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FLORENCE MENDEZ

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L’HUMORISTE QUI NE MÂCHE PAS SES MAUX

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Sur France Inter ou sur Téva, ses chroniques décapent. Dans son spectacle intitulé Délicate, la tornade belge brise les tabous, à commencer par sa santé mentale. Florence Mendez, une dure à cuire au cœur tendre.

Vous êtes très cash. Cette franchise vous a-t-elle joué des tours ?

Bien sûr ! Mais plus que de la franchise, c’est de l’intégrité. J’ai des valeurs chevillées au corps et je n’arrive pas à passer outre. Il m’est déjà arrivé de perdre un travail ou une opportunité parce que j’ai refusé de plier sur mes convictions. Dire les choses peut porter préjudice mais c’est toujours plus supportable que de ne pas pouvoir se regarder dans une glace.

Votre forte tête, c’est le ressort de votre humour ?

Complètement. Sur scène et sur les réseaux, c’est ce côté grande gueule et rentre-dedans qu’attendent les gens qui me suivent. Ils savent que cette facette est soutenue par de vraies valeurs, que ce n’est pas une posture. Que je suis quelqu’un d’honnête qui ne cherche pas à dissimuler sa nature.

Derrière votre grande gueule se cache un fond de délicatesse ?

Carrément, je suis un monstre de sensibilité. Je pleure facilement car je ressens de l’empathie tout le temps et pour tout le monde. Je me révolte très vite pour une injustice. Mon hypersensibilité est protégée par mon côté un peu badass et dur à cuire. Sans ça, je ne survivrais pas dans ce monde.

Intituler votre spectacle Délicate sous-entend que vous ne le serez pas ?

Oui, le titre est vraiment à double sens, comme l’affiche d’ailleurs. J’y suis en talons hauts et robe à fleurs avec col Claudine, mais je tiens une épée et un gantelet. L’affiche est à l’image du titre. Avant le spectacle, les gens vont se dire « elle va en envoyer » et en ressortant, ils se disent « il y a quand même de la délicatesse et de la fragilité en elle ».

Vous parlez beaucoup de santé mentale, pourquoi ?

J’ai un trouble du spectre autistique sans déficience, je suis donc autiste Asperger. Je l’ai appris il y a cinq ans, donc très tard dans ma vie. J’ai été diagnostiquée suite à un épisode de maladie mentale assez sévère qui s’appelle un trouble panique. Ce sont des crises récurrentes et très violentes qui donnent l’impression que votre vie est finie, que vous allez mourir, c’est vraiment l’enfer. Après avoir été soignée, j’ai pensé qu’il fallait en parler car c’est un tabou immense. Lorsque je n’allais pas bien, on ne me sortait plus en soirée, j’étais la tante folle qu’on cache au premier étage quand arrivent des invités. En parler est mon cheval de bataille, cela peut sauver des gens.

C’est un sujet qu’on peut traiter avec humour ?

Absolument ! Il y a des passages vraiment drôles. Je m’amuse de mon autisme, des choses incongrues qu’il peut m’amener à faire, je rigole de mes attaques de panique : quand je me retrouve pour la 17ème fois aux urgences, que je tisse des liens avec le personnel soignant. Le côté merveilleux dans la condition humaine, c’est que même dans le pire, des petites fleurs de beau parviennent à pousser. Je n’ai fait que les cueillir et les offrir au public de mon spectacle.

Sans votre côté névrosé, auriez-vous pu devenir humoriste ?

Non, je ne pense pas. Je crois que c’est John Lennon qui disait : si mes parents n’avaient pas divorcé, j’aurais été heureux, je serais devenu comptable. Le besoin d’exprimer quelque chose artistiquement vient souvent d’une blessure. Un artiste n’est pas moins légitime parce qu’il n’a pas souffert mais dans mon cas, mon mal a déclenché l’expression artistique. Ça n’a pas été facile d’en parler sur scène. Ma directrice artistique m’a encouragé à le faire mais avant d’en rire, il a fallu beaucoup de thérapie.

Fixez-vous des limites quand vous évoquez votre vie personnelle ?

Au début, je faisais beaucoup de blagues sur ma vie

amoureuse et puis je me suis posé la question de l’intérêt. J’ai énormément élagué et fait en sorte que chaque vanne vienne sous-tendre un propos, une histoire. Si je raconte une histoire de cul, c’est qu’elle m’est arrivée pour une raison. Je ne veux pas dire un truc gros juste pour faire rire les gens. Je pratique de moins en moins l’humour gratuit.

Vous êtes chroniqueuse dans l’émission « Piquantes » sur Téva. Prête à rempiler ?

C’est ma troisième saison, l’émission marche vraiment bien. Piquantes, c’est une dream team. Toutes les filles avec qui je travaille sur le plateau sont devenues mes amies pour la vie. Il s’est passé quelque chose entre nous, un lien s’est créé et on ne s’est plus jamais lâché. Cette expérience m’apporte de la confiance en moi, en les femmes, et de la solidarité aussi. « SUR SCÈNE C’est un challenge qui me pousse à ET SUR LES écrire plus haut, mieux, parce que j’admire ces nanas et que j’ai envie RÉSEAUX, C’EST de les faire marrer.

CE CÔTÉ GRANDE Ça vous a fait quoi de rejoindre l’équipe de Nagui sur France Inter ?

GUEULE ET C’était le Graal ! J’ai reçu un coup de RENTRE-DEDANS fil l’été dernier. Je ne m’y attendais QU’ATTENDENT pas du tout. Ah bon, quoi vous êtes sûr ? Pendant une semaine je n’ai rien LES GENS QUI dit à personne au cas où ils s’étaient ME SUIVENT. » trompés ou qu’ils aient changé d’avis. C’est merveilleux d’être entourée de tels talents de l’humour et du stand up comme Guillermo Guiz, Jérémy Crédeville ou Fanny Ruwet… C’est chouette de vivre cette aventure entre potes, d’arriver dans un milieu aussi impressionnant et, avec mes compatriotes belges, de se dire : mais quel bol on a d’être ici !

Votre projet d’écrire un roman, c’est une vanne ?

Non, non, c’est très sérieux. J’en ai envie depuis longtemps. J’écris des passages qui me viennent des tripes. Je le fais quand je le sens mais je suis très mauvaise pour planifier. J’ai ajouté des pages et des pages sans faire de trame. Ce qui était embêtant car je ne savais pas où j’allais. À présent, j’ai un plan bien défini et je suis sur la dernière ligne droite pour vraiment avancer. Ce sera une espèce de conte sur le suicide. Un livre très noir avec beaucoup d’humour.

Propos recueillis par Nathalie Truche

Florence Mendez - en tournée avec son spectacle « Délicate » en Belgique et en France en 2022 et 2023

florencemendez.be

www.moka-mag.com

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