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noixefléR Réfraction
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et
noixefléR Réfraction Manon REY
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Sommaire Introduction
6. 08—14
— Mommy, [ Xavier Dolan ] Girl holding a Kitten [ Bruce Davidson ] Genderqueer [ Chloe Aftel ] Marché aux esclaves avec apparition invisible du buste de Voltaire [ Salvador Dali ] Le Blanc-Seing [ René Magritte ] Anamorphoses [ Georges Rousse ] La Grande Traversée [ Vincent Godeau ] [ Agathe Demois ] Les Crocodiles [ Thomas Mathieu ] Le Chant de la Mer [ Tomm Moore ] Le Petit Prince [ Antoine de St Exupéry ]
15–26 27–38 39–50 51–62 63–74 75–86 87–98 99–110 111–122 124–135
— Conclusion
136–146
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Réflexion et réfraction
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D'où
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Une partie de cache-cache, des sujets qui se dissimulent les uns en dessous des autres. On a toujours une première vision, une première idée et puis ensuite on creuse, on regarde plus en détail et c’est là que l’on découvre plus que ce qui nous était présenté au départ. Prendre une pelle et aller au plus profond des choses. C’est un peu comme un travail de détective, on commence par voir tous les éléments à la surface, et puis tout d’un coup on voit apparaître des indices qui nous amènent à la vérité. Plus le temps passe plus on arrive à lire entre les lignes. Ce sont des histoires qui cachent des histoires. Il faut savoir prendre le temps de découvrir. Ce que je fais ici c’est ouvrir des poupées russes, encore et encore. Et où se cachent ces poupées russes ? J’aurais tendance à dire partout. Dans le champ artistique c’est un fourmillement. Il y en a tellement, j’ai donc réduit mon choix, mais tout en concervant une certaine diversification. C’est un réel jeu. Les artistes jouent à perdre le spectateur dans l’ambiguïté, dans l’illusion. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? C’est l’illusion totale. Au final, c’est bel et bien le regard du spectateur qui fait fonctionner l’œuvre. C’est l’artiste qui créé l’illusion mais c’est le spectateur qui la rend vivante. Ces poupées russes comme je les appelle, sont lisses au départ et au fil du temps, on arrive à trouver l’endroit qui permet de les ouvrir.
Mais quels sont les clés pour trouver cet endroit? Comment débloque-t-on cette notion de niveau de lecture? Il faut persister sans doute, et ne pas s’arrêter aux premières idées qu’on se fait. Rester ouvert. J’ai choisi d’emmener le lecteur de ce corpus dans un un monde où rien n’est écrit, il faut trouver les choses par soi-même. Ainsi, j’ai voulu parcourir les champs des différents niveaux de lecture, via un point de vue unique, un jeu d’illusion d’optique ou encre un sens caché derrière une simple histoire pour enfants. Voilà, j'ai donc mis beaucoup de moi-même dans ce corpus en me livrant au travers de ces oeuvres qui joue un jeu. Un jeu de cachettes.
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D’où
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La salle était comble, j’ai été voir Mommy avec quelques amis. On était impatients et excités comme des enfants. J’avais dû visionner la bande annonce et les différents extraits au moins 100 fois avant la sortie du film. Mommy est d’abord passé par le festival de Cannes où il a été ovationné et où il a remporté le prix du Jury. C’est donc dans toute cette excitation que j’ai attendu la sortie du film en salle un peu plus tard dans l’année 2014. Et puis le soir tant attendu de l’avant première est arrivé. Pour moi, ce qui résume le mieux Mommy, c’est la scène du «Brunch» : au début de cette scène j’ai l’impression, qu’on ressent un certain malaise, une espèce d’oppression. Puis après que Steve, ait été canalisé, c’est une toute autre ambiance qui s’installe. A la fin, on reprend son souffle, on arrive même à se sentir léger. On ressent une certaine délivrance, un peu comme si une tempête venait de passer. Et qu’on poussait un grand soupir de soulagement, un grand OUF. Et c’est une répétition constante de ce genre de moments. On passe du pire au meilleur pendant tout le film.
C’est ce que j’aime aussi dans ce film, c’est qu’on vit vraiment les épreuves que traversent les personnages. On s’attache. Je me souviens avoir chanté On ne change pas de Céline Dion, pendant la fameuse scène où les personnages sont comme en communion sur cette chanson, avec mes amis on se regardait, on se souriait, ça correspondait bien au moment du film. Une espèce de communion musicale sur de la musique populaire. J’aurais vraiment jamais pensé chanter du Céline Dion dans un cinéma.
• y, m m o M lan o D r Xavie ••
Mommy, réalisé par Xavier Dolan, en 2014. Produit par Metafilms, il dure 132 minutes et vient du Canada.
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Ce que j’aime d’abord dans ce film c’est cet esthétisme particulier qui colle si bien aux personnages. C’est les pantalons à strass et les mèches blondes de Diane, le jogging addidas et les colliers de chaînes de Steve et le style plus discret de Kyla. Chaque détail est travaillé, rien n’est placé là au hasard. Dans ses films, Dolan est très méticuleux. Tout est méthodiquement réfléchi. Les couleurs et les lumières choisies sont vivantes et colorées, justement pour renforcer les personnalités des personnages, et ne pas les faire devenir misérables aux yeux du spectateur. Les couleurs rappellent presque des photos de magazines de mode. Ca captive instantanément l’œil. Les cadrages sont fascinants on entre dans l’univers des personnages grâce à eux. Les «fameux» gros plans et ralentis de Dolan n’y sont pas pour rien. Des gros plans de dos, de face, des ralentis qui mettent le moment en suspension et qui nous fait nous élever en même temps que les personnages. Ils nous offrent une porte de sortie, un moment presque mélancolique avant une espèce d’élévation.
• y, m m o M lan o D r Xavie ••
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Laurence Anyways, rĂŠalisĂŠ par Xavier Dolan, en 2012. Produit par Lyla Films et MK2 Productions. Il dure 168 minutes et vient du Canada.
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Xavier Dolan
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J’ai tué ma mère, réalisé par Xavier Dolan, en 2009. Produit par Mifilifilms, il dure 96 minutes et vient du Canada.
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Ce n’est pas la première fois que Xavier Dolan nous parle de la relation mère-fils et, à mon avis, et à son avis aussi d’ailleurs, ce ne sera pas la dernière. Son premier film J’ai tué ma mère explore cette même thématique mais autrement. Ce sont tous les deux des portraits de mères, qui ont des ressemblances mais qui sont fondamentalement différents. J’ai tué ma mère était le premier film de Xavier Dolan. On voit donc la progression qu’il a pu avoir en regardant Mommy. On apprécie toujours le charme de J’ai tué ma mère tout en étant émerveillé de l’évolution qu’il a eu entre ces deux films. De plus, les deux films traitent de cette même
thématique, la relation mère-fils, la comparaison en est donc renforcée. Dans Mommy, leur relation passe du blanc au noir, c’est une relation qui peut changer d’un moment à l’autre. On est en attente de la prochaine crise, on est tendu parce qu’on a vu de quoi était capable le fils qui est TDAH impulsif et violent. Cette tension se désintensifie par moment grâce à Kyla, qui vient apaiser la relation que la mère et son fils entretiennent. Mais on reste quand même toujours vigilant.
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Ce film c’est rentrer dans une relation mère-fils qu’on sait perdue d’avance. Mais pourtant on y croit. Tout le long du film, l’espoir est bien là. Cet espoir nous colle à la peau et nous pousse à nous attacher à ces personnages qui sont complètement cassés et qui cherchent tous une délivrance. Bien au contraire de We need to talk about Kevin, par exemple, de Lynne Ramsay sortit en 2011 qui nous dépeint une relation mère-fils mais cette fois ci quasi sans espoir. On sait dès le départ qu’il n’y aura pas de résolution, et on reste emprisonné tout au long du film
We need to talk about Kévin, réalisé par Lynne Ramsay, en 2011. Produit par BBC Films, il dure 112 minutes et vient du Etats-Unis et du Royaume-Uni.
en observant se développer une relation malsaine qui se transforme en combat constant. J’ai presque envie de dire qu’à l’inverse de Mommy où on tend vers l’espoir, We Need to Talk about Kevin nous entraîne tout au long du film vers une longue et inévitable chute.
• y, m m o M lan o D r e Xavi ••
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Et si la majeure partie du film est au format 1:1, ce format carré, ce n’est pas un hasard. Ce format nous enferme, nous bloque, nous oppresse entre ces deux bandes noires tout comme les personnages sont oppressés par la vie. C’est un peu comme si elles nous empêchaient d’avoir une vue complète de la vie, c’est un blocage presque permanent. La libération arrive à deux moments précis lorsque les personnages arrivent enfin à trouver un équilibre (certes fragile mais un équilibre quand même) dans leurs vies, c’est comme reprendre son souffle après une course épuisante. Le format passe alors en plein écran et on sent comme une grande bouffée d’air frais. Une émanation de joie de la part des personnages, ou une succession d’événements dans leur vie qui ne montre que des moment de réussites et de succès qui s’enchaînent. L’écran redevient carré, oppressant lorsque le petit train de vie joyeux est brisé par un élément perturbateur. On replonge alors dans un suspens, une tension pesante. Mommy, pour moi, c’est un cri, un cri d’amour, un cri d’espoir, un cri qui dit : «Je veux m’en sortir», même si les personnages sont toujours rattrapés par la réalité. Dolan pousse le suspens pendant tout le film. La tension est réelle et bien présente pendant 2h20. Si Mommy devait prendre une forme, pour moi ça serait un graphique
où la courbe monte puis diminue sans cesse. On passe de moments de pure tension à des moments légers voir aériens. Les personnages sont prisonniers de leur relation aussi toxique que fusionelle, une dépendance affective destructrice. Ils ne sont pas truqués, ils sont représentés aussi humain que l’on pourrait être, ils sont tour à tour vulgaires, hystériques, attachants... Dolan arrive à doser ces éléments pour ne pas tomber dans le larmoyant, c’est aussi ça qui fait que l’on s’attache aux personnages aussi facilement.
• y, m m o M olan D r e i Xav ••
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Mommy, réalisé par Xavier Dolan, en 2014. Produit par Metafilms, il dure 132 minutes et vient du Canada.
La fin de Mommy nous amène aussi à nous questionner. C’est une fin ouverte. Le fils courant vers cette fenêtre pour prendre son envol, être enfin libre. Une liberté inatteignable. La fin, pour moi, est aussi aérienne que pesante. Est-ce la fin pour le fils? Etait-ce un adieu? Ou simplement une métaphore de la part du réalisateur? On ne sait pas. Tout est immaginable. Pour ma part, étant plutôt optimiste, j’y vois la métaphore de la liberté. Steve s’enfuyant vers la vie. Sa vie rêvée, sans contrainte, ni barrière. Simplement une vie libre.
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Xavier Dolan
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• ing d l o h l II. Gir , en a kitt avidson D e c u r B ••
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J’avais envie de parler de quelque chose de nouveau. Une œuvre que je ne connaissais pas mais qui me parle. J’ai cherché pendant un petit moment et je suis tombée sur cette photographie. Elle m’a interpellée tout de suite, j’ai été attirée et directement fascinée par cette fille au regard fuyant. Elle regarde au loin, comme si elle fuyait l’objectif. On se demande d’où elle sort avec son sac de couchage, ses cheveux en bataille et son chat. On se demande aussi où elle va. En fait, c’est ça qui je pense m’a attiré. Le mystère qui plane autour d’elle. On ne sait rien d’elle, le titre de la photo Girl holding a kitten ne nous en apprend pas plus non plus. C’est d’ailleurs la même aura pleine de mystère qui a attiré Bruce Davidson, il y a cinquante ans. Il voyageait alors à travers la Grande Bretagne et c’est à Londres qu’il l’a rencontrée. Elle était avec deux amis, ils allaient tous les trois à un concert. Davidson est resté avec eux pendant quelques heures, les a suivis jusqu’à un bar où ils ont dansé, puis puisqu’il y avait trop
d’agitation, il a demandé à la jeune fille de venir à l’écart, dans la rue, et il l’a prise en photo avec ce chaton qu’elle avait certainement trouvé quelques temps avant dans une rue. C’est cette scène qui donna naissance à cette photo intitulée Girl holding a Kitten datant de 1960. Il n’a jamais sû son nom, ni d’où elle venait. Davidson est depuis ce jour, hanté par cette fille chaque fois qu’il retourne en Angleterre. Son souvenir est resté figé dans sa mémoire grâce à cette photographie.
• ing d l o h Girl en, t t i on k s a d i v Da e c u Br •• 29. Girl holding a kitten, photographie argentique de Bruce Davidson,, Londres, 1960.
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Bruce Davidson
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Ce photographe né en 1933 à Chicago, travaille presque toujours en noir et blanc et exclusivement avec des Leica M. Il est photojournaliste et réalisateur de documentaires américains. Il a notamment réalisé une série de photographies sur un nain clown de cirque intitulée The Dwarf en 1958. Mais au lieu de montrer ce nain comme une bête de foire, un «monstre», il nous dépeint Jimmy Amstrong, le clown en question, comme un individu à part entière. Ce qui a aussi poussé Davidson sur le devant de la scène c’est aussi le fait d’être photographe sur le tournage de The Misfits de John Huston avec Marilyn Monrœ. Par la suite, en 1961, il est engagé comme photographe de mode dans le magazine Vogue, et dans le même temps, il commence un travail sur le combat des noirs américains, et ses photographies sont aujourd’hui rassemblées sous le nom de Time for Change. Girl holding a Kitten capte notre regard par son innoncente beauté. C’est toute la magie de l’adolescence qui est représentée sur cette photo. La fougue, l’envie, le début de l’indépendance, le passage de la vie d’enfant à celle d’adulte.
• ng i d l o Girl h , en a kitt avidson D e c u r B •• On ressent toute la jeunesse qui émane de cette photo. Ca me rappelle, le temps des sorties entre amis, où on emmène son sac de couchage et l’endroit où on dort après importe peu. Le grain de la photo donne un sentiment de vie, de mouvement. J’aime beaucoup cette sensation, on a envie de toucher le grain. Ce que je trouve beau aussi c’est qu’on dirait presque que la jeune fille est entourée de lumière. C’est la nuit; les phares de voitures et les lampadaires lui fabriquent une espèce de halo de lumière. C’est ce qui la fait se détacher du reste. Elle, en noir, sur un décor de rue de nuit où les phares des voitures passent sur les devantures des magasins.
Marylin Monrœ sur le tournage de Misfits, photographie argentique de Bruce Davidson, États-Unis, 1960.
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Davidson est aujourd’hui complétement hanté par le souvenir de cette fille au chat et au sac de couchage. Comme un souvenir qu’on a en tête depuis tant d’années, qui reste inlassablement. Les souvenirs changent avec le temps, on se rappelle de plus ou moins de détails, ils se transforment, on élague des parties. La photo est là pour ça, justement : figer le souvenir du photographe, pour que ce souvenir soit moins flou. Par exemple, c’est plus facile pour Bruce Davidson, de rechercher cette jeune fille à partir de cette photo que de n’avoir plus que sa mémoire pour la décrire.C’est dans cette direction que l’artiste Mathieu Aveaux a travaillé pour son projet Myosotis. Il nous interroge sur la thématique du souvenir et sur la fragilité des choses et leurs rapports au temps passé. Au milieu du Palais Rameau lors du week-end Solid’Art à Lille en 2015, il a installé un cube de 3,60 mètres sur 9 mètres de haut.
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Projet «Myosotis», installation créee par Matthieu Aveaux, à Lille, Palais Rameau lors du Week-end «Solid’art» en 2015. Un cube de 3.6 x 9 mètres, diapositives à partir de photos traitées chimiquement.
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A l’intérieur, se trouvent une centaine de photographies comme des diapositives dans des petites boîtes. Il faut donc regarder dedans pour voir les souvenirs. Ces photos représentent des «anciennes photos de famille retrouvées». C’est un thème cher au créateur, qui nous interroge ici sur : «Que se passe-t-il quand le souvenir disparaît peu à peu ? Ou quand il se transforme ?». De plus les photos ont subies divers traitements, ainsi la gélatine de la photo forme de nouvelles informations picturales. On voit alors apparaître des tâches, de la fumée, du flou… etc. C’est tout un nouveau monde qui surgit. Cette installation vise aussi à montrer comment les souvenirs se dégradent au fil du temps. Cette œuvre se rattache donc directement à la photo de Davidson, le souvenir, le fait d’être hanté par quelqu’un, s’en rappeller, se remémorer une époque ou plutôt, s’en rappeler d’une façon qui est propre à nous, qui dépend de nous. Plusieurs personnes présentent pendant un même instant ne s’en souviendront pas de la même manière. C’est ce qui est bien dans le souvenir, il est propre à chaque personne. C’est comme rentrer dans le jardin d’une personne et de la découvrir.
• ing d l o h Girl en, t t i on k s a d i v Da e c u Br ••
Projet «Myosotis», installation créee par Matthieu Aveaux, à Lille, Palais Rameau lors du Week-end «Solid’art» en 2015. Un cube de 3.6 x 9 mètres, diapositives à partir de photos traitées chimiquement.
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Bruce Davidson
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Sasha Fleischman
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Genderqueer, genderless, agender, genderneutral, genderfluid. Tant de termes anglais utilisés pour se définir, pour tenter de définir ce que l’on est, ce que l’on appelle aujourd’hui, le genre. La liste des mots est longue dans ce domaine. Et pour cause, le monde est peuplé de personnes complétement différentes qui ne définissent pas leur genre qu’en fonction de leurs parties génitales. Certains ne sentent pas leur sexe £en harmonie avec le genre, d’autres se définissent par un genre neutre, ce sont les personnes dites «agenres» ou «neutrois». Ces personnes qui n’emploient pas de «il» ou de «elle», mais qui préférent «they», la France n’ayant pas de pronoms définis. C’est cette thématique qu’aborde Chloé Aftel dans sa série de photographies nommée Genderqueer datant de 2013.
r, • e e u erq d n e G tel f A œ Chl ••
Tout commence en 2013, lorsque Sasha Fleischman âgé(e) de dix-huit ans, endormi(e) dans le bus, habillé(e) en jupe, se réveille en sursaut à cause des flammes qui lui brûlent les jambes. Ce que sa camarade de classe à l’origine du feu appelle une «blague», conduira Sasha Fleischman à être hospitalisé(e) pendant plusieurs semaines. Dès lors, il/elle devient un symbole du genre neutre. C’est cet événement qui poussera par la suite Chloé Aftel a nous questionner sur la très médiatisée problématique du genre. Elle s’est alors rendue chez Sasha, puis chez d’autre personnes se définissant comme «agenre» et à photographié leurs envies, leurs personnalités, leurs quotidiens. Si en France officiellement, nous nous devons d’appartenir à une catégorie bien distincte, masculin ou féminin, des pays comme l’Australie par exemple, on récemment vu apparaître le genre neutre. Le moyen de la photographie permet de mettre en lumière des sujets, des personnes qu’il est parfois difficile de définir avec des mots. C’est toute la complexité de ce thème qui est décrit dans cette série de photos.
Genderqueer, série de photos de Chlœ Aftel, débutant en 2013. Photo : Sasha Fleischman.
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En fait, à la base, j’ai plutôt choisi une thématique qu’une œuvre en particulier. La problématique du genre m’interpelle, m’intéresse, m’intrigue, me permet de me questionner le monde autour de moi mais aussi sur moi-même. C’est un combat, c’est une prise de position qui est importante pour moi, ayant des amis transgenres et genderqueer. J’aime ce thème, j’aime l’aborder, j’aime apprendre de nouvelles choses sur le sujet. J’ai pris mon temps pour choisir mon œuvre, tellement il y a d’artistes qui ont travaillé dessus. La série Genderqueer de Chloé Aftel a cette aura particulière, une ambiance, elle photographie les personnes dans leur élément, chez eux ou un endroit qu’ils affectionnent. Elles ne sont pas mises en scène. Ce sont leurs vêtements, ils sont dénudés ou se cachent dans le décor selon leur personnalité. C’est toute la sensibilité que je ressens dans cette série de photos. Personne n’a été forcé. Tous ces gens se dévoilent d’euxmême face à l’objectif. Ils sont eux-mêmes et c’est qui est émouvant. Ils nous permettent d’explorer leur monde, d’ouvrir
r, • e e u q er d n e G tel f A Chlœ •• une petite porte pour découvrir le monde du genre. On ressent toute la force du message qui est transmis au travers de cette sensibilité, de cette liberté donnée à ces personnes. Certains sont de dos, d’autres de faces, certains sont totalement à l’aise, d’autres sont plus timide. C’est le respect de chacun qui m’a particulièrement touché. Quand je regarde ces photos, je n’ai pas l’impression d’être voyeur, j’ai l’impression d’entrer simplement et innocemment dans l’univers d’une personne. Car c’est cette personne qui nous fait partager son univers.
43. Genderqueer, série de photos de Chlœ Aftel, débutant en 2013. Sujet : des personnes qui ne s’identifient à aucun genre.
r, • e e u erq d n e G tel f A œ Chl •• 44. L'Olympia, Edouard Manet, 130.5×190 cm, huile sur toile, 1863, Musée d'Orsay, Paris.
Genderqueer, série de photos de Chlœ Aftel, débutant en 2013. Sujet : des personnes qui ne s’identifient à aucun genre.
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J’ai choisi une photographie en particulier, qui selon moi, résume bien la série. Une personne à l’allure plutôt féminine, puis l’on descend le long de son corps et on se rend compte de la bosse plus bas. Les notions de sexe et de genre sont totalement différentes. On peut avoir un sexe féminin et se définir en temps qu’homme ou ne pas se définir, ou encore se définir homme et femme à la fois ou bien d’autres possibilités. Elles sont nombreuses, ces possibilités mais pourtant, elles ne sont pas souvent acceptées, montrées, exposées. Cette photographie montre une personne avant tout. Pas un homme, ni une femme, une personne, un être humain d’où l’expression «a human being» en anglais. Il/elle semble en accord avec son corps. Détendu(e), un bras sous sa tête, ses cheveux blonds, longs tombant sur ses épaules. Dénudé(e), en slip rouge avec simplement une chemise ouverte, il/elle nous laisse entrer dans son intimité. Sans complexe, assumant pleinement son corps, je dirais même en étant fier(e) de son corps. Cette photographie, qui se veut sans doute, un peut provocatrice, ne l’est, selon moi, pas tant que ça. Cette mise en scène, cette position et ce chat noir nous rappelle sans aucun doute une référence à l’Olympia de Manet.
C’est la simplicité du travail de Chloé Aftel qui fait que cela marche. On a aucune distance avec cette personne. C’est comme si on rentrait dans son appartement ou sa maison, qu’on s’installait avec lui/elle par un dimanche ensoleillé et qu’on restait là, tranquillement, sans aucun apriori, aucun jugement. C’est ce qui fait tout le charme de la photo. Cette détente, cette tranquillité, c’est presque de la nonchalance. Je trouve que cette personne nous parle à travers son simple regard, il/elle nous dit: «C’est moi, je suis comme je suis, vous n’y changerez rien». Et ce chat noir qui dort à côté de lui/ elle, tout aussi tranquille. Cette photographie dégage quelque chose de relaxant. La lumière qui provient des fenêtres derrière, qui passe au travers des arbres verts accentue ce moment de bien-être. C’est clair, cette personne assume. Elle/il assume son corps, il/elle est comme ça et c’est tout. C’est toute la complexité de l’être humain qui est mise en valeur par cette série de photographies. C’est le droit d’être différent d’une norme établie par une société qui juge sur les apparences. C’est le droit de porter n’importe quel vêtement, d’avoir n’importe quelle coupe de cheveux etc. Au final, c’est tout simplement le droit d’Être.
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Les stéréotypes sont nombreux. La notion de genre neutre c’est permettre aux personnes qui n’arrivent pas à s’identifier au système binaire imposé par la société, de pouvoir évoluer, s’épanouir et pouvoir s’identifier sans se sentir à l’écart. Par cette série de photos, Chloé Aftel nous montre aussi que l’apparence d’une personne, son sexe, ne fait absolument pas partie de la définition du genre. La photographie joue ici un rôle majeur. Elle nous met face à ces personnes. Dans la vie de tous les jours, comment reconnaître une personne au genre neutre? Impossible, à moins qu’elle ne nous le dise. L’identification à tel ou tel genre n’est pas écrit sur la tête d’une personne dans la rue. Chloé Aftel permet ici de mettre aux gens un pied dans l’univers compliqué du genre. La photographie est efficace, nous sommes pied au mur. Plutôt que de tenir de long discours, la photo nous confronte directement, elle va droit au but. L’identité d’une personne est propre à elle même, le genre que l’on choisit ou non, nous appartient. Savoir que l’on a le choix d’appartenir ou de ne pas appartenir à tel ou tel groupe est important pour moi, je pense que ça aide certaines personnes à se construire.
C’est ce choix que l’Argentine à d’ailleurs voté en 2010. Les citoyens argentins ont aujourd’hui la possibilité de choisir le genre qui les représente sans passer par un médecin ou par un juge. Le choix du genre de la personne dépend totalement de ce que chacun à l’intérieur de soit, comment chacun se perçoit. C’est toute cette complexité qui est traité à travers le film Orlando, réalisé par Sally Potter en 1992. Le changement de genre, l’androgynie du personnage de Tilda Swinton. Être Orlando c’est être libéré de toutes les contraintes de sexe, de genres, s’affranchir du temps, d’une étiquette sociale pour devenir qui l’on est tout simplement. Parce que c’est ça, avoir le choix de son genre. C’est avoir le choix d’être qui l’on est à l’intérieur.
Orlando, film réalisé par Sally Potter, en 1992 avec pour actrice principale Tinda Swinton. C’est une adaptation du roman «Orlando» de Virginia Woolf (1928). Il dure 92 minutes.
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La notion de genre est beaucoup controversée, elle fait beaucoup débat et ses détracteurs sont nombreux. La fluidité du genre est compliqué, certes. Mais ce n’est pas parce qu’on ne la comprend pas, qu’il faut la dénigrer ou la nier complètement. On a souvent peur de ce que l’on ne connaît pas mais comment apprendre si l’on se braque. C’est en ça que je trouve cette série de photographies assez brillante. On entre doucement dans ce qu’est la notion de genre. Ce sont des humains, en paix avec eux-mêmes. Le mot Queer envoit à la notion d’étrange et de peu commun. La théorie Queer critique principalement l’idée que le genre et l’orientation sexuelle seraient déterminés génétiquement. C’est en s’appuyant sur la thèse de Simone De Beauvoir «On ne nait pas femme, on le devient» que la philosophe Judith Butler a été la première a aborder la séparation de sexe et de genre. Elle s’est aussi donné la tache de nous expliquer pourquoi on insiste absolument à avoir une revendication identitaire. JJ Levine nous permet également d’entrer doucement dans cette notion de fluidité de genre. Dans sa série Alone Time, il demande à ses amis de recréer des scènes de couples dans la vie de tous les jours. Rien d’anormal jusqu’à là, mais en s’approchant de plus près, on se rend compte que chaque couple, homme et femme n’est en réalité i nterprété que par une seule et même personne.
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Cette série de photos nous montre ainsi à quel point les rôles, les genres sont interchangeables à volonté. C’est toute l’ambiguité de la question du genre. Je pense que nous avons tous en soit une part d’identité plurielle. Je ne suis pas experte en la matière, mais j’essaye au mieux de transcrire ma pensée, d’analyser cette série d’image d’après mes recherches. Et même si j’ai écrit des erreurs sur la notion de genre, il n’est jamais trop tard pour apprendre à les corriger. Le genre est un sujet délicat, et je pense que plutôt que de dicter ce que doit être ou ne pas être une personne, on devrait pouvoir lui laisser le choix. Chaque personne devrait être capable de devenir qui elle veut, avec le corps qu’elle décide. En ça, on retombe sur les transexuels et transgenres. Ces personnes bloquées dans un corps qui ne correspond pas à ce qu’ils ont à l’intérieur d’eux. Cette thématique est abordée dans de nombreux films par exemple, dans Laurence Anyways de Xavier Dolan. On observe la transformation en femme de Laurence, né avec un sexe masculin. Ou encore il y a le témoignage de Wynne Neilly, dans Female to Male sa transformation de femme à homme à travers diverses photographies, documents, enregistrements vocaux et objets symboliques de son exploration du genre. Il insiste bien sur le fait son identité et son genre ne peuvent pas être définis par un seul mot, ils sont en constante évolution.
Alone Time, série de photos de JJ Levine datant de 2014. Elle représente des scènes de coup du quotidien, mais la même personne joue l’homme et la femme.
Female to Male, projet pluridisciplinaire de Wynne Neil débutant en 2014. Photographi enregistrement vocaux, docum et objets symbliques de sa transition.
Laurence Anyways, réalisé pa Xavier Dolan, en 2012. Produit Lyla Films et MK2 Productions. Il dure 168 minutes et vient du Canada.
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es v a l • c s e aux é h c r a re, IV. M i a t l o V de et buste Dali or d a v a l a S ••
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arché aux esclaves avec rition invisible du buste de ire, Salvador DALI, huile sur 1940. 47 × 66 cm, dor Dali Museum, St. sburg (États-Unis).
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Une double lecture du tableau, un buste qui apparaît, nos yeux, notre cerveau deviendraient-ils fous? Dali nous propose ici un tableau s’inscrivant pleinement dans la période surréaliste. Car la lecture ce fait ainsi : au premier plan, Gala (femme de Dali) toujours présente, le coude appuyé sur une table, à sa droite une coupe ébréchée, suivie, au deuxième plan par deux femmes habillées de noir et deux personnages vu de dos à leur droite et enfin au-dessus de ces personnages nous percevons le ciel à travers une arche en ruines. La lecture pourrait s’arrêter là, mais en fait, le buste de Voltaire (sous la forme d’un buste d’Houdon) se cache au milieu de ces éléments. Le pied de la coupe ébréchée formant le buste, les femmes en noir les éléments du visages et le ciel la tête. C’est comme si toutes ces parties du tableau se retrouvaient finalement au même plan. Dali, figure emblématique du surréalisme, nous montre ici un Marché d’esclaves représenté par les deux personnages centraux en noir qui forme la tête de Voltaire.
Gala est placée ici parce que, pour Dali, elle le protège. On voit donc se créer un très fort contraste entre la partie centrale surchargée et le premier plan avec Gala qui semble paisible et contemplative. Elle est aussi là pour donner la direction dans laquelle regarder, elle nous indique le chemin. Dali considère Voltaire comme la représentation de la raison et il incarne une approche de la vie complétement opposée de celle des surréalistes, sa pensée est plus rationnelle, ce qui ne lui convient pas. C’est dans cette logique qu’il place Voltaire au centre du marché, pour montrer que sa pensée est elle aussi une soumission au rationalisme, tout comme l’esclavage.
Portrait de Gala aux symptômes rhinocérontiques, peinture (huile sur toile) de salvador dali, 1954, collection privée aisa/leemage, fondation gala-salvador dalí / adagp, Paris, 2012.
es v a l c es • x u a ire, hé a c t r l a o M eV d e t s et bu or Dali d Salva ••
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Images de l’imagerie d’Épinal, estampe au sujet populaire et de couleurs vives. Gravure sur bois, métal ou pierre. Depuis 1796.
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Le buste de Voltaire est un jeu entre la superposition des personnages du centre, le ciel et le pied de la coupe. C’est un jeu d’illusion d’optique que l’on retrouve par exemple dans les devinettes de l’imagerie d’Epinal. Le but de ces devinettes est souvent de retrouver un objet ou un personnage caché dans l’image. Le plus souvent, il faut retourner l’image pour que ça soit plus facile. Je me souviens que plus petite, j’ai dû visiter l’imagerie au moins 4 ou 5 fois et on me donnait ces images, je pouvais passer un temps fou dessus, c’était dingue. J’avais une patience d’enfer. Aujourd’hui, quand j’en vois ça me fait toujours penser à l’époque où j’y allais avec le centre aéré. Ces dessins au contour noir et aux couleurs vives, me donnent l’impression de rajeunir de 10 ans. J’adorais aussi beaucoup les illusions d’optiques, j’avais des livres entiers dessus. Le tableau de Dali m’évoque aussi l’illusion populaire de Ma femme et ma Belle-Mère. Le dessin peut être lu de deux façons, une belle et jolie jeune femme ou une vieille femme. Personnellement, à chaque fois que je la vois, même en sachant où est la vieille femme, j’ai toujours du mal à la distinguer. La jeune femme me paraît plus clair.
Ma femme et ma Belle-Mère, W. E. HILL, parut dans Puck Magazine, 1915.
ves a l c s • xe u a e, é r i h a c t r l Vo Ma e d e st et bu or Dali d a v l a S ••
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Salvador Dali
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Photo de Salvador Dali et Galà Dali, 1932, photographie de Anonyme.
Matyr de St Sébastien, ture de Andrea Mantegna, 6-1459. Panneau, 68 × 30 cm. sthistorisches Museum, Vienne
Détails du tableau Le Martyr de St Sébastien, Andrea Mantegna, 1456-1459. Panneau, 68 × 30 cm. Kunsthistorisches Museum, Vienne.
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Je pense que derrière ces illusions se cache une vraie fascination des artistes pour les phénomènes optiques. Ils s’amusent et jouent avec le spectateur, ils suggèrent des choses pour nous laisser nousmême aller plus loin. Ils exploitent ainsi l’ambiguïté visuelle pour produire des images à double sens. Ils faut parfois se forcer pour apercevoir certains détails cachés. Par exemple, dans le Martyr de Saint Sébastien de Mantegna, on peut distinguer un homme sur un cheval dans un nuage, cela ajoute donc un nouveau symbole au tableau. Le genre de l’illusion se retrouve aussi beaucoup dans d’autres œuvres du surréalisme notamment d’autres tableaux de Dali, bien sûr, mais aussi Magritte par exemple. Magritte veut nous montrer dans ses toiles que l’image n’est pas la réalité, que c’est en fait une illusion. Moi ça me retourne les yeux. Dans son tableau Le Blanc-seing, il exploite le regard du spectateur en jouant sur la frontière du visible et de l’invisible : "Ce qui est caché par des arbres est, ici, visible et, la queue du cheval, elle, demeure cachée par un arbre, afin de donner du phénomène une description moins systématique ».
Cette figure impossible se rapproche du triangle de Penrose. Le surréalisme plus généralement c’est un mouvement qui vise à déclencher une révolution de l’existence humaine. Pour les surréalistes c’est le processus créatif qui prime, et non pas l’objet d’art en tant que résultat artistique. A l’origine le surréalisme est essentiellement littéraire et consiste à mener des expérimentations avec la langue. Ce principe a très rapidement glissé vers les arts plastiques, ma musique, le cinéma et la photographie.
es v a l c es • x u a ire, hé a c t r l a o M eV d e t s et bu or Dali d Salva ••
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Salvador Dali
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Dans ce tableau de Magritte peint en 1965, on ne voit d’abord rien d’autre qu’une cavalière se promenant parmi les arbres dans la forêt. Mais en y regardant de plus près, quelque chose cloche. Qu’est-ce que c’est que cette perspective? Si la cavalière et son cheval passent devant les arbres, où est la partie manquante du cheval? C’est toute la complexité et l’ingéniosité de ce tableau. Magritte joue avec notre perception. Se basant sur Le trident impossible, célèbre figure, ce tableau illustre parfaitement comment notre cerveau réussit à construire l’impossible. Notre esprit parvient à rassembler tous les éléments de la peinture dans un ordre cohérent. Par extension le titre de l’œuvre Blanc-Seing désigne une faculté donnée à quelqu’un d’agir, de décider à sa guise. Déjà par le titre, Magritte veut nous dire qu’il y a plusieurs interprétations du tableau, qu’il y a plusieurs niveaux de lecture. C’est comme si Magritte nous donnait carte blanche. Dès le départ, c’est un jeu. Magritte nous demande de jouer avec le tableau rien que par son nom.
Détails du tableau Le Martyr de St Sébastien, Andrea Mantegna, 1456-1459. Panneau, 68 × 30 cm. Kunsthistorisches Museum, Vienne.
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La perception, c’est une thématique souvent présente dans les tableaux de Magritte. Qu’elle soit dans le sens, comme dans «Ceci n’est pas une pipe». Où, effectivement, ce n’est pas l’objet en lui-même mais une représentation d’une pipe. Mais aussi comme dans Le Blanc-Seing ou encore dans le «Portrait de Germaine Nellens», dans la technique utilisée. Il piège nos yeux, créant un univers où la perception des éléments est faussée. Il casse la perspective et la réalité, ainsi des éléments qui devraient se trouver au premier plan sont au dernier et inversement. Par exemple au sujet du Blanc-Seing, Magritte nous dit : «Des choses visibles peuvent toujours cacher d’autres choses visibles. La femme qui passe entre les quatre arbres les cache. D’autres arbres cachent la femme. Le Blanc-Seing est la permission qu’elle a de faire ce qu’elle fait.» Le jeu de la perception, de l’illusion d’optique entre pleinement dans le surréalisme duquel Magritte fait partie. Tout comme Dali (évoqué dans le texte d'avant), il joue sur l’invisible et le visible. Qu’est-ce qui fait que l'on voit plusieurs choses dans un même tableau? Que notre perception du réel soit modifiée?
g, n i • e S nca l B Le itte r g a M ••
Portrait de Germaine Nellens, René Magritte, 1962.
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Magritte joue ici avec deux grands principes de l’illusion dans l’illustration. D’abord le cheval et sa cavalière sont séparés en plusieurs parties mais parce qu’ils sont parfaitement ajustés, notre cerveau construit correctement l’image. C’est un peu comme en vidéo, un split screen montrant plusieurs parties d’une même personne coupées par une bande noire, comme dans le générique du film The Thomas Crown affair datant de 1968 où on voit les différentes scènes, personnages présentés en split screen. La seconde technique employé par Magritte ici, c’est tout simplement le fait que des éléments passent en-dessous ou au-dessus d’autres. L’artiste se joue de ces deux techniques, ils les mélangent. C’est donc ces informations érronées qui donnent au tableau toute son étrangeté. Le résultat final? Une image impossible, mais qui pourrait paraître correct au premier regard. Mais en regardant mieux, notre esprit conscient qu’il y a quelque chose qui ne va pas, nous fait nous dire «Mais attends une minute... Quelque chose cloche.» Ca me fait penser au travaux d’Escher, quelque chose cloche. Ses escaliers impossibles. On y voit là encore un édifice qui parait tout à fait normal au premier
coup d’œil. Mais en y regardant de plus près, nous observons des personnages descendant un escalier situé au sommet d’une tour. d’autres personnages montent ce même escalier en croisant les autres. On constate qu’en fait l’escalier forme une boucle qui se referme sur elle-même. Son travail explore les constructions totalement impossibles et l’infini (ses personnages courant à l’infini, ne pouvant trouver un sommet ou un rez-de chaussée).
, g n i • e nc-S a l B Le itte r g a M •• Montée et descente, Maurits Cornelis Escher, 1960. D’après la technique de Penrose.
The Thomas Crown Affair, film de Norman Jewison, sorti en 1968. États-Unis, produit par Solar Productions, il dure 102 minutes.
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Le jeu de l’illusion à beaucoup d’importance dans le travail des surréalistes. Ce surréalisme de l’illusion regroupe des artistes comme (Magritte bien entendu), Dali (voir texte ci-contre sur Marché aux esclaves avec apparition du buste de Voltaire ou Apparition d’un visage et d’un compotier sur une plage ou encore Max Ernst avec ses œuvres complètement colorées où les personnages et les décors sont sans dessus dessous. D’autres artistes contemporains s’inspirent d’eux. Par exemple Robert Gonsalves et ses magnifiques tableaux remplis de poésie. Des lits qui se transforment en champs et un avion qui survolent ces champs, ou encore des arbres qui se transforment en planchers. Les ambiances des tableaux nous donnent toutes une sensation de douceur au premier abord et c’est en comprenant l’astuce de l’œuvre que l’ont devient absorbé par elle. Le monde surréaliste Robert et Shana Parkeharrison est aussi exceptionnel. Ils ont créé un univers qui semble un peu cassé et essayent de le réparer, mais cela semble impossible, ils utilisent des outils toujours inappropriés. Une des photos qui me marque le plus est celle où l’on voit deux hommes essayant de tirer avec leurs mains, de l’herbe pour la faire
recouvrir le reste de la photo où encore celle où tous les arbres sont coupés, mais que l’auteur essaie de rafistoler à l’aide de ruban blanc. Une douce sensation que je n’arrive pas décrire m’envahit quand je regarde ces photos. C’est très onirique. J’ai envie de les aider. Le travail de la couleur est aussi important et participe au bon fonctionnement du tableau. C’est aussi grâce à elle que le tableau fonctionne, qu’on peut penser qu’il n’y a rien d’anormal. Magritte utilise ici des couleurs plutôt chaudes pour la femme et le cheval pour que nos yeux se concentrent sur eux. L’arrièreplan est coloré de teintes de verts très peu saturés. Les arbres sont plus sombres que le fond. Mais ce qu’on ne réalise pas tout de suite, c’est qu’en fait même si les personnages sont peints dans des couleurs chaudes, ces couleurs se rapprochent beaucoup des couleurs moins saturées du fond. Et le but est bien là : confondre personnages et fond, jusqu’à ce que l’illusion d’optique fonctionne. La plupart des peintures utilisent des couleurs contrastées pour nous aider à lire la peintre. Non seulement, Magritte ne suit pas ce principe, mais il le renverse délibérément. Il utilise les valeurs des couleurs pour que l’on ne comprennent pas tout de suite ce que l’on est en train de voir.
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ng, i • e S nc a l B Le itte r g a M ••
Ubu Imperator, Max Ernst, Hui sur toile, 81 x 65cm. 1923.
Le marché aux esclaves ave apparition invisible du buste Voltaire, Salvador DALI, huile toile, 1940. 47 × 66 cm, Salvador Dali Museum, St. Petersburg (États-Unis).
Apparition d’un visage et d’un compotier sur une plag Salvador Dali, huile sur toile, 115×144 cm, 1938, Centre Pompidou Paris.
Série de photographies tirées du livre The Architect’s Brother, de Shana et Robert Parkeharrison, 2000.
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Autumn Cycling et A Change of Scenery, Robert Gonsalves, 2013.
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René Magritte
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Déjà une anamorphose, c’est quoi? C’est un image volontairement déformée, qui fonctionne un peu comme un jeu. Le but de ce jeu? Trouver le bon point de vue, le bon angle de vu très précis (ou encore à l’aide d’un miroir certaine fois) qui permet de voir l’image dans sa totalité. Les illusions de Georges Rousse sont parfaites. Il joue sur la différence du lieu où il s’installe qui est souvent dans des tons gris, blancs, parfois plus foncé mais toujours unis, et sa peinture dont les couleurs sont vives et éclatantes. C’est comme si ses installations flottaient à la surface du lieu où elles se trouvent. Son travail est là pour que l’on réfléchisse sur l’illusion et la réalité. Son travail remet totalement en question notre perception de la réalité. L’artiste mêle à la fois architecture, occupation de l’espace et peinture pour arriver à la création de tout nouveaux espaces, comme on créé une sculpture. Georges Rousse s’installe souvent dans le même type de lieux, des bâtiments désaffectés. S’appropriant cet endroit gris et froid, il y injecte sa couleur. Tout l’intérêt de son travail réside dans l’illusion d’optique et l’importance du point de vue. Il fait passer des éléments de la vie en trois dimensions à l’illusion en deux dimensions.
Le choix du lieu est pour George Rousse un moment très important, il parcourt le monde entier à la recherche de vieux bâtiments, souvent destinés à la destruction, ou encore d’usines désaffectées. Ils ne les choisit pas au hasard, les bâtiments qu’il choisit sont souvent chargés d’histoire ou marqués par le temps, c’est presque comme si ces endroits étaient vivants et qu’ils parlaient réellement à l’artiste. La luminosité de l’endroit est également importante, pour permettre à l’illusion d’être totale. George Rousse, grâce à son œuvre picturale fait ressortir, révèle l’architecture dans laquelle cette œuvre s’insère. On peut parler d’œuvres conçues In Situ, pour le lieu lui-même.
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Anamorphose, de Georges Rousse. Depuis 1980. Peinture sur architecture, puis photographie.
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La réalistation se passe ainsi : après avoir décidé clairement de son projet, il se rend dans l’endroit choisi, et bloque toutes les entrées de lumières, pour ensuite projeter l’image en diapositive. Cette technique permet l’inscription de la forme plate au départ dans un espace en trois dimensions. Ensuite, ses assistants prennent des repères à la craie pour délimiter les zones à peindre. Ils passent ensuite à la peinture, puis quand tout est fini, le projecteur est remplacé au centimètre près pas une chambre photographique, permettant ainsi d’avoir exactement le même point de vue qu’au départ. L’artiste souligne l’importance du moment de la prise de vue dans son travail : «En règle générale, je m’applique seulement à trouver la meilleure relation entre toutes les données contextuelles, la singularité du site, le budget, le temps, les moyens techniques, etc. Mon unique projet est de transformer le lieu, de tout mettre en œuvre pour l'instant de la prise de vue qui est un moment extrême dans la relation intime de l’espace à la peinture, à la photographie et à moi-même.» Une fois que la prise de vue est finie, l’œuvre est par la suite détruite. Son travail est donc complètement éphémère.
Anamorphose, de Georges Rousse. Depuis 1980. Peinture sur architecture, puis photographie.
La photographie est donc seul témoin de ses réalisations. Elle reflète l’aboutissement du travail de l’artiste, constituant en fait, l’œuvre finale en elle-même. La temporalité est une notion importante dans le travail de George Rousse, c’est comme si il faisait dialoguer le présent et le passé.
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fornia Light, Doug Wheeler, osition au FRAC LORRAINE, 2, Installations à partir de ture et de lumière.
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Les trompe-l’œil et le jeu avec la perception du spectateur pour créer une illusion sont nombreux, les artistes s’amusant à jouer avec nos yeux. Par exemple, Doug Wheeler dans California Light joue avec notre perception de la réalité. Où s’arrête la pièce? Que ressentons-nous face à notre non capacité à définir le vrai du faux. Avec de la peinture et un jeu de lumières fortes, il met tous nos sens à l’affût, nous poussant à dépasser notre regard sur le visible et l’invisible. Dans une pièce il met en place tout un stratagème illusoire. J’ai vu et ressenti cette illusion dans une exposition des son travail au FRAC de Metz. C’est assez déroutant de ne pas savoir où s’arrête la pièce et de ne pas oser franchir la limite tracé au sol, car on a peur de se perdre dans cet au-delà. Le fait que ce ne soit qu’un jeu de lumière et de peinture ne nous vient même plus à l’esprit. On entre juste dans un nouvel univers ne sachant pas où est la fin. Lui aussi, investie un lieu tout comme George Rousse. Ses œuvres sont travaillées pour le lieu. Ce sont des instants d’entre deux. Où sommes nous? Dans quelle dimension? L’expérience est complètement immersive, ne faisant pas appel à notre raison mais bien à notre corps, et chacun de nos sens.
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Le travail de George Rousse repose uniquement sur le point de vue unique, l’œuvre ne pouvant être perçue correctement que d’un seul point de vue précis. Comme, beaucoup plus tôt en 1533 le peintre Hans Holbein Le Jeune qui nous faisant entrer dans son tableau de plus de 2 mètres sur 2. Les Ambassadeurs est une des plus spectaculaire anamorphose de l’histoire de la peinture. Dans ce double portrait on voit apparaître au premier plan une forme indéfinissable, c’est en fait un crâne humain que l’on ne peut distinguer seulement d’un point de vue oblique. Enfin plus récemment, un clip vidéo du groupe OK GO nommé The Writing’s on the Wall utilise la technique de l’anamorphose. Grâce aux murs, à divers objets, le sol et même leurs corps, leurs costumes etc. Ils nous font voyager dans l’espace et bouger avec eux. Le champ de l’illusion est très abondant, car le jeu optique avec le spectateur permet de remettre en cause la réalité. La perception des choses est un domaine fascinant, qui peut être exploré de mille façons. Nos sens sont pertubés; où est en fait la réalité?
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Les Ambassadeurs, Hans Holbein Le Jeune, 1933, Huile sur panneaux de chêne, 207 × 209 cm, National Gallery, Londres.
Clip Vidéo The Writing’s on the Wall du groupe OK GO, 2014.
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sée r e v a Tr e • d n a Gr a L s, . i o VII m De e h t Aga t Godeau n e c n i V ••
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La Grande TraversĂŠe, livre-jeu pour enfants de Vincent Godeay et Agathe Demois, sorti en 2014, dessins au trait rouge et bleu.
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Vincent Godeau est un graphiste et illustrateur, tout comme Agathe Demois, ils ont tous les deux fait les Arts Décoratifs de Strasbourg. Leurs dessins se ressemblent dans la façon de faire, ce sont beaucoup des dessins numériques et toujours avec des couleurs vives. Beaucoup de leurs illustrations sont ludiques et directement adressés aux enfants. Vincent Godeau a aussi réalisé un habillage pour les bus de Strasbourg. Des personnages en rouge et bleu, comme dans La Grande Traversée. La grande traversée est un livre illustré par Vincent Godeau et Agathe Demois sorti en septembre 2014. Il raconte l’histoire de Rouge-Bec, un oiseau qui entreprend son voyage vers l’Autre Côté. On le suit à travers les 10 pages toutes dessinées au trait rouge. Il passe par de nombreux paysages : la ville, la montagne, des contrées lointaines avant d’arriver à son point de chute : la jungle de l’Autre Côté. Dix tableaux monochromes au premier regard mais qui en fait cachent bien plus. Rouge-Bec nous invite à survoler un paysage qui est en fait truffé de détails. A la première page du livre, se trouve une loupe à filtre rouge, et lorsqu’on la passe sur les dessins au trait rouge, c’est là que la magie du livre opère. Grâce au filtre rouge qui annule les illustrations rouges, on découvre des dessins au trait bleu, placés en-dessous de ceux au trait rouge. Un livre pas si monochrome que ça finalement.
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Dans ce livre c’est tout un monde de rêveries qui apparaît. Tout d’abord on entre dans un monde poétique et aérien, les pages se déroulent sous nos yeux suivant le voyage de ce petit oiseau. Puis on prend la loupe et enfin, on parvient à distinguer tous les détails qui nous étaient cachés jusque là. Qu’est-ce qui se cache dans le ventre de la femme enceinte? Ou derrière les arbres? Derrière le gros bâteau? C’est un livre-jeu, il permet aux enfants de découvrir un monde caché. D’ouvrir leurs esprits, de voir ce qui se cache en-dessous des choses. C’est une aventure bien plus surprenante et touffue que ce que l’on pense au départ. On est placé à la place de l’oiseau. On est un explorateur durant son voyage. On cherche, on examine minutieusement. C’est un livre ludique et onirique qui nous embarque, petits et grands, dans une expédition pleine de mystères à découvrir. Moi j’ai l’impression d’être une enfant quand je découvre les détails cachés, ça prend du temps de tout regarder, c’est ça qui m’emporte, c’est qu’il n’y jamais qu’un élément à regarder, ça fourmille de mille choses minutieuses.
La Grande Traversée, livre-jeu pour enfants de Vincent Godeay et Agathe Demois, sorti en 2014, dessins au trait rouge et bleu.
C’est un jeu sur le visible et l’invisible. C’est un livre rempli de poésie. On peut retrouver ce jeu de cacher/montrer chez des artistes comme Liu Bolin qui se peint le corps pour ressembler aux décors qui l’entourent. C’est délibérémment un jeu de cache-cache. C’est vraiment impressionnant, au premier regard, on ne se rend pas compte qu’il y a quelque chose qui cloche. C’est assez pertubant. Il se fond dans le décor.
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ée s r e v • Tra e d n a La Gr Demois, he Agat t Godeau n Vince ••
Hiding in the City-Vegetables, Liu Bolin, 112.5x150cm, 2011. Peinture sur corps et photographies.
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New-York en Pyjamarama, livrejeu pour enfants utilisant le principe de l’ombro cinéma de Frédérique Bertrand et Michaël Leblond, 2011.
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Moi ça me fait penser à la série des livres Pyjamarama de Michaël Leblond. Passé les premières pages, un enfant s’endort et c’est tout un monde de rêves qui s’ouvre à nous. Dans le même principe du livre interractif. En faisant passer la feuille rayée sur les illustrations, elles s’animent. Les roues tournent, les voitures roulent. C’est encore ici un nouveau monde qui s’ouvrent à nous. La magie de l’animation fait son effet. L’émerveillement est forcément au rendez-vous. Ce livre reprend en fait, une ancienne technique du cinéma : l’ombro cinéma. Comme dans le livre, une feuille rayée vient faire bouger les éléments du dessous. La Grande Traversée a aussi été l’objet d’une exposition. Sur le même principe que le livre, elle reprend les 10 illustrations de taille 90x120 cm. Elles sont accrochées et les spectateurs grâce à la loupe rouge parcourent les images géantes. Comme les images sont plus grandes on entre directement dedans et il est plus facile de distinguer les différents détails cachés. Ce qui est aussi inventif dans l’exposition, c’est qu’il y a une partie où les spectateurs, petits comme grands, sont invités à dessiné eux-même la partie bleue qui sera cachée. C’est donc un univers extrêmement ludique, amusante. Le livre devient un jeu.
Le jeu est un élément très important. Tout devient mieux lorsqu’on s’amuse. C’est partir à la découverte, devenir un petit enquêteur. C’est beaucoup la loupe qui donne cette impression. On suit des indices, on fouille, on découvre. Ce jeu de recherches rappelle des livres comme Où est Charlie? qu’on a tous lu durant notre enfance! Ou encore ces livres où nous devions faire des choix et ces choix nous renvoyaient à une page ou à une autre. Des livres où nous étions le héros. Créer des livres sur ces différents modèles c’est aussi mettre l’enfant, la personne qui lit, au centre. Ça donne de l’importance au lecteur, ça le met en valeur, il se sent concerné et à envie d’en découvrir plus. Que ce soit par le fait des bouger des objets et de découvrir des choses par le biai de l’action ou encore par la simple lecture, cela donne envie de lire. Ça chatouille la curiosité de l’enfant, ça l’éveille au monde.
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sée r e v a • Tr e d n a La Gr Demois, he Agat t Godeau n Vince ••
st Charlie, livres-jeu pour ts crĂŠĂŠ par Martin Handford s 1987.
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ée s r e v ra • T e d an La Gr Demois, he t a au g e A d o nt G e c n i V ••
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00. Les Crocodiles de Thomas Mathieu est une bande dessinée parue en 2014. Cette BD pointe le doigt sur le harcèlement de rue. Sous forme de courtes histoire, il nous raconte de réelles histoires que lui ont rapporté son entourage ou ses lecteurs. Le livre est dessiné de telle sorte que les hommes ont tous une tête de crocodiles, tandis que les femmes elles, gardent leurs têtes normales. L’auteur a choisi de caricaturer tous les hommes sous forme de crocodiles, même si tous ne sont pas des harceleurs, il explique que c’est à nous de décider quels sont les crocodiles qui valent la peine. Le livre a non seulement un but dénonciateur mais il a, en plus un but pédagogique. On retrouve aussi dedans comment aider une personne qui se fait harceler ou comment réagir nousmême. L’auteur a tenu à écrire ce livre en tant qu’homme, il ne connaît pas ce genre d’histoires. Ca n’a jamais été un problème pour lui. En dessinant ce livre, il voulait se placer à la place des femmes qui vivent le harcèlement. Le harcèlement de rue c’est quoi en soit ? C’est ces remarques plus ou moins blessantes, plus ou moins insultantes selon les individus, balancées comme ça par des hommes. C’est ce que vivent plusieurs millions de femmes à travers le monde tout au long de leur vie. Pourquoi tout ça exactement ? Tout simplement parce qu’on a fait l’affront de naître avec deux chromosomes X.
Le harcèlement de rue commencent enfin, depuis quelques années, à être mis en lumière, à être combattu. On dit souvent que c’est la vidéo de Sofie Peeters qui a aidé à libérer la parole sur cette épuisante réalité. Cette vidéo en caméra cachée a été tournée à Bruxelles, on la voit se faire abordée, harcelée, oppressée par des hommes dans la capitale. Le point de départ de cette vidéo, c’est des compliments mal placés, des sifflements et des «T’es bonne mademoiselle». Elle s’est d’abord demandé si le problème venait d’elle, si elle avait fait un pas de travers, quelque chose de mal ou si c’était ses habits qui en étaient la cause. Le fait est que non. Ce n’est ni nous, ni nos vêtements. On pourrait sortir en jogging, en robe, en jean, avec un col roulé que ça reviendrait au même. Le harcèlement est un vrai problème de la société actuelle. Le tumblr Paye ta shnek recense des commentaires divers que des femmes ont subis dans la rue. On passe par le « Gros cul, gros cul », au plus charmant « Alors connasse tu viens me sucer? » ou encore au plus fantaisiste « hé mademoiselle, t’es aussi mignonne qu’un chaton du calendrier de La Poste ». Souvent j’y vais, pour voir. Les commentaires de ces messieurs sont révoltants et toujours glauques. Paye Ta Shnek, tumblr puis par la suite livre d’Anaïs Bourdet. Tumblr depuis 2012 et livre de 2014.
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102. Le harcèlement de rue
ce n’est pas un cas isolé comme on entend souvent dire lors d’une discussion. C’est le quotidien de beaucoup de femmes aujourd’hui, c’en devient presque une banalité. Ça en devient terrifiant de se dire qu’on est en sécurité nul part sauf lorsqu’on referme la porte de sa maison. « On m’a appris à être méfiante bien avant que je ne comprenne pourquoi je devais l’être. » On nous a élevée pour avoir cette peur. Pour toujours avoir en tête que quelque chose pourrait se passer,et pour rester vigilantes. Le monde marche sur la tête. La rue de jour comme de nuit est devenue un terrain hostile pour les femmes. Rentrer seule la nuit au milieu des rues aux lumières éteintes, ça fait peur. On a peur. Même s’il n’y a que 5 ou 10 minutes. C’est long 5 minutes en fait, il peut se passer n’importe quoi. Voilà ce qu’on se dit. Pourquoi vouloir entrer dans l’espace d’une personne alors qu’elle n’a visiblement pas dans l’esprit une quelconque socialisation. Ce qui fait peur, en vérité c’est l’intrusion de quelqu’un dans son espace à un moment donné où ce n’est véritablement pas le moment. Ce que j’aime beaucoup dans ce livre, c’est déjà le traitement du dessin. Tout est en noir et blanc sauf la têtes des hommes crocodiles qui est d’un vert très saturé. Cela attire le regard, et nous accroche.
Derrière cette bande dessinée aux courtes histoires se cache bien plus que ce qu’on pourrait croire au premier abord. Ce sont de courtes anecdotes à chaque fois, et je pense que ce qui fait que ça fonctionne aussi bien c’est le nombre d’histoires présentes dedans. Ce sont toutes des anecdotes qui poussent à réfléchir. Les histoires sont aussi ponctuées de quelques illustrations pleines pages, qui je trouve sont très réussies. On voit des crocodiles aux yeux malfaisants, qui nous regardent. Elles créent un véritable malaise. J’ai l’impression d’être vraiment regardée dans les yeux. Le trait de Thomas Mathieu se veut doux et cinglant à la fois, doux dans la manière de dessiner au crayon les différents personnages. Mais quand il s’agit de croquer un crocodile, on voit qu’il y met plus de force. La douceur contraste aussi avec le contenu du livre. Moi ce que j’aime surtout c’est que les histoires sont racontées avec une justesse rare, elles pointent du doigt le harcèlement, elles nous le montrent sans voile.
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Les Crocodiles, blog et livre de Thomas Mathieu. Livre paru en 2014, Bande dessinée sur le harcèlement de rue.
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Thomas Mathieu
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Thomas Mathieu, nous montre dans son livre divers faits de harcèlements et tous sont de vraies histoires rapportées. Cela va du simple sifflement, à la poursuite d’une femme jusqu’à chez elle. Il nous met sous le nez une réalité. Mais pas seulement, il nous montre aussi comment se sortir nous, ou d’autres personnes comment contrer ce harcèlement. Parce que la réalité d’aujourd’hui est telle que lorsqu’une personne se fait agresser, siffler, voir violer, presque personne ne réagit. C’est souvent que divers articles rapportent une agression, sans que la moindre personne n’ait réagit. C’est aussi le cas dans la vidéo interactive publiée par le Ministère des droits des femmes, dans cette vidéo on peut incarner trois personnages : Sarah, Julie ou Christophe. La scène se passe dans un bus, Sarah se fait aborder par un homme. Selon le personnage que l’on incarne on peut choisir de réagir ou non, d’aider ou non. On peut voir ce qu’il se passe si l’on ne réagit pas. Plusieurs autres initiatives féministes sont mises en place pour nous faire réagir, comme par exemple Stop Telling to Smile de Tatyana Fazlalizadeh. C’est un projet de street art visant à contrer et dénoncer le harcèlement de rue envers les femmes. Ce projet a commencé en 2012 à Brooklyn et Tatyana Fazlalizadeh espère le voir croître dans plusieurs autres grandes villes avec plusieurs autres femmes.
Il est mis en place par une série de portraits de femmes, redessinés, collés sur les murs des villes. L’artiste s’est entretenue avec ces femmes à propos de ce qu’elles avaient vécues, les a écoutées et en a ressorti les phrases associées avec les différents portraits. «My outfits are not an invitation» (mes habits ne sont pas une invitation), «Critics on my body are not welcome» (les critiques sur mon corps ne sont pas les bienvenues), c’est ce genre de phrase très directes qui légendes les dessins.
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Campagne contre le harcèlement dans les transports, Ministère des droits des femmes, 2015.
We don’t need another hero, Barbara Kruger, 1986, 276.5×531.3 × 6.4 cm, Whitney Museum of American Art, New York
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Le Masculin l’emporte mais où ?, Miss Tic, 2013, collage, street art.
Stop Telling Women To Smile,
Tatyana Fazlalizadeh, 2012, collage, street art.
La Renaissance de la Vénus Noire, Billie Zangewa, 2010, peinture sur tapisserie.
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Le féminisme est un sujet très large qui inclue beaucoup de différentes façons de faire. Bien sûr le féminisme c’est le fait que les femmes soient égales aux hommes en tout point, mais chacun l’exprime à sa manière. Par exemple, le féminisme est présent dans le monde entier mais tous ne le traduise pas par les mêmes actions, les femmes sont plus ou moins reconnues selon les pays etc. Le mouvement Womanism en est un bon exemple. Né en 1980, c’est un mouvement réactionnaire au féminisme dominant, au féminisme radical blanc de l’époque. Le corps féminin est alors devenu un moyen d’expression, un outil de protestation, une référence. Dans cette lignée, Billie Zangewa réinterprète La naissance de Vénus de Botticelli peinte en 1486. Sa Vénus à elle s’appelle La Renaissance de la Vénus noire. Elle remplace donc la Vénus traditionnelle par un corps noir qui proteste contre le regard masculin. L’œuvre utilise une tapisserie de soie, c’est un outil traditionnellement féminin. Elle l’imprègne ici d’une telle façon que l’on ressent toute la puissance de son combat. En fait Les Crocodiles est un livre qui dénonce la place de la femme dans la rue. De ce qu’elle a le droit de faire ou d’être par rapport au regard des hommes. Le Street art est un mouvement qui a un impact fort sur ce questionnement, il met en évidence d’une manière efficace et direct, on tombe nez à nez avec l’œuvre, on est en relation direct avec l’œuvre.
L’artiste de rue Miss Tic l’utilise avec brio. Elle utilise souvent l’humour pour montrer la cause, par exemple dans une Langue de lit d’avance ou Un homme peut en cacher un autre. Ses dessins sont toujours en noir et blanc avec du rouge pour renforcer la phrase qui accompagne le dessin de la femme présente dans chacun de ses graffitis. De là des timbres sont aussi sortis, touchant au féminisme. Pour moi, quand on parle de féminisme dans l’art, j’aime parler de Babara Kruger dont j’aime beaucoup le travail. Ses affiches sont géantes, le rouge attire l’œil, les messages sont forts et immédiats. You don’t need another hero est certes, le plus connu, mais il fait passer un message absolu. La femme est un être entier, la femme est forte et peu compter sur elle-même, elle n’a pas besoin de la permission d’un homme pour faire ce qu’elle veut. C’est aussi ce que veut montrer les Crocodiles, les femmes ne sont pas censées se soucier du regard des hommes. Les femmes sont libres.
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Mon Voisin Totoro, Hayao Miyazki, 1988, Studio Ghibli, 86 minutes, Japon
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Le Chant de la Mer réalisé par Tomm MOORE est un film d’animation sorti en 2014, c’est un film coproduit par 5 pays européens : la France, le Luxembourg, la Belgique, le Danemark et l’Irlande. Il nous plonge dans le merveilleux univers de l’Irlande et ses mythes. Le film nous raconte l’histoire de Ben, Conor (son père) et Maïna (sa sœur) qui vivent sur une falaise sur la côte irlandaise. Mais cette famille cache en fait un secret, Maïna est une selkie, un être de la mythologie irlandaise capable de se métamorphoser en phoque et de sauver les êtres magiques du terrible sort que leur a lancé la Sorcière aux hiboux. Comme pour son précédent film, Tomm Moore a choisi une esthétique inspirée des légendes celtiques pour illustrer ce conte merveilleux. C’est un plongeon dans le folklore irlandais. C’est la patte graphique ronde et enfantine mêlée aux couleurs vives de la nature (la ville étant mise au second plans avec des couleurs plus grises) qui fait exploser toute la magie et la poésie de l’histoire qui nous est racontée; la petite fille sans voix ou encore le druide aux cheveux magiques qui contiennent chacun une histoire différente. Tout est rond dans ce monde, personnages, ondulations des vagues, et même les sentiments. Dans les dessins on peut retrouver une influence de Klee et de Kandinsky, je trouve qu’il y a quelque chose d’onirique et de planant dans ce film.
On est emporté par les couleurs et les formes mouvantes. C’est un peu comme une suite de tableaux qui sont au service d’une histoire; Ils sont marqués totalement par des techniques picturales plus traditionnelles, qui change complètement des techniques 3D utilisées beaucoup en ce moment. C’est d’ailleurs un clin de la part de Tomm MOORE : Ben porte une cape et des lunettes 3D alors qu’ils sont dessinés en 2D, c’est un peu comme un anachronisme, des lunettes qui n’existent pas dans ce monde. Tomm Moore s’est beaucoup inspiré de la nostalgie du Japon des années 50 et notamment Mon voisin Totoro, de Miyazaki.
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Bien entendu cette histoire prend l’aspect d’un conte et le happy Ending est forcément là comme on s’y attend, on voit aussi les sorcières et les gentilles otaries. Mais, Le chant de la mer, sous ses airs inoffensifs ce n’est pas seulement ça. Car la mer c’est en fait les larmes du géant qui a tellement pleurer encore et encore que la sorcière aux hiboux à dû le transformer en pierre et faire de lui une île pour empêcher qu’il n’inonde tout le continent. C’est une métaphore qui résume à peu près toute la complexité qui se cache sous le conte que l’on voit au premier abord. Oui, si on creuse un peu plus, on s’aperçoit que toute l’histoire s’articule autour de la problématique du deuil, de l’abandon, la colère, le rejet, la tentative d’effacer ses émotions. Le père Connor se renferme sur lui-même et tombe dans la dépression après la disparition de sa femme, Ben rejette la faute sur Maïna, la sorcière aux hiboux se fait des shoots de bonheur. Tout est fait ainsi pour mettre sous les projecteur toute la complexité du sentiment humain et finalement ceux qui s’en tirent le mieux, ceux qui sont les plus solides ce sont les enfants dont les sentiments sont les plus libres.
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115. Le Chant de la Mer, Tomm Moore, 2014, 93 minutes, film coproduit par la France, la Belgique, le Luxembourg, le Danemark et l’Irlande.
hant de la Mer, m Moore, 2014, 93 minutes, oproduit par la France, gique, le Luxembourg, nemark et l’Irlande.
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119. Le deuil recouvre
l’histoire d’un voile qui empêche les personnages d’avancer (Ben ne voulant pas aider Maïna au début, il râle et la repousse). Ce voile les bloque jusqu’à ce que les enfants ne pouvant faire autrement, étant poussés par le destin de Maïna, vont s’en libérer. Ce voyage va apaiser tous les êtres que vont croiser les deux enfants. En cela, l’œuvre de Iris Sara Schiller Rite de deuil se rapproche du Chant de la Mer. Dans ses sculptures objet, à forme humaine l’artiste s’interroge sur la souffrance de l’homme face à la mort. Mais elle ne se contente pas de montrer le deuil, en sculptant elle cherche à apaiser la douleur ressentie. Pour elle, sculpter c’est aussi soigner. On peut dire que les enfants font un voyage initiatique, en ne pouvant compter que sur eux-même, un voyage qui les conduit à être autonome étant délaissés ou incompris par les adultes. Ce voyage initiatique fait écho au Voyage de Chihiro de Miyazaki. Chihiro se retrouve propulsée dans un monde où elle n’a plus l’aide de ses parents et doit faire face aux événements toute seule. C’est un voyage qui va permettre à Chihiro de devenir plus indépendante. Le rapport parental est le même dans les deux films, il n’est pas présent, les enfants doivent se débrouiller tout seul.
Le thème de la perte est donc bien présent. Le périple de Chihiro, de Maïna et de Ben vont les faire grandir et les ouvrir sur le monde qui les entoure, ne pouvant compter que sur leurs sentiments et intuitions pour s’en sortir.
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Rite de Deuil, Iris Sara Schiller, sculpture et installations, 2000.
Le Voyage de Chihiro, Hayao Miyazaki, 124 minutes, 2001, Studio Ghibli.
Chant de la Mer, mm Moore, 2014, 93 minutes, coproduit par la France, elgique, le Luxembourg, Danemark et l’Irlande.
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121. Tout au long de l’histoire
on suit ses enfants dont la fugue va vite se transformer en quête qui va les amener à rencontrer différentes créatures magiques inspirées des légendes celtiques. Dans ce conte, les enfants se doivent d’être les plus solides pour contrer le manque d’écoute de la part des adultes. Le père qui refuse de voir la vérité, la grand-mère qui emmène les enfants loin de là où ils devraient être. Mais tout est traité de façon délicate. Nous ne sommes pas dans un univers magique comme dans l’autre film de Tomm MOORE, Brendan et le secret de Kells où la magie est partout dans les livres et dans la forêt. Nous sommes dans la réalité, l’irlande, la mer et c’est là que la magie de l’Irlande apparaît. Et c’est cette magie, toutes les choses merveilleuses qui permettent au film de ne pas tomber dans la tristesse et la mélancolie. L’histoire en elle-même est triste et ça commence dès le début lors de la disparition de la mère. C’est donc la poésie et la magie qui englobe l’histoire qui allège ça. La musique a aussi un rôle important dans l’espoir qui est apporté tout au long de l’histoire. Elle est douce et reprend les codes de la musique celtique, irlandaise. Une musique douce et envoutante avec une voix qui monte dans les airs, (bien que je ne suis pas très fan de Nolween Leroy).
Je pense que ce qui fait l’émerveillement que l’on a lors du visionnage, vient aussi du fait que l’on ne s’amuse pas pendant le film, à chercher une explication, à disséquer le film. On se laisse aller par ce beau conte. On se laisse emporter par les vagues, par les phoques, et surtout par les grands yeux ronds de Maïna. Il ne faut pas chercher à savoir s’il y a quelques bizarreries, il faut se laisser aller, se laisser voguer sur les larmes du géant. Si l’on entre si bien dans cet univers particulier c’est aussi grâce à la musique à l’ambiance celtique et par tout le mystère qu’impose le poème qui ouvre le film : "Viens, enfant des hommes, viens vers le lac et vers la lande, en tenant la main d'une fée, car il y a plus de larmes au monde que tu ne peux le comprendre.»
r, e M • e la d t n a Le Ch Moore Tomm
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is emmoc uep nu tse’C“ gnippohs ud tiaf tiava no .eigolohtym al snad stneidérgni sel suot sirp a nO nioseb tiava no tnod .eriotsih’l retnocar ruop eriotsih enu droba’d tse’c siaM ,erèm enu’d etrep al rus euqitsatnaf srevinu’l tnod ”.tefler el euq tse’n Tomm Moore
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e, c n i r • it P xupéry t e P X. Le e de St E in Anto
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124.
C’est à cause d’une fleur trop égocentrique, qui restait cachée derrière ses épines et qui ne sût pas montrer ces sentiments que le Petit Prince décida de quitter sa planète, l’astéroïde B612. Il voyagea dans l’espace passant de planète en planète, rencontrant différents grandes personnes. Tout au long de son voyage il trouva un roi qui ne régnait sur personne, un orgueilleux qui voulait qu’on l’admire, un buveur qui buvait pour oublier qu’il buvait un businessman qui comptait et recomptait ses étoiles, un allumeur de réverbère qui allumait et éteignait son réverbère sans cesse tant la rotation de sa planète était rapide, un géographe qui écrivait de très très gros livres et enfin, il atterrit sur la Terre. C’est là qu’il rencontra un aviateur, notre narrateur. Les premiers mots qui me viennent à l’esprit en pensant au petit prince sont enfance, douceur, rêve et poésie. Le Petit Prince est sorti en 1943 et pour moi, c’est le livre le plus intemporel qu’il soit. Il est là, et il y reste. Moi je pense que c’est parce qu’il contient quelque chose de magique, il y a dedans la part d’enfance que nous avons tous au fond de nous. Plus ou moins enfouie, mais elle est bel et bien là. Ce n’est pas pour rien si c’est le livre le plus traduit et vendu à travers le monde, juste en deuxième position après la Bible. Le Petit Prince c’est un livre sans âge. J’ai lu le Petit Prince à différents moments de ma vie. Plus jeune vers l’âge de 8/9 ans pour la première
fois, on m’avait poussé vers ce livre, en tant que «livre à lire». Je ne me souviens pas vraiment comment je l’ai perçu à l’époque, c’est assez flou. Le seul souvenir que j’en ai c’est qu’après m’avoir dit de lire une première fois, on m’avait dit alors de le relire plus tard. C’est ce que j’ai fait vers 13 ans. Là, je me souviens avoir apprécié la poésie, les citations et la beauté des aquarelles. Me construisant doucement en tant qu’adolescente, il est devenu sans conteste un de mes livre préféré. Finalement je l’ai relu il y a 2 ans. Le Petit Prince fait parti des livres qui marquent pour toute la vie et qui change chaque fois qu’on les relit. Comme si à chaque fois, quelqu’un s’était amusé à le réécrire quand on avait le dos tourné. J’ai l’impression que c’est cette dernière fois où je l’ai compris le mieux. Mais je pense que si je le relisais encore une nouvelle fois, ça serait encore différent. J’attends de vieillir encore un peu, histoire qu’il me surprenne à nouveau. C’est là, où le Petit Prince est différent des autres livres. Il n’est pas bien épais, mais dans ces 93 pages se trouvent une richesse et une panoplie d’émotions qui nous transportent complètement ailleurs le temps de la lecture, et même encore après. C’est comme si pendant la lecture le temps était suspendu, que le rythme affolant de la vie d’aujourd’hui s’arrêtait. Le Petit Prince c’est un moment où on laisse voguer son imagination sans aucune limite.
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125.
Le Petit Prince, Antoine de St Exupéry, 1943, 93 pages, France.
elbatirév eL“ sap tse'n ec ,egayov treséd el riruocrap ed rihcnarf ed uo secnatsid sednarg ed ,seniram-suos rinevrap ed tse'c lennoitpecxe tniop nu ne ruevas al ùo engiab tnatsni'l ed sruotnoc sel suot ”.erueirétni eiv al ed Antoine de St Exupéry
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127. Là, où ce livre est fort
c’est qu’il est raconté sous la forme d’un simple conte. Les aquarelles de l’auteur ajoutent poésie encore plus prononcée, elles font entrer le lecteur dans ce conte aérien. Le personnage du Petit Prince et le style poétique de l’auteur jouent aussi beaucoup sur le fait que le Petit Prince est souvent qualifié de livre pour enfant. Mais ce style d’écriture, c’est aussi ce qui souligne l’aspect philosophique et symbolique. Le livre est une réflexion sur la société, pour toutes ces personnes qui vont trop vite et qui ne prennent plus le temps de rêver, celles qui jugent beaucoup trop sur les apparences. C’est une prise de conscience, on touche à l’essence même des choses et des gens. Qu’est-ce qui fait qu’on aime? Qu’est-ce qui rend belle ou beau? Il aborde les sujets avec une éternelle douceur, une bienveillance continue. L’amitié, l’amour, la beauté, les grandes personnes, savoir apprivoiser, la séparation… Chacun y voit ce qu’il veut finalement. Chacun de nous, apprivoise ce livre à sa manière.
Le Petit Prince, Antoine de St Exupéry, 1943, 93 pages, France. Le Petit Prince et le serpent.
ce, • n i r ry P é t p i t u Le Pe e de St Ex in Anto
128.
Le Petit Prince, Antoine de St Exupéry, 1943, 93 pages, France. L'allumeur de réverbère et le roi.
.draner el tid ,rûs neiB“ iom ruop erocne se'n uT tuot noçrag titep nu'uq stitep ellim tnec à elbalbmes nioseb sap ia'n ej tE .snoçrag nioseb sap sa'n ut tE .iot ed sius en eJ .sulp non iom ed elbalbmes draner nu'uq iot ruop .sdraner ellim tnec à ,sesiovirppa'm ut is ,siaM nu'l nioseb snorua suon iom ruop sares uT .ertua'l ed iares eJ .ednom ua euqinu ”ednom ua euqinu iot ruop Antoine de St Exupéry
129.
130.
Qu’est-ce qu’un conte en vérité? Eh bien c’est un genre difficile à cerner. Prenons par exemple le conte du Petit Chaperon Rouge retranscrit par Charles Perrault et Les frères Grimm. Au premier abord, il s’agit d’une histoire commune et popularisée par Disney, les dessins animés, les films etc. Mais n’est-ce vraiment qu’une mignonne petite fille qui rend visite à sa mère-grand ? Si l’on creuse un peu plus, Le Petit Chaperon Rouge est en fait une jeune fille ravissante donc la couleur de son chaperon n’est pas anodine. Le rouge revoit par exemple au cycle menstruel car elle se trouve aux portes de la puberté. Le loup est avide de cruauté et commence par manger la grand-mère (il peut s’agir d’anthropophagie) pour ensuite abuser de la jeune fille. Abuser, le terme n’est pas choisi au hasard. La différence avec la version des frères Grimm est que dans cette dernière, la figure cruelle du loup est contrebalancée par celle du chasseur (plutôt figure paternelle), qui vient sauver le petit chaperon rouge et sa grand-mère. Charles Perrault conclue avec une morale telle que : « Les jeunes filles, belles, bien faites et gentilles, font très mal d’écouter toutes sortes de gens ». On est donc loin de la version popularisée par les livres illustrés pour enfants. Bien que l’on puisse se poser la question s’il existe vraiment une littérature pour enfant. Pour répondre il faut d’abord ce demander qu’est-ce qu’on appelle « littérature jeunesse » ?
Ce n’est en fait pas une catégorie à part de la littérature dite « adulte ». Il s’agit juste d’une lecture qui permet de faire le lien entre les lectures plus facile et celles plus difficiles. Elles s’adressent à un public qui ne se pose pas les mêmes questions, qui n’ont pas la même perception des choses. La frontière de la littérature jeunesse est donc mouvante, et difficile à cerner. Par exemple, les contes de Perrault n’ont pas toujours été perçus comme tels. L’époque est donc un facteur important, ce facteur se déplaçant au fils des années et se modifiant en même temps que la société, que la perception des adultes qui écrivent pour les jeunes. Un autre exemple montre la fragilité de la frontière adulte/enfant. Alice aux pays des merveilles de Lewis Caroll est un livre à la base plutôt destiné aux enfants mais qui en l’interprétant d’une certaine manière, en lisant entre les lignes laisse apparaître un second niveau de lecture. Il est donc autant apprécié par les enfants que par les adultes. L’auteure Elzbieta (illustratrice franco-polonaise) nous dit par rapport ça : «Pour chaque adulte, qu’il soit lecteur ou auteur, exilé de fait ou solidement enraciné, le livre pour enfants est par essence un livre sur la perte puisqu’il le met en présence de son propre irréversible exil de l’enfance. Et peu importe que cette enfance ait été heureuse ou haïe ; qu’elle demeure dans la mémoire comme un refuge ou, au contraire, comme un lieu d’impossibles réparations : elle est à jamais disparue. »
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131.
Alice aux Pays des Merveille Lewis Caroll, 1865, 196 pages, illustré par John Tenniel, Royaume-Uni.
Le Petit Chaperon Rouge, Les frères Grimm ou Charles Perrault, 1698, conte en prose, P
132.
Personnellement, ce qui me marque le plus c’est la rencontre avec le renard et le discours sur la rose. Lorsque le Petit Prince arrive sur la Terre, il découvre des roses et encore des roses par centaines. Il est déçut de voir que sa Rose qu’il pensait unique et exclusive, n’était en fait qu’une rose parmi les roses. Mais plus tard, sa rencontre avec le renard lui apprend à ne plus voir avec ses yeux, mais bel et bien avec son cœur. «L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur». Il faudra un voyage d’un an au Petit Prince pour comprendre ses sentiments envers sa rose. Il nous dit alors « Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe. Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles. Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire… ». Il comprend vite aussi que si tout commence par un apprivoisement, le bonheur d’une rencontre se termine aussi par une séparation. C’est pour cela qu’il décide de se faire mordre par le serpent et ainsi retrouver sa rose. Je ne lis pas Le Petit Prince comme je lis les autres livres. C’est un moment particulier et privilégié entre mon moi enfant, mon moi présent et mon moi futur. C’est comme un grand bol d’air frais. Un vent de poésie et d’imagination. Moi j’aime ce livre et je n’aurais
de cesse de le relire encore et encore tout au long de ma vie. Le problème, aujourd’hui c’est que tout est prétexte à être commercialisé. Et notre Petit Prince en a aussi subit les conséquences. Il est tombé dans le domaine public depuis quelques années (2014) et ainsi on a pût voir apparaître un éventail de produits dérivés allant des boîtes de gâteaux aux figurines etc. Quand on dit qu’une œuvre tombe dans le domaine public, c’est qu’il n’est plus nécéssaire de demande l’autorisation au créateur pour son utilisation par d’autres personnes. Une œuvre appartient à son auteur (c’est la propriété intellectuelle) sa vie durant et les 70 années qui suivent sa mort. Or St Exupéry étant décédé en 1944, le petit Prince est aujourd’hui utilisable. Chacun à son point de vu. Moi je pense que faire une boîte de gâteaux Le Petit Prince n’était pas forcément une bonne idée. Je trouve que cela dénature complètement l’histoire, le livre. Les aquarelles sont vectorisées, pour moi cela revient à les maltraiter. Je trouve ça terriblement dommage de casser une histoire si pure et si innocente avec une médiatisation, une commercialisation. Si le domaine public autorise aujourd’hui à utiliser l’image, l’histoire du Petit Prince, je pense qu’il faut, avant cette utilisation, réfléchir au pourquoi, comment. Et surtout penser à l’œuvre originelle pour éviter de lui faire subir des dommages, car si une évolution, un hommage à l’œuvre est possible, il y a d’autres fois ou l’on aurait mieux fait de l’éviter.
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133.
Le Petit Prince, Antoine de St Exupéry, 1943, 93 pages, France. Les Trois Baoba
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Antoine de St Exupéry
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, s i u s n e ' j Ú ?   O t n a ten n i a m
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D’abord, premier grand point. L’écriture. C’était assez libérateur de pouvoir inclure ma pensée, de pouvoir être spontanée, et surtout d’être émancipée d’une certaine forme toujours imposée par le modèle scolaire. Je sens quand j’écris aujourd’hui, que j’ai appuyé sur des boutons. Ils m’ont poussé à écrire différemment. Au fil des textes, je me suis sentie plus à l’aise. Tout n’est qu’illusion. C’est un peu un gros résumé de mon travail. J’ai cherché, fouillé, regardé différemment les choses. Mon but c’était d’essayer de voir les choses sous différents angles, de tout retourner dans tous les sens. Des façades qui cachent d’autres éléments, c’était ça mon corpus. J’ai pensé ça comme un jeu. Un jeu de recherches, de liens entre les oeuvres. C’est ça qui fait que ce jeu marche aussi bien. En cherchant plus loin que le bout de son nez, plus loin que la simple première vision, on découvre des oeuvres, on créé des similitudes. C’est comme ça que j’ai découvert ou redécouvert des artistes. Ces artistes jouent tous à nous faire créer des illusions, à perdre le spectateur, à lui faire comprendre que tout n’est pas inscrit directemment à la surface. Ce jeu de décryptage regroupe tellement d’oeuvres, qu’il serait impossible de toutes les citer. On se retrouve donc à parler de sujets vraiment très variés. C’est aussi ce qui m’a plû parce qu’en fait, beaucoup de produtions font l’objet d’une seconde lecture,
même si on passe souvent à côté. Harcèlement, illusions d’optique, conte, enfance, construction de soi-même, tous ces thèmes différents des uns des autres ont pourtant été mis dans une bulle tous ensemble pendant cette session d’écriture. Grâce à leurs double, voir triple lecture. J’ai donc pû enrichir mon travail de références très diverses, ça m’a permit d’approfondir beaucoup de sujets, dans des sens très différents. La perception varie selon chacun, elle est d’autant plus inconstante. Chacun ne comprendra pas forcément ce que comprendra l’autre. C’est ce travail d’écriture qui a été d’autant plus intéressant. J’ai essayé de retranscrire ce que je renssentais. C’est sans doute incomplet, mais j’ai écrit ce que je voyais et pensais. J’ai vraiment voulu mettre un peu de moi dans ce que j’écrivais, montrer un peu qui je suis ou quelles sont mes valeurs. Ce que j’en ai aussi retiré? Un approffondissement, une façon de traiter les textes, et un regard nouveau sur certaines oeuvres. Je me suis posée les bonnes questions, j’ai gratté la surface, j’ai senti la couche en-dessous. Qu’est-ce qu’un conte finalement? N’est-ce qu’une histoire pour enfant? L’enfance est donc très présente. Elle fait partie de plusieurs de mes choix d’oeuvres. Je travaille souvent dans cette direction là. Je commence à savoir pourquoi. Je pense que l’enfance dans toute sa pureté nous cache beaucoup. La naïveté du conte nous cache la vérité.
C’est ce double aspect qui m’a intéressé. En creusant les oeuvres, c’est aussi mes goûts que j’ai approndis. Je veux dire, souvent on dit j’aime bien ça, mais on ne dit pas pourquoi. Je pense que c’est ce que m’a apporté ce corpus. J’ai sût dire pourquoi j’aimais. J’ai su trouver ce qui me plaisait, j’ai réussi à poser des mots dessus. J’ai aussi vu se dégager une certaine poésie de la plupart de mes oeuvres. Un peu comme si un voile se posait dessus au fur et à mesure que j’avançais dans mes recherches. J’ai commencé à écrire sans trop savoir où j’allais, j’avais le but en tête mais il était encore très flou. J’étais un peu perdu au milieu de toutes ces informations mais au fil des textes, je pense avoir plutôt réussi à remettre ces informations dans le bon ordre. Le fil conducteur de mon corpus n’est arrivé qu’assez tard, et pourtant malgré moi, les oeuvres que j’avais déjà choisi s’insérait, pour la majeure partie, dans la thématique. Ces textes et ces oeuvres me reflètent plutôt bien finalement. Peut-être que moi aussi, je suis faite de plusieurs niveaux de lecture. J’ai choisi des oeuvres, pour la plupart assez contemporaines. Je pense que c’était des oeuvres qui me plaisaient mais je n’avais jamais vraiment pris le temps de les approfondir. Je n’avais pas forcément à leur mettre un sens autre que celui qui nous saute aux yeux tout de suite. On ne voit souvent que la surface de ces oeuvres. C’est donc pour ça que je suis rentrée dans ce jeu de
niveaux de lecture. J’ai gratté un peu plus loin que leurs simples façades. Plus je dévérouillais, plus j’approfondissais, je m’enfonçais dans les oeuvres, j’ai tissé des liens entre les artistes. Ce qui m’a apporté un développement plus diversifié. Écrire m’a vraiment montré que des oeuvres que je n’avais fait qu’effleurer cachent en réalité beaucoup plus. Je pensais les connaître, en fait pas vraiment. Je les ai vu autrement, je les ai retournées et creusées à ma façon. J’ai senti une certaine liberté d’écriture sur plusieurs oeuvres. Je suis allée où je voulais.
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Textes écrits et mis en page par Manon Rey.
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Dans le cadre du projet d'écriture Corpus, à l'Ecole Supérieure d'Arts de Lorraine, Epinal, 2016.
Réfraction noixefléR et
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