numéro 2
volume 1
printemps 2008 Chorème c’est un site Web qui vous propose de parcourir la collection inédite de la Bibliothèque de la danse de l’École supérieure de ballet contemporain : affiches, programmes de spectacles, extraits vidéo et articles biographiques des artisans de la danse au Québec.
Chorème c’est aussi une ressource éducative pour les enseignants, animateurs et éducateurs et une section ludique remplie de jeux pour les jeunes de 8 à 11 ans.
Dossier Les lieux de la danse
Portrait des lieux de création, de formation et des danseurs qui investissent des piscines, des quais, des appartements...
+ CULTURE | FORMATION | HISTOIRE | SANTÉ
éditorial Un portrait béton de la danse C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous vous présentons le deuxième numéro du magazine Accents danse. D’emblée nous pouvons vous dire que vous avez été nombreux à accueillir favorablement l’arrivée de ce nouveau magazine, l’automne dernier. Nous espérons que vous serez toujours aussi nombreux à nous lire, à nous écrire, et bien sûr à vous abonner. Comme vous le savez sans doute, beaucoup reste à faire pour assurer que ce magazine devienne un réel outil de référence pour le milieu de la danse au Québec. Le 6 novembre dernier, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Mme Christine St-Pierre, annonçait des investissements de 885 millions de dollars dans le secteur de la culture au cours des cinq prochaines années. Si le gouvernement du Québec a compris l’urgence d’investir dans les infrastructures nécessaires au développement du milieu de la culture, il devient essentiel d’assurer une participation plus active des entreprises privées au soutien du milieu culturel.
Abonnez-vous !
En ce qui a trait aux réalités du milieu de la danse, il va sans dire que le questionnement a émergé il y a fort longtemps sur les besoins en infrastructures et sur la capacité à soutenir les artistes ainsi que l’émergence de nouveaux talents. À cet égard, l’année dernière seulement, plusieurs événements ont d’ailleurs abordé ces importants enjeux : pensons aux Grands Chantiers de la danse lancés par le Regroupement québécois de la danse (RQD), au Rendez-vous Montréal métropole culturelle et à l’étude menée par la firme Gagné Leclerc Groupe conseil sur l’état de la situation en danse (lieux de formation et de répétition, recherche, création, production, diffusion).
Magazine Accents danse L’unique publication spécialisée en danse au Québec ! Une publication de 32 pages, imprimée en 4 couleurs sur du papier Chorus Art Silk certifié FSC (recyclé à 50% et issus de forêts bien gérées) Accents danse se veut une publication accessible au grand public tout en s’adressant aux divers intervenants du milieu de la danse.
Comme vous pourrez le constater à la lecture de ce deuxième numéro, le sénateur Serge Joyal se demande, dans une réflexion critique, si on en fait assez pour la danse. Un entretien avec Lorraine Hébert, directrice générale du RQD, nous éclaire sur les fameux Grands Chantiers de la danse. Un article de Fabienne Cabado trace un portrait des différents lieux de création et, dans un autre registre, Stéphanie Brody expose les démarches de LADMMI-L’école de danse contemporaine et de l’École supérieure de ballet contemporain de Montréal pour se doter de nouveaux locaux. Finalement, Katya Montaignac brosse un portrait du système actuel d’enseignement de la danse en France.
À chaque numéro, Accents danse propose, sous une thématique particulière, des articles de fond, des entrevues, des portraits d’artistes, des bribes d’histoire, ainsi qu’un survol des méthodes complémentaires à la danse, des conseils judicieux pour la santé et la formation. Accents danse aborde l’art du mouvement sous quatre volets complémentaires : • CULTURE • FORMATION • SANTÉ • HISTOIRE Le caractère éducatif et informatif du magazine permet d’approfondir ses connaissances du monde de la danse tout en restant au fait de l’actualité de cette discipline artistique.
Vous trouverez également deux textes qui traitent de la danse in situ. Celui de Léna Massiani présente quelques créateurs pour qui la danse in situ est réellement devenue une stratégie de recherche de nouveaux publics. Vincent Warren, quant à lui, retrace les projets hors les murs conçus par des chorégraphes réputés tels que Françoise Sullivan, Trisha Brown ou Paul-André Fortier. Enfin, nous ne pouvions pas concevoir ce numéro sans évoquer la disparition en 2007 de Maurice Béjart et de Brydon Paige. En bout de piste, dans les sections Formation, Santé et Infos danse, vous trouverez de l’information pratique et utile qui intéressera les néophytes tout autant que les connaisseurs. Bonne lecture et n’hésitez pas à prendre le temps de nous faire part de votre opinion ! Alix Laurent, directeur de la publication
En vous abonnant, vous contribuez à assurer la pérennité du magazine. Un abonnement facile et efficace. Il faut simplement remplir le coupon inséré au magazine, y joindre votre paiement et finalement le mettre à la poste.
4 14
Magazine Accents danse, printemps 2008, volume 01, numéro 02 Éditeur École supérieure de ballet contemporain de Montréal Directeur de la publication Alix Laurent | Comité éditorial Fabienne Cabado, Didier Chirpaz, Marie-France Garon, Marie-Josée Lecours, Judith Ouimet, Christine Vauchel | Collaborateurs Stéphanie Brody, Serge Joyal, Léna Massiani, Katya Montaignac, Catherine Naulleau, Benoit Pelletier, Vincent Warren, Frédéric Watine Traduction Christine Vauchel | Révision Louise Chabalier Directrice de production et responsable des communications Marie-France Garon | Graphisme Umberto Cirrito + Fabrizio Gilardino Photo de couverture Ginette Boutin dans Danse dans la neige, Les Saisons Sullivan Marion Landry, © Françoise Sullivan, avec l’aimable autorisation de la Galerie de l’UQAM Responsable des ventes publicitaires Amélie Choquette 514-849-4929 poste 232 Le magazine Accents danse est une publication semestrielle qui se consacre à la danse sous quatre volets : Culture, Histoire, Formation et Santé. Le prochain numéro est prévu pour l’automne 2008
Abonnement annuel (2 numéros) Canada : individuel 20 $ institutionnel 35 $ États-Unis : 25 $ Impression sur papier Chorus Art Silk International : 35 $ [Issu de forêts bien gérées, certifié FSC]
Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISSN : 1913-8636
Rédaction 4816, rue Rivard Montréal (Qc) H2J 2N6 Tél. 514.849.4929 communications@esbcm.org
20 24 28 30 31
Dossier : En faisons-nous assez pour la danse ? Une réflexion du sénateur Serge Joyal 6 Lieux de création. La danse en manque d’espace par Fabienne Cabado 9 Rubberbandance Group en résidence à la Cinquième Salle par Marie-France Garon 10 Enseignement professionnel de la danse. Beaucoup d’ambitions, peu de moyens par Stéphanie Brody Culture : Les Grands Chantiers de la danse. Entretien avec Lorraine Hébert par Benoit Pelletier 16 Danse in situ. Les artistes prennent le large par Léna Massiani Histoire : Brève histoire de la danse in situ par Vincent Warren 22-23 In memoriam... Brydon Paige, Maurice Béjart par Vincent Warren Formation : Formation de l’interprète en France. L’enseignement en mutation par Katya Montaignac 26 Pleins feux sur une méthode : le Gyrotonic par Judith Ouimet
Santé : Nutrition : l’équilibre à la carte par Catherine Naulleau 29 Conseils d’un ami ostéopathe par Frédéric Watine Infos-danse : Livres et DVDs par Marie-Josée Lecours
Répertoire
éditorial Un portrait béton de la danse C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous vous présentons le deuxième numéro du magazine Accents danse. D’emblée nous pouvons vous dire que vous avez été nombreux à accueillir favorablement l’arrivée de ce nouveau magazine, l’automne dernier. Nous espérons que vous serez toujours aussi nombreux à nous lire, à nous écrire, et bien sûr à vous abonner. Comme vous le savez sans doute, beaucoup reste à faire pour assurer que ce magazine devienne un réel outil de référence pour le milieu de la danse au Québec. Le 6 novembre dernier, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Mme Christine St-Pierre, annonçait des investissements de 885 millions de dollars dans le secteur de la culture au cours des cinq prochaines années. Si le gouvernement du Québec a compris l’urgence d’investir dans les infrastructures nécessaires au développement du milieu de la culture, il devient essentiel d’assurer une participation plus active des entreprises privées au soutien du milieu culturel.
Abonnez-vous !
En ce qui a trait aux réalités du milieu de la danse, il va sans dire que le questionnement a émergé il y a fort longtemps sur les besoins en infrastructures et sur la capacité à soutenir les artistes ainsi que l’émergence de nouveaux talents. À cet égard, l’année dernière seulement, plusieurs événements ont d’ailleurs abordé ces importants enjeux : pensons aux Grands Chantiers de la danse lancés par le Regroupement québécois de la danse (RQD), au Rendez-vous Montréal métropole culturelle et à l’étude menée par la firme Gagné Leclerc Groupe conseil sur l’état de la situation en danse (lieux de formation et de répétition, recherche, création, production, diffusion).
Magazine Accents danse L’unique publication spécialisée en danse au Québec ! Une publication de 32 pages, imprimée en 4 couleurs sur du papier Chorus Art Silk certifié FSC (recyclé à 50% et issus de forêts bien gérées) Accents danse se veut une publication accessible au grand public tout en s’adressant aux divers intervenants du milieu de la danse.
Comme vous pourrez le constater à la lecture de ce deuxième numéro, le sénateur Serge Joyal se demande, dans une réflexion critique, si on en fait assez pour la danse. Un entretien avec Lorraine Hébert, directrice générale du RQD, nous éclaire sur les fameux Grands Chantiers de la danse. Un article de Fabienne Cabado trace un portrait des différents lieux de création et, dans un autre registre, Stéphanie Brody expose les démarches de LADMMI-L’école de danse contemporaine et de l’École supérieure de ballet contemporain de Montréal pour se doter de nouveaux locaux. Finalement, Katya Montaignac brosse un portrait du système actuel d’enseignement de la danse en France.
À chaque numéro, Accents danse propose, sous une thématique particulière, des articles de fond, des entrevues, des portraits d’artistes, des bribes d’histoire, ainsi qu’un survol des méthodes complémentaires à la danse, des conseils judicieux pour la santé et la formation. Accents danse aborde l’art du mouvement sous quatre volets complémentaires : • CULTURE • FORMATION • SANTÉ • HISTOIRE Le caractère éducatif et informatif du magazine permet d’approfondir ses connaissances du monde de la danse tout en restant au fait de l’actualité de cette discipline artistique.
Vous trouverez également deux textes qui traitent de la danse in situ. Celui de Léna Massiani présente quelques créateurs pour qui la danse in situ est réellement devenue une stratégie de recherche de nouveaux publics. Vincent Warren, quant à lui, retrace les projets hors les murs conçus par des chorégraphes réputés tels que Françoise Sullivan, Trisha Brown ou Paul-André Fortier. Enfin, nous ne pouvions pas concevoir ce numéro sans évoquer la disparition en 2007 de Maurice Béjart et de Brydon Paige. En bout de piste, dans les sections Formation, Santé et Infos danse, vous trouverez de l’information pratique et utile qui intéressera les néophytes tout autant que les connaisseurs. Bonne lecture et n’hésitez pas à prendre le temps de nous faire part de votre opinion ! Alix Laurent, directeur de la publication
En vous abonnant, vous contribuez à assurer la pérennité du magazine. Un abonnement facile et efficace. Il faut simplement remplir le coupon inséré au magazine, y joindre votre paiement et finalement le mettre à la poste.
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Magazine Accents danse, printemps 2008, volume 01, numéro 02 Éditeur École supérieure de ballet contemporain de Montréal Directeur de la publication Alix Laurent | Comité éditorial Fabienne Cabado, Didier Chirpaz, Marie-France Garon, Marie-Josée Lecours, Judith Ouimet, Christine Vauchel | Collaborateurs Stéphanie Brody, Serge Joyal, Léna Massiani, Katya Montaignac, Catherine Naulleau, Benoit Pelletier, Vincent Warren, Frédéric Watine Traduction Christine Vauchel | Révision Louise Chabalier Directrice de production et responsable des communications Marie-France Garon | Graphisme Umberto Cirrito + Fabrizio Gilardino Photo de couverture Ginette Boutin dans Danse dans la neige, Les Saisons Sullivan Marion Landry, © Françoise Sullivan, avec l’aimable autorisation de la Galerie de l’UQAM Responsable des ventes publicitaires Amélie Choquette 514-849-4929 poste 232 Le magazine Accents danse est une publication semestrielle qui se consacre à la danse sous quatre volets : Culture, Histoire, Formation et Santé. Le prochain numéro est prévu pour l’automne 2008
Abonnement annuel (2 numéros) Canada : individuel 20 $ institutionnel 35 $ États-Unis : 25 $ Impression sur papier Chorus Art Silk International : 35 $ [Issu de forêts bien gérées, certifié FSC]
Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISSN : 1913-8636
Rédaction 4816, rue Rivard Montréal (Qc) H2J 2N6 Tél. 514.849.4929 communications@esbcm.org
20 24 28 30 31
Dossier : En faisons-nous assez pour la danse ? Une réflexion du sénateur Serge Joyal 6 Lieux de création. La danse en manque d’espace par Fabienne Cabado 9 Rubberbandance Group en résidence à la Cinquième Salle par Marie-France Garon 10 Enseignement professionnel de la danse. Beaucoup d’ambitions, peu de moyens par Stéphanie Brody Culture : Les Grands Chantiers de la danse. Entretien avec Lorraine Hébert par Benoit Pelletier 16 Danse in situ. Les artistes prennent le large par Léna Massiani Histoire : Brève histoire de la danse in situ par Vincent Warren 22-23 In memoriam... Brydon Paige, Maurice Béjart par Vincent Warren Formation : Formation de l’interprète en France. L’enseignement en mutation par Katya Montaignac 26 Pleins feux sur une méthode : le Gyrotonic par Judith Ouimet
Santé : Nutrition : l’équilibre à la carte par Catherine Naulleau 29 Conseils d’un ami ostéopathe par Frédéric Watine Infos-danse : Livres et DVDs par Marie-Josée Lecours
Répertoire
Une étude de la Chambre de commerce de Montréal a fait éclater le mythe que la culture est une priorité de société au Québec.
En faisons-nous assez pour la danse ?
Ainsi, deux priorités sont à mener de front : 1) Que l’on revoie le régime fiscal accordé aux entreprises qui font des contributions au milieu culturel. Le régime, c’est urgent, doit être libéralisé, c’est-à-dire être plus favorable aux entreprises solidaires de la culture, du type de celui octroyé à la recherche scientifique. 2) Que les leaders d’affaires comme les Béland, Bérard, Saint-Pierre, Courville, Chagnon et autres s’impliquent personnellement avec leur réseau de contacts dans le soutien du milieu culturel.
Réflexion de l’Honorable Serge Joyal, sénateur
La deuxième réforme concerne les individus, au Québec, qui ne font pas non plus leur part. Et ce, à deux niveaux : ils donnent moins de temps bénévole au soutien de la culture, tout comme ils donnent moins de leur argent à ces organismes. Qu’on en juge : – Selon Statistique Canada, 34 % des Québécois font du bénévolat contre 54 % ailleurs au Canada. – Quant aux dons de charité, la moyenne nationale annuelle est de 400 $ par personne. Au Québec, c’est 176 $ par personne, ce qui nous place au 9e rang au pays ! Les Québécois ne se mobilisent pas pour la culture à un niveau comparable à celui de leurs compatriotes canadiens. Il faut casser cet état d’apathie en stimulant la participation à des projets rassembleurs comme le Quartier des spectacles et en procédant à une réforme de fond des valeurs véhiculées par notre système d’éducation, de loisirs et par les médias. La troisième réforme est encore plus délicate. Voulons-nous que la culture devienne synonyme, pour la majorité de la population, d’un domaine réservé en fait à l’entertainment, au divertissement, plutôt qu’à une véritable vie dynamique de l’esprit ? Il est vrai qu’on excelle dans le divertissement populaire. Et la télévision de Radio-Canada a aussi pris le train en ce sens… Mais le Québec ne peut pas qu’exporter ses œuvres d’art sans aussi soutenir ses auteurs, ses danseurs, ses chorégraphes, ses dramaturges, ses musiciens, qui vivent avec un salaire de pitance. Il faut revoir le statut économique des artistes comme travailleurs autonomes, il faut que Radio-Canada réfléchisse sur l’impact de sa programmation. Elle a une responsabilité publique sur le genre de culture qu’elle met en ondes. Et s’il est vrai que l’excellence peut garantir le succès populaire et l’appui du public, encore faut-il qu’elle ait les moyens de se déployer : entre autres, des lieux d’apprentissage, de création et de diffusion à la mesure du talent de nos artistes. Mais la question se pose de savoir si nous sommes capables de reconnaître leur valeur et leur importance pour notre société. Pouvonsnous honnêtement croire que nous en faisons assez pour la danse ?
Ex-député devenu sénateur en 1997, Serge Joyal se passionne pour les arts et s’investit corps et âme dans leur défense et leur promotion. Généreux donateur, il dénonce le manque d’investissement des entreprises et des particuliers dans la culture québécoise. Une opinion tranchée qu’il a livrée à Accents danse en décembre dernier. Pas de danse, pas de vie ! Journée internationale de la danse, organisée par le RQD : Caroline Dubois et Jody Hegel Photo : Sylvain Légaré
accents danse |
dossier
Pour rester à l’avant-garde dans un monde où les communications sont instantanées, il y a au moins trois réformes fondamentales de notre manière de soutenir le milieu culturel qui doivent être enclenchées. La première de ces réformes a trait à la place du secteur privé dans le financement de la culture. Nous sommes, de ce point de vue, dans une situation intenable qui appelle un changement radical. Le secteur privé au Québec n’assume pas sa juste part du soutien de la culture : l’étude de la Chambre de commerce de Montréal intitulée Le financement privé de la culture a d’ailleurs fait éclater le mythe que la culture est une priorité de société au Québec. Les entreprises détenues par des francophones donnent deux fois moins que leur contrepartie anglophone à Toronto ; et globalement, à Montréal, les gens d’affaires s’impliquent moins dans les conseils d’administration et les campagnes de financement du secteur culturel.
printemps 2008
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Une étude de la Chambre de commerce de Montréal a fait éclater le mythe que la culture est une priorité de société au Québec.
En faisons-nous assez pour la danse ?
Ainsi, deux priorités sont à mener de front : 1) Que l’on revoie le régime fiscal accordé aux entreprises qui font des contributions au milieu culturel. Le régime, c’est urgent, doit être libéralisé, c’est-à-dire être plus favorable aux entreprises solidaires de la culture, du type de celui octroyé à la recherche scientifique. 2) Que les leaders d’affaires comme les Béland, Bérard, Saint-Pierre, Courville, Chagnon et autres s’impliquent personnellement avec leur réseau de contacts dans le soutien du milieu culturel.
Réflexion de l’Honorable Serge Joyal, sénateur
La deuxième réforme concerne les individus, au Québec, qui ne font pas non plus leur part. Et ce, à deux niveaux : ils donnent moins de temps bénévole au soutien de la culture, tout comme ils donnent moins de leur argent à ces organismes. Qu’on en juge : – Selon Statistique Canada, 34 % des Québécois font du bénévolat contre 54 % ailleurs au Canada. – Quant aux dons de charité, la moyenne nationale annuelle est de 400 $ par personne. Au Québec, c’est 176 $ par personne, ce qui nous place au 9e rang au pays ! Les Québécois ne se mobilisent pas pour la culture à un niveau comparable à celui de leurs compatriotes canadiens. Il faut casser cet état d’apathie en stimulant la participation à des projets rassembleurs comme le Quartier des spectacles et en procédant à une réforme de fond des valeurs véhiculées par notre système d’éducation, de loisirs et par les médias. La troisième réforme est encore plus délicate. Voulons-nous que la culture devienne synonyme, pour la majorité de la population, d’un domaine réservé en fait à l’entertainment, au divertissement, plutôt qu’à une véritable vie dynamique de l’esprit ? Il est vrai qu’on excelle dans le divertissement populaire. Et la télévision de Radio-Canada a aussi pris le train en ce sens… Mais le Québec ne peut pas qu’exporter ses œuvres d’art sans aussi soutenir ses auteurs, ses danseurs, ses chorégraphes, ses dramaturges, ses musiciens, qui vivent avec un salaire de pitance. Il faut revoir le statut économique des artistes comme travailleurs autonomes, il faut que Radio-Canada réfléchisse sur l’impact de sa programmation. Elle a une responsabilité publique sur le genre de culture qu’elle met en ondes. Et s’il est vrai que l’excellence peut garantir le succès populaire et l’appui du public, encore faut-il qu’elle ait les moyens de se déployer : entre autres, des lieux d’apprentissage, de création et de diffusion à la mesure du talent de nos artistes. Mais la question se pose de savoir si nous sommes capables de reconnaître leur valeur et leur importance pour notre société. Pouvonsnous honnêtement croire que nous en faisons assez pour la danse ?
Ex-député devenu sénateur en 1997, Serge Joyal se passionne pour les arts et s’investit corps et âme dans leur défense et leur promotion. Généreux donateur, il dénonce le manque d’investissement des entreprises et des particuliers dans la culture québécoise. Une opinion tranchée qu’il a livrée à Accents danse en décembre dernier. Pas de danse, pas de vie ! Journée internationale de la danse, organisée par le RQD : Caroline Dubois et Jody Hegel Photo : Sylvain Légaré
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dossier
Pour rester à l’avant-garde dans un monde où les communications sont instantanées, il y a au moins trois réformes fondamentales de notre manière de soutenir le milieu culturel qui doivent être enclenchées. La première de ces réformes a trait à la place du secteur privé dans le financement de la culture. Nous sommes, de ce point de vue, dans une situation intenable qui appelle un changement radical. Le secteur privé au Québec n’assume pas sa juste part du soutien de la culture : l’étude de la Chambre de commerce de Montréal intitulée Le financement privé de la culture a d’ailleurs fait éclater le mythe que la culture est une priorité de société au Québec. Les entreprises détenues par des francophones donnent deux fois moins que leur contrepartie anglophone à Toronto ; et globalement, à Montréal, les gens d’affaires s’impliquent moins dans les conseils d’administration et les campagnes de financement du secteur culturel.
printemps 2008
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4 + 5
Lieux de création
La danse en manque d’espace Fabienne Cabado
L’image idyllique de l’immense studio lumineux avec hauts plafonds et grands miroirs correspond rarement à la réalité des lieux auxquels les chorégraphes québécois ont accès. Ainsi, leur prolifique créativité se voit souvent entravée par les contraintes d’espace. Visite guidée des lieux de création montréalais.
Espace chorégraphique de la Compagnie Marie Chouinard Photo : Raoul Manuel Schnell
VIENS CHEZ MOI... Les grandes compagnies établies de longue date peuvent salarier leurs danseurs à l’année et disposent généralement de lieux de création permanents. Depuis 1980, Les Grands Ballets Canadiens de Montréal répètent dans trois studios, trop petits et mal adaptés à leurs besoins, qu’ils ne partagent avec personne. La La La Human Steps dispose de deux grands espaces qu’elle loue à des artistes et à des particuliers. Amie privilégiée de la compagnie, Louise Lecavalier en profite gracieusement, mais aucune résidence de création n’est proposée à des chorégraphes. Locataire du sous-sol de la Place des Arts, O Vertigo offre quant à elle des résidences gratuites à des créateurs sélectionnés sur dossier. En 2007, des chorégraphes de trois générations différentes ont pu en bénéficier : Erin Flynn, Katie Ward, Martin Bélanger et Daniel Léveillé. Quant à la Compagnie Marie Chouinard, qui a réclamé des locaux aux pouvoirs publics pendant une décennie, elle est devenue l’an dernier propriétaire d’un édifice comprenant, après travaux, un grand studio de création et un autre de plus petite taille. La location d’espace devrait contribuer à l’équilibre du budget de fonctionnement de l’édifice, mais la compagnie ne statuera pas sur la question avant septembre 2008, ni sur la possibilité d’offrir ou non des résidences gratuites. A priori, les tarifs horaires devraient s’aligner sur ceux du Studio Bizz (de 16 à 20 $/h), locateur de référence dans le milieu. L’étude menée par GLGC pour le compte du Forum des équipements culturels les a classés dans les plus élevés, avec ceux du Studio Métronome et de la Place des Arts.
| SOLUTIONS POUR « SANS DOMICILE FIXE » Des compagnies plus modestes louent également leurs locaux et certaines, comme la Compagnie Flak, offrent des résidences gratuites sur demande des créateurs. Il arrive aussi, trop peu souvent selon GLGC, que les « sans domicile fixe » se voient proposer une résidence de création et/ou de production de la part de leur diffuseur. Certains d’entre eux ont aussi la chance de pouvoir investir les studios du Département de danse de l’Université du Québec à Montréal ou des institutions où ils enseignent la danse au grand public. La gratuité se négocie alors souvent en échange d’une visibilité dans le site Internet de l’artiste ou sur son programme de spectacle, mais la disponibilité est malheureusement souvent limitée. Les deux studios du Conseil des arts de Montréal (ex-CACUM devenu CAM) sont les plus abordables avec des tarifs inférieurs à 10 $/h taxes comprises. Hélas, ils sont prioritairement occupés par les danseurs de [bjm_danse], il faut s’y prendre à l’avance pour avoir une place et le problème sera aggravé par la perte d’un studio à l’occasion du déménagement prochain de l’institution.
La santé et la sécurité des danseurs sont affectées par les conditions inadéquates de pratique. Dans ce contexte difficile, si chacun trouve ses propres solutions, tout le monde s’entend sur la nécessité de créer des équipements collectifs et l’idée de coopératives est souvent mentionnée par les jeunes chorégraphes. Parallèlement aux conclusions de GLGC soulignant qu’il manque à Montréal quatre studios et un studio laboratoire permettant de reproduire les conditions scéniques, les créateurs de la ville de Québec déplorent aussi le manque d’espaces de création malgré de nouveaux lieux à la Rotonde. Parmi les impacts relevés dans l’étude montréalaise, on note que la santé et la sécurité des danseurs sont affectées par les conditions inadéquates de pratique et que la création réalisée dans de petits espaces rend difficile son déploiement sur grand plateau et en tournée. Parfois même, le passage du studio à la salle de spectacle entraîne d’importants frais techniques d’ajustement, sans compter le stress et la frustration vécus par les artistes. L’urgence pour les pouvoirs publics de se pencher sérieusement sur le dossier fait l’unanimité.
printemps 2008
En décembre 2007, la firme Gagné Leclerc Groupe conseil (GLGC) a rendu compte des premiers résultats d’une étude sur les lieux réservés à la danse professionnelle sur l’île de Montréal. Dans le cadre d’un inventaire des demandeurs de lieux, elle a recensé 49 organismes de création de petite à grande envergure, 26 compagnies qualifiées d’émergentes pour être nées depuis 1999 et 102 chorégraphes indépendants. Cela équivaut à près de 180 créateurs qui, selon le Regroupement québécois de la danse, sont à l’origine de 80 % des œuvres de danse québécoises, le Québec étant lui-même le berceau de 50 % de la production canadienne en danse professionnelle. Et si, lorsqu’on assiste à un spectacle, on a tendance à penser que les danseurs sont salariés à plein temps et que tout ce beau monde se retrouve chaque jour dans le même lieu pour créer, la plupart du temps, c’est absolument faux.
accents danse |
dossier
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Lieux de création
La danse en manque d’espace Fabienne Cabado
L’image idyllique de l’immense studio lumineux avec hauts plafonds et grands miroirs correspond rarement à la réalité des lieux auxquels les chorégraphes québécois ont accès. Ainsi, leur prolifique créativité se voit souvent entravée par les contraintes d’espace. Visite guidée des lieux de création montréalais.
Espace chorégraphique de la Compagnie Marie Chouinard Photo : Raoul Manuel Schnell
VIENS CHEZ MOI... Les grandes compagnies établies de longue date peuvent salarier leurs danseurs à l’année et disposent généralement de lieux de création permanents. Depuis 1980, Les Grands Ballets Canadiens de Montréal répètent dans trois studios, trop petits et mal adaptés à leurs besoins, qu’ils ne partagent avec personne. La La La Human Steps dispose de deux grands espaces qu’elle loue à des artistes et à des particuliers. Amie privilégiée de la compagnie, Louise Lecavalier en profite gracieusement, mais aucune résidence de création n’est proposée à des chorégraphes. Locataire du sous-sol de la Place des Arts, O Vertigo offre quant à elle des résidences gratuites à des créateurs sélectionnés sur dossier. En 2007, des chorégraphes de trois générations différentes ont pu en bénéficier : Erin Flynn, Katie Ward, Martin Bélanger et Daniel Léveillé. Quant à la Compagnie Marie Chouinard, qui a réclamé des locaux aux pouvoirs publics pendant une décennie, elle est devenue l’an dernier propriétaire d’un édifice comprenant, après travaux, un grand studio de création et un autre de plus petite taille. La location d’espace devrait contribuer à l’équilibre du budget de fonctionnement de l’édifice, mais la compagnie ne statuera pas sur la question avant septembre 2008, ni sur la possibilité d’offrir ou non des résidences gratuites. A priori, les tarifs horaires devraient s’aligner sur ceux du Studio Bizz (de 16 à 20 $/h), locateur de référence dans le milieu. L’étude menée par GLGC pour le compte du Forum des équipements culturels les a classés dans les plus élevés, avec ceux du Studio Métronome et de la Place des Arts.
| SOLUTIONS POUR « SANS DOMICILE FIXE » Des compagnies plus modestes louent également leurs locaux et certaines, comme la Compagnie Flak, offrent des résidences gratuites sur demande des créateurs. Il arrive aussi, trop peu souvent selon GLGC, que les « sans domicile fixe » se voient proposer une résidence de création et/ou de production de la part de leur diffuseur. Certains d’entre eux ont aussi la chance de pouvoir investir les studios du Département de danse de l’Université du Québec à Montréal ou des institutions où ils enseignent la danse au grand public. La gratuité se négocie alors souvent en échange d’une visibilité dans le site Internet de l’artiste ou sur son programme de spectacle, mais la disponibilité est malheureusement souvent limitée. Les deux studios du Conseil des arts de Montréal (ex-CACUM devenu CAM) sont les plus abordables avec des tarifs inférieurs à 10 $/h taxes comprises. Hélas, ils sont prioritairement occupés par les danseurs de [bjm_danse], il faut s’y prendre à l’avance pour avoir une place et le problème sera aggravé par la perte d’un studio à l’occasion du déménagement prochain de l’institution.
La santé et la sécurité des danseurs sont affectées par les conditions inadéquates de pratique. Dans ce contexte difficile, si chacun trouve ses propres solutions, tout le monde s’entend sur la nécessité de créer des équipements collectifs et l’idée de coopératives est souvent mentionnée par les jeunes chorégraphes. Parallèlement aux conclusions de GLGC soulignant qu’il manque à Montréal quatre studios et un studio laboratoire permettant de reproduire les conditions scéniques, les créateurs de la ville de Québec déplorent aussi le manque d’espaces de création malgré de nouveaux lieux à la Rotonde. Parmi les impacts relevés dans l’étude montréalaise, on note que la santé et la sécurité des danseurs sont affectées par les conditions inadéquates de pratique et que la création réalisée dans de petits espaces rend difficile son déploiement sur grand plateau et en tournée. Parfois même, le passage du studio à la salle de spectacle entraîne d’importants frais techniques d’ajustement, sans compter le stress et la frustration vécus par les artistes. L’urgence pour les pouvoirs publics de se pencher sérieusement sur le dossier fait l’unanimité.
printemps 2008
En décembre 2007, la firme Gagné Leclerc Groupe conseil (GLGC) a rendu compte des premiers résultats d’une étude sur les lieux réservés à la danse professionnelle sur l’île de Montréal. Dans le cadre d’un inventaire des demandeurs de lieux, elle a recensé 49 organismes de création de petite à grande envergure, 26 compagnies qualifiées d’émergentes pour être nées depuis 1999 et 102 chorégraphes indépendants. Cela équivaut à près de 180 créateurs qui, selon le Regroupement québécois de la danse, sont à l’origine de 80 % des œuvres de danse québécoises, le Québec étant lui-même le berceau de 50 % de la production canadienne en danse professionnelle. Et si, lorsqu’on assiste à un spectacle, on a tendance à penser que les danseurs sont salariés à plein temps et que tout ce beau monde se retrouve chaque jour dans le même lieu pour créer, la plupart du temps, c’est absolument faux.
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Marie-France Garon
Rubberbandance Group en résidence à la Cinquième Salle
Photo : Sylvain Légaré
Depuis 2003, la Cinquième Salle de la Place des Arts (PdA) offre un soutien à la production d’œuvres chorégraphiques par le biais de résidences de création à des artistes dont elle diffuse les productions. Premier chorégraphe à en bénéficier, Paul-André Fortier y a développé trois projets en quatre ans. C’est le Rubberbandance Group (RBDG), compagnie en pleine effervescence codirigée par Victor Quijada et Anne Plamondon, qui a pris la relève. Jusqu’en 2009, il profitera de ce domicile temporaire et y présentera déjà une nouvelle création, Le corps fusion, du 26 au 29 mars 2008.
CIRCUIT-EST, UN EXEMPLE INSPIRANT Créé il y a plus de 20 ans par un collectif de 10 jeunes chorégraphes,
Édifice Jean-Pierre-Perrault Photos : Emmanuel Jouthe
le centre chorégraphique Circuit-Est est aujourd’hui composé de six membres : Louise Bédard Danse, Sylvain Émard Danse, Le Carré des Lombes, Fortier Danse Création, Et Marianne et Simon et Danse Carpe Diem/Emmanuel Jouthe. Il soutient la recherche et la création en danse contemporaine en offrant des résidences, la location de studios et divers programmes de perfectionnement avec des professeurs de renommée internationale. L’association qui gérait déjà deux studios rue Saint-André a pu bonifier son parc immobilier de deux studios supplémentaires, dont un laboratoire, grâce à l’acquisition en 2007 de l’édifice Jean-Pierre-Perreault, sur la rue Sherbrooke.
Dans le cadre de cette résidence, la PdA offre aux artistes une salle de répétition et du soutien technique et elle les rémunère pour les soirs de représentations, leur participation à des activités de développement de publics et leurs conseils artistiques à la direction de la PdA. D’après Marie Lavigne, directrice générale de la PdA, ce programme permet de « promouvoir la culture en synergie avec les forces vives du milieu culturel » et, pour les artistes, il sert de tremplin vers une reconnaissance plus importante de leur travail sans créer un trou béant dans leurs budgets de production. Pour la PdA, c’est aussi une façon de fidéliser de nouveaux publics, car, selon Sophie Labelle, chargée de projet à la direction de la programmation, le RBDG, avec ses alliages de danse contemporaine et de breakdance, devrait attirer un public plus jeune et plus nombreux.
Victor Quijada et Anne Plamondon Photos : Federico Ciminari
accents danse |
printemps 2008
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dossier
8 + 9
Marie-France Garon
Rubberbandance Group en résidence à la Cinquième Salle
Photo : Sylvain Légaré
Depuis 2003, la Cinquième Salle de la Place des Arts (PdA) offre un soutien à la production d’œuvres chorégraphiques par le biais de résidences de création à des artistes dont elle diffuse les productions. Premier chorégraphe à en bénéficier, Paul-André Fortier y a développé trois projets en quatre ans. C’est le Rubberbandance Group (RBDG), compagnie en pleine effervescence codirigée par Victor Quijada et Anne Plamondon, qui a pris la relève. Jusqu’en 2009, il profitera de ce domicile temporaire et y présentera déjà une nouvelle création, Le corps fusion, du 26 au 29 mars 2008.
CIRCUIT-EST, UN EXEMPLE INSPIRANT Créé il y a plus de 20 ans par un collectif de 10 jeunes chorégraphes,
Édifice Jean-Pierre-Perrault Photos : Emmanuel Jouthe
le centre chorégraphique Circuit-Est est aujourd’hui composé de six membres : Louise Bédard Danse, Sylvain Émard Danse, Le Carré des Lombes, Fortier Danse Création, Et Marianne et Simon et Danse Carpe Diem/Emmanuel Jouthe. Il soutient la recherche et la création en danse contemporaine en offrant des résidences, la location de studios et divers programmes de perfectionnement avec des professeurs de renommée internationale. L’association qui gérait déjà deux studios rue Saint-André a pu bonifier son parc immobilier de deux studios supplémentaires, dont un laboratoire, grâce à l’acquisition en 2007 de l’édifice Jean-Pierre-Perreault, sur la rue Sherbrooke.
Dans le cadre de cette résidence, la PdA offre aux artistes une salle de répétition et du soutien technique et elle les rémunère pour les soirs de représentations, leur participation à des activités de développement de publics et leurs conseils artistiques à la direction de la PdA. D’après Marie Lavigne, directrice générale de la PdA, ce programme permet de « promouvoir la culture en synergie avec les forces vives du milieu culturel » et, pour les artistes, il sert de tremplin vers une reconnaissance plus importante de leur travail sans créer un trou béant dans leurs budgets de production. Pour la PdA, c’est aussi une façon de fidéliser de nouveaux publics, car, selon Sophie Labelle, chargée de projet à la direction de la programmation, le RBDG, avec ses alliages de danse contemporaine et de breakdance, devrait attirer un public plus jeune et plus nombreux.
Victor Quijada et Anne Plamondon Photos : Federico Ciminari
accents danse |
printemps 2008
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dossier
10 + 11
Studio de l’ESBCM Photo : Michael Slobodian
accents danse |
printemps 2008
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dossier
Enseignement professionnel de la danse
Beaucoup d’ambitions, peu de moyens
Dans les années 30, Maurice Lacasse-Morenoff installait une des premières écoles de danse de Montréal dans un triplex résidentiel. Trois quarts de siècle plus tard, alors que la danse québécoise s'illustre aux quatre coins du monde, les écoles de formation professionnelle logent encore trop fréquemment dans des lieux de fortune, inadaptés et peu sécuritaires.
Stéphanie Brody Étudiants de LADMMI : Esther Rousseau-Morin, Julie Gauthier, Briana Brown, Anne Thériault, Patricia Allison Photo : Maxime Côté
UNE ÉCOLE AU CŒUR DU QUARTIER DES SPECTACLES Les locaux loués par LADMMI-L’école de danse contemporaine, rue Sainte-Catherine, deviennent parfois si étouffants en été que les cours doivent être annulés. Le bâtiment de 1912 ne peut être équipé d’un système de ventilation, ce qui, été comme hiver, augmente les risques de déshydratation et d’évanouissement pour les élèves du DEC en danseinterprétation. De plus, les studios ont des plafonds trop bas, ils n’ont pas d’équipement de scène, et des obstacles, dont des colonnes, y accroissent les risques d’accidents. Ces problèmes pourraient nuire à la renommée et au développement de LADMMI. Une solution s’impose : déménager ! En novembre 2006, après huit ans de réclamations, LADMMI marque enfin un point : le ministère de la Culture et des Communications du Québec lui octroie 6 millions de dollars en appui à la construction d’un édifice, angle Sainte-Catherine et Clark, dans le Quartier des spectacles. L’école, qui en sera copropriétaire, y disposerait de deux fois plus
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Studio de l’ESBCM Photo : Michael Slobodian
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dossier
Enseignement professionnel de la danse
Beaucoup d’ambitions, peu de moyens
Dans les années 30, Maurice Lacasse-Morenoff installait une des premières écoles de danse de Montréal dans un triplex résidentiel. Trois quarts de siècle plus tard, alors que la danse québécoise s'illustre aux quatre coins du monde, les écoles de formation professionnelle logent encore trop fréquemment dans des lieux de fortune, inadaptés et peu sécuritaires.
Stéphanie Brody Étudiants de LADMMI : Esther Rousseau-Morin, Julie Gauthier, Briana Brown, Anne Thériault, Patricia Allison Photo : Maxime Côté
UNE ÉCOLE AU CŒUR DU QUARTIER DES SPECTACLES Les locaux loués par LADMMI-L’école de danse contemporaine, rue Sainte-Catherine, deviennent parfois si étouffants en été que les cours doivent être annulés. Le bâtiment de 1912 ne peut être équipé d’un système de ventilation, ce qui, été comme hiver, augmente les risques de déshydratation et d’évanouissement pour les élèves du DEC en danseinterprétation. De plus, les studios ont des plafonds trop bas, ils n’ont pas d’équipement de scène, et des obstacles, dont des colonnes, y accroissent les risques d’accidents. Ces problèmes pourraient nuire à la renommée et au développement de LADMMI. Une solution s’impose : déménager ! En novembre 2006, après huit ans de réclamations, LADMMI marque enfin un point : le ministère de la Culture et des Communications du Québec lui octroie 6 millions de dollars en appui à la construction d’un édifice, angle Sainte-Catherine et Clark, dans le Quartier des spectacles. L’école, qui en sera copropriétaire, y disposerait de deux fois plus
DANSER DANS UN GARAGE L’École supérieure de ballet contemporain de Montréal (ESBCM) loge aussi dans des locaux inadéquats. La Maison de la danse Ludmilla-Chiriaeff, rue Rivard, dont l’ESBCM est propriétaire, est en fait un ancien stationnement à étages. Une étude de faisabilité de la rénovation et de l’agrandissement de ces locaux, commandée en 2001 par Didier Chirpaz, directeur artistique de l’école, révèle plusieurs problèmes, dont le manque d’étanchéité du revêtement extérieur et une ventilation déficiente. De plus, les vestiaires sont trop petits, les toilettes et les douches (de type résidentiel !), trop peu nombreuses, et les espaces de circulation ressemblent à un véritable labyrinthe.
« On oublie trop souvent que la formation et l’entraînement des danseurs ont des exigences comparables à celles d’athlètes de haut niveau. »* La concurrence est vive dans le milieu de la danse et le marché du travail ne connaît pas de frontières. Le statu quo risquerait de détourner les aspirants danseurs vers des écoles européennes ou encore l’École nationale de ballet du Canada, laquelle a bénéficié d’une réfection de 100 millions de dollars (voir l’encadré). Pour continuer d’offrir une formation de calibre international à la centaine d’étudiants inscrits à son programme danse-études, l’ESBCM souhaite, au minimum, et ce depuis nombre d’années, agrandir les studios d’enseignement, ajouter un studio de création, une salle de musculation, installer des vestiaires et des douches convenables et valoriser la Bibliothèque de la danse. En 2003, le gouvernement du Québec réservait 4,5 millions de dollars à une première phase de mise aux normes du bâtiment actuel ; la somme n’a pas encore été versée. Depuis septembre 2007, l’ESBCM travaille à déposer une demande de subvention auprès du Forum des équipements culturels pour réaliser une nouvelle étude de faisabilité.
HEUREUSES EN LA DEMEURE Si certaines institutions d’enseignement spécialisées en danse se sentent à l’étroit dans des lieux « reconditionnés », pour d’autres la situation demeure viable. Ainsi, le Département de danse de l’Université du Québec à Montréal se dit satisfait d’habiter l’ancienne Palestre nationale, rue Cherrier. Ce Pavillon de la danse, qui a déjà fait l’objet de deux rénovations importantes, comprend quatre studios de répétition très équipés (plancher résilient, systèmes audiovisuels, etc.), un atelier de costumes, une salle de montage, un centre de documentation et un centre d’essai chorégraphique. Située dans un édifice centenaire, l’École de danse de Québec est aussi heureuse de son sort. Dans le Centre de production artistique et culturelle Alyne-LeBel, elle dispose de quatre studios de danse bien équipés, de vestiaires, d’une salle d’entraînement, d’un centre de documentation ainsi que d’un local de soins de santé, et elle pourra éventuellement s’y approprier d’autres locaux.
* Extrait du mémoire intitulé L’avenir de la danse à Montréal, publié par le Regroupement québécois de la danse.
INT III, danseuse Anne Thériault photo : Maxime Côté, © Gracieuseté de Ladmmi
Photo : Tom Arban
d’espace. Le montage financier du projet, qui nécessitera quelque 5 millions de dollars supplémentaires, se poursuit, et Lucie Boissinot, directrice artistique et des études, ne doute pas qu’il sera mené à terme, les différents partenaires gouvernementaux lui ayant confirmé que le dossier demeurait prioritaire.
INSCRITE AU CŒUR DE TORONTO : L’ÉCOLE NATIONALE DE BALLET DU CANADA En novembre 2005, l’École nationale de ballet (ENB) de Toronto, fondée en 1959, inaugurait son nouveau campus de la rue Jarvis. Le projet d’immobilisations de 100 millions de dollars, qui intègre édifices neufs et patrimoniaux, a bénéficié d’une subvention de 40 millions de dollars de la part des gouvernements provincial et fédéral et de fonds privés considérables. Sis au cœur de la ville, le campus comprend notamment 12 studios de danse, dont trois vitrés, huit salles de classe, des laboratoires informatiques, de photographie et de sciences, ainsi qu’un studio d’art et une salle de musique. « Des locaux vibrants, chaleureux, sécuritaires, qui favorisent, dans leurs moindres recoins, l’éclosion des talents », note l’ENB sur son site Internet.
DANSER DANS UN GARAGE L’École supérieure de ballet contemporain de Montréal (ESBCM) loge aussi dans des locaux inadéquats. La Maison de la danse Ludmilla-Chiriaeff, rue Rivard, dont l’ESBCM est propriétaire, est en fait un ancien stationnement à étages. Une étude de faisabilité de la rénovation et de l’agrandissement de ces locaux, commandée en 2001 par Didier Chirpaz, directeur artistique de l’école, révèle plusieurs problèmes, dont le manque d’étanchéité du revêtement extérieur et une ventilation déficiente. De plus, les vestiaires sont trop petits, les toilettes et les douches (de type résidentiel !), trop peu nombreuses, et les espaces de circulation ressemblent à un véritable labyrinthe.
« On oublie trop souvent que la formation et l’entraînement des danseurs ont des exigences comparables à celles d’athlètes de haut niveau. »* La concurrence est vive dans le milieu de la danse et le marché du travail ne connaît pas de frontières. Le statu quo risquerait de détourner les aspirants danseurs vers des écoles européennes ou encore l’École nationale de ballet du Canada, laquelle a bénéficié d’une réfection de 100 millions de dollars (voir l’encadré). Pour continuer d’offrir une formation de calibre international à la centaine d’étudiants inscrits à son programme danse-études, l’ESBCM souhaite, au minimum, et ce depuis nombre d’années, agrandir les studios d’enseignement, ajouter un studio de création, une salle de musculation, installer des vestiaires et des douches convenables et valoriser la Bibliothèque de la danse. En 2003, le gouvernement du Québec réservait 4,5 millions de dollars à une première phase de mise aux normes du bâtiment actuel ; la somme n’a pas encore été versée. Depuis septembre 2007, l’ESBCM travaille à déposer une demande de subvention auprès du Forum des équipements culturels pour réaliser une nouvelle étude de faisabilité.
HEUREUSES EN LA DEMEURE Si certaines institutions d’enseignement spécialisées en danse se sentent à l’étroit dans des lieux « reconditionnés », pour d’autres la situation demeure viable. Ainsi, le Département de danse de l’Université du Québec à Montréal se dit satisfait d’habiter l’ancienne Palestre nationale, rue Cherrier. Ce Pavillon de la danse, qui a déjà fait l’objet de deux rénovations importantes, comprend quatre studios de répétition très équipés (plancher résilient, systèmes audiovisuels, etc.), un atelier de costumes, une salle de montage, un centre de documentation et un centre d’essai chorégraphique. Située dans un édifice centenaire, l’École de danse de Québec est aussi heureuse de son sort. Dans le Centre de production artistique et culturelle Alyne-LeBel, elle dispose de quatre studios de danse bien équipés, de vestiaires, d’une salle d’entraînement, d’un centre de documentation ainsi que d’un local de soins de santé, et elle pourra éventuellement s’y approprier d’autres locaux.
* Extrait du mémoire intitulé L’avenir de la danse à Montréal, publié par le Regroupement québécois de la danse.
INT III, danseuse Anne Thériault photo : Maxime Côté, © Gracieuseté de Ladmmi
Photo : Tom Arban
d’espace. Le montage financier du projet, qui nécessitera quelque 5 millions de dollars supplémentaires, se poursuit, et Lucie Boissinot, directrice artistique et des études, ne doute pas qu’il sera mené à terme, les différents partenaires gouvernementaux lui ayant confirmé que le dossier demeurait prioritaire.
INSCRITE AU CŒUR DE TORONTO : L’ÉCOLE NATIONALE DE BALLET DU CANADA En novembre 2005, l’École nationale de ballet (ENB) de Toronto, fondée en 1959, inaugurait son nouveau campus de la rue Jarvis. Le projet d’immobilisations de 100 millions de dollars, qui intègre édifices neufs et patrimoniaux, a bénéficié d’une subvention de 40 millions de dollars de la part des gouvernements provincial et fédéral et de fonds privés considérables. Sis au cœur de la ville, le campus comprend notamment 12 studios de danse, dont trois vitrés, huit salles de classe, des laboratoires informatiques, de photographie et de sciences, ainsi qu’un studio d’art et une salle de musique. « Des locaux vibrants, chaleureux, sécuritaires, qui favorisent, dans leurs moindres recoins, l’éclosion des talents », note l’ENB sur son site Internet.
14 + 15 printemps 2008
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cultu re
En 2009, la danse québécoise tiendra les deuxièmes États généraux de son histoire. Pour préparer ce grand rassemblement, le Regroupement québécois de la danse (RQD) a mis en place les Grands Chantiers de la danse. Au moment du lancement de cette vaste entreprise, à l’automne dernier, Lorraine Hébert, directrice générale du RQD, nous expliquait de quoi il retournait. Propos recueillis par Benoit Pelletier
« Mon plus grand souhait est que tous comprennent vraiment, de l’intérieur, l’interdépendance des secteurs qui forment la chaîne de la danse professionnelle. »
Benoit Pelletier : Pourquoi lancer des Grands Chantiers de la danse ? Lorraine Hébert : À mon arrivée au RQD, en 2003, quelques coups durs frappaient la communauté de la danse. Je pense, entre autres, à la disparition du Festival international de nouvelle danse, suivie, en 2004, des déboires de la tournée européenne de Joe qui ont entraîné la fermeture, qui aurait pu être définitive, de l’Espace Jean-Pierre-Perreault. Durant ces deux années, le RQD planchait sur un nouveau plan stratégique qui se devait de prendre en compte la fragilité des acquis d’une discipline pourtant très vivante. Il fallait trouver les moyens de lui assurer des assises plus solides, plus durables, d’où l’idée d’inscrire le projet des Grands Chantiers de la danse dans le Plan stratégique 2005-2008. B.P. : Comment a-t-on accueilli le projet dans la communauté de la danse et chez les instances subventionnaires ? L.H. : Je dois avouer que le terme « grands chantiers », que je croyais évocateur, soulevait plus de questions que d’adhésions spontanées. En expliquant qu’il s’agissait de travaux préparatoires à des États généraux, une notion plus familière, l’idée a fait son chemin au sein de la communauté et auprès des instances subventionnaires. On a finalement compris le bienfondé de l’entreprise, l’importance d’une prise en charge par la communauté de la danse de son développement et du soutien indéfectible des pouvoirs publics. B.P. : Comment se dérouleront les travaux ? L.H. : Le conseil d’administration du RQD reste le maître d’œuvre des Grands Chantiers. Cela dit, il est important de rappeler que toute la communauté de la danse professionnelle est invitée à participer à cet effort de réflexion et d’identification de projets structurants pour la discipline. Pour ce faire, nous avons mis en
accents danse |
Les Grands Chantiers de la danse. Assurer l’avenir de notre discipline Anik Bissonnette, présidente du RQD, et Lorraine Hébert, directrice générale du RQD, lors du lancement des Grands Chantiers, le 28 octobre 2007
place une structure de gouvernance particulière. Un comité directeur, composé de sept à neuf personnes, dont deux administrateurs du conseil, guidera et assistera le chargé de projet et la direction générale dans la bonne marche des travaux. Ce comité travaillera, entre autres, sur les recommandations à soumettre aux États généraux à partir des propositions issues de cinq comités thématiques. Sous la présidence d’Anik Bissonnette, un comité des sages formé de trois à cinq personnes, dont certaines viendront d’autres domaines que la danse, conseillera le comité directeur dans la préparation des États généraux. Ce processus de délibération sera extrêmement important pour l’avenir de la danse puisqu’il déterminera le contenu d’un plan directeur pour la discipline. Cinq comités de travail, chacun composé de cinq à sept personnes, travailleront à cerner les enjeux spécifiques à chacune des thématiques retenues (« Relève disciplinaire : continuité et mutations », « Paradoxes et défis de la maind’œuvre qualifiée », « Conditions du métier et exigences de l’art », « Consolidation et régénération de l’infrastructure de la danse » et, enfin, « Territoires de la danse : ancrage et nomadisme »), à dégager des pistes de solutions et, finalement, à soumettre des recommandations au comité directeur. Les professionnels de la danse doivent donc s’attendre, en 2008, à être sollicités par les différents comités pour alimenter leur réflexion ou participer à des collectes de données.
B.P. : Quels grands enjeux ont été dégagés lors des ateliers préparatoires d’octobre ? L.H. : Ils sont nombreux, bien que certains traversent les cinq thématiques, d’où l’importance du travail d’analyse pour dégager des mandats clairs pour chacun des comités. La formation professionnelle, l’amélioration des conditions de la pratique, la reconnaissance des divers métiers de la danse, la pérennité des acquis de la danse et la consolidation de son infrastructure semblent se démarquer. Mais il faut encore creuser la riche matière issue des ateliers de lancement des Grands Chantiers. B.P. : Quels sont vos craintes et vos espoirs à cette étape-ci ? L.H. : Maintenant que le processus est enclenché, ma principale préoccupation est de réunir les ressources humaines et financières nécessaires pour qu’ils se déroulent le plus aisément possible et qu’ils remplissent ses promesses. Ensuite, mon plus grand souhait est que tous comprennent vraiment, de l’intérieur, l’interdépendance des secteurs qui forment la chaîne de la danse professionnelle. C’est-à-dire que l’on comprenne que le plus grand des enjeux est de renforcer tous les maillons de la chaîne en se fixant des priorités d’intervention et d’action dans le temps.
Pour suivre l’avancée des travaux des Grands Chantiers de la danse, consultez le bulletin électronique du RQD, I-Mouvance, à www.quebecdanse.org.
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cultu re
En 2009, la danse québécoise tiendra les deuxièmes États généraux de son histoire. Pour préparer ce grand rassemblement, le Regroupement québécois de la danse (RQD) a mis en place les Grands Chantiers de la danse. Au moment du lancement de cette vaste entreprise, à l’automne dernier, Lorraine Hébert, directrice générale du RQD, nous expliquait de quoi il retournait. Propos recueillis par Benoit Pelletier
« Mon plus grand souhait est que tous comprennent vraiment, de l’intérieur, l’interdépendance des secteurs qui forment la chaîne de la danse professionnelle. »
Benoit Pelletier : Pourquoi lancer des Grands Chantiers de la danse ? Lorraine Hébert : À mon arrivée au RQD, en 2003, quelques coups durs frappaient la communauté de la danse. Je pense, entre autres, à la disparition du Festival international de nouvelle danse, suivie, en 2004, des déboires de la tournée européenne de Joe qui ont entraîné la fermeture, qui aurait pu être définitive, de l’Espace Jean-Pierre-Perreault. Durant ces deux années, le RQD planchait sur un nouveau plan stratégique qui se devait de prendre en compte la fragilité des acquis d’une discipline pourtant très vivante. Il fallait trouver les moyens de lui assurer des assises plus solides, plus durables, d’où l’idée d’inscrire le projet des Grands Chantiers de la danse dans le Plan stratégique 2005-2008. B.P. : Comment a-t-on accueilli le projet dans la communauté de la danse et chez les instances subventionnaires ? L.H. : Je dois avouer que le terme « grands chantiers », que je croyais évocateur, soulevait plus de questions que d’adhésions spontanées. En expliquant qu’il s’agissait de travaux préparatoires à des États généraux, une notion plus familière, l’idée a fait son chemin au sein de la communauté et auprès des instances subventionnaires. On a finalement compris le bienfondé de l’entreprise, l’importance d’une prise en charge par la communauté de la danse de son développement et du soutien indéfectible des pouvoirs publics. B.P. : Comment se dérouleront les travaux ? L.H. : Le conseil d’administration du RQD reste le maître d’œuvre des Grands Chantiers. Cela dit, il est important de rappeler que toute la communauté de la danse professionnelle est invitée à participer à cet effort de réflexion et d’identification de projets structurants pour la discipline. Pour ce faire, nous avons mis en
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Les Grands Chantiers de la danse. Assurer l’avenir de notre discipline Anik Bissonnette, présidente du RQD, et Lorraine Hébert, directrice générale du RQD, lors du lancement des Grands Chantiers, le 28 octobre 2007
place une structure de gouvernance particulière. Un comité directeur, composé de sept à neuf personnes, dont deux administrateurs du conseil, guidera et assistera le chargé de projet et la direction générale dans la bonne marche des travaux. Ce comité travaillera, entre autres, sur les recommandations à soumettre aux États généraux à partir des propositions issues de cinq comités thématiques. Sous la présidence d’Anik Bissonnette, un comité des sages formé de trois à cinq personnes, dont certaines viendront d’autres domaines que la danse, conseillera le comité directeur dans la préparation des États généraux. Ce processus de délibération sera extrêmement important pour l’avenir de la danse puisqu’il déterminera le contenu d’un plan directeur pour la discipline. Cinq comités de travail, chacun composé de cinq à sept personnes, travailleront à cerner les enjeux spécifiques à chacune des thématiques retenues (« Relève disciplinaire : continuité et mutations », « Paradoxes et défis de la maind’œuvre qualifiée », « Conditions du métier et exigences de l’art », « Consolidation et régénération de l’infrastructure de la danse » et, enfin, « Territoires de la danse : ancrage et nomadisme »), à dégager des pistes de solutions et, finalement, à soumettre des recommandations au comité directeur. Les professionnels de la danse doivent donc s’attendre, en 2008, à être sollicités par les différents comités pour alimenter leur réflexion ou participer à des collectes de données.
B.P. : Quels grands enjeux ont été dégagés lors des ateliers préparatoires d’octobre ? L.H. : Ils sont nombreux, bien que certains traversent les cinq thématiques, d’où l’importance du travail d’analyse pour dégager des mandats clairs pour chacun des comités. La formation professionnelle, l’amélioration des conditions de la pratique, la reconnaissance des divers métiers de la danse, la pérennité des acquis de la danse et la consolidation de son infrastructure semblent se démarquer. Mais il faut encore creuser la riche matière issue des ateliers de lancement des Grands Chantiers. B.P. : Quels sont vos craintes et vos espoirs à cette étape-ci ? L.H. : Maintenant que le processus est enclenché, ma principale préoccupation est de réunir les ressources humaines et financières nécessaires pour qu’ils se déroulent le plus aisément possible et qu’ils remplissent ses promesses. Ensuite, mon plus grand souhait est que tous comprennent vraiment, de l’intérieur, l’interdépendance des secteurs qui forment la chaîne de la danse professionnelle. C’est-à-dire que l’on comprenne que le plus grand des enjeux est de renforcer tous les maillons de la chaîne en se fixant des priorités d’intervention et d’action dans le temps.
Pour suivre l’avancée des travaux des Grands Chantiers de la danse, consultez le bulletin électronique du RQD, I-Mouvance, à www.quebecdanse.org.
16 + 17
France Geoffroy et Tom Casey dans Confort à retardement de John Ottmann, Corpuscule danse Photos : Federico Ciminari
Léna Massiani
Danse in situ
Les artistes prennent le large
FACE AU FLEUVE Au Québec, Karine Ledoyen lance en 2002 le projet Osez ! sur le quai de Saint-Jean-Port-Joli. Des rencontres entre artistes et avec le public sont au cœur de cette démarche : un chorégraphe crée quotidiennement, pendant cinq jours,
À gauche : projet Osez ! 2007 Photo : Danse K par K Léna Massiani dans le projet Maison habitée Photo : Genaëlle Plédran
vingt minutes d’une nouvelle chorégraphie avec une quinzaine de jeunes interprètes. Au moment du coucher du soleil, le public découvre comment la danse évolue et se construit jusqu’à une œuvre finale de 45 minutes. Karine Ledoyen est rigoureuse quant au fait de constituer une équipe d’artistes qui ne se connaissent pas pour que cet échange stimule la création. La rencontre avec le public augmente le défi et enrichit le concept. Dehors, sur le quai, lieu de passage, des liens directs se tissent avec les passants. N’ayant plus la barrière de la scène, les danseurs et le public se mélangent après la danse. La gêne disparue, les gens questionnent et complimentent les artistes. À Saint-JeanPort-Joli, une assistance régulière s’est ainsi construite. Selon Karine Ledoyen, sortir la danse de son contexte permet de la rendre plus accessible à un public qui n’y a pas toujours accès. Investir des lieux nouveaux développe un public nouveau. En 2007, Osez ! a eu lieu sur les quais de quatre villes (Québec, Baie-Saint-Paul, Rimouski et Montréal) avec chaque fois un chorégraphe invité différent. Montrer que la danse se partage et se propage, tel est l’enjeu du projet. Son résultat est si probant qu’il sera exporté en 2008 à Newport, au pays de Galles, et à Bruxelles, en Belgique.
printemps 2008
En 1960, en Europe et aux États-Unis, naît un désir de libération collectif. Les mouvements de jeunesse éclatent et la contestation politique se propage dans tous les domaines. En art, l’esprit de révolte se manifeste dans la remise en cause du système marchand et les artistes critiquent les notions de vente et d’exposition. Cela les conduit à sortir des ateliers pour créer dans la nature, in situ, sur le lieu où l’œuvre est présentée. C’est dans ce contexte que se forme, en 1962, un groupe d’artistes new-yorkais. Ils se rassemblent à la Judson Church, lieu de recherche qui leur donnera leur nom. Parmi eux, les danseurs-chorégraphes Trisha Brown, Steve Paxton, Meredith Monk et Lucinda Childs refusent l’idée de scène et de spectaculaire. La danse sort alors du théâtre et d’autres espaces sont exploités. Dans Man Walking Down the Side of a Building, Trisha Brown choisit la façade d’un immeuble : un danseur, assuré par un équipement d’alpinisme, descend le long de la paroi. Depuis, la danse n’a cessé de se construire un autre espace de représentation et aujourd’hui de nombreux chorégraphes comme Sylvain Poirier et Lucie Grégoire, à Montréal, Thomas Duchatelet, les compagnies UrbanTek, Ex nihilo et Des prairies, en France, ou encore Philippe Saire, en Suisse, la propagent in situ.
accents danse |
Des danseurs qui investissent un ascenseur, des toilettes, un quai d’embarquement, un hall d’entrée, une esplanade... Le Squat de la Place des Arts, organisé à l’occasion de la Journée internationale de la danse 2007, a fait la part belle à la danse in situ. Regard sur un phénomène en plein essor.
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France Geoffroy et Tom Casey dans Confort à retardement de John Ottmann, Corpuscule danse Photos : Federico Ciminari
Léna Massiani
Danse in situ
Les artistes prennent le large
FACE AU FLEUVE Au Québec, Karine Ledoyen lance en 2002 le projet Osez ! sur le quai de Saint-Jean-Port-Joli. Des rencontres entre artistes et avec le public sont au cœur de cette démarche : un chorégraphe crée quotidiennement, pendant cinq jours,
À gauche : projet Osez ! 2007 Photo : Danse K par K Léna Massiani dans le projet Maison habitée Photo : Genaëlle Plédran
vingt minutes d’une nouvelle chorégraphie avec une quinzaine de jeunes interprètes. Au moment du coucher du soleil, le public découvre comment la danse évolue et se construit jusqu’à une œuvre finale de 45 minutes. Karine Ledoyen est rigoureuse quant au fait de constituer une équipe d’artistes qui ne se connaissent pas pour que cet échange stimule la création. La rencontre avec le public augmente le défi et enrichit le concept. Dehors, sur le quai, lieu de passage, des liens directs se tissent avec les passants. N’ayant plus la barrière de la scène, les danseurs et le public se mélangent après la danse. La gêne disparue, les gens questionnent et complimentent les artistes. À Saint-JeanPort-Joli, une assistance régulière s’est ainsi construite. Selon Karine Ledoyen, sortir la danse de son contexte permet de la rendre plus accessible à un public qui n’y a pas toujours accès. Investir des lieux nouveaux développe un public nouveau. En 2007, Osez ! a eu lieu sur les quais de quatre villes (Québec, Baie-Saint-Paul, Rimouski et Montréal) avec chaque fois un chorégraphe invité différent. Montrer que la danse se partage et se propage, tel est l’enjeu du projet. Son résultat est si probant qu’il sera exporté en 2008 à Newport, au pays de Galles, et à Bruxelles, en Belgique.
printemps 2008
En 1960, en Europe et aux États-Unis, naît un désir de libération collectif. Les mouvements de jeunesse éclatent et la contestation politique se propage dans tous les domaines. En art, l’esprit de révolte se manifeste dans la remise en cause du système marchand et les artistes critiquent les notions de vente et d’exposition. Cela les conduit à sortir des ateliers pour créer dans la nature, in situ, sur le lieu où l’œuvre est présentée. C’est dans ce contexte que se forme, en 1962, un groupe d’artistes new-yorkais. Ils se rassemblent à la Judson Church, lieu de recherche qui leur donnera leur nom. Parmi eux, les danseurs-chorégraphes Trisha Brown, Steve Paxton, Meredith Monk et Lucinda Childs refusent l’idée de scène et de spectaculaire. La danse sort alors du théâtre et d’autres espaces sont exploités. Dans Man Walking Down the Side of a Building, Trisha Brown choisit la façade d’un immeuble : un danseur, assuré par un équipement d’alpinisme, descend le long de la paroi. Depuis, la danse n’a cessé de se construire un autre espace de représentation et aujourd’hui de nombreux chorégraphes comme Sylvain Poirier et Lucie Grégoire, à Montréal, Thomas Duchatelet, les compagnies UrbanTek, Ex nihilo et Des prairies, en France, ou encore Philippe Saire, en Suisse, la propagent in situ.
accents danse |
Des danseurs qui investissent un ascenseur, des toilettes, un quai d’embarquement, un hall d’entrée, une esplanade... Le Squat de la Place des Arts, organisé à l’occasion de la Journée internationale de la danse 2007, a fait la part belle à la danse in situ. Regard sur un phénomène en plein essor.
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cultu re
Projet The Art, Raymond, un solo pour n interprètes de Katya Montaignac Photo : Maurice Pressé
Les jeunes qui ont grandi avec Internet exigent des lieux ouverts où ils peuvent interagir avec les œuvres. INCLURE LE PUBLIC, JOUER AVEC L’ESPACE Fondée par Marie Béland et Frédérick Gravel, La 2e Porte à Gauche est une maison de production montréalaise à but non lucratif, formée de professionnels de la danse. Cherchant à rendre la danse accessible au plus grand nombre, ce collectif monte des projets qui placent le rapport avec le public au cœur des démarches artistiques et qui invitent l’artiste à réfléchir à son rôle de médiateur en sortant la danse de son milieu. Ainsi, il a déjà invité des chorégraphes et interprètes de la relève à investir les vitrines du magasin Simons et il a mis en place The Art (prononcez dehors), performance de 12 projets présentés en extérieur sans discontinuer pendant deux jours. Il est aussi à l’origine du Blind Date, projet hybride qui transforme l’espace clos et réservé du théâtre en un espace ouvert et public : tandis que la danse se passe simultanément sur la scène de la Cinquième Salle et dans le hall de la Place des Arts, les spectateurs vont et viennent à
leur guise. Et grâce à la vidéo en direct, le public dans la salle voit celui du dehors réagir aux performances guidées par un ou plusieurs spectateurs. Grâce à l’interactivité, le public agit, réagit et s’amuse dans cet espace en transformation. UNE QUÉBÉCOISE À NEW YORK Noémie Lafrance, chorégraphe québécoise établie à New York depuis 10 ans, réalise ses chorégraphies pour des sites urbains inusités, tels qu’une piscine extérieure désaffectée, un cimetière, un stationnement souterrain lugubre ou une cage d’escalier en colimaçon. Elle aussi cherche à créer un nouveau rapport avec le public. Selon elle, tous ceux qui conçoivent des théâtres ou des musées ne semblent pas s’être rendu compte que les gens de sa génération (elle a 33 ans) ne veulent plus s’enfermer entre quatre murs pour assister à une représentation ou regarder une exposition. Les jeunes qui ont grandi avec Internet exigent des lieux ouverts où ils peuvent interagir avec les œuvres. Ce public veut être diverti et s’amuser dans l’œuvre, et non pas assister, passif, à des spectacles conventionnels, bien assis dans la salle. Il se transforme en « specacteur » et découvre la danse en participant et en donnant ainsi au spectacle sa touche finale. L’art de demain sera contextualisé ou ne sera pas. C’est ce que croient bon nombre de jeunes artistes.
À PROPOS DE L’AUTEURE Doctorante en études et pratiques des arts à l’Université du Québec à Montréal, Léna Massiani réalise une recherchecréation sur la danse in situ. S’intéressant aux ouvertures et fermetures du paysage urbain, elle a choisi pour cette recherche d’investir plusieurs espaces domestiques, provoquant le télescopage du public et du privé. Après avoir mené le projet Maison habitée à Paris et une Dépendaison de crémaillère à Montréal, elle s’associera au collectif La 2e Porte à Gauche pour le projet Danse en appart auquel participeront également les chorégraphes Erin Flynn, Élodie et Séverine Lombardo, Julie Châteauvert et Emmanuel Jouthe. Quels seront la place et le rôle des visiteurs dans l’appartement ? On le découvrira du 24 au 26 avril 2008 dans divers lieux listés sur www.la2eporteagauche.ca.
Projet The Art, Raymond, un solo pour n interprètes de Katya Montaignac Photo : Maurice Pressé
Les jeunes qui ont grandi avec Internet exigent des lieux ouverts où ils peuvent interagir avec les œuvres. INCLURE LE PUBLIC, JOUER AVEC L’ESPACE Fondée par Marie Béland et Frédérick Gravel, La 2e Porte à Gauche est une maison de production montréalaise à but non lucratif, formée de professionnels de la danse. Cherchant à rendre la danse accessible au plus grand nombre, ce collectif monte des projets qui placent le rapport avec le public au cœur des démarches artistiques et qui invitent l’artiste à réfléchir à son rôle de médiateur en sortant la danse de son milieu. Ainsi, il a déjà invité des chorégraphes et interprètes de la relève à investir les vitrines du magasin Simons et il a mis en place The Art (prononcez dehors), performance de 12 projets présentés en extérieur sans discontinuer pendant deux jours. Il est aussi à l’origine du Blind Date, projet hybride qui transforme l’espace clos et réservé du théâtre en un espace ouvert et public : tandis que la danse se passe simultanément sur la scène de la Cinquième Salle et dans le hall de la Place des Arts, les spectateurs vont et viennent à
leur guise. Et grâce à la vidéo en direct, le public dans la salle voit celui du dehors réagir aux performances guidées par un ou plusieurs spectateurs. Grâce à l’interactivité, le public agit, réagit et s’amuse dans cet espace en transformation. UNE QUÉBÉCOISE À NEW YORK Noémie Lafrance, chorégraphe québécoise établie à New York depuis 10 ans, réalise ses chorégraphies pour des sites urbains inusités, tels qu’une piscine extérieure désaffectée, un cimetière, un stationnement souterrain lugubre ou une cage d’escalier en colimaçon. Elle aussi cherche à créer un nouveau rapport avec le public. Selon elle, tous ceux qui conçoivent des théâtres ou des musées ne semblent pas s’être rendu compte que les gens de sa génération (elle a 33 ans) ne veulent plus s’enfermer entre quatre murs pour assister à une représentation ou regarder une exposition. Les jeunes qui ont grandi avec Internet exigent des lieux ouverts où ils peuvent interagir avec les œuvres. Ce public veut être diverti et s’amuser dans l’œuvre, et non pas assister, passif, à des spectacles conventionnels, bien assis dans la salle. Il se transforme en « specacteur » et découvre la danse en participant et en donnant ainsi au spectacle sa touche finale. L’art de demain sera contextualisé ou ne sera pas. C’est ce que croient bon nombre de jeunes artistes.
À PROPOS DE L’AUTEURE Doctorante en études et pratiques des arts à l’Université du Québec à Montréal, Léna Massiani réalise une recherchecréation sur la danse in situ. S’intéressant aux ouvertures et fermetures du paysage urbain, elle a choisi pour cette recherche d’investir plusieurs espaces domestiques, provoquant le télescopage du public et du privé. Après avoir mené le projet Maison habitée à Paris et une Dépendaison de crémaillère à Montréal, elle s’associera au collectif La 2e Porte à Gauche pour le projet Danse en appart auquel participeront également les chorégraphes Erin Flynn, Élodie et Séverine Lombardo, Julie Châteauvert et Emmanuel Jouthe. Quels seront la place et le rôle des visiteurs dans l’appartement ? On le découvrira du 24 au 26 avril 2008 dans divers lieux listés sur www.la2eporteagauche.ca.
20 + 21 En 1990, l’artiste performeuse espagnole Angels Margarit donne Atlantic 306 dans des chambres d’hôtel, utilisant cet espace intime pour abolir la distance entre elle et le public. Le titre de l’œuvre vient du numéro de la première chambre où elle danse la pièce de 17 minutes en boucle, durant deux heures, devant dix spectateurs à la fois. Récemment, Paul-André Fortier a présenté son Solo 30 x 30 dans des lieux publics extérieurs de Rome, Londres, Montréal, Yamaguchi, Ottawa, Nancy, Newcastle, etc., interprétant une pièce de 30 minutes pendant 30 jours consécutifs, à la même heure, adaptant la performance à la température. Cherchant à supprimer la distance entre elle et le public, la Montréalaise Line Nault se produit dans un hangar et prend le thé avec les spectateurs avant de danser parmi eux. Depuis 1997, le Regroupement québécois de la danse célèbre la Journée internationale de la danse en organisant des performances présentées dans les rues et le métro par des chorégraphes québécois connus et moins connus.
En 1978, le chorégraphe québécois Jean-Pierre Perreault fait danser des femmes dans un pré avec des vaches. Tous ces spectacles de danse présentés dans des lieux inhabituels ont changé l’idée que le public peut se faire de la danse, lui permettant de voir la danse et les danseurs dans une nouvelle perspective. Les artistes, de leur côté, ont dû trouver de nouvelles façons d’utiliser ces espaces et créer des pièces capables de retenir l’attention du passant. Un défi stimulant pour la danse !
Brève histoire de la danse in situ Vincent Warren, C.M., historien de la danse
Si les jeunes chorégraphes privés de lieux de représentation se sont parfois approprié l’espace urbain pour exposer leur travail, la danse in situ inspire depuis longtemps des créateurs désireux de repousser les limites de leur art.
Ginette Boutin dans Danse dans la neige, Les Saisons Sullivan Photos : Marion Landry © Françoise Sullivan, avec l’aimable autorisation de la Galerie de l’UQAM
accents danse |
Au XXe siècle, de nombreux artistes, insatisfaits de la froideur et des restrictions des espaces d’interprétation traditionnels (salles d’opéra avec rideaux de scène vieil or, spectateurs assis selon leurs moyens et leur rang), commencent à danser dans des lieux que la danse ne fréquente pas habituellement. Inspirée par la nature et voulant que son public perçoive sa joie, la grande révolutionnaire Isadora Duncan danse parfois dans des jardins et soutient qu’elle a appris le mouvement de la mer et des arbres. En 1917, la danseuse expressionniste allemande Mary Wigman danse sur les rives d’un lac suisse pour montrer l’extase qu’elle ressent dans la nature. En 1947, la chorégraphe-interprète québécoise Françoise Sullivan, sensible à la puissance de la nature, imagine une série de pièces répondant aux quatre saisons et réalise deux de ces œuvres innovatrices : une danse sur la plage des Escoumins et sa fameuse Danse dans la neige, photographiée par Maurice Perron et filmée par Jean-Paul Riopelle (le film a malheureusement été perdu). Elle complétera ce projet en 2007 avec quatre danseuses et en tirera un film ainsi qu’une série de superbes photos. Dans les années 80, Françoise Sullivan continue à chorégraphier des œuvres pour de nouveaux espaces, par exemple Accumulation V pour six danseurs et cinq automobiles, présentée dans un stationnement. Comme de nombreux autres créateurs, elle offre également des pièces dans des galeries d’art et des gymnases. À partir des années 60, d’autres chorégraphes créent des pièces pour des sites spécifiques, présentées in situ. Parmi ceux-ci, la chorégraphe postmoderniste bien connue Trisha Brown produit des pièces dansées sur les toits de New York, que l’on regarde des fenêtres de son studio. Plus tard, en 1978, le Québécois Jean-Pierre Perreault fait danser des femmes dans un pré avec des vaches dans sa pièce Dames aux vaches et présente 50 danseurs dans un environnement extérieur dans Highway 86 Event, dans le cadre d’Expo 86 à Vancouver.
printemps 2008
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histoire
20 + 21 En 1990, l’artiste performeuse espagnole Angels Margarit donne Atlantic 306 dans des chambres d’hôtel, utilisant cet espace intime pour abolir la distance entre elle et le public. Le titre de l’œuvre vient du numéro de la première chambre où elle danse la pièce de 17 minutes en boucle, durant deux heures, devant dix spectateurs à la fois. Récemment, Paul-André Fortier a présenté son Solo 30 x 30 dans des lieux publics extérieurs de Rome, Londres, Montréal, Yamaguchi, Ottawa, Nancy, Newcastle, etc., interprétant une pièce de 30 minutes pendant 30 jours consécutifs, à la même heure, adaptant la performance à la température. Cherchant à supprimer la distance entre elle et le public, la Montréalaise Line Nault se produit dans un hangar et prend le thé avec les spectateurs avant de danser parmi eux. Depuis 1997, le Regroupement québécois de la danse célèbre la Journée internationale de la danse en organisant des performances présentées dans les rues et le métro par des chorégraphes québécois connus et moins connus.
En 1978, le chorégraphe québécois Jean-Pierre Perreault fait danser des femmes dans un pré avec des vaches. Tous ces spectacles de danse présentés dans des lieux inhabituels ont changé l’idée que le public peut se faire de la danse, lui permettant de voir la danse et les danseurs dans une nouvelle perspective. Les artistes, de leur côté, ont dû trouver de nouvelles façons d’utiliser ces espaces et créer des pièces capables de retenir l’attention du passant. Un défi stimulant pour la danse !
Brève histoire de la danse in situ Vincent Warren, C.M., historien de la danse
Si les jeunes chorégraphes privés de lieux de représentation se sont parfois approprié l’espace urbain pour exposer leur travail, la danse in situ inspire depuis longtemps des créateurs désireux de repousser les limites de leur art.
Ginette Boutin dans Danse dans la neige, Les Saisons Sullivan Photos : Marion Landry © Françoise Sullivan, avec l’aimable autorisation de la Galerie de l’UQAM
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Au XXe siècle, de nombreux artistes, insatisfaits de la froideur et des restrictions des espaces d’interprétation traditionnels (salles d’opéra avec rideaux de scène vieil or, spectateurs assis selon leurs moyens et leur rang), commencent à danser dans des lieux que la danse ne fréquente pas habituellement. Inspirée par la nature et voulant que son public perçoive sa joie, la grande révolutionnaire Isadora Duncan danse parfois dans des jardins et soutient qu’elle a appris le mouvement de la mer et des arbres. En 1917, la danseuse expressionniste allemande Mary Wigman danse sur les rives d’un lac suisse pour montrer l’extase qu’elle ressent dans la nature. En 1947, la chorégraphe-interprète québécoise Françoise Sullivan, sensible à la puissance de la nature, imagine une série de pièces répondant aux quatre saisons et réalise deux de ces œuvres innovatrices : une danse sur la plage des Escoumins et sa fameuse Danse dans la neige, photographiée par Maurice Perron et filmée par Jean-Paul Riopelle (le film a malheureusement été perdu). Elle complétera ce projet en 2007 avec quatre danseuses et en tirera un film ainsi qu’une série de superbes photos. Dans les années 80, Françoise Sullivan continue à chorégraphier des œuvres pour de nouveaux espaces, par exemple Accumulation V pour six danseurs et cinq automobiles, présentée dans un stationnement. Comme de nombreux autres créateurs, elle offre également des pièces dans des galeries d’art et des gymnases. À partir des années 60, d’autres chorégraphes créent des pièces pour des sites spécifiques, présentées in situ. Parmi ceux-ci, la chorégraphe postmoderniste bien connue Trisha Brown produit des pièces dansées sur les toits de New York, que l’on regarde des fenêtres de son studio. Plus tard, en 1978, le Québécois Jean-Pierre Perreault fait danser des femmes dans un pré avec des vaches dans sa pièce Dames aux vaches et présente 50 danseurs dans un environnement extérieur dans Highway 86 Event, dans le cadre d’Expo 86 à Vancouver.
printemps 2008
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histoire
Maurice Béjart Le révolutionnaire passionné Brydon Paige dans Labyrinth de Eric Hyrst, 1960 Lynn Seymour et Brydon Paige, 1953
Brydon Paige L’infatigable pionnier Vincent Warren, C.M., historien de la danse
La danse canadienne a perdu en octobre dernier un des personnages importants de son histoire. Connu à la scène sous le nom de Brydon Paige, Brydone James Duncan fut danseur, professeur, chorégraphe et directeur d'opéra et de ballet. Brydon Paige (1933-2007) est l’un des pionniers de la danse au Canada et au Québec. Originaire de Vancouver, il suit une formation en ballet à 16 ans avec Kay Armstrong et vient à Montréal avec sa troupe dès 1950, pour le troisième Festival du ballet canadien. Trois ans plus tard, il revient à Montréal et commence à danser pour Ludmilla Chiriaeff à la toute jeune Société Radio-Canada. Il est l’un des membres fondateurs des Ballets Chiriaeff qui deviendront Les Grands Ballets Canadiens (GBC) en 1957. Interprète robuste, Brydon Paige excelle dans les rôles comiques et dramatiques, et devient l’un des danseurs phares de la compagnie. Partenaire de Milenka Niederlova dans Sea Gallows (chorégraphie d’Eric Hyrst, 1959), son interprétation de l’amant qui se transforme en tueur fou marque les esprits par son énergie passionnée. Encouragé par Ludmilla Chiriaeff, Brydon Paige commence à chorégraphier. Ses premières pièces, dont Bérubée, Folies françaises et Médée, révèlent un esprit à la fois méthodique et inventif. Il devient bientôt maître de ballet et chorégraphe en résidence des Grands Ballets tout en continuant à interpréter des rôles dramatiques, comme le terrible sorcier Von Rothbart dans
Le Lac des cygnes ou l’une des vilaines sœurs dans Cendrillon. Il quitte GBC pour prendre le poste de directeur artistique du Ballet national du Guatemala et monte, en 1969, ses propres versions de Roméo et Juliette et de Carmina Burana. Il revient à Montréal en 1972 pour diriger Les Compagnons de la danse, puis devient le directeur artistique de l’Alberta Ballet en 1976. Il y restera 10 ans, amenant cette petite compagnie à occuper une place importante sur la scène culturelle canadienne par des décisions artistiques perspicaces et un travail incessant. Il forme de nombreux jeunes danseurs tels que Marianne Beauséjour et Claude Caron. Il dirige également brièvement le Ballet national du Portugal, mais sa dernière œuvre majeure demeure la mise en scène de l’immense Aïda, qu’il présente dans les grandes capitales du monde. Il revient ensuite à Montréal, où il dirige les programmes de ballet à l’école Pierre-Laporte et à Ballet Divertimento. Il est décédé après une longue lutte contre les complications d’une maladie cardiaque et manquera beaucoup à ses compagnons de travail et aux artistes qui le connaissaient.
Dans les années soixante, le grand chorégraphe français Maurice Béjart (1927-2007) attire un tout nouveau public de jeunes vers la danse. Ses œuvres Le Sacre du printemps (1960) et Boléro (1961) montrent des danseurs vêtus de simples collants de danse, sans aucune ornementation, qui bougent d’une façon nouvelle et audacieuse. Il présente ses spectacles dans des centres sportifs, à des tarifs très bas, et va chercher les étudiants universitaires, que les tutus et le maniérisme caractéristique du ballet classique de cette période ennuyaient profondément. Fils du philosophe Gaston Berger, Béjart s’approprie le vocabulaire de la danse classique et l’utilise de manière très personnelle pour parler de révolution dans son Oiseau de feu, avec des références évidentes aux partisans cubains. Sa version de Roméo et Juliette reflète clairement le slogan des soixantehuitards : « Faites l’amour, pas la guerre ! » Intéressé par d’autres cultures, il chorégraphie Bhakti, qui intègre des images de dieux hindous, et Kabuki, qui illustre sa fascination pour le Japon. Il collabore avec des musiciens innovateurs, tels que Pierre Henry (connu pour ses expériences de musique concrète), Pierre Boulez, Iannis Xenakis et Karlheinz Stockhausen. Mais il s’inspire également de grands compositeurs classiques comme Richard Wagner et Gustav Mahler. Maurice Béjart réintègre l’interprète masculin comme figure centrale de l’œuvre, créant de grands rôles pour son compagnon Jorge Donn et suscitant de nombreuses vocations de danseurs. Après des débuts un peu lents en France, il est invité à Bruxelles en 1959, où il installe sa compagnie, Ballet du XXe siècle, qui aura une influence majeure sur tout le continent européen. Il y reste 27 ans, avant de s’établir à Lausanne, en Suisse, où il poursuit sa recherche créative et forme de nombreux jeunes danseurs dans son école-atelier Rudra Béjart Lausanne, et il parcourt le monde avec le Béjart Ballet Lausanne, fondé en 1987. Maurice Béjart : une présence forte, un regard bleu perçant, une intelligence, un humanisme et une discipline qui laissent une trace inoubliable dans l’art de la danse.
Maurice Béjart, aux Grands Ballets Canadiens, pour remonter L’Oiseau de feu, en 1972 Photo : André Le Coz
Le 22 novembre dernier, Maurice Béjart rendait son dernier souffle à l’âge de 80 ans. Chorégraphe du masculin, il a su attirer le grand public à la danse et a signé quelques 250 chorégraphies en un demi-siècle de création.
| printemps 2008
Vincent Warren, C.M., historien de la danse
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histoire
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Maurice Béjart Le révolutionnaire passionné Brydon Paige dans Labyrinth de Eric Hyrst, 1960 Lynn Seymour et Brydon Paige, 1953
Brydon Paige L’infatigable pionnier Vincent Warren, C.M., historien de la danse
La danse canadienne a perdu en octobre dernier un des personnages importants de son histoire. Connu à la scène sous le nom de Brydon Paige, Brydone James Duncan fut danseur, professeur, chorégraphe et directeur d'opéra et de ballet. Brydon Paige (1933-2007) est l’un des pionniers de la danse au Canada et au Québec. Originaire de Vancouver, il suit une formation en ballet à 16 ans avec Kay Armstrong et vient à Montréal avec sa troupe dès 1950, pour le troisième Festival du ballet canadien. Trois ans plus tard, il revient à Montréal et commence à danser pour Ludmilla Chiriaeff à la toute jeune Société Radio-Canada. Il est l’un des membres fondateurs des Ballets Chiriaeff qui deviendront Les Grands Ballets Canadiens (GBC) en 1957. Interprète robuste, Brydon Paige excelle dans les rôles comiques et dramatiques, et devient l’un des danseurs phares de la compagnie. Partenaire de Milenka Niederlova dans Sea Gallows (chorégraphie d’Eric Hyrst, 1959), son interprétation de l’amant qui se transforme en tueur fou marque les esprits par son énergie passionnée. Encouragé par Ludmilla Chiriaeff, Brydon Paige commence à chorégraphier. Ses premières pièces, dont Bérubée, Folies françaises et Médée, révèlent un esprit à la fois méthodique et inventif. Il devient bientôt maître de ballet et chorégraphe en résidence des Grands Ballets tout en continuant à interpréter des rôles dramatiques, comme le terrible sorcier Von Rothbart dans
Le Lac des cygnes ou l’une des vilaines sœurs dans Cendrillon. Il quitte GBC pour prendre le poste de directeur artistique du Ballet national du Guatemala et monte, en 1969, ses propres versions de Roméo et Juliette et de Carmina Burana. Il revient à Montréal en 1972 pour diriger Les Compagnons de la danse, puis devient le directeur artistique de l’Alberta Ballet en 1976. Il y restera 10 ans, amenant cette petite compagnie à occuper une place importante sur la scène culturelle canadienne par des décisions artistiques perspicaces et un travail incessant. Il forme de nombreux jeunes danseurs tels que Marianne Beauséjour et Claude Caron. Il dirige également brièvement le Ballet national du Portugal, mais sa dernière œuvre majeure demeure la mise en scène de l’immense Aïda, qu’il présente dans les grandes capitales du monde. Il revient ensuite à Montréal, où il dirige les programmes de ballet à l’école Pierre-Laporte et à Ballet Divertimento. Il est décédé après une longue lutte contre les complications d’une maladie cardiaque et manquera beaucoup à ses compagnons de travail et aux artistes qui le connaissaient.
Dans les années soixante, le grand chorégraphe français Maurice Béjart (1927-2007) attire un tout nouveau public de jeunes vers la danse. Ses œuvres Le Sacre du printemps (1960) et Boléro (1961) montrent des danseurs vêtus de simples collants de danse, sans aucune ornementation, qui bougent d’une façon nouvelle et audacieuse. Il présente ses spectacles dans des centres sportifs, à des tarifs très bas, et va chercher les étudiants universitaires, que les tutus et le maniérisme caractéristique du ballet classique de cette période ennuyaient profondément. Fils du philosophe Gaston Berger, Béjart s’approprie le vocabulaire de la danse classique et l’utilise de manière très personnelle pour parler de révolution dans son Oiseau de feu, avec des références évidentes aux partisans cubains. Sa version de Roméo et Juliette reflète clairement le slogan des soixantehuitards : « Faites l’amour, pas la guerre ! » Intéressé par d’autres cultures, il chorégraphie Bhakti, qui intègre des images de dieux hindous, et Kabuki, qui illustre sa fascination pour le Japon. Il collabore avec des musiciens innovateurs, tels que Pierre Henry (connu pour ses expériences de musique concrète), Pierre Boulez, Iannis Xenakis et Karlheinz Stockhausen. Mais il s’inspire également de grands compositeurs classiques comme Richard Wagner et Gustav Mahler. Maurice Béjart réintègre l’interprète masculin comme figure centrale de l’œuvre, créant de grands rôles pour son compagnon Jorge Donn et suscitant de nombreuses vocations de danseurs. Après des débuts un peu lents en France, il est invité à Bruxelles en 1959, où il installe sa compagnie, Ballet du XXe siècle, qui aura une influence majeure sur tout le continent européen. Il y reste 27 ans, avant de s’établir à Lausanne, en Suisse, où il poursuit sa recherche créative et forme de nombreux jeunes danseurs dans son école-atelier Rudra Béjart Lausanne, et il parcourt le monde avec le Béjart Ballet Lausanne, fondé en 1987. Maurice Béjart : une présence forte, un regard bleu perçant, une intelligence, un humanisme et une discipline qui laissent une trace inoubliable dans l’art de la danse.
Maurice Béjart, aux Grands Ballets Canadiens, pour remonter L’Oiseau de feu, en 1972 Photo : André Le Coz
Le 22 novembre dernier, Maurice Béjart rendait son dernier souffle à l’âge de 80 ans. Chorégraphe du masculin, il a su attirer le grand public à la danse et a signé quelques 250 chorégraphies en un demi-siècle de création.
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Vincent Warren, C.M., historien de la danse
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histoire
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Katya Montaignac
« Repenser l’enseignement, c’est aussi se donner les moyens de repenser la danse, et réciproquement », écrit la chercheuse et auteure française Julie Perrin, convaincue que le renouvellement de l’art chorégraphique passe également par la formation du danseur. Une réflexion en parfaite résonance avec le système actuel d’enseignement de la danse dans l’Hexagone.
Au-delà de l’apprentissage d’une technique corporelle, les écoles de danse proposent souvent une définition particulière de l’art chorégraphique. De nombreux chorégraphes ont ainsi fondé leur école à l’image de leur esthétique (et de leur idéologie) : Isadora Duncan, Martha Graham, Mary Wigman, José Limón, l’école Mudra de Maurice Béjart, etc. À chaque projet pédagogique correspond donc un modèle artistique
printemps 2008
L’enseignement en mutation
spécifique. La France, pays fondateur de l’Académie Royale de la danse, connue pour son traditionalisme mais également pour ses critiques et rébellions contre toute forme d’absolutisme, offre des enseignements extrêmement variés au sein de ses institutions régulièrement en crise et en débat. La formation du danseur forme et transforme à ce titre le champ de la création chorégraphique. LES VOIES ROYALES En France, il existe six formations supérieures pour devenir danseur : l’école de danse de l’Opéra national de Paris, les conservatoires nationaux supérieurs de Paris et de Lyon, l’École nationale supérieure de danse de Marseille, l’École supérieure de danse de Cannes Rosella Hightower et, enfin, le Centre national de danse contemporaine d’Angers (CNDC). Partout, les enseignements tendent à se diversifier : outre l’apprentissage des techniques classique et moderne, les étudiants suivent des cours de musique, d’histoire de la danse, d’anatomie, d’analyse du mouvement, d’improvisation et de composition chorégraphique. L’objectif est de former des danseurs polyvalents toujours plus efficaces et plus performants. Les élèves ont d’ailleurs l’occasion d’effectuer un travail de création avec des chorégraphes invités, souvent au sein d’une classe d’insertion professionnelle (ou jeune ballet) pendant leur dernière année de formation. Contrairement au Québec, les programmes dispensés dans les universités françaises ne sont pas destinés à former des danseurs. Les objectifs de ces cursus universitaires consistent à offrir une formation critique et théorique sur la danse, afin de compléter et nourrir la formation du danseur ou encore faciliter sa reconversion. Même si l’articulation théorie/pratique est considérée comme l’enjeu principal de ces formations, l’enseignement y demeure essentiellement théorique. APPRENTISSAGE PAR L’IMMERSION Outre ces six voies royales, certains programmes pédagogiques s’organisent en lien direct avec le milieu professionnel. Une cellule de formation professionnelle en danse contemporaine à Istres et le Centre de développement chorégraphique de Toulouse forment ainsi des artistes chorégraphiques grâce à des professeurs et des chorégraphes invités chaque année. Plusieurs centres chorégraphiques nationaux (CCN), comme le Ballet de Lorraine, le Ballet Thierry Malandain à Biarritz et le CCN de Grenoble, intègrent également au sein de leur compagnie de jeunes danseurs « stagiaires » ayant achevé leur formation. À l’échelle européenne, le programme de formation D.A.N.C.E. propose un apprentissage alliant les techniques des danses classique et contemporaine avec d’autres disciplines artistiques.
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Formation de l’interprète en France
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formation
« Une école moderne, c’est une école qui formule un projet esthétique. Un projet explicite, particulier, spécifique. La modernité est un terrain de critiques, de positionnements et de remises en question. » Boris Charmatz, chorégraphe
Enfin, des projets de formation innovateurs, davantage axés sur la création et la recherche, fleurissent dans le paysage chorégraphique français. Au CCN de Montpellier, le programme ex.e.r.ce offre un lieu d’expérience et de rencontres articulé autour d’ateliers avec des chorégraphes invités et de projets personnels. En 2003-2004, le Centre national de la danse confiait au chorégraphe Boris Charmatz un projet pédagogique atypique baptisé Bocal, réunissant des étudiants aux profils divers dans différents lieux de pratique : studio de danse, salles de spectacle et sites en plein air. Ce projet délibérément « polémique » interrogeait et critiquait les cadres mêmes de sa propre structure, postulant, à l’image de la création contemporaine, que l’école est aussi un lieu de questionnements et de doutes. L’enjeu : proposer un projet esthétique ou « une esthétique de la pédagogie ». L’intérêt de ces formations parallèles réside dans la dynamique qu’elles insufflent. Car il n’existe pas une réponse idéale mais de multiples solutions pour (re)penser l’école de danse en fonction de l’évolution de l’art chorégraphique et de l’émergence de nouvelles formes esthétiques.
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Katya Montaignac
« Repenser l’enseignement, c’est aussi se donner les moyens de repenser la danse, et réciproquement », écrit la chercheuse et auteure française Julie Perrin, convaincue que le renouvellement de l’art chorégraphique passe également par la formation du danseur. Une réflexion en parfaite résonance avec le système actuel d’enseignement de la danse dans l’Hexagone.
Au-delà de l’apprentissage d’une technique corporelle, les écoles de danse proposent souvent une définition particulière de l’art chorégraphique. De nombreux chorégraphes ont ainsi fondé leur école à l’image de leur esthétique (et de leur idéologie) : Isadora Duncan, Martha Graham, Mary Wigman, José Limón, l’école Mudra de Maurice Béjart, etc. À chaque projet pédagogique correspond donc un modèle artistique
printemps 2008
L’enseignement en mutation
spécifique. La France, pays fondateur de l’Académie Royale de la danse, connue pour son traditionalisme mais également pour ses critiques et rébellions contre toute forme d’absolutisme, offre des enseignements extrêmement variés au sein de ses institutions régulièrement en crise et en débat. La formation du danseur forme et transforme à ce titre le champ de la création chorégraphique. LES VOIES ROYALES En France, il existe six formations supérieures pour devenir danseur : l’école de danse de l’Opéra national de Paris, les conservatoires nationaux supérieurs de Paris et de Lyon, l’École nationale supérieure de danse de Marseille, l’École supérieure de danse de Cannes Rosella Hightower et, enfin, le Centre national de danse contemporaine d’Angers (CNDC). Partout, les enseignements tendent à se diversifier : outre l’apprentissage des techniques classique et moderne, les étudiants suivent des cours de musique, d’histoire de la danse, d’anatomie, d’analyse du mouvement, d’improvisation et de composition chorégraphique. L’objectif est de former des danseurs polyvalents toujours plus efficaces et plus performants. Les élèves ont d’ailleurs l’occasion d’effectuer un travail de création avec des chorégraphes invités, souvent au sein d’une classe d’insertion professionnelle (ou jeune ballet) pendant leur dernière année de formation. Contrairement au Québec, les programmes dispensés dans les universités françaises ne sont pas destinés à former des danseurs. Les objectifs de ces cursus universitaires consistent à offrir une formation critique et théorique sur la danse, afin de compléter et nourrir la formation du danseur ou encore faciliter sa reconversion. Même si l’articulation théorie/pratique est considérée comme l’enjeu principal de ces formations, l’enseignement y demeure essentiellement théorique. APPRENTISSAGE PAR L’IMMERSION Outre ces six voies royales, certains programmes pédagogiques s’organisent en lien direct avec le milieu professionnel. Une cellule de formation professionnelle en danse contemporaine à Istres et le Centre de développement chorégraphique de Toulouse forment ainsi des artistes chorégraphiques grâce à des professeurs et des chorégraphes invités chaque année. Plusieurs centres chorégraphiques nationaux (CCN), comme le Ballet de Lorraine, le Ballet Thierry Malandain à Biarritz et le CCN de Grenoble, intègrent également au sein de leur compagnie de jeunes danseurs « stagiaires » ayant achevé leur formation. À l’échelle européenne, le programme de formation D.A.N.C.E. propose un apprentissage alliant les techniques des danses classique et contemporaine avec d’autres disciplines artistiques.
accents danse |
Formation de l’interprète en France
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formation
« Une école moderne, c’est une école qui formule un projet esthétique. Un projet explicite, particulier, spécifique. La modernité est un terrain de critiques, de positionnements et de remises en question. » Boris Charmatz, chorégraphe
Enfin, des projets de formation innovateurs, davantage axés sur la création et la recherche, fleurissent dans le paysage chorégraphique français. Au CCN de Montpellier, le programme ex.e.r.ce offre un lieu d’expérience et de rencontres articulé autour d’ateliers avec des chorégraphes invités et de projets personnels. En 2003-2004, le Centre national de la danse confiait au chorégraphe Boris Charmatz un projet pédagogique atypique baptisé Bocal, réunissant des étudiants aux profils divers dans différents lieux de pratique : studio de danse, salles de spectacle et sites en plein air. Ce projet délibérément « polémique » interrogeait et critiquait les cadres mêmes de sa propre structure, postulant, à l’image de la création contemporaine, que l’école est aussi un lieu de questionnements et de doutes. L’enjeu : proposer un projet esthétique ou « une esthétique de la pédagogie ». L’intérêt de ces formations parallèles réside dans la dynamique qu’elles insufflent. Car il n’existe pas une réponse idéale mais de multiples solutions pour (re)penser l’école de danse en fonction de l’évolution de l’art chorégraphique et de l’émergence de nouvelles formes esthétiques.
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formation
A Mile Stone In Quebec Dance History
Plein feux sur une méthode
Le Gyrotonic Judith Ouimet
La technique Gyrotonic est une méthode qui est recommandée pour le danseur qui souhaite améliorer sa performance ou corriger certains défauts posturaux. Par un travail réalisé symétriquement et basé sur l’antigravité, la technique Gyrotonic favorise effectivement l’ouverture des articulations et prévient alors les bursites et les tendinites. Elle permet le réalignement de chacune des vertèbres de la colonne et empêche les raideurs musculaires. Pascale Léonard souligne : « il faut travailler comme un chat, en élongation. Lorsqu’un danseur accomplit un grand battement, on lui demande de pousser dans le sol pour arriver à une meilleure élévation de la jambe ; c’est le même principe qui s’applique ici ! » Grâce à sa large gamme d’exercices et à ses programmes personnalisés, le Gyrotonic peut répondre aux besoins de tous, quelles que soient leur condition et leurs aptitudes physiques. Cette méthode d’entraînement est désormais offerte dans une dizaine de lieux au Québec.
Une nouvelle forme d’exercices qui prend sa source dans la discipline millénaire du yoga s’est implantée à Montréal. Le système d’expansion Gyrotonic permet au danseur, ainsi qu’à tout amateur d’exercices, d’assouplir sa musculature en profondeur, tout en la renforçant.
Le système d’expansion Gyrotonic a été créé dans les années 80 par le Hongrois Juliu Horvath. Ex-danseur classique, Horvath avait tendance à se blesser fréquemment. Amateur de yoga et de gyms douces, il désirait trouver une forme d’exercices parallèle qui lui permettrait d’exceller dans son métier tout en évitant les blessures. En s’inspirant du mouvement rotatoire de la « pirouette », il élabora alors un appareil qui serait dédié au service du corps du danseur. C’est ainsi qu’est né le Gyrotonic. Gyro pour « cercle » et tonic pour « force ». La technique Gyrotonic est une méthode qui est recommandée pour le danseur qui souhaite améliorer sa performance ou corriger certains défauts posturaux. Deux types de cours
sont offerts : un sur appareil et en privé, et l’autre en groupe pour la Gyrokinesis, qui est du yoga en mouvement. Sous la supervision d’un professeur, les exercices du système d’expansion Gyrotonic se réalisent en position assise ou debout. Grâce à un système d’agrès constitués de sangles, de poids et de poulies, la technique a pour principal objectif de solliciter de nombreux muscles de manière circulaire, en spirale et en ondulation, tout en mettant l’accent sur la tonification de la musculature et sur son étirement. Au Québec, c’est l’ancienne danseuse Pascale Léonard qui a été la première à faire appel à cette méthode qu’elle a découverte en 1996. Elle prétend que la méthode lui permet d’être encore plus en forme
accents danse |
Fernand Nault (1921-2006):
printemps 2008
physiquement que lorsqu’elle dansait. « En accomplissant le mouvement circulairement et symétriquement, appuyé par l’impact de la respiration, il faut chercher à atteindre, dans le diamètre du cercle décrit, le point le plus éloigné de soi. Cela permet alors l’ouverture des articulations », explique Pascale Léonard.
Photos : Vincent Roy
Pour en savoir plus sur la technique Gyrotonic et sur son créateur : www.gyrotonic.com Studio de Pascale Léonard : www.muvma.com
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A Mile Stone In Quebec Dance History
Plein feux sur une méthode
Le Gyrotonic Judith Ouimet
La technique Gyrotonic est une méthode qui est recommandée pour le danseur qui souhaite améliorer sa performance ou corriger certains défauts posturaux. Par un travail réalisé symétriquement et basé sur l’antigravité, la technique Gyrotonic favorise effectivement l’ouverture des articulations et prévient alors les bursites et les tendinites. Elle permet le réalignement de chacune des vertèbres de la colonne et empêche les raideurs musculaires. Pascale Léonard souligne : « il faut travailler comme un chat, en élongation. Lorsqu’un danseur accomplit un grand battement, on lui demande de pousser dans le sol pour arriver à une meilleure élévation de la jambe ; c’est le même principe qui s’applique ici ! » Grâce à sa large gamme d’exercices et à ses programmes personnalisés, le Gyrotonic peut répondre aux besoins de tous, quelles que soient leur condition et leurs aptitudes physiques. Cette méthode d’entraînement est désormais offerte dans une dizaine de lieux au Québec.
Une nouvelle forme d’exercices qui prend sa source dans la discipline millénaire du yoga s’est implantée à Montréal. Le système d’expansion Gyrotonic permet au danseur, ainsi qu’à tout amateur d’exercices, d’assouplir sa musculature en profondeur, tout en la renforçant.
Le système d’expansion Gyrotonic a été créé dans les années 80 par le Hongrois Juliu Horvath. Ex-danseur classique, Horvath avait tendance à se blesser fréquemment. Amateur de yoga et de gyms douces, il désirait trouver une forme d’exercices parallèle qui lui permettrait d’exceller dans son métier tout en évitant les blessures. En s’inspirant du mouvement rotatoire de la « pirouette », il élabora alors un appareil qui serait dédié au service du corps du danseur. C’est ainsi qu’est né le Gyrotonic. Gyro pour « cercle » et tonic pour « force ». La technique Gyrotonic est une méthode qui est recommandée pour le danseur qui souhaite améliorer sa performance ou corriger certains défauts posturaux. Deux types de cours
sont offerts : un sur appareil et en privé, et l’autre en groupe pour la Gyrokinesis, qui est du yoga en mouvement. Sous la supervision d’un professeur, les exercices du système d’expansion Gyrotonic se réalisent en position assise ou debout. Grâce à un système d’agrès constitués de sangles, de poids et de poulies, la technique a pour principal objectif de solliciter de nombreux muscles de manière circulaire, en spirale et en ondulation, tout en mettant l’accent sur la tonification de la musculature et sur son étirement. Au Québec, c’est l’ancienne danseuse Pascale Léonard qui a été la première à faire appel à cette méthode qu’elle a découverte en 1996. Elle prétend que la méthode lui permet d’être encore plus en forme
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Fernand Nault (1921-2006):
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physiquement que lorsqu’elle dansait. « En accomplissant le mouvement circulairement et symétriquement, appuyé par l’impact de la respiration, il faut chercher à atteindre, dans le diamètre du cercle décrit, le point le plus éloigné de soi. Cela permet alors l’ouverture des articulations », explique Pascale Léonard.
Photos : Vincent Roy
Pour en savoir plus sur la technique Gyrotonic et sur son créateur : www.gyrotonic.com Studio de Pascale Léonard : www.muvma.com
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santé
accents danse |
Nutrition
L’équilibre à la carte Catherine Naulleau, Dt.P., M.Sc.
L’alimentation, on le sait, joue un rôle majeur dans la santé des êtres humains en général et dans l’optimisation des capacités physiques du danseur. Voici donc quelques conseils pour élaborer vos menus et préparer vos boîtes à lunch.
LES GLUCIDES Ils représentent la principale source d’énergie pour le corps. Absorbés par les muscles, les glucides se transforment ensuite en glycogène, qui nourrit les muscles et les cellules actives durant l’effort. Plus l’effort est intense, plus les réserves de glucides sont sollicitées. Il existe une catégorie de glucides qui procurent de l’énergie à long terme : les « glucides complexes ». On les trouve notamment dans les produits à grains : pain, céréales, pâtes. Ils contiennent également une quantité importante de fibres alimentaires qui prolongent le processus de digestion et fournissent de l’énergie sur une plus longue durée. LES PROTÉINES Elles constituent un élément essentiel pour renforcer les muscles, les os et les organes. La puissance musculaire étant essentielle pour un danseur, les protéines occupent une place capitale dans son alimentation. Il est important de bien en connaître les sources animales et végétales pour éviter les carences en acide aminé essentiel. Le contenu protéique varie selon ces deux types de protéines. Les protéines animales (volailles, poissons...) sont dites complètes tandis que les protéines végétales doivent être combinées entre elles (par exemple : tofu et légumineuses ou pain et noix) pour être aussi efficaces. LES LIPIDES Les lipides, ou matières grasses, procurent deux fois plus d’énergie que les protéines et les glucides. Mais attention :
Conseils d’un ami ostéopathe Que peut faire un interprète pour éviter les blessures et se garantir une très longue carrière ? Quand la question m’a été posée, j’ai immédiatement pensé que ça équivalait à demander comment vivre centenaire et en santé. C’est, en fait, le rêve de tout un chacun.
Une bonne alimentation et une bonne hydratation assureront au danseur de meilleures performances. L’EAU C’EST LA VIE L’eau est vitale pour le bon équilibre du métabolisme. Elle transporte l’énergie et les nutriments jusque dans les muscles et les cellules, et favorise l’évacuation des toxines. Durant l’effort, la température du corps augmente. Le surplus de chaleur doit s’évacuer, c’est pourquoi on transpire pour permettre au corps de se refroidir. Si elles ne sont pas remplacées, les pertes d’eau entraînent un effet de déshydratation qui affecte les performances physiques. Un danseur qui ne boit pas assez n’est pas à l’abri d’une crampe musculaire ou d’une blessure, puisque le muscle a besoin d’eau pour fonctionner. Il est recommandé de boire au minimum deux litres par jour. En somme, une bonne alimentation et une bonne hydratation assureront au danseur de meilleures performances. Chaque morphologie étant différente, il est primordial pour chacun de déterminer ses propres besoins alimentaires en fonction de son sexe, de sa taille, de son poids et de l’activité physique pratiquée.
Au quotidien de ma pratique ostéopathique sur les danseurs, la fréquence des lésions se répartit ainsi : 30 % sont des pathologies du bassin, 25 % concernent des problèmes de pied, 20 % des maux de dos, et les 25 % restants sont des pathologies diverses. Les danseurs et danseuses sont des sportifs de haut niveau, passionnés, qui ne reculent pas devant les exigences extrêmes que leur demande l’exercice de leur art. Cela implique forcément des risques. Car la passion dans la pratique professionnelle d’une activité physique de haut niveau rime généralement avec dépassement et excès. Les contraintes imposées par la rigueur de l’entraînement et les exigences de l’art renforcent le danger de blessure et d’usure précoce. C’est pourquoi il est important de limiter les dégâts en respectant quelques règles de base. Bien souvent certaines d’entre elles sont mises de côté par négligence ou lassitude. C’est alors la porte ouverte aux pathologies. N’oublions pas que, pour se structurer, le corps et l’esprit adorent la routine : se lever à la même heure, faire son rituel, s’entraîner… C’est la base de notre équilibre et c’est aussi ce qui nous permet de progresser. Alors, sans jouer les prophètes, rappelons quelques commandements :
1. Ne jamais perdre de vue son rêve. 2. Avoir du plaisir. 3. Se lever à la même heure tous les matins. 4. S’alimenter adéquatement. 5. S’entraîner chaque jour comme il se doit : • échauffement obligatoire ; • hydratation très stricte ; • respect des positions : un alignement parfait des structures articulaires et un mouvement répété souvent vont programmer dans le cerveau LE schéma corporel, autrement dit, le positionnement du corps dans l’espace. Lors des représentations, c’est ce qui donnera, pour les spectateurs profanes, une fluidité, une sensation de facilité parce que le geste est parfait. 6. Écouter et respecter son corps : certains jours on peut forcer, d’autres pas. Sans les points 1 et 2, il n’y a aucun avenir en danse. Sans les autres points, la fatigue et le surmenage entraîneront des pathologies : entorses, claquages, bursites, tendinites, fractures... Maurice Béjart nous a quittés l’an dernier, à 80 ans. Le rêve et le plaisir l’ont habité jusqu’à la fin et les règles 3, 4, 5 et 6 faisaient partie de son quotidien. Un exemple à suivre !
Photo : Federico Ciminari
Les glucides, les protéines, les lipides, les fibres, les vitamines et les minéraux constituent les principaux nutriments dont le corps a besoin pour fonctionner adéquatement et contribuent au maintien d’un bon niveau d’énergie, mais chacun de façon différente. Il est donc important de combiner ces éléments de base à chaque repas.
une alimentation trop grasse peut nuire aux performances du danseur. Consommés de façon raisonnable, ils constituent un apport primordial pour notamment lubrifier les articulations. Les gras essentiels constituent une bonne source de lipides. On en trouve dans les poissons gras (maquereau, sardine, saumon), les noix, le beurre d’arachide naturel, les avocats et l’hummus . Par ailleurs, une alimentation variée et équilibrée permettra au danseur de combler tous ses besoins en vitamines et minéraux.
© Photo : Alexandr Labetskiy | Agence : Dreamstime.com
UNE ASSIETTE ÉQUILIBRÉE
Frédéric Watine, ostéopathe
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santé
accents danse |
Nutrition
L’équilibre à la carte Catherine Naulleau, Dt.P., M.Sc.
L’alimentation, on le sait, joue un rôle majeur dans la santé des êtres humains en général et dans l’optimisation des capacités physiques du danseur. Voici donc quelques conseils pour élaborer vos menus et préparer vos boîtes à lunch.
LES GLUCIDES Ils représentent la principale source d’énergie pour le corps. Absorbés par les muscles, les glucides se transforment ensuite en glycogène, qui nourrit les muscles et les cellules actives durant l’effort. Plus l’effort est intense, plus les réserves de glucides sont sollicitées. Il existe une catégorie de glucides qui procurent de l’énergie à long terme : les « glucides complexes ». On les trouve notamment dans les produits à grains : pain, céréales, pâtes. Ils contiennent également une quantité importante de fibres alimentaires qui prolongent le processus de digestion et fournissent de l’énergie sur une plus longue durée. LES PROTÉINES Elles constituent un élément essentiel pour renforcer les muscles, les os et les organes. La puissance musculaire étant essentielle pour un danseur, les protéines occupent une place capitale dans son alimentation. Il est important de bien en connaître les sources animales et végétales pour éviter les carences en acide aminé essentiel. Le contenu protéique varie selon ces deux types de protéines. Les protéines animales (volailles, poissons...) sont dites complètes tandis que les protéines végétales doivent être combinées entre elles (par exemple : tofu et légumineuses ou pain et noix) pour être aussi efficaces. LES LIPIDES Les lipides, ou matières grasses, procurent deux fois plus d’énergie que les protéines et les glucides. Mais attention :
Conseils d’un ami ostéopathe Que peut faire un interprète pour éviter les blessures et se garantir une très longue carrière ? Quand la question m’a été posée, j’ai immédiatement pensé que ça équivalait à demander comment vivre centenaire et en santé. C’est, en fait, le rêve de tout un chacun.
Une bonne alimentation et une bonne hydratation assureront au danseur de meilleures performances. L’EAU C’EST LA VIE L’eau est vitale pour le bon équilibre du métabolisme. Elle transporte l’énergie et les nutriments jusque dans les muscles et les cellules, et favorise l’évacuation des toxines. Durant l’effort, la température du corps augmente. Le surplus de chaleur doit s’évacuer, c’est pourquoi on transpire pour permettre au corps de se refroidir. Si elles ne sont pas remplacées, les pertes d’eau entraînent un effet de déshydratation qui affecte les performances physiques. Un danseur qui ne boit pas assez n’est pas à l’abri d’une crampe musculaire ou d’une blessure, puisque le muscle a besoin d’eau pour fonctionner. Il est recommandé de boire au minimum deux litres par jour. En somme, une bonne alimentation et une bonne hydratation assureront au danseur de meilleures performances. Chaque morphologie étant différente, il est primordial pour chacun de déterminer ses propres besoins alimentaires en fonction de son sexe, de sa taille, de son poids et de l’activité physique pratiquée.
Au quotidien de ma pratique ostéopathique sur les danseurs, la fréquence des lésions se répartit ainsi : 30 % sont des pathologies du bassin, 25 % concernent des problèmes de pied, 20 % des maux de dos, et les 25 % restants sont des pathologies diverses. Les danseurs et danseuses sont des sportifs de haut niveau, passionnés, qui ne reculent pas devant les exigences extrêmes que leur demande l’exercice de leur art. Cela implique forcément des risques. Car la passion dans la pratique professionnelle d’une activité physique de haut niveau rime généralement avec dépassement et excès. Les contraintes imposées par la rigueur de l’entraînement et les exigences de l’art renforcent le danger de blessure et d’usure précoce. C’est pourquoi il est important de limiter les dégâts en respectant quelques règles de base. Bien souvent certaines d’entre elles sont mises de côté par négligence ou lassitude. C’est alors la porte ouverte aux pathologies. N’oublions pas que, pour se structurer, le corps et l’esprit adorent la routine : se lever à la même heure, faire son rituel, s’entraîner… C’est la base de notre équilibre et c’est aussi ce qui nous permet de progresser. Alors, sans jouer les prophètes, rappelons quelques commandements :
1. Ne jamais perdre de vue son rêve. 2. Avoir du plaisir. 3. Se lever à la même heure tous les matins. 4. S’alimenter adéquatement. 5. S’entraîner chaque jour comme il se doit : • échauffement obligatoire ; • hydratation très stricte ; • respect des positions : un alignement parfait des structures articulaires et un mouvement répété souvent vont programmer dans le cerveau LE schéma corporel, autrement dit, le positionnement du corps dans l’espace. Lors des représentations, c’est ce qui donnera, pour les spectateurs profanes, une fluidité, une sensation de facilité parce que le geste est parfait. 6. Écouter et respecter son corps : certains jours on peut forcer, d’autres pas. Sans les points 1 et 2, il n’y a aucun avenir en danse. Sans les autres points, la fatigue et le surmenage entraîneront des pathologies : entorses, claquages, bursites, tendinites, fractures... Maurice Béjart nous a quittés l’an dernier, à 80 ans. Le rêve et le plaisir l’ont habité jusqu’à la fin et les règles 3, 4, 5 et 6 faisaient partie de son quotidien. Un exemple à suivre !
Photo : Federico Ciminari
Les glucides, les protéines, les lipides, les fibres, les vitamines et les minéraux constituent les principaux nutriments dont le corps a besoin pour fonctionner adéquatement et contribuent au maintien d’un bon niveau d’énergie, mais chacun de façon différente. Il est donc important de combiner ces éléments de base à chaque repas.
une alimentation trop grasse peut nuire aux performances du danseur. Consommés de façon raisonnable, ils constituent un apport primordial pour notamment lubrifier les articulations. Les gras essentiels constituent une bonne source de lipides. On en trouve dans les poissons gras (maquereau, sardine, saumon), les noix, le beurre d’arachide naturel, les avocats et l’hummus . Par ailleurs, une alimentation variée et équilibrée permettra au danseur de combler tous ses besoins en vitamines et minéraux.
© Photo : Alexandr Labetskiy | Agence : Dreamstime.com
UNE ASSIETTE ÉQUILIBRÉE
Frédéric Watine, ostéopathe
infos danse
réper toire SITES D’INTÉRÊT Artsvivants.ca Site web éducatif sur la danse www.artsalive.ca
Livres et DVDs Une sélection de Marie-Josée Lecours, bibliothécaire de la Bibliothèque de la danse de l’École supérieure de ballet contemporain de Montréal HOMMAGE À L’ART DE PINA BAUSCH
En complément, l’éditeur ajoute une biographie ainsi que le répertoire complet des œuvres de Pina Bausch. Un ouvrage magnifique qui réjouira les innombrables admirateurs de cette grande créatrice. Actes Sud, 2007
LE MONDE SELON PREJLOCAJ
Kontakthof, avec des dames et messieurs au-dessus de 65 ans
marquante de la danse européenne, a mené un âpre combat, souvent politique, avant que se concrétise enfin le Pavillon noir, un bâtiment conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, entièrement consacré à la danse et surtout à sa compagnie, le Ballet Preljocaj. Ce magnifique livre-objet nous invite à parcourir cet espace architectural unique à travers les photographies de Pierre Coulibeuf. Il propose une réflexion intéressante sur la danse, l’architecture, le mouvement, l’espace et le vide. Vous souhaitez en savoir plus ? Une visite virtuelle du Pavillon noir vous est offerte sur le site www.preljocaj.org et un diaporama photographique sur celui de l’architecte Rudy Ricciotti, www.rudyricciotti.com Éditions Xavier Barral, 2006
Pina Bausch, Livre avec DVD Parmi les publications consacrées à Pina Bausch lancées récemment, l’Arche Éditeur marque un grand coup en offrant le premier DVD d’une œuvre intégrale de Pina Bausch. Kontakthof, a été créée en 1978 pour les danseurs du Tanztheater Wuppertal. En 2001, la chorégraphe Pina Bausch remonte cette œuvre magistrale de son répertoire en confiant cette fois l’interprétation à des artistes non professionnels et, qui plus est, âgés de plus de 65 ans. Le DVD montre des images touchantes de ces artistes matures qui insufflent à l’œuvre leur énergie et leur expérience de la vie. Le DVD accompagne la traduction des textes des dialogues de la pièce et les témoignages des danseurs Jo Ann Endicott et de Karlheinz Buchwald. L’Arche Éditeur, 2007
À LA DÉCOUVERTE DE NOS CRÉATEURS
Chorème Un regard sur les traces de la danse au Québec www.choreme.ca Regroupement québécois de la danse Association qui représente et défend les intérêts de plus de 500 professionnels de la danse sur les scènes publique et politique, nationale et internationale www.quebecdanse.org Répertoire de la danse canadienne en tournée Le Répertoire de la danse canadienne en tournée dresse un portrait des compagnies de danse canadiennes et de leurs artistes à l’intention des promoteurs internationaux du secteur de la danse. www.canadacouncil.ca/developpement/ ladanseentournee
Angelin Preljocaj MC14/22 et Songe de Médée, DVD Vous n’habitez pas la France et la troupe de l’Opéra national de Paris se déplace rarement dans votre coin de pays ? Qu’à cela ne tienne, depuis quelques années elle offre de nombreuses captations de ses spectacles. Le dernier-né de cette série est consacré à une soirée d’Angelin Preljocaj. Le DVD comprend deux chorégraphies chocs du chorégraphe d’Aix-enProvence : Songe de Médée (créée en 2004 pour l’Opéra national de Paris) et MC 14/22 « ceci est mon corps » (créée pour le Ballet Preljocaj en 2001). Ce dernier ballet, inspiré du récit de la Cène dans l’Évangile selon Saint Marc, met en scène une distribution essentiellement masculine alors que le Songe de Médée transpose un mythe de l’Antiquité dans un univers contemporain. Opus/Arte, Opéra national de Paris, 2007
Pina Bausch Guy Delahaye, Jean-Marc Adolphe, Michel Bataillon Guy Delahaye, photographe de danse et de théâtre depuis plus de trente ans, consacre ici son deuxième livre à l’univers de Pina Bausch. À travers près de 200 photographies captées sur le vif à l’occasion des représentations du Tanztheater Wuppertal, il témoigne avec éloquence de l’art et de l’humanisme de la chorégraphe allemande. L’ouvrage, divisé en trois parties, propose également un article signé par Jean-Marc Adolphe qui retrace le parcours de la chorégraphe et un entretien avec elle.
Dfdanse Magazine Internet de la danse actuelle à Montréal www.dfdanse.com
Pavillon noir Angelin Preljocaj, Pierre Coulibeuf et Rudy Ricciotti À l’heure où le milieu de la danse québécois réclame l’amélioration des infrastructures consacrées à cet art, voici un livre qui a de quoi en inspirer plusieurs. Angelin Preljocaj, figure marquante de la danse européenne, a mené un
DIFFUSEURS SPÉCIALISÉS EN DANSE MONTRÉAL Agora de la danse 840, rue Cherrier 514.525.7575 www.agoradanse.com Danse-Cité www.danse-cite.org
Série Libre envol (I et II) Robert Barrett, Neil Bregman, Ric Randmaa, DVD D’abord diffusée sur ARTV, la série de documentaire Libre envol (Freedom, en anglais) est maintenant mise en vente sur le site de la maison de productions Sound Venture International. Animés par le chorégraphe Robert Desrosiers, les documentaires de 24 minutes proposent des rencontres avec des artistes de la scène contemporaine canadienne. Chaque épisode, disponible en français et en anglais, est vendu au prix de 17,95 $. Une occasion unique de mieux connaître des créateurs comme Louise Bédard, Sylvain Émard, Crystal Pite (Kidd Pivot), Victor Quijada (Rubberbandance Group), Harold Rhéaume (Le fils d’Adrien Danse) et Lola MacLaughlin, pour ne nommer que ceux-là. Petit bémol toutefois, la piètre qualité du doublage en français de la plupart des 13 épisodes nuit parfois au plaisir du visionnement. Sound Venture Productions, 2004 et 2006, www.soundventure.com
Festival Trans-Amérique Mai 2008 www.fta.qc.ca Saison Danse Danse www.dansedanse.net Studio 303 372, rue Sainte-Catherine O., 3e étage 514.393.3771 www.studio303.ca
Tangente 840, rue Cherrier 514.525.5584 www.tangente.qc.ca Transatlantique Montréal Manifestation de danse contemporaine Septembre 2008 www.transatlantiquemontreal.com QUÉBEC La Rotonde 336, rue Du Roi 418.649.5013 www.larotonde.qc.ca Le Centre Uriel 1415, boul. Charest O., local 108 418.525.5751 www.christianebelanger-danse.com AILLEURS AU QUÉBEC La danse sur les routes du Québec www.ladansesurlesroutes.com Festival International Danse Encore 5 au 8 juin 2008 Trois-Rivières www.festival-encore.com Festival des arts de Saint-Sauveur Août 2008 www.artssaintsauveur.com OTTAWA Centre national des arts 53, rue Elgin, Ottawa www.nac-cna.ca
FORMATION EN DANSE MONTRÉAL LADMMI-l’école de danse contemporaine 372, rue Sainte-Catherine O. 514.866.9814 www.ladmmi.com Cégep de Saint-Laurent / Danse 625, avenue Sainte-Croix 514.747.6521 www.cegep-st-laurent.qc.ca Conservatoire de danse de Montréal 215, rue Jean-Talon O. 514.272.7727 www.cdmtl.org
N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires, ou encore à suggérer des sujets et des idées, en communiquant avec nous par courriel à l’adresse suivante : communications@esbcm.org ou par la poste : Magazine Accents danse, 4816, rue Rivard, Montréal (Québec) H2J 2N6
École supérieure de ballet contemporain de Montréal 4816, rue Rivard 514.849.4929 www.esbcm.org Université Concordia 7141 rue Sherbrooke O. 514.848.4740 www.dance.concordia.ca Université du Québec à Montréal Pavillon de Danse 840, rue Cherrier E. 514.987.3182 www.danse.uqam.ca LAVAL Collège Montmorency / Danse 475, boulevard de l’Avenir 450.975.6100 www.cmontmorency.qc.ca QUÉBEC École Christiane Bélanger-Danse 1415, boul. Charest O., local 108 418.525.5751 www.christianebelanger-danse.com École de danse de Québec 310, boul. Langelier, bur. 214 418.649.4715 www.ecolededansedequebec.qc.ca JONQUIÈRE Le Prisme Culturel 3765, rue du Roi-Georges 418.695.0453 www.sagamie.org/alma/prisme RIMOUSKI École de danse Quatre-Temps 77, 2e rue O., local B-214 418.724.9899 www.edqt.qc.ca
Ce répertoire n’est pas exhaustif et chaque organisme d’intérêt pour la danse peut y inscrire ses coordonnées. Le répertoire est publié gratuitement mais sera payant dès le 3 e numéro.
infos danse
réper toire SITES D’INTÉRÊT Artsvivants.ca Site web éducatif sur la danse www.artsalive.ca
Livres et DVDs Une sélection de Marie-Josée Lecours, bibliothécaire de la Bibliothèque de la danse de l’École supérieure de ballet contemporain de Montréal HOMMAGE À L’ART DE PINA BAUSCH
En complément, l’éditeur ajoute une biographie ainsi que le répertoire complet des œuvres de Pina Bausch. Un ouvrage magnifique qui réjouira les innombrables admirateurs de cette grande créatrice. Actes Sud, 2007
LE MONDE SELON PREJLOCAJ
Kontakthof, avec des dames et messieurs au-dessus de 65 ans
marquante de la danse européenne, a mené un âpre combat, souvent politique, avant que se concrétise enfin le Pavillon noir, un bâtiment conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, entièrement consacré à la danse et surtout à sa compagnie, le Ballet Preljocaj. Ce magnifique livre-objet nous invite à parcourir cet espace architectural unique à travers les photographies de Pierre Coulibeuf. Il propose une réflexion intéressante sur la danse, l’architecture, le mouvement, l’espace et le vide. Vous souhaitez en savoir plus ? Une visite virtuelle du Pavillon noir vous est offerte sur le site www.preljocaj.org et un diaporama photographique sur celui de l’architecte Rudy Ricciotti, www.rudyricciotti.com Éditions Xavier Barral, 2006
Pina Bausch, Livre avec DVD Parmi les publications consacrées à Pina Bausch lancées récemment, l’Arche Éditeur marque un grand coup en offrant le premier DVD d’une œuvre intégrale de Pina Bausch. Kontakthof, a été créée en 1978 pour les danseurs du Tanztheater Wuppertal. En 2001, la chorégraphe Pina Bausch remonte cette œuvre magistrale de son répertoire en confiant cette fois l’interprétation à des artistes non professionnels et, qui plus est, âgés de plus de 65 ans. Le DVD montre des images touchantes de ces artistes matures qui insufflent à l’œuvre leur énergie et leur expérience de la vie. Le DVD accompagne la traduction des textes des dialogues de la pièce et les témoignages des danseurs Jo Ann Endicott et de Karlheinz Buchwald. L’Arche Éditeur, 2007
À LA DÉCOUVERTE DE NOS CRÉATEURS
Chorème Un regard sur les traces de la danse au Québec www.choreme.ca Regroupement québécois de la danse Association qui représente et défend les intérêts de plus de 500 professionnels de la danse sur les scènes publique et politique, nationale et internationale www.quebecdanse.org Répertoire de la danse canadienne en tournée Le Répertoire de la danse canadienne en tournée dresse un portrait des compagnies de danse canadiennes et de leurs artistes à l’intention des promoteurs internationaux du secteur de la danse. www.canadacouncil.ca/developpement/ ladanseentournee
Angelin Preljocaj MC14/22 et Songe de Médée, DVD Vous n’habitez pas la France et la troupe de l’Opéra national de Paris se déplace rarement dans votre coin de pays ? Qu’à cela ne tienne, depuis quelques années elle offre de nombreuses captations de ses spectacles. Le dernier-né de cette série est consacré à une soirée d’Angelin Preljocaj. Le DVD comprend deux chorégraphies chocs du chorégraphe d’Aix-enProvence : Songe de Médée (créée en 2004 pour l’Opéra national de Paris) et MC 14/22 « ceci est mon corps » (créée pour le Ballet Preljocaj en 2001). Ce dernier ballet, inspiré du récit de la Cène dans l’Évangile selon Saint Marc, met en scène une distribution essentiellement masculine alors que le Songe de Médée transpose un mythe de l’Antiquité dans un univers contemporain. Opus/Arte, Opéra national de Paris, 2007
Pina Bausch Guy Delahaye, Jean-Marc Adolphe, Michel Bataillon Guy Delahaye, photographe de danse et de théâtre depuis plus de trente ans, consacre ici son deuxième livre à l’univers de Pina Bausch. À travers près de 200 photographies captées sur le vif à l’occasion des représentations du Tanztheater Wuppertal, il témoigne avec éloquence de l’art et de l’humanisme de la chorégraphe allemande. L’ouvrage, divisé en trois parties, propose également un article signé par Jean-Marc Adolphe qui retrace le parcours de la chorégraphe et un entretien avec elle.
Dfdanse Magazine Internet de la danse actuelle à Montréal www.dfdanse.com
Pavillon noir Angelin Preljocaj, Pierre Coulibeuf et Rudy Ricciotti À l’heure où le milieu de la danse québécois réclame l’amélioration des infrastructures consacrées à cet art, voici un livre qui a de quoi en inspirer plusieurs. Angelin Preljocaj, figure marquante de la danse européenne, a mené un
DIFFUSEURS SPÉCIALISÉS EN DANSE MONTRÉAL Agora de la danse 840, rue Cherrier 514.525.7575 www.agoradanse.com Danse-Cité www.danse-cite.org
Série Libre envol (I et II) Robert Barrett, Neil Bregman, Ric Randmaa, DVD D’abord diffusée sur ARTV, la série de documentaire Libre envol (Freedom, en anglais) est maintenant mise en vente sur le site de la maison de productions Sound Venture International. Animés par le chorégraphe Robert Desrosiers, les documentaires de 24 minutes proposent des rencontres avec des artistes de la scène contemporaine canadienne. Chaque épisode, disponible en français et en anglais, est vendu au prix de 17,95 $. Une occasion unique de mieux connaître des créateurs comme Louise Bédard, Sylvain Émard, Crystal Pite (Kidd Pivot), Victor Quijada (Rubberbandance Group), Harold Rhéaume (Le fils d’Adrien Danse) et Lola MacLaughlin, pour ne nommer que ceux-là. Petit bémol toutefois, la piètre qualité du doublage en français de la plupart des 13 épisodes nuit parfois au plaisir du visionnement. Sound Venture Productions, 2004 et 2006, www.soundventure.com
Festival Trans-Amérique Mai 2008 www.fta.qc.ca Saison Danse Danse www.dansedanse.net Studio 303 372, rue Sainte-Catherine O., 3e étage 514.393.3771 www.studio303.ca
Tangente 840, rue Cherrier 514.525.5584 www.tangente.qc.ca Transatlantique Montréal Manifestation de danse contemporaine Septembre 2008 www.transatlantiquemontreal.com QUÉBEC La Rotonde 336, rue Du Roi 418.649.5013 www.larotonde.qc.ca Le Centre Uriel 1415, boul. Charest O., local 108 418.525.5751 www.christianebelanger-danse.com AILLEURS AU QUÉBEC La danse sur les routes du Québec www.ladansesurlesroutes.com Festival International Danse Encore 5 au 8 juin 2008 Trois-Rivières www.festival-encore.com Festival des arts de Saint-Sauveur Août 2008 www.artssaintsauveur.com OTTAWA Centre national des arts 53, rue Elgin, Ottawa www.nac-cna.ca
FORMATION EN DANSE MONTRÉAL LADMMI-l’école de danse contemporaine 372, rue Sainte-Catherine O. 514.866.9814 www.ladmmi.com Cégep de Saint-Laurent / Danse 625, avenue Sainte-Croix 514.747.6521 www.cegep-st-laurent.qc.ca Conservatoire de danse de Montréal 215, rue Jean-Talon O. 514.272.7727 www.cdmtl.org
N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires, ou encore à suggérer des sujets et des idées, en communiquant avec nous par courriel à l’adresse suivante : communications@esbcm.org ou par la poste : Magazine Accents danse, 4816, rue Rivard, Montréal (Québec) H2J 2N6
École supérieure de ballet contemporain de Montréal 4816, rue Rivard 514.849.4929 www.esbcm.org Université Concordia 7141 rue Sherbrooke O. 514.848.4740 www.dance.concordia.ca Université du Québec à Montréal Pavillon de Danse 840, rue Cherrier E. 514.987.3182 www.danse.uqam.ca LAVAL Collège Montmorency / Danse 475, boulevard de l’Avenir 450.975.6100 www.cmontmorency.qc.ca QUÉBEC École Christiane Bélanger-Danse 1415, boul. Charest O., local 108 418.525.5751 www.christianebelanger-danse.com École de danse de Québec 310, boul. Langelier, bur. 214 418.649.4715 www.ecolededansedequebec.qc.ca JONQUIÈRE Le Prisme Culturel 3765, rue du Roi-Georges 418.695.0453 www.sagamie.org/alma/prisme RIMOUSKI École de danse Quatre-Temps 77, 2e rue O., local B-214 418.724.9899 www.edqt.qc.ca
Ce répertoire n’est pas exhaustif et chaque organisme d’intérêt pour la danse peut y inscrire ses coordonnées. Le répertoire est publié gratuitement mais sera payant dès le 3 e numéro.
numéro 2
volume 1
printemps 2008 Chorème c’est un site Web qui vous propose de parcourir la collection inédite de la Bibliothèque de la danse de l’École supérieure de ballet contemporain : affiches, programmes de spectacles, extraits vidéo et articles biographiques des artisans de la danse au Québec.
Chorème c’est aussi une ressource éducative pour les enseignants, animateurs et éducateurs et une section ludique remplie de jeux pour les jeunes de 8 à 11 ans.
Dossier Les lieux de la danse
Portrait des lieux de création, de formation et des danseurs qui investissent des piscines, des quais, des appartements...
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