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C’est mon avis !
Par Jean-Pierre ZANA, Cadre de santé MK, Ergonome expert
Massage bien être et thérapeutique pour tous les métiers de la rééducation
Dans le Journal officiel du Sénat du 03/11/2016, le Ministère des Affaires sociales et de la Santé a précisé que depuis la loi du 26 janvier 2016, le massage non thérapeutique dont l’objectif premier est d’apporter un bien-être à la personne, pourra être réalisé au regard de la nouvelle rédaction législative du code de la santé publique, par un professionnel qui ne dispose pas du titre de masseur-kinésithérapeute. L’article 123 de la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 a précisé la définition de la profession de masseur-kinésithérapeute. Ces nouvelles précisions, concertées avec les professionnels, ont également eu pour effet de supprimer la notion de ″massage″ de la définition de la profession de masseur-kinésithérapeute. Cette évolution législative conforte et recentre le masseur-kinésithérapeute dans son rôle essentiel de professionnel de santé de la rééducation. Dans ce sens, et après une nécessaire évolution de la mention inscrite dans le décret d’actes, la compétence exclusive du masseur-kinésithérapeute en matière de massage de rééducation thérapeutique pourra être réglementairement affirmée.
La Cour de cassation a décidé le 29 juin 2021 tranche et confirme la lecture de la loi du 26 janvier 2016 : les métiers du massage ″bien-être″ peuvent librement utiliser le terme ″massage″ dès lors qu’il n’y a pas de confusion avec le massage thérapeutique qui, lui, demeure réservé aux masseurs-kinésithérapeutes et pourquoi à tous les métiers de la rééducation : Ergothérapie, Psychomotricité et Kinésithérapie.
Les ergothérapeutes ou les psychomotriciens sont les grands oubliés
Depuis 1995, lors des 50 ans de la MassoKinésithérapie, les syndicats ont décidé d’appeler notre métier ″Kinésithérapie″ en supprimant le terme ″Masso-Kinésithérapie″. L’ouverture de cette brèche a servi aux esthéticiennes et aux Thaïlandaises et Chinoises et aux masseurs ″bien-être″ de s’approprier le massage, mais rien n’a été fait pour que les autres métiers de la rééducation comme les ergothérapeutes et les psychomotriciens puissent en bénéficier... Les professionnels de la rééducation ne palpent pas les patients, ils les touchent, les mobilisent. Entrer en contact avec quelqu’un avec ses mains permet de partager les sensations du toucher. Tous les professionnels de la rééducation ne peuvent exercer leur art sans le toucher. La peau, remplie de récepteurs de toutes sortes, est la plus étendue de nos organes. Ils sont spécialisés dans la perception des divers stimuli (mécanique, thermique, douloureux...) venant du monde extérieur ou de notre propre corps, que le cerveau place dans un grand plan représentant notre corps. Dans le toucher c’est le glissement mécanique des doigts sur la surface du corps qui est à l’origine d’une partie importante des sensations conscientes. Depuis quelques années, l’étude du rôle du toucher dans la communication entre personnes a connu un essor considérable avec les recherches sur le toucher dit ″émotif″, qui n’est ni celui de la manipulation ni celui de la connaissance des objets. Un intérêt encore accru par les circonstances liées aux conditions sanitaires que nous connaissons depuis longtemps. La contribution du toucher à la communication entre personnes débute fondamentalement par le développement infantile et va jusqu’aux relations sociales. On le pratique, par exemple, par une poignée de main et toutes sortes d’autres comportements sociaux qui varient grandement avec les époques et les cultures (V. Hayward).
Le toucher est un lien relationnel indispensable, un garde-fou face à une technostructure envahissante. Le toucher possède un langage infra-verbal qui nous permet de communiquer avec autrui. Grâce à leurs mains, les rééducateurs instaurent un dialogue tactile qui prend un relief particulier lors de situations critiques, telles que la fin de vie. Quand le toucher est empreint d’attention et d’empathie, il a une action thérapeutique psychologique indéniable, indispensable à un traitement efficace.
Il est temps que les ergothérapeutes, les psychomotriciens aient le droit au massage alors que les ″Gogothérapeutes″ en ont le droit. Il est indispensable que les associations professionnelles ou les syndicats et surtout les conseils nationaux professionnels en ergothérapie et en psychomotricité, créés à la demande du ministère chargé de la santé en 2017, bougent pour que tous les professionnels de la rééducation puissent utiliser le massage pour accompagner les patients dans leurs rééducations, leurs réadaptations, leurs réhabilitations.