Apieu - Ecouter la ville

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Comment écoutons-nous la ville ? La ville est souvent décrite par les nuisances sonores qu’elle génère. Or elle n’est pas faite que d’autoroutes, de voies ferrées, d’industries, d’entreprises et de centres commerciaux ! Qu’en est-il des lieux publiques que nous parcourons tous les jours à pied, en vélo ou en tramway ? Comment percevons-nous ces endroits partagés qui nous repoussent ou au contraire nous poussent à sortir ? Par sa diversité, la ville éveille notre oreille. Ce que l’on entend, c’est à la fois les sons mais aussi les espaces bâtis dans lesquels ils se propagent. La ville diffère de la campagne par la nature des sons ou encore par la rumeur sonore qu’elle crée. On ne sait pas d’où elle vient, de quoi elle est faite pourtant elle signe la ville. Dans certains lieux publics, elle peut gêner la communication, dans d’autres garantir l’anonymat des conversations. La ville modèle les sons, les sons modèlent nos relations. À ceux qui, curieux de leur ville, souhaitent être à son écoute, nous proposons de déambuler d’un centre historique à sa périphérie en huit étapes. Notre souhait est de vous donner envie de prendre vos jambes et vos oreilles et d’aller écouter ce qui se passe en ville. Ce guide s’adresse aussi aux personnes qui souhaitent mener des actions de sensibilisation ou d’éducation à l’environnement sonore. Des activités pédagogiques sont proposées pour les auditeurs de plus de dix ans.

ATELIER URBAIN MONTPELLIER-MÈZE

ATELIER PERMANENT D’INITIATION À L’ENVIRONNEMENT URBAIN MONTPELLIER-MÈZE Mas de Costebelle 842 rue de la Vieille Poste 34000 Montpellier Tél.: 04 67 13 83 15 / Télécopie : 04 67 13 83 19 Courriel : apieumtp@educ-envir.org Site : www.apieum.org

Pour connaître les acteurs éducatifs de l’environnement sonore en France, un site : http://www.citephile.org/inventaire-sonore

20 € Document réalisé avec le soutien de :


Écoutez la vil

le !

Écoutez la ville !

Écoutez la ville ! Pour une éducation à l’environnement sonore

ATELIER PERMANENT D’INITIATION À L’ENVIRONNEMENT URBAIN MONTPELLIER-MÈZE Mas de Costebelle 842 rue de la Vieille Poste 34000 Montpellier Tél.: 04 67 13 83 15 / Télécopie : 04 67 13 83 19 Courriel : apieumtp@educ-envir.org Site : www.apieum.org

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L’APIEU, Atelier permanent d’initiation à l’environnement urbain, est une association créée en 1984, qui propose de porter de nouveaux regards sur la ville, à travers des pratiques variées. Clubs de ville : après l’école, des actions toute l’année pour se réapproprier son quartier. Classes de ville : six jours avec des scolaires, de la maternelle au collège, pour apprendre à mieux vivre sa ville. Animations thématiques : régulières ou à la demande : Lez’ateliers du Lunaret pour sensibiliser au patrimoine naturel, des ateliers patrimoine. Formations d’adultes : pour apprendre la ville et la pédagogie de l’environnement urbain, pour les personnels des collectivités territoriales, du secteur associatif… © APIEU 2006 ISBN 2-9508183-3-1

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Sommaire

Écoutez la ville !

Pour une éducation à l’environnement sonore

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Un parcours sonore pour s’immerger Les quartiers anciens comme point de départ La ville cloisonnée

Étape 1 : Une rue ancienne piétonne Étape 2 : Une place conviviale

Les quartiers plus récents en centre-ville La ville recomposée

Étape 3 : Une avenue circulée Étape 4 : Une rue commerçante piétonne animée Étape 5 : Une grande place au centre de la ville Étape 6 : Une avenue piétonne avec tramway

Introduction Remerciements 6 8

9 13 17 18 20 24 27 30

La banlieue et les extensions contemporaines La ville planifiée

Étape 7 : Au pied des tours des grands ensembles Étape 8 : Une grande place dans un quartier moderne

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À l’écoute de la ville

Le bâti modèle les espaces sonores

Quatre manières d’habiter la ville Habiter et chanter La perméabilité sonore des espaces Des pleins aux vides Des principes d’acoustique urbaine

3

4 5

2

Le bruit comme expression de la vie en ville Le bruit matérialise et délimite les espaces Le bruit comme repère Le bruit comme élément en relation avec le bâti

Pour une pédagogie de l’écoute

En savoir plus sur le son Les étapes de la vie d’un son Fiches thématiques

Le son naît d’une vibration Les ondes sonores Les lois de propagation du son Disséquons l’oreille 1, 2, 3, 4, 5, 6 sens pour percevoir La description d’un son Différence entre sons et bruits Les illusions sonores La réglementation et les cartes de bruit

54 56 57 58 59 62 66 68 71 72 74

La perception sonore des espaces urbains Perception et représentation Des lieux sonores en commun

Écouter pour mieux en parler Qualifier les sons

Des univers sonores différents Les composantes d’un espace sonore

38 40 41 42 43 45 46 47 48 49 50 52

Sensibiliser à l’environnement sonore Classe de ville Un exemple de classe de ville sonore Activités de recueil de représentations Activités d’immersion Activités de recherche

Lexique Sources et ressources Crédits

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76 82 84 85 88 107

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« La ville un grand auditorium, les places sont gratuites ». Le paysage sonore, R. Murray Schafer (1).

A

ssis sur le rebord d’une fenêtre surplombant la ville, fermez les yeux… Qu’entendez-vous ?… Des voitures, des coups de klaxons, le vrombissement des moteurs, votre respiration, le bourdon d’une mouche, une rumeur confuse au loin, des variations, des rythmes, des mélodies… du bruit ? N’entendez-vous pas comme un flux et un reflux, comme des vagues sur le sable ? Entendez-vous la mer ? Il est possible d’écouter les sons pour eux-mêmes, indépendamment du sens, détachés des objets qui les émettent. L’objet de ce guide est d’éveiller votre écoute et de vous rendre davantage sensible à la diversité des environnements sonores. Il doit permettre au citadin, à la fois récepteur et acteur sonore, d’apprécier les qualités positives et négatives des espaces sonores et à en identifier les principales composantes.

ouïr Schafer (2), compositeur écrivain d’origine canadienne, pour qui l’amélioration de l’environnement sonore des villes passe par une législation contre le bruit, mais aussi par le rétablissement d’une culture sonore pour chacun. Compositeur, mais aussi éducateur, R. M. Schafer propose à ses étudiants d’explorer la ville à travers des « itinéraires acoustiques », sorte de parcours d’écoute où chacun est à la fois auditeur mais aussi compositeurinstrumentiste.

Les pages qui suivent ne sauraient répondre à toutes les problématiques que pose le phénomène sonore urbain. Cet ouvrage souhaite valoriser et faire connaître certaines réflexions et recherches menées dans le domaine de l’acoustique urbaine comme la propagation du son à travers l’espace bâti. Il explore aussi la dimension qualitative et subjective du son. Comment percevez-vous les sons ? Quelles images et quels vécus sonores avez-vous Le guide s’ouvre sur un parcours sonore de votre ville, de votre quartier ? Des dans une ville, la vôtre peut-être. Des questions primordiales si l’on veut mieux activités pédagogiques et des jeux d’écoutes comprendre les enjeux du « mieux vivre sont proposés pour les auditeurs de plus en ville ». de dix ans. Le propos de cet ouvrage Sébastien Ledentu, emprunte la voie ouverte par Murray APIEU Montpellier-Mèze

(1) The Tuning of the world (1977), Le paysage sonore, R. Murray Schafer, Ed. Lattès, Paris, 1979 (traduction française). (2) Il plaide depuis 1970 pour le développement d’une « écologie acoustique » qui se définit comme « l’étude sur le terrain de l’influence sur les êtres vivants de leur environnement acoustique ». Le paysage sonore, p.281.

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Nous tenons à remercier l’association lyonnaise d’éducation à l’environnement urbain Les Ateliers de la cité et plus particulièrement Abdérazag Azzouz qui a eu l’idée de ce projet. Nous remercions le comité de pilotage composé de professionnels de l’éducation à l’environnement, de chercheurs et de spécialistes. Au cours de la rédaction du guide, plusieurs membres intéressés à divers titres par son contenu ont été consultés. Ils nous ont apporté une aide précieuse. Nous remercions tout particulièrement Monsieur Jean-Marie Rapin et Monsieur Rémy Pujol. Merci à l’équipe du CRESSON(1) pour leurs travaux, leur disponibilité et leur accueil. Enfin, merci à la ville de Montpellier qui nous accompagne depuis vingt ans dans toutes nos actions.

Les membres du comité de pilotage

entendre

Monsieur Jean-Marie Rapin, ingénieur acoustique au CSTB à la retraite (Centre scientifique et technique du bâtiment), est aujourd’hui membre expert du comité environnement de la Fondation de France. Monsieur Rémy Pujol, professeur à l’Université de Montpellier 1, chercheur à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) où il dirige l’unité 254, neurobiologie de l’audition. Mademoiselle Florence Thorez, professeur à Montpellier, formatrice IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) détachée au service éducatif du GRAINE L-R. Madame Odile Besème, service éducation du CAUE 34 (Conseil d’architecture et d’urbanisme et d’environnement). Madame Sylvie Chauchoy, administratrice de l’association Citéphile, le réseau national pour l’éducation à l’environnement urbain. Monsieur Edouard Cuendet, inspecteur sanitaire au service communal hygiène et santé de la ville de Montpellier. Madame Valérie Céccaldi, correspondante développement durable, direction du mécénat d’intérêt général à la Caisse d’épargne Languedoc-Roussillon. Monsieur Yves Helbert, chargé du programme environnement à la Fondation de France.

écouter

En route !

(1) Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain, école d’architecture de Grenoble, UMR 1563 CNRS / Ministère de la Culture.

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Un parcours sonore pour s’immerger Du centre ancien aux quartiers périphériques en huit étapes

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D

e nombreuses villes européennes contiennent un cœur, souvent un centre historique, autour duquel s’ajoutent des extensions plus récentes. Beaucoup de centre-villes conservent une ambiance de ville médiévale avec des sonorités particulières. Au fil du temps, la cité a changé de visage, les sons aussi. Voici une promenade à travers la ville, guidée par l’écoute. Vous découvrirez comment l’organisation de l’espace bâti et du cadre de vie avec les activités qui s’y déroulent, créent des environnements sonores spécifiques.

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Déambuler… À l’angle d’une rue, traverser une place… Entrer dans une cour… Passer des quartiers anciens aux quartiers nouveaux… S’éloigner du centre-ville et gagner la périphérie…

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Ville : mode d’emploi « Ce que l’on entend, c’est à la fois le son et l’espace de propagation (1) ». Dominique Aubrée, sociologue

Au départ, le son est une mise en vibration de l’air. Avant d’arriver dans nos oreilles, les vibrations sonores se propagent et subissent des transformations. L’espace bâti influe sur le trajet des sons et leurs qualités. Étudier l’environnement sonore c’est tout d’abord l’écouter, mais c’est également observer comment les formes urbaines (le bâti) marque de son empreinte les sons. C’est examiner aussi comment les habitants par leurs activités participent à la création des espaces sonores. Nos pratiques sonores, c’est-à-dire nos manières de communiquer, de produire des sons, de vivre en public ou chez soi, diffèrent d’un lieu à l’autre. Pour chaque étape, quatre niveaux de lecture : - Une description du lieu (organisation du bâti) - Les sons à entendre - Une présentation des usages et des activités qui s’y déroulent - Et une rubrique « Pour en savoir plus »

+

Les concepts et notions en italique sont repris dans un lexique en fin d’ouvrage.

Avertissement Les différentes étapes qui suivent permettent un survol de ce qui a été fait et se fait en matière d’aménagement urbain. L’objectif n’est pas d’être exhaustif ni de prétendre à une modélisation des espaces sonores. Ce parcours est un exemple, il permet de prendre conscience de certains phénomènes sonores communs aux grandes villes. Lors d’une balade dans votre ville, à vous d’en observer les similitudes et les différences.

(1) La perception du son, analyse d’un phénomène social, Dominique Aubrée, Revue Urba N°206, 1985, p.65.

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Les quartiers anciens comme point de départ La ville cloisonnée Un sentiment d’étroitesse et de fermeture Le mouvement urbain médiéval est marqué par un repli des cités à l’abri des remparts durant les premiers siècles du Moyen-âge. La plupart des villes se sont créées pour des raisons économiques, politiques ou religieuses. La vocation première du quartier médiéval est la protection des habitants, des lieux du commerce, du religieux et du politique. Une organisation spécifique du bâti La ville ancienne est composée d’espaces très réduits et morcelés, de rues étroites, sinueuses et sans perspective marquée. L’habitat est de forme irrégulière avec des façades en hauteur. Des espaces publics réduits Hormis les places créées à des fins d’échange, les espaces publics sont de tailles réduites. Ils viennent en quelque sorte combler les vides laissés après l’édification des bâtiments. Dans un réseau de voiries très serrées, les carrefours donnent une impression de dégagement et d’ouverture. La présence du bâti est bien souvent renforcée par des passages couverts sur rue. Ceux-ci accentuent par leur masse et la fermeture des perspectives, le sentiment d’étroitesse des espaces publics.

... dans la vieille ville, l’écoute est différente...

On note aussi certains retraits sur rue : ces espaces peuvent mettre en valeur des demeures ou bien permettre l’existence de petits jardins ou d’escaliers extérieurs. Les vieux quartiers sont appréciés par l’ambiance qui s’en dégage. Les touristes aiment se perdre dans un dédale de rues tortueuses. La vieille ville se révèle progressivement aux yeux du promeneur, l’écoute y est différente.

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Les quartiers anciens comme point de départ

Étape 1

Imaginer… En fin d’après-midi, une rue piétonne dans un centre historique.

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Une rue ancienne piétonne

L

a rue comprend la voie et les façades qui la bordent. C’est le lieu public élémentaire : celui qui marque la séparation avec le privé. Ce type de rue caractéristique des centres anciens, comprenant une voie peu large et des façades hautes, est une rue dite en U ou en « canyon ». La rue est sinueuse car les façades ne sont pas alignées. Bien souvent son tracé correspond au chemin d’écoulement des eaux de pluie. Une particularité : la rue étant courbe, la visibilité est progressive, les sources sonores n’apparaissent que peu à peu. L’accès au logement se fait directement de la rue, ou par des cours intérieures souvent privées et non visibles de la rue.

... dans la rue, la visibilité est progressive, les sources sonores sont souvent entendues avant d’être vues...

« Ne parlez pas dans la rue : il y a des oreilles sous les pavés ». Proverbe chinois (1)

L’ambiance sonore de la rue est calme, voire silencieuse. On remarque toutefois l’existence d’un bruit de fond bas sur lequel se détache nettement les voix et les bruits de pas. Ces bruits semblent résonner dans l’espace. On a la sensation que le bruit ne peut s’échapper, que l’espace sonore est restreint. La proximité des murs se fait ressentir. L’impression d’étroitesse est due aux multiples réflexions des sons sur les façades. Pour un auditeur qui se déplace, l’ambiance sonore tout au long de la rue est constante car le bâti est relativement homogène. De temps à autre des événements sonores ponctuels (rires, bruits de porte…) émergent du fond sonore et attirent l’attention. Au passage d’un angle avec une ruelle, les sonorités changent. Les sons de la ruelle apparaissent puis disparaissent. Il s’agit d’un phénomène sonore courant appelé transition sonore. Ce changement de séquence sonore vient marquer le croisement entre ces deux rues.

Rue réservée aux piétons, peu de présence humaine à cette heure. Petits commerces au rez-de-chaussée. Habitations en étage. (1) Au seuil de l’audible, expressions littéraires du silence, Amphoux P. et al., Tome1, CRESSON, 1996, p.59.

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+ La ville cloisonne l’espace La ville est faite de pleins et de vides. Les sons à la manière du vent s’y engouffrent et s’y propagent.

... l’espace bâti crée des obstacles aux sons...

Le bâti crée des obstacles aux sons. L’organisation des formes construites modèle ainsi les sons en jouant sur la propagation des sources sonores. Dans l’exemple ci-dessous, la rue 2 s’insère entre deux façades, créant ainsi une rupture dans le bâti. Cela engendre des transitions dans l’environnement sonore.

A

En franchissant l’angle de la façade A les sources sonores provenant de la rue 2 disparaissent progressivement.

réflexions sont très nombreuses. Ici aussi les sons buttent contre les obstacles, certains reviennent et repartent, d’autres trouvent à s’échapper plus loin par une ouverture du bâti.

Dans une rue en canyon, le son est contenu, il ne s’atténue que lentement avec le temps (parfois plusieurs secondes). Ces réflexions peuvent rendre la localisation d’un son difficile.

Un niveau sonore plus important Une des conséquences des réflexions multiples est une légère augmentation du niveau sonore. Le niveau du son réfléchi par le bâti vient s’ajouter au niveau sonore de la source initiale. L’auditeur a la sensation que les sons sont amplifiés : il s’agit en fait d’une amplification « subjective » car les sons isolés et retenus par les façades sont comme mis en valeur à l’oreille du promeneur.

Une rue en canyon, un espace semi-fermé Les façades rapprochées des rues provoquent des réflexions multiples des sons. Une rue en canyon c’est un peu une longue pièce mais sans plafond. Dans l’habitat, les

Les immeubles à étages en retrait de façades permettent de limiter les réflexions.

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+ Un espace sonore saturé par la de restaurants et de boutiques à enseigne nationale. Pour les déplacements, on circulation note un recul progressif de la voiture « Toute proportion mise à part, le bruit organique qui se rapproche le plus de celui du moteur à combustion interne est le pet ». R. Murray Schafer, compositeur (1)

avec de plus en plus de centres urbains piétonniers. On peut considérer que la piétonisation des centres urbains a un impact mitigé sur le plan de la réduction du bruit à l’échelle d’une ville. En effet, le report du trafic s’effectue sur les rocades ou les rues circulées avoisinantes. En revanche la diminution de la place de la voiture provoque des changements qualitatifs de la composition sonore des espaces piétonnisés.

Les rues ramifiées des centres anciens sont propices aux réflexions et tolèrent difficilement la circulation automobile. Une seule voiture qui accélère et c’est l’espace sonore qui sature. L’étroitesse des rues accentue le bruit de la voiture et occulte les autres activités sonores : voix des habitants, bruits de pas... À partir d’un certain nombre de voitures, les bruits deviennent « du bruit » : les différents bruits s’agrègent et forment une masse incohérente. Il devient parfois difficile de localiser les sources sonores et donc d’évaluer par exemple la distance d’une voiture par rapport à soi.

Les quartiers anciens restaurés pour les piétons Entamé dans les années 1960, le mouvement de réhabilitation et de restauration des quartiers dégradés du centre-ville se poursuit aujourd’hui. Pour les activités, on constate une implantation croissante de magasins d’art et d’antiquités, (1) Le paysage sonore, R. Murray Schafer, Éd. Lattès, Paris, 1979, p.125.

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... les rues des centres anciens sont propices aux réflexions des sons sur les façades...


Les quartiers anciens comme point de départ

Étape 2 Nos propres pas qui résonnent, l’impression d’écouter l’écho de soi-même. Au coin de la rue, l’ambiance sonore change : une place apparaît.

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Une place conviviale

P

etite place caractéristique des centres anciens, avec des rues étroites à chaque angle de la place, cet espace est encadré par des immeubles habités. Les façades en pierre, relativement élevées et la taille réduite de la place provoquent le sentiment d’un espace clos. Des restaurants et cafés sont présents au rez-de-chaussée : la place est investie par les terrasses de café durant les beaux jours.

Le bruit de fond d’origine humaine comme dans la rue précédente est faible. Ici l’environnement sonore n’est plus le même. Un changement s’est opéré à l’angle de la rue. L’agrandissement de l’espace se fait entendre. L’auditeur ressent une ouverture, comme une respiration. De la place, les sons des habitations sont audibles car le bruit de fond est bas. En été, des voix provenant des logements aux fenêtres ouvertes se mêlent aux discussions en terrasse. Des bruits de couverts indiquent la présence d’un café. Des voix, des cris ou des pas proviennent des rues débouchant sur la place. Il est possible de distinguer clairement et distinctement les sons (chants et cris d’oiseaux notamment...). Des sons plus lointains, comme celui des cloches d’une église, sont perçus. Les rues avoisinantes apportent un bruit de fond indistinct qui s’ajoute à l’ambiance sonore de la place. Le chuintement d’une fontaine vient enrichir et colorer discrètement le bruit de fond.

Lieu convivial, apaisant, où l’on vient pour discuter devant un verre. La place est investie par des habitants du quartier, certains assis sur des bancs. Les activités humaines sont prédominantes mais équilibrées (habitants, terrasses, passants) ; les rues circulées sont à l’écart. Les moments de fréquentation des cafés et des restaurants rythment les activités sonores de la place.

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+ Le son structure et articule les lieux entre eux La ville peut être envisagée comme une multitude d’espaces en succession, parcourue selon des itinéraires propres à chacun. Chaque trajet peut être décomposé en une suite de lieux, d’ambiances dans lesquels nous entrons et sortons. Il existe des transitions entre ces espaces. Comment percevons-nous ces changements au niveau sonore ? Qu’estce qui distingue ces ambiances sonores les unes des autres ? L’effet de transition sonore entendu lorsque l’on pénètre sur la place conviviale a un rôle déterminant, car il marque à l’angle de rue qui donne sur la place, une transition entre deux espaces publics. Les vieux centres urbains construits selon un plan médiéval comportent une organisation du bâti (rétrécissement des rues, nombreux croisements, rues en chicane ou coudées…), où les transitions sonores sont plus nombreuses. Dans des quartiers plus modernes comportant des espaces ouverts et des rues plus larges, ces effets sont peu décelables.

rue ancienne

Quelques notes de guitare donnent une couleur à la place...

Un lieu où l’on s’entend bien Certains lieux dans la ville sont plus appréciés que d’autres. La place décrite ici, semble offrir un cadre de vie à la fois intime et protégé tout en favorisant la relation avec l’autre. L’architecture du lieu et l’acoustique qui en découle peut avoir un rôle à jouer dans la perception et l’appréciation d’un lieu, voire la manière de se comporter dans celui-ci. Des enquêtes menées à Grenoble par l’école d’architecture (laboratoire CRESSON (1)), ont permis d’identifier des critères d’appréciation acoustique communs pour des personnes fréquentant ou habitant cette ville. Ces critères sont explicités p.46 « Le bruit comme élément en relation avec le bâti ».

Les bruits de voisinage Une des propriétés du son est d’être un support de communication. Dans l’exemple de la place conviviale, les sons provenant de la sphère privée (des habitations) viennent se mêler à ceux de la place publique car le bruit de fond général est faible. En retour, les bruits des voisins et de la place s’immiscent dans le privé. Il existe dans ce cas précis une perméabilité des échanges sonores entre le public et le privé qui rend la place habitée. La ville est ici faite par les habitants qui y vivent et s’y font entendre. (1) Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain

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+ Pourtant si la première qualité d’un environnement sonore est

de permettre les bruits de la vie collective, ceux-ci peuvent être

aussi source de conflit, car une des particularités du bruit est de sortir des frontières

physiques et visuelles. Par ailleurs, la perception d’un lieu pour un passant ne Il s’agit moins d’exiger le silence que de permettre un équilibre des sons. Un lieu trop isolé et trop vide met en valeur la moindre source de bruit.

sera pas la même que celle d’un habitant. Aussi,

« permettre les sons, c’est organiser leur mélange et délimiter

l’espace occupé par chacun d’eux ».

(1)

Un espace sonore est composé de plusieurs plans sonores L’oreille permet de localiser les sources sonores dans l’espace, selon un axe horizontal et un axe vertical. Plus difficilement elle permet d’estimer leur distance, c’est-à-dire leur position sur ces axes. Un premier travail d’écoute permet de distinguer les sons entre eux, de les identifier et de les dénombrer. Ces sons peuvent être répartis comme suit : ceux de premier plan émergent à notre conscience et mobilisent un moment notre attention. Les sons que l’on entend sans vraiment y porter attention composent le fond sonore. R. Murray Schafer (2) qui milite pour une « esthétique sonore » des villes, distingue trois catégories : > « les signaux » : les sons de premier plan qui émergent du fond sonore et qui attirent l’attention à un moment donné. > le « tuning » définit comme en musique la composante principale du fond sonore (par exemple le bruit du trafic routier). Il faut alors l’écouter pour entendre se détacher les signaux (les klaxons). > les « empreintes sonores » qu’il s’agit de préserver selon R.M. Schafer, car ces sons familiers reconnus par tous confèrent au lieu un caractère typique. Ils font partis du patrimoine sonore des villes. Par exemple, pour l’étranger qui prend pour la première fois le métro londonien, l’annonce « Mind the gap !» (Attention à l’espace entre la voie et le quai !) marque de son empreinte ses souvenirs sonores. Les empreintes sonores font aujourd’hui l’objet d’études. Le design sonore urbain se développe par exemple pour améliorer le confort des parkings souterrains ou encore pour guider les voyageurs dans les gares. (1) Les cahiers de l’ARENE, n°6, Jean-Marie Rapin p.45. (2) Le paysage sonore, R. Murray Schafer, Éd. Lattès, Paris, 1979, p.24.

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Activité p.103

6


Des quartiers plus récents en centre-ville « La ville cesse peu à peu d’être une accumulation de cours, d’enclaves et de jardins secrets pour devenir un réseau de rues et de places transparent au regard, où les hiérarchies sont clairement exprimées au lieu d’être dissimulées dans un enchevêtrement de ruelles ».

La ville recomposée

Ricardo Bofill, architecte (1)

Rompre avec la ville traditionnelle De manière à simplifier le propos, nous distinguons ici deux grands mouvements dans l’organisation des villes, qui rompent progressivement avec le mode de développement « spontané » des cités traditionnelles. Ces dernières se sont développées souvent au coup par coup, sans volonté directrice évidente, selon un urbanisme de juxtaposition laissant peu de place à la création d’espaces publics. Penser et dessiner la ville Entre le XIVe et le XVIIIe siècle se met en place « un urbanisme nouveau dans lequel l’organisation de la ville traditionnelle cède progressivement le pas à un réseau ouvert et structuré par les espaces publics » (2). La ville est alors pensée et dessinée, avant d’être réalisée. Un nouveau mode de représentation de l’espace apparaît celui de la perspective. La ville est bâtie suivant un plan géométrique et symétrique avec des rues rectilignes. Ouvrir la ville Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les opérations urbanistiques s’intensifient. L’ouverture de voies nouvelles pour aérer la ville transforme sa morphologie. Des alignements, percements et agrandissements de rues en plein centre métamorphosent la ville et permettent l’accélération des transports. À l’image des grands boulevards tracés par Haussmann à Paris, des grands axes viennent traverser le réseau ramifié des ruelles médiévales. Bien souvent ce type d’opération se limite à une percée de voie. Les immeubles construits le long de ces axes sont alors juxtaposés au bâti ancien : les façades y sont plaquées et les cours intérieures restent petites. De grands édifices publics sont construits : théâtre, halles et gares monumentales. C’est aussi l’époque des « grands hôtels pour voyageurs », des « grands cafés » et « des grands magasins » qui agitent le monde du petit commerce. Les percées haussmanniennes Créant des ouvertures vers le ciel pour laisser pénétrer l’air et le soleil, elles ont aussi modifié l’espace de propagation des sons.

(1) L’Architecture des villes, Ricardo Bofill, Nicolas Véron, Éd. Odile Jacob, 1995, p.97. (2) L’Architecture des villes, p.103.

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Des quartiers plus récents en centre-ville

Étape 3

Traverser une avenue.

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Une avenue circulée

C

ette rue large et dégagée est bordée d’immeubles de style haussmannien alignés, de profondeur et de hauteur constantes. Les façades avec balcons sont exposées à la rue circulée, les appartements donnent de l’autre côté sur des petites cours intérieures.

Les bruits de circulation dominent l’environnement sonore. Les bruits de voitures viennent par vague masquer les activités sonores humaines. Au franchissement d’un porche d’entrée d’immeuble, les bruits de la rue s’estompent. Une fois la lourde et haute porte fermée, l’ambiance sonore du hall se révèle, le silence se fait. De la cour, les sons du dehors sont audibles mais affaiblis, filtrés.

La rue est avant tout un espace dédié à la voiture. Toutefois les larges trottoirs permettent une circulation et une vie piétonne.

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+ Les cours : des espaces ayant un rôle acoustique L’ambiance acoustique d’un lieu est liée à la forme du bâti qui l’entoure. Il existe différents types de cours : de la cour intérieure, à la cour avancée en passant par la cour de distribution. Les exemples qui suivent montrent qu’elles ont un rôle acoustique propre qui est lié au degré d’appropriation des habitants.

La demeure en retrait est protégée, mais reste visible. « Le système de la cour avancée permet de créer un espace intermédiaire, un sas au bruit, un moment entre la rue et l’habitat et donc de « dédramatiser » le bruit public » .(1)

La cour de distribution appelée La cour intérieure : espace à usage aussi impasse offre un lieu à usage privé, protégé du bruit routier. collectif pour les habitants et un univers sonore autonome. ... donner aux habitants la possibilité de s’isoler du bruit quand ils le souhaitent...

Les échanges sonores entre les monde extérieur, alors que les sons émis par les habitants gardent leur statut privé habitants et la vie de la rue et ne pénètrent pas la sphère publique.

La ville se compose d’espaces publics et d’espaces privés. La difficulté consiste à trouver une articulation entre deux modes de production sonore : celui du dedans et celui du dehors. La lutte contre les bruits de voisinage serait moins d’exiger le silence que de donner la possibilité à l’individu de s’isoler du bruit quand il le souhaite. Une cour intérieure reliée à la rue par un passage couvert reçoit les sons de la ville sans lui en donner en retour. Cet aspect est intéressant comme principe d’organisation du cadre de vie. En effet, la cour (espace de vie autonome et protégé) reste reliée au

Le silence n’est pas l’absence de son L’entrée dans l’immeuble marque une rupture sonore avec la rue. Le silence qui suit le claquement de la porte se fermant naît du contraste d’intensité entre deux espaces : la voie bruyante et le hall réverbérant. Le silence absolu n’existe pas, c’est dans ce cas une impression de silence qui apparaît à l’oreille de l’auditeur. Peu à peu l’ambiance sonore de l’immeuble (porte, ascenseur, pas...) se révèle à sa conscience.

(1) D’après Bruits et formes urbaines, Bar P. et Loye B., CETUR, Ministère des Transports, juillet 1981, p.21.

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Des quartiers plus récents en centre-ville

Étape 4

Prendre un bain de foule dans une rue très animée.

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Une rue commerçante piétonne animée

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ransformée aujourd’hui en voie piétonne, les enseignes nationales nombreuses donnent à cette rue large des airs de centre commercial à ciel ouvert.

Un samedi après-midi, les commerces nombreux attirent une foule importante en mouvement. Les bruits d’impact de pas, les voix qui se chevauchent, la musique diffusée dans les magasins modèlent l’environnement sonore. L’auditeur est véritablement immergé dans un bain sonore où les sons se mélangent et s’écoulent en une rumeur confuse et animée. Lors de son déplacement, seules quelques bribes de conversation émergent et sont entendues. L’environnement sonore s’articule autour de deux plans sonores instables : la rumeur composée de sons qu’il est difficile de séparer à l’écoute et les sons émergeants de temps à autre de l’ensemble. On appelle ce phénomène sonore effet de foule. L’auditeur perçoit l’environnement sonore comme un ensemble indifférencié de sons.

L’espace est occupé par une activité dominante : le « lèche-vitrines ». Des gens quittent le flux piétonnisé, gigantesque tapis roulant, pour s’engager dans les magasins qui occupent les rez-de-chaussée des immeubles. Les indices de la présence d’habitants sont rares - les étages des immeubles sont peu habités - ou s’effacent dans le flot continu de la foule. La vie de cette rue est rythmée sur les horaires des activités commerçantes.

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+ L’oreille sélectionne les sons Ouïr, entendre, écouter. Dans la foule, l’auditeur est plongé dans un environnement sonore qui tend à s’effacer de sa conscience. Le fond sonore humain caractérisant l’aspect vivant de la rue est gommé, l’auditeur ne prête plus l’oreille. Cette posture d’écoute universellement partagée est de l’ordre du ouïr. La situation réelle d’écoute n’est pas habituelle, en effet dans la vie quotidienne l’ouïe est secondaire, elle accompagne souvent le regard. Seuls des événements sonores particuliers (par leur intensité, leur caractère inattendu ou du fait qu’ils sont porteurs de sens pour l’auditeur) se détachent du fond sonore continu et surgissent alors à sa conscience. Ces sons émergeants sont entendus car ils sont porteurs de sens pour l’auditeur qui tend l’oreille et oriente son écoute. L’écoute se distingue de l’ouï et de l’entendu par le fait qu’elle introduit une dimension active. L’auditeur décide volontairement de porter son attention auditive sur telle partie de l’environnement sonore : il écoute.

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Exercer son écoute en marchant Le déplacement de l’auditeur est particulièrement important dans la perception des sons. Une expérience intéressante consiste à se promener dans un lieu très fréquenté comme une rue, une place ou un marché, puis à chercher à écouter l’ambiance sonore du lieu dans son ensemble. Il s’agit de concentrer son attention à la fois sur le fond sonore et les événements sonores particuliers qui s’en détachent. L’exercice est difficile pour l’oreille : elle ne peut simultanément distinguer clairement le fond sonore, des événements : le rapport entre les deux est instable. Cette dualité sonore est courante dans les espaces publics fréquentés comportant des sources sonores multiples. Les voix, les bruits de pas… se chevauchent, se mélangent pour former un brouhaha sonore. Seuls certains sons arrivent par bribes à notre compréhension comme les conversations des autres qui gardent alors leur caractère privé. Ne pouvant entendre les sons du lointain, l’auditeur est privé de perspective sonore, il est comme immergé au centre du son qui l’inonde.

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Des quartiers plus récents en centre-ville

Aller prendre un café en terrasse.

Étape 5

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Une grande place au centre de la ville

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omposé généralement d’une vaste étendue piétonnière bordée d’immeubles, ce type d’espace public central, très fréquenté, est situé à la jonction de rues passantes. Symbole du nouveau centre-ville, il est identifiable facilement car très convoité par les enseignes de restauration rapide.

Ce type de lieu réunit un grand nombre de personnes. Le mélange des individus se traduit au niveau de la perception sonore par un bruit de foule. Seuls les sons proches (discussions, pas) ou les sons élevés (rires, interpellations) émergent de temps à autre de cette rumeur. La musique de rue est aussi présente, elle s’entremêle au brouhaha général. Cette rumeur caractéristique des espaces très vivants n’est pas présente dans l’exemple de la place conviviale. Elle vient ici parasiter la lisibilité ou plutôt l’audibilité de l’espace sonore (discerner et comprendre les conversations, localiser les sources sonores…). En d’autres termes, « on voit les gens au loin, mais on ne peut les entendre ».

Plusieurs types de populations cohabitent sur la place. Cet espace est plurifonctionnel : à vocation touristique (passage « obligé »), de détente (terrasses de cafés), lieu de regroupement (de jeunes et de marginaux). La place est un lieu de passage et accueille aussi des groupes en discussion. Le bruit de fond étant relativement important : il est possible dans ce type de lieu de discuter sans être entendu par les autres sauf si l’on se rapproche.

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+ Le bruit de fond définit l’espace public Les rues et les places très fréquentées à certaines périodes de la semaine et de la journée (souvent le samedi après-midi) sont caractérisées par un bruit de foule important. Cette composante de l’espace sonore pourrait à priori brouiller, voire perturber la qualité de l’espace sonore. Pourtant elle remplit ici une fonction sociale. Paradoxalement la foule préserve l’intimité des individus. En effet, le bruit de foule en couvrant les conversations intimes garantit leur caractère privé à l’intérieur d’un espace public. Cette fonction est au cœur de la notion d’espace public : offrir la possibilité de rencontrer l’autre tout en se préservant une marge d’intimité. Le caractère public d’un espace est défini en fonction des situations d’interconnaissance et du potentiel de rencontres qu’il donne ou laisse entendre (1).

La dimension temporelle du son Tout autant que les perceptions visuelles, les perceptions auditives s’inscrivent dans l’espace et dans le temps : elles contribuent à produire du sens spatio-temporel. Les événements auditifs s’inscrivent dans la durée et se déroulent à la manière d’une bande son. La perception auditive est liée au temps qui passe puisque par nature un son est unique et « éphémère ». C’est donc dans la continuité que nous pouvons percevoir une suite d’événements sonores et que se constitue l’ambiance sonore d’un lieu comme unité. Par ailleurs, les sons évoluent dans le temps en fonction des activités et des rythmes de la journée.

Les sons technologiques de la ville La caractéristique d’un son est de naître, de se développer puis de s’éteindre, à l’exception des sons provenant de sources comme les ventilations mécaniques, les tubes fluorescents. Ces sons technologiques apparus avec la civilisation moderne ont par leur caractère continu modifié la physionomie de nos paysages sonores urbains. Comme le remarque R.M. Schafer (2), il existe peu de sons naturels continus dans la nature (les stridulations des cigales l’été, les ondulations sonores des vagues en bord de mer, les mille chuchotis d’une rivière...).

Les bourdons continus, comme ici ceux d’une climatisation, sont des bruits courants dans la ville moderne.

(1) Aux écoutes de la ville, Pascal Amphoux, Rapport de recherche N°94, IREC (Institut de recherche sur l’environnement construit), CRESSON, 1991. (2) Le paysage sonore, R. Murray Schafer, Éd. Lattès, Paris, 1979.

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Étape 6

Courrir jusqu’à un arrêt du tramway.

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Une avenue piétonne avec tramway

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ette avenue relativement commerçante est bordée d’immeubles de style haussmannien. Contrairement à l’exemple de la rue piétonne commerçante, de grands trottoirs séparent la voie piétonne sur laquelle passe une ligne de tramway. La réapparition récente de ce mode de transport collectif a été l’occasion pour de nombreuses villes de remodeler l’aspect général (mobilier urbain, arbres d’alignement) de ce genre d’avenue très circulée et proche du centre. Cet axe piétonnier est ici traversé par des rues circulées avec notamment une avenue importante et une gare monumentale à son extrémité.

Le caractère très ouvert de cette voie laisse pénétrer les sons des rues circulées avoisinantes. L’environnement sonore reste toutefois assez calme. Par comparaison avec la rue piétonne du centre ancien, les bruits de pas sont moins prégnants aux périodes les plus fréquentées de la journée. Ils sont couverts par le bruit de fond (circulation et humain) plus important. Le flot des passants et des usagers qui se rendent à l’arrêt du tramway donne le sentiment d’un lieu de passage sans réelle identité. La fréquence des rames donne une coloration sonore au lieu, dont le bruit typique de sa sonnette et le grondement sourd des roues sur les rails.

Quelques commerces, des banques, des agences de voyages. La circulation est limitée aux piétons et passages du tramway. Ici, la place est offerte aux piétons.

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+ Le tramway : une idée déjà ancienne Le tramway existait déjà un peu avant le XIXe siècle, tracté par des chevaux. Ces derniers furent remplacés par la traction électrique à la fin du siècle. Peu de villes conservèrent durant le XXe siècle le tramway, peu à peu remplacé par les lignes d’autobus. Il faut attendre la fin du XXe et le début du XXIe siècle pour entendre à nouveau le tintement aigü et sonore des cloches du tramway.

Les bruits et vibrations des tramways Les bruits du tramway sont de plusieurs natures. Il y a les bruits des rhéostats, des climatiseurs et le bruit de contact entre les roues et les rails qui se propagent dans l’air jusqu’à nos oreilles. Ce contact entre la roue et le rail met en vibration l’air ambiant, mais peut aussi mettre en vibration le sol de la chaussée sur lequel est posé le rail. Le contact roue/rail émet des bruits aériens plutôt aigus. Certaines vibrations transmises par le sol peuvent se propager par les fondations jusqu’à l’intérieur de l’habitat, pour les immeubles situés à moins de cinq mètres des rails. Ces vibrations perçues, appelées bruits solidiens, sont renforcées au niveau des basses fréquences, c’est-à-dire des graves.

Comme une corde de violon Si on pose un rail de tramway sur un corps comme le béton, les vibrations du rail se transmettent à ce matériau rigide qui vibre à son tour et rayonne. Si l’on change le béton par de la terre non compressée, la force vibratoire est moins transmise.

Lorsqu’un tramway passe à proximité des habitations, il faut prendre en considération la part des bruits solidiens qui se propage par le sol puis par les fondations jusqu’à l’intérieur de l’habitat.

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La banlieue et les extensions contemporaines La ville planifiée De nouvelles manières d’habiter Au XXe siècle le besoin d’espace est toujours croissant. Celui-ci est lié à la nécessité de loger toujours plus de citadins, au développement des modes de transports, à l’apparition de nouvelles manières d’habiter et à la création de nouvelles configurations des zones d’activités commerciales et industrielles. La ville dotée hier des faubourgs et depuis un siècle des banlieues repousse toujours plus loin la campagne. Le XXe siècle marque un « mouvement d’urbanisme planifié d’État avec l’extension d’un habitat dissocié et le développement des banlieues » (1). La zone que l’on a du mal à appeler ville Le phénomène de banlieue prend son essor avec les zones pavillonnaires de l’entre-deux-guerres, puis dans les années cinquante avec la création des grands ensembles de logements collectifs. Il se poursuit avec l’intensification plus récente de l’habitat individuel au détriment de l’habitat collectif. La volonté initiale, pour prendre l’exemple des grands ensembles, était soit de créer des villes nouvelles à l’écart de la ville, soit des nouveaux quartiers d’habitation présentant une certaine cohérence avec l’ensemble de la ville. Construit au voisinage des voies rapides et autoroutes loin des activités du centre, ce type d’urbanisme « tendait à révolutionner la ville en libérant de l’espace au sol, en le décloisonnant et en l’ouvrant intégralement à la vie publique » (2). Un village dans la ville Face aux erreurs du passé, certains urbanistes, comme Ricardo Bofill, redécouvrent la nécessité de reconstruire des rues, des cours et des places. Cette hiérarchisation permet d’associer à chaque espace ses propres bruits et de délimiter l’espace dominé par chacun d’eux : la rue canalise les bruits, la place les dilue, la cours s’en protège. Cette diversité acoustique permet d’identifier les espaces urbains. (1) Les villes françaises, Pierre Barrère et Micheline Cassout-Mounat, Éd. Masson, Paris, 1980, p.73. (2) Les cahiers de l’ARENE n°6, p.43.

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La banlieue et les extensions contemporaines

Se rendre en banlieue.

Étape 7

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Au pied des tours des grands ensembles

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ans cet exemple, de grandes tours identiques et juxtaposées ont été construites en tenant compte des jardins publics : chaque immeuble est entouré d’espaces verts. L’ambiance paysagère qui peut en ressortir n’est pas en adéquation avec l’image et le vécu social actuel de ce type de quartier. L’uniformisation des lieux (cages d’escaliers, entrées, parkings, espaces extérieurs) et leur manque d’entretien de manière générale tendent à donner un sentiment d’anonymat et de solitude aux lieux. Les immeubles collectifs de trois ou quatre étages côtoient des immeubles hauts, un mail commerçant est réservé aux piétons.

Un bruit de fond routier est permanent. Des périodes de grandes activités sonores (espaces utilisés par les enfants le jour) avec des périodes calmes le soir alternent. Certains espaces peuvent paraître vides d’un point de vue sonore, le peu de sources sonores semblent « amplifiées » car réverbérées par le bâti. La présence d’activités bruyantes (jeu de ballon par exemple) est très vite renforcée et donc moins acceptée. Les bruits circulent facilement et semblent remplir tout l’espace. Des sons provenant des logements sont entendus de l’extérieur.

La majeure partie des activités est regroupée rationnellement en zone d’équipements : équipements sportifs, médico-social, administratifs, sportifs, culturels et sociaux, cultuels... Les ensembles abritent une grande part de logements sociaux.

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+ Face aux grandes tours, l’individu peut se sentir écrasé. Cette impression visuelle a aussi son équivalent au niveau sonore. L’ouverture des espaces, la confusion sonore entre espaces privés et publics, la proximité de grands axes routiers favorisent des espaces transparents aux sons, dominés par un seul bruit monotone, identique en tout lieu et à tout instant. En supprimant la continuité du bâti et de la rue, on a supprimé la localisation spatiale des bruits, le cloisonnement acoustique des espaces (1). L’impre s sion de mas se

Environnement sonore et espaces sonores Si l’on retient l’aspect identique des tours et des espaces ouverts extérieurs, on peut à première vue s’attendre à un environnement sonore homogène et uniforme. Or une écoute attentive permet de différencier plusieurs espaces sonores : > des espaces où la présence du bruit routier domine plus ou moins en fonction de la densité de circulation de la voie rapide proche. > des espaces où alternent en fonction des activités des moments sonores forts et des moments sonores calmes : sortie d’école, regroupements de jeunes... > des espaces plus protégés où l’on perçoit de dehors, à certains endroits, les sons du dedans : bruits de cuisines, musique. Ce phénomène dû aux façades qui réfléchissent les sons est accentué dans les grands ensembles. > des espaces clos très réverbérants, vécus comme bruyant dans les cages d’escalier et angoissant dans les tunnels et passages couverts (le piéton entend le bruit de ses propres pas).

Usages et espaces sonores

... l’espace bâti modèle les sons...

L’espace bâti modèle les sons. Les sons agissent en retour sur la qualité du cadre de vie. Ce quartier caractéristique des constructions des années soixante, souffre de l’image de cité dortoir. Sans doute les immenses tours imposantes expliquent en partie la désertification des espaces publics. Il est possible aussi de voir dans cette « désappropriation », une « sur-appropriation » des espaces de vie, à certains moments de la journée. Celle-ci peut se révéler au niveau sonore, par des usages peu adaptés aux fonctions des lieux. Voici deux exemples extraits de l’étude de G. Chelkoff et O. Balaÿ (2). Les cages d’escalier « sonnent » comme « une immense caisse de résonance d’où les sons envahissent les logements de façon inopportune ». L’hiver certains habitants se plaignent du bruit des jeunes qui occupent les entrées et se réchauffent dans les cages d’escalier. Dans la journée « les descentes d’enfants deviennent des cascades, les appels et les aboiements de chiens contribuent à un sentiment d’angoisse et à l’énervement des habitants ». Certains résidents expriment aussi leur gêne face aux bruits extérieurs générés par des personnes qui se regroupent aux pieds des immeubles, « dans des situations qui leur permettent de s’entendre et d’être entendus ». (1) La perception du son, analyse d’un phénomène social, Aubrée D., revue URBA n°206, 1985, p.76. (2) La dimension sonore d’un quartier, O. Balaÿ, G. Chelkoff, CRESSON, 1985, p.27.

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La banlieue et les extensions contemporaines

Étape 8

Revenir dans un quartier moderne proche du centre.

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Une grande place dans un quartier moderne

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ruit des opérations urbaines récentes, ce type de quartier proche du centre-ville traduit une volonté de mise en forme de l’espace public. Cours, jardins, squares, places et rues se succèdent et s’articulent autour des bâtiments. Le quartier se compose d’un chemin piétonnier central jalonné de restaurants et de places successives relativement fermées. Des immeubles d’habitations et de commerces bordent et enserrent cet axe. Les voies de circulation latérales, avec stationnement en sous-sol, sont situées en bordure. Des fontaines centrales ornent chaque place publique.

D’un point d’écoute situé sur l’une des nombreuses places publiques, trois plans sonores se distinguent. Tout d’abord un bruit de fond urbain lointain provenant des rues circulées, ensuite un bruit continu de fontaine, et enfin, des sons proches et lointains (voix, pas...) en alternance. Les sources sonores sont peu nombreuses. Au climat sonore calme de la place s’ajoute le sentiment d’un espace clos malgré l’étendue et l’ouverture du lieu.

Inscrite dans un quartier nouveau réunissant équipements, emplois, et logements, cette extension contemporaine du centre-ville vise à favoriser la mixité sociale et la diversité des ambiances et des lieux. Les places publiques offrent des espaces de rencontre. Ici la place est très peu investie, dans la journée des personnes seules ou par deux discutent sur les bancs. Ce lieu est davantage traversé par les passants qui empruntent l’axe piétonnier pour se rendre au centre ville. Peu de signes extérieurs (immeuble et sur la place) marquent la présence des habitants.

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+ La dimension spatiale du son Le paradoxe de la réverbération

Dans une église, c’est grâce à la réverbération due aux réflexions des sons sur les parois, que l’auditeur prend conscience du volume et de la grandeur de l’édifice. Plus le temps de réverbération (plusieurs secondes) est long, plus l’église est vaste. Ce sont donc les murs qui, en cloisonnant le lieu, créent un sentiment d’espace. La réverbération caractéristique des espaces clos est synonyme à la fois d’ouverture mais aussi de fermeture. Le son matérialise les espaces

Chaque endroit de la ville possède une acoustique particulière. Sans être totalement fermés comme des églises, les places, les squares ou les rues sont identifiables et différenciables par leurs qualités acoustiques. Chaque lieu possède ses propres frontières sonores et ses propres limites visuelles. Le son oriente l’espace

Le son nous renseigne sur la dimension des lieux : on peut se sentir dans certain cas à l’étroit ou au contraire avoir le sentiment que l’espace est ouvert. Par ailleurs, pouvoir localiser aisément les sources sonores dans l’espace permet de mieux s’orienter. En effet, l’orientation n’est pas seulement visuelle : pouvoir « s’orienter dans l’espace sonore, c’est déjà voir ce que l’on entend » (1). Ainsi, un lieu qui rend possible une localisation des sons semble être davantage apprécié par les habitants. R. Murray Schafer parle alors de paysages sonores haute-fidélité (hi-fi) qui offrent contrairement à des paysages sonores low-fi, la possibilité au promeneur de pouvoir localiser et d’entendre clairement et aisément chaque son.

Espace calme ou silencieux ? Le sentiment de calme et de fermeture ressentie sur cette place résulte du peu de sources sonores présentes dans un espace réverbérant. Le lieu peut paraître vide à certains moments de la journée. Au sentiment de calme succède celui de silence, avec l’impression d’un espace coupé de la ville. Un lieu calme est un espace protégé du bruit mais pas dénué de bruit. Un équilibre est à rechercher entre la nature des sons, leur nombre et leur relation avec le bâti. C’est la diversité des lieux, chacun ayant une ambiance sonore particulière qui détermine la qualité sonore d’un espace urbain.

Le rôle des fontaines À vocation esthétique et symbolique, la fontaine comporte aussi une dimension sonore qui peut être résiduelle ou voulue. Ici cette fontaine monumentale, loin de gazouiller, masque de son bouillonnement sonore les sources proches (bruits de pas, voix…), elle remplit l’espace de ses sonorités. (1) Aux écoutes de la ville, Amphoux P. et al., CRESSON, 1991, p.188.

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... un lieu calme est un espace protégé du bruit mais pas dénué de bruit...


Le grain du son

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À l’écoute de la ville

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avoi r êt re à est l’écoute de la ville s qui l’aménagent mai important pour ceux endre vent. Pour compr vi y i qu ux ce ur s aussi po bien sûr ouvrir no ut fa il t, en ur to en nt ils sont les sons qui nous sur la manière do er og rr te in s’ i ss au avec des oreilles mais e multitude de lieux un e fr of lle vi La rler. n. ieurs façons d’en pa perçus au quotidie us pl peut . Il existe espaces sonores sonorités diverses us, s de lister les sons entend Chercher à décrire leur ent caractéristiques, consister à simplem ou , le u rs ils co ha bi te nt co n n aî tr e on s ent de s co m pa ra is utilité, savoir comm ces ue r comment les espa en co re ef fe ct eux. ple s’articulent entre - savoir par exem er rv t et consister à obse sonores s’enchaînen aussi iration) Être à l’écoute peut vêtements, resp , as (p ts core extérieurs, ou en si ses propres brui ts ui br s le r pa non s d’un sont couverts ou entendre les parole ut pe on ce an st di r la relation évaluer à quelle n peut porter su io nt te at L’ . on ét er autre pi c’est-à-dire observ , ns so s le et ti entre le bâ se iers se propagent et comment ces dern l’espace. transforment dans

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Le bâti modèle les espaces sonores Nos oreilles nous aident à nous guider dans la ville. L’écoute des changements sonores, en fonction des modifications du bâti nous informe.

Quatre manières d’habiter la ville La morphologie de la ville évolue dans le temps : formes du bâti, hauteur des façades, largeur des voies, implantation des édifices et des espaces publics... Les différentes étapes présentées en première partie ont mis en évidence certaines qualités acoustiques de la ville en la parcourant de son centre à sa périphérie (cf. p.6). À l’issue de ce parcours, quatre types de tissus urbains c’est-à-dire quatre types d’organisation homogène du cadre bâti peuvent être distingués.

Les quartiers anciens du centre-ville, antérieure au XIXe siècle

La ville des quartiers plus récents du XIXe au début du XXe siècle

Les grands ensembles et zones pavillonnaires de la ville du XXe siècle

Les extensions contemporaines de la fin du XXe siècle à aujourd’hui

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Habiter et chanter...

Habiter et chanter sont des contraintes biologiques auxquelles les oiseaux des villes doivent faire face. Chaque espèce a ses habitats favoris où elle va pouvoir mener à bien sa reproduction et ainsi assurer sa survie. Tous les oiseaux chanteurs urbains n’ont pas tous les mêmes habitudes, ni les même exigences. Le pigeon des villes, la Pie bavarde et l’Étourneaux sansonnet se sont très bien adaptés à la vie citadine et se font surtout remarquer par les nuisances qu’ils occasionnent (fiantes, cris...). Le Martinet noir, habitué à nicher sous les Par contre, si le rougegorge, le merle, les fauvettes aux chants tuiles des vieux toits du centre-ville n’aura nettement plus mélodieux, n’ont pas un parc à proximité que peu de chance de trouver un gîte au avec quelques buissons et quelques haies, les chances pour sommet d’une tour de béton. qu’ils s’installent sont faibles... De même, les Hirondelles de cheminée et de fenêtre préfèrent nettement les zones périphériques des grandes agglomérations pour accrocher leur nid sous les génoises des toits. Ainsi, surtout à l’aurore et au crépuscule, chaque quartier dégage une ambiance sonore « naturelle » différente selon ses aménagements.

Pourquoi les oiseaux chantent-ils ? (1)

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Chez les oiseaux, la communication sonore est au service de fonctions biologiques fondamentales bien précises. Le chant est sous le contrôle hormonal des glandes sexuelles. À la belle saison, les oiseaux chantent pour deux raisons : trouver un partenaire sexuel et marquer un territoire. Mais ils crient tout au long de l’année : cris de contact, d’alarme, cris qui accompagnent des comportements alimentaires... L’organe qui permet aux oiseaux de chanter s’appelle le syrinx. Il est constitué de plusieurs membranes qui vibrent indépendamment les unes des autres. Cela explique la diversité des sons produits. Le larynx, quant à lui, fait office de « caisse de résonance ».

Le syrinx est situé dans la cage thoracique (et non dans le cou), à l’intersection de la trachée et des grandes bronches.

(1) Source : Le chant des oiseaux, Bossus A. et Charron F., Éd. Sang de la Terre, 1998.

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La perméabilité sonore des espaces urbains « Les urbanisations anciennes ont évolué pour laisser libre cours à la production et la propagation du bruit ». J.M.Rapin (1)

Ces quatre tissus urbains peuvent être étudiés selon leur degré de perméabilité au bruit c’est-à-dire selon leur capacité à créer des espaces fermés laissant peu pénétrer les sons (continuité des bâtiments) ou au contraire des espaces ouverts favorisant la propagation des sons (discontinuité du bâti). Les deux exemples qui suivent illustrent un cas où l’organisation du bâti est continue et à l’opposé une organisation discontinue du bâti, cette dernière ayant été introduite de manière générale au début du siècle. Les centres urbains anciens sont caractérisés par une densité importante des constructions. Ils offrent ainsi une multitude d’écrans « naturels » aux bruits. Naturels au sens où ces écrans répondent en premier lieu à une fonction sociale (habitat, hiérarchie des espaces de sociabilité). Ces écrans ont un rôle acoustique : ils renforcent la fonction sociale des espaces de vie (cf. p.18, étape 3 du parcours). En d’autres termes, les différents types de cours et jardins intérieurs, les patios, les façades alignées mitoyennes constituent des digues contre les sons non désirés et valorisent au contraire les sons recherchés (2).

Derrière ce mur un espace privatif appropriable « L’écran est tout ce que l’on peut placer entre l’espace à cloisonner et à valoriser et une source de bruit » (3). Le mur permet ici de cloisonner le jardin est de lui donner une existence.

Une organisation discontinue du bâti correspond par exemple à un urbanisme de tours et de barres qui aère et ouvre les lieux. Les rues sont larges, discontinues, les espaces sont ouverts et homogènes et donc ne contiennent pas les bruits qui se propagent largement. Paradoxalement les poches de calme sont beaucoup plus présentes dans les centres urbains que dans la proche périphérie des villes. Les cités et lotissements de banlieue sont souvent ceinturés de zones commerciales et artisanales. Situés à proximité de voies rapides, ces quartiers sont très perméables au bruit. Les sources bruyantes moins circonscrites pénètrent plus facilement. (1) Le Vaudreuil ville nouvelle, étude acoustique d’un plan masse, réalisé par J.M. Rapin, Grenoble, 1975, p.51. Ancien directeur de recherche en acoustique au CSTB, J.M. Rapin a aussi rédigé avec Dominique Aubrée et Béatrice Bouchet du service acoustique, le Cahier N°6 de l’ARENE. (2) Sur ce point se reporter aux exemples d’opérations urbaines présentés dans Gérer et construire l’environnement sonore, Cahiers de l’ARENE n°6, p.80. (3) Source : Cahier n°6 de l’ARENE, p.44.

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Les principes d’urbanisation actuels visent la mixité sociale et la diversité des ambiances et des lieux. Il s’agit de privilégier les échanges sociaux et commerciaux, en réunissant logements, équipements et emplois. En outre, contrairement à la ville ancienne, la ville contemporaine est à la recherche de lumière et d’espace. Comment concilier ces exigences de cadre de vie ? Comme le propose Jean-Marie Rapin, pourquoi ne pas revaloriser la notion de mitoyenneté dans la ville pour notamment empêcher la propagation des bruits routiers ? « La mitoyenneté fait partie d’un ensemble de servitude qui permet à un groupe de bâtiments de produire un espace, de séparer plusieurs espaces différents » (1). Il est possible aussi de favoriser dans les formes urbaines modernes des zones de calme par le positionnement des bâtiments selon les sources et les réflexions sonores.

Il vaut mieux faire ceci... calme

calme

calme

rue

rue

calme

calme

Un bâtiment peut être parallèle ou perpendiculaire à une voie...

calme

... ou prendre des formes plus compliquées.

.

... que cela (2)

Certaines dispositions de bâtiments peuvent favoriser les zones de calme, d’autres favoriser la réflexion du bruit.

Des pleins aux vides « L’espace public, le jeu des pleins et des vides, la courbe des façades au bord d’une rue : la richesse esthétique de l’espace urbain est à l’origine de toutes nos sensations urbaines, que cette relation soit consciente ou non ». Ricardo Bofill (3)

La ville s’appréhende avant tout par le regard : l’œil se pose sur les façades et les bâtiments c’est-à-dire les pleins de la matière. Ces pleins sont plus ou moins continus. Ils déterminent la limite avec la rue : l’espace vide. Le citadin investit en priorité les espaces vides (les rues, les places…), son regard devrait donc se porter davantage sur les vides de la ville, car de leurs qualités dépendent la perception et l’appréciation de celle-ci. (1) Source : Cahier n°6 de l’ARENE, p.51. (2) Exemples tirés de l’étude : Le Vaudreuil ville nouvelle, étude acoustique d’un plan masse, réalisé par J.M. Rapin, Grenoble, 1975, p.55-58. (3) L’architecture de la ville, Ricardo Bofill et Nicolas Véron, Éd O. Jacob, 1995, p.27. « Écoutez la ville ! » / APIEU / 43


L’appréciation du caractère ouvert ou fermé des formes urbaines est une première échelle de lecture sonore de la ville. La seconde porte sur les volumes vides que délimitent ces formes urbaines. Il s’agit pour un espace urbain donné de déterminer les types de sources sonores, leur répartition dans l’espace, leur rythme temporel et d’observer les transformations que subissent les sons dans l’espace (réflexions, effet de masque, effet de foule…). Être attentif aux transformations sonores qui s’opèrent avec notre déplacement, repérer les formes construites qui déterminent ces changements, voici un exercice d’écoute intéressant lorsque l’on se promène en ville. Grégoire Chelkoff (1) a repéré pas moins de 60 types de formes construites (avec exemples illustrés) qui déterminent des changements sonores dans la ville (passage d’angle, sas, passage voûté, chicane…). Il montre ainsi comment l’expérience sonore vient en soutien à l’expérience spatiale. Le son participe à l’orientation dans un environnement mais aussi prépare à « l’adéquation ou l’adaptation des conduites et usages en fonction du changement de contexte »… « Lors du passage par un hall réverbérant ou absorbant, le changement de fond sonore ou la modification de l’enveloppe recadrent l’usager dans l’environnement et requalifient la relation qu’il entretient avec celui-ci ». Activité p.98

(1) Prototypes sonores architecturaux, G. Chelkoff, CRESSON/PUCA, 2003, p.26.

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... écouter la ville, c’est être attentif aux « espaces vides » car ce sont les volumes de propagation des sons...

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Des principes d’acoustique urbaine « Considérons le monde comme une immense composition musicale, qui se déploierait sans cesse devant nous. Nous en sommes à la fois le public, les musiciens et les compositeurs. Quels sons voulons-nous préserver, encourager, multiplier ? ».

R. Murray Schafer, Le paysage sonore.

La prise en compte de la dimension sonore dans l’aménagement du cadre de vie interroge au moins deux fondements de la ville : > favoriser la vie collective et le dialogue social > sauvegarder la liberté et l’intimité de chacun

Le bruit comme expression de la vie en ville La ville n’est jamais silencieuse, elle peut être calme ou tranquille. Les bruits sont nécessaires à la vie, ils sont le signe de la présence d’autrui, la manifestation de la vie sociale, un moyen d’exister (cf. p.71 « Différences entre sons et bruit s»)… Les bruits de fond de la ville ne doivent pas masquer en permanence l’expression de la vie sociale. Grégoire Chelkoff (1) hiérarchise ainsi trois types de lieux : > les espaces publics plus ou moins denses où domine l’expression sonore du citadin (c’est le cas des places publiques) > des lieux communs à habiter protégés mais non coupés des premiers (un îlot de quartier) > des lieux de réserve, plus calmes (jardin clos, place protégée, square, terrasse de café…). Ces lieux privilégiés sont proches du bouillonnement de la ville mais plus tranquilles. La ville doit disposer d’espaces protégés, appropriables par les citadins. Parfois des aménagements sont nécessaires à mener en concertation avec les habitants, comme par exemple la plantation d’arbres qui permet en second lieu d’attirer les chants d’oiseaux, ou encore l’implantation d’œuvres et d’objets sonores. Ces aménagements ne peuvent se faire efficacement, note Jean-Marie Rapin, qu’en y associant les habitants pour « les aider à se construire une image mentale de leur environnement sonore associé à une dimension collective » (2).

Le bruit matérialise et délimite les espaces

Activité p.106

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La notion de frontière sonore entre les espaces urbains semble pertinente : le changement de lieu est souvent déterminé par le bruit. Néanmoins la ville ne saurait être conçue comme une succession d’espaces clos. Pour le citadin qui la parcourt, les frontières doivent parfois prévoir une perméabilité entre espaces sonores et ainsi assurer une continuité dans la ville (les bruits d’un marché peuvent arriver à l’auditeur avant qu’il ne pénètre sur la place animée par les commerçants). De la disparition progressive d’une ambiance sonore pendant qu’apparaît progressivement une autre, à une coupure nette entre ambiances, les transitions sonores sont multiples et mettent en valeur les espaces urbains. (1) Testologie architecturale des effets sonores, concours Europan 1993, site de Reims, Odion J.P. et al., CRESSON, 1996. (2) Extrait de Quelques remarques sur les réalités de l’environnement sonore, présenté au comité environnement de la Fondation de France, J.M. Rapin, 2004.

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Le bruit comme repère La rue et plus globalement les espaces publics relient les individus à la ville. Les activités humaines y rythment la ville avec des sons familiers ou réguliers que chacun de nous intègre dans son vécu quotidien. Ces repères utiles permettent de désigner, de s’approprier les lieux et de les reconnaître.

Le bruit comme élément en relation avec le bâti Éléments en relation avec les hommes et avec le bâti, les bruits opèrent des délimitations entre les lieux mais aussi des modifications dans la perception des espaces. Par exemple selon le lieu, l’auditeur entend plus ou moins loin : son horizon auditif varie (1). L’accord ou le désaccord du son avec le cadre visuel influence notre perception et notre appréciation d’un lieu : on peut le fuir ou au contraire s’y attarder. Voici présentés ci-dessous des exemples de critères de qualités acoustiques définis par des habitants de Grenoble.

Les qualités sonores d’une place Des enquêtes menées par l’école d’architecture de Grenoble (2) ont permis d’identifier des critères d’appréciation acoustique de cette place (3). Les enquêtés semblent apprécier ce lieu pour son acoustique générale en cohérence avec le cadre bâti. Cette cohérence se fonde sur des qualités sonores : > un espace réverbérant : « Dans les sons qu’on écoute, on entend en même temps le cadre bâti de la place », précise un enquêté (4). > la possibilité de distinguer les sons : les sons détachés sont plus agréables à écouter. > une localisation aisée des sons permet de mieux situer les sources sonores, de se repérer dans l’espace et de mieux l’appréhender. > l’existence d’un bruit de fond d’origine humaine « humanise » le lieu. Ici sont mis en lumière les critères acoustiques. D’autres facteurs comme l’appartenance sociale, la culture, le contexte local et l’image qu’on en a, entrent en ligne de compte dans la perception et l’évaluation d’un environnement sonore.

La place Saint André à Grenoble, un lieu apprécié pour ses qualités acoustiques.

(1) Voir aussi notion de bulle sonore p.51. (2) Entendre les espaces publics, G. Chelkoff, CRESSON, 1988. (3) Le cadre spatial et le climat général qui se dégage de ce lieu public présentent des similitudes avec la place conviviale présentée dans le parcours sonore, p.14. (4) Entendre les espaces publics, G. Chelkoff, CRESSON, 1988, p.47.

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Pour une pédagogie de l’écoute « Pour beaucoup d’habitants, la ville n’est qu’un lieu de vie. Elle n’offre pas de lecture. Concept qui nécessite la capacité de recul et de réflexion par rapport à son environnement ». Carrefour national Citéphile 2004 (1)

La ville est habitée mais aussi parcourue. C’est un environnement où les lieux se succèdent et s’articulent dans l’espace et dans le temps. Un passant, un habitant, un touriste, un enfant n’auront pas le même vécu et la même mémoire des lieux. Selon qu’ils effectuent des parcours habituels ou nouveaux, leur vision de la ville sera différente. Certains évitent des endroits, quand d’autres aiment y flâner, certains les découvrent quand d’autres les retrouvent. La ville constitue une globalité que chacun se construit. Se donner la possibilité de la regarder, de l’écouter et de la lire différemment, c’est aussi s’attacher à comprendre comment la ville est vécue et ressentie. Pour mieux comprendre la ville, développer une pédagogie adaptée permet « de passer d’un espace vécu, ressenti ou subi, à un espace pensé, structuré qui s’écarte des représentations initiales » (2).

La perception sonore des espaces urbains « Bonjour l’ambiance ! »... « Quelle ambiance ! » sont autant d’expressions familières utilisées quotidiennement pour exprimer spontanément son ressenti et l’atmosphère que dégage une situation ou un lieu. Issue du champ de la recherche en architecture, la notion d’ambiance fait l’objet d’une réflexion approfondie au sein du laboratoire CRESSON (Centre de recherche sur les espaces sonores et l’environnement urbain) de l’école d’architecture de Grenoble. La notion d’ambiance - étymologiquement ce qui tourne autour - questionne la part de ressenti et de perception qui entre en jeu dans l’évaluation de l’environnement (3). Il semble intéressant d’étudier ce que produit sur nous un lieu donné, de partir à la recherche des frontières visibles et invisibles des espaces pour comprendre notre rapport à l’environnement urbain.

Perception et représentation

Activité p.89

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Lorsque nous parcourons la ville, nous faisons appel à nos expériences antérieures pour évaluer l’atmosphère ou l’ambiance générale d’un lieu. Nous possédons des images sonores et visuelles préalablesdes lieux, appelées aussi représentations, qui guident et orientent nos perceptions in situ. La perception d’un environnement ne se réduit pas à une évaluation de ses caractéristiques physiques « objectives ». Nos attentes, nos représentations, les normes sociales, ou encore notre état émotionnel agissent sur nos perceptions. De fait chaque perception contient une dimension personnelle et partagée. (1) Citéphile, le réseau national pour l’éducation à l’environnement urbain. Extrait des actes du 3ème carrefour national Parcours de vie, Parcours de ville, Seynod, 24/26 novembre 2004. (2) Quel sens donner à l’éducation à l’environnement urbain aujourd’hui ? Actes du colloque des 20 ans de l’APIEU, 19 novembre 2005, Bertrand Dumas, directeur de l’APIEU. (3) Lire à ce sujet : Ambiances en débats, coll. Ambiances, Ambiance dirigée par J.F. Augoyard, Éd. À la croisée, 2004. « Écoutez la ville ! » / APIEU / 47 Les Cahiers de la recherche architecturale, n°42/43, Marseille, Parenthèse et Paris, PUF, 1998, p.13-23.


Nos représentations mentales s’expriment sous la forme de jugements esthétiques ou de valeurs, d’appréciation positive ou négative de lieux, ou encore sous la forme de liste des sons entendus et remémorés. Les enjeux de ce guide et plus largement d’une pédagogie de l’écoute sont d’élargir les compétences à décrire l’espace sonore et à en enrichir l’expression. Cette capacité d’expression (R. Murray Schafer parle de « compétences sonologiques ») est faible dans nos sociétés occidentales, car « nous avons ignoré nos oreilles, d’où le problème de pollution sonore que nous connaissons actuellement »(1).

Des lieux sonores en commun

Dessin : Gabrielle Bouquet

Chacun possède une collection d’images mentales, pas seulement sonores, de lieux qu’il retient comme typiques de son quartier ou de sa ville. Ces images mises en communs permettent de définir un ensemble de jugements, de repères sonores, de sons familiers, partagés par une population donnée. Ces données sensibles recueillies intéressent de près les chercheurs, mais aussi les éducateurs. Savoir comment sont vécus les espaces de vie par ceux qui les habitent semble primordial. La méthode dite des « cartes mentales sonores » présentée ci-après est proposée aux enseignants p.85.

« Chacun d’entre nous possède une carte dans la tête, voire plusieurs cartes à des échelles différentes » (2). (1) Le paysage sonore, Éd. Lattès, 1979 pour la traduction française, p.213. (2) Psychologie et environnement, C. Levy-Leboyer, Éd. PUF, 1980, p.74.

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Les cartes mentales sonores

Activité

1

p.85

La technique des cartes mentales consiste à partir du sens, c’est-à-dire des significations que les habitants donnent aux sons qui les entourent. Des psychosociologues ont initié cette méthode dans les années soixante-dix, pour analyser l’image que les habitants se faisaient de leur ville. Ils demandaient aux citadins de dessiner leur ville. Voici un extrait tiré de l’ouvrage de K. Lynch dans lequel il expose la consigne donnée au sujet : « Nous aimerions que vous dessiniez un plan rapide de Boston… Faites-le tout à fait comme si vous aviez à décrire rapidement la ville à un étranger en indiquant toutes les principales particularités. Nous ne voulons pas un dessin exact » (1). Les cartes mentales comportent toutefois des limites. La capacité à se représenter des sons n’est pas évidente, d’autant que la projection passe par un dessin qui demande de surcroît la maîtrise d’une compétence graphique. Dans un cadre pédagogique, elle présente un intérêt certain pour : - comprendre comment un lieu est reconnu, vécu - faire apparaître les points pertinents d’un environnement ou même d’un trajet à travers la ville - savoir comment les lieux sont appropriés par les enquêtés - évaluer éventuellement s’ils remplissent la fonction pour laquelle ils sont conçus. La mise en commun des cartes permet de définir selon Pascal Amphoux (2) les contours d’une « identité sonore » pour le territoire étudié : ce qui fait le caractère d’une rue, d’une place, d’un quartier autour de l’école, ce qui fait que l’on s’y sente bien ou pas... Par ailleurs cet exercice fournit à l’enseignant des renseignements pour construire un parcours d’écoute et choisir les étapes pour une sortie sur le terrain.

Écouter pour mieux en parler Activité

5

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Activité

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Activité p.93

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Il est difficile de prendre du recul face à l’expérience des sons au quotidien. Les sons habituels ne sont plus vraiment écoutés, le passant tend peu l’oreille, celle-ci n’est pas constamment aux aguets. Dans une écoute ordinaire, l’homme de la rue est surtout attentif à la localisation des sons (d’où vient le son ?) et à l’identification de leur nature (quel type de source ?). Le contexte et l’espace dans lesquels les sons se produisent sont ordinairement occultés. Développer une pédagogie de l’écoute consiste à chercher, à comprendre ce que sont les sons à l’origine mais aussi ce qu’ils deviennent jusqu’à nos oreilles. Les non-voyants sont attentifs à ce deuxième aspect, car pour eux le son matérialise l’espace. Coupés de leurs sources, les sons ont une existence en tant que matière sonore, ils peuvent être écoutés pour eux-mêmes, comme en musique. (1) Technique initiée dans les années soixante dans les pays anglo-saxons et diffusée par K. Lynch dans son ouvrage L’image de la Cité, Dunod, Paris, 1976. Les chercheurs du CRESSON l’ont adaptée et ont défini un protocole d’entretien. Voir par exemple Aux écoutes de la ville, P. Amphoux, IREC, 1991, p.25. (2) Aux écoutes de la ville, P. Amphoux, IREC, 1991, p.21. « Écoutez la ville ! » / APIEU / 49


Une autre attitude courante lorsque l’on cherche cette fois à décrire un environnement sonore, consiste à collecter et à énumérer comme un catalogue les sons un à un. L’environnement sonore est alors considéré comme un empilement d’une suite d’événements sonores ponctuels et indépendants. Cette manière de mettre des mots sur les sons révèle une écoute qui est en fait discontinue. Or les sons se mélangent et évoluent dans l’espace, ils forment souvent une globalité qui n’est pas réductible à la somme des sons pris un par un (voir l’exemple de la rumeur p.51). Une écoute attentive de son environnement sonore doit permettre de passer d’une simple description des sons à l’examen des relations et interrelations qui existent entre l’homme, les sons et les lieux. Par ailleurs l’auditeur se déplace dans la ville, il n’est pas fixe. Cette dimension est à prendre en compte dans l’écoute. Au fil d’un trajet, chacun mémorise, occulte des sons qui se succèdent dans le temps et l’espace, de sorte qu’il construit ses propres images et repères sonores des lieux traversés. La perception de la ville est dynamique pour l’usager qui la parcourt.

Qualifier les sons La perception d’un environnement sonore se construit dans le temps et l’espace. Il existe différentes échelles de perception et donc d’univers sonores. Savoir décrire et évaluer la dimension sonore d’un lieu consiste à en repérer ses différentes composantes.

Des univers sonores différents L’environnement sonore considéré peut s’étendre à la ville ou être ramené à l’individu. L’identité sonore des villes Au moins trois caractères sonores définissent l’univers sonore de la ville : > la présence continuelle de sons : le bruit de fond permanent, la rumeur de la ville souvent décrite en littérature (1), rappelle au citadin sa nature : vivre en ville. Le bruit de fond peut être positif : donner une identité à un lieu ou favoriser l’intimité des conversations dans l’espace public. Dans d’autres cas, il peut devenir « brouillard sonore » en empêchant de percevoir d’autres sons. > la variété des sons. Celle-ci traduit la richesse de la ville : habiter, échanger, commercer, se distraire, se déplacer. > l’existence de bruits continus. R. Murray Schafer (2) constate combien la ville moderne s’oppose à la campagne par sa capacité à générer des bruits technologiques continus. Depuis l’avènement de l’électricité, la ville rompt avec le caractère naturel d’un son qui est de naître, vivre et mourir. Nombres de machines et objets bourdonnent en continu : climatiseurs, ventilateurs, ordinateurs... > de forts contrastes entre environnements sonores. Les murs, les bâtiments cloisonnent les espaces sonores de la ville. En quelques pas, l’auditeur peut sans transition quitter une ruelle et déboucher sur un marché très animé, passer un porche et se retrouver au pied d’un boulevard circulé bruyant. À la campagne les obstacles étant moins présents, le contraste entre les sons est moins important. (1) : Lire p.108 un passage extrait du livre de Fernando Pessoa (Le livre de l’intranquilité) où le narrateur décrit la ville de Lisbonne qui s’éveille progressivement à sa conscience. (2) Le paysage sonore, Éd. Lattès, 1979 pour la traduction française.

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Activité p.108

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La rumeur traduit l’humeur de la ville Continue, sans durée, détachée des sources qui la créent, la rumeur se propage tel un bruit qui court et dégage dans les lieux un fond sonore qu’elle contribue à caractériser. La rumeur de Paris n’est pas la même qu’à New York, Tokyo ou Rome. Le son de New York avec ses hautes façades et ses longues avenues où circulent les voitures au moteur produisant des sonorités plutôt graves, sans heurt, n’a rien à voir avec le son d’une ville italienne où l’on entend des sources sonores d’un tout autre ordre dans des espaces de résonance bien différents (1).

Activité p.103

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À chacun sa « bulle sonore » L’univers sonore propre à un individu peut être selon Jean-Marie Rapin comparé à une bulle sonore qui l’entoure et représenterait son espace de communication. Traiter des problèmes de bruit revient à gérer des conflits de partage de l’espace, des frontières invisibles d’une propriété occupée par chaque individu. La bulle sonore de chacun peut : > se dilater : l’auditeur tend l’oreille pour pénétrer la bulle de son voisin. La rencontre peut être conviviale ou au contraire source de conflits. > se rétrécir : le bruit de fond ou l’écoute d’un walkman rétrécissent la bulle d’écoute. > se blinder : dans un logement, dans une automobile. > se meubler : par la radio, par la musique. > se transporter : par téléphone, par le virtuel.

S’isoler du monde un instant, comme le proposent ces sièges dans une station de RER à Paris.

(1) L’espace de la rumeur, pratique d’écoute, Rapport d’activités du laboratoire d’acoustique et de musique urbaine, Paris, 1992, p.24.

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Les composantes d’un espace sonore Chaque lieu dans la ville possède son propre espace sonore. Pour analyser un espace sonore, certaines composantes sont à relever. Inventaire Noter les sons et les sources qui en général sont multiples. Plans sonores Distinguer les sons selon leur individualité ou selon qu’ils s’agrègent en un tout sonore et définir ainsi des plans sonores : > le fond sonore (les sons permanents, la rumeur) > les signaux identifiés par l’auditeur qui émergent du fond sonore Fond sonore et signaux Les comparer pour évaluer la lisibilité et l’intelligibilité de l’espace sonore : > existe-il des sons dominants qui en masquent d’autres ? > est-ce-que j’entends mes propres bruits (pas, vêtements, respiration) ? > quel est le degré de perspective sonore ? (j’entends plus ou moins loin) > à quelle distance maximale puis-je comprendre les paroles d’un autre piéton ? > à quelle distance se trouvent les sources sonores que je peux reconnaître ? Espace et bâti Observer la disposition du bâti et l’organisation spatiale du lieu. Relever les endroits avec de la réverbération ou des réflexions. Les endroits où le bâti masque ou canalise des sons (évaluer ainsi le degré d’ouverture de l’espace). Relever comment s’opère les transitions sonores avec les autres espaces proches (estce-qu’ils se succèdent, se mélangent ?). Relever les frontières sonores de l’espace étudié avec les autres. Relever l’influence éventuelle du visuel sur la perception sonore (les arbres cachent les sources bruyantes mais ne les atténuent pas). Activités sonores humaines Comment les individus se comportent et s’approprient l’espace ? Quelles relations sonores entretiennent-ils (je parle à voix haute, j’interpelle l’autre, je parle en groupe, à deux, ou au contraire le silence domine, quelle est alors sa nature…) ? Quels sont les sons familiers, partagés ? Dautres activités pédagogiques sont proposées au chap. 4 « Sensibiliser à l’environnement sonore », p.76.

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En savoir plus sur le son

Je n’osais plus descendre l’escalier : je ne savais pas si mon pied était vraiment posé Je n’osais plus traverser une rue, restant à regarder d’un côté et de l’autre Je ne savais plus quel temps il faisait, s’il pleuvait… Je ne pouvais plus poser une chaise sur le sol : mon geste était trop brusque, soit arrêté à quelques centimètres du sol Je ne savais plus saler ma soupe, d’ordinaire je le savais au bruit Je vivais dans la peur, dans l’angoisse Peur de voir sans entendre Peur de celui qui entre sans que je l’aie entendu Pendant tout ce temps, je n’ai produit qu’un faible chuchotement presque inaudible, alors que j’avais la certitude de crier Plus aucun bruit de l’extérieur, mais j’entendais les bruits internes - et inconnus - de mon corps avec l’intensité du tonnerre.

15 jours d’otite, Madame X, couturière (1)

(1) Les sons, les bruits de la ville, au-delà des nuisances sonores, mémoire rédigé par J.C. Baudot, École d’architecture de Versailles, 1998.

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P

ar mi les ssédons, l’ouïe et sens que nous po s le plus nt nous dépendon la vue sont ceux do muniquer m co ent et em nn iro nv l’e r ndu, pour percevoi rle pour être ente pa n O e. ag ng la vibration du par la parole et le ns naissent de la so es L ns : r. ue iq un evoir ces vibratio rc pour comm pe de t es e ill n de l’ore dès notre monde. La vocatio aussi d’éduquer la voix de sa s mai est au maximum de les entendre, entre is L’oreille des sons compr plus jeune âge. pond e pour étendue corres sensibilité auditiv oreille Cette voix humaine. L’ 400 et 4 000 hertz. ement par la dans l’environn à celle couverte Prenez situer intelligible. permet de se ez-les, rendre de gare, mix mais aussi de le omène hall réverbération - phén chaque son d’un et vous zest de espaces clos donnez-leur un ds oreille. s gran pavillon de votre du e caractéristique de ré nt l’e à re ser upe sono sement réorgani eu ur he obtiendrez une so va e ill re rveau, l’o Vous saurez Avec l’aide du ce sons mélangés. de e up so e tt tres, et ordonner ce rer les uns des au pa sé s le n, so ue les localiser reconnaître chaq forts ou faibles, nt so ils s’ r ie éc une appr ainsi leur donner et e ac sp l’e ns da signification.

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Les étapes de la vie d’un son

2 1

La vibration se propage dans l’espace sous forme d’ondes sonores (fiche 2)

La naissance d’un son : le son naît d’une vibration (fiche 1)

3 4

L’espace modifie le son : l’architecture des lieux c’est-à-dire la disposition des volumes bâtis transforme les sons (fiche 3)

La perception auditive ; l’individu est à la fois : - récepteur, il perçoit et interprète les sons - émetteur, il produit des sons (fiches 4 à 9)

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Fiche n° 1

Le son naît d’une vibration

T

out objet en mouvement, en frottement, pouvant vibrer dans l’air peut produire un son. Le vent fait bruire les feuilles des arbres, nos chaussures frappent le sol sur lequel nous marchons, une plaque d’égout mal fixée peut émettre un bruit sourd et métallique au passage d’une voiture. D’autres objets sonores comme la voiture sont composés d’une multitude de sources sonores (le bruit du moteur, le bruit de frottement des pneus sur la chaussée…). Aborder la dimension sonore en ville consiste à prendre en compte toutes les sources sonores qui donnent naissance aux sons : les voitures circulant sur la chaussée, les bruits de pas, des voix humaines, ainsi que tous les éléments architecturaux présents, comme les marches d’escaliers ou encore un passage couvert, un hall d’entrée dans lequel notre voix résonne.

1+1=1 « Voici un paradoxe : deux choses se touchent mais un seul son est produit. Une balle frappe un mur, une baguette fait résonner un tambour, un archet fait vibrer une corde. Deux objets - un seul son. Une preuve de plus que 1 plus 1 = 1 » (extrait de I have never seen à sound de R. Murray Shafer).

Deux types de sources sonores nous intéressent : les sources sonores « actives » (1) au sens d’objets mécaniques émettant du son par leur fonctionnement et les sources sonores « passives », c’est-à-dire tous les matériaux sur lesquels nous agissons (escalier…). Les sources sonores se définissent par leur nombre, leur niveau sonore, leur positionnement dans l’espace (premier plan, second plan et bruit de fond).

L’

escalier un objet sonore « passif ». La structure métallique de cet escalier va produire des sonorités différentes selon qu’il est emprunté par un individu ou un groupe d’individus.

(1) Testologie architecturale des effets sonores, J.P. Odion, Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain, CNRS, 1996, p.82.

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Fiche n° 2

Les ondes sonores

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ndes de la radio ou de la télévision, ondes de chocs ou encore ondes sismiques, les ondes font partie de notre environnement quotidien. Invisibles, elles se propagent dans les milieux liquides, solides ou encore gazeux comme l’air. Les ondes sonores s’étendent de la même façon que les ondes produites à la surface de l’eau lorsque l’on y jette une pierre. Des cercles concentriques se développent à partir du point d’impact. Cet exemple donne une image intéressante du phénomène ondulatoire.

Chaque ride révèle une onde qui se propage dans l’eau. Chaque onde évolue d’une molécule à l’autre et se succède selon un mouvement périodique.

Un élément en vibration transmet son mouvement, aux molécules d’air qui l’entoure. À la différence de l’exemple précédent, l’onde sonore ne se propage pas seulement sur un plan horizontal mais rayonne depuis la source dans les trois dimensions de l’espace. Un gaz comme l’air est un milieu élastique, composé de molécules juxtaposées et en équilibre. La mise en vibration d’un objet se transmet aux molécules : l’air se comprime puis se détend. Chaque molécule pousse sa voisine et revient en place. La vibration sonore ne se déplace pas comme le vent : les molécules d’air transmettent l’énergie, mais ne bougent pas, un peu comme les dominos dans un jeu de cascade. Ces variations de pression constituent un son qui se propage dans l’air jusqu’à nos oreilles, à environ 344 mètres par seconde (1 200 km à l’heure). L’environnement sonore quotidien est riche et complexe. En ville, les sources sonores sont multiples, avec des niveaux sonores différents qui bien souvent varient dans le temps. Certaines sources sont en mouvement (voitures, passants…), d’autres sont statiques (cloches, fontaines…). Les sources sonores génèrent des vibrations sonores qui s’agrègent en un ensemble composite d’ondes. Cette « masse sonore », bien souvent modifiée par le bâti, parvient à nos oreilles simultanément comme un tout indifférencié. Pourtant nous ne percevons pas un brouhaha confus, l’environnement sonore reste en principe intelligible. Heureusement que le cerveau n’interprète pas les sons de manière « objective ». Il réorganise en quelque sorte le réel auditif pour le rendre intelligible. Il nous est ainsi possible de différencier les sons, de les localiser, d’isoler des sons entre eux et de suivre une conversation dans un café animé...

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Fiche n° 3

Les lois de propagation du son

L

’espace bâti est un élément modulateur de l’espace sonore. Les ondes sonores qui se propagent dans l’air subissent des modifications. Les conditions météorologiques (comme la température de l’air), la nature du sol, le modelé du terrain, les obstacles rencontrés jouent un rôle dans la modification du son. Les ondes sonores subissent différents types d’atténuations et de perturbations lors de leur propagation. source sonore

Le son décroît avec la distance : effet de dilution De manière générale, plus on s’éloigne d’une source, plus le son devient faible. Quand l’onde sonore se propage, elle se développe dans un volume plus important : la surface de la sphère sonore augmente. L’énergie sonore se répartissant sur une plus grande surface fait que localement le niveau du son perçu est moindre. À chaque doublement de distance par rapport à la source, le son diminue de 6 décibels (dB) pour une source ponctuelle, (3 dB pour une ligne de sources comme une file de voiture sur la route). Entre les deux, l’atténuation ne change pas. Cette loi de propagation du son dans l’air est importante à prendre en compte pour protéger les bâtiments du bruit. Dans l’exemple précédent, il faut éloigner les bâtiments à 20 mètres au moins de la source bruyante pour avoir une diminution du son (-6 dB). Cette solution s’avère délicate en milieu urbain, car elle consomme beaucoup d’espace.

75 dB à 10 m 75 dB à 15 m 75 dB à 16 m 69 dB à 20 m

69 dB à 30 m

63 dB à 40 m

Si l’on mesure un niveau sonore de 75 dB à 10 mètres d’une source sonore, il faut s’éloigner à 20 mètres pour percevoir un niveau sonore de 69 dB. À 15, 16 ou 19 mètres, le niveau sonore reste à 75 dB. Pour diminuer le son de 12 dB, il faut s’éloigner à 40 mètres.

Les obstacles et le son onde réfléchie

obstacle

onde diffractée

récepteur source

onde transmise onde absorbée zone d’ombre

En présence d’un obstacle, une onde sonore se divise en quatre trajets : réflexion, diffraction, absorption et transmission.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 59


Des miroirs dans la ville : la réflexion

L’absorption et la transmission

La ville est composée de vides et de pleins, d’obstacles qui réfléchissent les sons comme une multitude de miroirs. Lorsque le son rencontre un obstacle, il est réfléchi si la longueur d’onde est deux fois plus petite que l’obstacle. Si elle est plus grande, le son contourne l’obstacle.

Les sons se propagent dans la matière : l’air, le béton, l’eau… Au contact d’un obstacle, une partie de l’onde est absorbée par l’obstacle lui-même. On appelle l’onde sonore transmise, l’onde sonore qui est ensuite transmise par l’obstacle (voir schéma p.59). La nature du matériau de l’obstacle est donc importante. Les matériaux durs rencontrés à l’extérieur : métal, bois, verre, bitume... se comportent comme des miroirs parfaits. Seuls les matériaux poreux, perméables à l’air comme la terre non compactée sont davantage absorbants. L’effet de sol

« Le bruit routier peut être, en première approximation, assimilé à un bruit de fréquence moyenne 500 Hz, soit une longueur d’onde d’environ 0,65m. Les obstacles à prendre en compte en matière de bruit routier sont des obstacles dont la hauteur sera égale au moins à 1,30 m. En dessous de cette dimension, le son enjambe l’obstacle et seules les fréquences à 500 Hz sont affectées par la présence de l’obstacle » (1).

La diffraction

Les ondes sonores se propagent mal au niveau du sol, quand les surfaces sont peu réfléchissantes comme c’est le cas des sols naturels terreux ou herbeux. L’effet de sol est un moyen naturel efficace pour réduire le bruit si on se place loin d’une source (100 ou 200 mètres) et si l’on reste près du sol. Malheureusement cet effet est très perturbé par les conditions météorologiques (cf. p.61).

De la même manière qu’un verre dépoli diffracte un rayon lumineux, le son rencontrant un obstacle subit une diffraction. Une seconde onde dite diffractée naît à partir du bord de l’obstacle et crée une zone d’ombre (cf. schéma p. 59). Comme les phénomènes de réflexion, les effets de diffraction sont très courants en ville. Les sons ont ainsi tendance à contourner les obstacles et à venir dans nos oreilles sans que l’on identifie ou visualise la source. C’est le cas avec certaines façades d’immeubles, qui sans pourtant être orientées du côté de la route sont soumises aux bruits des voitures de manière indirecte. (1) Bruits et formes urbaines, propagation du bruit routier dans les tissus urbains, Bar P. et Loye B., CETUR, 1981, p.43.

60 /« Écoutez la ville ! » / APIEU


À la campagne, le bruit vous gagne Pour fuir le bruit des villes, rien de tel que d’habiter à la campagne pour retrouver les sons de la nature et des niveaux de bruit moins importants. Pourtant la nature nous joue des tours. Les éléments naturels comme le vent et le soleil peuvent modifier la propagation du son (1). vent

Sous l’effet du vent, les rayons sonores se courbent. Le vent les aide à contourner les obstacles et les effets d’atténuation du sol. Le contraste entre la campagne et la ville n’étant plus aussi net, nombreux sont les bruits de voies rapides qui portent au loin dans les espaces ouverts jusqu’aux résidences et lotissements éloignés.

La température de l’air joue aussi un rôle important. Par beau temps, les rayons sonores provenant des cloches de l’église sont courbés vers le haut. Les maisons situées dans une zone d’ombre acoustique sont ici moins exposées au bruit lors d’une journée ensoleillée.

Lors d’une nuit claire, le son peut se propager par de multiples réflexions sur le sol. Les maisons éloignées sont alors exposées au rythme sonore du clocher.

(1) Pour plus d’informations se référer à Gérer et construire l’environnement sonore, Rapin J.M. et al., cahier n°6 publié par l’ARENE, 1997, p.30 et à Acoustique, REEF-volume II, CSTB, 1982, (ouvrage très technique et complet).

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 61


Fiche n° 4

Le système auditif : disséquons l’oreille

L

es illustrations qui suivent sont tirées du cédérom « L’Oreille Cassée » réalisé par Rémy Pujol et coll., INSERM et Université Montpellier I (Centre régional d’imagerie cellulaire de Montpellier), avec l’aimable autorisation du responsable scientifique du projet et des auteurs. L’audition, propriété du système auditif, est la faculté de transformer les vibrations sonores en messages nerveux et celle d’interpréter ces messages. Ces deux actions font intervenir respectivement l’oreille et le cerveau auditif. pavillon

tympan

marteau enclume étrier

cochlée

fenêtre ovale

conduit auditif

E

M

I

Dessin Stéphan Blatrix

trompe d’Eustache

L’oreille, chez l’homme comme chez tous les mammifères est composée de trois parties. Ce schéma montre la transmission de l’onde sonore de l’oreille externe à l’oreille interne. > L’oreille externe (E) : celle que nous voyons et touchons directement, avec le pavillon et le conduit auditif ; elle capte les ondes sonores. > L’oreille moyenne (M) fermée par le tympan sur lequel s’applique la chaîne des osselets ; elle est reliée à la cavité buccale par la trompe d’Eustache ; elle amplifie l’onde sonore avant de la transmettre à la cochlée. > L’oreille interne (I) qui comprend en fait deux organes sensoriels : le vestibule (bleu) pour l’équilibre et la cochlée (enroulée en spirale) pour l’audition : les messages sensoriels codés par ces organes sont transmis au cerveau par les nerfs (jaune).

Oreille externe et moyenne L’oreille externe et l’oreille moyenne s’occupent de transmettre et d’amplifier le son avant que le récepteur sensoriel (oreille interne et cochlée) ne le transforme en message. Le cerveau auditif va décoder et interpréter le message transmis à la cochlée, via le nerf auditif. Il peut en résulter des réactions réflexes comme le sursaut et tout ce qui constitue la perception auditive consciente : reconnaissance, mémorisation, préparation d’une réponse motrice consciente (parole).

62 /« Écoutez la ville ! » / APIEU


L’oreille n’a pas pour seule fonction l’audition L’ouïe joue un rôle primordial dans le développement de la parole chez l’enfant. Elle remplit aussi des fonctions élémentaires. Par exemple, la nuit, même si nous n’avons pas de perception consciente des bruits qui nous entourent, nous gardons pendant le sommeil une oreille en alerte. Cette fonction permet d’éveiller notre attention aux moindres faits inhabituels qui échappent à notre champ de vision. L’oreille contient aussi un organe de l’équilibre, sorte de niveau à bulle, qui permet de situer notre corps dans l’espace et de nous renseigner sur nos mouvements. Le nerf vestibulaire, cheminant à côté du nerf auditif, est situé dans l’oreille interne. Ce nerf sensoriel sert à apporter au cerveau des informations sur l’orientation du corps et joue un rôle dans le maintien de l’équilibre.

L’oreille externe, comprenant le pavillon et le conduit auditif externe, guide la vibration sonore jusqu’au tympan. Le tympan est une fine membrane qui sépare l’oreille externe de l’oreille moyenne. Son rôle avec la chaîne des osselets est de transformer la vibration aérienne du son en pression efficace dans les liquides de l’oreille interne.

T’as de drôles d’esgourdes toi ! Grandes ou décollés, les oreilles ou plus exactement les pavillons qui sont la partie visible de nos oreilles ont une forme étrange. Elles sont pourtant utiles, car elles permettent au cerveau de localiser l’origine des sons. En effet, suivant leur provenance, les ondes sonores entrent et se répercutent différemment dans le pavillon avant d’atteindre le tympan. Les pavillons permettent à l’oreille de localiser les sons sur le plan vertical.

Dans l’oreille moyenne (voir schéma p.62), le tympan est relié à la fenêtre ovale de la cochlée par la chaîne des osselets. La vibration aérienne est transformée en vibration mécanique par les osselets qui provoquent des déplacements de liquides remplissant l’oreille interne. La membrane de la fenêtre ronde permet cette vibration, car les liquides sont incompressibles. Le rôle de l’oreille moyenne est de faire passer les vibrations sonores du milieu aérien au milieu liquidien de la cochlée. Dans ce transfert, la plupart des sons sont amplifiés du simple fait du rapport des surfaces : la pression exercée sur le tympan est transmise par les osselets à la membrane de la fenêtre ovale qui est vingt fois plus petite. Ainsi l’oreille moyenne joue un rôle d’amplificateur, qui peut multiplier par vingt l’énergie initiale.

Photo : Michel Mondain

Un marteau, un étrier et une enclume dans notre oreille

Tympan normal, la membrane laisse entrevoir par transparence les osselets (marteau relié directement au tympan).

Pour en savoir plus sur la physiologie et la pathologie de la cochlée, consultez aussi le site Internet « Promenade autour de la cochlée » http://www.cochlee.info

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 63


Les osselets reliés par des ligaments aux parois de la cavité ont un rôle de régulation de l’intensité sonore : les sons faibles sont amplifiés, les sons forts atténués. Les osselets assurent une protection toute relative contre les sons intenses, dans le cas des explosions ou de stimulation, trop brusques, l’étrier n’a pas le temps d’agir (temps de latence 200 millième de seconde). Une trompe dans l’oreille L’oreille moyenne est en communication avec le milieu extérieur au niveau du pharynx par un petit conduit souple appelé la trompe d’Eustache. Il s’ouvre quand on avale et sert à égaliser la pression des deux côtés de la membrane tympanique. Par exemple, en avion au décollage ou à l’atterrissage, si l’on veut éviter d’avoir les oreilles bouchées, il est nécessaire de déglutir pour ouvrir la trompe d’Eustache et ainsi égaliser les pressions. En plongée sous-marine, il est nécessaire d’insuffler de l’air dans l’oreille moyenne en soufflant tout en se bouchant le nez : c’est la manœuvre dite de Valsalva. Un escargot dans l’oreille L’oreille interne est composée d’un ensemble de cavités, remplies de liquides. Une des parties de l’oreille interne, appelée cochlée est responsable de l’audition, l’autre appelée appareil vestibulaire est responsable de l’équilibre du corps. La cochlée est un tube de trois centimètres de long, constitué de canaux enroulés en spirale sur deux tours et demi à l’image d’une coquille d’escargot. Ces canaux, remplis d’un liquide appelé périlymphe, sont reliés aux fenêtres de l’oreille moyenne (fenêtre ovale reliée à l’étrier et la fenêtre ronde). Les fibres du nerf auditif (en jaune sur le schéma) viennent prendre l’information à chaque niveau de la cochlée en fonction des fréquences : les aiguës à la base près des fenêtres et les graves à l’apex (au centre de la spirale). En haut à droite, on aperçoit le vestibule, organe de l’équilibration et le nerf vestibulaire qui en part, rejoignant le nerf cochléaire ou nerf auditif.

Coupe schématique d’une cochlée humaine enroulée en spirale sur deux tours

1

2

Dessin Stéphan Blatrix

3

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5

4

- 1 (en rose) canal cochléaire renfermant l’organe sensoriel. - 2 et 3 (bleu) canaux contenant la périlymphe : liquide mis en vibration par la chaîne des osselets. Les flèches rouges et bleues indiquent la continuité de cette double spirale. - 4 et 5 (jaune) ganglion et fibres du nerf auditif.


Les cellules ciliées Un capital à la naissance de 15 000 cellules ciliées qui ne se régénèrent pas. Le mécanisme de l’ouïe se dégrade naturellement avec le temps, les hommes étant en moyenne plus atteint que les femmes essentiellement pour des raisons de « mode de vie » (armée, chasse, travail bruyant…). Pour les adolescents, l’écoute musicale à des intensités trop élevées (au-delà de 90 dB) accélère ce processus d’altération des cellules ciliées : on peut ainsi se préparer à avoir des oreilles (et une audition) de 80-90 ans dès l’âge de 40 ans (presbiacousie précoce).

Dans le canal cochléaire se trouvent les cellules sensorielles ou cellules ciliées. Une rangée (haut) de 3 500 cellules ciliées internes dont le rôle est de fabriquer le message nerveux qui partira au cerveau par le nerf auditif et trois rangées de cellules externes qui permettent la compréhension des sons. Photo (microscopie électronique à balayage) : Marc Lenoir

En cas de perte des cellules ciliées externes les sons faibles ne sont plus perçus et surtout la parole devient inintelligible.

De l’oreille au cerveau

Photo (microscopie électronique à balayage) : Marc Lenoir

Le balancement de ces cils dépend de la vibration transmise par l’oreille moyenne, ellemême reçue par le tympan. Le message auditif ainsi codé par la cochlée est acheminé au cerveau par une voie spécifique à l’audition, qui est responsable du décodage, de la discrimination et de la mémorisation. Parallèlement, le message est aussi acheminé par une autre voie (voie réticulaire) aux centres de l’éveil, des émotions, des motivations, ainsi qu’aux centres végétatifs et neuro-hormonaux. Par exemple il n’y a pas de perception consciente pendant le sommeil, alors que la voie primaire fonctionne normalement. L’oreille fait son travail et les messages auditifs montent bien au cerveau : on s’en rend compte si l’on fait un électro-encéphalogramme au sujet endormi.

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Fiche n° 5

1, 2, 3, 4, 5, 6 sens pour percevoir

« Vaste comme la nuit et comme la clarté, les parfums, les couleurs et les sons se répondent. »

Correspondances, Charles Baudelaire Les Fleurs du mal, 1867

L

a perception peut être définie comme l’ensemble des moyens dont dispose l’individu pour prendre connaissance du monde qui l’environne. Cette connaissance l’aide à construire sa propre image du monde. Elle est limitée pour l’homme à six sens : le goût, l’odorat, le toucher, la vue, l’ouïe et le sens de l’équilibre dont le siège se situe dans l’oreille interne (1). Ce sixième sens souvent occulté est pourtant très important car sans lui l’individu perd l’équilibre et ne peut se tenir debout.

Correspondance des sens Nous associons fréquemment les sens entre eux. Bus les yeux fermés, il est difficile de distinguer un jus de pomelos, d’un jus de citron. Nous goûtons et voyons la couleur de ce que nous buvons. Dans un autre registre, ne dit-on pas pour une couleur qu’elle est criarde et inversement d’un son qu’il est éclatant ? D’autres exemples de la vie de tous les jours montrent que les sens correspondent. « On entend la dureté, l’âge ou la taille d’un pavé au bruit du roulement, on voit l’élasticité d’une barre de fer à sa forme et sa texture, l’œil est capable de palper la résistance d’un matériau, la main reconnaît la forme de l’outil » (2). Pour autant la perception n’est pas considérée comme une somme, une synthèse additionnant les sensations. D’après Maurice Merleau-Ponty, les sens communiquent (3) ; il existe une interpénétration des sens qui permet à l’objet d’être perçu dans son unité, et non découpé sens par sens puis reconstitué.

Coupez le son de votre téléviseur ! Chacun peut faire l’expérience de couper le son du journal de 20 heures à la télévision. L’attention se focalise sur les mouvements de cadrage du caméraman et la succession de plans du réalisateur. Par une sorte de mouvement de recul de la perception, l’écran de télévision, ses contours prennent davantage d’importance. Le langage du présentateur est réduit à un langage gestuel et une étrange gesticulation de lèvres. Au bout d’un moment l’image habituelle du présentateur se transforme, comme s’il n’était plus le même ou qu’il présentait le journal pour la première fois. Privée soudainement de ses forces auditives, la conscience en recherche de sens vient renforcer l’acuité visuelle. Elle cherche à voir ce qu’elle ne peut entendre ou bien à voir ce qu’elle doit voir. Le silence nous ouvre les yeux. (1) Voir fiche n°4 : « Le système auditif : disséquons l’oreille », p.62. (2) Au seuil de l’audible, Pascal Amphoux, CRESSON, CNRS, 1996, p.84. (3) Phénoménologie de la perception, Maurice Merleau-Ponty Gallimard, Paris, 1945, coll. Tel, 1976, p.265.

66 /« Écoutez la ville ! » / APIEU


Sans nos yeux, l’univers est courbe e raison et à nos sens, nous bâtissons une réalité du monde qu Grâce à notr i nous seul sens nous manque et la réalité perçue se modifie. entoure. Un René Barjavel dans son livre La faim du tigre propose de réaliser l’expérience suivante : « Promenez votre main le long de l’arête rectiligne de votre bureau. Et regardez votre coude. Voyez quel mouvement compliqué il effectue, quelle ligne sinueuse, courbe, dessine son déplacement. Si vous n’aviez pas vos yeux pour vous dire que le bord de votre meuble où glisse votre main est une ligne droite, comment pourriez-vous l’imaginer à travers ce mouvement de spaghetti ? Du fait même de sa conformation, le bras, dont une extrémité est libre et l’autre fixe, ne peut effectuer que des mouvements courbes. Avec ses deux bras, l’aveugle explore et construit autour de lui un univers dont toutes les portions sont arrondies, une mosaïque de débris de coquillage. Ce n’est pas l’ouïe qui risque de le détromper, car les sons lui parviennent selon les rayons d’une sphère dont il occupe le centre » (4). Dans l’environnement, ce ne sont pas les objets en eux-mêmes que l’individu perçoit mais l’énergie qui provient des objets. L’énergie lumineuse d’un objet nous parvient et stimule la vue. De même l’énergie sonore produite par un objet en vibration active le système auditif.

Écouter c’est toucher à d i s t

a

n

c

e

« Entendre est une manière de toucher à distance et l’intimité s’élargit au social lorsque plusieurs personnes se réunissent pour écouter ensemble » (5). L’oreille tout comme l’œil est un organe sensoriel du « connaître à distance ». Contrairement à la main, l’oreille « ne touche pas, elle est touchée » (6). Ce toucher peut être physiquement perceptible pour des musiques amplifiées produisant des sons à basse fréquence. En effet aux fréquences inférieures à 16 Hz nous n’entendons pas, mais nous percevons les vibrations par le sens du toucher (infra-sons). Au-dessus de 16 000 Hz, nous n’entendons plus, il s’agit alors d’ultrasons que seuls peuvent percevoir certains animaux comme le chien. Le philosophe Mikel Dufrenne observe que « l’ouïe des poissons enregistre une pression liquide » due au déplacement de l’eau à l’approche d’un autre poisson. Pour le monde du vivant le fait de posséder des sens qui permettent de percevoir sans être à proximité ou en contact permet « de prendre son temps pour réagir, fuir une menace ou partir à la conquête » (7).

(4) La Faim du tigre, René Barjavel, Éd. Denoël, 1966, p.79. (5) Le paysage sonore, R. M. Schafer, Éd. Lattès, 1979, p.26. (6) L’œil et l’oreille, Mikel Dufrenne, Collection surfaces, Éd. Jean Michel Place, 1991, p.91. (7) L’œil et l’oreille, Mikel Dufrenne, p.21.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 67


Fiche n° 6

La description d’un son Co-rédaction : J.M. Rapin, acousticien

L

’oreille transforme les vibrations Deux types de représentation (3) de l’air, susceptibles de mettre en Le spectre sonore d’un bruit étudie un mouvement le tympan, en messages que le niveau sonore par rapport à un intervalle de cerveau interprète en sensations sonores. temps donné (de l’ordre de la seconde). dB

Musique et acoustique Pour un musicien, la « langue musicale »(1) est intimement liée à la notion de temps et de fréquence. En effet, elle intègre la notion de durée dont l’élément fondamental est le rythme, puis la notion de mélodie qui est une succession de notes donc de hauteurs (fréquence). Elle contient un dernier élément appelé l’harmonie qui est la manière ou l’art d’enchaîner les accords. Les acousticiens travaillent sur des sons complexes. Un son complexe est composé de plusieurs sons donc de plusieurs fréquences et niveaux sonores. La notion de niveau sonore précise celle de « force d’un son » exprimée en musique par les adverbes imprécis comme fortissimo, piano… En acoustique, la représentation temps/fréquence reste utile, mais pour des applications particulières en ornithologie ou pour des études de la parole (sonagramme). kHz 8 6 4 2 1

2

3

4

5 sec.

Sonagramme du chant du Rougegorge (2)

Dans le cadre du bruit, une représentation sous forme de sonagramme deviendrait difficilement lisible car plusieurs fréquences sans rapport entre elles interviennent. Les bruits sont trop complexes pour qu’on puisse leur attribuer une hauteur précise.

Hz

Spectre sonore par fréquence

Le bruit aux abords d’une autoroute n’a pas la même intensité sonore mesurée en dB(A) (cf. p.69), à 125 Hz ou à 4 000 Hz comme le montre le graphique.

Le spectre d’un bruit de véhicule est essentiellement un spectre à bande large plus riche en fréquences graves qu’en fréquences aiguës. Dans le cadre de bruits pauvres en information comme le bruit routier une représentation simplifiée par spectre d’octave suffit pour le distinguer d’un autre bruit. dB 90 80 70 60 50 40 30

125

500

1000

2000

4000

Spectre sonore par octave

Connaître le niveau sonore d’un bruit permet de le comparer à d’autres et de repérer celui qui est dominant. Le niveau sonore est aussi utile pour fixer des seuils réglementaires. Ce niveau sonore est exprimé en dB(A).

(1) Musique et éducation, Guy Maneveau, Éd. Edisud, 2000, p.16. (2) D’après Le chant des oiseaux, A. Bossus et F. Charron, Éd. Sang de la Terre, 1998. (3) Source : Cahier n°6, ARENE, p.18.

68 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

250

Hz


Le décibel physiologique : le dB(A) Le décibel n’est pas une unité mais une échelle (logarithmique) de comparaison. C’est à l’origine l’échelle de graduation des voltmètres utilisés par les électriciens. En acoustique, le décibel peut se rapporter à plusieurs unités, ce qui est source de confusion pour le public. Pour restituer au plus près la perception du bruit par l’oreille, les appareils de mesure ont des filtres de correction qui tiennent comptent du fait qu’à intensité égale, les sons graves sont moins perceptibles que les sons aigus. Le système de correction le plus employé dans l’habitat et les transports est le système A. Le niveau sonore mesuré par un sonomètre ordinaire est le plus souvent exprimé en décibel (A) et se rapporte à la pression acoustique reçu par le tympan. Toute variation de 10dB(A) représente une multiplication par 100 de la pression acoustique, par 10 de la pression sonore et par 2 de la sensation auditive. Le niveau en décibel (A) peut être mesuré sur une courte période de l’ordre de la seconde ou bien sur une longue durée (8 heures par exemple pour la journée de travail). La mesure de longue durée représente la dose de bruit ou le niveau d’exposition au bruit des individus (moyenne des énergies). Les niveaux sonores pris en instantané peuvent s’écarter des niveaux sonores mesurés sur une longue période de plus ou moins 10 dB(A), sauf si le bruit mesuré est continu durant cette période. Par exemple, dans le cas d’un bruit continu qui ne serait présent que pendant 10% du temps de la période de mesure, l’écart entre la mesure instantanée et le niveau d’exposition serait de 10 dB(A) et de 15 dB(A) pour 3% du temps (cas fréquent d’une voie de chemin de fer). Autrement dit, les mesures de niveaux sonores élevés effectuées à proximité des voies de chemin de fer doivent être considérées sur une longue durée. Par conséquent traiter des problèmes de bruit nécessite de prendre en compte les niveaux sonores et les durées d’exposition des individus. Les appareils électroménagers (machine à laver, aspirateurs…) sont aujourd’hui étiquetés avec une valeur en dB(A). Ce dB(A) se rapporte à une autre unité : la puissance acoustique. Il s’agit d’une valeur associée à la source indépendamment de la distance à laquelle se trouve l’utilisateur, celle-ci reste généralement supérieure au niveau sonore.

Le dB(A) est donc une notation compliquée qui peut se rapporter à des unités différentes. Son caractère hermétique ne favorise pas la concertation et conduit souvent à des dialogues de sourds.

Exemple d’étiquette-énergie pour un lave-linge (ADEME).

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 69


Effet de masque et émergence L’oreille perçoit les sons de manière relative. Un son est jugé fort ou faible en comparaison avec d’autres bruits notamment les sons ambiants. Elle ne ressent pas de manière absolue les niveaux sonores, sauf dans des cas extrêmes. L’impression de sons forts ou faibles est une interprétation par comparaison avec des sons très proches dans le temps. Le silence est un bruit interprété comme silence qui n’est pas forcément un niveau très faible du bruit. A l’inverse un bruit très faible peut être insupportable. En présence de plusieurs sons, celui le plus fort peut masquer les plus faibles, c’est-à-dire les rendre inintelligibles. Cet effet de masque est la base de l’isolement acoustique. Par exemple, les murs entre deux appartements doivent réduire le bruit du voisin pour que son niveau reste bien inférieur au bruit de fond existant dans l’autre appartement, donc masqué pour celui-ci. L’effet masque est donc très utile pour gommer les sons non désirés. Par contre il devient gênant s’il masque les sons désirés, par exemple une conversation. Cet effet est utilisé aussi dans l’aménagement sonore des lieux publics. Certains sons sont ajoutés pour masquer tout ou partie d’autres sons en présence. Ainsi l’embellissement d’une place par une fontaine peut avoir aussi un rôle de masque acoustique, en dissimulant le bruit de fond des rues proches. Des rues entières peuvent donner lieu à un « maquillage » sonore à certaines périodes de l’année. En décembre les grandes artères commerçantes commémorent la grande fête de Noël, les chants et musiques traditionnelles sont diffusés tout le long des rues pour créer une ambiance sonore de fêtes. Une ambiance « artificielle » festive masque l’ambiance ordinaire de la

70 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

rue : le monde sonore profane se mêle aux chants sacrés. Des taux d’intelligibilité sont définis en fonction de la différence du niveau de la parole et le niveau du bruit de fond. Par exemple si un taux d’intelligibilité de 40% peut être suffisant pour comprendre des phrases avec des mots connus au téléphone, un taux de plus de 60% est nécessaire dans une salle de conférence et près de 100% dans un local où l’on doit enseigner des mots inconnus ou des langues étrangères. L’émergence est le contraste entre un bruit qui apparaît à un instant déterminé et le bruit de fond. Une émergence de 20 dB(A) peut détourner l’attention ou réveiller la nuit. Une émergence de 50 dB(A) peut faire sursauter. La nature du bruit a un rôle sur l’émergence. Par exemple un son contenant des fréquences pures émerge davantage. Des sons très brefs dits « impulsifs » comme des coups de fusils vont fortement émerger. Les normes fixent des valeurs de pénalisation pour ces bruits en leur rajoutant des décibels. Il existe une autre forme d’émergence dite « émergence subjective » qui concerne des bruits que le cerveau a appris à détecter alors qu’ils sont difficilement détectables par des mesures acoustiques. C’est le cas par exemple d’un bruit de moustique.

J’entends bien mon cœur à environ 5 dB(A) de bruit ambiant J’entends bien le froissement de mes vêtements à 30 dB(A) J’entends mes pas (50 dB(A)) J’entends distinctement quelqu’un qui me parle à 10 m à 60 dB (A) J’entends difficilement parler à plus d’un mètre à 75 dB(A) Il est impossible de se parler à partir de 80 dB Je mets mon oreille et mon audition en danger au-delà de 90 dB(A)


Fiche n° 7

Différence entre sons et bruits Les « sons-bruits »

« Si je touche ou si je frappe violemment une plaque de métal, je produis un bruit. Si, au contraire, j’arrête cette plaque par le milieu et si je la frotte avec un archet, je produis un son ». Luigi Russolo « Bruitiste » 1913.

Luigi Russolo peintre, musicien futuriste du début du XX siècle désire rompre avec le « cercle restreint de sons purs et conquérir la variété infinie des sons-bruits ». Il pense que la musique doit se renouveler et s’inspirer de l’atmosphère retentissante des grandes villes. « Le son pur par sa petitesse et sa monotonie ne suscite plus aucune émotion pour nos oreilles modernes » (1). « La plaque frappée violemment, s’étant divisée en plusieurs parties vibrantes, donnera un plus grand nombre de sons harmoniques que dans le cas de l’excitation par l’archet ». Il propose de transformer l’orchestre traditionnel en remplaçant les sons des instruments par « des bruits obtenus au moyen de mécanismes spéciaux, les « bruiteurs »». Ceux-ci ne se limitent pas, à reproduire les bruits de la vie moderne, mais proposent aux compositeurs une grande diversité de combinaisons sonores. L. Russolo a conçu et construit de nombreux « bruiteurs » (ululeurs, grondeurs, crépiteurs, glouglouteurs, bourdonneurs, etc.) et les avait réunis en un orchestre avec lequel il donnait des concerts. e

Le bruit, une notion polysémique Cette distinction entre sons musicaux et bruits évolue au fil du temps et selon la discipline dans laquelle le son est étudié. En électronique par exemple, le terme bruit se réfère « à toute perturbation extérieure au signal, tels que grésillements dans une communication téléphonique, ou neige sur un écran de télévision » (2). Considéré sous l’angle quantitatif, le bruit est un son trop fort, présentant une intensité sonore et une durée supérieure à la norme en vigueur (85 dB). La notion de bruit élargi à la vie quotidienne est polysémique. Elle peut renvoyer au vécu auditif de chacun. Le bruit est souvent défini alors comme un son non voulu.

Quand les bruits deviennent du bruit La notion de bruit renvoie bien souvent à l’ensemble des sons non désirés (les bruits des voisins), mal vécus (le bruit continu de l’extracteur d’air du restaurant voisin), porteurs d’une information incomplète (une conversation masquée par le passage d’une voiture). Le contexte dans lequel les événements sonores se produisent est aussi un paramètre important à prendre en compte dans l’analyse de la gêne. Le son est porteur de significations. D’autres dimensions sont à prendre en compte dans l’analyse des sons entendus au quotidien. De manière générale, la perception auditive implique un niveau d’interprétation qui dépend des attentes, des motivations et des représentations que chacun a en mémoire. La perception possède un caractère actif avec une part d’organisation personnelle. Chaque habitant a une représentation de sa ville de son quartier. Croiser ses subjectivités et trouver des dénominateurs communs peut être une base pour mieux comprendre comment est vécu le bruit. (1) L’art des bruits, manifeste futuriste 1913, L. Russolo, Éd. Allia 2003. (2) Le paysage sonore, R. M. Schafer, Éd. Lattès, 1979, p.253.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 71


Fiche n° 8

Les illusions sonores

Pourquoi deux oreilles ? De même que nous voyons avec nos deux yeux une image en relief, nous obtenons une image sonore en trois dimensions grâce à notre paire d’oreilles. Les spécialistes parlent d’écoute binaurale. Grâce à cette écoute, le cerveau peut localiser un son dans l’espace. Nos oreilles permettent également d’évaluer notre distance par rapport à une source, le volume et la forme des lieux par leur réverbération et leur timbre.

L’écoute binaurale Dans cet exemple, le son met plus de temps à arriver à l’oreille gauche de l’auditeur. Il y a un décalage temporel et de niveau sonore entre les deux oreilles. Le cerveau interprète ce décalage pour localiser la source sonore sur le plan horizontal.

Une oreille sélective Si l’oreille n’a pas de paupière qui la protège, le cerveau peut en revanche sélectionner certains bruits et en occulter d’autres. Il peut se concentrer sur certains sons et en éliminer d’autres. C’est ce qui nous permet par exemple, de suivre une conversation dans une ambiance très bruyante. L’écoute, croisée avec la vue qui vient en soutien (lecture sur les lèvres et langage non verbal), permet ainsi de rendre une conversation compréhensible. L’écoute sélective restaure ainsi du sens à partir d’une « soupe sonore » générale. Cette capacité à discriminer des sons parmi un bruit de fond ambiant n’est pas la même pour tout le monde. Notre perception fonctionne pour ainsi dire à l’économie. Le degré de perception auditive varie en fonction de l’attention que nous portons aux événements. Autrement dit, chacun entend ce qu’il veut entendre. La perception auditive est plus ou moins active selon la situation : elle résulte d’une intention. L’oreille ne doit pas être réduite à un simple réceptacle des bruits. Notre écoute est au croisement des sons ambiants et de nos intentions. L’intention est si forte qu’il arrive même que l’on croit entendre des bruits qui ne se sont pas produits mais que l’on anticipe. Par exemple, l’attente d’un coup de téléphone nous fait parfois entendre la sonnerie du téléphone.

72 /« Écoutez la ville ! » / APIEU


À l’inverse notre cerveau a la faculté d’occulter les messages auditifs s’il se concentre sur une autre mode de perception. C’est le cas du lecteur qui se coupe du monde sonore qui l’entoure dans un café. Cet exemple est réciproque : ce même lecteur ne lira plus sérieusement s’il se met à écouter attentivement un morceau de musique.

L’oreille n’y va pas par quatre chemins L’espace est fait de vides et de pleins, c’est-à-dire que les sons rencontrent des obstacles qui les modifient. Comment font nos oreilles, pour localiser correctement un son qui vient de la droite si en même temps celui-ci est réfléchi par un mur placé à gauche ? Notre cerveau intervient et modifie quelque peu la réalité. L’oreille est faite pour détecter l’origine d’un bruit. Si l’onde sonore rencontre un obstacle au cours de son trajet, elle peut être réfléchie de la même façon que la lumière est réfléchie par un miroir (cf. p.59). Cette onde (réfléchie) parvient aux oreilles avec un certain retard par rapport à l’onde initiale. Elle possède aussi une direction différente, ce qui peut a priori venir perturber la localisation de la source. De manière générale, notre cerveau confond alors les deux sons. Le niveau sonore du son initial est renforcé par le son réfléchi et l’oreille ne retient que la première origine du son. Notre audition sélectionne le plus court chemin ; son objectif étant plus de localiser l’origine du bruit que de connaître ses modifications. En revanche, à partir du moment où le son réfléchi a un retard de plus 50 millièmes de seconde environ par rapport au son initial, il est reconnu par l’oreille et localisé suivant son propre chemin. À partir de ce moment, le cerveau reconnaît les deux sons comme distincts qui se répètent et qui peuvent donner lieu à des phénomène d’écho.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 73


Fiche n° 9

La réglementation des émissions sonores et les cartes de bruit Par J.M. Rapin, acousticien

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eux critères conditionnent la réglementation en matière de bruit : l’émergence et le bruit de fond. (cf. p.70)

La réglementation des bruits dans l’environnement considère en pratique deux domaines traités avec des approches différentes.

Les bruits de transport Ils sont considérés comme découlant normalement de la vie collective, ils peuvent être donc produits, mais ne doivent pas gêner les activités humaines et en particulier ne pas masquer les conversations de manière permanente. Des limites réglementaires absolues sont fixées en fonction des périodes de la journée (jour, soirée et nuit). Elles sont exprimées en niveau d’exposition en dB(A) pour ces différentes périodes. Par exemple une nouvelle autoroute ne devra pas produire un niveau de plus de 60 dB(A) de jour à la campagne, à deux mètres devant la fenêtre.

Les bruits industriels et les bruits de voisinage Ils sont traités de manière à ne pas émerger en permanence par rapport au bruit de fond. Dans le cas des bruits industriels des établissements classés (une station-service, une laiterie…), les émergences sont jugées par rapport à un critère de base dépendant du site (zone résidentielle, industrielle, de repos…), de l’heure et du jour. Pour les autres bruits industriels et les bruits de voisinage, c’est l’écart entre le bruit de fond avec et sans perturbation de voisinage qui est pris en considération. La période de la journée et la durée d’apparition du bruit perturbateur sont aussi prises en compte. Il existe d’autres réglementations qui ne touchent pas directement l’environnement, par exemple celle de protection de l’ouïe des travailleurs qui limite leur niveau d’exposition à 85 dB(A) ramené à une période de travail de huit heures. Le dB(A) n’a aucune prétention de traduire une quelconque qualité de l’environnement. C’est par contre un outil utile pour fixer des limites exprimées de manière simple et de manière à ne pas être contesté devant le tribunal par exemple. L’approche quantitative comporte des limites, il est impossible d’évaluer par exemple une émergence « subjective » (cf. p.70). Il est arrivé qu’un tribunal se déplace pour se rendre compte de manière auditive d’un problème de bruit de voisinage.

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Les cartes de bruit De tradition relativement ancienne, les cartes de bruit ont été initiées par les universités des pays d’Europe centrale (Pologne, Allemagne…). Elles furent utilisées comme un outil de sensibilisation des populations et de participation des universités à la vie urbaine. Elles reflètent essentiellement le bruit de circulation automobile et dans certains cas les bruits industriels. Rendues obligatoires par l’Europe, les grandes métropoles de plus 250 000 habitants devront rendre accessible au grand public des cartes de bruit avant le 30 juin 2007. Ces cartes traduisent les niveaux d’exposition en dB(A) pour les bruits routiers. Elles renseignent sur les zones fortement exposées au bruit, elles peuvent guider un candidat au logement et donner des signaux d’alerte pour des actions à mener. Par contre la présence de faibles niveaux sonores ne signifie pas forcément un environnement sonore de qualité.

« Écoutez la ville » / APIEU / 75


Sensibiliser à l’environnement sonore

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omment perçoit-on l’atmosphère, l’ambiance générale d’un lieu ? Quelle écoute avons-nous de notre environnement sonore ? Quels mots utilisons-nous pour en parler ? Comment mieux être à l’écoute de notre environnement et être capable de décrire les qualités (positives et négatives) d’un espace sonore ? Les activités qui suivent privilégient un travail d’écoute des espaces sonores urbains. Elles permettent aux participants de prendre du recul par rapport à leur pratique d’écoute et d’interroger la perception qu’ils ont des lieux qu’ils fréquentent. Des séquences en salle permettent de préparer ou d’exploiter des séquences effectuées sur le terrain.

76 /« Écoutez la ville ! » / APIEU


Objectifs des activités > Retrouver le plaisir de l’écoute > Développer son écoute : amener l’auditeur à entendre autrement et autre chose que les bruits > Avoir les mots pour le dire : élargir son vocabulaire pour décrire un environnement sonore > Être capable de qualifier d’un point de vue sonore son cadre de vie L’éducation à la ville telle qu’elle est développée à l’APIEU et au sein du Réseau Citéphile (cf. p.82) s’appuie entre autres sur le concept de « classe de ville ». Trois types d’activités sont proposés, elles correspondent aux trois phases : représentation, immersion et recherche, présentées p.83. Plusieurs années d’expériences dans ce domaine ont permis une application de la pédagogie de projet aux thématiques urbaines. L’APIEU a réuni ses savoir-faire dans le document Être et bien être dans sa ville (1).

Tournez les quelques pages qui suivent et écoutez...

(1) Être et bien être dans sa ville, pour une éducation à l’environnement urbain, Éd. APIEU Montpellier-Mèze, 2005.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 77






Qu’avez-vous entendu ? Trois sons, un rythme, un silence ou votre voisin ?

classe de vil Le réseau Citéphile

Avec Citéphile, les acteurs de l’éducation à l’environnement urbain ont choisi de regrouper leurs savoir-faire et leurs définitions d’une éducation à l’environnement urbain pour créer une culture commune génératrice de pratiques nouvelles, complètes et reconnues. > Citéphile est le réseau national qui identifie, soutient et met en lien ces acteurs de l’éducation à l’environnement urbain issus de sphères différentes > Citéphile est le lieu du croisement des regards sur la ville pour la création de références communes, c’est un espace d’échange > Citéphile est un lieu d’action, de formation, une ressource de l’éducation à l’environnement urbain, c’est un espace de création et d’expérimentation > Citéphile contribue au développement durable en replaçant l’homme au cœur des préoccupations de la cité

Le concept de « classe de ville » Depuis 1992, date de création du Réseau Citéphile (voir ci-dessus), l’éducation à l’environnement urbain a obtenu l’adhésion de nombreux acteurs. Enseignants, animateurs, éducateurs ont peu à peu mis au point des méthodes d’intervention dans ce domaine. Adapté des démarches en usage dans l’éducation à l’environnement, le concept de classe de ville est mis en œuvre dans plusieurs organismes, encouragé par la Délégation interministérielle à la ville (DIV) en 1999, mutualisé et enrichi au sein du Réseau Citéphile.

Les objectifs d’une classe de ville > Élargir le regard du public sur son environnement local, susciter le questionnement pour comprendre son fonctionnement et participer à son amélioration > Sensibiliser aux différentes dimensions de la vie sociale pour s’identifier et s’impliquer dans la recherche de solutions > Se faire une opinion sur sa propre ville > Être acteur de sa ville

82 /« Écoutez la ville ! » / APIEU


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Les étapes d’une classe de ville Etape du projet

Activités des élèves

Activités de l’équipe enseignant/animateur

Présentation

Concernation. Appropriation de la démarche. Précision du but à atteindre.

Préparation en équipe, démarche, thème général, durée, suivi, budget. Présentation de la démarche : méthode, cadre, durée...

Représentation

Expression et partage.

Proposition d’un cadre, d’un outil. Facilitation de l’expression de chacun. Validation sans jugement.

Immersion

Mise en éveil, les sens aux aguets. S’ouvrir. S’interroger.

Proposer des activités de découvertes, des déclencheurs pour motiver et susciter des questions. Ne pas répondre aux questions.

Emergence des groupes

Formuler des questions. Choisir un sujet. Problématiser le sujet. Identifier et planifier les tâches à accomplir, les ressources.

Proposer des critères. Aider aux décisions. Valider ou invalider des projets non faisables.

Les ateliers de recherche

Confronter ses idées. Prendre des responsabilités. Rechercher des documents. Effectuer des rencontres. Trier et sélectionner les informations. Approfondir par une expérimentation. Rédiger.

Faire des propositions. Encadrer d’éventuelles sorties. Apporter une aide technique. Aider à comprendre. Être disponible.

Agir et participer

Préparer et réaliser une action concrète.

Apporter une aide technique. Être disponible.

Transmettre les découvertes

Présenter son travail. Socialiser.

Valoriser la production des groupes.

Évaluer

S’auto-évaluer : le produit, la démarche, le travail en équipe. Se donner d’autres objectifs.

Évaluer la démarche, la production, la participation. Évaluer l’équipe pédagogique.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 83


Un exemple de classe de ville sonore La mise en place de la démarche « classe de ville » peut s’appliquer à la découverte de l’environnement sonore. Si la méthode est identique, quelques adaptations sont nécessaires pour : recueillir des représentations d’ordre auditif, proposer des activités d’immersion et de découverte de l’environnement sonore et donner des pistes de recherche sur le thème.

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Connaître les représentations

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Les fiches d’activités pédagogiques s’adressent principalement à un public scolaire (à partir 10 ans). Certaines animations peuvent être adaptées pour des enfants plus jeunes ou des adultes. Chacune peut être menée de manière indépendante, toutefois il nous semble préférable de les inscrire dans une progression. Les activités qui suivent sont présentées selon la succession logique d’une classe de ville. Elles portent uniquement sur les phases : représentation, immersion et recherche. ion tat n se

Quelles images sonores avons-nous des lieux que nous parcourons tous les jours ? Comment vivons-nous les sons qui nous entourent ? Dans le quartier, l’école ou la ville, existe-t-il des sons partagés (familiers, singuliers, typiques…) ? Quel vécu sonore commun d’un lieu avons-nous et comment définir ensemble les contours de son identité sonore ?

Activités 1 et 2 (p.85 à 87)

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Un parcours sonore en ville

Cette phase de découverte s’effectue sous forme d’une sortie dans la ville. Il s’agit le temps d’un parcours de susciter le questionnement du public, d’éveiller sa curiosité et de porter un autre regard et une autre écoute de la ville. C’est aussi un moment privilégié pour confronter les représentations de chacun à la réalité et pour partager les différents vécus durant la balade. Les sons peuvent être examinés selon des paramètres descriptifs, selon la perception que l’on en a (psycho acoustique), selon leurs fonctions ou leurs significations (sémiotique et sémantique) et selon leurs qualités émotionnelles (esthétique).

Activités 3 à 18 (p.88 à 108)

e rch e h Des pistes de recherche

Nous écoutons différemment selon les moments de la journée, notre attention auditive est différente selon les événements qui se déroulent et notre état émotionnel. Nos expériences vécues marquent de ses empreintes nos souvenirs. Quelles traces conservons-nous ? Quelle conscience avons-nous du monde sonore qui nous entoure, quelles en sont les amarres ? Les romans qui décrivent la ville, mais aussi les expressions littéraires comme les aphorismes, les dictons, voire les onomatopées s’avèrent d’excellents supports pour découvrir comment s’organisent notre perception et notre rapport au monde sonore.

Activités 18 à 21 (p.109 à 113)

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Une carte postale sonore de son lieu de vie

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Objectifs

> Savoir comment les élèves puis le groupe perçoivent et vivent les sons du quotidien > Connaître le vécu des élèves dans leur quartier (école ou ville) > Déterminer les lieux qui ont du sens pour les élèves > Valoriser le milieu de vie des élèves

Déroulement

Il peut s’agir pour commencer simplement d’effectuer une carte postale sonore de l’école. L’intervenant donne la consigne suivante du type : Consigne principale : « J’aimerais connaître les sons qui vous entourent et que vous entendez dans votre quotidien. Pour cela, je vous demande de dessiner une carte postale sonore de votre quartier (école ou ville). Faites comme si vous aviez à décrire rapidement votre quartier à un étranger en indiquant toutes ses principales particularités sonores ». Consignes de relance : « Tous les sons du quotidien sont à prendre en compte, pensez aux lieux que vous fréquentez, ils possèdent des sons particuliers qui vous marquent (sons familiers, sons typiques, agréables ou pas…) ». « Pour vous aider, pensez par exemple à une journée type avec les principaux trajets que vous effectuez » (un itinéraire de la maison à l’école par exemple). « Pensez à écrire des commentaires sur votre dessin permettant de mieux les comprendre ». À cette étape, le rôle de l’animateur est d’aider les participants à s’exprimer par le dessin, l’écrit ou l’oral. Prolongements de l’activité Comparer les dessins de la classe avec le plan de ville, du quartier ou de l’école. Localiser les lieux les plus fréquemment décrits, définir un trajet en commun, décrire chaque ambiance qui s’y rapporte. Créer un répertoire des sons pour chaque ambiance. Faire une liste des sons familiers, partagés, singuliers, ou typique de lieux. Élaborer une grande carte sonore synthétisant l’ensemble des ambiances retenues collectivement, rédiger une légende. Aller écouter sur le terrain, comparer avec les représentations.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 85


Comment analyser les productions ? Comment parle-t-on spontanément des sons du quotidien ? À ce stade, quelques remarques peuvent être effectuées (1). Trois manières de se représenter la ville .

Un dessin sous forme d’un plan général

Un dessin sous forme d’itinéraire

Cette dernière catégorie semble la plus partagée, en effet la perception de l’espace sonore est souvent évoquée par des situations discontinues. Les transitions entre les espaces sonores retenus par le participant adulte ou enfant sont occultées.

Un ensemble de dessins, présentant des situations partielles et discontinues

Quatre manières de dessiner les sons (2) Un son est rarement décrit pour lui-même. La tendance générale des élèves est de décrire un son par son origine (cf. fig.1) c’est-à-dire en dessinant et en localisant sur le dessin l’objet/source émetteur du son (dessiner par exemple une voiture pour décrire le bruit de la voiture). Les caractéristiques sonores de la source peuvent être alors exprimées soit avec des commentaires sous forme d’onomatopées, soit avec le graphisme de la vibration sonore, soit les deux. Fig.1 : Description d’un

Une majorité d’élèves décrivent des événements sonores se déroulant dans des lieux (cf. fig.2, son par sa source salle de classe, centre de documentation...). Les activités décrites se déroulent à un moment donné. Une dimension temporelle ainsi qu’une représentation de soi peut apparaître. Élaborer une carte sous forme de plan avec parfois une échelle de graduation des intensités sonores (cf. fig. 3). Ce type de dessin est moins utilisé.

Le type de représentation très peu courant (cf. fig.4) révèle une interprétation personnelle de l’ambiance sonore perçue. Ici l’élève différencie la source sonore émettrice du son, de la Fig.2 : Dessiner des sources matière sonore qu’il choisit de représenter. sonores en situation

Des manières différentes de parler des sons « La porte qui claque » L’analyse globale des commentaires des collégiens montre qu’ils emploient majoritairement des NOMS de « source objet » attaché à des VERBES qui marquent un événement. Une explication semble venir du fait que l’individu lorsqu’il cherche à écouter ou à décrire un son, recherche avant tout à la source du son et son origine. La matière sonore n’est analysée que rarement en tant que telle sauf en musique. Une des pistes de travail pour la suite du projet sera d’amener Fig.3 : Dresser une les élèves à écouter et à décrire les sons pour eux-mêmes en les séparant de leur source. cartographie sonore

Le bruit comme une nuisance Les ADJECTIFS majoritairement utilisés s’organisent en deux catégories : les sons forts, bruyants et les sons calmes et silencieux. Cette tendance « naturelle » à classer les sons selon cette dualité se retrouve aussi au niveau des adultes pour qui une représentation immédiate du son c’est le bruit. Le son est avant tout abordé spontanément en ville comme une nuisance. Là aussi une piste de travail consistera à évaluer les espaces sonores dans ce qu’ils ont de positifs et de négatifs. Un lieu jugé calme n’est pas nécessairement silencieux. (1) Les éléments cités sont tirés d’observations effectuées lors d’enquêtes et travaux de recherches menées par le CRESSON (cf. « Aux écoutes de la ville », Amphoux P. et al., IEC, 1991) et l’université de Cergy Pontoise, département génie civil, recherche menée sur la « Qualité des ambiances sonores liées aux usages des établissements d’enseignement », C. Lavandier. (2) D’après l’analyse linguistique des productions verbales et graphiques de 243 6ème (collège de Cergy) décrivant les ambiances sonores de leur établissement entre 2001-2002. Université de Cergy Pontoise (95), département génie civil, MRTE.

86 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

Fig.4 : Des dessins abstraits


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Les mots pour le dire

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Objectifs

> Recueillir les représentations liées aux sons > Enrichir le vocabulaire sur le thème > Favoriser les échanges

Déroulement

Une liste de mots en lien avec le bruit est distribuée. Chacun choisit cinq mots évoquant ce qu’est pour lui le bruit, en élimine cinq sans rapport avec le bruit puis ajoute cinq autres mots de son choix. Cinq mots sont alors choisis parmi les dix. À partir de ces cinq mots, chacun écrit une phrase pour exprimer ce qu’évoque pour lui le bruit. Par groupe de deux à quatre, les participants négocient pour conserver cinq mots au total parmi ceux qui sont retenus par chacun d’eux. L’ensemble des participants échange sur les mots choisis, éliminés...

Pavillon Parasite Paysage Perlé Portugaise Plainte Propagation Retentir Risque Rythme Siffler Siffloter Silence Son Sonner Sonore Sourd Stéréophonie Strident Surdité Tapage Technologique Timbre Tonnerre Transport Ultrason Vibrer Vie Ville Voisin Voisinage Voix Vrombi Esgourde Excitation Explosion Faible Feuille Flûté Fort Fréquence Gémissement Grain Grave Grincement Harmonique Hertz Hurler Isolement Insonore Insonorisé Intensité Klaxonner Malentendant Matière Mélodieux Murmure Musique Mur Naturel Nuisance Obstacle Onde Ouvert Oreille Ouïr Absorber Acouphène Acoustique Agréable Aigu Ambiance Amplification Audition Bourdonnement Brouhaha Bruissement Bruit Bruyant Bulle Campagne Calme Carillonner Chant Chuchoter Chuintement Chut Clair Clarté Cliquette Cloison Cri Décibel Dolby Dormir Écouter Enfermement Entendre Enveloppement

Liste de mots-clefs à propos du bruit

Prolongement Pour élargir leur vision du bruit, l’enseignant propose une discussion autour des mots inconnus de la liste ou qui semblent ne pas avoir leur place. À l’aide d’un dictionnaire, certains mots seront explicités dans leur rapport au bruit.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 87


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Les clefs de la perception

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Objectifs

> Éveiller la curiosité pendant le parcours > Orienter son écoute > Enrichir son vocabulaire sur le son Déroulement

Chaque élève tire au hasard un papier contenu dans une boîte ou une enveloppe. Il devra pendant le parcours écouter pour répondre à une question ou une proposition. En fin de parcours, chacun présente sa clef et la manière dont il y a répondu. La même clef peut être donnée à plusieurs auditeurs.

tu’es ? q s e vou nabul its s du e u t i r n d u . i r es b par our i tint mples ux b s lister. l t a s u f i t u A e is qu es exe atten rcours, l r to s ém in. e e t c a s Être r d Tro a e p Li sibl um nne nt le a o h r s u D esp uver d Je me souviens d’un po orps c r éso ace q un son disparu… le Marc i v her s otr nne, ui son qu n ur de u r e v p s gra ou e av à Trou … e l l viers e rqu is p p , déc vous ra oi rire l ? es br Repérer du mobilier R e lever d uits. e s sons urbain qui sonne, trouver en mas qui q u e . n s t u d g ’ i de belles sonorités. a a u tres. ons r des s e v e l Re e R Lister Combien de sons de cloches so lev e e ns r t com p ent a endus sur le parcours. p co s en f oncti arer les di nt d on du fféren inu es sol. ts bru s. Rel its de eve rd es son s cl Trouver un exemple de Tro air s u . tintouin (bruit fatigant, (so ver vacarme). len ns a des tem igu son en s qu s q t). i se ui suc tinte cèd nt Marcher sur les en t pavés, faire résonner ses pas. Relever des sons graves.

88 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

Donner des exemples de sources mobiles et de sources fixes.

Relever des sons ux ponctuels. bea lus sp . roi urs es t rco ez l pa Cit s du son

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L’analyseur d’ambiance

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haque lieu traversé de par sa forme, ses couleurs, ses odeurs, ses bruits, ce qui s’y passe ou ce qui s’y est passé, produit sur nous une impression. La perception de l’atmosphère qui se dégage d’un lieu (son ambiance) est différente selon l’individu, son état émotionnel, son vécu, son système de valeurs, les normes sociales... Il est intéressant de s’arrêter un instant sur ces impressions premières - dont nous n’avons pas conscience - car elles traduisent l’image que nous avons de la ville. Elles expriment notre appartenance émotionnelle et sociale aux lieux, notre rapport à l’environnement. Quelques recommandations pour créer un parcours : Le parcours peut être construit par l’enseignant à partir des informations recueillies lors des activités 1 et 2. Une variante consiste à ce que ce soit les élèves eux-mêmes qui fassent découvrir au professeur leur quartier. Le groupe crée quelques étapes à présenter lors d’une sortie, celles-ci doivent inclure les lieux retenus collectivement lors de l’activité 1. De son côté, l’enseignant prévoit des activités pour découvrir autrement le quartier. Ces activités peuvent donner lieu à une deuxième sortie.

Objectifs

> Réfléchir à son ressenti et à sa propre perception de la ville > Approfondir son analyse de son environnement

Déroulement

Le groupe arrivant dans un lieu choisi évolue quelques minutes librement, la consigne étant de s’imprégner de l’atmosphère du lieu. Chacun exprime sur une bande de papier en deux ou trois phrases son ressenti par rapport à l’ambiance et explique pourquoi. Les textes sont collectés par l’enseignant sans en parler. Chaque participant a ensuite en main un « analyseur d’ambiance » (cf. p. suivante). Cette grille permet, par des questions, des oppositions sur des observations précises et générales de décrire plus précisément l’atmosphère d’un lieu donnée ou d’un ensemble de lieux reliés les uns aux autres. La grille peut être écourtée selon les besoins de l’enseignant.

Source : Activité adaptée de « l’analyseur d’ambiance » proposée par Michel Bourguet, enseignant, instructeur CEMEA et animateur APIEU, Actes du 1er Carrefour national des praticiens de la sensibilisation et d’éducation à l’environnement urbain, Montpellier, 1992.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 89


L’espace visuel > Les formes sont : hautes [] basses [] élancées, fines [] massives, pleines [] sobres [] travaillées [] > L’organisation spatiale du lieu est : dense (compact, épais, rassemblé) [] aérée [] orientée (selon un axe) [] > La perspective est : [] verticale horizontale [] [] oblique > Les couleurs et la lumière sont : lumineuses[] sombres[] > Le lieu est : coloré [] uniforme[] > Quelle est la couleur dominante ?

Quelle animation donnent-elles au lieu ? lieu de passage [] lieu d’arrêt [] > Destination du lieu (commerce, divertissement...) : > Impression : d’anonymat que les gens se connaissent

[] []

L’espace sonore > Le lieu est : calme [] bruyant [] > Les matériaux du sol (dalle, bitume, pavés...) :

L’espace odorant

> Degrés d’exposition aux bruits de transports : fluctuant[] protégé [] exposé [] > Activités sonores : importantes[] faibles[] > Les gens se parlent-ils ? peu d’échanges sonores [] échanges sonores nombreux [] > Localisation des sons : difficile[] aisée[] > Est-ce que je peux entendre loin ? oui[] non[] > Le bruit de fond est : faible[] important[] > Prédominance des sons d’origine : technologique[] animale [] humaine[]

Impressions globales > J’aime : bien[] > L’endroit est : propre [] stressant[] autre :

90 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

d’ambiance

L’analyseur

L’organisation sociale > S’il y a des gens, ce sont plutôt des : enfants [] jeunes [] adultes [] personnes âgées [] > Ils sont : statiques [] actifs [] Les déplacements sont : lents [] rapides [] > Activités dominantes :

> Les odeurs sont : nettes [] imperceptibles [] agréables[] désagréables [] autres :

L’espace tactile On peut toucher ! > C’est un endroit plutôt : rugueux [] lisse [] friable [] compact[] autre :

Pour résumer

pas du tout[] je suis indifférent[]

> Nom du lieu : > Un adjectif qui qualifierait l’ambiance générale de ce lieu :

sale gai

> Une couleur que j’ai envie de lui associer :

[] []

calme triste

[] []


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Des sons dans les doigts

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es bruits de la ville sont souvent vécus négativement. Une posture courante d’écoute consiste à rechercher d’où proviennent les sons : à entendre ce que l’on voit (j’entends une voiture, je cherche spontanément à la localiser). Les sons peuvent être perçu autrement, pour eux-mêmes, comme autant de sons qui parlent, à partir desquels chacun peut s’exprimer selon son ressenti.

Objectifs

> Écouter les sons pour eux-mêmes > Être attentif à la façon dont les sons sont reçus et aux sentiments qu’ils provoquent > Représenter un son autrement que par les mots, matérialiser les sons

Déroulement

Proposer un lieu où un certain silence intérieur peut être trouvé ou au contraire un lieu intense d’activité. Distribuer des bandeaux et une boule de glaise ou de pâte à modeler qui tient dans la main. L’enseignant guide le groupe de la voix pour le mettre en condition de réceptivité, tout en malaxant la boule pour l’échauffer. Il invite chacun à écouter puis à imprimer dans la glaise un seul bruit choisi. Remarque : certains chercheront à matérialiser la source sonore (sculpter un oiseau pour représenter l’oiseau entendu), d’autres la matière sonore (imprimer le chant de l’oiseau) et d’autres à rendre compte d’un ensemble de sources sonores de même nature (un ensemble de chants d’oiseaux). Insister sur ces différences de perception. La rumeur ou le bruit de fond du lieu est souvent occultée par le groupe qui ne l’entend plus. Variante : Manipuler la glaise et imprimer non plus un seul bruit, mais l’ensemble des bruits environnants, être attentif à la façon dont ils sont reçus et aux sentiments qu’ils procurent. Ôter les bandeaux, présenter aux autres le résultat et exprimer ce qui a été vécu. Prolongement Créer des binômes, l’un des deux a les yeux bandés. Celui qui voit guide son partenaire (l’auditeur). Tous se rendent vers une destination non connue des auditeurs. Chaque binôme se répartit dans l’espace. Les descriptions, impressions et commentaires sur les sons entendus et l’image qu’ils se font du lieu, sont collectés par écrit, ou enregistrés par les guides (lecteur enregistreur mp3, téléphone portable enregistreur…). Une fois les bandeaux retirés, relever de la même manière les commentaires.

(1) Adaptée de l’activité « Des sons dans les doigts » par l’Institut d’éco-pédagogie de Liège. « Écoutez la ville ! » / APIEU / 91


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Pratiquez les rythmes sonores de la ville

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es sons nous permettent de percevoir le temps, de lui donner une mesure. L’activité qui suit propose de repérer les sons qui se répètent et qui créent des rythmes sonores. Écouter par exemple le pas ferme et cadencé d’un passant qui résonne sur le pavé, ou le rythme des ouvertures et fermetures de portes automatiques, les passages de voitures... Objectifs

> Découvrir une dimension importante du son : le temps > Découvrir et pratiquer la notion de rythme sonore > Apprendre à écouter les sons pour eux-mêmes en les détachant de leur source Déroulement

Lire individuellement puis commenter ensemble le texte ci-dessous. Le groupe évoque des situations où les sons se répètent en rythme. Proposer à chacun d’écrire un témoignage sonore pour un lieu ou un trajet choisi dans la ville. Les participants peuvent s’inspirer de la liste de mots sur les bruits (cf. p.113) pour décrire les sons.

92 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

(1) Mémoire ENSCI, Les ateliers, Paris 1998.

« Nous sommes le voyageur qui, pour la première fois, prend une rame de la ligne 2 direction Porte Dauphine, à Philippe Auguste. L’agressivité des portes d’accès ne produit pas en soi un bruit inintéressant. Au contraire, il retient l’attention par le claquement aigu et clair du battant, sa répétition nous rassure. Sur le quai, l’arrivée de la rame contraste un instant avec le calme qui règne là au point que l’on s’étonne de la longueur du tunnel à ce moment silencieux. L’annonce enregistrée, le signal synthétique, voix de femme et réannonce du conducteur, tout cela est indistinct et relativement discret dans le temps. Au sein de la rame, il est difficile de parler si on ne se fait pas face, cette dame n’en peut plus de s’égosiller pour se faire entendre par son fils confortablement assis derrière elle. Si on n’adapte pas la cadence de sa voix et de ses paroles au bruit du roulement on ne s’entend pas. La rame a son rythme, c’est « le chemin de fer ». Ce n’est pas désagréable. Cela sifflote de façon périodique. Alors on se tait. Arrêt sur le quai à La Chapelle. Passage à l’extérieur. La rumeur urbaine subitement est fortement présente. Comme un souffle rythmé de brouhaha superposé […] La réflexion sans fin des couloirs, réflexion d’échos sur les murs. Retour à l’air libre. Le chant des oiseaux dans les arbres au même niveau que le quai… Plein de rythmes sonores ont jalonné le parcours. Il y a eu des rythmes de froissements. Des froissements de journaux, de bonbons, de vêtements, de tickets, de sacs, de blousons, d’agenda. Il y a eu des chutes aussi […] C’était un de ces jours bizarre, où tout ce qui se froisse, tombe. Il y a eu des mélodies de voies aussi. Des grosses et des petites, des mots. Des gros mots. Des langages. » Par Serge Mouangue (1)

Prolongements Inviter les participants à s’exercer à la pratique des rythmes sonores dans leur vie de tous les jours, leur proposer de faire un retour sur leurs expériences. Voici quelques jeux à faire seul ou à deux : - Imiter des sons : marcher dans les pas d’une personne, la suivre discrètement en se calquant sur son rythme en cherchant à reproduire les mêmes sonorités. Inverser ensuite le rythme, créer un contretemps. - Répéter des sons pour créer un rythme : dans une file d’attente quand une personne tousse, tousser avec un léger décalage ; quand votre voisin s’apprête à descendre de la rame de métro, rabattre son strapontin de la même manière, froisser un papier, se moucher, actionner un zip, jouer avec le velcro de sa veste, le cliquetis d’un stylo-bille... - Frapper, frotter, tapoter le mobilier urbain (une rampe d’escalier, une plaque d’égout…), chercher à créer un rythme.


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Dessine-moi un son

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uel bruit fait le papier que l’on froisse, comment dessiner son bruit. Nous écoutons les sons en permanence, pourtant il nous est difficile de les imiter ou de les décrire par les mots ou le dessin. Objectifs

> Exercer son écoute > Savoir décrire de manière plus fine les sons > Représenter par le dessin un son

Déroulement

L’activité propose de choisir et d’étudier un seul événement sonore pour un lieu donné. L’événement sonore choisi peut être : - Un son qui se répète : des aboiements, des cloches qui sonnent midi, le chant d’un oiseau, une voiture qui démarre… - Un son qui dure : le ronronnement d’un bus à l’arrêt, ou d’un climatiseur… - Un son qui ne se produit qu’une fois : un cri. - Un ensemble de sons de même nature : les oiseaux dans les arbres, la rumeur de la foule, le bruit d’une route circulée, un bruit de fond… Il vaut mieux pour un premier exercice privilégier des sources sonores immobiles ou très peu mobiles. En préalable, l’accompagnateur sélectionne un lieu où les sons sont de natures diverses, multiples et isolables (facilité à les distinguer). La fiche quelques questions à se poser pour décrire un son (cf. p. suivante) est présentée, un son est décrit en commun. Chaque élève choisit un point d’écoute et sans se déplacer sélectionne un son puis répond aux questions. Chacun complète ensuite la fiche dessine-moi un son (cf. p. suivante, un exemple est proposé). Mise en commun.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 93


Exemples Quelques questions à se poser pour décrire un son

Dessine-moi un son

Description du contexte : Noter la date, le lieu, l’heure. Estimer la distance de l’événement sonore par rapport à soi. La perception du son est-elle nette, médiocre ou bonne ? Le son étudié se détache-t-il clairement des autres sons ou bien est-il difficilement perceptible ? Globalement comment le niveau sonore de l’événement est-il perçu par rapport au reste ? Est-il fort ou faible ? Le son est-il plutôt aigu ou grave ?

La grande place Heure : 10 heures Date : 22/06

Lieu : Descriptif de l’action :

Un tramway à l’approche Descriptif du son étudié :

Le crissement des roues sur le rail allant crescendo, car le tramway freine Dessiner les variations du son dans le temps. Début Durée :

Description de l’événement sonore dans le temps : Est-ce un événement bref, long, qui se répète ? Le son débute-t-il de manière abrupte ou progressive ? La chute du son est-elle rapide ou progressive ? Est-ce que le son varie dans le temps ?

Brève

Fin longue

continue

chant de tourterelle

un chien qui aboie

Dessine-moi un son Lieu :

Heure :

Date :

Descriptif de l’action :

Descriptif du son étudié :

Dessiner les variations du son dans le temps

Durée :

94 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

brève

Fin longue

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APIEU 2006

Début


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La cible sonore

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otre oreille nous aide à nous repérer dans l’espace. En localisant les sources sonores, nous percevons la physionomie d’un lieu et son étendue dans laquelle nous nous situons. Il est donc important pour nous repérer que l’espace sonore soit lisible pour l’auditeur.

Objectifs

> Localiser dans l’espace les sons > Savoir représenter les sons dans l’espace > Distinguer les sources sonores actives et passives (cf. p.57) Déroulement

À l’arrivée dans un lieu, les élèves se répartissent dans l’espace, choisissent un point d’écoute et s’assoient. Chacun marque au centre d’une feuille blanche son point d’écoute. Pendant trois minutes et sans regarder autour de soi, les élèves localisent les sons entendus sur la feuille. Chaque son doit être placé selon la distance approximative qui le sépare du point d’écoute. La source sonore est nommée si elle est identifiée sans avoir recours à la vue. Des codes graphiques peuvent être imaginés par les élèves pour décrire et représenter les caractéristiques des sons (un son qui se déplace, un son faible, un son ponctuel, continu, un son inconnu…). Mise en commun des cibles et discussion sur les sons collectés.

Point d’écoute « Écoutez la ville ! » / APIEU / 95


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Prendre un bain de foule

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a foule est un phénomène caractéristique des villes : les gens se rassemblent pour échanger, se détendre, commercer... Sur le plan sonore, cela se traduit par un brouhaha, un bruit de fond permanent que l’on a du mal à identifier (cf. p.23 et p.26).

Objectifs

> Saisir la différence entre ouïr et entendre et écouter > Porter son écoute sur des sons que l’on occulte par habitude > Illustrer la notion de bruit de fond

Déroulement

Repérer avec le groupe des lieux de foules (sortie métro, grande place, rue commerçante...) En dresser la liste et identifier les raisons de tant d’affluence. Se rendre sur les lieux sélectionnés. Chacun décide d’un parcours aller et retour dans la foule puis s’immerge dans le flux humain (remonter en sens inverse, en marchant vite, en zigzaguant…). Recueil individuel par écrit des premières impressions, mise en commun. Observer le degrés de densité humaine, les trajets individuels, le mouvement général et son sens : s’il y en a un majoritaire, la particularité de l’ambiance sonore (cf. p.89). Constater que le brouhaha de la foule est ordinairement occulté, qu’il est difficile d’écouter à la fois le fond sonore (le brouhaha) et des sons en particuliers. Seules des bribes de conversations sont audibles. En sous-groupes, dresser une liste des bribes de conversation saisies à la volée, s’échanger des phrases d’inconnus ou de conversations prises çà et là. Imaginez que toutes les conversations soient audibles par tous, il n’y aurait plus d’intimité des individus et d’anonymat des conversations ! Le bruit de fond peut avoir une utilité : il permet de préserver une certaine intimité dans des lieux publics très fréquentés. Qu’en est-il dans les lieux plus calme où le bruit de fond est faible ? Nos pratiques sonores sont-elles différentes ? Prolongement De retour en classe, réunir toutes les bribes de conversations, les comparer avec celles saisies dans d’autres lieux.

96 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

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L’oreille vagabonde

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ême si nos oreilles n’ont pas de paupières, nous n’entendons pas de la même manière tout au long de la journée. Il existe une différence entre ouïr, entendre et écouter (cf. p.23). Notre écoute est souvent flottante : elle vagabonde. Elle s’éveille à certains sons et en occulte d’autres. Nous n’avons pas la même perception sonore de notre environnement. Objectifs

> Faire la différence entre ouïr, entendre et écouter (cf. p.23) > Décrire des sons entendus, les classer > Découvrir des paramètres liés aux sons

Déroulement

Chaque élève choisit un endroit où il pourra écouter confortablement (un banc, par terre, adossé à un mur…) et prendre des notes. L’enseignant propose une consigne d’écoute en insistant sur les points suivants : - Solliciter un minimum la vue : garder le regard flou en direction de sa feuille - Laisser vagabonder son attention auditive, laisser les sons venir à soi - Comme la trotteuse d’une montre, noter par ordre d’arrivée les sons entendus sur le cercle en partant du point t=0 - Le but n’est pas de noter un maximum de sons - L’exercice d’écoute prend fin quand le cercle est rempli complètement. Remarque : Les sons collectés peuvent être décrit de plusieurs manières sur la fiche. Chaque élève met au point un code graphique pour faire apparaître des informations supplémentaires qu’il juge intéressantes. Voici quelques idées : - Compléter chaque son noté par une description brève du son (le crissement d’un pneu). - La durée : différencier les sons ponctuels, longs, qui se répètent (par exemple faire un trait le temps que dure le son). - Faire apparaître les variations des sons dans le temps Prolongement Comparer les écoutes... Relire la fiche est annoter les sons familiers, les sons typiques qui signent le lieu... Classer les sons selon qu’ils sont d’origine naturelle, humaine ou technologique.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 97


11 Lire la ville en négatif

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otre œil se pose sur les façades et les bâtiments, c’est-à-dire les pleins de la matière. Les rues, les places, etc. sont les espaces vides dans lesquels les sons évoluent. Notre attention devrait porter davantage sur ces vides car de leurs qualités dépendent la perception et l’appréciation de celle-ci (cf. p.43).

Objectifs

> Apprécier le caractère ouvert ou fermé des formes urbaines > Observer différemment la ville > Découvrir des phénomènes de propagation des sons (la réflexion des sons, la réverbération... cf. p.59)

Déroulement

L’enseignant sélectionne et prend en photo des paysages urbains offrant différents points de vue de la ville : un quartier composé de rues étroites (en général le quartier ancien), une place publique intégrée dans un quartier récent. Des portions d’espaces urbains peuvent aussi être photographiés : un passage couvert, une rue sous arcades, une ruelle fortement coudée, une impasse… Chaque élève dessine la silhouette du lieu et colorie les espaces vides. Une variante consiste à colorier des photographies photocopiées en A3, ou encore les espaces vides sur un plan du quartier. Par petits groupes, les élèves réalisent des écoutes en différents points des espaces pour identifier comment les formes peuvent avoir une incidence sur le trajet des sons. L’enseignant veille à favoriser les écoutes et l’expression des différences de perception et d’interprétation. Prolongement Les élèves partent à la recherche d’espaces vides qui les accrochent. Comparer ces lieux avec les endroits que les élèves aiment fréquenter ou fuir ? Quelles sont leurs qualités sonores en lien avec le bâti, qui favorisent tel ou tel climat recherché ?

98 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

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À l’écoute du bruissement des corps

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ans les lieux calmes en ville, le silence n’existe pas. Dans une classe, une salle d’attente, un abribus, un ascenseur, un musée ou certains lieux publics, le bruit de fond y est moindre. Les mouvements du corps se font entendre. Le son donne une mesure au temps (activité p.92), il permet aussi de percevoir l’humeur des gens. Dans une classe, le professeur peut ressentir l’état d’attention des élèves aux bruissements des corps.

Objectifs

> Exercer son écoute, écouter les sons pour eux-mêmes > Repérer et décrire les bruissements des individus qui habitent un espace sonore > Repérer, écouter et comparer des lieux publics calmes > Comprendre qu’un auditeur est récepteur mais aussi producteur de sons

Déroulement

Évoquer et lister avec le groupe les lieux et endroits où l’on peut entendre le mieux les bruissements des individus, c’est-à-dire le bruit des corps. Se rendre dans deux ou trois lieux choisis, écouter les différents sons produits par les corps (expression orale et corporelle). Lister les sons produits en décrivant avec un vocabulaire précis chaque son entendu, s’aider de la liste de mots fournie (cf. p.113). L’enseignant précise aux élèves de ne pas se contenter de nommer uniquement les sources sonores, mais de s’attacher à décrire la matière sonore, c’est-à-dire les sons produits en les détachant des sources qui les émettent. Le recours à des analogies peut être utile pour décrire les bruits. Comparer ensuite les différentes situations étudiées.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 99


13 Compte-rendu sonore d’un trajet en tramway

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n tramway, en bus, en métro, qu’entendons-nous de la ville ? Au bruit continu des rames viennent s’ajouter, s’entrelacer, se mélanger d’autres sons différents qui émergent de temps à autre. Ces sons sont brefs, intenses, longs ou se répètent en rythme… Comment les décrire ? Dans notre écoute quotidienne, un son n’existe jamais seul, il est entendu avec les autres en rapport à un bruit de fond ambiant.

Objectifs

> Décrire des ambiances sonores > Découvrir la notion de bruit de fond et d’émergence sonore > Savoir écouter les sons en les reliant les uns aux autres

Déroulement

Lors d’un trajet en tramway, proposer aux élèves de réaliser un compte-rendu des sons entendus. Entre deux stations, chaque élève place les sons entendus par rapport à un son référent continu : le bruit du tramway ou du métro. Une légende des sons est proposée ci-dessous, celle-ci peut être testée, discutée et améliorée par les élèves. L’environnement sonore est composé de sons qui n’ont pas le même statut. Il existe bien souvent un bruit de fond continu, un tapis sonore à partir duquel se détachent et se tissent des sons dits émergents.

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Le concert des oiseaux

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e manière générale, les oiseaux chantent pour deux raisons : trouver un partenaire sexuel et marquer un territoire. Mais ils crient le plus souvent, pour se localiser, pour informer d’un danger, pour accompagner des comportements alimentaires...

Objectifs

> Exercer son écoute > Appréhender la diversité des chants et des cris d’oiseaux > S’initier à l’identification des espèces par leurs chants et leurs cris

Déroulement

Suivant la saison et l’espace vert choisi, il est possible d’entendre chanter ou crier de nombreuses espèces. Ainsi, on peut proposer au groupe de faire silence et d’écouter les yeux fermés pendant quelques minutes ; le but est d’essayer de localiser dans l’espace les individus chanteurs et de différencier les chants ou les cris des espèces présentes. Après une mise en commun des impressions, inviter les participants à former une ronde. Chacun d’entre eux reçoit alors une carte illustrée (cf. p. suivante) avec un nom d’oiseau et son cri habituel (toutes les cartes sont en double). Il doit la garder secrète. Au signal, tous les participants imitent le cri de leur oiseau en même temps. Le but est de retrouver son double dans la ronde. Il est conseillé de choisir des espèces au chant et au cri facile à imiter (coucou, canard, corbeau...). Apporter enfin des connaissances sur la fonction biologique du chant chez les animaux (1), sur leur morphologie, la diversité des chants produit, l’identification...

Pour plus d’informations, voir l’ouvrage « Le chant des oiseaux », Bossus A. et Charon F., Éd. Sang de la terre, 1998. « Écoutez la ville ! » / APIEU / 101


Le concert des oiseaux (à photocopier en double)

Dessins extraits des « Oiseaux d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient », Lars Jonsson, Nathan, 1994.

102 /« Écoutez la ville ! » / APIEU


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À chacun sa bulle

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érer le bruit en ville, c’est s’occuper des problèmes de partage de l’espace urbain. Les activités sonores doivent cohabiter et faire bon ménage. Chaque espace sonore comporte des limites invisibles que l’on appelle bulles sonores. Chercher un équilibre des sons dans la ville, c’est chercher à donner sa place à chaque bulle en évitant qu’elles se chevauchent (cf. chap. 2 À chacun sa bulle p.51).

Objectifs

> Observer comment les espaces sonores cohabitent > Prendre conscience de son rôle d’acteur sonore dans la ville > Décrire les composantes d’un environnement sonore

Déroulement

Cette activité réalisée plusieurs fois durant le parcours permet d’effectuer des comparaisons. À chaque fois, les élèves par deux choisissent un point d’écoute et répondent au questionnaire de la fiche descriptive p. suivante. Prolongement Voir activité « Évaluer la qualité d’un espace public ».

Un bruit de fond masque les bruits et limite les sons émergents. Il est gênant s’il masque un son utile, empêche toute écoute, toute conversation. Il est utile s’il masque un bruit beaucoup moins agréable, préserve l’intimité d’une conversation, isole du bruit de voisinage.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 103


Fiche descriptive

d’un environnement sonore Inventaire des sources sonores durant 2 minutes

Le bruit de fond Lister les sons permanents qui composent le bruit de fond.

Les sons émergents (les signaux)

Évaluer le rapport entre le bruit de fond et les signaux

Lister les sons émergents qui se détachent à certains moments du fond sonore.

J’entends mes propres bruits (vêtements, respiration, pas) : oui [] non []

Existe-t-il des sons dominants qui en masquent d’autres ? Lesquels ?

Évaluer la lisibilité sonore du lieu

Évaluer la perspective sonore

À quelle distance se trouvent les sources sonores reconnaissables à l’oreille ? Les lister :

Est-ce que je peux entendre loin ? Estimer la distance : Combien de plans sonores ?

Date : 104 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

Heure :

Nom du lieu :

APIEU 2006

À quelle distance maximale les paroles d’un autre piéton sont-elles intelligibles ?


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Évaluer la qualité d’un espace public

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l est possible d’avoir une approche quantitative du bruit sans avoir recours à des mesures par sonomètre. La distance d’intelligibilité de la parole est un des critères d’appréciation de qualité des espaces publics. Il est possible d’évaluer le niveau de bruit de fond d’un lieu en mesurant à quelle distance maximale deux personnes peuvent converser sans qu’il soit nécessaire de hausser la voix. Objectifs

> Découvrir la notion de distance d’intelligibilité de la parole > Savoir qualifier un espace sonore > Connaître la notion de bruit de fond Déroulement

Se rendre dans un lieu où le bruit de fond est relativement continu par exemple au bord d’une rue circulée. Les élèves se mettent par deux. Chaque binôme a en main un texte pris au hasard (un extrait d’un roman par exemple) et choisit un endroit dans le lieu à évaluer. Le binôme se sépare de 30 pas soit environ 30 mètres. La lecture commence à voix normale, l’autre élève se rapproche du lecteur jusqu’à comprendre (et pas seulement entendre) le texte lu. La distance qui les sépare est alors estimée en nombre de pas. Chaque binôme recherche à quel niveau de bruit de fond (exprimé en dB(A)) correspond la distance d’intelligibilité trouvée (voir tableau proposé ci-dessous). Remarques La perception d’un passant n’est pas la même que celle d’un résident. La distance d’intelligibilité dépend du bruit ambiant. D’autres paramètres sont à prendre en compte comme la physionomie du lieu (ouvert, dense…), le type de sol, les réflexions sonores sur les façades et les activités qui s’y déroulent.

60 m 20 m 30 dB(A)

30 m 10 m 40 dB(A)

20 m 7m 45 dB(A)

15 m 5m 50 dB(A)

10 m 3,5 m 55 dB(A)

8m 2m 60 dB(A)

6m 1m 65 dB(A)

4m 0,5 m 70 dB(A)

2m 0,3 m 75 dB(A)

Inintelligible Niveau de bruit de fond Intelligible

Distances très approximatives d’intelligibilité de la parole (voix d’homme normale) en site dégagé et hauteur de piéton

Le piéton entend un mélange entre le bruit de fond et ses propres émissions sonores (pas, respiration, paroles…). Plus le bruit de fond est élevé, moins il s’entend exister. Un bruit de fond faible le renvoie au contraire à lui-même, ce qui peut être source d’angoisse dans une ruelle vide la nuit ou dans un passage souterrain.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 105


17 Repérer des effets sonores en se déplaçant

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omprendre la ville, c’est comprendre comment les lieux s’articulent entre eux, comment les espaces sont délimités. Ces espaces impliquent des usages et des comportements différents. Chaque trajet peut être décomposé en une suite de lieux, d’ambiances dans lesquels nous entrons et sortons. Il existe des transitions entre ces espaces. Comment percevons-nous ces changements au niveau sonore ? Qu’est-ce qui distingue ces ambiances sonores les unes des autres ? Objectifs

> Prendre conscience de la relation entre les sons et le cadre bâti > Savoir comment l’auditeur perçoit les transitions entre espaces sonores > Découvrir les phénomènes physiques de propagation du son dans l’espace (cf. p.59) > Exercer une écoute fine

Déroulement

En salle : définir un trajet dans le quartier fréquenté et connu des élèves (choisir un trajet non exposé au bruit en continu). Dénombrer avec les élèves, le nombre d’ambiances sonores qu’ils pensent traverser durant ce trajet. Chercher ce qui les distingue les unes des autres (s’inspirer de l’activité 3 : l’analyseur d’ambiance, cf. p.89). Questionner les élèves sur les sons qu’ils pourraient entendre durant le trajet. Décrire chaque ambiance le plus précisément possible. Se rendre sur les lieux, effectuer le trajet ou une portion du trajet en silence puis distribuer le questionnaire p. suivante. Pour y répondre les élèves sont invités à se mettre par deux et à refaire le parcours comme ils l’entendent pour tester comment les sons réagissent en fonction du bâti, selon le point d’écoute de l’auditeur, de son déplacement, du nombre de sources et de leur positionnement dans l’espace. Les formes construites (murs, porches, angles de rue, mobilier urbain) sont des obstacles qui modifient les trajets des sons dans la ville. Si l’on ajoute à cela le fait que le piéton est rarement statique mais écoute la ville en se déplaçant, cela modifie le caractère des sons. La perception d’un son dépend de l’espace de propagation des sons (le cadre bâti), de l’auditeur (de sa position statique ou mobile, de son état d’attention), du nombre de sources sonores et de leur positionnement.

Cette activité s’inspire de fiches d’entretiens réalisées par le CRESSON auprès des usagers du centre de Grenoble. Testologie architecturale des effets sonores, J.P. Odion, CRESSON, 1996, annexes 4.2.

106 /« Écoutez la ville ! » / APIEU

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Vous venez d’effectuer un trajet en écoutant librement les sons.

Fiche

Combien avez-vous repéré d’ambiances sonores ? Sur une feuille à part, dessinez brièvement le trajet sous forme de plan en distinguant les ambiances repérées.

d’écoute

Avez-vous eu l’impression d’avoir traversé différentes ambiances sonores ? [] non [] oui

En refaisant à nouveau le trajet à votre rythme, répondez aux points suivants :

Les transitions sonores - Cherchez des éléments qui permettent de distinguer les ambiances sonores. Pour cela tentez de repérer sur le trajet, les points d’écoute où s’effectuent des changements d’ambiances sonores. - Localisez sur le dessin les limites (transitions) ainsi repérées. Effet de coupure sonore - Allez repérer un ou des lieux sur le trajet où les sons disparaissent brutalement. - Repérez ensuite des lieux où ils surgissent brutalement. - Notez ces endroits sur votre dessin. Effet de réverbération - Allez repérer dans le parcours au moins un lieu qui résonne, qui est réverbérant comme dans une église. - Repérez au contraire des endroits qui sont sourds, absorbants, mats. - Localisez ces lieux sur votre dessin Effet de masque - Allez repérer un endroit où des sons empêchent d’entendre d’autres sons (par exemple la parole d’un autre piéton). Repérez ensuite la limite à partir de laquelle on entend mieux. Notez ce lieu sur votre plan. - Repérez un ou des lieux où l’on entend bien : les sons ne se gênent pas et où l’on n’a pas de mal à se parler. Reportez ces lieux sur le dessin. Effet de foule - Repérez et localisez sur votre plan un lieu où les sons se mélangent et se confondent comme dans un hall de gare ou un marché. Effet de filtrage - Tentez de repérer des lieux où les sons se transforment et se déforment (par exemple lorsque l’on ferme une fenêtre, les sons de la rue sont filtrés). - Notez les lieux sur votre plan. Effet de brouillard sonore Avez-vous repéré des endroits où vous ne savez pas d’où viennent les sons ? Les noter sur le plan.

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 107


18 Il est cinq heures, la ville s’éveille !

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e rch e h

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e récit ci-dessous est une sorte de compte-rendu d’impressions retraçant la vie de Lisbonne qui s’éveille au petit matin.

Objectifs

> Analyser comment l’auteur évoque les sons et la rumeur de la ville de Lisbonne qui s’éveille > Prendre conscience que notre oreille n’est pas constamment attentive aux sons > Faire la différence entre ouïr et avoir conscience d’entendre Déroulement

Chaque élève lit attentivement et une seule fois l’extrait ci-dessous tiré d’un roman de Fernando Pessoa (2). Recueillir les premières impressions : chacun raconte à l’oral ce qu’il a lu. Le texte est ensuite analysé dans sa dimension sonore. Quelques exemples de questions : Quel est le sens le plus sollicité dans cet extrait ? Lister les noms, verbes et adjectifs s’y rapportant. L’ouïe est le sens le moins cité ; à quel moment dans le texte est-il évoqué par le narrateur, pourquoi ? Le narrateur contemplant la ville mobilise surtout son oeil, pourtant certains mots donnent à entendre les sons. Lesquels ? Commentaire : La ville s’éveille en même temps que la conscience du narrateur. En tant qu’auditeur, il ne prend conscience que tardivement et « brusquement » de l’éveil sonore de la ville. Ce n’est que lorsque le silence de la ville encore endormie n’est plus, que le silence rappelle à sa conscience auditive. Il existe un décalage entre la description progressive de la ville qui s’active et la prise de conscience sonore par le narrateur. Dans la vie de tous les jours notre écoute est flottante, notre oreille devient attentive lorsque l’environnement sonore subit une modification. Par exemple l’arrêt d’un ordinateur dans une ambiance calme de bureau conduit à un changement momentané de l’attention auditive : il y a un avant et un après. La perception consciente des sons est préalable à la mise en mot. Prolongement Proposer à chacun d’écrire un texte pour raconter aux autres comment de la fenêtre de sa chambre son quartier se réveille. Variante : Écrire sur un lieu ou un événement qui se déroule à un moment donné de la journée. Décrire un lieu à trois moments différents de la journée.

« Dans la brume légère de ce matin d’avant-printemps, la Ville Basse se réveille, encore engourdie, et le soleil se lève avec une sorte de lenteur. Il règne une gaieté paisible dans cet air où l’on sent encore une moitié de froid, et la vie au souffle léger de la brise qui n’existe pas, frissonne vaguement du froid qui est déjà passé – au souvenir du froid plus que du froid en soi, et par comparaison avec l’été proche plus qu’en raison du temps qu’il fait. Les boutiques ne sont pas encore ouvertes, sauf les petits cafés et les bistrots, mais ce repos n’est point torpeur, comme celui du dimanche ; il est simplement repos. Un blond vestige flotte en avant-garde dans l’air peu à peu révélé, et l’azur rosit à travers la brume qui s’effiloche. Un début de mouvement s’amenuise par les rues, on voit se détacher l’isolement de chaque piéton, et aux rares fenêtres ouvertes, tout là-haut, quelques lève-tôt surgissent aussi, fantomatiques. Les trams, à mihauteur, tracent leur sillon mobile, jaune et numéroté. Et de minute en minute, de façon sensible, les rues se désertifient (…) Je m’aperçois brusquement que le bruit est beaucoup plus fort, que beaucoup de monde existe ». Le livre de l’intranquilité, Fernando Pessoa.

(1) L’activité qui suit est inspirée d’une étude des différents silences urbains dans le roman contemporain menée par le sociologue Jean Paul Thibaud. Au seuil de l’audible, Tome 1, Expression littéraire du silence, CRESSON, 1996. (2) Le livre de l’intranquilité, Fernando Pessoa, Christian Bourgois, 1988.

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Il n’y a pas un mais des silences

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e silence est-ce l’absence de bruit ? L’opposition entre le silence et le bruit est courante, pourtant nous cherchons moins le silence (c’est-à-dire l’absence de sons) que le calme. Lutter contre l’excès de bruit n’équivaut pas forcément à lutter pour le silence.

Objectifs

Retenue

Mutisme Tranquilité Calme

> Mettre à jour l’opposition dualiste qui existe dans notre imaginaire collectif entre le bruit et le silence > Découvrir à travers l’étude de proverbes et d’expressions les différents sens donnés au silence

Absence

Déroulement

Mort Solitude

Le silence est souvent opposé au bruit : Consigne : demander en trois mots aux élèves, ce que la notion de silence évoque chez eux. Idem pour le bruit. Mise en commun, discussion. Constat : le silence est jugé positivement par rapport au second. Le silence s’oppose au bruit (ex : le silence de la campagne opposé aux bruits de la ville).

Réserve

Retraite

Découvrir qu’il n’existe pas un silence mais des silences : Distribuer une copie de la liste des proverbes et expressions du silence. Demander aux élèves de relier l’expression à sa définition. Mise en commun Expliquer les différentes symboliques du silence et son utilisation dans la vie quotidienne (cf. p.110). Proposer de compléter la liste par de nouvelles expressions

Contemplation

Discrétion Prudence

Prolongement 1) Photographier les silences de la ville. Un silence qui suit un bruit brusque (« le silence se fait »). Un silence avant un bruit (« le silence avant la tempête »). Un silence nocturne, un silence qui isole (walkman, moquette), un silence en musique (pause, soupir), un silence comme absence de bruit (cimetière), un silence d’indifférence polie (dans l’ascenseur, le bus, dans une salle d’attente…). 2) Rechercher dans l’œuvre de Charles Baudelaire, des exemples de cette opposition courante faite entre le bruit de la ville et le silence de la campagne. Le silence considéré comme un idéal, une valeur suprême est opposé au bruit vulgaire commun du peuple des villes. Voir notamment dans « Le spleen de Paris (1869) » les textes suivants : Le confiteor de l’artiste, Un plaisant, Le mauvais vitrier, Le gâteau, L’invitation au voyage, Le crépuscule du soir, voir aussi l’Épilogue.

Isolation

Secret

Rupture

Pause « Écoutez la ville ! » / APIEU / 109


Les significations du silence Des symboles multiples Le silence peut être entendu comme un symbole de vertu, de l’homme de bien. Fondé sur la morale ou d’essence divine. Le silence peut devenir aussi par sa puissance dangereux pour l’homme voire mortel. - Le silence comme valeur suprême : La parole est d’argent, mais le silence est d’or. Le silence a une qualité supérieure à la parole : le silence est un métal précieux. Tandis que l’argent s’échange, l’or dort dans un coffre-fort. La parole sonnante et trébuchante opposée au trésor du silence. - Le silence comme symbole de la sagesse : Le sot est comme le voleur de cloches qui se bouche les oreilles (proverbe japonais). Le voleur se doit d’être silencieux, mais aussi intelligent. En ne se bouchant pas les oreilles, il ne se voile pas la face : il entend en faisant silence. Au contraire le bruit est signe d’indiscrétion. - Le silence comme symbole du divin : Un silence divin. Synonyme de paix intérieure, de recueillement, ce type de silence que l’on retrouve dans les églises permet l’expression de l’intérieur. - Le silence, symbole du pouvoir et de la mort : Réduire au silence. Dans une version radicale réduire au silence c’est tuer quelqu’un, le réduire à néant : le bruit est du côté de la vie et le silence de la mort. Réduire quelqu’un au silence signifie aussi lui ôter la parole, le mettre à court d’arguments. - Une chape de silence. Image de la pierre tombale qui s’abat et retient la parole. - Un silence de mort, faire une minute de silence, le silence avant la tempête. Ces expressions illustrent l’opposition faite dans l’imaginaire collectif entre le bruit et le silence. Le bruit est jugé positivement par rapport au silence angoissant qui est du côté de la mort, du néant. Le silence comme moyen d’expression sociale Le silence est utilisé dans la vie quotidienne pour communiquer. Se taire, c’est faire silence pour écouter l’autre. C’est une marque de respect, mais dans certains cas c’est aussi : - Être indifférent à la parole de l’autre en lui répondant par un silence : Faire la sourde oreille. - L’expression d’un malaise, le silence est interminable : Un ange passe. - Approuver par le silence, en ne disant rien : le silence parle de lui-même : Qui ne dit mot consent. - Occulter de manière volontaire un événement, ne pas en dire un mot : Passer sous silence. - Être obligé de ne pas parler : La loi du silence. Proverbes et expressions du silence

Reliez le proverbe à la bonne définition La parole est d’argent, mais le silence est d’or []

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Le silence est plus important que la parole

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Sage et intelligent celui qui est silencieux

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Un silence qui inspire le recueillement et l’écoute intérieure

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Ôter la parole à quelqu’un, le mettre à court d’arguments, voire le tuer

Réduire au silence

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La loi du silence

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Faire la sourde oreille

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Passer sous silence

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Comme une pierre tombale, elle s’abat et enterre la parole

Un silence divin

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Silence lourd et angoissant

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Être indifférent à la parole de l’autre en lui répondant par un silence

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Expression d’un malaise, silence interminable

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Approuver par le silence, en ne disant rien

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Cacher de manière volontaire un événement, ne pas en dire un mot

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Être obligé de ne pas parler

Le sot est comme le voleur de cloches qui se bouche les oreilles )

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Un silence de mort

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Un ange passe

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Qui ne dit mot consent

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Une chape de silence

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Des silences qui parlent

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n musique les pauses, les respirations, les silences permettent aux notes d’exister. Dans la vie de tous les jours, nos perceptions et nos souvenirs sont marqués par des moments sonores alternant avec des moments silencieux. Les silences relatifs de la ville articulent les moments plus bruyants.

Objectifs

> Montrer que le silence peut être mis en valeur par le bruit > Illustrer l’expression un silence de mort > Montrer que notre mémoire des évènements est aussi auditive

Déroulement

Primo Levi, « citoyen de race juive » - comme il se présente aux miliciens qui l’arrêtent le 13 décembre 1944 - raconte au début de son livre « Si c’est un homme », le souvenir d’un moment suspendu entre la vie et la mort, entre silences et bruits. Proposer aux élèves une lecture silencieuse.

De la lucarne d’un wagon de marchandise. Par Primo Lévi arrivant au camp d’Auschwitz au début de l’année 1944.

Dans cet extrait, les silences angoissants succèdent à des moments de bruits. Les silences sont mis en valeur par des situations de bruits antérieurs. Ces silences interviennent comme une réponse à l’effroi, un instinct de survie, un replis sur soi dans une bulle de silence protecteur. Chacun essaie de se mettre hors d’atteinte, hors du temps. Les silences sont des pauses, à ne pas rompre en espérant ainsi retarder le dénouement. L’alternance des bruits et des silences traduit l’état irréel comme quasi « rêvé » d’une situation d’incertitude et d’attente dont personne ne souhaite le dénouement mais qui fait craindre le pire.

« Durant les arrêts, personne ne tentait plus de communiquer avec le monde extérieur… Il y eut une longue halte en rase campagne, puis un nouveau départ extrêmement lent, et enfin le convoi s’arrêta définitivement, en pleine nuit, au milieu d’une plaine silencieuse et sombre. On voyait seulement, de part et d’autres de la voie, des files de points lumineux blancs et rouges, à perte de vue ; mais pas le moindre signe de cette rumeur confuse qui annonce de loin les lieux habités. À la faible lueur de la dernière bougie, dans le silence qui avait succédé au bruit rythmé des rails, en l’absence de tout son humain, nous attendîmes qu’il se produisît quelque chose… » « Nous nous dîmes adieu, et ce fut bref : chacun prit congé de la vie en prenant congé de l’autre. Nous n’avions plus peur ». « Et brusquement ce fut le dénouement. La portière s’ouvrit avec fracas ; l’obscurité retentit d’ordres hurlés dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares naturels aux allemands quand ils commandent… » « Puis tout ce tue à nouveau… En un instant le quai fourmillait d’ombres ; mais nous avions peur de rompre le silence… » « Tout baignait dans un silence d’aquarium, de scène vue en rêve. Là où nous nous attendions à quelque chose de terrible, d’apocalyptique, nous trouvions, apparemment de simples agents de police. »

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21 Les onomatopées

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Objectifs

> Décrire un son > Imaginer ou reproduire un son à partir de sa description > Enrichir son vocabulaire lié au son Déroulement

À la suite d’une écoute en extérieur ou d’un enregistrement de sons, les participants décrivent les sons entendus : sans nommer et identifier la source sonore. Il s’agit de qualifier le son, de le faire entendre à travers des mots. L’utilisation de dictionnaires, de glossaires ou de la fiche mots clé (cf. p.113) est possible. Décrire le son à l’oral ou par écrit. À l’inverse rendre un son à partir de sa description : les textes produits précédemment peuvent être utilisés. Le son décrit doit être retrouvé dans une série de sons préenregistrés. Lister les onomatopées les plus utilisées. Travailler à partir de bandes dessinées. Indiquer le son, sa source pour chaque onomatopée. Prolongement Collectivement inventer une histoire où le son aura un rôle majeur : à qualifier, à décrire, à comparer, à « onomatopier »… sous forme de texte, de BD, de création audio.

Le bruit des mots Les bruits de la langue font écho aux sonorités des choses et des hommes. À l’aide d’onomatopées, de verbes sonores, d’analogies, d’interjections, nous imitons et mettons en image le monde sonore. Voici, page suivante, des exemples classés en quatre catégories : le bruit des humains, le bruit des choses, des bruits d’animaux et quelques mots pour décrire les bruits. À utiliser sans modération pour décrire vos ambiances sonores !

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Les bruits des humains Le corps Aspirer (et ça fait des grands slurp !) Avaler goulûment

(vlouf), de travers (hompf) Bailler (ouah) Battement (du cœur, badaboum) Boire (glouglou) Borborygme (grouic) Bouche (bâillonnée : mmm !, pleine : houm…. Groump…. Chrouf) Chatouillis (guili-guili) Claquement de la langue Cracher Craquement des articulations Croquer Déglutir Douleur (aïe, ouille !) Embrasser (smack) Esclaffer (s’) Essoufflement Exhaler (laisser échapper de sa gorge un son) Expirer Éternuer Flatuosité Frémissement (bruissement léger) Froufrouter (froufrou : bruit de froissement léger produit par le frôlement ou le froissement d’une étoffe) Gargarisme Grignotis (crunch) Hoqueter Jouissance (han…) Mastiquer Moucher (se) Péter Pleurer Pleurnicher Pouffer Raclement (de gorge) Râler (Faire un bruit rauque avec la gorge) Renifler Respiration Ronflement Rôt Rire Sangloter (snif, ouin, ouah…) Siffler Souffler Soupir Succion (comme un bruit de ventouse) Susurrer Tousser Toussoter Vomir La communication Applaudir Babiller Bavarder Bavasser Bégayer Brailler Braire Caquet (un bavardage indiscret, intempestif) Causer Chahuter Chansonner Chanter Chantonner Chuchoter Claironner Clamer Crier Débiter Déblatérer Déclamer Dialoguer Dire Discourir Enrager (râler en silence) Entonner Fredonner Gazouiller Geindre Gémir Glousser Grogner Gronder Gueuler Haranguer Héler Houspiller Hucher (appeler en criant, en sifflant) Huer Hurler Invectives (discours agressif) Jaboter (bavarder à plusieurs) Jacasser (parler d’une voix criarde ou parler à plusieurs) Jacter Maronner (râler) Maugréer (protester à mi-voix) Murmurer Papoter Parler Psalmodier (parler de façon monotone) Râler (maugréer) Rouspéter Susurrer Tonitruer (crier fort) Vocifération (parole criante et colérique) Zézaiement Zozoter (zézayer)

Des bruits d’animaux

L’alouette grisolle L’âne brait Le canard cancane La carpe clappe La cigale stridule La cigogne claquette Le chat miaule ou ronronne de contentement Le cheval hennit La chèvre bêle, béguete ou chevrote Le chien aboie La chouette chuinte Le cochon grogne ou grommelle (ronflement bref et sourd) Le corbeau et la corneille croassent Le dindon glougloute La grenouille et le crapaud coassent Le hibou hue Le moineau pépie La pie jacasse Le pigeon roucoule Le pinson ramage La poule caquette Le renard glapit La souris couïne La vache meugle La fauvette et la mésange zinzinulent

Le bruit des choses Accrochage Balancement Battement Bourdonnement Brossage Bruissement

(un murmure) Bruissage (action de bruire une étoffe ; son résultat) Bruire Caresser Carillon Choc Chuintement (bruit continu, sifflement assourdi) Cingler (frapper fort avec une corde, un fouet…) Clic-cliquer (un stylo) Clapotis (son caractéristique de petites vagues) Claquement Cliquetis Cognement Couinement (petit son aigu) Crachouillis (d’une radio) Craquer Crépitement Crincriner (le violon crincrine) Crisser Déclic Déchirer (un cri perçant déchire le silence) Déflagration Dégonfler Dégringoler (badaboum) Détonation Diguelinguer (bruits de verres entrechoqués) Éclater Effleurer Explosion Frapper Fredonner Frémissement Friselis : faible frémissement (le friselis des joncs dans le vent) Froisser Frôler Frotter Froufrouter (produire un frou-frou) Gargouillis Glissement Glouglou Goutter Grelotter Grincer Gratter Grésillement Grincer Heurter Hurlements Martèlement Mijoter Nasillement Oscillation (vibration) Percuter Pétarader Ronflement Ronronnement Étouffement Sifflement Siffloter Sonner Souffler Strident (bruit à la fois aigu et intense) Tambourinements (sons frappés qui roulent) Tapage Tapoter Tintamarre Tinter Tintinnabuler Tomber Toquer Tremblement Trille (battement rapide continu sur deux notes voisines) Vibrer Vrombissement (son vibré, bourdonnement) « Zipper » (bruit du zip d’une fermeture éclair)

Des mots pour décrire les bruits

Accélérer Accentuer Adoucir Altérer Alterner Amplifier Aplatir Atténuer Augmenter Baisser Bourdon Cadence (une répétition de sons réguliers) Cavernesque Chevrotant Couleur (timbre) Déformer Dilater Diminuer Écho Échapper (s’) Émergeant (un son qui se détache) Émettre Émission Empiler Enchevêtrer Enfler Enveloppant Épais Estomper Éteindre Étirer (s’) Étouffer (s’) Filtrer Fuser (jaillir) Immersion sonore (sentiment d’être au centre du son, comme immergé) Impulsion Indistinct Interrompre Jaillir Juxtaposer Lancer Lier Lisser (éliminer les fluctuations d’un son) Masque (un son en cache un autre) Mélanger Mêler Mélodique Mixer Modulation (changement de hauteur ou d’intensité d’un son) Raffut Répétition Répondre Retard Retentissant (qui résonne, qui s’entend bien, qui fait un grand bruit) Révéler Réverbérer Rompre Rythme Sourd (pour un son peu sonore, qui ne retentit pas) Timbrer Trémolo Intensité : un son fort, faible, retentissant, modéré (assez faible) Durée : un son bref, long, continu, constant, permanent Hauteur : un son grave, médium, aigu Rythme : lent, modéré, rapide, irrégulier, discontinu Périodicité : se répète, recommence, un son cyclique, un refrain, vague sonore Variation d’un son : monte, descend, augmente, diminue, se transforme, s’allonge, s’évanouit, s’estompe, apparaît, chute, s’interrompt, crescendo, decrescendo, un fondu sonore, un son qui ondule Le son dans l’espace : un son immobile, statique, mobile, un son qui se dilate, se compresse, se répand, se propage, se réfléchit, se diffracte, rebondit L’harmonie sonore : un accord, des consonances, une cohérence Le silence : une pause, un soupir, une césure, une attente, une coupure La couleur d’un bruit : un son sourd, cinglant, métallique, clair, sec, abrupt, dur, cristallin. Autre paramètre « subjectif » : un son épais, un son granuleux, grattant, rêche. Un son accrocheur, agressif, brusque, criard, dangereux, excessif, furibond, furieux, menaçant, mordant, percutant, puissant, rude, violent. Un son doux, tendre, suave, moelleux, mou harmonieux, clément.

Décrire un ensemble de bruits Des sons qui se mélangent, s’agrégent, s’entrecroisent, se suivent, se succèdent, s’alternent, se répondent, se détruisent, se confondent, se chevauchent, s’organisent en canon, se renforcent, des sons côte à côte, simultanés. Un enchaînement sonore, un fondu enchaîné. Une rumeur sonore, un brouhaha, un tumulte, un tohu-bohu, une confusion, un charivari. Un son peut en masquer d’autres... « Écoutez la ville ! » / APIEU / 113


Lexique Avertissement : Les définitions qui suivent, faute d’être rigoureuses pour les spécialistes (1), éclaireront le grand public sur des notions souvent polysémiques et complexes.

Acoustique : science relative à l’étude des vibrations acoustiques, de leur production, leur propagation et de leurs effets. Absorption : réduction d’un son au passage dans un milieu absorbant qui en retient une partie. Bruit : en psychosociologie, il s’agit d’un son non désiré, considéré comme gênant. En acoustique, un bruit se définit comme un mélange désordonné de sons. Bruit blanc : son composé de toutes les fréquences audibles par l’homme. Certains bruits comme ceux des fontaines, des autoroutes, de la mer s’apparentent à des bruits blancs. Bruit de fond : ensembles de sons qui existent en l’absence de signaux. On associe souvent le bruit de fond au fond sonore ou encore à la rumeur. Coloration sonore : proche de la notion de timbre. Cette notion permet de désigner la part spécifique que comporte un son, un espace sonore, elle est liée à un changement dans l’équilibre des fréquences. Décibel : le décibel n’est pas une unité mais une échelle (logarithmique) de comparaison. C’est à l’origine l’échelle de graduation des voltmètres utilisés par les électriciens. En acoustique le décibel peut se rapporter à plusieurs unités, ce qui est source de confusion pour le public. Décibel A : pour restituer au plus près la perception du bruit par l’oreille, les appareils de mesure ont des filtres de correction qui tiennent comptent du fait qu’à intensité égale, les sons graves sont moins perceptibles que les sons aigus. Le niveau sonore mesuré par un sonomètre ordinaire est le plus souvent exprimé en décibel (A) et se rapporte à la pression acoustique reçu par le tympan. Dose de bruit : la mesure de longue durée de niveaux sonores (par exemple huit heures pour une journée de travail) représente la dose de bruit ou le niveau d’exposition au bruit des individus (moyenne des énergies). Empreinte sonore : sons familiers reconnus par tous qui confèrent au lieu un caractère typique. Ils font partie du patrimoine sonore des villes. Écouter : S’appliquer à entendre. Focaliser son attention auditive de manière volontaire. Écoute binaurale : Lorsqu’un son parvient à nos oreilles, il y a un décalage temporel et de niveau sonore entre les deux. Le cerveau interprète ce décalage pour localiser la source sonore sur le plan horizontal. Effet de transition sonore (2) : Changement d’un état sonore à un autre. Ce changement peut être une diminution progressive de l’intensité d’un son : on parle de fondu sonore. Si la transition est soudaine, on parle de coupure sonore. Ce type d’effet établit clairement le passage d’une ambiance sonore à une autre. Effet d’écho : partie réfléchie d’un son qui parvient à l’auditeur avec un retard suffisant pour être perçu comme distinct du son initial. Effet de filtrage : lorsqu’un son passe à travers la vitre d’une fenêtre, il est filtré. Le son est perçu différemment par l’auditeur qui ferme une porte ou une fenêtre. Un son filtré voit certaines de ses fréquences affaiblies ou renforcées. Effet de foule : fréquent dans les lieux très fréquentés, l’effet de foule se caractérise par la difficulté qu’a l’auditeur à stabiliser son écoute entre le fond sonore et les émergences. Seules des bribes de conversation sont entendues à la volée sur fond de brouhaha. (1) Il existe une norme française AFNOR et un vocabulaire homologué pour chaque domaine du son (acoustique, acoustique musicale, architecturale, physiologique…). (2) Pour en savoir plus sur les effets sonores, voir le Répertoire des effets sonores ouvrage pluridisciplinaire et pédagogique publié par J.F. Augoyard et Henry Torgue (cf. Sources et ressources p.116).

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Effet de masque : son caché par un autre. En présence de plusieurs sons, le son le plus fort peut masquer les plus faibles, c’est-à-dire les rendre inintelligibles. L’effet de masque peut être utile pour gommer les sons non désirés. Par contre il devient gênant s’il masque les sons désirés, par exemple une conversation. Émergence : l’émergence est le contraste entre un bruit qui apparaît à un instant déterminé et le bruit de fond. Entendre : porter son attention auditive vers un son. Fond sonore : voir bruit de fond. Fréquence : la hauteur d’un son correspond entre autre à sa vitesse de vibration. En terme scientifique, il s’agit de la fréquence que l’on mesure en hertz (nombre de périodes vibratoires par seconde). Plus la vibration est rapide, plus le son est dit aigu ; au contraire, plus la vibration est lente, plus le son est dit grave. Niveau sonore : exprimé en décibels (dB) le niveau sonore (ou intensité sonore) se caractérise par l’amplitude du mouvement vibratoire du son. La notion de niveau sonore précise celle de « force d’un son » exprimée en musique par les adverbes imprécis comme fortissimo, piano… Niveau d’exposition au bruit : voir dose de bruit Perméabilité sonore : capacité du cadre bâti à créer des espaces fermés laissant peu pénétrer les sons (continuité des bâtiments) ou au contraire des espaces ouverts favorisant la propagation des sons (discontinuité du bâti). Plan sonore : terme utile pour désigner comment les sons s’assemblent et se distinguent entre eux. Onde réfléchie : onde sonore qui résulte de la réflexion d’un son sur un obstacle. Onde diffractée : déviation d’une onde sonore au voisinage d’un obstacle, on observe alors derrière l’obstacle une zone d’ombre. Ouïr : premier degrés de l’écoute, ouïr c’est en quelque sorte entendre sans en avoir conscience. Presbiacousie : perte de l’audition due à l’altération des cellules ciliées. La presbyacousie s’installe progressivement avec l’âge. L’exposition à des volumes sonores trop élevés et fréquents peut accélérer ce phénomène naturel. Réflexion du son : pour un son, changement de sa direction de propagation (cf. onde réfléchie). Réverbération : persistance d’un son dans un espace clos ou semi-clos après interruption de la source sonore. Rumeur : bruit de fond ou fond sonore porteur de signification pour l’auditeur. Son : en acoustique se rapporte à une vibration acoustique capable de procurer une sensation auditive pour l’homme. Un son en musique comporte une dimension esthétique. Source sonore : deux types de sources sonores nous intéressent : les sources sonores « actives » au sens d’objets mécaniques émettant du son par leur fonctionnement et les sources sonores « passives », c’est-à-dire tous les matériaux sur lesquels nous agissons (escalier…). Timbre sonore : sensation auditive qui permet de différencier deux sons identiques dans leur hauteur et leur intensité. Signal sonore : sons de premier plan qui émergent du fond sonore et qui attirent l’attention à un moment donné. Zone d’ombre : voir onde diffractée.

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Sources et ressources Bibliographie des ouvrages cités Amphoux P. et Al., Aux écoutes de la ville, la qualité sonore des espaces publics européens, enquête sur trois ville suisses, IREC, rapport n°94, 1991. Amphoux P. et Al., Au seuil de l’audible, Expressions littéraires du silence, tome 1, CRESSON, CNRS, Grenoble 1996. Amphoux P., Thibaud J.P., Chelkoff G. Ambiances en débats, Éd. À la croisée, 2004. APIEU Montpellier-Mèze, Delbos B. Montpellier de lieux en places, promenades curieuses dans le centre-ville de Montpellier du Lez au Peyrou, Éd. APIEU Montpellier-Mèze. APIEU Montpellier-Mèze, Être et bien être dans sa ville, pour une éducation à l’environnement urbain, Éd. APIEU MontpellierMèze, 2005. Aubrée D. Le bruit, objet technique ou représentations sociales, CSTB, 1987. Aubrée D. La perception du son, analyse d’un phénomène social, revue URBA n°206, 1985. Augoyard J.F., Torgue H. (éds) A l’écoute de l’environnement. Répertoire des effets sonores en milieu urbain, Marseille, Parenthèses, 1995. Bar P., Loye B. Bruit et formes urbaines, propagation du bruit routier dans les tissus urbains, CETUR, Ministère des Transports 1981. Barjavel R. La faim du tigre, Éd. Denoël, 1966. Barrère P., Cassout-Mounat M. Les villes françaises, Éd. Masson, 1980. Baudelaire C. Le spleen de Paris (1869), Booking International, Paris, 1995. Baudot J.C. Les sons, les bruits de la ville, au delà des nuisances sonores, mémoire, Ecole d’architecture de Versailles, 1998. Bofill R., Véron N. L’architecture des villes, Éd. O. Jacob, 1995. Bourguet M., fiche pédagogique : l’analyseur d’ambiance, Actes du 1er Carrefour national des praticiens de la sensibilisation et de l’éducation à l’environnement urbain Montpellier, 1992. Charron F., Bossus A., Le chant des oiseaux, Éd. Sang de la Terre, 1998. Chelkoff G., Balaÿ O., La dimension sonore d’un quartier, la cité mistral à Grenoble, CRESSON, 1985. Chelkoff G. et Al., Entendre les espaces publics, CRESSON, 1988. Chelkoff G. Prototypes sonores architecturaux, Méthodologie pour un catalogue raisonné et des expérimentations constructives, CRESSON, 2003. Ciatonni J.P. Le Bruit, Éd. Privat, 1997. Citéphile, Parcours de vie, parcours de ville, Actes du 3ème carrefour national, Seynod, 2004. CSTB Acoustique, Reef-volume 2, sciences du bâtiment, 1982. Dufrenne M. L’œil et l’oreille, coll. Surfaces, Éd. J.M. Place, 1991. Fabre G., Lochard T. Montpellier la Ville Médiévale, Éd. L’Inventaire, 1992. Institut d’éco-pédagogie, fiche pédagogique : Du son dans les doigts, B22, sart Tilman, Liège. Laboratoire d’acoustique et de musique urbaine, Mariétan P., L’espace de la rumeur, pratique d’écoute, rapport, Paris, 1992. Lavandier C. La qualité des ambiances sonores liées aux usages des établissements d’enseignements, appel d’offres de recherche « construire avec les sons, PUCA », Université de CergyPontoise, département Génie Civil, MRTE, 2005. Levy-leboyer C., Psychologie et environnement, Éd. Puf, 1980. Lynch K. L’image de la cité, Éd. Dunod, Paris, 1976. Mouangue S., extraits du mémoire : Ecoutez tourner ces quelques pages, ENSCI, 1995. Maneveau G. Musique et éducation, Éd. Edisud, 2000. Merleau-Ponty M. Phénoménologie de la perception, Paris, 1945.

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Odion J.P. et Al., Testologie architecturale des effets sonores, prédictibilité de la qualité sonore, CRESSON, CNRS, 1996. Pessoa F., Le livre de l’intranquilité, Éd. C. Bourgois, Paris, 1988. Rapin J.M. Le Vaudreuil, ville nouvelle, étude acoustique d’un plan masse, CSTB, 1975. Rapin J.M. Quelques remarques sur les réalités de l’environnement sonore, texte présenté au comité environnement sonore de la Fondation de France, 2005. Rapin J.M. et Al. Gérer et construire l’environnement sonore, la lutte contre le bruit en grande agglomération, cahier n°6 de l’agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies IleDe-France (ARENE), 1997. Russolo L. L’art des bruits, Manifeste futuriste (1913), Éd. Allia, 2003. Schafer R.M., Le paysage sonore, Éd. Lattès, 1979.

Des ressources pédagogiques L’atelier du son, exposition interactive, guide de l’exposition, CCSTI de Grenoble, 2005. Le son dans tous ses états, CSTI, Musée des sciences de Laval, cahier pédagogique, service animation, mai 2000. Les jeunes et la ville, Activités pédagogiques, Laboratoire de méthodologie de la géographie, Université de liège, 1996. Le concert, service de l’environnement enseignement primaire Genève, groupe intercantonal Romand et Tessinois. Tous les oiseaux d’Europe, coffret quatre CD, J.C. Roché, Éd. Sittelle, 1990. Les oiseaux d’Europe d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, guide d’identification, Lars Jonsson, Éd. Nathan, 1994. Dictionnaire des onomatopées, P. Enckell, P. Rézeau, Éd. Puf, 2003. Le bruit, n°236, revue Tdc (Textes et documents pour la classe), 1980. Le bruit, n°383, revue Tdc, 1985.

Quelques ressources en ligne www.cidb.org Le centre d’information et de documentation sur le bruit 12/14 rue Jules Bourdais 75017 Paris. www.cstb.fr Pour connaître les recherches en acoustique du CSTB Centre scientifique et technique du bâtiment. www.cresson.archi.fr Pour connaître et se procurer les travaux du CRESSON (Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain). École d’architecture de Grenoble www.citephile.org/inventaire-sonore Pour connaître les acteurs de l’éducation à l’environnement sonore en France. www.areneidf.com Pour connaître l’ARENE (Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies Ile-de-France) et ses publications. www.cochlee.info Pour une promenade autour de la cochlée avec l’IURC (Institut universitaire de recherche clinique) de l’Université de Montpellier I (Faculté de médecine). www.ccsti-grenoble.org Pour consulter la base de données et l’expothèque du Centre de culture scientifique technique et industrielle de Grenoble.


Rédaction : Sébastien Ledentu (APIEU) Coordination de rédaction : Gabrielle Bouquet (APIEU) Relecture : Véronique Bon (APIEU), Jean Burger (Rectorat de Montpellier), Florence Thorez (formatrice IUFM détachée au service éducatif du GRAINE L-R), Bertrand Dumas (APIEU) Maquette et mise en pages : Sébastien Ranc (APIEU) Illustrations : Sébastien Ranc (APIEU) sauf dessins p.3 (haut) : Franck Badin ; p.48 et 85 : Gabrielle Bouquet ; p.62 et 64 : Stéphan Blatrix ; p.86 : élèves de 6ème du collège de Cergy ; p.93, 97 et 100 : Sébastien Ledentu ; p.102 : Lars Jonsson Crédits photos : APIEU (Sébastien Ledentu) sauf photos p.6, 7, 8 (haut), 17, 18, 25 (milieu en haut) et 31 : archives de la ville de Montpellier ; p.41 (haut) et p.61 (milieu) : Jean-Marie Bertolotti ; p.51 (haut) : Véronique Bon ; p.63 (bas) : Michel Mondain ; p.65 : Marc Lenoir

Achevé d’imprimer sur les presses de Offset Deux Mille - 1er trimestre 2006

« Écoutez la ville ! » / APIEU / 117



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