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L'ÉLOGE DE LA LENTEUR
Partir pour un Grand Tour. Gregory, Thomas, Alexandre et Helias ont tiré des traîneaux, marché, escaladé, glissé et rafté sur plus 700 km, à travers l'Alaska et le Yukon.
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OBJECTIF LOGAN
PHOTOS : GREGORY, THOMAS, ALEXANDRE ET HELIAS TEXTE : ARTHUR GHILINI
Partir faire un tour. Un Grand Tour. Sinon, à quoi bon ? A l’heure où les clichés Instagram nous ramènent toujours aux mêmes endroits, sur la même montagne, sur la même plage, avec une lumière et un cadrage identiques. Alors que la plupart d'entre nous court après de quelconques “7 summits“, en comptant le temps qui passe entre un pas dans la neige et une séance de télétravail. Il en est d'autres qui n'ont tout simplement pas de smartphone.
Du coup : dur pour eux de suivre la tendance. Mais le gros avantage, c'est que l’on peut lever la tête, et ainsi voir où vos pas vous mènent. Pas d’autre choix que de prendre le temps de sortir une carte en papier, un petit carnet, une boussole ; une montre même ! Ne naît pas aventurier qui peut, mais qui veut. Sauf qu’il faut s'en donner les moyens. Et si vous êtes tout de même vaguement hantés par la maladie de l'influenceur des temps modernes, il faudra aller chercher loin, très loin, pour ramener LA photo, de celles appelées à devenir de nouvelles références à reproduire. Pour être certain de combler tous ses besoins, la ‘bande du Logan’, elle, a fait dans la démesure. S’offrir le deuxième plus haut sommet d’Amérique du Nord pour y apposer sa ‘first descent’, ça a de la gueule comme projet ! Helias Millerioux en est persuadé. Ce gentil gaillard, discret malgré ses origines citadines, se balade aujourd'hui un Piolet d'Or sur le sac, mais il n'a pas toujours été si aussi sûr de lui. L’envie de prendre de la hauteur, me direz vous !? Quel Parisien n'a pas un jour rêvé de se sortir du béton pour lever ses poings vers le ciel au sommet d'un pic vierge ? Ce n'est pas la première fois, non. Ce n'est pas pour autant plus facile à avaler pour un Chamoniard, mais oui, l'ambition de ce genre de mec a déjà poussé plus d'un Montagnard à sortir de sa vallée. Et quand il faut sortir de son trou : on fait désormais confiance à Helias. C'est du moins ce qu'ont fait le snowboarder Thomas Delfino, le monoskieur Alexandre Marchesseau, tout comme le spécialiste de l’eau-vive Gregory Douillard. Ils ont ‘suivi le guide’ dans un périple de plus de 700 km, à travers l'Alaska et le Yukon, en passant par le plus haut sommet du Canada, pour finir par la descente de l'une des rivières les plus sauvages de la planète.
L'idée un peu folle
Partir de l’océan Pacifique pour revenir à l'océan Pacifique en passant par le mont Logan.
Gravir le mont Logan. C'est le deuxième plus haut sommet d'Amérique du Nord, culminant à 5959m d’altitude.
Sur sa face Est, se trouve une arête de plus de 3800m de dénivelé, que personne n'a jamais skiée : la ‘East ridge’. Objectif : descendre ladite ‘East ridge’, en prenant un skieur, un monoskieur et un snowboardeur, histoire de torcher d’un coup toutes les ‘first descents’ possibles.
Y accéder par la Copper river - Pour y aller, prendre des luges pour tirer le matos à pied // Rentrer par la Copper river – À la descente, prendre un raft // Pour manger, ce sera des lyophilisés // Ne pas oublier d'en chier. …
LES AVENTURIERS UN PEU FOUS
• HELIAS MILLERIOUX, skieur et guide de haute montagne, piolet d’or, vainqueur du Nuptse, et diplômé du BE jardinerie COVID-19.
• THOMAS DELFINO, snowboarder aventurier, instigateur du projet Zabardast, et ambassadeur Protect Our Winter.
• ALEXANDRE MARCHESSEAU, guide de haute montagne, monoskieur émérite, et testeur de crème pour la peau en conditions extrêmes.
• GREGORY DOUILLARD, spécialiste en eau-vive, demandeur de nouvelles sensations, et malheureusement victime de mal de dos !
Ne pas oublier, on n’en trouve pas sur place :
475 portions de nourriture lyophilisée / 67 rouleaux de PQ / 2 gallons d'essence / 11 bouteilles de gaz / 2 réchauds à essence / 2 réchauds à gaz / 2 paires de chaussettes chacun / 1 slip chacun / Des paillettes bleues pour le beau temps / Des paillettes jaunes pour la bonne humeur / 600 g de vrai-faux CBD / Deux routeurs météo / Deux GPS // Des sponsors financiers ; mais pas de bol, ils n’en ont pas trouvé avant de partir, et sur place non plus.