MARCO POLO

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FRANCESCA FERRETTI DE BLONAY OYEMATHIAS

kin é P à ise De Ven


DE VENISE À PÉKI N ALLER-RETOUR L’aventure de Marco Polo se déroule à cette époque. C’est l’histoire d’une famille de commerçants, animée par la recherche de nouvelles voies commerciales. Car en ce temps-là, qui dit commerce, dit voyage et découverte de nouveaux horizons.

Venise est une ville prospère grâce au commerce qu’elle exerce avec succès dans toute l’Europe. Les marchands s’y retrouvent pour échanger leurs produits contre la soie et les épices venus d’Orient. Nous sommes au 12ème siècle, sa richesse et sa force maritime en font un acteur majeur de la conquête du monde.

Munis d’un sauf-conduit, les deux frères repartent pour Venise. Mais en arrivant, ils apprennent que le Pape Innocent IV est mort. Ils retrouvent la femme de Niccoló, accompagnée de son fils Marco, âgé de 15 ans. Deux ans plus tard, ils décident de rejoindre la cour du Kubilaï avec le jeune Marco.

Au départ de Saint-Jean d’Acre, les trois Polo se dirigent vers Ormuz, point de transbordement de la route des épices et des métaux précieux de l’Orient. Puis, ils poursuivent leur route à travers l’Asie centrale pendant plus de quatre ans. Les voyages duraient des années en ce temps-là.


Cap sur l’Orient ! Les frères Polo s’établissent à Constantinople,1 au croisement des routes les plus importantes du commerce mondial : l’arrivée par l’est de la route de la Soie et par le Nord de la route des fourrures. Les affaires marchent plutôt bien. C’est alors que le chef des Mongols les envoie chercher. En 1266, Niccoló et Matteo Polo arrivent à Chemeinfu, où Kubilaï Khan a l’habitude de passer l’été. Après de nombreux entretiens, il les charge d’une importante mission dont le but est de rapprocher son royaume et Rome.

Arrivés en Chine, les Polo s’intègrent peu à peu à la société sino-mongole. Ils resteront en pays tartare pendant 16 ans, au service de Kubilaï Khan. C’est l’occasion pour Marco de découvrir les coutumes tartares et d’apprendre leurs langues. Il est envoyé en mission dans le Yunnan,2 le Chansi et le Setchouan,3 à Ceylan et au Vietnam. Kubilaï l’apprécie beaucoup. Il en fera l’un de ses plus grands émissaires. En 1291, les Polo décident de renter. Ils doivent servir d’escorte à la promise d’Arghoun, souverain Mongol de la Perse. Un périple de plus de 3 ans avec plusieurs escales : Sumatra, Ceylan, Thana et Cambay, sur la côte occidentale de l’Inde pour se terminer à Ormuz. Après avoir quitté l’île de Quish, le chemin se poursuit par route terrestre, remonte vers Bagdad, puis Tabriz et Damas. C’est en passant par la mer Noire, qu’ils rejoignent la Méditerranée et arrivent à Venise en 1295.

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Istanbul. Sud-ouest de la Chine. Ou Sichuan.


LE LEGS DE MARCO POLO UN LIVRE REPORTAGE

UN PRÉCURSEUR

A son retour, Marco Polo est fait prisonnier par les Génois au cours d’une bataille qui les opposent aux Vénitiens. En prison, il livre ses mémoires à son compagnon de cellule, Rustichello de Pise, qui en fera un récit en trois livres. Il y raconte la progression de Marco Polo du Proche-Orient jusqu’en Chine, la vie de Kubilaï Khan et son retour à Venise par la mer. L’ouvrage regorge d’informations inédites: L’arbre à vin de Sumatra, les rubis de Ceylan, le poivre, l’indigo, le gingembre, les croyances religieuses, tout y est détaillé et véridique. On compte 143 manuscrits tirés du récit de Marco Polo, avec quelques variations dues au recopiage.4 Connus sous des titres divers, Le Livre des Merveilles est surtout apprécié à son époque pour ses anecdotes fantaisistes.

Marco Polo nous livre ce qu’il a vu et entendu : les coutumes vestimentaires, alimentaires, sexuelles, religieuses, la faune et la flore. Il raconte la vie quotidienne des peuples qu’il a rencontrés, avec réalisme, mais aussi en décrivant ce qu’elle a de merveilleux pour lui. Le récit est court et agréable à lire. En plus de représenter une valeur inestimable sur le plan historique et géographique, il fait état d’une démarche scientifique, dans la lignée des récits de voyages, laissés par les naturalistes et les découvreurs qui vont se succéder jusqu’au 19ème siècle.

UN TRAVAIL DE GÉOGRAPHE Le Livre des Merveilles a inspiré la création des cartes géographiques qui vont suivre. L’Atlas catalan,5 à la fin du 14ème siècle, est l’une des premières cartes à lui emprunter des toponymes et des fragments d’itinéraire pour dessiner la carte de l’Asie centrale et de l’Extrême-Orient. On pense aussi à la mappemonde de Fra Mauro, le célèbre moine cartographe (1459). L’influence du récit de Marco Polo sur la géographie devient alors une évidence.


Un siècle plus tard, les routes caravanières cèdent le pas aux routes maritimes. Les progrès de la navigation et des connaissances géographiques transforment la vision du monde. Imprégné du récit de Marco Polo et autres voyageurs du 13ème et du 14ème siècle, Christophe Colomb atteint Cuba en 1492.

Mi s s ions et déco uvertes

Q U E D I T- O N ?

On dit que Marco Polo est le premier Européen à mentionner le Japon.

L’HUILE DU SAINT-SÉPULCRE La famille Polo possède une telle connaissance de l’Asie, qu’elle devient porte-parole d’une mission de rapprochement entre l’Orient et l’Occident. Les Polo rentrent à Venise avec un message de Kubilaï Khan pour le pape, dans lequel il lui demande « d’envoyer jusqu’à cent hommes savants pour enseigner la religion et la doctrine chrétiennes ». Mais à leur retour, les Polo ne sont accompagnés que de deux moines. Autant dire que leur mission reste inachevée. Toutefois, ils apporteront au « Grand Khan » l’huile du Saint-sépulcre, comme il le leur a demandé. 4

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L’imprimerie n’existait pas encore à cette époque (1450 Gutenberg). Il s’agit d’une carte de navigation utilisée au 14ème siècle, réalisée en 1375 par Abraham Cresques, un cartographe juif majorquin de Palma.

On dit que Marco Polo a ramené de Chine la crème glacée et les pâtes, plus précisément les spaghettis. Mais on affirme aussi que les pâtes existent en Italie depuis le début de l’Antiquité.

On dit que Marco Polo a découvert les billets de banque en Chine.


SUR LA ROUTE DE LA SOIE

U n secret bien gardé La culture de la soie est née en Chine au milieu du 3ème millénaire av. J.C. La légende veut que l’art de dérouler les cocons de vers à soie a été découvert par la femme de l’Empereur Jaune. Buvant un thé à l’ombre d’un mûrier, l’impératrice attrapa le fil d’un cocon tombé dans sa tasse et le déroula. Pendant des siècles, la fabrication de la soie est restée secrète. Les chinois punissaient de la peine de mort toutes tentatives de trafic de vers à soie. Il faudra attendre le 12ème siècle pour que l’Europe ait sa propre production d’étoffes de soie.


Voir ca rte a u ve rso

L

a caravane avance lentement, luttant contre les tempêtes de sable et les bourrasques de neige. Les hommes ont faim et soif. Depuis l’oasis de Dunhuang, la trajectoire en direction de l’ouest se divise en trois routes principales. Les deux routes situées au nord contournent de chaque côté les montagnes célestes du Tian Shan, dont les cimes s’élèvent à 7 315 mètres. La troisième route prend la direction du sud et passe par Khotan (Yutian), célèbre pour ses tapis de soie. Elle borde l’infranchissable désert de Taklamakan, où les températures extrêmes et les tempêtes de sable coûtent la vie à de nombreux nomades. Les routes du nord et du sud se rejoignent près de Kashgar. Les marchands franchissent alors les montagnes du Pamir sur des sentiers étroits, avant de descendre dans la vallée de Ferghana. Ils se reposent à Tashurgan le centre névralgique de la route de la Soie. La place grouille de marchands. Ils sont venus de toute l’Asie pour y faire commerce. La route de la soie est un vaste réseau de routes commerciales qui relie la Chine à l’Europe. On y échange toutes sortes

de marchandises dont la plus prisée d’entre elles est la soie. D’est en ouest, de villes en villes, transitent pierres et métaux précieux, étoffes de laine et de lin, ambre, ivoire, laque, épices, verre, corail, contre les fourrures, la céramique et les armes de bronze venues d’Occident. De Xi’an, la capitale chinoise, jusqu’à Antioche en Syrie, les marchands transportent leurs produits à pied ou à cheval, au péril de leur vie. Les oasis qui jalonnent la route forment un réseau de comptoirs commerciaux, où se rencontrent commerçants, pèlerins, soldats et espions. C’est par ce vecteur que des religions comme le bouddhisme et le christianisme sont entrées en Chine. Les dangers et difficultés rencontrés lors de ces voyages font que les marchandises échangées étaient très chères. A tel point, que les Européens cherchèrent rapidement à gagner l’Orient par voie maritime. La route de la soie fut progressivement abandonnée au cours du 15ème siècle.


Fils de commerçants vénitiens, Marco Polo est l’un des plus grands voyageurs de la fin du Moyen Age. Il est le premier européen à se rendre en Extrême-Orient, par la route de la soie. Parti en mission avec son père Niccolò et son oncle Matteo, il traverse la Grande Arménie et la Perse, gravit les plus hautes montagnes d’Afghanistan, endure le froid et les grandes chaleurs, affronte guerriers et voleurs pour rejoindre Kubilaï Khan, empereur des Mongols. Il passera 16 ans auprès du Grand Khan, le servant dans diverses missions diplomatiques à travers le continent asiatique. De son voyage est né un récit, écrit en français par Rustichello de Pise. Le livre des Merveilles décrit avec beaucoup de réalisme les pays traversés, la faune et la flore, les peuples rencontrés, leurs us et coutumes, leur religion. Grand observateur des cultures humaines, Marco Polo a sans aucun doute rapproché l’Orient et l’Occident donnant au monde une nouvelle configuration.


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