INTRODUCTION
Il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir. Lire c'est errer. La lecture est l'errance. Pascal Quignard1.
ٕؾوائڄ اٹٶجوډ اٹزً ال ڇعڈك ٹچب ٭ً ؽلڇك٫ٮبٙ خ٦بئٚآٿ عيٌورڄ اٹّٞ اما ٹټ ٌلهٳ٤بئٙ ٽقٺڈٯ٣اٹپجل 2
ٕؾوائڄ اٹٶجوډ
Le poète est une créature errante tant qu'il n'a pas foulé le sable de son île perdue, les rivages de son grand désert, qui ne se trouvent pas dans les limites de son Grand Désert.
Entreprendre un travail de recherche sous de tels auspices peut paraître rédhibitoire. Ni le lecteur Pascal Guignard, ni l'auteur Ibrahim Al Koni3, qui affirme par ailleurs que « l'art est ce qui se dissimule » (
ٟ ِب ضفٛ٘ ٓ )اٌفou encore que « la véritable créativité réside dans
l'aptitude à celer non à dévoiler »4 ( ضبذ٠ اإلٍٝاإلضفبء ال ػ
ٍٝ اٌّمعؼح ػٟمخ اإلثعاع ف١)زم, ne
nous motivent, en effet, à entreprendre une quelconque herméneutique. L'un et l'autre, entrés en « anachorèse »5, continuent pourtant à nous entretenir de leur rêve éveillé, de ce monde d‟avant le monde, d‟avant la rupture et la perte de l'« unité de l'être ».
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Pascal Quignard, entretien avec Jean-Louis Ezine. Le Nouvel Observateur, 6-12 janvier 2005, p.70-72. Dans ce même entretien, il déclare : » Lire est pour moi une expérience proche de l‟extase. J‟y consacre toute ma vie, chaque jour des heures durant. La lecture m‟occupe bien davantage que l‟écriture » 2 Ibrahim Al Koni, Fī ṭalab al-nāmūs al-mafqūd. Dār al-nahār li al-našr, 1999. 3 Le nom patronymique de l'auteur pose déjà le problème de son "appropriation" identitaire que nous développerons plus loin. Nous avons répertorié quatre orthographes (et donc quatre appellations) différentes : Al Kuni (Maghreb et pays anglo-saxons), Al Kawni (Machreq principalement), Al Koni (France, Suisse, Allemagne) et enfin ag Akunni qui serait le patronyme touareg originel d'après H.C. HHawad dans son essai, Les Touaregs, Portrait en fragments, Edisud, Aix-en-Provence, 1993. Nous avons choisi de garder l'orthographe usitée en France pour les sept ouvrages traduits chez différents éditeurs français : Al Koni. 4 Fī ṭalabi al-nāmūs al-mafqūd, op.cit., p.163. 5 L'expression est de P. Quignard (du gr.anakhôrein, s'éloigner). Il s'en explique au cours de ce même entretien.
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