GENEALOGIQUE

Page 1


SOMMAIRE

Edito Chers lecteurs,

01 EDITO

02 GÉNÉANEWS

07 FOCUS

15 PSYCHOGENEALOGIE

22 EN APARTÉ

26 DOSSIER SPÉCIAL PARIS ET LA RÉGION Île-de-France

48 ONOMASTIQUE

54 MÉTHODO’LOGIQUE 69 LOGIWEB

70 CONTACT

Nombreux étaient au rendez-vous pour découvrir GENEALOGIQUE. C’est pourquoi, il me semble nécessaire, tout d’abord, de vous remercier pour vos messages et votre confiance. Merci également à tous les adeptes de paléographie qui ont rendu ce concours extrêmement vivant ! Votre soutien nous conforte dans la suite de cette aventure et nous donne encore plus l’envie d’aller puiser pour vous dans les différents centres, des sources inédites et indispensables à vos recherches.Votre magazine qui se veut avant toute chose, essentiel et pratique, a, pour ce second numéro, été à la rencontre de personnalités déroutantes. Marc Lévy se confie en toute liberté , nous raconte l’histoire de sa famille, nous parle de son fils et nous offre une vision extrêmement humaniste de la généalogie. Lise Langlois revisite pour vous les notions de la psychogénéalogie. Et c’est sans compter les enquêtes exclusives réalisées par nos rédacteurs experts... En ces temps où la généalogie semble accaparer les esprits, puisque vous êtes de plus en plus nombreux à vous intéresser au sujet, ce magazine semble avoir de beaux jours devant lui. Ces derniers mois, France 2 a lancé un programme consacré au sujet, Le Monde signé un partenariat avec ancestry. fr, et les journalistes se sont intéressés au lien de parenté entre Mme Bettencourt et Nicolas Sarkozy... Si ce n’est dit ! Nous mettons tout en oeuvre pour satisfaire votre curiosité. Désormais le courrier des lecteurs vous attend... N’hésitez plus un instant... nous serons heureux de vous publier ! Emilie DI VINCENZO

GENEALOGIQUE


Ancestry.fr signe son partenariat avec le site du journal Le Monde, www.lemonde.fr. Un partenariat d’envergure Depuis le 17 juin dernier, notre partenaire Ancestry.fr, s’est associé au quotidien Le Monde pour permettre aux lecteurs du site d’information www.lemonde.fr de connaître et de se familiariser avec le site de généalogie. Une page Ancestry.fr est ainsi directement disponible à partir du site www.lemonde.fr, dans la rubrique « Pratique » et « Généalogie », et permet aux internautes de se familiariser avec la recherche généalogique en toute simplicité (http://genealogie.lemonde.fr/1).

actu

agenda

ÉCHANGES NEWS

Les Français de plus en plus passionnés de généalogie Le Monde a tout récemment souligné l’engouement croissant des Français pour la généalogie et c’est donc tout naturellement qu’il a mis en place un partenariat avec Ancestry.fr, l’un des leaders de la généalogie en ligne. Dans son article « Internet dépoussière la généalogie », Le Monde met en exergue le boom de la généalogie en France, favorisé par l’émergence des sites Internet spécialisés, ainsi que la numérisation et la mise en ligne des archives facilitant grandement les recherches. Selon un sondage Sofres réalisé pour Ancestry, les Français sont de plus en plus passionnés de généalogie. 80% d’entre eux ont envie de connaître l’histoire de leur famille, dont 85% des femmes et 75% des hommes. Par ailleurs, 61% des Français ont déjà effectué des recherches sur leur famille ou une autre famille. Les services d’Ancestry.fr Présent à travers le monde, le groupe américain Ancestry.com Inc. contient une base de données de plus de 4 milliards de données d’archives et documents historiques, incluant plus de 38 millions de données historiques françaises, la plupart sous la forme de documents originaux numérisés. A ce jour, le réseau compte plus d’ 1,4 milliard de noms et 30 millions de photos et d’histoires répartis dans plus de 13 millions d’arbres généalogiques.

VOUS SOUHAITEZ PASSER UNE ANNONCE, NOUS ENVOYER VOS COMMUNIQUÉS DE PRESSE, CONTACTEZ DÈS MAINTENANT LA RÉDACTION /redaction.genealogique@gmail.com

Directeur de la publication : Christian GUSTIN Email : neptunediffusion@aol.com Conseillère éditoriale et de la rédaction : Emilie Di Vincenzo Email : genealogique.edition@gmail.com Création graphique : Mil’Conseils Email : milconseils@gmail.com Ont collaboré à ce numéro : Elisabeth Peckeu, Anne Le Floch, Tony Neulat, Jean-Louis Dega, Paul Povoas, Dominique Delgrange, Christian Friedrich Contacter la rédaction : redaction.genealogique@gmail.com

2

Abonnements : neptunediffusion@aol.com Téléphone : 03 83 57 91 06 Publicité : au journal 74 rue du Gros Chêne 54000 Laneuveville Tél. : 03 83 57 91 06 Fax : 03 83 51 20 08 Ventes réassort : Alix Conseil. Téléphone : 01 64 66 16 39 Impression : Assistance Printing 113-121, avenue du Président Wilson 93210 La Plaine St Denis Diffusion : MLP Couverture et photographies de Marc Levy : © P.Leveque

Généalogique est une publication trimestrielle éditée par E.N.D, Sarl au capital de 26 000 euros. Rédaction, administration, au siège social : 74, rue du Gros Chêne 54410 Laneuveville-devant- Nancy. Directeur de la publication : C. GUSTIN Principaux associés : C. GUSTIN, N. ABBOUD, E.BERTELLE, J.C BERTRAND. Dépôt légal à parution. Commission paritaire : en cours N° ISSN : en cours Les documents et photographies transmis à la rédaction impliquent l’accord des auteurs pour leur publication. Copyright : Généalogique - Editions Neptune Diffusion Toute reproduction intégrale ou partielle des textes, documents et/ou photographies et illustrations, est interdite sans l’accord préalable

écrit des auteurs et du directeur de la publication. L’envoi de textes ou de créations implique l’accord des auteurs pour une utilisation libre de droit et suppose que l’auteur soit muni des autorisations éventuellement nécessaires à la diffusion. Le prix de vente indiqué en couverture inclut la ,TVA de 2,1%.

Nouvelles données en ligne • Archives départementales de la Loire : registres paroissiaux (de 1469 à 1792), état-civil (de 1793 à 1909), tables décennales (de 1792 à 1902), presse ancienne (15 journaux), archives de Manufrance (créée en 1885) et inventaires des fonds. http://www.loire.fr • Archives départementales du Tarn-et-Garonne : registres d’état-civil et registres paroissiaux de 1590 à 1903, tables décennales jusqu’à la décennie 1932-33. http://www.archivesdepartementales.cg82.fr/ • Archives départementales de la Haute-Saône : état-civil de 1792 à 1902, tables de successions et absences, registres matricules militaires, cadastre napoléonien et recensements jusqu’en 1906. http://archives.cg70.fr/ • Archives départementales du Bas-Rhin : registres paroissiaux catholiques et protestants du Bas-Rhin du XVIe à la fin du XVIIIe siècle, tables décennales et registres d’état civil de 1793 à 1902, registres de prise de nom par les Juifs (1808). http://archives.cg67.fr/ • Archives départementales des Pyrénées atlantiques : registres paroissiaux (avant 1792) et d’état-civil (après 1793), tables décennales (à partir de 1803), répertoires des notaires de plus de 100 ans et des documents relatifs au Pays basque qu’ils soient d’origine publique ou privée. http://earchives.cg64.fr/ • Archives départementales de la Manche : registres paroissiaux et d’état civil, plans du cadastre, 8 000 photographies et 42 000 cartes postales. Un moteur de recherche multicritères porte sur l’ensemble des inventaires des archives départementales. http://archives.manche.fr/

• Archives départementales de l’Indre-et-Loire : registres paroissiaux. http://archives.cg37.fr/ • Archives départementales de Haute-Garonne : registres paroissiaux (collection communale) de toutes les paroisses de la ville de Toulouse. http://www.archives.cg31.fr/ • Archives départementales de l’Eure : listes nominatives, par canton, de 1891 à 1968, des recensements de la population. • Archives nationales d’outre-mer : état civil « européen » de l’Algérie de 1830 à 1904. Une base de données alphabétique, permet, après un recherche par nom, d’accéder directement à l’acte recherché. Conservés en Algérie après l’indépendance, ces registres ont été microfilmés par le ministère des Affaires étrangères entre 1967 et 1972 puis numérisés. http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/caomec2/ • Archives du ministère de la Défense : deux nouvelles bases de données, l’une présente l’état civil des militaires décédés durant la Seconde Guerre mondiale (environ 200 000), l’autre présente l’état civil des personnes fusillées au Mont-Valérien (1 013). http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/

Le Minitel ne répond plus Depuis l’explosion de la généalogie sur internet, les jours de la recherche généalogique sur Minitel étaient comptés. Depuis juin dernier, les célèbres sites 3617 Genealogy, 3617 ABMS, 3617 Genlor et 3615 Genanjou, gérés par la société Swic, ne répondent plus. Que les généalogistes se rassurent, les relevés des registres d’état civil et paroissiaux, auparavant accessibles sur ces quatre sites Minitel, sont désormais accessibles sur le site internet de NotreFamille. com, qui a racheté la société Swic.

GENEALOGIQUE


• Archives départementales de l’Aisne : registres paroissiaux et d’état-civil (du XVIe siècle à 1905), plans cadastraux napoléoniens de chaque commune et cartes postales anciennes. http://www.archives.aisne.fr/ • Archives départementales du Haut-Rhin : registres d’état civil de 1793 à 1892, tables décennales et publications de mariage, répertoires de prises de noms des Juifs en 1808. http://www.archives.cg68.fr/

Alpes (consultation de leurs bases de données) et d’autre régions de France, des associations du patrimoine, des éditeurs et librairies spécialisées. Démonstrations de logiciels de généalogie, conférences et initiation à la généalogie. Au centre de congrès de Chambéry, le 18 de 10 h à 18 h et le 19 de 9 h à 17 h.

• Toulouse (31), 9 et 10 octobre 2010 Journées nationales de généalogie Organisées par l’Entraide généalogique du Midi Toulousain au Centre culturel de Fontaine-Lestang, 59, rue Vestrepain, 31000 Toulouse Renseignements : Tél. 05 34 63 91 06 http://www.egmt.org contact@egmt.org

• Archives de Paris : tables alphabétiques du recrutement militaire dans le département de la Seine (1875 à 1909), répertoires des enfants assistés admis auprès du service des Enfants trouvés puis auprès du service des Enfants assistés de la Seine (1742 à 1909) et répertoires d’admission des enfants assistés de la Seine (1742 à 1909). http://canadp-archivesenligne.paris.fr/

• Wavre (Belgique), 9 et 10 octobre 2010 Geneatica 2010 6e salon de la généalogie en Belgique francophone À la recherche de vos ancêtres organisé par l’Asbl GéniWal (Généalogie Informatique Wallonie) à la salle des Fêtes de l’Hôtel de ville, 1 rue de Nivelles, 1300 Wavre Renseignements : geniwal@gmail.com http://www.geniwal.eu/

Agenda • Saint-Pierre-Église (50), 4 et 5 septembre 2010 11es Rencontres manchoises organisées par le Cercle généalogique de la Manche Le samedi de 10 à 18 h et le dimanche de 10 à 17h avec la présence du comité Gilles de Gouberville. Exposition des Archives départementales de la Manche Site : www.cg50.org Courriel : presidente@cg50.org • Stuttgart (Allemagne), 12 au 17 septembre 2010 XXIXe Congrès international des Sciences Généalogique et Héraldique Organisé par l’Académie internationale de généalogie et The International Academy of Heraldry (AIH), en collaboration avec l’Académie internationale de généalogie et la Confédération internationale de généalogie et héraldique. Renseignements : http://www.congress2010.info/francais/ • Chambéry (73), 18 et 19 septembre 2010 4e Forum Rhône-Alpes de généalogie et histoire Organisé par l’Union généalogiques des Pays de Savoie (regroupant l’Aredes, le Centre généalogique de Savoie et Maurienne Généalogie) dans le cadre du 150e anniversaire du rattachement de la Savoie à la France. Seront présents : des associations de la région Rhône4

• Saintes (17), 2 et 3 octobre 2010 Journées régionales de généalogie Organisées par le Cercle généalogique de Saintonge et le Cercle généalogique de Sud-Saintonge, de 10 h à 18 h les deux jours. Au Parc des expositions Mendès-France de Saintes Renseignements : prost.jacqueline@wanadoo.fr Tél. : 05 46 90 26 29

• Paris, 25 et 26 septembre 2010 Gene@2010 Le Forum de la Généalogie se déroulera dans la cour de l’hôtel de Soubise aux Archives de France, organisé par la Fédération française de généalogie, en partenariat avec les Archives nationales. Seront présents : des associations de généalogie, des fabricants de logiciels, des éditeurs, la presse spécialisée, les Archives de France et la Fédération française de généalogie (FFG). Des conférences sont programmées. Archives de France, hôtel de Soubise, 60, rue des FrancsBourgeois, Paris 3e • Lans (71), 2 octobre 2010 Forum de l’Union généalogique de Bourgogne Organisé par le Cercle généalogique de Saône-et-Loire dans la salle polyvalente de Lans de 9 h 30 à 18 h. Renseignements : cgsl.71@wanadoo.fr http://www.cgsl.asso.fr/

• Brinay (18), 10 octobre 2010 Forum annuel de l’Union généalogique du centre Organisé par le Cercle généalogique du Haut-Berry Réunion annuelle des cercles de l’Union Centre : Société généalogique du Bas-Berry, Société généalogique d’Eure-et-Loir, Centre généalogique de Touraine, Cercle généalogique du Loir-et-Cher, Loiret Généalogique et le Cercle généalogique du Haut-Berry Recherches, échanges, rencontres. Renseignements : cgh-b@genea18.org • Mont-de-Marsan (40), 23 et 24 octobre 2010 4e Congrès interrégional aquitain Organisé par le Centre d’histoire et généalogie landaise à l’Auberge landaise, parc Jean Rameau, de 9 h à 19 h. Renseignements : Tél. : 06 31 44 10 86 genealogie.landes@orange.fr

• Mions (69), 20 et 21 novembre 2010 4e biennale de généalogie organisée par le Cercle de généalogie de Mions (CGM). Une exposition et des ateliers pour généalogistes débutants et confirmés de la région Rhône-Alpes, de 9 h à 18 h, entrée gratuite Centre culturel Jean-Moulin, place Jean Moulin, 69780 Mions Renseignements : genealogiemions.free.fr • Lille (59), 2, 3 et 4 juin 2011 21e Congrès national de généalogie Sous le patronage de la Fédération française de généalogie. Initialement prévu à Roubaix, ce congrès aura finalement lieu au Grand Palais de Lille. Renseignements : http://www.genealogie-lille-2011.org/

Diplôme universitaire de généalogie et histoire des familles Créé par l’université de Nimes pour répondre à une demande du marché privé et à un besoin du monde professionnel, ce diplôme universitaire propose une formation complète, aussi bien pratique que théorique, à la science de la généalogie. Il a pour but de permettre à tous ceux qui l’exercent dans un cadre privé de gagner en efficacité et de faciliter aux étudiants en droit et en histoire leur arrivée sur le marché du travail. La formation théorique s’articule autour de trois axes : une formation généraliste en histoire moderne de la France pour que les étudiants acquièrent les bases fondamentales à la connaissance de l’histoire de notre pays, une formation en droit, sur le droit des familles et une formation aux sciences historiques (paléographie, héraldique et étymologie des noms de famille). La formation pratique consiste en recherches précises aux archives pour dresser l’arbre généalogique d’une personnalité et retracer l’histoire d’une personne ou d’une famille. Ce diplôme universitaire est ouvert aux personnes ayant du temps libre et cherchant à optimiser leurs recherches, aux étudiants (essentiellement ceux de droit et d’histoire) et aux personnes qui souhaiteraient compléter leur formation initiale ou reprendre des études. Concentré sur 4 mois, l’enseignement théorique aura lieu entre janvier et juin 2011. Le nombre maximum d’étudiants admis est de 25. La sélection se fera sur dossier avec lettre de motivation.


Pour en savoir plus : http://www.unimes.fr/site/fr/

FOCUS

Parutions -

la sélaction d’Anne LE FLOCH

Notrefamille.com :

Les Jacobsen à Noirmoutier Par Yvonnick de Chaillé, préface de Patrick de Villepin, avant-propos de Jacques Oudin

Les Tassin : une famille d’Orléans par Geoffroy Guerry

par Paul POVOAS, avec les propos d’Emmanuel CONDAMINE

Éditions régionales de l’Ouest, Mayenne, mai 2010, 17 x 24 cm, 360 pages, 40 €.

Originaire d’Orléans, la famille Tassin s’inscrit parmi les plus honorables de cette ville. Les premiers degrés de sa filiation suivie révèlent des notables marchands spécialisés notamment dans le négoce de la laine. Le XVIIIe siècle voit la formation de diverses branches, s’alliant le plus souvent avec la noblesse ou la grande bourgeoisie locales : certains de ses membres sont échevins de la ville, d’autres accèdent à la noblesse par l’achat d’une charge de conseiller secrétaire du Roi. Plusieurs personnalités laissent leur marque dans la vie locale comme François Tassin (1707-1774), écuyer, conseiller secrétaire du Roi en 1765, Charles-François Tassin (1723-1804), seigneur de Charsonville, Moncourt, Montaigu et autres lieux, grand maître des Eaux et Forêts du duché d’Orléans, Augustin Prosper Tassin de La Renardière (1728-1814), échevin d’Orléans et lieutenant des chasses du duc d’Orléans, Pierre Augustin Tassin de Moncourt (1754-1793), guillotiné, Pierre Aignan Tassin de Montaigu (1762-1849), maître de camp « général dragon », démissionnaire en 1792, ou encore Louis Tassin de Nonneville (1775-1834), préfet, créé vicomte par Louis XVIII en 1816. Cette étude généalogique, recensant près de 3500 personnes, a été réalisée presque exclusivement sur actes. Elle permet aux lecteurs de suivre l’évolution de cette famille sur dix-sept générations. Patrice du Puy Éditeur, Paris, septembre 2010, 17 x 24 cm, 448 pages, 45 €.

6

A

lors qu’il se dit, s’écrit et se répète de tout à propos de Notrefamille.com, tâchons de comprendre avec Emmanuel Condamine, directeur général chargé de la généalogie, les raisons qui ont amené cette entreprise française, éditeur de services et de contenus à se lancer dans l’aventure de la numérisation et de l’indexation. Les explications apportées par le responsable lors de cet entretien annoncent de réelles ambitions et certainement la généralisation de ce mode de consultation d’archives en ligne, qu’ils soient payants comme gratuits, à la seule différence que Notrefamille.com garantie en dehors des images en ligne une indexation nominative de tous les documents. Avec l’acquisition récente d’Archimaine, entreprise leader dans les domaines de la numérisation, d’hébergements et de consultations de documents en ligne, Notrefamille.com prouve qu’elle est à la hauteur de ses ambitions et capable de répondre aux exigences d’un projet avec les moyens adéquats, déjà prouvés sur le site Genealogie.com avec les collections de documents en ligne, ses bases de données et les relevés des nombreuses associations partenaires. Numériser, indexer, mettre en ligne des millions d’actes d’état civil, des listes nominatives de la population, dans une proportion, jusque là, jamais atteinte. Genealogie.com a pour ambition outre les arbres en ligne, les relevés d’actes des associations, de pousser un service au-delà de tout entendement : la mise en ligne des archives de l’état civil et des recensements de la population française, le tout indexé par le biais de bases de données. ©NotreFamille.com

Entre ciel et mer, les îles nous ont de tout temps fascinés. C’est sur celle de Noirmoutier qu’a débarqué et s’est établi, au début du XVIIIe siècle, un peu par hasard, un jeune négociant originaire de Dunkerque, Cornil Guislain Jacobsen, par ailleurs cousin de Jean Bart. Comment ces Flamands, Cornil Guislain (1709-1787), et après lui son fils Jean Corneille (1750-1834) et son petit-fils Auguste (1800-1873), tour à tour négociants, armateurs, corsaires, assécheurs, gestionnaires ou édiles, toujours attentifs et solidaires de ceux qui les entourent, ont-ils pu façonner ce pays dur aux hommes ? Comment le mince cordon de terre perdu dans les bas-fonds sableux menacé de disparition à chaque tempête est-il devenu, avec ses digues, ses marais et les oeillets à sel qui firent sa richesse, une terre hospitalière. C’est une véritable épopée, pleine de vie, de passions, mais aussi secouée par les tempêtes de la mer et du monde, traversée par le grand souffle de l’histoire, que nous raconte ici, parfois avec lyrisme mais sans jamais s’écarter de la vérité historique, Yvonnick de Chaillé (1925-2005), descendant direct des Jacobsen par sa mère. C’est en grande partie sur les archives familiales inédites de la famille Jacobsen qu’il s’est appuyé pour construire cette vaste fresque sociale et politique ainsi que sur les recherches et publications de nombreux historiens et érudits. Une histoire des hommes, mais aussi de Noirmoutier et de la mer.

GENEALOGIQUE


Généalogique : Parlez-nous en quelques mots de la numérisation des archives en France ? Notrefamille.com : Les services d’archives mènent les programmes de numérisation en fonction des moyens qui leur sont donnés. Construction de nouveaux bâtiments, besoins en personnels… la numérisation ne représente qu’une partie des besoins globaux des archives. Aujourd’hui, la situation des finances des collectivités impacte directement les budgets et crée une fracture numérique. Ainsi, les archives départementales de Loire-Atlantique se demandent ce qu’elles vont encore pouvoir numériser, quand le Gers n’a pour l’instant rien envisagé. Généalogique : Concrètement, 50 % du territoire national dispose d’archives en ligne, c’est-à-dire qu’à l’heure actuelle la moitié des départements n’ont pas d’archives sur Internet. Notrefamille.com : En effet, environ la moitié des départements français proposent des services d’archives en ligne. Ces services ne sont pas toujours exhaustifs et concernent essentiellement l’état civil. Mais pour d’autres fonds comme par exemple les listes nominatives de la population, autrement dit les recensements, peu de départements en disposent sur leur propre site Internet. Mais des partenariats se mettent en place, on sait, par exemple, des sociétés ont entamé gracieusement des numérisations complètes des recensements au profit de certains départements. Généalogique : Vous affirmez que NotreFamille. com souhaite numériser les fonds librement communicables qui n’ont pas encore été numérisés. Notrefamille.com : En effet, NotreFamille.com a estimé qu’il pouvait entreprendre la numérisation de ces fonds d’archives dans une logique partenariale. Ainsi les fonds qui ne sont pas numérisés pourront être pris en charge par NotreFamille.com et sa nouvelle filiale Archimaine, spécialiste incontestée de la numérisation de documents originaux. Bien entendu, une copie de ces images sera remise gracieusement aux départements. Les départements disposeront de la pleine propriété sur ces numérisations. Ils pourront donc développer leurs services en ligne, licencier les images à d’autres acteurs sans aucun droit de regard exercé par NotreFamille.com. Généalogique : En dehors de numériser des pans entiers d’archives, NotreFamille.com a d’autres projets quant à ces documents, quels sont-ils ? En 8

quoi ces projets viennent-ils s’intégrer dans le Grand Emprunt ? Peut-on alors parler de privatisation des archives ? Notrefamille.com : NotreFamille.com souhaite développer l’offre de bases généalogiques pour ses utilisateurs. Ce développement passe par l’indexation, c’est-à-dire la transcription, systématique des images pour constituer un moteur de recherche nominatif qui permettra à l’utilisateur d’orienter rapidement ses recherches. Depuis deux ans maintenant, nous avons en effet développé une section Archives en Ligne qui propose aux utilisateurs de consulter en un seul coup d’œil les informations généalogiques issues de la transcription et l’image source. Outre le plaisir de visualiser le document original, cela permet également de vérifier la qualité de la transcription et de collecter des informations complémentaires. Voilà pourquoi, nous avons besoin des numérisations pour faire notre travail d’indexation et proposer un service de qualité à nos utilisateurs. Le Grand Emprunt est une option qui ne concerne que la numérisation. Mais les contours sont encore flous. Cela permettrait en tout cas d’accélérer la campagne de numérisation sur l’ensemble du territoire français. En aucun cas, il n’est question de « privatiser » l’accès à ces documents étant donné qu’ils seront tous remis aux départements. Les départements auront alors toute latitude pour diffuser ces images de la manière qu’ils souhaitent. NotreFamille.com ne se substitue pas au service public mais souhaite simplement pouvoir développer une activité indépendante parallèlement à ce que font les services d’archives. Généalogique : Finalement, qui vous accorderait la possibilité d’entreprendre la numérisation des archives ? Est-ce une décision faite au niveau du Service Interministériel des Archives de France ? Notrefamille.com : Au titre de la loi de décentralisation, les responsables de la décision sont les présidents des conseils généraux qui sollicitent l’avis des directeurs des archives départementales, qui, eux-mêmes, demandent conseil au Service Interministériel des Archives de France. Le décideur reste le président du Conseil général. Cela implique que NotreFamille.com devra établir une centaine de partenariats avec chaque Conseil Général. Généalogique : Admettons qu’un directeur des archives départementales déconseille au président du Conseil général la mise en place d’un partenariat

avec NotreFamille.com, comment réagirez-vous ? Notrefamille.com : Depuis le début de nos pourparlers avec la Direction des Archives de France en 2006, NotreFamille.com a toujours inscrit ses projets dans le respect le plus strict de la loi. En ce qui concerne la réutilisation des données publiques, la loi existe depuis 1978. Voilà pourquoi le 16 juillet 2009, l’ensemble des présidents de conseils généraux et des directeurs des archives départementales ont été informés par lettre de la demande de réutilisation des cahiers de recensements. NotreFamille.com a par la suite visité l’ensemble des Directeurs d’Archives Départementales d’octobre 2009 à avril 2010. Ces visites ont permis aux Directeurs d’Archives de nous poser toutes les questions qu’ils pouvaient avoir sur le sujet. La légitimité de la démarche de NotreFamille. com et de son projet de réutilisation a d’ailleurs été confirmée par la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) dans trois avis qui ont été rendus récemment. Nous avons donc réitéré notre demande le 4 mai 2010. NotreFamille.com demande juste à ce que le droit qu’elle détient en application de la loi soit reconnu. Généalogique : Nous avons appris que vous avez exigé des archives départementales disposant d’archives numérisées qu’elles vous remettent une copie de tous ces documents. Donnez-nous vos raisons qui pour beaucoup suscitent déjà de nombreux débats jusqu’à soulever une certaine opposition. Notrefamille.com : Une fois encore cette demande se fait sans exclusivité. Nous pouvons numériser mais qu’elle serait l’intérêt « d’essorer » des fonds aussi fragiles que les documents originaux alors que des numérisations de très bonne qualité ont déjà été réalisées par les départements. Contrairement à ce qui a pu être dit ici et là, nous ne demandons pas une mise à disposition gratuite de ces images. C’est donc aux conseils généraux de fixer les tarifs pour cette réutilisation, qui aboutira à la signature de licences. Généalogique : Vos projets de mises en ligne sur Internet entrent donc bien dans le cadre de la loi de 1978 portant sur la réutilisation des images ? Notrefamille.com : Nos demandes sont légitimes si l’on se réfère à la loi. D’autre part, il ne peut y avoir d’exclusivité. Dans le cas où dix opérateurs commerciaux viennent à faire chacun une demande de réutilisation, le département devra répondre favorablement à chacun d’entre eux dans des conditions

Paris, 7 juillet 2010

Notrefamille.com, leader français des services généalogiques en ligne annonce l’acquisition de la société ARCHIMAINE, fondée en 1994, opérateur majeur de la numérisation, l’archivage électronique, l’hébergement et le développement des logiciels de consultation d’archives sur Internet. GENEALOGIE.com se dote avec ARCHIMAINE d’une infrastructure et d’un savoir-faire indéniable permettant de numériser plus d’un million et demi de documents anciens originaux par mois. En effet, cette société basée à Laval, et désormais filiale de NotreFamille.com, est déjà très connue du milieu généalogique notamment par rapport à la mise en œuvre de nombreux sites d’archives en ligne de la plateforme Archinoé.

GENEALOGIQUE


carnet d’Adresses

non discriminantes. Généalogique : C’est-àdire que Ancestry.fr ou GeneaNet pourraient entreprendre la même démarche que Notrefamille.com ? Notrefamille.com : Je n’ai pas le pouvoir de parler au nom de ces sociétés mais c’est effectivement envisageable. NotreFamille.com est aujourd’hui seule à communiquer sur le sujet. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle est la seule société intéressée par la réutilisation des données publiques conservées par les archives. En revanche, il est nécessaire pour cette réutilisation de présenter un projet cohérent apportant une valeur ajoutée aux données brutes telles qu’elles sont fournies. En effet, NotreFamille.com indexe les images et établit des bases de données en retranscrivant les informations contenues dans les documents. Ici, nous parlons bien de valeur ajoutée. Généalogique : Tout ceci a un prix. L’accès aux bases de données et aux archives indexées sont conditionnés par le règlement d’un abonnement. Notrefamille.com : Comme toute société développant un concept, nous dressons les index, nous transcrivons les actes dans une logique commerciale. Ceci a donc un coût. Nous ne vendons donc pas les archives, puisqu’il n’y a pas de téléchargement possible de l’image. Nous « vendons » le service que constitue le moteur de recherche nominatif que nous développons grâce à l’information issue de nos indexations. Permettre la consultation de l’image répond à un triple objectif : un aspect émotionnel pour l’utilisateur lorsqu’il découvre la reproduction numérique du document ; la vérification de l’indexation qui prouvera l’exactitude de l’information indexée, ou permettra à l’utilisateur de la modifier ; et enfin compléter la recherche par la consultation du document numérisé, étant donné que l’indexation n’a pas repris la totalité des informations présentes dans un acte.

10

vous souhaitez figurer dans notre carnet d’adresses

envoyez-nous vos coordonnées complètes à ©NotreFamille.com

Généalogique : La consultation du document est donc un plus au même titre que les index réalisées par Notrefamille.com. L’association des deux rend plus attractive toute recherche généalogique en dehors de collecter des dates, des noms et des prénoms ? Notrefamille.com : En effet, on pourra ainsi lire dans les documents numérisés certaines informations qui n’ont pas été transcrites et qui s’avèrent être extrêmement intéressantes comme les lieux-dits, les anecdotes, le nom des témoins, les parrains et marraines… A la différence des archives en ligne proposées par les départements, NotreFamille.com propose une base de données nominative exhaustive et un moteur de recherche nominatif. C’est en cela que notre service est complémentaire des sites développés par les Archives Départementales vers lesquels nous mettrons en place des liens de redirection pour chaque image affichée. Généalogique : Nous comprenons à présent votre esprit de démarche avec les projets de mise en ligne et d’indexation. Quels sont vos aspirations pour ce qui est des jours, des semaines, des mois à venir ? Notrefamille.com : Notre premier objectif est que soit appliquée la loi. Nous espérons que les départements comprendront l’intérêt qu’ils peuvent avoir à la mise en place de tels partenariats : visibilité accrue de leurs services, trafic redirigé vers leurs sites. Nous espérons qu’il n’y aura pas trop d’attente.

redaction.genealogique@gmail.com Nous vous aiderons dans la communication de votre association ou club. Plus qu’un magazine,

GENEALOGIQUE se veut essentiel et pratique

pour aider, guider et conseiller les amateurs en

généalogie. Ils auront également besoin de vous dans leurs recherches. N’hésitez plus et soyez visibles dans nos pages.

Ce service est entièrement gratuit.

Notre objectif : que chacun d’entre nous puisse un jour réaliser le rêve d’avoir un arbre généalogique complet. GENEALOGIQUE


FOCUS

La symbolique de l’alliance

par Emilie DI VINCENZO

L

es jeunes couples renouent avec les traditions ancestrales, presque abandonnées encore, il n’y a pas si longtemps… L’engagement du mariage revêt de devoirs tels que la fidélité, la promesse d’un dévouement et d’un amour éternels, le respect, mais se symbolise surtout et généralement parn l’alliance. Provenant du verbe latin « alligare », qui signifie « attacher à », l’alliance représente l’union entre l’homme et la femme. Mais quelle est l’histoire de cet anneau signe de consentement mutuel ?

L’histoire de l’alliance L’échange des alliances lors du mariage est une coutume très ancienne qui remonte à la nuit des temps. Certains peuples pratiquaient déjà le rite de l’échange d’alliance pendant les mariages. Ainsi, si les Égyptiens établirent les premiers la coutume de la bague au doigt, qu’ils placèrent à l’annulaire gauche, les Hébreux la portaient à l’index de la main droite. Les Grecs, bien plus tard, la disposèrent à l’annulaire gauche. Au Moyen-Age, l’Eglise catholique décida d’introduire l’alliance pour les mariés lui accordant ainsi un Saint Sacrement et une dimension mythique. A cette époque, l’alliance n’était qu’un simple anneau d’Or offert le jour des fiançailles, en guise de promesse d’amour et de fidélité.

12

GENEALOGIQUE


Mais déjà, certains couples faisaient graver des petits messages d’amour à l’intérieur de l’alliance. Au Moyen Age, la bague fédé devient à la mode : il s’agit de deux ou trois anneaux distincts rattachés par une charnière. Chaque anneau est décoré d’une main. Quand on les rassemble, les mains se croisent et symbolisent l’union. Louis IX, en porta une pour son mariage avec Marguerite de Provence en 1234, la femme qu’il aimait d’un amour tendre avec, à l’intérieur, trois mots gravés : « Dieu - France - Marguerite ». Il lui offrit un anneau sur lequel étaient dessinés des lys et des marguerites et gravé d’un message d’amour. L’utilisation de la gravure sur les corps de bague permet de délivrer des messages d’amour plus ou moins secrets et spirituels. Au XVIIème siècle, les Français décidèrent d’en faire autrement en la portant au pouce et il semblerait selon certains textes municipaux d’Aquitaine, que seuls les messieurs la portaient. Il fallut attendre quelques années, avant qu’on ne la replace définitivement à l’annuaire gauche, et la seconde moitié du XIXème siècle pour que les textes généralisent le port d’un anneau conjugal, pour les deux sexes.

La “veine de l’Amour” En ancien français, les termes de “mariage” et d’ “alliance” étaient synonymes. La forme circulaire de l’alliance, était le signe d’harmonie, d’éternité et de sincérité de la parole donnée. Mais pourquoi l’anneau se porte-t-il à l’annulaire gauche ? Il faut remonter à très loin (au IIIème siècle avant J.C) pour trouver une explication d’ordre médical : les grecs pensaient qu’une veine partant de l’annulaire gauche rejoignait le cœur. La mythologie compare l’alliance à un Talisman magique qui donnerait des pouvoirs à son porteur. Seuls, les Russes aujourd’hui, continuent à porter les anneaux de l’amour à la main droite. Dans la Religion musulmane, l’alliance avec cette symbolique n’existe pas mais on peut trouver des bagues, couronnes ou colliers de mariage. 14

PSYCHOGÉNÉALOGIE

La religion Juive impose à la femme de porter une alliance tandis que le marié n’est pas obligé de porter l’alliance, ni le jour du mariage, ni par la suite.

Un courant Le mariage ne commence à prendre un sens qu’au début du IXe siècle, quand la monogamie s’installe dans les mœurs et que l’on se marie par consentement mutuel. Dans les deux derniers siècles du Moyen Age, l’Église arrive à faire du sacrement du mariage un phénomène vraiment religieux grâce en particulier aux rites de bénédiction du lit, de la maison des jeunes mariés par le prêtre et surtout de l’anneau nuptial. Les nouveaux époux voient souvent dans ce rite la garantie d’un mariage fécond et d’une fidélité à toute épreuve. Jusqu’alors simple jonc en or, l’anneau nuptial se transformera avec la Royauté. On raconte que la première femme à avoir porté des bijoux en diamants serait Agnès de Sorel (1422-1450), maîtresse de Charles VII. C’est à cette époque que remonte la tradition de porter une bague mariage en diamant : l’archiduc Maximilien de Habsbourg en offrit une à Marie de Bourgogne en 1477. Le diamant, pierre extrêmement résistante, devient le symbole de la fidélité conjugale.

Aujourd’hui, la bague de fiançailles est de plus en plus travaillée. On utilise l’ argent, l’or ou le platine pour sa conception et on y sertit des pierres fines. Le diamant, connu pour sa solidité et son éclat éternels reste le favori mais le saphir est aussi très convoité pour les bagues d’union puisqu’il est le symbole de la sincérité et de la fidélité.

DE LA FAMILLE

Interview

Vous avez été nombreux à nous écrire pour réagir à cette nouvelle rubrique sur la psychogénéalogie. Alors pour répondre à toutes vos questions, nous sommes allée à la rencontre d’une spécialiste, Lise Langlois, psychothérapeute, conférencière, formatrice et consultante en la matière. A travers cette interview, elle revisite pour vous toutes les notions, les sources et l’essence de ce domaine dont on ne parle encore que très rarement, et qui, pourtant peut être d’un intérêt conséquant dans cette construction et compréhension du Moi.

Découvrez leur ouvrage Mémoire de l’Arbre, Mythes et psychogénéalogie Du drame Grec à la conscience du XXIème siècle. aux éditions Quintessence.

par Emilie DI VINCENZO

Quelle influence a la famille sur notre quotidien? C’est au quotidien que la famille nous habite puisque, de fait, elle est la pierre angulaire de notre arrivée dans ce monde et de notre identité. De ce fait, elle influence également notre évolution. Tout au long de notre croissance, nous avons emmagasiné des données appartenant à ce système qu’ est la famille. Nous avons, entre autres, enregistré en nous les tensions qui s’y vivaient, les mécanismes d’ adaptation qu’ on y utilisait face aux difficultés, les modes de relation, les passions et les talents qu’on y encourageait ou décourageait, etc. Je ne sais plus trop qui a dit un jour: « Qu’ on se définisse en accord ou en opposition avec sa famille, c’ est malgré tout encore par rapport à elle qu’ on se définit ». Il existe donc d ’innombrables et invisibles ficelles qui continuent de nous relier à elle, que cette famille ait été présente ou plutôt invisible dans nos vies (ex. : enfants mis en adoption). La notion de bagage transgénérationnel. Comment la définir? Nous savons déjà que, sur le plan biologique, les parents transmettent à leurs enfants un bagage génétique qui évolue dans le temps. De la même manière, il existe une autre forme de bagage tout aussi complexe, dont les composantes sont de nature psychologique, affective, relationnelle, sociale et environnementale. C’ est de ce bagage dont il s’ agit lorsque nous parlons du bagage transgénérationnel. Dès la naissance, c’ est par tous nos sens que nous appréhendons le monde qui nous entoure. Tout comme les lettres du clavier d’ un ordinateur nos sens (ouïe, vue, toucher, goûter, odorat) vont servir de canaux pour l’entrée de toutes les informations en provenance de l’ extérieur. Nos sens disposent d’ un large éventail de sensations allant du pur plaisir au total déplaisir. Lorsqu’ au cours de notre croissance nous recevons des réponses adéquates à nos besoins fondamentaux, cela génère en nous des ressources, du potentiel, du talent. À l’ inverse, lorsque nous trouvons peu ou pas de satisfaction pour ces mêmes besoins, GENEALOGIQUE


©Mil’conseils

il se crée alors un vide que nous allons chercher à combler notre vie durant. C’est ainsi, que d’ une certaine manière, s’ établit une comptabilité qui se soldera soit par un équilibre (besoins adéquatement répondus) ou par un déficit (besoins non répondus). De ce calcul découlera ce que nous pourrons à notre tour transmettre lorsque viendra le temps d’assumer nos rôles de conjoint et de parent. La combinaison des expériences de chacun étant unique, nos bagages seront tout aussi uniques que le sont les empreintes de nos doigts. La plus grande partie de ce bagage transgénérationel sera toutefois inconsciente et conditionnera systématiquement nos gestes, nos attitudes et nos manières de nous relier. Ces scénarios appris dans l’enfance se répéteront tout au long de notre vie, tant et aussi longtemps que nous n’ aurons pas fait le choix de réviser le contenu de ce bagage que nous transportons, souvent sans le savoir. 16

Comment notre héritage familial habite-t-il notre présent ? Nous venons de parler plus haut d’un vide qui cherchera inlassablement à se combler. Prenons exemple d’un enfant qui a été privé très jeune de la présence sécurisante et encourageante de son parent. Le vide laissé en lui, peut le pousser tout au long de sa vie à rechercher cette présence qui lui a tellement manqué ou au contraire à craindre et à fuir ce type de lien qu’il n’ a jamais appris à connaître et dont il peut se méfier à certains égards. Dans le premier cas, il attendra peut-être d’un conjoint ou de son enfant qu’ il comble son besoin en ayant, à son égard, des exigences disproportionnées. Dans le second cas, il éprouvera lui-même de la difficulté à sécuriser ou à encourager, n’ en ayant jamais fait l’expérience. Enfin, un troisième aura rencontré sur sa route un « substitut parental » ayant

comblé ce besoin et il aura développé la capacité d’ encourager, à son tour, ses proches et ceux de la génération suivante. Prenons un autre exemple, celui d’ une adolescente ayant vécu un viol dont elle n’ aurait jamais révélé la douloureuse expérience à qui que ce soit. Cette événement marquera à jamais sa vie de femme et son rapport aux hommes : sa façon de les considérer, ses réactions à leur approche, sa manière de vivre l’intimité, etc. Le secret qui en découle fera de même lorsqu’ il limitera chez elle sa capacité d’ aborder certains sujets, d’ exprimer certaines émotions ou de requérir de l’aide au besoin. Supposons maintenant que, devenue adulte, elle ait à son tour une petite fille. Celle-ci enregistrera sensoriellement, au contact de sa mère, tous ces tons de voix, ces silences, ces gestes brusques, cette fuite du regard, cette nervosité inhabituelle dans un certain type d’ endroit ou en présence d’ un certain type d’ homme. Tous ces signes seront autant de messages traduisant fidèlement la méfiance ou la colère à l’ égard des hommes et aussi le danger de sortir seule. Sans pouvoir décoder ce qu’ elle enregistre, la petite fille va intégrer ces données et développer, soit en s’ opposant à ce qu’ est sa mère soit en l’ imitant, une manière de se comporter. Cette manière, qui ne sera pas le fruit d’ un choix personnel mais bien celui d’ un bagage hérité, va teinter tous les rapports qu’ elle aura au sexe masculin et à l’ environnement. Ce n’ est que lorsque s’ amplifiera un malaise ou se créera finalement une impasse qu’ elle sera amenée à réviser le contenu de ce bagage qui lui a été transmis. De quelle manière attribue-t-on des “contrats individuels” à ses enfants? En tant que maillon de la grande chaîne transgénérationnelle, les parents sont aussi porteurs de leurs bagages remplis de passions, de craintes, de peine, d’amour, de honte, de croyances, de besoins conscients et inconscients. L’ arrivée d’ un enfant devient le support physique et psychologique sur lequel il devient alors possible de transposer tout ce bagage parfois harmonieux, mais aussi parfois rempli de contradictions. Il existe plusieurs phénomènes qui sont en jeu dans l’attribution des contrats individuels aux enfants. Le premier est celui bien connu de la projection qui consiste à reporter sur eux des parties de soi que nous n’ avons que peu ou pas développées. La projection est, en quelque sorte, une manière de combler les

manques créés par les interdictions véhiculées par notre famille et parfois renforcées par la société qui l’entoure. Prenons, par exemple, un homme qui a enregistré dans son bagage qu’ il n’ est pas approprié pour un vrai homme de pleurer. Parce que l’ expression de cette émotion lui est interdite, il pourra par exemple éprouver beaucoup de compassion et manifester de la bienveillance à l’ égard d’une épouse ou de son enfant qui pleure. Cela lui permettra ainsi de vivre ladite émotion par procuration. Au contraire, il pourra éprouver de la colère à l’ égard de son enfant qui pleure, surtout si c’ est un garçon, car ne s’ étant jamais autorisé lui-même une telle expression, il la jugera également inacceptable pour l’ autre. Ce phénomène en est un de polarisation. Ensuite vient le phénomène de substitution qui permet au parent de transposer l’identité ou une partie de l’ identité d’une personne avec laquelle un conflit reste à régler ou un deuil reste à traverser. Ce mécanisme va se jouer, entre autres, à partir de la ressemblance physique et psychologique que l’ enfant aura avec la personne en question. Parfois, cette ressemblance est tout à fait subjective et c’ est ce qui explique certains désaccords sur la question : « à qui ressemble cet enfant? ». Lorsqu’il y a substitution, il s’ établit une équation du type : j’ai toujours eu un conflit avec ma sœur, mon enfant ressemble à cette sœur, je poursuivrai donc le conflit que j’ ai avec elle, à travers la relation que j’ ai à mon enfant. C’ est ainsi que s’ établit un contrat de la poursuite ou de la résolution d’ un conflit. Le fait que l’ enfant ait le besoin fondamental de s’ identifier à sa famille, de se garantir l’ acceptation et l’ amour de ses parents et l’ appartenance au groupe familial, jouera bien sûr en faveur de l’ attribution des contrats. Par contre, certains enfants refuseront tout de même le contrat qui leur sera proposé et en viendront à occuper parfois dans la famille, la position inconfortable de « bouc émissaire ». C’est ainsi que certains contrats seront plus à risque que d’autres car ils menaceront l’identité même de l’enfant ou l’ entraîneront dans une guerre qui n’ est pas la sienne. D’ autres contrats seront par ailleurs moins à risque du fait qu’ en appelant au prolongement de certaines talents, par exemple, ils s’ accompagneront de plus de valorisation. Quoi qu’il en soit, l’ enfant porteur d’un ou l’autre GENEALOGIQUE


Comment se débarrasser des poids familiaux ? En fait, dans notre livre « La psychogénéalogie – Transformer son héritage psychologique » nous nous sommes intéressées particulièrement à la résolution et nous avons voulu fournir des outils efficaces permettant la révision dont nous avons parlé plus haut. Pour qui veut entreprendre cette révision, il s’agit dans un premier temps de remonter dans sa mémoire et parfois dans celles de ses proches pour y puiser ce qui permettra d’enrichir l’information sur ce qui a constitué notre trajectoire. Ceci se réalise en empruntant, par exemple, la piste des rumeurs qui ont existé dans la famille depuis des générations, la piste des silences qui s’imposent quand il est question de certains personnages, celle des malaises ressentis ou des silences par rapport à tel ou tel sujet, la piste des animosités qui n’ont jamais connu d’issu, la trace des amitiés particulières, des deuils jamais terminés, des mécanismes les plus souvent utilisés pour survivre aux épreuves, la piste aussi des talents, des réalisations, des réussites, etc. Le changement ne peut s’effectuer qu’ au présent. Il est certain que nous n’ avons aucun pouvoir de modifier le passé. La démarche consiste donc à comprendre ce qui, dans le passé, a laissé un déficit dans ce que nous sommes aujourd’hui. Ensuite, on peut s’employer à modifier la trajectoire à laquelle nous condamnait ce déficit en effectuant le plus petit pas qui nous permettra de faire dévier cette trajectoire. Pour qui a déjà joué au billard, vous savez qu’il suffit parfois d’un très petit choc pour faire dévier la boule dans la pochette… Il en est de même au niveau de nos relations humaines. Tantôt, ça se traduira par l’abandon conscient d’une parole ou d’une façon de faire devenue si habituelle chez soi que tout le monde s’attend à nous la voir adopter mécaniquement. Tantôt ce sera, au contraire, d’opter pour un geste, une façon de faire qui nous apparaît si insolite au premier abord. De plus, pour se libérer des déficits de nos proches qui tentaient de trouver soulagement à travers nous, nous aurons souvent à remettre à qui de droit ces mandats devenus trop lourds à garder dans nos bagages. Allégés, nous poursuivrons alors notre route en 18

ayant dégagé un espace essentiel à l’accueil et la découverte de ce que nous avons d’unique. Pour ce faire, nous aurons à choisir, encore là, le plus petit geste, la plus petite parole, le plus petit symbole qui nous permettra le premier pas du changement que nous aurons ensuite à intégrer en le répétant… Il est très important de rappeler que la démarche se réalise toujours dans un grand respect et n’a jamais pour objectif le règlement de compte. Aussi, c’est l’ouverture progressive et le soin apporté aux émotions que crée une situation qui deviendra le pré-requis à toute action visant à la modifier. Et comment apprendre à vivre avec ? La condition humaine fait de nous des êtres à la fois si merveilleux et si imparfaits. Nous avons une vie entière pour améliorer le contenu de notre bagage transgénérationnel. De plus, tout ce que nous n’aurons pas eu le temps ou n’aurons pas pu résoudre aura tendance à se répéter dans la génération suivante. La répétition qui peut paraître parfois une condamnation, peut également être une nouvelle chance de résoudre. Rappelons-nous que réviser un bagage ne signifie pas pour autant se départir de tout ce qu’il contient. La révision comporte également le choix de conserver les parties que nous souhaitons conserver. Aussi, il y aura toujours des parties dont nous accepterons de nous accommoder car en changer demanderait une énergie dépassant largement le gain qu’il y aurait à effectuer le changement. Ces parties deviennent alors des parties intégrantes de notre personnalité et contribuent à faire de nous des humains tout simplement. Comment définir chaque génération et son rôle dans la transmission et l’appropriation des histoires et secrets transgénérationnels? Le secret est, en soi, un mécanisme utilisé de tout temps pour essayer de se protéger de la souffrance, d’éviter la honte, le déshonneur, le rejet social ou encore d’ échapper à la punition. Il constitue aussi parfois une tentative de préserver les enfants d’un choc, de conserver un fragile équilibre familial, de sauvegarder l’image et la réputation ou encore de se donner du pouvoir sur les autres. Les intentions derrière le secret, sont donc généralement positives. Selon les époques, on retrouvera parmi les objets du secret, les déchéances de toutes sortes (alcoolisme, drogue), les naissances illégitimes, les tentatives de

suicide ou le suicide lui-même, les violences intra familiales, les pertes de statuts, les faillites, les écarts aux normes et aux règles religieuses ou sociales, etc. Ainsi l’environnement dont les règles seront plus ou moins rigides scanderont également les comportements et joueront un rôle important dans la constitution ou l’ouverture de secrets. Peu importe la nature du secret, il faut savoir que celui qui le porte ne pourra jamais empêcher le malaise que ce secret engendre, de filtrer à travers ses attitudes, ses comportements, ses actions. Comme nous l’avons expliqué plus haut, c’est précisément ces manifestations que les enfants enregistreront et transporteront dans leur propre histoire même s’ils en ignorent la source. Prenons pour exemple, la honte générée par le fait qu’un membre de la famille ait passé un certain temps en prison. Certains porteurs de ce secret, feront soigneusement attention de ne jamais faire allusion à cet événement ou éviteront tout simplement de parler de cette personne et du lien qui les relie. D’autres prendront une attitude accusatrice envers le système de justice sans qu’on sache pourquoi ou démontreront une sévérité exagérée devant tout écart à la règle ou la consigne. En fait, les manifestations involontaires générées par un secret que l’on retient, sont nombreuses et peuvent prendre les formes les plus variées. Nous savons que les enfants, à cause de leur courte expérience, sont de merveilleux observateurs mais de piètres interprètes. Ils enregistreront donc de tous leurs sens et réagiront aux vides et aux signatures laissées sur leur trajectoire par des façons d’être et de faire qui, au premier abord, paraîtront sans explication.

©Mil’conseils

mandat aura peut-être un jour le fardeau de revoir ce contrat pour en exclure ce qu’il ne souhaite pas conserver et identifier ce qu’il compte en garder pour poursuivre.

Cependant, cette démarche ne sera possible qu’à travers un renoncement nécessaire à la perfection et à travers un deuil de l’idéal familial.

Adoptez le bon comprtement! Envoyez-nous vos questions dès maintenant, nos spécialistes se feront un plaisir de vous répondre.

La révision de notre bagage transgénérationnel permettra, au besoin, d’ouvrir progressivement un secret ou du moins d’en soigner les effets, au présent. GENEALOGIQUE


Portrait de Jeanne MARCONNIER. J. SAVIGNAC.

HISTOIRES DE FAMILLE

Mon aïeul en Amérique : entre version officielle et réalité… par Tony NEULAT, d’après le témoignage de Jacqueline SAVIGNAC

Jacqueline Savignac, passionnée de généalogie depuis 2006, nous fait part d’une histoire de famille originale. Son arrière-grand-père Jean-Pierre CONTIVAL, originaire du Lot, a disparu en Amérique à la fin du XIXème siècle. Et pourtant, cela n’empêche pas sa femme, restée en France, d’être enceinte de ses œuvres tous les deux ans ! N’hésitez pas à nous transmettre vos témoignages à redaction.genealogique@ gmail.com. QUELQUES MOTS SUR LA FAMILLE A l’origine, rien d’étonnant. Jean-Pierre CONTIVAL, l’arrière-grand-père de Jacqueline SAVIGNAC, se marie à 30 ans, le 4 mai 1882, avec Jeanne MARCONNIER, âgée de 17 ans. Le couple s’installe à Vidaillac, dans le Lot, au lieu d’origine de l’époux. Deux ans et demi plus tard, naît leur premier enfant, Alexandre Albert CONTIVAL. L’acte de naissance est rédigé sur la déclaration du père. Le deuxième enfant, Emile Romain, est également déclaré par Jean-Pierre CONTIVAL, le 5 juillet 1886 à Vidaillac. C’est ensuite que les surprises surgissent… UNE VERSION OFFICIELLE… QUI LAISSE PERPLEXE En recherchant les enfants suivants dans l’état civil, Jacqueline SAVIGNAC découvre des mentions quelque peu étranges. Le troisième enfant, Rémi Jean Baptiste, dit Eloi, naît le 23 20

janvier 1890 à Vidaillac, et est déclaré, par la sage-femme, fils de Jean-Pierre CONTIVAL, « domicilié en Amérique, dans un lieu inconnu ». Les 7 enfants suivants, nés entre 1891 et 1903 sont déclarés à l’identique par la sage-femme. Comment est-il possible que JeanPierre CONTIVAL, dont le domicile est inconnu de sa femme, puisse engendrer des enfants à distance tous les deux ans, alors que l’océan Atlantique sépare les deux époux ! Ce qui est le plus surprenant, c’est que l’officier d’état civil inscrive chaque fois sur le registre une chose aussi invraisemblable… surtout dans un petit village où tout le monde devait être au courant de la réalité ! La disparition de Jean-Pierre CONTIVAL est attestée dans d’autres actes officiels : · Un acte de notoriété est dressé par le juge de paix du canton le 21/02/1917 · Sur l’acte de mariage d’un de ses fils (théoriques), Alfred, célébré à Chabrignac, en

Corrèze, le 24/02/1917, il est indiqué qu’il est « fils de Jean-Pierre CONTIVAL, cultivateur, domicile et résidence inconnus » · Sur l’acte de mariage de sa fille cadette, en 1923, il est mentionné qu’elle est « fille de JeanPierre CONTIVAL, disparu ». Ainsi, l’état civil, malgré son caractère officiel, expose une situation étrange qui soulève des questions : qui est le véritable père des 8 enfants nés entre 1890 et 1903 ? Qu’est devenu JeanPierre CONTIVAL ? UN HÔTE ACCUEILLANT Ce sont les témoignages oraux des anciens de la famille qui permettent de pallier aux erreurs de l’état civil et de connaître la réponse à la première question. A la disparition de JeanPierre CONTIVAL, Jeanne MARCONNIER s’est installée avec le cousin germain de son époux, Germain DUJOLS. D’après la famille, il est le père des divers enfants nés en l’absence de Jean-Pierre CONTIVAL. Le décalage entre la version officielle de l’état civil et la réalité atteint son paroxysme lors du mariage d’Alfred CONTIVAL en 1917. Sur l’acte de mariage, Germain DUJOLS figure comme témoin et est indiqué « non parent des époux » alors qu’il est le père biologique du marié ! D’après Jacqueline SAVIGNAC, « Cette situation est connue de la famille depuis toujours et tous les membres de la famille que j’ai connus pensaient que Jean-Pierre Contival était parti en Amérique et que certainement sa femme n’avait pas voulu quitter le pays .... sans se poser plus de questions » Cette histoire était tout à fait plausible à une époque où nombre de paysans locaux s’étaient embarqués pour la Californie pour fuir la misère (cf. encadré). QU’EST DONC DEVENU JEAN-PIERRE CONTIVAL ? L’analyse des actes d’état civil mentionnés précédemment laisse penser que Jean-Pierre CONTIVAL est parti en Amérique entre octobre 1887 et 1889. Or, les diverses recherches en ce sens n’ont pas abouti à ce jour. Notamment,

L’émigration en Amérique La crise du phylloxéra dans la deuxième moitié du XIXème siècle a provoqué une émigration importante de paysans lotois aux Etats-Unis. En effet, un minuscule insecte, nommé phylloxéra, a ravagé les vignes pendant plusieurs décennies et a ruiné de nombreuses familles. De nombreux pères de famille, au chômage, acculés de dettes, sont ainsi partis, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle aux Etats-Unis pour trouver du travail, laissant femmes et enfants « au pays ». A force d’économies, ils parvenaient à envoyer l’argent nécessaire à l’entretien de leur famille et au remboursement de leurs dettes. Ce qui est frappant dans cette émigration, c’est que tous les émigrés du secteur géographique abordé (à savoir Vidaillac, Beauregard, Varaire, Saillac, etc…) sont allés à San Francisco ! Alors que cette ville est une des cités américaines les plus éloignées de la France… Pour quelle raison ? Parce qu’ils ont suivi le mouvement initié par le premier migrant ? Par peur de l’inconnu ? Pour plus de précisions sur cette émigration très localisée, se reporter à « Etude démographique sur la paroisse de Varaire », d’après J. Depeyre, dans Bulletin de la société des études du Lot.

aucune trace n’a été retrouvée d’un Jean Pierre CONTIVAL dans les listes de passagers pour les Etats-Unis de la base de données Ellis Island. Fait d’autant plus troublant qu’un habitant de Vidaillac a révélé il y a environ quatre ans que Jean-Pierre CONTIVAL ne serait jamais parti en Amérique mais qu’il aurait été tué et jeté dans un puits sur la commune de Vidaillac ! Pour quelle raison ? Par qui ? Autant de questions qui restent en suspens, comme le dit Jacqueline Savignac : « Ce que je voudrais savoir, c’est comment il a été tué et par qui ; simple curiosité puisqu’il y a prescription. » Il est fréquent de comparer les recherches généalogiques à des enquêtes policières : recherche des indices, des témoins, des liens entre les personnes… Dans cette histoire de famille, on constate que le parallèle est on ne peut plus approprié ! GENEALOGIQUE


EN APARTÉ

MARC lEVY Marc Levy n’est plus à présenter. après 10 ans de carrière en tant qu’écrivain, et onze romans best-sellers, ce sont plus de 400 000 lecteurs qui attendent chaque fois la sortie de ses romans avec impatience... Humble, passionné et sensible, Marc Levy se livre dans cette interview à coeur ouvert et nous parle de son père et de son fils, son modèle et sa raison de vivre. S’il avoue jouer au romancier autant qu’au détective avec beaucoup de plaisir et de tendresse, l’écrivain français s’étonne encore de son succès. Et si la recette du Bonheur était comme il le dit si bien : de toujours se sentir LIBRE ? par Emilie DI VINCENZO

Vous est-il arrivé que votre éditeur doute de votre travail ou vous demande de recommencer des pages, des chapitres ? Ça ne m’est jamais arrivé car je ne donne pas à lire pendant l’écriture. En revanche avec mon agent littéraire, on a un échange, c’est à dire que je lui donne un paquet de cinquante pages à lire pour qu’il me donne ses impressions.

et qu’a contrario, les adultes n’osent plus, par exemple, s’approcher d’un inconnu en train de pleurer, qui vous a donné l’envie d’écrire ce roman ? C’est le parallèle des deux. Quand un enfant voit une dame pleurer, il va tout de suite lui dire « pourquoi t’es triste Madame ? ». Alors qu’un adulte qui est censé avoir plus de courage, va tourner la tête et faire comme s’il ne voyait rien. Il est vrai aussi pour le rire. Quand un enfant voit quelqu’un qui a un fou rire, il va s’y joindre très facilement, alors que les adultes vont être plus dérangés par ça. Et je me suis toujours demandé… on vit dans des cités où on est de plus en plus nombreux et où la solitude gagne du terrain. Qu’est-ce qui fait que l’adulte perd à l’âge adulte, malgré sa capacité d’être avec et parmi les autres, cette spontanéité de l’enfance ?

Dans votre roman, le pouvoir de l’ombre, c’est ce pouvoir d’écouter les gens. Est-ce cette idée que les enfants parviennent toujours mieux à comprendre ou à déceler la tristesse d’un adulte

Est-ce que dans votre vie d’adulte, l’enfant que vous étiez vous manque parfois ? Ou pensez-vous être devenu celui dont vous rêviez enfant ? Je ne sais pas si enfant j’avais conscience de ce que

© P.Leveque

Votre nouveau roman, le Voleur d’ombres a été tiré à 450 000 exemplaires, meilleure vente dès la première semaine. Autant dire que les lecteurs sont toujours au rendez-vous après 11 romans publiés en 10 ans… Cela fait toujours autant plaisir. On ne s’attend jamais à un résultat comme celui-là. A chaque fois pour moi, c’est une surprise.

22

GENEALOGIQUE


Est-ce que l’enfant que vous étiez inspire les romans que vous écrivez ? Je pense oui. On ne se débarrasse jamais de l’enfant qu’on a été, on est sa continuité, même si on l’oublie, même si on ne se souvient plus. Et au moment où on a soi-même un enfant, on reconnaît dans l’enfant que l’on a des moments de sa propre enfance. Au sein de notre magazine, nous abordons la question de la psychogénéalogie. Que cela évoque-t-il pour vous ? C’est drôle que vous me dites ça, car je me suis toujours dit qu’il y avait deux choses qui se complétaient. Il y a l’histoire et la façon dont on se raconte l’histoire. Et parfois la façon dont on raconte l’histoire prend le pas sur l’histoire elle-même. Je vous dis ça parce que je pense que l’histoire de notre père, nos racines, de là où on vient, c’est quelques chose qui existe, c’est de l’histoire. Et l’importance que cela va prendre dans nos vies, va dépendre de la façon dont on va se raconter cette histoire. Je crois qu’on a quelque part cette décision à prendre, si on veut être soi-même, d’être le fils de son père, le petit-fils de son grand-père, le neveu de sa tante. Moi par exemple, j’ai découvert très tard, à 17 ans, que mon père était résistant, et encore plus tard, que j’avais des origines turques. Quand je l’ai appris, je me suis dit « voilà pourquoi j’aime tellement la nourriture turque ». De même, la première fois que je suis allé à Istanbul, j’ai trouvé cette ville totalement fascinante. J’ignorais encore mes racines .... Aujourd’hui je pense que je me racontais sans doute une histoire par rapport à mon passé… et pour revenir à mon père, j’ai toujours su que j’avais reçu l’éducation d’un homme qui portait en lui des valeurs exceptionnelles… Vous trouvez l’inspiration dans votre apparte24

ment new-yorkais… Avez-vous quitté Londres ? J’y habite depuis deux ans. C’est une ville qui m’inspire énormément pas nécessairement pour ses décors, mais sa particularité. On retrouve dans vos romans, comme dans « Mes amis, mes amours », des évocations quant à un métier qui vous est familier, celui d’architecte. Est-ce que ce milieu vous manque parfois ? Ou est-ce que, au contraire, votre passion pour l’écriture vous a libéré ? Cela ne me manque pas du tout. Je dirigeais un cabinet d’architecture. Quand à ma passion… pour tout vous avouer, j’ai écrit un premier roman quand j’avais 17 ans. Ce manuscrit je l’ai donné à lire à ma poubelle et je suis très content que cela se soit passé comme ça. J’ai écrit seul dans mon coin, pendant que j’étais à la fac et que mes copains sortaient faire la fête. J’étais seul dans ma chambre d’étudiant, comme un dingue en train de taper sur ma machine à écrire. Ensuite, je n’ai pas écrit pendant vingt ans. Et puis j’ai écrit Si c’était vrai… Et là, je peux me raconter deux histoires : dire qu’à 17 ans, j’avais déjà envie de devenir romancier. Ou que je n’ai eu le déclic qu’à 40 ans. Et je ne sais pas moi-même laquelle des deux est vraie. En fait, les deux le sont… Vous avez écrit votre premier roman dans l’idée de laisser un souvenir à votre fils. Finalement aujourd’hui, c’est tout un héritage littéraire que vous lui laisserez un jour. Quel est votre plus grand souhait en tant que père ? Qu’il soit un homme libre et heureux. Mais surtout un homme libre et qu’il reste un homme toute sa vie. Je voudrais que mon fils fasse le métier qu’il a envie de faire. Et s’il réussit à aimer et à être aimé, pour moi, ce sera parfait.

motivation de l’écriture, elle, n’est pas solitaire.

Le regard de votre enfant et de votre entourage est-il essentiel dans votre métier d’écrivain ? Essentiel ! car mon fils est essentiel dans ma vie. Mon métier d’écrivain vient après lui. Vous donne-t-il l’idée de certains personnages ? Des personnes de la vie réelle sont très aspirantes. Elles donnent naissance à des personnages et certains personnages sont emprunts de composites de plusieurs personnages. Et après il y a des personnes qui peuvent vous donner envie d’écrire des histoires. L’écriture est un long passage de solitude mais la

© P.Leveque

je rêvais d’être ou alors je suis tombé à côté de la plaque car je voulais être médecin. Je pense pas qu’enfant on se dise, plus tard je serai comme ça ou comme ci. Par contre, enfant je savais ce que je ne voulais pas être, quel genre d’adultes je ne voulais pas devenir. Et c’est quelque chose qui m’a beaucoup aidé, car à chaque fois que j’étais à deux doigts de faire quelque chose qui ne me ressemble pas, j’ai toujours entendu cette petite voix au fond de ma tête pour me dire de ne pas le faire et ça m’a souvent protégé.

Votre plus grande qualité, après celles d’écrire et de savoir si justement dire les choses essentielles, est votre humilité. Vous écrivez sans finalement, jamais croire au fait d’être écrivain. La recette idéale pour vivre de sa passion, est-ce celle que vous évoquez dans vos pages à travers le personnage du boulanger, c’est à dire, rester en retrait et seulement être satisfait de régaler ? Je croyais que ma plus grande qualité était mon gratin dauphinois… (rires), non je plaisante. Je suis un homme qui toute sa vie a aimé sa liberté car elle est gardienne de l’humilité qui est gardienne de l’intelligence. On ne peut pas être libre et arrogant. Pour garder sa liberté, il faut de l’humilité, mais pas de l’humilité gratuite comme de la fausse modes-

tie. On ne peut pas être prisonnier d’un personnage qu’on s’est fabriqué et qu’on entretient. L’humilité est gardienne de votre liberté donc elle fait partie de vous. A partir du moment, où on se prend au sérieux, on ne prend plus de plaisir. Rien ne vous empêche de faire votre travail extrêmement sérieusement et de ressentir beaucoup d’amour, de tendresse et de respect pour votre métier. J’ai toujours été très vigilent à ça et c’est une qualité que j’aime aussi chez les autres. J’ai plusieurs exemples d’hommes autour de moi à qui la vie a fait de cadeaux formidables et qui ne savent pas en profiter car ils sont prisonniers de leur prétention, de leur image, parce qu’ils se sont inventés des rôles, un pouvoir. Moi je ne veux rien de tout ça. Je n’ai pas besoin d’un titre, je m’en fous complètement. GENEALOGIQUE


DOSSIER SPÉCIAL

PARIS& LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE LES SOURCES INDISPENSABLES DES ARCHIVES AU SHD

©Mil’conseils

DOCUMENT EXCLUSIF / SCEAUX ET ARMOIRIES 26

GENEALOGIQUE


DOSSIER SPÉCIAL

RÉGION PARISIENNE SiGILLOGRAPHIE

par Dominique DELGRANGE

Les images de sceaux et d’armoiries reproduisent des éléments documentaires originaux peu utilisés par les généalogistes. Appréciés à leur juste valeur, ils peuvent servir à illustrer une histoire familiale, situer un lieu, comprendre les pratiques sociales d’époques anciennes pour lesquelles l’iconographie personnalisée est rare. Cependant, les publications et les études qui rendent compte de ces sources sont parfois lacunaires, ainsi ce sont souvent les mêmes documents qui sont presque toujours utilisés, faute de repérage ou de corpus suffisamment précis. Le cas de l’Île – de – France, de Paris et de sa région illustre bien cette question..

UN CAS ISOLÉ Contrairement aux autres provinces françaises, l’Île - de – France, qui s’étend jusqu’aux confins du Vexin, rognant sur la Picardie au nord, la Champagne à l’est, l’Orléanais au sud, ne possède pas d’unité, elle n’est pas délimitée par des frontières anciennes ou naturelles comme la Bretagne et l’Alsace ; elle ne s’inscrit pas entre les limites d’anciens pays ou provinces. Jusqu’à une date assez tardive, Paris, ville depuis longtemps importante, siège d’une université, d’un parlement, d’un dépôt au Châtelet de nombreuses archives administratives et notariées, relevait encore de l’archevêché de Sens et n’était pas considérée comme la capitale de la France. La notion de ville capitale politique et administrative réunissant en un même lieu les organismes de direction et de contrôle des pouvoirs n’était pas encore apparue. Ces facteurs expliquent peut- être l’absence d’un grand répertoire, base documentaire, des sceaux parisiens du XIIme au XVIIIme siècle et d’armoriaux ou marches d’armes, recueils d’armoiries, typiquement parisiens et « franciliens ». 28

Les armoiries de Paris et de l’Île - de - France

La Seine qui traverse l’Île - de - France ne constitue pas une frontière mais est une voie de communication, un axe de rassemblement et de transport pour les marchandises et les hommes ; ainsi s’éclaire sans aucun doute le choix très ancien de l’emblème choisi pour orner le sceau des institutions de la ville : la nef, le navire (fig. 1 à 3). L’autorité communale qui se met progressivement en place utilise le sceau des marchands de l’eau à Paris, puis celui des « prévôts des marchands », devenant celui de la « prévôté et échevinage » au début du XVIIme figures 1, 2 et 3 siècle. Le nom de « Commune de Paris » n’apparaît qu’en 1792. En pleine période révolutionnaire, les fleurs de lis sont encore arborées sur le sceau de cette nouvelle entité (fig. 3).

Ces armoiries ont traversé les siècles presque sans encombre, faisant de temps à autre des concessions aux modes et aux aléas politiques. Le bateau figures 4 et 5 médiéval devient un vaisseau de haute - mer aux voiles déployées, puis une embarcation égyptienne, la « nef d’Isis » sous l’Empire, dans un style très « retour d’Egypte » (fig. 4) ; les fleurs de lis ont disparu, les abeilles impériales les remplacent, elles seront définitivement replacées à l‘époque de la Troisième République (fig. 5)1. C’est d’ailleurs vers la fin du XIXme et jusqu’au milieu du XXme siècle que l’on cherchera à attribuer – ou à « régler » – les armoiries des villes de la région2..

communautés auprès des commis de l’Armorial ont servi plus tard à Jacques Meurgey pour établir un catalogue en quatre tomes facilitant la recherche4.. Cette publication ne reflète que la situation vers la fin du XVIIme siècle, oubliant la richesse et la variété des armoiries du Moyen - Âge, de la Renaissance et l’évolution qui suivra au XVIIIme siècle. Comme pour les sceaux, les armoiries des Parisiens et habitants de l’ancienne Généralité de Paris sont à rechercher dans les publications diverses : Segoing (1660)5, l’Armorial Dubuisson (1757) et plus récemment pour

En ce qui concerne les armoiries des particuliers, nobles ou roturiers, ce n’est que vers la fin du XVIIme siècle avec l’application des mesures décidées par l’Edit de 1696 qu’apparaît le premier recensement des armoiries de la « généralité de Paris ». Les registres3 contenant les déclarations faites par les particuliers et par les

1 Le site : www.armoiries-de-paris.com très documenté, reconstitue l’évolution des armes de la ville et signale de nombreux exemples. 2 Voir : Edmond BLANCHARD, Armorial des communes du département de la Seine, Paris, 1900 et Jacques LEVRON et Robert LOUIS, Armorial des Communes de Seine- et- Oise, Paris, 1959. 3 Ils sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France, Paris, ms. fr. 32216a, 32216b, 32217a, 32217b, 32218, 32219 et 32237. 4 Jacques MEURGEY, Armorial de la généralité de Paris (d’après les déclarations faites à l’Armorial général de 1696), Mâcon, 1955. Tome 1er : Paris, noms de « A à Eynaud » ; tome 2, Paris, de « Fabert à Lyonne » ; tome 3, Paris, de « Mabille aux communautés » ; tome 4, « Généralité de Paris, Beauvaisis »… Plus de 5000 noms classés par ordre alphabétique, pas d’illustration, mais texte en blason suffisamment précis pour permettre une reconstitution du dessin. 5 Réédité par la Maison Orsini Demarzo (Milan, Italie). Cet « Armorial universel » décrit de nombreux écus appartenant à des familles parisiennes, en particulier les « noms, surnoms et armes de nos seigneurs du grand Conseil du roi ». 6 Réédition Jean de Bonnot (Paris) et récemment Orsini Demarzo. 7 Jetons et armoiries des métiers de Paris, par René de LESPINASSE, Paris, 1897. 8 FLORANGE, Armorial du jetononophile. Prais, 1921. Illustré. Cette publication n’est pas uniquement consacrée aux familles parisiennes. 9 F. FEUARDENT, catalogue de jetons… 3 volumes, Paris 1904- Londres- 1915. Cet ouvrage donne plusieurs milliers de jetons, du Moyen – âge au XIXme siècle. Les rubriques correspondant à a région parisienne sont contenues dans le premier tome. Les illustrations manquent, remplacées par des descriptions. Les catalogues de ventes numismatiques actuellement édités fournissent l’iconographie absente du « Feuardent ».

figure 15

GENEALOGIQUE


figures 6, 7 et 8

figure 7

figure 16

les jetons armoriés dans les ouvrages de Lespinasse7 , 8 Fleurange , et Feuardent9. L’héraldique permet de retracer l’évolution sociale d’une famille. Voici quelques exemples : les Nicolaï, déjà établis à Paris au XVe siècle, leurs armes représentent un chiencourant (tableau, fig. 15), elles sont ornées d’éléments extérieurs plus variés mais elles ne varient pas, au contraire de celles des Potier (puis Potier de Gesvres) qui enrichissent leur écu de nombreux quartiers , preuves de leur ascension sociale (tableau, fig. 16). Une matrice de cachet aux armes de Lasnier (fig. 17) fait apparaître la dignité conférée par le collier de l’ordre de Saint- Michel. Cependant, pour la plupart des familles parisiennes, les recherches et le catalogage sont encore à faire.

Les sceaux de Paris et de l’Île - de - France

Les sceaux de Paris et de sa région n’ont donné lieu jusqu’ici à aucun catalogue exhaustif ; des monographies nombreuses existent, certes, mais elles ne traitent que de points précis et circonscrits10 : les sceaux de l’Université, de l’Officialité, du Châtelet, de la ville et des marchands de Paris, des métiers, de quelques particuliers ...

En réalisant les collections de moulages d’après les pièces originales, les savants sigillographes du XIXme siècle oublièrent d’établir un classement faisant clairement ressortir le domaine géographique Parisien. Germain Demay, ancien sculpteur animalier élève de Barye, attaché aux Archives depuis 1848, fut chargé d’aller prospecter en province les fonds publics et privés afin de rassembler à Paris la plus grande et la plus complète collection d’empreintes de sceaux qui soit. Toutes les régions devaient être visitées à partir de Paris. Malheureusement la guerre de 1870 gêna cette entreprise ; Germain Demay s’orienta vers les collections de la Bibliothèque nationale. Dans un laps de temps assez court, malgré les difficultés, il put rassembler et décrire les collections Flandre, Artois, Picardie, Normandie puis « Clairambault » à la Bibliothèque nationale11. Dès les années 1850 fut ouverte une collection dite du Supplément, sorte de lieu de dépôt où l’on continue à entreposer tout ce qui ne constitue pas un ensemble régional cohérent. Germain Demay12 s’était tourné vers les Archives de Versailles en moulant les séries des abbayes de Maubuisson et des Vaux-de-

Voir la : bibliographie de la sigillographie française, par René GANDILHON et Michel PASTOUREAU, Picard, Paris, 1982, indique (n° 1609 à 1757, p. 121 à 130) les nombreuses études et monographies parues à propos des sceaux de Paris et de l’Île - de – France. 11 Respectivement publiés en 1873, 1877 (Artois et Picardie), 1881 et 1885-1886. 12 Cet immense sigillographe accomplit en une vingtaine d’années un très important travail d’inventaire des sceaux provinciaux : la Flandre (publié en 1873, 2 volumes), l’Artois, la Picardie (2 volumes en 1877), la Normandie… après avoir collaboré aux éditions des « collections Douët d’Arcq » et de travailler à la collection Clairembault de la Bibliothèque Nationale. 13 Il m’est agréable de remercier chaleureusement Clément Blanc, responsable du « Service des sceaux » aux Archives nationales, Paris, pour les renseignements généreusement communiqués. 14 Les sceaux de plusieurs villes de la région parisienne sont également décrits et reproduits dans le : « Corpus des sceaux français du Moyen Age ». Tome premier, Les sceaux des villes, par Brigitte BEDOS, Paris, 1980 15 Louis DOUËT d’ARCQ, collection de sceaux, Paris 1867, 3 volumes. 16 La publication de Martine DALAS, Cachets révolutionnaires (des communes appartenant aujourd’hui au département des Hauts– de - Seine), Archives départementales des Hauts- de - Seine, Nanterre, 1991, fait la présentation d’une série régionale homogène de matrices et d’empreintes de cachets. 17 Avec d’infimes précautions : les sceaux originaux, pendants ou plaqués, en cire ou en papier sont des objets fragiles qui méritent les plus grandes attentions (voir « Généalogique », n°1, Les sceaux et cachets de Bretagne. 10

30

Un nouveau regard sur la question, de nouvelles recherches

Les anciens « inventaires » de sceaux

Un nouveau corpus rassemblant les sceaux parisiens et franciliens est encore à construire, en rassemblant les éléments déjà inventoriés, il permettrait de faire apparaître de nouvelles découvertes16. Des sondages montrent en effet que tous les sceaux français n’ont pas été répertoriés, en particulier ceux de la période moderne. Les découvertes résultant de fouilles (autorisées et aussi « sauvages ») mettent à jour des matrices de sceaux inédits. Cernay13. A l’époque, le principe de constitution des collections était de récolter les sceaux des départements coïncidant, de manière parfois arbitraire ou anachronique, à une ancienne province ; il ne donc fut pas envisagé d’inventaire regroupant toute l’Île de – France et Paris14. Les objets, moulages de sceaux d’après les originaux complétaient les fonds parisiens mais ne formaient pas un ensemble suffisamment cohérent, ils furent placés dans la collection « Supplément » des Archives Nationales à Paris, conçu alors comme le complément de la publication de Douët d’Arcq, ce supplément n’a jamais été publié jusqu’à aujourd’hui. Le catalogue de la « collection » Douët d’Arcq15 fait apparaître de nombreux sceaux médiévaux « parisiens » (et des environs), ceux des villes, bailliages et prévôtés (fig. 6 à 8), de particuliers (fig. 9 à 11), d’abbayes (fig. 12 - 13), de l’Université (fig. 14). Il n’est malheureusement pas illustré mais le chercheur peut accéder aux images à partir des moulages mis à la disposition du public dans la grande salle de lecture des Archives Nationales, CARAN, rue des quatre fils à Paris.

Un monde de découvertes à faire dans le domaine de la sigillographie s’offre toujours aux chercheurs, pour la région parisienne et de l’Île –de – France, mais pas seulement. Les anciens inventaires sont à compléter. Les recueils disponibles sont loin de contenir tous les sceaux ayant existé. Comparativement à l’ensemble des sceaux utilisés entre le XIIme et le XVIIIme siècle, une petite partie seulement a pu être répertoriée. Des séries importantes de documents ont disparu à cause des destructions et par manque d’intérêt, mais des sceaux inédits, surtout ceux de l’époque moderne, sont à découvrir, à repérer, à identifier et à classer17. Pour qu’un tel travail de longue haleine puisse aboutir, la collaboration étroite et bien comprise entre les sigillographes, les chercheurs, les généalogistes, est nécessaire. Des découvertes résultant de fouilles (autorisées et aussi « sauvages ») mettent à jour des matrices de sceaux inédits. Un monde de découvertes à faire dans le domaine de la

figures 9, 10 et 11

sigillographie s’offre toujours aux chercheurs, pour la région parisienne et de l’Île –de – France, mais pas seulement. Les anciens inventaires sont à compléter. Les recueils disponibles sont loin de contenir tous les sceaux ayant existé. Comparativement à l’ensemble des sceaux utilisés entre le XIIme et le XVIIIme siècle, une petite partie seulement a pu être répertoriée. Des séries importantes de documents ont disparu à cause des destructions et par manque d’intérêt, mais des sceaux inédits, surtout ceux de l’époque moderne, sont à découvrir, à repérer, à identifier et à classer17. Pour qu’un tel travail de longue haleine puisse aboutir, la collaboration étroite et bien comprise entre les sigillographes, les chercheurs, les généalogistes, est nécessaire.

GENEALOGIQUE


32

LES COULISSES

par Anne LE FLOCH

Du fait du double statut de Paris, à la fois ville et département, les Archives de Paris recueillent et conservent à la fois les archives communales et départementales de Paris. Si cette concentration en un même lieu représente plutôt un avantage pour les chercheurs en général, les généalogistes à la recherche de leurs ancêtres se heurtent à d’importantes difficultés car les registres d’état civil et paroissiaux de Paris antérieurs à 1860 ont été presque tous détruits en 1871, lors des incendies de la Commune. Le siège des Archives de la Seine de 1878 à 1989, quai Henri-IV.

Fig. 1. Paris, premier sceau connu : sceau des marchands de l’eau à Paris, 1210 (Douët d’Arcq, 5582) montre une embarcation construite « à clins », c’est à dire en assemblant des longues planches courbées se recouvrant, avec une proue et une poupe redressées ; le mat est tenu par des liens, la voile et les fleurs de lis apparaîtront plus tard, sur le sceau de 1336. Légende : MERCATORUM AQUE PARISIUS. Collection de sceaux, par L. DOUËT d’ARCQ, Paris, 1867. Fig. 2. Sceau utilisé en 1426. Douët d’Arcq, 5586. Il porte la même légende que le premier sceau : « sigillum mercatorum aque parisius » et l’image et les emblèmes ont été enrichis. Une nef médiévale, de type « Cogge », encore construite « à clins », à deux châteaux équipée d’une grande voile déployée ornée de trois fleurs de lis rangées en fasce en chef, vogue à gauche sur une onde, l’image est accompagnée de deux fleurs -de - lis. Les éléments encore présents dans les armes de la ville de Paris sont déjà rassemblés ici : le navire, les flots, les fleurs de lis. Fig. 3. « Mairie de Paris », sceau utilisé lors des événements du 10 août 1792 pour authentifier l’ordre du général (à titre provisoire) Santerre afin de livrer « une pièce de canon devant servir à défendre le peuple contre ses ennemis ». Douët d’Arcq, 5597. Fig. 4. Paris, armes « impériales » concédées par le Conseil du Sceau. Les fleurs - de - lis ont été remplacées par les abeilles, choisies par Napoléon pour orner le manteau du sacre ; cet emblème trouve son ancienneté loin dans le temps, bien avant les Capétiens, dans les bijoux du Trésor de Chilpéric, retrouvé au milieu du XVIIme siècle à Tournai. Fig. 5. Armoiries de Paris, composition du peintre héraldiste Robert Louis, années 1950. Fig. 6. Douët d’Arcq, 5496. Ville de Sens (en 1263). La légende est en partie détruite et c’est le document sur lequel il est fixé qui permet d’attribuer la pièce à Sens. Le contre- sceau montre une face accompagnée de la légende « + CIVITAS ». Fig. 7. Prévôté de Sézanne (en 1245), Douët d’Arcq, 4903. L’écu qui occupe la partie centrale d’un sceau dont la légende est en grande partie détruite rassemble les armes de France, les fleurs - de - lis placées ici dans les claires- voies dun décor fretté, de Navarre (escarboucle en chef) et de Champagne (bande coticée). Fig. 8. Bailliage de Tournan - en - Brie (en 1312). Ecu aux armes de Valois (France, à la bordure). Douët d’Arcq, 4710. Fig. 9. Bresson, greffier de la Prévôté de Paris (en 1383) utilise un signet ou sceau de petite dimension gravé d’un motif héraldique : un écu à la croix engrêlée ou denchée, cantonnée de quatre boules, tenu par un ange. Douët d’Arcq, 4474. Fig. 10. Jean Dufour, examinateur au Châtelet (en 1468). Sceau de type héraldique Douët d’Arcq, 4469. Un écu au chevron accompagné de trois rose, timbré d’un heaume avec lambrequins et cimier. Au XVme siècle, les « fonctionnaires » ont adopté les emblèmes arborés lors des tournois. Fig. 11. Geoffroy Marcel (en 1366). Fragment de sceau, Douët d’Arcq, 4103. Ce « bourgeois de Paris » n’appartenait pas à un ancien lignage féodal mais au monde de la finance ; il utilise pour son sceau tous les accessoires emblématiques de la noblesse : écu (ici trois griffons), heaume, cimier, supports... figures 12, 13 et 14 Fig.12. Sceau de l’abbaye Saint - Victor (en 1450). Douët d’Arcq, 8930, Sous une scène réunissant la Trinité, saint Victor, debout semblant indiquer la direction de la représentation divine à l’abbé priant à ses pieds, est revêtu d’un équipement de chevalier, sur la pointe du sceau les armoiries de l’abbaye : une escarboucle. Fig. 13. Fer à relier de la bibliothèque de l’abbaye Saint - Victor. Armoiries de l’abbaye (voir le sceau), XVIIIme siècle. Bibliothèque municipale de Douai, collection Auguste Preux. Fig. 14. Sceau de la « Nation Picarde » de l’Université de Paris (en 1398). Douët d’Arcq, 8019. Les six principaux compartiments du décor sigillaire montrent trois scènes hagiographiques : la Vierge à l’Enfant au centre, saint Firmin (à gauche) et saint Piat (à droite), saint Michel terrassant le dragon, en bas, au centre, accosté de deux scènes représentant l’Université, les personnages placés sous les voûtes gothiques sont des étudiants debout en face de leurs maîtres (assis). Fig. 15 - Tableau Aimard - Chrétien de Nicolaï, évêque de Verdun (en 1764). a) Sceau de type héraldique (Douët d’Arcq, 6933). Famille originaire du Vivarais ayant fait souche à Paris. Les armes de Nicolaï, au chien courant, sont ici surmontées d’une couronne de comte d’Empire et d’un chapeau ecclésiastique à quatre rangs de houppes. b) Représentation dans l’armorial de Segoing. c) Vignette ou ex- libris dans le style Louis XV. d) Armes des Nicolaï à la fin du XVme siècle (sceau, collection Clairembault, 6746, Archives Nationales, Paris) fig. 16 - Tableau a) Cachet aux armes d’Augustin Potier de Gesvres, évêque de Beauvais. Douët d’Arcq, 6521. Le prélat, pair de France au titre de l’évêché de Beauvais, porte des armoiries placées dans un cartouche, timbrées d’une couronne ducale, exposées sur une croix à double traverse, le tout coiffée d’un chapeau ecclésiastique à cinq rangs de houppes. Les Potier, devenus Potier de Gesvres, ont progressé dans la hierarchie sociale et étalent les quartiers d’alliances les plus prestigieux : Luxembourg (lion couronné, au 1er), Bourbon (trois fleurs - de- lis, un bâton péri en abîme, au 2me) Lorraine (plusieurs quartiers, au 3me) et Savoie (croix, au 4me) avec sur- le- tout : Potier, d’azur à trois mains apaumées d’or, la première cachée sous un franc- quartier échiqueté d’argent et d’azur. On remarquera que les mains « apaumées » varient : droites (Ségoing et sceau d’Augustin) ou gauches (Dubuisson et matrice de cachet)? b - c) Représentations dans l’armorial de Segoing, d) Matrice de cachet aux armes de Potier de Gesvres. Collection Auguste Preux, archives municipales, Douai. e- f) Représentations dans l’armorial Dubuisson (1757). fig. 17 Matrice de cachet aux armes de Guillaume Lanier (ou Lasnier), membre du Grand Conseil du Roi en 1643. Ecu d’azur à 17 carreaux aboutés d’or, rangés en sautoir, cantonnés de 4 aiglettes d’argent, couronne à neuf perles, deux groupes de trois à chaque extrémité, timbré d’un heaume à grilles taré de face, avec lambrequins et une aigle éployée pour cimier, entouré du collier de l’ordre de Saint- Michel. fig. 18 Matrice et empreinte de sceau, objet découvert au XIX° siècle, musée de Dourdan collection Joseph GUYOT. Légende : « SEEL : IEHAN : DU. CERF ». Un écu écartelé au I et IV, un cerf, au II et III, trois maillets, le premier caché sous un franc- quartier plain. On ignore qui est Jean Lecerf.

DOSSIER SPÉCIAL RÉGION PARISIENNE ARCHIVES

Créées en 1796 pour recevoir et conserver les fonds locaux de l’Ancien Régime, les Archives départementales de la Seine sont installées à l’Hôtel de ville puis, en 1860, dans une annexe de celui-ci, avenue Victoria. Jusqu’à cette date, elles conservent les archives des mairies d’arrondissement et celles des communes que comptait alors le département de la Seine ainsi que les archives des services déconcentrés de l’État, notamment des préfectures et des tribunaux du département. À partir du 1er janvier 1860, Paris, jusqu’alors délimitée par l’enceinte des fermiers généraux et composée de 12 arrondissements, s’agrandit et se restructure en 20

arrondissements (encadré) en annexant, en totalité ou en partie, ses communes limitrophes : Auteuil, les Batignolles, Belleville, Bercy, Charonne, Grenelle, La Chapelle, La Villette, Montmartre, Passy, Vaugirard, Aubervilliers, Bagnolet, Charenton-le-Pont, Clichy, Gentilly, Issy, Ivry, Le Pré-Saint-Gervais, Montrouge, Neuilly, Saint-Mandé, Saint-Ouen et Vanves. Le 24 mai 1871, pendant la Commune, l’Hôtel de Ville est incendié ainsi que son annexe de l’avenue Victoria et le palais de justice. Les registres de l’état civil jusqu’en 1859 et les registres paroissiaux de l’Ancien régime partent en fumée, de même que leurs doubles, qui avaient été déposés avant 1793 à la juridiction GENEALOGIQUE


Anciens et nouveaux arrondissements de Paris Nouveaux

Anciens

Ier IIe IIIe IVe Ve VIe VIIe VIIIe IXe Xe XIe

4e 3e 6e 7e et 9e 12e 11e 10e 1er 2e 5e 8e

du Châtelet. Ce sont 8 millions d’actes qui sont ainsi détruits. Dès l’année suivante, une première reconstitution est engagée, qui se poursuit jusqu’en 1896 ; elle permet de rétablir près de 3 millions d’actes, la plupart du XIXe siècle, essentiellement à partir de papiers de familles, d’extraits d’actes paroissiaux et notariés. Une seconde reconstitution est entreprise en 1942 ; elle permet d’établir 120 000 fiches et de rétablir 110 000 actes, notamment des XVIIe et XVIIIe siècles. Au total 2 696 000 actes, soit environ un tiers des actes détruits, sont reconstitués : 5 pour le XVIe siècle, 5 000 pour le XVIIe, 242 000 pour le XVIIIe et 2 454 000 pour le XIXe. En 1878, les Archives de la Seine s’installent dans un nouveau bâtiment, quai Henri-IV, où elles restent jusqu’en 1990, date à laquelle elles sont transférées boulevard Sérurier dans le bâtiment qu’elles occupent encore aujourd’hui. Le 10 juillet 1964, le département de la Seine est supprimé, tout comme le département de Seine-etOise dans lequel il était enclavé. Quatre nouveaux départements sont créés : Paris, les Hauts-deSeine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne. Avec le nouveau statut de Paris, qui devient à la fois commune et département, les Archives de la Seine deviennent les Archives de Paris. Des centres d’archives départementales sont créés dans les trois autres nouveaux départements qui recueillent les archives concernant leurs territoires respectifs jusquelà conservées par les Archives de la Seine.

34

Les Archives de Paris conservent plus d’un million de cotes d’archives ou articles sur différents supports, principalement sur papier, soit près de 65 km linéaires de documents ; elles accueillent chaque année près de 15 000 lecteurs. Elles collectent et conservent les archives territoriales de la ville et du département de Paris, les archives des services déconcentrés de l’État à Paris et en Ile-de-France ainsi que les archives des implantations locales des établissements publics nationaux, des établissements publics locaux et des sociétés d’économie mixte. En 1968, après le nouveau découpage de l’espace parisien de 1964, les archives sérielles – principalement des sources généalogiques – émanant de l’ancien département de la Seine ont été réparties entre les centres d’archives des quatre nouveaux départements. Selon les périodes historiques, les fonds des Archives de Paris sont plus ou moins riches. Très peu de documents datent du Moyen âge ou de la Renaissance. Parmi les fonds de l’Ancien régime, on trouve le fonds de la Juridiction consulaire (depuis le XVIe siècle) et celui des Enfants trouvés (depuis le XVIIe siècle). Le XIXe siècle est le mieux représenté, notamment avec les fonds de l’Enregistrement, du tribunal de commerce, des justices de paix et des mairies d’arrondissement ainsi que les archives de quelques lycées, les fonds de la préfecture et du Conseil général de la Seine, du Conseil municipal de Paris, des Contributions directes et du cadastre, et, à partir de 1860, ceux de la cour d’assises, de la cour d’appel, du tribunal civil, du conseil de prud’hommes, du conseil de préfecture et de l’état civil. Les archives judiciaires de 1792 jusque dans les années 1860 ont été détruites en 1871 ; seules les archives administratives et judiciaires de l’Ancien Régime, qui étaient conservées aux Archives nationales, ont été épargnées par l’incendie du palais de justice. Les Archives de Paris conservent aussi de nombreux fonds privés : archives familiales, papiers d’érudits (dont la collection Lazard sur la toponymie parisienne), archives d’entreprises et d’associations, de collèges privés et de syndicats. Sa bibliothèque compte plus de 31 000 volumes et un millier de publications en série, notamment les publications officielles locales. Contrairement aux autres archives départementales, les Archives de Paris ne conservent plus les minutes des notaires. Depuis 1932, année de la création du minutier central des notaires parisiens, tous les registres notariés ont été transférés aux Archives nationales.

Les Archives de Paris : 5 millions d’images consultables en ligne http://canadp-archivesenligne.paris.fr/

Depuis leur mise en ligne en décembre 2009, les archives numérisées de Paris ont reçu plus de 3 millions de visites. D’ici la fin de l’année, le site s’enrichira encore, avec la numérisation des actes de l’état civil antérieurs à 1860. • Tables décennales de l’état-civil (1860 à 1902) Elles recensent les noms (par ordre alphabétique) et prénoms des personnes concernées par type d’acte, par décennie (1860-1872, 1873-1882, 1883-1892 et 1893-1902) et par arrondissement. Si vous ne connaissez pas l’arrondissement dans lequel l’acte a été enregistré, vous devrez consulter chaque registre arrondissement par arrondissement. • Registres d’état civil (1860 à 1902) Ils recensent chronologiquement, et pour chacun des 20 arrondissements de Paris, les actes dans leur intégralité, y compris les mentions marginales. Si vous ne connaissez pas l’arrondissement dans lequel l’acte a été enregistré, vous devrez consulter chaque registre arrondissement par arrondissement. • Fichier alphabétique général de l’état civil reconstitué (XVIe siècle à 1859) Ce fichier concerne l’état civil de la première reconstitution. Il est consultable par type d’acte et par nom. Les fiches comprennent l’année, le lieu (paroisse, arrondissement ancien ou commune annexée à Paris), les nom et prénoms de la personne concernée ainsi que la date précise de l’événement. Pour les mariages, une fiche a été dressée pour chacun des conjoints avec parfois les noms et prénoms de leurs parents. Les noms à particules sont classés à la particule.

Classement et conservation

Du fait de la destruction, en 1871, des registres d’état civil et paroissiaux antérieurs à 1860, les sources généalogiques des Archives de Paris sont très incomplètes. Néanmoins, les importantes reconstitutions et les versements des registres de catholicité par l’Archevêché de Paris ainsi que de nombreuses autres sources permettent de pallier en partie les lacunes. Même si la consultation de multiples sources ne facilite pas sa tâche, le généalogiste peut donc y trouver de nombreux renseignements.

État civil (1860 à 1902)

Les registres des naissances, mariages et décès ainsi que les tables décennales sont microfilmés et en accès libre dans la salle de lecture des microfilms. Ils sont également consultables en ligne depuis quelques mois (encadré). Les tables sont classées par nature d’actes (naissance, mariage ou décès), par nom (ordre alphabétique), arrondissement et tranche chronologique de dix ans (1860-1872, 1873-1882, 1883-1892 et 1893-1902). Les actes sont classés chronologiquement par arrondissement.

Première reconstitution de l’état civil (1556 à 1859)

Un fichier alphabétique des actes reconstitués, réparti en trois séries (naissances, mariages, décès), permet de vérifier si l’acte recherché a été reconstitué. Numérisé, il est librement consultable en salle de lecture et en ligne depuis quelques mois. Les actes reconstitués sont microfilmés (leur numérisation est en cours) et sont consultables en accès libre dans la salle de lecture des microfilms. Ils sont classés par nature d’acte, par date puis par nom (instrument de recherche I.1.1, cotes 5Mi1 1 à 2340).

• Plans parcellaires parisiens du XIXe siècle : plans de Paris dans ses limites avant 1860, plans des communes avant leur annexion à Paris en 1860 et plans de Paris dans ses limites à partir de 1860. GENEALOGIQUE


Seconde reconstitution de l’état civil (XVIe à 1859)

Comme pour la première reconstitution, un fichier alphabétique permet de vérifier si l’acte recherché a été rétabli. Microfilmé, il est consultable en libre accès dans la salle de lecture des microfilms. Les actes, répartis en trois séries et classés par ordre alphabétique, sont intégralement communicables (instrument de recherche I.1.1, cotes 5Mi5 1 à 64).

Registres de catholicité (1792 à 1899)

Quelques registres paroissiaux ont été sauvegardés après les incendies de 1871 (instrument de recherche I.1.1, sous-série V6E). Pour combler les lacunes de l’état civil, l’archevêché de Paris en a déposé une copie aux Archives de Paris : ils concernent 77 paroisses ordinaires, 21 paroisses hospitalières : • Un fichier répertorie, dans l’ordre alphabétique des noms de personnes, les baptêmes et les sépultures de 26 paroisses parisiennes, résultant du dépouillement des registres (1792-1859) de Notre-Dame de Paris, Saint-Ambroise, Saint-Antoine des Quinze-Vingts, Saint-Denis du Saint-Sacrement, Saint-Étienne du Mont, Saint-Eugène, Saint-Eustache, Saint-Germain l’Auxerrois, Saint-Germain des Prés, Saint-GervaisSaint-Protais, Saint-Lambert de Vaugirard, Saint-LeuSaint-Gilles, Saint-Médard, Saint-Merry, Saint-PaulSaint-Louis, Saint-Philippe du Roule, Saint-Pierre de Montmartre, Saint-Roch, Saint-Séverin, Saint-Sulpice, Saint-Thomas d’Aquin, Sainte-Élisabeth, SainteMarguerite, Sainte-Madeleine, Sainte-Marguerite et Sainte-Valère. Il est consultable sur microfilms (cotes 3Mi1 1 à 204). • Le fichier des paroissiens de Saint-Eustache (15301792), relié en 154 volumes, est en libre accès sur les étagères de la salle de consultation des microfilms. Il a été constitué à partir de l’état civil reconstitué et du registre des actes de la paroisse Saint-Eustache conservé à la Bibliothèque nationale. Classées par

nom de paroissiens, les fiches mentionnent parfois le nom du conjoint, des parents, la profession et le domicile, les parrains, marraines et témoins. • Les registres de sépulture (1802-1871) classés par paroisse puis par année pour Notre-Dame de Paris, les Missions étrangères, Notre-Dame de l’Abbaye aux Bois, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, Notre-Dame du Rosaire de Plaisance, Saint-Louis des Invalides et Saint-Marcel de la Maison-Blanche (instrument de recherche I.3.1, cote D6J). • Les relevés des mariages religieux entre 1795 et 1862 (collection Mayet), reliés en 219 volumes, en libre accès dans les étagères de la salle de lecture des microfilms (photo). Les fiches, classées par ordre alphabétique au nom de l’époux et de l’épouse,

Décès et déclarations depuis 1791

de

succession

Les tables de décès, dressées par l’administration de l’Enregistrement pour contrôler les successions, recensent par ordre alphabétique toutes les personnes décédées. Elles précisent les nom et prénoms du défunt, sa profession, son adresse, la date de son décès, son âge, le nom de son conjoint et, s’il y a lieu, la nature et la date des actes relatifs à sa succession, la nature des biens, l’identité des héritiers et le nom du notaire (instruments de recherche I.7.1 à 3, sousséries DQ8, DQ7 et D14). Ces séries sont classées par bureau d’enregistrement (7 bureaux jusqu’en 1860 puis 9) : l’instrument de recherche permet de retrouver de quel bureau d’enregistrement dépendait chaque arrondissement.

Faire-part de naissances, mariages et décès (1870 à 1960)

mentionnent la date, la paroisse et parfois la filiation des époux. Quelques baptêmes y figurent également. • Les registres de baptêmes de la prison de SaintLazare et les registres de baptêmes et de mariages de certains hôpitaux de Paris (1853-1883) : Asile Sainte-Anne, hôpital Beaujon, hôpital Boucicaut, hôpital Cochin, hôpital de la Maternité, Maternité de Port-Royal, hôpital de la Pitié, hôpital Laennec, hôpital Lariboisière, hôpital Necker, hôpital Notre-Dame du Bon Secours, hôpital Saint-Antoine, hôpital SaintLazare, hôpital Saint-Louis, hôpital Saint-Louis de la Salpêtrière, hôpital Tenon, hôpital Trousseau, Hospice de la Charité, Hospice des Cliniques, Hôtel-Dieu (instrument de recherche I.3.1, cote D6J).

Relevés de mariages et divorces (1793 à 1802) et de mariages (1843-1852)

Plusieurs relevés sous forme de tables répertorient les mariages et divorces de la période révolutionnaire (instrument de recherche I.1.1, cotes V10E 1 à 12) et les mariages de 1843 à 1852 dans les 1er, 6e, 7e, 11e et 12e arrondissements anciens (cotes V10E 13 à 21). 36

On y trouve, selon le relevé, les noms et prénoms des époux, ceux de leurs parents, ainsi que la mairie et la date du mariage.

Recensements de population (1926 à 1946)

Ces recensements concernent les années 1926, 1931, 1936 et 1946. Établis par arrondissement, quartier et rue, ils recensent, pour chaque immeuble, les membres d’une même famille en précisant leur date de naissance et leur profession. Les documents numérisés sont consultables à partir des ordinateurs de la salle de lecture des microfilms (cote 2Mi LN).

Recensement (1800 à 2005) et recrutement militaire (1859 à 1938)

Les tables annuelles alphabétiques du recensement regroupent tous les arrondissements et les cantons et répertorient tous les jeunes gens habitant le département de la Seine lors de leur 20e année (microfilmées de 1871 à 1921). Les tables du recrutement, classées par bureau, indiquent le numéro matricule de l’intéressé (numérisées de 1875 à 1930) et renvoient aux états signalétiques et services (18671938), aux listes de tirage au sort (1816-1904) et aux tableaux de recensement (1816-2005) (instrument de recherche I.6.1).

Cette collection compte plus de 100 000 faire-part, classés par catégories et par ordre alphabétique, concernant en grande majorité des familles de la région parisienne (instrument de recherche I.1.1, cotes V7E).

Épitaphier des cimetières parisiens (1790 à 1942)

Il s’agit du relevé des épitaphes gravées sur les tombes de quelques cimetières parisiens : Auteuil, Calvaire, Grenelle, Passy, Saint-Vincent, Vaugirard, Montparnasse, Picpus et Mont-Valérien (instrument de recherche I.1.1, cotes V7E). Un fichier alphabétique permet de retrouver le nom recherché. Il est consultable sur microfilms en libre accès (cotes 3Mi1 205 à 213).

Enfants assistés (1689 à 1917)

Des répertoires alphabétiques annuels d’admission (à partir de 1742) donnent le numéro matricule de chaque enfant assisté. Ce numéro permet de retrouver les dossiers individuels d’admission et/ou de placement (instrument de recherche I.8.1 et microfilm 2Mi2).

Pour les archives antérieures à 1940, deux systèmes de cotation différents sont utilisés pour classer les documents, selon qu’ils relèvent des archives départementales (cotes commençant par la lettre D) ou des archives communales (cotes commençant par la lettre V). À l’intérieur de chaque série D et V, on retrouve le système de cotation habituel des archives (cadre de classement avec une lettre de série suivi du numéro de l’article). Pour trouver les documents susceptibles de vous intéresser, il faut au préalable rechercher leurs cotes dans l’un des instruments de recherche (inventaires, répertoires ou fichiers). Ces instruments de recherche sont rassemblés dans des recueils répartis en huit sections thématiques. En libre accès, ils sont rangés dans les étagères à gauche de l’entrée de la salle de lecture, côté boulevard Sérurier : I (sources généalogiques), II (permis de construire et documents figurés), III (archives judiciaires), IV (archives fiscales), V (archives de l’administration départementale), VI (archives de l’administration communale), VII (archives privées) et VIII (bibliothèque). GENEALOGIQUE


DOSSIER SPÉCIAL

RÉGION PARISIENNE FOCUS

À côté de la salle de lecture, une salle est réservée à la consultation des microfilms. Elle est équipée d’appareils de lecture de microfilms qui permettent d’obtenir directement des photocopies. Des ordinateurs sont également disponibles pour consulter les bases de données et les documents numérisés. Les microfilms sont en libre accès, rangés par cote dans des tiroirs. Des répertoires dactylographiques recensent tous les microfilms et permettent de retrouver facilement la cote de celui que l’on veut consulter. Les microfilms sont en libre accès.

150 ans par Anne LE FLOCH

VES

Les Archives de Paris sont un service public. Pour accéder aux documents qu’elles conservent, une carte annuelle gratuite est nécessaire ; elle est établie lors de votre première visite sur présentation d’une pièce d’identité comportant une photo.

Horaires d’ouverture : - le lundi de 13 h 30 à 17 h 30 - du mardi au vendredi de 9 h 30 à 17 h 30 - le samedi de 9 h 30 à 17 h (consultation restreinte aux usuels, aux documents numérisés, aux microfilms et aux documents originaux réservés au plus tard le mercredi précédent). Elles sont fermées au public les jours fériés ainsi que les samedis des mois de juillet et août. Archives de Paris 18, boulevard Sérurier, 75019 Paris Métro : Porte des Lilas (ligne 11) Bus : 61, 96, 105, 115, 129, 130, 170 et PC Téléphone : 01 53 72 41 23 Courriel : dac.archives@paris.fr http://canadp-archivesenligne.paris.fr/

CONTACTEZ LA RÉDACTION POUR OBTENIR LES COORDONNÉES DE VOTRE CENTRE D’ARCHIVES LE PLUS PROCHE

C

’est en 1860 que la ville de Paris double sa superficie en annexant en partie ou en totalité les communes qui l’entourent, ajoutant ainsi 8 arrondissements aux 12 déjà existants. Pour commémorer ce 150e anniversaire, le Comité d’Histoire de la Ville de Paris organise cet automne une exposition, des cycles de conférences et des promenades urbaines, qui montrent comment le territoire de la capitale et de sa proche banlieue a été redécoupé et le paysage urbain transformé.

redaction.genealogique@gmail.com

38

GENEALOGIQUE


Moins de vingt ans plus tard, sous l’impulsion de Napoléon III et d’Haussmann, alors préfet de la Seine, les limites de Paris sont portées jusqu’au pied de l’enceinte fortifiée (à l’emplacement de l’actuel périphérique). La loi du 16 juin 1859 précise dans son article premier : « En conséquence, les communes de Passy, Auteuil, Batignolles-Monceaux, Montmartre, La Chapelle, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Vaugirard et Grenelle sont supprimées. Sont annexés à Paris, les territoires ou portions de territoires de ces communes et des communes de Neuilly, Clichy, Saint-Ouen, Aubervilliers, Pantin, Près-SaintGervais, Saint-Mandé, Bagnolet, Ivry, Gentilly, Montrouge, Vanves et Issy ». La superficie de la capitale dépasse maintenant 10 000 hectares (105 km2) et 8 nouveaux arrondissements sont créés. Parallèlement, un vaste plan de rénovation et de modernisation du centre de Paris et de ses quartiers périphériques est mis en œuvre : le mur des Fermiers généraux et les quartiers insalubres sont détruits, certains axes sont élargis, des avenues sont percées, des parcs et jardins sont aménagés, de nouveaux édifices sont construits ainsi que des circuits d’adduction d’eau et d’égouts. L’exposition organisée par le Comité d’Histoire de la Ville de Paris montre, à travers plusieurs projets, les enjeux que représente la délimitation du territoire compris dans la défense de Paris, les aspects nouveaux en termes de discontinuités et de cloisonnements de ce que l’on appelle alors la petite banlieue, la diversité des types de développement démographique et économique des communes, les modes d’urbanisation, le développement centrifuge vers les barrières et vers Paris qui poursuit elle-même son développement dans la première enceinte. Le Paris des vingt arrondissements mettra une quarantaine d’années à urbaniser les territoires nouvellement associés au sort de la capitale. Parallèlement, avec le développement industriel sans précédent qui démarre à cette époque, la banlieue, qui s’étend maintenant au-delà des fortifications, accueille les entrepôts, la grande industrie et les fonctions que la ville rejette. 40

LE SHD

Anniversaire des 150 ans des arrondissements Galerie des bibliothèques, 22, rue Malher, 75004 Paris du 2 septembre au 24 octobre 2010. Du mardi au dimanche, de 13 h à 19 h. www.paris.fr Les nouveaux arrondissements en détail Les archives antérieures à 1860 des municipalités des onze communes supprimées, qui avaient été réunies à celles de l’Hôtel de ville ou remises, pour les plus anciennes, aux Archives de la Seine, ont brûlé en 1871 avec celles de l’ancien territoire parisien. Mais les autres sont restées dans les archives des communes conservées. Il convient donc de bien connaître le nouveau découpage administratif de Paris et de sa proche banlieue avant de rechercher un acte. . Le 13e réunit au faubourg Saint-Marcel, la moitié nord de la commune de Gentilly (hameaux de la Glacière, de la Butte-aux-Cailles et de Maison Blanche) et le nord-ouest d’Ivry. . Le 14e est constitué de la partie nord du village de Montrouge (qui s’étendait jusqu’au sud de Montparnasse) et de deux territoires de la commune de Gentilly (la ferme Sainte-Anne et la Santé). . Le 15e réunit les villages de Vaugirard, de Grenelle (qui était devenu indépendant de Vaugirard en 1830), une partie d’Issy et une partie de Vanves. . Le 16e réunit Chaillot, déjà intégré à Paris par le mur des Fermiers généraux, Passy et une partie d’Auteuil. Boulogne annexe le reste d’Auteuil avec Billancourt. . Le 17e est constitué du hameau des Ternes (dépendant de la commune de Neuilly) et de la presque totalité du village des Batignolles-Monceaux (devenu indépendant de Clichy en 1830). La partie non annexée est réintégrée à Clichy. . Le 18e réunit une grande partie de Montmartre (avec les hameaux de Clignancourt et de la Nouvelle-France) et le sud de La Chapelle. La partie nord de Montmartre, non annexée, est intégrée à la commune de Saint-Ouen. La partie nord de La Chapelle est répartie entre Saint-Ouen, Saint-Denis et Aubervilliers. . Le 19e réunit l’ancienne commune de la Villette et une partie de Belleville. . Le 20e réunit le reste de Belleville, le hameau de Ménilmontant, une partie du village de Charonne, une petite partie du Près-Saint-Gervais. Le reste de Charonne est réparti entre Bagnolet et Montreuil. Par ailleurs, le 12e arrondissement intègre une grande partie de la commune de Bercy et une partie de celle de Saint-Mandé (actuels quartiers du Bel-Air et de Picpus). Le reste du territoire de Bercy est intégré à la commune de Charenton-le-Pont.

Le Service de la Défense

par Christian FRIEDRICH

Chateau de Vincennes - le Pavillon du Roi, construit de 1664 à 1660, oeuvre de l’architecte Le VAU

À partir de 1841, de nouvelles fortifications sont aménagées autour des quartiers situés en dehors de l’enceinte des Fermiers généraux : 34 km de murs percés de 52 entrées englobent en partie 11 communes de banlieue. L’enjeu est alors d’assurer la défense militaire de la capitale tout en conservant en son sein des terrains agricoles pour permettre de supporter un siège.

Tout généalogiste, débutant ou confirmé, est confronté, un jour ou l’autre, à des difficultés d’identification d’un ancêtre… « Est-on bien sûr que le patronyme relevé sur un acte correspond bien à celui de son aïeul ? » Bien souvent, se sont les archives militaires qui permettent de lever le doute face à des homonymes ou lorsque les classiques actes de baptêmes, de mariage ou de sépultures des archives départementales ne répondent plus aux interrogations et aux investigations des « chercheurs d’ancêtres »… Nous allons, au fil des parutions, vous présenter les différentes approches généalogiques que l’on peut entreprendre au sein de ces multiples ressources militaires. Des guerres napoléoniennes aux mobilisations générales, ce sont, bien évidement, principalement les hommes qui se trouvent concernés par ces archives. Un « jeune » généalogiste doit néanmoins être conscient que certains dossiers de soldats précisent dans leurs états signalétiques ou formulaires de pension, les situations familiales, le nom d’une épouse ou d’un parent, éventuellement d’un ayant droit. Du point de vue généalogique, ces renseignements peuvent s’avérer capitaux et faire sortir de l’ornière un chercheur empêtré dans sa quête d’identification… D’autre part, du point de vue biographique, ces fonds sont d’une richesse exceptionnelle, inscrivant le destin personnel de chacun de nos ancêtres dans la mémoire collective et l’histoire du monde.

GENEALOGIQUE


Vincennes conserve les dossiers individuels des officiers des trois armées et de la gendarmerie nationale depuis le 18ème siècle. Ils sont communicables et consultables sur place ! Par ailleurs les registres de contrôle des troupes (série Y) ou encore certaines archives administratives (série X) recensent les individus ayant appartenu aux différentes unités au cours de ces deux derniers siècles…

Le chateau de Vincennes et son donjon.

Le Service Historique de la Défense Crée le 1er janvier 2005, le SHD est issu de la fusion des services historiques des quatre armées et du centre des archives de l’armement et du personnel de Châtellerault. Auparavant, chaque armée était dotée d’un service historique propre, qui se chargeait de la collecte, du classement et de la communication de ses archives. La mission du SHD est de contribuer aux travaux relatifs à l’histoire de la Défense. L’ensemble de ses collections représente plus de 300 km linéaires d’archives, remontant pour certaines jusqu’au 17ème siècle, et plus de un million d’ouvrages abordant les thèmes militaires. Il est ainsi à la tête d’une bibliothèque spécialisée parmi les plus riches de l’hexagone. Siège de la mémoire militaire de la nation, le SHD s’emploi à conserver, communiquer et partager les ressources historiques du ministère de la Défense. Ses centres d’accueils, ouvert au public, se 42

répartissent sur Vincennes, Cherbourg, Lorient, Brest, Rochefort, Toulon, Châtellerault et Caen. Chacun de ces établissements offre des ressources spécifiques, propres à chacun. Le principal centre est sans conteste celui qui abrite les fonds d’archives de Vincennes, au sein du château du même nom. Dans un cadre prestigieux, sont conservées une majorité des richesses archivistiques du « ministère de la guerre ».

Généalogiquement parlant

Trop souvent, « l’Histoire majuscule » s’écrit avec le sang des hommes…Du point de vue généalogique, l’histoire de nos aïeux ayant combattu dans les rangs des armées françaises depuis plusieurs siècles se retrouve sans conteste dans les fonds d’archives détenus au SHD, haut lieu de la mémoire militaire. Si les registres de conscription sont communiqués et transférés par le ministère de la défense vers les archives départementales du lieu de recensement des intéressés (objet d’un prochain article), le SHD de

les vestiaires, formalité obligatoire, afin d’y déposer vestes, sacs, téléphones portables et tout objet non

Concrètement, si votre ancêtre était officier de l’armée française, mort au champ d’honneur où glorieux survivant des affres de la guerre, vous trouverez certainement son dossier à Vincennes. Si par ailleurs, votre aïeul était sous officier ou homme de troupe, il y a fort à parier que vous retrouverez ses traces sur le registre matricule de son unité. A l’évidence, ce genre de documents ne prétend pas à La salle des inventaires l’exhaustivité, les aléas de la guerre ayant directement contribués à la disparition de certains registres lors de bombardements, de confiscations de documents ou indispensable à la consultation en salle de lecture. autres péripéties de nos armées... Seuls sont admis ordinateurs portables, feuilles et Il est certain qu’un dossier stylos (crayons personnel est plus complet et à papier de Le SHD se compose du centre historique riche de renseignements qu’une préférence). Un des archives implanté sur les sites de simple inscription matriculaire, sac en plastique Vincennes, Cherbourg, Brest, Lorient, mais les registres de contrôle des transparent troupes fournissent la description Rochefort, Toulon, Caen, avec des espaces sera mis à sa physique de l’individu, ce qui peut disposition pour de stockage au Blanc et à Fontainebleau, transporter ses s’avérer intéressant, et indiquent surtout le nom de ses parents ainsi du centre des archives de l’armement et du objets. Ces que sa localité d’origine, voire son personnel implanté à Châtellerault, d’un mesures sont adresse et sa situation familiale. destinées, on département administratif et financier, On comprendra tout l’intérêt de ces le comprendra, et d’une division du soutien logistique. informations ! à éviter vol et subtilisation En 2012, le bureau central des archives de document administratives militaires (BCAAM) de la d’archives. Le Comment faire ? direction du service national (DSN), situé pavillon du Roi Pour consulter un dossier aux SHD est structuré en de Vincennes, un nouveau lecteur à Pau, lui sera rattaché. trois espaces de doit impérativement se présenter consultation : à l’accueil et s’inscrire auprès des hôtesses qui le renseigneront et lui fourniront une carte de lecteur, sésame indispensable pour accéder - La salle des inventaires qui constitue le point aux salles de lecture et commander des documents. d’entrée initial pour tout chercheur. On y trouve, en Délivrée immédiatement sur présentation d’une pièce libre accès, catalogues et inventaires, indispensables d’identité légale en cours de validité, cette carte est pour dénicher la bonne cote* et commander le gratuite et valable dans tous les centres du SHD, document convoité. Du personnel qualifié se relaie partout en France. Les locaux de l’accueil, situés en permanence dans cette salle afin d’aider aux recherches et répondre aux questions des visiteurs. pavillon du Harnachement, se trouvent facilement. Que les novices se rassurent, même les chercheurs Une fois dirigé vers le pavillon du Roi, siège des chevronnés n’hésitent pas à appeler au secours… salles de consultation, le chercheur sera orienté vers Archivistes et bibliothécaires, personnels scientifiques GENEALOGIQUE


tous passionnés par leur travail, apportent une aide précieuse dans ce dédale d’archives et permettent de déterminer quels sont les fonds et les séries qui intéressent le généalogiste. - La salle des Gardes, salle de consultation principale, permet de compulser les documents commandés à partir des cotes relevées dans les inventaires. Ces cotes sont essentielles et la moindre erreur de retranscription est à proscrire sous peine de recevoir un document ne correspondant pas à celui que l’on attend… Récemment réaménagée, cette salle peut recevoir jusqu’à 75 lecteurs…

Contrôle des troupes et dossier de pension

Deux types de documents sont principalement à rechercher au SHD: les contrôles de troupe, conservés dans la sous-série Yc, et les dossiers de pension conservés dans la sous-série Yf. Les contrôles de troupe

- L’espace de consultation des documents dématérialisés, constitué de lecteurs de microfilms et de postes informatiques destinés à la consultation de documents en ligne. C’est auprès du président de salle que se réservent les places de cet espace… Je ne saurais trop conseiller aux généalogistes débutants d’avoir recours aux fiches d’aide à la recherche, à l’état sommaire des fonds ou au catalogue de la bibliothèque présentés sur le site du Service Historique de la Défense. Cette démarche constitue l’étape incontournable pour entreprendre une démarche à Vincennes. Ces aides à la recherche sont disponibles en ligne à l’adresse http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/. Consulter ce site permettra, dans de nombreux cas, de décider s’il convient de se déplacer pour compulser directement les instruments de recherche en salle de lecture et, le cas échéant, demander à consulter les documents. Sur ce site, un accès dédié aux généalogistes permettra aux novices de s’orienter dans le dédale des cotes et des documents de recherche, en un mot, d’y voir plus clair…

Réserver les documents !

La réservation des documents d’archives est obligatoire et doit se faire au minimum 72 heures à l’avance pour les documents de l’armée de terre et de la marine. Pour les documents de la gendarmerie conservés à Fontainebleau le délai est d’une semaine. Les documents des fonds de l’armée de l’air sont communicables dans la journée. Il va sans dire que la connaissance des cotes est donc indispensable avant toute réservation. Si vous êtes géographiquement éloignés de Vincennes, vous pouvez demander les cotes par courrier à condition d’êtres extrêmement précis dans votre requête… Lors de la réservation, votre numéro de carte de lecteur vous sera demandé. A défaut, un numéro provisoire vous sera attribué. 44

Archives de la Grande Guerre, SHD Vincennes

Les deux conflits mondiaux du 20ème siècle ont engagé la Nation tout entière. Ainsi, le fichier des morts pour la France de la Première Guerre mondiale, les dossiers des réseaux de résistance ou les registres des camps de déportation, par les centaines de milliers de noms qu’ils recensent, sont-ils susceptibles d’éclairer chaque citoyen sur son passé et sur l’histoire de sa famille. Institué en 1716, les registres de contrôles de troupe sont des livres « comptables », véritables répertoires permettant aux services administratifs des armées de vérifier la présence d’un homme au sein d’un régiment ou d’une unité. Pour la période contemporaine, ce sont de gros registres constitués d’une succession de fiches individuelles précisant l’état civil, le signalement, éventuellement les états de service de chaque individu. Ces registres de contrôle sont particulièrement nombreux pour la période du Premier Empire ; en effet, cette époque de l’histoire de France a, sans conteste, été « chargée » en évènements militaires. Les armées de Napoléon avaient besoin d’hommes, et des centaines de milliers d’individus se sont retrouvés enrôlés au sein des unités impériales. Un vivier de renseignements généalogiques !

Si votre ancêtre a porté l’uniforme après 1867 (voire même, selon les départements à partir de 1859), il vous faudra rechercher ces renseignements en priorité dans les registres matricules du recrutement, conservés soit par les archives départementales, soit par le bureau central d’archives administratives militaires de Pau. D’ailleurs, après les années 1870-1880, les contrôles de troupe n’existent plus que pour certains corps. Les contrôles de troupe étant classés par unités, il est primordial de connaître le régiment dans lequel a été incorporé l’individu recherché. Ce renseignement est à rechercher tout d’abord dans la série R des archives départementales. Pour savoir si une personne est recensée dans les contrôles de troupes, il faut venir consulter les instruments de recherche disponibles en salle de lecture puis dépouiller les registres eux-mêmes. Les dossiers de pension Les dossiers de pension sont également des documents d’origine comptable : en récapitulant les services d’un intéressé, ils permettaient le calcul du montant de la pension auquel il avait droit. La composition de ces dossiers est inégale : certains ne contiennent qu’une fiche récapitulative, d’autres, de multiples pièces annexes. Les dossiers de pension conservés dans la sous-série Yf concernent aussi bien les hommes de troupe que les sous-officiers et les officiers. Pour savoir si un militaire a fait l’objet d’un dossier de pension, consultez les répertoires alphabétiques de la sous-série Yf. La majeure partie des répertoires des dossiers d’officiers supérieurs et subalternes et des dossiers de pensions militaires conservés dans les fonds du ministère de la guerre sont en ligne ! Ils représentent plus de 36 000 pages et permettent

Le centre de Châtellerault abrite les dossiers du personnel civil du ministère de la guerre depuis la fin du 19ème siècle.

Le donjon du chateau de Vincennes.

d’identifier à distance les cotes de près de 900 000 dossiers. Pour les dossiers de pension des périodes les plus récentes, il faut savoir que tant que leur durée d’utilité administrative n’est pas échue, ils sont conservés par le service des pensions des armées, situé à La Rochelle (Charente-Maritime). Autres sources complémentaires On trouve également des compléments aux renseignements fournis par les dossiers individuels dans la série X (archives administratives des unités et des états-majors). Celle-ci est composée de documents d’origine diverse, dont le point commun est qu’ils sont en général profitables à l’administration du personnel. Pour les hommes de troupe, un dépouillement patient peut permettre de découvrir des listes, tableaux, statistiques, rapports d’inspection... Il n’est pas rare de découvrir anecdotes et autres informations qui complèteront utilement la biographie d’un ancêtre… Sont également classés dans la série X, les registres d’état civil aux armées, collection parcellaire et incomplète de registres d’actes de décès établis par les corps de troupes ou par différentes formations sanitaires au cours de certains conflits. Le site internet du SHD Comme nous l’avons déjà évoqué, il est essentiel de consulter ce site avant d’entreprendre une démarche dans l’un ou l’autre centre du SHD. Enormément de renseignements, tant historiques que généalogiques, peuvent y être glanés sans avoir à se déplacer. On y trouve de nombreuses fiches thématiques, des GENEALOGIQUE


photos, des instruments de recherches, de multiples sources permettant d’élaguer le travail, de bien préparer ses investigations futures, voire de trouver une réponse à une question quasi immédiatement. De nombreux liens sont également proposés en tant qu’instruments de recherche. Vous y trouverez pèle mêle des affiches de la deuxième guerre mondiale, des journaux de tranchée, des lettres de poilus de 14/18, des plans de navires etc, etc. De manière plus pragmatique, des bases de données patronymiques sont également consultables… Tout généalogiste y trouvera un intérêt certain. http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/.

Nous avons tous parmi nos ascendants, un soldat mobilisé, enrôlé ou ayant participé à une campagne militaire et ayant accompli son devoir lorsque le pays était menacé. De ces hommes, nous pouvons retrouver la trace, inscrite dans les précieux registres du SHD. Patience et persévérance permettent bien souvent de reconstituer le puzzle généalogique tout en illustrant les histoires personnelles de nos ancêtres, auréolant de gloire et de mérites la mémoire de nos anciens. Alors n’hésitez pas, lancezvous dans la captivante aventure des recherches militaires…

46

Focus Du point de vue généalogique, ce sont les fonds issus de la Marine et de l’Armée de terre qui s’avèrent les plus nombreux, l’Armée de l’air étant bien plus récente. Mais n’allez pas croire cependant qu’il n’existe pas de fonds généalogiquement intéressants au sein de SHAA (service historique de l’Armée de l’Air)… A titre d’exemple, nous vous présentons le cadre de classement des archives de l’Armée de terre. Ces archives gérées jusqu’en 2005 par le service historique de l’armée de terre (SHAT) étaient constituées de documents produits depuis le 17ème siècle par le ministère de la guerre, des plus humbles bureaux jusqu’aux niveaux décisionnels les plus élevés, ainsi que par les régiments et les état-major de l’armée de terre. Ce fonds d’archives constitue un ensemble varié d’autant plus riche que le ministère de la guerre organisa la collecte et l’administration de ses archives dès la fin du 17ème siècle, tâches confiées à plusieurs entités qui ont coexisté durant de nombreuses années. Le plus connu et le plus ancien de ces organismes était sans conteste le dépôt de la Guerre, chargé de collecter les archives présentant une valeur historique certaine, collectionnant les documents les mieux à même de rendre compte des opérations militaires et de leur contexte. Cependant, de nombreux types de documents ne relevaient pas de sa compétence. La Révolution vit la création du dépôt des fortifications ainsi que du dépôt de l’artillerie, qui prirent en charge la gestion et l’exploitation des archives du génie d’une part, de l’artillerie d’autre part. A la même période, s’organisa la collecte et la conservation des archives dites “administratives”, constituées des pièces authentiques relatives à l’administration générale et à la gestion à la fois collective et individuelle du personnel des armées, et confiées à un bureau du ministère. Il va sans dire que les archives de la Marine et de l’Armée de l’air présentent des fonds semblables...

Classement du fonds de SHAT

Au sein du cadre de classement, on peut donc distinguer plusieurs grands ensembles : · Les archives dites “historiques”, allant du 17ème siècle à 1940. Elles regroupent les archives opérationnelles et politiques classées dans des séries chronologiques (séries A à I, L et N), complétées par les archives de la justice militaire (série J) et par celles produites par le dépôt de la guerre puis le service historique de l’armée de terre, dans le cadre des travaux historiques et géographiques dont ils étaient chargés (série M) · Les archives contemporaines, à partir de 1940 (séries P à U) · Les archives techniques du génie et de l’artillerie du 17ème au 20ème siècle (séries V et W). · Les archives administratives du 17ème au 20ème siècle (séries X et Y). · Série A : Ancien Régime · Série B : Révolution · Série C : Empire · Série D : Seconde Restauration · Série E : Monarchie de Juillet · Série F : Seconde République · Série G : Second Empire · Série H : Outre-mer · Série I : Circonscriptions militaires territoriales · Série J : Justice militaire · Série K : Documents entrés par voie extraordinaire · Série L : Guerre de 1870-1871, Commune de Paris · Série M : Archives du dépôt de la guerre [et du service historique de l’armée de terre] · Série N : Troisième République · Série P : Deuxième Guerre mondiale · Série Q : Secrétariat général de la défense nationale et organismes rattachés · Série R : Cabinet du ministre de la défense et organismes rattachés · Série S : État-major des armées et organismes rattachés · Série T : État-major de l’armée de terre et organismes rattachés · Série U : Unités et organismes formant corps de l’armée de terre · Série V : Archives techniques du Génie · Série W : Archives techniques de l’artillerie · Séries X et Y : Archives administratives généalogistes.

GENEALOGIQUE


ONOMASTIQUE

Les noms de personnes tirés du nom d’une ville ou d’une région

par Jean-Louis DEGA

Le nom des habitants d’un lieu, en particulier d’une ville, est appelé par les linguistes le gentilé. Lorsqu’il s’agit de populations nomades ou migrantes, on parle plutôt d’ethnonyme. L’ensemble des gentilés et des ethnonymes constitue ce qu’on appelle en anthroponymie les ethniques. Le terme « gentilé » peu connu mais attesté depuis le milieu du XVIIIe siècle provient du latin « gentile nomen » correspondant dans le système anthroponymique latin au nom de famille. Les gentilés et les ethnonymes, actuels ou d’autrefois, sont à l’origine de nombreux anthroponymes : prénoms, noms de familles et surnoms, de même que les noms de villes ou de régions.

LES PRENOMS ISSUS DU NOM D’UNE VILLE

Certains prénoms usuels proviennent d’un nom d’habitant de ville : comme Adrien, du latin Hadrianus (signifiant habitant ou originaire d’Hadria, aujourd’hui Adria en Vénétie), Gaetan ou Cajetan (du latin Gaetanus, signifiant habitant ou originaire de Gaète dans le Latium) ou Madeleine (venu de l’hébreu et signifiant habitant ou originaire de Magdala, aujourd’hui Khirbet Medjdel en Israël). La liste des prénoms dont l’étymologie provient du nom d’une ville comprend aussi, sans prétendre à l’ exhaustivité : · Alban venu d’Albanus (originaire d’Albe, ville rivale de Rome) · Dauphin ou Delphin,

Dauphine ou Delphine

(originaire de Delphes, en Grèce) · Gabin venu de Gabinus, signifiant « originaire de Gabies » (ancienne ville du Latium) · Maguelonne (nom d’une ancienne ville près de Montpellier) · Romain du latin « romanus » · Trojan : du latin « troianus » habitant ou originaire de Troie · Urbain, du latin Urbanus où la racine « Urbs » désigne la ville par excellence durant la civilisation latine, Rome (comme dans l’expression « urbi et orbi » : « à la ville de Rome et à l’univers »). Si on prend en compte les gentilés correspondant à un territoire plus vaste que celui d’une ville c’està-dire à toute une région, la liste des prénoms concernés s’allonge notablement : · Afric venu d’Africanus (originaire d’Afrique, qui n’était pour les Romains que la Tunisie actuelle) et qui survit dans les toponymes Saint-Affrique (Aveyron) et Saint Affric, église d’Albi (Tarn).

48

· Cyprien, signifiant « originaire de Chypre » · Dalmas, Dalmacie venu de Dalmatius (dalmate) · François signifiant français, le premier à être prénommé ainsi ayant été Saint François d’Assise dont le père, riche marchand, effectuait de fréquents voyages d’affaires en France · Gallien, Gallienne, Gallianne venus de « gallus » signifiant « gaulois » · Gallican, du latin « gallicanus» dérivé aussi de « gallus » · Lydie, du nom d’une ancienne région d’Asie mineure · Maur et Maurice venus du mot latin pour « maure » · Rémi venu de Remigius, originaire du pays des Rèmes, le peuple gaulois dont la capitale était Reims · Sabin et Sabine ainsi que Savin et Savinien, venu du nom du peuple des Sabins, dans le Latium. Signalons le cas particulier de deux prénoms qui tirent indirectement leur origine du nom d’un lieu car c’était le nom de famille d’un saint qui est ensuite devenu prénom après leur canonisation : Xavier issu du nom du village navarrais de Javier (en basque Jaberri), lieu de naissance de Saint François Xavier et Chantal, nom d’une baronnie en Bourgogne possédée par le mari de Sainte Jeanne de Chantal. Au Moyen-Age, de nombreux ethniques étaient utilisés comme prénoms, surtout pour les femmes. Si on peut citer d’après le livre d’Anne Brénon sur les prénoms occitans au Moyen-Age et quelques autres sources les prénoms masculins suivants : Alaman (allemand), Albigès

(Albigeois), Catalan, Espan (espagnol), German (germain), Peitavi (poitevin),

Provençal et Tolosan/ Tolsan (toulousain), la

liste des prénoms féminins de ce type est beaucoup plus longue (sans être exhaustive):

Alamande, Albigesa

(albigeoise), Anglesa (anglaise), Aragonèse, Babilonia,Baiona (de Bayonne), Barsalona (de Barcelone), Béarnèse, Bezersa (de Béziers), Bigordana (de Bigorre), Caersina (du Quercy ou de Cahors), Carcassonna,

Catalana, Cerdana

(de Cerdagne), Dalmacie, Escalona (d’Ascalon, en Palestine, suite aux Croisades), Flandina (de Flandre), Germana, Gordona (de Gourdon), Gota (du nom du peuple goth), India (d’Inde),

Lombarda, Marmanda

(de Marmande), Narbona (de Narbonne), Peitavina (poitevine), Plasença (de Plaisance), Tolosana et Turca.

A l’époque moderne, on peut noter l’apparition du prénom Lorraine qui en France n’est attesté qu’à partir du début du XXe siècle. Parfois l’origine du prénom est connue grâce à la généalogie : il en est ainsi du prénom Bourgogne devenu dans certaines régions Bourguine avec les variantes Borgue, Borgua, Bourgue, Bourgua et les hypocoristiques (formes affectueuses) Bourguette et Bourguinotte. La première à porter ce prénom est Bourgogne de Craon, fille de Robert le Bourguignon, seigneur de GENEALOGIQUE


Craon (ca 1035-1098), fils cadet de Renaud, comte de Nevers, ce qui explique son surnom de « Bourguignon », qu’il transmit comme prénom à l’une de ses filles. Ce prénom de Bourguine s’est répandu par parrainages successifs dans les familles féodales des provinces de l’Ouest vers le Poitou, la Saintonge et ensuite l’Aquitaine et le Languedoc où il a été porté jusqu’au XVIIe siècle.

LES PATRONYMES ISSUS DU NOM D’UNE VILLE

On peut relever aussi au MoyenAge et jusqu’au XVIe siècle la coutume dans les familles féodales de donner comme prénom à une fille le nom féminisé d’une autre famille féodale avec laquelle a existé une alliance: on trouve ainsi en Rouergue les prénoms Arpajone,

Les patronymes issus d’ethniques situés hors de France On peut citer pour une personne venue des provinces des anciens Pays-Bas , sans citer toutes les variantes : Brabanchon ou

dans des familles alliées aux seigneurs d’Arpajon, de Balaguier, de Caylus et de Lévezou.

Namurois L’Espagne a donné les patronymes Espagnol,

Balaguière, Caylusse et Levezone, portés à l’origine

Parfois, pour le dirigeant d’un état, le prénom peut jouer un rôle pour servir à établir un pouvoir : cinq des filles de Guillaume de Nassau surnommé « Le Taciturne» (153384) qui créa les Pays-Bas en se soulevant contre l’Espagne furent prénommées d’un prénom composé avec un élément tiré d’un gentilé lié aux futures Provinces Unies : Elisabeth-Flandrine 15771642 ; Catherine-Belgica 1578-1648; Charlotte-Flandrine 1579-1640; Charlotte-Brabantine 1580-1631 et Amalia-Antwerpiane 1581-1667 (du nom néerlandais de la ville d’Anvers : Antwerpen). Signalons que sous l’ancien Régime, une ville pouvait être marraine d’un enfant. Une fille d’Antoine-François de Bertrand de Molleville intendant de Bretagne de 1784 à 1788 fut la filleule de la ville de Rennes et fut prénommée Marie-Armande-Rennes. 50

Certains des prénoms cités précédemment sont devenus des patronymes. Mais la liste des patronymes issus d’un ethnique est beaucoup plus longue que celle des prénoms et il est impossible de prétendre à l’exhaustivité dans un article de quelques pages.

Barbançon, Hennuyer (du Hainaut), Liégeois, Wallon, Flamand ou Flamenc (forme occitane),

Pagnol, Epagneul, Lepagneux, et ses différents royaumes : Arragonès, Navarrès, Catala, Catalan et Catelan, Castillan et Castilhan.

Les Iles Britanniques sont à l’origine des patronymes Anglais, Langlois, Anglès (forme occitane), Gallois et Gallès (forme occitane), Scot,

Escot, Lescot, Irlandès

(forme occitane attestée dans l’Hérault). Nous rajouterons pour les immigrants venus d’autres pays Allemand, Lallement et Alaman (forme occitane),

Lombard, Hongre, Polac, Danois etc.

Maritain est le nom d’un célèbre philosophe, Jacques Maritain (1882-1973). MarieThérèse Morlet explique ce patronyme dans son dictionnaire des noms de famille par un adjectif

qui signifierait « maritime ». Mais rien ne vient à l’appui de cette hypothèse. Maritain et la forme occitane Maritan viennent plutôt de Meritain attesté comme patronyme et à rapprocher du provençal Meritan, de l’italien Meritano et du béarnais Meritein. On peut reconnaître comme étymon dans tous ces patronymes, avec une évolution linguistique propre à leur langue, le nom de personne latin Emeritanus attesté au Haut Moyen-Âge (Paulus Emeritanus Diaconus). Emeritanus signifie en latin « habitant ou originaire d’Emerita » ; Augusta Emerita était le nom latin de la ville espagnole de Mérida en Extrémadure. Emeritus est en latin le participe passé du verbe « emerere » qui signifie « mériter, avoir fait son temps de service » et qui a donné en français l’adjectif « émérite ». Le patronyme Maritain est donc très probablement issu d’un gentilé latin signifiant « originaire de Mérida ». Les patronymes issus d’ethniques en France Ces patronymes sont très nombreux et pratiquement chaque province a donné les siens :

Normand et Normandin

(forme hypocoristique), Breton,

Picard, Champenois, Lorrain, Comtois, Bourguignon et la forme occitane Bergounhou, Roergas ou Rodergas

(forme archaïque) pour le Rouergue, Carci ou Caorsin pour le Quercy, Tolza ou Tolosan pour le Toulousain, Gasc et Gasquet pour la Gascogne, Provençal, Limosin ou Lemosy, Albigès (forme occitane d’albigeois) etc. Une bizarrerie onomastique : le patronyme Laubegeois signifiant « l’albigeois » en langue

d’oïl a donné par contraction le patronyne Lobjois. Mais une famille Lobjois, transplantée assez loin de son lieu d’origine, est devenue Langeois, patronyme existant dans son nouveau lieu d’habitation. Ce patronyme Langeois signifie très probablement « originaire de l’Anjou », comme l’autre forme plus classique Angevin ou Langevin, cette dernière avec agglutination de l’article. Le patronyme Besancenot peut signifier dans certains cas « originaire de Besançon» mais il peut être aussi une forme affectueuse de Besançon qui existe également comme patronyme et qui était porté comme prénom au Moyen-Age (on connaît par exemple au XVe siècle un Besançon Doroz et un Besançon Sandoz).

Le cas des patronymes judéo-occitans

Les juifs ont été chassés du royaume de France au début du XIVe siècle. Certains ont emporté dans leur exil comme nom celui d’habitant de la ville où ils avaient vécu, transcrit en judéo-occitan. Ceci a par exemple donné les patronymes Bedersi, Bedarsi ou Bederesi (venu de Béziers), Carcasoni (de Carcassonne), Caslari (du Caylar), Magaloni (de Maguelonne), Narboni (de Narbonne), Tolosi (de Toulouse). Le terme générique « venu de France » ou « français » a donné le patronyme Sarfati et ses variantes Serfati, Serfaty, Zarfati etc. Le même phénomène a existé en Espagne avec par exemple le patronyme Toledano (de Tolède) et le nom Sefardi issu du terme générique signifiant « venu d’Espagne » ou « espagnol ».

Le cas de patronymes venus d’Afrique du Nord.

De nombreux patronymes originaires d’Afrique du Nord et transplantés en France viennent d’un mot signifiant « l’habitant de telle ville », avec le même suffixe en –i (issu de la langue arabe) que pour les noms judéo-occitans. En se limitant à des villes du Maroc, on a par exemple les patronymes suivants : Beidaoui (de Casablanca, Dâr el Beida), Fassi (de Fès), Gadiri (d’Agadir), Marrakchi (de Marrakech), Meknassi (de Meknès), Rbati ou Rabati (de Rabat), Slaoui (de Salé), Tanjaoui (de Tanger). Pour l’Algérie, on peut citer Annabi (de Bône).

LES SURNOMS ISSUS DU NOM D’UNE VILLE OU D’UNE REGION

Les surnoms issus d’un ethnique sont très nombreux et certains surnoms de ce type au MoyenÂge ont conduit à un patronyme. Dans tous les milieux sociaux et à toutes les époques, un gentilé a souvent été utilisé comme surnom: le Parisien, le Marseillais, le Toulousain etc. Mais un surnom lié à un nom de ville ne provient pas toujours d’une origine dans cette ville. Le surnom « Le Parisien » était plus souvent attribué à un compatriote ayant longuement séjourné dans la capitale plutôt qu’à un parisien d’origine (espèce d’ailleurs fort rare, comme on le sait !). Je citerais un autre exemple venu de l’Aveyron. Un soldat des campagnes napoléoniennes ayant fait campagne à Cattaro (aujourd’hui Kotor en Montenegro) et évoquant souvent à son retour dans son village natal cette ville dont il avait gardé un excellent souvenir, reçut, lui ainsi que ses descendants, le surnom de Cattaro.

On observe donc, comme l’aura montré ce rapide survol, que les ethniques ont été très productifs en onomastique et sont à l’origine de nombreux anthroponymes, aussi bien de prénoms encore usuels que de patronymes et de surnoms.

GENEALOGIQUE


ONOMASTIQUE

par Jean-Louis DEGA

Suite à l’article paru dans le premier numéro de GENEALOGIQUE, nous allons poursuivre dans l’évocation des prénoms féminins et masculins les plus en vogue pour cette rentrée : Emma, Anaïs, Romane, Sarah, Juliette, Clémence, Louise, Maëlys, Lilou, Mathilde et Eva pour les filles, Raphaël, Tom, Jules, Axel, Noah, Louis, Antoine, Paul, Léo et Clément pour les garçons.

E

mma (fête le 19 avril ou le 29 juin). Est une forme affectueuse d’Ermengarde qui était au départ peut-être initialement un toponyme signifiant «grand enclos, enclos majestueux ». omane Vient du latin Romanus : habitant

ouise On fête Louise de Marillac, fondatrice avec Saint-Vincent de Paul, des filles de la Charité le 15 mars. Figurent aussi au calendrier des saints : sainte Louise Albertoni, veuve (+ 1530) et Sainte Louise de Savoie, Clarisse, nièce du roi Louis XI (+ 1503). Voir la notice de Louis ci-après pour l’étymologie.

naïs Forme « Hannah » : grâce

aëlys (fête le 13 mai) - Maelys, Maelÿs, Maélys- : étymologie celtique « Mael » signifiait « prince, chef ». En irlandais « mael » signifiait « serviteur tonsuré ».

r a S

de Rome ou peut-être dans certains cas le sens plus spécifique de pèlerin qui est allé à Rome. d’Anne

de

l’hébreu

arah ou Sara (fête le 25 mai -pour Sainte

Sara l’Egyptienne-, le 13 juillet, le 16 septembre ou le 9 octobre). Prénom issu de l’hébreu signifant « princesse ou souveraine».

j c

uliette Forme féminine affectueuse de Julie,

forme féminine de Jules, du latin Julia.

lémence (fête le 21 mars). Du latin « clemens » signifiant doux, indulgent.

52

L

M

M

athilde (fête le 27 juillet). Vient du germanique « math-» et « -hild » signifiant force au combat. On a aussi la forme médiévale Mahaut ou Méheut.

E

va Vient d’un mot hébreu « khayâh » ou « hawwah » signifiant vivante. Sainte Eve de Dreux est fêtée le 6 septembre.

TGasparde, rois

prénoms

insolites

:

Balthazare ou Balthazarde et Melchiore.

Les féminins des prénoms des Rois Mages ont été donnés comme prénoms surtout du XVIe au XVIIIe siècle. Les Rois Mages sont les patrons des voyageurs et des pélerins. Leur fête est le 6 janvier. Melchior signifie en hébreu « roi de Lumière » ; Gaspard vient d’un mot hébreu « gizbar » emprunté à l’iranien et signifiant trésorier. Balthazar tire son origine d’une expression araméenne signifiant « Baal protège la vie du Roi ». « Melchiore » est le moins fréquent de ces trois prénoms. Melchiore de Castellane vivait au début du XVIe siècle. Après son voyage en Palestine, Balthazar aurait fait étape aux Baux-de-Provence et les seigneurs des Baux se considéraient comme des descendants de Balthazar et portaient sur leur blason une étoile d’argent.

A P

ntoine Du nom latin Antonius qui pourrait être issu du grec « anthos » signifiant « fleur ».

aul Du nom de famille latin Paulus ou Paullus signifiant lui-même « petit ». Ce nom a été pris par l’apôtre Paul qui était un juif né à Tarse en Cilicie portant le nom de Saul. Il changea probablement son nom à la suite d’une rencontre dans l’île de Chypre avec le fonctionnaire romain Sergius Paullus qui en était le gouverneur.

L C

éo Forme latine et dans d’autres langues de Léon, venu du latin « leo » signifiant « lion ».

lément Mot issu du latin « clemens » signifiant « doux, indulgent » est passé au français avec le même sens.

R

aphaël De l’hébreu « rapha » : guérir et « El »: Dieu « Dieu guérit », nom d’un Archange.

T

om (fête le 3 juillet pour l’apôtre; le 28 janvier pour Saint Thomas d’Aquin; le 29 décembre pour Saint Thomas Becket). Diminutif affectueux de Thomas venu d’un mot araméen signifiant jumeau.

J

ules Du nom d’une gens (groupe de familles portant un nom commun et descendant d’un ancêtre unique) romaine: la gens Julia qui prétendait descendre de Iule, fils du troyen Enée. Le nom Iule viendrait d’après la légende de « Iolum » dérivé affectueux de Jupiter, donné comme surnom à Ascagne, fils d’Enée

A N L

xel Forme danoise du prénom biblique Absalon signifiant « père – paix ».

A

MIXTE

noter actuellement une montée en force des prénoms mixtes, à la fois masculins et feminins comme Eden, Lou, Maé ou Camille.

V

oir une liste de prénoms mixtes sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9noms_ mixtes

oah Forme en hébreu du prénom Noé signifiant « repos ».

ouis Du germanique « hlod » : gloire et « wig »: combat. Prénom identique à celui de Clovis, roi des Francs. De la dynastie mérovingienne, le nom est passé dans celle des Carolingiens puis chez celle des Capétiens.

GENEALOGIQUE


mÉthodo’logique PAGES PRATIQUES

Déterminer la fréquence d’un patronyme Grâce à la base de données de l’INSEE, recensant les naissances survenues entre 1891 et 1990, j’ai reconstitué la courbe de distribution des patronymes ci-dessous, ce qui m’a permis de définir une méthode simple pour déterminer la fréquence d’un nom de famille. Quelques chiffres : - Plus de 66 millions de naissances sont survenues en un siècle et 1 329 359 patronymes différents ont été recensés, ce qui signifie qu’en moyenne, un patronyme est porté 50 fois.

par Tony NEULAT

· 1000 patronymes couvrent le quart de la population. · 5% des patronymes couvrent 80% de la population.

Quel est le berceau géographique de ma famille ? Suis-je parent avec les autres porteurs de mon patronyme ? Ces questions figurent parmi les toutes premières que se pose chaque généalogiste. Voici présentées quelques clés pour y répondre.

· Les 3/4 des patronymes (soit 1 million) sont portés moins de 15 fois. Courbe de distribution des patronymes : La répartition des noms de famille n’est pas du tout homogène. Un très faible pourcentage de patronymes concentre la majorité de la population comme le montrent les courbes suivantes.

mON PATRONYME... Avant toute chose, il est essentiel d’estimer la fréquence de votre patronyme afin de déterminer s’il existe une ou plusieurs souches à l’origine de votre nom de famille. Autrement dit, tous les porteurs de votre nom de famille sont-ils issus d’un unique individu ou de plusieurs, surnommés à l’identique, et dont le surnom s’est transmis de génération en génération ? Dans l’encadré « Déterminer la fréquence d’un patronyme », est présentée une méthode simple, que j’ai élaborée à partir des fichiers de l’INSEE, pour estimer le nombre de porteurs d’un nom de famille et donc la fréquence de ce patronyme. Par ailleurs, il est important de noter que l’orthographe des noms de famille ne s’est fixée que très récemment (fin XIXème, début XXème siècle). Ce qui signifie que, pour identifier le berceau de votre famille, vous devez appliquer la méthode présentée ci-dessous aux diverses variantes orthographiques de votre patronyme (ex : Neulat, Neullat, Neulad, Neullad, Neulas, Neullas, Nelat, Nellat, Nela etc…). Une fois ces précautions prises, vous pouvez alors entamer gaiement vos recherches sur le web en consultant les sites de cartographie suivants. Ils s’appuient généralement sur des bases de données statistiques récentes (par exemple de l’INSEE pour la France). Ils fournissent donc une cartographie du XXème siècle d’un patronyme. Comment en déduire son origine géographique, qui est beaucoup plus ancienne ? A l’aide d’un postulat simple généralement vérifié : le berceau d’un nom de famille coïncide avec le secteur géographique qui concentre aujourd’hui le plus de porteurs de ce nom. Cela revient à dire que la majorité des individus étaient peu mobiles et sont restés au sein de leur région d’origine. Il est conseillé, pour identifier le ou les berceaux de votre famille, de consulter ces différents sites pour recouper les résultats obtenus. La démarche présentée est illustrée dans l’encadré « Cas concret ».

· 1% des patronymes les plus fréquents couvrent 55% de la population. · 5% des patronymes les plus fréquents couvrent 80% de la population. · A l’inverse, 75% des noms de famille (les plus rares) représentent seulement 5% de la population. Fréquence d’un patronyme : En découpant cette courbe de distribution en 5 classes (de 20% chacune), on obtient le tableau suivant qui permet de déterminer si un patronyme est très porté ou non. S’il figure parmi les 615 patronymes les plus fréquents qui couvrent 20% de la population, il est extrêmement porté. S’il figure parmi les 4300 patronymes qui couvrent 40% de la population, il est très porté, etc… A l’inverse, s’il se trouve parmi les 98,5% des patronymes (les moins portés) qui ne couvrent que 40% de la population, on peut en déduire qu’il est rare. Détermination de la fréquence d’un patronyme à partir des fichiers de l’INSEE. Pour connaître la fréquence de votre nom de famille, procédez ainsi : 1-Rendez-vous sur Geopatronyme : http://www.geopatronyme.com/index.htm

Courbe 1 : distribution des patronymes 2-Saisissez votre nom français 3-Comptabilisez le nombre de naissances, survenues entre au XXème 1891 et 1990, de personnes portant ce nom. siècle. 4-Reportez-vous à la première colonne du tableau ci-dessus : suivant l’intervalle dans lequel votre patronyme se situe, il sera plus ou moins porté. S’il est très porté, c’est que plusieurs souches sont à l’origine de ce nom de famille. A l’inverse, s’il est rare, il est probable que tous les porteurs de ce nom soient issus d’un même ancêtre commun. Ainsi, il y a environ une chance sur 2 que votre nom de famille provienne d’une seule souche.

Courbe 2 : Zoom de la courbe 1 sur les 10% de patronymes les plus fréquents. Nombre de naissances de 1891 à 1990 dans les fichiers INSEE > 8 840 entre 1 880 et 8 840 entre 510 et 1 880 entre 130 et 510 < 130

54

Quelques exemples de lectures de ces courbes :

Fréquence du patronyme

Nombre de souches

Rang du patronyme

Pourcentage de patronymes

Part de la population

Extrêmement porté Très porté

Plusieurs

< 615

0,05%

20%

Plusieurs

< 4300

0,28%

40%

Moyennement porté

1 ou plusieurs

< 19000

1,15%

60%

Rare

1 seule

< 70000

4,11%

80%

Très rare

1 seule

95,89%

100%

GENEALOGIQUE


Localiser un patronyme européen Les différents sites présentés ci-dessous sont écrits dans la langue du pays. Néanmoins, cela ne pose pas de difficulté particulière pour leur utilisation.

Répartition mondiale du patronyme VINELLI grâce à Public Profiler.

Répartition européenne du patronyme VINELLI grâce à Public Profiler.

Ce site fantastique permet de visualiser, par différentes couleurs, la répartition géographique d’un nom de famille et sa fréquence selon les régions. Plusieurs niveaux de cartes sont disponibles : mondial, continental, national, départemental. Bien qu’en anglais, il n’en est pas moins tout à fait accessible à des non anglophones. Il suffit de saisir le patronyme souhaité dans la case Surname et de cliquer sur Search. Pour zoomer sur une zone géographique, il n’y a qu’à cliquer dessus. Par ailleurs, le site présente plusieurs résultats annexes sous forme de tableaux : · les pays (Top Countries), régions (Top Regions), et villes (Top Cities) dans lesquels le patronyme est le plus fréquent, ainsi que la fréquence du patronyme en millionième (FPM = Frequency Per Million) · le pays d’origine du nom de famille (Roots of this name) · les prénoms les plus fréquents associés à ce nom de famille (Top Forenames) J’ai fait de multiples essais et les résultats présentés étaient chaque fois conformes à la réalité. Ainsi, ce site est formidable de simplicité et de précision. En quelques clics, il est possible de localiser son nom de famille et d’identifier son berceau d’origine ! Adresse : http://www.publicprofiler.org/ worldnames/Main.aspx 56

Ce site est précieux pour en savoir plus sur son nom de famille puisqu’il met à disposition des cartographies mais aussi des sources historiques mentionnant ce nom. Il s’appuie, pour la construction de ses cartes, sur la base de données des naissances fournies par l’INSEE. Ses points forts : · Il indique le nombre d’individus nés sous ce nom en France sur 4 périodes : 1891-1915, 1916-1940, 19411965, 1966-1990. Il est ainsi possible d’estimer le nombre de porteurs du patronyme mais également de retracer leurs migrations, en visualisant la carte pour chacune des 4 périodes. Pour identifier le berceau, il faut se reporter à la carte la plus ancienne. · Il fournit également (à l’aide du tableau à droite de la carte) le nombre de naissances dans chaque département. En cliquant sur un département, le classement des communes présentant le plus grand nombre de naissances est donné ! · En outre, il donne la liste des noms les plus portés (au niveau national, régional, départemental), disparus, insolites… Ce site fait preuve d’un grand sérieux puisqu’il indique ses sources précises et leurs limites. Ainsi, en quelques clics, vous pourrez identifier le berceau approximatif de votre famille : · Tapez le nom qui vous intéresse · Choisissez la période 1891-1915 · Sélectionnez, dans le tableau à droite de la carte, le ou les départements de plus forte implantation. · La liste des communes avec la plus forte concentration de naissances sur la période apparaît. · Votre nom de famille est très probablement originaire de la zone géographique regroupant ces communes. Attention, si votre nom de famille est fréquent (cf. encadré « Déterminer la fréquence d’un patronyme »), il y a sûrement plusieurs souches. La méthode précédente ne vous permettra d’identifier que la souche majoritaire. Adresse : http://www.geopatronyme.com/index. html Des sites analogues existent pour les autres pays européens. L’encadré « Localiser un patronyme européen » donne quelques adresses utiles pour mener la même recherche patronymique dans ces pays.

En Espagne : Rendez-vous sur : http://www.ine.es/fapel/FAPEL.INICIO Saisissez le nom choisi dans la case Apellido. S’affichent alors une carte d’Espagne ainsi qu’un tableau présentant le nombre de porteurs par province. Ces résultats sont tirés de l’Instituto Nacional de Estadística. En Italie : Adresse : http://gens.labo.net/it/cognomi/ Saisissez le patronyme voulu dans la case Cognome. Les communes dans lesquelles apparaît ce nom de famille sont pointées sur une carte d’Italie par des cercles dont le rayon varie en fonction de la concentration. Vous pouvez modifier le type de carte en cliquant à gauche sur Cambia Mappa. En Belgique : Adresse : http://www.familienaam.be/ En indiquant le nom que vous étudiez dans la case et en cliquant sur Zoek, la répartition du patronyme au niveau communal apparaît. Au Royaume-Uni : Rendez-vous sur le site de The National Trust : http://www. nationaltrustnames.org.uk/Surnames.aspx Cliquez sur le cercle Search for a Surname, sélectionnez l’année de recherche (choix entre 1881 et 1998 ; privilégiez 1881 pour identifier le berceau du patronyme) puis saisissez le nom souhaité. Cliquez sur Find pour voir apparaître l’implantation de ce nom sur la carte du Royaume-Uni.

Les pages blanches offre la possibilité, via l’onglet « qui porte ce nom », de visualiser, sur une carte de France, la localisation des abonnés au téléphone. Ce service est complémentaire des sites précédents puisqu’il s’appuie sur une base de données différente, celle des abonnés au téléphone, contrairement aux premiers qui tiraient leur source des fichiers de l’INSEE. A déplorer : la faible précision de l’échelle de couleurs. Adresse : http://www.pagesjaunes.fr/ page-blanches/

En Allemagne : Adresse : http://www.verwandt.de/karten/ Après saisie du patronyme, cliquez sur Suche ; sa répartition au niveau cantonal s’affiche alors.

Ce site ressemble beaucoup à Geopatronyme dans la présentation des résultats. Néanmoins, la qualité des résultats n’est pas la même… Pour certains patronymes testés, les résultats étaient totalement erronés ! Je vous conseille donc de consulter préférentiellement Geopatronyme. Adresse : http://www.nom-famille.com/

ANCESTRY.FR

Le site Ancestry propose également la cartographie de son nom de famille. Il s’appuie, comme Geopatronyme, sur les fichiers de l’INSEE. Néanmoins, les résultats obtenus sur ce site sont moins complets. Geopatronyme reste le site de référence pour la localisation de son patronyme sur le territoire français. Adresse : http://www.ancestry.fr/learn/ learningcenters/nomfamille.asp

Ces différents sites vous permettront d’identifier très rapidement le ou les berceaux approximatifs de votre nom de famille. Néanmoins, ils ne constituent pas une science exacte ! Les migrations au cours des siècles peuvent masquer le véritable berceau de la famille. D’autre part, les variations orthographiques peuvent vous mener sur une fausse piste. Pour illustrer mon propos, voici une anecdote tirée de mes recherches. Il y avait à Beauregard, dans le Lot, une famille FONTANILLES. L’application de la méthode précédente laisse penser que cette famille est originaire du Tarn. Dans la réalité, cette famille descend de Jean MARTIN, Sieur de Fontanilles, dont les descendants se sont faits appeler FONTANILLES ! Et cette famille MARTIN est originaire de Beauregard, aussi loin que je sois remonté…

En conclusion, cette première approche vous permettra d’identifier rapidement le berceau d’une famille, mais seules vos recherches généalogiques vous permettront de confirmer ou d’infirmer le résult at obtenu. GENEALOGIQUE


mÉthodo’logique Au fil des actes

CAS CONCRET Illustrons notre propos à partir d’un cas concret : quelle est l’origine géographique du patronyme Neulat ? La consultation de Geopatronyme nous indique que 269 naissances Neulat sont survenues entre 1891 et 1990. Il s’agit donc d’un nom rare, présentant une seule souche. Tâchons d’identifier sa localisation géographique.

La carte obtenue grâce à Ancestry.fr est cohérente avec celle de Public profiler ou Geopatronyme mais moins précise.

World names public profiler nous informe que ce nom n’est présent qu’en France, selon la répartition géographique suivante.

par Tony NEULAT Répartition des Neulat en France. Ancestry.fr.

Répartition des Neulat en France. Public Profiler. Geopatronyme donne des résultats analogues mais plus précis puisqu’il est possible de sélectionner la période 1891-1915.

Ainsi, ces divers sites indiquent que la famille Neulat est originaire de Midi-Pyrénées, plus précisément de l’Aveyron. En recherchant sur Geopatronyme les communes qui présentent le plus de naissances NEULAT sur la période 1891-1915 et en les représentant sur une carte, le berceau familial apparaît très précisément, à la frontière entre le Lot et l’Aveyron, aux alentours de Savignac (12), Promilhanes (46) et Laramière (46) :

Il arrive parfois en compulsant les registres paroissiaux de tomber sur une mention marginale du curé qui nous éclaire sur le contexte de l’époque et les événements vécus par nos ancêtres. Dans ce numéro, sont mises à l’honneur des annotations sur les froids terribles survenus lors des hivers 1709 et 1710. Cette rubrique « Au fil des actes » vise à dévoiler ces trésors, découverts par hasard dans les registres, qui nous éclairent sur la société de l’époque. Elle se veut participative, donc n’hésitez pas à nous envoyer des photos de tels actes à redaction.genealogique@gmail. com et à nous les transcrire ou commenter !

CONTEXTE Berceau des Neulat. Répartition des Neulat en France. Geopatronyme. Les résultats présentés par le site nom-famille.com sont aberrants.

Répartition des Neulat en France. Nom-famille.com.

La consultation des pages blanches confirment ces résultats : 35% des Neulat contemporains sont domiciliés dans ce secteur. Si l’on étend la recherche sur Geopatronyme aux variantes orthographiques, on trouve que : - Neullat, Neulad, Neullad, Nelat ne sont pas portés - Neullas est un patronyme rare originaire de la Creuse - Neulas est rare, dont l’origine semble être l’Essonne - Nellat est présent dans le Tarn. Ces familles n’ont très probablement pas de lien avec la famille Neulat. En conclusion, il ressort de cette étude que l’origine du patronyme Neulat est très localisée, aux alentours de Savignac (12) et Laramière (46). Mes recherches généalogiques ont confirmé ces résultats : ma famille proche est originaire de Savignac (12) et en poussant mes investigations à des temps reculés, j’ai pu constater que tous les Neulat étaient originaires de Laramière (46). Il ne vous reste plus qu’à faire de même avec votre famille !

Les hivers de 1709 et 1710 furent particulièrement froids dans toute la France. Notamment, du 7 janvier à la mi-mars 1709, la majorité des grains et des arbres fruitiers (noyers, oliviers) gelèrent à cause des températures exceptionnellement basses (jusqu’à -20°C). La pénurie résultante engendra une hausse considérable du prix des céréales et une crise frumentaire catastrophique. La mortalité explosa suite au froid terrible, à la famine et aux épidémies qui en découlèrent. On estime que 800 000 victimes périrent durant cette période de froid polaire surnommée le « grand hyver ». Les témoignages des curés de l’époque, présentés ci-après, sont édifiants.

Notes :

(1) : monnaie utilisée sous l’Ancien Régime. (2) : cetier, cestier, pour setier. Unité de mesure de l’Ancien Régime équivalent à environ 152 litres. (3) : mot occitan qui désigne le Ségala, région du Sud-Ouest de l’Aveyron. (4) : mot qui désigne le Causse, région du Lot, qui s’étend au Nord-Ouest du Ségala.

Pour en savoir plus :

Reportez-vous à l’excellent article de Thierry Sabot, « Les grandes crises démographiques de l’Ancien Régime », sur histoire-genealogie. com : http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article1630

58

GENEALOGIQUE


mÉthodo’logique bon À savoir

par Tony NEULAT

Mention du grand froid en marge du registre paroissial de Villefranche de Rouergue (12)

Transcription : « 1709. 7ème janvier jusques au 23ème fut cet année un très grand froit qua peine m(essieu)rs les pretres pouvoi(e)nt lire la ste messe et presque touts les arbres moururent et sur tout les noÿers. 1709. Le blé se vendit jusques a dix sept livres(1) le cetier(2) et a quinze le seigle. »

Mention du froid et de la famine résultante dans le registre paroissial de Marin (12).

Transcription : « Sera Mémoire que l’année 1709 au moys de janvier il fit un froid terrible qui emporta tout et fit mourir tous les noiers (i.e. noyers) et autres grandes quantité d’arbres fruitiers, il fit mourir pleusieurs bleids (i.e. blé) tant dans le Ségalar(3) que dans le cause(4) , le bleid se vendit jusques a dix huict livres le cestier froment je vendis moy meme un cestier milet a quatorze livres. de pauvres une prodigieuse quantité qui passoi(e)nt en foule. Je prie Mr le curé qui me succedera de prier dieu pour moy. »

60

Cet article vise à définir les principaux termes généalogiques indispensables pour dialoguer entre chercheurs d’ancêtres. Dans une définition, certains termes sont en italique pour indiquer qu’ils sont définis par ailleurs dans la liste.

Aboville : système de numérotation permettant d’identifier chaque membre d’une descendance. Principe : l’ancêtre de départ porte le numéro 1, son ainé le N° 1.1, son cadet 1.2 etc. Le premier enfant de l’ainé est le 1.1.1 et le premier du cadet le 1.2.1 etc… Acte : document écrit officiel constatant un événement ou une déclaration (ex : acte de naissance, contrat de mariage…) Affinité : parenté par alliance. L’affinité peut provenir du mariage : sont affins des individus unis entre eux par le mariage de l’un des leurs (ex : un individu et sa belle-sœur) ou peut provenir d’un lien spirituel (ex : un parrain et sa filleule). Anthroponymie : partie de l’onomastique consacrée à l’étude des noms de personnes. Armoiries (toujours pluriel) : représentations symboliques visant à distinguer les personnes, les familles, les communautés, etc… Leur origine est militaire, elles figuraient autrefois sur les boucliers ou écus. Elles ne sont pas l’apanage des familles nobles. Nous pouvons tous créer nos armoiries pourvu qu’elles ne soient pas déjà utilisées. Armorial : ouvrage recensant des armoiries. Ascendance : ensemble des ancêtres, i.e. des personnes dont est issu quelqu’un. Ban : proclamation. Les bans de mariage étaient annoncés et affichés pendant trois dimanches successifs pour que les personnes susceptibles de s’opposer au mariage soient alertées. Baptême : sacrement qui marque l’entrée d’un enfant (ou d’un adulte) dans la vie chrétienne et qui vise à laver du péché originel. Autrefois, le baptême était célébré juste après la

naissance de peur que l’enfant n’erre à jamais dans les limbes s’il mourait avant d’avoir été lavé de ce péché originel. Blason : description héraldique des armoiries. BMS : acronyme de Baptême, Mariage religieux et Sépulture. Désigne par extension les registres paroissiaux tenus sous l’Ancien Régime. Après la Révolution, avec la création de l’état civil, les BMS sont remplacés par les NMD. Brassier : paysan qui ne possédait pratiquement pas de terre et louait « ses bras » à des propriétaires terriens plus aisés. Terme principalement utilisé sous l’Ancien Régime. Synonyme de manouvrier ou journalier, personne qui louait ses bras à la journée. Synonyme : travailleur. Ca : abréviation de circa. Utilisé en généalogie pour une date approximative. Circa : mot latin signifiant « aux environs de ». Commère : marraine Compère : parrain Contrat de mariage : convention qui détermine le régime matrimonial des époux. Une grande majorité des mariages étaient précédés sous l’Ancien Régime d’un contrat de mariage, qui définissait notamment le montant de la dot. Abréviation : CM. Curateur : personne, en principe de la famille, chargée de la protection des intérêts matériels d’un mineur orphelin, ou nommé en cas d’absence du père ou de succession vacante. De cujus : personne dont on établit la généalogie. Il porte le numéro Sosa n° 1. Dépouillement : transcription de l’essentiel des actes d’un registre, afin de faciliter les recherches aux autres généalogistes. GENEALOGIQUE


Synonyme : relevé. Descendance : ensemble des personnes issues d’un individu ou d’un couple. Dot : biens que le père donne à sa fille, en général à l’occasion de son mariage. Endogamie : fait de se marier au sein d’un même groupe (familial, social, géographique…). Elle était monnaie courante autrefois. Contraire : exogamie. Exogamie : contraire d’endogamie. Feu : synonyme de ménage, foyer, famille. Se dit aussi d’un défunt : feu Untel. Fonds : ensemble des documents d’archives conservés dans un dépôt. Gedcom : acronyme de Genealogical Data Communication. Format normalisé de fichier de données facilitant le transfert de données généalogiques d’un logiciel de généalogie à l’autre. Grosse : copie d’un acte notarié, délivrée aux parties prenantes. L’original est appelé minute. Héraldique : science des blasons et armoiries. Homonymie : désignation identique de personnes différentes. Si 2 personnes ont les mêmes noms et prénoms, elles sont dites homonymes. Source d’erreur fréquente en généalogie. Implexe : pourcentage qui permet de mesurer le degré de consanguinité de ses ancêtres. En effet, une même personne peut figurer à plusieurs reprises dans une ascendance par des branches différentes. L’implexe est défini par le rapport entre le nombre d’ancêtres distincts et le nombre théorique. Insinuation : enregistrement d’un acte sous l’Ancien Régime comportant une donation entre vifs. Les registres d’insinuation, conservés en série B, peuvent être une source précieuse pour le généalogiste. Intestat : personne morte sans avoir fait de testament. Journalier : paysan qui louait ses bras à la journée. Voir aussi brassier, manouvrier. Liste éclair : liste des patronymes étudiés par un généalogiste. En face des patronymes sont généralement indiqués les dates et lieux auxquels ils sont rencontrés. Ces listes constituent un outil rapide (d’où le nom) pour échanger avec d’autres généalogistes, confronter les recherches et identifier les concordances. Manouvrier : paysan qui ne possédait pratiquement pas de terre et se louait à des propriétaires terriens plus aisés. Voir aussi brassier, journalier. Marraine : femme qui tient l’enfant au baptême. Métayer : paysan qui loue et exploite des terres et reverse au propriétaire, à titre de loyer, une part de la récolte. Microfilm : document qui se présente sous forme de bobine, composée de photographies miniaturisées d’un document (en généalogie, un registre), et qui peuvent être lues à l’aide d’un appareil optique grossissant appelé lecteur. Le principe est identique aux microfiches.

62

Microfiche : document sous forme de fiche, comportant en général 20 photographies miniaturisées d’un document, qui sont lues à l’aide d’un lecteur. Support alternatif aux microfilms. Minute notariale : original d’un acte rédigé par un notaire. La copie de l’acte, transmise aux parties est appelée grosse. L’ensemble des actes rédigés par un même notaire est appelé minutier. Mormons : appellation courante pour “Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours”. Les Mormons accordent un rôle essentiel à la généalogie car ils souhaitent baptiser leurs ancêtres a posteriori. Pionniers en généalogie, ils ont microfilmé et continuent de microfilmer les archives du monde entier. NMD : acronyme de Naissances, Mariages, Décès. Actes de l’état civil, créé en 1792, qui ont remplacé les BMS. Nobiliaire : ouvrage recensant les familles nobles. A ne pas confondre avec armorial. Obiit : du latin « obeo » qui signifie périr. Parfois employé, en marge d’actes de baptême, pour mentionner le décès d’un enfant en bas âge. Onomastique : science des noms propres. On parle d’anthroponymie lorsque ce sont les noms de personnes qui sont étudiés, et de toponymie lorsqu’il s’agit des noms de lieux. Paléographie : science consacrée à l’étude des écritures anciennes. Paroisse : territoire dépendant de l’autorité d’un prêtre. C’est la délimitation géographique utilisée sous l’Ancien Régime. A la Révolution, c’est la commune qui devient le cadre géographique prédominant. Parrain : homme qui tient l’enfant au baptême. Patronyme : nom de famille. Son utilisation date des XIIIème et XIVème siècles. Relevé : voir dépouillement. Série : subdivision de classement (soit thématique soit chronologique) des registres, identifiée par une lettre. Sigillographie : science consacrée aux sceaux. Souche : personne ou lieu à l’origine d’une lignée. Sosa : terme simplifié et usuel pour Sosa-Stradonitz. Sosa-Stradonitz : système de numérotation le plus utilisé pour identifier les individus d’une généalogie ascendante. Le De cujus porte le n° 1, son père le 2, sa mère le 3, le père du père le n°4, la mère du père le n°5 et ainsi de suite… Toponymie : Science recherchant l’origine des noms de lieux. Branche de l’onomastique. Travailleur : synonyme de brassier. Terme principalement employé sous l’Ancien Régime.

L’ÉTAT-CIVIL L’état civil est le fonds de prédilection des généalogistes pour retrouver ses ancêtres des XIXème et XXème siècles. Au fil des actes de naissance, mariage et décès, vous progresserez de génération en génération, par itération, jusqu’à la Révolution. Tony Neulat

FICHE D’IDENTITÉ Quoi ? Actes des naissances, mariages, décès (et tables alphabétiques) par commune Quand ? De 1792 à nos jours Où ? Internet (plus de 60 départements à ce jour), archives départementales ou municipales

Institué pendant la Révolution, le 20 septembre 1792, l’état civil est rédigé par le représentant de l’Etat dans la commune, l’officier de l’état civil, à savoir le maire ou un de ses adjoints. A chacun des 3 événements majeurs de la vie - naissance, mariage et décès - est associé un acte officiel, rédigé dans les registres d’état civil de la commune où se déroule cet événement. Les actes sont classés par année et généralement par type. Il y a donc, le plus souvent, 3 registres, pour les naissances, mariages et décès. A la fin de l’année, une table alphabétique par nom de famille récapitule les actes passés pendant les 12 derniers mois. Par ailleurs, il existe des tables décennales qui répertorient, par ordre alphabétique de patronyme, tous les actes de naissance, mariage et décès passés pendant la décennie dans la commune. Ces index constituent une aide précieuse pour les recherches ! Se reporter à l’encadré Les tables alphabétiques pour plus de précisions.

Acte de naissance de 1861. Tony Neulat.

L’état civil est le fonds incontournable pour les recherches généalogiques post-révolutionnaires. Le contenu des actes s’est enrichi au fil du temps, notamment avec l’ajout de mentions marginales (informations supplémentaires inscrites dans la marge de l’acte). Même si l’acte de mariage reste le document le plus intéressant pour remonter rapidement, les actes de naissance et de décès ne doivent surtout pas être négligés.

Seuls les registres de plus de 75 ans sont consultables, d’après la loi du 15 juillet 2008. Ce cap est facilement franchi grâce aux papiers de famille ou témoignages oraux de vos proches (méthodologie d’enquête abordée dans Généalogique n° 1). Néanmoins, pour les actes de moins de 75 ans, il est possible (et même conseillé) de demander par courrier une copie intégrale (et non un extrait, moins complet) à la mairie, en prouvant votre lien de parenté direct avec la personne concernée. Il est indispensable de fournir une enveloppe timbrée pour la réponse et d’indiquer la date exacte de l’acte (car les employés de mairie ne sont pas censés effectuer vos recherches). A noter : certaines communes ont dématérialisé la demande d’acte et il est possible d’effectuer sa demande en ligne en complétant un formulaire.

Rendez-vous à l’adresse suivante et suivez la procédure https://www.acte-etat-civil.fr/DemandeActe/Accueil.do GENEALOGIQUE


Acte de naissance

Acte de mariage

Acte de décès

Date, heure et lieu de rédaction de l'acte

Date, heure et lieu de rédaction de l'acte

Date, heure et lieu de rédaction de l'acte

Nouveau‐né 1‐ Nom et prénom(s) 2‐ Date et heure de la naissance 3‐ Lieu de naissance (au XIXè siècle, c'est le domicile des parents puisqu'on accouchait à la maison)

Les époux 1‐ Nom et prénom(s) 2‐ Date et lieu naissance (en théorie, car au début, parfois seul l'âge est indiqué) 3‐ Etat matrimonial : célibataire, divorcé ou veuf, et mention du précédent conjoint 4‐ Profession 5‐ Domicile

Défunt 1‐ Nom et prénom(s) 2‐ Age (approximatif) 3‐ A partir de 1823 : date et lieu naissance (en théorie, car au début, souvent seul l'âge est indiqué) 4‐ Etat matrimonial : célibataire, marié, divorcé ou veuf, et mention du dernier conjoint 5‐ Profession 6‐ Domicile 7‐ Date, heure et lieu du décès

Parents 1‐ Nom et prénom(s) 2‐ Age, puis à partir de 1922, date et lieu de naissance 3‐ Profession 4‐ Domicile 5‐ Etat matrimonial (mariés ou non, veuf(ve)) Note : dans le cas d'un enfant naturel, le père est indiqué "inconnu" ou "non dénommé"

Parents 1‐ Nom et prénom(s) 2‐ Profession 3‐ Domicile 4‐ Etat matrimonial (mariés ou non, veuf(ve)) 5‐ Décès éventuel (mention "défunt" ou feu") et parfois la date et le lieu du décès

Parents 1‐ A partir de 1823 : nom et prénom(s) (en théorie car dans la pratique, il est parfois indiqué "parents inconnus du déclarant") 2‐ Mention vivants ou décédés

Déclarants 1‐ Nom et prénom(s) 2‐ Age 3‐ Profession 4‐ Domicile 5‐ Lien de parenté éventuel (un des déclarants est souvent le père) 6‐ Capacité ou non à signer

Témoins (au nombre de 4 en général) 1‐ Nom et prénom(s) 2‐ Age 3‐ Profession 4‐ Domicile 5‐ Lien de parenté éventuel 6‐ Capacité ou non à signer

Déclarants 1‐ Nom et prénom(s) 2‐ Age 3‐ Profession 4‐ Domicile 5‐ Lien de parenté éventuel 6‐ Capacité ou non à signer

Mentions marginales

Mentions

Mentions

Aux archives départementales (AD) Sur Internet

Depuis quelques années, les archives ont entrepris la numérisation des registres et leur mise en ligne sur Internet. Aujourd’hui, une soixantaine de départements sont accessibles (cf.carte), pour le plus grand bonheur des généalogistes ! La course de vitesse aux archives, afin de rentabiliser le déplacement, est révolue : il est maintenant possible, dans les deux tiers de la France, d’effectuer les recherches de chez soi, de prendre son temps, de consulter son logiciel de généalogie en parallèle, et de sauvegarder directement une copie des actes clés.

Archives en ligne

Depuis sa création, l’état civil est rédigé en deux exemplaires. Un des exemplaires est déposé aux archives départementales (AD en abrégé), généralement situées à la préfecture du département. Les registres sont conservés sous la série E et sont presque toujours microfilmés : ils sont alors accessibles sous la cote 2Mi EC ou 5Mi et les originaux ne peuvent plus être consultés. Lorsque les registres ont été numérisés, vous pourrez également les consulter sur ordinateur en salle de lecture. L’accès aux AD est gratuit et ouvert à tous, à condition de s’inscrire et de présenter une pièce d’identité. Avant tout déplacement, téléphonez aux archives pour vous renseigner sur les modalités de consultation et réserver un lecteur de microfilms si nécessaire. Sachez qu’il est également possible de consulter, aux archives départementales, les microfilms d’autres départements, pour peu que vous en ayez fait la demande et payé les frais de port : c’est le prêt de microfilms. Ce service est particulièrement intéressant car il permet d’effectuer ses recherches dans les archives proches de son domicile. A noter que la durée du prêt et le nombre de microfilms sont limités.

Aux archives municipales ou à la mairie La Corse ne prévoit pas de mettre ses archives en ligne prochainement. A noter : environ 70 archives communales ont également mis en ligne leur état civil.

64

L’autre exemplaire des registres est conservé à la mairie ou aux archives municipales. Attention : certaines petites communes ont remis aux archives départementales les 2 exemplaires des registres. Par ailleurs, elles ne sont parfois ouvertes qu’une demi-journée par semaine. Renseignez-vous avant de vous déplacer.

Dans un centre mormon près de chez vous

Il est possible, moyennant finances, de commander et consulter des microfilms dans un centre mormon. Consultez : http://films. familysearch.org En conclusion, plusieurs solutions s’offrent à vous pour accéder à l’état civil. Préférez la consultation sur internet si possible ou aux AD car : • elles sont ouvertes tous les jours contrairement aux mairies des petites communes • tout est concentré en un même endroit : si votre ancêtre n’est pas originaire de la commune imaginée mais d’une commune voisine, vous pouvez consulter les registres sans aucun déplacement supplémentaire. D’autre part, vous pouvez compléter vos recherches avec les archives notariales, les recensements… tous conservés aux archives départementales.

Avant de commencer

Avant de vous plonger dans les registres, il est conseillé de : • Récolter un maximum de renseignements généalogiques (dates et lieux de naissance, mariage, décès) grâce aux témoignages de vos proches et aux papiers de famille. • Consulter sur Internet des bases de données telles que GeneaNet ou CousinsGenWeb (sites présentés dans la rubrique web de ce numéro), afin de voir si une partie de votre ascendance n’a pas déjà été traitée par quelque généalogiste. • Rechercher sur Internet si, par chance, la commune de vos ancêtres n’a pas déjà été dépouillée. Vous trouverez ces relevés, gratuits ou payants, sur des sites d’associations, sur des listes de discussion Yahoo !, sur GeneaNet (rubrique relevés d’état civil), sur Geneabank, Bigenet, Patro.com… Non seulement les différents éléments que vous aurez découverts sur Internet vous permettront de gagner un temps considérable, mais ils constitueront également le « tronc » de votre arbre. En consultant les registres originaux, vous pourrez vérifier ces éléments (ce qui est vivement recommandé car les erreurs sont fréquentes sur Internet !) et étoffer votre arbre, en y intégrant des commentaires, des frères et sœurs etc…

Au cours de vos recherches

Une fois récoltées les informations essentielles, via ces différentes sources, vous pouvez entamer vos recherches dans les registres d’état civil et rechercher un acte en particulier. 3 cas de figures se présentent :

Cas particuliers L’outre-mer L’état civil de moins de 100 ans est conservé au Service Central de l’Etat Civil des Affaires Etrangères à Nantes. L’état civil antérieur est consultable au Centre des Archives d’Outre Mer à Aix en Provence. Les archives d’outre-mer sont également en cours de numérisation. Depuis janvier 2009, l’état civil dit « européen » de l’Algérie de 1830 à 1904 est en ligne. Il a en outre été indexé et un moteur de recherche par patronyme, prénom, commune et type d’acte, permet de canaliser les recherches : http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/ caomec2/ recherche.php?territoire=ALGERIE Les autres territoires seront progressivement numérisés.

Paris Les deux exemplaires de l’état civil de la ville de Paris et du département de la Seine ont été brûlés lors de la Commune en 1871. Néanmoins, tout n’est pas perdu ! Suite aux incendies, une opération de reconstitution de l’état civil a été menée. L’état civil postérieur à 1860 est complet et consultable sous la cote 5Mi3. L’état civil antérieur, beaucoup moins complet, est conservé sous la cote 5Mi2. Vous pouvez également accéder à ces registres sur Internet : http://canadp-archivesenligne.paris.fr/ Les recherches à Paris sont relativement complexes, c’est pourquoi elles sont abordées dans un article spécifique de ce numéro.

• Vous connaissez les date et lieu exacts de l’acte. Reportezvous au registre correspondant. • Vous connaissez le lieu mais pas la date exacte. Consultez les tables décennales (cf. encadré) de la décennie qui vous intéresse, reportez-vous au type d’acte souhaité et à la première lettre du patronyme. Notez toutes les personnes qui portent le patronyme recherché et les dates correspondantes. Puis reportez-vous au registre pour consulter les actes et cochez au fur et à mesure les personnes que vous avez regardées.

GENEALOGIQUE


Si vous ne trouvez pas votre ancêtre, élargissez votre recherche en consultant la décennie antérieure ou postérieure, et/ou compulsant les tables décennales des communes voisines. Prenez garde à éviter les pièges mentionnés dans l’encadré Tables alphabétiques ! • Vous ne connaissez ni le lieu ni la date. Commencer par la commune la plus probable : celle de naissance, de résidence, de naissance des enfants, de naissance du conjoint etc… et appliquez la méthode précédente. Si votre recherche est infructueuse, recherchez dans les tables décennales des communes voisines, en élargissant progressivement le rayon des recherches. Une fois l’acte sous les yeux, il vous livrera des informations précieuses (cf. tableau) pour consulter d’autres actes et ainsi remonter, pas à pas, génération après génération.

Dans le prochain numéro, nous aborderons plus longuement la méthode à adopter pour rechercher efficacement dans l’état civil.

La période révolutionnaire présente 2 spécificités importantes : • Le calendrier républicain qui fut en vigueur du 5 octobre 1793 au 31 décembre 1805 et qui marque une rupture avec notre calendrier actuel, dit grégorien. Des tableaux de correspondance, voire même des logiciels, sont disponibles sur Internet. Les logiciels de généalogie disposent de convertisseurs intégrés. • L’obligation de célébrer les mariages au cheflieu de canton entre le 22 septembre 1798 et le 26 juillet 1800.

Les tables alphabétiques Les tables annuelles :

Ces tables ne sont pas systématiques. Lorsqu’elles existent, elles sont situées dans le registre en fin d’année. Elles reprennent, par ordre alphabétique de patronyme, l’ensemble des actes passés dans la commune (cf. image ci-dessous). Elles sont généralement constituées de 4 colonnes : • La première indique le numéro de l’acte dans l’ordre alphabétique • La deuxième, le numéro de l’acte dans l’ordre chronologique • La troisième, les noms et prénoms de l’individu • La quatrième, la date de l’événement.

Table alphabétique de 1860. Tony Neulat.

66

mÉthodo’logique palÉographie

Particularités révolutionnaires

Les tables décennales :

Registres à part entière, distincts des registres de l’état civil, ces index récapitulent l’ensemble des actes passés dans la commune pendant 10 ans. Les actes sont classés par type (naissance, mariage, décès) et par ordre alphabétique de patronyme. Y sont indiqués les noms et prénoms des individus, ainsi que les dates des actes. La première année de la table décennale finit toujours par un 3 et la dernière année par un 2 (1793/1802, 1803/1812…).

par Elisabeth PECKEU

PARTICIPEZ DÈS MAINTENANT ET TENTEZ DE REMPORTER UN ABONNEMENT D’UN AN AU MAGAZINE GÉNÉALOGIQUE EN TROUVANT LES BONNES RÉPONSES !!

Je vous propose comme exercice suivant un texte que le généalogiste rencontre très souvent : l’acte de mariage. Le texte est légèrement tronqué sur sa partie droite, mais ne laisse aucun doute sur sa transcription. La transcription des deux premières lignes ci-dessous vous aidera pour la suite de ce document. « Registre de mariage de la paroisse de Ru[milly] Diocèse de Metz en l’année 1687 »

Les pièges à éviter :

• Ces tables ne sont pas toujours exhaustives : l’officier d’état civil, en reportant les actes dans ces tables a pu en oublier quelques uns. • Ces tables ne sont pas toujours bien classées : dans les tables décennales, au sein d’une lettre donnée, les noms sont fréquemment listés par ordre chronologique et non alphabétique. Dans les tables annuelles, l’ordre alphabétique n’est pas toujours parfaitement respecté. Il est donc conseillé de lire tous les noms de la table alphabétique. • Attention aux variantes orthographiques : l’orthographe des patronymes a été figée très récemment. • Attention aux particules et aux articles dans les noms de famille : DE SAINT LOUP ou LE ROY se trouvent généralement à la lettre D ou L, mais parfois à la lettre S ou R. • Dans les tables décennales, les actes de mariage sont classés par nom d’époux. • Attention aux abréviations courantes des dates : 7bre, 8bre, 9bre, 10bre désignent respectivement les mois de septembre, octobre, novembre et décembre et non juillet, août, septembre et octobre (septième au dixième mois de l’année).

GENEALOGIQUE


LOGI’WEB Web

vOICI LES CORRECTIONS DE L’EXERCICE FIGURANT DANS LE NUMÉRO 1 Je certifie que Anne Mallein, femme / à Sieur Paul Chicot avec un enfant / et Marie Malein sa sœur, fille de feu / sieur Jacques Malein, du lieu de la Grave / en Oysans en d’Auphiné, ont toujours / faict profession de la religion réformée / et vécu sans reproche jusqu’icy / C’est pourquoy nous les recommandons / aux frères auxquels elles se prézenteront / et les prions de les recueillir comme des / personnes qui ont donné des marques de / pietté et de leur fidélité au service / de leur maistre, ayants laissé leurs biens / pour suivre son évangile.

2 sites incontournables pour vos recherches généalogiques : GeneaNet et FranceGenWeb Par Tony NEULAT

La généalogie a connu une démocratisation considérable grâce à l’essor d’Internet. Le web pullule de sites en tous genres dédiés à la généalogie et il est aujourd’hui possible de rechercher ses ancêtres depuis chez soi ! Voici présentés 2 sites majeurs à consulter de toute urgence !

Présentation

GeneaNet se définit comme « le site de référence des généalogistes » et ce titre n’est pas usurpé. Créé en 1996, principalement pour favoriser les échanges entre généalogistes, le site GeneaNet a su merveilleusement développer un florilège de services autour de la généalogie. Tout y est conçu pour faciliter la vie des chercheurs d’ancêtres. Ainsi, gravite autour de GeneaNet, toute une galaxie de fonctionnalités (cf. illustration) :

Ce texte de la fin du 17e siècle ne présente pas de grosse difficulté dans sa lecture. Seule deux abréviations sont présentes bien que pour cette période, elles sont souvent très nombreuses. Sr : « Sieur » à la ligne 2 et 4 & : « et » à la ligne 3 et 10

La difficulté pour les paléographes novices se trouve essentiellement dans la graphie des lettres qui selon leur emplacement dans le mot ne sont pas tracées de la même manière. Le u de « un » à la ligne 2 et le u de « feu » à la ligne 3 sont dessinées de manière totalement différente. Le s final peut prendre deux formes tels celui du mots « personnes » à la ligne 11 et celui du mot « biens de la ligne 13. L’orthographe des mots peut paraître étrange, à la ligne 7 « jcy » n’est autre que le mot « ici », le premier i est remplacé par un j. 68

La galaxie de services GeneaNet.

· Recherches : GeneaNet offre différents modes de recherches dans une base de données mondiale de près de 350 millions de personnes ! Car GeneaNet est avant tout un GENEALOGIQUE


site contributif : généalogistes passionnés peuvent déposer le résultat de leurs recherches sous forme d’index (liste des noms de famille recherchés et lieux associés) ou sous forme d’arbre généalogique. Chaque contributeur rend ainsi accessibles ses données et peut consulter celles des autres « généanautes ». Via GeneaNet s’ouvre alors un monde d’échanges et d’entraide entre « cousins ». La probabilité de découvrir ses ancêtres dans la base est très élevée d’autant plus s’il s’agit d’ancêtres éloignés dans le temps. GeneaNet est par conséquent un véritable accélérateur pour votre généalogie, en vous permettant de contacter des généalogistes qui ont déjà effectué des recherches sur certaines de vos branches. Précautions tout de même : considérez avec vigilance et vérifiez les données déposées sur GeneaNet. Les généalogistes ne sont pas infaillibles et il n’est pas rare de rencontrer des erreurs… · Archives : GeneaNet donne accès à une quantité incroyable de documents : actes en ligne, registres en ligne, dépouillements ou collections diverses (ouvrages, faire-part, armoiries…). Ainsi, chaque membre peut déposer des actes, des registres ou des relevés en ligne afin d’en faire profiter toute la communauté GeneaNet. Par contre, l’accès aux collections GeneaNet est payant (via l’adhésion au Club Privilège ou l’achat de points). · Services : vous trouverez également sur GeneaNet des services pour élargir vos recherches, que ce soit pour découvrir l’origine (étymologique ou géographique) de votre nom de famille, pour mieux connaître les lieux où ont vécu vos ancêtres (collections de cartes postales et cartes de Cassini), pour savoir si vous êtes apparenté à une star ou pour consulter une galerie de portraits déposés par les membres de GeneaNet. · Communauté : qui dit contributif, dit échanges et entraide. Si les « généanautes » déposent leur généalogie, les photographies anciennes en leur possession, les registres qu’ils ont numérisés ou les dépouillements qu’ils ont effectués, c’est dans le but d’en faire profiter la communauté et d’échanger avec d’autres généalogistes. C’est pourquoi GeneaNet a développé toutes les fonctionnalités web de communication habituelles : forums de discussion, blog de généalogie, newsletter, messagerie interne à Geneanet et même la possibilité de créer et gérer son réseau généalogique !

70

Présentation

FranceGenWeb est un portail de généalogie basé sur le bénévolat et l’échange. Initié il y a plus de 10 ans, il propose gratuitement différents services : · Recherches dans des bases de données : 10 bases contributives sont proposées, telles que ActesEnVracGenWeb (actes déposés par des généalogistes), CimGenWeb (inventaire des cimetières), MemorialGenWeb (relevés de militaires), NotairesGenWeb (inventaire des notaires de France à travers le temps), ProtestantsGenWeb (base de données des protestants français), Migranet (inventaire des ancêtres migrants), etc… · Répertoires et index : AnnuGenWeb (annuaire généalogique), ListesGenWeb (inventaire des listes de discussion généalogique), CommunesGenWeb (liste des communes actuelles ou disparues de France), etc… Accueil du site GeneaNet. · Boutique : il est possible de commander sur GeneaNet toutes sortes d’articles tels que livres, revues, cartes postales, arbres imprimés, logiciels, etc… ayant trait à la généalogie, à l’Histoire ou à l’héraldique.

Comment naviguer sur GeneaNet

En vous rendant sur : http://www.geneanet.org/ Les différents services présentés sont accessibles sur la page d’accueil, soit en partie haute via les onglets, soit dans le menu à gauche (cf. illustration). Pour accéder aux différentes bases de données, il est nécessaire de s’inscrire (gratuitement). Par contre, certaines fonctionnalités sont en accès restreint et payant (notamment certains modes de recherches, l’accès à certaines archives…). Il est alors nécessaire d’adhérer au Club Privilège moyennant une cotisation annuelle de 40 €. Vous pouvez rejoindre GeneaNet et créer votre arbre en ligne en vous rendant ici : http://my.geneanet.org/mon_arbre.php3

· Entraide : EntraideGenWeb (pour des demandes de recherches aux archives), TraductionsGenWeb (pour des demandes d’aide de transcriptions d’actes anciens ou en latin), CousinsGenWeb (chaque généalogiste peut y déposer sa liste éclair par département), HéraldiqueGenWeb (des spécialistes pour vous aider dans les armoiries) · Communauté : l’échange et l’entraide étant les maîtres mots de FranceGenWeb, une part importante du site est dédiée à l’actualité généalogique, aux manifestations, aux cousinades, au blog…

Comment naviguer sur FranceGenWeb

En vous rendant sur : http://www.francegenweb.org/ Les différents services et bases de données sont accessibles sur la gauche ou en partie haute en cliquant sur les liens listés par ordre alphabétique. L’actualité généalogique se trouve à droite (rubrique Infos). Il est possible de rechercher un patronyme dans les diverses bases de FranceGenWeb en saisissant un nom dans la partie centrale du site (rubrique Rechercher un patronyme, la recherche multibases).

Accueil du site FranceGenWeb.

N’attendez plus ! Ces 2 sites de référence, conçus par et pour les généalogistes, seront de précieux alliés pour vos recherches.

GENEALOGIQUE


abonneZ-VoUs Dès maintenant !

3,95 € l’unité/port compris

‫ ‮‬Oui, je désire recevoir le magazine GENEALOGIQUE Nom :_______________________ _______________ Prénom :_____________________________________ Adresse :_________________________________________________________________________________ Code postal :_ ____________________ Ville :___________________________________________________ Coupon (ou photocopie) à joindre à votre chèque ou mandat libellé à l’ordre des Editions Neptune Diffusion à : E.N.D - Service Généalogique abonnement - 74 rue du Gros Chêne - 54410 Laneuveville En vertu de la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant.

À NOS ABONNÉS : Lorsque vous vous abonnez, votre abonnement commence toujours par le numéro suivant celui en vente en kiosques au moment devotre commande, sauf mention contraire manuscrite de votre part. Les réclamations concernant l’envoi de revues non parvenues ne sont plus prises en considération au-delà de 30 jours de délai suivant la date de l’envoi effectif. Pour toute réclamation, changement d’adresse, ne pas téléphoner mais écrire à : E.N.D - Service abonnement Généalogique 74 rue du Gros Chêne - 54410 LANEUVEVILLE ou par E-mail via Internet à : genealogique.edition@ gmail.com Votre courrier est traité en priorité dans la journée qui suit sa réception. Votre mail est traité en priorité dans l’heure.

abonneZ-VoUs DepUis la france -eUrope -monDe

tARiFS FRANCE Et EtRANGER FRAiS dE poRt iNCluS : ‫ ‮‬pour 1 an 4 numéros Généalogique = 12 €

OFFRE Spéciale

D’ABONNEMENT à GENEALOGIQUE

‫ ‮‬pour 2 ans 8 numéros Généalogique = 22€

Nom :___________________________________________ Prénom :________________________________________ Adresse :________________________________________________________________________________________ Code postal :_ ____________________ Ville :__________________________________________________________ Pays ::_ ____________________ Coupon (ou photocopie) à joindre à votre chèque ou mandat libellé à l’ordre des Editions Neptune Diffusion à : E.N.D - Service Généalogique abonnement - 74 rue du Gros Chêne - 54410 Laneuveville En vertu de la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant.

72 74

maquette1OFF.indd 74

07/05/2010 17:34:35


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.