Montreux Jazz Chronicle 2016 - N°13

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№ 13

Mercredi, 13 juillet 2016

Wednesday, 13 July 2016

Montreux Jazz Chronicle Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 5e édition

The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 5th edition

Neil Young, Auditorium Stravinski, 12.07

TONIGHT

LANA DEL REY

F Icône glamour de la sphère pop, Lana Del Rey ranime le mythe de la femme fatale made in Hollywood. L’adolescente qui chantait dans les chorales de son église et de son école est devenue en un éclair une artiste culte. Au règne d’internet, elle est révélée au monde par le clip de son hit « Video Games », réalisé par ses soins en 2010. L’artiste américaine autodidacte continue, à tout juste trente ans, de fasciner. Lana Del Rey revient avec un nouvel album touché par la grâce et la sensualité, paru en septembre 2015. Il s’illustre de clips-collages aériens cinématographiques, teintés de cette nostalgie « Super 8 » si chère à l’artiste.

LANA DEL REY

HURRICANE

E Lana Del Rey is an icon of glamour in the pop universe who perfectly incarnates the mythical Hollywood femme fatale. From a teenager singing in the choirs at her school and church, she managed to effect a sudden transformation into a cult artist. The internet carried her to worldwide fame after she released her hit “ Video Games ” which she directed herself in 2010. The voice of this self-taught American musician, now thirty, continues to mesmerize. Lana Del Rey released a new album, Honeymoon, marked by grace and sensuality in September 2015. It is supported by videos featuring the cinematographic nostalgia for Super 8 movies that are her trademark.

9 Last Night : Neil Young

10 50 Summers of Music : Biréli Lagrène

11 Heroes : Roberta Flack – 1971

LANA DEL REY , Auditorium Stravinski, 20:00


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F Longtemps, dans le Montreux Jazz Festival, c'est ce petit mot, coincé entre les deux autres comme le Lac Léman entre deux montagnes, qui m'a dérangé. Jazz. Je viens d'une époque où l'on se construisait, où l'on se définissait en fonction des disques que l'on écoutait, qui déterminaient les amitiés, les affinités. En cette période charnière du punk, on était ce qu'on écoutait. Et une table rase du passé un peu hâtive avait jeté au lac tous les disques des aînés – on ne pouvait décemment pas écouter la même musique que son père. Et le mien jurait par le jazz, me réveillant à coups de saxo féroces les dimanches matin, que j'aurais préféré rythmés par le «Sunday Morning » du Velvet Underground, un des rares groupes qui avait échappé à nos grandes purges de l'adolescence idiote et nécessaire. L'ouverture d'esprit, on l'a apprise et adoptée plus tard, grâce en partie à ce festival unique qui accueillait aussi bien Bob Dylan qu'Ella Fitzgerald, Leonard Cohen que les jeunes Pink Floyd. Pas de punks? Pas de punks. C'est une des rares générations à avoir été négligée par le grand Claude Nobs, qui ne tenait peut-être pas à ce que cette furie houleuse vienne mettre le feu au lac : une décennie plus tôt, un fan explosif de Frank Zappa avait déjà réduit en cendres le Casino. Ça aurait fait beaucoup pour le Grand Incendie. Cette année, de PJ Harvey à Lana Del Rey, de DJ Shadow à PNL, la programmation continue d'appliquer à la lettre ce libre mélange des genres et des âges. Qui se résume en un oxymore : l'œcuménisme exige.

JEAN-DANIEL BEAUVALLET

PLUME HISTORIQUE DU MAGAZINE FRANÇAIS LES INROCKUPTIBLES ET L’UN DE SES RÉDACTEURS EN CHEF

TODAY'S GUEST E For a long time, that little word stuck between two others in Montreux Jazz Festival, as if it were Lake Geneva in between its mountains, has bothered me. Jazz. I come from a time when the music you listened to shaped and defined you, determined with whom you hung out and who your friends were. During this pivotal punk year, you were what you listened to. A hasty clean break with the past saw all our oldies end up in the lake. It was no longer possible to listen to the same music as your dad. Mine used to swear by jazz and wake me up on a Sunday morning when he played the saxophone loudly, and unfortunately not to the tune of “ Sunday Morning ” by Velvet Underground. This song was one of the rare few that survived our idiotic and unnecessary adolescent purge. We only learnt to keep our minds open a few years later thanks mainly to this unique festival, when it welcomed not only young Pink Floyd members, but also Bob Dylan, Ella Fitzgerald and Leonard Cohen. Were there no punks? There were no punks. The punk generation was one of the few avoided by Claude Nobs, who probably didn’t want a boisterous crowd turning up and setting fire to the lake again. Only ten years had passed since a crazy Frank Zappa fan had razed the Casino to the ground. It would have been the last straw after the Great Fire. This year’s line-up continues to provide the same free mix of genres and ages with acts ranging PJ Harvey to Lana Del Rey, and from DJ Shadow to PNL. The oxymoron, demanding ecumenism, sums it up nicely.

COUPS DE CŒUR 5 HYMNES PUNK OU POST-PUNK « Search & Destroy » Iggy Pop & The Stooges « Pretty Vacant » The Sex Pistols

« Blitzkrieg Bop » The Ramones

« I Fought The Law » The Clash

« This Is Not A Love Song » Public Image Limited

CLAUDE'S COLLECTION F Il faut l’imaginer. Bill Evans, la cigarette nonchalamment pendue au coin des lèvres, les yeux lavés derrières ses épaisses lunettes, la mèche gominée sur le sommet du crâne. Il faut l’imaginer, lui qui, d’une nature timide, ne s’aventure pas sur les quais, ne fréquente pas le bar des artistes, mais pulvérise la scène du Casino. Eddie Gómez est à la basse. Jack DeJohnette à la batterie. Ils n’ont jamais enregistré ensemble. C’est leur premier concert en Europe. Bill Evans plaque des valeurs sûres. « Nardis » de Miles Davis. « I love You, Porgy » de Gershwin. Des inédits. Il fait ce qu’il a toujours fait : le virtuose. Un an plus tard, son disque remporte un Grammy Award et propulse le Château de Chillon sur la carte du monde. La légende est en marche. Salomé Kiner © Yann Gross

Main Partners

E Just imagine him. Bill Evans with a cigarette casually stuck in the corner of his mouth, washed-out eyes behind thick glasses and hair waxed across the top of his head. Now imagine this shy guy, who never walked along the lakefront and never went to the artists’ bar, smashing it on stage at the Casino. Eddie Gómez was on bass and Jack DeJohnette on drums. They’d never recorded together and it was their first concert in Europe. Bill Evans threw caution to the wind and played “ Nardis ” by Miles Davis and Gershwin’s “ I Love You, Porgy ” as never seen before. He did what he always did, which was to play with virtuosity. His album won a Grammy Award a year later, and put Château de Chillon on the world map. The legend had begun.

Wednesday, July 13th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

EDITO

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PAYING

WEDNESDAY 13.07 AUDITORIUM STRAVINSKI

FREE

MAX JURY

MONTREUX JAZZ CLUB

PARMIGIANI MONTREUX JAZZ PIANO SOLO COMPETITION WINNER 2015

RAG'N'BONE MAN GLEN HANSARD

LANA DEL REY

ERNEST RANGLIN AND FRIENDS FEAT. CHEIKH

LÔ, COURTNEY PINE, TONY ALLEN, ALEX WILSON, IRA COLEMAN

NATHANIEL RATELIFF & THE NIGHT SWEATS

MUSIC IN THE PARK

SPECIAL EVENTS

BAR EL MUNDO

18:00 AXÉ BEABAHIA (DANCE LESSON)

14:00 LIU POST JAZZ ENSEMBLE

& LIU POST COMBOS

16:00 PAT BURGENER BAND 18:00 SHURE PRESENTS:

CHRIS READ QUARTET

20:00 ANDREA BIGNASCA 22:30 CAROLYN WONDERLAND

THE ROCK CAVE 21:30

TONTON PIERRICK

ASTIQUE LE ROCK

A BU

MONTREUX JAZZ LAB

MAIN ENTRANCE, 2M2C

16:00 BOOK BOX

MUNDO JAZZ

20:00 CESAR CORREA

Collaboration Festival Images Vevey - Montreux Jazz Festival

WORKSHOPS

PETIT PALAIS

15:00 30 YEARS OF MEYER SOUND

AT MONTREUX

Meet Helen & John Meyer, founders of Meyer sound, and discover how audio innovation has helped shaping the audience experience

22:00 DJ RUMBA STEREO

COMPETITIONS PARMIGIANI MONTREUX JAZZ PIANO SOLO COMPETITION – DAY 1

MONTREUX PALACE

17:00 SEMI-FINAL

President of the Jury: Yaron Herman

23:00 THE K. 00:30 AFTERSHOW:

PETIT PALAIS

17:00 MARCUS MILLER

INFORMATION

STROBE KLUB

JAM SESSIONS

E  For information on the prices and updates on the program,

DAZZLING LIGHTS – VJING SOPHIE LE MEILLOUR

22:00 ALEX DALLAS B2B KALABRESE

FRED BERNARD & JOH ERBA

01:00 THE BLACK MADONNA 03:00 DANNY DAZE

MONTREUX JAZZ CLUB

F Jam Sessions improvisées après les concerts E Improvised Jam Sessions after the concerts

F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App»

please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com


BIENVENUE SUR LA TERRASSE NESTLÉ !

F Comme chaque année durant le Montreux Jazz Festival, Nestlé Suisse vous accueille chaque jour sur sa spacieuse Terrasse en bois sur le lac. L’entrée est libre et ouverte à tous. Cette année, notre fameuse Terrasse fait peau neuve ! Nouvelle surface élargie et repensée, nouvelle offre de nourriture et boissons et horaires étendus. En famille ou entre amis, profitez de son cadre enchanteur et de l’air lacustre pour y boire un verre, y manger à midi ou le soir avant ou après les concerts ou y bruncher (les week-ends de 11h à 14h, réservation obligatoire). Nos marques se relayeront sur la Terrasse pour vous proposer des activités spéciales. Diverses animations artistiques sont aussi prévues, et des DJs et groupes seront présents chaque soir pour assurer l’ambiance musicale. Tous les jours, passez nous voir (dès midi et jusqu’à l’aube) pour boire un café, manger ou trinquer entre amis. Soyez prévoyants, réservez votre table au +41 79 933 78 71. Nous nous réjouissons de vous accueillir ! Votre équipe de la Terrasse Nestlé

LA TERRASSE NESTLÉ

HIGHLIGHTS WELCOME TO THE NESTLÉ TERRACE !

E Like every year during the Montreux Jazz Festival, Nestlé Suisse welcomes you every day on its spacious wooden Terrace, built directly on the lake. Entrance is free, for everyone. This year, our famous Terrace gets a makeover ! A whole new surface (bigger and modified), a new food & beverage offer and extended hours. Come discover this beautiful setting, directly on the lake. Along with friends or family, take advantage of the enchanting decor and lake breeze. Come see us for drinks, for brunches (on weekends, 11:00 - 14:00, mandatory reservation), for dinner before or after the concerts. Our brands have put together an exciting program to entertain you with special activities. Numerous artistic animations are also planned, as well as DJs or live bands every night for your listening pleasure. Come see us, every day (from noon until dawn) for coffee, drinks or to share a meal with friends. Plan ahead, book your table now at +41 79 933 78 71. We look forward to welcoming you! Your Nestlé Terrace Team TERRASSE NESTLÉ / NESTLÉ TERRACE OUVERT TOUS LES JOURS - 11:00 - 03:00 QUAI VERNEX

THE BLACK MADONNA

F L’Américaine Marea Stamper est LE nom qui compte sur les dancefloors cet été. Résidente et directrice artistique du très prisé Smart Club de Chicago, la DJ se distingue par des sets énergiques entre disco âpre et techno incisive. Productrice accomplie, The Black Madonna enchaîne également les succès discographiques, ses maxis « Exodus » ou « A Jealous Heart Never Rests » lui ayant ouvert les portes des clubs underground les plus prisés du globe (parmi lesquels le Berghain-Panorama Bar de Berlin) ou des super-clubs d’Ibiza (Space, etc.). Éclectique, généreuse, funky : une artiste érudite observée aujourd’hui comme l’héritière naturelle du légendaire Frankie Knuckles.

E The American Marea Stamper is THE guest to look out for on club line-ups this summer. The resident DJ and artistic director at Chicago’s renowned Smart Bar Club creates unique energetic sets that span from rough disco to sharp techno. As a successful producer, The Black Madonna releases strings of great tracks. Her maxi singles, “ Exodus ” and “ A Jealous Heart never Rests ” have opened the doors for her to many of the world’s most popular underground clubs, such as Berlin’s Berghain-Panorama Bar, and Ibiza’s superclubs like Space. This eclectic, generous and funky artist is seen today as the legendary Frankie Knuckles’ legitimate heir. THE BLACK MADONNA 14.07.2016- 01:00 – FREE STROBE KLUB

Wednesday, July 13th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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Daughter Montreux Jazz Lab

Iiro Rantala & Ulf Wakenius Montreux Jazz Club

HÆLOS Montreux Jazz Lab


Kenny Barron & Dave Holland Montreux Jazz Club

PORTFOLIO JULY 12TH 2016

Neil Young Auditorium Stravinski


Mercredi, 13 juillet 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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Le bassiste originel des Sex Pistols était hier à la Rock Cave pour célébrer les quarante ans du mouvement punk. Propos recueillis par Steve Riesen

F Quand avez-vous pris conscience qu’une

nouvelle culture s’installait à Londres ? Pendant l’été 1976, mais notre premier concert avec les Sex Pistols remonte à 1975. Nous avons commencé par jouer dans les écoles d’art et les fêtes bizarres, puis nous avons obtenu une résidence au 100 Club de Londres. Un jour, c’était plein à craquer, et j’ai compris que quelque chose se passait. Les gens cherchaient un truc différent, sans réellement savoir ce qu’ils voulaient. Pourtant, ils étaient sûrs de ce qu’ils ne voulaient plus entendre – tout ce que la scène musicale avait pu leur offrir auparavant. Curieusement, nous incarnions le changement qu’ils désiraient.

GLEN MATLOCK

INTERVIEW

Le punk vit-il encore aujourd’hui ? En tout cas, il me maintient en vie, c’est certain ! Le punk, en tant que musique et look est probablement mort. Mais pas son esprit. Le punk existait bien avant qu’on le nomme ainsi. C’est une attitude, une façon de ne pas accepter ce qu’on nous impose, de ne pas se laisser refouler. D’autres l’ont fait avant nous. À mon sens, Elvis Presley ou Édith Piaf étaient tout aussi punks, à leur manière. Qu’auraient voté les punks des années septante sur le Brexit ? Excellente question… Je pense que les skinhead auraient choisi de quitter l’UE, et les plus intelligents, ceux qui ont étudié l’art et qui aiment s’habiller auraient choisi de rester. En somme, on serait exactement dans le même pétrin que maintenant.

« Le punk existait bien avant qu’on le nomme ainsi. »

Quelle est la chose la plus punk que tu aies vue ? Je ne sais pas. J’en ai vu des choses ! Il y a quelques années, Jimmy Page, le guitariste de Led Zeppelin, est venu nous voir à un concert des Sex Pistols. Puis, j’ai été voir leur concert, c’était exceptionnel. Quelques semaines après, j’ai rencontré Jimmy à Kensington High Street par hasard. Il s’est mis à me parler de Robert Plant. Je ne vous répéterai pas ce qu’il a dit, mais c’était très punk ! [rire]

The Sex Pistols first bass player celebrated forty years of punk at the Rock Cave last night. Interview by Steve Riesen

E What made you realise a new culture was emerging in London ?

I think it really hit home in the summer of 1976. But the very first show we did with the Sex Pistols was in 1975. We started to play in art colleges and at weird parties and then we got a residence at a place called the 100 Club in London. One day, it was jam-packed and that’s when I thought something was happening. Everyone was looking for something different, but nobody knew what they wanted. They just knew what they didn’t want. And that’s all the stuff that came before. Somehow, we were the change they were looking for. Is punk still alive today ? Well, punk is keeping me alive, that’s for sure ! As a sound and a look, I think we could say it’s dead. But as a spirit no. You know, punk existed before it was called that. It’s an attitude, it’s not taking no for an answer, it’s not letting the door be shut in your face. People did it before us. Elvis Presley or Édith Piaf were quite punk to me, in a different way.

“ Punk existed before it was called that. ”

If punks had had to vote for Brexit in the seventies… Would they have voted to leave Europe ? That’s a good question… I think the skinhead ones would have voted out and the kind of clever ones who’d gone to art college and liked dressing up a bit would have voted in. It would have been the same mess that it is today, basically. What is the most punk thing you’ve seen ? I don’t know… I’ve seen a lot of things. When we played a few years back with the Sex Pistols, Jimmy Page, Led Zeppelin’s guitarist, came to see us. Then, I went to see their one-off show. A few weeks after that, I bumped into Jimmy in Kensington High Street and he started talking to me about Robert Plant… I can’t tell you what he said, but it was really punk ! [laughs]


LAST NIGHT NEIL YOUNG AUDITORIUM STRAVINSKI

F L’un des derniers géants. Un gros demi-siècle de carrière, trente-six albums studio publiés à ce jour (et ce n’est pas fini), une influence majeure exercée sur l’ensemble des musiques populaires américaines (du rock au folk, de la country au grunge) et une colère demeurée intacte à septante ans. Il y a quatre décennies, le « Loner » chantait dans Harvest les confins de l’Amérique et ses paysages pastoraux. Aujourd’hui, il est entré en guerre ouverte contre Monsanto ou Starbucks. A l’instar d’un Bruce Springsteen, le Canadien est bien plus qu’un songwriter éblouissant : une conscience demeurée aiguisée et inflexible. De quoi en apprendre aux jeunes pousses. Hier, c’était Pearl Jam. Aujourd’hui, le groupe The Promise of The Real qui l’accompagne au Stravinski.

“ Le ton est donné : touche pas à ma terre ! ”

Deux filles vêtues en paysannes du Midwest débarquent sur scène, puisant dans leur sac en bandoulière des grains qu’elles jettent à la volée. Peu après, trois types portant masques et combinaisons étanches diffusent des nuages de pesticide. Le ton est donné : touche pas à ma terre ! Et Neil Young, T-Shirt siglé « Soil » (« terre », en anglais) de débuter par ce qu’on espérait sans imaginer se voir exaucer  : « After the Gold Rush », « Heart of Gold », « Needle and The Damage Done » enchaînés! Plus tard, les classiques de Harvest « Words » ou « Alabama ». Les cœurs se serrent. Les couples s’enlacent. Les autres se sentent monter les larmes. Le Stravinski fait un. Peu à peu, le concert bascule vers un orage dont Neil Young a le secret. Et comme sur l’album Rust Never Sleeps, ce changement se concrétise avec une version rugissante de « Powderfinger ». Comme des gosses, ses musiciens sautent sur place, pendant que le Canadien maltraite sa Old Black, sa guitare mythique, à coups de solos déstructurés et saccadés. Après avoir crié sa haine contre Monsanto dans une chanson de son dernier album, lui et ses Crazy Horses 2.0 se lancent dans un concerto bruitiste psyché. Soudain, le riff de « Rockin’ in a Free World » retentit, plus puissant que jamais. Les couples se délient, lèvent le poing et entonnent le refrain rassembleur. En rappel : un cosmique « Cortez The Killer » et un nerveux « Cinnamon Girl » viennent conclure plus de trois heures d’un concert touchant, rageur, épique. Avant de nous quitter, Neil saute en rond avec ses jeunes potes, comme de vieux hippies. Steve Riesen & David Brun-Lambert

E With a career spanning half a century, thirty-six studio albums to date, a trace in all American music from rock to folk and country to grunge, and an untarnished seventy-year-old rage, he is one of the last legends. Forty years ago, the “ Loner ” sang about the farthest reaches of America and its fields in Harvest. Today, he was at war with Monsanto and Starbucks. Just like Bruce Springsteen, the Canadian is much more than an impressive songwriter. He still sticks by his initial ideals. The young generation definitely have something to learn from him. Yesterday, it was Pearl Jam. Today, it was The Promise of the Real group that joined him at the Stravinski. Two Midwest farm girls appeared on stage, sowing seeds from bags slung over their shoulders. Soon after, three guys in masks and protective suits started spraying pesticides on the crop. The tone was set : Do not touch my land! Neil Young, in a t-shirt marked “ Soil ”, began with what we all hoped but never thought would happen. “ After the Gold Rush ”, “ Heart of Gold ” and “ Needle And the Damage Done ” were played back to back, followed by the Harvest classics, “ Words ” and “ Alabama ”. Emotions soared high, couples embraced, and eyes welled up with tears. The Stravinski was one. The concert slowly turned into a storm that only Neil Young could control. This change of weather became real with a roaring “ Powderfinger ”, as on the album Rust Never Sleeps. His musicians jumped on the spot like kids, whilst the Canadian battered his legendary guitar, Old Black, with dismantled jerky solos.

“ The tone was set : Do not touch my land !”

After releasing his hate for Monsanto with a song from his latest album, his Crazy Foals joined him in a loud psychedelic rave. Then all of a sudden, “ Rockin’ in a Free World ” took off more powerfully than ever. The couples untangled themselves from each other, punched the air and belted out the chorus in unison. The epically raging and moving concert ended after three hours with a cosmic “ Cortez the Killer ” and an action-packed “ Cinnamon Girl ”. Before leaving us for good, Neil jumped around in a circle with his young pals like old hippies.

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Wednesday July 13th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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Mercredi, 13 juillet 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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BIRÉLI LAGRÈNE

50 SUMMERS OF MUSIC

«

J’AI QUATORZE ANS ET JE N’AI PAS PEUR

F Je porte un petit polo bleu, des jeans et des baskets blanches.

Je m’avance seul sur cette scène où il y a trois chaises orange. La guitare paraît plus grande que moi. On l’a tout juste déposée entre mes mains que je suis déjà en train de tricoter. Les gens applaudissent dès l’accordage. J’ai quatorze ans. Je joue dans l’un des festivals les plus importants au monde et je n’ai même pas l’air intimidé. Je crois que si mes parents m’avaient jeté un ballon aux pieds, je serais devenu footballeur. Heureusement, ils étaient musiciens. Je ne sais pas si la musique est une chose naturelle chez les Manouches en général. Mais elle est naturelle pour moi. J’ai rencontré Stéphane Grappelli quand j’avais dix ans. Il donnait un concert à Strasbourg, mon frère et moi on s’est glissés dans les loges. J’avais ma guitare avec moi, alors je lui ai joué un petit morceau. Il devait penser que j’allais lui montrer une comptine, un truc de môme. J’ai balancé un solo de Django Reinhardt. Sans dire un mot, il m’a pris la main et m’a fait monter sur scène avec lui. Mon frère était trop impressionné pour jouer quoi que ce soit. Il a fui. Moi, j’ai saisi ma chance. Avec Grappelli, je me suis pris pour Django. De toute façon, je n’écoutais qu’eux. Je lançais leurs disques et j’essayais de répéter la moindre note, le même geste cent mille millions de fois, comme un ouvrier sur une chaîne de production. Je voyais peu de concerts. Ma fenêtre sur le monde, c’étaient les disques. Mon frangin me montrait des bricoles, le morceau « Sweet Georgia Brown » par exemple. Mais je comprenais très vite. À la fin de la mélodie, c’était moi qui lui expliquais des choses. Django jouait les standards de jazz, donc ils ont toujours fait partie de mon répertoire. C’est pour cela qu’à Montreux, ce premier concert de 1981, je commence par « The Man I Love » des frères Gershwin. Je n’ai pas prévu de programme. La chanson passe dans mes doigts, c’est tout. Je débute ma carrière. Mais j’ai déjà l’air d’un vieux routier. Je sais que tous les grands virtuoses de la guitare sont passés ici avant moi. Je ne suis pas stressé. Rien ne me paralyse. Tout vient spontanément. Je ne pense ni à Wes Montgomery, ni à George Benson. Je pense à ma guitare et à faire de jolies phrases.

...

I’M FOURTEEN AND I’M NOT EVEN NERVOUS

E I’m wearing a little blue polo, jeans and white sneakers. I step forward

onto the stage, alone. There are three orange chairs. The guitar looks bigger than I am. As soon as they put it in my hands I start playing. People clap even when I tune up. I’m fourteen. I’m playing in one of the most important festivals in the world and I don’t even look nervous. I think that if my parents had thrown a ball at my feet I’d have been a footballer. Luckily for me, they were musicians. I don’t know if music comes naturally to the Manouches generally, but it’s natural for me. I met Stéphane Grappelli when I was ten. He was playing in Strasbourg and my brother and I sneaked into his dressing room. I had my guitar, so I played him a piece. He thought I was going to show him some kid’s thing. I gave him Django Reinhardt. Without a word, he took my hand and got me up on stage with him. My brother was too nervous to play anything. He ran away. But I grabbed my chance. With Grappelli, I felt I was Django. Anyway, they were all I listened to. I played their records and I tried to copy every note : the same action a hundred million times, like a worker on the assembly line. I didn’t see many shows. My brother taught me some little things, like “ Sweet Georgia Brown ”. But I was very quick to understand. At the end of the melody, I was the one explaining things. Django played jazz standards, so they’ve always been part of my repertoire. That’s why I started my first show in Montreux, in 1981, with “ The Man I Love ” by the Gershwin brothers. I didn’t plan a set list. The song just comes to my fingers. I’m at the start of my career but I look like a veteran. I know that all the great guitar virtuosi have been here before me. I’m not stressed. Nothing fazes me. Everything comes spontaneously. I don’t think of Wes Montgomery or of George Benson. I think of my guitar and 50 SUMMERS OF MUSIC I make pretty phrases. Textes d'Arnaud Robert (en collaboration avec Salomé Kiner) Coédition Montreux Jazz Festival et Editions Textuel

...

À LIRE →

Texts by d’Arnaud Robert (in collaboration with Salomé Kiner) Co-published by the Editions Textuel and Montreux Jazz Festival

CHF 69.-

Disponible à la boutique Festival ou sur www.montreuxjazzshop.com

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IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com

ROBERTA FLACK – 1971

HEROES

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© 1971 Georges Braunschweig for GM Press

Director Nicolas Stevan

F Cette photo est l’une des images les plus

célèbres capturées au Festival. C’est l’instantané d’une chanteuse soul parmi les plus centrales des seventies. Néanmoins, il y a ce que cette photo tait : la trajectoire et le contexte curieux qui ont mené la chanteuse-pianiste à faire salle comble au Casino Kursaal un 19 juin 1971. Résumons. Ayant grandi en Caroline du Nord, Roberta Cleopatra Flack (son vrai nom) est une surdouée devenue la première diplômée noire d’une haute école de musique du Maryland. Auditionnée par Atlantic Records à dix-neuf ans, elle possède déjà six cents chansons à son répertoire. Bluffé, le producteur Joel Dorn la signe aussitôt. Las, ses deux premiers albums sont des fours. Jusqu’à ce que Clint Eastwood emprunte la chanson « The First Time Ever I Saw Your Face » pour les besoins du film Un frisson dans la nuit (1971). Là, brusquement, sa carrière décolle alors même que paraît l’album Quiet Fire. Et invitée par Claude Nobs, Roberta Flack de pousser une première fois jusqu’à la Riviera vaudoise, démontrant qu’on peut être une interprète soul de premier plan et puiser son art dans un spectre étendu de Billie Holiday (« God Bless the Child ») aux Bee Gees (« To Love Somebody »), de Marvin Gaye (« Ain’t No Mountain High Enough ») à Simon & Garfunkel (« Bridge Over Troubled Water »). Une leçon d’éclectisme. Mais un répertoire au creux duquel est encore absent un titre emblématique : ce « Killing Me Softly » (1973) que Roberta Flack devait finalement chanter à Montreux dix-neuf ans après sa première venue. Peu après, The Fugees s’en emparaient... David Brun-Lambert

Art Director Joackim Devaud

E This is one of the most famous photos taken at the Festival. It captures the essence of one of the biggest seventies soul singers. It doesn’t tell us everything though. It doesn’t tell us how this singer-pianist from North Carolina managed to fill the room at the Kursaal Casino on 19 June 1971. To sum up, Roberta Cleopatra Flack, to use her full name, is a prodigy. She was the first black woman to graduate from a music college in Maryland. She already had six hundred songs in her repertoire when she auditioned with Atlantic Records at the age of nineteen. Blown away, producer Joel Dorn signed her straight away. Her first two albums unfortunately flopped, until Clint Eastwood used her song “ The First Time Ever I Saw Your Face ” in his film Play Misty for Me (1971). Her career took off overnight, just as she released her album Quiet Fire. Roberta Flack came all the way to the Swiss Riviera at Claude Nobs’ invitation. Once here, she showed us that you can be a top-notch soul singer and still have an eclectic repertoire ranging from Billie Holiday (“ God Bless the Child ”), to the Bee Gees (“ To Love Somebody ”), via Marvin Gaye (“Ain’t No Mountain High Enough”) and Simon & Garfunkel (“ Bridge Over Troubled Water ”). There was still one emblematic song missing though. Roberta Flack finally performed “ Killing Me Softly ” (1973) in Montreux nineteen years after her first visit. The Fugees covered it soon after.

Graphic Designer Manuel Schaller Layout Composers Nadine Schneuwly, Nicolas Nydegger, Manuel Schaller Retrouvez tous nos numéros sur issuu.com/montreuxjazzchronicle Suivez nous sur les réseaux sociaux facebook.com/montreuxjazzfestival twitter.com/MontreuxJazz

F  Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol.

E  The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.

Wednesday July 13th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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