exploitants avisés sont sortis du bois de trembles, avec la ferme intention d’attirer les touristes hors des sentiers battus en leur offrant des expériences fourchette et couette à faible empreinte écolo, mais où raffinement et charme font forte impression. On amorce notre tournée à Christopher Lake, village du Yellow Fender Catering Coffee House and Eatery, où on a élevé la popote de cassecroûte de bord de route au rang d’art culinaire. Exploité par Connie Freedy et Heidi O’Brodovich, un tandem mère-fille infatigable, le resto propose une cuisine moderne digne de n’importe quelle grande ville, à l’unique différence qu’elle est servie sur des tables aux jolis bouquets de marguerites jaunes et de lis tigrés fraîchement coupés. Heidi est seule en première ligne, assurant un service impeccable tandis qu’elle salue personnellement les habitués, prépare du café

Arabica et cherche le numéro du gars qui livre le bois de chauffage, du bouleau. Quant à Connie, la maman, elle œuvre dans les coulisses, où on perçoit sa touche dans les plats et la déco. En effet, étant donné que la chef coiffe aussi le chapeau d’artiste peintre, ses toiles enjouées et désinvoltes ornent les murs du resto. Je suis sur le point de solliciter l’avis de Marlene sur un tableau, mais son esprit est ailleurs. « Hum... que c’est bon  ! » marmonne-t-elle en engloutissant une énorme bouchée d’omelette aux légumes. Au menu, rien à signaler qui sort de l’ordinaire. Mais, ce sont les ingrédients de choix (pain multigrain frais du jour, fondantes pommes de terre nouvelles, confiture d’amé­ lanchier maison) qui transforment un simple plat d’œufs en une divine symphonie. Je choisis la prise du jour : un grand brochet grillé, qui met l’eau à la bouche avec son petit côté sauvage (qui fait défaut au brochet commun) et sa mayo citronaneth qui le domestique parfaitement.

C

hemin faisant, l’autoroute 263 bifurque au sud, vers les trois principaux lacs de la région : Emma, Christopher et Anglin. Un moment

La Jason Leo Bantle Gallery, près de Christopher Lake.

donné, on croise un panneau annonçant le campus Kenderdine, un improbable avant-poste de l’art moderne de l’Université de Saskatchewan. « Où diable se trouve la Saskatchewan, et qui est Mme Emma Lake ? » avait lancé l’artiste Barnett Newman alors qu’on lui offrait un poste d’enseignant en 1959. Pourtant, le peintre abstrait originaire de New York s’est pointé aux

Le décor de carte postale recèle une zone de

transition clairsemée entre le pâturage austral et la forêt boréale.

54


adresses

Autoroute 263 Les plages de Lakeland Rendez-vous à l’extrémité sud du lac Emma sur la plage Sunnyside, vaste étendue de sable où se retrouve le Tout-Lakeland. Pour plus de quiétude, découvrez le lac Namekus, dans le parc national, accessible par la 263, et accédez à une aire de nature sauvage à partir de la plage. lakelandtourism .ca

Une résidence estudiantine iconoclaste du Kenderdine Campus.

La cabane de Grey Owl Les passionnés du monde entier viennent en pèlerinage visiter la cabane de Grey Owl, le célèbre auteur naturaliste. À pied ou en canot, le rigoureux trajet aller-retour qui frise les 40 km exige de passer une nuit dans le coin. Autrement, rendez-vous-y en bateau à moteur, accompagné d’un guide du Waskesiu Marina Adventure Centre. 306-663-1999 (été) ou 306-763-1278 (hiver) wa s k e s i u m a r i n a . c o m

ateliers Emma Lake Artists, du lac éponyme, grossissant ainsi le rang des milliers d’artistes reconnus mondialement venus y participer. (Hélas, l’Université a récemment annoncé qu’elle cessait un temps les activités du campus, dont l’avenir demeure incertain.) À l’ouest du lac Emma, la route panoramique en lacets traverse la rivière Spruce et entre par la barrière sud dans le parc national de Prince Albert. Il n’y a pas l’ombre d’un bouchon de circulation dans cet espace vert grouillant d’une faune bondissante, alors je dois freiner mes ardeurs et respecter la limite de 80 km/h, surtout qu’on espère croiser un ours ou un orignal sans se retrouver avec un chevreuil dans le pare-brise ! On se stationne près du sentier des HautesTerres-de-la-Rivière-Spruce, pour une randonnée pédestre au grand air. Le décor de carte postale du parc recèle une zone de transition clairsemée qui sépare le paysage de pâturage austral de

celui de la forêt boréale. Des trembles blancs s’élèvent telles des nefs de cathédrale qui semblent couver des pousses d’épinettes, tandis que les vallons herbeux symbolisent les vestiges des anciennes grandes prairies. On passe un petit deux heures à suivre le sentier en boucle qui se tricote un chemin parmi toute cette nature, et on s’arrête au belvédère en bois à une intersection pour admirer la beauté du déversoir glaciaire et du lac Anglin. Grisés d’air frais, on remonte en voiture direction Waskesiu (« wapiti » en langue cri), un hameau dont on a vite fait le tour à pied, qui abrite un troupeau de wapitis et entretient la légende d’un écrivain plus grand que nature. C’est ici que Grey Owl, ce Britannique qui s’est fait passer pour un Autochtone, a écrit trois best-sellers internationaux alors qu’il vivait dans une cabane isolée, que les mordus de plein air peuvent visiter lors d’une excursion d’un jour [voir encadré, ci-contre]. D’ailleurs, une reproduction de l’intérieur

Le retour du bison À la limite ouest du parc national de Prince Albert, on peut admirer quelque 200 têtes de bisons sauvages (le seul troupeau en liberté dans les plaines du Canada à occuper son territoire ancestral) à cheval ou en chariot. 306-469-2356 sturgeonriverranch.com

Les terrains de golf En dehors du parc, le meilleur terrain de golf se trouve au Elk Ridge Resort, un vaste centre de villégiature situé sur la voie d’accès, à l’ouest de l’autoroute 2. Pour une expérience typiquement canadienne, le club de golf Waskesiu – et son emblématique pin planté au bout de la première allée du parcours – est unique en son genre dans la région et rivalise de beauté sauvage avec les verts des Rocheuses. 800-510-1824 elkridgeresort.com

306-663-5300 wa s k e s i u g o l f . c o m

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Cette yourte sans prétention abrite pourtant un luxueux intérieur au Flora Bora, de Christopher Lake.

Le tourisme écolo a enfin élu domicile aux abords de l’autoroute 263.

Un beau spécimen de brochet repose sur son petit pain au Yellow Fender.

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de la cabane Beaver Lodge loge à la bouquinerie Friends of the Park, sise au cœur du hameau. On soupe au resto de l’auberge Hawood Inn, où des clients s’empressent d’avaler leur repas avant de se rendre au légendaire cinéma Twin Pines, où se tient le Reel Rave International Film Festival, qui, le temps d’un week-end, présente des films d’art et d’essai. On meurt de faim, et les gorgées du Farnese Sangiovese nous inspirent autant que les goulées d’air frais de la journée. Mon risotto aux portobellos et mes médaillons de veau sont si copieux que je pourrais facilement nourrir trois carabinieri. Marlene est plus raisonnable, elle choisit le meilleur poisson de la planète, un brochet de la Saskatchewan préparé sans flafla, comme pour un pique-nique au bord de l’eau. Avant de remonter en voiture, on s’émerveille devant la collection maison de créations étranges signées Geoffrey Gerwing.

D

e bon matin, on arrive aux abords des lacs Hanging Heart (dont le nom viendrait d’une horrible légende de guerriers cris qui auraient éviscéré une horde de chasseurs dénés qui passaient sur leurs terres sans avoir été invités). Hors des circuits touristiques, c’est pourtant l’endroit idéal pour jouer dans l’eau, dans ce vaste parc trop souvent dominé par les immenses lacs fouettés par le vent. Une petite marina loue kayaks, canots et skiffs à moteur ; on a d’ailleurs passé plusieurs belles journées dans le coin à explorer les rivages, grâce au réseau d’eaux relativement abritées qui permet de saisir toute la nature de la palette de couleurs du parc. Cette fois, on opte pour une croisière en bateau-ponton. C’est à toute vapeur que notre capitaine dépasse les îles barrières afin de nous faire découvrir un pays de merveilles, sur la terre comme au ciel. Deux aiglons à tête blanche attendent de fondre sur une proie depuis la cime d’un arbre aussi vaste qu’un loft. On jette un coup d’œil dans ce qui ressemble à des nids d’hirondelles habités par des martins-pêcheurs d’Amérique. Des huards s’interpellent, des pélicans se la coulent douce, et voilà qu’une heure s’est déjà envolée.


Tranquillité d’esprit comprise. Chaque véhicule Mercedes-Benz Certifié est assorti de la Garantie Certifiée Étoile, de série. Pendant une durée limitée, profitez d’un taux de financement de 0,9 % à l’achat sur tous les modèles d’occasion Certifiés 2009 à 2011. L’achat d’un véhicule d’occasion Certifié vous offre les avantages suivants : ■ ■ ■ ■ ■

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Un guide sur son départ au Waskesiu Marina Adventure Centre.

À la brunante, c’est le moment de regagner le sud par l’autoroute 263. Niché dans une tremblaie sur le bord de la route, Flora Bora propose un hébergement folk chic dans des yourtes d’inspiration centre-asiatique. Les proprios, Justin et Karen Wasylyk, sont de jeunes voyageurs qui désiraient rapporter un parfum d’exotisme avec eux en rentrant au bercail il y a quelques années pour fonder une famille. En effet, ce sont deux joyeuses petites têtes blondes qui viennent à notre rencontre, les colleys de la maison sur les talons, suivis de Karen Wasylyk. Elle nous fait monter dans une voiturette de golf et emprunte un sentier menant à notre logis pour la nuit, tout en nous pointant le jardin, où les visiteurs sont invités à y cueillir pois, carottes, chou frisé et herbes fines. La yourte est une simple tente circulaire blanche dont l’extérieur sans prétention nous ravit. Avec sa circonférence d’environ 10 enjambées, elle peut certainement accueillir toute une famille nomade mongole. À l’intérieur, les mâts bien campés délimitent une aire de luxe – cuisine, coin-repas, salle de bain toute équipée, lit douillet aux amples draps blancs et… pas de télé – décorée de teintes chaudes et coiffée d’un puits de lumière dôme d’où on entrevoit le soir

qui penche. « Wow, je pourrais tellement peindre ici ! » déclare une Marlene enchantée. Plus tard dans la soirée, nos hôtes, qui logent tout près, nous rendent visite. Depuis l’ouverture, les deux yourtes de Flora Bora affichent complet. Même si les Wasylyk prévoient en aménager six au total, ouvertes durant la saison de ski, ils souhaitent préserver le cachet simple et modeste de l’endroit. « Ici, c’est la nature qui est à l’honneur, explique notre hôtesse. Vu qu’il n’y a pas de télé, j’observe des familles renouer avec les jeux de société. C’est super de les voir ralentir le rythme ! » Son mari estime qu’ils occupent un créneau prometteur, qui offre un parfait équilibre entre simplicité et luxe. Bien que Flora Bora laisse une faible empreinte écologique, notre duo n’en fait pas une affaire d’État. « On ne veut pas donner de leçon. Vivre et laisser vivre ! » Il semblerait que le tourisme écolo se soit finalement frayé un chemin jusqu’à l’autoroute 263. Quoi qu’il en soit, Flora Bora est à des lieues du vieux motel au parking de gravier. Dans la forêt qui longe la rive du lac Tuddles, Justin Wasylyk a défriché un petit sentier, au bout duquel est amarré un canot. Je convaincs Marlene d’aller pagayer à la lueur du dernier quartier de lune. Nos hôtes nous aident à

embarquer, avant de nous souhaiter le bonsoir. La lune n’arrive pas à faire de l’ombre à la myriade d’étoiles, et, même si la route n’est pas loin, il n’y a pas un chat. On regagne la rive, puis notre exotique petite maison ronde, et au dodo ! Sous le dôme, les étoiles scintillent tels des joyaux. C’est le calme plat. Le monde, la morne prairie, tout ça semble si loin.

TOUt-TERR AIN G r â c e à s a p ui s s an c e et À s on ra f f ine m ent , la GLK 350 4MATIC de Mercedes-Benz peut non seulement affronter les routes secondaires du nord de la Saskatchewan, mais s’aventurer hors de tous les sentiers battus. Le moteur V6 de 302 ch, couplé à la transmission automatique à sept rapports 7G-TRONIC PLUS avec changements de vitesse tout en douceur et à la traction intégrale permanente 4MATIC, offre une conduite tout-terrain remarquable et une impressionnante économie de carburant sur l’autoroute de 8,1 l aux 100 km. Avec démarrage/d’arrêt ECO et un équipement intérieur comprenant des sièges avant chauffants électriques, un afficheur à écran couleur de 5,8 po et une interface multimédia optionnelle, la GLK 350 4MATIC est le VUS d’une ère nouvelle. Son style classique Mercedes-Benz et sa qualité en font un véhicule conçu pour durer.

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MODÈLE EUROPÉEN présenté

son design extérieur AMG de série, la fonction de



scÈne

Jeff Wall, Boy Falls From Tree (2010)

Les artistes canadiens ont toujours exploré le thème du paysage pour rendre compte de l’air du temps. Aujourd’hui, un groupe de photographes le présente à la planète sous un nouvel éclairage qui ne laisse personne indifférent. t e x t e a l i ya h s h a m s h e r

Photo: Per Rueda

L’envers du décor


A Sudden Gust of Wind (after Hokusai) (1993) de Jeff Wall est un photomontage de plus de 100 prises, croquées sur une période d’un an.

œUVREs: Jeff Wall; RMN-Grand Palais/Art Resource, NY

D

Dead Troops Talk (A vision after an ambush of a Red Army patrol, near Moqor, Afghanistan, winter 1986) (1992) de Jeff Wall est une œuvre aussi monumentale qu’épouvantable ! L’une des plus illustres et des plus commentées du photo­ graphe de Vancouver, cette image hallucinée de la guerre soviéto-afghane illustre 13 soldats russes qui viennent de tomber dans une embuscade. Plus que l’horreur manifeste qu’elle dépeint, ce qui définit cette œuvre en jargon artistique, c’est qu’il s’agit d’un paysage « canadien ». Malgré le côté macabre de la scène, ce tableau obsédant s’est envolé à plus de 3,6 millions de dollars américains en mai dernier chez Christie’s : un record pour une photo canadienne vendue aux enchères, qui se classe au troisième rang des photos les plus chères de tous les temps (derrière Rhein II d’Andreas Gursky et Untitled #96 de Cindy Sherman). Le photoconceptualisme – terme utilisé pour décrire le travail de Jeff Wall – est généralement

perçu comme un mouvement artistique exclusi­ vement canadien. Jeff Wall a été un acteur clé de l’essor de ce courant artistique flirtant avec le reportage, aujourd’hui reconnu internationale­ ment, qui est apparu à Vancouver à la fin des années 1970, grâce à des artistes tels que Ian Wallace (maître de Jeff Wall à l’Université de Colombie-Britannique), Rodney Graham et Christos Dikeakos. Ces messieurs, et la génération de photoconceptualistes qui les ont suivis, abor­ dent les enjeux liés à l’un des thèmes les plus controversés de l’art canadien : le paysage. Les paysages des photoconceptualistes sont des microcosmes soigneusement élaborés qui, la plu­ part du temps, sont conçus hors des réalités et des lieux urbains qu’ils décrivent. En photo­graphiant leurs œuvres dans des studios disséminés partout au Canada, puis en les présentant en gigantesque format, les photo­conceptualistes ont transformé la réalité en un stratagème complexe par lequel ils manipulent les paysages afin d’indiquer précisément au spectateur où il se situe dans le monde d’aujourd’hui.

une nouvelle image du paysage, qui a fini par être associée au nationalisme canadien. Pendant que le reste de la planète fonçait tête baissée dans l’art moderne – pensons aux nus cubistes de Picasso et aux objets d’art irrévérencieux de Duchamp, lesquels remettaient en question la nature même de l’art –, le Groupe des Sept brossait le tableau de la puissance, de la liberté et de la virilité du Nord. Par conséquent, ses membres ont façonné une identité canadienne propre, qui rompt avec l’héritage colonial britan­ nique et qui se distingue de celle de nos voisins du Sud. Le groupe idéalisait la notion selon laquelle le paysage définit l’essence géo­gra­ phique et spirituelle du Canada – un mythe qui « est plus fort que l’histoire » (dixit Robert Stacey, biographe du Groupe des Sept).

Un art canadien Il est généralement admis que le paysage s’est inscrit dans la conscience canadienne au début du siècle dernier avec l’apparition du Groupe des Sept. De 1920 à 1933, ce septuor a proposé

L’œuvre de Katsushika Hokusai, A Sudden Gust of Wind (1831), a inspiré celle de Jeff Wall, ci-dessus.

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Le paysage demeure un élément fondamental de la façon dont les Canadiens se perçoivent par rapport au reste du monde.

Dès lors, les clichés urbains de Fred Herzog, les natures mortes expressionnistes de Jack Shadbolt et les paysages côtiers abstraits de B.C. Binning définissent les années 1950. Les années 1960 marquent l’arrivée des conceptualistes, surtout le collectif N.E. Thing Co. d’Iain Baxter, qui explore comment la technologie et la « nouvelle » cellule familiale nucléaire interagissent pour redéfinir le paysage canadien. Au même moment, des artistes autochtones que sont Lawrence Paul Yuxweluptun, Rebecca Belmore et Brian Jungen ont entrepris de revendiquer le paysage canadien par le biais de tableaux, de vidéos et d’installations hautement chargés en émotions visant à dissiper les stéréotypes culturels. Étant donné les nombreuses réitérations du paysage dans l’art canadien, le thème continue d’être intimement lié à la façon dont les Canadiens se perçoivent par rapport au reste du monde.

Par-delà le régionalisme Dead Troops Talk, l’œuvre de Jeff Wall, se distingue en tant que paysage canadien précisément parce qu’elle n’est pas située au Canada. En effet, l’étude des paysages au-delà du 62

49e parallèle a été un facteur déterminant dans la façon dont les photoconceptualistes ont été définis. Le monde (et, parfois, ses dures réalités) est devenu leur sujet de prédilection. Comme son concitoyen Wall, le cinéaste et photographe vancouvérois Stan Douglas cherchera continuellement l’inspiration ailleurs qu’au pays. L’œuvre de Jeff Wall, Dead Troops Talk (1992), s’est vendue à plus de 3,6 millions de dollars américains chez Christie’s, en mai 2012.

Son exploration approfondie d’Hollywood, de la fiction historique et de la ville nord-américaine lui ont récemment valu le prestigieux prix Infinity de l’International Center of Photography. Ses récentes séries Midcentury Studio (2010) et Malabar People (2010) puisent leur inspiration à même l’immensité de la métropole (et des personnages qui la composent). Ses films noirs Dice, 1950 et Juggler, 1946 évoquent le paysage paradoxal du Los Angeles d’après-guerre. Que toutes les photos de la série aient été prises à Vancouver n’a aucune importance. La ville qui émerge repose sur les paradigmes propres à l’optimisme d’aprèsguerre, lequel se nourrissait des promesses de l’industrie du divertissement. Vancouver est alors Los Angeles, mais aussi toutes les villes nordaméricaines du milieu du siècle. De la même manière, pour le photographe montréalais Robert Polidori, installé à New York, les clichés de monuments en ruine du monde contemporain font davantage que documenter le réel. Pour The New Yorker, il a réalisé des photos grand format illustrant, entre autres, les ravages de l’ouragan Katrina à La NouvelleOrléans et les effets dévastateurs de l’accident nucléaire à Tchernobyl, qui s’ancrent dans notre mémoire collective. Bien que la plupart des œuvres des photo­ concep­tualistes, comme celles de Stan Douglas et de Robert Polidori, semblent très pointues, elles créent en fait des paysages universels – où

œuvreS: Robert Polidori/Robert Polidori ET Edwynn Houk Gallery, New York ET Zurich; Jeff walL; Edward Burtynsky, gracieuseté de Nicholas Metivier, Toronto/Howard Greenberg & Bryce Wolkowitz, New York; photo: musée royal de l’ontario/Brian Boyle

Robert Polidori, 2732 Orleans Avenue, New Orleans, LA (2005).


Edward Burtynsky, Oil Fields #19b, Belridge, Californie, É.-U. (2003) (ci-dessus) et sa série d’huiles au Musée royal d’Ontario (2011).

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Provocatrices, ces représentations de la vie moderne interpellent le spectateur.

foisonnent des préoccupations en matière de collectivité, d’identité, d’urbanisme et d’environ­ nement qui interpellent les Canadiens comme le reste de la planète.

La vie moderne grandeur nature Dans le paysage urbain actuel où on répète inlassablement que « Plus c’est gros, mieux c’est », les photoconceptualistes entendent cette notion au pied de la lettre. Situées quelque part entre le panneau d’affichage et la fresque histo­ ri­que française du xixe siècle, les photos sur­di­mensionnées de paysages ravagés par l’in­ dustrie et la consommation du Torontois Edward Burtynsky réfutent le paysage mythique mis au point par le Groupe des Sept. Ses images n’offrent aucun réconfort à ceux qui croyaient se refugier dans les grands espaces. Pour bon nombre de ces artistes, la démesure de la taille des œuvres incarne parfaitement le paysage urbain d’aujourd’hui, constitué de pan­ neaux d’autoroute, d’enseignes commerciales et d’écrans de cinéma qui projettent un flux constant de messages de masse. Dans sa préface du catalogue de l’expo Jeff Wall: The Crooked Path, l’artiste note les similitudes entre le cinéma et le photoconceptualisme. Jeff Wall écrit : « Techniquement, le cinéma n’est autre qu’une suite de plans photo imprimés sur un ou 64

plusieurs longs rubans de celluloïd. » Robert Polidori crédite aussi le cinéma parmi les in­fluences qui ont façonné son approche de la photo, notamment lorsqu’il œuvrait à titre d’assis­ tant aux Anthology Film Archives, à New York. Remettre en question la grandeur de la vie moderne incite l’artiste à créer une expérience viscérale pour le spectateur. Le corps, et sa rela­ tion à l’image, devient partie intégrante de l’équation lorsqu’on tente de démêler les mul­ tiples significations inhérentes à ces photos. L’ex-rédactrice en chef de la revue Canadian Art Sarah Milroy décrit le spectateur, écrasé par ces nouvelles représentations de son environnement, comme pénétrant dans des « champs de mines visuels semés d’indices subtils minutieusement réglés pour exploser dans son esprit ».

Collaborer avec la réalité En écartant l’aspect documentaire qu’on associe souvent à la photo, la célèbre phrase de Jeff Wall « Je commence par ne pas photographier » demeure le symbole le plus éloquent du mouvement photo­ conceptualiste. Aujourd’hui, la photographe vancouvéroise Althea Thauberger – qui fait partie de la nouvelle garde avec ses concitoyens Scott McFarland et Adam Harrison – met en scène d’adroites reconstitutions pour attirer l’attention sur les stratagèmes qui soutiennent ses œuvres.

The Art of Seeing Without Being Seen (2008), sa reconstitution d’un exercice de reconnaissance militaire censé se passer dans un village afghan, se déroule en fait à Chilliwack, en ColombieBritannique. Dans An Artist Painting with the aid of an overhead projector (2006), Adam Harrison représente un peintre qui élabore un paysage à partir du traçé d’un autre, tandis que pour sa série Gardens, Scott McFarland utilise la photo à intervalle pour capter une journée entière. D’ailleurs, lorsque ce dernier réassemble ses photos, il les traite de sorte que si rien n’est tout à fait réel, tout s’éclaire. Jeff Wall est le premier à reconnaître qu’il a insufflé une nouvelle vocation à la photo – laquelle, à l’origine, est intimement liée à la documentation d’événements réels – pour la transformer en un véhicule de l’artifice, du faux. Ainsi, Dead Troops Talk, son commentaire sur la guerre soviétoafghane, a été mis en scène dans son studio de Vancouver (il a photographié les acteurs indi­ viduellement, puis assemblé les images numériquement). « Mes photos ne sont pas des reportages, explique-t-il dans The Crooked Path, mais elles adoptent une approche contem­ plative de qualité documentaire, unique à la photographie. » De nombreux artistes qui délaissent la rue pour le studio s’efforcent de concevoir la plus haute forme d’art à l’aide de la photographie – art comparable aux œuvres du Caravage ou de Rembrandt. Pourtant, c’est précisément la rela­ tion symbiotique entre la photo et le documentaire qui a permis à ces artistes de créer des œuvres aussi puissantes. Par ailleurs, contrairement aux œuvres magis­ trales du passé, ce qui continue de fasciner chez les photoconceptualistes, c’est que leur travail respire la modernité. En plus de dépeindre nos paysages actuels, ils illustrent la vie qu’on y mène. Bien que Jeff Wall ait conçu Dead Troops Talk il y a plus de 20 ans, son message est toujours d’ac­ tualité. Il a jeté un nouvel éclairage sur une guerre que les médias négligeaient. Pour lui et ses cama­ rades, braquer leur regard au-delà du monde de leurs prédécesseurs s’est révélé le meilleur moyen d’élargir leurs horizons pour nous pré­ senter un autre pan du décor de l’univers artistique canadien.

œuvre: Scott M c farland

Scott McFarland, View of Vale of Health (2007).


Nous vous gardons à l’abri. La garantie prolongée limitée de Mercedes-Benz. Profitez encore plus de la conduite sans souci avec la garantie prolongée limitée de Mercedes-Benz, une manière abordable de conserver la valeur de votre véhicule. De plus, vous pouvez acheter la garantie prolongée à n’importe quel moment pendant la période de couverture de la garantie de base pour votre véhicule neuf.

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Point de mire

Avec 34 ans d’expérience au compteur, le tout-terrain de Classe G de Mercedes-Benz peut revendiquer son statut de légende et continuer d’affirmer sa forte personnalité. Lors d’un essai routier en Italie, ce monstre sacré déploie sa remarquable polyvalence. t e x t e m i c h a e l m o o r s t e d t p h o t o s m a r c t r au t m a n n modèle européen présenté

mon voyage !

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LA SUPÉRIORITÉ TAILLÉE DANS LE ROC

Dans l’étrange paysage lunaire de la carrière de marbre, le tout-terrain étale ses prouesses.

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LUNETTES DE SOLEIL DUNHILL; VESTE DE CUIR BELSTAFF; CHEMISE ET CHAUSSURES HUGO; PANTALON DAKS; SAC ARMANI JEANS

Rongeant son frein, la Classe G est fin prête à remporter un triathlon de grimpe dans une carrière, à contourner des chicanes urbaines et à atteindre sa vitesse de croisière sur l’autoroute.


Les pierres jaillissent de sous ses pneus survoltÊs, mais la Classe G est encore loin d’avoir atteint ses limites.


LUNETTES BALDESSARINI, VESTE PATRICK MOHR

Les lignes caractéristiques de la carrosserie de la Classe G n’ont pratiquement pas changées au fil des ans.

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Après une journée dans la carrière, le véhicule et les pneus sont blanc crayeux.

INDOMPTABLE

Ravines, côtes, graviers et gros éclats de marbre, rien ne résiste à la Classe G.

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BLOUSON ETIQUETA NEGR A , VESTE ET PANTALON DAKS

La hauteur exceptionnelle des sièges offre non seulement une grande visibilité dans une vaste carrière, mais aussi dans les rues étroites.

S Trois blocages de différentiel transforment la grimpe et l’escalade en jeux d’enfant.

ept petites lettres suffisent à faire palpiter le cœur d’un passionné automobile. Elles forment une expression magique : Classe G, une formidable mécanique, quasi légendaire. Certainement le plus authentique tout-terrain au monde, l’ancêtre de tous les VUS. Voilà maintenant 34 ans que Mercedes-Benz construit ce véhicule emblématique, dont la forme d’origine est presque inchangée. Pas parce que les concepteurs ont mis un frein à l’innovation, mais parce qu’ils ont appliqué le sacro-saint principe du designer qui veut que « la fonction précède la forme ». La Classe G accomplit encore parfaitement son rôle, ce pour quoi elle a été conçue : ne faire aucun compromis, quel que soit le type de terrain. Vous montez ? C’est parti ! Depuis trois décennies, le succès de la Classe G ne se dément pas, et sa renommée ne cesse de croître. Tout-terrain de prédilection des chasseurs et des militaires, il rallie plusieurs autres groupes, remporte le Paris-Dakar et la faveur du pape, qui louait la sécurité du véhicule lors de ses sorties publiques hebdomadaires. En effet, l’une des papamobiles était une G 500 convertie, à la carrosserie nacrée et au dôme amovible, qui protégeait Sa Sainteté en tout temps. 73


Elle est de retour ! Même à l’arrêt, la Classe G fait sensation.

Une légère transfo beauté : nouveaux rétroviseurs extérieurs et feux diurnes à DEL.

Trêve de superlatifs et de leçons d’histoire. Cette année, la Classe G 2013 s’offre son troisième lifting. Par respect pour la tradition, on n’a pratiquement pas touché aux superbes lignes extérieures. L’angle droit est toujours à angle droit, et seul un œil avisé s’apercevra des modifications. Ce qui s’illustre brillamment, cependant, ce sont les nouveaux feux diurnes à DEL sous les phares, et les rétroviseurs extérieurs. Dès qu’on s’assoit dans cet imposant toutterrain, l’impression de robustesse que dégage la carrosserie anguleuse s’adoucit. Dans l’habitacle réaménagé, le regard se porte sur le nouveau volant, sur les élégants commutateurs et boutons, ainsi que sur le système d’info­ divertissement COMAND et sa navigation GPS. Quant à l’écran autoportant aux proportions généreuses placé au-dessus de la console centrale, il est maintenant offert de série. Alors, quel meilleur endroit que les carrières de marbre blanc de Carrare, en Italie, pour mettre à l’essai cette impressionnante machine ? C’est ici, dans cette ville septentrionale de la Toscane, que les tailleurs de pierre et les sculpteurs de la Renaissance se rendaient pour se procurer le matériau utilisé pour façonner des œuvres éternelles, telles que le David de 74

LUI: COMPLET HUGO, CHEMISE DAKS, CHAUSSURES CALVIN KLEIN ELLE: ROBE VERSACE, BAS MA X MAR A , POCHET TE STELL A & DOT, BOT TILLONS ROSAROT

Dompter la bête


JEUNE DE CŒUR

Les angles droits dominent toujours sa silhouette, alors que le VUS est maintenant équipé de série du système d’infodivertissement COMAND avec grand écran, système de navigation et connexion Internet. Michel-Ange. Au fil des siècles, leurs successeurs ont fait d’innombrables pèlerinages à Carrare pour y sélectionner les meilleurs blocs de pierre, laissant derrière un panorama dentelé saugrenu, un paysage lunaire surréaliste traversé par des pistes poussiéreuses de gravier blanc bordées de gros éclats de marbre brut. Ainsi, grâce à l’architecture et à l’art italiens, se trouve entre Gênes et Pise le terrain d’essai idéal pour la Classe G. Ici, le VUS peut vraiment prouver de quel bois il se chauffe. Au bout de quelques minutes dans la carrière, un calme olympien, de prime abord difficile à définir, enveloppe le conducteur. La Classe G est dans son élément. On enfonce l’accélérateur, et les pierres jaillissent de sous les roues. Pistes accidentées et pentes abruptes, ravines profondes et blocs de pierre de taille respectable, autant de pièges qui sont tous franchis sans difficulté. On voit bien qu’en développant la Classe G, les ingénieurs de Mercedes-Benz n’ont jamais fléchi dans leur détermination à lui conférer fiabilité, robustesse et capacités hors route presque illimitées, même sur le terrain le plus inhospitalier. Plus de 30 ans se sont écoulés depuis sa création, et le véhicule n’a perdu aucune de ses qualités. Dès lors, on saisit d’où venait cette impression de calme : c’est le sentiment que rien ne peut nous arrêter, entretenu par la fasci­ nation qu’exerce une force primitive bien qu’éminemment civilisée.

Surmonter l’épreuve du trafic en ville Après huit heures dans la carrière, on ne peut qu’attribuer à la Classe G la plus haute note dans toutes les catégories. Le seul bémol ? Ne pas avoir poussé le moteur de 382 ch du tout-terrain dans ses derniers retranchements. Nul besoin d’activer les chics boutons en aluminium des trois blocages du différentiel qui assurent une traction incomparable. En fait, la plupart des conducteurs rendent les armes bien 75


CLASSE G Moteur / puissance 382 ou 536 ch Consommation Ville : 18,1 ou 17,5 l/100 km Autoroute : 13,6 ou 13,4 l/100 km Les deux : 16,1 ou 15,7 l/100 km

avant que la Classe G ne montre des signes d’essoufflement. Tant mieux ! Maintenant, passons à la prochaine épreuve, qui sera peut-être encore plus décoiffante que celle de Carrare ; le temps est venu d’affronter les artères de Gênes. Mesurant près de 5 m de long et pesant plus de 2,5 t l’über tout-terrain va-t-il pouvoir se mouvoir aisément dans les tortueuses ruelles étroites et places de l’antique ville portuaire de la Ligurie ? D’abord, un arrêt au lave-auto s’impose, car la partie de plaisir à Carrare a recouvert l’étincelante peinture noire d’une belle patine blanche. Il est remarquable de constater à quel point la Classe G fait bonne figure à Gênes. Grâce à l’exceptionnelle position assise surélevée, le conducteur jouit d’une vue dégagée des rues animées. En ville, plutôt que d’éviter des blocs de marbre, il faut contourner les obstacles que sont les scooters tricotant fébrilement dans la circulation et les chicanes urbaines formées de camionnettes de livraison stationnées n’importe comment. Impossible toutefois de contourner les regards admiratifs qu’attire la Classe G, qui cause tout un émoi quand elle s’arrête aux feux de signalisation ou quand elle croise des bus bondés. Impossible de s’y méprendre : 76

L’essence de la polyvalence, c’est un toutterrain en pleine possession de ses moyens, qui ne détonne pas à l’opéra, alors que vous êtes paré de vos plus beaux atours.

c’est le véhicule qui attire l’attention… pas le chauffeur ! Voici arrivée l’épreuve finale du grand tria­thlon de l’athlétique Classe G : un périple de 650 km à haute vitesse sur l’autoroute, qui nous mènera de l’Italie du Nord, en passant par la Suisse, de retour en Allemagne. Il règne un agréable calme dans l’habitacle. La Classe G négocie les virages en épingles à cheveux de l’autobahn Gotthard avec une facilité déconcertante, sans se laisser dérouter par les autres conducteurs de VUS qui se pâment d’admiration pour elle lorsqu’on s’arrête faire le plein d’essence.

Conjuguer talent et élégance Le verdict après trois jours au volant de la star des quatre roues motrices ? Le VUS est plus polyvalent qu’il n’y paraît au premier coup d’œil ; il a du talent en terrain acci­denté, de l’élégance sur le bitume ; il a autant fière allure dans une carrière qu’à l’opéra. On s’y sent parfaitement à l’aise qu’on soit en jeans ou en tenue de soirée.

Les données ci-dessus ne concernent pas un véhicule en particulier et ne font pas partie d’une offre ; elles ne sont fournies qu’à des fins de comparaison de modèles. mercedes -benz.ca

ST YLISME: Stephan K all aus@fame- agency.com; COIFFURE ET MAQUILL AGE: Sabine Heberle@phoenix- agentur.de; PRODUCTION EN ITALIE: soloprod.it; MANNEQUINS: Chris walters@kultmodels.com; Alicia Medina@womenmanagement.it ELLE: MANTEAU, BOT TES ET POCHET TE BURBERRY. LUI: SMOKING POLO R ALPH L AUREN, CHEMISE L AGERFELD, CR AVATE DIOR HOMME, MOUCHOIR DE POCHE TOM FORD, CHAUSSURES VERNIES SANTONI

S TAT I S T I Q U E S


UNE ESTHÉTIQUE D’ENFER

Certaines silhouettes se démarqueront toujours du lot, même en arrière-plan. 77


point de mire

Digne des vedettes Ce printemps, la E 350 4MATIC 2014 débarque au pays avec une multitude de dispositifs, dont Intelligent Drive, leader dans l’industrie. Les précurseures de la Classe E n’ont pas seulement comblé leurs fidèles conducteurs d’innovations avant-gardistes, elles ont aussi conquis une foule de célébrités et joué de grands rôles au cinéma.

Escapade ROMANTIQUE : Béatrice Dalle et Jean-Hugues Anglade dans 37°2 le matin.

78

W11 4/11 5  La Stroke 8 a été la première Mercedes-Benz de série pourvue d’un essieu arrière à triangles obliques.

1976–1985

W11 0  La Fintail a été la première voiture au monde à bénéficier d’une cellule de sécurité.

1968–1976

W12 0/ W121  La Ponton a été la première Mercedes-Benz à structure autoportante.

1961–1968

1953–1962

Une famille légendaire : W12 3  Lors du lancement de la W123, les clients devaient attendre des années avant d’en prendre livraison.


James Bond

et la Stroke 8, duo aussi légendaire que Will Smith et sa Fintail de service dans Hommes en noir II.

jeté les bases de la gamme la plus prospère de son histoire, avec plus de 10 millions de voitures vendues. La dynastie était entrée dans la légende bien avant d’être officiellement rebaptisée Classe E en 1993. Des noms mémorables inspirés d’une forme ou d’une année de lancement (comme « Fintail » ou « Stroke 8 ») ainsi que de nombreuses premières ont contribué à forger la réputation de ces Mercedes-Benz. Ainsi, quelque 20 ans après le lancement international de la cellule de sécurité pour passagers sur la Fintail, la W124 poursuivra sur la lancée avec la suspension arrière indépendante multibras, encore utilisée de nos jours.

W 21 0  L’avant unique à double phare et l’arrière aux allures de coupé constituaient les traits distinctifs de la gamme.

2002–2009

W12 4  En 1993, quand le modèle a été actualisé, la gamme a été rebaptisée de son nom actuel : Classe E.

1995–2003

1985–1996

Clients RELAXES :  Will Smith et son comparse à bord de la E 500 dans Hommes en noir II.

Îcones de STYLE : Paul Newman et la Stroke 8.

La popularité de la voiture se reflétait dans les ventes, qui fracassèrent un nouveau record lorsque la W123 franchit le cap des 2,4 millions d’unités. Le plus célèbre client de cette gamme a été un certain John Lennon, dont la dernière voiture a été une 300TD 1979 – la toute première W123 familiale expédiée aux États-Unis. À l’instar des légions de proprios de Classe E moins connus, les chauffeurs de taxi apprécient sa grande fiabilité, si bien qu’elle arpente depuis longtemps les rues des villes européennes et d’ailleurs. Dans ce contexte, pas étonnant qu’en 1998 le film français Taxi met en vedette deux modèles E 500 de la gamme W124. À vrai dire, la Classe E est à l’affiche de nombreux films. Notamment, dans L’homme au pistolet d’or, où James Bond conduit une Stroke 8 blanche, et dans 37°2 le matin, où Béatrice Dalle et JeanHugues Anglade volent une Fintail beige. Sans oublier Hommes en noir II, dans lequel Tommy Lee Jones et Will Smith roulent dans une E 500 noire de la gamme W211 bourrée de gadgets et d’équipements spéciaux, tels qu’un chauffeur gonflable et qu’un lance-fusée. Signes annon­ ciateurs d’une future Classe E ? C’est une histoire à suivre…

W 211  Avec 29 variantes, la Classe E offrait la gamme la plus complète de sa catégorie.

2009–2012

Q

ui conduit si vite et brave les intempéries ? » pouvaiton lire dans le magazine Auto, Motor und Sport en 1952, en bas de vignette d’une splendide Mercedes-Benz 180 photo­ graphiée durant un essai routier – c’était la première fois qu’on captait une voiture avant son lancement ! Dans un effort visant à faire oublier l’indignation que cette fuite allait vraisemblablement provoquer, la rédaction avait composé un amusant verset de huit lignes inspiré du fameux poème de Goethe Erlkönig (« Le roi des aulnes »). Non seulement c’était la première fois qu’on publiait une photo-espion d’un prototype, mais en plus cette indiscrétion allait valoir un sobriquet à la voiture. En effet, lorsqu’on a démarré la produc­tion de la gamme de modèles W120 en 1953, on l’a surnommée (comme sa successeure, la W121) Erlkönig. Par ailleurs, il s’agissait de la première Mercedes-Benz à ponton autoportant – ancêtre de la Classe E, bien qu’à proprement parler, son histoire ait débuté avec la W136, née dans les années d’avant-guerre et construite jusqu’en 1955. C’est néanmoins avec la Ponton que MercedesBenz a revitalisé cette catégorie intermédiaire et

W 212  Les ailes arrière élargies ravivent le souvenir de la Ponton 1953.

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point de mire

La souplesse d’un félin : Avec un aérodynamisme sensationnel, le nouveau texte christof vieweg

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p h o t o s a n at o l ko t t e

modèle européen présenté


BeautĂŠ sauvage coupĂŠ quatre portes de Mercedes-Benz annonce un tout nouveau concept.

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Extravagante et ensorcelante

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83

ROBE GEORG ET AREND


L

a rencontre était inévitable. L’été dernier, la CLA était encore l’un des secrets les mieux gardés de MercedesBenz. On la croyait barricadée derrière des portes closes – mais, en fait, un prototype se cachait au fond d’une gigantesque salle. Un bref coup d’œil à ses lignes élégantes et à son profil de fauve a suffi à laisser une empreinte indélébile dans mon esprit. L’apercevoir a également fait naître une envie irrésistible de la revoir ; cette fois, de plus près. Quelques mois plus tard, je parle de ma brève rencontre à Gorden Wagener. Il m’écoute, amusé. « Impec, on a manifestement bien fait notre travail, affirme d’un ton satisfait le responsable du design chez Mercedes-Benz. C’est le genre de réaction qu’entraîne un bon concept : la capacité de susciter l’intérêt, de faire rêver les gens et de rendre nos voitures désira­bles. Pas seulement au premier regard, mais chaque fois qu’on les voit, jour après jour. » La seconde fois que j’ai pu admirer la CLA, j’ai pu prendre mon temps. Et l’expérience n’a fait que confirmer ma première impression. Il s’en dégage un sentiment familier, mais aussi de stimulantes différences. Prenons par exemple la grille de calandre diamant, ornée de sa superbe étoile Mercedes-Benz et des pitons chromés qui scintillent telles des pierres précieuses. Ou les phares bi-xénon et leur éclairage bleu-blanc si caractéristique.

La larme : un nouveau style de design Le profil distinctif du capot de la CLA, avec ses deux dômes en saillie, prouve qu’on est devant une nouveauté, qu’on a affaire à quelque chose de spécial. Gorden Wagener parle d’élégance et de dynamisme, de tradition et de progrès, de raison et de sentiments : des qualités qui, avouons-le, ne font pas la paire. Mais sur la CLA, elles font partie de sa personnalité et rehaussent son magnétisme animal si particulier. Définir un concept en ces termes : « coupé quatre portes » semble paradoxal. Toutefois, 84

Mercedes-Benz nous a déjà donné un avant-goût de cette nouvelle orientation, lorsqu’en 2004 le constructeur lançait la CLS, qui alliait l’élégance du coupé au confort et à l’aspect pratique de la berline. La CLS a servi d’exemple pour élaborer une nouvelle espèce de véhicules, magnifiquement séduisants, totalement différents. Aujourd’hui, Mercedes-Benz a su insuffler les mêmes traits de personnalité à sa catégorie de véhicules compacts, car le nouveau coupé témoigne – de façon encore plus éloquente que la CLS – de la nouvelle orientation conceptuelle. « Auparavant, nos concepts se caractérisaient par des arêtes clairement définies orientées vers l’avant. Maintenant, les courbes descen­dantes s’étirent vers l’arrière, ce qui accentue le dynamisme du véhicule » explique Gorden Wagener en traçant le profil de la ligne retombante dans les airs, avec sa main. Caractéristique clé de ce nouveau style : cette ligne prend naissance au niveau de l’aile avant pour se rendre jusqu’à la portière arrière, en dessinant une légère courbe descendante vers la roue arrière. En contrepartie, la « ligne d’équilibre » structure la partie inférieure des portes, tout en traçant une légère courbe ascendante vers l’essieu arrière. « Il en résulte un profil accrocheur en forme de larme, fait remarquer Gorden Wagener au sujet du nouveau concept. L’œil est attiré par l’avant du véhicule, puis le regard se dirige vers l’arrière. C’est désormais le pôle d’attraction de nos modèles. » Les proportions du véhicule exhalent la puissance. Courbes du capot, empattement long, court surplomb et habitacle avantageusement aménagé à l’arrière mettent en lumière ce nouveau profil. De ce point de vue, la CLA est un chef-d’œuvre sur roues : la combinaison de surfaces voûtées, de courbes élégantes et de traits vifs lui procure une toute nouvelle expression qui suscite l’émotion.

Aérodynamisme exceptionnel Le responsable du design chez Mercedes-Benz nous assure que dorénavant les modèles s’inspireront de ce coupé compact afin d’être,

Saisissant

Impossible de passer à côté. Les pitons chromés de la calandre diamant scintillent telles des pierres précieuses.


Dynamique

Fini l’accent mis sur les arêtes cunéiformes : l’arrière est le nouveau centre d’intérêt. Tout-en-un

ROBE ET FOUL ARD EN SOIE ESCADA

Les jantes irradient le dynamisme et sont ornées d’une étoile en plein centre.

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Superbement excitante, totalement diffĂŠrente


ROBE ELIE SA AB; ANNEAUX THOMAS JIRGENS


Les phares brillent comme les yeux d’une panthère.

Avant-gardiste

La CLA allie la sportivité du coupé à l’habitacle spacieux de la berline.

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ROBE DE SOIRÉE RENA L ANGE; ST YLISME: LYNN SCHMIDT/SCHIERKE.COM; COIFFURE ET MAQUILL AGE: ALEX ANDER HOFMANN/ARTISTGROUPMIER AU.COM AVEC LES PRODUITS M.A.C; MANNEQUIN: SOUHEL A/MD MANAGEMENT

Du caractère à revendre


si possible, encore plus élégants, sensuels et performants. « Tous nos véhicules dégageront du glamour, ce qui accentuera la fascination qui accompagne naturellement la beauté » souligne Gorden Wagener. La CLA n’est que le début. Ce nouveau design repose sur le concept en forme de larme, ce qui plaît particulièrement au Dr Teddy Woll, lequel dirige chez MercedesBenz l’équipe Aérodynamisme. C’est la forme idéale, car elle présente les meilleures caracté­ ristiques au plan de la fluidité. Le Dr Woll explique : « Le profil de base de la CLA se rapproche vraiment d’une larme parfaite, explique-t-il. L’avant de la voiture est quasiment totalement arrondi, ce qui permet de rediriger le flux d’air vers les flancs et le dessous de la carrosserie, sans toucher aux roues. La ligne retombante du toit et le galbe marqué de la lunette arrière contribuent à repousser le flux d’air loin derrière le véhicule : ce concept constitue la base idéale pour notre travail. » Ce travail a justement débuté à l’ordinateur, car c’est ainsi que les ingénieurs en aérodynamique peuvent analyser et modifier chaque détail d’un clic de souris, jusqu’à ce que le flux d’air soit optimal. C’est un travail de moine. Pendant le développement aérodynamique d’un nouveau modèle, l’équipe peut facilement y passer des centaines de milliers d’heures. « Uniquement pour réduire le coefficient de résistance aérodynamique d’un millième d’unité, on doit mener une véritable bataille, admet le Dr Woll. C’est pourquoi il nous faut des ordinateurs puissants. Les résultats de nos simulations sont ensuite mis à l’essai dans nos souffleries afin que nos experts puissent les raffiner davantage. » En raison de la forme de base presque parfaite de la CLA, les spécialistes de l’aérodynamique ont pu s’atteler aux détails de la carrosserie dès le début du processus de développement. Le déflecteur – qui a été intégré de façon élégante au couvercle du coffre – ainsi que le profil allongé du pare-chocs et des feux arrière symbo­ lisent ce raffinement aérodynamique. Sans oublier d’autres détails plus discrets, mais tout

aussi importants, entre autres des fentes novatrices dans les passages de roue avant, qui contribuent à réduire le flux d’air sortant, lequel, autrement, affecterait sérieusement la circulation d’air le long des flancs du véhicule. À l’aide de simulations par ordinateur, les ingénieurs ont trouvé des moyens d’améliorer la circulation de l’air à l’avant des roues. Il a fallu des mois d’efforts pour concevoir un petit déflecteur dentelé, à peine visible, devant les roues avant. Il s’agit d’une invention brevetée qui produit l’effet désiré : les encoches du déflecteur détournent le flux d’air vers l’arrière des roues ou bien sous les ouvertures des passages de roue. « Cette amélioration toute simple permet d’abaisser de 11 points le coefficient de résistance aérodynamique », explique le Dr Woll. Il faut savoir que dans le jargon de l’aéro­ dynamique, un « point » représente un millième d’unité – alors, 11 points correspondent à une diminution de la résistance de 0,011. Tout ça grâce à quelques fentes et à deux minuscules déflecteurs dans les passages de roue. Il suffisait d’y penser ! « Tous ces menus détails finissent par faire une grosse différence, réplique l’ingénieur en chef, qui illustre son affirmation grâce à quelques calculs simples. Si on parvient à diminuer le coefficient de résistance aérodynamique d’une voiture de 50 points [c.-à-d. de 0,05], on peut généralement réduire la consommation d’essence sur route de 0,7 l aux 100 km en moyenne, d’où le bienfondé de cette “obsession” à l’égard de chaque millième d’unité. » Effectivement, la nouvelle CLA confirme les calculs effectués par l’équipe d’experts de Sindelfingen : le coupé quatre portes n’est pas seulement impressionnant sur le plan esthétique, mais il présente également des lignes aérodynamiques sans pareilles. En raison de son faible coefficient de résistance, la CLA a fracassé le record du monde pour les voitures de série. Voilà ce qu’on appelle une beauté sauvage. Sauvage, mais raffinée.

Inspirant

Les détails de l’habitacle s’inspirent du cockpit d’un avion.

S TAT I S T I Q U E S

CLA Moteur / Puissance 4 cylindres turbo de 2,0 l 208 ch à 5500 tr/min ; couple max. de 258 lb-pi à 1200–4000 tr/min Transmission Transmission automatique à 7 rapports à double embrayage 7G-DCT 7 Ensembles d’aide à la conduite Parmi les nombreux dispositifs d’aide électroniques se trouvent l’Avertisseur de franchissement de ligne, l’Avertisseur d’angle mort et COLLISION PREVENTION ASSIST, qui fait entendre un signal sonore et optimise la puissance de freinage s’il détecte un risque de collision arrière. Les données ci-dessus ne sont pas celles d’un véhicule en particulier et ne font pas partie de l’offre produit ; elles ne sont fournies qu’à des fins de comparaison de modèles. mercedes -benz.ca

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POINT DE MIRE

t e x t e c h r i s t o p h h e n n , t o m c l a r ks o n p h o t o s m a r k u s j a n s

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91


Lewis Hamilton a décroché une fois jusqu’ici le titre

de champion du monde, et il entend bien goûter à nouveau à ce bonheur avec Mercedes AMG Petronas. En ce début de saison, il nous parle de ce qui le motive et le stimule, et repense à ce moment de gloire de 2008 : « Soudain, j’ai vu la voiture blanche devant moi. À l’approche du dernier virage, j’ai piqué au plus serré et réussi le dépassement. J’ai retenu mon souffle, redressé les roues emballées et gravi la colline à fond de train jusqu’à la ligne d’arrivée. J’y étais parvenu... j’étais le champion du monde ! »

THÉRAPIE PAR LA COURSE

Lewis Hamilton est hyperactif depuis l’enfance. « J’ai trouvé des moyens pour canaliser mon énergie », dit-il.

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PHOTOS: DAIMLER AG; SIPA PRESS/DDP IMAGES; WENN

L’allure LE showbiz fait partie intégrante de la vie de Lewis Hamilton – et

pas seulement grâce à sa douce moitié, Nicole Scherzinger. Depuis 2011, il est représenté par Simon Fuller, qui compte parmi ses clients des stars de la trempe des Beckham ou de Jennifer Lopez. Cela dit, le pilote n’a besoin de personne pour avoir fière allure. S’il aime porter des vêtements sport, il n’hésite pas à soigner sa tenue. « Quand je sors au resto avec Nicole, je revêts un complet. Un homme doit toujours s’efforcer d’impressionner sa dulcinée. » Son sens marqué du style s’inscrit certainement dans le respect qu’il voue aux tenues coûteuses. « On n’a jamais eu beaucoup d’argent, souligne-t-il. Ma mère ne s’offrait aucun vêtement à la mode, alors imaginez des toilettes griffées… »

Ayrton Senna

LEWIS HAMILTON À PROPOS DE... A y r t o n Se n n a

« Son style de conduite particulier et sa personnalité m’ont toujours fasciné. »

L’endurance et la discipline

sont des qualités essentielles pour Lewis Hamilton. Tôt, il a appris à ne jamais renoncer et à toujours maintenir la forme. « Cette année, je peux compter sur un nouveau physiothérapeute et un nouvel entraîneur. » Mais il n’y a pas que sa belle mécanique (lire : son corps) qui l’intéresse. « Les trois simulateurs de conduite de l’équipe m’ont captivé dès que je les ai vus », se rappelle-t-il.

M u h a m m a d Al i

« Selon moi, M. Ali est la plus cool des célébrités. L’aplomb de ce personnage est impressionnant. » M i c h a el S c h u m a c h e r

« Une vraie légende ! C’est un privilège d’avoir pu courir en même temps que lui et d’avoir appris à le connaître. » s e s AD V E RSAIR E S

« La plus vive concurrence vient toujours de l’intérieur de l’équipe. » L’ É Q UI P E

« En tant que pilote, il faut maintenir un bon état d’esprit. Il importe de faire corps avec l’équipe, même quand les choses ne se passent pas comme prévu. » d u r ô le d e H É ROS

« Un monsieur âgé m’a récemment dit que j’étais son héros. J’ai trouvé ça fou. Superman, lui, c’est un héros ! Moi, je ne suis pas Superman… »

Le bonheur le g r a n d a m o u r de Lewis Hamilton s’appelle Nicole Scherzinger, l’ex-chanteuse du groupe féminin The Pussycat Dolls. Le couple est ensemble depuis cinq ans – sans compter quelques hiatus, que le pilote attribue en partie à leurs horaires chargés. « Entretenir des relations à distance n’est pas toujours facile. Ça représente un défi pour nous », admettait-il en entrevue, dernièrement. Quoi qu’il en soit, les tourtereaux ne cachent pas leur amour. Le coureur publie régulièrement sur Twitter des photos de lui et de sa belle Nicole.

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L’amitié N I C O R O S B E R G et Lewis Hamilton sont amis depuis

longtemps. Le pilote britannique et son nouveau coéquipier se livraient déjà bataille sur la piste de karting, alors qu’ils n’avaient que 13 ans et qu’ils faisaient partie de la même équipe. Aujourd’hui, ils vivent dans le même immeuble à Monaco, et se rendent de menus services, de temps en temps. « Un soir où j’étais rentré tard à la maison et où il n’y avait rien dans le frigo, raconte Lewis Hamilton, j’ai frappé à sa porte et sa copine Vivian m’a préparé un hamburger. » Toutefois, sur le circuit, ils ne se font pas de quartier. « Votre coéquipier est toujours la première personne à battre, précise le Monégasque d’adoption. Je m’attends à ce que Nico soit très rapide et combatif. »

« L’équipe sait que je me donne toujours à 100 %

au volant. Je m’investis tout autant quand je ne suis pas dans le cockpit pour aider l’équipe, dans la mesure du possible. On travaille tous dans le même sens à mener un projet à long terme. On se mobilise en vue d’un marathon, pas d’un sprint. »

19 8 5

Lewis Hamilton est né à Stevenage, au nord de Londres, un 7 janvier. 19 95

À 10 ans, Lewis Hamilton remporte le Championnat britannique de karting junior, et reçoit le trophée des mains de Jacques Villeneuve. 2005

Lewis Hamilton remporte la série Formule 3 Euro avec un record de 15 victoires en 20 courses. 2006

Un total de cinq victoires et neuf podiums vaut à Lewis Hamilton le titre de la série GP2. 20 07

Lewis Hamilton se hisse en tête du classement après six courses à sa première saison en formule 1, devenant ainsi le plus jeune pilote à dominer le Championnat du monde de F1. Il défend son avance jusqu’à la dernière course, mais doit finalement se contenter de la deuxième place, à un point de Kimi Räikkönen.

Une vocation précoce Lewis Hamilton avait à peine 5 ans lorsqu’il s’est assis pour la

première fois dans une auto tamponneuse, et 7 ans quand il a gagné une course de voitures télécommandées à l’émission de télé Blue Peter. À 10 ans, il passait ses fins de semaine sur la piste de karting et annonçait au patron de McLaren, Ron Dennis, qu’il rêvait de devenir champion du monde. Trois ans plus tard, McLaren et Mercedes-Benz lui ont présenté un contrat, et à 15 ans, Lewis Hamilton réalisait son rêve. 94

2 01 3

Après 21 victoires en 110 courses, Lewis Hamilton passe de l’équipe McLaren Mercedes à l’équipe Mercedes AMG Petronas. Son objectif : remporter le titre mondial.

PHOTOS: EYEVINE; DDP IMAGES; DAIMLER AG

2008

Après cinq victoires et une fin de saison à couper le souffle, Lewis Hamilton triomphe par un seul point et devient le plus jeune champion du monde de formule 1.


LEWIS HAMILTON

envisage l’avenir avec optimisme au sein de l’équipe Mercedes AMG Petronas.

« J’adore la course automobile et j’ai super hâte d’évoluer au sein de l’équipe Mercedes AMG Petronas. Ici, je sens une soif de succès plus intense que dans toutes les équipes que je connais. Si mon bolide peut talonner les voitures de tête, on va avoir beaucoup de plaisir. »

La famille anthony hamilton n’a pas tardé à reconnaître le talent de son fils, et il a fait tout

en son pouvoir pour le soutenir dans sa carrière de coureur. À l’époque, M. Hamilton a décroché deux emplois supplémentaires pour permettre à Lewis de courir en karts, puis il a été son agent jusqu’au Championnat du monde de formule 1. Leur association à ce titre a pris fin en 2010, mais le pilote rappelle tout ce qu’il doit à son papa : « Garde les pieds sur terre, n’oublie jamais d’où tu viens. Mon père m’a appris l’humilité. » Son frère cadet le rappelle également à la réalité. En effet, bien qu’il soit atteint de paralysie cérébrale, Nicolas assiste régulièrement aux courses. Lewis Hamilton conclut : « Quand j’ai l’impression d’éprouver des problèmes, je pense à mon petit frère. Même s’il n’arrive pas à accomplir la moitié de ce que fais, il est heureux. » 95


POINT DE MIRE

Des sens super aiguisés

1

Intelligent Drive : un réseau de caméras et de capteurs pour prévenir des dangers et accroître la sécurité automobile et piétonnière. t e x t e m i c h a e l m o o r s t e d t, c h r i s t o p h h e n n modèle européen présenté

L

a voiture intelligente... notion fascinante, mais qu’en est-il réellement ? Faut-il soustraire le conducteur à un maximum de décisions, ou le laisse-t-on seul maître à bord avec l’aide de systèmes infor­ matisés ? Mercedes-Benz privilégie la seconde approche. Intelligent Drive, soit l’ensemble des systèmes d’aide à la conduite de Mercedes-Benz, n’est pas conçu pour remplacer le conducteur. Il y a plus d’une décennie que le premier véritable système d’assistance, le régulateur de vitesse adaptatif par radar DISTRONIC, a fait ses débuts. Aujourd’hui, les conducteurs de la nouvelle Classe E, par exemple, peuvent compter sur les « pouvoirs sensoriels » de 6 capteurs radars, de 6 objectifs de caméra et de 12 capteurs à ultrasons. 96

i l l u s t r at i o n m a r i o wag n e r

BAS PLUS ET FREIN PRE-SAFE Ces systèmes peuvent désormais détecter la présence de piétons devant le véhicule. En évaluant les données provenant de la caméra et des capteurs radars, ils peuvent alerter le conducteur avec des signaux visuels et sonores. S’il ne réagit pas, les freins sont appliqués automatiquement.

L’idée première est d’accroître la sécurité. La techno­ logie est conçue pour détecter rapidement des situations potentiellement dangereuses et prendre les mesures appropriées si les conditions deviennent critiques. C’est précisément l’objectif des nouvelles fonctions intégrées aux systèmes de freinage d’urgence BAS PLUS et PRE-SAFE. Offertes pour la première fois sur la nouvelle Classe E (et bientôt sur la future Classe S), elles permettent de repérer des piétons ou tout danger imminent aux intersections. Cette dernière tâche est assurée par le système BAS PLUS avec assistant carrefours. Des alertes visuelles et sonores sont ainsi émises si un véhicule approche de côté, ce qui a pour effet de contrer l’inattention à l’origine de nombreux accidents.


2

Le nouveau système d’aide fonctionne jusqu’à 72 km/h et peut aussi corriger certaines erreurs de jugement, notamment en augmentant automatiquement la puissance de freinage si le conducteur réagit de façon trop hésitante à l’approche d’un danger. Selon une étude récente, plus du quart des accidents avec blessures aux carrefours peuvent être atténués ou complètement évités grâce à une telle technologie. Cet important gain de sécurité est en partie attribuable à une caméra stéréoscopique intégrée au pare-brise qui fonctionne avec la technologie 3D utilisée au cinéma : elle capte une image en trois dimensions de la zone qui s’étend jusqu’à 50 m devant le véhicule dans un rayon de 45°, et elle peut élargir sa portée jusqu’à un maximum de 500 m.

BAS PLUS AVEC ASSISTANT CARREFOURS Pour la première fois, BAS PLUS permet d’éviter les collisions avec les véhicules circulant dans l’axe transversal aux intersections. Le radar et la caméra captent une vue panoramique de la zone devant le véhicule. En cas de danger, le conducteur reçoit un double avertissement, et la pression de freinage est automatiquement augmentée.

Les images saisies par les deux « yeux » de la caméra sont fusionnées aux données provenant des capteurs radars de manière à calculer la trajectoire des objets en déplacement latéral devant le véhicule. Cette interaction entre caméra stéréoscopique et capteurs radars soustend également la nouvelle fonction de détection de piétons des systèmes de freinage BAS PLUS et PRE-SAFE. Le dispositif déclenche une alerte s’il détecte la présence d’une personne devant le véhicule, et il peut freiner de façon autonome si le conducteur ne réagit pas assez vite, ou pas du tout. Les experts estiment que près de la moitié des collisions avec des piétons pourront ainsi être complètement évitées ou à tout le moins atténuées. Voilà qui justifie amplement la mise à contribution des ordinateurs comme aide à la conduite ! 97


C O U P É Q U A T R E P O R T E S . Cela peut ressembler à un oxymoron, mais comme bon nombre d’autres innovations, c’est un concept mis au point par Mercedes-Benz – notamment sur l’élégant modèle CLS. Une fois de plus, cet automne, la preuve sera faite qu’un véhicule quatre portes peut

La CLA, douce bien que nerveuse, arrive dans les salles d’exposition cet automne. te x te christopher korchin modèle européen présenté

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Cette distinction commence par son montant central en B, suffisamment résistant pour assurer la sécurité et l’intégrité structurale au centre de la voiture, mais assez discret pour donner à ce modèle Mercedes-Benz aérodynamique les allures d’un coupé sport deux places classique. La CLA possède également une costaude grille de calandre diamant, des portières sans montants, une ligne retombante du toit qui redescend vers un coffre arrière court, ce qui lui confère un profil attirant. Sous le capot de la CLA, un moteur quatre cylindres en ligne turbo produit 208 ch et un couple de 258 lb-pi. Jumelé à une boîte automatique à sept rapports à double embrayage, ce moteur est aussi performant qu’incroyablement économique en carburant. Grâce à son volant recouvert de cuir, à ses caractéristiques de sécurité évoluées et à ses innovations technologiques pour le divertissement et l’information, la CLA allie élégance et fonctionnalité – avec un rapport qualité prix incomparable.

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Photos: Daimler AG

Récolte d’automne

avoir une allure distincte, qui le différentie d’une berline ordinaire.


Accessoires d’origine Mercedes-Benz

Une marque de Daimler

Style distinctif pour vous et les vôtres.

www.mercedes-benz.ca



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