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Des "drôles de cocos" ces lamas

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Oubliez souris et rats de laboratoire. Pour mettre au point un médicament contre la mucoviscidose, le jeune chimiste Daniel Scholl utilise des ... lamas.

Les lamas se trouvent dans un endroit discret, quelque part en Flandre-Orientale. Daniel Scholl (28), chercheur doctorant à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) leur a un jour rendu visite, et ce fut le coup de foudre. Daniel Scholl : « Les lamas vivent en troupeaux, mais possèdent néanmoins leur propre personnalité. Certains sont curieux, d’autres arrogants, ou encore agressifs. Cracher ? (rire). Ça leur arrive. Mais uniquement quand ils sont fâchés. »

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Les lamas représentent une véritable révolution dans son domaine de recherche : la mucoviscidose, plus précisément la mutation F508del. Mais comment ça fonctionne ?

Daniel Scholl : « Dans les cellules pulmonaires qui produisent le mucus, on trouve une protéine. Cette protéine s’intègre dans la membrane de la cellule où elle régule entre autres fonctions, le taux d’humidité à l’intérieur des poumons. Mais chez les personnes atteintes de mucoviscidose, à cause d’une mutation génétique, cette protéine fonctionne mal. Parmi les quelque 2000 mutations découvertes, la F508del est la plus courante. Elle provoque l’instabilité de la protéine qui se détruit littéralement avant même d’atteindre la membrane de la cellule. Nous cherchons un médicament capable de stabiliser cette protéine. Comme le ferait un échafaudage pour soutenir une maison qui menace de s’écrouler. »

Et c’est ici que le lama entre en scène. Les chercheurs injectent un petit échantillon de protéine dans l’animal. Du coup, face à l’intrus, le système immunitaire du lama réagit en produisant des anticorps. Daniel Scholl : « Les anticorps des lamas possèdent des propriétés uniques. Ils permettent de stabiliser leur cible : la protéine déficiente dans notre cas. Exactement ce que nous recherchons ! Nous prélevons un peu de sang et nous isolons de petits morceaux des anticorps du lama. Ces petits morceaux que nous appelons nanobodies, entrent dans la cellule, se lient à la protéine déficiente et la stabilisent. Si nous parvenons à obtenir ce résultat dans une éprouvette, la grande question est de savoir si nous parviendrons à renouveler l’expérience hors laboratoire dans le monde réel. Et même si nous y réussissons, il restera encore de nombreuses étapes avant la mise au point d’un médicament contre la mucoviscidose. » Les lamas sont des animaux adorables, mais ils ne sont pas les seuls capables de produire des anticorps utilisables. « Les requins possèdent un système immunitaire similaire, mais ils nous ont semblé un peu moins faciles à manipuler d’un point de vue pratique. »

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