Plaquette de PFE

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MÉMOIRE DE PFE

métamorphose. Transformation d'un bâtiment de l'opération Émile Zola et de ses abords, dans la ville du Port, Île de la Réunion

Directeur de PFE Antoine Perrau

École nationale supérieure d’architecture de la Réunion Master 2 | 2020-21

Etudiante Mika SAUTET



MÉMOIRE DE PFE

métamorphose. Transformation d'un bâtiment de l'opération Émile Zola et de ses abords, dans la ville du Port, Île de la Réunion

Directeur de PFE Antoine Perrau

École nationale supérieure d’architecture de la Réunion Master 2 | 2020-21

Etudiante Mika SAUTET


REMERCICEMENTS C'est ainsi que mon parcours d'études en école d'architecture prend fin, pour enfin laisser place à un début de parcours professionnel dans ce fascinnant domaine. Le cheminement de ces cinq années passionnantes, enrichissantes, captivantes, mais tout aussi épuisantes et riches en émotions, s'achève par ce dernier projet d'architecture. D'une part, j'aimerais remercier toutes les personnes qui ont fait partie de cette expérience, dont mes ami(e)s de promotion, mes professeurs, mes ami(e)s proches, et ma famille. Pour commencer, merci à Estelle, Lucie, Émilie, Loïck, Léa, et Océane, pour le partage, l'entre-aide, et les bons moments, sans qui ce parcours d'étude n'aurait pas eu la même saveur. De Montpellier à la Réunion, j'ai toujours été à distance de ma famille, qui demeurait en Nouvelle-Calédonie puis à Marseille. J'aimerais adresser un énorme merci à mes parents, Pussadee et Bernard, mon frère Rémi, et ma soeur Cloé, qui m'ont toujours moralement soutenue malgrès la distance, et en particulier mon père, pour sa patience et son investissement dans les rélectures de mes travaux, et pour ses nombreux conseils. De plus, j'aimerais remercier sincèrement les personnes qui m'ont aidée et soutenue durant l'accomplissement de ce travail intense de PFE, à commencer par Axel, pour la motivation et le réconfort qu'il a su m'apporter dans les hauts comme dans les bas ; Merci à mes compagnons de charrette Léa et Océane pour les re-citer mais aussi Mathieu et Gaspard. Encore une fois merci à, Estelle, Lucie et Émilie, pour leurs conseils précieux et leurs soutien à distance dans l'élaboration de ce travail ; Et enfin, un grand merci à Antoine Perrau, référent de ce projet de fin d’études, pour son temps et ses précieux conseils. Merci aux écoles d'architecture de Montpellier et de la Réunion, au corps administratif et professoral. Au delà des connaissances acquises, ce sont des valeurs, un gain de maturité, et une construction de soi, que m'a apporté la vie étudiante dans ces écoles, qui sont des véritables laboratoires de création d'individus sensibles aux architectures de bons sens, plus proches de l'humain, et de l'écosystème dans lequel nous vivons.


SOMMAIRE AVANT-PROPOS.............................................................................................................................................6 INTRODUCTION..............................................................................................................................................7 LA RÉUNION...................................................................................................................................................8 A. DÉLINQUANCE URBAINE ET ARCHITECTURE A. 1. PROBLÉMATIQUE : L'ARCHITECTURE ET L'URBAIN DES QUARTIERS EN DIFFICULTÉS

SOCIO-ÉCONOMIQUES PEUVENT AGGRAVER LES RISQUES DE DÉLINQUANCE URBAINE................ 12

A. 2. AMÉLIORER LE CADRE DE VIE ARCHITECTURAL ET URBAIN D'UN QUARTIER EN

DIFFICULTÉ SOCIO-ÉCONOMIQUE................................................................................................................ 16

SYNTHESE.......................................................................................................................................................17 B. CONSTATS B. 1. LA VILLE DU PORT, UN TERRITOIRE SENSIBLE MAIS EN PLEINE MUTATION........................22 B. 2. LE SITE DU PROJET DANS LE QUARTIER : UN BÂTIMENT "OBJET" DANS LE VIDE

URBAIN..............................................................................................................................................................................30

B. 3. LE BÂTIMENT DANS LA PARCELLE, EN RUPTURE AVEC LE CLIMAT ET LES MODES

D'HABITER DE LA POPULATION LOCALE................................................................................................... 38

B. 4. LES LOGEMENTS BIEN ENTRETENUS MAIS QUI PRÉSENTENT DES LACUNES..................... 46 C. ENJEUX C. 1. CHOIX DU SITE : UNE PARCELLE ET UN BÂTIMENT SOUS TENSIONS.....................................23 C. 2. DES PRINCIPES D'INTÉGRATION URBAINES, BIOCLIMATIQUES ET SOCIALES PAR LE BIAIS DE NOUVEAUX USAGES.................................................................................................................................33

C. 3. CHANGER L'USAGE DU BÂTI AVEC DES APPROCHES BIOCLIMATIQUES...............................39 C. 4. LE LOGEMENT EST ADAPTABLE ET BIOCLIMATIQUE.................................................................. 47 CONCLUSION............................................................................................................................................... 48 RÉSUMÉ....................................................................................................................................................... 50 BIBLIOGRAPHIE...........................................................................................................................................52


AVANT-PROPOS Ce travail de projet de fin d'étude s'inscrit dans le curcus de master « Architecture Ville et Territoire en milieu tropical ». En Nouvelle-Calédonie, lors de mes années lycées, j'ai eu la chance d'être confrontée à de nombreuses architectures de spécificités tropicales. Des nombreux enjeux inhérents à la bande tropicale, comme la nécessité des conceptions bioclimatiques et de la qualité architecturale au service des moins fortunés, m'ont convaincu de m'engager dans ce secteur, dans un monde professionnel futur. C'est ainsi que j'ai décidé dès l'accomplissement de ma licence d'architecture à l'ENSA Montpellier, d'intégrer le master de l’École d'Architecture de la Réunion, afin d'apprendre d'avantage sur la construction bioclimatique, durable, et qui prend en compte la culture locale. À l'issue de mon mémoire de master, je me suis intéressée au potentiel rapport entre "l'architecture" et "la délinquance urbaine" sur le territoire réunionnais. Par ce premier travail, j'ai pu étudier de quelle manière l'architecture, pouvait également être responsable de malaises, participant ainsi à entrenir une certaine délinquance urbaine. Mes convictions architecturales furent remises en perspective et ont influencé le choix de mon sujet de projet de fin d'étude. De nos jours, et sur tout territoire, de nombreuses opérations construites dans l'urgence sont obsolètes, face aux modes d'habiter des populations. L'architecte, pour apporter une réponse, doit alors choisir entre : recommencer (démolir) ou adapter (transformer). En climat tropical ou en climat tempéré, la question des logements sociaux obsolètes reste encore de nos jours une problématique à part entière. Le site du projet est incrit dans un environnement climatique et socio-économique particulier. La métamorphose architecturale et paysagère abordée dans ce projet de fin d'étude, est pour moi une première expérimentation dans la ré-adaptation du monde architectural et urbain que nous occupons aujourd'hui, et que nous occuperons demain.

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INTRODUCTION La transformation des quartiers défavorisés est un des enjeux de nos sociétés. Le gaspillage des énergies, des ressources, et la destruction du tissu social fort des résidents, que génère les démolitions des immeubles obsolètes, sont pour moi de réelles motivations pour mettre en pratique l'architecture, au service d'une réhabilitation plus attentive du bâti et du tissu social existant. C'est au cours de mes travaux et des expériences personnelles que j'ai véritablement pris conscience des problématiques sociales et de l'impérieuse nécessité d'agir. En effet, s'intéresser plus particulièrement aux quartiers en difficulté socio-économique, c'est notamment se soucier de l'impact négatif que peu apporter l'architecture et l'urbain sur les résidents. Le site de projet du PFE, est une parcelle vide de 15 500m² sur laquelle est implanté un bâtiment en béton de 66 logements sociaux standardisés aux normes métropolitaines. Cet ensemble est inscrit au coeur du parc social de la ville du Port, sous le climat tropical réunionnais. Trente ans après son achèvement, le site reste par essence isolé et obsolète. Par la démarche d'une métamorphose urbaine, la grande intention a été porté sur une évolution du site, résultante d'une démolition attentive, pour permettre une intervention architecurale et urbaine plus durable et plus proche de la culture locale. En mettant en avant des principes bioclimatiques et des solutions architecturales, paysagères et urbaine à l'écoute du mode de d'habité des locaux, le projet vise non seulement à apaiser un environnement architecural-urbaines propice à la délinquance, mais aussi de l'inscrire dans un circuit de vie plus respectueux de l'environnement climatique et social. Enfin, le projet est accompagné d'une approche scindée en trois échelles : Le quartier, le bâtiment, et le logement. Dans chacune d'elles, nous développerons le projet architectural sous les allésretours des constats/enjeux, et nous tâcherons de démontrer la cohérence et l'intérêt de mettre en place une transformation de cette sorte, sur le plan social, urbain, et architectural.

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AFRIQUE

OCÉAN IDIEN

Madagascar

LA RÉUNION En plein hémisphère sud, dans l'ouest de l'océan indien, à 9000 km de l'Hexagone et à 900 km de Madagascar, se trouve l'Île de la Réunion. Aussi appelée « l'île bourbon », ce département d'outre-mer français est incrit dans l'archipel des Mascareignes, comme l'île Maurice et Rodrigues. Étendue sur 2512 km² de territoire, une grande partie est devenue parc national en 2007. Trois ans plus tard, les pitons, les cirques et les rempart se sont inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco. Sous le climat du tropique du Capricorne, le territoire volcanique de la Réunion est habitué de longue date aux cyclones et autres caprices de la nature. Cependant, la nature tropicale unique et surprenante forme une destination touristique à part entière. Parmi les 855 961 habitants recensés sur l'île en 2018, la moitié des réunionnais vit en dessous du seuil de pauvreté national (790€ par mois), et 80% de la population est éligible au logement social. Pourtant, 3/4 des ménages de l’île vivent dans une maison individuelle et les 2/3 en sont propriétaires. Dans l’habitat collectif, seulement 5% sont propriétaires de leur logement. Le modèle de l’habitat individuel est prédominant. Enfin, l’île a continué son développement depuis le début du XXIeme siècle. Sa croissance est plus élevée qu’en métropole et de nombreux projets d’aménagement du territoire ont vu le jour. L’un des plus importants étant la Route des Tamarins, ouverte à la circulation en 2009, qui relie Saint-Pierre à Saint-Paul, dégorgeant ainsi une partie des routes de l’île et la dotant d’infrastructures modernes.

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DÉLINQUANCE URBAINE ET ARCHITECTURE partie A : Problématique

La problématique choisie est de questionnement à l'échelle inter-territoriale : L'architecture des grands-ensembles procure des émotions négatives. Apparus sous la nécessité de relogement d'urgence, les charmes ingrats des ZAC, ZUP, et ZAD, sont plus particuièrement de nos jours, insalubres, dysfonctionnels et propices à la délinqunce urbaine. Dans cette approche théorique, nous prendrons comme appui des études d'anthropologues et des données de sociologues, pour comprendre comment l'environnement architectural et urbain peut aussi être responsable de malaises. Ce premier travail d'analyse permettra de justifier le site urbain repéré pour l'élaboration du projet architectural de fin d'étude.

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A. 1. PROBLÉMATIQUE : L'ARCHITECTURE ET L'URBAIN DES QUARTIERS EN DIFFICULTÉS SOCIOÉCONOMIQUES PEUVENT AGGRAVER LES RISQUES DE DÉLINQUANCE URBAINE

I. La délinquance urbaine est syndrome de malaises Le point de départ de notre étude, part du constat que la délinquance urbaine existe, et que l'architecte a surement un lien avec cette problématique. Dans ces quelques parties, nous allons étudier par quelle manière, l'architecture peut concevoir un environnement qui procure des émotions négatives, et quelles sont les démarches que l'architecte peut adopter pour "réparer" ou "éviter" les facteurs qui créent des malaises.

DÉLINQUANCE URBAINE, DÉFINITION Il est tout à fait difficile d'apporter une définition exacte à la délinquance. Autour des notions d'architecture et d’urbanisme, la définition de « délinquance » la plus favorable que nous retiendrons dans ce projet, sera la pratique des violences collectives et l'instauration d'un climat d'insécurité dans le milieu urbain, avec les atteintes à la paix publique, les atteintes aux personnes et les atteintes aux biens. D'une manière plus synthétique, la délinquance rassemble les faits qui témoignent d'un rejet de l'environnement spatial. Ce rejet, peut se traduire par des signes de révoltes, de dégradations, d’inconsidérations, et de plus grande ampleur encore, comme les émeutes urbaines, et d'autres types de violence des quartiers. D'après la sociologue Virginie Linhart, une émeute urbaine serait le témoignage d'une dégradation de la qualité de vie dans les quartiers. Elle cite qu' « en effet, les jeunes des banlieues sont de plus en plus explicitement désignés comme "violents

en bandes". Or, cette violence répond d'avantage à des dysfonctionnements institutionnels qu'à l'émergence en France de bandes organisées. » (Linhart, 1992) Aujourd'hui, le problème des violences urbaines n'est pas seulement ce qu'elles expriment au sujet des quartiers en difficultés, mais également ce qu'elles déclenchent. Il y aurait des répercutions sur les modes de relations entre les jeunes des cités et le monde public, comme la justification de nouveaux élus, les nouvelles procédures de développement social urbain, etc. Les acteurs des violences gagneraient la certitude qu'il faut ravager pour se faire entendre, perpétuant ainsi la culture de l'émeute. Enfin, le sociologue Michel Kokoreff, a évoqué que les violences urbaines sont une extériorisation de malaises : "C’est donc d’elles qu’il faut partir pour éclairer l’ordinaire de la vie sociale dans les cités dégradées, le climat de tensions qui y règne et les phénomènes qui l’alimentent, plutôt que l’inverse." Selon les sociologues, il y aurait donc bien un lien entre les cités "dégradées", les "banlieues" et la délinquance urbaine. Ces environnements architecturaux et urbains, sont des élaborations de plan d'architecture avant d'être de réels lieux d'habitation. Alors, l'architecte qui a une responsabilité de loger des personnes dans de bonnes conditions, est concerné par les environnements bâtis, quelles que soient les émotions qu'ils procurent.

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DES MALAISES VÉHICULÉS PAR DES SENTIMENTS, D'ISOLATION, D'ABANDON, D'IN-CONSIDÉRATION ET S'INSALUBRITÉ L'architecture procure des émotions, et les émotions impactent le comportement. Suite à un travail de mémoire effectué en amont du PFE, les revues bibliographiques parcourues m'ont permis de dresser les trois hypothèses suivantes :

destruction d'un bâtiment, de forme architecturale et urbaine difficilement évolutive et sans profit qualitatif, ne serait-elle pas la conséquence de l'obsolescence ?

_ 2. L'in-activité contribue à l'isolement : On entend par la "non activité", les activités manquantes liées à l'emploi, le periscolaire, et les lieux de divertissements.

_ 1. Vivre dans l'obsolescence architecturale peut Le manque de diversité des activités à l'échelle

du quartier, peut réduire les caractéristiques des lieux à celle d'une "cité dortoir". Cependant, si les connexions sont suffisantes, et assurent les flux de déplacements nécessaires vers les activités extérieures, ce désavantage peut être compensé.

procurer des sentiments d'abandon :

L'obsolescence d'un bâtiment apparaîtrait lorsque celui-ci ne répondrait plus aux besoins attendus par le milieu. C'est une structure qui arrive au bout de son temps, mais qui par ailleurs garde sa forme initiale. Habiter l'obsolescence, signifierait habiter un mode de vie révolu. Absurde comme satisfaisant, il peut être totalement assumé ou rejeté. Néanmoins, si un profit permet d'apporter un confort, une qualité, ou un avantage à l'égard de l'habitat obsolète, il permettrait de pouvoir vivre l'obsolescence dans la pleine acceptation. Par ailleurs, l'obsolescence qui est observée à la base d'un manque d'entretien fréquent, de l'incivilité, et des dégradations précoces, renvoie à une problématique globale : Peut être que si ces quartiers avaient été mieux considérés, l'obsolescence n'aurait pas été aussi conséquente et déterminante qu'elle est aujourd’hui. Selon l'anthrolopogue Emmanuel Souffrin, ce qui créé de la délinquance « ce n'est pas le niveau de pauvreté, ni le logement social, c'est le nonentretien des lieux », et que « l'incivilité non traitée va toujours créer de l'incivilité. Donc il faut réparer rapidement car sinon il y a une considération que l'espace est dégradable et abandonné. Il faut redonner la valeurs des endroits aux gens ». Ainsi, lorsque qu'aucun autre avantage ne peut compenser les malaises, et lorsque les possibilités d'en partir sont inaccessibles, les habitants sont placés dans une position de frustration, jusqu'à la volonté de rejeter cet environnement. De ce fait, la contrainte de vivre dans un environnement que nous n'acceptons pas, pourrait être à l'origine des comportements en décrépitude au fil du temps.

En effet, le manque d'activité dans le quartier et ses alentours, peut procurer un sentiment d'isolement et d'enclavement.

_ 3. La rupture avec la culture défavorise l'adaptation des usagers : Si la conception de l'architecture ne considère pas les modes de vie des futurs usagers, il pourrait y avoir des difficultés d'intégration immédiates. Si l'usager ne parvient pas à s'identifier à un milieu, alors il cherchera à s'adapter, ou à l'adapter, afin de se l'approprier. Cependant, si une rupture est maintenue entre l'environnement architectural et urbain et l'usager, et que ce dernier est contraint de la subir, alors un sentiment de frustraction peut s'instaurer, et amener à la dégradation du lieux. Pour favoriser l'intégration, l'architecture pourrait proposer des espaces adaptables, ou bien de respecter les modes d'habiter des usagers qu'elle acceuillera.

Parmis ces trois cas, les recours à la délinquance sont possibles si d'autres malaises sont déjà présents. Si la réponse architecturale n'est concernée par aucune de ces trois hypothèses, grâce à une conception anticipée, alors elle pourrait être satisfaisante à l'élaboration d'émotions positives.

Née d'un contexte d'urgence, l'architecture des quartiers populaires de l'après-guerre a été étudiée et appliquée pour répondre à une efficacité économique et constructive. De nos jours, la

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II. L'architecure des bâtiments de l'urgence Pour traverser les périodes de crise du logement, que ce soit en territoire tropical ou en zone tempérée, les grands ensembles ont souvent été choisis pour des raisons de modernité, d'économie, d'éfficacité constructive. De nombreuses personnes ont pu être relogées rapidement, et de façon provisoire. Cependant, le provisoire s'est avéré devenir définitif. Dans ces architectures rudimentaires, nul espace ou détail conception ne laisse place à l'adaptation, ou à l'identification à culture locale. Au fil du temps, c'est une rupture qui s'instaure entre le bâtiment et ses occupants. En étant inadaptés à "l'après urgence", les grands ensembles sont encore et toujours mals intégrés à la société qui évolue, et au tissu urbain qui se développe d'année en année. Qu'importe les territoires disparates, les grandsensembles ont souvent été la l'origine des émeutes urbaines. La métropole connait les émeutes urbaines des banlieues des grandes agglomérations, et se souvient de la première et la plus violente en 1981, dans le quartier des Minguettes à Lyon, qui a entraînée le plan de démolitions des grandsensemble du quartier quelques années plus tard.

A LA RÉUNION : Pendant que la crise du logement se combattait en métropole avec l'apparition des grands-ensembles, les urbanistes de l'île de la Réunion, ont décidé d'adopter les mêmes principes métropolotains de relogement d'urgence. Michel Courtier, Directeur Général de le SIDR, à décidé de faire face aux bidonvilles de façon très radicale :"... abolir des taudis indignes.. des cahutes misérables louées à des taux très élevés à des pauvres gens...". À cette epoque, 80% des reunionnais vivent dans des paillotes, et 10 000 dans des conditions épouventables. La necessité de

relogements est urgente, et permettrait de nouveaux plans directeurs de développement urbain. Au cours des années 1960 et 1970, le nouvel « urbain contemporain » sur l'île rentre radicalement en contraste avec l'architecture créole traditionnelle, autant sur le plan esthétique que des usages : les logements en grand nombre sont standardisés aux normes métropolitaines. Des bidonvilles aux grands-ensembles, les réunionnais ont eu très peu de temps pour s'adapter au changement radical. Dans la promesse d'un nouvel habitat de toutes commodités, les architectures de béton ne semblent pas être la réponse la plus désirée par la culture réunionnaise, ni la plus adaptée au climat tropical de l'île. Une remise en cause rapide par la vague patrimoniale et « néo-créole » questionne sur le devenir des valeurs architecturales créoles dans les nouvelles constructions. L'adaptation forcée des populations provenant d’anciens bidonvilles, ne s'est pas faite aussi bien que prévu par les politiques de la ville. Une première crise éclate en 1973 au Chaudron, puis la première grosse émeute urbaine dix huit ans après. Cependant, les bâtiments s'inscrivent déjà dans le quartier prioritaire des politiques de la ville, en l'espace d'une trentaine d'années. L'ESOI (Etudes ethnosociologiques de l'océan indien) a fait des études sur la délinquance au Port, et cite que "pour nombre des personnes interrogées, au regard de l’histoire sociale et politique de la commune, la culture du conflit serait liée à la tradition des luttes politiques qui ont façonné certaines communes et le Port en particulier. Loin d’être une hypothèse, l’histoire de la commune et de l’île recense de très nombreux évènements qui ont marqué par leur violence les populations. Le cas des événements survenus lors d’une élection et qui ont conduit à la mort du jeune Rico Carpaye en est un parfait exemple, mais il en existe bien d’autres."

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III. Les quartiers prioritaires de la ville au service des rénovations urbaines Dans le cas général, les quartiers en difficultés socioéconomiques sont composés de l'urbanisme de l'urgence et concentrent la population la plus défavorisée. Cet urbanisme obsolète face aux modes de vie actuels, a de nombreux dysfonctionnements qui véhiculent des malaises. Lors d'une conversation, l'anthropologue Emmanuel Souffrin a remarqué qu' « il est anormal que la dégradation du logement soit quasi totale pour s’intéresser à une rénovation ». Il est presque facile de lier la délinquance avec les quartiers prioritaires, et la pauvreté. Par le biais de la rénovation urbaine, nous verrons dans cette partie, l'amalgame et la ségrégation urbaine discrètement mené par les politiques de la ville.

À LA RÉNOVATION URBAINE REPÈRE PAR LE TAUX DE PAUVRETÉ Selon l'INSEE, les politiques de la ville ont pour objectifs « d'assurer une meilleure égalité entre les territoires, de réduire les écarts de développement entre les quartiers défavorisés et leurs unités urbaines et d'améliorer les conditions de vie de la population » . Ils mettent en place des dispositifs pour lutter contre les difficultés sociales, économiques et urbaines de certains quartiers, qui se traduisent par les habitats dégradés, le chômage, le taux d'échec scolaire, la délinquance, l'enclavement, etc.

UN LOGEMENT DIGNE POUR TOUS Comme énoncé plus tôt, les classes sociales défavorisées sont touchées par plusieurs types de problèmes, allant de l'insertion professionnelle, scolaire, sociale, et autres. En général, ce sont des problèmes suffisamment impactants, car ils véhiculent à leurs echelles, des malaises. Si à cette population fragilisée, est instauré un périmètre de l'urbanisme indésirable les contaignants, les malaises peuvent tirer la sonnette d'alarme par le biai de la délinquance urbaine. Le problème en profondeur, n'est donc pas de rassembler le même type de population, mais qu'il est plutôt question de l'environnement indigne, subi par une population fragilisée. Quand un envionnement procure du négatif, le tissu social se renforce, à l'origine de l'entre-aide. Les habitants essaient de créer du positif, à partir du négatif. Ils ne sont pas des délinquants par nature, mais parce qu'ils sont contraints de rester, ils vont dégrader ce qui ne s'intègre pas aux modes de vie, ou à leur culture, et qu'ils ne peuvent pas adapter eux même.

L'objectif de la rénovation urbaine, selon l'ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) est de transformer les quartiers présentant des fragilités et des difficultés socio-économiques. À la Réunion, les QPV (Quartiers Prioritaires de la Ville) sont concernés par une méthode de détermination géographique « de pauvreté » : ils sont identifiés par les revenus médians de la population, qui doivent être inférieurs à cinq cent euros par mois. Depuis 2015, ils représentent l'unique zonage officiel en matière de précarité urbaine, et bénéficient de programmations spécifiques en aménagement ou amélioration du cadre de vie. Par ces méthodes de repérage, on pourrait prétendre que la pauvreté est liée à un type d'environnement, qui nécessite d'être rénové. C'est le schéma d'une ségragation urbaine qui est utilisé ici.

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A.2. AMÉLIORER LE CADRE DE VIE ARCHITECTURAL ET URBAIN D'UN QUARTIER EN DIFFICULTÉ SOCIO-ÉCONOMIQUE

Loi du 3 janvier 1977 : L'architecture est d'intérèt public.

II. Du mémoire jusqu'au projet de PFE

L'architecte a le devoir d'agir dans l'intérèt public, et exerce un engagement social.

Maintenant que nous savons comment reconnaitre un environnement architectural et urbain qui peut procurer des émotions négatives, nous avons sélectionné un terrain d'étude qui regroupe de nombreux dysfonctionnements urbains, architecturaux et sociaux, afin de travailler sur une métamorphose urbaine.

Toutes les classes sociales devraient avoir droit à un logement digne, d'autant plus si la qualité architecturale n'est pas une question d'économie. "On a eu la période de la reconstruction, et maintenant la période de la rénovation" - Philippe Pelletier, responsable du plan bâtiment durable. Aujourd'hui, le monde est contruit et fait partie des traces de l'histoire. Les habitants des logements "durs à vivre" ne souhaitent pas quitter les lieux pour autant, mais souhaitent le voir amélioré. L'attachement à l'environnement qu'ils ne veulent pas quitter, est née en grande partie par le tissage des liens sociaux, et la connaissance de l'environnement. Les habitants qui désirent rester devraient avoir la possibilité de rester.

Le projets a pour objectifs de proposer une intervention architecturale sur le site existant, conservé au maximum. Cette opération doit s'inscrire enfin dans un cycle durable, et ramener de la dignité à cette population qui a tant souffert. Pour ce faire, le parcours analytique est essentiel, car il permet de considérer les paramètres environnementaux, architectraux et sociaux, qui sont les grands axes pour l'élaboration du projet. Le type de population, n'est pas un critère de conception, au contraire des modes d'habiter.

III. Prémises du terrain de projet

I. Transformer l'urgence du passé Le renouvellement urbain consiste à reconstruire la ville sur elle même, grâce à des opérations de destruction-reconstruction, de réhabilitation et de relogement des habitants. Cette stratégie de préservation du foncier, cherche à promouvoir la mixité sociale, désenclaver les quartiers et stimuler le développement économique.

La ville réunionnaise du Port, est la ville où se concentre le plus de quartiers en difficultés socio-économiques de l'île. Sous ses airs de ville portuaire, c'est d'un passé compliqué que les habitants témoignent, aux travers des récits, des appropriations des espaces, et des usages observés dans la ville.

À la différence, la rénovation urbaine désigne la démolition globale des îlots, pour permettre la construction de logements neufs et la création de tissu urbain adapté.

Pendant une soixantaine d'années, l'île a subi de nombreuses mutations urbaines, qui ne se sont pas toujours déroulées sans accrocs, et qui ont déjà fait connaître trente ans plus tard, des destructions d'opérations pour insalubrité. La cité Herbert Spencer fait partie de ces références.

Dans notre travail de PFE, la métamorphose urbaine consiste quant à elle, à garder le même programme que l'existant, à conserver au mieux la masse bâtie, à adapter les espaces existants dans une fonctionnalité et une durabilité, et si possible, à garder la population initiale. La stratégie de la mixité sociale consiste à stimuler l'installation et la fréquentation de classes sociales différentes dans le quartier. Cependant, les malaises ont été étudiés en faveur de l'architecture. Elle ne représente donc pas une priorité dans la méthamorphose urbaine que nous allons mener dans ce projet de PFE.

Les sentiments de répression et d'abandon, qu'ont engendré le manque de temps d'adaptation et la rupture radicale des modes de vie réunionnais, par le nouveau développement urbain, ont fait germer un malaise proliférant. L'intervention préparée de l'ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) dans le secteur prioritaire de la ville, qui représente 80% de la commune, a fait émerger de nombreuses analyses urbaines et sociales, sur lesquels nous nous appuyerons pour mieux comprendre des dysfonctionnements du site de projet.

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SYNTHESE À la Réunion, l’immeuble d’habitation collectif est plus souvent vécu comme une nécessité par les réunionnais qu’un choix réel. Par le développement intensif des villes des années 60 à 90, l’habitat collectif a remis profondément en cause le mode d’habitat traditionnel : Les espaces de sociabilité sont renvoyés à l’extérieur de l’espace familial, « en ville ». Il y a ainsi émergence des espaces publics urbains, jusque-là inconnus dans les villes réunionnaises. Sous l'urgence du relogement, les nouvelles opérations conçues suivant les normes métropolitaines, ont engendré très vite des problèmes d'acceptation pour les locaux. En effet, les nouveaux modes d'habiter, les in-conforts climatiques, le manque d'activité à l'échelle de la densité des logements, et la déconnexion au tissu urbain de la ville sont des points qui ont accentué les sentiments d'enclavement, d'isolement, et d'inconsidération. Très vite, des malaises portés par la population réunionnaise de l'urgence, ont entraîné des violences urbaines, des dégradations, et un nonentretient des quartiers, dans le but de revendiquer un environnement plus digne, plus accessible à l'appropriation, et dans lequel ils peuvent s'identifer. En ayant conscience que ces phénomènes ne sont atypiques qu'au territoire réunionnais, la problématique à l'echelle hors climat s'interroge alors : Que faire de nos cités qui ne fonctionnent plus, sans détruire le tissu social des populations fragilisées ? Par ce travail de mémoire de PFE, le travail de l'architecte est porté sur l'amélioration d'un lieu sensible et propice à la délinquance urbaine, dans le but d'une ré-adapation à une société qui évolue, à un environnement climatique propre, et des modes d'habiter rattachés à une culture endémique.

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CONSTATS partie B : Élaboration du PFE

Pour mener à bien le projet architectural, il est nécessaire de considérer le territoire dans lequel il s'inscrit. La problématique précédente nous a permis de cibler un terrain d'étude, afin de proposer un travail sur la réhabilitation comme sujet de PFE. Nous répèrerons ici, les dysfonctionnements et des informations nécessaires qui nous ont permis de faire ce choix, et de comprendre le site du projet. L'analyse s'intéressera à une première échelle, qui est celle de la parcelle dans un territoire, puis du bâtiment dans la parcelle, puis du logement dans le bâtiment. L'observation large sur les points forts et des points faibles de ces différents niveaux, permettra d'élaborer des intentions attentives et des approches stratégiques au projet archtecturale en partie C.

Les pages se lisent dès à présent en vis-à-vis. Code couleur orange : l'existant

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ENJEUX partie C : Le projet architectural

La transformation d'un logement social R+4 et l'aménagement de ses abords. La démarche architecturale comporte trois volets : - L' aménagement urbain : la construction des abords du bâtiments. - La réhabilitation du bâtiment : intégrer une architecture conviviale et bioclimatique à l'existant. - Le ré-agencement des logements : vers une occupation libre d'appropriation en faveur de la ventilation naturelle. À chaque volets, les réponses proposées découlent des analyses étudiées en amont. Le projet architectural les rassemble afin de permettre à l'opération Emile Zola, une transformation de la plus grande à la plus petit échelle, et de jouir d'un futur plus durable en symbiose avec le climat, la culture, et l'art de vie portois.

Code couleur mauve : la transformation

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1. ECHELLE URBAINE


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B.1. LA VILLE DU PORT, UN TERRITOIRE SENSIBLE MAIS EN PLEINE MUTATION Saint Denis Le Port

1660 ha 35 313 habitants 8,9% de perte de population depuis 1999 50% de chomage 50% de population de moins de 30 ans 70% de parc locatif social 80% de quartier prioritaire

I. Une reconquête urbaine précoce « Le Port est une ville sensible, écorchée vive, susceptible, ingénieuse, attachante, dynamique. Des faits historiques et divers marquent les esprits. Mais après décantation des actualités, il reste en mémoire une ville rebelle. Cette image ne reflète pas toutes les réalités. C’est pourquoi, il est indispensable de travailler à rendre notre territoire attractif. »

Extrait du discours de M. le Maire, le 11 juin 2015. La ville du Port, est la ville où se concentre le plus de quartiers en difficultés socioéconomique de l'île. Ville ouvrirère depuis la construction du permier port maritime de la Réunion en 1886, la forte demande de main d'oeuvre a attiré les familles. Petit à petit, elles se sont installées de façon spontannée, en périphérie du centre historique. Le cadre environnemental de type "Plaine" a pu favoriser l'apparition d'habitats informels.

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Allant du Nord vers le Sud, 80% de l'urbanisation de la ville s'est construite entre 1971 et 1981, pour répondre à la politique « anti-bidonville ». Le nouveau paysage portois comporte une forte présence de grands-ensembles agrégés successivement (bailleurs sociaux : SIDR, SHLMR et SEMADER), et de cases à terre. Ainsi, la ville du Port a la particularité d’avoir un des parcs sociaux les plus anciens de l'île. Les réhabilitations sont donc un enjeu majeur pour la commune. Après 30 ans d’existence, l’état des logements (aussi bien du parc locatif que privé) est préoccupant. Dans certains cas, la démolition est nécessaire selon l'ANRU.


C.1. CHOIX DU SITE : UNE PARCELLE ET UN BÂTIMENT SOUS TENSIONS

I. Une implantation parcellaire à requalifier VERS SAINT DENIS

OCÉAN INDIEN

COMPOSITION URBAINE Site de projet Périmetre anru Quartier prioritaire 1ere et 2eme couronne

Centre ville Quartier prioritaire 4eme couronne

Grands transits VERS SAINT PAUL

Carte 1 : Localisation du site d'étude. Une parcelle intégrée dans une zone de politique de la ville, et qui béneficie de nombreux atouts. La ville du Port qui connaît une perte de population sans précédent, est un territoire qui a besoin de solutions favorisant la stabilisation de sa démographie dans un premier temps, et la canalisation de son augmentation dans un second temps.

Le site du projet, se situe dans la partie Sud du plus grand quartier prioritaire de l'île, à proximité d'une artère urbaine qui relie l'entrée de ville à son centre. Le quartier semble tout de même isolé du reste de la ville. Des projets de rénovations urbaines, sont déjà envisagés dans ce secteur.

Il est question de motivation d'habiter en ville. En effet, les habitants ne recherchent pas uniquement le calme, les jardins privés et la nature, mais un mode de vie associé à de la proximité, de la connaissance des uns et des autres, où la solidarité est plus forte, où l'on peut s'identifier à un territoire, et avoir un réseau social et professionnel fiable et que l'on connaît bien.

« Le Port c'est pas une ville, c'est un quartier.» - Anonyme portois

Le projet cherchera à conforter ces aspects par la métamorphose des lieux et de leurs usages.

Lors de mon travail de mémoire, plusieurs habitants m'ont témoigné que l'agglomération du Port, bien qu'elle soit une ville, est perçue comme un grand quartier. Le rapport à l'échelle dans la perception de l'habitant est une démonstration intéressante de la connaissance de la ville.

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LE SITE DU PROJET DANS SON HISTOIRE : un développement urbain qui change les modes d'habiter

1950 : Le site du projet était inscrit dans une 1961 : Apparition des premières opérations au plaine alluviale quasi vierge il y a soixante-dix ans. On trouve cependant des habitats spontanés sur la pointe nord du futur quartier, et les tracés des deux futures pénétrantes.

nord du quartier, autour des allées Béranger et Jean Robinson. L’habitat spontané s’accentue sur la pointe nord.

1997 : Le site du projet prend en compte l'opération 2003 : Achèvement du quartier Ariste Bolon. de logement sociaux "Emile Zola", construit par la SIDR en 1987.

Dans ce nouveaux plan d’urbanisme directeur qui consiste aussi à « changer le climat par la végétalisation », l'aménagement du Parc boisé prend place de 1983 à 1986.

Au sud, une nouvelle entrée de ville ouvre l'accès vers la zone industrielle Cambaie.

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1966 : Les premières constructions de logements 1978 : Les premières opérations SIDR au nord du collectifs de la SIDR se situent du nord ouest jusqu'au sud ouest du site du projet. Elles composeront le quartier de la "SIDR HAUTE", achevé en 1971.

quartier Ariste Bolon sont visibles. L’urbanisation du quartier est intensive, sur une très courte période (de 1971 à 1981).

2008 : La constuction intensive des logements SIDR 2013 : Plan d'urbanisme récent. prend fin.

Des équipements périphérie.

sont

construis

ensuite

en

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II. Un site inadapté à la population D'après les visites sur site de la SIDR, et des différents documents collectés dans le cadre de l'étude de l'ANRU sur le quartier Ariste Bolon, différents points inquiétants ont été relevés tels que : - Les grands ensembles modernes des années 60 sont clairement imparfaits au regard du contexte culturel réunionnais. - L’état général de ces quartiers, construits dans l’urgence il y a plus de 30 ans, est préoccupant. Suite à l'état de fait sur environ 16 000 logements insalubres diffus à la Réunion, la SIDR affirme que 50% nécessitent une réhabilitation lourde. De plus, le parc actuel est aussi inadapté aux populations vieillissantes. Des logements pour personnes âgées nécessitent doivent être construis. D'après les études menées par l'ESOI en 2017, le Port a connu un accroissement de délinquance dans de nombreux secteurs du quartier prioritaire de la ville. De phénomène s'est étallé de 1993, période qui a suivi le changement urbain et architectural de la ville, jusqu'en 2016. Au sujet de l'habitat dans la ville, ces études font les remarques suivantes :

- Un fort taux d’habitations collectives de type social au niveau communal avec surtout des locataires ; - Un confort relatif avec encore des maisons insalubres ou en mauvais état et des appartements plus petits que la moyenne départementale. Le problème se situe plutôt dans le mauvais état du bâti ; par exemple en 2008, 8 bâtiments sur 10 déclarés insalubres étaient en très mauvais état ; - Une très forte demande de logements sociaux dans la commune. Comme évoqué en partie A, le recours à la délinquance urbaine est entrainé par plusieurs types de facteurs, dont l'habitat et l'in-activité. De nos jours, les politiques de la ville tentent de mettre en place des dispositifs pour lutter contre les difficultés sociales, économiques et urbaines de certains quartiers, qui se traduisent par les habitats dégradés, le chômage, le taux d'échec scolaire, la délinquance, et l'enclavement. Par essence, le site du projet fait partie de l'habitat qui peut procurer des émotions négatives.

CENTRE VILLE

Site de projet Atteintes aux personnes Atteintes à la paix publique Atteintes aux biens

QUARTIER PRIORITAIRE

Carte 2 : Reconstitution graphique, du relevé des faits par le bailleur de la SIDR - Ville du Port. Le site du projet se situe dans la partie Sud du quartier prioritaire au Port. Nous pouvons observer qu'il est concerné par un grand nombre de délits procurant des sentiments d'insécurité.

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II. Une parcelle à re-connecter aux connexions Sur la vue aérienne ci-dessous, nous pouvons observer que le périmètre d’étude est situé en lisière des avenues "Parc à parc" et "Rico Carpaye". Pourtant, il souffre d’isolement et d’enclavement. En effet, ces axes ne sont pas exploités comme un avantage à la mobilité, mais plutot comme des limitations, qui agissent comme des frontières à la parcelle. Les analyses effectuées par le projet de renouvellement urbain de l'ANRU, relèvent que "le quartier est enclavé par les voies structurantes qui le délimitent. Ce quartier, et ses populations sont excentrés de la ville, alors même qu’ils en sont immédiatement proches. Les espaces publics urbains sont inexistants. Un projet urbain, qui requalifierait les voies et dynamiserait les pieds d’immeubles existants, en recréant aussi des espaces publics de différents statuts pourrait redonner sens à ce quartier." En effet, les axes de circulation qui bordent ce quartier ne sont pas aménagées, et représentent un danger pour la population, car ils ne leur permettent pas de se promener, de déambuler, de jouer, de vivre dans l'espace urbain.

AVENUE VERTE ET COMPLEXE SPORTIF COTUR

PÉRIMETRE ANRU

PARC INDUSTRIEL ET MARITIME

Par l'humble position de l'architecte, les intentions sociales et architecturales du projet tendent à réduire les élements spatiaux et constructifs qui procurent des émotions négatives. Ainsi, les enjeux sont : - Éviter l'enclavement des formes bâties, les recoins, les espaces isolés. - Re-penser l'identité architecturale pour la reconnecter avec l'identité locale. Valoriser la culture réunionnaise permettrait une meilleure acceptation et considération de la transformation par les occupants. - Se préoccuper du devenir des grands-ensembles obsolètes sur le territoire par un programme qui propose une solution d'alternative durable. - Proposer un programme d'aménagement se préoccupant de la place des jeunes au Port. - Favoriser le développement d'activités amenant de l'emploi. - Aménager des espaces de fréquentation, d'activité et de rencontres inter-générationnelles et interquartiers.

CENTRE VILLE ARTÈRE URBAINE

AVENUE RICO CARPAYE

AVENUE DE PARC À PARC

PARC BOISÉ

SITE DU PROJET

OPÉRATION ÉMILE ZOLA

Carte 3 : Enjeux de la localisation du site d'étude. Il se trouve au croisement de deux avenues de laisons.

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III. Étude du climat : un des quartier les plus chauds de l'île Vents dominants en journée d‘été

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Figure 1 : Rose des vents du Port en été.

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Vents dominants en journée d‘été

Figure 2 : Rose des vents du Port en hiver

Figure 3 : Diagramme solaire sur le site du projet, au Port. Le bâtiment du projet n'est pas complétement bien orienté face aux vents dominants. Les façades Est, Nord et Sud doivent être protégées des rayonnement solaires directs.

- TEMPÉRATURE Le climat est l'un des plus chauds de l'île de la Réunion. On constate que les températures moyennes les plus élevées (>28°C) sont situées entre 11h et 17h durant les mois de décembre à avril. Les plus gros pics de températures interviedront courant février. Les températures les plus basses enregistrées sont en dessous de 19°C durant les mois de juin à septembre entre 2h et 7h. A cette epoque de l'année, les températures moyennes en journée seront comprises entre 24°C et 25°C.

- AÉROLOGIE L'aérologie sur site varie selon les saisons et selon l'heure de la journée : - Le matin, le site d'étude sera irrigué par des brises nocturnes provenant de Sud-Est, perpendiculaire à la côte, le vent soufflant de la terre vers la mer. - L'après-midi, les brises diurnes de mer (vent soufflant de la mer vers la terre) couplées aux alizés, généreront des vents plus forts provenant du NordEst et Sud-Ouest. L'été est la période la plus chaude, donc le potentiel de vents doit être exploité à son maximum pour le bon fonctionnement du bâtiment (confort thermique).

Les régimes de vents proviennent principalement du Nord-Est et du Sud-Ouest avec des vitesses de vents conséquentes (de 4,5m/s à > 8,5 m/s). Une troisième composante plus douce (<4,5 m/s) du Sud-Est irrigue le site moins régulièrement.

- LA COURSE DU SOLEIL Durant les mois de novembre à avril, l'été austral est la période où la coupe du soleil est plus Sud qu'en hiver austral, de mai à octobre. Entre décembre et janvier, elle sera toute la journée au Sud pour atteindre une hauteur solaire de 4°S au zénith. En hiver, la course du soleil sera complètement au Nord avec une hauteur solaire de 45°N au zénith.

- DES PRÉCIPITATIONS MODÉRÉS Les précipitations sont faibles sur site. La moyenne annuelle est de 549 mm avec de plus fortes précipitations en été, jusqu'à 147 mm au mois de février.

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sources : LEU Réunion et LAB Réunion


III. Les principes en architecture bioclimatique Le projet dans son ensemble prend en compte les constats climatiques du site, afin d'avoir une position architecturale bioclimatique cohérente.

retravaillées de façon à devenir très poreuses et ouvertes aux vents, avec un pourcentage de porosité minimal de 30%.

- LIMITER LES APPORTS SOLAIRES POUR ÉVITER LA SURCHAUFFE

- LE RÔLE DE LA VÉGÉTATION DANS L'APPORT DE FRAICHEUR

Le phénomène d'îlot de chaleur est très présent à la Réunion. L'urbanisation actuelle, majoritairement minérale, engendre un effet de surchauffe, ce qui nuit au confort des citadins. L'apport d'ombre est une solution pour luter contre ce phénomène. Dans l'espace public, c'est un alié pour permettre l'occupation en temps et en espace. Les rayons du soleil en provonance de l'Est et de l'Ouest sont rasants et chaud. Ceux en provenance du Nord, sont hauts et sont les plus forts. Il faut se protéger du rayonnement direct pour se sentir en situation de confort. Dans le logement, il faut laisser la lumière naturelle qui ne chauffe pas, pour éclairer les pièces avec un recours moindre à l'éclairage artificiel. L'utilisation de brises soleil et d'emplacements stratégiques sont des élements indispensables pour conserver une bonne mise à distance des rayons solaires. Suivant des principes d'inclinaison du rayonnement, ils devront être orientés à la verticale en Est et Ouest, et à l'horizontale au Nord.

- ASSURER UNE VENTILATION NATURELLE POUR FAVORISER LE CONFORT THERMIQUE Les vents dominants doivent être pris en compte pour proposer des bâtiments traversant. Favoriser la ventillation naturelle permet d'éliminer le sur-plus de chaleur, et maintient un renouvellement d'air à part entière. Une mauvaise ventilation, peut procurer un excès de chaleur, et un inconfort sanitaire. Dans le bâtiment, les façades est et ouest seront

Les jardins, via des mécanismes de transpiration, permettent de réguler la température et l'humidité ambiante. En plantant un réel complexe végétal aux abords des bâtiments, on peut ainsi arriver à baisser la température intérieure, comparé à un batiment composé de surfaces minérales sur sa périphérie. Le végétal a également un pouvoir de captation de polluant de l'air extérieur et un rôle sur l'ambiance acoustique intérieur. De plus, ils permettent de gérer les eaux pluviales, d'apporter de la biodiversitésdans les aménagements qui ont tendance à être de plus en plus durs, et amènent de la qualité esthétique et sensorielle dans les aménagements. Ainsi, pour élaborer la ville tropicale durable, notre aménagement urbain devra respecter : - D'avoir suffisamment de végétation pour s'y sentir bien et avoir envie d'y rester : maintient du confort thermique. - Les végétations données aux espaces de circulation publics varient entre des jardins privés en rez-dechaussée, les jardins partagés à l'arrière du bâtiment, et les espaces plantés urbains. - Valoriser les espèces endémiques et indigènes des forêts sèches et eviter les espèces envahissantes. La sélection des plantes devra suivre une palette vegetale bien définie. - La stratégie des jardins partagés, permet un entretient autonome du paysage, et un apport économique à l'entretien des espaces verts par les bailleurs sociaux. En mettant le paysage aux abords intérieurs du bâtiment, il fait partie intégrante du lieu de vie.

Croquis 1 : L'ombre des arbres peut réduire la température de 4°C à 8°C

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B. 2. LE SITE DU PROJET DANS LE QUARTIER : UN BÂTIMENT "OBJET" DANS UN VIDE URBAIN - DE LA DENSITÉ DANS DU VIDE

- SUBIR L'AMPLEUR DE LA VOITURE

La parcelle du projet a une surface de 15 500m² et inclut un bâtiment de l'opération Emile Zola, qui s'élève en R+3. On peut remarquer qu'il s'agit d'une grande hauteur dans un vide. Il y a donc ici un problème de flottement, dû au manque de rattachement du bâti au tissu urbain, ce qui favorise l'enclavement.

RDC R+1 R+2 R+3 R+4

"La présence de carcasses automobiles est une faiblesse de l’opération et du quartier", cite la SIDR. Elle nuirait à l’image du quartier, et à terme, pourrait favoriser un sentiment d'in-sécurité pour les personnes. Certains habitants seraient en faveur de la fermeture des places de parking. De plus, l'espace minéral est dédié aux stationnements, et ceinture les façades de l'opération Rico Carpaye, ce qui favorise les phénomènes d'îlots de chaleur. Dans le plan directionnel de L'ANRU, il n'est pas prévu la suppression des parkings en sur-nombre (148 logements pour 186 places de stationnement). Il est même prévu d'en ajouter d'autres en rez-dechaussée des nouveaux bâtis, qui longeront l'avenue Parc à parc. L'avenue Rico Carpaye est source de nuisances sonores pour les habitants d'Emile Zola, malgrès les 25 mètres qui séparent la voie de la façade. La rangée d'arbres plantés ne permet pas d'atténuer les nuisances de ce flux routier.

Schéma 1 : Localisation de la parcelle d'étude dans les hauteurs du quartier.

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- UNE MOBILITÉ PIÉTONNE INSUFFISANTE

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Sur les quinze habitants de l'opération Emile zola interrogés, tous affirment que les commerces et les services sont difficilement accessibles depuis la parcelle d'étude, et que tous sont amenés à fréquenter régulièrement les quartiers voisins.

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Pourtant, en observant l'isochrome, nous pouvons nous rendre compte de la proximité des infrastructures environnantes, à l'échelle piétonne. Les accès ne semblent pas suffisamment faciliter les déplacements pédestre pour les habitants du quartier. Actuellement, le quartier est relativement bien connecté au réseau de transports en commun. Cet élément joue en faveur de la réduction de l’usage de la voiture en ville. Cependant ce réseau n’est pas suffisant et les horaires sont contraignants.

Ilots de chaleurs

Nuisances sonores

Schéma 2 : Les inconforts occasionnés par l'omniprésence de l'automobile, atour du bâtiment d'étude de l'opération Emile Zola.

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QUARTIER DE L’OASIS Vers le centre ville

Clinique orchidée et Centre de dyalise

Collège de l’Oasis

PARC BOISÉ RICO CARPAYE

QUARTIER SIDR

Centre socio-culturel du coeur saignant

Ecole Françoise Dolto

QUARTIER ARISTE BOLON

QUARTIER ZAC II

EMILE ZOLA

Avenue Parc à parc

Avenue Rico Carpaye

Sortie / Entrée de ville vers Saint Paul

HERBERT SPENCER démoli en 2019

Parcelle du projet

Artère urbaine

Espace végétal sec

Equipement scolaire

Espace végétal vert

Equipement socio-culturel

Isochone 5 min à pied Opération de logement sociaux

Carrefour

Marché forain Clinique

Restauration rapide

Station service

Epicerie / commerces

Services privés

Equipement sportif

Arret de bus

Pharmacie

Ligne de bus

0

50

100

150

Carte 4 : L'echelle du piéton dans une parcelle déconnectée. Les espaces publics et la laison avec le parc boisé ne sont pas qualifiés. Les commerces et services ne sont pas suffisamment nombreux dans ce secteur au vu de sa population. Plusieurs dysfonctionnements rendent impérative une intervention urbaine dans la parcelle du projet et ses alentours.

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- DES ESPACES VÉGÉTAUX ABADONNÉS La parcelle du projet est composée de vide bâti, et n'a pas de composition paysagère particulière, mise à part un parc enfant et un boulodrome, séparés des logements par une voie de desserte. Les parkings en pieds d'immeubles sont des points de rassemblement pour les jeunes, et les plus jeunes parviennent à s'amuser sur ces espaces minéraux, plutot que sur les espaces végétalisés. Les espaces verts sont présents tout autour de l’opération. Ces nombreux espaces sont pourtant délaissés. Leur appropriation par les habitants leur donnerait une grande qualité et transformerait les espaces communs. Il est nécessaire de prendre avantage du patrimoine végétal afin de le valoriser et d’encourager son développement. Les espaces extérieurs ne sont pas qualifiés et deviennent alors des espaces résiduels. Le mobilier présent (sièges en béton d’origine) pourrait être restauré et une nouvelle stratégie de mobilier pourrait être proposée.

- ART DE VIE RÉUNIONNAIS À la Réunion, et très spécifiquement au Port, où les activités ouvrières sont les plus importantes, les restaurations rapides sont nombreuses, et font partie d'un art de vie local. Par exemple, les barquettes à emporter à la pause du midi font partie d'un rituel commun, et les restaurateurs ouvrent essentiellement à cet effet. Les marchés forains assurent un ravitaillement en produits frais deux fois part semaine, et sont localisés à deux endroits différents. Le plus proche, se trouve en limite de périmètre à 15 minutes à pied à partir de notre site de projet. Lors de la saison des litchies, des longanes, et autres fruits locaux, de nombreuses ventes instantannées prennent place en bord de l'avenue Rico Carpaye. Les marchants de fleurs et de poulets rôtis font également partie de ce décor. Ces ventes sous plusieurs aspect, font partie des espaces de liens sociaux forts. Enfin, les rassemblements familliaux et amicaux pour des pique-niques extérieurs sont des pratiques culturelles fréquentes chez les réunionnais. Ce sont des moments de retrouvailles et de convivialités, à valoriser dans les projets d'espace publics paysagers à la Réunion.

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C. 2. DES PRINCIPES D'INTÉGRATION URBAINES, BIOCLIMATIQUES ET SOCIALES PAR LE BIAIS DE

NOUVEAUX USAGES - CONSTITUER L'ESPACE VERT EN REINTRODUISANT L'ENDÉMISME

- RÉCUPÉRATION DES EAUX GRISES

Du côté de l'avenue Rico Carpaye, les ombres doivent être omniprésentes pour protéger l'accès piétons tout au long de la journée. Très fréquentée par les passants et les résidents, l'avenue Rico Carpaye est également un lieu d'attractivité : Rester dans la rue, regarder les gens passer, parler avec d'autres, se croiser. L'aménagement nécessite de proposer une voie piétonne large, que l'on peut parcourir sans avoir trop chaud, où il est agréable de s'assoir, et où l'adaptabilité des usages est possible. (voir carte 5) Du côté de l'avenue Parc à parc, la végétation sera composée de sorte à suggérer une gradation vers le parc boisé (voir carte 5). Cet espace public peut acceuillir des petites architectures et muter pour d'autres mixités d'usages. Opposé à l'avenue Rico Carpaye, le traitement paysager composé du réaménagement du parc enfant et du boulodrome, ainsi que des espaces de convivialités pour les familles, sera complété par des jardins partagés au plus proche des bâtiments. Ces constitutions paysagères favoriseront d'avantage le phénomène d'îlot de fraicheur, et peuvent s'inscrire dans une trame écologique exemplaire. La palette végétale à adopter pour le climat du Port est : 1. Le latanier rouge, Latania lontaroides, dans la famille des palmiers. 2. Le benjoin ou bois de benjoin, Terminalia bentzoë, dans la strate végétale des "Arbres et arbustes". 3. Le vacoas, Pandanus utilis, dans la famille des arbustes.

Pour garantir un arrossage suffisant des espaces plantés non destinés à la consommation alimentaire, un systhème de récupération des eaux grises devra être intallé dans le bâtiment du projet. Les eaux grises comprennent les eaux usées sans produits toxiques des vaisselles, des douches, des éviers de cuisine, des lavabos, des laves vaisselles et des machines à laver. Une fois acheminées par un système de drainage séparé, puis stockées et filtrées, les eaux grises sont recyclées et prêtes à être réutilisées (voir coupe AA à la page suivante). Les arrosages se font à terre même, autour des cheminements, et de préférence sur de grandes surfaces. Ce sytème invisible et instauré au sein même du bâtiment, parcipiera au maintient du phénomène d'îlot de fraicheur, et donc d'un bon fonctionnement de l'espace urbain par le confort thermique.

- DES ACTIVITÉS QUI RÉPONDENT À UN ART DE VIE LOCAL Une des sources du dysfonctionnement du quartier, serait également le manque de diversité au niveau des activités et des services (voir Carte 4). Les snack-bars à l’avant de l’opération constituent un agrément important pour l’opération. Les terrasses fabriquent des lieux de sociabilité et ces petits commerces sont alors des lieux de proximité. L'enjeu ici, est de densifier la parcelle avec des commerces de proximités liés à l'art de vie des portois : lieux de restaurations rapides ou à emporter, ventes instantannées, et autres libertés d'appropriation. Ce point de ravitaillement possible, peut être complémentaire aux marchés forains, et permet une proximité pour les quartiers les plus retirés, comme celui d'Ariste Bolon. En proposant des petites architectures le long de l'avenue Rico Carpaye, d'une part, les commerces restent au service de flux urbains, mais permettent également d'agir à la manière d'un mur anti-bruit. En intégrant les systèmes constructifs de murs sonores, la façade ouest du bâtiment peut être en partie protégée des nuisances sonores urbaines.

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source : LEU Réunion et LAB Réunion


- L'ANRU La parcelle du projet est concernée par le périmètre d'intervention du NPNRU, mais les nombreux changements prévus concernent essentiellement le quartier d'Ariste Bolon, situé de l'autre coté de l'Avenue Rico Carpaye. Au nord de la parcelle d'étude, l'opération Rico Carpaye devrait acceuillir des nouveaux commerces et services en rez-de-chaussée. La réhabilitation des logements et la construction des nouveaux, sont destinés à des classes sociales plus aisées, dans la stratégie de favoriser la mixité sociale dans le quartier.

Une traversée arborée entre l'opération Emile Zola et le quartier Ariste Bolon est prévue, en franchissement sur l'avenue Rico Carpaye. Les commerces existants sont sauvegardés, et d'autres sont créés à l'occasion de la réhabilitation de la station service et de l'opération Rico Carpaye. Au sein de notre parcelle, l'ANRU propose une résidentialisation et une requalification d’un mail piéton entre le bâtiment A et B.

OPÉRATION ÉMILE ZOLA

ÉCOLE F.DOLTO PARC BOISÉ

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CENTRE SOCIOCULTUREL DU COEUR SAIGNANT

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OPÉRATION RICO CARPAYE

Axo schématique 1 : les espaces vétégaux et les esapces de divertissements sont séparés par la voirie.

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CENTRE SOCIOCULTUREL DU COEUR SAIGNANT

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PARC BOISÉ

Axo schématique 2 : Le Parc boisé s'incrit dans la nouvelle composition paysagère le long de l'avenue Parc à Parc, grâce à la délocalisation du centre socioculturel et du terrain multisport. ÉCOLE F.DOLTO

CENTRE SOCIOCULTUREL DU COEUR SAIGNANT

Axo schématique 3 : L'aménagement des commerces sur la voie douce plantée réduit l'impact des nuisances sonores urbaines sur la façade du bâtiment.

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PARC BOISÉ

Axo schématique 4 : La rénovation du parc enfant étend ses limites et crée des espaces verts dédiés aux familles et au jardin partagé.


Le site du projet est composé d'une parcelle de 15 500m², et en son centre, d'un bâtiment de 66 logements sociaux de l'opération Emile Zola. Les intentions d'aménagement du projet, vont en complément avec ceux élaborés par l'ANRU.

fréquentables en climat tropical. C'est à dire, que les espaces publics sont des lieux ombragés et peuvent bénéficier du passage du vent. Les voies de circulations douces sont aménagés différemment suivant leurs trajectoires.

- AU PLUS PRÈS DES JEUNES DE QUARTIERS

- COMPOSER LE VIDE La parcelle se trouve actuellement vide, et ne se densifie que très peu avec le plan directionnel que propose l'ANRU. En effet, elle mériterait d'avoir plus de rapport avec la ville. C'est pourquoi le projet propose : - De construire un quartier dans le quartier sous forme de petites architectures, pour rechercher un équilibre avec la densité des bâtiments présents. - Donner des usages au vide sous forme d'espaces qui donnent la possibilité à la mutation urbaine. - Délocaliser les parkings et favoriser les mobilités douces. - La suppression de la desserte des parkings permet de regagner un espace sécurisé sans le danger des voitures. De ce fait, le réaménagement du parc enfant et du boulodrome par les habitants peut être valorisé. L'espace public paysager peut profiter d'un agrandissement, qui permettrait d'une part, une fréquentation des familles et des populations dans un espace végétal calme et sécurisé, et qui renforcerait l'ouverture paysagère vers le parc boisé. En effet, il serait intéssant que le parc boisé soit intégré au quartier, devenant ainsi son réel poumon vert. Pour ce faire, ce centre culturel va etre déplacé de façon à donner une réelle connexion entre le quartier et le parc boisé. Le terrain multisport, fait partie intégrante à cette nouvelle ouverture, en prenant place sur l'ancien emplacement du centre socioculturel, pour préserver la continuité de la jonction entre le quartier et le parc boisé.

À 130 mètres de la parcelle de projet, le centre socioculturel du Coeur Saignant, a pour vocation d'être au coeur des quartiers pour proposer des animations et un lieu de vie, d'échange et de rencontre qui donne aux habitants la possibilité de participer à la vie du quartier. Cependant, les jeunes des logements Emile Zola, ont témoigné que le secteur manque cruellement d'activités pour les jeunes du quartier, et que la communication avec le centre socioculturel n'était pas toujours évidente. À ce sujet, le directeur du centre socioculturel du Coeur Saignant, Nicol M'COUEZOU, répond que malgrès l'activité maintenue par le centre sur ces quartiers alentours, les locaux ne peuvent répondrent à tous les besoins. Des espaces sont manquants ou insuffisants, comme des locaux réservés aux pratiques musicales, ou libres d'appropriation (salle de sport, salle de jeux, etc..). Les enjeux, sont de valoriser les liens de connexions entre le centre socioculturel et le quartier, avec des équipements adaptés. La relocalisation prévue du centre socioculturel et du terrain multisport en entrée de la jonction entre le quartier et le parc boisé, sera propice aux échanges inter-générationels où les gens du quartier pourront se croiser dans un environnement privilégié de détente, sport et culture.

- RENFORCER LA MOBILITÉ DOUCE Une nouvelle voie de TCSP (Transport en Commun en Site Propre) sur l'avenue Rico Carpaye, élargira l'unique voie à double sens, actuellement engorgée par les transports en commun. Une future station TC est inclue sur la parcelle de notre projet, et une nouvelle ligne 3 KAR'OUEST sera mise en place à cet effet. Le plan directionnel urbain de notre projet, prévoit de mettre en avant les arrêts de bus, d'aménager des voies cyclables et piétonnes confortables et

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2. ECHELLE DU BÂTI


Discours Lacaton Vassal : Le matériaux finalement c'est l'existant, évitez de démolir. Construire avec.

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B. 3. LE BÂTIMENT DANS LA PARCELLE, EN RUPTURE AVEC LE CLIMAT ET LES MODES D'HABITER DE LA POPULATION LOCALE

I. Le bâtiment A de l'opération Emile Zola, une forme urbaine isolée sur elle-même BÂTIMENT A

L'opération Emile Zola est contitué des bâtiments A, B et C. Le projet interviendra uniquement le bâtiment A.

1987 année de construction 15 500 m² de parcelle État de vétusté avancé pour le bâtiment 66 logements 2,5 m : hauteur sous-plafond des séjours 1,0 x 2,20 m : dimension des fenêtres de séjours 1,5 x 1,50 m : dimension des fenêtres des varangues 2 orientations minimum pour 100% des logements 1 espace extérieur pour 100% des logements 0 espace partagé 0 terrasse collective 0 commerce SIDR bailleur social

À l'échelle du bâtiment, on peut également sentir une rupture omniprésente avec le contexte extérieur. Dans l'ensemble de l'opération Emile Zola, quand on sort de chez soi, on se retrouve dans un no-man’s land. Les voies de circulation ne sont pas des rues, ce sont soit des rocades, soit des voies de garage qui servent à accéder en voiture à un parking au pied de l’immeuble. Les piétons peuvent passer à peu près partout, et il n’y a pas de vélos. Or la situation pourrait être différente : on pourrait restructurer les espaces extérieurs, et transformer certaines de ces voies de garage en véritables rues. Les bâtiments existants sont souvent séparés de la voirie par une pelouse ou par du stationnement. La SIDR, fait la réflexion que "le piéton est oublié. L’absence d’un maillage propre à la zone habitée, et l’alternance de vides déstructurés entre les espaces bâtis aux hauteurs exagérées, et oppressantes augmentent le sentiment de rupture et de solitude." Sans même justifier de l'architecture, l'opération Emile Zola semble détachée de son contexte, et donc favorise le sentiment d'isolement.

A

B

C

Photo 1 : Bande verte de 25 mètres, non fréquentée. À gauche, l'opération Emile Zola. À droite, l'avenue Rico Carpaye.

Cependant, l’opération Emile Zola est une opération de grande échelle, où la hauteur des bâtiments en R+3 permet de conserver un lien avec l’espace public (du balcon à la rue). Néanmoins, il ne propose pas d’ascenseur et les espaces extérieurs ne permettent pas aux personnes à mobilité réduite de se déplacer sans difficulté. Emile Zola n’est pas une opération accessible aux personnes à mobilité réduite.

Photo 2 : Espace naturel vide, occupé par Photo 3 : Voie de desserte qui sépare le stationnement informel des véhicules. l'opération Emile Zola à gauche, du parc À gauche, l'opération Emile Zola. À droite, enfant à droite. l'opération Rico Carpaye.

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C. 3. CHANGER L'USAGE DU BÂTI AVEC DES APPROCHES BIOCLIMATIQUES

I. Ouvrir la forme urbaine BÂTIMENT A

L'enjeu ici est d'apporter des modifications qui impactent au minimum le tissu social existant.

2021 année de restauration 15 500 m² de parcelle

Le concept adopté pour cette réhabilitation attentive du bâtiment A, s'intéresse à une dé-construction re-construction.

66 logements

Les logements démolis, devront être relocalisés sur le même bâtiment. Il est question de trouver des solutions aux dysfonctionnements relevés, mais aussi de démontrer une logique possible, à la conception d'un batiment de même densité et de même espace volumique, qui peut être mieux adapté que son modèle d'origine.

2,5 m : hauteur sous-plafond des séjours 1,0 x 2,20 m : dimension des fenêtres de séjours 1,5 x 2,20 m : dimension des fenêtres des varangues 2 orientations minimum pour 100% des logements 1 espace extérieur pour 100% des logements 2 espaces partagés 3 terrasses collectives

Le principe de dé-construction - re-construction est le suivant :

8 commerces

OPÉRATION RICO CARPAYE

ue

Parc à

parc

Av en

Aven ue

Ri co

Ca

rp

ay e

OPÉRATION ÉMILE ZOLA

1. ÉTAT EXISTANT LORS DE L’AVANT-PROJET : La forme bâtie enveloppe un point central, accessible uniquement depuis l'arrière du bâtiment, à l'opposé de l'avenue Rico Carpaye.

2. ÉTAT DE DÉMOLITION ATTENTIVE : Les façades les plus défavorisées à la ventillation traversante d'été sont déconstruites.

3. ÉTAT PROJETÉ APRÈS DÉMOLITION : La forme bâtie ouvre sur l'opération Rico Carpaye et sur l'opération Émile Zola. La desserte arrière est supprimée. L'aveue Rico Carpaye accueille une nouvelle voie TSCP.

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Aven ue

Parc

à pa

rc

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OPÉRATION RICO CARPAYE

Ri c

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Ca

rp ay e

OPÉRATION ÉMILE ZOLA

4. ÉTAT AVEC RELOGEMENT SUR L'EXISTANT : Les extensions de logements recouvrent les recoins. Les logements démolis sont reconstruits dans les angles et en étage suppérieur R+4.


II. Etude de l'habitat : un bâtiment né des modes de construction et de conception métropolitaines

LES REZ-DE-CHAUSSÉ sont ouverts sur une voie de stationnement. Les habitants ont intallé des rideaux pour cacher les vis à vis et les ouvertures sont barreaudées et équipées de fenêtres coulissantes. La ventillation naturelle traversante ne peut pas fonctionner correctement.

LA VARANGUE est ici une pièce intérieure, avec des ouvertures de type fenêtre coulissante. Dans le profil d'une maison tropicale, la varangue est un espace de vie extérieur et totalement ouvert.

DES STATIONNEMENTS INFORMELS occupent les sols perméables. La place de la voiture est dominante sur les espaces pouvant être plantés et entretenus.

LES DISTRIBUTIONS VERTICALES sont localisées dans les recoins de la forme bâtie. Un voile de béton ostrue la vue extérieure depuis l'escalier et l'assombrit.

LES APPROPRIATIONS INFORMELLES les distributions de logements peuvent témoigner d'un manque de place dans les appartements.

LA DEGRADATION DES ESPACES COMMUNS peuvent véhiculer des sentiments d'insécurité.

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II. Des motivations et bénéfices pour adopter la vie des "kaz en ler" en milieu tropical L'architecture traditionnelle réunionnaise mettait au premier plan les jardins pour assurer le confort thermique et l'esthétisme. A partir des années 60, et l'arrivé des systèmes actifs de rafraîchissement, la conception architecturale a quelque peu délaissée le climat, ce qui a engendrée des consommations énérgétiques accrues et de l'inconfort à tous points de vue (thermique, esthétique, acoustique, qualité d'air, etc..). L'architecture des bâtiments de logements au Port varient entre les "Kaz en ler" de béton, et des "Kaz à ter" de béton également pour la plupart. Par rapport à la culture créole, nous pouvons dire que les styles architecturaux varient entre les modèles créoles et les modèles métropolitains. La réprésentation des bâtis tropicaux dans cette communes ne sont pas exemplaires dans tous les secteurs.

La Kaz en ler : la verticalisation de l’habitat. L’introduction des logements collectifs, qui s’inspire, pour beaucoup, d’un modèle métropolitain, a constitué à La Réunion une évolution importante qui va bien au-delà de la simple mutation urbaine. La Kaz à ter : Avoir sa case et son bout de terrain est toujours symbole social de « liberté », même si l’habitation est petite et sans confort. C’est un modèle de référence pour la majorité de la population éligible à un logement social. Selon la SIDR, les réunionnais seraient réticents aux "kaz en ler" car ils se sont pas vraiment intégrés à la culture. Se pose alors la question de l'acceptation des immeubles de grande hauteurs dans les modes d'habiter des réunionnais.

Accepter, c'est vouloir vivre à l'intérieur, se projeter, et s'y sentir bien. En répondant à une problématique globale de rentabilisation du foncier, l'enjeu ici sera de démontrer aux populations locales le confort et les avantages à vivre dans ces opérations. Pour entamer cette démarche, le concept de la transformation démontre que les modes de vies des "kaz à ter", peuvent se traduire de manière fonctionnelle en "kaz en ler", et qu'il n'est finalement qu'une question d'échelle. Le projet s'inspirera des codes de la traditionnelle case kréol. La "kaz à ter" est différente de la Case créole traditonnelle, mais elle y reprend certains codes fonctionnels et esthétiques, tels que : - La varangue : est la véranda typique de la case réunionnaise. Au départ élément de protection contre le soleil, elle devient progressivement une véritable pièce à vivre en façade de la maison et dispose de son mobilier spécifique, essentiellement composé de fauteuils de repos créoles (dossiers cannés). À l’image de certaines demeures des grands domaines sucriers ou de belles cases des villes, la maison peut disposer de plusieurs varangues (avant, arrière, côtés et à l’étage). - Le jardin créole : À l’image de la flore de l’île et par opposition aux jardins « à la française » très structurés, le jardin créole se caractérise par une végétation dense et luxuriante, mêlant dans un joyeux désordre de nombreuses variétés de plantes, de fleurs et d’arbres fruitiers.

Croquis 2 : La varangue

Croquis 3 : Le jardin créole

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III. Les habitants réclament des bâtiments plus dignes avant la mixité sociale Tout au long de l'avant-projet, j'ai mené des entretiens semi-directifs, auprès des habitants de l'opération Emile Zola, en semaine, en weekend, et à différentes heures de la journée.

- Dégradation des espaces communs : 60% locataires estiment que les espaces communs ne sont pas dégradés, contre 40% qui jugent qu’ils le sont, toutefois, 53% des locataires jugent aussi qu’il y a une appropriation positive des espaces communs.

Ainsi, j'ai pu échanger avec une quinzaine de personnes, hommes et femmes, agés de 18 à 60 ans. La majorité y habite depuis plus de 10 ans, et reste car ils n'ont pas les moyens d'en partir selon eux.

- Des troubles de voisinage : 46% se plaignent de troubles et sont perçus comme insupportables et fréquents.

Les données récoltées des entretiens individuels, permettent d'avoir une vision claire de la considération des habitants pour leur quartier, et de cibler les besoins dominants. De plus, je me suis appuyée sur l'enquête menée par l'ESOI dans le cadre de l'étude sur la stratégie patrimoniale de la SHLMR, de la SIDR, de la SEMADER et la SEDRE au sein des quartiers du NPNRU, ce qui complète mes relevés.

- La majorité estime que des situations de squat sont présentes.

Le bâtiment est inscrit dans un quartier à forte connotation de logements sociaux. Des sentiments d’insécurité et de ségrégation sociale sont ressentis par les locaux. Les habitants du quartier jugent la qualité de l’environnement (autour du quartier) juste convenable, mais pour les locataires, la qualité est dégradée. Les jeunes et les enfants se retrouvent en bas de l’immeuble. Les cages d’escalier sont de réels lieux de rencontre et de sociabilité. D’après les enquêtes réalisées par ESOI, les locataires interrogés estiment qu’il y a de petits actes d’incivilité, des tags, et quelques situations de squat. D’autres estiment que les bâtiments sont régulièrement vandalisés.

- Fréquentation de voisins d'immeuble : 56% de oui

Les demandes liées à la SÉCURITÉ : - Mieux sécuriser les rez-de-chaussée au niveau des fenêtres ; - Sécuriser les cages d’escalier avec une clé par locataire ; - Fermer les entrées d’immeubles ; Les demandes liées à l'entretien et la PROPRETÉ : - Mettre un emplacement spécifique pour les encombrants ; - Plus de nettoyage ; - Mettre les boites aux lettres dans les anciens locaux à poubelle : régulièrement dégradées, ne ferment plus ; Les demandes liées à l'ORGANISATION DES ESPACES autour des bâtiments : - Mettre d’un côté un parc et de l’autre le parking ; - Mettre des espaces de jeux pour les enfants et des espaces pour les parents (bancs..) ;

Parmis les besoins évoqués par les locataires, aucun n'a relevé le besoin de la mixité sociale, mais plutôt des besoin techniques, qui reviennent souvent à la sécurité et au confort. Le besoin n'est pas de vivre avec des gens aisés, mais de vivre dans des lieux plus dignes.

- Plantations dans les espaces verts ;

En quelque chiffres :

- Proposition d’un jardin collectif (légumes) entretenus par les locataires sur les espaces verts inutilisées

- Qualité environnementale : 50% la jugent propre et 50% dégradée. - Vandalisme : 40% personnes estiment qu'il n'y a pas de vandalisme, 40% qui estiment avoir de petits actes d’incivilité et 20% considèrent que vandalisme est régulier. - Entraide : 87% des personnes estiment qu’il y a de l’entraide, 13% jugent que non.

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- Enlever les baies vitrées au rez-de-chaussée et mettre un espace extérieur ; - Fermer les espaces verts au rez-de-chaussée : privatiser (vols de plantes et de fleurs)

Malgrès ces relevés, la majorité affirme ne pas avoir envie de quitter leur logement, selon l'ESOI, mais 50% m'ont affirmé que si, surtout les jeunes, et que 90% sont satisfaits de leur logement. Le problème semble se situer non pas sur le logement en lui même mais plutôt sur l'environnement de vie.


III. L'architecture est d'intéret public Une grande partie des besoins énoncés par les habitants ont été résolus au niveau du projet urbain : Jardins participatifs, commerces, voies douces, rénovation du parc enfant, etc... L'enjeu ici est de transformer le bâtiment en lieu de vie. Si les gens se sont appropriés un lieu, c'est qu'ils s'y sentent bien. Donc la mission de l'architecte est accomplie. L'âme du projet est de ramener de la convivialité, du partage, et de la vie dans le bâtiment, ainsi que d'apporter la possibilité d'une mixité intergénérationnelle. La nouvelle offre de logements, comportera des propositions variées, permettant une diversité de fréquentation. De plus, des espaces communs partagés par tous sont créés dans les derniers niveaux. Ils représent

des espaces conviviaux qui renforcent le lien social au sein du bâtiment. Cette conception, se conforme aux préconisations de l'architecte Sophie Delhay : "il faut mettre en partage les endroits les plus privilégiés de l'immeuble". Ainsi, même les habitants des logements les plus modestes ont accès à des espaces jusqu'alors réservés à des privilégiés, comme par exemple, le toit terrasse panoramique. Pour un plus grand confort dans les logements, le principe d'une double peau en bois, est mis en oeuvre par une structure légère se greffant à l'existant, afin de protéger la façade des rayonnements directs du soleil. De plus, elle est vécue comme une extension, permettant d'offrir un accès extérieur au delà des varangues.

AXONOMÉTRIE ÉCLATÉE DES PRINCIPES DE COMPOSITION, SUR UNE SECTION DU BÂTIMENT : La double peau bioclimatique en bois se greffe au bâtiment, qui fait l'objet de transformations. Une nouvelle distribution extérieure, permet d'accéder au bâtiment par l'espace public urbain.

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3. ECHELLE DU LOGEMENT


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B.4. LES LOGEMENTS BIEN ENTRETENUS MAIS QUI PRÉSENTENT DES LACUNES Les logements existants du bâtiment comportent des défauts de confort : - Les parois bien orientées pour la ventilation traversante ne sont pas assez poreuses et les rideaux cachent les ouvertures; - Les salles de bain sont aveugles; - Les varangues sont conçues comme des pièces de vie intérieures et non comme des pièces semiextérieures; - Aucun logement n'est accessible pour les personnes à mobilité réduite et les accenseurs sont inexistants; - Les ouvertures en façade ne sont pas protégées du rayonnement solaire direct ; - Problème de fuites dans les logements ; - 20% des ménages réunionnais vivent dans un logement surpeuplé.

EXEMPLE DE LA DÉMARCHE SUR UNE TYPOLOGIE DE LOGEMENTS

1. ÉTAT EXISTANT

2. DÉCONSTRCUTION DES CLOISONS

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C.4. LE LOGEMENT EST ADAPTABLE ET BIOCLIMATIQUE Cet enjeux doit se raccorder aux arts de vie de la population. Les réunionnais sont un métissage d'ethnies en provenance de l'océan Indien : malgaches, indiens, chinois, mahorais, etc... Les arts de vie de ces éthnies cohabitent et s'entremêlent. Un des objectifs du projet est que les habitants se sentent bien dans leur logement, et n'aient pas envie d'en changer. Un des moyens pour y parvenir est de proposer une offre de logements adapables de façon à ce que chacun puisse s'approprier son logement. La trame du logement respecte tout de même la composition suivante :

2. Un travail a été fait sur les épaisseurs des espaces qui séquencent la traversée du logement : Avant de rentrer / rentrer / être presque dehors / être dehors. Ces quatre zones sont le reflet d'un mode de vie tropical. En effet, dans une autre zone climatique, les épaisseurs peuvent être définies différement. Les nouveaux logements sont traversants et poreux, ce qui permet une ventilation naturelle. T2 bis PMR 55m² + 13m² loggia

Leurs agencements permettent l'accessibilité aux personnes à mobilités réduites. La nouvelle offre dispose d'une plus grande diversité de typologies, pour une plus ample diversité d'occupation : étudiants, célibataires, couples, collocations, familles.

1. Espace de vie / espace de vie semi-extérieur / espace extérieur.

T2 PMR 46m² + 16m² loggia

3. TRANSFORMATION : La porosité des façades

4. EXEMPLE D'AGENCEMENT POUR UNE PERSONNE À MOBILITÉ RÉDUITE

rend possible la ventilation naturelle. Ajouts des balcons sur les varangues aux étages, et accès au jardins privés en rez-de-chaussée.

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T2 PMR 43m² + 18m² loggia


CONCLUSION La Réunion est un département français, sur lequel se sont développées des mutations urbaines impactantes. En 2018, 39% des réunionnais vivent sous le seuil métropolitain de pauvreté, ce qui explique le fort taux d'occupation des logements sociaux dans les tissus urbains des villes. Suivant l'exemple de la métropole, de grandes opérations d'habitations ont été lancées pour répondre rapidement et économiquement à la crise du logement. Cependant, plusieurs éléments permettent de constater que ces grands-ensembles de l'urgence, ne sont pas adaptés au climat tropical de la Réunion, ni aux modes d'habiter locaux, ni à l'environnement urbain. De ce fait ils deviennent rapidement obsolètes et les locaux ne se les approprient pas. La délinquance urbaine et les dégradations sont des symptomes d'un mal être profond, auquel participent l'environnement urbain et architectural. La ville du Port subit une décroissance démographique sans retour depuis 1999. Cette perte de population est le reflet de plusieurs dysfonctionnements à l'échelle urbaine, économique, et sociale. Les quartiers prioritaires de la ville sont le zonage d'une rénovation urbaine en cours, et réprensentent 80% du territoire portois.

En effet, pour éviter une baisse continue de la population, plusieurs solutions sont possibles. Toutefois, il est nécessaire de considérer en premier lieu les habitants et leurs besoins. C'est pourquoi, le projet de PFE met au coeur de sa démarche l'humain et les liens sociaux. L'empreinte climatique est le second axe structurant du projet. Le sujet de ce travail de fin d'étude, consiste donc en la métamorphose de 66 logements sociaux et de leurs abords, dans la ville du Port. Cette transformation sera éffectuée sour la forme d'une réhabilitation préservant la majorité du bâti et les liens sociaux qu'il abrite. Afin de répondre efficacement à la problématique générale suivante : adapter les bâtiments obsolètes pour une vie plus durable et saine, le projet se décline en trois volets complémentaires. En premier lieu, le projet intervient à l'échelle de la parcelle dans le quartier, sous la forme d'un aménagement urbain. La parcelle vide de 15 500m², sur laquelle est implanté un bâtiment de l'opération Émile Zola est enclavée, malgrès ses nombreuses connexions. La réponse propose de considérer tout d'abord le piéton avant la voiture. Ceci se traduit par la réalisation d'infrastructures adaptées aux modes de déplacements doux, la valorisation d'espaces végétaux et d'espaces publics piétons. L'accès au parc boisé est requalifié, et les petits commerces apportent des solutions économiques, sociales et techniques au bâtiment.

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En deuxième lieu, le bâtiment dans la parcelle fait preuve d'incohérence constructive avec le climat tropical, et renforce le sentiment d'isolement dans le quartier par sa forme urbaine. Le projet à cette échelle, tente de résoudre les points faibles architecturaux, d'aménager des espaces collectifs dans le bâtiment, et adopte une approche bioclimatique.

acteurs majeurs de la vie du quartier.

La conception d'une double peau en bois, premet une extension légère sur l'existant. Les façades peuvent ainsi bénéficer de protection efficace contre les rayonnements solaires directs, les varangues deviennent de vrais espaces semi-extérieurs, et certains bénéficient même de balcons.

Pour l'île de la Réunion, le parc de logements sociaux construits dans l'urgence est conséquent. L'enjeu à ce stade, est de prendre conscience que des solutions simples et de bons sens existent, et peuvent permettre de faire vivre ou revivre les quartiers laissés à l'abandon.

La toiture maintenant accessible, accueille d'autres typologies de logements, et offre des espaces partagés et collectifs dans les endroits les plus privilégiers du bâtiment. La convivialité est renforcée ainsi que les rencontres inter-générationnelles.

La rénovation urbaine est une première démarche dans la reconstruction d'un monde meilleur.

Enfin, la dernière échelle concerne les logements en eux-même. Ceux-ci sont maintenant de typologies plus diverses, variés, permettent une liberté d'appropriation, l'accès aux personnes à mobilité réduite, et une mise en pratique d'une approche bioclimatique, notamment par la prise en compte de la ventilation traversante.

Dans un monde déjà construit, les rénovations urbaines sont nécessaires à condition qu'elles répondent aux besoins profonds. Un simple coup de peinture ne va jamais résoudre le mal être des habitants de quartiers inadaptés et obsolètes.

Ce projet à voulu montrer que ces rénovations peuvent s'éffectuer en harmonie avec l'environnement social, culturel et climatique des lieux. Il est ainsi possible par des adaptations mesurées de répondre à la problématique sans pour autant tout détruire et reconstruire de zéro. L'économiste s'y retrouvera autant que l'humaniste.

Le projet s'inscrit dans une démarche participative à l'écoute de l'environnement social, urbain et climatique car les habitants sont avant tout les

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RÉSUMÉ PROBLÉMATIQUE Sur l'île de la Réunion, les premiers grandsensembles sont apparus pour répondre rapidement et économiquement à la crise du logement. Le manque de prise en compte des réalités bioclimatiques, culturelles, et urbaines de ces opérations d'urgences, a engendré une obsolescence précoce de leur environnements. Quelques années plus tard, les populations ne se sont toujours pas adaptées à ces nouveaux modes d'habiter. Les plus défavorisés extériorisent leur malaise par de la délinquance urbaine et des dégradations, tandis que ceux qui ont les moyens de partir, s'en vont. La ville du Port, est la commune réunionnaise qui accueille le plus de logement sociaux sur l'île, et qui subit des exodes de population continus depuis 1999.

INTENSIONS Dans le quartier prioritaire de la ville qui représente 80% de la ville du Port, le projet de PFE s'intéressera à la métamorphose d'un bâtiment dépendant de

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l'opération de logements sociaux Emile Zola, ainsi que de ses abords. Les enjeux sont de permettre à cet environnement urbain enclavé et dégradé, de s'inscrire dans une durabilité exemplaire. L'approche préconisée est composée de deux axes structurants : l'humain et les relations humaines, et les réalités climatiques du lieu. Ainsi, le projet se positionne dans une démarche sociale et bioclimatique, au travers des interventions urbaines et architecturales, pour la réalisation de la transformation du quartier.

PROJET Le projet est composé de trois parties complémentaires, sous les échelles de la parcelle, du bâtiment et du logement. Dans chacune d'elles, les améliorations sont menées en s'appuyant sur les dysfonctionnements relevés en amont. Le projet abouti constitue une des possibilités parmi tant d'autres, à la transformation d'un habitat obsolète en un habitat plus proche de ses occupants, et adapté à l'environnement climatique et urbain.


ABSTRACT ISSUE On the island of Reunion, the first large housing estates appeared as a rapid and economic response to the housing crisis. The failure to take into account the bioclimatic, cultural and urban realities of these emergency operations led to the early obsolescence of their environments. A few years later, the populations have still not adapted to these new ways of living. The most underprivileged externalise their malaise through urban delinquency and degradation, while those who have the means to leave, leave. The town of Le Port is the commune on Reunion Island with the highest number of social housing units, and has been experiencing a continuous exodus of people since 1999.

INTENSIONS In the priority district of the city, which represents 80% of the city of Le Port, the EFP project will focus on the metamorphosis of a building belonging to the Emile Zola social housing operation, as well as its surroundings. The challenges are to enable

this enclosed and degraded urban environment to become part of an exemplary sustainability. The recommended approach is composed of two structuring axes: the human and human relations, and the climatic realities of the place. Thus, the project is positioned in a social and bioclimatic approach, through urban and architectural interventions, to achieve the transformation of the district.

PROJECT The project is composed of three complementary parts, under the scales of the plot, the building and the housing. In each of them, the improvements are carried out based on the dysfunctions identified upstream. The finished project is one of many possibilities for transforming obsolete housing into housing that is closer to its occupants and adapted to the climatic and urban environment.

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BIBLIOGRAPHIE ETUDES ETUDE SYSTEMIQUE SUR LES POPULATIONS FRAGILISÉES ET EN RUPTURE ISSUS DES QPV, ESOI (Etudes ethnosociologiques de l'océan Indien), 2017. LE PORT - ETUDE URBAINE ET SOCIALE DU QUARTIER ARISTE BOLON / SIDR HAUTE, 2 AGENCEUP + EMO + GUY JULLIARD VILLE DU PORT (97), 2014. Etude sur la stratégie patrimoniale de la SHLMR, de la SIDR, de la SEMADER et la SEDRE au sein des quartiers du NPNRU - Emile Zola, EMPREINTE, ESOI, ETBTBIS, BLIN ET MISERY Revue de projet, Commune de Le Port, NPNRU Ariste Bolon SIDR Haute, 2020. Le Cahier de prescriptions architecturales et environnementales, Leu Réunion, Lab réunion

LIVRES ROLLOT Mathias (2016) L'obsolescence – Ouvrir l'impossible, Genève : MetisPress (pp.124) LEVENEUR Bernard (2009) 60 ans de culture urbaine. Île de la Réunion : SIDR.

ENTRETIENS M'COUEZOU Nicol, directeur du centre socioculturel du Coeur Saignant. SOUFFRIN Emmanuel, anthropologue et directeur de ESOI.

ARTICLES SCIENTIFIQUES KOKOREFF, M. (2006). Sociologie de l'émeute. Déviance et société, 30(4), 521-533. LINHART, V. (1992). Des Minguettes à Vaulx-en-Velin: les réponses des pouvoirs publics aux violences urbaines. Cultures & Conflits, (06).

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