Journées européennes du Patrimoine 2011

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Journées européennes du Patrimoine

Le regard des agents des ministères sociaux sur leur patrimoine

Lauréate © Martine Hasse

3e prix © Bérengère Ledunois

5e prix © Lionel DA CRUZ

2e prix © Manuel Galvez

4e prix © Maella BEDDOU

www.travail-emploi-sante.gouv.fr • www.jeunes.gouv.fr www.solidarite.gouv.fr • www.ville.gouv.fr • www.sports.gouv.fr

Réalisation : DAFIIS • Conception graphique/impression : Dicom • Photos : © Franco Vuerich • Septembre 2011

En mai et juin 2011, les ministères sociaux ont organisé, en interne, un concours de photos sur le thème « Votre regard sur notre patrimoine commun ». Sont présentées ci-dessous les cinq premières photographies primées.

Ministères sociaux 18 septembre 2011

Guide à l’attention des

visiteurs


Circuit de la visite Détail de vitraux de la grande verrière du CRDM

Hall dit « des guichets », 1930

Vitraux de Jacques Gruber sur le thème de l’agriculture et de l ’industrie. Frise sculptée des frères Martel sur le thème du travail : allégorie du travail dans une campagne où dominent éoliennes et silos et évocation de l’industrie moderne.

« CRDM »

Ancien hall dit « des guichets » rénové en 2002 pour l’installation du CRDM (Centre de ressources documentaires multimédia). La grande verrière est représentative de l’œuvre de l’atelier du maître verrier Jacques Gruber.

Un monumental mur pignon ferme l ’espace, structuré par 2 pylônes en mosaïque encadrant l’horloge et prolongés par 2 raies de verre blanc formant 2 flèches lumineuses.

Vitraux du hall Fontenoy de Jacques Gruber L’eau actionne une turbine, le feu s’échappe d’un haut fourneau et l’homme, symbolisé par des ouvriers à haute stature, maîtrise les éléments par son travail. Trois types de verres : verres soufflés vert, bronze, noir (jamais de peinture) ; verres opalescents et verres imprimés avec 12 motifs différents en relief. Ces verres témoignent de la production des Arts décoratifs du début du XXe siècle. L’abri antiaérien de 1939

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Détail de vitraux hall Fontenoy

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Un bienfait de la loi sur les assurances sociales

Hall dit « des guichets », 1930 Archives départementales des Hauts-de-Seine. Fonds Sèle et Puech

Le bâtiment avec sa première extension, avril 1939 Archives départementales des Hauts-de-Seine. Fonds Sèle et Puech

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À l’initiative de Louis Loucheur, ministre du travail, de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociales, un nouvel immeuble destiné à abriter les services du ministère du travail est élevé, à partir de 1929, place Fontenoy sur d’anciens terrains militaires. Cette zone de Paris est en pleine urbanisation du fait des expositions universelles de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. La mission est confiée à Guillaume Tronchet, architecte des bâtiments civils et des palais nationaux. Erigé dans l'urgence, le bâtiment héberge l'administration du travail, à l'étroit dans les immeubles historiques du 7e arrondissement, et également les services d’accueil du public, créés suite à la loi sur les assurances sociales de 1928, ancêtre de la Sécurité sociale. Le 1er octobre 1930, la première assurée est accueillie sous la verrière du hall Fontenoy, aux guichets de la Caisse interdépartementale d’assurance sociale, compétente pour les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise.

Un patrimoine Art déco L’Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes de 1925 favorise la rencontre de l’architecte Guillaume Tronchet et de l’équipe d’artistes qui interviendra pour la décoration du bâtiment des assurances sociales. En 1925, pour cette exposition, ces artistes réalisent ensemble le pavillon de la Compagnie royale asturienne des mines. Guillaume Tronchet conçoit le pavillon, les frères Jan et Joël Martel travaillent à la décoration métallique, Jacques Gruber réalise le vitrail de la salle d’accueil, Ebel la mosaïque et Georges Vinant la ferronnerie de la porte d’entrée. Fort de cette expérience saluée par les critiques de l’époque, l’architecte mobilise les mêmes artistes pour la décoration Art déco du ministère du travail.

Hall dit « des guichets », 1930 Archives du ministère

Des techniques de construction modernes Le Monde illustré de février 1930 apporte un précieux témoignage sur la modernité du chantier « à l’américaine » et le présente comme un modèle de rapidité, d’efficacité et de rationalisation. L’architecte Guillaume Tronchet a utilisé les matériaux et les techniques les plus modernes de l’époque, notamment une ossature en acier, avec des éléments préfabriqués livrés sur le chantier prêts à être assemblés, les profilés étant fournis par l’Allemagne au titre des dommages de guerre. Les façades de la rue d’Estrées et de l’avenue Lowendal, revêtues de pierre de taille, dissimulent cette technique, réservant la surprise de façades intérieures entièrement de briques.

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L’architecture du bâtiment ● En 1950 et 1960 : des agrandissements reprennent l’architecture d’origine en plus épurée et sans modénature de briques. ● En 1971 et 1972 : Louis Aublet réalise, dans un registre architectural contemporain, le grand volume vitré du hall Duquesne, un des premiers ensembles verriers du début des années 1970. ● En 2004 : cette façade constituée de modules verriers d'un seul tenant, a été complètement reconstruite, avec recours à l'inox, par l'architecte Jean-François Jodry, pour respecter les normes de sécurité actuelles tout en conservant l'aspect d'origine.

Le bâtiment d’origine Construit en plusieurs phases entre 1930 et 1972, le site du ministère occupe la totalité d'un îlot urbain situé entre la place Fontenoy, les avenues Duquesne, Ségur, Lowendal et la rue d’Estrées. Tirant parti de la forme triangulaire du terrain, Guillaume Tronchet conçoit un bâtiment en forme de V, avec deux ailes sur l’avenue Lowendal et la rue d’Estrées. Au centre de ce V, il crée un axe majeur constitué du hall d’accès donnant sur la place Fontenoy et de la salle sous verrière située dans son prolongement.

Un site en pleine rénovation La construction du bâtiment, 1930 Le Monde illustré

La construction du bâtiment Archives du ministère

Après 75 ans d’existence, ce patrimoine était devenu vétuste et nécessitait une complète rénovation des locaux et des installations techniques. Un schéma directeur architectural et technique conçu par le cabinet d’architectes Reichen-Robert, validé en 1998, cadre la rénovation du site pour préserver ce patrimoine et l'adapter aux besoins d'aujourd'hui. Les travaux, réalisés en 4 tranches successives, se poursuivent au sein du bâtiment et doivent s’achever en 2013. Le site est un des ensembles tertiaires les plus importants de la capitale intra-muros avec près de 83 000 m2 de planchers, 1 km de façades, 9 km de couloirs, 2 700 fenêtres, abritant bientôt 2 300 collaborateurs.

Les principales évolutions architecturales ● Entre 1930 et 1939 : le bâtiment de Guillaume Tronchet a été construit en 1929-1930 pour la pointe Fontenoy, en 1937-1938 pour les extensions latérales, en 1939 pour l’abri antiaérien.

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La future façade, avenue Duquesne et avenue de Ségur © Perspective Cabinet Braun

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Une œuvre collective Jacques Gruber dans son atelier de dessin, vers 1923 © Collection particulière

Louis Loucheur (1872-1931), le commanditaire Plusieurs fois ministre sous la IIIe République, Louis Loucheur est, en tant que ministre du travail, de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociales (1928-1930), le commanditaire du bâtiment. Il est également connu pour la loi sur les habitations à bon marché (1928).

Le mur Art déco et la verrière

Louis Loucheur et Guillaume Tronchet, vitrail du mur Art déco

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Guillaume Tronchet (1867-1959), l’architecte Architecte en chef du ministère du travail dès sa création en 1907, et du Palais de l’Élysée à partir de 1911, Guillaume Tronchet a réalisé de nombreux bâtiments, tant publics que privés, dont l’hôtel des postes de Nice, avec une architecture de briques qui présente de fortes similitudes avec celle du ministère. Jacques Gruber (1870-1936), le maître verrier Simplification des formes, dessins géométriques, abandon presque total de la couleur pour des vitraux en grisaille : après avoir été, avantguerre, le maître-verrier le plus prolifique en vitraux de style Art nouveau, Jacques Gruber devient, à la fin de sa carrière, un représentant majeur de l’Art déco.

Parcours artistique de Gruber Jacques Gruber a commencé son parcours artistique à l'école des Beaux-arts de Nancy en étudiant la peinture. Puis, il suit les cours de Gustave Moreau, à l’école des Beaux-arts de Paris, en même temps que Matisse. De retour à Nancy, en 1893, il enseigne à l'école des Beaux-arts et monte son propre atelier de mobilier en 1897. Il réalise des décorations de vases pour Daum, des meubles pour Majorelle et des décors de reliure pour René Wiener. Il se spécialise rapidement dans le verre et le vitrail après s’être intéressé à toutes les techniques des arts décoratifs. On lui doit notamment la grande verrière des Galeries Lafayette de Paris (1912).

Gruber et l’Art déco Après avoir été un des fondateurs et représentants de l’École de Nancy et de l’Art nouveau, Jacques Gruber devient, à partir des années 1925, un acteur majeur de l’Art déco. Ses principes esthétiques sont : rigueur, simplicité et efficacité. L’abandon presque total de la couleur est un choix que l’artiste partage avec le maître verrier Louis Barillet : le dessin ne naît pas de la couleur mais de l’ordonnance des plombs. Les verres industriels, le plus souvent blancs, verts ou gris sombre, sont gravés suivant le dessin, puis superposés en deux ou trois épaisseurs pour donner la texture ou l’épaisseur souhaitées. L’usage exclusif du plomb et du verre, sans apport de peinture, répond aux principes qu’il a posés pour la « mosaïque intégrale », dont il est l’un des promoteurs.

Détails de vitraux de Jacques Gruber

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La modernité des Martel

Les frères Martel (1896-1966), les sculpteurs Les jumeaux Jan et Joël Martel sont des sculpteurs et décorateurs français dont les réalisations participent à la fois de l’Art déco et du Cubisme. Ils comptent parmi les membres fondateurs de l’Union des Artistes Modernes en 1929 avec René Herbst, Hélène Henry, et Robert Mallet-Stevens.

La modernité des Martel s’exprime notamment à travers les choix des matériaux. Outre la pierre, le bois, le plâtre, le bronze, le verre et le ciment, un de leurs matériaux favoris, ils expérimentent aussi des matières neuves comme le plastique, la bakélite, le plexiglas. Sponsorisés par la Compagnie royale asturienne des mines, ils inventent la « planisculpture », technique mettant en œuvre des tôles découpées et assemblées, par soudure, rivetage ou pliure, pour constituer des volumes d’un type nouveau.

Les frères Jan et Joël Martel © Collection particulière

Parcours artistique Sensible aux tendances artistiques contemporaines de la danse, de la musique, des arts plastiques de tous horizons, l’art des frères Martel est à la croisée de ces rencontres éclectiques. Sculpteurs de formation, ils travaillent également dans d’autres domaines : le mobilier, les arts graphiques, la décoration intérieure, l’architecture. Ils ont exécuté de nombreux monuments commémoratifs. Un des plus célèbres est celui dédié à Claude Debussy, boulevard Lannes à Paris, réalisé en collaboration avec leur ami architecte Jean Burkhalter.

Les frères Martel dans leur « villa atelier » © Collection particulière

Les Martel et l’architecture

Le style des Martel Caractérisé par la stylisation des formes, le style des Martel privilégie le mouvement de la ligne et sa dynamique, sans ornementation. Les frères pratiquent un classicisme revisité par le Cubisme, l’Art déco et l’esthétique industrielle.

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« Le lion » des frères Martel © Collection particulière

Bas-relief des frères Martel, vestibule de la grande verrière

Les frères Martel ont travaillé plusieurs fois avec Robert Mallet-Stevens, à qui ils ont confié la construction de leur « villa atelier » à Paris. Situé dans la rue par la suite dénommée Mallet – Stevens, dans le XVIe arrondissement, cet immeuble fait partie d’un ensemble de bâtiments emblématiques du style moderne de l’époque.

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