VOGUE • N° 1025 • MARS 2022
MARS N°1025
Vogue / Les Publications Condé Nast / www.vogue.fr
Libre!
L 13515 - 1025 - F: 4,90 € - RD
LAETITIA CASTA
DOM BATEAU 6,95 €. TOM 1400 CFP. ALLEMAGNE 11,90 €. ANDORRE 6,90 €. AUTRICHE 13,95 €. BELGIQUE 5,90 €. CANADA CAD $ 14,95. ESPAGNE 5,95 €. FINLANDE 12,95 €. GRANDE-BRETAGNE 5,95 £. GRÈCE 7,50 €. ITALIE 5,90 €. LUXEMBOURG 6,50 €. PAYS-BAS 7,20 €. PORTUGAL 7,90 €. SUISSE 10,90 CHF. USA 16,95 $.
VOGUE.FR
D I O R . C O M - 01 4 0 7 3 7 3 7 3 P H O T O G R A P H I E S R E T O U C H É E S
mars N°1025
108 LAETITIA CASTA, photographiée par CARLIJN JACOBS, porte un catsuit drapé asymétrique à large nœud, en jersey satiné, et des manchettes en métal doré, SAINT LAURENT. Maquillage Yves Saint Laurent Beauté avec la Touche Éclat Le Teint B10, le Couture Blush 14, le Satin Crush Radical Rust, le Mascara Lash Clash Noir, et sur les lèvres, le Rouge à Lèvres Rouge Pur Couture Mystery Red. Réalisation Imruh Asha, assisté de Laura Guillon, Aroua Ammari et Lauraly Tran.
88 90 46
LA MODE S’EN VA AUX CHAMPIGNONS Grâce au mycélium, le cuir végétal arrive. Par Marie Bladt
L’HÉRITAGE ABLOH Les créations posthumes de Virgil pour rendre le milieu de la mode plus inclusif. Par Alice Newbold, photographe Scott Trindle, réalisation Kate Phelan.
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DE L’ALLURE
Les tendances du printemps : cuir et jean, color block, clubbing, vestiaire officewear. Par Héloïse Salessy et Alexandre Marain.
LA LISTE DE… LAETITIA CASTA Les objets fétiches et les admirations de notre invitée. Par Hugo Compain
VERS LES SOMMETS ET AU-DELÀ
Comment la doudoune Moncler a gravi tous les sommets, luxe et art compris. Par Sylvia Jorif
QUE LA FEMME SOIT !
La créatrice albanaise Nensi Dojaka ravit la mode avec ses tenues légères. Par Charlotte Brunel
ESPRIT REBELLE
De sublimes bijoux là où on ne les attend pas. Photographe Elizaveta Porodina, réalisation Victoire Simonney.
CARLIJN JACOBS
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Printemps Été 2022 Photographie David Sims
46 avenue Montaigne, Paris loewe.com
DUA LIPA
L’ EAU DE PARFUM
YSLBEAUTY.COM
L’ORÉAL – SA AU CAPITAL DE 112.324.548,80 € – 14 RUE ROYALE – PARIS 8ÈME – RCS PARIS 632 012 100.
140 142 154 157 Bague sertie d’une émeraude, de diamants blancs et de couleur, bague sertie de tsavorites et spessartites, bague sertie de jade et saphirs bleus, bague sertie de pierre de lune, rubis, saphirs et émeraudes, et bague sertie de péridots et saphirs, le tout en or jaune et or blanc gravés, BUCCELLATI. Bague en or blanc avec un diamant taille brillant et diamants, BULGARI (main à droite, en haut). Top croisé, COURRÈGES. Collants, FALKE.
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PUISSANCE DIAMANTS
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UN TERROIR NOMMÉ DÉSIR
ELIZAVETA PORODINA; PAOLA KUDACKI
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“LIBERTÉ ET NON-LIBERTÉ SONT LIÉES”
Maggie Nelson publie un ouvrage sur la tension entre libertés individuelles et soin. Rencontre. Par Lauren Bastide
MISS BRETAGNE
Une série qui respire le grand large et une mode mixant allure, confort et… folklore. Photographe Estelle Hanania, réalisation Ally Macrae.
BOL D’AIR BRETON Nos adresses en Bretagne, ou un art de vivre vivifiant. Par Jade Simon
UNE BELLE PERSONNE
Laetitia Casta est entourée d’experts beauté bienveillants et veut des produits idem. Par Frédérique Verley
EXPLORATIONS
Tout les produits beauté qui nous inspirent cette saison. Par Mélanie Deffouilloy et Mélanie Nauche.
Des compositions joaillères en or blanc et diamants d’une grande et belle rigueur. Sélection Laura Guillon
En riposte à l’engouement vegan, les plaisirs culinaires décomplexés reviennent. Par Jade Simon
SO CALLE(d) LIFE
Sophie Calle convoque dans une exposition “Les fantômes d’Orsay”. Entretien. Par Sophie Rosemont, photographe Jules Faure.
RENDEZ-VOUS
L’agenda culturel du printemps. Par Sylvia Jorif, Charlotte Brunel, Manon Garrigues, Sophie Rosemont.
Le Very Peri est la teinte Pantone de l’année, écho aux écrans tactiles et aux possibilités créatives du futur. 55
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DENTELLE OLFACTIVE
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MAESTRIA CASTA
200 212
Avant même son métier, c’est l’art de vivre qui meut Laetitia Casta. Entretien fleuve. Texte Arthur Dreyfus, photographe Carlijn Jacobs, réalisation Imruh Asha.
TRAITÉ DE SÉDUCTION
La collection de Miuccia Prada et Raf Simmons interroge la séduction aujourd’hui. Texte Sylvia Jorif, photographe Hugo Comte, stylisme Helena Tejedor.
STARMANIA
Artistes du 7e art en lice pour les Oscars. Photographe Greg Williams, stylisme Law Roach.
Robe en coton, IKKS. Veste longue en dentelle de coton, 2 MONCLER 1952 WOMAN. Veste Dimarik à manches courtes, ISABEL MARANT. Cuissardes blanches en cuir caoutchouté, MAISON MARGIELA. Casquette Dyna en tweed de coton, MAISON MICHEL.
LES NÉOROMANTIQUES
Une mode punk faite de jupons et de poésie vintage. Photographe Ethan James Green, réalisation Camilla Nickerson.
Col roulé en cachemire, jupe en satin, short en polyester, escarpins en cuir, PRADA.
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EXPRESS YOURSELF
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BODY LANGUAGE
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Des dessous chics sens dessus dessous. Photographe Alasdair McLellan, réalisation Jane How. La mode s’intéresse enfin à toutes les morphologies. Texte Maya Singer, photographe Zoë Ghertner, réalisation Julia Sarr-Jamois.
L’HOROSCOPE DE LA MODE Par Julie Patriat
L’ÉMOI DU MOIS
Photographe Scott Trindle, réalisation Julia Sarr-Jamois.
Vogue (ISSN 0750-3628) is published 10 times a year (except in January and July) by Condé Nast France and distributed in the USA by UKP Worldwide, 1637 Stelton Road, Ste B2, Piscataway, NJ 08854. Pending Periodicals postage paid at Piscataway, NJ. POSTMASTER : Send address changes to Vogue, Condé Nast France, C/o 1637 Stelton Road, Ste B2, Piscataway NJ 08854. On poursuivra conformément aux lois la reproduction ou la contrefaçon des modèles, dessins et textes publiés dans la publicité et la rédaction de Vogue © 2022. Les Publications Condé Nast. Tous droits réservés. La rédaction décline toute responsabilité pour tous les documents, quel qu’en soit le support, qui lui seraient spontanément confiés. Droits réservés ADAGP pour les œuvres de ses membres. Ce numéro comporte un encart abonnement France jeté dans les ventes kiosques France, un encart abonnement Suisse jeté dans les ventes kiosques Suisse, un encart abonnement Belgique jeté dans les ventes kiosques Belgique, et un échantillon Armani collé dans la diffusion France : Kiosques Paris et abonnés France.
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HUGO COMTE ; ESTELLE HANANIA
188
Cinq parfums qui habillent la peau d’un souffle. Par Mélanie Nauche
Solitaires & Alliances
Haute Joaillerie, place Vendôme depuis 1906
Boutique en ligne www.vancleefarpels.com - +33 1 70 70 02 63
LE POINT DE VUE DE VOGUE
L 68
a femme française : qui mieux que Laetitia Casta pour l’incarner ? Que dis-je, incarner… Laetitia EST la femme française ! Au firmament de la mode et du cinéma bleu blanc rouge depuis plus de vingt ans, elle est le sexy et le chic à la fois, le charme et la discrétion, le feu et la glace, le mythe et la réalité. Comme le souligne Arthur Dreyfus dans l’entretien confidence qu’elle nous donne page 170, “Casta appartient à notre paysage affectif : elle est une amie de la famille, dont le sourire parle davantage que mille pages”. Ici, sous l’objectif de Carlijn Jacobs et habillée par Imruh Asha, deux contributeurs stars de Vogue France, elle est la liberté, le mouvement, les formes, le caractère et la puissance. Et révèle un nouveau pan d’elle-même, une spontanéité, de l’humour et un franc-parler qui nous touchent ici à Vogue France. Elle désacralise même la féminité. Comme elle le dit si bien, “la femme peut être tout aussi eff royable que l’homme. Meurtrière. Dangereuse. Elle n’est pas qu’une petite victime innocente et fragile. Quand on admettra la femme dans son entité, on aura fait un pas. Qu’on sorte un peu de la vierge et de la pute, parce que ça commence à dater !” Ce pas, nous le faisons ensemble, ici, aujourd’hui sans filtre grâce à vous Laetitia. Bonne lecture !
CELYA BENDJENAD
Laetitia Casta sur le shoot, devant l’objectif de Carlijn Jacobs. Robe en satin, BOTTEGA VENETA. Mocassins en cuir de veau à plateforme, VERSACE. Boucle d’oreille Dior Tribale en métal, finition dorée et perles en laque, DIOR.
CONTRIBUTEURS
ARTHUR DREYFUS
À 35 ans, il est écrivain et réalisateur. Son premier long métrage, Noël et sa mère, est sorti au cinéma en décembre 2021. Publié aux éditions P.O.L, son Journal sexuel d’un garçon d’aujourd'hui de plus de 2 000 pages a marqué l’année littéraire 2021. Ancien journaliste à France Inter, il prête sa plume à Vogue France depuis plusieurs années, notamment pour les grands entretiens, dont celui avec la lumineuse Laetitia Casta (p. 170).
IMRUH ASHA
L’héritage néerlando-c aribéen de ce styliste, consultant et rédacteur mode, transparaît dans son travail où se mêlent connaissance des arts et passion des couleurs vibrantes. Parallèlement, il crée des sculptures textiles à partir de vêtements usés. Imruh Asha vit à Paris. Ce mois-ci, il signe le stylisme flamboyant du shooting mode consacré à Laetitia Casta (p. 170).
ALLY MACRAE
La photographe et réalisatrice, née aux Pays-Bas, a étudié à la Willem de Kooning Academy à Rotterdam. Associée à une nouvelle génération d’artistes qui ont grandi dans l’accès facile et illimité aux images historiques et contemporaines, Carlijn Jacobs s’inspire du surréalisme, de l’Art déco et du mouvement Camp. Sa première monographie, Mannequins, a été publiée en 2021 par Art Paper Éditions. Elle travaille pour Vogue France, Vogue Italia, AnOther Magazine et M le Monde. Carlijn Jacobs vit à Paris. Dans ce numéro, Laetitia Casta a enchanté son objectif (p. 170). 76
Hugo Comte
L’expérience interdisciplinaire, depuis ses études d’architecture à Paris, a façonné chez lui une construction photographique pointue. Hugo Comte crée un monde onirique, existant indépendamment d’un temps ou d’une époque. Influencé par la photographie de mode des années 1990, il crée des images captivantes dont le centre est le modèle, capturant l’intériorité de ses sujets. Sa vision multiculturelle lui permet de s’exprimer dans différents médiums (cinéma, musique, design d’intérieur…). Il signe une série très arty (p. 188), déambulation dans une galerie avec Prada.
CARLIJN JACOBS ; HUGO COMTE
Carlijn Jacobs
Cette styliste de mode basée à Paris est originaire d’Australie. Ses études aux BeauxArts et de danse influencent son travail actuel ; elle joue avec la texture, la couleur et le mouvement pour explorer la mode et le corps. Elle signe la réalisation du “Miss Vogue” de ce mois, shooté sous les embruns bretons (p. 142).
Head of editorial content EUGÉNIE TROCHU Rédactrice en chef magazine SYLVIA JORIF • Rédactrice en chef beauté FRÉDÉRIQUE VERLEY Responsable éditoriale et rédactrice lifestyle JADE SIMON • Coordinatrice éditoriale et rédactrice MARIE PÉRIER Rédactrice mode HÉLOÏSE SALESSY • Rédacteur mode et culture ALEXANDRE MARAIN • Rédactrice culture MANON GARRIGUES Rédactrice joaillerie et Vogue Lovers EMELINE BLANC • Rédactrice green et beauté MARIE BLADT Rédactrice et market editor beauté MÉLANIE DEFOUILLOY • Rédactrice beauté MÉLANIE NAUCHE Rédacteur mode et réseaux sociaux HUGO COMPAIN • Rédactrice affiliation MARIE COURTOIS Chef d’édition version anglaise HANNAH IKIN • Assistante mode LAURA GUILLON Rédactrice beauté New York CAROLE SABAS Directrice artistique CELYA BENDJENAD Secrétariat de rédaction MARIE BAUDET, ISABELLE POTEL Art Producer BLANDINE OGER Responsable du pôle traduction ÉTIENNE MENU Gestionnaire de la rédaction KEREN ZENATI Ont collaboré à ce numéro : JULIE ACKERMANN, IMRUH ASHA, LAUREN BASTIDE, CHARLOTTE BRUNEL, HUGO COMTE, ARTHUR DREYFUS, JULES FAURE, ZOË GHERTNER, ETHAN JAMES GREEN, ESTELLE HANANIA, JANE HOW, CARLIJN JACOBS, HERVÉ LONCAN, ALASDAIR MCLELLAN, ALLY MACRAE, ALICE NEWBOLD, CAMILLA NICKERSON , JULIE PATRIAT, KATE PHELAN, LAW ROACH, SOPHIE ROSEMONT, ELIZAVETA PORODINA, JULIA SARR-JAMOIS, VICTOIRE SIMONNEY, MAYA SINGER, HELENA TEJEDOR, SCOTT TRINDLE, GREG WILLIAMS Chief Content Officer and Global Editorial Director of Condé Nast ANNA WINTOUR European Editorial Director Vogue EDWARD ENNINFUL Global Creative Director JUAN COSTA PAZ European Design Director JAN-NICO MEYER Global Print Strategy Lead & European Content Operations Director MARK RUSSELL
Direction CONdÉ nast france
Présidente et directrice de la publication NATALIA GAMERO DEL CASTILLO • Assistante de direction VIVIANE AMANS Chief Business Officer DELPHINE ROYANT • Directrice de la diffusion et du marketing clients DOMINIQUE DIRAND Directeur de la production et de la distribution FRANCIS DUFOUR • Directrice de la communication BERNIE TORRES Directrice des ressources humaines NADIA BENHAYYAN • Directrice financière ISABELLE LÉGER
marketing publicité & contenus
Directrice commerciale MURIELLE MUCHA Équipe commerciale Fashion, Luxury & Beauty CÉCILE BOUTILLIER, CÉLINE DELACQUIS, STÉPHANIE DUPIN, SOPHIE MAAREK, SOPHIA MASUREL, GÉRALD PASSY • Équipe commerciale Lifestyle FRÉDÉRIC FOSSARD, KARIMA KERICHE, MARIE-CHRISTINE LANZA, PHILIPPINE RENAUD Agents LAURENT BOUAZIZ (lbouaziz@llbcom.com), AGNÈS WANAT (agnes@adwestmedia.eu), PAOLA ZUFFI (paola.zuffi@zeta-media.it) Administratrice des ventes KARINE GAU • Directrice de la stratégie média VICTORIA BRAVO Directrice des opérations natives MARINE GUIGON MOMPEZAT • Directrice Creative CNX Studio SARAH HERZ Directrice Event & Partenariat JENNIFER INGRAND • Responsable Event & Partenariat STÉPHANIE LEFEBVRE
Pôle Images
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Production & Distribution
Chef de fabrication CÉCILE REVENU
Diffusion & marketing clients
Ventes FABIEN MIONT • Abonnements MÉLODIE BAUDUSSEAU • Service clients et abonnés AURÉLIE GENDRON
Vogue collection E-Shop
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abonnements
www.vogueparis.com/fr/abonnement.asp, en France métropolitaine 1 an, 10 numéros, 25 €. Vogue Service Abonnements, ADM, 22D, rue du Général-Leclerc, 80 000 Amiens. Tél. 0809 40 04 41 (appel non surtaxé) vogue@condenast.fr Pour la Suisse : Asendia Press Edigroup SA. Tél. 022 860 84 01. 1 an, 10 numéros, 79 CHF. abonne@edigroup.ch Pour la Belgique : Asendia Press Edigroup SA. Tél. 070 233 304. 1 an, 10 numéros, 39,95 €. abonne@edigroup.be Commande d’anciens numéros pour la France et l’étranger : +33(0)2 28 97 09 45. email : patrimoine.condenast@gmail.com VOGUE (ISSN 0750-3628) is published 10 times per year (except in January and July) by Publications Condé Nast SAS.
à nos abonnés : les noms, prénoms et adresses de nos abonnés sont communiqués à nos services internes et aux organismes liés contractuellement aux Publications Condé Nast SAS sauf opposition motivée. Dans ce cas, la communication sera limitée au seul service de l’abonnement. Les informations pourront faire l’objet d’un droit d’accès ou de rectification dans le cadre légal. Vogue est une publication mensuelle, avec 10 numéros par an. Les Publications Condé Nast, société par actions simplifiée au capital de 10 376 000 €, ÉDITENT VOGUE. Pour envoyer un mail, les adresses se composent comme suit : l’initiale du prénom + nom (collés)@condenast.fr N° 1025 — Mars 2022 80
conDÉ nast ROGER LYNCH, Chief Executive Officer PAMELA DRUCKER MANN, Global Chief Revenue Officer & President, US Revenue ANNA WINTOUR, Global Chief Content Officer AGNES CHU President, Condé Nast Entertainment JACKIE MARKS Chief Financial Officer DEIRDRE FINDLAY, Chief Marketing Officer STAN DUNCAN, Chief People Officer DANIELLE CARRIG, Chief Communications Officer ELIZABETH MINSHAW, Chief of Staff SANJAY BHAKTA, Chief Product & Technology Officer KARTHIC BALA, Chief Data Officer JAMIE JOUNING, Chief Client Officer CHRISTIANE MACK Chief Content Operations Officer chairman of the boarD JONATHAN NEWHOUSE ÉDitions internationales ALLEMAGNE : Vogue, GQ , GQ Style, AD, Glamour ESPAGNE : Vogue, Vogue Novias, Vogue Niños, Condé Nast Traveler, Glamour, GQ , AD, Vanity Fair, Condé Nast College Spain ÉTATS-UNIS : Vogue, Teen Vogue, Vanity Fair, Glamour, Self, GQ , GQ Style, The New Yorker, Condé Nast Traveler, Allure, AD, Bon Appétit, Healthyish, Epicurious, Wired, Ars Technica, Pitchfork, Them, Basically, Clever, Hive, The Scene, La Cucina Italiana FRANCE : Vogue, Vogue Collections, AD, AD Collector, GQ , Vanity Fair GRANDE-BRETAGNE : Vogue, House & Garden, Tatler, The World of Interiors, GQ , GQ Style, Vanity Fair, Condé Nast Traveller, Glamour, Condé Nast Johansens, Love, Wired INDE : Vogue, GQ , Condé Nast Traveller, AD ITALIE : Vogue, L’Uomo Vogue, AD, Condé Nast Traveller, GQ , Vanity Fair, Wired, La Cucina Italiana, Experience Is JAPON : Vogue, Vogue Girl, Vogue Wedding, GQ , Wired, Rumor Me MEXIQUE et AMÉRIQUE LATINE : Vogue, Glamour, AD, GQ ROYAUME-UNI : Vogue Business, Condé Nast College of Fashion & Design, London HQ TAIWAN : Vogue, GQ publiÉs en Joint Venture BRÉSIL : Vogue, Casa Vogue, GQ , Glamour RUSSIE : Vogue, GQ , GQ Style, AD, Glamour, Glamour Style Book, Tatler sous licence ou copyright AFRIQUE DU SUD : House & Garden, GQ , GQ Style, Glamour ALLEMAGNE : GQ Bar Berlin AUSTRALIE : Vogue, Vogue Living, GQ BULGARIE : Glamour CHINE : Vogue, Vogue Business in China, Vogue+, Vogue Film, AD, Condé Nast Traveler, GQ , GQ Style, GQ Lab, Vogue Café Beijing CORÉE : Vogue, GQ , Allure, Wired GRÈCE : Vogue HONGRIE : Glamour HONG KONG : Vogue, Vogue Man MALAISIE : Vogue Lounge Kuala Lumpur MIDDLE EAST : Vogue, Condé Nast Traveller, AD, GQ , Wired, Vogue Café Riyadh PAYS-BAS : Vogue, Vogue Man, Vogue Living POLOGNE : Vogue, Glamour PORTUGAL : Vogue, GQ , Vogue Café Porto RÉPUBLIQUE TCHÈQUE et SLOVAQUIE : Vogue ROUMANIE : Glamour SCANDINAVIE : Vogue SERBIE : La Cucina Italiana SINGAPOUR : Vogue THAÏLANDE : Vogue, GQ TURQUIE : Vogue, GQ , Vogue Restaurant Istanbul UKRAINE : Vogue, Vogue Man Condé Nast est un groupe média mondial de contenu premium, présent dans 32 pays, auprès de plus d’un milliard de consommateurs. condenast.com
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DE LA TERRE À LA PEAU, NATURELLEMENT
NATURELLE
LA NOUVELLE POUDRE BONNE MINE 96 % D’ORIGINE NATURELLE* * Selon la norme ISO 16128. Les 4 % restants contribuent à l’intégralité et à la sensorialité.
L’AVENIR de la mode prend racine, en ce moment même… grâce au MYCÉLIUM, qui reproduit l’aspect du cuir. Une matière végane aux promesses infinies. Par MARIE BLADT.
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A
ux matières animales – cuir et fourrure –, nombre de créateurs préfèrent aujourd’hui des alternatives. “En plus d’être extrêmement cruel, l’élevage animal est responsable de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et conduit à la déforestation d’écosystèmes vitaux, comme la forêt amazonienne”, rappelle Stella McCartney, figure de proue d’une mode de luxe éthique depuis plus de vingt ans. La solution résiderait dans des options végétales. Depuis peu, l’une d’entre elles, qui a toutes les chances de révolutionner la prochaine décennie, semble remplir le cahier des charges des maisons de mode. Elle se trouve sous nos pieds… Avec une jolie symbolique, puisque, comme l’introduit le fascinant documentaire Netflix qui leur est consacré, Fantastic Fungi, “les champignons représentent la renaissance, la régénération”. Il faut creuser davantage : “L’essentiel du champignon pousse sous terre, composé de longs fils. Ces derniers font pousser une cellule à la fois. Ils se divisent et se redivisent (...). Cette masse s’appelle un mycélium”, résume la journaliste Eugenia Bone dans le film. C’est avec ces racines, qualifiées de “magiciennes du sol” par le mycologue Paul Stamets lors d’un TED Talk en 2008, que Bolt Threads, en collaboration avec Stella McCartney, s’attelle, depuis six ans, à fabriquer le cuir de l’avenir. “Le mycélium pousse dans un laboratoire en deux semaines seulement, avec des ingrédients naturels et en utilisant uniquement de l’énergie verte”, précise la Ensemble en Mylo™, créatrice. Il est naturel et biodégradable, et son empreinte Stella McCartney. carbone est quasiment nulle. Une avancée considérable en comparaison avec l’immensité des ressources requises pour l’élevage d’un bétail. Grâce à la biotechnologie, l’alliance entre la compagnie californienne et la créatrice britannique a donné naissance à une matière inédite, qui reproduit l’aspect, la texture et le poids de la peau de l’animal avec une justesse jamais atteinte jusqu’ici : le Mylo™️. En 2018, un premier prototype était présenté à l’exposition londonienne “Fashioned From Nature”, avec une déclinaison de l’emblématique sac Falabella. Trois ans plus tard, Stella McCartney révélait la première tenue à base de cette innovation mise en lumière la même année à la COP26. Son défilé printemps-été 2022 Tapis de yoga en présentait comme pièce maîtresse le sac Mylo™, lululemon. Frayme, premier modèle au monde en Mylo™. La créatrice et Bolt Threads ont, en outre, signé un accord avec le groupe Kering, Adidas et lululemon, pour étendre les racines des champignons dans toutes les strates de la mode : les premières pousses ont donné lieu à des baskets aux trois bandes 100 % véganes, ainsi qu’à un tapis de yoga et à deux sacs nouvelle génération dévoilés par lululemon, label sportif prisé des yogistes, de P aris à L.A. En parallèle, Hermès a lancé Victoria, un sac en S ylvania, une matière développée grâce à la technologie de biofabrication Fine Mycelium, de la start-up américaine MycoWorks. Un cuir qui, espère-t-on, poussera comme un champignon.
LA MODE S’EN VA AUX CHAMPIGNONS
PRESSE ; STELLA MCCARTNEY ; LULULEMON
VOGUE GREEN
ENGAGEMENT
L’héritage ABLOH Par ALICE NEWBOLD. Adaptation JULIE ACKERMANN. Photographe SCOTT TRINDLE. Réalisation KATE PHELAN.
V Sweats à capuche, 180 €, et T-shirt, 120 €, THE BLACK CURRICULUM. La totalité des recettes sont reversées à The Black Curriculum. Plus d’informations sur shop.vogue.co.uk 90
irgil Abloh a redéfini les codes du luxe avec sa marque Off-White et ses collections Louis Vuitton pour homme, mais son influence a toujours transcendé le champ du style. Le créateur prodige était animé par une mission : rendre ce milieu plus inclusif. Décédé à 41 ans en novembre 2021, il laisse ainsi derrière lui une foule d’initiatives allant dans ce sens, comme la création du Fonds PostModern – des bourses destinées aux Afrodescendants qui souhaitent étudier la mode – ou encore The Black Curriculum, un organisme dont il fut le premier mécène et qui milite depuis 2019 pour que l’histoire des populations noires soit enseignée dans les écoles britanniques. Quelques mois avant son décès, Virgil Abloh, avec Edward Enninful, le rédacteur en chef du Vogue britannique et directeur éditorial Europe de Vogue, avait ainsi engagé des discussions pour lancer une collection vouée à soutenir les actions
de The Black Curriculum. Avec l’accord de la famille Abloh, le projet a finalement abouti à titre posthume : un T-shirt et deux hoodies sont désormais disponibles. “Les bénéfices vont nous permettre de renforcer notre action en faveur de l’enseignement de l’histoire noire dans les écoles, de collaborer avec des organismes publics et de développer de nouvelles ressources propres aux territoires dans lesquels on s’implante”, explique Lavinya Stennett, fondatrice et directrice de The Black Curriculum. Pour Edward Enninful, cette collaboration est un cadeau d’adieu idéal car elle est à l’image d’un homme “au service d’une cause, non de ses intérêts personnels, et voué à rendre l’art et la mode plus accessibles, afin de permettre aux générations futures de trouver des modèles auxquels s’identifier.”
THE BLACK CURRICULUM/ COIFFURE RYAN MITCHELL. MISE EN BEAUTÉ PETROS PETROHILOS. MANUCURE CHISATO YAMAMOTO. POST-PRODUCTION IMGN STUDIO.
La création posthume de Virgil : une belle INITIATIVE pour rendre le milieu de la mode plus inclusif.
Paris. 15, rue de la Paix - 66, av. des Champs-Élysées Information points de vente : 0 805 80 1827 (appel gratuit) - Liste des points de vente sur www.mauboussin.fr/boutique
EN VOGUE
Collier Évasion, collection “Sixième Sens”, en platine serti d’une opale, d’émeraudes, de saphirs de couleur, d’onyx et de diamants, CARTIER. Top, LUDOVIC DE SAINT SERNIN. Gants, ROKH. Pantalon en cuir, ACNE STUDIO. Photographie Elizaveta Porodina.
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TRENDS
JEAN & CUIR
Un mix and match de cuir et de denim pour auréoler l’allure d’une dose de cool. Par HÉLOÏSE SALESSY et ALEXANDRE MARAIN. 96
JULIA NONI; PIXELATE.BIZ; PRESSE ; LOEWE
De haut en bas et de gauche à droite : veste en denim, GUCCI. Sac Lady D-Joy, en denim cannage bleu, charms en Plexiglas, bandoulière et chaîne amovibles, DIOR. Sac bracelet en cuir et métal, CHANEL. Botte (90 mm) Cagole en cuir d’agneau, détails en palladium semi-brillant, BALENCIAGA. Silhouettes, COURRÈGES et LOEWE. En photo : veste en trompe-l’œil, jean, boucles d’oreilles et bagues, ALEXANDER MCQUEEN.
De haut en bas et de gauche à droite : sac à main en cuir, GIORGIO ARMANI. Sac Loco en cuir rose, VALENTINO GARAVANI. Sandale Bulla Chibi lavande en cuir, NODALETO. Sandale Alica fuchsia en cuir et coton, ISABEL MARANT. Escarpin en cuir, PRADA. Sac Bumper Baguette en cuir, JW ANDERSON. Sac cabas en caoutchouc, BOTTEGA VENETA. En photo : top, minijupe, collants, sandales et sac, VERSACE. Boucles d’oreilles et bague (index main à gauche), ANABELA CHAN. Bagues (majeur et base annulaire main à gauche), MING. Bague (annulaire main à gauche), ALICE CICOLINI. Bague (main à droite), AURÉLIE BIDERMANN.
COLOR BLOCK Ou l’art de maîtriser la COULEUR dans toute sa SPLENDEUR.
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JULIA NONI; PIXELATE.BIZ; PRESSE
TRENDS
www.didithediprasetyo.com
TRENDS
CLUBBING
De haut en bas : pantalon Gitane à sequins argent, ZADIG & VOLTAIRE. Sac Baguette en sequins dorés, FENDI. Escarpin Saeda en tissu rose à paillettes et cristaux, JIMMY CHOO. Robe courte à manches longues, en sablé brodé de paillettes et de plumes, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. En photo : minirobe, VALENTINO. Boucles d’oreilles, ROBINSON PELHAM. Bague (index main à gauche), bague (index main à droite) et bague (majeur main à droite), ALICE CICOLINI. Bague (majeur main à gauche), ALMASIKA. Bague (annulaire main à droite), TIFFANY & CO. 100
JULIA NONI ; PIXELATE.BIZ ; PRESSE
Jeux de LUMIÈRE et SEQUINS colorés dessinent les contours de la dancing queen 2.0.
photographed in marrakech, maroc
ullajohnson.com
TRENDS
PINK MANIA
De haut en bas et de gauche à droite : accessoire de cheveux en cuir, CHANEL. Lunettes solaires unisexes 4G, GIVENCHY. Sac Archive Yasmine médium, en vichy, VIVIENNE WESTWOOD. Bob réversible, LANVIN. Sac Cœur avec chaîne en métal doré et logo, MOSCHINO. Sac loop en denim jacquard Monogram, LOUIS VUITTON. Sandale en cuir grainé Poppy Pink, BY FAR. Silhouette, NENSI DOJAKA. En photo : top asymétrique, pantalon et ceinture, BLUMARINE. Sandales, SOPHIA WEBSTER. Boucles d’oreilles,TIFFANY 1& CO. 102
JULIA NONI; PIXELATE.BIZ ; PRESSE ; NENSI DOJAKA
Des accessoires BONBONS aux variations chromatiques sucrées pour voir la vie en rose.
Spring / Summer 2022 6 Rond-Point des Champs-Élysées, 75008 Paris
TRENDS
NOUVEL UNIFORME
Lignes radicales et détails sport : le bon vestiaire OFFICEWEAR se décline au fil de la tendance des années 1990 et 2000.
De haut en bas et de gauche à droite : veste de costume sans manches à empiècement, BURBERRY. Jupe longue en mousseline crêpe de soie et plumes, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. Sac DiorCamp, small, en cuir de veau et bande Christian Dior, DIOR. Polo en cachemire, PRADA. Chemise en coton, POLO RALPH LAUREN. Mocassin pointu à talon en cuir de veau, MIU MIU. 104
JULIA NONI; PIXELATE.BIZ ; PRESSE
Chemise, jupe. ceinture et chaussettes, MIU MIU. Chaussures, PRADA. Boucles d’oreilles et bague (main à droite), NOOR FARES. Bague (main à gauche), HANNAH MARTIN. Bracelets, EMANUELE BICOCCHI.
Laetitia Casta au défilé AMI automne-hiver 2022-2023.
la liste de... Par HUGO COMPAIN.
Quelle est la femme que vous trouvez le mieux habillée ? Une personne habillée de son intelligence : Christiane Taubira. J’ai du mal à regarder les gens à travers leur apparence, j’ai besoin de les admirer humainement, c’est là que je les trouve classe. La pièce la plus précieuse que l’on trouve dans votre garde-robe ? Sans hésiter, le smoking d’Yves Saint Laurent. Les créateurs que vous admirez ? Anthony Vaccarello chez Saint Laurent. Il a réalisé mon costume pour la pièce Clara Haskil et a été le mécène de ce projet qui a existé au théâtre grâce à lui. J’aime les gens engagés. La paire de chaussures dans laquelle vous vous sentez plus forte ? Une paire de bottines de chez Christian Louboutin.
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Yasmeen Ghauri au défilé Karl Lagerfeld automne-hiver 1990-1991. Ci-dessous : l’album Brûler le feu de Juliette Armanet
Croquis Yves Saint Laurent, 1999.
LAETITIA CASTA
GETTY IMAGES ; STEPHANE CARDINALE/ CORBIS ; COLLECTION AUTOMNE-HIVER 1999 YVES SAINT LAURENT ; (ROMANCE MUSIQUE / UNIVERSAL).
Les mannequins dont vous admirez la carrière ? Christy Turlington, et Yasmeen Ghauri qui m’a fascinée dans son choix de vie : elle s’est retirée de la mode pour vivre sa vie de mère, de femme. Je trouve qu’elle a quelque chose d’assez mystérieux. Une adresse singulière à Paris ? Chez Judy, rue de Fleurus, dans le 6 e arrondissement. Un restaurant hyper sain, et j’adore l’ambiance. L’endroit où vous déconnectez ? Mon bain. La bande-son qui vous rend heureuse ? Celle de Clara Haskil, le dernier titre de Juliette Armanet, et Voyages de Bernard Lavilliers. Le livre qui vous a changé ? Femmes qui courent avec les loups, de Clarissa Pinkola Estés. Votre film culte, s’il ne devait y en avoir qu’un seul ? Paris, Texas, de Wim Wenders. L’actrice avec qui vous aimeriez jouer ? Alana Haim, qui joue dans le dernier film de Paul Thomas Anderson, et une icône hexagonale : Béatrice Dalle, avec qui je vais peut-être jouer prochainement. La plus grande légende vivante selon vous ? Une non-vivante, Mère Teresa, car elle a dit cette phrase, si empathique, qui me touche : “Tous ceux qui vous approchent, ne les laissez pas repartir plus malheureux qu’ils ne sont.” Et sinon je dirai Greta Thunberg. L’émoji que vous utilisez le plus ?
MODE La nouvelle collection 6 MONCLER 1017 ALYX 9SM, photographiée par Elizaveta Porodina.
La doudoune Moncler, sous l’impulsion du visionnaire REMO RUFFINI, a relevé tous les défis, dont celui du luxe et de l’art. Histoire d’une incroyable expédition mode. Par SYLVIA JORIF.
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VERS LES SOMMETS et AU-DELÀ
xiste-t-il un autre exemple de si impressionnante transmutation d’un vêtement ? Comment passer de la fonction au plaisir ? Le cas Moncler est tout à fait unique. C’est l’histoire d’une doudoune… D’ailleurs non, au départ c’est l’histoire d’un sac de couchage matelassé, d’une cape à capuche et d’une tente. Paquetage de base contre la rigueur du froid en haute montagne, créé en 1952 par la petite société Moncler, abréviation de Monestier-de-Clermont, village de 1 428 habitants, perché près de Grenoble, au seuil des Alpes. La doudoune arrivera un peu plus tard, destinée aux travailleurs des cimes. L’histoire est d’emblée touchante quand on pense qu’un humble duvet pour grimpeurs des neiges va engendrer l’une des plus belles réussites de mode. Comment il se transforme en cette fameuse doudoune. Comment une doudoune qui a gravi les plus hauts sommets du monde dans des expéditions historiques, depuis le mont Karakorum (8 611 m), au nord du Pakistan, jusqu’au mont Makalù (8 470 m) dans l’Himalaya, et protégé les expéditions polaires (l’ascension du mont Huntington en Alaska en 1964), arpente désormais les plus chics avenues du monde. L’histoire est assez exemplaire : un produit
MONCLER
E
fabuleux iconiques
JEAN SLOUCHY RITA 125 €
printemps-été 2022
comptoirdescotonniers.com
VESTE LIN 145 €
unique à vocation très technique devient l’objet de multiples expressions et expérimentations vestimentaires. La marque Moncler a tout juste 70 ans cette année et véhicule une intéressante théorie de l’évolution fashionable. C’est en 2003 qu’a lieu le turning-point, quand Remo Ruffini acquiert la marque et décide d’inventer la doudoune mondiale : “Quand je suis arrivé chez Moncler, la marque faisait partie d’un groupe au bord de la faillite. Mais selon moi elle avait un immense potentiel. J’ai adoré que Moncler ait des racines claires dans les montagnes et un lien fort avec les expéditions et avec la performance. J’ai recherché les meilleures matières, le meilleur duvet et les meilleurs procédés de fabrication, pilier numéro un. Ensuite, Moncler est passé de la distribution d’articles de sport à celle, plus luxueuse, dans des magasins sélectifs. Ce changement a été crucial pour faire évoluer la perception de la marque. Dans cette phase de transformation, la communication a également joué un rôle clé dans son positionnement unique.” On se souvient des incroyables spectacles que Moncler montait durant les fashion
weeks, d’un ballet sur la patinoire de Central Park à une boîte de chocolats géante en forme de cœur à Paris. Dès lors, la doudoune se démultiplie : les lignes “Moncler Grenoble”, “Gamme Rouge”, “Gamme Bleue”, qui annonceront plus tard le concept Genius, où la doudoune devient une toile blanche sur laquelle les créateurs invités ont toute latitude. Genius est une curiosité en soi. “Depuis le jour où j’ai acquis Moncler, raconte Remo Ruffini, j’ai été obsédé par construire une marque en relation directe avec sa communauté. Nous savons tous
que les modes de vie, les comportements, les perceptions et les attitudes évoluent. Les outils de communication changent. Il y a cinq ou six ans, je me promenais dans les rues de Tokyo et j’ai compris que quelque chose avait changé. J’avais le sentiment que le luxe risquait de devenir ennuyeux pour les jeunes générations. Le même paradigme saisonnier, le même univers clos. Quelque chose devait évoluer. L’idée de Genius est partie de là. Non plus des collections suivant le calendrier de la mode et la saisonnalité mais un événement, des collections qui renouvellent l’énergie de nos magasins presque tous les mois, pour rester en contact avec notre communauté. Genius a également fait appel à de nouveaux designers pour interpréter l’esprit de la marque en fonction de leurs sensibilités et de leurs origines culturelles. Chaque créateur s’adresse à un public différent, chaque créateur a son style tout en restant fidèle à l’ADN de Moncler.” Ainsi, chaque mois, des designers revisitent l’univers initial du ski. Pier Paolo Piccioli était le premier. De Simone Rocha (“J’ai été inspiré par Fellini, la danse et la fantaisie”) à Craig Green (“Créer des volumes autour du corps à partir d’objets plats”) en passant par Matthew Williams, designer de 1017 ALYX 9SM, dernièrement. Jusqu’où peut aller la doudoune ? Jusqu’à l’abstraction, quand elle devient la substance d’expériences virtuelles avec des artistes de toutes catégories sur MondoGenius, plateforme numérique qui semble aller au-delà du vêtement. Dans ce drôle d’écosystème, Moncler crée ses propres ubacs, adrets et dénivellations. Gravir de nouveaux sommets…
Ci-contre : combinaison de ski en nylon, ceinture élastique, casque et lunettes de ski, collection “3 Moncler Grenoble”. Ci-dessus : les moniteurs de ski de la station L’Alpe-d’Huez habillés par Moncler en 1970. 114
CARLIJN JACOBS; MONCLER
MODE
À
28 ans, Nensi Dojaka est la jeune créatrice la plus désirable du moment. Emily Ratajkowski, Zendaya, Dua Lipa ou Hailey Bieber vénèrent ses robes lingerie toutes en transparences osées et déconstructions savantes et tout le monde salue son talent. En 2021, la créatrice albanaise basée à Londres a ainsi collectionné les récompenses : du prix LVMH au prix pour les créateurs émergents du British Fashion Council, en passant par un mentorat doublé d’une collection avec le créateur Alessandro Dell’Acqua et la marque Tomorrow. Impressionnants sont son parcours sans faute et sa maturité malgré son visage encore poupin. Nensi Dojaka quitte Tirana à 18 ans pour s’installer à Londres. Elle se forme au London College of Fashion, en design lingerie, 116
QUE LA FEMME SOIT ! La créatrice albanaise NENSI DOJAKA, qui a percé grâce à des robes inspirées de la lingerie, revendique une mode qui dévoile le CORPS et le droit pour les femmes d’être aussi bien fortes et vulnérables, couvertes et dénudées. Par CHARLOTTE BRUNEL.
CHARLOTTE WALES/POPPY KAIN ; PRESSE ; JEFF KRAVITZ/MTV VMAS 2020/GETTY IMAGES
SLUGREM
MODE puis à la Central Saint Martins College of Art and Design, dont elle sort diplômée en 2019. Avec, en poche, une première commande : le détaillant multimarque en ligne Ssense lui a acheté sa collection de fin d’études. “Bien sûr, j’ai eu envie de leur proposer la saison suivante, et c’est comme cela, de manière très organique, que j’ai lancé ma marque”, raconte Nensi depuis son studio situé dans le nord de Londres. Mais le vrai détonateur de son succès, c’est la bombe Bella Hadid. En 2020, le top apparaît aux MTV Video Music Awards vêtue d’un T-shirt en mousseline de la collection printemps-été 2021. Puis Bella Hadid poste la photo sur Instagram. Plus 20 000 likes plus tard, la Dojakamania est lancée. Ses minirobes noires asymétriques font ainsi partie des 10 produits les plus hot du début de l’année 2021 selon la plateforme Lyst. Il faut dire que le style ultra-sexy de Nensi Dojaka s’inscrit dans une tendance plus large… Comme elle, de jeunes créatrices (Charlotte Knowles, Rui Zhou, Supriya Lele…) remettent au goût du jour une mode qui dévoile le corps de manière subversive mais subtile. Dans cette ère post#MeToo, s’habiller de manière sensuelle est moins un message à caractère sexuel (à l’adresse des hommes) qu’un statement féministe. Une réaction aussi au streetwear et à son idéal unisexe qui lisse les identités. “Moi-même, je ne m’habille pas de manière très provocante mais j’adore les vêtements qui sont inspirés de la lingerie, alors j’essaie de montrer le corps d’une autre manière”, explique Nensi Dojaka, qui avoue un fétichisme pour le dos et les salières. C’est-àdire en cherchant le bon équilibre entre quelque chose de sexy et de romantique, le flou et le tailoring. La féminité n’est pas univoque et la force des femmes réside justement dans cette capacité à exprimer les différentes facettes de leur personnalité, leur assurance comme leur vulnérabilité”, poursuit-elle. Chez elle, ces contrastes s’expriment à travers des jeux de matières, entre la transparence de la soie et l’opacité plus masculine de la laine ou du jersey, entre les drapés en 3D et les voiles seconde peau… On se demande comment ses architectures complexes, où le vide joue avec le plein, tiennent en place, à force de déconstruction. Il se trouve que Nensi Dojaka a élaboré un système de bretelles réglables comme dans la lingerie. La discipline qui lui a “tout appris techniquement” et sur laquelle sa mode repose aujourd’hui.
Chaque collection commence ainsi par un travail de drapé sur mannequin Stockman, pour être encore plus en phase avec le corps. À la fois puissamment érotique et sévère avec ses coupes chirurgicales et son obsession pour le noir, la mode de Nensi Dojaka ne cherche pas à (se) raconter des histoires. Mais elle reconnaît l’influence des années 1990 sur son style. “J’aime le côté minimaliste, graphique et en même temps très powerfull de cette époque. Les femmes avaient l’air mystérieux mais il y avait aussi une grande attention portée aux détails et à la coupe. Le maximalisme d’aujourd’hui, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé”, explique-t-elle. Parmi ses figures tutélaires, elle cite Ann Demeulemeester, “même si elle est plus romantique et grunge que moi”, Helmut Lang aussi “pour la silhouette et le type de femme”. Quand nous la rencontrons dans son studio, Nensi travaille sans relâche sur son deuxième défilé – la collection automne-hiver 2022 –, présenté en février, pendant la Fashion Week de Londres. La pression est à la mesure de l’attente : énorme. Heureusement, le prix LVMH lui a permis de bénéficier d’une année de mentorat. Avec le montant de la bourse (300 000 euros), elle a choisi d’étoffer son équipe de production pour répondre à la demande, mais aussi le répertoire de ses collections. Pour l’automne-hiver prochain, elle annonce de nouvelles couleurs, de la maille, des vestes, de l’outwear, en résumé “davantage d’options couvrantes”. “À mes débuts, précise-t-elle, ma mode était très axée sur la lingerie et sur les robes, sans doute parce que j’avais besoin d’affirmer un statement fort sur la liberté des femmes à être qui elles veulent. Maintenant que nous avons grandi, j’essaie plutôt de montrer comment on peut la porter au quotidien”. Le néosexy bientôt dans la rue ?
Ci-contre : Bella Hadid aux MTV Video Music Awards, 2020. Page de gauche, de haut en bas : L’athlète Dina Asher-Smith dans Vogue Britain, en juillet 2021. Silhouette du défilé printemps-été 2022 de Nensi Dojaka. 117
BIJOUX
ESPRIT REBELLE
Ils s’animent et SUBLIMENT le corps autrement. Les PRÉCIEUX bijoux se montrent là où on ne les attend pas. Photographe ELIZAVETA PORODINA. Réalisation VICTOIRE SIMONNEY.
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Boucles d’oreilles Mesmera Blanc, Millenia Blanc et Millenia Mono, et soutien-gorge Stella, en métal et cristaux, SWAROVSKI. Culotte, MIU MIU. Pantalon en denim et plumes, JEANNE FRIOT. Maquillage CHANEL avec le Fluide de Teint Vitalumière Ivoire, le Blush Lumière Pêche Rosée, les 4 Ombres Méditérranéen, le Mascara Le Volume Révolution Noir, le Rouge Allure Velvet La Comète Terre d’Etoiles, et sur l es ongles, le Vernis Blanc White. Cheveux plaqués avec le Spray Thickening et lustrés avec la Cire Semisumo BUMBLE AND BUMBLE.
BIJOUX
Colliers Comet, sautoirs en or blanc et or jaune et perles d’Akoya, TASAKI. Top, LOEWE. Culotte en cuir, DROME. Jupe, ALAÏA. 120
Clip d’oreille Pulse, en or rose et diamants, DINH VAN. Boucle d’oreille Serti Inversé, en or rose et un diamant, et bagues Berbere Chromatic, en or rose, laque et diamants, portées en pendentifs, REPOSSI. Chaîne en or rose, POMELLATO. Top, COPERNI.
Bague sertie d’une émeraude, de diamants blancs et de diamants de couleur, bague sertie de tsavorites et de spessartites, bague sertie de jade et de saphirs bleus, bague sertie de pierre de lune, rubis, saphirs et émeraudes, et bague sertie de péridots et saphirs, le tout en or jaune et or blanc gravés, BUCCELLATI. Bague en or blanc serti d’un diamant taille brillant et de diamants, BULGARI (main à droite, en haut). Top croisé, COURRÈGES. Collants, FALKE.
BIJOUX
Collier Évasion, collection “Sixième Sens”, en platine serti d’une opale, d’émeraudes, de saphirs de couleur, d’onyx et de diamants, CARTIER. Top, LUDOVIC DE SAINT SERNIN. Pantalon en cuir, ACNE STUDIO. Gants, ROKH. Mise en beauté Aurore Gibrien. Coiffure Pierre Saint Sever. Manucure Cam Tran. Sélection joaillerie Émilie Zonino. Assistant réalisation Benoît Paquet. Set design Thomas Petherick, assisté d’Ack Revalde Stewar et de Gwenaelle Michau. Directeur technique Josef Beyer. Assistant photo Jean-Romain Pac. Production Concrete Rep. 123
BIJOUX
Collier Olympia et bracelet Olympia porté en collier, en or blanc et diamants, VAN CLEEF & ARPELS. Créoles Capture Light et bagues Missile, en or blanc et diamants, AKILLIS. T-shirt et lunettes, BALENCIAGA.
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Des compositions les plus classiques aux plus contemporaines, ils illuminent tout! Sélection LAURA GUILLON.
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1. Boucles d’oreilles Deux Papillons, en or blanc et diamants ronds et navette, VAN CLEEF & ARPELS. 2. Boucles d’oreilles en or blanc éthique certifié Fairmined et diamants taille cœur (25,53 carats), CHOPARD. 3. Boucles d’oreilles Torsade de Chaumet, en or blanc et diamants taille brillant, CHAUMET. 4. Bague Panthère de Cartier, en or gris, émeraudes, onyx et diamants, CARTIER. 5. Bague solitaire Un Automne 1930 n°2, en or blanc, un diamant (0,20 carat) et pavage diamants, MAUBOUSSIN. 6. Bracelet Tiffany Victoria, en platine et diamants taille marquise et taille brillant, TIFFANY & CO. 7. Bracelet DB Classic trois rangs, en or blanc et diamants, DE BEERS. 8. Boucle d’oreille Spirited Wind, en or blanc et diamants, collection Messika by Kate Moss, MESSIKA PARIS. 9. Boucle d’oreille Fiorever, en or blanc et diamants taille brillant (0,61 carat), BULGARI. 10. Bracelet en or blanc et diamants (49,55 carats), GRAFF. 124
VITO FERNICOLA ; PRESSE
PUISSANCE DIAMANTS
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SLUGREM
Un terroir Bonne chère et recettes de grand-mères : de plus en plus de restaurateurs reviennent aux fondamentaux. Place aux PLAISIRS culinaires décomplexés. Par JADE SIMON. 126
L’
éternel recommencement ne s’applique pas qu’à la mode. La gastronomie s’y frotte aussi. Surtout si l’on pense à l’ère pré-pandémie, où les palais aiguisés prenaient l’avion pour s’attabler chez elBulli (Catalogne) et au Noma (Copenhague), sacrés, chacun, plusieurs fois “meilleur restaurant au monde”, et dont la créativité culinaire confine à la prouesse scientifique. Deux ans plus tard, le vent a tourné. À l’arrêt, les distances et le champ d’action limités, les chef(fe)s sont forcés de se réinventer, souvent à gagner en simplicité. Longtemps moqués, voire méprisés, les plats bien “f ranchouillards”
r eviennent en force. Comme lorsque Cyril Lignac fait du cassoulet le plat signature de son nouveau Café Lignac, sur la Rive gauche parisienne. Que l’os à moelle prolifère l’air de rien, du Bouillon R épublique au très couru coffee-shop Gramme dans le Marais. Que l’Épi d’Or (Paris 1er) de Jean-François Piège et les Arlots (10e) réussissent à glamouriser la saucisse-purée. Ou qu’il est de bon ton de connaître la composition précise du koulibiac (que l’on retrouve même dans le temple du caviar Maison Russe) ou du pithiviers (servi en une version à la saint-jacques dans le nouveau restaurant gastronomique de Jean Imbert au Plaza-Athénée). “Le Covid nous a donné conscience que le partage, les échanges, le restaurant, la famille sont importants et le bistrot et la cuisine de terroir en est la quintessence”, expliquent
LUCIE SASSIAT ; HACHETTE CIUSINE
Le canard au carré, l'excellence du pâté en croûte de la Maison Verot, Paris 6e.
d’ailleurs Bastien Fidelin et Sarah Michielsen, le duo qui a inauguré Parcelles, p épite du genre qui ne désemplit plus à Paris, où le ris de veau et le chou farci s’accordent aux bons crus régionaux. À deux pas, à côté de la place Bastille, c’est Adrien Spanu qui vient de transformer le Petit Bofinger en La Grande Brasserie. Avec au menu, “les grands classiques qui ont traversé les décennies voir les siècles, du saumon à l’oseille de Troisgros à la blanquette de veau”. Ces plats en sauce réconfortants qui réveillent des souvenirs d’enfance. Comme quand son grandpère “laissait mijoter du ragoût de cochon fermier, indissociable du bruit du couvercle de la cocotte en fonte et de son odeur enveloppante”. Autre groupe à embrasser la tendance, Savoir Vivre (déjà aux commandes du club l’Hôtel Bourbon et du bar Déviant où toute la faune arty se croise), mené par Arnaud Lacombe, a ouvert, rue Charlot dans le 3e, les portes du Collier de la Reine, hot spot food de ce début d’année : une cave festive, où “consommer debout sur place sans droit de bouchon des vins nature” et une brasserie joyeuse qui décline des plateaux de fruits de mer, de la brioche coiffée d’os à moelle ou encore du pâté en croûte. Spécialité réconfortante est de retour notamment grâce à Maison Verot. Cette charcuterie historique multiplie les collaborations prestigieuses (de Céline Pham à Petrossian) et appartient à ce cercle très fermé des commerces de bouche ultra-spécialisées.
Dans la même veine, Arnaud Nicolas, MOF qui n'a même pas dépassé la trentaine, abandonne l’Hôtel de Paris à Monaco pour démocratiser dans la capitale son amour de la tarte au canard sauvage et foie gras et des pantins de cochon aux herbes dans sa charcuterie du 7e. Mais l’on pense aussi à Sylvain Grundlinger, primeur de Trouvailles & Terroirs (dans le 9e), Guillaume Gréaud, Simon Turmel et Yannick Costa derrière la poissonnerie- traiteur Montreuil sur Mer en Seine-Saint-Denis. Parfois traumatisés par un confinement en milieu
La gratinée à l’oignon de Jean-François Piège.
urbain, ou dans une démarche sincère et écologique de se mettre au vert, pour certains amoureux du terroir, ce fut aussi un retour aux sources géographique. Sylvain Roucayrol a rapporté de son Perpignan d’origine des belles recettes basques et catalanes qu’il décline chez Amagat, dans le 20e. Quant aux fondateurs du délicieux Septime, Bertrand Grébaut et Théophile Pourriat, ils renouent avec la terre et ses spécialités locales avec l’hôtel D’une île, dans le Perche, où les foodies se partagent du pain perdu à la figue, un poulet fermier ou encore des tartes aux mûres. Encore plus décidé, Olivier Roellinger a regagné son fief cancalais, refusant de voyager et sublimant sa Bretagne grâce à ses 7 hectares de verdure. Il s’apprête d’ailleurs à inaugurer un nouveau bistrot, en mai prochain, sur la plage de Port Mer à Cancale. Ces plaisirs élémentaires r appellent finalement à une réalité concrète et satisfaisante, qui colle au corps autant qu'elle réconforte l’âme…
FOOD
Au restaurant Amagat, près du Père-Lachaise.
La Grande Brasserie, à Bastille.
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EN VUE
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RENCONTRE
Orsay, photo de Sophie Calle, 1981.
SOPHIE CALLE/ADAGP PARIS 2022
SO CALLE(d) LIFE D
Sophie Calle convoque LES FANTÔMES D’ORSAY, exposition consacrée au lien particulier et troublant qu’elle entretient avec le musée parisien. L’occasion de rencontrer l’artiste pour parler du passé et du présent, en somme, de la vie. Par SOPHIE ROSEMONT. Photographe JULES FAURE.
epuis ses débuts, le corpus de Sophie Calle interpelle par sa faculté à se calquer sur la réalité de nos émotions tout en offrant ce qui lui manque souvent : la poésie. Laquelle surgit sans cesse, dans la beauté vue par les aveugles, dans les échanges avec Paul Auster ou Damien Hirst, dans le prêt d’un lit à un jeune homme au cœur brisé, dans Des histoires vraies où elle revient sur des instants marquants de son existence, la lecture des journaux intimes de sa mère, l’investissement d’une cabine de péage… Aujourd’hui, Sophie Calle revient dans l’un des musées les plus célèbres du monde, le Musée d’Orsay,
mais qu’elle a connu alors qu’il était une ancienne gare et un hôtel délaissé, voué à la métamorphose qu’elle documente avec sa narration si particulière. Sa maison est située sur une avenue de Malakoff. On ne peut pas la voir, elle est dissimulée derrière une grande façade grise quasi industrielle. Mais il suffit de passer de l’autre côté pour que se révèle un charmant jardin, partagé avec Annette Messager et feu Christian Boltanski. À l’intérieur, un mur recouvert de miniatures, fruits d’échanges avec d’autres artistes. Ou, au contraire, un mur tout blanc, plan de travail où sont accrochés les 129
Sophie Calle photographiée chez elle en janvier 2022.
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JULES FAURE ; SOPHIE CRÉPY/MUSÉE D’ORSAY
RENCONTRE
cartels de la nouvelle exposition de Sophie Calle, “Les Fantômes d’Orsay”. Un premier projet non vécu comme tel mais qui l’est néanmoins. “En 1978, je venais d’arriver à Paris après sept ans passés ailleurs, je dormais ici et là, je traînais dans les rues, j’étais complètement désorientée, explique-t-elle. C’était avant que je ne prenne des inconnus en filature ou que je leur demande d’occuper mon lit. Un jour, j’ai poussé la porte d’un bâtiment qui avait été l’hôtel d’Orsay et j’ai découvert ce lieu très mystérieux, à l’abandon… et qui me permettait de passer du temps seule.” À l’époque, elle rêve d’entrer dans la troupe de Bob Wilson et apprend la photographie. Elle s’entraîne dans la salle de bal et fouille les chambres vétustes. Si Sophie Calle ne se souvient plus de ce qu’elle ressentait, elle sait qu’elle ne s’y attardait pas la nuit, par peur du noir. “Personne n’y serait resté ! Il y avait des rats, des chats morts…
Les premiers mois, je ne croisais personne, puis les ouvriers sont arrivés. Je ne suis partie qu’au début des travaux au 5e étage, où je m’étais retranchée. Quand je tombais sur des bricoles qui avaient perdu leur utilité, fiches de clients, vieux téléphone, plaques de porte, je les ramenais chez moi, un peu nonchalamment. J’ai e ntassé tout ça dans deux caisses.” Quarante-deux ans plus tard, Sophie Calle rencontre le responsable des programmes contemporains du Musée d’Orsay, Donatien Grau. Elle s’amuse à lui dire qu’elle connaît le lieu peut-être mieux que lui : “Simple provocation ironique ! Quand je lui ai expliqué que j’y avais passé deux ans, il m’a proposé d’en faire une exposition.” D’abord, elle n’est pas convaincue. Mais elle accepte de visiter Orsay : “À ma grande surprise, je me suis rendu compte que j’avais quitté un hôtel vide, obscur, occupé par des fantômes, pour déambuler seule, en plein Covid,
Ci-dessus : Sophie Calle devant le tableau Le Déjeuner sur l’herbe de Manet (2020).
“L’ABSENCE, c’est le fil conducteur de mon œuvre. Dans tous mes projets, le point de départ est CE QUI N’EST PLUS LÀ : un homme qui s’en va, UN LIT VIDE, une chambre d’hôtel dont on traque les traces des clients…” 131
Orsay, photo de Sophie Calle, 1981. Ci-dessus : Orsay, Sophie Calle, 2021.
dans un musée endormi où les œuvres n’étaient plus éclairées. Déserté à son tour.” “Les Fantômes d’Orsay” explore cet étrange parallèle, interrogeant ainsi le lien entre humains et objets. Réalisé en collaboration avec l’archéologue Jean-Paul Demoule, le livre L’ascenseur occupe la 501 accompagne l’exposition, fidèle aux habitudes de Sophie Calle, qui n’envisage pas le texte sans images. Et inversement. Comme son nom l’indique, on constate dans le livre qu’un ascenseur destiné au personnel administratif du Musée d’Orsay a remplacé la chambre jadis squattée par Sophie Calle. Au programme, les missives destinées à Oddo, dont on vous laisse découvrir l’identité, des plaques de portes et autres clés, ready-made présentés sous un jour à la fois factuel et fictif, étudiés par Jean-Paul Demoule. “Ensuite, nous avons eu cette seconde idée : les analyser comme si un archéologue les retrouvait dans un siècle ou deux, ce qui les rendrait plus absurdes encore.” Qui sont les fantômes de Sophie Calle ? “Mes morts, banalement. Je ne crois pas aux fantômes, même si j’aime leur iconographie et, plus généralement, les choses cachées.” Car la poésie de son travail se manifeste dans l’absence : “C’est le fil conducteur de mon œuvre. Dans tous mes projets, le point de départ est ce qui n’est plus là : un homme qui s’en va, un lit vide, une chambre d’hôtel dont on traque les traces des clients…” Ce qui n’est plus là, elle le rend visible, voire palpable. Un lien avec ses grands-parents maternels juifs, cachés pendant la Seconde Guerre mondiale à Grenoble ? “Comme beaucoup d’autres après la guerre, ils ne voulaient plus en parler, répond-elle. Ils avaient trouvé leur place à Paris et c’était ce qui comptait... Ils ne s’exprimaient plus en yiddish. D’abord, j’étais trop petite, ensuite je suis partie quelques années et au moment où j’aurais voulu les interroger à ce sujet, c’était trop tard. Si je connais cette histoire, c’est par ma mère, qui était cachée avec eux. Est-ce que cela a influencé mon travail ? Je ne pense pas que cela explique mon obsession de l’absence et du manque, mais qui sait ?” L’obsession, c’est aussi un grand sujet pour Philip Roth, dont ces mots dans La Tâche ont marqué Sophie Calle : “Voilà ce qui arrive quand on écrit des livres. Ce n’est pas seulement qu’une force vous pousse à partir à la découverte des choses; une force les met sur votre route. Tout à coup, tous les chemins de traverse se mettent à converger sur votre obsession.” En témoigne “Les Fantômes d’Orsay”: “Je ne sais pas si ces sujets me cherchent ou si c’est moi qui vais à leur rencontre.” Milou, lui, l’a trouvée. Un beau matou baladeur, maintenant lové près de sa maîtresse sur le canapé. Pelage ébène, reflets auburn. Il succède au chat Souris, décédé en 2014, sujet d’un album hommage réunissant près d’une quarantaine de musiciens, depuis l’amie de longue date Laurie Anderson jusqu’à Christophe, en passant par
“L’architecte FRANK GEHRY m’a questionnée sur ce que je faisais, je lui ai expliqué lA SUITE VÉNITIENNE, L’Hôtel, La Filature... Le lendemain, il m’a proposé de DEVENIR mon IMPRESARIO. Deux heures après, la plus grosse GALERIE DE LOS ANGELES prenait contact avec moi !” 132
SOPHIE CALLE/ADAGP PARIS 2022; FRANÇOIS DELADERRIÈRE; SOPHIE CALLE/ADAGP 2022; JULES FAURE
RENCONTRE Juliette Armanet et Pharrell Williams. “L’été 2020, lorsque j’étais en Camargue, Milou venait me voir tous les jours. J’ai fini par enquêter : tout le monde le connaissait mais il n’était à personne. Il m’a choisie, alors que Souris, c’était un cadeau d’anniversaire.” D’ailleurs, dans le cadre du Rituel d’anniversaire, Sophie Calle a reçu de nombreux cadeaux : d’Annette Messager, de Christian Boltanski, de Cindy Sherman ou encore de Jean-Michel Othoniel. À l’instar des reliques d’Orsay, ils sont rangés dans de grandes boîtes grises qui occupent une bonne partie du salon. De quoi faire d’elle une collectionneuse ? D’une certaine manière… “J’entasse plus que je ne collectionne.” Contrairement à son père, Bob Calle, cancérologue réputé et initiateur du Carré d’Art de Nîmes, qui l’a “mise sur la piste”: “J’observais attentivement ce qu’il avait accroché sur ses murs, et c’est par le mur que j’ai voulu lui plaire.” Et ainsi devenir artiste elle-même. L’architecte Frank Gehry lui a mis le pied à l’étrier alors qu’elle n’avait jamais eu d’exposition sérieuse en solo jusqu’alors. “J’étais à Los Angeles, j’avais décidé de demander aux habitants où étaient les anges : des gens pris au hasard dans la rue, des politiques, des artistes dont on m’avait donné les coordonnées. Parmi lesquels Frank. Il a accepté et m’a questionnée sur ce que je faisais, je lui ai expliqué la Suite vénitienne, L’Hôtel, La Filature... Le lendemain, il m’a proposé de devenir mon impresario. Deux heures après, la plus grosse galerie de Los Angeles prenait contact avec moi ! ” En voyant des enveloppes remplir des caisses entières sur les étagères en face de nous, on constate que Sophie Calle reçoit beaucoup de courrier. Cela a beau la gêner, nombreux sont ceux qui la remercient de les avoir sauvés lorsqu’ils se sentaient au bord du gouffre. Notamment grâce à Prenez soin de vous, œuvre exposée vingt-deux fois à travers le monde. L’artiste avait demandé à 107 femmes d’analyser une lettre de rupture à travers le prisme de leur métier : correctrices, danseuses, musiciennes, juges, médecins, joueuses d’échecs… “Tout d’un coup, j’allais bien, car j’étais occupée, analyse-t-elle. Si je parle de quelque chose qui a été douloureux dans ma vie et que je l’affronte, je le regarde de plus loin. Comme si je n’étais pas le sujet, je fais un pas de côté.” En 2006, sa mère étant gravement malade, Sophie Calle a posé une caméra au pied du lit. Lorsqu’elle a pour la première fois exposé la vidéo de sa mort (qu’elle n’avait, justement, pas voulu voir sur l’instant) à la Biennale de Venise, elle ne s’est d’abord souciée, durant l’accrochage, que de la couleur du mur ou des dimensions de l’écran. Dès lors que les détails pratiques ont été réglés et la salle ouverte au public, il lui a été impossible d’y mettre un pied. “C’est un projet que j’ai fait avec ma mère, pas contre elle. Elle l’aurait aimé car il la montrait telle qu’elle était : triste, jolie, drôle, courageuse…” La pudeur ou l’impudeur – en écho au nom d’un autre film sur la mort réalisé par un Hervé Guibert agonisant, dont Sophie Calle a été proche. S’impose aussi la vocation salvatrice de Douleur exquise, projet pour lequel des gens lui ont confié leur plus grande souffrance. “L’aspect thérapeutique n’est pas le moteur de mon travail, commente-t-elle, mais il est très présent. Par moments, j’avais presque honte de mon histoire par rapport à ce qu’avaient vécu mes interlocuteurs. Chaque récit m’éloignait du mien… C’est compliqué de faire des choses artificielles. Quand on est heureux, on n’a pas envie d’interviewer quelqu’un qui vous raconte sa douleur. C’est mon état d’esprit qui commence ou interrompt un
projet, pas la date d’une exposition.” La prochaine sera une carte blanche au Musée Picasso à Paris. Prévoyante, Sophie Calle a acheté un emplacement dans un cimetière californien, au nord de San Francisco, en espérant néanmoins être enterrée à Montparnasse, où reposent ses parents. Des nouvelles ? “Toujours rien. J’espère que ça se fera un jour. J’attends…” Alors qu’on suggère en plaisantant une pétition pour qu’une place lui soit accordée, on se rappelle que la jeunesse de Sophie Calle a été activiste. Elle ne l’a jamais évoquée : elle ne savait “pas quoi dire”. Hormis une photographie baptisée Torero, elle n’a pas non plus parlé de la tauromachie. “Je voyais à cette époque plus de cent corridas par an, mon emploi du temps dépendait de la saison taurine. Je n’en ai rien fait. Je n’ai pas osé m’attaquer au sujet par peur de ne pas être à la hauteur de ce que j’ai vécu.” Un bruit de croquettes tombant de la gamelle, Milou bondit et disparaît. Il prend congé par une chatière qui, lorsqu’il la traverse, prévient Sophie d’un adorable miaulement sur son smartphone. “Call(e) me !” “Les Fantômes d’Orsay”, du 15 mars au 12 juin, au Musée d’Orsay, Paris 7e. musee-orsay.fr
Sophie Calle chez elle, devant une souris empaillée.
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RENDEZ-VOUS
Par Sylvia Jorif, avec Charlotte Brunel, Manon Garrigues et Sophie Rosemont. Mujer zapoteca, Tonalá, Oaxaca, de Graciela Iturbide (1974).
le Mexique de Graciela Iturbide Leçon d’humanité avec la très grande photographe, enfin exposée à Paris !
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les livres : “JUST AN IDEA”
GRACIELA ITURBIDE ; NICK NEWBOLD/JUST AN IDEA BOOKS
Cholas, White Fence, East Los Angeles, de Graciela Iturbide (1986).
En mai 2021, nous avions interviewé Graciela Iturbide pour un numéro spécial Mexique. Depuis son studio de Mexico City, forteresse de brique moderniste conçue par son fils, l’architecte Mauricio Rocha, la photographe confiait alors qu’elle profitait du confinement pour organiser les archives de ses négatifs, réaliser des tirages pour des expositions à venir. En 2022, nous la retrouvons à la Fondation Cartier, dans la première grande exposition française dédiée enfin à son œuvre. Graciela Iturbide, 79 ans, est l’une des légendes de la photographie latino-américaine contemporaine. Formée auprès de Manuel Álvarez Bravo au début des années 1970, elle a reçu le prix Hasselblad (la plus grande distinction du milieu) en 2008. Ses images en noir et blanc, toujours à l’affût de l’étrange dans le quotidien, oscillent entre documentaire et poésie. Portraitiste humaniste, Graciela Iturbide n’a cessé de documenter la vie fragile des communautés traditionnelles en y séjournant de longs mois. Ses séries les plus célèbres ont ainsi mis en lumière les Indiens seris du désert de Sonora ou la société matriarcale des Indiens zapotèques au Mexique. Moins connu et plus récent, son travail sur les paysages, les animaux, mais aussi les objets avec lesquels elle entretient une relation métaphysique, est également mis à l’honneur à la fondation parisienne. Ainsi qu’une série en couleurs – fait rare – réalisée pour une exposition à Tecali, village mexicain où l’on extrait et taille albâtre et onyx. Une invitation dans l’univers de la photographe, mise en scène par son fils Mauricio. (CB) “Graciela Iturbide, Heliotropo 37”, jusqu’au 29 mai, à la Fondation Cartier, Paris 14e.
Durant le confinement, Marc Jacobs, retranché au Mercer, son hôtel de prédilection, où ne vivaient que quatre ou cinq clients avec un personnel très réduit, occupait son temps à voyager dans son incroyable dressing, à faire des tutos manucure et smokyeyes, devenant le designer influenceur le plus pointu et truculent d’Instagram. Il poussa l’exercice en endossant tous les rôles, de la femme de ménage au serveur de l’établissement désert, dans un court-métrage drolatique et lunaire, réalisé par son fidèle assistant Nick Newbold (A New York Story, disponible sur YouTube). Ils parachèvent l’aventure avec une série mode dans un New York à peine sorti de sa léthargie. Ces photos sont réunies dans un très joli recueil de la collection initiée par Sarah Andelman, la fondatrice du mythique concept store Colette. “Just an Idea” est un projet de livres arty où chacun développe une pensée créative. Outre ce délicieux opus de Nick Newbold portraiturant Marc Jacobs, on peut trouver dans cette collection le fameux Seth Phillips, protestataire humoristique qui brandit des cartons aux phrases cyniques et dont le compte @dude withsign est un bonheur, ou encore Michèle Lamy, l’épouse de Rick Owens, photographiée par Edward Bess… Un projet pictural qui ne peut s’exprimer que par l’objet livre, comme le défend Sarah Andelman. Quoi de plus plaisant en effet que de rêver devant des images tout en faisant tourner les pages ? (SJ) Collection de recueils “Just an Idea”, par Sarah Andelman.
Marc Jacobs photographié par Nick Newbold.
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RENDEZ-VOUS
La compagnie de Hofesh Shechter.
chez Graham à New-York, à la School of American Ballet, à la Julliard School... À l’instar de Shechter, qu’il a influencé, il écrit lui-même la bande-son de ses ballets. Étudié dans le monde entier, le langage “Gaga” a connu de nombreux points d’orgue, tels Perpetuum (1992) et Hora (2009). En mai, Naharin viendra présenter Venezuela à Chaillot. Ce qu’on espère y retrouver ? Son bouleversant sens de la
chute et l’état de transe qui saisit les danseurs et… la salle. Cette capacité d’hypnose, Sharon Eyal la possède aussi. Après dix-huit ans à la Batsheva Company, la chorégraphe a créé sa compagnie L-E-V à Tel-Aviv. À son actif, Half-Life au Royal Swedish Ballet (2018), Too Beaucoup au Hubbard Street Dance Chicago (2013), et la réinterprétation de L’Après-m idi d ’un Faune de Nijinski, en décembre
le geste : LA DANSE ISRAÉLIENNE
Sous l’égide du célèbre Ohad Naharin, les chorégraphes Hofesh Shechter et Sharon Eyal défendent leur vision d’une danse à la fois technique et libératrice. Qui fait de nombreux émules, dont le cinéaste Cédric Klapish et la danseuse Marion Barbeau. 136
2021 à l’Opéra Garnier. Pendant un bref quart d’heure, les corps se meuvent, félins, ancrés dans la terre et pourtant d’une grâce quasi cosmique. Les costumes, collant à la gestuelle, ont été dessinés par Maria-Grazia Chiuri. Parmi les faunes, Marion Barbeau…Comme beaucoup d’artistes occidentaux, la danseuse adhère à la quête de liberté de la danse israélienne, dont les principales figures ont le rayonnement d’une Merce Cunningham ou d’une Carolyn Carlson. Tandis que la Russie demeure la gardienne du temple académique et que la France jette des passerelles entre virtuosité et avantgarde, la terre américaine cultive la modernité. Mais Israël la bouscule aujourd’hui, avec humour, colère, mélancolie, et un engagement sans faille. (SR)
AGATHE POUPENEY ; ASCAF ; OJOZ
C’est l’histoire d’une ballerine qui, suite à une mauvaise blessure, cherche un nouvel équilibre, qu’elle trouve auprès d’un chorégraphe, en l’occurrence le célèbre Hofesh Shechter. Avec En Corps, Cédric Klapisch signe une fiction sur la danse où celle-ci s’avère outil, obstacle, déclic, incarnée par l’une des plus épatantes premières danseuses actuelles de l’Opéra, Marion Barbeau. Laquelle se glisse avec une facilité déconcertante dans les chorégraphies primales de Shechter, dont il a composé lui-même la musique. Sous influence du Gesamtkunstwerk, l’art total synesthésique théorisé par les romantiques allemands, l’artiste israélien propose des spectacles (ultra) vivants depuis 2002, date de son premier ballet, Fragments. Depuis, il a créé Uprising en 2006 et In Your Rooms en 2007, qui interrogent lutte des classes et injustices sociales, ou encore The Art of Not Looking Back (2009), tous entrés au répertoire de l’Opéra national de Paris. Sa compagnie est basée à Londres où Shechter vit depuis dix ans. Auparavant, il a dansé pour la célébrissime Batsheva Dance Company, fondée par Martha Graham, légende de la scène moderne américaine. Depuis 1990, la compagnie est dirigée par Ohad Naharin, le chamane de la “danse Gaga”. Cathartique, laissant toute la place à l’émotion mais sans oublier la technique, cette danse est devenue incontournable. Autant que Naharin lui-même, bientôt 70 ans et une allure de jeune homme. Né dans un kibboutz du nord d’Israël, il ne s’est intéressé à la danse, pourtant enseignée par sa mère, qu’à 22 ans, d’abord au sein de la Batsheva Dance Company, puis
le retour : DISIZ
Le rappeur, écrivain et comédien, ex-Disiz La Peste, revient avec son plus bel album à ce jour, façonné pendant des années. Prêt à se livrer et à faire chavirer les cœurs. En quoi cet album est-il le plus intime que vous ayez écrit ? C’est vrai, c’est la première fois que je fais un disque qui parle autant de moi. Parce que l’amour est une folie acceptée socialement. Je me suis marié très jeune, par amour mais sans avoir conscience de beaucoup de choses… J’ai fait souffrir, j’ai souffert. Cependant, l’amour m’a aussi apporté des jours ensoleillés. Ce disque, je l’ai écrit et enregistré tel un exutoire, pour panser mes plaies. Qu’est-ce qui a changé depuis J’pète les plombs en 2000 ? Je sais davantage qui je suis. Il a fallu m’affranchir du déterminisme social selon lequel je devais être le produit de mon environnement : un mec des cités qui rappe. Cela n’a pas été facile mais depuis, heureusement, la musique s’est décrispée. L’Amour n’obéit à aucune contrainte générique. Je ne me suis même pas posé la question de faire du rap ou pas ! Ici, je suis un chanteur soul qui emprunte au funk, aux sonorités afros, au hiphop, qui se livre sans fards. J’aime la pop élégante, hors des poncifs, comme celle de Prince, Doja Cat, David Bowie ou The Weekend. Outre un duo avec Damso, vous partagez Catcheur avec Yseult. Sa voix est rare et précieuse, elle a un don ! Je me retrouve en elle. Je l’avais croisée dans les bureaux de notre ancien label. Sans qu’on ait parlé, j’avais compris qu’elle avait affaire à la moissonneuse-batteuse qu’est l’industrie de la musique. Plus tard, en voyant tout ce qu’Yseult avait accompli, en tant que femme noire et forte, il m’a semblé indispensable de partager avec elle cette chanson. (SR) L’Amour, de Disiz, Main in Music, sortie le 18 mars. Concert au Trianon à Paris le 16 mars et en tournée dans toute la France.
En Corps, de Cédric Klapisch, avec Marion Barbeau, François Civil, Denis Podalydès, en salle le 30 mars. Uprising et In Your Rooms, ballets d’Hofesh Shechter, du 19 mars au 3 avril à l’Opéra Garnier à Paris, ainsi que Double Murder: Clowns et The Fix, les 3 et 4 mars à Martigues (Bouches-du-Rhône). GöteborgsOperans Danskompani, ballet de Hofesh Shechter et Sharon Eyal, du 4 au 7 mai, Grande Halle de la Villette. Venezuelan et Hora, ballets de la Batsheva Company dirigée par Ohad Naharin, du 12 au 27 mai au Théâtre national de Chaillot, et du 31 mai au 3 juin à la Maison de la Danse à Lyon. 137
la révélation : ROMAIN BRAU
Un comédien extravagant tout autant que sensible. Son spectacle au Étoiles à Paris est un manifeste pour la bienveillance.
Transformisme, danse, chant, stand-up… Ce spectacle est-il une réelle mise à nu ? Complètement, c’est une expérience organique avant tout. J’y crache tous mes traumatismes d’enfance. En tant qu’homosexuel, roux et efféminé, on ne m’a pas fait de cadeau à l’école. On me traitait de fille, cela m’excitait car je rêvais d’être une femme. Je piquais les fringues de ma mère et je me maquillais. Dans ce spectacle, je joue de cette ambiguïté et des préjugés dont souffrent les minorités discriminées, comme les séropositifs ou les transsexuels. Vous voyez la scène comme une tribune ? Oui, mais ma démarche n’est pas autocentrée. Je parle de moi pour rassembler les gens et les décomplexer. J’évoque des choses graves mais ce spectacle est nourri de folies, de clins d’œil et de sourires, cela reste très positif. De la joie avant tout. J’aime débrider les choses. Le rire, c’est ma philosophie et ma thérapie. J’espère aussi pousser le cinéma français à travailler plus avec les minorités. Je pense notamment aux femmes trans totalement négligées. C’est quand même dingue d’avoir à incarner une femme trans dans Les Crevettes car aucune n’a trouvé grâce aux yeux des directeurs de casting ! L’art du travestissement comme performance au-delà du genre ? Je prône l’identité individuelle avant tout. Mon genre est unique, il m ’est propre. J’aimerais que l’on floute ces fameuses frontières de genre. Je peux très bien retaper une maison avec une barbe de trois 138
RENÉ HABERMACHER/THE STIMULEYE ; RÉMY TORTOSA
Dans Les Crevettes pailletées, comédie sur une équipe gay de water-polo (2019), on ne voit que lui, divine créature à la chevelure de feu. Romain Brau y incarne une femme trans haute en couleurs et fera son retour en avril pour la suite du film. Mais c’est la scène qui électrise cet oiseau de nuit formé au cabaret de Madame Arthur. Alors qu’il présente son spectacle au théâtre des Étoiles à Paris, rencontre avec un artiste qui fait de sa vie un show à corps ouvert.
RENDEZ-VOUS jours et me sentir hyperféminin, et me sentir masculin les jours où je suis le plus fragile. C’est un sentiment très intime. Homme ou femme, qu’importe ! J’aime dire que je suis une fée. Être féerique, c’est se transformer, s’adapter. Cette idée de flou me plaît dans mon identité gender fluid. Tout le monde devrait travailler sa fluidité. Cela éviterait bien des comportements inacceptables… C’est-à-dire ? Je pense au harcèlement de rue. C’est seulement depuis que je m’habille en femme que je réalise à quel point elles sont vulnérables.
Entre les sifflements, les hommes qui les suivent… On ne peut pas comprendre tant qu’on ne l’a pas vécu. C’est inacceptable d’avoir à se cacher sous un bonnet et un manteau pour ne pas se faire emmerder. J’encourage n’importe quelle femme à revendiquer sa liberté. Soyons féministes ! (MG) Romain Brau allume Les Étoiles, les 29 et 30 mars, Les Étoiles, Paris 10e. La Revanche des crevettes pailletées, de Maxime Govare et Cédric Le Gallo, en salle le 6 avril.
l’hommage : ALBER ELBAZ “Love brings love” : c’était la maxime du regretté Alber Elbaz, disparu soudainement, laissant la mode dans un désarroi, une carence soudaine de lumière et de douceur. La douceur d’Alber, son affection et cette sorte de gourmandise qui parfois manque à ce milieu, faisaient l’unanimité. Et son talent, bien sûr, et l’extrême acuité qu’il avait du mystère féminin… Une perte immense. Lors de la dernière fashion week, un grand défilé clôtura cette semaine, où designers accomplis et talents émergents lui rendirent hommage : quarante- six tenues fraternelles pour célébrer la mémoire de l’un de leurs plus brillants confrères. On peut retrouver ce show au Palais Galliera, qui expose ces silhouettes “tribute” par ordre alphabétique comme lors du défilé, depuis la maison Alaïa (Pieter Mulier) à Y/Project (Glenn Martens), pour admirer ce supplément d’amour et de respect pour la création. (SJ) “Love Brings Love”, défilé hommage à Alber Elbaz, du 5 mars au 10 juillet, au Palais Galliera, Paris 16e.
Robe Lanvin par Bruno Sialelli, pour célébrer la mémoire d’Alber Elbaz. 139
“LIBERTÉ ET nonliberté SONT LIÉES” MAGGIE NELSON, théoricienne du genre et autrice culte, acclamée pour son précédent essai autobiographique LES ARGONAUTES, publie un nouvel ouvrage revigorant sur la tension entre liberté individuelle et soin. Par LAUREN BASTIDE.
V
ous avez commencé ce livre pendant l’ère Trump et l’avez terminé en pleine crise du Covid 19. Est-ce un guide philosophique de survie pour temps incertains ? En quelque sorte ! Dans ce contexte d’accélération, ce livre a été un espace de recul salutaire pour moi. Remettre en perspective ce qui nous arrive avec les luttes des cinquante dernières années m’a rassurée. L’opposition droite/gauche, le modèle “liberté individuelle” versus “soin collectif ”. Nous butons toujours sur les mêmes impasses. Vous vous appuyez sur des penseurs français, Michel Foucault principalement. Est-ce qu’il y aurait une lecture spécifiquement française de votre ouvrage ? La France et les États-Unis partagent une histoire de la révolution mais aussi une histoire du colonialisme, une histoire du racisme. Il y a aussi une droite libérale en France, qui utilise la liberté comme un slogan organisateur, et une gauche qui tend vers la quête d’un projet émancipateur de “libération”. Les États-Unis avec leur histoire d’esclavage portent des siècles de pensée sur la libération, mais on retrouve quelque chose de similaire chez Aimé Césaire ou Édouard Glissant. Le mot a une histoire différente d’un pays à l’autre, mais j’y vois surtout une continuité. Ce livre est en divisé en quatre “chansons”, embrassant chacune un thème : l’art, le sexe, la drogue, le climat. Qu’ont ces thèmes en commun ? J’ai commencé par le chapitre sur la drogue : pourquoi, dans l’histoire de la littérature, les livres qui parlent de drogue sont perçus comme des hymnes à la liberté, alors que l’addiction est un emprisonnement ? Je voulais montrer que liberté et non-liberté sont intrinsèquement liées. Les chapitres sur l’art et le sexe sont venus naturellement, ce sont les thématiques que j’ai le plus explorées en tant que professeure. Je voulais parler du 140
glissement, ces trente dernières années, dans ce qu’on entend par “liberté sexuelle” et du défi pour l’art de continuer de produire de la disruption dans une époque où il y a un grand besoin de soin et de réparation. Quant au climat, c’est un contexte que nul ne peut ignorer. Ce sentiment d’être à bord d’un train fou qui fonce dans le mur est celui d’une non-liberté absolue. Vous montrez que la liberté est libération du passé, élan vers un futur, action dans le présent. Est-ce que le temps est le sujet caché du livre ? Quand on pense à la drogue, par exemple, les personnes qui la consomment veulent se libérer d’un présent difficile, sachant que le lendemain sera pire. Dans le chapitre sur le climat, je décris le paradoxe qu’il y a à se sentir libre en bénéficiant d’un confort fondé sur les énergies fossiles, tout en se dirigeant vers un avenir qui n’a rien de désirable. Le temps révèle la tension entre la liberté et le soin, paradoxe insoluble qui me rappelle l’époque où j’avais un bébé : je ne voulais pas passer mon temps à l’allaiter à la maison ni l’abandonner pour aller travailler dans le monde ! Il a fallu accepter que ma vie soit placée sous le signe de cette tension que rien ne viendrait résoudre. Vous questionnez des points sensibles dans les milieux progressistes, comme la “cancel culture” ou encore “la zone grise” du consentement. Certaines critiques vous en ont voulu. Est-ce que vous étiez angoissée par la réception de ces passages ? Non, mon travail est de faire avancer la conversation. Je n’ai aucun problème à échanger avec des personnes avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Les seuls retours qui m’ont déprimée sont ceux qui étaient une “répétition des symptômes”. Ce qui m’intéresse surtout, c’est l’échange avec mes lecteurs et lectrices. Des féministes essaient d’aller plus loin que #MeToo, disant que la désignation des violences sexuelles ne suffit pas, comme vous le démontrez avec l’exemple fascinant de Monica Lewinsky. Faut-il passer à la suite ? Chacune est à un stade différent, on ne peut pas décider ce que les féministes doivent faire. On ne peut pas dire : passez à la justice non-punitive ! Pensez différemment !
“La vénération de l’action au mépris de la pensée m’attriste. La pensée a besoin de lenteur, mais elle est bel et bien action. Les MOUVEMENTS FASCISANTS promettent la fin du conflit par le renoncement à la pensée, en proposant d’enfermer ce qui pose problème.”
LITTÉRATURE
JÉRÔME BONNET / MODDS
Maggie Nelson à Paris, en 2019.
En tant qu’amie, en tant que professeure, je veux continuer d’être là pour les personnes qui m’entourent, au stade où elles en sont. En tant qu’écrivaine, s’il y a des choses dans le discours public qui ne répondent pas à mes attentes, je peux suggérer un petit îlot de pensée où certain(e)s trouveront des réponses nouvelles. Autre thème : la honte. Dans le chapitre sur l’art, notamment, vous dites que les réseaux sociaux créent une peur de la honte publique. Un obstacle à la liberté créative. La technologie change, mais la honte a toujours été au centre de la pratique artistique. Les humains ont toujours cherché à résoudre cette dichotomie entre l’intégrité et le regard extérieur. La honte est un serpent qui se mord la queue car on revient toujours au ressenti individuel. Pour mettre fin au cercle vicieux, il faut reconnaître que plus on sera nombreux à parler de notre honte, moins on ressentira la honte d’avoir été par exemple victime d’agression sexuelle, ou d’utiliser les énergies carbone. Une vie queer, une vie féministe sont souvent char-
gées de honte, mais quand elles sont portées comme une revendication, de nouvelles choses émergent. J’écris dans la perspective d’une ère post-honte. Pour laisser place à quoi ? À la pensée. La vénération de l’action au mépris de la pensée m’attriste. La pensée a besoin de lenteur, mais elle est bel et bien action. Les mouvements fascisants promettent la fin du conflit par le renoncement à la pensée, en proposant de supprimer, d’enfermer ce qui pose problème. Comme si on pouvait mettre fin à la crise climatique en arrêtant d’y penser. Écrire, lire un livre, c’est “rester dans le trouble”, comme dirait Donna Haraway. Ça n’est peut-être pas l’activité la plus confortable, mais pour moi, elle sauve la vie. De la Liberté, quatre chants sur le soin et la contrainte, Maggie Nelson, éditions du sous-sol, traduit de l’américain par Violaine Hulsman. Les Argonautes, version poche, éditions Points, traduit par Jean-Michel Théroux. 141
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MISS VOGUE
MISS BRETAGNE Photographe ESTELLE HANANIA. Réalisation ALLY MACRAE.
Pull-over maille ouvertures et pantalon maille large, MANGO. Ras de cou en point milano manches courtes festonnées, en coton et cachemire, ERIC BOMPARD. Collier et bracelets à franges rouges vintage, chez 20AGEARCHIVE. Mules matelassées en cuir, ABRA.
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MISS VOGUE
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Cape Cassandra en cachemire, LORO PIANA. Mules babouches en cuir et plumes d’autruche, KOCHÉ. Chaussettes rayées, FALKE. Coiffe bretonne vintage.
MISS VOGUE
Brassière nouée à larges rayures et ceinture tie & dye en corde à nouer, SESSÙN. Bottes de pêcheur vintage.
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Robe en coton, IKKS. Veste longue en dentelle de coton, 2 MONCLER 1952 WOMAN. Veste Dimarik à manches courtes, ISABEL MARANT. Cuissardes blanches en cuir caoutchouté, MAISON MARGIELA. Casquette Dyna en tweed de coton, MAISON MICHEL. 146
Robe longue en satin, AMI. Collants et gants Ocean Waste en nylon, LAUREN PERRIN. Mocassins en cuir, 2 MONCLER 1952 WOMAN. Boucle d’oreille spirale or et boucle d’oreille coquillage, ANNE-MARIE BERETTA chez PASSAGE ARCHIVES.
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MISS VOGUE Robe Loula en taffetas, RENAISSANCE RENAISSANCE. Trench Catherine en coton, COMPTOIR DES COTONNIERS. Ceinture en cuir, ZANA BAYNE. Sandales Cece en cuir grainé, BY FAR. Bonnet, ISSEY MIYAKE. Boucles d’oreilles en argent, chez PASSAGE ARCHIVES.
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MISS VOGUE Cape Cassandra en cachemire, LORO PIANA. Coiffe bretonne vintage. Mise en beauté avec le fond de teint Phyto-teint Nude (teinte Pearl), le Blush Enlumineur L’Orchidée, et sur les lèvres, le Phyto-Lip Delight (teinte Beige #Cool), SISLEY.
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MISS VOGUE
Au premier plan : veste à capuche Tortola, FILA. Jupe longue plissée en coton, JACOB COHËN. Bottes western en cuir à clous métalliques, REPLAY. À l’arrière plan, de gauche à droite : robe chemise Trucker en coton, JACOB COHËN. Veste noire coupe cintrée, CAROLL. Coiffe en drap de laine, MIA GOSSET. Robe drapée, CARVEN. Bonnet, ISSEY MIYAKE. 150
Robe chemise Trucker en coton, JACOB COHËN. Veste noire coupe cintrée, CAROLL. Coiffe en drap de laine, MIA GOSSET.
MISS VOGUE
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MISS VOGUE Robe en coton, PAUL & JOE.
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MISS VOGUE Top en macramé, GUESS. Brassière à balconnets Jardin d’amour, INTIMISSIMI. Robe crochet en coton, ALL-IN. Collants, MANGO. Sandales Tersy, ISABEL MARANT. Gants en cuir vintage, chez MONOGRAM PARIS. Bracelets vintage, chez 20AGEARCHIVE. Coiffure Pawel Solis pour Oribe. Mise en beauté Marie Duhart. Production 138 Productions. Assistants réalisation Laura Guillon, Esther Talaber et Océane Philippe. Remerciements au Castelbrac Hotel et Spa à Dinard.
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ADRESSES
Bol d’air breton
Avec ses plages blondes fouettées par la Manche et l’Atlantique, ses villages en PIERRES, ses belles tables face à l’HORIZON et son art de vivre vivifiant, la Bretagne fait partie des destinations stars du printemps. Par JADE SIMON. Une institution avec vue : le Castelbrac, à Dinard Face à Saint-Malo, cette ancienne station maritime est désormais l’un des plus charmants hôtels de Bretagne. Décor années 1930, avec papiers peints aux imprimés végétaux et mobilier Art déco, 24 chambres plongeant sur la baie, un spa qui prodigue des soins Gemology et Thémaé, une piscine et surtout le restaurant de Julien Hennote. Sa recette signature : une savoureuse raviole de homard bleu. castelbrac.com/fr À gauche : pull en lin, COMPTOIR DES COTONNIERS. Combinaison en jersey de coton et laine, ALL-IN. Chaussettes, FALKE. Gants vintage. À droite : pull, CARVEN. Robe en coton, MARNI.
Le couloir de nage du Castelbrac, à Dinard.
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Le restaurant japonais Otonali à Saint-Malo. Ci-contre : une planche de surf Gawood, fabriquée à Tréméoc.
ESTELLE HANANIA/ ALLY MACRAE ; GAWOOD ; GWENAËL SALIOU
Un hôtel & spa futuriste : L’EssenCiel (Rennes) Belvédère géant qui s’inspire de la structure d’un arbre portant sur chacune de ses branches une bulle suspendue, ce nouvel hôtel et spa a prévu d’ouvrir ses portes au printemps. Au cœur du Domaine du Château des Pères, au sud de Rennes, l’établissement a été designé par Anthony Rio (agence d’architecture Unité) et compte 42 chambres, dont certaines sont perchées jusqu’à 28 mètres de hauteur. Le spa rivalise également d’innovations. chateaudesperes.fr Des planches de surf artisanales : Gawood, à Tréméoc Diplômé de l’École Boulle en sculpture sur bois et passionné de surf, Gaël Le Thellec a fondé Gawood à Tréméoc au sud de Quimper. Un atelier artisanal qui propose des planches sur mesure en bois de paulownia, toutes magnifiques. gawoodsurfboards.com Un fish & chips so british : Pesket, à Douarnenez Sur le Port-Rhu de Douarnenez, un ancien pêcheur et une mordue de poissons ont ouvert, l’été dernier, le discret Pesket. Comptoir de rue où venir s’offrir un fish &
chips à faire pâlir d’envie les “Brits”: églefin, frites et coleslaw maison. douarnenez-tourisme.com Une brocante diversifiée : Maja, à Brest Sorte de caverne d’Ali Baba brestoise, Maja rassemble des tables Osvaldo Borsani, des tapis Senneh (d’origine kurde iranienne), de la vaisselle ancienne… Autre bon point, le lieu comprend un coffee-shop qui excelle en gaufres maison. maja-brest.com Une maison de gardien de phare : l’île Louët (Carantec) À portée de brasse de la pointe de Pen al Lann, la maison du gardien de phare de l’île Louët fait partie des spots paisibles de la région. Confort sommaire mais site exceptionnel : elle se loue auprès de l’Office du tourisme, d’avril à octobre, muant ses locataires en Robinson bretons. Toutes les chambres ont vue sur mer et sur le château du Taureau, qui flotte au loin. baiedemorlaix.bzh/fr Des objets en coquillages recyclés : Malàkio, à Irvillac Créée par deux amis d’enfance, cette startup écoresponsable décline des objets utili-
taires et de déco au cœur du Finistère. Bougeoirs délicats, grands et petits palets, tabourets… réalisés à partir de coquilles d’huîtres, d’ormeaux et saint-jacques ramassées sur l’estran. malakio.com Un izakaya : Otonali, à Saint-Malo Bertrand Larcher, à la tête des célèbres Breizh Cafés, vient d’inaugurer une nouvelle adresse pour son restaurant nippon Otonali à Saint-Malo. Installé face au port, le lieu s’inspire de la cuisine des izakayas (bistrots japonais experts en petites assiettes à partager) avec, à la carte, sashimis selon la pêche du jour, tempura du marché ou dorayaki au yuzu et crème chantilly, le tout préparé par le chef Yasu Hayashi. Une expo photo : Madeleine de Sinéty, à Rennes Photographe autodidacte, Madeleine de Sinéty est à l’honneur d’une exposition au Musée de Bretagne à Rennes. Mêlant extraits de son journal et tirages des années 1970 dans le village de Poilley (Illeet-Vilaine), c’est tout un monde rural que l’exposition met en lumière : travail agricole et fêtes de village, fréquentées par une foule haute en couleurs. musee-bretagne.fr 155
EN BEAUTÉ
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BEAUTÉ
UNE BELLE PERSONNE
LAETITIA CASTA sait s’entourer de personnes bienveillantes pour s’occuper de son VISAGE, de son CORPS et de son MENTAL. Elle demande la même chose à ses produits de beauté : des formules clean et positives, pour traiter sa peau avec sérénité. Par FRÉDÉRIQUE VERLEY. 1.
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DAVID SIMS ; PRESSE
UNE ASTUCE MAKEUP BONNE MINE “J’aime me maquiller avec des soins, en jouant avec les textures pour créer des effets de brillance. Une crème un peu plus grasse sur les paupières et les pommettes apporte une petite touche de glow, sans surépaisseur. Quand je ne travaille pas, j’aime être natu relle, laisser ma peau respirer.”
SA PHILOSOPHIE COSMÉTIQUE “Depuis quelque temps, j’ai décidé d’al ler à l’essentiel, en beauté aussi. J’utilise beaucoup moins de produits qu’avant et je suis plus fidèle. Parce que je sais mieux ce qui me convient, bien sûr. Mais également d’un point de vue environnemental, pour limiter ma consommation : j’éprouve dé sormais du plaisir à terminer chaque flacon.” SA ROUTINE BIO TOUTE SIMPLE “J’ai la peau super sensible et très fragile. Et une routine assez courte me convient tout à fait. Matin et soir, je me nettoie le visage
avec une petite merveille : le Lait nettoyant et démaquillant Protéin Biomulsin du Dr Janka (1), qui réconforte ma peau. J’enchaîne avec les produits de la gamme Pump’Skin du Dr Eraud, au potimarron : le Sérum Éclat, la Happy Cream Délicate (2), ou Onctueuse si ma peau tire. Je m’enduis ensuite le corps avec la Crème à la lavande du Dr Hauschka. J’adore son odeur, elle m’apaise, un peu comme si j’entrais en méditation. De temps en temps, je laisse poser le masque Radiance de Tata Harper (3), qui me donne instanta nément un joli glow. Chez moi, plus c’est simple, mieux c’est.”
SES RÉFÉRENCES EN PHARMACIE “Le Gel Cils et Sourcils Fortifiant d’Ecrinal, et la Pâte Grise de Payot qui assèche et soigne tout de suite mes petites imperfections.” LA TROUVAILLE DONT ELLE EST FIÈRE “Justement la marque Pump’Skin ! Ils se sont rendu compte que les personnes qui récoltaient les potimarrons avaient des mains extraordinaires. Le Dr Dominique Eraud, une femme solaire, nutritionniste, mais aussi phytothérapeute, a donc fondé cette marque bio, 100 % française, qui reprend toutes les vertus antiâge et éner gisantes de la cucurbitacée.” 157
BEAUTÉ
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SA COACH DE PEAU “Helena Gruszka. C’est une kérato thérapeute, une discipline à mi-chemin entre la dermatologie et l’esthétique. Elle étudie les peaux au cas par cas, trouve des solutions pour chaque déséquilibre : hypersensibilité, rougeurs, microkystes, acné, dessèchement… Elle fait ensuite évoluer la peau étape par étape, pour lui faire retrouver son équilibre originel. Toutes les personnes qu’elle suit
ont vu leur peau se transformer.” KératoParis, 71, bld Voltaire, Paris 11e. UNE BEAUTÉ FRANÇAISE “Surtout pas parisienne, car je viens de la campagne ! Ma mère, ma grand-mère et mon arrière-grand-mère étaient très co quettes dans leur simplicité. J’aime l’idée du respect de l’autre. C’est ça, l’élégance à la française.”
PRESSE ; CARLIJN JACOBS
Laetitia Casta, photographiée par Carlijn Jacobs, porte une robe en jacquard et des boucles d'oreilles O'Lock, FENDI, et une écharpe à motif tie-dye, POLO RALPH LAUREN. Maquillage YVES SAINT LAURENT BEAUTÉ avec la Touche Eclat Le Teint B10, le Couture Blush 14, le Satin Crush Radical Rust, le Mascara Lash Clash Noir, et sur les lèvres, le Rouge à Lèvres Rouge Pur Couture Mystery Red.
UN GUIDE D’ÉVEIL “Mon ami Pablo Courau m’a appris à me libérer de la performance, du regard des autres, de l’obligation d’être à la hauteur, à lâcher prise, à ne plus avoir le trac, à me mettre dans une énergie plus large, en éveil. Mais attention, il faut vraiment être ouvert pour travailler avec lui…” Sessions de coaching par téléphone : tél. +44 74 80 23 33 56. UN MAQUILLAGE RÉCONFORTANT “En maquillage aussi, je recherche le naturel et le végétal. Comme le fond de teint en stick Vital Skin de Westman Atelier (1), riche en antioxydants et en actifs calmants. Ensuite, je détourne leur Super Loaded Tinted Highlighter Peau de Rosé (3), normalement prévu pour les joues, sur les paupières. C’est un fard gras, donc je peux le travailler, et il crée un petit reflet très discret, sans paillettes. Pour le soir, le Diorshow Mono Couleur Couture Denim de Dior (5) + mon mascara aux extraits de calendula de la marque Rouje.” UNE ROUTINE BEAUX CHEVEUX “J’adore l’Amino Acid Shampoo de Kiehl’s (2), pas agressif du tout. Et les masques réparateurs intenses Botanical Repair d’Aveda (4) qui renforcent les longueurs. En touche finale, le Rituel Hydratation Crème de jour de René Furterer (6) qui les gaine et les enveloppe de douceur.”
UN RITUEL BIEN-ÊTRE QUOTIDIEN “Lorsque je travaille, je fais pas mal de visualisation, j’essaie de me mettre dans une énergie positive : voir le meilleur côté des choses, dans un esprit de partage, de géné rosité, de bienveillance envers les autres. Comme un mantra que je me répète sys tématiquement. Pouvoir m’isoler est vrai ment important, un espace temps où rien ne vient me déranger, où je peux me concen trer sur ce que j’ai à faire. J’aime le pouvoir des pierres aussi. Elles m’apportent beau coup. Au théâtre, j’ai une grosse cornaline. Elle est dans ma loge, puis dans un coin de la scène. C’est une béquille qui me rassure.”
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UNE ADRESSE POUR SE RECHARGER “Mon moment à moi, c’est avec mon masseur, Daniele. Formé à la récupération sportive et à la médecine ayurvédique, il s’occupe surtout des danseurs de l’Opéra de Paris. Chaque massage est unique, en fonction de mon état et des difficultés que je rencontre au moment où je le vois.”
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UN PARFUM INTIME “Justement, trop intime. Offert par mon amoureux et j’aimerais le garder pour moi.” UNE MANUCURE FÉTICHE “Au-dessus de ma Base Coat Abricot de Dior, je suis fan en ce moment des cou leurs fluo, jaune, rose, orange.”
LE SPORT, SON ÉQUILIBRE “Je suis plutôt une fonceuse. J’ai vraiment besoin de me défouler. Le sport, chez moi, est quelque chose de très important. Pas tel lement pour le physique, mais pour le men tal. Je suis plutôt cardio, muscu et gym avec mon coach perso, François, qui connaît par cœur ma morphologie, mon alimentation, la façon dont je brûle les calories. C’est quelqu’un qui a une vraie culture du corps humain, mais qui est aussi un bon soutien sur le plan émo tionnel. Il m’a suivie pendant ma grossesse : il a adapté l’effort à mon état, au fil des mois. En règle générale, je m’entraîne une fois par jour, hors week-end.”
“Les personnes qui s’occupent en général de moi sur les shootings et les tournages sont très IMPORTANTES à mes yeux. Passer entre leurs mains me met en CONFIANCE, leur bienveillance m’apporte un supplément d’ÉNERGIE, au-delà de leur travail.”
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LES FAUX PAS BEAUTÉ “Utiliser des produits trop forts qui agressent la peau et peuvent provoquer des allergies. J’ai fait des réactions par le passé à des masques et des exfoliants qui ont brûlé ma peau. Ma sœur a rencontré le même problème. Donc j’évite aujourd’hui. Je suis toujours à la recherche de produits doux et bienveillants, plutôt bio.” SA SEXY ATTITUDE “Ne pas en avoir conscience.” 159
EXPLORATIONS Tout ce qui fait VIBRER nos sens et nous inspire CETTE SAISON. Par MÉLANIE DEFOUILLOY et MÉLANIE NAUCHE.
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SØLVE SUNDSBØ/MORGANE BEDEL ; PRESSE
BEAUTÉ
ICED OUT
Les codes de la paillette ont changé : auparavant, on se limitait à quelques reflets iridescents posés sur les paupières. Aujourd’hui, on la saupoudre à l’extrême sur les pommettes, le haut du front, la bouche, et même les dents. Il n’y a plus de limite. À l’instar des cascades de diamants qui martèlent l’esthétisme de la rap culture. Place au flash, au spectaculaire et à la démesure. Il faut que ça brille !
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1. Patchs liner, FACE LACE, £ 13,95. 2. Illuminateur de regard Lidstar, GLOSSIER, 18 €. 3. Poudre libre métallisée pigmentée, ZARA, 8,95 €. 4. Palette Essential Eyeshadow Monochrome, GLOSSIER, 18 €. 5. Ombre à paupières Crème Eyelights, RMS BEAUTY, 28 €. 6. Cream Blush Flashy, TATA HARPER, 42 €. 7. Bâton de couleur multi-usage, BYREDO, 29 €. 8. Vernis Diamant, MANUCURIST, 14 €. 9. Flacon de paillettes Norvina Glitter, ANASTASIA BEVERLY HILLS, 28 €. 161
BEAUTÉ
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3. 1. Ce tissu élimine impuretés et bactéries grâce au charbon de bambou : KONJAC SPONGE COMPANY, 17,99 €. 2. Pour des ongles soyeux : Dior Vernis Ruban, DIOR, 28 €. 3. Un tissage de quartz rose pour décongestionner les yeux : ROLL ON JADE, 128,90 €. 4. Une poudre riche en pro et prébiotiques qui favorise la symbiose du microbiote cutané : coffret avec poudre moussante 4-en-1, FEÏ PARIS, 19,90 €. 5. La traduction olfactive d’une veste en cuir : Wild Leather, collection “Le Vestiaire des Parfums”, YVES SAINT LAURENT, 75 ml, 188,50 €. 6. Conçu avec des particules de cellulose, le Masque d’imprégnation des lagons Ideal hydratation épouse les contours du visage pour l’hydrater en profondeur, CARITA, 69 € les 5 masques. 7. Ces patchs griffés composés à 92 % d’ingrédients naturels illuminent le regard : Eye Reviver Patchs, 2 paires de patchs, DIOR, 29 €. 8. Reproduction sur la bouche de l’effet poudré du velours : Rouge à lèvres Rouge Deep Velvet, GIVENCHY, 38,50 €. 9. Les écrins de la collection “Rouge G Luxurious Velvet” s'habillent de motifs très parisiens, GUERLAIN, 69 €. 10. Quand le mythique tweed de Mademoiselle se décline en blush : Blush Tweed Cherry Blossom, Les Tissages, CHANEL, 47 €.
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COSMÉTIQUE COUTURE
Les unes déclinent leurs motifs iconiques en fards ou en blushs. D’autres imitent les effets de matière du velours sur les lèvres ou d’un ruban soyeux sur les ongles. Encore plus extrêmes, certaines infusent même leurs formules de fibres de tissus, comme le coton ou la cellulose. Les marques de beauté puisent dans la richesse des matières textiles avec un objectif commun : donner à leurs produits une dimension high-tech très couture, et flouter un peu plus les barrières entre la mode et la beauté. 162
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PRESSE ; KENTA UMEMOTO
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À découvrir sur sisley-paris.com
BEAUTÉ
MYSTIQUE AURA
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1. Des cristaux d’énergie à utiliser pendant sa méditation, SENTARA, 80 €. 2. Un parfum pour se connecter avec les énergies et le divin, MONOKI BY DIANE GOLDSTEIN, 30 ml, 100 €. 3. Une eau d’éveil spirituel, THE NUE CO, 90 € sur bazar-bio.fr. 4. Une bougie apaisante à la cire végétale et quartz rose, HOLIDERMIE, 49 €. 5. Une huile infusée à l’améthyste pour retrouver la paix cellulaire, AMAN SKINCARE, 70 £. 6. Un horoscope ultra-personnalisé qui croise les données de la NASA et les intuitions d'astrologues. costarastrology.com. 7. Une huile pour envelopper le corps et réconforter l'âme, HANA KANA, 80 €. 8. Un élixir lunaire à masser, WESAK, 79 €. Pour aller plus loin : Une nuit dans une suite baptisée “7e chakra” pour aligner ses énergies : SEVEN HÔTEL X HOLISSENCE, 20, rue Berthollet, Paris 5e. Une initiation au “Human Design” (astrologie, chakras…), avec MÉLODIE JEANNIARD DU DOT, pour un chemin de vie plus paisible. mjd-paris.com/holistic
ELIZAVETA PORODINA / TRUNK ARCHIVE / PHOTOSENSO ; PAOLA KUDACKI/TRUNK ARCHIVE/PHOTOSENSO ; PRESSE
Notre bien-être est-il écrit dans les étoiles ? La science et la physique quantique ont prouvé qu’un champ électromagnétique émanait de chacun d’entre nous. L’aura, cette signature énergétique représentée sous forme d’un halo coloré, varierait même selon l’humeur ou la personnalité. Par exemple, le rouge se rapporte aux sentiments dans la force et la profondeur. Le vert représente la renaissance et la prospérité. Le bleu est synonyme de loyauté et d’intégrité. Développer cette atmosphère subtile qui nous entoure nous permettrait ainsi de connecter ensemble le corps, l’esprit et l’univers.
1. Rouge à lèvres mat Sydney Lavender, GUCCI, 40 €. 2. Vernis Mariachi Makes My Day, O.P.I, 14,50 €. 3. Masque Chronobiologique Nuit, NOBLE PANACEA, 22 € les 8 doses. 4. Palette Plum Tulle, DIOR, 63 €. 5. Le Mascara Volume Effet Faux Cils, YVES SAINT LAURENT BEAUTÉ, 35,50 €. 6. Ombre Première Vibrant Violet, CHANEL, 34 €. 7. Brosse nettoyante Luna 3, FOREO, 199 €. 8. Blush Drama Cla$$, FENTY BEAUTY 25 €. 9. Bombe de bain Goddess, LUSH, 8,50 €. 10. Patchs, PATCHNESS, 14,90 €.
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Bleu pervenche aux nuances violettes, le Very Peri est la teinte Pantone de l’année, écho aux écrans tactiles, au monde numérique et aux possibilités créatives du futur… Couleur la plus énigmatique du spectre, le violet est aussi celle de la spiritualité et de la sérénité : en chromothérapie, ses nuances agissent au niveau psychique pour apaiser les sens, calmer les insomnies et nous recentrer. Autant de raisons d’adopter le Very Peri en beauté, distillé dans l’eau du bain, ou bien pour intensifier le regard ou faire claquer les ongles. 165
BEAUTÉ
DENTELLE OLFACTIVE Des matières premières
ciselées. Des facettes exaltées. CINQ PARFUMS très privés habillent la peau d’un souffle HAUTE COUTURE. Par MÉLANIE NAUCHE.
Rose poudrée : Rose Kabuki, CHRISTIAN DIOR, 125 ml, 225 €. Santal velours : Eau de parfum Santal Pao Rosa, collection “L’Art et la Matière”, GUERLAIN, 100 ml, 295 €.
Jasmin velouté : Parfum Fleur du Désert, LOUIS VUITTON, 100 ml, 315 € (lancement en juillet en France). Camomille éthérée : Cologne Moonlit Camomille, JO MALONE, 100 ml, 120 €.
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COPPI BARBIERI / DIGITAL JAN CIHAK
Encens soyeux : Eau de parfum Desert Eden, collection ”Parfums de luxe”, ESTÉE LAUDER, 100 ml, 145 €.
innovation texture comblante immédiate correction rides
huile de micro-algue ultra corrective la force de 4 milliards de cellules actives dans une seule goutte
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révélez une peau aussi forte que vous Infusés d’Huile de Micro-algue, les soins Merveillance LIFT transmettent à la peau toute la puissance de cet actif d’exception, dont chaque goutte concentre le pouvoir de 4 milliards de cellules actives. Vos rides sont corrigées et votre peau est plus ferme, plus résistante, visiblement plus jeune. scannez pour en découvrir plus (1) Formule végane sans ingrédients ni dérivés d’origine animale. (2) IQVIA – PharmaOne Pharmatrend – Marché anti-âge (82B5 & 82D2A) – en pharmacie – France – CAM Juin 2021 – volume. Laboratoire NUXE SAS - 127 rue d’Aguesseau 92100 Boulogne-Paris-France - R.C.S. 642 060 123
nuxe N°1 de l’anti-âge en pharmacie
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Photographies retouchées
EN SCÈNE
Robe et chapeau cinétiques en jersey, PIERRE CARDIN. Bottes Dior Idole en cuir de veau verni noir, signature CD orange fluo, DIOR.
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Robe longue en gaze de soie et body seconde peau, DIOR. Top en métal doré, BALMAIN. 172
Si belle, talentueuse, sincère, très drôle… LAETITIA irradie de sa présence. L’écrivain ARTHUR DREYFUS a rencontré la plus charmante de nos étoiles. Photographe CARLIJN JACOBS. Réalisation IMRUH ASHA.
e film Don’t Look Up imagine qu’une météorite s’apprête à détruire la Terre. Mais l’histoire cosmique n’est pas toujours dramatique : elle fait parfois naître des étoiles dont la lumière éclaire la planète entière. Telle est l’aura de Laetitia Casta, qui incarne l’idée française de la beauté et du charme. Au point d’avoir prêté ses traits à notre Marianne nationale. Et d’avoir décroché, à une vitesse de météore, l’adoubement de Vogue jusqu’aux plus hauts titres de la République de la mode. Mais la grâce ne fait pas tout. Sous cette grâce, il y a une volonté, une maestria que confirment les succès au théâtre et une filmographie florissante. Depuis le rôle culte de Falbala, face au king Depardieu, dans Astérix de Claude Zidi, les projets se sont enchaînés : de Raoul Ruiz à Patrice Leconte en passant par Pascal Thomas, Tsai Ming-liang ou Joann Sfar, les plus beaux regards du septième art se sont posés sur l’actrice. Aujourd’hui, Casta appartient à notre paysage affectif : elle est une amie de la famille, dont le sourire parle davantage que mille pages. Mais le lot des étoiles n’est-il pas de demeurer mystérieuses ? En dépit de leur douce clarté, elles palpitent dans l’infini des nuées. Aussi rêvet-on, rencontrant Laetitia sous le ciel de Paris, d’un silence céleste. Au-delà des mythes sur la carrière fulgurante du supermodel, sur le conte de fées de ce visage que le monde nous envie, on aurait plutôt envie de penser comme Deleuze : “Le problème n’est plus d’amener les gens à s’exprimer, mais de fournir des petits moments de solitude et de silence dans lesquels ils peuvent trouver quelque chose à dire. (...) Quel soulagement que de n’avoir rien à dire, le droit de ne rien dire, parce que seulement à ce moment il devient possible de saisir cette chose rare, et toujours plus rare : ce qui vaut la peine d’être dit.” Alors voilà. On s’enfonce dans un fauteuil de velours, on s’apprête à quitter la terre ferme – et on se lance dans l’espace. 173
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Maillot de bain une pièce en jersey, sandales à talons en cuir imprimé et colliers en métal, perles et strass, CHANEL. Collants, FALKE.
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Débardeur en soie brodée, jupe longue en organza et ceinture en tissu, EMPORIO ARMANI.
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otre métier n’est pas seulement de défiler, de poser, de faire des films… C’est aussi de répondre à des milliers d’interviews. J’ai donc une proposition à vous faire : pour changer, j’aimerais que nous parlions comme si ce n’était pas une chose professionnelle. (Laetitia rit de son rire de cristal sucré.) Essayons ! Mais vous savez, il faut bien faire avec la matière en face. Les questions qu’on me pose sont souvent identiques parce que les gens se renseignent sur Internet et répètent les mêmes choses. C’est tellement crucial, pourtant, de dire des choses singulières… Certes, mais si elles sont fabriquées, si c’est un objectif purement cérébral, ça n’a pas de sens. Je pense qu’une vraie conversation doit venir du cœur. J’ai remarqué que dans vos entretiens, vous parlez énormément du cœur… Bah, c’est ce qui nous permet de vivre ! Tant que le cœur bat, le reste fonctionne, non ? Le cœur n’est pas qu’une machine mais c’est aussi l’organe qui symbolise l’amour… On pourrait commencer par dire que l’amour est la chose la plus importante dans votre vie ? Ah oui. Il y a différentes sortes d’amour, l’amour des autres, l’amour-propre, l’amour de ce qu’on fait… (On apporte une tasse de café à Laetitia), l’amour du cappuccino ! Enfin oui, je crois que l’énergie la plus forte, c’est l’amour. L’amour, c’est le message chrétien par excellence. Croyez-vous à un ordre du monde ? Je crois à quelque chose de plus grand… mais sans ordre – ni hiérarchie, ni punition, ni forces maléfiques. Et si vous me demandez quelle est ma religion, je vous répondrai : l’empathie. Comprendre ce que ressent l’autre au plus profond, c’est ce que je préfère. Dans une autre vie, en fait, vous auriez pu tirer le tarot. (Rires.) Je pensais que vous alliez dire psy ou infirmière ! Disons que ce qui est magique pour moi, c’est de retrouver cet instinct des choses dont l’éducation, la religion, la société nous coupent. Ce qui m’intéresse – sans avoir besoin de lire les cartes –, c’est de sentir ce sixième sens, cette force de l’instant qui a été préservé chez les animaux. Difficile “d’être dans l’instant”, on est vite rattrapé par la culpabilité, la peur d’avoir fauté… Ce n’est pas de peur dont vous parlez – c’est d’ego. Et vous n’en souffrez jamais, de cet ego ? J’essaie de m’en libérer. Imaginez un drap soulevé par les vents mais retenu par une pierre. L’ego est cette pierre au milieu du drap. Et chaque matin, je me concentre pour l’enlever. Lorsqu’on se renseigne sur votre enfance, on trouve un décor digne des contes de Perrault, une maison enchantée au cœur des bois… C’est vraiment vrai ? C’est vraiment vrai. Je n’avais aucun jeu pour enfant, j’avais les saisons, les fleurs, les plantes, les insectes, les
animaux, les arbres… Toutes ces choses étaient mes compagnons. De réelles rencontres, chaque jour. On croirait entendre Ondine, cette fée de la Nature inventée par Giraudoux. Ce rôle a été important pour moi. Ce fut le début de l’amour de la scène – puis ce texte est si merveilleux, si poétique… Ondine est un électron libre. Lorsque je l’ai rencontrée, je me suis sentie moins seule dans la vie. Face à son père qui cuit un poisson, Ondine s’écrie : “O ma truite chérie, toi qui depuis ta naissance nageais vers l’eau froide !” Enfant, vous vouliez devenir vétérinaire… Dans cette maison des bois, vous étiez comme Ondine, en lien avec les animaux ? À chaque instant, oui. Domestiques ou sauvages ? Les deux. J’ai eu notamment une oie qui s’appelait Gédéon. Une oie ou un jars ? Je n’ai jamais su… Disons qu’il était non binaire, il avait pris de l’avance sur l’époque ! Et donc Gédéon se lovait dans mon cou, prenait mes cheveux avec son bec comme pour les coiffer, les caresser. Il me suivait partout. J’ai eu cette oie pendant l’été et malheureusement j’ai dû aller à l’école à la rentrée, elle a commencé à m’oublier et quand je suis retournée la voir, elle m’a pincé la cuisse. Elle ne m’a plus reconnue. Si ça se trouve, iel ne vous a pas oubliée, iel vous en voulait juste de l’avoir quitté-e… Mais je ne l’avais jamais quittée dans ma tête, mon oie ! C’était juste le temps d’aller à l’école. J’aurais dû lui expliquer. (Pause.) Cela dit, moi non plus je n’avais pas envie d’aller à l’école. J’aurais préféré rester avec Gédéon dans la nature. J’ai été saisi par votre magnifique rôle dans Le Milieu de l’horizon (Delphine Lehericey, 2019) : celui d’une mère de famille se découvrant un désir brûlant pour une autre femme (Clémence Poésy). Petite, cela existait pour vous, la distinction homo/hétéro ? La question se posait moins en termes de sexualité que de genre. Je me disais : “Pourquoi je suis une fille et pas un garçon ?” Dans la mode, vous avez adoré porter le smoking… J’ai toujours préféré porter des costumes masculins à des robes… D’ailleurs, petite, je voulais porter à la fois jupe et pantalon. Je ne comprenais pas pourquoi la jupe m’était attribuée par principe ni pourquoi elle devait me définir. Car l’armure masculine est plus robuste ? Pas plus que la féminine. Les deux, ensemble, me rendent solide. Mon masculin est aussi important que mon féminin. Finalement vous rejoignez Freud, qui voyait une bisexualité psychique universelle… Ah, totalement. Pourtant, votre désir s’est plutôt tourné vers les hommes… (Silence. Elle semble rembobiner sa vie.) La vie a fait que c’est comme ça, mais ça aurait pu être autrement… Je suis émue par un être humain avant de considérer son genre. Chez un homme par exemple, je suis davantage touchée par son féminin que par son masculin. Je n’ai aucun besoin de la représentation masculine dans toute sa force, de cette image que la société rattache à ce que devrait être un homme. La virilité vous rebute ? Disons que chez tout être – homme, femme –, c’est sa fragilité qui va me saisir. Pour revenir à votre question, je ne suis jamais tombée amoureuse d’une femme, mais 177
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Robe en sequins, BALMAIN. Gants en laine et plumes, THEBE MAGUGU. Sandales en cuir de veau, LOEWE. Maquillage Yves Saint Laurent Beauté, avec la Touche Eclat Le Teint B10, le Couture Blush 14, le Satin Crush Radical Rust, le Mascara Lash Clash Noir, et, sur les lèvres, le Rouge à Lèvres Rouge Pur Couture Mystery Red. 179
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Cape en soie brodée, LOUIS VUITTON. 180
mes premières expériences de la découverte sexuelle, c’était avec une fille. C’est une révélation intime. Je n’ai pas de problème avec ça. Il y a un âge où on ne sait pas trop encore. La vie fait qu’on prend telle ou telle direction, mais c’est pas si net. L’ambivalence, je crois qu’elle demeure. Vos grandes histoires d’amour, ce sont des rencontres artistiques, amicales… Mais si vous aviez eu une vie “normale”, auriez-vous pu chercher l’âme sœur sur des applications comme Meetic ou Tinder ? Ah non, jamais. Mais c’est marrant, parce que ma fille aînée, qui est d’une autre génération, ne peut pas non plus. Comme moi, elle a besoin d’immédiat, de présent. J’en déduis que vous pouvez aborder des sujets intimes avec vos enfants. Bien sûr, je trouve ça passionnant même…
“Je ne comprenais pas pourquoi on me regardait. Je pensais que j’avais QUELQUE CHOSE QUI N’ALLAIT PAS, donc je n’en parlais pas. Par la suite, étrangement, la mode m’a protégée dans UNE SORTE DE BULLE, parce que ce regard extérieur est devenu professionnel.”
Mais certains ados ne se sentent pas à l’aise pour parler de “ça” avec leurs parents… Parce que les parents ne sont pas à l’aise avec. Des tabous se sont mis en place, qu’ils n’ont pas réglés en eux-mêmes. Vous avez déclaré à plusieurs reprises qu’être mère de famille, c’était important pour vous. Hum… J’ai envie de vous répondre que l’important est d’abord d’“être”, avant d’“être mère de famille”. J’ai créé une vie avec mes enfants, mais c’est moi, Laetitia, qui la mène. Le mot “maman”, je ne sais pas trop ce que ça veut dire. La mère parfaite que la société renvoie me fait horreur. Je n’ai jamais eu envie de correspondre à l’image d’une mère. J’ai eu envie de ressentir des choses. C’est peut-être ce refus d’image qui explique la proximité avec vos enfants ? Oui, je crois. Je ne suis pas une mère en puissance. Je n’ai pas – ne veux pas avoir de pouvoir sur mes enfants. J’y fais très attention parce que j’ai remarqué moi-même, enfant, à quel point l’adulte pouvait abuser très vite de son pouvoir. C’est rare, pour un parent, d’avoir conscience de ça ! Mais parce que j’en ai souffert. Et que je n’ai pas envie de faire subir ça à mes enfants.
Pourtant, 99 % des gens reproduisent ce qu’ils ont vécu. Ça dépend du travail que vous avez accompli sur vousmême. Et ce travail, pour moi, il est permanent. Il a commencé avec une psychanalyse, il continue. Qu’est-ce qui fut le plus important dans votre analyse ? Avoir cet espace-temps pour tout dire – où on ne vous juge pas. C’est d’autant plus précieux que s’installe aujourd’hui une sorte de censure : on ne peut rien dire sans être jugé, ou sans avoir aussitôt à se justifier. J’ai le droit d’admirer des éléments de la vie de Brigitte Bardot sans devoir préciser que je ne partage pas ses idées politiques. Au théâtre, vous venez de camper l’extraordinaire rôle de la pianiste juive roumaine Clara Haskil. Enfant, écoutiez-vous de la musique ? Le disque qui tournait chez moi, c’était La Chenille : “En voiture les voyageurs, la chenille part toujours à l’heure.” Vous voyez, pas d’immenses références ! Je me souviens aussi d’Ouvrez la cage aux oiseaux, de Pierre Perret (Elle entonne l’air.) J’adorais cette chanson car l’image de l’oiseau qui se libère me fascinait. Dans votre maison enchantée, vous étiez libre, non ? Sur Mars ou sur une autre planète, j’aurais été libre. Mais un enfant n’est pas vraiment libre dans la maison où il grandit, avec la violence des adultes autour… Vous n’oubliez jamais rien pour aller de l’avant ? Rien. Mon cœur d’enfant reste là. Il y a des chapitres dans une vie, mais un nouveau n’efface pas l’ancien. Et mes émotions passées nourrissent mes personnages… Dans Clara Haskil, l’oncle de la pianiste brise sa poupée en mille morceaux. Dans mon enfance à moi, ce n’était pas une poupée. C’était une souris. Une souris ? J’avais attrapé une souris dans la baignoire de mes parents, et l’avais glissée dans mon T-shirt. C’était un geste affectueux. Je me souviens ensuite d’être allée voir un adulte en criant : “Ah ! J’ai une souris !” Elle sautillait sous mon vêtement, c’était rigolo. Sauf que l’adulte m’a secouée, la souris est tombée, et son pied l’a écrasée. Quand je vous parle de la violence des humains, l’enfant la découvre très tôt. C’est votre père qui l’a écrasée ? Je ne dirai pas qui. C’était un adulte autour de moi. Mais cette image reste gravée. La mort de cette souris m’a brisé le cœur. Sautons quelques années : avant de jouer, votre premier métier fut celui de mannequin. Soit de transformer votre corps en image. Le mannequinat commence autour de vos 15 ans. Avant ça, sentiez-vous le regard des hommes sur vous ? Oui, mais je ne comprenais pas pourquoi on me regardait. Je pensais que j’avais quelque chose qui n’allait pas, donc je n’en parlais pas. Par la suite, étrangement, la mode m’a protégée dans une sorte de bulle, parce que ce regard extérieur est devenu professionnel. Vous, vous regardez les gens ? Oui, mais discrètement. Je regarde des choses imprévisibles. Pour vivre normalement, j’ai appris à ne pas regarder autour afin de me fondre dans la foule. Tout démarre en 1993, quand vous êtes élue Miss Lumio. Vous expliquez : “Ce n’était pas prémédité, lorsque je me suis retrouvée sur la scène du village pour le défilé, j’étais furieuse, j’avais peur que mes amis se moquent de moi.” Qui vous avait inscrite ? J’avais une arrière-grand-mère italienne que j’adorais, Zelinda, qui était venue en Corse pour trouver du travail. 181
Elle voulait que ses petits-enfants fassent partie de ce concours. La “fierté” un peu prétentieuse des aïeux. Mon frère m’a inscrite en cachette, alors qu’avec ma timidité maladive ça ne me serait pas passé par la tête. À quoi ressemblait le défilé ? On a dû me trouver des vêtements : un maillot de bain – ce n’était pas rien d’apparaître à moitié nue –, et des chaussures à talons. J’avais le sentiment d’être une fillette dans des vêtements de femme. Mais j’avais fait ça pour Zelinda, parce qu'il y avait des sous à la clé, pour l’inviter au resto, ce que j’ai fait. C’est mignon comme histoire. Oui ! C’était tout simple. Comme une fête de village. Vos exégètes ont pourtant mythifié l’importance de ce concours… Parce qu’un photographe qui se trouvait là a donné mon nom à une agence de mannequins. Mais ça, c’est le hasard. Ce hasard a conditionné votre destin. Oui, mais à l’origine de ce destin, il y a le rêve de toutepuissance d’une enfant qui écrit dans son carnet : “J’aimerais qu’il se passe un truc dingue dans ma vie.” Qui fait cette prière, qui en rêve, puis soudain arrive ce défilé ! Vous vous sentez chanceuse ? Chanceuse de reconnaître la chance. Cette chance peut se révéler à double tranchant : la célébrité de Bardot fut un calvaire. On pourrait parler d’Amy Winehouse, de Jim Morrison, de ces comètes qui font une grande carrière mais se punissent d’avoir eu cette chance… Ah, vous le voyez comme ça ? Moi, je vois des êtres extra-sensibles qui, grâce à la fulgurance de leur talent, ont tout compris, et vont livrer des choses tellement fortes, avec tellement d’années d’avance, qu’ils brûlent tout sur leur passage. Vous aimiez Amy Winehouse ? Énormément. Malheureusement, elle n’avait pas le contrôle de ses blessures. L’alcool et la drogue sont de terribles béquilles. De toute façon, je crois que l’humain ne s’aime pas. Le parcours pour s’aimer est toujours compliqué. Pour ça, il faut réussir à mieux aimer les autres. Or c’est l’illusion de la célébrité : ce n’est pas en étant aimé par les autres qu’on s’aimera davantage soimême. C’est l’inverse. Ces zones d’ombres ne vous ont pas attirée ? Je les ai côtoyées – mais j’aime trop la vie pour y plonger. Aimer la vie, c’est aussi avoir une notion de la mort. C’est évident. Il y a quelques années, une nuit en Corse, j’ai éprouvé d’un coup l’immensité du ciel. L’espace de trois secondes, je me suis sentie écrasée par l’angoisse de n’être absolument rien. J’étais bouleversée. Enfant, c’était déjà ça qui me rendait mélancolique : cette conscience très forte d’être mortelle. Accompagnée d’une peur de mourir ? Non, je n’ai pas peur de mourir. C’est pour ça que je goûte si fort à la vie. Mais vous savez, en Corse, les morts sont devant nous. On est en contact avec eux. Ma grand-mère dans son cercueil, je me rappelle l’avoir touchée, embrassée… La proximité avec la nature m’a aussi appris la mort : le quotidien d’un oiseau, c’est de passer son temps à ne pas se faire bouffer… Et une perception hypersensorielle du monde. Tout à fait. Si je n’ai jamais pris de drogues, c’est aussi parce qu’à l’état normal, mes sens sont déjà en éveil d’une manière folle. Les odeurs, les sons, les touchers : tout chez moi est exagéré. Même les mots résonnent dix fois plus fort. Un simple mot peut me déchirer. 182
Et ça vous arrive de dire des choses dures ? Non, je n’aime pas blesser. À l’inverse, votre popularité vous apporte énormément d’amour. Vous ne craignez jamais de perdre cet amour, ou qu’il s’étiole ? Vous parlez d’amour, mais vous oubliez l’humour. C’est l’humour qui sauve de beaucoup de choses. On me regarde comme un écran blanc, on projette tout ce qu’on veut sur moi, mais ce sont les fantasmes des autres ! Si je le prends trop au sérieux, je suis foutue. Ce “fantasme des autres”, il ne vous a jamais encombrée ? J’ai dû m’en désencombrer, ça aurait été invivable ! Donc tout ce que vous me dites, je l’entends, mais je suis ailleurs.
“Mes sens sont EN ÉVEIL d’une manière folle. Les ODEURS, les SONS, les TOUCHERS : tout chez moi est EXAGÉRÉ. Même les mots résonnent DIX FOIS PLUS FORT.” Je ne peux rien y faire, ce serait ridicule. L’époque où les célébrités devaient correspondre à une image idéale est finie. En revanche, le danger reste de trop s’aimer – ou d’aimer son image. Je les vois, les autres, sombrer avec ça… Ça peut être pathétique. Pour me protéger, une devise m’a accompagnée très tôt : “Ce n’est pas toi qui changeras, ce seront les autres.” Ce qui signifie ? Que ce n’est pas le regard des autres qui me définit. Un exemple : récemment, j’ai fait la couverture de Télérama, où j’apparais nue, chaussée de bottines dorées. Pendant le shooting, toute l’équipe tremblait en répétant : “On va se faire taper sur les doigts d’afficher une femme comme ça…” J’ai répondu : “Mais de quoi vous parlez ? C’est moi qui me sens suffisamment libre pour faire cette image !” Encore une fois, c’est l’imaginaire des autres. Une femme est capable de décider de ce qu’elle veut faire de son corps. Vous codirigez un peu vos shootings, alors… On ne donne pas son volant à n’importe qui, non ? À votre avis, les médias imposent-ils une image stéréotypée de la femme ? C’est plus complexe. Quand je regarde les rappeuses, elles sont dans une féminité surpuissante. Elles ont le flingue, le fric, elles ont tout. Mais ce que je trouverais intéressant, au lieu de la sacraliser, c’est de rappeler que la femme peut être tout aussi effroyable que l’homme. Meurtrière. Dangereuse. Qu’elle n’est pas qu’une petite victime innocente et fragile. Quand on admettra la femme dans son entité entière, on aura fait un pas. Qu’on sorte un peu de la vierge et de la pute, parce que ça commence à dater ! Comment voyez-vous Yann Moix, qui déclare ne pas désirer les femmes de plus de 50 ans ? Comme un petit garçon qui n’a pas eu la fessée.
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Robe en jacquard multicolore et sandales First à lanières, FENDI. Écharpe à motif tie-dye, POLO RALPH LAUREN. 183
Robe cintrée en satin, BOTTEGA VENETA. Mocassins en cuir de veau à plateforme, VERSACE. Boucle d’oreille Dior Tribale en métal, finition dorée et perles en laque, DIOR. 184
Vous accordez une large place à l’humour. Mais dans la mode, excepté l’humour inimitable de Karl Lagerfeld, la fantaisie de Jean-Paul Gaultier ou Thierry Mugler, la folie de Hussein Chalayan, les rires de Jean-Paul Goude, ce n’est pas si courant… Vous oubliez Saint Laurent. Il y avait dans sa vision – je pense à sa robe Oiseau – une extravagance proche de l’humour. Chez Jean-Paul Goude, c’était extraordinaire. Les grimaces, les têtes qu’il demandait : quand on a vraiment confiance, c’est beau de lâcher le contrôle ! J’adorais son débordement du cadre. Après, c’est vrai qu’aujourd’hui les créateurs ont bien plus de pression et moins de place pour l’humour. Ils doivent rendre sans cesse des comptes. C’est le capitalisme qui est partout, qui est affreux pour ça. En même temps – de L’Oréal à Victoria’s Secret –, vous avez été égérie de grandes marques capitalistes… N’y a-t-il pas un paradoxe dans cette dénonciation ? J’ai éprouvé ce dilemme existentiel. Autour de mes 18 ans, je me suis sentie coupable par rapport à ça. Et j’ai eu la chance de tomber sur un psychanalyste intelligent qui m’a dit : “Tant que vous faites les choses avec sincérité, vous n’avez rien à craindre.” Cette phrase m’a vachement déculpabilisée. “Capitalisme” est un mot politique. Votre visage fut choisi pour sculpter Marianne. Nous approchons d’une élection présidentielle. Êtes-vous encartée dans un parti ? Il y a plein de manières de faire de la politique. Mais je suis fan de Christiane Taubira. J’aime son intelligence, sa curiosité. Quelque chose en elle rassemble. Et elle est centrée. Pour le coup, son masculin et son féminin sont parfaitement en équilibre : j’aime ça. Face aux discours haineux, misogynes d’un Zemmour, l’idée qu’une femme noire puisse être élue présidente de la République est en effet réjouissante. C’est marrant que vous me parliez de ça. Moi je vous parlerais de son talent. De son humanité. Je n’aime pas l’idée de diviser les gens en couleurs, en sexes, en étiquettes. De la même façon qu’on ne peut pas avoir vécu tout ce qu’on joue : nul besoin d’avoir été une pianiste roumaine pour jouer Clara Haskil. Ni d’avoir
été nazie… si j’interprétais Hitler ! Ce qui importe dans une interprétation, c’est sa vérité. Si votre vérité était un mot, ce ne serait pas “innocence” ? Au premier casting de Gaultier, vous vous retrouvez au milieu de filles punks : “J’arrivais de l’école avec mon petit cartable, relatez-vous, j’ai appelé mon agence pour vérifier qu’ils m’avaient envoyée à la bonne adresse. Et finalement, c’est mon look innocent qui a fait la différence.” Autre anecdote adorable : si un de vos spectateurs s’endort au théâtre, vous lui souhaitez un bon somme ! Innocence, je ne sais pas… Ce que je protège le plus, en tout cas, c’est une joie de vivre. Vous répétez que “la vie est plus importante que le cinéma”. L’idée m’étonne, attaché que je suis à une conception plus romantique de l’art… Mais comment nourrissez-vous le cinéma, si vous ne vivez pas ? C’est un puits qui se vide ! Après le cinéma, c’est la vie qui reste, pas l’inverse. Parce que vous repartez avec vos films, et vous en faites quoi ? Il reste quoi ? La beauté de l’art ? D’accord, mais c’est votre vision romantique. La filmographie de Romy Schneider tout de même, ce n’est pas rien. Mais parlons de sa vie de femme ! Vous êtes de ceux qui pensent que la création doit être une souffrance ? Moi, je ne crois pas à ça. En évacuant les névroses qui alourdissent le quotidien, on arrive dans un endroit de paix, qui permet justement à l’artiste d’aller chercher des choses dures et profondes, en sachant qu’il peut remonter vers la lumière. Derrière votre lumière Laetitia, trouve-t-on beaucoup de secrets ? (Elle sourit.) J’ai plutôt des rêves. Beaucoup de rêves. Et des clés… pour ouvrir des portes secrètes. Mais pas de vrais secrets. Et ces rêves, ils sont de quelle nature ? De nature à être réalisés ! À ce stade, rien à ajouter – le voyage vers la planète Bonheur semble bien parti. Vivement la prochaine éclipse.
“Au lieu de la sacraliser, il faudrait rappeler que LA FEMME peut être tout AUSSI EFFROYABLE que l’homme. Meurtrière. Dangereuse. Qu’elle n’est pas qu’une petite victime innocente et fragile. Quand on admettra la femme DANS SON ENTITÉ ENTIÈRE, on aura fait un pas.” 185
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Robe en vinyle, pantalon et sabots en maille, COURRÈGES. Page de droite : robe longue en coton stretch à imprimé et encolure en V, BURBERRY. Mules hautes asymétriques en cuir Les Mules Carrés Ronds, et chaussettes mi-hautes bicolores en coton Les Chaussettes Montagne, JACQUEMUS. Coiffure Olivier Schawalder. Mise en beauté Masae Ito. Manucure Elsa Deslandes. Set design Olivia Aine. Production Cinq Étoiles Productions. Assistants réalisation Laura Guillon, Aroua Ammari et Lauraly Tran. 186
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Robe en dentelle guipure, PRADA.
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Précision, sophistication et déconstruction : la collection imaginée par MIUCCIA PRADA et RAF SIMONS interroge la séduction telle qu’elle se redéfinit aujourd’hui. Morceaux choisis. Photographe HUGO COMTE. Stylisme HELENA TEJEDOR. Texte SYLVIA JORIF.
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orsque ces deux créateurs-là unissent leur pensée, il faut s’attendre à une vraie position fashionable. Enfin Miuccia Prada et Raf Simons donnent à voir l’amplitude de leur collaboration initiée en 2020 au cœur de la pandémie. Même s’ils avaient créé l’événement en annonçant leur duo inédit, on sentait bien leur frustration de ne pouvoir s’exprimer dans l’émotion et l’impact direct du défilé et voir un vêtement vivre, avec sa fluidité, le bruit de son sillage, la matière qui vibre… Tous deux ne se passeront jamais du trouble immédiat que le défilé suscite. Pour aller plus loin, ils avaient présenté en simultané un show où Milan répondait à Shanghai comme un miroir. Au même moment défilaient une silhouette en Italie et son reflet asiatique. Sans doute avaientils fait une performance de cette difficulté, les contingences de la pandémie, réunissant de façon vertueuse la présence et le virtuel. Faites-leur confiance, il y avait une intention derrière cette prouesse technologique autant que physique. Ne pas oublier que Raf et Miuccia se connaissent depuis 2005, quand le groupe Prada demande à Raf Simons de présider l’artistique de Jil Sanders : ils ont eu le temps de confronter leurs intellects.
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Chemise en popeline, short en polyester et jupe en satin, PRADA. Au second plan : tenues PRADA.
Col roulé en cachemire, jupe en satin, short en polyester, escarpins en cuir, PRADA.
Cette collection printemps-été 2022 part d’une question ou plutôt d’un challenge que les deux créateurs se sont imposé : l’impossible résolution du sex-appeal. Terme si vaste, si rebattu, qui peut partir d’un sexy vulgaire pour aller jusqu’à une élégance désuète. Une montagne qui doit être follement excitante à gravir pour ces deux-là ! Leur façon de disséquer la chose est l’une des plus belles démonstrations de cette saison. L’élégance se voit dans l’extrême sophistication des tenues, ces satins duchesse, ces effets moirés très couture, la précision des coupes… Une essence d’élégance. On la trouve aussi dans la décontextualisation d’une féminité d’antan : les gaines désossées, les réminiscences de laçage d’un corset, les couleurs poudrées de la bonneterie d’autrefois, les armatures qui deviennent des adjuvants de mode. Le sexy à la Prada, lui, réside dans cette drôle de façon de bousculer les codes du soir. Ces minijupes agrémentées d’une évocation de traîne, comme si les robes d’apparat avaient été tranchées dans le vif, par un geste insoumis, ces pulls où les seins sont ouvertement soulignés, ces couleurs outrancières : le rouge pâmoison, le rose agressif, le vert pomme peuvent avoir un moment de noblesse… Miuccia Prada : “Nous avons pensé à des mots comme élégant – mais cela semble tellement démodé. Vraiment, il s’agit d’un langage de séduction qui ramène toujours au corps. À partir de ces idées, de ces références à des pièces historiques, cette collection est une enquête sur ce qu’elles signifient aujourd’hui, ce que signifie la séduction. Pourquoi ces idées 194
Veste en cuir, PRADA.
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Polo en cachemire, jupe en satin, escarpins en cuir, PRADA. Au second plan : tenues PRADA.
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MODE sont-elles toujours importantes, après des centaines d ’années ? Nous explorons ces idées et les confrontons. Les pièces auxquelles nous faisons référence – j’aime l’idée d ’enquêter sur celles-ci parce qu’elles sont toujours pertinentes pour notre histoire, en tant que femmes.” Raf Simons : “Traînes, corsets, robes de soirée. Ces choses qui sont historiquement belles, nous voulons les déranger. Une robe de soirée, aussi belle soit-elle, ressemble à une telle irréalité. Nous voulons qu’elles soient pertinentes pour le xxie siècle.” Est-ce un hasard qu’ils se penchent sur l’insaisissable pouvoir de la séduction ? La séduction comme sujet (vous avez trois heures) ? La séduction qui aujourd’hui a franchi le seuil de l’alcôve pour devenir une discussion sociétale. Qu’est-ce que la séduction parmi les phénomènes woke, le masculin déconstruit, la légitimation du pronom neutre “iel”… Miuccia et Raf posent une question fondamentale, si vertigineuse aujourd’hui : qu’est-ce que la séduction ?
Coiffure Pierre Saint Sever. Mise en beauté Aurore Gibrien. Manucure Julie Villanova. Set design Eleonora Succi. Casting principal Rosie Vogel et casting figurant Ikki Casting. Assistante sylisme Ophélie Cozette. Assistants photo Rémi Procureur, Erwann Petersen, Freddy Persson et Axel Aurejac. Remerciements à la résidence d’artistes LA SIRA (Asnières-sur-Seine). 198
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Au premier plan, robes en satin, PRADA. Au second plan, tenues PRADA.
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STYLISME TARA SWENNEN. COIFFURE ADIR ABERGEL. MISE EN BEAUTÉ BEAU NELSON. MANUCURE MAKI SAKAMOTO. PRODUCTION DIANA CRÉDITS EASTMAN, RHIANNA RULE, PAIGE VITI. ET YOSHIKO TANAKA. OPÉRATEUR DIGITAL TOUCH LONDON. REMERCIEMENTS À JILL DEMLING.
Les OSCARS se profilent à l’horizon, les chouchous cinéma de l’année s’apprêtent à fouler le tapis rouge dans un halo de poussière d’étoiles. Récap. Photographe GREG WILLIAMS. Réalisation LAW ROACH. Adaptation HERVÉ LONCAN.
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KRISTEN STEWART Spencer de Pablo Larraín Votre crush d’enfance au cinéma ? Mon cœur balançait entre Leonardo DiCaprio et Kate Winslet dans Titanic. Quel conseil donneriez-vous à la jeune fille que vous étiez ? Tu t’en sors pas si mal, meuf, continue d’avancer. Robe en tweed pailletée, CHANEL. Chaussures en cuir verni, CHRISTIAN LOUBOUTIN. Chaussettes, FALKE. Bagues en or blanc et diamants, CHANEL HAUTE JOAILLERIE. Veste en jean vintage, perso.
es temps changent, mais moins vite qu’ailleurs à Hollywood. Malgré les soubresauts qui agitent la capitale du cinéma, les vieux réflexes sont toujours là et les bonnes vieilles histoires aussi – princesses en péril, folies musicales, rapport complexe à la nostalgie et inévitables quêtes romantiques, familiales et mythologiques… –, même si les meilleures performances de l’année ont posé un regard moderne et engagé sur leur époque. De Londres à New York, en passant par Los Angeles et Tokyo, des aînées comme Judi Dench jusqu’aux plus prometteuses révélations, telle Agathe Rousselle, Vogue a rassemblé celles et ceux qui ont donné vie à ces contes de fées des temps modernes. Depuis la terrasse de son loft new-yorkais chargé d’histoire à NoHo, en clin d’œil à sa métamorphose pour le Spencer de Pablo Larraín, Kristen Stewart nous offre une variation punk et fashion de Diana ; Judi Dench, éblouissante en grand-mère du réalisateur Kenneth Branagh dans son très autobiographique Belfast, rejoue Lolita dans son jardin du Surrey ; à Tokyo, Toko Miura, la jeune star de Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi, chouchou de la critique internationale, contemple la ville embrasée par une aube dorée. Onze actrices et acteurs dont les performances sont à la hauteur de nos rêves de cinéma. 201
AGATHE ROUSSELLE Titane de Julia Ducournau Découverte par une directrice de casting sur Instagram, la Parisienne Agathe Rousselle ne savait pas exactement à quoi s’attendre en acceptant le rôle d’Alexia, stripteaseuse psychopathe en cavale dans Titane, le nouveau film de Julia Ducournau, un mélange des genres aux confins de l’horreur et de l’érotisme. Qu’elle soit envoûtée ou envoûtante (probablement les deux), les critiques s’accordent à dire que le film, Palme d’or à Cannes en 2021, doit beaucoup à son actrice principale. 202
COIFFURE BEN TALBOTT. MAQUILLAGE EMMA WHITE TURLE .REMERCIEMENTS À ORLEANS HOUSE GALLERY, LONDRES.
Cape, chemisier en tulle, pantalon en tissu technique, bottes en cuir verni et boucles d’oreilles en or, LOUIS VUITTON.
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The Harder They Fall de Jeymes Samuel Le réalisateur britannique réimagine le western et offre à l’exceptionnel Jonathan Majors le rôle du hors-la-loi vengeur Nat Love, face à un étincelant Idris Elba. Un tournant dans la carrière de la star de la série Lovecraft Country, qui fera cette année son entrée dans le monde merveilleux des blockbusters : il sera à l’affiche de Creed III face à Michael B. Jordan, avant d’endosser l’habit du super-vilain dans Ant-Man et la guêpe : Quantumania.
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MISE EN BEAUTÉ SINCERE GILLES. REMERCIEMENTS À THE INSTITUTE OF CONTEMPORARY ARTS, LONDRES.
Veste et pantalon en gabardine, MICHAEL KORS COLLECTION. Montre en acier, CARTIER.
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Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi L’adaptation tentaculaire de la nouvelle de Haruki Murakami par Ryusuke Hamaguchi a fait l’unanimité critique dans les festivals en 2021 (entre autres, le prix du meilleur scénario à Cannes). Tout en finesse, la Japonaise Toko Miura, au côté de Hidetoshi Nishijima, interprète une jeune fille réservée qui devient chauffeur d’un metteur en scène de théâtre veuf depuis peu. Les secrets de leurs passés respectifs vont les rapprocher. Gilet à plumes, chemise et pantalon en lin, BRUNELLO CUCINELLI. Montre en acier et bague en or blanc, CARTIER.
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COIFFURE MICHIRU. MISE EN BEAUTÉ SHUCO. REMERCIEMENTS AU FOUR SEASONS HOTEL TOKYO AT OTEMACHI, TOKYO..
TOKO MIURA
TESSA THOMPSON Passing de Rebecca Hall Votre crush d’enfance au cinéma ? J’adorais Jim Carrey, dans tout ce qu’il a fait. Et Larenz Tate dans The Inkwell, trop craquant. Et Fifi Brindacier, j’avais un gros crush sur elle ! Quel conseil donneriez-vous à la jeune fille que vous étiez ? Va te coucher : il ne se passe jamais rien de bon après 2 h du mat’.
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COIFFURE PETER LUX. MISE EN BEAUTÉ ALEX BABSKY. MANUCURE ROBBIE TOMKINS.
Veste en tulle et satin pailleté et jupe en tulle, HALPERN. Chaussures en cuir bijou, JIMMY CHOO. Boucles d’oreilles en platine, or blanc et diamants, VAN CLEEF & ARPELS.
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JESSICA CHASTAIN Dans les yeux de Tammy Faye de Michael Showalter Votre icône hollywoodienne ? Marlene Dietrich, quand elle chante Where Have all the Flowers Gone ?, probablement l’une des plus belles choses que j’ai jamais vues. Comment gérez-vous le trac ? Pour la toute première prise de Dans les yeux de Tammy Faye, tout mon corps était secoué de tremblements. Mais j’ai réalisé que lorsque Tammy avait compris que les gens la voyaient comme un clown, elle ne s’arrêtait pas à ça, elle ne laissait pas altérer sa vie. Alors je me suis dit que j’allais en faire autant.
COIFFURE RENATO CAMPORA. MISE EN BEAUTÉ KRISTOFER BUCKLE; MANUCURE: GINA EDWARDS.
Robe en mousseline avec détails en résine, ALBERTA FERRETTI. Bague en or et diamants, ALMASIKA.
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COIFFURE KEVIN RYAN. MISE EN BEAUTÉ MAKI RYOKE. MANUCURE MAKI SAKAMOTO. REMERCIEMENTS À THE WAVERLY INN AND GARDEN, NEW YORK.
Robe bustier en dentelle et manches en plumes, GUCCI. Bague perso.
DAKOTA JOHNSON The Lost Daughter de Maggie Gyllenhaal Votre crush d’enfance au cinéma ? Jonathan Taylor Thomas, toujours. Mais quand j’ai vu Dangereuse Alliance, je suis tombée amoureuse de toutes les filles. En fait, c’était peut-être plutôt un crush sur la sorcellerie. Votre première audition ? C’était pour un gros film d’action débile. J’étais terrifiée et je n’ai pas eu le rôle. J’ai dû attendre un moment d’ailleurs, la plupart des rôles me passaient sous le nez. 207
ARIANA DEBOSE West Side Story de Steven Spielberg
Cardigan et jupe en cachemire, sandales en cuir, MICHAEL KORS COLLECTION. Boucles d’oreilles en or et perles, manchette d’oreille en or et perles et collier en or et perles, TASAKI.
COIFFURE TAKISHA STURDIVANT-DREW. MISE EN BEAUTÉ ANDREA TILLER. REMERCIEMENTS SÀ THE BILTMORE LOS ANGELES
Enragée et drôle, invincible et pourtant vulnérable, Ariana DeBose livre une performance électrisante dans le rôle d’Anita dans le nouveau West Side Story. De ses ébouriffants numéros chantés et dansés (impossible de la quitter des yeux durant les spectaculaires chorégraphies orchestrées par Spielberg) à ses échanges passionnés avec Maria (Rachel Zegler), Ariana DeBose, pour son premier grand rôle, n’a rien à envier à l’inoubliable Anita interprétée par Rita Moreno, qui avait valu à celle-ci un Oscar, il y a soixante ans.
COIFFURE HUNG VANNGO. MISE EN BEAUTÉ: OWEN GOULD. MANUCURE MO QIN. REMERCIEMENTS AU FREEHAND NEW YORK.
Costume en laine et chemise en taffetas, VALENTINO. Boucles d’oreilles en or blanc et diamants, et bague en or blanc et diamants, BOUCHERON.
JODIE COMER The Last Duel de Ridley Scott Votre première audition ? Je venais d’entrer au lycée, ma prof de théâtre m’avait emmenée en voiture. C’était pour une pièce à la radio qui s’appelait Tin Man. J’ai eu le rôle, j’ai été payée 200 livres. J’avais l’impression d’être la fille la plus riche du monde. Quel conseil donneriez-vous à la jeune fille que vous étiez ? Tes grands-parents sont les gens les plus cool que tu rencontreras jamais. Passe le plus de temps possible avec eux. 209
JUDI DENCH
Quel conseil donneriez-vous à la jeune fille que vous étiez ? Ne tombe pas amoureuse en permanence. Votre icône hollywoodienne ? Question éminemment compliquée. Je ne saurais dire, entre tous ces gens merveilleux. Peut-être Stewart Granger et Cary Grant. Et comment oublier Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany’s ? Manteau en laine et robe en soie mélangée, MARINA RINALDI. Boucle d’oreille en or blanc et diamant, MESSIKA. Collier en or blanc et diamants, DE BEERS. Tous les autres bijoux et les lunettes de soleil sont à Judi Dench.
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COIFFURE ET MISE EN BEAUTÉ EMMA DAYS.
Belfast de Kenneth Branagh
RUTH NEGGA Passing de Rebecca Hall Quelle est votre icône hollywoodienne ? Bette Davis. Pour toujours. Mais je ne suis pas la seule, je pense. Le meilleur conseil qu’on vous ait jamais donné ? Si tu te compares aux autres, ça va te foutre en l’air, alors évite.
COIFFURE MARCIA HAMILTON. MISE EN BEAUTÉ MELANIE INGLESSIS. MANUCURE STEPH STONE. REMERCIEMENTS AU CHATEAU MARMONT, LOS ANGELES.
Robe bustier à paillettes, BALENCIAGA. Col roulé, WOLFORD. Chaussures en satin, MANOLO BLAHNIK. Collier en or blanc et diamants, bague en or blanc et diamants, et montre sertie de diamants, CHAUMET.
LES NÉOROMANTIQUES Photographe ETHAN JAMES GREEN. Réalisation CAMILLA NICKERSON. 212
Fiona Alison Duncan, 34 ans, autrice. Jupe et veste, SIMONE ROCHA. Boots, ALEXANDER MCQUEEN. Page de gauche : Duendita, 26 ans, chanteuse et productrice. Veste, soutien-gorge et jupe , DOLCE & GABBANA.
Lou Llobell, 27 ans, actrice (vue dans la série Foundation sur Apple TV+). Robe, HERMÈS. Page de gauche : Devyn Garcia, 20 ans, mannequin. Robe, MIU MIU. Coiffure réalisée avec le fixatif Dove Extra Hold.
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Dara Allen, 29 ans, mannequin. Robe et veste, PRADA. Page de droite : Chase Sui Wonders, 25 ans, actrice (vue dans le film Bodies, Bodies, Bodies). Top, CDLM x GIOVANNA FLORES chez MARYAM NASSIR ZADEH. Jupe, BALENCIAGA. Escarpins, JIMMY CHOO.
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Beyoncé Ambrose, 19 ans, mannequin. Robe, RODARTE. Chaussures, PRADA.
Meadow Walker, 23 ans, mannequin. Top, jupe, veste et boots, ALEXANDER MCQUEEN. Page de droite : Beyoncé Ambrose, 19 ans, mannequin. Robe, RODARTE. Escarpins, PRADA. Coiffure Jimmy Paul. Mise en beauté Dick Page. Manucure Jin Soon Choi. Costumière Shirlee Idzakovich. Set designer Julia Wagner. Production Leone Ioannou c/o Pony Projects.
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EXPRESS YOURSELF
Photographe ALASDAIR MCLELLAN. Réalisation JANE HOW. 220
Soutien-gorge en dentelle et tulle, corset en satin et minijupe en jersey, DOLCE & GABBANA. 221
Soutien-gorge et culotte corset en faille de soie, bas filet et sandales en cuir, GUCCI. 222
Minirobe en cuir, SUPRIYA LELE. 223
Minirobe en satin et escarpins, BOTTEGA VENETA. 224
Body et pantalon évasé, ADRIANA HOT COUTURE. Mules en vinyle, AMINA MUADDI. 225
Soutien-gorge et jupe plissée, GIVENCHY. Boucles d’oreilles en cristal vintage, SUSAN CAPLAN. 226
Robe en dentelle et collants en nylon, FENDI. Mules en vinyle, AMINA MUADDI. Boucles d’oreilles cabochon, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. 227
Combinaison avec taille drapée et boucles d’oreilles cabochon, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. 228
Minirobe ornée de paillettes, DIOR. Boucle d’oreille, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. 229
Veste en denim, SCHIAPARELLI. Leggings, JEAN PAUL GAULTIER & LOTTA VOLKOVA. Boucles d’oreilles cabochon, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. 230
Body et minijupe drapés en soie cupro, sandales en cuir, LOEWE. 231
Robe fourreau, ALAÏA POUR AZ FACTORY. 232
Combinaison en Spandex, bottes et lunettes de soleil, BALENCIAGA. Casquette de baseball, ADIDAS. Coiffure Anthony Turner. Mise en beauté Lynsey Alexander. Manucure Lorraine Griffin. Production Ragi Dholakia Productions. Opérateur digital Output. 233
Paloma Elsesser : “Je sens qu’une partie de ma responsabilité, c’est de dire : ‘Je m’aime et vous devriez vous aimer.’” Robe et short, PHILOSOPHY BY LORENZO SERAFINI. Page de droite Amber Valletta : “À la naissance de mon fils, la conscience de mon corps s’est complètement transformée.” Robe, DSQUARED2. Maillot de bain, AWAY THAT DAY.
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BODY LANGUAGE
Les défilés 2022 sont éloquents : les corps se montrent dans une CÉLÉBRATION LIBRE de la chair, et de leur diversité. Poussée par les réseaux sociaux, une vague de créateurs s’appuie sur un large SPECTRE de formes et de tailles. La journaliste MAYA SINGER s’entretient avec sept mannequins sur la puissante et complexe relation entre la mode et le physique. Photographe ZOË GHERTNER. Réalisation JULIA SARR-JAMOIS. Adaptation HERVÉ LONCAN.
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Mia Kang :“Quand j’ai découvert le Muay Thai (boxe thaïlandaise, ndlr), j’ai été capable pour la première fois de ma vie d’écouter mon corps et de réaliser à quel point je suis forte.” Robe corset en satin stretch, DOLCE & GABBANA.
Dummy credits Gia conseque Paris autempor BRAND, poresti orrovid es et quo iur repra BRAND NAME, Ucid maion eate nempore laboribusdam qui poresti arum BRAND, maionse quatque nus, quuntem oleserae rerciis molor sus aut vellut BRAND NAME
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Dummy credits Gia conseque paris autempor BRAND, poresti orrovid es et quo iur: Cindy Crawford repra NAME, “ÀBRAND mes débuts, j’étais Ucid maion eate‘exotique’ nempore considérée comme laboribusdam quicheveux poresti parce que j’avais les arum BRAND, maionse bruns. Les mannequins quatquetoutes nus, blondes.” quuntem d’alors étaient oleserae rerciis molor aut Robe en crêpe de sus Chine, vellut BRAND NAME ALBERTA FERRETTI.
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M
ontrez-vous ! C’est la leçon à tirer des défilés 2022 : toute la peau cachée par les survêtements des confinements a resurgi, les jambes s’allongent sous les mini chez Dior, les nombrils font de l’œil au-dessus des ceintures tailles basses chez Miu Miu et des kilomètres de tailles s’affichent grâce aux brassières, crop tops et autres cut-out indiscrets vus partout, de Loewe à Michael Kors. Le thème ? La transparence. Les étoffes épousent la moindre forme, les coupes esquissent des silhouettes en sablier. Ces collections respirent l’optimisme : sortez, amusez-vous, semblentelles nous dire. Le corps est de retour. La mode nous a habitués à ce genre de coup d’éclat. La dernière fois que les tenues bodycons – fusion du terme body conscious – avaient inondé les défilés, nous étions au mitan des années 2000, l’Europe et les États-Unis sortaient timidement du marasme du 11-Septembre et de l’invasion de l’Irak. À l’époque, les créateurs mâles avaient sonné la charge – notamment un jeune talent londonien du nom de Christopher Kane. Cette fois, partout dans le monde, les propositions les plus audacieuses sont signées par des femmes, de Donatella Versace à Supriya Lele en passant par Sarah Burton ou Anifa Mvuemba. Autre nouveauté : les femmes adhèrent. Sur les podiums comme dans la rue, de nouveaux looks apparaissent, sur tous types de physiques, dans une célébration sauvage et libre de la chair. Les balbutiements de l’idée de body consciousness, qui était plus l’écho d’une interrogation anxieuse – mon corps est-il suffisamment “beau” pour être exposé – semblent loin. Le vent a tourné, la mode rattrape enfin la vision d’une nouvelle génération : tout corps est un bon corps, peu importe l’âge, le genre, les facultés ou la forme. “Je vois ça comme une confiance en son corps”, dit Supriya Lele au sujet de cette attitude neuve qui a attiré un large éventail de clientes vers sa marque, quadruplant ses ventes directes en deux ans. “Il y a un côté ‘Rien à foutre, ça me plaît, je le mets’.” Les gens veulent de la joie, de l’apaisement, du fun. Je porte moi-même mes vêtements et je n’ai rien d’une brindille, j’ai des seins, des fesses. C’est une manière de dire : ‘Ouais, je suis comme ça.’” Dans les collections de Lele, exposer la peau n’est pas une fin en soi mais le corollaire de son exploration des idées sur les proportions, la silhouette et la féminité, qui trouvent leur inspiration à la fois dans son héritage indien – le drapage des saris est un thème clé – et dans l’époque de son passage à l’âge adulte, aux alentours de 2000, quand le jean taille basse était partout. En d’autres termes, elle crée de la mode, elle crée du chic. Comme le dit Olivier Rousteing chez Balmain, ce qui a été gommé, c’est l’idée que “le chic passe par la silhouette”. “Pendant très longtemps, la mode est restée enfermée dans une vision stéréotypée de l’élégance, du cool. On a laissé penser aux femmes que si leur corps n’était pas comme ci ou comme ça, 238
il fallait le cacher, poursuit Rousteing. Mais c’est totalement faux. Le rôle des réseaux sociaux a été décisif, cette communauté mondiale qui dit au monde de la mode : ‘Sortez de votre bulle. Ou sinon…” C’est quoi, avoir un corps ? Être soi-même, vivre dans sa propre peau. Pour une femme, la réponse évolue constamment. Parfois le corps est source de plaisir, de sensualité ; à d’autres moments, on jouit de sa puissance, de ses capacités – courir, danser, porter un enfant, guérir, traduire des ondes sonores en musique… Le corps est une merveille mais aussi, souvent, un problème. L’image dans le miroir n’est pas toujours flatteuse. Poitrine plate. Cuisses flasques. Genoux cagneux, vergetures, dents de travers. Trop petite, trop vieille. “Trop musclée”, comme l’a entendu l’ancienne star de l’athlétisme Jeneil Williams au début de sa carrière de mannequin. “Passer de l’entraînement avec l’équipe olympique, où j’avais appris à aimer chacun de mes muscles, à ‘Non, pas elle, elle est trop costaude’, ça a été un choc”, se souvient-elle. “J’ai pris ça comme un défi : voyons comment je peux m’affiner, en faisant du jogging et en abandonnant le pain et toutes les bonnes choses. Ça a payé. J’ai commencé à travailler, beaucoup. Mais j’ai aussi commencé à détester mon corps. Une relation amour-haine. Je ne savais plus ce que je devais ressentir.” Ce n’est pas un secret, l’industrie de la mode, au cours de son histoire, n’a valorisé qu’un type de physique : grand, mince et jeune, valide, cisgenre et d’une manière générale, blanc. Il n’y a évidemment rien de problématique à être tout ceci, mais il n’y a rien d’intrinsèquement bon non plus à posséder le phénotype longtemps présenté comme l’idéal de la beauté féminine. Le coût social et psychologique de cet idéal est énorme, à la hauteur des milliards de profits réalisés par les vendeurs de régimes, cosmétiques et remèdes anti-âge, et se compte aussi en dégâts mentaux sur les femmes otages de cette relation amour-haine avec leur corps, telle que décrite par Jeneil Williams. Vogue ne peut pas changer le passé, mais nous pouvons reconnaître notre rôle dans la diffusion de cet idéal de beauté punitif, et nous engager à améliorer les choses. L’objectif n’est pas seulement de représenter un plus large éventail de visages et de silhouettes dans nos pages, mais de favoriser le développement d’une mode qui célèbre les femmes pour ce qu’elles sont et les aide à se libérer de l’anxiété liée à leur apparence. “Il faut voir ça comme une approche totalement nouvelle de la mode”, affirme Ester Manas, qui a lancé sa marque du même nom en 2019 à Bruxelles avec Balthazar Delepierre. “ J’ai créé cette maison pour les femmes comme moi. Je fais du 44/46, et je me suis toujours sentie marginalisée.” Manas et Delepierre conçoivent des collections directionnelles sur le principe de la taille unique. Comme l’explique Ester, ils dessinent des vêtements qui “s’adaptent au corps des femmes : on peut encore les porter quand on est
Imaan Hammam : “Je suis encore en train de comprendre comment me sentir bien dans mon corps”. Maillot de bain en jersey et top de bain, CHANEL.
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Cindy Crawford Robe en maille, COLLECTION MICHAEL KORS.
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Jeneil Williams : “C’était un choc de passer de l’entraînement avec l’équipe olympique, et de l’amour de tous mes muscles, à un ‘non, cette fille, elle est trop costaude’.” Combinaison en piqué, DIOR.
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Ariel Nicholson : “Je considérais mon corps et mon esprit comme deux entités distinctes. J’aurais volontiers disparu si j’avais pu.” Soutien-gorge et bustier en dentelle de coton, culotte en tulle et jupe en dentelle de coton, GUCCI.
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Paloma Elsesser Robe en seersucker, DRIES VAN NOTEN.
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Amber Valletta Robe fourreau en mohair, RICK OWENS. Maillot de bain, ERES.
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enceinte”. C’est l’une des formes que peut prendre la libération : une émancipation assistée par un créateur. D’autres sont plus intimes. Après la naissance de sa fille, Jeneil Williams, qui avait discipliné son corps athlétique jusqu’à le rendre ultra-fin, était effondrée car elle ne parvenait pas à se débarrasser de ses bourrelets. “Un jour, j’étais en train d’allaiter, j’ai vu mon bébé qui jouait avec mes bourrelets et qui adorait ça. Je me suis dit : ‘Si elle aime mon corps tel qu’il est, pourquoi pas moi ?’”
es magazines de mode peuvent devenir des outils de libération. J’ai grandi au cœur de la Floride. Au lycée, pour être populaire, il fallait être svelte, blonde, et avoir un petit nez retroussé, ressembler en somme à Tara Reid dans American Pie. Un idéal de beauté oppressant que Vogue m’a aidée à dépasser : grâce aux cheveux bouclés de Shalom Harlow, aux sourcils marqués et à la mâchoire carrée de Guinevere van Seenus, ou à l’assurance voluptueuse qui émanait de la carrure de Cindy Crawford. “J’étais perçue comme exotique quand j’ai commencé, parce que j’étais brune, raconte celle-ci en riant. Les mannequins d’alors étaient toutes blondes, de Christie Brinkley à Cheryl Tiegs. Les mannequins reflètent leur époque. J’ai eu la chance de grandir à un moment où on recherchait des visages différents. Le point commun entre les mannequins des années 1990, toutefois, c’est qu’elles étaient toutes très, très minces – pas aussi maigres que les filles de l’Est qui ont déferlé au début des années 2000, mais suffisamment fines pour que ma carrure athlétique paraisse épaisse en comparaison. Plus d’une fois de parfaits inconnus se sont autorisés à me dire que je pourrais devenir mannequin… si je perdais du poids.” “Oh la la, je m’identifie tellement, dit Mia Kang. Tous les soirs, avant de me coucher, je priais pour me réveiller mince, pour pouvoir enfin être heureuse.” Enfant, à Hong Kong, Mia est moquée et martyrisée pour ses kilos en trop, et devient anorexique à 13 ans. En s’affamant, elle est récompensée : “Les garçons ont commencé à vouloir sortir avec moi et quand j’ai été vraiment très mince, j’ai été ‘scoutée’.” Elle se lance dans le mannequinat mais ses troubles empirent à mesure que son corps développe ses courbes adultes. Elle prend des laxatifs et fume à la chaîne pour calmer son appétit. À 27 ans, elle s’envole pour la Thaïlande pour quelques jours de répit. Sur le bord d’une route, elle découvre une salle de muay-thaï (de la boxe thaïlandaise) et décide d’entrer. “J’y suis retournée le lendemain, et le jour suivant, et je suis restée six mois.” Mia Kang fait maintenant de la compétition de muay-thaï. “Ça a été une révélation. Dans le gymnase, mon apparence n’avait soudain plus d’importance. Pour la première fois de ma vie, j’ai été capable d’écouter mon corps. De lui faire confiance et de réaliser à quel point je suis forte.” L’expression body positive est très à la mode ces temps-ci, mais est-elle utile ? Elle sous-entend que les femmes doivent se sentir belles, quelle que soit leur silhouette – ce qui est à la fois vrai et pratiquement impossible au sein d’une culture qui persiste à leur transmettre que la minceur est une victoire. La transformation de Mia Kang grâce au la boxe pointe une autre direction, où l’accent est mis sur ce que la philosophe Céline Leboeuf appelle la body pride (fierté corporelle). “Il s’agit de prendre du plaisir grâce à son corps, aux sensations, aux possibilités qu’il offre”, explique la maître de conférences à la Florida International University. “Quand on se considère comme un objet et que l’on juge son corps en termes uniquement esthétiques, on perd ce sens de l’incarnation.” Comme l’explique Céline Leboeuf, à l’opposé de la body pride, il y a la body shame (honte corporelle). Alors que la fierté corporelle est une
question entièrement privée, ancrée dans des moments fugaces, comme les caresses d’un amant, la body shame est le produit d’une pression sociale et d’un tabou. Ce n’est pas nouveau : le corps des femmes a toujours été considéré comme un bien public, propice à la discussion et à la critique. La honte corporelle se manifeste chaque fois que le corps d’une femme est pointé du doigt – pensez à Selena Gomez, raillée pour avoir pris du poids, ou à Adele, dénigrée pour en avoir perdu. À chaque fois que nous jugeons l’apparence d’une femme, nous questionnons ce que nous ressentons lorsque le regard des autres se pose sur nous. “Longtemps, j’ai perçu mon corps comme une entrave. Je voyais mon corps et mon esprit comme deux entités séparées. Je privilégiais mon esprit, déclare la mannequin transgenre et militante LGBT Ariel Nicholson. J’aurais volontiers disparu, si j’avais pu.” “La dysmorphie est quelque chose de brutal, explique la mannequin Imaan Hammam. Quand je me vois sur des photos, je me vois grosse. Je suis passée par des phases où j’ai cessé de m’alimenter, tout en faisant du sport deux fois par jour et du Bikram yoga en plus, pour éviter la rétention d’eau… Je suis encore en train d’apprivoiser mon corps pour l’accepter.” “Je sais que les femmes qui me ressemblent, celles qui n’ont pas un ventre parfaitement plat, peuvent s’identifier à moi, déclare la mannequin Paloma Elsesser. Je me montre. Mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas rongée par le doute. Le seul moment où je suis vraiment à l’aise dans mon corps, c’est quand je suis seule. Je sens qu’une partie de ma responsabilité, c’est de dire : ‘Je m’aime et vous devriez vous aimer’, mais, bon sang, l’endoctrinement est profond.”
riel Nicholson, Imaan Hammam et Paloma Elsesser occupent toutes trois des positions sociales bien différentes. L’anguleuse Ariel a tous les attributs du mannequin vieille école mais, femme transgenre, elle a dû imposer son droit à être considérée comme une femme. Imaan, elle, est une superstar, régulièrement appelée à poser en maillot minuscule et joie de vivre obligatoire sur les plages du monde entier. Paloma a été propulsée, aux côtés d’Ashley Graham et de Precious Lee, porte-drapeau d’une nouvelle génération de mannequins qui s’imposent sur les podiums, en couvertures des magazines et dans les campagnes publicitaires. Pourtant, elles souffrent toutes, à des degrés divers, de cette body shame, et travaillent sans relâche pour la transcender. Imaan Hammam cherche encore son équilibre, tandis qu’Ariel Nicholson trouve du soutien dans sa communauté. “Je ne pense pas qu’il soit juste de demander à chaque femme, individuellement, de se mettre toute seule dans un état d’esprit body positive, explique Céline Leboeuf. La honte est une construction sociale, c’est socialement qu’il faut s’en occuper.” Comme le dit Paloma Elsesser : “Je dois sans cesse me le rappeler, ce n’est pas moi qui dois changer, c’est le système.” Comment changer un système? Mettons de côté, pour l’instant, la question de la représentation – outil bien léger pour la lourde tâche de déconstruire racisme systémique, classisme, validisme, misogynie, préjugés anti-trans et anti-gros (profondément intériorisés) – pour nous tourner vers la logistique. L’inclusion des formes et des rondeurs dans la mode est aussi une question de chaîne d’approvisionnement, et l’un des premiers maillons de cette chaîne, c’est le showroom. Traditionnellement, les créateurs utilisent un mannequin d’essayage pour monter les prototypes de vêtements présentés sur les podiums – ces filles sont en général très fines, taille 34. Pour proposer une gamme de plusieurs tailles aux boutiques, les créateurs travaillent avec des patronniers pour dupliquer les vêtements ; le modèle est 245
ainsi adapté à des corps plus grands, mais plus les tailles augmentent, plus l’adaptation est ardue. Autre problème, les corps plus grands ou plus forts sont moins facilement réductibles à des standards : une femme qui fait du 42 peut être musclée et mesurer 1,80 m, ou bien être un peu dodue et mesurer 1,62 m. Les tissus stretch peuvent être une solution (notez l’augmentation des modèles en maille ou en mélange à base de Lycra ces dernières années) mais décliner une coupe, conçue à l’origine pour un 34, pour d’autres tailles, est à la fois complexe et coûteux. La logique capitaliste pure n’a pas incité boutiques et créateurs à proposer des tailles plus grandes. Faire évoluer le processus de création des prototypes serait envisageable. Manas et Delepierre testent leurs patrons sur une grande variété de types de corps, afin de créer des vêtements à taille unique ; d’autres, comme Gabriela Hearst, anticipent les castings des défilés et développent des tenues avec des silhouettes précises en tête ; ces vêtements peuvent ensuite être prêtés quand des stylistes appellent pour un shooting de magazine et ou pour habiller une célébrité. “Ce n’est pas si compliqué dès lors que c’est programmé dans le flux de travail et qu’on trouve les bons fournisseurs, note Gabriela Hearst. On a augmenté la taille de nos chaussures jusqu’au 43 européen. C’est une façon de dire : ‘Ce n’est pas à nous de décider qui est une femme et qui ne l’est pas.” La technologie peut également jouer un rôle pour résoudre le casse-tête du patronage et développer l’éventail des tailles, note CaSandra Diggs, présidente du Council of Fashion Designers of America (CFDA). “Ce que le CFDA peut faire pour aller dans le bon sens, c’est de la pédagogie, éduquer les créateurs, les connecter à des ressources afin qu’ils puissent comprendre ce que signifient les grandes tailles en termes de production. Il faut une infrastructure.” CaSandra Diggs appelle de ses vœux la création d’un cadre de type Nations unies, réunissant les acteurs de la mode. Une initiative qui pourrait inclure des normes de tailles universelles et un calendrier d’engagements : les marques acceptant de penser une partie de leurs collections pour des tailles plus opulentes, et les boutiques s’engageant à acheter davantage de grandes tailles. “Fixer des objectifs à atteindre fait naître une responsabilité, une plus grande implication”, souligne CaSandra Diggs.
e programme a tout d’un puzzle à mille pièces : on voit comment certaines pourraient finir oubliées sous un tapis. “Pour les personnes petites et grosses, le vrai problème, c’est où trouver les trucs tendance ; pour les gens comme moi, trouver un sweat-shirt cool est une vraie galère”, explique Aubrey Gordon, coanimatrice du podcast américain populaire Maintenance Phase, qui explore en profondeur les cultures régime et bien-être : “Je pèse environ 155 kg, et il faut croire que je suis trop grosse pour être incluse dans ‘l’inclusivité’. Il y a encore deux ans, les vêtements des personnes fortes ne représentaient que 2,3 % des vêtements des personnes de taille dite normale. Si vous faites un 58, comme moi, c’est encore moins. À ce stade, vous avez littéralement du mal à fonctionner en tant qu’être humain. Où trouver des vêtements pour faire de l’exercice ? Pour se rendre à un entretien d’embauche ? “Peu importe que nous soyons représentés dans des campagnes de pub, ajoute Aubrey Gordon. Ce serait sympa, mais il y a de vraies questions d’équité en jeu. Si l’on n’aborde pas ce problème sous l’angle de la justice sociale, la body positivity pourrait se dégrader en pressions supplémentaires nous exhortant à changer notre manière d’être.” C’est acté : l’idéal féminin est une imposture, une construction. Nous devrions toutes être en train de nous défaire de ces chaînes qui nous contraignent, nous imposent de nous conformer à des 246
normes irréalistes, pour mieux nous épanouir dans notre chair, toute notre chair, libérée de toute honte. Et pourtant… Avons-nous cessé de nous peser chaque matin, de noter les calories, d’appliquer des sérums coûteux dans l’espoir d’éviter les rides, de démarrer de nouveaux traitements pour réduire la cellulite, de faire de l’exercice religieusement, de ressasser le langage du bien-être, de la santé et de l’optimisation de soi ? Toutes ces fêtes où l’on a oublié de s’amuser, fixant la table du buffet comme une offense personnelle, toutes ces relations à dégager si on avait été capable de cesser d’indexer notre désir sur celui de nos partenaires. Pousser les femmes à se voir comme des objets, c’est imposer une taxe sur l’épanouissement humain. La société persiste et signe pourtant, preuve qu’elle continue à considérer l’accomplissement féminin comme secondaire.
ate Mulleavy explique : “Lorsque nous avons lancé Rodarte, les gens nous demandaient constamment pourquoi nous ne portions pas nos propres vêtements, Il m’a fallu un certain temps pour réaliser que personne ne poserait cette question à des créateurs masculins.” “Comme si la mode en tant que forme d’expression artistique était réservée aux hommes, ajoute sa sœur Laura. Nous sommes des femmes, et pour nous, ça se réduit donc toujours à une question d’apparence.” Rodarte a été lancé en 2005, quand la maigreur était omniprésente sur les podiums. En fait, toute la période semblait plongée dans une espèce d’anorexie culturelle ambiante. C’était l’époque du fétichisme de la taille zéro. Les premiers défilés de Rodarte restaient dans le rang, encore peuplés des filles émaciées que les agences signaient à tour de bras. C’est du côté de l’écurie d’actrices à qui les sœurs Mulleavy prêtaient leurs vêtements qu’il fallait regarder : beaucoup avaient des formes plus généreuses. “On s’est toujours senties inclusives, dans la mesure où on voulait que toutes celles qui aiment nos vêtements puissent les porter”, explique Kate. Les castings des défilés Rodarte reflètent désormais mieux ce point de vue. Le changement n’est jamais instantané. Les choses changent. Gabriela Hearst cite l’exemple de ses filles adolescentes qui roulent des yeux devant les diktats de la mode, comme le signe d’un changement d’attitude profond et durable. Michael Kors constate chez ses clientes un rejet similaire. “Les femmes ne veulent plus de ces règles, elles veulent se sentir bien dans leurs vêtements”, explique-t-il. Depuis déjà longtemps, il fait appel à des silhouettes diverses pour ses défilés et ses campagnes. “Le fait de voir des femmes comme Paloma, Precious, Emily Ratajkowski et d’autres sur les réseaux sociaux qui aiment leur corps et le montrent, a ouvert la voie à beaucoup de jeunes filles, qui s’expriment plus librement.” Cette évolution des consciences ne vient pas uniquement des jeunes. Star de la mode dans les années 1990, Amber Valletta se souvient qu’à l’époque elle avait beaucoup de choses en tête, mais son image corporelle n’en faisait pas partie, étant naturellement très mince. Bien sûr, elle a connu quelques clients problématiques, comme ce type qui l’avait attrapée par la taille : “Tu pourrais perdre un peu ici.” “Je m’en suis remise, mais c’était comme si mon corps était une chose, une marchandise, ce n’était pas vraiment moi.” Elle poursuit : “À la naissance de mon fils, la conscience de mon corps s’est transformée. À travers le vieillissement, cette conscience a évolué à nouveau. Parfois, quand je vois des mannequins plus jeunes sur des shootings, je réalise : ‘Oh la la, je suis vieille. Ma peau !’ Mais c’est aussi comprendre et accepter que c’est le seul corps dont je dispose. Il a été avec moi tout le temps, tout ce que j’ai vécu est inscrit ici”, ajoute-t-elle en se désignant de la tête aux pieds : “Mon corps, c’est ma vie.”
Imaan Hammam Top en jacquard et short à ceinture, PRADA. Coiffure Akki Shirakawa. Mise en beauté Fara Homidi. Manucure Riley Miranda. Set designer Spencer Vrooman. Production Connect The Dots. Opérateur digital Studio RM.
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L’HOROSCOPE DE LA MODE Par Julie Patriat
Sweat Vogue en coton organique, collection “Horoscope Edition”, illustré par l’artiste Tony Stella. Collection disponible en édition limitée sur shop.vogue.fr
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LION DU 23 JUILLET AU 21 AOÛT Niveau pro, Mars et Vénus sont à vos côtés jusqu’au 7. Il vous reste à consolider ce que vous avez créé depuis le début de l’année. Côté cœur, Mercure multiplie les rencontres. Grâce à Vénus et Mars, vos amours prennent une tournure intéressante dès le 7. Votre cœur s’ouvre, vos sens s’éveillent. Vous vous épanouissez à vue d’œil. VIERGE DU 22 AOÛT AU 23 SEPTEMBRE La nouvelle Lune le 2 apporte un second souffle à votre relation. Grâce à Mercure et Jupiter, vous vous permettez d’ouvrir votre cœur. Les chances de rencontres sont avantagées, l’aventure est au coin de la rue. Niveau pro, au moment de la pleine Lune le 18, vous clôturez un cycle. Osez regarder ce que vous désirez reconstruire dans votre vie.
POISSONS DU 19 FÉVRIER AU 20 MARS Avec Jupiter, le grand protecteur qui s’allie à Mercure à partir du 11, vous voilà sur le chemin de la réussite. Rencontres, rendez-vous, connexions, idées, envies de liberté, de changement, de mouvement : ça bouge pour vous ce mois-ci. Votre réussite tant personnelle que professionnelle est à portée de main. Le changement, c’est maintenant !
BALANCE DU 24 SEPTEMBRE AU 23 OCTOBRE Avec l’aide de Vénus et Mars en signe d’air comme vous, votre facilité d’adaptation, votre aisance relationnelle et vos idées avant-gardistes sont mises en avant. Avec Mercure, à partir du 11, vous progressez sur l’échiquier professionnel, en vous autorisant à sortir de votre zone de confort. Vous appréhendez la vie d’une manière différente.
BÉLIER DU 21 MARS AU 20 AVRIL Vous avez jusqu’au 7 pour poser vos fondations. Vous passez en phase projets avant la concrétisation. La pleine Lune du 18 vous invite à à comprendre ce que vous ne voulez plus au niveau pro et ce qui vous anime vraiment. Mercure et Vénus vous donnent envie de partager. Vous voilà plus encline à vous confier, sans prise de tête ni ego mal placé.
SCORPION DU 24 OCTOBRE AU 22 NOVEMBRE Et si vous faisiez en sorte de dire ce que vous avez sur le cœur ? De vous autoriser à être véritablement vous-même ? Mercure vous pousse à à écouter vos émotions, et Jupiter vous rend encore plus sensible et intuitive. Niveau pro, écoutez les signes qui se présentent, ne restez pas dans votre bulle. C’est le moment de vous lier aux autres et d’apprendre d’eux.
TAUREAU DU 21 AVRIL AU 20 MAI Dès le 7, Vénus et Mars s’allient pour vous aider à atteindre votre mission de vie. Vous voilà prête à imaginer une nouvelle existence, sans peur du changement ni de l’inconnu. Vous vous lancez même dans une entreprise périlleuse, comme quoi tout arrive ! Niveau affectif, Mercure, dès le 11, vous invite à aimer à fond. Votre cœur bat fort, très fort.
SAGITTAIRE DU 23 NOVEMBRE AU 21 DÉCEMBRE Ce mois-ci, vous vous sentez plus émotive, plus sensible, plus réceptive. Connectez-vous à vos ressentis. Osez vous exprimer et aller au fond de vousmême pour voir où sont vos véritables besoins. Niveau pro, la pleine Lune le 18 vous aide à clarifier vos objectifs de carrière, à vous recentrer sur l’essentiel, à voir en quoi vous pouvez vous rendre utile.
GÉMEAUX DU 21 MAI AU 21 JUIN La nouvelle Lune le 2 ouvre des opportunités professionnelles ; avec Jupiter et Neptune, votre créativité s’exprime. Dès le 11, Mercure développe vos idées et apporte du changement, des rencontres et des connexions. Côté cœur, Vénus et Mars transmettent de l’amour, de la douceur, de la tendresse et des sensations fortes. Laissez-vous tenter.
CAPRICORNE DU 22 DÉCEMBRE AU 20 JANVIER Jusqu’au 7, Vénus vous apporte la chance et apaise vos angoisses et Mars vous donne de la force, de la volonté et de la détermination. Avec beaucoup de sagesse et de bon sens, vous êtes capable d’atteindre vos objectifs de vie. Tout vient à point à qui sait attendre, soyez dans l’acceptation, l’indulgence et le respect de vous-même et des autres.
CANCER DU 22 JUIN AU 22 JUILLET Jusqu’au 7, Vénus et Mars accompagnent vos amours en vous transmettant chaleur, douceur et saveur. Mercure multiplie les chances de rencontres, vous donne envie de partager, d’exprimer vos sentiments. Niveau pro, c’est le moment de réfléchir à ce que vous voulez vraiment construire. Un temps de pause avant de rebondir le mois prochain.
VERSEAU DU 21 JANVIER AU 18 FÉVRIER Vénus et Mars apportent dès le 7 douceur, chaleur, sensualité, tendresse et volupté. Profitez des deux amants du zodiaque dans votre signe pour exprimer vos ressentis, faire confiance, clarifier une situation et vous ouvrir à l’autre. Vénus et Mars vous soutiennent aussi au niveau pro. C’est un gage de réussite. La roue tourne dans le bon sens pour vous.
ILLUSTRATIONS TONY STELLA
Rêveurs et créatifs sous l’effigie du Poisson, mettez votre singularité en avant !
L’ÉMOI DU MOIS
Grand sac Chanel 22 et petit sac en cuir et métal, CHANEL.
Veste en tweed de coton ornée de galons, bustier zippé en viscose, jupe fendue en tweed de coton ornée de galons, ceinture bijou, collier et boucles d’oreilles en métal et résine, CHANEL. Maquillage Chanel avec le Teint Belle Mine Naturelle Les Beiges BR172, le Blush Lumière Pêche Rosée, l’Ombre Première Verde, le Liner de Chanel Noir Profond, le Mascara Le Volume de Chanel Noir, le Rouge Coco Antoinette, et sur les ongles, le Vernis Rouge Intemporel. Photographe Scott Trindle. Réalisation Julia Sarr-Jamois. Coiffure Syd Hayes. Mise en beauté Hiromi Ueda. Manucure Charly Avenell. Assistantes réalisation Julia Storm et Nadia Dahan. 249
CAMPAGNE PRINTEMPS-ÉTÉ 2022 KENDALL ET ISELIN PHOTOGRAPHIÉES PAR HEJI SHIN EN COLLABORATION AVEC JOSH SMITH