CARLOTTI Morgane
RAPPORT D'ETUDES CONSTRUIRE ENGAGEE
Prologue Il s'agit en premier lieu dans ce rapport de retracer l'enseignement qui m'a été dispensé au cours de ma licence, à l' ENSA Marseille puis à l'ENSAB. C'est une sorte de bilan sur les connaissances acquises ainsi que sur l'évolution de ma pensée et de mon rapport à l'architecture. Il est encore un peu tôt pour pouvoir me prononcer de manière définitive quand à mes choix futurs de carrière, ma pratique du métier reste pour l'instant mince. Cependant ces trois années furent riches en enseignements et en réflexions. Le métiers d'architecte est aujourd'hui très prisé, il se diversifie et évolue, entre conceptions, suivi de chantier, concours, marché privé ou public… il semble indispensable de se trouvé des spécificités Assez vite dans mon cursus d’architecture se sont imposé un questionnement et une réflexion sur l’éthique et l’engagement en architecture, échaudé par mes déceptions lors de mon précédent cursus en commerce. J’ai cherché à questionner cette notion d’engagement, notamment par un stage chantier dans l’architecture humanitaire au Nicaragua, puis ensuite par le projet de créer une convention d’échange avec l’école d’architecture de San Francisco, pour y suivre un atelier orienté vers la conception et la réalisation d’un édifice d’architecture humanitaire Il m’est donc apparu comme évident d’orienter mon rapport d’études vers cette réflexion quant à l’éthique et l’engagement en architecture, et à m’interroger sur la validité de celles-ci.
I Genèse : L'enfant qui voulait devenir‌ pilote d'avion
Tout
d'abords, il apparaît logique de donner un aperçut de ce qui a motivé mon
orientation. Je ne pense pas pouvoir parler de prédisposition ou de destinée en ce qui concerne l'architecture. Ce choix ne s'est pas imposé comme à certains comme une évidence ou une révélation mais plutôt comme un cheminement successif. Petite j'ai été encouragée très tôt à m'ouvrir à différent domaines (musique, peinture, photographie, lecture), poussée par une famille curieuse m'encourageant à découvrir le monde. Mon enfance a été bercée par de nombreux voyages (Afrique, États Unis, Angleterre, Espagne),
et mes parents fréquentaient des gens d'horizons très divers. J'ai également
toujours été incitée à "faire quelque chose de mes dix doigts". Hyper active et tête en l'air j'ai rêvé de nombreuses orientations, de pilote d'avion à médecin, photographe ou chercheuse, en gardant toujours comme fil conducteur l'idée de voyage. Ma première pulsion vers l'architecture remonte au collège, en classe de quatrième. Je dessinais alors beaucoup, et semblait-il avec une certaine "pâte" ce qui m'entourait. Je décidais alors de passer quelques jours avec un ami de mes parents, architecte, pour découvrir le métier. Ma première impression du métier fût décevante, là où je m’attendais à un univers de feutres, de collage, de maquettes j'ai découvert une rangée d'ordinateurs, machines qui à l'époque m'indifféraient assez. Je me souviens pourtant avoir été fascinée par les différents chantiers et lieux visités à l'époque. Ainsi si la conception m'apparaissait comme abrupte la réalisation m'a intéressée. Au lycée, élève en section internationale je suis restée fascinée par les voyages et les rencontres, et ai développé un nouveau hobby : la photographie, qui m'a peu à peu ramenée vers l'architecture. En effet la pratique de cette dernière m'a poussée à portée un nouveau regard sur l'espace qui m'entourait et l'atmosphère de celui-ci, lié à la lumière aux couleurs… m'est alors revenue l'envie de créer et de scénographier des espaces, de m'intéresser à la composition de ceux-ci, d'abords dans le cadre de la transcription photographique puis de manière plus générale. De plus, depuis le lycée, et donc la prise d’autonomie intellectuelle par rapport au noyau familial, la notion d’engagement a été capitale dans mon évolution. S’engager activement et
physiquement est devenu une ligne de conduite.
Politique et humanitaire ont été les
premières étapes de cet engagement. Cette démarche et ces questionnements ne m’ont pas quittés depuis et font également partis des éléments qui m’ont reconduite à l’architecture. Cependant jusqu'alors bonne élève mais sans avoir à travaillée pour je me retrouve perdu en filière scientifique et mes notes dégringoles, entraînant ma sortie de la section internationale qui pourtant me passionne. S'en suit une grande période de manque de confiance en moi-même, ou je ne pense même pas réussir mon Bac en n'ose ainsi pas formulé mes envies d'Architecture, ne pensant pas que mon dossier m’ouvrirait les portes d’une ENSA. Je me retrouve donc « par défaut » deux ans de commerce en DUT Techniques de Commercialisation. Ces études ne m’ont pas convenu, de par leur côté mono-orienté mais également à cause des divergences entre les enseignements et mes convictions personnelles. Je décide donc de revenir à mes premiers intérêts, l’architecture et finalement réussi à intégrer l’ENSA Marseille.
II Enseignement
Première année
Je me rend compte avec les recul qu'au début de mon cursus ma culture architectural est assez faible, pour ne par dire inexistante. Même si j'ai eu la chance de "voire" beaucoup de choses au fils de voyages, de visites de musées ect… j'ai peu de références techniques. A mon entrée à l'école de Marseille je me retrouve confrontée à beaucoup de personnalités et de profils différents, et certains ont déjà une vrais connaissance architecturale et des références solides, les miennes se limitant au Corbusier et à Stark, ainsi qu'a quelques images glanées de ci de là. L'enseignement en première année à l'ENSA Marseille est assez dense et très diversifié. Il comprends aussi bien un module scientifique, ou nous seront amenés en fin d'année à passé de la théorie à la pratique en construisant des ponts en cartons capable de supporté 20 fois leurs propre poids, qu'une partie plus théorique comprenant histoire de l'architecture, sociologie et théorie de l'architecture. Des cours d'Art plastiques net de représentations nous permette également de nous confrontés aux différents outils et techniques de dessin et de nous familiariser avec les techniques de représentation. Je suis alors passionnée par les cours d'histoire et de sociologie, très liés entre eux, et développant un parallèle entre évolution de la société et de ses codes et rapport au bâtis et à l'évolution de celui-ci. Je réalise alors à quel point l'humain est important en architecture, au centre même de celle-ci. Au delà de la simple analyse factuelle d'un édifice je m'intéresse à l'intention de celui qui l'a conçu et suis fascinée par les personnalités des précurseur de l'architecture, Le Bernin, Borromini, De Vinci… mais également par l'évolution de l'église catholique et l'impact de celle-ci sur l'évolution des édifices religieux (je suis pourtant de confession athée, et jusqu'ici peu sensible à celle-ci). En parallèle l'enseignement du projet se fait progressivement, lié avec un cours de dessin technique nous apprenant les codes du tracé…à la main. Si l'ordinateur est toléré au moment du montage des planches, le travail d'atelier s'effectue exclusivement à la main. Les sujets traités sont communs aux quatre ateliers, ce qui encourage les échanges entres
étudiants. Notre entrée dans le projet d'architecture se fait à mon sens de façon assez intelligente et progressive. Au premier semestre nous travaillons tout d'abords individuellement sur un projet de chemin reliant l'arrêt de bus à l'école d'architecture. Est ainsi introduite la notion de paysage, ainsi que celle de relevé, la proximité du site nous facilite le travail. Nous travaillons ensuite en binôme sur un projet de module de logement étudiant, deux appartements dans une trame de 16mX30m, partageant la cuisine. C’est notre premier contact abc le travail en binôme…et les normes. Le sujet
est encore une fois assez facile à
appréhender, nous concernant directement. Les deux sujets suivants, un chapiteau et la réhabilitation d'une place intégrant une salle de concert sont plus larges et nous amène à nous questionner sur la forme, les matériaux, la structure mais également nous ouvrent à l'urbanisme. Ce premier semestre d'atelier est assez dense, nous travaillons alors sur des projets courts et explorons différentes échelles. Nous expérimentons également les moyens de représentation avec plus ou moins de succès. Le deuxième semestre se compose de trois projets. Le premier, une tours de bureaux est au projet à 5 et nous confronte à la difficulté du travail en groupe (le résultat final sera d'ailleurs assez hétérogène, et de mon propre avis décevant en ce qui concerne notre tours). Se dessinent les premières prises de position architecturale (recherche de verticalité, espaces verts…) et les premiers débats entres étudiants. Le semestre est entrecoupé par un Workshop en Italie, jumelé avec les 5ème année de l'école de Milan. Il s'agit d'aménager un lieu de notre choix parmi différentes places de la ville en vue d'une biennale d'art contemporain. La confrontation avec les 5ème année est intéressante, le travail intense mais le workshop est un peu court (4jours), et frustrant pour cela. Nous travaillons ensuite sur un projet d'aménagement paysager d'un site en fonction d'une caravane puis sur un projet plus libre de réhabilitation de bâtiment sur l'île de Frioul. Je passe à côté de ce dernier projet, trop formelle dans mes propositions mais valide tout de même mon année. Cette première année, très intense , m'a aidée à mûrir et à m’interroger sur la discipline architecturale à plus grande échelle que celle du particulier. J'y ai découvert avec
beaucoup d'intérêt les notions de paysage, contexte et urbanisme. Si elle fut épuisant au niveau du rythme elle fut également riche en rencontres et en découverte et je la bouclais avec l'impatience d'en commencer une nouvelle. Elle marque en quelque sorte un coup de coeur avec mes études, j'ai la sensation d'avoir enfin trouvé "ma place" et le goût de travailler pour y rester.
Deuxième année Il m'est plus difficile de parler de la deuxième année. Des évènements personnels me contraignent à demander mon transfert sur Rennes alors que l'année est déjà entamée. Mon investissement est alors presque de l'ordre de l'acharnement. L'organisation des enseignements entre les deux écoles est légèrement différente, un "retours en arrière" dans certaines matières comme l'histoire et la structure me permettent d'approfondir mes bases et d'avoir un nouvel angle d'approche. Je découvre également l'outil informatique que j'avais jusqu'alors peu utilisé. Un univers s'ouvre à moi. Deux étapes importantes ont jalonné cette année. Mon semestre d'atelier avec Hervé Potin tout d'abord. Sa pédagogie et son enthousiasme on été une révélation. Pour la première fois j'ai l'impression de travaillé sur "mon" projet et d'aboutir à un travail aussi finis que possible. Il nous pousse à développer notre concept au maximum particulièrement sur le second projet, une réhabilitation en programme mixte d'un immeuble Place St Anne. Le programme consiste à aménager un R+5 au niveau de la nouvelle ligne de métro en y intégrant logements, bureau et espaces publiques (notre binôme a choisis une bibliothèque). Ce projet a été assez complet, touchant à la réhabilitation, l'insertion dans un contexte urbain, la mixité programmatique et aboutissant même à un travail de réflexion sur le motif, ainsi que sur l'existant. Ce projet m'a tout d'abord déstabilisé. En effet, Rennes est ma ville d'origine et travaillé sur un lieu familier m'a amener à y porter un nouveau regard, plus critique, un regard "architectural" auquel je n'étais pas habituée. De plus, le traitement général du projet que nous avons adoptées avec ma binôme est plus radical que ce vers quoi j'aurais naturellement tendu et m'introduit de nouvelles réflexions quand à la forme et la fonction, ainsi que sur l'intégration d'une architecture nouvelle dans une trame ancienne. Cette radicalité me semble finalement dans ce contexte plus souhaitable par la symbolique du bâtiment à construire ("signal" structurant la place, venant en partie corrigé le manque de visibilité des bouches de métro existantes). Je me rends compte que ma perception a évoluée, qu'une "intention" architecturale commence à naître.
De plus, mon retours sur Rennes m'a permis de confronter ce projet et d'autres à l'opinion d'amis non architectes, et d'en dégager un constat
: ce qui plaît à l'école
d'architecture ne plait pas / peu à l'extérieur. En résulte une réflexion encore en cours sur le rapport entre architectes et usagers, notamment dans le secteur du marché publique, réflexion que je souhaite poursuivre au long de mes études. L'autre évènement marquant de cette deuxième année est mon stage ouvrier. En plus de la participation au fonctionnement d'un chantier ce stage intervient dans la continuité de mes réflexions sur l''engagement en architecture. J'ai en effet chois de l'effectuer sur un chantier humanitaire au Nicaragua. L'association avec laquelle je suis partie, ViviendasLéon est gérée par un architecte américain.J'ai également été amenée à travaillée avec Mr Wachtel, enseignant à l'université de San Francisco et y proposant un atelier d'architecture humanitaire. La rencontre avec ces deux hommes a été la confirmation pour moi de l'utilité d'une architecture et de l'architecte, de l'existence d'une architecture engagée. Nous y reviendrons plus loin.
Troisième année Ce bilan intervient alors que l'année n'est pas encore terminée, cependant je peux déjà en dire qu'elle est la plus dure de toute. Sur un plan personnel, je pense que l'intensité émotionnelle de ma deuxième année engendre une certaine lassitude, même si la passion et la curiosité sont toujours là. Le programme de l'année également, selon moi trop dense, nous laisse trop peu de temps pour approfondir de façon satisfaisante nos recherches personnelles, notre culture architecturale. On nous demande pourtant une prise d'autonomie mais il me semble aujourd'hui difficile de sortir d'un rapport assez scolaire. Quoi qu'il en soit l'école ma fournie des bases de conception solides, et je me rend compte des progrès. Mon esprit s'aiguise petit à petits à une certaine gymnastique de l'espace, les volumes me son plus compréhensibles, plus lisibles. Mes réflexions sont plus poussées, des sensibilités dans le projet se dessinent. Je commence à assumer prise de position et jugement critique. Mais apparaissent également le doute, la page blanche. Si mes réflexions sont plus poussées je me rends compte qu'elles sont aussi parfois paralysantes. Je me réalise qu'il y'a différentes façons d'être architecte. Il m'apparaît que j'ai besoin de m'ouvrir, de m'aérer l'esprit, besoin que je n'avais jusqu'alors pas ressentis. Rechercher l'éthique et l'engagement architectural comme je souhaite le faire et le développer en seconde partie de ce rapport est une piste, qui sera sans doute doublée par un voyage prolongé dans les prochaines années, le voyage étant de plus pour moi indispensable au métier d'architecte.
III ETHIQUE ET ENGAGEMENT
Éthique n. féminin
(bas latin ethica, morale, du grec êthikon) - Ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu'un. - Partie de la philosophie qui envisage les fondements de la morale. « L'éthique c'est l'esthétique du dedans. » Le Livre de mon bord Pierre Reverdy
Engagement n. masculin
-Fait de prendre parti sur les problèmes politiques ou sociaux par son action et ses discours -Pour les existentialistes, acte par lequel l'individu assume les valeurs qu'il a choisies et donne, grâce à ce libre choix, un sens à son existence.
L'éthique est architecture (de la responsabilité des architectes)
Historiquement, de façon schématique, jusqu'au XVIIIème siècle l'architecture est au service des puissances, royales ou divines et a pour vocation d'en illustrer le pouvoir, la magnificence, l'autorité. A l'heure de la révolution industrielle apparaissent également les sciences sociales, les notions d'humanisme. L'architecture connait alors un revirement et se veut au service du citoyen. Cependant, si l'architecture est de plus en plus valorisée en tant que valeur quotidienne il existe pour moi un fossé entre les "têtes pensantes" de l'architecture et les usager. Un exemple le plus flagrant étant la difficulté en tant qu'étudiants à exposer et valoriser nos projets auprès de nos familles, amis… L'architecture donne encore trop souvent l'impression d'un geste, "l'art pour l'art" or il ne me semble pas que celle-ci doit se pratiquer comme un art plastique. « […] Du point de vue de la pratique, les architectes ne cherchent pas la prise directe avec la société. Ils maintiennent un écart qui les protège tout en les éloignant de la source de l'architecture, de leur cause, leur raison d’être et de faire. » P. Maddec, la secrète connivence de l'architecture et de l'éthique,
Démarche personnelle Si
je ressens des frustrations en cette fin de troisième année, je sais qu'une bonne
partie d'entre elles sont générées par un besoin de donner du sens. Je suis en recherche de sens. Si je peux définir ce qui m'a attiré en architecture, comme je l'ai fait en premier partie de ce rapport, il m'est plus difficile de définir quelle y est aujourd'hui ma place au sens large du terme. Je constate ces derniers temps un rapport trop scolaire à l'architecture, je me suis d'une certaine façon laissée portée par le rythme ambiant, les exigences de rendu et de production au détriment d'une implication plus personnelle, plus réfléchie. Peut-être aussi par ce que mes réflexions ont également été sources de blocage. Il appartient aussi à ce rapport d'études de me permettre de questionner ma frustration et d'apporter du sens. Depuis le lycée, et donc la prise d’autonomie intellectuelle par rapport au noyau familial, la notion d’engagement a été capitale dans mon évolution. S’engager activement et physiquement est devenus une ligne de conduite.
Politique et humanitaire ont été les
premières étapes de cet engagement. Ainsi pour moi le métier d'architecte implique une notion d'engagement, mais également d'humanisme, il est impensable pour moi d'abstraire l'homme de la conception. "À l'architecte, il revient de savoir rendre compte de ses intérêts, de ses engagements, de ses projets, de ses goûts et dégoûts, de ses ambitions pour l’architecture afin d’autoriser un dialogue avec la société ou simplement avec la femme ou l'homme face à lui. L'objet même de l'architecture est de répondre à la demande impérative d’architecture, au besoin de l’abri. » P. Maddec, la secrète connivence de l'architecture et de l'éthique,
Pendant
le mois de juillet 2012 j’ai effectué mon stage ouvrier
au sein de
l’association ViviendasLeón, au Nicaragua. Je me suis tournée vers la construction humanitaire par intérêt tant idéologique que pour observer les techniques de construction sous contraintes budgétaires, et en utilisant des moyens artisanaux. Ce stage m’a permit de participer à des études de sites et de plans ainsi que de travailler en tant qu’ouvrière à la réalisation de différentes étapes de construction (nivellement, fondation, charpente, couverture). Mais ce fut également l’opportunité d’observer le fonctionnement et l’organisation de cette ONG Américaine travaillant entre le Nicaragua et les Etats Unis. ViviendasLeón est une association à but non-lucratif ayant pour objectif le développement économique et humain de communautés rurale dans la région de León, Nicaragua. Par une série de programmes en collaboration avec cette communauté rurale l’organisation cherche à améliorer les conditions de vie et d’éducation ainsi qu’à créer des emplois au sein de la communauté en encourageant la création de micro-entreprise. L’association travaille en collaboration avec différentes écoles et investis 70% de son capital dans des programmes de voyages et de développement entre le Nicaragua et les EtatsUnis. Au cours de ce stage J’ai eu l’opportunité de travailler sur deux chantier, un centre communautaire la construction d’un logement. Au niveau du centre communautaire notre intervention consistait à créer un place pavée, ombragée par un arbre déjà présent. Il s’agissait de paver cette cours à l’aide de briques en béton restantes après la construction, par soucis d’économie. Mon travail et celui de l’équipe d’étudiants à consister à imaginer le motif de ce dallage puis à réaliser un plan de la place pour calculer les matériaux nécessaires. Nous avons ensuite creusé et niveler le sol puis installé le dallage et contrôler son positionnement grâce a des équerres et mètres. Nous avons enfin fixé le dallage à l’aide de béton et de sable. J’ai également participé à la construction d’un logement destiné à une famille de la communauté dans laquelle travaille l’agence: délimitation de la parcelle, creusement des fondation, coulage du béton de celle-ci avec création de piliers porteurs, montage de la structure poteau poutre et des murs en bois, toiture, terrassement du sol. Les finitions (peinture des murs, création de la haie d’arbustes) sont laissées au soin du propriétaire. Nous
avons également gâché le béton (en partie manuellement, la bétonnière n’étant pas disponible), traité toute les parties en bois à l’aide d’un mélange Diesel/sel selon une technique locale, pour éviter que les termites ne les attaques, et participé à la réalisation et au redimensionnement de différents éléments (poutres de toitures, ferraillages des poteaux d’angles...)
*Voire annexe pour plus de dĂŠtails
Ce
stage fut aussi une fantastique opportunité d’observer le fonctionnement de
l’association, basé sur la co-conception. En effet l’intégralité des projets sont conçus et réalisés dans une démarche de collaboration et d’échanges entre étudiants en architecture, architectes et habitants de la communauté. C’est ce même esprit d’échange et de collaboration qui se retrouve sur les chantiers. Il ne s’agissait pas d’imposer des modes de vie et de construction occidentaux mais bel et bien d’essayer d’optimiser les savoirs faire et moyens locaux.
Devenir architecte engagée Dans la continuité de ce stage mes lectures de cette année se sont orientées vers la recherche d’engagement en architecture, l’éthique et l’esthétique. Parmi les ouvrages consultés ceux qui m’ont le plus marqués sont « la désobéissance de l’architecte » de Renzo Piano, par sa réflexion sur la ville, la banlieue et l’environnement urbain abordée d’un angle social, mais également la nécessité d’une approche environnementale, culturelle, historique et urbaine. Mes recherches m’ont conduite à m’intéresser à une architecture alternative, éthique et réfléchie. Le paramètre environnemental y a on importance, je me suis intéressée aux structures de rouleau de cartons de Shiegru Ban, à la construction en terre et au travaux de Boris Weliachew, à l’architecture dite « humanitaire », ou de « de l’urgence » Et j’ai souhaité pousser plus loin ma réflexion. Mon stage ainsi que la lecture de l’ouvrage « Construire autrement » Patrick Bouchain m’ont ouverte à une nouvelle perception de l’architecte en tant que co-concepteur. Pour lui l'architecte n’est pas et de loin, le seul acteur de la construction, et celle ci se doit d’être une démarche participative impliquant aussi bien le commanditaire que le concepteur. Il applique cette démarche au sein de son agence, justement nommée « Construire ». «L’architecture ne peut pas être autrement qu’humaniste. L’homme à un moment donné, pour se protéger, a commencé à construire. Puis il a découvert que construire pour se protéger du vent, des bêtes sauvages, n’était peut-être pas suffisant, qu’il fallait avoir du plaisir à habiter ces abris, avoir du plaisir à montrer à l’autre ce qu’il savait faire, peut-être l’aider. Je pense que dans l’histoire de l’humanité, l’architecture c’est le lien social. On ne construit pas pour soi seul, c’est le début de la civilité, donc l’architecture est obligatoirement humaniste. Et pour moi, libertaire. Je dois ajouter que j’ai arrêté de faire de l’architecture en allant en Afrique. Parce que j’ai découvert pendant mon service militaire qu’il y avait des pays que l’on déclarait incapables de construire et qui avaient une architecture vernaculaire absolument merveilleuse. C’est là que j’ai compris qu’il fallait arrêter de construire. Et donc à tous ceux qui habitent des maisons qui ne sont pas sur le modèle occidental je leur dis : qu’ils les gardent le plus longtemps possible».
P.Bouchain, portrait par Daniel Brick « Patrick Bouchain : une architecture humaniste et libertaire », article RFI du 26/06/2007
Mettre en place une pensée éthique induit une démarche altruiste, n’entrant pas dans la lignée de la recherche de profit mais dans celle de la recherche du bonheur de l’autre. En architecture elle ne peut découlé que d’un choix personnel, en accort avec nos valeurs propre mais tournés vers autrui.
Au cours de mes recherches je découvre le groupe
Construire ensemble- le grand
ensemble (auquel collabore Patrick Bouchain) qui vise à réactualiser l’alliance de l’artisan, de l’artiste , de l’architecte et de l’usager. Le principe de se groupe est d’appliquer une nouvelle approche de l’acte d’habiter et de construire, en faisant collaborer différents savoirs et savoirs faire en en se basant sur des programmes mixtes : « Face aux crises actuelles du savoir habiter et des formes d’habitat, nous proposons dans la démarche « Construire Ensemble Le grand ensemble » de réaliser de nouvelles formes d’habitat social impliquant les futurs occupants et tous les acteurs locaux. Des habitations destinées en premier lieu à ceux qui ont le plus de mal à se loger, et dont l’apport personnel, sous de multiples formes, permettrait une forte appropriation ainsi qu’une forme d’acquisition de leur lieu de vie. Des habitations hors nomes, foncièrement écologiques, dont la conception et les chantiers seraient des actes culturels, éducatifs et sociaux au cœur de la cité, dont la gestion et l’évolution seraient assurées par les habitants eux-mêmes. » Ils revendiquent la construction en tant qu’acte culturel, social, éducatif et recherche à suivre les principes Ecosophiques de Felix Guattari, psychanalyste et philosophe à savoir : -Ecologie environnementale par l’usage de matériaux simples et seins, par l’apport d’énergies renouvelables. Mais aussi par l’utilisation de matériaux de réemploi, et par le fait de ne construire que l’essentiel. - Ecologie économique et sociale en faisant travailler des entreprises locales, à petite échelle, en valorisant les constructeurs par leur implication dans des chantiers accueillant, en imposant des entreprises d’insertion. -Ecologie de développement personnel ou mental qui est peut-être la plus oubliée, grâce à l’individualisation et la subjectivation des habitations construites, et par le réenchantement de l’acte de construire et d’habiter dans une attitude culturelle.
Ensemble scolaire des Hauts Bois à St jacques-de-la-lande, par P.bouchain, que j'ai eu l'occasion d'étudier en deuxième année
Le groupe collabore à des projets tels que l’aménagement de la friche de la « belle de Mai » Parmi toutes mes recherches il s’agit actuellement de l’éthique de fonctionnement dont je me sens la plus proche.
Pour la suite... En
tant qu'étudiante je dois relever ici ma difficulté au début de mes recherche à
trouver des documents sur l'éthique architecturale et l'architecture engagée sortant du cadre de l'architecture environnementale, éco-responsable ou humanitaire, orientée vers l'hébergement d'urgence. Il m'apparaît paradoxal de limiter la notion d'engagement à ces deux seuls secteurs. Même si mon expérience en humanitaire fut extrêmement formatrice, je pense qu'un engagement est également possible à l'échelle locale. Je citerais ici en exemple le projet des construction
de
douches
et
lavoir
mené
à
bien
cette
année
par
l'atelier
d'architecture/ingénierie de Mr Cyril HANNAPPE, en bordure de Paris. Mais également localement, à Rennes même, où le mal-logement est un problème dont s'occupe différentes associations dont le DAL. Ne pourrait-on ne serais-ce qu'a notre échelle d'étudiant, travailler avec ces associations, par exemple en proposant de petits programmes de réhabilitation sur des logements vacants ou les dents creuses urbaines ? Ces programmes seraient réalisés en partenariat avec ces associations moyennant leur utilisation par des familles en attente de logement. On pourrait également imaginer des installations temporaires, pour habiter des bâtiments voués à être détruit à moyen terme mais restant par fois vacant plusieurs années… J’ai essayé d’exprimer de manière synthétique dans ce rapport les pensées et prise de conscience qui on jalonnés mon parcourt en écoles d’architecture. Il me reste encore un peu de temps pour expérimenter et apprendre, et beaucoup de questions se posent encore à moi. Je déplore notamment que les engagements architecturaux qui me parlent le plus soient ceux flirtant avec la légalité. Je ressens également le besoin d’enrichir ces recherches théoriques par la mise en pratique et l’observation plus directe de ces organisme. Ainsi il me faudra voyager, tenter d’expérimenter. Mais j’entrevois la possibilité d’œuvrer à une éthique personnelle dans ma pratique de l’architecture et ceci me conforte dans l’idée que malgré tout, j’ai trouvée ma place.
REFERENCES Lectures P. BOUCHAIN, Construire autrement, Actes Sud, 2006 P. BOUCHAIN, Construire ensemble / Le Grand ensemble, Actes Sud, 2010 M.COURRENT, Tenuitas cum bona fama : éthique et architecture dans le De architectura de Vitruve , Cahiers des études anciennes, XLVIII 2011 LE CORBUSIER, Vers une architecture, Flammarion, 2008 K.HARRIES,The Ethical Function of Architecture, New edition, 1998 G. PERREC, Espèce d'espaces, Galilée, 2006 R.PIANO, La désobéissance de l'architecte, Arlé, 2007 P.TRETIACK, Faut-il pendre les architectes?, Seuil, 2001 TYIN, A. HERINGER, Construire Ailleurs, Achibooks, 2010 P.URBAIN, De la désullusion, Six cours d'architecture, Editions générales, 2001 B. WASSERMAN, P. SULIVAN & G. PALERMO, Ethics and the Practice of Architecture, New York, John Wiley & Son, 2000 C.YOUNÈS & T. PAQUOT (eds.), Éthique, architecture, urbain, Paris, La Découverte, 2000
Conférences/entretients P.MADEC, La secrète connivence de l’architecture et de l’éthique, Les Polymatiques, 2000 M.LAGUEUX,Y a-t-il une problématique éthique propre à l’architecture ?, Université de Montréal Vidéos P.MADEC par G.DEMOY et M. LE BAYON , Habitant, Arte et le Ministère de la Culture et de la Communication, Paris, 1997. Vittorio E. PISU, Une conversation avec Patrick Bouchain, architecte Web ArchDaily : www.archdaily.com Construire : www.construire.cc Construire ensemble-le grand ensemble : www.legrandensemble.com ViviendasLeon : www.viviendasleon.org
STAGE OUVRIER A) Centre communautaire DOCUMENTS TECHNIQUES
PHOTOS
Creusage et Nivellement
Pavage et contr么les niveaux
Remplissage bĂŠton (permet notamment de renforcer les briques ornementĂŠes plus fragiles)
Place terminĂŠe
B) Logement DOCUMENTS TECHNIQUES
Plan
Détail structure
Détail charpente
Vue 3D * Ces documents sont issus du projet original et ne tiennent pas compte des modifications apportées sur place (suppression de la série de poteaux extérieurs, modification de l’emplacement des portes et fenêtres.)
Site avant construction
Marquage et fondations
Fondations : creusage et remplissage. La profondeur de la trachée creusée est de 40cm Sur les parties non porteuse pas soucis d’économie on alterne une couche de béton et une couche de pierres volcaniques.
Poteau porteur : coffrage et fixation de l’équerre en métal.
Structure porteuse : La verticalité des poteaux est d’abords vérifiée au moyen d’équerre. Cependant en utilisant des niveaux a eau on se rendra compte qu’elle est imparfaite et l’on devra corriger la position de ces poteaux.
Murs : parement bois. Les murs peuvent aisément déplacer pour agrandir le logement ou remplacer par un matériau plus isolant. La maison construite est une base que la famille est libre de développer
Charpente. Ici fixation des poutres annexes sur lesquelles on va clouer la toiture.
Couverture. Elle est réalisée à partir de tôle traitée pour éviter sa dégradation. Tout comme les murs elle est considérée comme provisoire et destinée à être améliorée au fil du temps par la famille.
Résultat final. Si le logement est rudimentaire il est au moins fixé sur une structure porteuse stable et durable, permettant à la famille de l’améliorer petit à petit en fonction de ses moyens ou de le moduler.