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Duruy, Victor (1811-1894). Histoire du Moyen-Age : depuis la chute de l'empire d'Occident jusqu'au milieu du XVe siècle. 1890.

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PRÉFACE»

i On appelle moyen âge les temps qui s'écoulent entre | la ruine de l'empire romain et la reconstruction des 1 grandesmonarchies modernes, depuis la premièreirivasion durable faite par les Germains, au commencement du cinquième siècle de notre ère, jusqu'à la dernière i accompliepar les Turcs dix siècles plus tard, en 1453. I Dans cette époque, placée entre les temps anciens et les temps modernes, la culture des lettres et des arts est comme suspendue. Au lieu des républiques de l'antiquité et des monarchies de notre âge, il s'établit alors une or-j I ganisation particulière qu'on a appelée la féodalité c'est la domination des seigneurs. Quoiqu'il y ait des rois en chaque pays, les chefs militaires règnent véritablement. Le pouvoir central est sans force et les pouvoirs locaux sont sans surveillance et sans guide. Tout diffère donc entre cette époque et celles qui l'ont précédée ou suivie. Ûe là l'obligation de lui donner un nom et une place à part dans l'histoire universelle. é BIST.

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Cettehistoire du moyen âge est en bien mauvais renom auprès de ceux qui sont foreés de l'apprendre, parïbîM même auprès de ceux qui ont charge de renseigner. Elle leur produit t'effet de ces cathédrales gothiques où l'œil* se perd dans les détails infinis d'un art sans unité comme sans limites, livre immense et confus qu'on èpèle toujours et qu'on ne lit jamais. Si pourtant l'on voulait bien ramener cette histoire aux faits généraux qui la constituent et méritent seuls d'être gardés en mémoire si l'on faisait justicedes petits hommes et des petits événements en les laissant dans l'ombre, tandis qu'on accorderait aux grands ce qu'ils ont le droit d'obtenir, place et lumière, on trouverait dans cette période autant de simplicité qu'on y met habituellement de confusion. Et d'abord il faut la circonscrire. La véritable histoire du moyeu âge ne sort pas de l'enceinte de l'ancien empire romain et des provinces que Charlemagne lui a ajoutées, en faisant entrer l'Allemagne entière dans la civilisation commune. Au delà, c'est encore,la barbarie, l'inconnu; ténèbres épaisses que sillonne de tempsà autre la lueur sinistre de l'épée d'un conquérant farouche,, Tchingis-Khanou Timour. Lesfaits qui nous intéressent, ceux qui eu une influence active sur le développeont ment des nations modernes s'y passent exclusivement, Mais de ces faits encore, il e^t bon de ne conserver que ` ceux qui marquent la vie générale de l'Europe et non la vie individuelle, solitaire de mille petits États desquels l'historien comme le poëte peut dire Nonragioniamdi lor; maguarda,e passa Le moyen âge s'élève sur la base antique de Rome cbanlm, ?.st.P Dantî,l'Enfer,


PRÉFACE. l f,

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/païenne et chrétienne. Êtaâier le monde romain et en sondai les plaies mortelles montrer cet empire qui avait tant de,lois et pas une institution; tant de sujets et pas un citoyen; une administration ai habile qui finit par être une charge si écrasante; faire voir enfin ce colosse formé de grains de sable, sans ciment, qui s'écroula sous le choc d'ennemis misérables, parce que, s'il y avait en lui une vie religieuse, ardente pour les choses du ciel, il n'y avait pas la forte vie politique qui fait gagner la terre voilà le préambule nécessaire. En face sont les barbares. Ils se précipitent sur cette riche proiequi se livre elle-même, et forment deux courants d'invasion. Les Germains emportent les provinces du Nord; les Arabes celles du Midi.Entre ces deux puissants fleuves qui s'écoulent de l'Est à 1 Ouest,Constantinople, fille décrépite de la vieille Rome et qui porta au front, dès sa naissance, les rides de sa mère, reste seule debout, comme un roc insulaire, et brave, pendant dix siècles, l'assaut des vagues. Les Arabes atteignent d'un bond les Pyrénées, de J'autre l'Hymalaya,et le croissant brille sur deux mille lieues de pays ligne immense, mais étroite, impossible à défendre, facile à couper et qui le fut en mille points. Les Khalifesavaient contre eux la géographie, la plus grande ^t forcepour ou contre les États naissants elle fit crouler leur empire, entraînant dans cette ruine leur civilisation, lui brillante et fragile. ;Ky-eàmme Parmi les Germains, bien des chefs aussi élèvent des dominations éphémères, parce qu'ils se jettent tout au milieu de cette sociétéromaine incapable de se défendre,.


PRÉFACE.

mais assez forte pour communiquer à ceux qui la fou ehent la mort qui est dans son sein. Ainsi furent Gèn série, Théo&me et Astolphe; ainsi tombèrent les Vandales, les Hérules et les Goths de l'Est et de l'Ouest. Un peuple se porte l'héritier des envahisseurs entrés dans l'Empire par le Rhin et le Danube les Francs. Reslés en communication avec la Germanie, ils y prennent une séve barbare qui renouvelle incessamment leur i force épuisée, comme un grand chêne dont les racines plongent profondément dans le sol qui le porte et le amirrit. Menacésd'une première décadence sous les derniers Mérovingiens,ils se relèvent avec les chefs de la seconde face, et Charlemagne prétend mettre l'ordre. dans le chaos, la lumière dans les ténèbres, en organisant et reliant, autour du trône relevé des empereursd'Occident, la société germanique et chrétienne effort immense qui a valv>son nom d'être placé à côté des trois ou quatre autres noms devant lesquels le monde s'incline mais tentative qui ne pouvait réussir, non plus seulement parce que la géographie était contre elle, comme elle avait été contre l'empire arabe, mais parce que toutes les forces nfroralesdu temps, les instincts et les intérêts des peuples s'opposaient à son succès. Charlemagne a créé l'Allemagne moderne, c'est une grande chose; mais le jour où il alla ceindre à Rome la couronne des empereurs et celle des rois lombards a été un jour funèbre pour l'Italie. La belle contrée eut dès lors un maître étranger qui résidait au loin et ne venait la visiter que pour lui faire violence, avec des hordes.avides et barbares. Que de. sang a coulé, durant des siècles, pour maintenir l'oeuvre impossible et mauvaisede Charle-


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magne Que de ruines ont' été faites-dans ce pays des cités innombrables et des monuments splendides, sans compter ta plus triste de toutes, celle qui sembla si long. temps irréparable, la ruine du peuple même et du patriotisme italiens. Dèsle neuvième siècle, l'empire carlovingienchancelle et s'écroule par la faute de ses chefs, l'aversion des peaples et les coups d'une invasion nouvelle que les Northmans,les Hongrois et les Sarrasins conduisent.Il se dissout en royaumes et les royaumes en seigneuries.^Les grandes massespolitiques tombent en poussière. L'Élaê se réduit aux proportions d'un fief. L'esprit n'a pas «a horizon plus large; la nuit est sur le monde c'est h féodalité. Cependant de grands noms survivaient France, Allemagne,Italie, et de grands titres étaient encore porîés par ceux qu'on appelait les rois de ce pays rois de parade, nonde réalité purs symbolesde l'unité territoriale qui avait disparu, et non chefs de nation, sérieux, actifs et puissants. Aussi avait-on repris pour eux la vieille coutume germanique et romaine de l'élection. De ces trois royautés, une disparut de bonne heure, celle d'Italie; une autre tomba très-bas, celle de France; ta troisième, la couronne de Germanie,jeta, durant deuk siècles, un vif éclat, lorsque Otton I" eut renouvelé l'empire de Charlemagne, avec moins de grandeur, assurément, car la copie se rapetisse, à mesure qu'elle s'éloigne du modèle. Commele fils de Pépin avait régné sur moins de peuples que Constantin et Théodose, les Ottoa, tes Henri et les Frédéric régnèrent sur moins de pays que Charlemagne, et leur autorité y fut plus cot*> testée. r.. 1(1


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PRÉFACE;

Acôtô etkti-dessus dès Toyaumeset des empires nés de l'invasion, une puissance toute différente s'était élevée qui ne s'enfermait dans aucunelimite de la terre ni. de la loi. L'Église, sortie mutilée, mais radieuse, des catacombes et des amphithéâtres romains, était allée au>-•' devant des barbares, et, sous sa parole, le Sicambru adouci avait baissé la tête. Elle ne cherchait que le royaume des cieux, elle éut celui de la terre. Laforce lui vint irrésistiblement, comme à tout ce qui est juste et ` aide la société humaine à marcher vers un avenir meilleur. Après avoir fondé l'unité de son dogme et de sa hiérarchie, elle avait fait monter ses chefs au sommet du monde catholique de là ils surveillaient, dirigeaient et contenaient tous les mouvements de l'âme qu'ils lui avaient donnée. A une société violente, eUe s'efforça d'enseigner la douceur; à la hiérarchie féodale, elle opposa l'égalité de · tous les hommes; à la turbulence, la discipline; à la servitude, la liberté; à la force, le droit. Contre ces maîtres superbes, elle protégeait l'esclave; contre ces, épouxfaciles, quele divorce et la polygamie n'effrayaient guère, elle défendit les droits de la femme, des enfants, de la famille. Les États ne connaissaient plus pour les fonctions publiques que la succession selon la chair; elle leur montra la successionselonl'esprit, parla libre élection des abbés; des évêques, des pontifes mêmes; et des serfs vinrent s'asseoir dansla chaire de saint Pierre, audessus des rois. Les nations barbares avaientfait litière de la civilisation antique; elle en recueillit, au fond du ses monastères, les débris mutilés. Elle fut la mère dés croyances, elle fut aussi celle de la pensée, de l'art, dela science. Cesgrands docteurs qui rapprennent au monde à penser, ces maîtres es pierres vives, qui donnent à la


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chrétienté ses plus admirables monuments sont de' • l'Église.; Les princes et seigneurs féodauxaffranchis de la serv vitude féodale se. croyaient au-dessus de toute loi, parce qu'ils s'étaient mis au-dessus de toute résistance, les papes firent gronder sur leur téte les foudres de l'Église ils excommunièrent en Norvègeun roi usurpateur;' en Aragon, un roi faux-monnayeur; en Angleterre, le parjure et traître ^Jean;en France, Philippe Auguste, qui avait répudié sa femme au lendemain, des noces. Alors que la force seule. régnait, les papes s'étaient faits les gardiens des lois morales; et à ceux des princes qui oubliaient ces lois ils les rappelaient en déliant les peuples de leur serment de fidélité. Le pontificat parlait au nom et place du droit populaire. Cette grande forcemorale n'avait pas toujours été maitresse d'elle-même.Jusqu'à l'année 726, les souverains pontifes étaient restés les sujets des empereurs de Rome ai de Byzance*. Charlemagne avait exercé sur eux les mêmes droits8. Les empereurs allemands ses succèsseurs, voulurent faire comme lui. Henri IH fit déposer trois papes, et le concile de Sutri, en 1046, reconnut, une fois de plus, qu'il ne pouvait être élu de souverain pontife sans le consentementde l'empereur. Mais depuis Gharlemagïts, l'Église n'avait cessé de croître en puissance. Ella avait la force matérielle, car -'" ••. .r: r IIécrivait au dueImpérial deVenise 4.Mémo en1X1lepapeGrégaire « Nouavoulono, demeurer aveclesecours inviolabtementallacliâ duSoigneur, m aîtres Léon et auservicede U04 grandsempeteura, Coualanlia, impariall servitio volumus. » Ban« lia miloe letiva firmi.péréstere, Domino emparante, Ra*«nn««NoVreexceHenl ^nK.ti^'s ' maître. Uappelle » Batontus, l'exarque de • é dit. lt a éW «àttonlaé. uXlï,p.843, de1748.Grégoire epelesiasiici, a.OrdinalladoinilcKomana) nrbisetApoalolici, liallu,nonton» • totluoquo tnmimblicls, ocdetiamocctalantlciB est. etprWfttts rébus. Borna TtofectuD dnnalcs i'rancorum ad 800. ap.Don» Bouquet, I. V,p,58, aim.


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elle possédaitune partie considérabledu sol de l'Europe chrétienne; elle avait la force morale,puisquetous, grands et petits,acceptaientavecdocilitéses commandements enfincesdeuxforcesétaientdécupléespar une troisième,l'unitédé pouvoiret dedirection.Autempsdes Iconoclasteset des derniers Cariovingiens, l'églisen'avait aspiréqu'à sortir de l'État qui l'enveloppait,pour vivre librementde sa viepropre. Devenueplus forteet nécessairementplus ambitieuseelle. eutla prétention, communeà tousles clergésvictorieux,de dominerà son tour la sociétélaiqueet les pouvoirscivils. Il se trouvadoncen présence,au milieudu onzième siècle, deuxpuissances,le pape romain et l'empereur allemand,l'autorité spirituelleet l'autoritétemporelle, toutesdeuxambitieuses,et, dansl'étatdesmœurs, des institutionset des croyancesde l'époque, ne pouvant point ne pas l'être. Alorsla plus grande question du moyenâgefut posée.Qui del'héritierde saintPierre ou de celuid'Augusterestera le maîtredu mondé?Cefut la j querelledusacerdoceet de l'empire. Cettequerelleestun drameentrois actes.Dansle premier, le pape et l'empereurse disputentla suprématie sur l'Europechrétienne le concordatde Worms(1122) les obligeàjde mutuellesconcessions et à un partageque la sociétémodernea consacré;dans le second,il s'agit surtout de la libertéde l'Italie,!que les papesdéfendent pour se sauver eux-mêmes;dansle troisième, l'existencedu saint-siégeesten péril,la mort de FrédéricII le sauve. Quelestle résultatdecettegrandelutteet decetteimmenseambition?L'abaissementet presquela ruinedes deuxadversaires.Lapapautéretombeépuiséeà Avignon et'la captivitéds Babylom commence,tandis que l'empire


PRÉFACE.

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allemand,frappéà mort, est sur le pointde disparaître durant k grandinterrègne,et n'échappeà la destruction que pour traînerune viemisérable. Durantle combat,les peuples,d'abordfrappésde stupeur,avaienttourné les yeux et couru à d'autresaventures.Lesentimentle plusvifdu moyenâge,la croyance religieuse,avaiteu ses conséquences naturelles il avait provoquéla croisadeet jeté desmillionsd'hommessui laroutede Jérusalem. Sila croisaderéussiten Europecontreles païensde la Prusse, les mécréantsde l'Espagne,et, avec d'abominablescruautés, contreles Albigeoisde France,le but principalpoursuivien,Orientfut manqué; le saintsépulcreresta aux mainsdesinfidèles,et l'Europe sembla, s'êtrevainementépuiséede sang et d'or à conquérirun tombeauqu'elle n'avait pu garder. Elles'était rajeunie au contraire; elle avait secoué une torpeur mortelle pour se remettre à vivre, et la voilà qui 'couvreles routes de ses marchands,la terre de ses cultures, les villes de ses monuments.Elle créeun grandart, une littérature, des écolessavantes, et la Franceconduitle mouvement.C'estle moyenâge qui finit, puisqueles et de GrégoireVIIsontsans successeursde Charlemagne pouvoir, que la féodalitéchancelle,que les opprimésse relèvent; ce §ont aussiles temps modernesqui approclient, puisquede nouvellesidéeset dos besoinsnouveauxsurgissent. Cesbesoinsnouveauxontdouxreprésentants,lesdeux pays qui leur ont, chacunà sa manière, donnéla plus complètesatisfaction,la France et l'Angleterre.L'Angleterre d'aujourd'huidate de la 'grandechartedu roi


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PREFACE.

Jean, commela royautéde LouisXIVest venuedirectement de celle de PhilippeAugusteet de soint'Louis. Dansles deuxpays, trois élémentssemblables le roi, les seigneurs,le peuple, mais qui se combinentdiversement; de cette combinaisondifférenteest résultéle caractèresi différentde leur histoire. En Angleterre,la conquêteavaitfaitle roi si fort que les noblesfurent obligésde s'allier aux bourgeoispour défendrecontrelui leurhonneur,leursbiensetleurtête. Cettenoblessefavorisales franchisespopulairesdontelle avait besoin,commeles bourgeoisaimèrentcetteféodalité qui combattaitpoureux. Laliberté anglaise,fillede l'aristocratie,n'a point levéla maincontresa mère; elle larespecte,aucontraire,ellel'honore,et l'ona le curieux spectacledu pays qui soit le plus libre au monde, avec les plusgrandesinégalitéssociales. En France, c'étaientle roi et le peuplequi étaientles opprimés cefurent eux qui s'unirentpour renverserla féodalité,leur ennemicommun maisle prix delà victoire resta naturellementau chef qui avait pondu'1 la bataille.Dèsle quatorzièmesièclece doublecaractère est évident.Au commencement, Philippele Belraseles châteaux,appellelesmanantsdanssesconseils,et soumet tous,granjrtset petits, à la loi d'une égaleobéissance à la fin, leparlementde Londresrenversesonroi et disposedela couronne. Si lesdeuxpaysne s'étaientheurtésl'un contrel'autre dans cette mêléefurieuse qu'on appelle la guerre de cent ans, c'est du quatorzièmesièclequ'auraitpleinemontcommencépour euxleur vie moderne. et la France ont, pour leur histoire,un L'Allemagne pointde départcommun toutesdeuxsortentdedesaous


PRÉFACE.

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les décombresdu grand empire carlovingien, et toute? deux sont couvertes à l'origine d'une féodalitépuissante; elles pouvaient donc courir la taême carrière. Pourtant dans l'une la royauté arrive à son apogée; dans l'autre elle décline, s'efface et disparatt. Quelle est là cause de cette étrange différence? Aucunmystère; un simple fait physiologique dont rien ne peut rendre raison. tes Capétiens ,ont duré après neuf siècles ils viventencore; par cette durée même, fls ont empêché,en France, l'élection de se conserver, en ne lui donnant pas l'occasion de se produire. Les dynasties d'outre-Rhin, au contraire, d'abord plus brillantes et plus fortes, semblent frappées de stérilité. Au bout de deux ou trois générations, elles s'éteignent en cinq siècles,je compte dix-huit maisons royales; c'est-à-dire que dix-huit fois le peuple allemand vit la couronne tomber à terre, et qu'il fut appelé à la. ramasser lui-même pour la poser sur une tête nouvelle. L'élection qui avait été dans les mœurs de la Germanieet qui était restée dans celles de l'Église, devint imsystème régulier. Les chefs féodaux comprirent bien vite quels en seraient pour eux les avantages à chaque élection, selon une expression du temps, ils arrachèrent une plume à l'aigle impériale, et l'Allemagne arriva à posséder mille princes, quand de l'autre côté de son grand fleuve, l'héritier de Hugues Capet pouvait dire avec véjritô l'État c'est moi. Voilàdonc lés trois grandes nations modernes consti» tuées, dèsle quatorzième siècle, aveeleur esprit doliberté publique et de noblesse héréditaire en Grande-Bretagne avec la tendance vers l'égalité civile et une royauté absolue en France avec l'indépendance princièro et Pauârchie publique en Allemagne. Aujourd'hui, l'une est h vrai dire une république aristocratique, l'autre un liliuu


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PRÉFACE.

démocratique pour le moment sans nom, la troisième éta?*noguère encore une confédération d'États souverains le moyenfige avait nrôj are ces différences En Espagne, les Goths réfugiés dans tes Asturies y avaient fondé un royaume chrétien; Charlemagne en avait préparé deux autres, en forçant par deux points, Navarre et Catalogne, le passage des Pyrénées. Les trois États, fortement adossés aux montagne, avaient marché en ligne vers le Sud contre les Maures; mais les temps modernes étaient déjà commencésau nord des Pyrénées, que les Espagnols n'avaient pas fini, dans la péisnsule, leur croisade huit fois séculaire. Rien n'annonçait done encore quelle serait leur fortune dernière. L'autre peuple néo-latin, l'Italie, n'avait pu trouver au moyen âge l'utilité politique qui seule constitue les grandes individualitésnationales.Troischosesl'en avaient empêché sa configuration qui ne lui donnait pas de centre géographique; les mille cités que la civilisation ancienne avait semées à sa surface et qui n'avaient pas appris par assez de malheurs à aliéner une part de leur indépendance municipale pour sauver la liberté commune enfin la papauté qui, ne voulant pas de maître, même dans les choses temporelles,posa ce principe, très juste à son point de vue et, ^u moyen âge très-légitime', qu'il n'y aurait jamais, des Alpes au détroit de Messine,une seule domination, parce que cette domination voudrait certainementavoirRoïne pour centre. Cette t. Très-légitime, parcequ'ilne fallaitpasqu'àuneépoque oùla forée seulerégnait, lesaint-siège setrouvât à lamercid'undecespetitsselgueuru qui,dansteamonarchies étaientbienplusmaîtres féodales queleroiet ont auraient renottvelû scandales du Mais le grandpoôfô les tempsde Marozis.


PaKFÀGE.

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politique atinré treize siècles. G'estellequi, dèsle sixième, empêcha la consolidationdu royaume italien des Goths; et au huitième la formation de celui des Lombards; qui appela Pépincontre Astolphe,CharlemagneeontreDidier, Charles d'Anjou contre Manfred, comme elle appela plus lard les Espagnols, les Suisses et les Impériaux contre les Français; les Français contre les Espagnols; qui finalement pactisa avec tous les maîtres étrangers de la péninsule, pour assurer, par l'équilibre des influences et des forces, l'indépendance de son petit domaine et deson autorité. N'ayantpoint depouvoircentral,l'Italie s'était couverte de républiques, qui, après un temps plus ou moins long, étaient pour la plupart devenues des principautés. Lavie y était brillante mais corrompue, les vertus civiques onbliées. L'anarchie habitaitdans son sein, signe infaillible que l'étranger allait redevenir son maître. Au Nord, complète obscurité La Prusse et la Russie sont d'hier. Maisà l'Est paraissait un peuple, Iles Turcs, qui était redoutable parce qu'il avait ce que l'Europe chrétienne n'avait plus, le prosélytisme religieux et conquérant qui avait été l'esprit des croisades, ou ce qu'ellene possédaitpas encore, une forte organisation militaire. Aussi, cette poignée de pâtres nomades qui était devenue si vite un peuple, ou plutôt une armée, accomplit sans peine la dernière invasion Constantinople suecomba. dumoyen n'envoyait lesdcaaslreotra conpasmoins catholique 4ge,Dante, decettepolitique séquences di quanto maltumaire AI»Çootanlin Non la tua conversion, ma quella ilole Chedateproseil primoricopaire1 Ittferno,

six, (I5-HÏ.


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Mais au moment o& le dernier débris survivant M l'empire romaindisparaît, voilà que du milieu des ruinés s'échappe le génie delà civilisation ancienne, an flambeau à la main. Les Portugais sont sur la route du cap de Bonne-EspÔrance,comme les artistes et les écrivains sur celle de la Renaissance, et déjà Wiclef et Jean Huss ont préparé les voies à Lutheret à Calvin.Aux changements qui s'opèrentdansl'Étatrépondentdoncdeschangements dans la pensée et dans la croyance. On demandée l'Église ébranlée par le schisme une réforme elle la refuse; dans un siècle elle aura une révolution. Ainsi L'empire romain qui s'écroule et deux invasions qui s'opèrent; la civilisation arabe qui brille un instant et s'éteint; Unnouvel empire que Charlemagne veut organiser et qui se dissout; La féodalité qui s'élève et qui règne; Les croisades qui s'accomplissent Le pape et l'empereur qui se disputent la terre; Voilàle vrai moyen âge, simple dans ses lignes générales, et qui arrive à son plus complet épanouissement au treizième siècle. Maisavant même cette époque, un autre moyen âge a commencéen Angleterre et en France celui qui pousse ces deux pays vers une nouvelle organisation sociale et qui bientôt entend des voix hardies raisonner l'obéissance, même la foi, et réclamer pour ceux dont jusqu'alors on n'avait tenu nul compte, les manants et les serfs. Voyageuréternel, l'humanité marche sans casse, à tra» vers valléeset montagnes,aujourd'hui sur la hauteur, en


H&ÊFAGE.

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pleine lumière, demain dans les. bas-fonds,les ténèbres et les périls, mais avançant toujours et gagnant de loin en loin, avecbien des fatigues, quelque large plateau où elle s'arrête un instant, respire et se repose. Ces temps d'arrêt durant lesquels la société a trouvé une forme qui pour le moment lui convient, sont les périodes organiques. J'appellerai l'intervalle qui les sépare les temps inoî-ganiquosou de transformation. A ce compte on pourrait partager les dix siècles du moyen âge en trois sections du cinquième au dixième, la destruction du passé et la transition,à la forme nouvelle; du dixième au quatorzième, la société féodale avec ses. mœurs, ses institutions, ses arts, sa littérature. C'estune période organique de la vie du monde. Puis le voyageur infatigable se remet en route; il descendcette fois encore dans un abtme de misère pour gagner, au delà, uneterre moins couverte de ronces et d'épines. Le quatorzième et le quinzième siècle sont franchis, et déjà' on aperçoit de loin les grandes figures de Raphaël, de .Copernic et de Christophe Colomb, dans l'aurore du monde nouveau.


.1

CARTES ET GRAVURES

CONTENUES DANS i/HISTOIRE

DU

MOYEN AGE.

CARTES. Empire romain et monde barbare avant l'invasion. t<a!tesQM!esI.oa.band~(a68 fi 750) Empire des Arabes (T54). Empire de Charlemagne Europeau temps des croisades (1995à 12iO}. Les 'lies Britanmques.

Paglle. 17 T 55 106 144 ~281. 890

GRAVURES. La Caaba data la Mecque Mosquéede Cordoue. La Cour des Uons. La Tour de Londres L'EgUse~amt-MM-c. La Tonr penchée. Campo-Santo. CathëdratedetMifan. Couvent de MtaHKt.

*«* 1

§9 127 121' 207 490 491 492 493 6Y8


HISTOIRE

ÂGE. DUMOYEN a PREMIER. LIVRE L'INVASION GERMANIQUE (395-687).

CHAPITRE PREMIER. LE MONBEROMAINET LE MONDEBARBARE A LA FM DU QUATRIÈME SIÈCLE. del'empireromain. Hiâforme Findestempsanciens. Nouvelle rarchiecivileet militaire. Régime municipal; curiales. Impfe. Etatdespersonnes. L'armée. Étatmoralet intellectuel L'Eglisechrétienne. Lesbarbares. Peuplesgermaniques. Slaveset Huns. sia des temps anelene. Les temps ancî'eas finissentavec l'empire romain, qm, ayant absorbé tous les peuplesde l'antiquité,les enveloppa toua dans sa ruine. L'Asie, l'Egypte, la Grèce, Carthage, l'Espagne et la Gaule avaientété attirées dans le vasteseia de cette Rome qui donna à ses sujets l'unité de gouvernement et, à ses provincesoccidentales,l'unité de langea, Cette unité, œuvre de la conquête, fut d'abord maintenue par une politique libérale quifinit -pardeveniroppresH1ST, DUMOYEN AOE.

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"sive.Alorsle froid de la mortenvahitcette grande soeié'td romaine; les liens se relâchèrent et, an premier choc des .••• barbares, le colossesa brise. y KowvcJBe forme

de l'emplse

romain.

unité de gouvernement,imposéedès le tempsde la républiqueparlawnquê^ futrégulariséèsousl'empire par 1$ travail organiqued'une administrationsavante.Ellese personnifiadans un homme, d'abordchef militaire plutôt quo souverain, mais depuis Dioelétienet Constantin,vrai monarque, chefd'une vaste hiérarchie. Ces deux empereurs essayèrent de donner à l'autorité impérialeplus de stabilité, par un changementconsidérabledans le caractèredu gouvernement.Tandis que le sort de l'empiré dépendait auparavantdes volontés rivaleset capricieusesdes légions on des prétoriens, on vit l'empereurporté tout à coup à use hauteur mystérieuse, abriter son pouvoirsous la doctrine du droit divinet sa personnederrièreune pompetout orientale que n'avaientpoint connueles premiersCésars. Au-dessousdelui se développa,commepour le tenir mieux a distancedes citoyenset des soldats,Oneinterminablesérie de fonctionnairescivilset militaires, les premiers plus honorés que les seconds.A la tête de cette hiérarchiese plaçaient, si. l'on considère l'influence,les sept grandsofficiers qui formaient le ministère de l'empereur dans son palais de Gonstantinopïe,cette capitale nouvellede l'eîmpîre,qui étalait sur les rivas du Bosphore sa splendeur née d'hier" et sa corruptionprécoce;.,. Õ" BS8wûireMereIviIe ©«mtlJfestipe» Les sept grands officiersde la cour (nouspassonsles consuls, les préteurs,le sénat qui existaientencore, maisdontle rôle n'était qu«ide parade),'les sept grands officiers, considérés bien moinscommedes magistratspublicsque comme des serviteursde l'empereur,étaient Le comteda la chambre;sabrée(cornessacri cubiculi)on


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LE MONDEROMAÏNET LE MONDEBARBARE. >)4

graad chambellan,souventfort influentparcequ'il ne quittait jamais le prince; sortede ministre Le maîtredèsoffices(magisterofflciorum), d'État, de qui relevaienttoutela maisonde l'empereur,toute la police de l'empire avec ses 10 000 agents (curiosi), les postes,les arsenaux,les fabriqueset dépôtsd'armes administrationimmensequi comprenaitquatre bureauxavec des chefset sous-chefset cent quarante-huitcommis Le questeur du palais (quwstorpatatii), sorte de chancelier qui portait la parole pour l'empereur'et rédigeait ses décrets; Lé comtedes largessessacrées(comessacrarum largitionum), ministredes finances,de qui relevaientles comtesdes largessesdes diocèsesettousles agentsfinanciersde l'empire, qui réglait la recetteet la dépense,quijugeait les procèsen matièrefiscale; Le comtedu domaineprivé (cornesMt p~wc~e)qui administrait les domaines particuliersdel'empereurpar des agents appelésrationaleset cœsariani', Le comtede la cavaleriedomestique(comesdorneslicorum equitum); ¡ Enfin le comtede l'infanterie domestique(domèsticm'um peditum). Tous deuxavaientsousleurs ordres 3500 hommes,distribués en sept écoles,beauxsoldats,principalementArméniens, qu'il était imposantde voir se développeren ligne sousles portiquesdu palais. Pour se bien représenter cettecour de Constantinople,il faut ajouter à ces officiersla tourbe innombrabledes huissiers, des pages(ypdagogia),des espions,desdomestiquesde toutes sortes, des eunuques,plus nombreux, dit Libanins, que lesmouchesqui volenten été. Quittonsle contreet passonsaux provinces. 'Nous y trouvons,à la tête de la hiérarchie, les quatre préfetsdu prétoired'Orient,d'Hlyrie,d'Italieet de Gaulo.C'était la ttîtrarchiede Dioolétien,maissans préjudicepour l'unitd, et sansdangerpourl'empereur.Cen'étaient plus là, en etfet, eoaancienspréfetsdu prétoirequi ronvomiionthnvmmoitrès


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GHAtWrHK L

on leur avaitretiré griffeset dents en leur étant toutesattributionsmilitaires.Leur part étaitencorebelleet leur autorité assezétenduepour que leur administrationne souffritpas de sa diminution.Publier les décretsde l'empereur,rédigerle cadastre,surveillerla perceptionde l'impôt, sanspouvoir,il est vrai, y rien ajouter;juger, en appeldeschefsde diocèse, les procèscivilset criminels,révoqueret punir à leur gréles gouverneursde province, telles étaient leurs attributions. Leurs richesappointements,le personnelnombreuxde leurs bureaux, le luxe deleur existenceen faisaientcommequatre rois de secondordre. Chaquepréfecturesedivisaiten diocèsesgouvernéspar des vice-préfets; il y en avait quinze six dans la préfecture d'Orient(Orient,Egypte,vicariatd'Asie, proconsulatd'Asie, Pont, Thrace) Deuxdanscelledillyrie (Daoieet Macédoine); Trois dans celled'Italie (Italie,ILyrie occidentale,Afrique occidentale); Trois dans celledesGaules(Espagne,Gaule,Bretagne), Rome, dont le territoires'étendaitjusqu'à cent milles de ses murs, formaitun diocèseparticulier; De mêmeConstantinople. Enfinlesquatrepréfectureset lesseizediocèsesse divisaient en cent vingt provinces,gouvernées par des consulaires, des correcteurs,des présidents, trois degrés d'autorité peu différents. A côté dé cette hiérarchiecivilese dessinaitla hiérarchie militaire,qui commençaitpar le maître de la cavalerie(magister equilum), et celui de l'infanterie (mugisterpedilum), qui furent doublés après le partagede l'empire. Sousleurs ordres venaient dans les provinceset sur les frontièresles comtes militaires (comites)et les ducs qui seuls disposaient des troupesdes provinces,chacundansson département. Voilà, vue par ses deux faces, la hiérarchieimpériale, et tout le gouvernementcentral, le trono et les branches.


LE MONDEROMAINET LE MONDEBARBARE. SI. Slégloie

Binalelpai;

eartales.

Le despotismeétaitd'assezrécente origine, car il n'avait que deux siècles,et des institutions libresl'avaientprécédé, institutions qui vivaient encore dans le régime municipal. Romeavait semé partout des images d'elle-même.Il n'était point de ville de l'empire qui n'eût son petit sénat, la curie, composéede propriétaires ou curiales possédantau moins vingt-cinq arpents de terre, qui délibérait sur les affaires du municipe et élisait dans son sein des /magistratspour les.administrer. Les duumvirs rappelaient les consulspar leur nom et par leurs attributions présidencede la curie, administration générale des affaires de la cité, juridiction dans les affairesde peu de valeur. Un édile, un curateur (économede la cité), un percepteur,des irénarques(commissaires de police), des scribes,des tabellionscomplétaient l'administration municipale. Le régime municipal semblait donc prospérer il s'était mêmeenrichi récemmentd'un magistrat nouveau,le défenseur, sorte de tribun régulier élu par tout le municipepour le défendre auprès de l'empereur. Lorsque le clergé fut autorisé par Honorius à prendre part à l'élection pour la nouvelle magistrature, celle-citomba dans la dépendance de l'évoque. Maiscette prospéritédu régimemunicipalétait plusapparente que réelle, parce que les libertés localesmanquaient des garantiesque donnentles seuleslibertés publiques. Le gouvernement,dontl'aviditéégalaitles besoinsinfinis, s'était adressé,pourl'impôt, à ces magistratsmunicipaux,à cesprdpriétairesdont on pouvaitsaisir la terre, et les avaitchargés, non-seulementde percevoireux-mêmes, mais encore de garantir le tribut. Cette charge devint de plus en plus onéreuse, la prospéritédéclinant; les curialesn'y tinrent plus, ils s'enfuirentdans des corps privilégiés,le clergé,l'armée. Onles arrêta, on;lesramena, l'État ne pouvantse résoudreà perdreainsi ses contribuableset les garants do ses revenus. Alorsune latte s'engageoùl'individuest aisémentvaincupar l'État. Lecuriale est enchaînéà sa condition.Il faut qu'on


n

CHAPITRE I.

l'ait souslamain il n'ira pointhabiterla campagne;la mort mêmen'eu prive pas l'Etat, ses enfantssontvouésdès leur naissanceà la mêmecondition.L'exemptionde la torture èt de quelquespeines infamantesn'empêchaitpas la ruine, la misère, qui sont aussi des tortures. Le désespoirjeta beaucoupdecesmalheureuxdansla viesauvagedes bois,et jusque chezlesbarbares.Le nombredes curialesdiminuaprodigieusementdanstoutesles eités. smpfits. Ainsiles derniersdébrisdes institutionslibres étaientdevenusdesinstrumentsd'oppressiondansla maind'un gouvernement qui réclamaitrigoureusementses impôts sans souci du bonheurou du malheur des sujets. Et de quel poidsces impôts ne pesaient-ilspas1 C'était d'abord l'indiclion,taxe foncièrequi n'atteignait pas les biens du domaineimpérial et dont l'empereur fixait le taux chaqueannée pour chaque diocèsepar un édit signé de sa main en encrede pourpre, qu'on affichait au mois de juillet dans les chefs-lieuxdes diocèses.Les sommes exigées se répartissaient d'après la fortune reconnueà chacundans le cadastre qui se dressait tous les quinzeans. Cettepériodequindécennale,établieen 312 par Constantinest le cycledesindietions.Des auperindictionsvenaientsouvent aggraverl'indiction. Les autres branches du revenu public étaient la capitatio humana payée par la plèbe rustique, le follis senatorius dû par tous les sénateurs, l'or coronaireversé par les villes en certaines circonstances,le chrysargyre leVésur l'industrie et le commerce,enfinles impôts indirects, droit sur les ventes et revenus des péages, mines, carrières, salines, manufacturesimpériales. C'était un moment de désolation que celui où s'abattait sur tout l'empire la nuée des agents -fiscaux.Pour avoir une idée de cette tyrannique oppression, il faut ajouter à ces impôts les fournitures de l'annone, l'obligation d'héberger les soldats, lès magistrats à leur passage, d'entretenir les postes, les voies publiques, etc.


LE MONDE ROMAIN ET LE MONDE BARBARE.

sa

1ÉI06 des personnes.

Cos charges accablantespasaient d'autant plus sur 109 basses et moyennes fortunes que l'empire avait formé, pour l'état des personnes, des catégoriesprivilégiéesdans lesquelles, nécessairement,la plupart des riches étaient compris.On avaitétabli une hiérarchiede titres qui semêlait souventavec celle des fonctionset qui comprenaitdes degrés nombreux;les nobUmimi,les patrjicii,les illustres, les spectabiles,les clarissimi, perfeetfssimi,egre(jii,equUest ducenarii, sans compter le titro de comteet ceux des magistratures exercéesou non exercées(ex-consul,ex-préfet.). C'est ainsi que l'empire avait cherchéà formerune première classeon noblesse.Mais cestitres mêmes, dispensés par le capricedu despotisme,n'étaientque des cachetsde servitude. La secondeclasseétaitcelledes curiales; ona vu combien elleétait misérable. La troisième,celledes simpleshommeslibres, comprenait tousceuxqui possédaientmoinsde vingt-cinqarpents, et les marchands,les artisans.A ceux-làappartenaitle travaillibre, qui cessaitdéjà d'être libre. A peine avait-il pu existerdans l'antiquité;les esclavespresqueseuls travaillaient.Des circonstancesdifférentesl'avaientdéveloppédavantage,puis une vicissitudenouvellele replongeadans uneconditionfâcheuse. Les artisans s'étaient formés, surtout depuis Alexandre Sévère, en corporationsafin de se soutenir et de supporter mieuxet le poidsdu chrysargyreet la concurrencedes manu-i factures impériales;mais l'empire les traita bientôtcomme les curiales.Effrayéde la diminutionde la production,il crut y obvieren obligeantles membres des corporationsà n'en plus sortir et mêmeà y faire entrer leurs enfants. Alors les corporationsne furent plus un bienfait, mais une servitude très nuisibleà l'industrie.Dansles campagnes,la classeinférieuredeshommeslibres ne futpas plus heureuse.Dépouillés de leur petite propriété par les violencesou les ruses des grands propriétaires,oubien par les invasionsdes barbares,


§4

CHAPITRE1.

ils étaientréduitsà se faire codonsdu riche, conditionqui les attachait a une terre déterminéeen les privant, sinon du titre du moins de. la plupart des droits de l'hommelibre. fet abaissementet cette immobilisation,pour ainsi dire, de l'homme libre tuaienttoutevie morale. La dernière classe, il est vrai, celle des esclaves,gagn beaucoup.La philosophiestoïcienne,et, après elle, le chrisJianitmie,avaientrépandu des idées nouvellessur l'esclavage et modifiéprofondémentl'esprit de la loi à l'égard do l'esclave. Il fut eonsMéréenfincomme un homme; on {'autorisa à disposer plus librement do son pécule. On traita son meurtrier commeun homicide; on l'immobilisa enfin, lui aussi, et ce qui était une déchéance pour l'hommelibre était un avantagepour l'esclavequi, attaché à la culture, no put être vendu au loiu, ni séparé de sa famille. Ainsi, les hommeslibres abaissés,les esclavesrelevés,se trouvaient rapprochésdans une conditionà peu près commune, qu'on peut regarder comme l'origine principale du servage,qui fut la conditiongénéraledes habitantsdes campagnespendanttoutle moyenâge. Il y avait là du bien, mais aussi beaucoup de mal. L'hommelibre n'eut plusde cœur, ni pourtravailler,ni pour eombattre.Les bras manquaientpartout. La populationdiminuait.La vie devenantde plus en plus misérable, on renonçaità avoir une famille.Le gouvernementrecourutaux barbares, et beaucoupd'empereursen établirentdes colonies eonsidérablesdans les provincesdépeuplées, ce qui était nn commencementd'invasion. L'ormé. gj'niraaésa

Il en fut de même pour l'armée.Commel'empirey avait introduitaussice régimede servitudeet de privilégequi pré° valaitpartout, nul hommede quelquevaleurn'y voulaitplus entrer. On a vu que d'autres, les curiales, ne le pouvaient pas. Alors on,recrutal'armée, d'une part parmi des ramas ^hommessans emploi,sans fortuneet mm travail,da l'autre


LEMONDE ROMAIN ETLEMONDE BARBARE. 25 parmi les barbares,qui entrèrenten fouledans les logions. Probusavaitdit qu'il faUaitqu'on les sentît, mais qu'on ne lesvit pas. On ne tarda pas et à les sentir et à les voir.Les 4000) Goths do Thdodosofurent moins ses serviteurs que S09maîtres lo Franc Arbogast avait déjà fait un emperour; un mercenairebarbare, Odoacre, mettra bientôt fin &l'empire môme. Dégradésd'ailleurs par lamarquoqu'onimprimaitsur leur corps,découragéspar la distribution déraisonnabledes récompenseset des avantagesprodiguésà l'oisivetédes gardes du prince, auxpilatins, aux comitatenses,ot non auxsoldats des frontières, les légions romainasn'avaientplus rien qui les excitâtà la défensedela patrie. Elles étaientmêmedésarmées en quelque sorte; on les avait autoriséesà déposerle bouclier, le pilum, la courte épée, cos fortes armes de la vieilleRome,pour prendre l'arc, le bouclierléger, en même temps qu'on avait réduit leur effectifau quart, à 1 500hommes. Aussi l'empire allait-il succomber, malgré ses cent trente-trois légions, ses arsenaux, ses magasins et son enceinte do fortificationsle long du Rhin, du Mein, du Danube, de l'Euphrate et du désert d'Arabie. lÉtat

moral

et Intellectuel.

i

L'état moral et intellectuel de cette vieille société était tombé très bas. Sans doute il était beau de voir relever tout ce qui avait été autrefois abaissé, esclaves, femmes, enfants; mais, en revanche, tout ce qui autrefoisavait été ort et fier, l'hommelibre, le citoyen, était humilié. Il n'y voit pas plus de courage et de génie qu'il n'y avait do liberté. Commepn manquaitde soldats, onmanquaitd'écrivains et d'artistes. En vain les écoles s'étaient régularis :eset perfectionnées,en vainValentinienavaitdéterminélo nombredes professeurs,leursappointements,leurs fonctions, et placéles élèvessousunesurveillanceexacte; la disciplino règle, maisne fécondepas; dirige, mais n'imprimepas IVboK On eut, pour littérateurs,des sophisteset des rhitutira commeLibanius, des poètescommeClaudien;et ceux-cien. core sont de beaucouples meilleurs.ils ont de l'harmonie,


SB

I. CHAPITRE

quelquesgrandesidées; maistons les autres, et aveceuxces richesRomains h qui la culture des lettresservaitde passetemps,se réduisaientà écrirede petitsvers, des épithalames, littératureimpuissantedes époquesde décadence.D'artistes, on n'envit plus, et Constantinfut obligé,pour décorerConstantinopla,de piller les villesde l'empire riches en anciens monuments. En effet,la littératureet l'art, étroitementliés dans l'antiquité au paganisme,n'avaientpoint encoreété affranchisde cettedépendance.Et le paganisme,religiondéchue,rainé par, la philosophieet par le christianisme,chassé du trône, abandonnéde presque tous, excepté des gens de campagneque l'habitudeenchaîneplus lonemps, le paganismen'inspirait plus de foi et ne pouvaitplus être le germe d'aucunegrande œuvre. ErôgHse«bréttenue. Mais, si le vieuxculte périssait,si la vieillesociétése glaçait dans tousses membres, un nouveauculte et une société nouvelleprenaient naissance,dépositairesde cettevie qui ne s'éteint jamais entièrementdansles sociétéshumaines. Le christianismes'était développéet constituéàtraversles persécutions.Lesbeaux préceptesde sa moraleet le courage de ses apôtresavaientfait d'innombrablesconquêtes.Il était enfin montésur le trône avecConstantin.Cet empereurcombla l'Église de privilèges il autorisales évêques,ses chefs,à se constituerarbitres en matière civile,du .consentement des deuxparties il exempta les clercs dos charges municipales il leur concédades portions du domaine impérial, et les autorisa à recevoir des legs particuliers. De telle. sortequel'Églisejoignit l'influencedes richessesà celleque lui donnaientdéjà sa foi ardente et jeune,son esprit de prosélytisme,et le génie de ses chefs.L'hérésie mêmequi, .sous plusd'une forme,avaitdéjà déchirésonsein,n'avaitété qu'un. aliment à sa vigueur, une lutte salutairequi entretenaitsa; force.Tandisque la littératuredérivéedu pag&uismerespirait à peine, celle qui sortait du christianismeétait passionnée, active,pratique,partait de l'ûmeet se mêlaitauxfaits.Il suffi»


LE MONDE ROMAIN ET LE MONDE BARBARE.

2?

de rappeler Tertullien, saint Athanase,. saint Ambroise, saint .Augustin,saint Grégoirede Nazianze,Lactance,Sal'vien et bien d'autres. Les nombreux conciles tenus au 'quatrième siècleattestent l'activité de l'Église, les communications qu'elle établissait entreles provinces de l'empire et la part que tous ses membres prenaient à ses affaires. De la nécessité même, et c'est la meilleure origine pour ce qui doit durer, était sortie l'organisation hiérarchique qui avait élevéles évêquesau-dessusdes clercs, les métropolitains au-dessus des.évêques,et en vertu de laquelle lesiège de Rome revendiquaitune suprématie due à la vieille capitale du monde romainet à celui qu'onappelait'l'héritier de saint Pièrre. C'est donc dans. cette nouvelle société, ou mieux encore dans la société religieuse proprement dite, dansl'Église, que se trouvent la vie, la foi, l'avenir. En vain tout tombera autour d'elle, mêmecet édificeimpérial sous. lequel elle est abritée momentanément elle survivra à ces ruines, elle ne sera point ébranléede ces secousses; bien plus, elle n'en sera point affligée,cafelle n'est ni exclusive, ni patriotique elle n'a point d'amourpour l'empire romain et s'intéresse peu à son salut ou à sa ruine. C'est le salut des âmes qui l'occupe, c'est l'ambition d'amener dans ses voiesles peuplescampés autour de l'empire,qui la tente. Elle ne hait point les barbares, elle les aime comme sa. conquête et son futur troupeau, comme des enfants qui recevront avec plus de docilité sa parole. Déjà elle les. attire,elle va au-devantd'eux, elle les convertit; les Gothsde la Dacie ont un évèque arien, Ulphilas, qui traduit la Bible dans leur idiome, et les Burgundes sont convertie commeeux. Eh bien donc,que lesbarbares arrivent, qu'ils renversent les barrières vermoulues,qu'ils réduisent en poudre tout l'édificedel'empire,la seuleinstitutiondouéede vie,l'Eglise, ne leur fera point obstacle,et, au milieudes ruines, se trouvera seule, forte et jeune.


SS

CHAPITRE 1. EisaIjBffbOPsa.

Quand Romes'appelaitla maîtressedu monde, elle savait bien qu'elle faisait une hyperboleet que ses limitesn'étaient pas cellesde la terre.D'assezcruellesexpérienceslui avaient appris qu'il n'était pas une de ses frontièresqui ne fût menacéepar des populationscachéesdans les profondeursdu nord, du sud ou de l'orient. Au nords'étendaienttroisbans de peupleséchelonnésdans l'ordresuivant Germains,Slaves,peuplesasiatiques.A l'est habitaientles Perses, empireancienqui avaitfait souventla guerre auxRomains,et devaitla faire longtempsencorepour quelquesvillesfrontières,maisqui ne songeaitpasà l'envahir, n'ayantnulle enviede changerde demeuré.Au sud erraient dans lesdésertsde leur grandepéninsulelesArabesqu'onne redoutaitpasencore,et dans ceuxde l'Afriqueles populations maures, qui étaient asseznombreusespour inquiéter les officiersromainset aider à la dissolutionde l'empire,pas assez pour faire elles-mêmesune invasion. gouvernementet religion. peuples germaniques < mœus"@, A la mort de Théodose(395),le dangersérieuxne venait que du nord. Pousséspar les Slaves,qui l'étaient eux-mêmes par les hordesasiatiquesdes bords du Volga,les Germains se pressaienttout le long de la frontière romaine.Suèveson Alamans,Bavaroisoccupaientle midi, entrele Mein Souabes,1 et le lac de Constance.Marcomans,Quades,Hermutdures, Hérules, et, à l'extrémitéde la zonegermanique,la grande nationdes Gothss'étendaientau bord du Danube.A l'ouest, le long du Rhin inférieur, se trouvait la confédérationdes Francs (Saliens, Ripuaires, Sicambres, Bruotères,Gattes, Chamaves,etc.) qui s'était formée au milieu du troisième sièclepourrésisterauxRomains.Au Nord les Frisons,restes des Bataves,habitaiententre le lac Flévo et l'embouchure de l'Ems; plus à l'est les Vandales,les Burgundes, les Rugiens,lesLongobardsouLombards,et, entrel'Elbe et l'Eidei^


LE MONDE ROMAIN ET LE MONDE BARBARE.

SB

(os Angleset lus Saxons; enfin, derrière tous ces peuple?, les Jutes,les Danesetles Scandinaves,qui occupaientle Danemarket la Suède, et feront la secondeinvasion, celle do neuvièmesiècle. Les mœurs,le gouvernement,le caractèrede ces peuples formaientavec ceuxdu monderomainun contrastedontla penséea, dit-on, inspiré à Taciteson livre de la Germanie. La disciplineet la servitude, principesdu gouvernementde l'empire, étaienten horreur aux Germains.L'amour de l'in. dépendanceindividuelle,le dévoûmentvolontaireétaient la fond de leur caractère.La guerre, non pas disciplinéeet savantecommechez les Romains, mais aventureuse,faite au loin, pour la gloire et le butin, était leur plus douxplaisir. Dèsque le jeune hommeavaitété présentéà l'assemblée publique, et qu'il avait reçu des mains de son père ou do cellesd'uncheffameuxle bouclieret la framée,il était guerrier et citoyen; aussitôt il s'attachait à quelque chef d& grande renomméequ'il suivaitdans la paix et à la guerre parmid'autresguerriersrecrutésde la mêmefaçon. Le chel avaiten euxsesleudesou fidèles,toujoursprêts à mourirpour sauver sa vie, toujoursliés lui dans les dangers, mais liés par une obligationtoute volontaire,par les seuleschaînesde l'honneur. Sur de tels hommesne saurait s'établirle despotismed'un seul. Aussile gouvernementdes Germainsétait. formé par une assemblée(mail) à laquelletous prenaientpart, institution sacrée,fondée,disaient-ils,par les dieuxmêmes.Elle se tenait dansdes lieux et à des jours consacrés,à la nouvelle et à la pleinelune, dans une enceintede sauleset de noisétiers où s'ouvraitvers l'orient un demi-cerclede 24 grandes pierres blanches.Là se réunissaientles guerriers avecleurs boucliers,symbolede la souverainetémilitaire. Le choc des boucliers marquait l'applaudissementde l'assemblée; un murmureviolent, sa désapprobation.Les mêmesassemblées exerçaientle pouvoirjudiciaire, quelquefoispar une réunion de tous les hommes libres, quelquefoispar une délégation {rachimburgi,ahrimanni). G'ost l'origine de l'institution du jury.


30

CHAPITREI.

Chaquecantonavait sonmagistrat, le graf, et toutela aation un roi, koning, élu parmi les membres d'une môme famillequi avait la possessionhéréditairede ce titre. Pour les combats,lesguerrierschoisissaienteux-mêmesceluiqu'iIs voulaientsuivre, herzog. Delà le mot de Tacite Regeses nobilitale, ducesemvirtutesumunt. L'Olympe de ces peuplesrépondaità leur génie plein de fiertéet d'héroïsme,de passionsanguinaireet d'amourde la gloire, maisla grâce se mêlait parfois à leurs imaginations terribles. A côté d'Odinqui donnela victoireet qui descend chaque nuit de son palais célestedont la fenêtres'ouvre vers l'orient, pour chevaucherdans les airs avec les guerriers morts; à côtéde Donar,l'Herculedes Germains, à qui sont dédiés les arbres que la foudre a frappés; à côté desjoies féroces du Walhalla, étrange paradis, où sans cesse les guerriersse battaientet buvaient,apparaissentgracieusement les déessesvoyageusesqui portentpartout la paixet les arts, et Fréa, la Vénusdu nord ou collier magique, et Holda, belle et chastecommèDiane, qui vole dans les airs pendant les nuits d'hiver, touteveluede blanc, en semantla neige sur ses pas. Souscette mythologie,on retrouve l'adorationdes astres Hertha, la. terre, est la première déesse des Germains ils adorèrent aussi Sunna, le soleil, et son frère Mani, la lune, que deux loups poursuivent.Ce n'était plus là l'imaginationde la Grèce; maisc'était aussi de la poésie, et parfois très-élevée. Le poëmedes Niebelungenen garde un dernier reflet'. Les bandesétaient en grand honneurparmieux « Tout meurt, disaientles Germains,une seule chosene meurt pas, c'est le jugement qu'on porte des morts, » Unemaximesi belle rendait la mortfacile. Aussicomme ils la bravaientI avec quellehardiesse téméraireils se lançaientsur les flots! Qui ne sait l'histoire de ces Francs (de frech,hardi, courageux) que Probus avait transportéssur. les bordsdu Pont. 4. Copaiiino, laliiltodesBnrgtmdes quiraconte contra Attila,et od se etles lestraditions noms testés dans lo rencontrent souvenir deoAile» grands manda dumoyen actuelle antroisième Age,a étérédigédansoaforme aieele» maiseolbienantérieur &celteépoque.


I,E MONDE ROMAIN ET LE TUONDE BARBARE.

3!

Euxin, et qui, un jour, prirent quelques barques, s'y jetèrent, traversèrenttoute la Méditerranéeen pillant les rivages de la Grèce, de l'Italie et de l'Afrique et revinrent par l'Océan,ayantjoué avec la tempête et avecl'empireromain Ils se faisaient gloire de mourir en riant. Les Germainscultivaientpeu la terre ils ne possédaient point de domaineen propre, et tousles ans les magistrats distribuaient à chaque bourgade, à chaque famillele lot qu'elle devaitcultiver, afin, dit César, de ne pas détourner les hommesdu goût descombatset de maintenirl'égalité des fortunes. De là 'le peu de progrèsde leur civilisation.Point de villesnon.plus chez eux,peut-êtrepar suite de cette dispositionmême; maisdes cabanesde terre disséminées,éloignées,les unes des autres, entouréeschacunedu champque cultivaitle propriétaire. Les vêtementscollantscontrastaient aussiavecl'ampleurde la robe grecque ou romaine. Il parait que les mœursétaientassezpures chez les Germains la polygamien'y était autoriséeque pour les rois et les grands.Maisla sobriétén'était pasleur vertu ils buvaient beaucoupdans leurs festinshomériques; leur coupe d'honneur était un crâned'ennemivaincu,et souventle festinluimême se terminait par des rixes sanglantes et la mort de quelqueconvive.Ils avaientaussila passiondu jeu, et jouaient tout,jusqu'à leur personne.Celuiqui s'était perdu lui-même au jeu devenaitesolavedu gagnant;c'était pour lui une dette d'honneur,et jamais il n'eût violésa parole. Commela civilisation a ses vices, la barbarie a les siens, mais qui sont peut-êtrepréférables,parce qu'ils viennentde la grossièreté qui peut se polir, non de la corruption et de l'épuisement moral,pourlesquelsil n'est guère de remède. l

IIJIIJI"~B Slaveset et sauna. IBIQI\DO. Telle était la physionomiede cette grande famille germnniquo qui allait envahir et, pour quelque temps occuper ia' meilleure partie de l'empire. Derrière elle douxautres races barbaresla poussaient,bien plus différentesdu monde


«a

CHAPITRE I.

romainque ne l'étaientles Germains.C'étaientles slaves et les Huns. Les Slaves, qui forment aujourd'hui dans la famille des peupleseuropéensune race de 80 millionsd'hommes,étaient encoreépars sous le nom de Vendeset de Slaves,près du Danube, du Borysthèneet de la mer Noire, aux souicesdu Volgaet du Niémen,le long dela Baltiquejusqu'à l'Elbe,oit ils s'étaient mêlésà quelquestribus germaniques.De ce mélange étaient sortiesdes peupladesmixtes, commeles Vandales, qui jouèrent un rôle dans l'invasion du cinquième siècle.Les autres ne paraîtront que plus tard, diviséesen trois rameaux. LesSlavesméridionaux(Bosniens,Serbes,Croates,Esclavons,Dalmatesmodernes),entrele Danubeet la mer Adriatique Les Slavesoccidentaux(Leckquesou Polonais,Tchèques ou Bohèmes, Moraves, Pomérameas, Wiltzes, Obotrites, Lusaciens, Sorabes ou Serbes, dunord), entre l'Elbe et la Vistule, la Baltiqueet les Carpathes; Enfinles Slavesseptentrionauxou sédentaires,qui, réunis aux Finnoisou Tohondesde la Baltiqueorientale, composeront la nation russe primitive,et dans lesquelson peut comprendre les Livômens,les Esthoniens,les Lithuanienset les Prussiens. LesHuns (Hiong-Nou),qui appartiennentà la racetartarofinnoise, furent un'sujet d'effroiet d'horreur pour tous les peuplesoccidentaux,germainsou romains; leur vie errante passéedansdaschariotsénormesou sur la sellede leurs che= vaux, leur visage osseuxet percé de deux petits yeux, leur nez plat et large,leurs oreilles (énormes et écartées,leur peau brune et tatouée,étaient des traits de mœurs et de physionomie étrangers à l'Europe. AmmienMarceUinles appelle bêlesà deux pieds et les compareces figuresgrotesques donton ornaitles parapetsdes ponts. Les Germainsles accutaient d'être un produit des géniesinfernauxet dessorcières île la Scythie,de ces steppesincommensurablesqui se perdaientdans le nord et dans l'orient, région inconnue et rcdoutée,bien proprea recevoirde pareili hôtes.


33

LE MONDE ROMAIN ET LE MONDE BARBARE.

Cettefamilletartaro-finnoisejettera encore sur l'Europe, après les Huns, les Avarsan sixièmesiècle, les Bulgareset les Khazars an septième, les Magyars on Hongrois au neuvième,les Mongolsou Tartares au treizième, les Turcs au quatorzième.Ceux-citerminerontl'invasion.

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GHAPmiR H.

CnAPITRE II. PREMIÈREPÉRIODE DE L'INVASION(37S-476\ ALARIC,RADAGAISE,GENSÉIUCET ATTILA. desbarbares avantla mortdeThéodose. DiviPremierébranlement sionde l'empireà la mortdeThéodose (395). AlaricetlesVisigoths la i nvasion de 406. Fondation duroyaumedes (395-419) grande de et desSuèves(419). Conquête Burgundes (413),des Visigoths -Invasiond'Attila(451-453). (431). -r-Prise l'Afrique parlesVandales de RomeparGenséric (455)findel'empired'Occident (476). Premier ébranlementdes Barbares«vont la mort «leBJhéodose. Du fonddes steppesqui s'étendentsur les confinsde l'Europe et de l'Asie partit, à la fin du quatrièmesiècle,l'impulsionqui ébranlale mondebarbaretout entier et provoquale grand mouvementde peuples qui renversa l'empire d'occident. Établis, depuisle troisièmesiècleavantJ. G., dansles grandesplainesde l'Asiecentrale,derrière la mer Caspienne, les Hunss'4taientavancéspeu à peuvers l'Occident.Par suite de discordesintestines, la nation se divisa; une partie alla former,sur l'Oxus,la nationdes Huns blancsou Nephtalites, qui furentsiredoutablesà la Perse, tandisque le reste poussa vers l'Europe et traversale Volga,attiré par le bruit desrichessesdeRomequi étaitvenujusque.dansleurs déserls(374). Ils entraînèrentdans leur courseles Alains établis entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne,franchirentle Tanais et vinrent heurter le grand empiregothiquedans lequel Hermanrich avait réuni les trois branchesde sa nation Oslrogoths,on Gothsorientaux,à l'est du Dniéper; Wisigoths,ou


ET ATTILA. 35 GENSÉBIC AÏ.ARIC,RADAGAISE, occidentaux,a l'ouest; Gêpides,ou traineurs, au nord, les deux autres tribus les ayant laissés derrière elles, vers la Baltique. L'empiregothiquetomba; les Ostrogothsse soumirent,les Wisigoths accoururent au bord du Danube, implorantde l'empereurValensun asile sur les terres de l'empire (376). Ds y furent admis; mais bientôt, maltraités par les officiers romains,ils payèrentl'hospitalitéparla révolte,et marchèren! contreValens,qu'ils tuèrentà la batailled'Andrinople(378). Théodosearrêta leurs succès,et, par des traités habiles, incorpora les uns dans l'armée, disséminales autres dans la Thrace, la Mœsieet l'Asie Mineure.Ceux de la Thrace demeurèrentfidèlesetdéfendirentla frontièrecontreles Huns L'empire avaitparu admettreles Gothspar faveursur soa territoire; lavéritéest qu'il n'avaitpas osé repousserdessup-· pliants si terribles. Naguèreil colonisaitles barbares après les avoirvaincus;maintenantil les reçoit en apparencepar générosité, en réalitépar crainte bientôt, leur audace et sa faiblessecroissant,ils forcerontviolemmentles barrières et s'établiront en maîtressur le solromain. Divisionde l'empire &la mort de Vhéodose(8pB). L'invasionen était là quand Théodoselaissa à ses deuxfils l'empire, quifut partagé entreeuxpourn'être plus jamaisreconstruit(395).La limite était en Europele Drinus, affluent de la Save, les mers Adriatiqueet Ionienne; en Afrique,le fondde la grandeSyrte. Honoriuseut l'Occident Arcadius, l'Orient. L'empired'Orient dura 1058ans après cettesépara- j tion, celui d'Occidentne survécut que 81 années. Pendant ces quatre cinquièmesde siècle,les deux États, quoiquedistincts, ne laissèrent pas d'associer quelquefoisleurs efforts pour la défensecommune.Mais l'empire d'Orientfut sauvé par la doublebarrière du Danubeet des monts Balkans,par la direction générale de l'invasionbarbare que l'impulsion premièretourna plutôt vers l'ouest que vers le sud, peut-être 4. Voyez VHistoire pourcesévénements romaine.


CHAPITREH.

88

aussi par sa vigueurplus grande, étant plus jeune, et par le soin plus attentifqu'on prit de protégerConstantinople,devenuela vivanteet réelle capitaledu monderomain, tandis que Romen'en était plus que l'ombre.An contraire, l'empire d Occidoutfut le but de toutes los grandesattaques et reçut en un demi-sièclequatre assauts terribles Alarie avecles lesAlains Wisigoths;Radagaiseavecles Suèves,les Vandales, et les Burgundes;Genséricavecles Vandales;Attila avecles Huns. D eut fallubien plus de forcequ'il n'en avaitpour résisterà de tels chocsse suivantde si près. Alarie

et Ici» wislgotbs

(SOS-41O) de 4OO.

la grande

Invasion

Les Wisigoths,ayant mis à leur tête Alaric, chefde leur plus illustre famille,celle des Balti, se révoltèrentde nouveau, à l'instigationdu perfide ministred'Arcadius,le Goth Rufin,qui avait négligéde leur payer la solde que la courde Constantinopleleur fournissaitannuellemeiat(395). Ils ravagèrentla Thraceet la Macédoine,passèrentles Thermopyles, sans y trouver de Léonidas,respectèrentAthènes, mais non l'Attique,nonle Péloponnèse,qui furent dévastés.Cependant l'empireavaitun protecteurdansle VandaleStilicon,au génie duquelThéodosemourantavait confiéses deuxfils. Stilicon accourutet cerna les Wisigothssur lemontPholoë en Anîadie mais il les laissa échapper par le détroit de Naupacte, soit faute,soit politique,et Arcadiusn'eut d'autre ressource, pour prévenir de nouveauxravages,que de nommerAlaric maître de la milicedansl'Illyrie. Cetranquillehonneurne pouvaitsuffireà un chefbarbare. Élevésur le pavois,c'est-à-direfait roi par ses compatriotes, Alarioles mèneà la conquêtede l'Italie, et assiégedans Asti l'empereur,qui s'est enfuide Milan, sa capitale.HeureusementStiliconaccourtde la Rhétie, d'où il repoussaitles Ala. mans, délivreHonoriuset bat les Wisigothsà Pollentia(Polenza sur le Tanaro, 403). Mais, après sa défaite d'Italie commeaprès cellede Grèce, Alariereçoitdeshonneurs H@noriusle nommeson général et lui donnela missionsecrète


ALARIC,Ï.ADAÛA18B,OEMSÉIUCET ATTILA.

37

de conquérirl'Illyrio pour l'empire d'Oceidont.Après cette bassesseet cettetrahison,l'empereuralla célébrerdans Rome un triompheoùl'on vit, pourla dernièrefois,les jeuxsanglants du cirque,et courutensuitese cacherà Ravenne,derrière les maraisde l'embouchuredu Pô, dédaignantRome et n'osant plus résiderà Milan, où Alarieavaitfaillile surprendre. L'empire romainn'eut pas un longrépit. Les Suèves,partis des bords de la Baltique, sous la conduitede Radagaise, prirentleur courseversle sud, entraînantaveceuxles peuples qu'ilsrencontraient,Burgundes,Alains,Vandales.Ils allaient tous d'autant plus volontiersau pillage de l'empire, qu'ils voyaient s'amasser derrière eux la masse menaçante des hordeshunniques.Au bord du Rhin, deuxcent milled'entre eux, laissantlà le gros de leurs compagnons,franchirentles Alpeset descendirenten Italie, oh ils pénétrèrentjusqu'à Florence. StiiiconsauvaencoreRomeet l'empire, en faisant périr de faimces barbares quil cernasur les rochersde Fésules. Radagaiseeut la tête tranchée.Effrayésparla nouvelle de ce désastre, ceux qui étaient restés en Germaniechangèrent de route et assaillirentla Gaule. Malgréla résistance desFrancs ripuaires, à qui Romeavait confiéla défensedu Rhin, ce fleuvefut franchi le dernier jour de l'année 406. A partir de ce moment, et pendantdeuxannées,la Gaulefuten proie à d'affreux ravages, qui ne cessèrent que quand les Suèves,les Alainset les Vandalesallèrent chercher; au sud das Pyrénées, un butin qui commençaità leur manquer au nord de ces montagnes. Alaric, danssa retraite, s'était arrêté sur l'Isonzo, qui dé= boucheau fondde l'Adriatique cette position,presque lirnitrophe entre les deux empires,lui permettaitde se jeter, à son gré, et selon l'occasion,sur l'un ou sur l'autre. Ce fut encorevers celui d'Occidentqu'il fut attiré. Stilicon, tout en battantles Goths,n'avait pas laissé d'entretenirdes relations d'amitiéavecleur chefet mêmede protégeren Italie un corps de 30 000barbares à la solde de l'empire, soit qu'il aimât leur valeur,soit que véritablementil vouluts'appuyer.sureux pour faire son fils empereur.Honorius,alarmé, le fit assassiner (408),et porta un arrêt de mortcontreles barbares qui


au

CHAPITREH.

se trouvaienten Italie. Ceux-cis'enfuirent auprès d'AJarie; il revint aveceux pour les venger(409). C'est la plus fameuseinvasiondu roi des Goths; il franchit les Alpes,pilla Aquilée, Crémone,traversale Pô, l'Apennin et parut sous les murs de la cité qui se disait la ville éternellé. Des députésvinrentdans son camplui porter des paroles de paix. Ds lui représentèrentla grandeur de Romeet sa nombreusepopulation « Plusl'herbe est serrée, leur répondit-il,plus la faux y mord. » Néanmoins,il consentità un traité qui rachetait la vieille capitale du mondemoyennant une rançonde 5000livrespesantd'or et de 30 000livrespesant d'argent, puis se retira en Toscane pour y prendre ses quartiers d'hiver.Mais il s'aperçutqu'on le jouait; plein de colère, il retournacontreRome, accueillantdans son chemin les esclavesfugitifsqui accouraientde toutes parts. La ville, cernée, privée des arrivagesde Sicileet d'Afrique, désolée par une famine terrible, ouvrit ses portes. Le sénat, docile enversles vainqueurs,donna la pourpre au préfet Attale, et nommaAlariclui-mêmemaîtregénéralde la milice.Les Goths prenaient les dignités romaines. Ce même instinct leur fit d'abord respecterRome; mais Honorius, qui n'usait guère de l'épée et beaucoupdela ruse, fit attaquer à l'improvistele camp des Goths par leur compatrioteSarus, dont il avait préparé la défection.Alaricrevint pour la troisièmefoissur Rome, et a cettenouvelleBabylone,commedit Bossuet,imitatrice de l'ancienne, comme elle enflée de ses victoires, triomphante dans ses déliceset dans ses richesses, tombe aussi commeelle d'une grande chute; elle subit la honte que les Gauloislui avaientinfligéehuit sièclesplus loi; elle fut pendanttroisjours livréeà toutesles horreursdu pillage; les barbares ne respectèrentque les templeschrétiens, qui furentun asile assuré pour les fugitifs(409). Alaricne survécutguère a ce triomphe, qui avait été refusé à Annibal et à Pyrrhus; il était descendudans l'Italie méridionale,comptants'emparerde la Sicileet de l'Afrique; il mourutl'année suivanteà Cosenzadans le Bruttium. Les Wisigothshonorèrentd'une sépultureextraordinaireles restes de leur grand chef. Pour que son corps ne faitpas profané


ALARIC, RADAGAISE, GEKSÉRIC ET ATTILA.

39

par les Romains, des prisonniersdétournèrentle cours du Busentinqui arroseCosenza,creusèrentun tombeaudansle Utdu fleuveet y ensevelirentAlaricavecde richesdépouilles. Leseauxfurent rendues à leur cours naturel, quand les prisonniers qui avaientfait ce travaileurent été égorgéssur la tombe, afin que nul ne trahit le secret (410). Atauli, frère et successeurd'Alario, avait une grande admirationpour l'empire et le désir de le rétablir par les mains et au profitde sa nation.Il commençapar se mettre au service d'Honorius,épousa en 413 sa soeurPlacidie, que les Gothsretenaientdansleur campen captivitéou commeotage, et promitde chasserde Gauleet d'Espagneles usurpateurs qui s'y disputaientla pourpre. Commesi, en efiet, ce n'était pas assezdes attaques extérieures, on avait vu, à l'intérieurde l'empire, trois usurpateursprendrela pourpreen Gauleet en Espagne Constantin, Maximeet Géronce.Us furent facilementrenversés, mais d'autres les remplacèrent Jovin et Sébastiend'abord, puis Héraelienen Afrique. Ataulfles vainquit, passa ensuite en Espagne,pour en chasserles barbares qui y étaient entrés, at mourutassassinéà Barcelone,le premier de ces roiswisigothsqui, en si grandnombre,périrentde mort violente.Ses enfantsfurent mis à mort par le Goth Sigerich,qui fut chef septjours et périt aussi égorgé(415). Wallia, dela familledes Balti, lui succéda.Il voulaitpasser en Afrique,maisne put triompherdes courantsdu détroit de Cadix,ce qui prouveque les Gothsavaientpeu d'expérience de la mer. Rentré au cœurde l'Espagne, Wallia la disputa, pour le compte de l'empereurd'Occident, aux Alains, aux' Suèveset aux Vandales,exterminaen partie les premiers, refoulales secondsdans les montagnesdu nord-ouest, et les derniersdansla Bétiquequi prit leur nom (Andalousie). WomdatBon éluroyaume des ffîmFgamdea (4fl@)9 des

wlslgotha

et dea ssièvco

(âflO>).

Le chef des Suèves,Hermanrich,tout vaincuqu'il était, sa retrancha dansles montagnesdes Asturieset de la Galice,où


aO

CHAPITREII.

il fonda (419)un royaumequi, sous ses rois Rechila et Recbiaire, de 438 à 455, èonquit la Lusitanie, et eût soumis l'Espagneentière,s'il n'avaitété arrêté dansson essorpar les Goths.Ce dernier peupleavait reçu de l'empereurHonorius, en 419, commerécompensede ses services,la secondeAquitaine avecToulousepourcapitale. Peu à peu ils s'étendirent dansla Gaulejusqu'à la Loireet jusqu'au Rhône, et retournèrent en Espagne,mais pour leur compte. ThéodoricII y vainquitles Suèvesen 456; Léovigilde,en 585, les soumit. •L'Espagneentière appartint alors aux Goths; en 507, les Francs les avaientchassésde toutela Gaule. Le royaumedes Burgundess'élevaplus tôt, car, dès l'année 413, Honoriusavait concédéà Gondicaire,chef de ce peuple, lesdeuxreversdu Jura (Suisseet Franche-Comte). annéesdu cinquièmesiècle, Ainsi, dans les vingtpremières prirent naissancetrois royaumes barbares, qui eurent une durée inégale, mais qui dispararent assez promptement celuidesSuèvesen 585souslescoupsdes Wisigoths,celuides Burgundesen534, et celuides Wisigothsen 507, au norddes Pyrénées,par la main des Francs, en 711dansl'Espagnepar celledes Arabes. conquête de l'Afriquepar les Vandales (€89). Honorius était mort en 423, sans avoir su défendre l'empire, et sans laisser d'autre gloire que celle d'avoir,comme son père, protégél'Égliseet l'orthodoxie beaucoup de ses édits ordonnentla destructiondes idoleset des temples, et interdisentles emploispublics auxpaïens et aux hérétiques. Son neveuValentinienIII, filsde Placidieet du comte Constance,qu'elleavait épouséaprèsAtanlf,lui succéda.Il n'avait que six ans et resta sous la tutelle de sa mère; dansle même tempsPulohériegouvernaitl'empire d'Orientpour son frère ThéodoseIL qui avait succédéà leur père Aroadiusen 408. De nouvellescalamitésassaillirentles deux empiressous lo règnede cesfaibles empereurs, dirigéspar des femmes,et l'onvit les ministreset lesgénérauxprendreles peuplesbarba-resau servicedeleursrivalitéset deleurs intriguesde cour*.


ALARIC, ItADAGAISE, GJBNSÊBIC ET ATTILA.

41

Le comteBoniface,qui gouvernaitl'Afrique,jaloux de la faveurdontjouissait le Hun Aétius auprès de l'impératrice Placidie,appela en Afriqueles Vandaleset leur roi Genséric. Il se repentit ensuite, et voulut, mais trop tard, résister à l'invasion,une des plus destructivesqui aient passé sur les provincesromaines.Genséricfit allianceavecles tribus nomadesdes Maures,vainquitBonifacedansune sanglantebataille, et le tint assiégédans Hippone (Bone)pendantquatorze mois. Saint Augustin,qui était évêquede cetteville, refusa de la quitter, et par sesexhortationsetfsa piété, soutint le couragedes habitants.Sa mort, en 430; l'empêcha de voir une nouvelledéfaitede Bonifaceet la prise d'Hippone. Les Romainsdurent abandonnerl'Afrique(431) quatre ans après, Yalentinienreconnutpar un traité rétablissement du royaumedes Vandales,quatrièmeÉtat fondépar lesbarbares et destinédurer aussi peu que les trois autres. Pourtant le fondateuravait des idées remarquableset saisit avec génie les avantagesde la positionqu'il venait d'occuper.Carthage prise (439),il songeaà relever la puissancemaritimedontces ueuxavaientété le siégeautrefois. Itfit construire des vaisseaux, eut une marine,quandl'empiren'en avaitplus, s'empara de la Sicile,de la Corse,de la Sardaigne,des îlesBaléa res; inquiétales côtesde la mer Tyrrhénienneet del'Archi Rome,et fat le pel, brava Constantinnple,enun mot, comme maîtrede la Méditerranée.En mêmetemps, il négociaitactivementavec les barbares demeurésdans le Nord, afinque l'empire, où.Aétius essayait de remettre un peu d'ordre et d'obéissance,fût étreint à la foisde tousles.côtés. i lavfflslond'Attila.(aSS-4B8). i Ceuxqu'il appelafurent les Huns; ils arrivèrentenfin, ces barbares plus terribles que les autres, que nousavons vus mettre en mouvementl'universet qui ont fait halte pendant un demi-siècleau.centre de l'Europe, tenant sousleur joug les Ostrogoths,les Gépides,les Marcomans,les Slavesméridionaux.AttQa,fils deMundzuk,régnait sur eux. Une épéë plantéeen terre étaitde toute antiquitéle symbolereligieux


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CHAPITRE 11.

des peuplesscythiques.Un pâtre en trouvaune touterouillée dans les champs où paissaient ses troupeauxet la parla à Attila.On crut que c'était l'épée du dieu de la guerre et que cette trouvaille présageait au roi des Huns la conquête du monde.Revêtu,dès lors, aux yeux de son peuple, d'un caractère divin,il voulutrégner seul etfit périr sonfrèreBléda. Il s'appelale fléaude Dieu,ajoutantquel'herbene devaitplus pousserta où sonchevalavait passé. Il est pourtantremarquableque ce grand conquérant né= gociabeaucoup,et qu'on ne connaîtpoint de victoire gagnée par lui, quoique son empire fût immenseet que lui-même eut étéen personnel'affermiret l'étendreducôtéde la Chine. Il en revenait,quand Genséricl'attira sur l'empireromain. D fit d'abord une diversionpuissantecontreThéodoseII, pour le forcerde rappelerles troupesqu'il venait d'envoyercontre Genséric. Le Danubefut franchiprès de Margus, soixantedix villesdétruites, et l'empereur obligé non-seulementde payer un tribut plus lourd que celui qu'il avait déjà subi, mais encore de céderaux Huns la rive droite du Danube. ThéodoseII essayade le faireassassineret crut avoir corrompuson ministreEdécon. Attila, instruit de cette perfidie, pardonnaavecmépris aux ambassadeursromainsqui étaient venusle trouver dans son palaisde bois; en Pannonie.U se contentad'humilierThéodoseen lui reprochant«de conspirer commeun esclaveperfide,contrela vie de son maître. » Mais après Théodose II (450),il trouvaun ennemiplus fier dans Marcien ceprince lui déclaraqu'il avait « de l'or pour ses amis, du fer pour ses ennemis.» Attilan'était pas houme à s'arrêter devant des paroles menaçantes,mais Constantinoplepassaitpour imprenable,il se décida à porter ailleurs la colèredu ciel. Il demandaà l'empereurd'Occidentla moitié deses États,et, poussantsur la Gaule600000barbares, il passale Rhin, ravageala Bel= giquepar le fer et la flamme;traversala Moselleet la Seine, ut marchasur Orléans.Les populationsfuyaientdevant lui dansune indicibleépouvante,car le fléau de Dieune laissait pas pierre sur. pierre là où il passait. Metz et vingt cités avaientété détruites; Troyes seule avait été sauvéepar son


ALAR1G, RADA6AISE, GENSÉRIC ET ATTILA.

4a

évêque, saint Loup. Attila voulutavoir Orléans,la clefdes provincesméridionales,et l'innombrablearmée enveloppala ville. L'évêqne,saintAignan,soutintle courâgedeshabitants. Tandis qu'il était en prière, on aperçutà l'horizonun nuage de poussière a C'estle secoursde Dieu » s'écria-t-il; et, en effet,c'étaitAétiusqui avaitréuni aux troupes romainescelles des barbares de race germanique qui déjà occupaientla Gaule, et aux dépensde qui la nouvelleinvasionse faisait,les Wisigoths,sous Théodoric, les Saxons,les Burgnndes, les. Franèsripuaires, et les SalienssousMérovée.i Pour la premièrefoisAttilarecula,maisafinde choisiron champ,de bataille favorableà sa cavalerie;il s'arrêta près de Méry-surSeine, dans une vaste plaine où se livrala fameuse bataille qui sauva l'Occidentde la dominationdes Huns. Ce fut un choc effroyablede toutes les nations du monde 160,000 hommes jonchèrent ce champ de carnage. Attila était vaincu, il s'enfermadans un camp entourépar une enceintede chariots,et a au matin, dit le Goth Jornandès, l'hi&toriende cette guerre, les vainqueursvirentaumilieude ce campun immensebûcherforméde sellesde chevaux, Attila au sommet,desHuns au pied, la torche à la main,prêts. à y mettrele feu si l'enceinteétait forcée tel un lion poursuivipar les chasseursjusqu'àl'entréede sa tanière, se retourne, les arrête et les épouvanteencorede ses rugissements. » Les alliés n'usèrentaffronterle désespoirdes Huns et laissèrentAttila rentrer en Germanie(451). L'annéesuivante il se dédommageapar une invasiondans la hauteItalie. Il détruisit Aquilée,dontles habitants s'enfuirent dans les lagunesoù leursdescendantsfondèrent Yenise. Vicence,Padoue, Véronefurent réduites en cendres. Pavieet Milanse soumirent.A Milan, il vit dansle palaisun tableau représentantl'empereur assis sur son trône et les chefsdesHunsprosternésdevant lui. Il ordonna au peintre de mettre le roi des Huns sur le trône et l'empereurà se» pieds. Le tableauétait ainsi plus vrai. Cependantles Italiens n'avaientpas de soldatspour les défendre.Le pape Léon le Grandexposasa vie pour les sauver. Il vint dans le camp d'Attila avecles députés de l'empereur;' Onaccordaau bar-


«i4

CHAPITREU.

hare tout ce qu'il voulut, de riches présents, la promesse d'untribut. Les maladiesqui décimaientson armée et lapproched'Aétiusle décidèrentà rentrer danases forêts. Telle était l'épouvante de l'Italie, qu'elle crut n'avoir pu être sauvéeque par un miracle que le génie de Raphaël a consacré. Quelquesmois après, le fléau de Dieu mourait dans son villageroyal près du Danube (453) les peuplesqu'il avait domptéss'affranchiront;les chefs des Huns se disputèrent sa couronnedansdes combatsterriblesqui diminuèrentleur nombre; et leur puissancese dissipa, commeces tempêtes rapides qui disparaissent,en ne laissant que les traces de leurs ravages. prise

de Boue

par «ensérie d'oceldent

(4BS) (£9O).

an de l'empire

Attila n'avait point vu Rome.Mais Genséric,son allié, la visitaavecle fer et la flamme(455).L'empereur était alors le sénateur Pétrone Maxime qui avait assassiné Valentinien III. Sa lâcheté indigna'le peuple,qui l'égorgea.Léon le Grand eut moins de succès auprès du roi des Vandales qu'auprès du roi des Huns. Pendant quatorzejours, Rome fut livrée au pillage avecune barbarie telle que désormais on donna le nom de vandalismetoute dévastationqui détruit pour détruire. Pendant vingt années encore, Gensério régna sur 1&Méditerranéeet brava l'impuissantecolère dos deuxempires. Il survécutmêmed'une annéeà celuid'Occident mais il semblaemporterdans le tombeaula grandeur de son peuple (477).Son royaume,déchiré par les discordes religieuseset les révoltesdes Maures,tomba, cinquante-sept ans après lui, sous les coupsde Bélisaire. Après la mort du lâché Maxime, le roi des Wisigoths donna, en Gaule, la pourpre au rhéteur Avitus.Le Suève Ricimerla transporta au sénateurMajorien les barbares disposaientà leur gré de l'empire,mais une certainepudeur les empêchait:encorede prendre eux-mêmesle sceptre.Majorien montra un beau caractèrean milieu de la corruption


ALARIG, HÂDAGA1SE, GENSËBIC ET ATTILA.

kS

générale; il voulutruiner la puissancedes Vandaleset rassembla une flotte à Carthagène,mais ses généraux le trahiront et laissèrentdétruire ses préparatifs. Il revint désespéré en Italie, et y tombasousle glaivedeRicimer (461).Le meurtrierfit successivement (471-472)trois empereurs, ombres rapides qui passèrent sur le trône Sévère,Antémius, Olybrius,et laissamême quelquetempsle trône vide. GlycériuB,Julius Néposrégnèrent deuxans à peine (472-475). Enfinle Pannonien Oreste donna la pourpre à son propre fils, Romulus Augustule, enfant de six ansj qui, dérision amère,réunissaitles nomsdu fondateurde Romeet du fondateur de l'empire. Odoacre,qui commandaitles barbares fédérés(Hérules,Rugiens,Scyrrhes,Turcilinges,etc.), prit Ravenneet Rome, et relégua dans la maison de campagne de Lucullus (San-Sévérino)le dernier héritier des Césars d'Occident.Les ornementsimpériauxrenvoyésà Constanlinople par le sénat de Romefurent commele symbolede la chute de l'empire. Odoacre,proclaméroi d'Italie par ses Hérules,leur donnale tiers des terres de ce pays et demanda le.titre de patrice à l'empereurd'Orient, Zénon, reconnaissant encoreen ceci la supérioritéde la dignitéimpériale et la majestédu nom romain. 1 Ainsifinit l'empire d'Occident(476), événementplus important aux yeux de la postérité qu'à ceux des contemporains, habitués depuis plus d'un demi-siècle à voir les barbares disposer en maîtres de toutes choses.


4t$

CHAPITHE ffl.

CHAPITRE III. SECONDEPÉRIODEDE L'fftVASïOft? LES FRANCS, LES OSTROGOiriIS, LESLOMBARDS ET 1X3 AMGLOSAXONS(488-860). desÉtats.– Secondbandesbarbaresgermains à fonder quiréussissent de la BurClovis(481-511).Lesfilsde Clovis(511-561); conquête et.leroyaumedes gundie(534)et de la Thuringe (530). Théodoric enItalie(493-526).–Lombards Ostrogoths (568-"T4).–Fondation desroyaumes anglo-saxons (465-584)Second

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des

ttarfeai-es & fonder

germaine) «lee Bitals.

qui

pénoslsseoê

On vientd'assister à une première période de l'invasion des barbares germains,périodependantlaquelleils détruisent plus qu'ils ne fondent.Les uns, commeAlaric, Radagaise, Attila, n*ontfait (jue des ruines; les autres, comme Gondicaire,Hermanrioh,Wallia, Genséric, ont établi des royaumesqui ne subsisterontpas. Voici maintenantune seconde période, un nouveauban de barbares qui fonderont des États plus durablessur les ruines de l'empire qui vient de s'écrouler.. (DlOWlB(fiQfl-gflfl).

On croit que les Francs saliens étaient gouvernésentre 430 et 428, par un roi nomméPharamond; mais Grégoire da Tours ne le connaît pas, ce qui rend son existenceïort douteuse. Vers &28,ils élèveront sur le pavoisClodion le Chevelu,qui les menajusqu'à la Somme,d'oùil fut repousse par Aétius.Aprèslui (448),ils choisirontMérovée,qui com« battit avechonneurh la grandebatailledo (Jhâloiis,et de qui


ETC. 47 LESFRANCS,LES OSTROGOTHS, sortit la dynastieMérovingienne,Pourtant son fils, Gbildéric I" (456), fut chassé quelque temja cause de ses désordres,et remplacépar le comte iSgidius, qui, avecle titre de maîtrede la millce romaine,commandaitaux Gallo» Romainsentre la Sommeet la Loire. Maisles Francs mécontents d'iËgidius,rappelèrent leur chef national. Il s'associaaux piratessaxonsqui avaientdébarquéà l'embouchure de la Loire, et conduisit ses bandes guerrièresjusqu'aux rives de ce fleuve dont leurs descendantsdevaientrester maîtres à jamais. En 481, il mourut, et son fils Hlodorigh ou Clovislui succéda. Clovisfut le fondateurde la première monarchiebarbare <rai sut traverservictorieusementles.derniersébranlements de l'invasionet durer pendantde longs siècles.Il ne régnait d'abord que sur le pays de Tournai et ne commandaitqu'à «avirontrois ou quatre mille guerriers. Maisl'état de divisiondans lequel il trouvala Gaulelui facilitaune conquête qui lui eût été impossiblecinquanteans auparavantquand existaitencore.Tout le pays au sudde la l'empire-d'Occident Loire était auxWisigoths;les Burgnndesdominaientdepuis Langres jusqu'à la Durance, et depuis la Loire jusqu'à la «haine des Alpes; l'Alsace et le pays entre le Rhin et les Vosgesappartenaientaux Alamans; l'Armorique,qui allait recevoirdes émigrésbretonsle nom de Bretagne, étaitindé= pendanteet renouvelaitl'antique fédérationdes cités armoricaines; enfin des Alains campaient sur la Vilaine; des Saxons occupaient Bayeux des rois francs régnaient k Cambrai, à Térouanne,à Cologne. Ainsi les barbares sa partageaientdéjà presquetoutela Gaule il n'y restaitde la puissanceromaine qu'un faible débris en Champagneet en Picardie, où Syagrius,fils d'^Egidius,appelépar les barbares roi des Romains, occupait Beauvais, Soissons, Troyes et Reims. Clovisattaqua Syagriuset le vainquit près de Soissons {486) dès lors il norosta plus rien de l'empire d'Occident, et les.barbares furent ealin ù-imchoinonttnaUrman paya, Trois peuplesdominèrentalors tin Gaule Wisigoths,Bnrguudes et Francs. A'uric II, roi dos Wisigoths rooharultti


43

CHAPITRE m.

l'alliance de Clovis,qui s'empressa de l'accepter, et Gondebaud, roi des Burgundes,qui venaitde faire périr deux de ses frères pour n'avoir à partager qu'aveole quatrième,lui aocorda,sur sa demande,la main de sa nièce Clotilde; elle était catholique. Clovis entendait bien ne pas bornerses conquêtesà ce qu'il possédaitdéjà. Il était résolu à ne point partager avec de nouveauxenvahisseurs,c'est-à-dire à transformer les Francs en défenseursdu sol qu'ils venaient d'occuper et il se proposaitde soumettre les barbares qui s'étaient établis avantlui en Gaule. En 496, il vainquitles Alamanssur la rive gauchedu Rhin et les poursuivitjusqu'en Souabo;il repoussa aussi dans leurs forêtsles Thuringiens qui ravageaient la rive droite du fleuve. Au plus fort de la bataille contre les Alamans,il avait invoqué le Dieu de Clotildeet fait vœude se convertirà lui s'il lui donnait la victoire.Peu de temps après, il fut baptisépar saint Remi, archevêquede Reims 3 000 Francs l'imitèrent les autres restèrentpalens. Cetteconversioneut d'immensesrésultats devenunon-seulementchrétien, mais catholique, ainsi que l'étaient les évêques de la Gaule et toutela populationgallo-romaine,il fut considérécommeon protecteurpar tout le pays, tandis que les Wisigothset les Burgundesn'étaient que d'odieuxariens. Cette circonstance facilitases victoiressur cesdeux peuples. Une querelle ayantéclatéentre Gondebaudet sondernier frère Godegisèle,qui naguère étaient complices, Clotilde poussa son époux à venger le meurtre de son père; les évêquesd'ailleursappelaientde tons leurs vœuxl'orthodoxe roi des Francs. Il entra chez'les Burgundes,vainquit Gondebaud près de Dijon (500), l'obligea à livrer Vienne et Genèveà Godegisèle,et les rendit tousdeux ses tributaires: ce qui étaità la foisdiviseret appauvrirle royaumede Burgundie. A peine fut-il éloignéque Gondebauddépouillaet tua Godegisèle.Clovisne retourna pas contrelui mais le fit attaquer, au sud, par le roi des Ostrogothsd'Italie, Théodoric,qu'il avaitattiré à son allianceen lui donnantsa soeur. Cet usage de fortifierles alliancespolitiquespar les liensdu


ETC. LESFRANCS, LESOSTFxOGOTHS,

49

ang ne s'était guère vu dans l'antiquité et peut être considéré commed'importationbarbare. Théodorio occupales passagesdes Alpeset s'omparade la provincede Marseille. Gondebaudlui en fit l'abandon, et par cette concession, commepar son habile douceur à l'égard du clergé catholique, conservale reste de ses États. Arienscommeles Burgundes,et menacéscommeeuxpar ambitionde Clovis,les Wisigothas'étaient alliésaveceux. Clovis,attiré par les riches et belles contréesdu midi, leur en fit un reproche;il mit aussi en avant l'intérêt religieux et dit à ses guerriers « II me déplaît beaucoupque ces Wi. sigoths, qm sont ariens, possèdentune partie de la Gaule. Allonsavecl'aide de Dieu, et quand nousles aurons vaincus, nous mettronsleur terre sous notre domination,car elle est très-bonne.» II marchadonccontreles Wisigoths, les vainquit dans la plaine de Voulon,près de Poitiers (507),et achevala soumissionde tout le paysjusqu'aux Pyrénées,en exceptantpourtant la Septimanie,qu'ils conservèrenttrois sièclesencore. Ainsitoute la Gauleétait soumise Clovisou lui payait tnbut. Il faut excepterles Armoricainsqui, d'abord alliés avec lui, combattirentensuiteses prétentionsambitieuseset restèrentindépendantssousleur roi Budic. Les autrestribus de la nation franqueconservaientaussi leurs chefs particuliers Clovisy mit ordre par des moyensoù semontrel'esprit astucieuxet cruel des barbares. Il fit assassinerSigebert,roi desFrancs ripuaires,par le propre fils de ce chefqu'il fit ensuitepérir, et se présentantaux guerriersdecette tribu « Jea ne suis nullementcomplicede ces choses,dit-il; je ne puis répandrele sang de mesparents, car celaest défendu.Mais, puisquecela est arrivé,je vous donne un conseil; s'il vous est agréable, suivez-le ayezrecoursà moi, mettez-voussous ma protection.Les Ripuairesl'élevèrentsur le pavoiset le proclamèrentroi. Lesautres chefsétablisà Tournai, &Cambrai, au Mans, eurent le sort de Sigebert. « Alors,dit Grégoire de Tours, Clovis, ayant rassemblé les siens, parla ainside ses prochesqu'il avait tués « Malheur à moi qui Il suisresté commeun voyageurau milieu.des étrangersJe H13T.DDMOYEU A6E.

4


50 CHAPITRE 1H. a n'ai pas de parentsqui puissentme secourir si l'adversité « vient! » Maisil disaitcela par ruse et non par douleurde leur mort, pour voirsi par hasard il pourrait encoretrouver quelqu'undes siens, afinde le tuer. Ceschosesétant faites, il mourut(511). » Clovisavaitréuni le premier tous les élémentsdont l'ordre socialnouveauallaitse former:les barbares, qu'il établit, la civilisationromaine, à laquelle il rendit hommageen recevant de l'empereur Anastase les insignesde patrice et de consul, enfin l'Églisecatholique, avec laquelleil nouacette alliancefécondeque ses successeurscontinuèrent.Le concile d'Orléans(511) avait sanctionnécette allianceen reconnaissant Clovispour le protecteurde l'Église, dontil confirma, dansce concilemême, les immunités. Déjà le pape lui avait écrit « LeSeigneura pourvuauxbesoinsde l'Église en lui donnantpour défenseurun prince armé du casquedu salut; soisà jamaispour elle une couronnede fer, et elle te donnera la victoiresur tes ennemis. » &esfllade <Elo»l» (SIï-ôaa) conquêtedela isnrgondle (88â) et de la xbwlnge (BS©). Les fils de Clovisse partagèrentses Étals, suivantla coutume germanique.Théodoricon Thierry, l'aîné fat roi de Metz; Clotaire, de Soissons;Childebert, de Paris et Clodomir, d'Orléans. Chacun d'euxeut aussi une portion de l'Aquitaiiie. A partir de ce moment, pendantun demi-siècle,l'histoire des Francs manque de suite et d'unité. Maitres de la Gaule presquetout entière ils satisfontleur esprit aventureuxpar dos expéditionsdirigées de divers côtés, contre les Burgundes, les Thuringiens, les Wisigoths, les Ostrogoths.Ils agissentrarement ensemble, à'-ih résulte entre les Âustra-* siensou Francs orientaux (Ripuaires)et les Neustriensou Francsoccidentaux(Saliens)une séparationqui ira toujours croissant. En 523, .les filsde ClovisattaquèrontSigismond,fils de Gondebaud, le vainquirentet Je jetèrentdans un puits avec


LES FBANCS, LES OSTROGOTHS, ETC.

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toute sa famille.Mais Clodomirtomba peu après dans une embuscadeet y périt. II laissatrois fils; ses frères Childebert et Clotaireen poignardèrentdeuxet se partagèrent ses États;le troisième,Clodoald,qui devintsaintCloud,n'échappa qu'en se cachantau fondd'un monastère.Dix ans après, ils attaquèrentde nouveaules Burgundes,qui furent vaincus, privésde leurs rois nationaux, et obligésde se convertirau catholicisme(934) ce qui complétal'œuvrede Clovis. Une guerre contre les Wisigothseut lieu entre les deux expéditionsde Burgundie. Leur roi Amalaric avaitépousé Ulotilde sœur des rois francs commeil était ariep et elle catholique,il la maltraita. Childebertet Clotaire,indignés, entrèrentsur les terresdes Wisigoths,défirentAmalaricprès de Narbonne(531), franchirentles Pyrénéeset ramenèrent Clotilde..Ilsreparurent encoredans cepays en 542, et pénétrèrent jusqu'à Saragosse; mais le nouveauroi wisigoth, Theudis, les repoussa. Thierry,pendant ce temps, avaitfait la guerre ailleurs.Il soumitles Thuringiens(530),ce qui étenditjusqu'auxmontagnes de la Bohêmela puissancedes Francs. Quand ses frèrespartirent pour la Burgundie, ses guerrierslui dirent: « Si tu ne veuxpas aller contrelesBurgnndesavectek frères, nous te quitterons et nous les suivronsà ta place. » Il leur répondit: a Suivez-moiet je vousmèneraidans le pays d'Au» vergne,où vousprendrezde l'or et de l'argent à votredésir; d'où vousenlèverezdes esclaves,destroupeaux,deshabits. » L'Auvergne,très-hostileaux Francs, s'était révoltéecontre eux ellefut pilléeet dévastée.LesAustrasiensen ramenèrent des files de chariots et de prisonniersenchaînésqu'ils vendirentà l'encantout le long de la route. Sous Théodebert,fils de Thierry, les Austrasiens.descendirent en Italie séduisantecontrée que se disputaientles Grecset les Ostrogoths(589); ils promirentleur allianceaux deux partis, tombèrentalternativementsur l'un etsur l'autre, et firent un riche butin. Maisils ne revinrent pas tous; les excès1et les maladiesen firent périr un grand nombre.lis firent encore deux expéditionsen Italie sous los généraux Leuthariset Bucelin.Celui-cipénétra uae première fois. en


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GIIAPITBB111.

546, jusqu'en Sicile; mais, descendude nouveauen Italie, en 554, il fut vaincu par Narsès, près de Capoue, et ioa Francs quittèrent la péninsulepour n'y plus reparaître de deuxsiècles. CependantThéodebald fils de Théodebert, étant mort, ClotaireI" prit son royaumed'Austrusie.Il ne s'en trouva pas plus fort, car il fut vlneu par les Saxons, que ses guerriersl'avaientforcéd'aller combattremalgrélui. Il recueillit encorel'héritagede Childebert,roi de Paris, et se trouva par là seul roi de tous les Francs (558). Mais &sa nvort (561), cette unité passagèrefut de nouveaubrisée. '«'(ivurîoWc et le royaumedes Qatrogottiaen Btolle(«®8-88®j. Voiciencoreun remarquablefondateurd'empire,plus remarquableassurémentque Glovis. Aureste, si les Gothsse sont distinguésentre tous les barbares par une singulière aptitudeà adopter la civilisationromaine, il ne faut pas s'en étonner, puisqu'ilsavaientété longtempsen contactimmédiat avec l'empire. Et si Théodoriosembletout a fait étranger aux barbares par son génie civilisateuret par sa politique, il fauts'en étonnermoinsencore, puisqu'il fut élevéà Constantinople,où il vint à l'âge de huit ans commeotage. Toutes les nations soumisespar les Huns s'étant aBranchiesà la mort d'Attila, les Ostrogoths,qui étaientdu, nombre, furent libres. Trois princes de la familledes Amales leurcommandaient:Valamir, Vidimiret Théodmir. ThdoJmir eut pour fils Théodoric,qui naquit en 455, et succéda à son père en 473. Son séjour à la cour d'Orient l'attacha à l'empereur Zenon qu'il défenditcontre un compétiteur. Obligé, par la turbulencede ses sujets, de tenter quelque entreprisede guerre, ils los détournade marchersur Constantinoplo,.qu'ils voulaientattaquer; Zenonl'autorisaa descendreen Italie, où régnaitOdoacre.Qu'importaitle royaume Y des Hérules&l'empereur as Goostantisoplef Théodoricentraînatoutesa nation aveclui. Les vieillards, les femmes,.les enfants, suivaientles guerriers unvdes chariots, avecle btftail et toutes les richessesde la hordo. Ils


LESFRANCS,LES OSTROGOTES, ETC. 53 étaient 300000. Le mouvementcommençadans l'automne de 488. Au mois de lévriersuivant, il écrasad'abord dans les Alpes Julionnesune armée de Gépides et de Sarmatos chargésde lui disputer le passage, puis battit Odoacre û Aquiléeet à Vérone(489). Malgré ces trois victoires,il futt enveloppédu côtéde Pavieet mis damaune situationcritique, d'où le tira un secours que les Gothsde Toulouselui envoyèrent.Grâceà cette assistance,il conquittoute la Cisalpine, et Odoaores'enfuitdansRavenne.Pendantle blocus de cette ville, qui dura deuxans, l'Italie entière)se soumit, et les Ostrogothsfirentla précieuseacquisitionde la Sipile,que leur cédaThrasimond, roi des Vandalesd'Afrique.Odoacre 8erendit à conditionde partager la royauté Théodoricle fit tuer dansun repas et régna seul (493). Le nouvelempereur Anastasele reconnutroi d'Italie. A l'Italie, Théodoricajoutal'Illyrie, la Pannonie,le Norique et la Rhétie, sansfairede guerre. Il y ajouta encorela provincede Marseille à la suited'hostilités avec les Burgundes.Les Bavaroislui payèrent tribut; les Alamansl'invoquèrentcontre Clovis; enfin, à là mort d'AlaricII, il fut reconnupour roi durant la minoritéde son petit-litaAmalario, par les Wisigoths, et battit une armée franque près d'Arles, lorsqu'il rendit, en 508, aux Goths d'Aquitaine, vaincuspar les Francs, le secoursqu'il en avait reçu pour vaincreOdoaore.Les deux branches de la nation gothique, depuissi longtempsséparéeset dont les possessionsse tou= chaientvers le Rhône, se trouvèrentdoncréunies, et la dominationde Théodoric, s'étendit du fond de l'Espagne, à travers la Gaule et l'Italie jusqu'à Sirmium sur la Save Des alliancesde /famille l'unirent a presque tous les rois barbares il épousala sœur de Clovis,maria sa sœur au roi des Vandales,sa nièce au roi de Thuringe, une de ses filles au roi desWisigoths,l'autre à celui des Burgundes.Il semblait le chefdes barbares établisdans l'empire d'Occideat. La Germaniemêmemontrait do la déférencepour son glo° iieu&représentant devenu l'héritier des Césars. Théodoric n'était pourtantrien moinsqu'un barbare dans ses idées politiques.Il avaitpourl'empereurdeGt nstuntiuoplodoségard»


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m. CHAPITRE

qui prouvaientson respectpour oa vieil empire, si imposant encoredans sa ruine, et il ne fit de guerre qu'autant qu'il y fut forcé. Ce chefdes Gothafut donc un roi pacifique;on peut ajouterqu'il fit de la paix le plus bel usage. « Que les autres rois, disait-il, se plaisentà ravagerles cités; qu'ils se chargent d'un immensebutin; pour moi, je veuxque mon empire soit tel que les nations vaincuesregrettent de n'y avoir pas été soumisesplus tôt. > Auxnouveauxvenus,il fallait des terres. Chaque citéitalienne avaitdéjà abandonnéle tiers de son territoirepour être distribuéaux Hérules d'Odoacre les Gothsde Théodoric se substituèrentaux Hérules.Ce prélèvementfait, et il ne fut point douloureux,car il y avaitnombre de terres aban. données, une loicommunefut établiepour les deuxpeuples, sauf quelquescoutumesparticulièresque les Gothsconservèrent. Les barbares payèrent l'impôt pour leurs terres commeles Romains,et, dans lescontestationsentre hommes des deux races, un tribunal mi-parti prononça.Théodoric ne voulait pas que ses Goths fussent privilégiésdevantla lo:, il aurait même désiré qu'ils se mêlassentaux vaincus; mais,malgréses efforts,les barbares seréservantles armes, interdirent à leurs enfantsl'étude des lettres et des arts; les Romains continuèrentà fréquenterseuls leurs écoles et ue remplirent que des fonctionsciviles.ToutefoisThéodoric organisasonroyaumeen maître onne remarquepas, en effet,chezlesOstrogoths,desassembléescommeen avaient les autres barbares.Le roigouvernait seul avec un conseil. Théodoricprofessaitune grandevénérationpour la civilisationromaine. 11avait demandéet obtenude l'empereur Anastaseles insignesimpériauxqn'Odoacreavaitdédaigneusement renvoyésà Constantinople,et il avait quittél'habit des barbarespour revêtir la pourpre romaine. Quoiqu'ilrésidât à Ravenne,il consultaitle sénatde Romeet lui écrivait: «cNous désirons, Pères conscrits,que le génie de la liberté regarde votreassembléed'un œilde bienveillance.» Il établit un consuld'Occident,trois préfetsdu prétoire, troisdiocèses de la haute Italie, de Romeet de la Gaule.Il maintintle régimemunicipal,mais nommalui-mêmeles décarions il di=


0 LES FRANCS, LES OSTROGOTHS, ETC.

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minuoles rigueurs du fiscet son palais fut toujours ouvert pour ceuxqui réclamaientcontrel'iniquitédesjuges. Faustin, préfet du prétoire Théodat, neveu du prince, furent ainsi contraintsà restitution.Une femmepauvre sollicitaitdepuis plusieurs annéesla fin d'un procès; Théodoricappela le? juges, qui en quelquesjours expédièrentl'affaire.Il les envoyaau supplicepour n'avoir pas fait en trois ans ce qu'ils avaientpu faire en trois jours. Des envoyésroyauxmunisde ses pleins pouvoirsparcoururent les provincespour rendre partoutprésentela justicedu roi et établirunepolicevigilante. Un barbare rendit à l'Italie une prospéritéqu'elle avait perdue sous ses empereurs.Les édificespublics, aqueducs, théâtres, bains, furent réparés; des palais et àas églisesbâtis. Les terres incultesfurent défrichées,des compagniesse formènnt pour dessécherles maraisPontinset ceuxde Spolète. Les mines de fer de Dalmatie et une mine d'or dans le Bruttiumfurent exploitées.Les côtesfurent protégéescontre les piratespar de nombreusesflottilles.La populations'accrut considérablement.Théodoric,qui ne savait pasécrire, attira autour de lui les plus beaux génies littéraires du temps. Boèce,l'évéque Ennodius, Cassiodore,dont il fit son ministre et qui nous a laissédouzelivres de lettres. Ce'Gothest commeune première ébauchede Charlemagne. Arien, il respectad'abord les catholiques, confirmales immunités des églises,laissa généralementau peuple et au clergé de Rome la libre électionde leur évêque.Il protégea de mêmeles Juifset écrivaità leursrabbins «Nous ne pouvonsimposerla religion, parce que personne n'est forcéde croiremalgré lui. » Cependantlorsquel'empereurJustinI" persécutales ariens dans l'Orient (524),il menaça d'userde représailles,et, une grande fermentationse montrantparmi ses sujets italiens, il crut qu'une conspirationse formait contre lui. Il défenditaux catholiquesle port de toute espèce d'armes, et accusade relationsoriminellesavecla cour de Constantinopleplusieurs consulaires;le préfet Symmaque, son gendreBoèce' furent impliquésdansles poursuites.Illes t. Boèce Lesœuvres cliréUennes n'étaitpaschrétien. jointe» qu'ontrouve


50.

CHAPITRE III.

fit enfermerdans la tour de Pavie, oit le secondécrivitson beau livreDola.consolationde la philosophie.Ils furent tons deuxexécutés(525).Théodoriereconnutcependantleur innocenceet en eut de si vifs regrets, que sa raison se troubla, dit-on, et que ses remordshâtèrent sa fin (526). On trouve encoreà Ravenneson tombeau, dont la coupole est formée d'une seulepierre de douzemètresde largeur et d'un mètre et demi d'épaisseur.C'est le seul monumentque nouspossédions,élevéde la maindesGoths.On voit quecetteconstructionn'a rien de communavecl'architecturési improprement appèléegothique. Après la mortde Théodoric, la suprématie,quesa nation avait exercéesur le monde barbare s'évanouit.Les Ostrofurentdenouveauséparés les premiers gothset les Wisigoths reconnurentAthalaric,filsdela belleet savanteAmalasonthe, et par elle petit-filsde Théodoric,et les secondsun filsd'Alaric II. L'empiredes Ostrogothsdégénérarapidementet survécutpeu de temps à son fondateur,quicependanteut à un trop haut degré le génie de la civilisation,pour être rangé parmilesbarbaresqui n'ontrienlaissédedurable(voy.p. 49). ftombards(8©S*-9Sé). Si les Ostrogothslaissèrent poudechose,malgréleur grand roi Théodoric,sur le sol dol'Italie, unpeuplequi, aprèsquel< quesannées de dominationgrecque, remplaçales Gothsuaa& le Péninsule, implanta les institutionsgermaniques.Les Lombards, ou Longobards, peuple originairedes bords de l'Oder,avaienterré longtempssur la rive gauchedu Danube entre la Theiss et la Morava, et s'étaientenfinétablis, sur l'invitationde Justinien, dans la Pannonie et la Norique. Renforcéspar une arméed'Âvarsvenusde l'Asie, ils anéantirent sous la conduite d'Alhoin,le royaume des Gépides, t la belle Rosamunde,filledu roi Gunimond,tué dans la eontd',unévêque africain Voirla traduction à 80S nommé Boothus. ouvrages et anmémoire deM.Jourdain delàConsolation philosophique parL.Judicls, 'sureettequestion. •


OriginalM eeuteur NF Z 43-1XO-B



LESOSTROGOTHS, LESFRANCS, ETC:

S?

bataille, fut forcéed'épouser le vainqueur(566) .Deuxans après,appeléparNarsès,Alboinfranchitles AlpesJuliennes., conquitsanscombattoutela valléedu Pô, et se fit proclamer roi d'ItaliedansMilan.Paviedevintsa capitale, quandil l'eut prise, après un longsiège. Il pénétradansl'Ombrieet établit un duc lombard dansSpolète mais Ravenneet Rome lui échappèrent,ainsi que les côtes de la Ligurie et de la Vénétie, tout le sud de la Péninsuleet les îles. L'empire grec les garda et les fit gouvernerpar un exarque, qui, de Ravenne, surveillales ducsétablisdans Rome,Gaëte, Naples,Tarente, Syracuseet Cagliari. Alboinmouruten 573assassinépar Helmichis,son porte» bouclier,&l'instigationdeRosamunde,qu'il avaitcontrainte, dans un festin,à boire dais le crânede son père. Kleph, son successeur,porta la dominationlombardedansle midi de la Péninsule; il prit Bénévent,mais ne prit pas Naples,Gaëte. Amalfi,ni la Calabre,ni le Bruttium,qui restèrentauxGrecs, et il tomba en 575 sous les coupsd'unde ses leudes.Alboin avait partagé le pays entre trente-sixducs qui commandaient chacundansune grandecitéet dans sonterritoire.Au-dessous des ducsétaient les gastalds ou comtes,plus bas les sçultèks ou juges de districts.Suivantla coutumegermanique,ila nation se réunissaiten assembléagénéraleet le roi mêmeétait alors soumisà ses décisions.Ainsiles Lombardsavaientdéveloppéplus vite, ou du moins plus régulièrementque les autresbarbares établisdans l'empire, les élémentsde féodalité que toutetribu germaineportaitavecelle. Après la mort de Kleph, les trente-sixducs laissèrentle trône vacant, et chacunrégna sur ses terres. Cesdivisions encouragèrentles ennemisdes Lombards,qui, attaquéspar les Grecs, par les Francs, rétablirenten 584 la royauté. Autharis, fils de Kleph, reprit les provincesperdues, soumit Bénévent,qui devintle siéged'un puissantduché, et affermit la conquêtelombardeen la régularisant il fixales conditions de la propriété, les droits des vainqueurset des vaincus ceux-cidescendirentà la conditionde non libres, et durent fournir à leurs nouveauxmaîtres le tiers du produit des champsqu'ils avaientgardés. D astreignitles ducs à livrerau


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CHAWÏHE lu.

foi la moitiéde leurs revenus,mais s'engageaà ne point les priverde leur bénéfice,a moinsde félonie. Les Lombardsétaientpaïensau débatde la conquête convertisensuiteà l'arianisme, ils ne devinrentcatholiquesque sous Agilulfe,grâce aux effortsdu pape saint Grégoireet de la reiue Théodelinde(602). Ils n'avaient pas de lois écrites, Rotharisleur en donna. Dansune diète tenue à Pavie, en 643,par a le peuple fidèle et l'armée fortunée » desLombards, fut publiée la loi qui porteson nom,et qui, à la différencedes autreslois barbares, fat territorialeet non personnelle.Les seuls de ses successeurs qui méritentd'êtretirés de l'oubli sont Grimoald(662), un des roislombardsles plusénergiques,et Luitprand(712), qui fut sur le point de réunir la Péninsule entière sousses lois. C'est alors que le pape GrégoireIII envoyaà Charles Martelune lettre supplianteet commençacette politiquedu saint-siége, qui, pour sauverson indépendance,lutta si souventcontreles maîtresde l'Italie et si souventappelacontre -euxle secoursde l'étranger. QuandCharlemagneprit en 774 la couronnedes Lombards,leur race, maîtressedepuis 206 annéesd'une partie considérablede l'Italie, y avaitfait prévaloirles coutumesd'oùsortitla féodalitéitalienne.La Cisalpine a même gardéleur nom c'est encore aujourd'hui la Lombardie. fondation des royaumesangto-assons(<8©8-S9&). Dansla mêmepériodequi vit régner Cloviset Théodoric, la Grande-Bretagne,séparée du continent par la mer, eut B'm invasionparticulière,qui n'est qu'une série d'invasions successivesfaitespar deuxpeuplespartis desbordsde l'Elbe inférieur, les Saxonsetles Angles,durant l'espaced'un siècle. L'heptarchieanglo-saxonneen fut le résultat. La Grande-Bretagne,conquiseen partie par les Romains, .avait conservé,sous leur domination,ses trois populations bien distinctes les Calédoniens(Pictes et Scots) au nord, -dansl'Ecosseactuelle,chezqui les Romainsn'avaientjamais {pénétré;à l'est et au sud, les Logriens,qui avaientsubi l'in-


LES FRANCS, LES OSTROGOTHS, ETC.

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fluencedela civilisationromaine;à l'ouest, derrière la Se» vern,les Cambriensou Gallois,peupleindomptabledansses montagnes. Les Pictesne cessaientpas de descendredes hautes terres de l'Ecosse,pour faire au sud des excursionsdésastreuses. Tant que lesRomainsavaientgardé l'île, ils les avaientarrêtés mais lorsque Honorius, menacé par Alaric et Radagaise eut rappeléses légions,le mur de Sévèreet le vaîlum d'Adrien n'eurent plus d'utilité; les Logriens et les Cambriens, désolés par ces attaques, déciméspar la famine,et n'ayant pu obtenir a par leurs gémissements» le secours d'Aétius,furentréduits à se défendreeux-mêmes.Ils élurent un penteyrnou pendragon,chefcommunqui devaitdiriger la défensede toutle payset résider.à Londres.Cene fut souvent qu'une occasionde discordeparceque Logrienset Cambriens se disputèrentà qui donneraitle penteyrn.Wortigern remplissaitcettedignité, lorsqu'onn'imaginaplus d'autremoyen de salut que d'appelercontreles Pictes des barbaresd'outremer, les Saxons,les Jutes et les Angles; c'étaientd'audacieux piratesqui, trouvantla route barrée du côté du Rhin par les Francs, avaient pris la mer pour leur domaineet partaient sans cessede leurs rivagesde l'Allemagneet de la péninsule cimbriquepour écumerl'Océandu Nordet la Manche.Deux chefs saxons,Henghistet Horsa,battirentles Pictes et reçurent en récompensel'île de Thanet sur la côtedeKent avec la promessed'un tribut. De tels protecteursdeviennentbien vite des maîtres le dragon blanc des étrangers dévora le dragon rouge des Bretons. C'étaient les drapeauxdesdeux peuples. En 455, Henghist prit possessiondu pays entre la Tamiseet la Manche,et se donnale titre de roi de Kent; Cantorbéryfut sa capitale. Cefat dèslors l'ambitionde tous leschefsde piratessaxons de conquérir an établissementdans la Grande-Bretagne, commeles chefs des tribus franques en avaient pris en Gaule.En 491, malgré les efforts du penteyrn Ambrosius, Ella fondaà Chichesterle royaumede Sussex(Saxonsméridionaux).En 516, Cerdic établit à Winchester celui de Wessex(Saxonsoccidentaux).Là, les Saxons se trouvèrent


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CHAP1ÏHE HI,

en contactavecles Cambriensqui furent pour eux de rudes adversaires.Arthur,princede Gaorléon,lehérosdes légendes gaéliqueset l'Achille des bardes cambriens, les vainquit, dit-on, en douzebatailles,dont la plus célèbre est celle de Badon-Hill(520); la traditionvoulaitqu'il eût tuéde samain en un seul jour 400 ennemis.Blessé,il fut transporté dans uneIle forméepar deux fleuves, et y mourut, on ne sait à quelleépoque; on ne put jamais trouver son tombeau.Les Cambriens,qu'il avaitsi longtempsdéfendus,refusèrentde croire à la mortdu hérosnational,et attendirentpendant des siècles sa venue, commeleur délivrance.H avait, pour le moment, sauvé l'indépendancedes Cambriens.Arrêtée à l'ouest, l'invasionsaxonne fonda encoreà l'est, en 526, un royaume,Essese(Saxonsorientaux) qui ont pour capitale Londres (Lon-din,la ville aux vaisseaux)sur la Tamise, ce qui fit quatreroyaumessaxons. En 547arrivèrentles Angles. Idda, ou l'hommede feu, occupaYorket la régionqui prit le nom de Norlhumberland (paysau nord de l'Humber).En 571,Offa,chefd'une troupe d'Anglesétablissur la côteorientalede la Grande-Bretagne, prit le titre de roi d'Estanglie,avecNorwikpour capitale, et en 584, Cridafondaentre les Estangleset les Gambriensle royaumede Mercie(frontière,marche), capitaleLincoln ou Leicester. Alors, ces trois royaumesanglesétant ajoutés aux quatre saxons,l'heptarchiefut complète,et le pays autrefoisoccupé par les Romainsfut diviséen sept petites monarchiesbarbares, qui plus tard n'en formèrentqu'une seule.Les nouveauxvenusdevinrentun élément considérablede la populationanglaise,dontle fond est encoreconsidéréaujourd'hui commesaxon. Mais l'invasionn'atteignitpas l'Ecosse,qui resta aux anciensPictes et Scots,que Rome n'avait pu vaincre,ni l'Irlande,qui, sauf quelquespoints des côtes, occupéspar les Danois, échappaà la dominationgermanique,comme elle avait échappé aussià la dominationromaine.Sa population celtique,diviséeen un grand nombre de clans et de petits États, ne perdra qu'au douzièmesiècle son indépendance.


LES FRANCS, LES OSTROGOTIIS, ETC.

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SaintPatricklui avait apporté, dèsle quatrième, la religion catholique. L'église d'Irlande jeta de bonne heure un vif éclat saint Columban,que nous retrouverons chez les Francs, on sortit.


69.

CHAPITRE

IV.

s

CïlAPiTRE IV. 1,'EMPIHEGREC DE 40fi.,A 705; «ËACTIORÎÉPHÉSIÈRB DES Eltël'EllEU&SDE CONSTAMT1NOPLE CONTRELES ENVAHISSEURS GERMAJN8. Théodose LéonI", Zenon,AiKstasa, JustinI" (408-5ÎÎ).– II, Martien, et 540JustinienI" (521-565).GuerrescontrelesPerses(528-533 de l'Afrique sur les.Vandales 662). Conquête (534);de l'Italiesur les Ostrogoths en Espagne (535-553) acquisitions (552). AdminisdeJustinien;Codeet digesje.' JustinienII, Titrationintérieure Maurice etPhocas bèreII, Héraclius décadence (663-610); (610-641); de profonde l'empire grec. Hbéodoae

un, HHareieu, &c«n H", aéraom, Soiittei H" (aes-gâg1).

Aaoatooe,

Tandis que le débordementdes nations barbarescouvrait presque toute l'Europe, l'empire grec demeurait,intact; il continuade vivre d'une vie généralementmisérable cependant, à quelquesmoments,plus glorieuse qu'on ne l'aurait attendu d'une société aussi corrompue.Il put même, sous Justinienet sous Héraclius,reprendre l'offensivesur les envahisseurs,reconquérirl'Italie sur ies Ostrogoths,l'Afrique sur les Vandales,une partie de l'Espagnesur les Wisigoths, en mêmetemps repousserles Bulgareset les Avarsderrière le Danube,les Persesderrièrel'Euphrateet étendreson protectoratsur tousles chrétiensde l'Asie. Mais, épuisé par ce dernier effort,il fut incapable de défendreet de sauverses provincesméridionales quand arrivèrent les envahisseurs barbares du midi, les Arabes. Le plus souventcet empirefut gouvernépar desfemmeset des eunuquesqui dirigeaientà leur gré des empereursabâtardis. AinsiTkéodoseII, successeurd'Arcadius(408-450)


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se laissa conduirependant tout son règne par sa sœurfol chérie, qui s'attacha à le tenir dans une longue enfance Quandl'empirefut attaqué souscet empereur,il payatribut; à l'Orient, il eut le bonheurde no pas l'être et gagna mène la moitié de l'Arménieque le roi Arsace partagea aveclir, maisen prenantla part du lion. SousThéodose,une nouvelle hérésiese montra,cellede Nestorius,qu'il avaitnomméévoque de Constantinople;l'empire en fut longtempstroublé.Il faut aussi rappelerle codeThéodosien, qui suppléaà l'insuffisancedes codesGrégorienet Hermogénien,et où furentrecueillislea décretsdes empereurs chrétiens.Cecode, rédigé par le jurisconsulteAntiochusen 438,fut le premiercprpsde lois revêtude la confirmationimpérialequ'ait eu l'empire; il jouit d'une grandepopularité,surtout dans l'Occident,chez les Gothsd'Italie et d'Espagne. Marcien(450-457),que Pulchérie épousapour son courage, montra plus de fermetéque son prédécesseuren face d'Attila; maisaprès lui éclatèrenttoutesles misèresde Constantinople.Le ThraceLéonI" (457)reçut la pourpre de la main d'un barbare; Zénon (474) la dut à la révoltedelà gardeisaurinnne,qui, à l'imagedes anciennesgardesprétoriennes,asst 'vissaittout à ses capricesviolents.Un compétiteur, Basiliscus,troublal'empire,et les querellesreligieuses, maladiechroniqueà Constantinople,mirent aux prises les catholiqueset les partisansd'Eutychèsavecune violenceque Zénons'efforçasanssuccès de calmer par son Henoliconou êdit d'union (481).Anastase (491) allait prendre possession du siègepatriarcal d'Antiochequand une intriguede femme le fit empereur. Pour protéger Constantinople,il éleva du Pont-Euxinà la Propontideun mur de 70 kilomètresfortifié de tours et qui porta son nom; il se mêla aux querellesreligieuses et ne fit que les envenimer le sang coula dans les, émeutes.PourtantildébarrassaConstantinopledesIsauriens, abolit encorele chrysargyre,impôt détesté,et défenditrigoureusementles combatsd'hommes et de bêtes férocesdans lecirque. Cesempereursne manquèrentgénéralementpasde connaissances,d'humanité,mêmedebonnesintentions mais ils étaient faibles et petits. La dignité et la force du carac-


:§b

OIAflTRE

Vf.

1ère, l'élévationde l'âme et de l'esprit leur faisaientdéfaut, commeà toute la nation, bien plus que l'intelligence, Anastasefit contrela Perse (502-505)une guerre malheureusequi coûtaà l'empiré la Colchide.A sa mort (518), une dynastiecommençadans la personne du ThraceJustin Ier. qui avait achetéla pourpreaux gardesimpériales.C'étaitun préfet du prétoire, qui avait été d'abord berger et soldat. Il ne savaitpas lire et signaitses éditeau moyen d'une tablette de bois où étaientgravéesà jour les quatre premièreslettres de son nom.Pourtantil ne fut pas sans mérite et régnajusqu'en 527. .~aetinie~Rer(6S?.geS «amewea

contre

les B»ersea (B3@-S®3).

A cetteépoquemontasur le trône sonneveuJustinien,qui s'en étaitfrayéle chemin,en flattanttousles vicesdontl'empire de Constantinopleétait travaillé,corrompantles soldats, prodiguantl'or pour les jeux du cirque qui passionnaientce peuple dégénéré,à l'égal des plus graves intérêts. Si son règnefut grand, ce ne fat point par la moralité,maispar les guerres,par les travauxlégislatifs,par les monuments. Justinien fit la guerre de quatre côtés à l'est, avec les Perses; au sud-ouest,aveo les Vandales;à l'ouest, avec les Ostrogoths au nord, avecles Bulgares. La guerre contre les Perses plusieurs fois suspendue, commençala première, dès 528, et finit la dernière, en 562. Elle n'avaitpas le mêmecaractèreque les autres: ce n'étaient point des pays conquispar les barbaresà recouvrersur eux, commel'Italieet l'Afrique,ni uneinvasionprésenteà repousser, commesurle Danube; c'était une lutte égaleet séculaire à soutenir,une frontièreà défendrecontreles attaquesrégulières d'un peuple établi, mûr comme l'empire lui-même, qui ne se précipitaitpas en masse, maisqui envoyaitdes ar.. mées,ce qui constituela différenceentre les invasionsdes barbareset les guerres ordinaires. Aprèscentans de bonne intelligence,les vieilleshostilités entre l'empire romain et la Perse s'étaient ralluméessous Anastaseet Justin. Le roi Cobadavait enlevéplusieurs villes


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romaineset soumistoote l'Arménie, cet éternel objet de la convoitisedes deuxempires. Il y avait eu ànssi quelquesdémêléssousJustin à l'occasionde la conversiondes Lazes, qui, devenuschrétiens, avaient renoncéà la protectiondes Persespourse mettresouscellede l'empereurgrec. Justinien régnaitdepuisun an (528), lorsqueCobadengageaenfindes hostilitésouvertesen dispersantles ouvriers qui fortifiaient en Mésopotamiela ville de Dara. La défense des provinces d'Asiefutconfiéeà Bélisaire,dont le nom est devenuinséparable de celui de Justinien, et immortel par, ses grandes actionscommepar ses malheurs.Un fait quipeint bien l'emavant pire grec,c'est qu'ils furent associéspar la débauche1 de l'être par la gloire. D'abordvainqueurdansdeuxcombats, puis vaincuà Callinique, Bélisairesauva pourtant, par ses les provincesasiatiquesde l'empiregrec; habilesmanoeuvres, et le successeurde Cobad,KhosroèsNouschirwan,qui voulaits'affermirpar la paixavantd'entreprendreles vastesdesseinsdont sa tête était pleine, consentità traiter. Justinien paya 11000 livres d'or, et abandonnales villes laziques (533). A ce prix, on se jura une amitié perpétuelle;elle ne dura pas huit ans. En 540,Khosroès,inquiet des agrandissementsde Justinien et excitépar le roi des OstrogothsVitigès, envahit la Syrie, la ravagea, prit Antiooheet ne fut arrêté que par Bélisaire,rappeléen toute hâte de l'Italie par Justinien. Le grandgénéralempêchapar ses manoeuvresdenouvellesconquêtes des Perses, mais ne put ni reconquérirl'Arménieni ramenersousla protectionromainetes Lazesqui avaient eu tellementà souffrirdesexacteursromains, qu'ils ne voulaient plusêtre séparésde la Perse. En 544, une trêve fut signée après le siège inutile d'Édesse par Khosroès.Dix ans plus tard,les Lazesfirentdéfectionet la guerrerecommençadans la Colchide,dont la populationétait en grandepartie chrétienne.Le traité de 562 assura cette provinceà l'empire. Justinien obtintenmêmetempsla libertéde consciencepour les chrétiensde la Perse, mais consentità payer un tribut de 8000piècesd'or, de sorte qu'à l'Orient son règne était marquéà la foispar une humiliationmatérielleet par ThonUIST.DUMOYEN AGE.

h


CHAPITRE IV. uenr d'exercer,dans l'empiremêmede son ennemi, un pro» tectorat et une influencemorale. Des trois autres côtés, sa gloire militaireétait moinscontestable. 6fi

de l'Afrique conquête sur les OsteogotbB (8S8).

mue les wmâales <58<fl) de itttoUe en Bupagne (883-8BS); acquisitions»

La victoireavait été fatale aux barbares.Ces hommesdu Nord, transportés soudainementdes forêtshumideset sombres de la Germaniedansles plainesbrûlantesda l'Italie, de l'Espagne et de l'Afrique, avaient deux ennemis qui les tuaient sûrement,le soleilet l'orgie. Il leur arrivait ce qui arriveauxsoldatsanglais dans l'Inde. Le climatles énervait, et les habitudes d'intempérance,inoffensivesaux bords de l'Elbe, devenaientmeurtrièresau pied de l'Atlas*. Ajoutez leur petit nombre,leurs guerres intestines,la haine des populationspour des maîtres sauvageset hérétiques enfin ce contactsoudainde la civilisationqui est si souvent mortel aux barbares2,et vous comprendrezqu'au bout de deux ou trois générations,il ne restât plus rien d'une puissancequi semblait d'abord irrésistible. Ainsi en fut-il plus tard des croisésétablisen Palestine. Envoyantcette promptedécadence, la pensée vint naturellementd'en profiter.Justinien commençapar les Vandales. Ce fut après la premièreguerre de Perse qu'eut lieu l'expédition cputre les Vandales.Gélimervenait d'assassinerle prince Hildéric, parent de l'empereur ThéodoseIer par sa mère. Sous le prétextede le venger, Justinien résolut d'attaquer ce peuple énervé, que déchiraient encore des discordesreligieuses. Bélisairepartit pour l'Afrique avecune duNordabesoin t. L'homme d'unenourriture vitd'an abondante, l'Arabe dansl'eau.Uneerreurde régimea phwtuéde nos peudefarinedélayée enAfrique soldats quelesballesdesArabes.. 2. LesIndien» del'Amérique duNordn'yrésistent pasi ilsdisparaissent à du des maillon l 'immense éwndua peu. D ans Etala-Unis, les peu anciens nesont 420 H des tribus en 000, un domlpasaujourd'hui y qui, pays ontdiminué demoitié. alôele,


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flottede 600vaisseauxmontés par 20000 matelotset 15 000 hommesde débarquement.Ce départ fut d'une grandesolennité à Constantinople;les succèsde Bélisaire répondirent à l'importancedes préparatifs.Trois mois après son débarquement,il gagna la batailledécisivede Tricaméronet prit possessionde l'Afrique,dela Sardaigneet des îles Baléares (534).Gélimer,prisonnier,fit demanderà Bélisairedu pain, parce qu'il n'en avait pas vu depuistrois mois, une éponge pour laver ses yeux malades, un luth pour chanter ses malheurs.Amenédevantlui, il éclatade rire; et quand on le présenta à l'empereur « Vanité des vanités1 s'écria-t-il avecl'Ecclésiaste,tout n'est que vanité. » Onlui donnadans la Galatiedesdomainesoù il achevatranquillementsa vie. A peine Bélisaireavait-iltriomphéà Constantinople, pour la conquêtede l'Afrique,qu'il fut envoyéen Italie. En Italie, les Ostrogothsconservaientplus de force, parce qu'ils y étaienten plusgrand nombreet depuis moinslongtemps. Théodoricles avaittenus séparésdes Italiens. Sa fille Amalasonte,qui régnaitpour Atalaric, voulutles polir. Les Goths, qui tenaient à leur rudesse barbare, la forcèrentà nommerroi son cousin Théodat, et bientôt après, Théodat l'assassina. Justinien se porta le vengeur d' Amalasonte en Italie, commede Hildéricen Afrique.Bélisairesoumitla Sicile (535),prit Naples et Rome (536). En vain Vitigès,nouveauroi des Goths,réunittoutesles forcesde la nationranimée par son courage,saisit un instant l'offensiveet enferma Bélisaire dans Rome; il ne put l'y prendre et fut réduit à se réfugierdans Ravenne,où il eut le mêmesort que Gélimer (540).Cependant l'onvie et la guerrede Persefirent rappeler Bélisaire les Goths,sousTotila, reprirentalors l'avantage et remportèrentà Faënza une grande victoirequi leur donnaRome (546).Bélisairerevint, mais avecdesforcesinsuffisantes,et ne put que rentrer dansl'anciennecapitaledu monde. Ce que la courlui refusait, elle lo donnaà l'eunuqueNarsès. Il amena une armée, où dominaientles barbares,Huns, Pesées,Hérules,Lombards,Slaves,et battit à Lentagio,dans l'Apennin,le roi Totila, qui mourutde ses blessures(552).


CHAPITREIV. 68 Tëïas eut après Totilaun sort semblable en lui finit la monarchieostrogothique.Les bandesde Francs appelésà la fois parles Gothset les Grecsne servirontaucun des deuxpartis. Ce qui restait de guerriers ostrogothsen Italie obtintla permissionde se retirer avec ses richesses,en promettantpar sermentde ne plus revenir. Ainsi l'empjre grec semblaitavoirvengé l'empire d'Occident..Lorsqu'ileut encoreoccupéen Espagne Valenceet la Bétiqueorientale(552),qu'Athanagildecédaà Justinienpour obtenir ses secourscontre Agila, son compétiteur,il parut avoir recouvréla dominationdesdeuxbassinsdela Méditerranée.Mais cette extensionde puissance,excessivepour sa faiblesse,dura peu de temps. Au nord, une invasionnouvelleétait repoussée dans le mêmetemps. Les Bulgares, qu'on croit être des Tartares, tirent leur nomdu Volga,d'oùils partirentverscetteépoque. Ils s'établirentdansla Dacie,et, tandisque les arméesimpériales combattaienten Asie, en Italie, en Espagne,ils franohirentle Danube sur la glaceet vinrent se montrerjusque sous Constantinople.La capitale de l'empirefut sauvée par Bélisaire,qui, aveoles gardesdu palais et les habitantsde ia ville, les repoussaet les rejeta au delàdu Danube(559). Un autre peupletartare, les Avars,débris d'une grande nation détruite en Asie par les Turcs et les Chinois,s'approchaen 558 du Danube.Justinienles engageaà s'arrêter dansla Dacie. Il espérait en faire des défendeursde l'empire ils en serontles plus terriblesennemis. Administrationintérieure de «BustlnleaCodeet ralgcsfte» Le principaltitre de Justinien au souvenirde la postérité est cependantmoinsdans ces victoireséphémèresque dans les travauxlégislatifsauxquelssonnom est attaché.Ils furent dirigés par le jurisconsulteTribonieu, hommed'une science universelle,maisvénale,sans conscience,si l'onen croilPiocope a II trafiquades lois, qu'il fit et défitselon qu'on le lui demandait.».Associéà neufautresjurisconsultes,Tribonieu un recueildesconstitutions rédigeaenquatorzemoisC527-528)


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et éditeimpériauxdistribués en douzelivres; c'est le Code. Justinienen fitfairequelquetempsaprèsune nouvelleédition, où entrèrentdeuxcentsloiset cinquantedécisionsrenduespar lui-même.En l'année533parurent les Instituiez,résumédes principesde la jurisprudenceromaine, qui était destinéaux écolesde Constantinople,deBéryteet de Rome,et le Digeste, dont le nom grec est Pandectes(recueitgénéral) c'est une immensecompilationfaiteen trois ans par dix-septjurisconsultes, quoiqueJustinienleur eût accordédixans pource travail.Tous les codesantérieurset deuxmille traités de jurisprudence furent dépouillés, et trois millions de sentences réduites à cent cinquantemille. Il fut défendud'y faire des commentaires,pour éviterune confusionnouvelle, et même d'interpréterou de citerles lois anciennes on devait, en cas dedoute,demanderune interprétationà l'empereurlui-même. Enfinle quatrièmemonumentcomprend,sousle nom de NoveUesou Authentiques,leslois renduesparJustinien depuisla publicationdu Code (534-565).Toute cette législationfut commele testamentde la jurisprudence romaine,maisanimée des principesnouveauxd'humanitédans la loi civile, de despotismedans le gouvernement. Pour la défensede l'empire, Justinienconstruisit ou restaura 80 forteressesle long du Danubeet 600 dans la Dacie, l'Épire, la Thessalie, la Macédoine,la Thrace; il releva la murailled'Anastase,qui, renverséepar un tremblementde terre, avaitlaissépasserles Bulgares il fortifiademêmetous les isthmes de l'empire, et hérissade forts la frontière de. l'Euphratecommecelledu Danube.Les autresconstruction» eurent pour effetl'ornementde la capitale,commecettemagnifiquebasiliquede Sainte-Sophiequi est aujourd'huiune mosquée.Il faut encorementionnersousson règne l'importationdesversà soie par deuxmoinesnestoriensvenusdo la Chine. Soustous les aspectsque nous venons de présenter, le règne de Justinien est digne d'éloges.Il est méprisable,si nous considéronsles' factionsintérieures, les querellassanglantes des verts et des bleus(couleursdes cochersdu cirque), et cetteséditionNihaqui livra pendantcinqjours Gong.


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CHAPITRE IV.

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tantisoplemuravages, auxmeurtreset h l'incendie.Le danger fut tel, pour l'Empereurlui-mêine,qu'il fut sur le point de partir sur un vaisseau qu'on lui tenait tout prêt, quand Théodore,sa femme,l'aryôta: « Je resto,dit-aile,et j'adopte cette pensée desanciens que le trône est un glorieuxtombeau! » Bdlisoira,aveo3000vétérans, eewmleBséditieux dans le cirqueet en tua, dit-on, 30 000. Cette courageuseThéodora a'élait pourtant qu'une ancienne comédienne,fille du gardien des ours de l'amphithéâtre,fameusepar toute sorte de désordres,avantqueJustinienl'eût épousée.On no voyait plus nulle part la vertu, sans laquelle la force est faible, et qui seuledonneauxÉtatscommeaux individusune salutaire confiance en eux-mêmes. Ces forteressesinnombrables n'attestaientmêmepas autre chosechezles Romainsdu BasEmpire, que le sentimentde leur propre impuissanceet la vive appréhensiond'une minequ'ils se sentaientincapables de conjurer. Justinien mourut en 565, après avoir disgracié Bdlisaire Justin xx, xlbère XX,Biaorfeeet Fboeas (seS-«fO) Héraelltut (e«O-»*«);décadence irrémédlaDIe. Trois empereurs, les deux derniers d'un beau: caractère,, lui succédèrent et firent exceptionà la dégradationgénérale d'abordson neveu Jnsùn II (565), puis Tibère II (578) et Maurice (582). L'adoption porta ces deux derniers sur 1» trône «tméijitaalorspresqueaussibien del'empire que lors? qu'elte lui avaitdonneles Antonins.L'éclat du règnede Justinien se prolongeasous ces trois eœpereors. Si l'Italie fat conquisepar les Lombards (568),les Avarsfurent détournés, de l'Orient par la courageuseattitude deJustin. La guerre de Persese lit avecsuccèssous TibèreII, et, sous Maurice, i. La tradition de Béltealre rendu aveuglo par l'ordre de Justinlen e mendiant son pain, tradition renduo populaire par lo roman da Muimonlél o le lableou de David, ne remonte pas plus baot igné Tzeteès, au leur peu digne rie foi du douzième siècle. On psnt voir les pdiU-oils de Jostioien et de Théodora dans une mosaïque de l'abside dé Saiut-Vitol, à Baveime, qui rei> foïnie encore tant dà eboae» du Baâ-Emptra.


GREC DE408A705. 1/EMPIRE

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l'empiregrec devintla protecteurde Khosroèsn, ehassôde ses Etats par la révoltedeBabram (591).Malheureusement, à la fin de ce règne, les Avars,commandéspar leur khan, le terrible Baïam, portèrent à 100000pièces d'or le tribut annuel, prirent Sirmiumet Singidunum,et ravagèrenttout, depuisBelgradejusqu'à la mer Noire. A ces bandesredoutables, Maurices'avait à opposerqu'une armée dégénérée, sensible seulementà l'appût de l'or, et des générauxde la forcedece Gojumentiolus, qui tombaittoujoursmaladequana les barbares arrivaient.et qui ne perdit jamais da sangque par la lancettede son chirurgien.Maurice Voulutréformer la discipline tentativequi lui eoûtala vie. La révolte éclata dans les campsd'Europeet dAsie, et Phocas, proclaméempereur, le fit égorgeravectons ses enfants(602).Heureusementl'horrible tyranniedo Pbocass'abrégea elle-mêmepar ses excès on appela; pour le renverserHéraclius, fils de l'exarqued'Afrique(610). Le règne d'Héracliusfut une lutte admirablede courage et de géniecontre les Perses et contre les Avars.On n'avait pas vu depuis longtempsla guerre faiteavecautant de grandeur qu'il la fit en Asie.Ladétresseextrêmeà laquellel'empire fut d'abord réduit, ne fit querendre plus merveilleuxles succès qui suivirent. Les Avars envahissaientle Nordet de Gonspoursuivirentl'Empereurjusquedansles faubourgs tantinople(616).Les Perses, sous le. satrapeSain, envahissaientla Syrie (611),la Palestine,l'Egypte, même la Cyrénalque dont ils détruisirentles villesgrecques,et, revenant en AsieMineure(613),poussèrenttout à coupjusqu'à Ghalcédoine,ouils s'installèrentpour dix ans, en face de Cous-j lantinople,affaméepar la perte de l'Égypte.L'empire était donc réduit peu près aux murs de sa capitale,et déjà Héracliussongeait en transporterla siègeà Cartilage,lorsque, la;patriarcheSergius le retint et mit à sa dispositionles richesses de l'Église de Constantinople.C'était presque un8 guerrereligieuse qui se faisait Kiiosroès avait égorgéles prêtres chrétiensdans Jérusalemet juréde ne point accorder la paix à Héracliustant qu'il ne « renonceraitpas à sonDieu crucifié,pour embrasserle cultedotfSol«iL»


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CHAÇFERE IV.

Héracliusrenvoyala guerre chez ses ennemis. Il attaqua d'abordl'AsieMineurepar la sud(622),débarquaen Gilicie, et gagnaune bathilleà Issus. Il l'attaqua ensuitepar le nord (623),débarquaà Trébkonde, accrut soaarœéede nombreux auxiliaires, recueillisparmites tribus du Causase, entraîna l'Arméniedans sonalliance, pénétradans l'Adorbaïdjan et détruisit la ville d'Ourmiagh,regardéecomme la patrie de Zoroastre,le législateurreligieuxdes Perses. Cette audacieuseentreprisedélivra l'AsieMineureet lÉgypte, comme autrefoiscellede Scipion,en Afrique, avait délivré l'Italie. Les arméespersanes furent rappelées derrière l'Euphrate. LesPerses s'aUiantavecles Avars, Héracliuss'alliaavecles Turcs khasarsdu Volga,qui étaient pour la Perse ce que les barbares du Danube étaientpour l'empiregrec. Tandisque les Avarséchouaientdansune grandeattaquecontre Constantinople(626), Héraeliussoutenude 40 000 Turcs, allasi loin que le roidePerse tremblaà sontour pour sacapitale(627). L'empereur,vainqueurà Mossoul,sur les rainesde Ninive, pilla les villeset les palais de la Perse, et pénétrajusqu'à Ctésiphon,dontil n'osa pourtant fairele siège, et reconquit 300 drapeauxromains.Khosroèsfut détrônéet mis à mort par son propre fils Siroès, et le traité qui fut alors conclu rendit auxdeux empiresleurs ancienneslimites et auxchrétiensle boisde la vraiecroix qu'Héracliusrapportaen triompbe à Jérusalem(628). Ici se termine la périodeheureusedu règne d'Héracliuset la prospéritépassagère de l'empiregrec, épuisépar lesattaquesdes Perseset par ses victoiresmêmes, accabléd'inv < pots,ruiné dans son commerceet son industrie.Cet empire, qui eut eu besoin de reposaprès d, tels désastreset de tels efforts,vit tout à coup s'élancerdu fondde l'Arabie unpeuple bien autrementredoutableque les Perses, un véritable torrent qui renversatout devaatlui. Dix.ansétaient à peine écoulés,qu'Héraclius,après de nouveauxet inutiles efforts, déliaitdu serment de fidélitéses sujetssyrienset s'embarAdieu, Syrie, adieu pour toujoursI » quait en s'écriant (633).Il vitencoreavantde mourir la perte de l'Egypte et la prise d'Alexandrie(6&0).


L'EMPIREGMC ÛB 408 A ?05.

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Sa dynastierégna 70 ans pour je malheurde l'empire.Du sang, de la démenée,un raffinemènt inouï de bassecruauté donnentà cettepériodeun caractèrehideux ConstantII (6&1) fait périr son frère et croitle voirdansses rares lui offrirune coupede sanget lui dire: a Bois,mon frère, bois. » Constantin III Pogonat(668)fait couperle nez à ses deuxfrèresque les troupesd'Anatolie(AsieMineure)voulaientle forcerd'associerà l'empire,parceque, disaient-elles, a de mêmequ'il y avaittrois personneségalesdansle ciel, il étaitraisonnable qu'ily eût trois personneségales sur la terre. Justinien II (685)a pour favorisun eunuque et un moine, dont le premier donnaides coupsde fouetà la mère de l'empereur,et le secondfaisait pendre la tête en bas et brûler à petit feu les débiteursinsolvables.Tibère III, souilléde sang, fut heureusementle dernierde cetteaffreuselignée il fut d'abord mutilé, puisdécapité(705). C'estalors que les Grecs du Bas-Empire tombèrentdans cesténèbresde corruption,de folie et de bassessesanglante, qui lesfont citercommeun des types de peuple les plus déplorablesque Histoire puisseprésenter.


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CHAPITRE V.

CHAPITRE Y. L'INVASION GERMANIQUERÉSUMÉE DANS LES FRANCS;GRANDEUR,PUIS DÉCADENCESES BIËBOVXNGIENS (BGi-687). desFrancsmérovingiens caractère nouveau Puissance deleurhistoire. Clotaire Brunehaut Clotaire H seul roi(613I", Frédégonde, 1" (628-638). Prépondérance desFrancsdans 628). Dagobert et institutions occidentale. Moeurs l'Europe apportées par' lesGerdes vaincues. Loisdes -barbares. Afmainsnumilieu populations dela rois faiblissement royauté; fainéanta;mairesdu palais. Le maireËbroln(660)etsaintLégerbatailledéTestry(681). mère ditédesbénéfices. Sntstuntsedes Brane*mérovingiensj caractère1nonvesa de leur blstolre. La réactionde l'empiregrec contreles barbaress'était arrêtée en Italie et en Afrique; dans ces deux pays elle avait fait justicede deux peuplesbarbares trop vite amollis.Elle n'atteignit point la Gaule, où elle en eût rencontré un qui avaitmieuxconservéla sèvegermanique.Ona vu les Francs, sous les filsjdeClovis,disperserleur activitébelliqueusedans une fouled'entreprisesdivergentesqui n'ontpas laissé pourtant d'affermiret d'étendreleur empire. On les a vusse réunir encoreautour de leurs chefsselon la coutumegermanique et leur demanderdes aventureset dubutin, moinssoumis pourtantdéjà et moinsdévouésà ces chefs,moins dignesde ce nom de fidèlesqui leur était donné. Tantôtils menacent Théodoricde le quitter s'il ne les mène pas en Burgondie, tantôt ilsmaltraitentbrutalementClotaireI" qui ne veutpas. les conduirecontreles Saxons.Le dévouementfait place à l'antagonisme;les laudes deviennentunearistocratiehootile


OMANDEUR

DES

MÉROVINGIENS.

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au roi, une classed'hommespuissantsquis'unissentpar des intérêtscommune,dont l'influencevient à la foisdu glaive, toujoursterrible dans leurs mains vigoureuses,et de la possessiondu sol qu'ils tiennent de la conquêteou de la générositédu roi. Cette aristocratiedes leudes se développesurtout dans l'Austrasie,demeurée plus barbare que la Neustrie, et où moinsd'élémentsromainsviennentprêter au roi leur appui et tempérerlesmœursviolentesdesleudes.Cesdeuxportions distinctesde l'empire franc se séparent de pjus en pluspar cette différencede caractère, et l'on a pu remarquer déjà qu'elles agirent rarementde concertsous les fils de Clovis. Bientôt ellesserontennemies,représentantchacunun principe opposé.C'est cetteluttede la royautéet de l'aristocratie, de la Neustrie et de l'Austrasie,qui va se déroulerpendant un siècleet demi sousnos yeuxet ramenerà l'intérieur, vers la guerrecivile,tcûte l'activitédes Francs. Clotalre », vrédégonde, nranéhnu«. Aprèstrois ans d'unité sous Clotaire Ie»(B58-561),l'enipire des Francs redevintune tétrarchie.Les quatre fils de Clotaire se le partagèrent. Garibertfut roi de Paris; Gontran, roi d'Orléanset de Burgondie;Sigebert, roi d'Ausirasie; Ghilpéric,roide Soissons;et chacund'eux eut une pari dans,le midi, comme au partage de 511. Caribert-étant mort en &67,sans enfants mâles, ses États furent partagés et Paris resta indivis, défensefaite à aucundes rois francs d'y entrer sans le consentementdes deuxautres. Tandis que le roi neustrien, Ghilpéric,faisaitdes vers latins et recevait uije teinture d'éducationromainequi ne fit que raffinerla cruautéde soncaractèreau lieu de l'adoucir, Sigebert,le roi austrasien,étrangerà cettedemi-cultureplus pernicieusequ'utile, repoussaitavec ses guerriers les derniers flots d'invasionbarbare qui venaientencorese briser contre la digueaustrasienne,et entretenaitainsi la vigueur de son peuple. Il battit, près de Ratisbonne(562), les Avars et les Thuringiens. Quatre ans après, il tombaan pouvoir


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ûUAPmtB v.

desAvars; mais il paya rançon,et ces barbaress'éloignèrent versle sud. Chilpéric.profita lâchementde son absencepour lui enlever la villede Reims.Sigebert,redevenulibre, le vainquitet lui pardonna, A ce premier acte de rivalités'ajoutèrentpeu de tempsaprès descausesde haines plus terribles. Sigebeirt avaitépouséBrunehaut, filled'Athanagild,roi des Visigoths, belle, savante,ambitieuse, amie de la civilisation.Chilpéric voulutavoiraussiune épousede race royaleet obtint la main de Galswinthe,sœurde Brnnebaut.Ce capricepassagercéda bientôtà l'influencede Frédégonde,belle et impérieuseconcubine, qui dominaentièrementle roi. Un jour, Galswinthe fut trouvéeétoufféedansson lit et Frédégondeprit sa place (567).Brunehautjura de vengersa sœur, et la guerre éclata entre la Neustrieet l'Austrasia.Gontranprit alors une attitude de médiateurqu'il conservapendanttout son règne il mit fin à la premièrequerelle en faisant livrerà Brunehaut losvillesque Galswintheavaitreçuesen douaire. Une secondeguerre, ralluméepar la perfidiede Ghilpéric, se terminapar une médiationsemblable.Enfin,une troisième éclata, et cette ibis Sigebert, moinsporté à la clémenceenvers unfrère perfide, envahittous ses Étatset se fit proclamer roi par les Neustriens. Mais, au moment mêmeou ils allaientl'éleversur le pavois deuxserviteursde Frédégonde, ensorceléspar elle,le frappèrentà la foisdansles deuxflancs avecdes couteauxempoisonnés(575). Brunehaut se trouva prisonnière,dansParis, avecson fils, Childebert II, qu'un leudeaustrasién pourtant à enlever. Commeil était mineur, les Australiensfurent gouvernéspar un maire du valais. C'est alors que parait cette dignitéqui allait grandir dans les guerrescivileset jouer un rôle si importantdansle siècle suivant; L'origine en est douteuse ou ce fut' un intendantde la maisondu roi (majordormis),dontl'influence s'accrutcommeil arrive bien souvent; ou ce fut d'abordun juge, criminel(mord,meurtre; dom,jugement),dont les attributions finirent par s'étendre beaucoup. Toujours est-il que lè maire du palais devintun personnagede première importance, choisi parmilos leudes et par les leudes, par


GRANDEURDES MÉROVINGIENS.

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conséquentdévouéà leurs intérêts et fort de leur appui. Il domina la royauté, surtout sous les rois mineurs ou fai néants, et accruttellementson autorité, qu'il finit par pouvoir supplanterle roi lui-même. Nousne feronsqu'indiquericila confusiondesévénements da cette époque, les alliancestourà tour conclueset brisées, et au milieu de tont cela le meurtre de Chilpéric,peut-être parFrédégonde(584). Ge qui mérite plus d'attention, ce sontd'abordles vaines incursionsdes Lombardsdans la Provence,,qui furent repousséspar le patriceMammolus(572-576).On voit que les Francs vainqueurs,au sud aussibien qu'à l'est, des 'envahis* seurs nouveauxqui voulaientleur disputer le prix de la victoire, s'affermissaientde plus en plus sur le sol de leur conquête. Nousremarqueronssurtoutl'usurpationdeGondowald dans le midide la Gaule, parce qu'elle est un des premiers symptômesde la longuehostilitéde ce pays, resté romain, contre le nord devenugermaniqueet contre les Francs. Ce fils adultérin de Clotaire I", qui s'était retiré à Constantin nople, en fut rappelépar plusieursseigneursdu midi, par le duc Gontran-Bozon,par Mummolus,le vainqueurdesLombards, par Didier, ducde Toulouse, qui le prookmèijentroi. U succombapar la trahisondes seigneursqui retournèrentà l'autoritéde Gontran(585).Mais à peine était-il vaincuque la royautéeut à lutter contreune autre coalitionplusredoutable. Commeles seigneursdu midi venaientde s unircontre elle, les leudeset les évêquesdu nord conspirèrentpour arrêter ses progrès. La royauté en effetse fortifiait, recueillaitles traditions du gouvernementimpérial, encorevivanteschez les GalloRomains,et s'efforçaitde se modeler sur ce type du despotisme. Chilpéric,par exemple,avait établides impôts,malgré lès murmuresdes Francs; et mécontentde.l'esprit d'indé» pendancedes évêquesqui, devenuspuissantspar la foi profondedu peuple,par les sichesdotationsfaitesà leurséglises, associésd'in» et souventpris parmiles barbares, aietrouvaient, tèrèts avecles leudes, il les avait persécutés.Chezles Austrasienemêmes (et là c'était plus difficile),Brunehaut,cette


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filled'an roi wisjgoth,s'appliquaità faire prévaloirles pria-' eipes romainsqui dominaientà la cour de son père. Leudes, évoques,en Austrasie,en Neustrie, formèrent un complot pours'emparer du pouvoirdansles deux royaumeset même en Bourgogne.Le complotfut déjouéau momentde s'accom plir, {tesprincipauxd'entre les conjurésfurent mis à mort; révoqua de Beims, A'gidius,jugé par un conciled'évêques, fat exilé. Gontranet Childebertenrayés se hâtèrent de mettre un terme à leurs différends,et par le traité d'Andelot (dans la Haute-Marne,à 20 kilomètresN. E. de Chaumont)ils res'serrèrent leur alliance. Childebertfut institué héritier de son oncle qui n'avait pas d'enfants mais telle était déjà la puissance des laudes, qu'au moment même où la royauté victorieuse essayait de se fortifier par cette alliance,ils obtinrentla jouissanceet la transmission héréditairedes terres qui leur avaientété concédées.Ils s'engagèrent, en retour, à ne plus porter d'un roi'à l'autre, selon leur caprice,leur fidélité(587). Gontranmourut en 593 ses États furentréunis à ceuxde Childebert,mais pourpeu de temps;ce prince étant mort en 596. Son fils aîné ThéodebertH eut F Austrasie le second, Thierry H, eut la Burgondie. Brunehautdirigea ses deuxpetits-fils.Elle les poussacontre le fils de Frédégonde,la roi de Neustrie, qui, d'abord vainqueur à Leucofao, entre Soissonset Laon (596), fut vaincuensuiteà Dormeilleen Qàtineia(600),et de nouveau près d'Êtanipasen 604. C'enétait fait de CJotaireII, si le roi d Austrasiene l'eût sauvé en traitant aveclui. Brunehaut, furieusede voirlui échapperune v^ngesncepoursuiviependant trente années, excitaThierry a attaquer son frère,qu» fut vaincuet misà mort avectousses enfants(612).Ellegouvernaalors les deux tiers dela Gaule, protégeales arts, fit construiredes routes, bâtir des monastères, détruire ce qui restait du coitedes idoles; elle aidales missionnaires qui allaient prêcherle chrisÉisnismechez les Anglo-Saxons,ot la papeGri'goirole Grand lui écrivitpour l'en féliciter. Mais toutescesoauvrësdecivilisationneplaisaientpointaux Jeudes


GRANDEOtt DES MÉROVINGIENS.

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qu'elle traitait avec une rigueur croissante.Le elergéaussi s'indignade la persécutionsubiepar saint Colomban,qu'elle chassadu monastèrede Luxenil, lorsquecet apôtrehardi dn christianismelui eut reprochésans ménagementlesdésordres oh eUeprécipitaitson petit-filspour être mieuxmaîtressede lui. QuandThierry mouruten 613, les leudesd'Austrasieet de Burgondie se tournèrent secrètementvers ClotaireII et lui offrirentde le reconnaîtra,s'il voulaitles débarrasserde Brunehaut.Il marchacontreelle abandonnéesur les bords de l'Aisnepar son armée, elle tomba dans les mains du fils de sa rivale avecles quatre fils de Thierry. Clotaireles,fit égorgeret Brunehautfat attachéeà la queued'un chevalfougueuxqui, danssa course, mit son corps en lambeaux(613). ClatelreM seul ml (618-089). Sonsle nom de concilede Paris, on voit, en 615, une assembléeà laquelleprirent part 79 évêqueset un grand nombre de laïques; cette assembléesemblemarquer le moment où l'aristocratieecclésiastiquo,mêléede plus enplus à ^'aristocratie laïque, fut admise avecelle aux grandesassemblées polltiques.1a constitutionperpétuelleimànefstvcette assemblée consacrela victoirede cette.doublearistocratiedontClotaire II n'avait été que l'instrument abolitiondes impôts établis par les quatre fils de ClotaireI"j restitution aux leudes et aux églises des biens qui leur ont été enlevés; simple droit de confirmer les évoqueslaissé au roi, leur élection étant réservée au clergé et au peuple.des cités; extension de la juridiction ecclésiastique,à laquelle seule les clercs pourront être soumis les jugesdes comtésseront pris parmi les grands propriétaires du pays; enfin, peine de mort contre quiconque troublera la paix publique. En livrant Brunehaut, les maires du palais avaient fait jurerà GlotaireII qu'il ne les dépouilleraitpas de leurs fonctions, et qu'il n'interviendraitpas dans l'élection &cette charge, faite par les leudes.


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CHAPITREV.

La constitutionperpétuelle,qui rétablissaitet complétaitles effetsdu traité d'Andeloten partie détruits par Brunehaut, est à peuprès le seulfait importantdu règne de Clotairen. .En622, les Austrasiens,las d'avoirle mêmesouverainque les Neustriens.lui demandèrentun roi particulier; il leurenvoyason filsDagobert,qui réunit de nouveautoute la monarchie en 628. Dagobert S" (OSS-eaS). prépondérance des Vronesdons l'Europe occidentale. Le règne de Dagober' fut le moment le plus brillant des Mérovingiens,et doana auxFrancsune prépondérancemar. quée dans l'Europe occidentale. Au dehors, Dagobert arrêta les incursionsdes Vénèdes, peuplade slave,dont un marchandfranc, Samon,qui trafic quait chezeux, était devenuroi, en 639, aprèsles avoirdélivrésdes Avars. Il opposaaux incursionsdes Esclavons,qui ravageaientla Thuringe, lestribus saxonnesauxquellesil remit l'impôt de 500bœufs qu'ellespayaient(632). Il délivra la Bavièred'une peupladede Bulgaresqui lui demandaient asile et qu'il fit égorger, ne sachantqu'en faire c'était la politiquedu temps (631). Au dedans,il fut à peu près maîtrede tontelaj Gaule. A la mort de Caribert,son frère, auquelil avaitcédél'Aquitaine, il laissaà ses neveuxle duchéde Toulouse,mais reçutla sou* missiondesVasoons.LesBretonsétaient redevenus tout à fait indépendantset ravageaientfréquemmentla frontière.Leur duc Judicael avaitpris le titre de roi. Dagobertlui envoyaen ambassadesaintÉloi, et l'engageavenir a sa cour, oùle duc desBretonsfut reçnavechonneuret combléde présents(636). L'administrationfut confiéepar Dagoberta d'habiles Ministres, Pépinle Vieux, mairedu palais d'Austrasie; Guaibert, évoque de Cologne; Arnoulf, évêquede Metz. Luimêmeparcourutl'Aostrasio,la Bargondie,donnantaudience auxpetits commeaux grands,contenantles leudeset essayant defaire cesserles abus et les violences.II s'occupad'aineliorerles loiset fit corrigercellesdes Salions,des Ripuaires, desAlamanset desBavarois.Le commercé prospéra, favorisé


GRANDEURDBS MÉROVINGIENS.

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par des relationsétendues Dagqbortfut allié des Lombards d'Italie et des Wisigothsd'Espagne;il envoyadeuxambassadeurs à Héraclius.t'industrie eut ses représentantsillustres dansl'orfèvresaint Êloi,qui devintévêquede Noyon,et dans sesélèves. Dagobertfit bâtir l'abbaye ds Saint-Denis, à laquelleil donna en une seulefoisvingt-septvillesou villages. Lui-même résidaità peu de distance,à Clichy, ou il étalait ie luxede sa cour, et où il cachaitfaiblementses débauches. Sa renomméeétait répanduedanstoute l'Europe. Il mouruten 638,emportantaveclui la grandeur desMéet à une inerrovingiens,qui s'abandonnèrentà usemollesse1 tie tatalesà leur dynastie. BKœtu» et Institutions apportéespar les Germainean mllleo wiBraeneo. aolo desïMutfmM». dee popraBaSSona C'est surtoutpar les loisdesbarbares quel'on connaîtl'état de sociéténouveauqui résulta de l'introduction de leurs mœurset de leurs institutions au milieu des populations vaincues.Nous possédonscellesde presque tous les peuples qui envahirentl'empire et qui sentirent promptementla nécessitéde mettreen écrit, en les adaptant aux besoins nouveaux,lescoutumesanciennes.Toutes furentrédigéesdèsle principeenlatin, exceptéla loi saliqueou des Francs salions, qui fut rédigéed'abord en langue germaniqueau.delà du Rhin; plus tard elle fut miseen latin et amendéesuccessivementpar Clovis,Thierry I8»,Childebort!• ClotaireI", Dagobert l" et Gharlemagne.Ces deux dernièreséditions sont les seulesquenous(possédions.La loi des Ripuaires, à peu près semblableà celle des Saliens, fat publiée par Thierry Iw,ainsi que celles des Alamanset des Bavarois.La loi des Burgpndes,publiéepar Gondebauden 502, achevée par son filsSigismonden 5 17,est connuesousle nom deloi Gom. bette.Celledes Wisigoths,commencéepar Euric, continuée par la plupart de ses successeurs,ne fut achevée qu'au sep« tièmesiècleet publiée définitivement,dans le concilede To. lède dô 668,sousla nom de Forum judiam, le fUerojuago desEspagnols. UIOT. DU KOÏBH AOIÎ.

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CHAPITRE V.

Ces lois sont d'autant plus barbares que le peuplequi les a écritesétait plus éloignédes pays méridionauxet du foyer de h civilisationromaine.Ainsile grandThéodorio,par son èdit, soumitses sujets à la loi romaine presque pure. La loi des Wisigothsest ensuitecollequi a faitle plus d'empruntsà la législationromaine,qu'ony retrouveà chaque page; puis vient'celle des Burgondes,etc. La moins romaineest celle des Anglo-Saxons,qui ont étd aussiles plus durs enversles vaincus. Ceslois ne sontpointdes constitutionspolitiques,dont les barbaresn'avaientgu^re l'idée, mais des codescivilset surtout criminels,s'attachantprincipalement,ce qui peint bien cettesociété, à punir les violences contre les personnes, les volsd'animauxdomestiques,etc. Sur les 412 articles de la loi salique, 359ont trait à la pénalité. Les barbares qui occupaientl'Italie (les Hérules et les Ostrogoths)ne prirent que le tiers desterres. Les Burgondes qui occupèrentl'est de la Gaule, et les Wisigothsqui en occupèrent le midi avec l'Espagne, prirent les deux tiers <iu pays. Les Anglo-Saxonsprirent iout. On ne sait ca qv,a tirent à cet égard les Francs, les Vandaleset les Suives.Il est probablequ'ils occupèrentles domainesvacantset ceux qui leur plurent, sansrègle certaine,n'ayant pas/ait la conquête du payspour avoirdes scrupulesquand ils voyaient un beaudomaineà leur convenance.Il est vraisemblable qu'entre eux ils tiraient ces domainesau sort. Toutes les donationsfaites par les rois mérovingiensjusqu'au huitième siècleparaissent avoir été des concessions de terre en pleinepropriété et avoir constituéce qu'on appelait dos nlleux {ail od, terre pleinement possédée). Ge n'est qu'au huitième siècle que les rois accordèrentdes concessionstemporaires, limitées soit à un nombre lixa d'années, soit plus fréquemmentà la vie du donataireou du donateur. Ces concessions,faites à l'imitationdos précaires ocolésiustiqueq(usufruits de cinq années au plun), auxquellesétaient parfoisattachées certaines conditions et redevancespécuniaires,furent appeléesbénéfices,et l'usago u'muétendit dos rois aux particuliersainsi qu'aux èglimu,


GRANDEURDES MÉROVINGIENS.

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Los terres tributaires, soumisesâ un tribut en argent ou en nature, avaientété «l'ordinaireconcédéesà des hommes d'une conditioninférieureavoisinantla servitude. Pour les personnes,on distinguait 1" Les hommeslibres, qui ne devaient rien à personno, finals étaient obligés, vis-a-vis du roi, à quelques dons et ,/au servicemilitairedans les guerres nationales; on les appelait aussi leudeslorsqu'ils accompagnaientle roi, et ce nom fut peu à peu employépour désigner les plus riches et les plus nobles parmi les hommeslibres,!Le roi choisissait parmi euxles ducs et les comtesqu'il envoyaitcomman. der les armées, les provinces ou les villes. Ces leudes royaux,qui, vivantdans l'intimité du roi, en obtenaientdes domainesconsidérables,et les chefsqui avaienteu assez de terres pour endistribuer à leurs fidèles,formaientune aristocratie dontles prétentionsiront chaquejour en croissant; 2°Le lite, qui, de mômeque le colonromain, ne pouvait être capricieusementarraché du domaine qu'il cultivait commefermier, et pour lequel il payait au propriétaireune redevancefixe;i 3° L'esclave^à qui Ton ne reconnaissaitplus la liberté personnelle,quele lits et le colongardaient encore!. Les tarifs ou wehrgeldpour le meurtre, en ne les prenant pas trop à la lettre, peuventdonnerune idée approximative de l'estimeque la loi barbarefaisait des personnes or, on voit généralementle meurtre du barbare payé doublede celuic<uRomain; le meurtredu leude, double de celui du simplehommelibre le meurtre du Romain propriétaire, doubledocelui duRomaincolon,etc. Comme l'état social, l'état politique des Germains resta pour le iond,après1la conquête,ce qu'il était avant, en se modifiantsuivantlescirconstancesnouvelles.La royautésubsista, et les rois continuèrentd'être pris dans une famille plus noble que toutesles autres reges mnobililalaswniunl, I. LesIcmh's Misai«ttifrtijtfons, du roi,utplustard (wnvivas B'upiiotatont i titanes suAngle» onFranco; .auMuarfferi vassaux chai &lombard» royaue) o n ïiO9 lioiiiinoa libre» dttikmt tom); latin,{idoles, ««nions, oplimhtet. olmplo» thamii anlatinlilieri,bouthomitm, tiltsMrimans. iiifdriounalmi lwBoxonn,


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CHAPITRE V.

disait Tacite. Mais à ce principe d'hérédité se joignit parfois une sorte de confirmationpopulaire dans la cérémonie du pavois,oCile roi était élevésur un bouclierau milieu do ` ses guerriers. L'assemblée(rosKwro, placitum)qui dans l'origine se réunissait pour décider des questionsimportantes et dont un souvenir se retrouva en France, dans le champ de mars ou de mai, en Angleterredans le ivittcnagemol.(réunion des sages), en Espagne dans le concilede Tolède,peu à peu tombaendésuétude.Les leudes et les évoquesvinrent seuls à la convocationroyale. Pour l'administration locale, les barbares, tout en laissant subsister les provinceset les cités, établirentdes divisionsen comtés,centenies (cent familles, d'où canton) et dizainiest dont tous les habitants étaient responsables des délits commissur leur territoire. Les comtestenaientdans leur comté des plaids inférieurs (placita minora), où devaient se réunir les hommes libres pour juger les délits; plus tard; il n'y eut qu'une commission d'hommes libres, «Il origine du jury. On dit que les lois barbares étaient personnelleset non territoriales,c'est-à-direque chaquebarbare portait sa loi partout aveclui, et que, par exemple,le Franc salienqui se trouvaitchezlesWisigothsétait jugé d'après la loi saliqueet nond'après le forumjudicurn. Cela était important,car il y avaitdas différencesgravesdans la procédureet dansla pénalité des diverseslois: par exemple,dans les moinsbarbares, on recourait d'abordaux preuves écrites,tandis que dans cellesqui l'étaient davantagece genre de preuves ne venait qu'après tous les autres. Cesautresgenresde preuvesétaientles témoinsqui avaient quelquenotionsur les faits, les conjuralewsqui affirmaient par serment, non pas l'innocencede l'accusé,mais la confiancequ'on devaitmettre dansses paroles.Enfinles épreuves judiciairesou ordalies,et parmi celles-cil'épreuve du feu, de Teauet di?îacroix,et le combatjudiciaire qui, da reste, n'est pas dans h io'i'fiaiiqao,mes dont l'emploidevintgénéral. Les psines étaient la mort, dont il n'y a point non


DESMÉROVINGIENS. 85 GRANDEUH plus do mentiondans la loi salique, la composition(ice/trgeld,argent delà défense)payéeà l'pffenséou à sa famille1, et lo fred (friede),amende pour avoir troublé la paix publique. L'armée resta à peu près sur le mômepied que dans la Germanie.Quandle paysétait attaqué,quandon étaitobligéà la landivher(défensedu pays),le roi publiaitsonbanou appel, et tousles hommeslibres devaientvenir, sousla conduitede leurs comtesrespectifs,pour lui rendre gratuitementle servicemilitaire. Cemode d'organisationépargnaitau trésor du roi'l'unique dépensepossible,alors que l'administrationcivilene coûtait è peu près rien an pouvoircentral aussiles revenusdos domainesroyauxet les présentsdeshommeslibres étaient,aveo les impôtsdescités romaines, les seulesressourcesdu roi et lui suffisaient.Pourtant, quand les besoins d'un gouverne* hiérarchie 4. Voiciquelques docellecurieuse exemples sociale, marquée du parleprix sang. Pour le meurtre du barbare More,compagnon ou leude du roi$ tué dans sa "son par une bande armée chez le8 Sallolos.800 aole. chez les c6oa les Le due, Alamana. ¡ 960 Bavarois, l'évêque, les le du chez leude roi chez j L'évêque, Ripuaires, Romain, 000 !e<Mien< chez les BAvarob. 640 Les parents du due, Tout leude du roi, un comte, un ptéue né libre, un juge 'e00 M)re. chez Un diacre, les Riputuret, SOO, chez les Alamans et les 400 S-ttiem. 200 Le Salien on le Ripuaire libre f 60 Le barbare libre des autres tribus 160 L'eectatebonouYrtttrenor. L'homme ne condition moyenne, le colon, l'esclave ouvrier en argent.t. l00 60 66. L'eaclavo bnrbnee. L esatave forgeron. 60 Le sert de l'église du roi. 46 de Le gardien 80 pnrca. ao L'eMtMfeckexteftBaMMit.

Une constitutiondeÇbildebert,publiéeen 605 sous l'inspiration de Bru. fichaul,bouleversatoute cette pénalité ot remplaça, suivantlà loi romaine, ce wehrgeldpar la punitioncorporelle.Ainsitout meurtrier volontairedevait être punido mort Rans pouvoir-ne racheter. Hais cet édit tombaavot l'œ> iluencequil'avait faitrendre. M. Guèrardévaluek- so.u d'or à 0 Ir. 86 c. fileur réelle, et AOBtr. 35 c.valeuractuelle


86

CHAPITRE V.

ment plus complique et le luxe d'une cour primitive augmentèrentles dépenses, on vit les rois, comme Cliilpfa-icet Dagobert,essayerd'établir dos impôts. Cesimpôtsétaientpeut-êtrece qui blessaitle plus la fierté barbare. Cesleudeset ces hérimans, habituésà mener dans les forêts, dontils affectionnaientle voisinage,une vie libre et irresponsable,à ne s'obligerque par les liensd'un dévouement tout volontaire,à considérerleur chef comme un homme et noncommeun pouvoir,ne parvenaientpas à comprendre que cet homme,qui avaitles plus grands, les plus beaux,les plus nombreux domaines, vlnt encore prélever quelque chosesur les leurs; ils ne pouvaientse résoudrek subir des exigencesnon consentiespar eux et a payer des impots qui leur paraissaient ressembler fort aux tributs qu'on levait sur les vaincus; en un mot, ils ne concevaientpas l'État; cettechoseabstraitequ'ils faisaientsipetite et queles sociétés modernesont faitesi grande.Il fallutdu temps avantqueles premièresnotionsde métaphysiquepolitiqueeussentpénétré dansleurs cerveauxrétifs,c'est-à-direavantque la sociétéeût été transformée jusque dans ses fondements,travail qui n'était autre alorsque celui de l'initiationdes barbares aux idéesromaines. Affaiblissement

rôle de ta royauté; dn palais. maires

fainéants;

AprèsDagobert, la race mérovingiennetombe en décadence.Ce n'est plus par lesnomsdes rois qu'il faut désigner les momentsde l'histoireconfusedes Francs, mais par ceux des maires du palais, anciensjuges des querellesqm s'élevaient dans la demeureroyale, et qui maintenant dirigentt les affairespubliques. Les princes à la longue chevelure ne sont plus dans leurs mains que des instruments dont ils se servent pour sanctionner leurs actes. Les maires éloignent des affaires ces enfants rois et les relèguent à la campagne,au fond de quelquedomaine d'où ils les tirent une fois chaque année pour les montrer, vains fantômes, aux assembléespubliques.Ils hésitent cependantà dé-


GRANDEUR DES MÉROVINGIENS.

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ponQIercettefamillemérovingienne queprotègentà la foisun prestigepopulaireot des rivalitésjalouses.Malheur, en effet, au maire du palaisqui oserait déjà toucherh cette couronna qu'un vieux respectprotège1 Les deuxfilsde Dagobert,Sigebertet ClovisII, régnaient, le premier sur l'Austrasie, le second sur la Neustrie et la Burgondie,chacunde ces trois royaumesayant un maire du palais. LorsqueSigebert mourut, en 656, Grimoald,maire d' Austrasie,tenta de placersur le trône son propre fils.Les leudesd'Austrasie,ne voulantpoint se donner des rois nouveauxplus puissantsque les anciens,s'unirent avepceuxde Neustrie, et mirent à mort l'usurpateur et son père. Cette leçon fut entendue des maires qui succédèrentà Grimoald, et, avantde renouvelersa tentative, ils laissèrent s'écouler nn sièclo, pendant lequel ils rendirent de grands services, remportèrentd'éclatantesvictoireset produisirentune série d'hommeséminentsque les Francs s'habituèrent à voir de père en fils à la tête des affaires.En attendant, ils demeurèrent les chefsdel'aristocatieaustrasiennedanssa luttecontre la royauténeustrienne. le

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et soin*

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1

bataille de Kestry(69»),

Cetteroyautétrouvaun défenseurhabile et énergiquedans Ébroïn, qui succéda& Erkinoald (660) dans la mairie de Neustrie et de Burgondie.Dans ces deux pays, Ébroïn tint leslendessousune dure autorité,et, quandmourutla roi Glotaire III, il ne lesconsultapaspourlui donnerun successeurr de sa propreautoritéil installa sur le trôneun filsde ClovisII, Thierry III. Commeil avaittoujours appartenu à la nation de confirmerl'héréditépar un simulacred'élection,les leudes virent dans l'acte d'Ébroïn une atteinteportéea leurs droits traditionnels.Ils s'unirent dans les trois royaumes souela directionde Wulfoald,maire d'Austrasie,et de saint Léger, évêqued'Autun, renversèrentle maire audacieuxet l'empri= aonnèrentdans l'abbayede Luxeuil. GhildéricII, roi d'Austrasie, fut reconnu dans les trois


88

CHAPITRE V.

royaumes,avec Wnlfoaldet Légerpour maires du palais. 11 oe se résignapas aussifacilementque les autresroisfainéants &la diminutionde son autorité,et, mécontentdes entreprises de Léger en faveurdes leudes, il l'envoyarejoindre Êbroïn dans la prison de Luxeuil.H osamêmefaire battre de verges le leudeBodiloncommeun simple esclave.Cet outragelui eoûtalavie Bodilonl'assassinadansla forêtde Chelles(673). Ébrcra et saint Léger sortirent aussitôt de la captivité communequi les avait rapprochéset reprirent leur place à la tête des deux partis opposés.Ébroïn avaitperdu son roi, ThierryIII, auquels'étaientralliéslesleudesneustrîens il èn fit unautre, un prétendufils deClotaireIII. Il avait unearmée soudoyéeaveclaquelleil battit Thierry,quiperdit, en fuyant, le trésor royal, ce qui fut d'un grand secoursau vainqueur. Cette armée,étrangère au régimemilitaire des Francs, dépendant de celui qui la payait, assurale triomphe d'Ébroïn sur les leudes il devintmaître absolude la monarchiesous Thierry III, qu'il avait repris pour roi. Sousle prétexte de punir les meurtriers de GhildéricII, il fit périr un grand nombre de ses adversaires,et aveceuxsaint Léger. Il donna leurs biens, ainsi que les nombreuxdomainesdont il dépouilla les églises,à ses soldats. Jamais, mêmesous Brunehaut, les leudesn'avaientété poursuivisavecautant d'acharnement. Beaucoupquittèrentla Neustrie et s'enfuirentcher les Anstrasiens;quelques-unsallèrentjusque chez les Vascons. Persécutéeau nom de l'autoritéroyale,qui agissaittantôt par elle-mêmecommesousGhildéricII, tantôt par son défenseur Ébroïn, les leudes australiens protestèrentaudacieusementen abolissantcettedignitéchezeux.Leur roiDagobertII lut déposéet non remplacé(679). Le gouvernement fut confié à Martin et à Pépin d'Héristal,qu'ils appelèrentprinces ou ducs des Francs. Ces deux personnagesdescendaientde Pépin le Vieuxet d'Arnoulf,peut-être aussi du maireWulfoald, ce qui les rattachaità toutes les grandesfamillesanstrasieunes d'immensesdomainessitués sur les bords du Rhin ajoutaientà l'influencequ'ils devaientk leur origine. L'habiletéd'Ébroïn triomphapourtant encoreà Leucofào,


DESMÉROVINGIENS. 89 GRANDEUR dansle Laonnais;maisquand il eut péri assassinéen 681,le triomphede l'Anstrasieet de soncheffat assuré. La bataille de Testry gagnéepar Pépind'Héristalen 687 proclama<e e triomphe. NérédKé

des terrée.

Cette lutte opiniâtre contre les leudes avait pour cause principale la question de l'hérédité des terres, question fondamentale,de laquelle dépendait cellede l'état politique et socialdes Francs dans l'avenir.Selonque l'hérédité perdrait ou gagneraitsa cause,l'état présent serait maintenu ou transformé.Car il faut déjà reconnaîtreici ce principe d'appropriationdes concessionsroyaleset d'usurpationsur le pouvoirmonarchique,qui, en s'étendant plus tard à d'autres objets,devaitdonnernaissanceau régimeféodal.La solution se fit attendreet ne vint qu'au bout de deux siècles,aprèsdes luttes intérieuresdont la longueurmême se mesura à l'importancedu procèsqui se débattait. Quandle chefbarbare, avantla conquête,distribuaità ses compagnonsd'armes le chevalou la framêe sanglante et victorieuse,commedit Tacite, ce don, ainsi que tout objet mobilierde cettenature, était certainementfait sans aucune réserve, et celui qui le recevaitle gardait tant qu'il pouvait durer, mêmes'il quittait son chef,et le laissait,à sa mort, à qui bon lui semblait. Lorsque, après la conquête, le chef donnades tarres, la nature du don étant toutedifférente,des difficultésimprévuess'élevèrent.Une provisionde chevauxet de framéesépuisée,an en retrouvaitd'autresdans une espé-j lition nouvelle.Mais les terresdontle chefdisposait,'une fois iédées, on n'en retrouvaitpointaussiaisément.Les roisconiprirentde bonne heure la nécessitéde limitarleurs donsde erres, s'ils voulaientconserverles moyensde récompenser it de retenir autourd'euxleurs sujets. Ils mirent doncpour :onditionà leurs concessionsla fidélitédu concessionnaire, et )oui>bornegénéralementla durée de sa vie. De cettecondition et de cettelimite, les tenanciers tondirent tout natu» jrellemepfà s'affranchir-.infidèles,ils s'efforçaientde retenir lour terre; mourants. de la transmettreà leurs héritiers.


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CHAPITRE V.

Souventils y réussirentdansle désordredos temps qui sui virent l'invasion; mais souventaussiles rois s'y opposèrent On les a vus établir des impôts pour suppléer à l'insuffisance des ressources fourniespar leur domainoamoindri. Majs si les Francs acceptaientl'obligation du servicomilitaire, conformeaux mœurs barbares,ils rejetaient bien loin celle des impôts, tout à fait étrangère à ces mœurs.Ainsi dune part la cupidité et le désir d'assurerune positiondu. rable à eux-mêmeset à leur famillestimulaient les tenanciers de l'autre, des besoinsqui croissaientavecles progrès du gouvernement obligeaient la royauté à. résister, sous peine de voirdétruiretoute sa puissance motifsimpérieux des deuxcôtés, qui expliquentî'âpreté de la lutte. Dans le traité d'Andelot,les tenanciersl'emportèrent; mais Brunehaut vint aussitôt après regagner tout le terrain que Gontran-et Childebertavaient abandonné.Dans la constitution perpétuelle, les tenanciers remportèrent une seconde et plus importantevictoire; mais Dagobert, mais Ébroïn les repoussèrent rudement, combattirent leurs empiétements avec une opiniâtretéterrible, et s'efforcèrentde rétablir les anciens principes du régime territorial.On lit dans le diplômed'une concessionfaite parThierryIII, en 676, c'està-dire sous le gouvernementd'Ébroïn « Ceux-làparaissent perdre bon droit (merito)leursterres, qui sont convaincus d'infidélitéenversceuxdont ils les tiennent. » Le débat en était là à l'époque où nous sommesarrivés,, fj'héréditéj combattueavec vigueur, tantôt gagnait, tantôt perdaitdu terrain, et s'introduisaiten définitiveinseasiblement. Ce n'est quedeuxsièclesaprèsque sa victoirefutcompléta'. 4. Voyez la notede lapage82,


MAHOMETET L'EMPlM DES ARABES.

<U

LIVRE IL L'INVASIONARABE(622-1058)1

CHàPÏTHE

VI.

ET L'EMPIREDES ARABES(622-Ï32). MAHOMET L'Arabie et lesArabes. Mahomet L'hégirô(622);luttecontreles de l'Arabie. LeCoran.–yLespreCoréisohites (624);conversion de la Syrie(632dek Perseetde l'Egypteconquête mièrekhalifes danslekhalifat. desOmmiades héréditaire 640) Révolution Dynastie Asie de delahaute (101)et l'Espagne (861-150). (lit}. Conquête R'AraMeet lies Arabes. n faut passerdepforêtset des fleuvesdu nord de l'Europe aoxsablesetauxdéserfsdu sud de l'Asie; du paysdesnuages, des pluies,desvégétationshumides,à celuidu soleilbrûlant, dusimounqui consumaet asphyxie,des plantessècheset aromatiques. Les hommesaussi sontdifférents.Un peuplesobre de corps et d'esprit, d'un tempérament sec et ardent, ne voyantque le but et y couranttout droit, habitué à sillonner le désertavecla rapidité dela flèche,parcequ'on no s'arrête pas impunémentdansle désert, et qu'entrele pointde départ et la pointd'arrivée,riéa riês'y offredont l'attrait puisse retenir le voyageur;un peuple fait pourl'action prompte ou


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CHAPITREVI.

pour le repos absolu c'estle peuplearabe, et dans son histoireon reconnaîtracastraits de son caractère. L'empireromainavaitles Germainsau nord.les Arabesau sud.Lespremiersavaientattaquésurtoutl'empired'Occident, et l'avaientrenversépar une.invasionpréparéeet mêmecommèncéedès longtemps;les seconds,sortis soudainementde leursdéserts,attaquèrentsurtoutl'empired'Orient,et, sans le renverser,en emportèrent,pourainsi dire, d'un seul coup de cimeterre,une large pièce. L'empire de Gonstantinoplesurvécut donc par un bonheurétonnantà ces deux attaquesen sensopposé,commeune île au milieud'une inondation. L'Arabie,qui parut alorspour la premièrefois surla scène de l'histoire,est une vastepresqu'ile,encoremal connuedans quelques-unesde ses parties, et dont l'étendue, d'après les plus récentscalculs,est de 126000lieuescarrées.Elles'ouvre au nord, sur l'Asie, par de larges déserts, et se rattache, au nord-ouest,à l'Afriquepar l'isthmede Suez, où elle projette vers le sud la petite presqu'îledu Sinai, entre les golfes de Suez et d'Aîlath.Elle forme un rectangleimparfait dontle plusgrand côté regarde !Égypte et TAbyssinie,par delà le canal de la mer Ronge et le détroit d'Ël-Mandeb; le plus petit fait face à la Perse, dont il n'est séparé que par le surtoutdans golfePersique. Sa largeur est très-considérable, la partie inférieure.Le long de la mer Rouge,des montagnes,qui sont le prolongementdu Liban, s'étendentjusqu'au Bab-el-Mandeb,la Porte des Larmes; le longdu golfePersique, une/ autre chaînevientexpirerau détroit d'Ormus; et cesdeux systèmesde hauteurs sont reliés entreeux par une lignede terrains élevésqui courentd'un détroità l'autre. Ces montagnesenveloppentpar leurs versantsintérieurs une valléebasse et aride qui est le centre de l'Arabie; par leurs versantsextérieurs*ellesfontface de tous côtésà la mer et formentune ceinture de pays maritimes,quelquefoisriches et fertiles,où la chaleurdu climatest atténuéepar les brisos de la mer, les pluie»,les cours d'eau et les nombreuxaccidentsdu terrain. Aussi,tandisqu'à l'intérieur l'impossibilitéde s'établir et de rien fonder'a maintenude tout temps la vie nomade,les


MAHOMET ET L'EMPIREDESARABES.

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avantagesque présententles côtesy ont da bonneheure fait naitredesétablissementsfixeset unecivilisationquelquefois assezbrillante. Les anciensn'avaientconnul'Arabie que par quelquesrares expéditionsromaines.Ils la divisaienten trois parties l'Arabiepétrée(presqu'iledu Siuaï);l'Arabiedéserte(les déserts qui s'étendentde la mer Rougeà l'Euphrate); l'Arabie Mureuse(Arabieméridionale). Les géographesarabes, au contraire,necomprennentdans leur pays ni la presqu'ile du Sinaï, ni les désertsde Suezà l'Euphrate,qu'ils considéraientco.tnmeextérieursà l'Arabie. Le restede la péninsule,ils le divisaienten huit Contrées 1° YHedjazausud-estde la presqu'île du Sinaï,le longde la mer Rouge; 2"l'Yémen,au sud de l'Hedjaz;3" l'Hadramaut, sur la merdes Indes,à l'est de l'Yémen;4° le Mahrah,à l'est de l'Hadramaut; 60 l'Oman, entre le Mahrah, la mer des Indeset le golfePersique; 6° VHaçaou Bahreïn, le long du golfe Persique, depuis l'Oman jusqu'à l'Euphrate; 7° le Nedjed,au sud des déserts de Syrie, entre I'Hedjaz et le Bahreïn 8°, au suddu Nedjed,l'Ahkaf: les deux dernières provincescomprenantla grande vallée intérieurede la pé» • ' t niasule. De ces provinces,la plus fertileest l'Yémen, bien placée d'ailleurspour le commerce,à l'angle sud-ouestde l'Arabie, entre la merRougeet la mer dès Indes c'est le pays d'Aden, de Saanâ, de l'antique et merveilleuseSaba, de Moka,fa<° meosepour soncafé. La plus célèbre, sinonla plus fertile, est rfiBdjaz,.paysde la Mecqueet de Médine, cesdeuxvilles qui dominèrentpar l'influencereligieusetout le reste de l'A») rabie, taudis que leur situation, dans la zone sablonneuse, assezloin de la mer, les obligea avoir sur le golfearabique deuxports (Yambopour Médine,Djeddapour la Mecque afinde tirer du dehorsleur subsistance. LesArabesfontsortirleurpopulationd'une doubleorigine les Anba,,rnce primitive,issue de Sem, selon les uns, de Cham, selonles autres, et les descendantsd'Abraham,qui, selonleurs traditions,vint fonderà la Mecquela temple de la Gaabapour obéir auxordresde Biea.. Abraham, disent-ils,


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CHAPITREVI. demeura de longuesannéesdansl'Hedjaz,et fut aidédanssa missiondivinepar sonfils Igmaêl,quifut la souchedesIsmaé*lilesou Moutarriba tandisquesonautre filsKahtan ouJeutan devenaitle père des Jectanidesou MoustanHba. LesIsmaélites restèrent dans l'Hedjaz, les Jectanides s'établirent pour la plupart dans l'Yémen.Il faut ajouterencoreles ArabesNa. batéens qui occupaientle nord de l'Arabieet que l'on croit d'originesyrienneou araméenne. Les populationsarabes du nord et du sud fondèrentdes puissancesconsidérableset furent souventen rapports,soit hostiles,soit pacifiques,avec des puissancesétrangères,voisinesou éloignées.Les Nabatéenseurentles royaumesd'Hira, d'Anbar,de Ghassan,qui furenttrès-fréquemmentmêlésaux affairesde l'empireromainet de la Perse. LesArabesd'Hira, sons la dynastie des princes Moundhir ou Mondar, au sixièmesiècle,furent desadversairesredoutablesde l'empire grec, tandis que ceuxde Ghassan,sousles princesde Djafna, soutenaientla causede Constantinople.Mais, au commence. mentdu septièmesiècle,ces puissancesétaientfort diminuées et resserréesentreles Grecset les Perses. Les Jectanides jetèrent aussidel'éclat danslTémen,oùunede leurs branches, les Homérites,avaientsu stimuler la fertilité du sol par des travaux d'irrigation remarquables.La dynastiedes Tobbasyjoua un grand rôle, et des traditions,évidemment fausses,lui attribuaientla conquêtede l'Inde, de l'Asie et de l'Afriquejusqu'àl'Atlantique.Souscettedynastieidolâtre,lé christianismefat prêché par un envoyéde Constantin,mais elle persécutace cultenouveauau commencement du sixième siècle, et l'empereur grec, Justin Ier,engageale néguscbou roi d'Abyssime,qui était chrétien,à venger la croix. Les Abyssinsenvahirentalorsl'Yémen(525), et, sous le vice-roi Abraha-el-Djadan,établirent dansce pays leur domination et la religion chrétienne.Ils y firent rédiger un code de lois une églisequ'ils par l'évêquoGrégenlius,et bâtirent à Saanft s'efforcèrentd'opposer à la Caaba de la Mecque.Do tant temps, d'ailleurs, une rivalité avait existé entre l'Yémenéi l'Hodjaz,entre les Moutarribaet les Moustarrïba.En 575 les Abyssinsfurent chassés,maisavecle secoursd'imo armée


MAHOMET ETLempire DESababes.

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persane,envoyéepar Khosroès-Farviz,qui nefit que substituer sa dominationà celledes Africains. Ainsila prospéritédes deuxrégionsextrêmesde l'Arabie» avaitsuccombéavec leur indépendance.La régiondu centre, au contraire, qui n'avaitjamais eu une aussi grande puissance,avait du moinsconservécette liberté sans laquelle on n'eût pu rien fairede l'Arabie. Elleavaitjoui d'une tranquillité qui est toujoursassurée, dans une grandecontréedivisée en plusieursÉtats, à ceux"du milieu on n'y saurait arrive! qu'après avoirsoumisles extrémitésqui leur;serventcomme de bouclier.L'Hedjazen effet n'avait point vu pénétrerjusqu'à lui les armées étrangèresqui avaientparu dans le nord et dansle sud. La aussis'étaient cortservéesplus intactesles tracesdu régimepatriarcal des tribus composéesd'un certain nombre de familles; un scheïh(seignenr)à la tête de à la chaquefamille un cheiksuprêmeou émir (commandant) tête de toute la tribu qu'il gouverne en prenant l'avis des gcheiksdes familles.Anciennement,quand un chef occupait un pâturage, il se contentaitde faire aboyersa meute aussi loin allaitle bruit, aussiloin s'étendaitla prisede possession. Telle était, dans l'origine, la simplicitéde mœurs de ces ( peuples. Cependantla populationde ffledjaz, tout en s'éloignant peu, quantauxinstitutions,de sonétat primitif,voyaits'opérer dans son seinun concourset unmélanged'idéesreligieuses de toute sorte, qui lui préparaientunedestinéetrès-brillante en dédommagementde son obscuritépassée.Car c'est encoreun avantagedes Étatsdu centre, d'être le lien de rencontrede toutesles autres, le point où convergentles relations, lesmarchandiseset lesidées.Sans parler de l'idolâtrie avectous ses dieuxj|trois des grands cultes de l'Asie et do l'Europe s'y rencontraient le christianismeapportéau nord par les Grecs,au sud par les Abyssins;lo sabeismeapport6 ka nordet au sud par les Perses; le judaïsme enfinintroduit partout par cettehabiletédes juifs à s'insinueren touslieux. Trois cent soixante'idolesétaient réunies dan» h Caaba quandMahometles en chassa,on trouvadans le nombroune viergebyzantine,peinte sur une colonne,tenant le Christ


VI CiHÂPKPHB

entre ses bras. Lidolâirie était dominante; non point cette idolâtrieingénieusedu paganismegrec, qui personnifiales abstractionsde l'intelligenceet revêt les dieux de formeshumaines mais l'idolâtrieégyptienne,l'adorationdesanimaux, deg plantes,de la gazelle,du cheval,du chameau, des palmiers, des rochers. Quelques-unsadoraientles astres. Mais tons reconnaissaientunDieu suprême, Allah, et cettenotion d'une divinitéuniqueétait soutenuepar l'intluencedes religionsjuive et chrétienne,qui répandaientaussi les idéesde révélation,de vie future, de paradis, d'enfer, etc., éléments qui se retrouvèrentdansle Coran. Si l'onconsidèrela formedu culte,elle était arrêtéedepuis longtemps toutes les pratiques étaientréglées, les tournées processionnellesdans la Caaba, le pèlerinage,les sacrifices dansla valléede Mina, etc. Dès longtempsaussi la garde du templeétait confiéeaune famille choisie,commecelaavait lieu chezles Juifs; en 440,Cossaï,chef dela familleismaélite des Coréisohiles,s'en était emparé, avait reconstruitle temple, fondéen quelquesorte la Mecqueet établi les principales institutionsreligieuseset civilesdes Arabes. C'était une tendanceà l'organisation,à l'unité. Un mouvementsemblablese faisaitdanssa langue.L'unité d'idiome, si nécessairepour opérer une grande révolution d'idéesdansun vastepays,s'était produite peu peu parl'influencedes poëtes.Guerriers, marchands,les Arabesétaient poëtes aussi du moins ils avaientleurs bardes, commeles hommes^du Nord et leurs fêtes, leurs combatsdé poésie, commeauxjeux olympiquesdesGrecs. Cespoètes,qui n'étaient pas de purs littérateurs,mais qui savaientaussibien manier le sabre et échangerles marolian. dises que chanterles sentimentsdouxou terribles de l'âme humaine, l'hospitalité,la vengeance,l'honneur ou bien les solennelset gracieuxspectaclesde la nature, le désert im~ tnense, la fraîche oasis, la gazellelégère, ces poëtes accou° raientaux grandstournoispoétiquesqui formaient,avecl'ob. jet religieux,le buf.des pèlerinages.Alorsavaitlieu cequ'ils appoluiontles luttes de gloire. Celui qui avait au le mieux remuerles ftmou et on évoilloi'leséchoavoyaitson œuvreécrite


MAHOMETET L'EMPIRE DBS ARABES.

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en lettres dur sur des toilesprécieusesqu'onsuspendaitdans la Caaba.Ainsinoussontparvenusseptpoèmes,dontl'un eut pour auteurle fameuxAntar, mort en 615, du vivant même de Mahomet, et qui fut la vive expressionde l'esprit arabe de son temps; Antar qui s'écriait un.jour au début d'un de ses poëmes Quel sujet les poètes n'ont-ils pas chanté? • comme s'il eût senti que l'Arabie achevait d'épuiser une phasede son existenceet avaitbesoinde commencerune vie nouvelle. On se représentegénéralementles Arabescommeun peuple jeune c'était plutôt un peuple vieux,qui avaitparcouru toutela sphère,étroitesans doute,de sonexistencepolitique. Commenten eût-il été autrementau milieude cet étrange pêle-mêlede toutesles divinitésdansl'enceintedela Caaba. Commentle sentimentgénéral n'eût-il pas été l'indifférence et le scepticismelorsqu'ilyavaità choisirentretant d'autels? T Je n'en veux pour preuve que le petit nombre de ceux qui prirentpart à la lutte religieuseau tempsdes premièresprédicationsde Mahomet d'une part, autourdu prophète,quelques centainesde disciplesdévoués de l'autre un millierde Goréischites,que leur titre mêmede gardiensdela jGaaba,ou templede la Mecque,devait constituerdéfenseursdes vieux cultes, quoique fort incréduleseux-mêmes,beaux esprits, fins et brillants, railleurs, sans attachementvéritable aux croyancesqu'ils défendaientpar intérêt et par habitudebien plus que par conviction. Certainsespritsétaientvivementfrappés de cottelassitude générale, de cette absencede foi, et réfléchissaientauxl moyensd'en sortir..Un jour que les Goréischitescélébraient la fête d'une de l$uraidoles, peu d'années avantla prédioation do Mahomet,quatre hommesplus éclairés que le reste de la nationse réunirent à l'écart, et, se disant les uns aux autres que leurs compatriotesétaient égards dansl'erreur, résolurentdo chercherla vérité et de la demanderaux pays étrangers. L'un alla recevoirIn baptômoh Gonstantinople, l'autre persécuté,s'enfuiton Syrie; le troisièmeso lit cW« tioflcoiniûole promuer;le quatrième entrevit Mahometet la prophète. mouruten annonçantqn'fl,%<\|j(é)ytâblemont test, tmwoyeuAGRifcy

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CHAPITRE VI.

su»honMs8* Mahometnaquit en 570. Hétait fils du GoréiseniteAbdallah, fils d'Abd-ol-Motalleb,qui avait défendu la Mecque contreles Abyssinset qui était lui-mêmefilade Haschem, fameuxpar sosdistributionsde soupesdansune disette.Privé de son père à l'âge de deux mois, et de sa mèreà six ans, il fut recueillipar son aïeul et soumis ensuiteà la tutelle de son oncleAbou-Taleb.Sans fortune, il sofit conducteurde chameaux,voyageabeaucoup,notammenten Syrie, où il so lia avecun moinede Bostra et un rabbinjuif, qui lui firent connaîtreleurs livres sacrés, l'Ancienet le NouveauTestament, combattitavecvaleur dans une guerre de tribus, et mérita par ses qualités aimablesl'affection de tous, par sa probité le surnomde AlAlmin (l'hommesûr). Une riche et nobleveuve,Khadidjah,le prit à son servicepourdiriger ses affairesde commerce,et il servit si bien ses intérêtsque par reconnaissanceelle l'épousa.Dès lorsil fut à la tête d'une grande fortunequi lui permit de se livrerà des méditations et d'exercerl'influenceque donnela richesse. Jusqu'à quarante ans, on ne lui voitrien fairede vraimentconsidérable seulement,il se retirait tous les ans avec sa famillesur la montagnede Hirâ,et y passaitdesnuitsentièresplongédans une méditationprofonde. En 612 il s'ouvritde ses projets à Khadidjah,à son cousin Ali, 11sonAffranchiZeid, à son ami Abon-Bakre,et leur déclara la nécessitéde rendre au culte d'Abraham sa pureté primitive.Il leur dit qu'il recevait des ordres de Dieu par Gabriel,etil désignasa religionNouvellesousle nomd'Islam, qui indiqueun entier abandonà la volontéde Dieu.Ils crurent en lui. Qnandle nombrecroissantdes prosélyteseut fait transpi= rer son entreprise, il les rassemblaet leur dit Qui do vousveut être mon frère, mon lieutenant monvicaire?» On se taisait. Ali s'écria avecla forced'un ardentdisciple et la férocité d'un, Arabe du désert: « C'est moi qui serai cet homme;apôtre de Dieu,jeté seconderai,et si quelqu'un to


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résiste,je lui briserai les dents,je lui arracherailes yeux,je lui fendrai le ventreet je lui casserailesjambes. a Onengageait une lutte bien dangereuse.Abon-Taleb trembla pour son neveuet le supplia d'abandonnerson dessein. « Quand on viendraith moi, répondit Mahomet,le soleil dans un mainet la lune dans l'autre, je ne reculeraispas. »

La Caaba de la Masque.

Les CoréischiteB le persécutèrent,et il ne pouvaitvenir prier dans la Caaba sans être accabléd'outrages. Un-soir it rentra chezlui après avoir prêchétout le jour, au milieudes affronts abattu, il s'enveloppadans son manteauet se jeta sur sa natte maisbientôtle couragedeson entrepriserentra en lui et il dictacettebelle surate où l'ange Gabrielest censé lui dire « 0 toi qui est enveloppéd'un manteau, lève-toiet prêche. » Ses partisans effrayésfuyaient en Àbyssinie; lui-même,de 616 &619, s» retira dans immontagnesvoide sines Mecque» MAO d~ la hJMecqne.


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CHAPITREVI.

Cessuratesou chapitresdu Coran(al-Coian,la livre)qu'il dictait selon les impressionset les besoinsdu moment, et que son secrélaira écrivait sur des feuilles de palmier et des os de mouton, n'étaient assurémentque des iinposturet en ce qui concernela prétendue inspirationde l'ange Gabriel mais, pleines de pensées élevées, écrites dans une langueforte,pure, harmonieuse,ellesravissaientles Arabes, habituéspar les luttesde gloireà bien sentir un pareil mérite, et qui, las peut-êtred'une poésiequi avaittraitétousles vieux sujets, trouvèrentun attrait puissant dans cette éloquence vive, pénétrante, pratique et pourtant riche encore du coloris de la poésie, quoiqu'elle en eût dépouillé le rhythme. Omar était un de ces guerriers farouches,un de ces hommes du glaive, qui ne souffrentpoint qu'on croie autrement qu'eux-mêmes.Il courait l'épéa à la main pour tuer Mahomet; un de ses parents l'arrête et lui dit qu'il feraitmieuxd'abordde purger sa maison,car sa sœur Fatime lit les versetsdu prétendu prophète il retourne chez elle, la surprend lisant avec son beau-frère « Que cachez-vous sonsvosvêtements?» s'écrie-t-il,et il la blessede son épée. Toutefois,à la vue du sang de sa sœur,il s'arrête, prend les versets, y jette les yeux,admire,se récrie et vole chez le prophètepour se déclarerson disâiple.Il portadèslors dans les conseilsde l'islamisme son esprit décisifet violent et peut-être faut-il attribuer en partie à soninfluencece caractère de propagandeguerrièreet de conquêtepar le glaiveque prit la religionde Mahomet,d'abord plus pacifiqueet plns douce. loftteMBtrt les Cwéteehttes(<©8«) B'Esésif«B (@88)j sj eonveratotade l'Amble.. Mahometavaitperdu,en 619,son protecteurÂbou-T&leb il avait perdu aussi Ehadidjah, à laquelle il conservatoujours un fidèleet reconnaissantsouvenir.Privé de ces appuis, il en chercha au dehors. Les habitants de Yatseb, depuis longtemps rivaux de ceux de k Mecque, lui offrirentun ssile il se ïeadit danscette ville, sa622,pour échapperau»


DESARABES. MAHOMET ET L'EMPIRB

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Cetteanadoest fameuse,pares persécutionsdes Goréisohites. qu'elle est la premièredo l'ère des musulmans on l'appelle l'année de Vhégireou de la faite. Quant à Yatreb, elle prit dès lors le nom de Ville du prophète,Mêdinat-ai-Nabi. Mahomet,qui avaittant pratiqué les hommesdanssa jeunesse, se conduisitavecune grandehabiletépour se créer un parti danssa nouvellecité et se mettreen état de soutenirune lutte ouverte. Lui-mêmel'engagea,sans doute pour ne pas laissers'endormirdansl'inaction la foi de ses nouveauxprosélytes.Avec314 hommes,il partit pour surprendreune caravane de la Mecque. 1000 Goréischitesvinrent1à sa rencontre. On combattità Béder (624).Les musulmansfléchissaient de son trône de bois, d'où il contemplaitl'action, Mahomets'élança sur un chevalet jetant dans les airs une poignéede sable a Que la face de nos ennemis,s'écrie-t-il, soit couverte de confusion1 Ses troupes se raniment et remportent une victoire gui fut d'un grand effet pour sa cause. Il fut cependant vaincu quelque temps après au mont Ohud(626), et la guerre prit alors un caractère plus atroce. Il se tourna contreles tribus juives du voisinage^pour les forcera entrer dans son parti. Elles se coalisèrent,et, avec l'assistancedes Coréischites,vinrent l'assiégerdans Médine c'estla guerre desNationsou du Fossé(627).Mahometavait fait creuser un fossédevantla ville; lui-mêmeun jour saisit la pioche,et commele fer faisaitjaillir du rocdes étincelles a La premièrede ces étincelles,dit-il, m'apprendla soumission de lTémeà la seconde, la conquêtede la Syrie et dè l'Occident; la troisième,la conquêtede l'Orient. » II réussit à éloignerles assiégeantsen jetant la divisionparmi eux, et cet avantagefut asseznotable pour qu'il pût obtenirdes Co= réiscMtesune trêvede dixans et tourner ses armes contreles juifs t^eKhaibar, à cinq Heuesde Médine, dontil détruisit la puissance(628). L'année suivante(639)il va en pèlerinageà la Mecqueet y fait de nombreusesconversions ea 630, cette ville ayant marchevers rompu la trêve, il y entre avec 10 OOO.hommes, le temple et détruittoutesles idoles en disant « La vérité


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est venue, que le mensongedisparaisse.» Dèslors il fat redouté commele grand chef religieuxde l'Arabie, et déjàil entrait en relations avec les États du dehors; Khosroèsdéchira ses lettres.: « Qu'ainsi son royaume soit déchiréI » s'écria le prophète. Héraclius reçut mieux son message; pourtantla guerre éclataavec les Grecsde Syrie qui avaient égorgé l'envoyédu prophète; elle dura peu, mais on y vit déjà cette valeur fanatique des musulmans Djafar, fils d*Abou=Taleb, ayant en lesdeuxmainscoupées,serra encore entre ses bras mutilésl'étendard de l'islamismeet reçut par devant cinquante-deuxblessures.Mahometcrut un instant qu'il allait avoirà soutenirune guerre générale vêtu de sa robe vertedontla couleurest restée cellede ses descendants, et montésur sa mule blanche, il partit à la têtede 10 000cavaliers, 20000 fantassins, 1S000chameaux.Maisl'ennemi ne se présentapas. La réunion de l'Arabie s'opéraitcependantpar l'adhésion des chefsde l'Yémen et du Mahrah, des princes de l'Hadramaut, de l'Oman, de Bareïn, etc. Le caractèredé «es adhésionsfat sans douteen généralplutôtpolitiqueque religieux, et cestribus lointainesn'avaientguère eu le temps de s'enquérir en détail des nouvellesdoctrines.La religion d8 Mahometn'avaitpas, commela religionchrétienne,de prédicateurs portant au loin l'enseignementde son dogme et de sa morale.Mais,dans l'indifférencereligieuseoù presquetoute l'Arabieétaitplongée,cesArabeséloignésouïrentparler d'un chef puissant' qui s'élevaitdans l'Hedjaz et qui paraissait promettreà l'Arabieun brillant avenir, et ils accoururentan partage de ces destinées.Cesconversionsse firentà peuprès aussisommairementque celledes Francsde Clovis,et il est certain que, dansles premièresarméesconquérantesqui sortirentde l'Arabie, beaucoupde soldatsconnaissaient -à peine' le Coran.Au reste, s'il y eut des adhésions,il y eut aussi des contradictions,des antagonismes,des apparitions de faux prophètesqui attristèrentles derniersmomentsde Mahomet. Malade depuis quelques mois, il se rendit dans les lieux saints, suivi de 114000 musulmans, pour y accomplirle grand pèlerinageEl-Haddj. De retour à Médina, quandil


MAHOMET ET L'EMPIREDESARABES. 103 sentit venir sa fin, il se transporta à la mosquée, récita la prière publiqueet demandaà hautevoixdevantla foules'il avait outragéquelqu'un,s'il devait quelquechose.Unevieille femme réclama trois drachmes; il les lui fit donner et la remercia de lui avoir rappelésa dette plutôt ici-basque dans le ciel. Il mourutle 8 juin 632. %& Cerna.

Le Coranest la réunion de tous les versetstombés, selon l'occasion,de la bouche du prophète, et recueillisdans une première édition par les ordres du khalifeAhou-Bekre, et dansune secondepar ceuxdu khalifeOthman.L'incohérence et les contradictionsnombreusesindiquentle mode de sa formation.D se composede 714 chapitresou surates, subdivisés,en versets.Cesversets,qui contiennenttous les préceptesde la moraleislamite,sont inscritspar les musulmans sur les murs de leurs mosquées,sur leurs bannières, leurs monuments. Ce qui caractérisele Coran,c'est une simplicitégénérale et mêmeune certaine stérilité d'imagination.On y>retrouve bien la chaude hyperbole et l'imago forte de l'Orient, mais par traits rares et rapides, sansaucunetracede l'exubérance indienne ni de l'abondanced'imaginationdes races européennes. Celase voit dansle fond même du dogme qui est tout dans ces mots « Dieu seul est Dieu, et Mahometest son prophète. » A.côté d'Allah, Dieu unique, tout-puissant créateur, le Corann'admet aucunedivinitéinférieure dans Allah,il n'admet pointla pluralitédes personnes,et il rejette touteidéed'un Dieu fait homme.D enseigneseulementque Dieu s'est révélé aux hommespar une série de prophètes dont Mahometest le dernieret le plus complet ceux qui l'ont précédésont Adam,Noé,Abraham,Moiseet le Christ, II admetaussiles anges, messagersde Dieu auprès des prophètes. Mahometreconnaissaitque la Christavait eu le don des miracles, mais lui-même avouaitqu'il ne l'avait point reçu.Les infidèlesdisent « Nousne te croironspas, à moins que tu ne fassesjaillir de la terre une source d'eau vive,


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qu'un fragmentducielnetomba sur nousou que tu n'amènes Dieuet les angescommegarants de ta parole. Répoudsleur Louanges à Dieu, suis-je donc autre chose'qu'un D hommeet un apôtre > Le Coran dmet l'immortalitéde l'âme gansoser décider quelle est sa nature « L'âmeest une chosedontla connaissanceest réservéeà Dieu.Il n'est accordéà l'hommede posséder qu'unebien faible part de science.» II admetaussi la résurrectiondes corps et la participationde cette portionde notre être aux joies et aux souffrancesdune vie future. Mounkiret Nebir, anges noirs aux yeux bleus, interrogent les morts; Gabrielpèse leurs actionsdans une balanceassez vaste pnur contenirle ciel et la terre. Les ressuscitessont conduitsversle pont AlSiral, plus étroit qu'un cheveu,plus effiléque le tranchantd'une épée. Les coupablesne le peuvent franchir; ils tombentdans l'enfer qui s'étend au-dessous, et où les moinscriminelsontaux pieds dessouliersde feu, qui font bouillir leurs crânes commedes chaudières. Pour les vrais croyants,ils traversentl'abime aussivite quo l'éclair et vont habiter les jardins du septièmeciel ou le paradis. Là ils trouvent des bosquets éternellementverts et pleins de fralcheur,dès pavillonsde nacre, de rubis, d'hyacinthe, des eaux limpides coulantdans l'ambre Jaune, les diamantset les émeraudes,de richestapis de soie,desfleurs, des parfums, des repas exquis, des nymphes immortelles, aux yeuxnoirs. Tel estle paradissensuelque Mahometproposaità la massedesfidèlesmusulmans mais il mettaitbien, au-dessusles joies spirituelles « Le plus favoriséde Dieu sera celui qui verra saface soir et matin,félicité quisurpassera tousles plaisirsdes sens, comme l'Océanl'emportesur une perle do rosée. » Cette doctrinedes peineset des récompensesdans la vie future supposela liberté moralede l'homme, puisqueDieu ne peut récompenseron punir que ceuxqui ont été libres de choisirentre le bien et le mal.Mahometcependantenseigna le dogmecontraire de la prédestination,qui anéantitcette liberté, en déclarantl'hommeprédestinéde touteéternité au bien ou au mal. Mais cette croyanceloi était un puissant


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auxiliaire.Pourquoi éviter les périls ou la mort, si tout est écrit d'avance,si le sort de chacunest réglé par une volonté immuable?Alors le musulman, poussépar sa passionqu'il appelaitl'esprit de Dieu, couraità l'ennemi, à la victoire,à la conquêtedu monde,commeaujourd'hui,qu'il a perdu son enthousiasmeguerrier, il s'assoit calme et résigné, en face de l'incendiequi dévoresesvilles,de la psstequi décimeson peuple, et de la civilisationchrétiennequi ébranle et ferait crouler son empire, si elle n'avait intérêt à le conserver. La loi religieuse des Arabes, commecelle des Juifs, est aussi une loi civile,et le Coran est en mêmetempslelivre sacré et le codedes musulmans.Mahometmodifial'état de la famillearabe. Il relevala conditionde la femme.Lesfilles n'héritaient pas il leur assignala moitiéde la part de leur frère. Tout en maintenant l'autorité de l'époux,il lui ordonnad'être pourla femmeun protecteurpleind'égards.S'il laissa subsisterla polygamie,pour ne pas trop heurter les mœurs de l'Orient, il conseilla,commeun acte louable, de se borner aune seule épouse. La femmeest encorerelevée commemère ;.« Un fils gagne le paradis aux pieds de sa mère. L'enfant est protégé, et le Coranproscritl'affreuse coutumequi permettait;aux parents d'enterrerleursifillesvivantes.S'il ne prononcepas l'abolition de l'esclavage, da moins, il règle les obligationsdes maîtresà l'égard deleurs esclaves,et leur présente l'affranchissementcommeun acte agréableà Dieu.. Le Coranporte des peinessévèrescontrele vol,l'usure, la fraude,le faux témoignage,et prescritles aumônes. H règle avec sévérité les pratiquesdu culte le jeûne du Rhamadan; l'observationdes quatre mois sacrés, coutume anciennequi suspendait,par une sorte de trêve de Dieu, les hostilitésdes fidèlesentre eux le grand pèlerinageannuel » la Mecque, où Mahometavait installéle siègedu.nouveau culte,afinde ne point faire une révolutiondansles habitudes des Arabeset de les toùrner au contraireau profitde l'islamisme les cinq prières par jour, obligation assezpénible pour que le faux prophète Moseilamaait pu s'attirer beaud coupde sectateurspar l'exemptiond'unede ces prières. Les


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ablution»,soit avecl'eau, soit avecle sable fin da désertsi l'eau manquait, la circoncision,la privationdu vin, de la chair de porc, mesured'hygiène,sontaussides prescriptions 'du Coran « Les oroyantssont tousfrères, a dit-il encore.Mais aussi tous ceuxqui ne croientpas sont ennemis.Il y a cependant unedistinction capitaleétablie entre les chrétiens,les juifs, tous'les infidèlesenfin quicroient en un seulDieu et au jugement dernier, et les idolâtres,les apostats,les schismatiques.Lespremiers,il suffitde ne point S'allieraveceux par le sang, et l'on ne doit les combattre que s'ils provoquent. Quantauxautres, c'est le devoirde tout bon musulmande les attaquer,de les poursuivre,deles tuer s'ils n'embrassentpas la religiondu prophète. « 0 croyants ne vousliezpointavec les chrétienset lesjuifs. Malheurau musulmanqui reste à son foyerplutôt que d'aller combattre il n'évitera pas la mort,car le terme de sa vie est fixé.» Redouterait-illa chateur brûlante dans les combats? « L'enfer est plus brûlant que les feuxde l'été. » Songerait-ilh fuir ? a Leparadis est devantvous,et derrièrevousles flammesde l'enfer. » Cespréceptes,ces espérances,cesmenacesfurent des ressortspuissantsqui lancèrent les Arabes,le sabre,à lamain, dans toutesles directions. Kespremierskhalifes èleetife} eonqnôÉede toSsfrti11 de la iPereee«de r Egypte(east-saffl). Mahomet n'avait réglé ni la forme,dupouvoir,ni l'ordre de succession.Le khalifeétait àla fois le chefreligieux,civil et militaire.Abou-Bekre, que Mahometavaitchargéde dire la prière à sa place, fut reconnu(632), et ensuitedésigna Omar(634), qui à sontour chargeade ce choixune commissiondesixpersonnagesimportants elle nomma Othman(6~4}, dontla faiblesseamenades désordres,au milieudesquelsAli montasur le trône (656).Ali,épouxde Fatime,fillede Mahomet, avait été, dès la mort de son beau-père,un des prétendants et le chef du parti de Fatimites. Cas rivalitésse perpétuèrentdans deuxsectesmusulmanes celledessclriitcsou


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séparatistes,qui regardentAliet sa postéritécommeinjustementdépossédés,et celle des sonnitesoupartisansde la tra« dition, qui reconnaissentcomme légitimesAbon-Bekre, Omaret Othman.De longueset sanglantesguerre sortirent dolà. Aujourd'huiencoreles Persanssontschiites,les Turcs sont sonnites.Après Ali, (661), le régime héréditairecommenceavecles Ommïades. Cette période(632-661)est celle des plus rapides et des plus étonnantesconquêtesdes Arabes. « Allez, dit Abou-Bekreaux guerriers arabes, combattez bravementet loyalement;ne mutilezpas les vaincus;ne tuez ni les vieillards,ni les enfants, ni les femmes ne détruisez pas les palmiers, ne brûlez pas les moissons,ne coupezpas les arbres fruitiers.» Les uns allèrent soumettreau cœur de l'Arabie les fauxprophèteset les peupladesqui refusaient de reconnaître l'islamisme.Les autres marchèrentsur la Syrie, d'autres vers l'Euphrateet la Perse. Les premiers, en soumettantl'intérieur de la péninsule, donnèrentl'unitéà toute la nation arabe. Les secondsfirent en six ans la conquêtede le Syrie sur les Grecsbyzantins. Ils prirent d'abordBostra qui en était la clef ducôtédu désert; puismirent le siégedevantDamas. n fut interrompu par la bataille d'Aiznadin,dans laquelle fut détruite une armée de 70000 hommes, envoyée par l'empereur Héraclius.Damas se rendit par capitulationau général Abou-Obéidah;mais le fougeuxKhaleb, qui, dans le mêmetemps, entrait vainqueurpar une-autreporte,partit au bout de troisjours de trêve, de toutela vitessede ses chevaux arabes,atteignitles fugitifs,les exterminaet revintavec leurs dépouilles($34). Une secondevictoireremportée sur lesbords de l'Yermouk,dans la Palestine,achevacette con-0 quête (636).Unearméegrecqueconsidérableétait venueaudevantdes -musulmans;trois fois ils plièrent, et trois fois leurs femmesqui se tenaienta chevall'arc à la main, au der. nier rangde l'armée,les ramenèrentaucombat.Les historiens arabes parlent avec exagérationde 150000ennemistués et de 40000 prisonniers.Jérusalemouvritses portesau khalife Omar, qui vint en personneen prendre possession;il était


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montésimplementsur un chameaude poilroux, portant, sur -ledevantde la selle, un saode blé, un sacde dattes et une bouteillede cuir pleine d'eau, et il offrait de son frugal repash ceuxqu'il rencontrait.Il resta dixjours à Jérusalem pour y régler les affairesdu pays,et y fitbâtirune mosquée, tout en accordantauxchrétiensle libre exercicede leorculte. Après Jérusalem,Alep, Antiocheenfin, cette puissantecapitale de la Syrie, se rendirentet Héracliusabandonnapour jamais cette contrée(638). L'arméeenvoyéevers l'Euphrate n'avait pas fait moinsde merveilles'.Khaled,qui la commandad'abord, prit Hanbar et Hira.Sonpassageen Syrie ne ralentit point les succès.La Perse, en décadence,opposaen vain 150000de ses soldatsà 30000Arabes. Elle fut vaincue dans la grande bataille de Cadésiahqui dura trois jours (636). Le fameux étendard des Sassanides,le tablier de cuir qui rappelaitleur origine, tomba au pouvoirdes musulmans. Les vainqueurs,laissant sur les bordsdu Chat-el-Arabeles coloniesde Bassorahet de Koufah,coururentsur Utésiphon,qu'ils prirent. La victoire de Jalula, celle de Néhavendouvictoire desvictoires,au sud d'Ecbatane(624),leur soumirentla Perse Ispahanfut conquis, Persépolissaccagée,et le roi de Perse, Yezdegerd,faillit être pris au milieudé son palaiscroulant.En vain il alla chercher des secours jusqu'en Chine,il périt assassinésur les bordsde l'Oxus (652), et le Khorassanfut soumis aux Arabes. Pendantque le trône du grandroi était brisé, l'Egypteétait soumise.Là, commeen Syrie,c'est l'empiregrec qu'ils attaquaient. Amrou, leur chef, profita habilementde la haine que les Coptesou indigènesportaientauxGrecsqu'ilu regardaient commedes étrangerset des hérétiques.U ne fat arrêté que devantAlexandrie,qui résistaquatorzemois.Il n'est pasprouvéqu'Omarait ordonnédebiûler la précieusebibliothèque de cette riche et savantecité. On voit, au contraire, lesroisgréeson I. Auxroisnarines onArsacides, qmavaient remplacé avaient succédé on226 les avaient fondélo sequi Sasaauidea, Séleuciàes, et l'indus,à l'arcondimpirepersan entreTBuonrale «tdominant encore, nvéedesArabes,


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Amrau organiser sagement le gouvernementde ce pays, substituer à la capitation des impôts plus justes, en réserverle tiers pour l'entretien des digues et des canaux, et reprendral'ancien projet des Pharaons, desPtoléméeset des Césars,pour faire communiquerle Nil et la mer Rouge,projet qu'on abandonna pourtant, par la crainte d'ouvrir aux infidèlesle chemindes villessaintes. Révolutiondons le USuaSltat. raynasttebéréâltalre des ®snwiÏQCîes («sfl-95fâ).contactedo la haute Asie (9OH)et de l'Espagne (sas}, Les discordesintestinesqui remplirentet suivirentle khalifat d'Alicausèrentune halte dansles conquêtesdesArabes. Ali, représentantprincipaldesfiaschémiteset de Mahomet, vit se produire contrelui une réactioncoréischitequi avait déjà percépar l'électiond'Othman.Moawiahen était le chef: il gouvernaitla Syrie, où ce parti avaitle plus de force, tandis qu'Ali s'était établià Koufahdansl'Irak-Arabi (la Babylonie), pays dévouéà sa cause. Après des luttes sanglantes, Moawiahfit assassinerle khalifepar trois lanatiques,,etcommençala dynastiehéréditairedes Ommiadesquirégné 90 ans (661-750).Avec lui, Damas devint la capitalede l'empire; dèslorsle caractèredu gouvernementchangeaet devint plus despotique,ayantd'ailleurs affaireà des peuplesbien différents des Arabes de l'Hedjaz. Une décompositions'opéra dans les institutionset la foides mahométans;les uns s'abandonnèrentau luxe et violèrentles préceptes les autres, par une réactionordinaire,formèrentces sectes fanatiqueset sombresdeskharégites,des motazélites,des cadoniens,etc., puritainsde l'islamisme,qui luttèrentavecune indomptable énergie contre les Ommiades.Ce n'est que par des flots de sangverséque ceux-cis'affermirent,surtout par les victoires du vaillantHégiage(691);Abd-el-Méiekrégnait alors.Sous lui une seconde et dernière période de conqêtes oommença. Dansl'Orient, la conquêtede la Transoxiane,del'ancienne Sogdianeet des bords de l'Indus (707)porta la domination


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musulmanejusqu'aux limites de l'empire d'Alexandre.Las Arabes trouvèrent,à cetteextrémitéde leur empire, à Bochara, à Samarcande(707),les fruitsdes germesde civilisation quele conquérantgréey avaitdéposés,et ils celaissèrent pas dépérircette prospérité,qui s'accrutencore. Du côtéde l'Asie Mineureet de Constantinople,ils firent aussidesprogrès.Ilsn'avaientjusqu'ici combattu quesur terre.. La dynastiequasi-syrienne desOmmïadesleur donnaunepuissance maritime,dontils trouvaientlesélémentsdansla Phénicieet la Gilieieconquisespar eux.Dès672ilscommencèrent une série d'attaquescontre Constantinopleelle-même,et les poursuivirentpendantsept années,maisils furentchasséspar le feu grégeois,qu'un Syrien venaitd'inventeret qui avaitla terrible propriétéde brQlerdansl'eau. Cetteaudacieusetentative,qui menaçaitde détruire ce qui restaitencorede l'empire romain, fut renouveléeen 717sousle khalife Soliman. Une armée de 120000hommestraversal'Asie Mineure et l'Hellespont, et vintse placer en face de Constantinople, qu'une flotte de 1800voiles assiégeait.Cette fois encore le feu grégeoisfit échouerl'entreprise,et l'invasionarabe s'arrêta dece côté cette retraite décidaquel'empire grecvivrait encoredessiècles. En Afrique,lesindigènes,accablésde tributspar les Grecs, appelèrentles Arabes Akbahcourutjusqu'àl'Atlantique et poussason chevaldansles flotsde cet océan. Il fonda (670) Kairoanau sud de Tunis, à 12 millesde la côte les Arabes redoutaientles flottesgrecques,ils ne redoutaientpas le désert, leur domaine. Akbah succombasousles attaques des Maures.MaisHassan,sonsle khalifeAbd-el-Mélek(692-698) assit la dominationarabetout le long du littoral africainpar la conquêtede Carthage,qui futlivréeaux flammeset ne s'est pas relevée de cette ruine. Une dernière insurrection des Maures,conduitspar leur reineKabina, fut comprimée(709), et les Arabesjetèrent leurs regards au delà du détroit des colonnesd'Hercule. Tarik le franchiten 711 et lui donnason nom de Gibraltar (Djebel-Tank,montagnede Tarik). Les Arabesse trouvaient pour la première foisea présencedes barbares du Nord. Iî»s


MAHOMBT ST L'EMPIRE DES ARABES.

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rencontraienten Espagnela monarchiewisigothiquefort affaiblie, déchiréepar les discordes,laissant tomber en ruine lesmurs de ses placesfortes*.Ils étaient appeléspar le puissaut comteJulien, gouverneurde Ceuta, et par l'archevêque de Séville,qui voulaientrenverserle roi Rodéric ils furent vainqueursà Xérès, sur les bordsdu Guad-al-Lété,et Rodé:ricpérit, dit-on, en fuyant dans les eauxdu Guadalquivir (711). Cettebataillede trois jours mit par terre le royaume des Wisigoths, mais il fallut huit années aux Arabes pour soumettrela péninsulejusqu'aux montagnes;des Asturies,où un chef des Wisigoths,Pélage, se maintint indépendant.En 720, ils occupèrentla Septimanie, comme dépendancedu royaumegothique.Ils avaientdoncfranchiles Pyrénées,encore une grande barrière. La Gaule s'ouvrait devant eux. Allaient-ilsla conquérir, commel'Asie,l'Afrique,l'Espagne, et détruiredu mêmecouples États germaniqueset la religiop chrétienne? Déjà ils lançaientleur cavaleriejusqu'à Sens; déjà le BerbèreMunuzas'établissaiten Septimanieet épousait la fille du duc d'Aquitaine.Ce fut un momentsolennel dans l'histoire du monde. La question se décidadans ces plainesfameusesentre Tours et Poitiers, où CharlesMartel opposasa puissanteinfanterie austrasienne,commeune muraille de fer, auxcavaliersimpétueuxde l'Arabie, delà Syrie et du Magreb(732). Ainsil'invasionarabe trouvaitsontermeauxbordsdel'Indus, à l'entrée de l'Asie Mineureet aux Pyrénées. Comme desIfisigoths. -Le royaume desWïsigolha a duré303ans, 4.Monarchie d'abord dansla Gaule, de4 10 à7H Ilsdominèrent et dans jusqu'à laLoire, unepartiedel'Espagne. Labataille deVoulon lesrefoula au sud des. (607) aunorddesquelles 11conservèrent laSeptimanie; lapépourtant Pyrénées, ne leurtut entièrement soumise ninsule du hispanique qu'après l'absorption de littoral méridional royaume Suives (586)eil'expulMondes Grecsou (023). la plusbrillante deceltemonarchie futcelledeLéovigild L'époque (660-680). del'arianisme auchriset deHécarèdo quifilpasserlesWisigotbs (688-001), tianisme. Leclergé avaitunetrès-large danste des part gouvernement tenaitlieuchezeuxdesassemblées etleoonclle deTolède n.UioVieigotlis, Uneautrecaused'affaiblissement nalesdesautrespeuple4 barbares. rutle del'élection A lamonarchie dans unÉtat les système appliqué aristocratique dane nobles rendaient letrônevacantle plussouvent possible l'espoir d'y y ec proportion monter;n n'estpointde payeOlil'oncompte plusderoio assassinée


chakltrb'vi.

l'invasiongermanique ello allait désormaiss'asseoir dans les paysconquis,et donnernaissanceune civilisationorientale et musulmaneen face da la civilisationoccidentaleet chrétienne. Échappé aux deux torrents qui grondaientsur chacunde ses flancs, l'empire byaantin, grâce h sa position et aux muraillesde sa capitale, représentait entre ces deux mondesnouveaux,commeune pâle imagede l'ancienmonde romain.


DE L'EMPIREDES ARABES. 113 DÉMEMBREMENT

CHAPITRE

¥H.

DECADENCE ET CHUTE BÉMEBlBREaîENT, DESARABES DEL'EM^IBE (78IM0B8). etfondation Avénement desAbbassides dukhalifat deCordoue (750} (755.) –Khalifatde Bagdad Al(750-1068). Aknanzor, Haronn-al-Raschild, et démembrement Mamoun.Créationdela gardeturque.Décadence dukhalifatdeBagdad.– fatimites Afriqua;khalifes (968).–Espagne; desArabes. khalifatdeCordoue.Civilisation Avéa»msn«Ses Afe&assSdles da IcbaiMM (9»o)et fansfiaflon de ffiordoue(9SS). En 732,quand CharlesMartelfit rebrousser cheminà l'invasionarabe il y avaitjuste un siècleque Mahometn'était pins; en cent ans les Arabess'étaient étendus, commeun géant qui ouvreles bras, de l'Jndusaux Pyrénées.Pour fixer des limitesplus exactes,leur empire atteignait, à l'est, l'Indus et la valléede Gaschmir; au nord, les steppesdu Tarkestan, la Caspienne,le Caucase,que l'islamismefranchissaitmêmedéjà, puis une ligne obliquetiréede la pointe orientaledela merJNoirejusqu'à Tarse, et an delàdelaquelle étaienttributairesle Pont et la Gappadoce;la Méditerranée où ils occupaientRhodes, Chypreet les Baléares: enfin les Gévennesméridionaleset les Pyrénées, sauf le petitroyaume de Pelage à l'ouest, l'océan Atlantique =- au sud, les désertsde l'Afrique,l'Ethiopie et la mer des Indesjusqu'aux bouchesde l'Indus. Dix-septà dix-huitcentslieuesde long! aucun empira de l'antiquité n'avait atteint unesigraado étendue. Aussicette zoneImmense fut bientôt coupée en trois partiespar les Abbassidesen Asie, les OmraïadgsonSspagae, les Fati-> AOB. I11SÏDOMOYEU

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J14

1

CHAPITRE VU..

mites en Afrique,et, tandis que l'invasiongermanique,multipleet successive,faitesans plan, ni unitéde direction,avait passésous Charlemagnede la diversité à l'unité, l'invasion arabe, issue tout entièred'une seule et mêmepensée, faite d'un seul coup et sousune mêmeimpulsion,passade l'unité à la diversité. Non-seulementl'empire desArabesfut très-fragile, â considérer le territoire,il fut très-fragileaussià considérerles institutionset les dynasties. On avaitvu une périodepurement arabe sous les quatre premiers successeursde Mahomet, et une périodesyriennesous lesOmmiades on vit une périodepersane souslesAbbassideset après eux une période turque, chacundes peuplessoumisréclamant son tour de prépondérance,ce qui arrivetoujoursdansles grandsempires forméspar la conquête,et ce qui s'était passédans l'empire romain. Les Omxnïades,de Damasavaient commencé& réveiller une certainecivilisationdans cette Syrie imprégnéede toutes les civilisationsantiques,témoinla mosquéecélèbre,une de merveillesdu monde, que ValidI0' avaitfait construire à Damas,et que Tamerlanrenversa; cependantla conquête avaitété le caractèreprincipal de leur période. Au contraire les travaux pacifiques l'industrie, la culture des sciences caractérisèrentcelle qui suivit. Les Ommiades,musulmanspervertis,qui buvaientdu vin, n'étaientbien vus ni desArabes demeurésdansla péninsule natale, ni de ceuxqui s'étaientétablisen grand nombredans l'Irak (ancienneBabylonie).Cette contrée était une petite Arabie là se peïpétuaientplus purs le culte de l'islamisme et l'attachement à la famille dp prophète. Les descendants d'Aliy conservaient,avecleurs prétentions,un grand ascendant sur les tribus. Maisles Alides, avec des vertus et da beauxcaractères, n'eurent pas généralementlestalents nécessairespour faire valoir leurs-droits.Une famillede leur parti et quiprétendaitse rattacherà eux par le sang,l'entre» prit pour son propre compte: c'était celle d'Abbas. Les Abbassides,à la faveurdestroublesau milieudesquelsMer» waa II ihout&sur le trône(746), soulevèrentle Khorassan.


DE L'EMPIRE DES ARABES. 115 DÉMEMBREMENT

oit régnait leur influence, et l'Irak, oûlesAlides, quoique leurs rivaux,les accueillirentpar haine contreles Ommiades. ils prirent la couleurnoire, parceque le blanc était celledes Ommiades, et l'on désigna par ces couleurs contrairesles deux partis opposés. Merwan fut vaincusur les bords du Zab, affluentdu Tigre, et eut la tête coupée(750). D'horriblesvengeancessignalèrentle triomphedesAbbassides.Les Ommiadeset leurs adhérentsfurent poignardéspar milliers. Quatre-vingt-dixde leurs chefsfurent invités à un festin, souscouleurde réconciliation.Aumilieudes!joiesde la table, le poête parait, non plus Un Antar chantantles, combats, l'amour,l'hospitalité,la gloire; maisun poètesombreet terrible « Abdallah, dit-il à l'oncle'd'Abbas qui présidait le festin,souviens-toid'Al-Husein,souviens-toide Zaïdi. Huseinfnt assassiné, et son cadavre, trainé dans les placesde Damas, fut fouléaux pieds des chevaux.Zaïdi, fils d'Husen, vaincupar l'OmmïadeHescham, fut égorgé sousse&yeux, et son corps resta exposécommeceluid'un vil scélérat. Souviens-toide tes amis, souviens-toide tes frères. Hâte-toi: voicile momentdes justes vengeances1» Hfinissait.deparler, un bourreau parait derrière chacun des Omm|ades:ils tombentassommés puis on recouvrede plancheset de tapis leurs corpspalpitantset, sur cette estradesanglante,le festin continue(750). Les tombeauxdes khalifesde Damasfurent ouverts,les ossementsqu'ils renfermaientfurent brûléset les cendresjetées aux vents. Aboul-Abbasen fut surnomméel Saffah, le sanguinaire. UnOmraïadepourtants'échappa;le jeuneAbd-er-Rhaman se cacha successivementen Egypte, chez les Bédouinsde Barcahet chez les Zénètesjusqu'aux jours où les Arabes d'Espagnel'appelèrent. Les armées de l'islamismeétaient composéesd'éléments fort divers: dansoelle qui envahitl'Espagne, il y avaitsans doutebeaucoupd'Arabes purs, mais il y avait aussi des Syriens, des Égyptiens des Berbères,et ces troupesdistinctes s'étaientfixéesséparémentsur Je torritoireconquis ce qui explique,disons-Jotout de suite, la fin dn khalifatde Cordoue.A Gordoue, s'était établie la- légionroyale de Damas.


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COASVMB VU.

Ce sontses Arabes syriens, fidèlesà la famillesyrienne des Ommiades,qui livrèrentl'Espagneà Abd-er-Rhaman(755). Il prit le titre d'émir-al-moumenin(chef de croyants), et fondale khalifatd'Occident. Khnllfat de BagOfMl (TOO-tOBS). Almanzor, Haroan-al-S&aseklil,

Al-mamonn.

Privés, par ce démembrement de l'extrémité occidentale de leur empire, les Abbassidesrégnèrent encoresur l'Asie et sur l'Afrique qui devait, au reste cinquante ans après, suivre l'exemplede l'Espagne. Le premier des Abbassides,le sanguinaireAboul-Abbas, ne règne que quatre ans. Son frère, Abou-GiaffarAlmanzor, ou le Victorieux,lui succéda(754-775).n eut à combattre son oncleAbdallah, un des principauxauteursde la fortune de leur maison; il le fit prisonnier, et, commeil lui avait juré de ne le faire périr ni par le fer, ni par le poison, il l'écrasasousla chuted'un plancher.Après cettecruelleperfidie, qui le rendit seul maître, il régnasagement.C'estlui qui donna à l'empire des Arabessa troisièmeet célèbrecapitale, Bagdad(762),aux bords du Tigre, près de l'ancienne Séleucie, autour d'une collinequi dominaitle pavillondes khalifes; une enceinteen briques, défenduepar 163tours,la protégeait contre les attaquesdu dehors. Des sommesimmensesfurent consacréesà ces embellissements.Dans ces lieux qui ont vu toujoursle despotisme,et où semblaiterrer l'ombre des rois de Perse, des grands rois, les khalifes, d'Orient acquirent une autoritéde plus en plus absolue, et commencèrentà se faire considérercomme l'image de la Divinitésur la terre, suivantla coutumeorientalede l'adorationdu souverain.Unecour pompeuse,desofficiersde tontex aortes,un premierministreappelévizir (porteurde fardeau), déchargèrentle souveraindu soucide gouverneret de rendre la justice,mais aussile séparèrentde ses sujets. Il s'éloigna de la simplicitéprimitivepar un luxe que lui enseignaient lés magnifiquespalais de la Perse. il amassa des trésors immenses, toujours à la manièredes rois persane celui


DÉMEMBREMENT DE L'EMPIHE DES ABABES.

11?

d'Almanzors'élevait,dit-on, à760 millionsdenotre monnaie. Son fils Mahadidépensa6 millionsde dinars (le dinar valait environ 10 francs) dans un seul pèlerinage à la Mecque. Qu'était devenuOmaravecson sac de dattes et son outrede cuir pleine d'eau?Y Le plus célèbredes khalifesde Bagdadest Haroun-al-Raschild(le Juste) surnomméencorele Victorieux(786-809).Il est populaire,mêmedansnos paysen quelqueso&te,ainsique son fidèlevizir, Giaffar.On verra plus loin ses relationsavec Charlemagne.Du côtéde l'empiregrec, il fit huit invasions, Irène et l'usurpateurNicéphore,dévainquitsuccessivement fenditauxGrecsde jamaisreleverla ville d'Héraelée'duPont, qu'il avaitdétruite, et leur imposaun tribut qu'il les obligea de payer avecune monnaiemarquéeà son effigie.Mais tout en leur faisantla guerre, il empruntaitleurs sciences,leurs livres, et les popularisaitchez les Arabes par la protection accordéeaux savants. Ce genre de mérite appartientplus spécialementencoreà son fils Al-Mamoun(813-833),qui fondades écolesnombreuses,une académie,et fit de prodigieusesdépensesen faveurdes scienceset deslettres. iI Création

de la garde «OEfjaca Déeadenes et démembrement du bStoUfai de SagdoiD.

Almanzor,Haroun-al-Raschild,ÂI°Mamounsontles trois grandsnomsdu khalifatd'Orient.Après eux,Motassem(833. 842),tout en conservantl'avantagedans les guerres qu'il eut à soutenir contre l'empire grec, prépara la décadencedes Abbassidespar la formationd'une garde de 50 000 esclaves turcs, achetésen Tartane1.C'étaitacheterdes maîtreset des modernes deoanciens 1.LesTares,quisontpeut-êtrelesdescendant!) s'être a l'origine enrapport aveclesFinnois paraissent trouvés Musengèles, d'unepart,aveelesMongols dol'autre,surlespentesde< et lesMadgyarss, leur La etla tendent Aeulairo l'Altaï, premier séjour. phyalolnglo philologie dela raceblanche, etl'Iilsioire loomontre établie dans unrameau scyllilquo la la vasterégionquide leurnoma étéappelée merCasTurkeolan, entre anet qui,nousle nomdo//ouiJouent pienneet la Chine.LesQuïgours,


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CHAPITREVII.

mattresviolents.Cettesoldatesquedisposadu trône, renversa à son gré les khalifes,qui, toujours entourésde complotset de menaces, devinrent singulièrementcruels. Motawakkel (84?)en est le type; il fit brûler vif dans un fourneaugarni de pointesde fer un vizirqui l'avait offensé,invitaà un festin tonsles officiersde sa couret les fitmassacrerpeur prévenir un complotde leur part, laissa librement circulerdansson palaisdesbêtesféroceset venimeusesdontlescourtisansn'eurent pasledroit d'éviter l'atteinte et mourutassassinépar son fils Mostanser(861).Sonsuccesseurfut empoisonné.Un autre fut assommé.Le palaisdes khalifesdevint le théâtre de tragédiessanglantesque ne releva aucun sentimentgénéreux. C'est l'éternelle histoiredes despotesqui s'entourent d'une milice spéciale et permanentechargée de les garder; cette milice bientôtfait la loi avecle glaive prétoriensà Rome, isauriensà Constantinople,strélitz &Moscou,etc. Au milieude cette anarchie,le khalifatde Bagdad tomba en lambeaux.Dèsle temps d'Haroun-al-Raschild,l'Afrique s'en était détachée.Dans l'Asie même, des dynastiesindépendantes,la plupart fondéespar les Turcs devenusgouverneurs de provinces,s'élevèrentde touscôtés dans l'Egypte et la Syrie, les Thoulonideset les Ikchides,qui durèrentpeu (868-905) dans le Khorassan,les Tahérites(814378), auxquels succédèrentles Soffarides(873-902),remplacéseuxmêmespar les Sarnanides,hordestartares nouvellementconverties au Coran. Dans la Mésopotamie,les Hamanides (892=1001) dansla Perse, lesBouides(933-1055),peuplade tartare qui s'étenditde la Caspienneà la mer des Indes, et dominadansBagdadmême. C'estainsi que les Turcs s'introduisaientpeu à peu dans l'Asie,galvaniséeplutôtque reesuscitéepar le courantélectrique de l'invasionarabe. On a vu à la fin de l'empire romain les barbares le gouvernervéritablement,tout en paraissant étalent deraeeturque, grandrôledanslooannales chinolooo, probablement nulforment dominante tdnmquotesUzbohs, lapopulation du'i'urKoMnn mon oùMo o nt leKuunat doDoutumi avec laoultume du dorno, possédé Kliarisin, etplusaunord,ka.Kir/fliin et lesXogu'is dol'ouipiro vuuuu) plusau oud, leaTuniomana laPoroo,et looOsmimlis, quiontonvuhl quiïqjiionlencoro COPM'Ot4(i444


DÉMEMBREMENT DEL'EMPIRE DESARABES. 119 être à son service, puis, renonçantà ces apparencesmensongères,s'en emparerouvertementpar l'invasion,et s'endéclarer les maîtres de même on vitles Turcsprendrepied d'a= bord dansle khalifaten se faisantles soldatsdes khalifes,et, quand ils les eurent dominésau point de disposer de leur trône et de leur vie, les dégraderet se substituerà eux défi=> nitivement. C'est de la provincede Gaznaque sortit la dynastiedes Gaznévides(997).Le fils de son fondateur,Mahmoud,prit le titre nouveaude sultan, soumitle Khorassan^le Kowaresm, imposaun tribut auxpeuplesde la Géorgie,fit douze,expéditionsterriblesentrel'Indusetle Gange,conquitDelhi,Lahors, devenussestributaires, etcheztouslespeuplesdel'Hindoustan, porta avecses armesla religiondu Coran.Cettevastedomiune nouvellehordevenue nation fut recueillieaprès lui par du nord. Il avait introduit, à l'orientde la Perse, lesTurcomans. Ceux-ci,à sa mort, se révoltèrentsousla conduitede l'esclaveSeldjouk,qui vainquitson filsMasoulaet établitla dynastie seldjoukideau milieu même de l'empire des khalifes. Togrul-Beg,petit-filsde Sedjoùk,consommala révolution par laquelle la race arabe fut dépouilléede la domination del'Orient (1058).Menacépar lui,le khalifeCaïem.qui régnait à Bagdad,se mit sous sa protectionet lui déléguala puissancetemporelle sur tous les États de l'islamisme,ne gardantpour lui-mêmeque l'autorité spirituelle.[1plaçasur sa tête deuxcouronnes,emblèmedu pouvoirdontil l'investissait sur l'Arabie et la Perse, et lui ceignitune épéemagnile princede sept robesd'honfique. Onrevêtitsuccessivement neur et le khalife lui donna sept esclavesnés dans les sept contréesde l'empire,pendant que les héros proclamaientle Seldjoukidesouverainde l'Orientet do l'Occident. EibnlBfoo MitnUee (W«3). Afpâ<g»a; L'Afrique,avons-nousdit, s'était détachée d'assezbonne heure du khalifatde Bngdag.Les ÂglabitesdoKaïroau(800= 909)dominerontla Méditorranéoau neuvièmeet au dixième Mèclo,s'établirent OnCorne,on Sardaigne,on Sicile, ot utta-


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CHAPITREVII.

quèrent plusieursfoisl'Italie. Ce fut contreeux que le pape LéonIV entoura d'un rempart le faubourg du Vatican(citd Léonine).A l'ouest.des Aglabites,les Edrissiiesse rendirent indépendantsà Fez (789-919). Mais la plus considérabledes dynasties musulmanesen Afriquefat celledes Fatimites, qui absorbales deuxantres. Depuis que les Alides avaient vu les Abassidesenleverle khalifatà leurs prétentions légitimes,ils avaient cherchéà les faire valoirailleurs qu'en Asie.Unefamille qui prétendaitdescendred'Ali et de Fatimese substituaaux Aglabites, en 909à Kairoan,et, sousson chef, MoezLedinillah, s'installa en Égypte(968).a De quelle branchedela faraiUed'Ali êtes-vous?loi demandait-on.–Voicimes ancêtres,réponditil en montrantson cimeterre, et voicimes enfants, t>ajoutat-il en jetant de l'or à sessoldats. Cen'était pas seulementun schismepolitique,c'étaitaussi un schismereligieux,qu'opéraientlesFatimites.Ils prirentle titre de khalifes,et établirent leur résidenceau Cairequ'ils bâtirent, d'où leur domination s'étenditsur toute l'Afrique septentrionale,sur la Syrie, et mêmeun instant sur Bagdad, vers le temps de l'invasionde Togrul-Beg. Dans tousces pays prévalutle fanatisme; les noms d'Ali et des succeseursde Moez furent seuls invoqués dansles mosquéesd'Afrique.Le schismefut mêmepousséà tel pointque le khalifefatimite Hakem, cruel tyran, dénaturant la religionmahométane,se fit adorercommeune incarnation de Dieu. Chassédu Caire,il alla porter sa divinitéen Syrie, ousa doctrine,une religionunitaire, est encorepratiquée aujourd'huipar les Druses. Les Fatimitesfirent prospérer l'Egypte, qui leur donnait de grandes richesses; ils construisirentde superbes mosquéeset firentdu Caire un centre littéraire et scientifique,comme l'étaient Bagdad à l'Orient, Cordoueà l'Occident sspagne;

feîsollfe*

de Covdoue.

Le troisièmefragmentde la dominationarabe, le khalifat deGordoue, brilla, d'unéclat aussigrand,maisaussiéphémère. La conquêtede l'Espagne avaitété faiteavecbeaucoupde


DÉMEMBREMENT DE L'EMPIRE DES ARABES. 121

modération.Les chrétiensavaientpartout conservéla liberté de culte, même leurs lois et leurs juges. Des concilesfurent tenus par eux avecl'autorisationdes khalifesde Cordoue.Le tribut exigén'avait rien d'accablant.Les juifs surtout,traités avec une rigueur extrême par les Wisigoths,respirèrentet furent 'en faveur. Aussi, à part quelquesrévoltes, dont les plus redoutablesfurent cellesde Tolède, qui regrettait son titre de capitaleet decentre du gouvernement,les vaincusse fondirentgénéralementavec lesvainqueurset formèrentune populationmixte, les Mozarabes.Les khalifes de Cordoue eurent donc rarementà lutter pou/1leur dominationsur les peuplesde l'Espagne centrale et méridionale,et de bonne heure purent déployeren paixles brillantesqualitésdontils furent doués,pourla plupart. Abd-er-RhamanIer (755).Heschaml» (787),Abd-er-RhamanEt (822),Al-HakenII (961), furent dessouverainshabiles,préoccupésdubonheurdeleurs peuples, protecteurs des lettres, richesdes trésors que leur prodiguaitle sol fertile et bien cultivéde l'Espagne.Abd-erRhamanI°r pleurait à la vued'un palmierde Syriequ'il avait fait transporteren Espagneet qui lui rappelaitle pays natal d'où il avaitété forcéde fuir. Un autre s'imposaitl'obligation de travaillertous les jours de ses mains pendantune heure. Cependantsousces règnes,l'empire arabe fut resserréau nord par les chrétiens.Pépin le Bref lui enlevala Septimanie (759); Charlemagneétablit, au sud des Pyrénées jusqu'à 1Èbre, sa domination(812), d'oùsortirent ensuiteles petite États chrétiensde Barceloneet de Navarre, tandis que les chrétiensdes Astnriesse maintenaientet s'agrandissaientinsensiblement de sorte que, dans tout le nord de la péninsule, commeon le jrerra plus loin, s'étendit une zone de peupleschrétiensindépendants,qui devaientun jour chasser les musulmans. Déjà, d'ailleurs, sous MohamedI" (852), les Wa1is, oit gouverneursde province, cherchaientà se rendre indépendantset y réussirentquelquetemps tandisque les Béni-Hafnotm,bandits berbèreset juifs, cachésdansles montagnesd:r l'Aragon, commençaientune insurrectionqui ne fat apaisée qu'au bout de quatre-vingtsans. Abd-ef-RhamanIII (91 9-


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CHAPmiKVII.

961),qui eut le règnele plusbrillantdu khalifatdo Cordoue, rétablitla prépondérancedes Arabes par la répression des Bèni-Hafsounet par d'éclatantesvictoires sur les chrétiens desAsturies.Cettepuissancese soutint jusquesousEschamII par le génie de l'/iadjeb ou principalministreAlmanzor,qui refoulales chrétiens au delà du Douro et de l'Èbre, qu'ils avaientfranchis. Mais Almanzorentraîna dans sa tombela puissancedos khalifesda Cordoue(998). Au onzièmesiècle, le khalifatd'Occidentesten proie à une anarchieconfuse,où la garde africainedes khalifes,comme la gardeturque à Bagdad,joue un grandrôle, et où les Walis s'affranchissent.En lOlOMurcie,Badajoz,Grenade, Saragosse,Valence,Séville,Tolède, Carmona,Algéziras,sont autant de principautés indépendantes.En 1031,Hescham, dernierdescendantdes Ommîades,est déposéet seretireavec joie dans l'obscurité en 1060,le titre mêmede khalifedisparait. Tel fut le sort de l'empiredes Arabesdansles trois parties du monde, Asie, Afrique, Europe une soudaineet irrésistible expansion,puis un morcellementet un affaiblissement généralau bout de peu de siècles. L'édificeavait été élevé trop vite pour être de ceux qui durent longtemps. Comme leurs poètesimprovisaientdes poésiesbrillantes,ils improvisèrent une dominationgigantesque.Périt-elle entièrement1 qui pourraitle prétendreen voyantla religion,la langue, les loisdu Coran régner encoresur la plupart des paysqu'elle comprit?En outre, elle transmit à l'Europe du moyenâge des découvertes,des industries, des sciences, empruntées sans doute pour la plupart à d'antres peuples, mais dont il est glorieux pour les Arabes d'avoirété du moins les propagateurs. ®Ivillsoêlon

des Arabes»

En effet,tandisque l'Europe était plongée dans les ténèbres de barbarie que perçaient à peine quelques faibles lueurs, une vivelumière de littérature, de philosophie,do science, d'arts, d'industrie inondaittontes les capitalesde


REMENTDE L EMPIREDES ARABES 123

l'islamisme.Bagdad,BasBorah,Samarcnnde, Damas,le Caire. Kalroan, Fez, Grenade,Cordoueétaient autant de grands centresintellectuels. Avantque les Arabesfussentsortis de leur péninsule,ils avaientdéjà, commeon l'a vu, une littérature poétique,qui s'exprimaiten deuxdialectesdistincts,l'homériteou himyarite dans l'Yémen,le coreischdans l'Hedjaz.Ce dernier, fixé par Mahomet,devintprépondérant,et il s'est conservédans sa pureté jusqu'à nos jours, commelangue savanteet religieuse,ou arabeUtlèral,&nmilieudes altérationsnombreuses qu'il a subies, commelangue vulgaire, par l'influencedes peuples diverssoumisà l'islamismeet dessièclesécoulés.La richesse de cette langue était déjà prodigieuseà certains égards. Pour exprimer,sous tous leurs aspects,dans toutes leurssituationsdiverses,los objetsquela viedu désertoffrait sans cesseà leurs yeuxou à leur usage, une inépuisablesynonymieouvrait ses trésorsaux poëtesarabes.Ils se vantent d'avoir80 termes différentspour exprimerle miel, 200 pour le serpent, 500 pour le lion, 1000 pour le chameau,autant pourle glaive,et jusqu'à 4000pour rendrel'idéedu malheur. Une prodigieusemémoirepouvait seuleleur permettre de tirer partide cette multitudede mots.Aussiétait-ellegrande chezles rawùt ou rapsodesarabes un d'eux,Hammad,offrit un jour au khalife Walidde lui réciterde suite 100 cassida (poémesde 20 à 100vers) sur chaquerime forméepar une lettre de l'alphabet, et l'illustre auditeur fut plus vite lassé que le récitateurinfatigable. Bornésd'abordà cettelittératurelyrique,les Arabesagrandirentl'horizonde leuresprit aprèsleursconquêtes,lorsqu'ils se furent mêlésaux peuplesqui les avaientprécédésdans la civilisation.C'étaiCancontactdesPersans, des Égyptiensgrécisês, desGrecsmêmede Constantinople,qu'ils acquirentce riche développement intellectueloù toutefoisils jouèrent un rôle plutôtexégétiqueque créateur. Desdernièresramificationsde l'école d'Alexandrie,devenue, vers la fin, péripatéticienne,ils reçurentAristote,et se mirent, avec une ardeur merveilleuse,à commenterses grands ouvrages philosophiques.Âl-Kindi, qu'on regarde


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v

CHAPITREVfl.

commele père de la philosophiechezles Arabes,et qui enseignaà Bagdadau neuvièmesiècle,professales théoriesdu philosophede Stagire. AI-Farabi, qui vint ensuite, et qui était aussi de l'école de Bagdad, écrivit, sur les ouvrages d'Aristote,soixantetraités particuliers.Malheureusement,ils ne lurentpas les écritsdu philosophegrecdans le textemême, maisseulementdansdes versionssyriennesqu'ilstraduisirent. Aussi,lorsqu'ils les transmirent à l'Europe chrétiennedu moyenfige, qui ne les connut que par eux, et qui en tira sa scolastique, elle les reçut d'autant plus altérés qu'elle fut obligée de les traduire à sontour. A proposd'Aristote,JesArabesagitèrentles éternelsdébats de l'esprit humainsur les grands problèmesphilosophiques. Avioenne(mort en 1037)représentaDieu commeun être- immobileau centre de la nature et agissantà peine sur elle; selon d'autres, ce docteurétait panthéiste.Gazali,au contraire, aprèsavoirparcourutous les systèmes, aboutissaitau scepticisme,puis au mysticismedessoufis,danseursde l'Inde, et écrivaitson livre de la Destructiondesphilosophes. L'effervescence que ces disputesavaientprovoquéesuscita dansl'islamismeune multitudede sectes.Cellequi s'inspira le plus ce l'esprit philosophique,fut la sectedes motazélites, sorte <*& protestantsde l'islamisme,qui donnaientune large place à la raison humaine, et que protégèrentquelques-uns des khalifes abbassides.Al-Mamounsurtout, élevé par la famillepersane des Barmékides,les encouragea;mais d'antres, qui entrèrentdans le mêmecourantd'idées que Gazai), formèrentles sectes incréduleset pourtant fanatiques des Karmathes,des Fatimites, des Ismaéliens,des Druses, des Haschischins,qui jouèrent un si sombre rôle dans l'histoire. Tandis que cette confusiond'idéeset de croyancess'opérait au sein du khalifatd'Orient, l'étude de la philosophiese relevaitdans celui d'OccidentavecIbn-Badjaet Ibn-Tofaîlj qui écrivitce singulierromanpsychologiquede l'Autodidacte, où il supposeun enfantjeté à sa naissancedans une île dé<3ertô,y devenanthomme,et arrivanttoutseul à la eon.aais= fiancenon-seulementde la nature physique,,maismême de


DÉMEMBREMENT DEL'EMPIRE DES ARABES. 1S5 la nature métaphysiqueet de Dieu.Elle s'y relevait surtout, mais plus tard, audouzièmesiècle, sousles Almohades,avec Averroès,si célèbreau moyenAgepare»que e'est de Inique les peupleschrétiensreçurentdirectementla connaissancede la plupart denlivresd'Âristote. Les Arabes réussirent mieux dans les sciences exactes, grâce aux savants que les khalifes, et surtoutle secondabbassideAlmanzor,attirèrentde Constantinople.Dèsla premièremoitiédu neuvièmesiècle,deuxastronomesde Bagdad mesuraient,dansla plainede Sennaar,un degré du méridien Bientôt,Euclidecommenté,les tables de Ptoléméecorrigées, l'obliquitéde l'écliptique calculéepins exactement,la précessiondes équinoxes,la différencede l'année solaireet de l'année résidalemieuxdéterminée,de nouveauxinstruments de précisioninventés, attestèrentl'aptitude des Arabespour les sciencesexactes,et Samarcandeeut, bien avantl'Europe, an admirableobservatoire.Toutefois,c'est par erreur qu'on lui attribue vulgairement l'invention de l'algèbre et des chiffres,dits arabes, dontnousfaisonsusage pour ces deux instrumentspuissantsdenos mathématiques,commepour la philosophied'Aristote,ils ne firent que transmettreà l'Europe ce qu'ils trouvèrentdansla savanteécoled'Alexandrie. Peut-êtretenons-nousd'euxau mêmetitre, la boussoleet la poudreà canonqu'ils empruntèreentaux Chinois.L'Europe leur doit aussile papier de linge, invention qui fit d'abord baisserle prixdes manuscritset qui rendit plus sensibleset pluspromptsles bienfaits de l'imprimerie,quand cetteadmirabledécouverteeut été faite. Ils excellèrentdans la médecine là encoreils étudiaient les Grecs,témoinlesnombreuxtraités d'Averroèasur Galien. Plusieursde leursgrandsphilosophesfurent en même temps de grands médecins,commeAvicenne(mort en 1037;et celui que nousvenonsde citer, Averroès.La réputationdes médeeinsarabes était telle, qu'an roi de Castille,atteint d'hydropisie,désirase faire soignerà Oordone,et obtint de la courtoisiedu khalifela permissiondevenirrecouvrerla santéchez ses ennemis;Usnous enseignèrentla distillation,l'usage de la rhubarbe, trouvèrentl'alcool,plusieurs remèdeset médi-


1S6

VU. CHAPITRE

oamentsnouveaux,l'usage de la manne, du séné, du camphre, du mercure, des sirops, etc. Une des sciencesqui doiventle plus auxArabesestla géographie leurs vastes conquêtes,leur goût pour les voyages aventureux,la nécessitédes pèlerinagesleur procurèrentla connaissanceexactede bien des pays lointainsque lesEuropéens n'avaient jamais visités ou qu'ils avaient oubliés.En première ligne se distinguentAbouliéda,Masoudi,Édrisi snrtout, qui, appelé à la cour de Roger, roi de Sicile,y composason curieux ouvrage intitulé Déiasaementsd6 îlwmmedésireuxde connaîtreà fond lesdiversescontréesdu monde. Dans le genre historique,on citeles annalesde Masoudi, de Makrisiet d'Aboulféda;mais peu portés à la critiqueet à l'analyse, les historiensarabes s'éloignèrentrarementde la sécheressedes chroniques. Dans les arts, ils ne cultivèrentque l'architecture,leur loi religieuseleur interdisantla représentationde la formehumaine, c'est-à-direla sculptureet la peinture.De cetteinterdictionmêmerésultapour leur architectureun caractèreparticulier, quoiqu'ilsn'y aientpasmontrébeaucoupd'invention, puisque leur cintre plus qu'héinicirculaireet porté par des colonnes,qui en estl'élémentprincipal,est un empruntfaità l'architecturebyzantine.Ce qui leur est propre, ce sontleurs arabesquespar lesquellesils suppléaient,pour l'ornementation, à l'absencede figures peintes ou sculptées.C'étaient, dans l'origine, des inscriptionsayantun sens; plus tard, le sens disparutet ce furentde simples combinaisonsde lignes empruntéesauxlettres arabes, qui se prêtaientmerveilleusement à formercesriches dessinsque nous admironssur les tapis et les étoffesde l'Orient. Quantà la prétendueorigine arabe de l'architectureogivale,on sait aujourd'huique rien n'est plus faux. Ce qui caractérisait l'architecture arabe, c'était la magnificenceet le luxe intérieurdes édifices,cette profusion de bassins,de fontaines,d'or et de pierres précieuses,qu'ils tiraientde l'Orient ou des mines de l'Espagne méridionale.Un desplusmagnifiquesmonumentsen ce genre était la fameuaemosquéebâtie Cordouepar Âbd-er-Bha-


DÉMEMBREMENT DE L'EMPIRE DES ARABES.

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man Ior, avec ses 1093 colonnes de marbre et ses 4700 lam-

Mosquéede Cordoue.

aes un autre, non moins splendide, était le palais Al-Zehra

Alliauibra.LaoourdesLions. III fit construiresur les rives ^ZeÙDou'Abd-erllhaman


118

.x'

CRAPÏTRE VU.

du Guadalquivirpour «bo de ses favorites,et où jaillissaitune gerbe de mercureqni retombaitdansuneconcjuoda porphyre. Onpeut admirerencoreà Grenadel'Alhambra,à la foispalais, et forteressedont plusieursparties, surtout la cour dite des Lious,8oatdasïQod51c8(i*éléganee etde richesseai'eMtecturalQ. Les Arabesont dans tons les temps fait volontiersle commerce. Quandleur dominations'étenditdes Pyrénéesh l'Himalaya,ils setrouvèrentnaturellementles plus grandsnégociantsda monde.Nulne sait comme ces habitantsdu désert, ménager l'eau dans la culture, sousleur brillant soleil.Le systèmed'irrigationqu'ils pratiquèrentet que l'on suit encoredansla plaine de Valence,cejardin de l'Espagne,pourrait servirde leçonà nosagriculteurs.Enfin,transportésdans les grandes villes romaines,ils s'y initièrent aux travauxde risdostrîâ ei devinrentles plus habilesdesartisans.La réputationdes armes de Tolède, des soiesde Grenade,des draps bleuset vertsde Guença,des harnais, des selles et des cuirs de Cordoue,était répanduedanstonte l'Europe,qui achetait au plus haut prix ces produits de l'industriedes infidèles. C'est surtout l'Espagne, moinsagitée que l'Orient, dans les premierssiècles du khalifat, qui prospéra aveccet éclat. Sa populationétaitconsidérable.Cordoueseulecomptait200000 maisons,600 mosquées, S0 hospices,80 écoles publiques, 900bains publics et un milliond'habitants. 1 Voilàun court tableaude la civilisationque les Arabesrépandirent des bords du Tage a ceuxde l'Indns, civilisation éblouissante,mais fragile, tandisque cellede l'Europe, plus lente à s,edévelopper,a eu, après bien desbouleversements et bien des éclipses,la longue durée qui est réservée à toute croissancelaborieuse.


LES MAIRES D'AUSTaÀSiK Jâï LA PAPAUTE.

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LIVRE IIF. L'EMPIRECARLOVINGIEN OUTENTATIVE POUR ORGANISES L'EUROPEGERMANIQUE ET CHRÉTIENnIs(687-8H).

CHAPITRE YHL ET LA PAPAUTE LES MAIRES D'AUSTRASIE OU EFFORTS POUR METTRE L'USITÉ DANS L'ETAT v ET DANS L'ÉGLISE (687-768). Pépin (THéristai (687-714).– Charles Martel (714-741) la fanlille carlo.vingienne reconstitue l'État et le pouvoir.– Formation de la société ecclésiastique; élections; hiérarchie; puissance de l'épiscopat. Le pape saint 'Léon; Moines;monastères; règle de saint Benoit. Grégoire le Grand. La papauté s'affranchit de la souveraineté de Constantinople(726), mais invoque l'appui de Charles Martel Pépin le Bref (741-768). l Pépin d'Bérlsfatl (68»-M«). Nous avons laissé l'histoire des Francs en 681,' qaand l'ef fort tenté par Ébroïn pour rendre la prépondérance à la royauté et à la Neustrie avait été brisé par sa mort. Les maires qui le remplacèrent, Waraton, Gislemar et Bertaire, oe furent pas de force à soutenir la grande lutte qu'il avait commencée. Ils continuèrent à grossir par leurs persécutions los rangs de l'armée anstrasienna. Cette armée arriva enfin.. BJST. DO aOÏSN AOB.. g


HO

ca&pifm via.

en mesure de vaincre,car elle avait entretenusur les borde du Rhin, dans le voisinagedes peuples barbares, cette sève de conragequi avait abandonnéla Neustrieet qui eut donné bien plus tôt la victoireaux Austrasienssans le génie d'Ébroïu. Pépin d'Héristal, vainqueurdans la décisivebataille de Testry(687),devintle maître des trois royaumestout en laissantrégner Thierry III. De mômeqa'Ébroïn avaitréagi contreles leudes et l'Austrasie,en faveurde l'autoritéroyale et de la France romaine, comme on appelait la Neustrie, Pépin d'Héristalréagit contrecette tentative,et refit en qael~ que sorte la conquêtede Clovieau profit des anciensRipuaires et, commeon put le croire, d'abord égalementau profit desvieillesmœursgermaniques. Ce qui montre bien que cet événementfut considéré,dans le temps même, commeune révolutiongrave, c'est que tous les peuplesenvironnantssur lesquelss'étendaitla domination franque, Bretons, Aquitains, Vaseons,Frisons, Alamans, crurent cette dominationébranlée et le momentvenu pour euxde s'affranchir.MaisPépin leur fit voir que, loin d'être affaiblie»elle s'étaitfortifiée.«II fit beaucoupde guerres,disent leschroniques,contreRadbod,duodes Frisons,etd'autres princes,contreles Flamandset plusieursautresnations.Dans ces guerresil fut toujoursvainqueur. » Pépin, sans releverle trôneen Austrasie;le conservadans la Neustriequ'il voulait ménager,et y fit passersuccessivement trois fantômesde rois. A sa mort(714), on voit l'héréditéde la mairiedu palaisdanssa familleadmisedéjàcomme une chose naturelle, car il en laisse le titreson petit-fils, enfantde sis ans, sousla tutellede sa veuvePleotrude. t la famille eorj©vta@»en»». ©ImpiesJHartel(âfl.fl-9<9a); et le gioutolff. ?@conail<!u« t'fli<o« Les Neustriensvoulurentprofiter de cette minorité pour s'affranchir de la puissance austrasienne. Ils battirent les Austrasienset so donnèrentpourroi GhilpérioH, pour maire Raginfred. Les Austrasiens,mécontentsd'obéir à un enfenl et à une ïeuùne, recottaurentpour chef nia autre fils de l*è-


LES MAIRESD'AOSTflASIEET LA PAPAUTÉ. 131

pin, Karl ou Charles, que ceuxqui regardaientde près à la loi appelaientun bâtard. Les Neustrienss'étaientalliésavec les Frisons,afin de mettre l'Anstrasie entre deux ennemis, Charlesfut d'abord vaincu,en 716.Mais l'an d'après, il surprit les vainqueurset lesdélitaVincy, près de Cambrai(717). Au lieu de s'arrêter pour fêter sa victoire, selon les usages sousles murs de barbares, il poursuivitles Neustrlensjusque Paris; leur armée fat presque anéantie.La ligue aveclea Frisons ayant mal réussi, les Neustriens s'adressèrent aux Aquitains,gouvernéspar le duc Eudes, et/ qui, dans leur haine pour la dominationbarbare, saisirentavecjoie l'occasion de repousserle nouveauban des envahisseursfrancs. Mais cette secondeligue fut déjouée commela première Charles,le nouveauvainqueurprès de Soissons(718),poursuivitsesennemisjusqu'à Orléanset forçaEudes à lui livrer le roi GhildérieII e^ses trésors. Cefut le complément de la bataillede Testry, la victoire d'une ère noudéfinitivede l'Austrasieet le commencement velledansl'histoiredes Francs. Jusque-là tout s'était désorganisé, et rien de nouveaune s'était organisé. Le territoire étaitmal forméet mal uni, ses extrémitésflottaient entre la soumissionet l'indépendance.Saxons,Thuringiens,Bavarois, Alamans,Aquitainsétaient placésdans une condition équivoque,et l'on ne savaitoù fixerau juste les limitesde l'empire desFrancs.Au dedansla Neustrieet l'Austrasie étaient diviséespar un antagonismequi n'était autre que celuide l'esprit romainet de l'esprit barbare, les hommes libres, étant, d'un côté, abaissésde plus en plus, et l'aristocratiedes leudes devenant, de l'autre, de plus en plus puissante. La royautéexistait sansforce; la mairie était forte sans droit;¡ tousles élémentss'agitaientavecconfusion. La famille càrlovingienne,illustre par son origine et ses victoires,puissantepar ses richesses, se trouva seule avoir une positionassezhaute et destalentsassezgrands pour mettrois grands homtre del'ordre dans le mondebarbare. !,3q» mes,.CharlesMartbl, Pépin le Bref et Chorleinugnofurent les ouvriersd'usémêmeœuvreet suivirentla mômepolitique, aoitdans los guerres, soi*dans leura relationspacifiques;li>


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CHAPITRE VIII.

premiercommençaca que continuale second, ce qu'acheva le troisième. Commeplus tard, dans les guerresdo'Charlemagne,on voit déjà, dans cellesde Charles Martel, ces coups rapides quiatteignenttoutesles extrémitésde l'empire, ces expéditions qui alternententre le nord et le midi. C'estd'abordune sétie de campagnescontre les Bavarois puis une autre contre les Frisons; une antre encorecontreles Saxons.Ces différentspeuples, moinsle dernier,sont domptés,sinon à jamais; au moinspour un temps(720-729).Dans le midiaussi ,-nousrencontronsde ces guerresredoublées toutle coursdu Rhône, oùles seigneursburgondess'étaient rendus indépendants, rentredansl'obéissance,ainsique la Provenceet Marseilled'oùest chasséle gouverneurMauronte (739). Eudes, duc d'Aquitaine, est également forcéde se soumettre, et, quand il meurt, Charlesne donnele duchéà son fils Hnnald qu'à la conditionqu'ilprêtehommageà lui-mêmeet à ses fils Pépin et Carloman. Mais, de ce côté,le fait militairele plus illustre, celui qui a donnéà Charles son nom populaire de Martel, c'est sa grandevictoiresur les Sarrasinsen 732.Il y avaitun siècleà peine que le mahométismeavait pris naissancedans les déserts d'Arabie, et déjà ses sectateursatteignaient aux dernièreslimitesde l'Occident depuis 711, l'Espagneétait envahie, depuis719, les Pyrénéesfranchieset Narbonneconquise. En 732,l'émir Abdérame envahit l'Aquitaine, prit Bordeauxet marchasur Toursdont la riche abbayel'attirait. Charles, invoquépar Eudes,vint à la rencontredesinfidèles et remporta, entre Tours et Poitiers, une grandevictoirequi arrêta le mouvementde l'invasionmusulmane. C'estainsi qu'ilconsolida,partout, le territoire, en prévint lo morcellementet en mit les frontièresà l'abri d'invasions nouvelles.La mêmeépéequi fit cette grande chose eut on mêmetempsla gloire de eauverla chrétienté. Le moyenâge a reconnu deux chefs:t le pape et l'ompo» renr, et ces deux puissancessont sorties l'nao de Romo, l'autre de la Franco australienne. Noua venonsde voir loo maires d'Austrasie,Pépin d'Hérîstalet CharlesMartel, ra°


LES MAIRES D'AUSTRASIE ET LA PAPAUTÉ.

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constituerla monarchiefranquéet préparerl'empirede Charlemagne;voyons les pontifes romainsserrer autour d'eux toutes les églises d'Occident, et se placer à la tête de la grande sociétécatholiqueque Grégoire VII et Innocent III prétendrontgouvernerseuls. fformuittoa

de la

hlérareble;

société eeeléatesthine; élections; de polBoanee l'éplseopae.

L'empire romainavaitpéri; les barbares élevaientsur ses' ruinésdes édificesfragileset bientôtrenversés.Ceuxmêmes, les Francs par exemple,qui étaient appelés à se perpétuer commenation, ne réussissaientpas encoreà fonder un état socialde quelquesolidité,et conduisaientleur inexpérience' de tentativesen tentatives,aussivaineslesunesqueles autres;' cellede Charlemagnene réussira pas mieux.Au milieu de ces chutes successives,une seule institution traversaitles siècles, se développantlentement et régulièrement,suivant l'esprit de son principe, croissantet gagnantsans cesse en puissance,en étendueet en unité. Les prédicationsdes apôtreset de leurs disciples avaient semé l'Évangile par tout le monde romain, et, dès le troisième siècle, les chrétiens formaient, au sein de l'empire, commeune immensesociétéparticulière.Dé la Bretagneaux rivesde l'Euphrate,un chrétienvoyageantavec unelettre de son évêquetrouvaitsur toute la route aide et protection.Secourus'il était pauvre,soignés'il étaitmalade, il rencontrait partout desfrères,;un signelui servaitde paroles,et, sans se carmalgréladiversité' comprendre,les chrétienss'entendaient; des langueset des pays,ilsne formaienttous qu'une seulefamille. Cettesociétés'étaitd'elle-mêmeorganiséesoualocoup des persécutionselle avait une forte disciplineet une hitVrarchie sévèrementordonnée.Les cités des provincesromainesétaient devenuoades diocèsesgouvernéspar les surveillantsou évoques(episcopi),ayant aù-desBonsd'euxles anciens ou prêtres(presbyteri).D'abord par les apôtres désigné <!t consacréparl'impositiondos mains, 1évêque,quand Isa convenionseurent formédaas chaquecité une église fut élu


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CHAPITRE VHI.

parles fidèles,institué par les autres évêquesde la province, confirmédans ses pouvoirspar le métropolitain(xiV canon du concilede Nicée). Les lettres de SidoineApollinairenous montrentencore,au cinquièmesiècle,h Chalonset à Bourges, des électionsd'évêquestoutes populaires.Dans la suite, le clergéprit une plus.largepart dans les électionsecclésiastiques et tendità en exclureles laïques; mais, ce qu'elleperdait de ce côté, la sociétélaïque le regagnaitd'un autre, par les empiétementsdela royauté,qui donna souvent des évèçhés aux leudes. Le clergé lutta contre cette usurpation et réussità établir le principede l'électionpar le clergéet le peuple,en subordonnanttoutefoiscette électionau consentement du roi telle est la transactionqu'établirentles canons des concilesd'Orléans,en 649, et la constitutionperpétuelle de 615. Le systèmede l'élection ne prévalait que pour un degré des dignitésecclésiastiques, l'épiscopat.Les dignitairesinférieurs étaientdu choixde l'évêque.Us se divisaienten deux catégoriesd'ordres,les ordresmajeurs et les ordresmineurs. n y avaittroisordres majeurs,qui comprenaientles prêtres, les diacreset les sous-diacres,et quatre ordres mineurs les acolytes,les portiers, les exerçâtes et les lecteurs. Ces der. niers ordres n'étaient pas regardés commeune partie intégrante du clergé, dont leurs membres étaient les serviteurs. Tel était le personnel. Si l'onconsidèretes circonscriptionsterritoriales,l'évêque gouvarnaitle diocèse,qui se divisa asseztard en paroisses, gouvernéesau épirituelpar le prêtreparoissiaioucuré(curio). Commela réunion'des paroissesformaitle diocèse,celledes diocèses ou évêchéssuffragants formait la provinceecclésiastique, dont le métropolitainou archevêqueétait le chef. Quandun concileprovincialavaitlieu, c'est danslamétropole et sousla présidencedu métropolitainqu'il se réunissait.Audessus des métropolitainss'élevaient,sousles noms depatriarches, en Orient, et de primats, en Occident,les évêques qui occupaientles grandescapitalesou les siégeaapostoliques Constantinople,Alexandrie,Antioche,Romo, Jérusalem, Césaréeen Cappadoca»Carthage en Afrique, Héraclès


LES MAIRES D'AUSTBASÏE ET LA PAPAUTÉ.

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en Thrace; parmi ceux-ci, Borne)s'était encoreélevéedon degré et placée &ce rang suprêmed'où elle exerçaune suprématie reconnuede toute l'Église. Telle devint la hiérarchie; non point subitement, mais par un long travail qui en séparaet en précisales éléments confondusensemble,dans l'origine, et qui distinguales différents pouvoirspar des lignes plus déterminées,des distancesplus grandes. L'autoritéà laquelles'associaitd'abord, pour une plus large part, la massedes fidèles,base de tout l'édificereligieux,monta de degré en degré, se retirant des parties inférieures,et finit par se réfugier presquetout entière dans le sommet,le pape. Cette ascensionde l'autorité résume toute l'histoire de l'Eglise jusqu'à BonifaceVIII; elle était à peu près à moitié de son coursau momentoù nous sommesparvenus. Au cinquièmeet an sixièmesiècle, les évêquesconservèrent et acorarent,bouslesroisbarbares,l'influencequ'ils pos» sédaient déjà, sousl'empire romain, dansles cités que sou» ventils préservèrentpendantl'invasion,par leur intercession auprès des chefsgermains. Ghilpérios'en plaignit a Les évêquesseuls, disait-)],règnent dans les cités. » Ils gouvernaient souverainement,chacunson diocèse,et tonsensemble les affaires de la provinceau moyendesconciles.C'étaitle roi qui convoquaitle concile,mais d'après leur avis. Ils n'étaient pas non plus seulsadmis; des prêtres, des abbésy entraient,mais en petit nombre.Cesassembléesforent, pour la Gaule, au nombrede vingt-cinqau cinquièmesiècle,et de cinquante-quatreau,sixième.Cefut le momentoùf épiscopat eut le plus d'influence,l'actionde l'autorité laïque étant encoretrès-faible, à causedesdésordresdu temps,et l'instruction des évêqueslédr donnant un grand poids auprès des souverainsbarbares. Au contraire, elledéclinaau septième siècle. et l'on ne vit que vingt conciles,et, au huitième,il n'y en eut plus que sept en cinquanteans.En efiet, l'intro. ductiondes leudes et de barbares grossiersdansles évéchés avaitrépandudansle clergéune ignorance;desvices,desgoût mondains et une ambition temporelle,qui ne s'accordaient guère avecles soins du gouvernementecclésiastique.


'CHÀf-ïïBiM VM.

i38' naines;

monastères;

rôgte

de maint Benoit.

Unovie plus pure et plus ascétiqueque celle non-seulementdes fidèles,mais mêmedes ecclésiastiques,avaitété le but primitifdu régimemonastique.Lesmoines, dans l'origine, n'étaient pas des membresdu clergé, et ne voulaient pointen être c'étaientde simpleslaïques qui prétendaient pousserla vertuaux dernières limites c'étaientles stoïciens du christianisme,mais des stoïciensexagérés.La Syrie et l'Egypte en virent dans leurs désertsse livrerà des rigueurs déjeune et de pénitencequi finissaient,au témoignagede saintJérôme, « par altérerleur cerveau,de telle sorte qu'ils ne savaient plus ce qu'ils faisaient ni ce qu'ils disaient,» Siméond'Antiochepassasa viedeboutsur une colonne,d'où le surnomde Stylite.Danscet état d'isolementabsolu,on les appelaitermites (habitantsdu désert)et anachorètes(qui vivent dans la retraite); ceuxqui se rapprochaientles uns des autres, sans pourtant cesserde vivreseuls, étaient appelés moines(solitaires), et ce nomest demeuréle plus général.Le nom de cénobites(quiviventen commun) désigna untroisième mode, celuidela réunionetde la viecommune, qui prévalut dans l'Occident. Cen'est pas qu'on n'ait vu aussidans nos pays ces exagérationsanachorétiques,résultat de la fougue des caractères barbares.II y eut mêmedans les Vosgesun stylite,quis'était mis sur une colonne,à la place d'une statuede Diane qu'il avaitrenversée,et qui s'y laissageler les onglesdespieds et des mains; mais, en général, les moines d'Occidentfirent mieuxque de se livrer à cesmacérationsinutiles. Au milieu du tumulte de l'invasion, ils ouvrirentdes asilesoù ils se réunissaientet trouvaientun reposbanni de tout autre lieu. Tels furent, au cinquième siècle, sans parler de ceux de Milan, de Vérone,d'Aqnilée,de Marmoutiers,prèsde Tours, qui sont antérieurs,les monastèresde Saint- Victora Marseille, et de Lérinsdans une des îles d'Hyères, où l'on vit, au lieu de l'oisiveté extatiquedes anachorètes, une grande activitéd'esprit, et d'où sortirent la plupart des fameuses


LES MAIRES D'AUSTRASIE ET LA PAPAUTÉ.

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controversessur le libre arbitre, la prédestination,la grâce, le péchéoriginel. La rigueur de l'ascétismey était tempérée par les besoins naturels du climat, selon cette judicieuse observationde SulpiceSévère,que a beaucoupmanger est gourmandisechez les Grecs, mais nécessité chez les Gau° lois. » Au commencement du sixièmesiècle, saint Benoîtde Nursia, que son ardente piété avaitjeté de bonne heure dans la retraite, et qui avaitvu accourirautour de lui une foulede moinesattirés par ses vertus, publia, pour le monastèredu mont Cassin,qu'il avaitfondé,sa fameuseRèglede la viemonastique,qui donnasa formedéfinitiveà l'institutionen Occident.Cettesagerègle partageaitle tempsdes moines,heure par heure, entre'le travail manuel et le travailintellectuel l'agriculture,la lecture, la copiedesmanuscritsdevaientemployerleur temps.Cettedernièreoccupation,si utile à la civilisation,était considéréecommeune œuvretrès-religieuse; Cassiodore,qui se retira, vers 540, dans un monastère,et y passala fin de sa vie, avaitcoutumede copierdes manuscrits; il répétaitsouvent«qu'on perçaitd'autant de coupsle diable qu'ontraçaitde lettres sur le papier. » SaintBenoîtd'Aniane,en Aquitaine,au tempsde Charîemagne,marquaune nouvelleépoquede réformationdansla vie monastique. Une questionavait été agitéede bonne heure, cellede savoir quelleplace serait assignéeaux moinesdans la société religieuse.Ils eussentvoulune relever que de leurs abbés. Les tendancesà l'organisationqui se produisaientpartout, les obligèrentà se soumettreaux évêques. Celaétait nécessaire pourle bon ordre et afinde pouvoirréprimerles mauvaisou les faux moinesqui se répandaientpartout. Dès 451, le concile œcuméniquede Chalcédoineprescrivaitla subordination des moinesaux évêques,et les concilesd'Agde (506), d'Orléans (511et 553) confirmèrentcette prescription.En 787, un canon du secondconcile de Nicée donna aux abbés le droit de conférerauxmoinesde leurs maisonsles ordresinférieurs, et il n'y eut bientôt plus de religieux qui no fût prêtre.


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CHAPITREVIII.

a©pape ealnft&éoia;erégoirs le ©posa, Au-dessusde l'aristocratieépiscopales'élevaitinsensible. ment la monarchiepontificale.Dès l'origine, la parole du successeurde saint Pierre et de l'évêquede la ville éternelle avaiteu une autoritésupérieure; on le consultaitsouventsur les questionsdouteuses,et il tut de bonne heure considéré commele représentantde l'unité catholique.Le secondconcilegénéral, convoquépar Théodoseà Constantinopleen 381, reconnutsolennellementcette suprématieen ne donnantque le secondrang 11. l'évéquede Constantinople.Lenom de pape, attribué dans le principeà tousles évêques,finitpar lui être réservé changementdéjà manifestesous Léon le Grand, quoiqu'iln'ait été completque sous GrégoireVII. L'évéquede Rome avait, dès l'empire romain, de grands biens dansla capitaleet danstoutel'Italie.Il en acquitmême au delà des Alpes,par exempledansla provinced'Arles, où il chargeal'évéquede cette villede les administrer.Il occupait, en outre, dans Rome même, c'est-à-diredans la plus fameuseville de l'univers, cette large place qui avait été attribuéeaux évêques,dans le régimemunicipal,à la fin de l'empire. Saint Léon (440-461)donnabeaucoupd'ascendantà sa dignité par le grand rôle qu'iljoua dans les affairespubliques et par son heureuseintercessionauprèsd'Attila.Il obtintde ValentinienIII un rescrit où cet empereur engageait« tonte l'Égliseà reconnaîtreson directeur, afin que la paixfût partout conservée,et dansle même temps on le vit réintégrer sur son siègeun évéquede Gaulequi en avait été chassé, et transporterd'Arles à Viennela dignitémétropolitaine. Sous les Ostrogoths,l'église de Rome, traitée d'ailleurs avecdouceur, ne put faire de progrès. Mais, quand leur dominationfut tombée(553)et que Romefut replacéesousl'autorité de l'empereur de Constantinople,l'éloigneraentde ce nouveaumaîtrelui ouvritun meilleuravenir. L'invasiondes Lombardsfit refluersur son territoire un grand nombre de réfugiés,et la populationromaine retrouvaquelqueénergie


LESMAIRES ETLA.PAPAUTÉ.13â D'AUSTRASIg danssa doublehaine contreces barbareset contrecesariens. Quant à l'exarque que l'empereur d'Orient avait chargé du gouvernementde ses provincesd'Italie, et investidu commandementimmédiatsur les ducset les comtesmilitairesde Naples, de Rome,de Gênes, etc.,il ne pouvaitguère désormais fairesentirson autoritésur la riveoccidentalede l'Italie, relégué qu'il était à Ravenne,et séparéde Romepar la dominationlombardequi avaitgagné Spolète. C'est dans cette situationfavorable,quoiquedangereuseà certainségards,que parutGrégoirele Grand$90-604). Descendant de la noble famille Anicia, Grégoireajoutait à la distinètionde sa naissanceles avantagesdu corps et del'esprit. A moinsde trente ans il était préfet de Rome, mais, au bout de quelquesmois,il abandonnaitles honneurset le soin des chosesmondainespour se retirer dans un oloitre.Sa réputationne lui permitpas de garder cetteobscurité.Envoyé à Constantinople,vers 579, commesecrétaire, puis comme apocrisiaire(sorte de grand aumônier)par le papePelage II, il renditde grands servicesau saint-siégedans ses rapports avecl'empireet dansses luttescontreles Lombards.En 590, le clergé, le sénat et le peuple relevèrent d'une commune voix'au souverainpontificat, en remplacementde (Pelage. Commetoute électiondevaitencoreêtre confirméepar l'empereur de Constantinople,Grégoirelui écrivit pour le supplier de ne pas sanctionnerla sienne; mais on interceptasa lettre, et bientôtarrivèrent les ordres de Maurice qui ratifiaientl'élection.Grégoirese cacha on le découvrit,et on le ramenaà Rome. Devenupape malgrélui, il se servitde son pouvoirpour fortifierla papauté,propagerle christianisme,améliorerla disciplineet l'organisationde l'Église. Quoiqu'ilse plaignît que l'épiscopat,et surtout le sien, fût moins Ill'ofliced'un pasteurdes âmesque celuid'un prince temporel,il ne négligeapas la puissancetempoielledu saint-siége.li le fallait bien, puisque l'empereur protégeaitsi mal l'Italie que les soldatschargésde la défensede Romecontreles Lombards n'avaientpas de solde.Grégoireles paya,prit part lui-même aux travauxde la défense,et arma les clercs. QuandAgilulf,


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vm. eBAPH-as

dont l'agressionavait provoquéces préparatifs,se fut retiré, Grégoiretraita avecloi, au nom de Rome, malgréles réclamationsde l'exarque. Ainsi affermipar loi-môme, il entreprit de propagerla christianismeet l'orthodoxie,soit dansles limites, soit horo des limitesdo l'ancienempire romain.Dans ces limites, il y avait encoredes païens, en Sicile, en Sardaigne, même aux portes de Rome, à Terraoine, et sans doute aussi dans la Gaule, puisqu'on a une constitutionde Childebert,datéede 554, qui porte en titre Pour l'abolitiondes restesde l'idolâtrie. » II y avait des ariens tout près de Rome, les Lombards; pai l'intermédiairede la reine Théodelinde,Grégoire obtint que l'héritierdu trône, Adelwald,fût élevédansle catholicisme dès 587,les Wisigothsd'Espagne,sous Récarède, s'étaient convertis. Quantà la Grande-Bretagne,elleétait encoretout entière païenne; Grégoirey envoyale moineAugustinavecquarante missionnairesromains (596). Ils débarquèrentdansl'île de Thanet et passèrentde là chezle roi de Kent, Éthelbert, qui leur permit de prêcherleur doctrineà Cantorbéry..Dela, le christianismese répandit rapidementvers le nord et l'ouest, et, en 627, il fut solennellementreconnudans le Northumberland. Saint Augustin,archevêquede Cantorbéry,avaitété nomméprimat de la Grande-Bretagnepar Grégoirele Grand, avec lequel il entretint une correspondanceactiveque nous possédons. Déjà était convertiel'Irlande,l'île desSaints, d'où partaient maintenantdesmoinespour aller à la conquêtedes barbares. A cette époque, saint Colutnban,ce moine qui gourmanda avec tant d'audace les crimes de Branehaut, alla prêcher l'Évangileaux montagnardsde l'Helvétieet fonderau milieu d'euxdes abbayesentouréesde cultures.Après lui, saintRupert pénétra en Bavièreet institua en ce pays l'évêchéde Salzbourg. Ainsile christianismereprenait son esprit deprosélytisme, et saint Grégoirey contribuaitheureusementpar les préeeptes de douceur qu'il traçait ses missionnaires,et par l'habileté aveclaquelle il savaitfaciliter aux païens le pas-


LESMAIRES D'AUSTRASIE ETLAPAPAUTÉ. 141 sageau catholicisme;il écrit à Augustin « II fautse garder de détruire les temples des paiens, il ne faut détruire que leursidoles, puis faire de l'eau bénite, en arroserl'édifice,y construiredes autelset y placerdes reliques. Si ces temples sontbien bâtis, c'estune chosebonne et utile qu'ils passent du culte des démonsau culte du vrai Dieu; car, tant que la nationverra subsistersesancienslieuxde dévotion,elle sera plusdisposéeà s'y rendre, par un penchantd'habitude,pour adorerle vrai Dieu. a A l'intérieur, Grégoiretravaillaavec succès,à coordonner les pouvoirsde l'Église, en faisantreconnaîtreau-dessus de touscelui du saint-siège.Nousle voyonsaccorderà l'évêque d'Arlesle titre de vicairedes Gaules,corresponde avecAugustin,archevêquede Cantorbéry,pour la Grande-Bretagne, avec l'archevêquede Séville pour l'Espagne, avec celui de Thessaloniquepourla Grèce,envoyerenfindes légatsa latere à Constantinople.Dans son Pastoral, qu'il écrivaità l'occasionde son élection,et qui devintrèglegénéraleen Occident, il prescrivaitaux évéquesleurs devoirs,d'après les décisions de plusieursconciles.Pour affermirla hiérarchie,il veillaità empêcher les empiétementsdes évoques les uns sur les autres «Je vousai donnéla Bretagne à diriger spirituellement, écrit-ilà l'ambitieuxAugustin,et non les Gaules.» Il favorisales monastères,s'occupa avec vigilancede la discipline, réformale chant d'égliseet substituaau chant ambrosien,« qui ressemblait,selonun contemporain,au bruit lointain d'unchariotroulantparmiles cailloux,» celuiqui porte son nom. Rome, redevenueconquérante avec Grégoire le Grand, continua,après lui, de pousserplus loin ses conquêtes.Deux moinesanglo-saxons,saint Wilfrid, évêquede Northumberland, et saint .Willibrod,entreprirent à la fin du septième et au commencementdu huitièmesièclede convertirles pêchuurs sauvagesde la Frise et de la Hollande; puis vint, d'Angleterreencore,le plus illustrede tousces missionnaires, Winfrid, que te pape surnommaBonifacepour indiquer son actif et bienfaisantapostolat. Grégoire II l'ayant nommé évêque de la Germanie(793), il parcourutla Bavièreet y


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CÏIAï'îi'UUVU».

établitles diocèsesde Frisingon,dePassau et de Ratisbonne. Lorsqu'on746lo papeZachariorendit à l'églisede Mayence la dignitéde métropole,il en confiala directionà saint Boniface, qui fat dès lors, sonsl'autoritédu saint-siége,commele primat de toute la Germanie.Saint Bonifacapérit assassiné par les païensde la Frise en 755. ko papauté 8*aflfranehM de te souveraineté de constant!Stertel. nopte de l'appui H appâtd)aChMtea de CharlesNe~tet. copie(SQ©), (MO),OnMtta ais ttmveqne Le pape devenaitdoncréellementle chefde la chrétienté. Cependantil était encorele sujet de l'empereurgrec; mais d'une part son autoritécroissanttous les jours,cellede l'empereur, au contraire, baissant, une rupture était inévitable. Déjà, versla findu septièmesiècle, commele papeSergiusII refusaitde reconnaîtreles canonsdu concileîn Trullo, l'empereur JustinienII voulutle faire enleverde Rome; les soldats refusèrentd'obéir, Rome se souleva,tout l'exarchatfut en insurrection; les Vénitiensse créèrent un duc indépendant. C'était un commencement.En 72'6, l'empereur Léon l'Isauricn donnaraison aux Iconoclastes(briseurs d'images), qui traitaientd'idolâtriele culte rendu aux images, et rendit en leur faveur un édit qu'il voulut faire exécuterdans ses provincesd'Italie. Mais les images des saints étaient déjà se révoltaencore.GrégoireII très-chèresaux Italiens. Rome (713-731),ainsi soutenupar l'esprit public, et qui d'ailîtrars devaità sesrichesseset à sesbienfaitsune grandepopularité, écrività Léonl'Isaurien une lettre où l'on sent déjà quelque chosede GrégoireVII « La puissancecivileet la puissance ecclésiastiquesont distinctes;le corpsest assujettià la première et l'âme à la seconde;le glaivede la justice est entre les mainsdu magistrat;maisun glaiveplus formidable,celui de l'excommunication, appartientau clergé. 0 tyran1 vous nous attaqueza main armée; nus commenous le sommes, nous ne pouvonsqu'invoquorJésus-Christ,le princede l'armée céleste,et le supplierde vous envoyerun diable pour la destructionde votre corps et le salut de votro âme. Les barbares se obntsounriaau joug de l'Évangile,et seul vous


LES MAIRESD'AUSïRASÏEET LA PAPAUTÉ.

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êtes sourd à la voix du pasteur* Ces pieux barbares sont pleinsde fureur; ils brûlent de venger la persécutionque souffre l'Église en Orient. Renonces&votre audacieuseet funesteentreprise.faitesvosréflexions,tremblezet repentez» vous. » GrégoireII fit suivreceslettresd'un appel aux Vénitiens, aux Italiens de l'Exarchat, mêmeaux Lombards.Les Romains chassèrent leur préfet impérial. En même temps Luitprand, roi des Lombards, envahissait l'Exarchat et mettait fin à la dominationde l'empira grec dansle nord de l'Italie. Maisle pape n'entendaitpas que cette révolutionfût pour l'Église deRomeun simplechangementdemaître. GrégoireII arrêta Luitpranden se rapprochantde la cour de Byzance, et, quand le roi lombard vint assiéger Rome, il réussit i l'éloigner.Le mêmedangerreparutcependantsoussonsuccesseurGrégoireIII (731-741),qui fit appel ces pieuxbarbares dontGrégoireII avait menacél'empiregrec. C'étaient les Francs. Les Carlovingienset les papes s'étaientrencontrésen pays ennemi, chezdes peuplesà conquérir, sur un champde bataille où les premiers combattaientavec l'épée, les féconds avecla eroix. Les missionnairesqui partaientsous les auspicesde Romepouraller convertirles païens de Germaniese faisaientprotégerpar les armes de Charles Martel dontils aidaientà leur tour le succès.Parla commençal'alliancedes deuxpuissancessuprêmesde l'Occident.En 741, deuxnonces du pape GrégoireIII apportèrent à Charlesles clefs du sépulcrede saint Pierre avec d'autres présents et les titres de consulet de palrice Grégoirele conjuraitde venirle délivrer du roi des Lombards,Luitprand,qui menaçaitvivement Rome.Charlesn'eut pas le temps de faire cette expédition lointaine,maisson successeurl'accomplit. o (flü-'3@9). a'6p9ate lJ!)1i'e6' A CharlesMartel succédèrent(741) ses fils Carlomanet l'épia. Son troisièmefils, Grippoa, igu'il avaitd'abordexclu


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du partage, et"à quiensuite, au lit do'mort, il avait fait une part, en fat dépouillépar ses frères, quile poursuivirentpar» tout où il alla cherchertdesarmes poursoutenir ses prétentions, chezles Bavarois,chezles Saxons,chezles Aquitains, jusqu'à ce qu'il périt enfin, au bout de dix ans, en fuyant chezlesLombards. Carlomanavait l'Austrasie, Pépin la Neustrie. Comme leur père, ils firentde fréquentesexpéditionsau nord,à Test et au sud contre les Bavarois, les Alamans, les Saxons, dont plusieurs furent contraints de recevoirle baptême contre les Aquitains,auxquelscommandaitWaïfre, depuis que son père Hunald s'était retiré dans un monastère,â'oîi nous le verronsbientôtsortir. Carlomanet Pépin essayèrentde réformerquelques-uns des abus qui s'étaient glissésdans l'Église, Deux conciles, réunis-parCarloman,l'un en Germanie(743),l'autre, l'année suivante,à Leptines'près de Gharleroi,en Belgique),rendirent desdécretspour l'abolitiondes pratiquessuperstitieuses et de quelquescérémoniespaïennesqui se perpétuaient; au-» torisèrentlesconcessions parle prince de biensecclésiastiques auxgensde guerre,moyennantuneredevanceannuellepayéeà les: mœurs ecclésiastiques,interdirent l'Église réformèrent aux prêtres de chasseret de courirles boisavec des chiens, des faucons,des éperviers; soumirentenfintousles prêtresà l'évêquediocésain,avecl'obligationdèlui rendrecomptéchaque année de leur foiet de leur ministère dispositionspropres à constituerla hiérarchieecclésiastiqueet à donnerau gouvernementde l'Église plus de régularité. Le concilede Soissons, convoquépar Pépin (744), prit à peu près les mêmesmesures. i Carlomanquitta le siècle,en 747, et se retira au célèbre monastère italien du Mont-Cassin.Il avait recommandéen partant ses enfantshPépia, leur oncle,qui les dépouillaet se fit seul maître de tout l'empire des Francs. C'est alorsque Pépinméditade prendrala couronne.Charles Martelavaitlaisséle trônevacantà la mortde ThierryIV (737),peut-êtreafin d'accoutumerles Francs à se passerdes <rbis mérovingiens, Ea,7&g,Pébin,(qài eau doute ae se bo>i°


Original en eoulour NFE 43-1 10-8



LES MAIRES ù'AUSTBASIE Bï LA PAPAUTÉ.

I4à

tait pas aussiaffermique son père, avaitfaitroi GhildéricIII. Le contrassedecetteroyautéimbécileet du génie des Carievingiensdut saisir tousles espritset y fairenattrecette question que Pépin lui-mêmeposa au pape Zacharie a Qui doit $tre appelé roi, celui qui a le nom ou celui qui a la puissance?» Lorsque, à la sollicitationde ses envoyés,ce titra de roi lui fat offertpar les grands de la nation, il sembla prêt à le refuseret feignit de ne vouloirs'en rapporter làdessusqu'au souverainpontife. En conséquence,Burchard, évêquede Wnrtxbourg,et Fulrad, abbé de Saint-Denis,furent députésà Rome pour consulterl'oracle, dontla réponse fut telle quePépin la désirait.An moisde mars de l'an 752, une assembléeréunie à Soissonsle proclamaroi. Childéric, en m|œe temps, fut déposé, rasé et enfermédans,le monastère de Sithiea, où il mourut, l'an 755. Il laissaun fils, nomméThierry, qui fut envoyéau monastèrede Fontenelle, et élevé dans l'obscurité.Cettefin de la premièredynastie de nosrois n'excitapas un regret ni une protestation. Pépin fut sacré,une premièrefois, par Boniface,archevê-; que de Mayence,et une secondefois;deuxans plustard,par le pape Étienne n lui-même, qui vint en France et l'oignit de l'huile sainte, ainsique ses deuxfils,en prononçantl'excontrequiconque,par la suite, éliraitun roi communication desFrancsissusd'une autrerace. Pépinrecueillaitle fruitde l'alliancedes Carlovirgiensavec les pontifespar cette sanctionque l'autorité spirituelledonnait son autoritétemporelle. II paya bientôt sa dette au pape, que le roi des Lombards,Astolphe,pressait vivement. "EtienneII, pour le décider à franchir les Alpes, lui avait apporté le titre de patrice de Rome, titre qui était la plus haute dignité de l'empire, mais ne donnait aucun pouvoir. Il fit deux expéditionscontre les Lombards, leur enlevala Pentapole avec l'Exarchat de Raveane, et, malgré les réclamationsde l'empereur d'Orient, en fit don à saint Pierre, ce qui devintl'occasionde la puissance temporelle des pontifesromains (754-6). Pépin était le premier souverainde l'Occident.L'empareur de Constantinople,Copronyme,lui envoyades ambaasaH1ST.DOHOÏSHAGB.

tO


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CHAPITRE VIII.

deurs qui lui portèrentles premièresorgues à plusieursjeux qu'on vit en France et lui demandèrentla main de sa fille Gisèlepour le fils de l'empereur ils offrirenten dot l'Exarchatdo Ravenne,ce qui était nn moyendele recouvrersur le pape, et sans doute c'était là, au fond, le véritablebut de l'ambassade.Pépin refusa. Cependantil ne cessaitpas sestravauxmilitaires il vainquit de nouveaules Saxons,qu'uneluttedemi-séculairedevait seuleabattre tout à fait. Du côtéde l'Aquitaine, ses coups furenttellementredoublésqu'ils furent décisifs.Il reprit d'abordla Septimaniesur les Arabes;puis, pendanthuit années consécutives,il fit des invasionsdésastreusesdansle pays au sud de la Loire, où Waïfrese défendaitavecun courage indomptable.Enfince bravecheffut assassiné(768)et l'Aquitaine soumise. La mêmeannée, Pépin mourut d'hydropisie,laissantà ses deuxfils, Charleset Carloman,l'empire desFrancsreconstitué, le pouvoirroyalrajeuni, raffermi,et doublementappuyé sur la forcematérielleet sur l'autoritéspirituelle. Le partagede sa successionentre ses deuxfils menaçait l'empire naissant.Mais Carlomanmourut au bout de trois ans, ce qui rétablit l'unité et permit à son frère Charlesde devenirCharlemagne.


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CHARLEMAGNE.

CHAPITREIX. UNITÉ DU BIONDEGERMANIQUE, CHARÏ.EMAGWE5 L'EGLISE DANSL'ÉTAT 7C8-814 detoutlo mondigermanique Réunion et lentat'ved'organisation par Guerres contre lesLombards Guerres (771-776). Charlemagne. Guerres contre l esBavarois l esSaxons contre contre (771-8Ô'i). (788), lesAvars(788.196) etcontrelesArabesd'Espagne étendue (778-812); Résultats desesguerres. del'empire. Charlemagne empereur (800). littéraireAlcuin. Gouvernement.Réveil méoulon

de tout et tentative d'organisation manique par Churlemagne»

le monde

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L'oeuvreseulementébauchéepar CharlesMartelet Pépin, Charlemagnel'agrandit etl'acheva.Non-seulement il,'eut plus de génie que son père et son aleul, mais les circonstances lui furentbien plus favorables.Né sur le trône, tandisqu'ils n'en avaientd'abord occupéque les marches, héritier d'un pouvoiracceptédepuis seizeans par la nation, et dégagésoit des soucis qui précèdent, soit des dangers qui suiventune usurpation,il régna presqueun demi-sièoleet eut le temps depoursuivreses plansjusqu'aubout. Cesplansconsistèrent, d'une part, dans la réunionen un seul empire de tout le mondegermanique,par l'absorptionou l'anéantissementdes nationalitésdemeuréesdistinctes; de l'autre, dans l'organisation intérieurede cet empire, dansdes effortsfaits pour lui donnerune vie régulière, et une vie Intelligenteet civilisée, en quoi surtout Charlemagnedépassade beaucouptous les souverainsbarbares qui l'avaient précédé, sans excepter mêmeThéodoric. Sur tous les points où ses deux prédécesseursavaientfait


CHAPITREIX.

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la guerre, Charlemagnela fit aussiet l'épuisa. Il mesuraà l'opiniâtretéde la résistancel'opiniâtretéde ses attaques.La frontière orientaleétait la plus menacéepar les Saxons, les Danois, les Slaves, les Bavarois,les Avars il fit dix-huit expéditionscontre les Saxons, trois contreles Danois,une contreles Bavarois,quatre contreles Slaves,quatrecontreles Avars. Il en fit sept contre les Sarrasins d'Espagne,cinq contre les Sarrasinsd'Italie, cinq contreles Lombards,deux contre les Grecs.Si l'ou y ajoute cellesqu'il dirigeacontre quelquespeuplesdéjà comprisdans l'empirefranc, maismal soumis,savoirune contre les Thuringiens, une contre les Aquitains, deuxcontreles Bretons, on arrive à un total de cinquante-troisexpéditionsque Charlemagneconduisitpour la plupart en personneet quidénotentsa prodigieuse activité. L'Etat de Pépin se trouva doublé.On n'en a pas moins voulufairede Charlemagneun sagecouronné,un princepacifiquequi ne s'étaitarméque pour se défendre.Rendons-lui sa vraieet rude figure.Il n'avait nulle invasionà craindre. LesArabes étaientdivisés,les Avaresaffaiblis,et les Saxons impuissantsà faireune guerre sérieusehorsde leurs forêtset de leursmarécages.S'ila conduitdesFrancsau delàde leurs frontières,c'est qu'il a eu, commetant d'autres, l'ambition de commanderà plus de peupleset de laisserun nom retentissantdans la mémoiredes hommes. enterres

eontre

les Lombards

(998-98(0).

Le royaumedes Lombardsétait habituellementle refuge des princes francs déshérités, et de quiconque faisait résistanceaux Carlovingiens.Mais si les Francs avaient un ennemiredoutableen Italie, ils y avaientaussi un bien précieuxallié le pape, uni aveceux d'intérêt, connaissaitsoit par lui-même, soit par sesnombreuxsubordonnésdeséglises d'Italie, tousles moindresmouvementsqui se faisaientdans fa pénlnëule, et avertissait le roi. franc, des que quelque dangervisibleon cachéy msûaçaitleur causecommune.Demeuréseul maître en 771par la mort doson frèreCarloman, Gharlemagneavaitpris possessiondû royaumevacantd'Aus-


CHARLEMAGNE.

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trasie, au préjudicede ses neveux, qui s'étaient réfugiésa la cour de Didier, roi des Lombards. Le vieil Hunald, ancien due d'Aquitaine,et sorti de soncouventaprès l'assassinatde Waïfre pour le venger, s'y était aussi rendu. Tandis que Charles battait une première fois les Saxons, des lettres d'AdrienIeret de l'archevêquede Ravennelui apprirentaux bords du Wéser que Didier, sur le refus du pape de couronnerles fils de Carlomanroi d'Austrasie,venait d'envahir l'Exarchat. Charlemagne,ayant sommé vainement le roi lombardderendreau saint-siégeles domainesde saintPierre, passales Alpes(773),battit l'ennemiet occupatoulela Lombardie. Hunald fut tué, Didier se fit moine, les filsde Carlomanfurentjetés dansun monastère, et le vainqueurentra triomphalementà Rome, où il confirmaau pape la donation de Pépin. Lni-mêmeprit le titre de roi desLombards,ce qui lui donnaittoutela hanteItalie, en mêmetempsque celui de patrice lui assurait la souverainetésur Romeet sur tous les domainescédésau saint-siége(774). Deuxans après, Adelgise, filsde Didier,soutenupar la courde Constantinople,et ligué a 9Cles ducs de Bénévent,de Frioul et de Spolète, ayant essayéde souleverl'Italie, Charlemagne,de nouveau vainqueur, en prit occasionpour substituerpartout des officiers francs auxducs lombards, exceptéà Bénévent,dont le duo resta indépendant,à la condition de payer un tribut, qu'il ne paya que quand une armée vint le lui demander. Toutefoisil laissaleurs lois auxLombards,commeil fit, en général,k l'égardde tous les peuplesqu'il soumit(776). «HMSFres contre les sasoas (9?fl-@©âJ. Charlesfit dans le mêmetempsla guerre de Saxe.Commencéeen 771, cette guerre ne se termina qu'en 804 c'est trente-trois ans de durée. Les Lombardsétaientun peuple déjà usé; les Saxons,un peupletoutjeune. Si lesAustrasiens se distinguaientdes Neustrienspar la rude barbarie qu'ils avaientconservéesur les bords du Rhin, les Saxonsl'avaient entretenuebien plus vivaceencoresur lesrives du Wéser et de l'Elbe. Ils occupaientpar tribcs le paysque baignentvers


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CHAPITRE IX.

leur embouchureces deux fleuvesgermaniques Westpha. liens à l'ouest,Ostphaliensà l'est, Angariensau sud, et Nor. dalbingienssur la rive droite de l'Elbe. En plein huitième siècle, ils étaient encore ce qu'étaientles Germainsd'Hermann et Hermann, le héros de l'indépendanceteutonique, était, en effet, l'objet de leur adorationdans l'idole appelée Irminsul (HermannSaûle). Cettereligiondel'indépendanceles rendaitdifficilesà convertir. Saint Libuin, qui leur prêchaitl'Évangile,sans avoir assezde patiencepour les y gagnerlentement,pensa donner plus de poidsà sa parole en les menaçantde l'épéede Charlemagne ils s'indignèrentet détruisirentl'église de.Deventer les néophytes.Charlemagneentra aussitôt dont ils égorgèrent en campagnepour les venger, prit Ehresbourget fit briser l'Irminsul. De ses débris sortit Witikind, l'Hermann d'un autre âge. Charlemagnane s'éloignaplus une seule fois du pays des Saxonssans qu'ily éclatâtune révolte,signaléepar la destructiondes églises. Aux campagnesde 774 et de 776 en Italie succédaune série d'expéditionscontreles Saxons; la première fois,il les vainquit sur le Wéser, la secondeprès des sourcesde la Lippe, et cettefuis il ne négligearien pour les enchaînerà l'obéissance. Des forteresseset des garnisonsdans le pays conquis,l'obligationde recevoirle baptême,lesermentexigé de tous dans unegrandeassembléeà Paderborn(777), de le reconnaîtrepour souverain,de lui payer un tribut et de n'opduchristianisme,étaient poseraucunobstacleà la propagation autant d'entravesmatérielleset morales. Elles furent pourtant impuissantes.Witikindn'avait rien juré; au lieude paraitre à Paderborn,il s'était dérobé' dansles profondeursde la Germanieet ne se remontra que pour pousser le cri de guerre(778).Déjàil atteignaitles bords du Rhin et Coblentz lesAustrasiensetles Alamansl'arrêtèrent,tandis que Gharle» magneaccourait.Vainqueurà Bucktiolz(779),Charlemagne reçut la soumissiondes tribus établies à l'ouest de l'Elba (780), et augmentala rigueur de ses mesures. Dix mille familles saxonnesfurent transportées en Belgique çt «a Helvétie.


CHARLEMAGNE.

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Privésde leurs assemblées,de leurs juges, les Saxonsfumut soumisà des comtesfrancs, et leur territoire a fut partagé entre les évêques,les abbéset les prêtres, à condition d'y prêcheret d'y baptiser. » En installant, pour ainsi dire, des garnisonsreligieusesparmi ce peuple, Charlemagneespérait en devenirbien plus maître que par la présencedes garnisonsmilitaires.Alorsfurentétablisles évêchésde Minden, Halberstadt,Verdenet Brème.Plus tard Charlemagne fondaencoreceuxde Munster,d'Hildesheim,d'Osnabrûcket de Paderborn,de sorte qu'il y eut dès son règne huit évêchés en Saxe. Cependantla guerre n'était pasfinie.Witikind,réfugiéchez les Danois,rapporta à ses compatriotesle feu du patriotisme et de la vengeance;il battit encoreles générauxfrancs.Cette fois, Charlemagneterrifia la Saxe; il se fit livrer 4000 des guerriersqui avaientcombattu,et dépassanttoutesses sévérités antérieures,les fit égorgerà Verden.Ceterrible massacre excitaune insurrectiondésespérée.Il fallutdeuxvictoires de Charlemagne,à Detmoldet à Osnabrûck,une autre de son fils Charles,et unhiver passéen armesdansles neigesde la Saxe,pour triompher de l'opiniâtretéde Witikind, qui enfin, resserréet n'espérantplus rien, consentità se soumettreet à recevoirle baptême(18k).II disparaîtalors de la scène. Sonpeupleeut plus de persévérance.En 792,les Saxonsse révoltentencoreet surprennentdansuneembuscadeun corps alliéauxObotrites,placésder» ddsoldatsfrancs.Charlemagne, rière euxsur l'autre rive de l'Elbe, les fait attaquerpar dsux côtésà la fois, ravageleur pays, et passel'hiver au milieu d'eux, sur le Wéser. En 798, ses commissaireschargésde leverle tribu, sont égorgés; il retourne sur leur territoire, l'inondede sang; cen'est qu'en 804 que leur soumissionparait assurée. Toutefois,malgré leur affaiblissement,Charlesn'osa faire pesersur eux de lourdstributs; il ne maintint que la dîme, leurlaissalouicoutumes, en leur donnantdesjuges francs; maisconseivales lois qu'il leur avaitimposéesen 780,et qui punissaientde mort toute infractionaux devoirs religieux, mArneun simplejeûnenégligé. Aussiles plus opiniâtrespré-


sas

CHAPITREIX.

férèrent s'enfuir chez les Slaveset les Danoisplutôtque de se résoudreà ce mensonge,et l'on peut regarder commeun prolongementde la guerre de Saxe les incursionsque les Slaves tchèqueset les Wiltzes,de 806 à 812, et les Danois, sous leur roi Godfried(808-811),firent sur le territoirede l'empire. Les lieutenantsde Charlemagneles repoussèrent, maisil leur fallutaller jusqu'àl'Oderpour arrêter les Slaves et jusqu'àl'Eyder pour fermerauxDanoisl'entrée de l'Allemagne, ce qui n'empêcha pas les hommes du nord, les Northmans,de faire, sous son successeur,une autre et plus terrible guerre. (Uueppe«

eontre les (S@S-gœ<B) et congre due de remplira.

ElavoyollH (9@@), contre )eo A voira les Apotoeo d'jEspagtie (93S-SflO)j éten«

Avant les Saxons,les Bavaroisavaientété soumis.C'était le plus puissantet le plusinquietdes peuplestributaires, celui qui, par sa position, servait de lien aux coalitionsdes peuples du nord et du midi. Tassillon, leur duo, appar= tenait aux Agilolfinges,une decesvieilleset illustresfamilles souveraines,commeil s'entrouvaitchezla plupartdes peuples germains, et qui voyaientavecdépit l'élévationrécente des Héristals.En 787, année où Charlemagneeut à combattre non pas chaquepeuple isolément,maisune ligue de presque toute l'Europe, le duc lombardde Bénéventet la courde Byzance entraînèrent Tassillon, qui lui-même entraîna les. Avarset excitales Saxons,tandisque dans le midilesArabes étaient égalementengagésà prendrelesarmes.Cettefoisencore, ce fut le pape Adrien qui instruisitCharlesde ce vaste complot.Charlemagne,après avoirfait rentrer les Lombards dans l'obéissance,marchacontre les Bavaroisqui n'osèrent résister, s'avançajusqu'au Lech,et envoyaau monastèrede Jumiégeale descendantdesAgilolfîngeg, qui s'était déjà antérieurement rendu coupable i'hèrUliss, c'est-a-dire d'avoir abandonnél'armée dosFrancsdansune expéditioncontrelea Aquitains(788).Quantà la Bavière,ellefutdiviséeen comtés. Puisque les'Avarss'étaientalliésavecTassillon, il fallait


GHARLEMAONB.

153

qu'ils fassentchâtiéscommelui.Cettenation, sœurdesHuns, avaitparu versle milieudu sixièmesiècleen Europo,sur les bords du Don, et, peu de tempsaprès, sur ceuxdu Danube. Ils s'étaient emparésde la Dacie, avec la Pannonie, et sous leur chef BaianavaientmenacéGônstantinople, qu'Héraclius sauva(626).Leur capitale,simplecampretranché,immense, remplides dépouillesdu monde,le Ring,étaitsituéedansles marécages,entre le Danubeet la Theiss, non loin des lieux où s'était élevéle villageroyald'Attila. Charlemagnevoulut fairedisparaître des frontières de son empire cettemenace perpétuelled'une invasionhunnique. Il attaqua les Avars avectrois arméeset sans succès(788).. Ce ne fut qu'en 796, après de sanglants combatsqui dévastèrentla Pannonie, que les discordesintérieuresdes Avarsdonnèrentla victoireaux Francs, et que Pépin, fils de Charlemagne,prit possession du Ring.Lesdébrisde ce peupledemeurèrentdanslesmêmes lieux, sous des chagansindigènes,qui s'engagèrentà payer tribut et à recevoirle baptême, « Les Francs, dit Éginhard, rapportèrentde là des trésors si grandsquejusqu'alors on pouvait les regarder comme pauvres, mais qu'après cette guerre ils purent se dire riches. » Charlemagnefit au sud ce qu'il faisaità l'est; il marchaen avant, au delà mêmedes limitesqu'il eût été prudent de conserver.CharlesMartels'était bornéà repousserl'invasiondes Arabes, Charlemagnela leur rendit. En 778, les émirs rie Saragosseet d'Aragon,qui refusaientde reconnaîtreAbdérameet le khalifatde Cordoue,l'appelèrentà leur secours.Il entraen Espagne, par Saint-Jean-Pied-de-Port, tandisqu'une. autre arméey pénétraitpar la Catalogne.Pampeluneet Sara» gossefurent prises, les deuxarméesse joignirent; maisl'esprit hostile qui animaitles Vasconsdes Pyrénées rappela le ( onquérant.Il repassa ces montagnes,et c'est alors que son arrière-garde,surprisedans la valléede Roncevauxpar les Vasconsunis aux musulmans, fut massacréeavec Itoland, comtede la frontièrede Bretagne, ce fameuxhéros d'épopée plutôtque d'histoire. Charlemagnevengea son neveu et lit pendreLupus, duc des Vascons.Mais les armes des Francs avaient éprouvélà un échocqui ne fut réparé que plus tard.


Ib4

CHAPITREIX.

En 793, les Arabesenvahirentmême la Septimanie, et il fallutprès de vingtans de guerre soutenuepar Louis,fils de Charlemagnequ'il avait fait roi d'Aquitaine,pour établirles Francs de l'autre côté des Pyrénées.Barcelonneet Tortose ayant été prises, une partie du bassinde l'Èbre leur fut enfin toumiseen 812. Dansle même temps, les vaisseauxfrancs défendaientcontreles Sarrasinsles îles Baléares,qui avaient invoquéla protectionde Charlemagne,et prenaientmomentanémentpossessionde la Sardaigneet de la Corse,exposées aux attaques des piratesde la mêmenation. Par ces guerres, la puissancedes Francs s'était répandue danstousles sens.Toutela race germanique,saufles AngloSaxonset les Northmansde la Péninsule Cimbrique,était réunie en un seul faisceau,depuisqueles Saxonset les Lombards y avaientété rattachés.Toutes les races étrangèreset hostiles,slaves, avareset arabes, étaientou détruitesou refoulées.La confusiondu mondebarbare était coordonnée;la multiplicitédesdominationsétait simplifiée,et le théâtre de l'histoireprésentaitun aspectplusfacileà saisir. Onn'y trouvait plus en effetquequatre grandsempires celuide Charceluide Bagdadet celuide lemagne,celui deConstantinople, Cordoue,qui se partageaientles trois partiesdu mondealors connu. L'empire de Charlemagneavait pour frontièresau nord et à l'ouest l'Océan, depuis l'embouchurede l'Elbe jusqu'à la rive espagnoledu golfe de Gascogne; au sud les Pyrénées,et, en Espagne,une partie du coursde l'Elbe; en et la Pescara, moinsGaete,qui apparteItalie, le (prarigliano nait aux Grecs,et Venise,qui tenait à ne reconnaitreque la suzeraineténominalede Constantinople;enfin, en Illyrie, la Cettinaou la Narenta, moinsles'villesde Trau, Zaraet Spaiatro, .quele traité de 804, après une guerre maritime de quelquesannées, laissa a l'empire grec. A l'est la frontière était marquée en Illyrie, par le cours de la Bosna et par celuide la Savejusqu'àsonconfluentavecle Danube en Germanie, par la Theiss, depuis son confluentavecle Danube jusque versle pointoù elle reçoitl'Hemiath. De là, la frontière tournait l'ouest, en suivant, à traversla Moravie,nue ligne h peu près h égale distancedu Danubeet des monta


Î55 CHARLESîAGNE. Kràpaks,jusqu'auxmontagnesde Bohême,qu'elle laissaità l'est pour regagnerau nordla Saale, puis le coursde l'Elbe, gardé par huit forteresses,et celuide l'Eyder. Toutce qui était dansceslimitesreconnaissaitla souverainetédirectede Charlemagne.Les Thuringiens,qui se révoltèrentune fois,les Aquitains,que Charlemagneavaittrouvés en révolteà son avénement,avaientété décidémentsoumis. Mais, hors de l'enceinteque nous venonsde décrire, d'autres peuples,seulementtributaires, formaientautourde l'empire carlovingienune zoneprotectrice.Tels étaientlés Navarrais, les Bénéventins,les Saxonsnordalbingiens,les Obotrites,les Wiltzes,les Sorabes, tous surveillésavecsoinpar les comtes des frontières. La Bretagne et la Bohèmeavaientété ravagées, non conquises. BaésraltoSB de ses guerres. «harletnngme,empereur(S©©). Le maître de ce vasteempiren'avait pasvouluse contenter du titre barbare de roi. Depuisl'an 800, il était empereur. Commeil était à Rome cette année-là,pendant les fêtes de Noël,et qu'il priait dans l'église où le pape LéonIII disaitla messe, en présenced'une grande foule,il sentit se poser sur sa têteune couronne c'était celle de l'empireque le papelui donnait.Sans doutecela était convenud'avance,et cesdeux grandspersonnagesn'avaientpasmanquéd'agiter,dansleurs longues conférences,cette question de la restauration de l'empired'Occident,si gravapour l'avenirde l'Europe.ToutefoisCharlesfeignitla surprise pour donnerle changeà ses Austrasiens,qui ne pouvaientvoir favorablementun retoursi completauxsouvenirsromaine.C'étaitla conclusiondernière de cette alliancequi unissait depuis si longtempsles Carlovingienset les pontifesdeRome. Charlemagneméritait bien cette récompense, lui qui avait non-soulementun grand empiregermanique,maisencoreun grand empire orthodoxe; qui avait vaincules Lombards ennemisde Rome, les Avars païens,les Arabesmusulmans,les Saxonsidolâtres,et tou. jours associéle triomphedu catholicismeà celuide sa propre cause;qui enfin, dansce momentmême, n'était venuà Rome


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CHAPITRE IX.

quepourprotégerde sonautoritéde patricele pontiferécemmentvictimed'un complotdans sa ville même.Ce rôle de bienfaiteur,et la puissancesanségaledontil disposait,ne permettaientpas que le pontife,qui lui donnait une couronne, tirât de cettecirconstanceaucundroitde suprématie.Charlemagnesuccédasimplementà toutesles prérogativesdes ompereurs, et à ce titre dominadès lors l'Italie et l'Église. On vit de nouveauà Rome un préfet impérial, des juges impériaux.Charlesy fit des lois, rendit la justice,confirma, commel'empereur de Constantinoplele faisait auparavant, l'électiondu pape, et rien au temporelne distingual'Église de Romedes autres églisesdela catholicité,sice n'est que le saint-siégeavaitl'administrationet lesrevenusde plusgrands domaines.L'Eglise étaitdoncrentréedans l'État, commeau tempsdes empereursromainset grecs. Toutefois,il y avait à ce don de la couronneimpériale par le pape un danger pour l'avenir.En effet,quandl'unité politique eut péri, et que l'unité religieusesubsista seule, non-seulementles papes se mirent en dehors de l'État, ils prétendirent le domineret disposertoujours de ce qu'ils avaientdonnéune premièrefois. Alors on vit éclater cette grande querelle des papes et des empereursqui remplit le moyenâge. Quantà l'Italie,elle perditpar la conquêtede Charlemagne sa nationalité.Les Césarsallemandsayant héritédece titre d'empereur,regardèrenttoujoursla péninsulecommeune de leurs provinces. Dansles conquêtesde Charlemagne,il y en a de durables, il y en a d'éphémères;les unes sont utiles, les autres ne le sontpas.Tout ce qu'il tenta au delà des Pyrénéesavorta. Le comtéde Barcelone,qu'il rattachaà la France, ne nous est pas resté,et, de la marchede Gascogne,il ne nousest revenu que ce que la nature elle-mêmenous donnaitsur le versant septentrionaldes Pyrénées. Mieuxeût valu qu'il eût dompté tes Bretons.de manièreà les faireentrer plus tôt dans la vie et dansla nationalitéfrançaises;au lieu de se contenterd'une soumissionprécaire. Laconquêtedu royaumedes Lombards ne profitani h la France,ni à l'Italie, maisau pape, dont elle


CHARLEMAGNE.

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relevala positionpolitiqueet dont elle assura, pour l'avenir. le pouvoirtemporel. Le pays pour qui ces longues guerres eurentle plus heureux résultat, fut celui qui en souffritle plus, l'Allemagne.AvantCharlemagne,l'Allemagneétait encore la Germanie,c'est-à-direun chaos informe de tribus païennesou chrétiennes,mais toutes barbares, ennemiesles unes des autres, sans lien qui les unît. Il y avaitdesFrancs, des Saxons,des Thuringiens,des Bavarois.Aprèslui, il y eut un peuple allemand,et il y aura un royaumed'Allemagne. C'est une grande gloire que d'avoir créé un peuple; cette gloire,peu de conquérantsl'ont su trouver, car ils détruisent bien plus qu'ils ne fondent. Le nom de Charlemagneremplissaitle monde. Ce n'était pas un vaintitre qu'il avait pris à Rome il était bien l'empereur de l'Occident.Éginhardnous le montredans son palais d'Aix-la-Chapelle,sans cesse entouréde rois ou d'ambassadeursarrivés des plus lointains pays. Egbert, roi des Anglo-Saxonsde.Sussex, Éardulf, roi du Northumberland, venaientà sa cour.Le roi des Asturies,celuid'Ecossene s'ap. pelaient jamais, en lui écrivant, que ses fidèles,etle premier lui rendaitcomptede toutesses guerreset lui offraitunepart du butin. Suivant ce proverbegrec qui subsisteencore, dit Éginhard Ayez le Franc pour ami, non pour voisin,» les empereursde Constantinopletraitèrent aveclui, et en lui reconnaissantle titre de Basileus,consentirentà voiren lui un empereur,un souverainégal à celui de Byzance.D eut aussi des rapports d'amitié avecle khalife de Bagdad le grand Haroun-al-Raschidétait fait pour le comprendre,et d'ailleurs avaitintérêtà s'allier avecl'ennemideskhalifesdoCordoue.Harounlui envoyales clefsdu Saint-Sépulcre,où déjà se rendaient les pèlerins. Une horloge à roue, d'un travail merveilleux,des tentes de soie, des parfums d'Arabie,des singes duBengale, étonnèrentles barbares d'Occident Le Perses, les Mèdes,les Indiens, les Élamites, tous les Qriea taux, dirent à Charlemagneles ambassadeurs musulman^ ••>~>?i ht vousredoutentplus quenotre maîtreHarOHa;


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CHAPITilE D£. Gouvernement»

Cette grandeur de l'empire carlovingienn'était pas duo seulementauxvictoires,maisà la sagessed'un gouvernement habile. Charlemagneavait reconnude bonne heure que la vasteétenduede ses domaineset l'esprit particulierdesdiversespopulationsexigeaientle partage del'autorité.Tandis qu'il demeuraitle chefsuprêmede la racegermaniqueet surtoutde la victorieusenationdes Austrasiens,dontil continua de parler la langue, de porter les vêtementset d'habiterle pays, d'ailleurs le plus centralde son empire (Aix-la-Chapelle fut sa résidencede prédilection),il fit sacrerses fils, Pépin et Louis,roi d'Italieet d'Aquitaine,en 781. L'an 806, il arrêtadansla diète deThionville,sous formede testament, un partageentre ses trois fils, Charles, Pépin et Louis; les deux premiersl'ayant précédéau tombeau,il fit un partage nouveauen 813, par lequel Bernard, fils de Pépin, fut roi d'Italie Louis eut le reste avecle titre d'empereur.Mais ses fils, même rois, ne furentjamaisque ses lieutenants. Les assembléesnationalesne furent plus aussique le conseil du souverain,et, commeelles n'étaient auparavantque desréunions militaires,violenteset sans instruction,c'était un bien de leur avoir retiré le gouvernementen leur laissant le conseil.Les évêques,les leudes, les hommeslibres, les agentsimpériaux s'y rendaient de toutes les extrémitésde l'empire et venaientinstruire l'empereur de ce qui se passait dans leurs provinces.C'était l'usage de convoquerchaque année deux de ces assemblées,quoiqu'on n'en trouveque trente-cinqexpressémentindiquées;par les chroniqueurs.Le lieu de la réunion n'était point fixe, mais on venait trouver l'empereurlà oh l'appelaientles affairesdu moment.Tandis qu'il se mêlaità la foule accourue,dont il recevaitles présents,l'assemblée,composéedes ducs,des évêques,desabbés et des comtes,avec douze hommesdes plus1importantsde leur comté,en un mot, des grands de l'Etat, examinait,en son absence,les projets de loi qu'il avait préparésdepuis la dernière réunion; et lui, ensuite,d'après les avis qu'il re°


GHAP.LEMAGNE.

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cueillaitet qu'Hélaitlibre de suivreou de rejeter, rendaitces Capitulairesque nous possédons,an nombre de 65, et qui contiennent1125articles.Toutesles matières du gouvernementcivilet ecclésiastiquey sont comprises.Non-seulement l'administrationdes provinces,mais la gestiondes domaines de l'empereur,et mêmedes bénéficesconcédés,en sontfré= quemmentl'objet. Qui ne connaît, au moins par Montesquieu,ce capitulaireDe villis, où il s'occupede la vente des œufset des légumesde ses domaines?Il ordonne,quelque part, de prendregarde qu'aucundeses esclavesne meuiede faim, a autant que cela peut se faire avecl'aide deDieu; D tousles propriétairesn'avaientpas la mêmesollicitude. il les traita souveraineQuantaux affairesecclésiastiques, ment, comme toutes les autres. A propos de la questiondu culte des images,il écrività son clergé « J'ai pris place parmi les évêquescommearbitre; nous avonsvu, et, par la grâcede Dieu, nousavonsarrêté ce qu'il fallait croire. » 11 avait décidé, il est vrai, comme l'orthodoxie,et plus tard le pape Adrien annulasa décision. Unautre ressortdu gouvernementcentral,par lequell'empereur faisait partout sentir sa présence,c'était l'institution des missidominici,envoyésimpériauxqui se rendaientdans les provinces,et revenaientsans cesse auprès du trône.Ils allaienttoujoursdeux par deux un comteet un évéque,afîn de se contrôlerl'un par l'autre, de pourvoiraux besoinsde la sociétélaïqueet de la sociétéreligieuse,et aussi pour associerles lumièresà la force.Charlemagnedonna une grande placeaux évêqueset aux clercstous les degrés de songouverner\ent, parce que seuls alorsils avaientla science;mais sansjamais se laisserdominerpar eux, commefit son faible successeur.Les missidominicidevaientparcourirquatre fois par an leurs légadions,quicomprenaientplusieurscomtés,le plus souventdouze,y présider les assembléeslocales,y publier les Capitulaireset étendre sur toutechoseet sur tout individuleur inspection. Charlemagnelaissa subsisterpresque en entier le mode d'administrationdes provincesétablisousles Mérovingiens lesducs,les comtes,les mguieri ou centemlets,aveela charge


JCO'

CHAPiTBB IX.

de lever dostroupes,de rendrela justice, de percevoirtout co qui revenaitau fisc. Les circonscriptionss'appelaientcomitatu« (comtés),pagi (pays)on content (canton), districtprimitivementde centfeus. Leserviesmilitairecontinuad'êtregratuit.Tout possesseur d'au moins douzearpentsle devait;les possesseursde biens meublesvalant cinq sous d'or devaientse réunir six pour fournirun homme.Les évêqueset lesabbés furentexemptés, par le capitulairede 803, du servicemilitaire, mais à condition d'envoyerleurs hommesà l'armée. La justice se rendaitdansles assembléesprovinciales,mais non plus par tous leshommeslibres qui avaientcesséd'y parattre un certain nombre de scabini (échèvins),au moins sept, formaientun jury sousla présidencedu comte ou du centenier.Lesmissi dominicirecevaientappel de cesjugements, quandils venaienttenir leurs assisesdans le comté. Il n'y avait plus, depuis le commencementdu septième siècle, d'impôtspublics;le roi ne recevaitque ce qui lui était dû, commepropriétaire,par ses nombreuxcolons,les fruits et revenusde ses domaines,les servicespersonnelset réels des comtes et des bénéficiersroyaux,les dons gratuits des grandset lestributs despaysconquis.Lespropriétairesétaient obligésde fournir les moyens de transport au prince, lorsqu'il passait, onà sesagents; ils étaient chargés,en outre, de l'entretien des routes, desponts,etc.L'armée s'équipaitellemêmeet vivaità ses frais, sans solde;la terre que le soldât avaitreçueen tenaitlieu. 'i '' ffiévell littéraire j&leoln. Charlemagneaune autre gloire, c'est d'avoirrelevéleslettres deleur abaissement,et cherchéfaire disparaître deson empire l'ignorance que les barbares avaientpartout répàn-» due.Il écrivaitdifficilement,maisn'enétait pas moinsun des esprits les plus cultivésde son temps.Toutesles nationssoumises à son pouvpiçn'avaient point eu jusqu'alors de loi écrjte; il ordonnada rédigerleurs coutumes»II fit de même jour les pommes barbares^ célébraientles exploitsdes aji,-


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GHARLEMAGNB.

cienschefs.Il fit aussicommencerune grammairede sa langue nationaleet corriger, par des Grecs et des Syriens,les quatre Évangiles;il composaun traité sur les éclipses,sur les auroresboréales,et des poésieslatines.Onlit dansun de ses Capitulaires «Ayantà cœurque l'état de noséglisess'améliorede plus en plus, et voulantreleverpar un soin assidu la culturedes lettres, qui a presqueentièrementpéri par l'inertie de nos ancêtres, nous excitons,par notre exemple même,à l'étude des arts libéraux,tous ceux que nous pouvonsy attirer.Aussiavons-nousdéjà,avecle constantsecours de Dieu, exactementcorrigéles livres de l'ancienneet de la nouvellealliance, corrompuspar l'ignorancedes copistes.» II avaitforméune espècede petite académieappeléeÉcoledu palais, dont il faisait partie, ainsique ses trois fils, sa sœur, sa fille, et les principauxpersonnagesde sa cour. Il y était surnomméDavid;Alcuinavait pris le nom de Flacons;Angilbert celui d'Homère. Alcuin,l'hommele plus remarquablede l'époquedans la littérature,fut sonprincipalinstrumentpourcettegrandetentativede restaurer les lettres. C'était un moine saxon que Charlemagneavaitattiré à sacour.Alcuinreçutde lui, en796, la riche abbaye.deSaint-Martinde Tours,dontles domaines renfermaientplus de 20000colonsou serfs,et où il se rètira en l'année800. E nousreste de lui deuxvolumesin-folioqui renfermentdesouvragesde théologiedontun réfutaitles opinions de Félix d'Urgel sur la distinctiondes deux naturesen Jésus-Christ,un traité de philosophiesur la nature de l'âme, des livresd'histoireet de poésie le tout sans beaucoupd'originalité,car ce ne sont guère qu'empruntsfaitsà Boëoeet auxPères, mais avecun style supérieurpar la précisionaux écrivainsde cet âge. Alcuinétaitvraimentun lettré, il connaissaitPythagore;il cite souventAristote,Platon,Homère, Virgile,Pline, et est nudesplusnotablesreprésentantsde la allianceentre la littératureancienneet l'esprit chrédifficile. tien. Le monumentle plus intéressantpeut-être qu'il nous ait laissé, ce sont ses lettres, dont trente, adressées par ce faibleAristoteà l'égal d'Alexandre,roulentsur des sujetsde toutes sortes,la théologie,la grammaire,l'étymologie,I'as»HISI.DUMOÏBHAOE.

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CHAPITRE IX.

tronomie,la chronologie,les écoles qu'ils s'efforçaienttous deuxde restaureret qui prospérèrent,en certainslieux, surtout à Tours,à Fulde, à Ferrières, à Fontenelle, sousla directiondes élèvesd'Alcuin.Dansle nombrede cesélèvesfat RabanMaur, archevêquede Mayence. Ii faut encorenommerLeidrade,évêque de Lyon,Théodulf, évêque d'Orléans, Smaragde, abbé de Saint-Michel, Angilbsrt,abbéde Saint-Riquier,saintBenoîtd'Aniane,qui fut en Aquitainele secondréformateurdes ordres monastiques Êginhardenfin, qui fut le secrétairede Charlemagne, et qui écrivitson histoireet des annalesde l'époque.Sa Viede Charkmagnese signalepar un art de compositionet une manière d'envisagerles choses qui est tout à fait remarquable pourle temps. Il y avait donc un progrès réel sur les deux sièclesprécédentsqui n'avaient produit que des chroniques arideset des légendesgrossières.C'est un premier réveillittéraire. Mais ce brillant empire, cettevasteet sage organisation, cettecivilisationrenaissanteallaientdisparaîtreavecl'homme à l'existenceduquel tout cela était attaché. En vain Charlemagne ranimait les lumières ce n'étaient que des lueurs passagèresau milieu d'une nnit profondeoù tout allaitrentrer. En vain il voulait créer le commerceet 'traçait de sa main le plan d'un canal qui devaitfaire communiquerle Danube et le Rhin: les âges de commerceet d'industrieétalent encoreéloignés.En vain il luttait,dans ses capitulaires,contre la tendancedesbénénciersa transformerleurs bénéfi.CBB en alleux et à usurper sur tout: ces usurpationsallaient se multiplierpar la forcedes choseset produirela féodalité.En vain il avaitréuni dans un seul1empiretout le mondegermanique il sentaitdéjà se briser dansses mainscet empire.En vainmêmeil avaitcombattuà outranceles barbares demeurés en dehors ils avaientdes retraites dontson bras n'avait pu atteindre les profondeurs,et d'oh ils sortirent avantsa mort pourattristersa vieillessepar des présagesdouloureux. n put voir les Northmansrôder.autourde ses rivages,et fut contraint de prendredes mesuresde défessecontreces ennemis qui ont tant aidé &renversersonempire.


LOUIS LE DÉBONNAIRE ET LE TRAITÉ DE VERDUN. 163

LIVRE IV.

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CHUTEDE L'EMPIRECARLOVINGIEN; BARBARES NOUVEAUX (814-887).

CHAPITRE X* LOUISMBDÉBONNAIREET LE TRAITÉDE VERDUN (814-843). S del'œuvrede Cbarlemagne.Louisle Débonnaire Fragilité (814-840); safaiblesse; d e desfilsdeLouis le Débonpartage l'empire. Révolte naire.–BatailleddFontanet (841);traitédeVerdun(843). ffragUMéde l'oeuvrede charlenutgne. Si, aucontrairede la race arabe, la race germaniqueavait passéde la dispersionà l'unité, cene fut pas pour s'y arrêter longtemps.La réunion de l'Europe occidentalesousun seul maîtrene fut qu'éphémèreet disparutpresque aveccelui qui l'avaitproduite.Dans l'espaced'un siècle, l'empirecarlovingien fut soumis au morcellementle plus complet, et n'eut rien à enviersous ce rapport à l'empire de l'Islam; si bien qu'à la placedes grands blocsqui couvraientle sol de l'Eu= rope, do l'Asieet de l'Afrique,à la fin du huitièmesiècle,on


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CHAPITRE X.

ne vit plusguère, cent ou cent cinquanteans après, que des grains de sable. Des deux empires, celui qui avaitle plus d'unité, réserve faitede l'étendueexagéréedu territoire, étaitencorel'empire arabe. En effet, pendant un temps, cetteunité fut h la fois politique,de religion, de lois et de langue.Le Coranportait tout cela en lui. L'empirede Charlemagnene possédaitque l'unité de religion et de gouvernement,et point l'unité de langueet de lois.Les Gallo-Romainset lesItaliens partaient la langue romane avecdes nuances; les Germainsparlaient la langue teutonique.CharlemagnelaissaauxLombards,aux Saxons, leurs lois particulières;les Francs saliens, les Ripuaires, les Alamans,les Bavaroisavaientgardéles leurs. Avec les lois particulières,Charlemagneavaitlaissésubsister les nationalités, ou du moins, si ce motdit trop pour l'époque il n'avait pas détruit l'esprit particulieret le goût .d'indépendancede chacundes peuplesgroupésdans sonempire. Cespeuplesn'étaientpas mélangéset fondusensemblei ils étaient seulementréunis en un faisceaudont le lien était la volontéde Charlemagneet sa forte administration là résidait toute l'unité. Cè lien une foiscoupépar la mort, et le faible successeurde Charlemagnes'étant trouvéincapablede le renouer,le faisceause brisa, et chaquepeuple s'isola.Mais cette révolutionne se fit pas sans luttes, car l'unité avait des pattisans et d'ailleursceux qui démolissaientle grand édifice de Charlemagnene savaienttrop ce qu'ils allaient faire des matériauxet sur quel plan seraitbâtie l'Europe future.. De là la confusion,les hésitations, les partages. Les ambitionsprivéesdes princesde la famille impériale tandisquecellesdesgrands aidèrentau grand démembrement!, propriétaireset des gouverneursimpériaux favorisèrentle menumorcellement. Dans ce conflit, l'Églisesoutint généralementla causede l'unité; pourtant, commel'aristocratieecclésiastiqueavait à beaucoupd'égards, les mômesintérêtsque l'aristocratielaïque, on vit aussides évoquesdansle parti qui voulaitla division. Quant aux peuples,tin seulréclamaitl'unité c'était celui


ET LE TRAITÉDE VERDUN.165 LOUISLE DÉBONNAIRE qui avait triomphéavecles Carlovingiens,et qui avaitporté, par la main de Charlemagne,le sceptreimpérial, devenule symbolede sa domination,les Australiens.Les antres, WelchesouGallo-Romainsà l'ouest, Teutonsà l'est, réclamèrent leur indépendanceet l'abolitionde l'unité impérialequi consacraitleur défaite, a La supérioritéde gloire dont brillait Charles,dit le moinede Saint-Gall,avaitamenéles Gaulois, les Aquitains, les Bourguignons,les Alamans,les Bavarois, à se glorifier, commed'une grande distinction,de porter le nomsde sujets des Francs.» QuandCharlemagéeeut disparu avecsa gloire, tont ce qui coloraitd'une apparenced'honneur leur asservissement,fut effacé. aoolo

le B»éfMMMBatre (@flô-8fi®)i an eaittlease; l'empire.

partage

de

Le successeurde Charlemagne,Louis le Débonnaire, ne remplaçale prestige évanouipar aucunautre. On peut louer sa bonté, ses vertus, la pureté de ses moeurs,les effortsqu'il fit dès Je début de son règne pour chasser de la cour les mœurs dissoluesque Charlemagneavait laissées s'y introduire, pour rétablir la disciplineparmi les moineset le clergéséculier;mais il n'avaitpas la fermeténécessairepour maintenir son autorité.Il montra, dès le commencement,à l'égard du pape, une déférenceque Charlemagneeut trouvée excessive.Il laissaÉtienneIV (816)se faire élire et prendre possessiondu pontifioatsansattendresonconsentement,et se contentad'excusestardives lorsqueEtiennevint le sacrer en France, il lui permit de prononcerces parolesqui décelaient la tendancedu saint-siégeà s'approprierla couronneimpériale pour en disposerlibrement a Pierre se glorifiede te fairece présent, parceque tu lui assuresla jouissancede ses justes droits.JI Lapapautétravaillaitdéjà à sa secondedélivrance elle voulaitrepousserl'autoritédes empereursd'Oc» elleavaitrepoussécelledesempereursd'Orient. cident oomme Si Charlemagneavait jugé nécessairede partager l'autorité avecsesfilsà.causede l'étenduede l'empire, la même né° ceaa'ûèexistaità plus lorte raison pour Louisle Débonnaire.


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CHAPITRE X.

Maisle partagequ'il fit de sesÉtats(817)ne différaiten rien de ceux qu'avait faits Charlemagnelai-mêmeet ce paraissait mettre ni en doute ni en péril l'unité impériale. Deux royaumessubalternes l'un d'Aquitaine,l'autre de Bavière, étaient créés pour Pépin et Louis, secondet troisièmefils de l'empereur; l'aîné, Lothaire, était associéà l'empire; Pépin et Louis ne pouvaient sans son autorisation,ni faire la guerre, ni conclureun traité, ni céderune ville. Le roi d'Italie, Bernard, neveude l'empereur, se révoltacontre ce partage, mais fut réduit à se livrer lui-même, eut les yeux crevéset mourut de ce supplice.Son royaume fut donnéà Lothaire. raéYottes

des fils de aouls

le Débonnaire.

Ce partage était un acte de résistanceaux besoinsde démembrement, tout en leur donnantune demi-satisfaction. Dans le même temps, Louis combattaitla tendanceversle morcellementintérieur, en s'efforçantde rattacherdirectement à l'empereur et de rappelerà la vie politiqueles simples hommeslibres, dominésde plus en plus par les grands propriétaireset les gouverneursde province.C'estainsi qu'il exigea de tous le serment direct et qu'il ordonnaque tous fussent consultéssur les dispositionsnouvellesajoutées à la loi. Maisces premierseffortsfurent ensuitemal soutenus, et déjà, aux mouvementsqui agitaientles extrémitésde l'empire, on reconnaissaitqueCharlemagnen'était pluslà mettant à toutsa fortemain.LesNorthmansredoublaientde ravages; les Slavesfranchissaientl'Elbe; les Avaresse soulevaient; les Croatesdevenaientindépendants le ducde Bénéventrefusaitles tributs; les Sarrasinsd'Afrique pillaientla Corse et la Sardaigne ceuxd'Espagneenvahissaientla Septimanie et soutenaientunerévoltede'Vascons;les Bretonsprenaiont pour roi Morvan et envahissaientla Neustrie. Les Francs, ,il est vrai ressaisirentpresquepartoutl'avantage Morvan en particulierfut tué, et Louisdonna Noménoé pour due aua Bretons.


LOUIS LE DÉBONNAIRE ET LE TRAITÉ DE VERDUN. 167

Mais bientôt on connut la désolantefaiblessede l'empereur. En 822, il convoquaune assembléegénéraleà Attigny et devantles évêques les abbés les grands de son royaume,il fit une confessionpubliquede ses fauteset subit de son gré une pénitencepour tout ce qu'il avait fait, tant envers son neveu Bernard qu'envers les autres. Quand Théodoses'humiliaità Milandevantsaint Ambroise,il donnait au monde un grand spectacle,et se relevait plus fort après ce public aveu de sa faute. Louis sortit d'Attigny amoindri, dégradé, parce quo c'était d'un corpspolitique, d'uneautorité'rivalede la siennequ'il avait reçu son absolution. Chacunsut dès lors toutce qu'on pouvait oseravec un tel homme. Il avait épouséen secondesnoces(819) la belleet savante Judith, fille d'unchef bavarois;il en eut un filsqu'il nomma Charles(823).Judith exerçaitsur l'empereuret l'empireune influencequ'elle partageaitavec son favoriBernard, duc de Septimanie,habile et intrigant. En 829, elle exigeade son épouxqu'il fit une part &l'enfant qu'ellelui avaitdonné, et, en effet, dansla diète deWorms(829),Louisérigea pour son filsCharlesun royaumecomposéde l'Alamannie,delaRhétie, d'une partie de la Bourgognede la Provenceet de la Gfothie (Septimanieet marched'Espagne). Ce partageindisposavivementles fils ainesde Louis, qui se trouvaientlésés, et les partisansde l'unité, qui voyaient compromises les basesde 817 les grandsse joignirentà tous cesmécontentsdans l'espoir de renverserl'influencede Judith et celle de Bernard qui s'appliquait à diminuer leur crédit.Dans une expéditioncontreles Bretons,à qui Noménoé venait de rendre l'indépendance, la révolte éclata. Lothaire, Pépin d'Aquitaine,Louis de Bavière, prirent les armescontreleur père, le firent prisonnieret l'enfermèrent, a Compiègne, avecdes moines,pourque ceux-cil'amenassent à embrasserde lui-mêmela vie monastique,en même temps qu'ils envoyèrentdans un couvent l'impératriceet son fils Charles'(830).La constitutionde617 fut rétablie. Cependant Louisle Débonnaireobtint que l'assembléegénérale do la nation qui devaitstatuer sur le nouvel état do choses, lût


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CHAPITRE X.

convoquéeà Nimègue au milieu des Germainsen qui il 6i confiait. Sa.confiancefut justifiée. Les Germains, venus à l'assembléeen pins grand nombreque les Francs Romains (830) le soutinrent un moine habile sema la discorde entre Jes trois frères, et le Débonnaire,redevenule maître, confirmala donationqu'il avait faiteà son quatrièmefils. Il fit même plus en 833; mécontentdes intriguescontinuelles de Pépin, il lui enleva l'Aquitaine pour la donner encoreà Charles. Ce fut le signald'unenouvellerévolte.Losfilsde l'empereur marchèrent contre lui, emmenant avec'eux le pape Grégoire IV, qui venait en France comme défenseur du partage de 817. Grégoire était-il pour l'unité? Oui, mais pour celle qui résultaitde l'acte de 817, c'est-à-direpour un empereurfaible en face duquell'unité religieuseauraitbien plus de force.L'armée de Louis et cellede ses filsse rencontrèrent dansla plaine de Rothfeld,près de Colmaren Alsace (833); ses soldatsl'abandonnèrentsans combattre;trahison qui fit donnera l'endroitle nomde Lûgenfeld,le Champde Mensonge. Les vainqueursinsultèrenth la vieillesseet à la dignité de leur père en le soumettantà une dégradationpublique. On lui fit lire publiquement, dans l'églisede Saint-Médardde Soissons, un long récit de ses fautes où il s'accusaitd'avoir exposéle peupleà des parjures et l'État auxmeurtres et aux pillages,en faisant, dans l'empire, desdivisionsnouvelleset en provoquaitla guerre civile; après quoi les évoquesvinrent solennellementlui enleverson baudriermilitaireet lui donnerl'habitde pénitent. Cettehumiliationde l'empire,dans la personnede l'emperour, rendit à Louisdes partisans. Sa pieuserésignation,la révoltante dureté de ses fils excitèrentla compassiondes peuples.Les frères nepurent pas d'ailleurss'entendremieux quela premièrefois.Si Louiset Pépin ne voulaientpas être dépouillésauprofitde Charles,ils ne consentaientpas à obéir à Lothaire,qui se proposaitde maintenirl'unité du commun dement impérial et ils trouvaientdans la répugnance do leurs peuplesà resterenfermésdansl'empire,un appui sur et


LOUIS LE DÉBONNAIRE ET LE TRAITÉ DE VERDUN. 169

desforces dévouées.Ils vinrentdohe tirer Louisdu monastère oùLothairele retenait, et lui rendirentle pouvoir(835); maisil ne voulut en reprendreles insignesqu'après en avoir reçu la permissiondes évêqaes. L'empereursortidu cloître pour lequel il était fait, retomba dansles mêmesfautes.Sa prédilectionaveuglepour son dernier né, lui fit oublierque la causede tousses malheurs étaitle partage qu'il avait fait de sonvivantentre ses fils. En 837, il donnaà Charlesla Bourgogne,la Provence et la Septimanie.Le roi d'Aquitaine,Pépin, étant mortl'année suivante, les enfants qu'il laissait furent dépouilléset Charleseut encorecet royaume.AlorsLouis le Germanique et Lothaire, qui étaientréduits, l'un à la Bavière, l'autre à l'Italie, reprirent les armes. L'empereur, pour n'avoirpas à les combattretous deux, traita avec Lothaire(839). Il lui abandonna toutes les provincesà l'orient de la Meuse, du Jura et du Rhône avec le titre d'empereur; les provinces occidentalesdevantêtre le lot du fils de Judith, la Bavière celuide Louis le Germanique.Le dernier, soutenude toute l'Allemagne, réclamacontre ce partageinjuste; et. le vieil empereur consumases derniersjours dans cotte guerre impie. Il mourutsur le Rhin, près de Mayence: « Je lui pardonne,disait-ilaux évêquesqui l'imploraientpour le rebelle, mais.qu'il sachequ'il mefait mourir. » Le moyenâge, plus touchédes vertus de l'homme que des défautsdu prince, a été plein d'indulgencepour la mémoire du pieuxet du débounaire. c BBotœlïïo de Bomtamet(Qflfl);«rattéde verdut*(®âS). Lothairesuccédacommeempereurà Louisle Débonnaire. Il réclama,dès son avènement,les droitsde l'autoritéimpériale, et voulut, dans les États mêmes de ses deux frères, exigerle sermentdirect des hommeslibres. Charles II (le Chauve)s'unità Louis le Germaniquepour repoussercette prétention et même la combattre par les armes, tandisque Lothairetrouvaitun allié en Pépin II, dont l'ambitionétait de reprendrel'Aquitaine sur Charlesle Chauve. Après de


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UHAMTHK

X.

vaines tentativesd'accommodement,une grandebataillese livra à Fontanet,près d'Auxerro(841).Exceptéles Vascons, lesGoths de Septimanieet les Bretons, tous les peuplesde l'empire prirent part à cette grande mêlée. Lothaireavait amené des Italiens, des Aquitains,des Austrasiens; Louis, des Germains; CharlesdesNeustrienset des Bourguignons. On dit que 40 000 hommespérirent du côté de Lothaire, qui fut vaincu, et que ce grand carnage d'hommeslibresse fit sentir dans tous les pays des Francs, qu'il priva de ses défenseurs, au momentdes invasionsnormandes.Quelques jours après, le concilede Tauriacum,à peu de distancedu champ de bataille, décida que le jugement de Dieu avait été prononcédans les plaines de Fontanet. Mais, Lothaire refusant encore d'accepter ce jugement, les deux frères s'unirent pour l'y contraindre. Ils se rencontrèrent entre Baie et Strasbourg, et se prêtèrent, en présence de leurs armées,un sermentd'allianceque Louisle Germaniquepro-nonçaen langue romane devant les soldats de Charlesle Chauve,et Charlesen langue tudesquedevantceuxde Louis (842).Le sermentde Louisest le plusancienmonumentque nousayonsde la languefrançaise. Enfin Lothairecéda et se contentadu tiers de l'empire, avec quelque chose en sus, à cause du nom d'empereur.». Le traité de Verdun (843) sanctionnacette acceptationen réglantun partagede l'empire carlovingienen trois parties. Lothaire eut avec le titre d'empereur, l'Italie jusqu'au et depuisles Alpesjusqu'à duché de Bénéventexclusivement, la mer du Nord, une longue bande de terre séparant les Etats de ses deux frères. Ce royaumeavait deslimitescompliquées à l'ouestune ligne qui suivaitle Rhônedepuisson embouchurejusqu'àPArdèche puis les Cévennesjusqu'à la hauteur de Mâcon,puis la Saône puis les montsde l'Ar. gonne,passantà gauchedes Ardennes,enfinl'Escautqu'elle suivait jusqu'à son embouchure; à l'est, une ligne qui par* tant de l'Istrie, longeaitles Alpesorientales suivaitle Rhin en laissant toutefoisà droite les villes et les territoiresde Worms, Spire et Mayence,pour laisserdes vignoblesau roi de Germanie,par contre, en franchissantle fleuveun peu


LOUIS LE DÉBONNAIRE ET LE TRAITÉ DE VJSKDUN. 171l

plusbas, de manièreà rejoindre à peu près l'embouchuredu Wéser. Tout ce qui était à l'ouestfat attribué&Charlesle Chauve. La Franceperdait ainsi pour la premièrefoissa limite naturelle du Rhin et des Alpes qu'elle n'a pas encorerecouvrée tout entière. Tout ce qui était à l'est, fut la part de Louis le Germanique. Dans ce partage,biendifférentdes partagesmérovingiens, nous voyonsapparaîtreles premières démarcations* des deux nationalitésmodernes de la France et de l'Allemagne.,La part de Lothaireétait seule éphémère les deuxautres États allaientbientôts'en disputerles lambeaux.Toutefoison conçoit très-bien que, parmi les contemporains,beaucoup d'hommesd'intelligenceaient gémi sur ce grand empire de Charlemagne,tombé à terre et brisé dans les champs de Fontanet. a Un bel empire, dit le diacre Florus, poëte latin du temps, un bel empireflorissaitsous un brillant diadème; il n'y avait qu'un prince et qu'un peuple. La nationfranque brillait aux yeuxdu mondeentier.Les royaumesétrangers, les Grecs, les barbares et le sénat du Latium, fui adressaientdes ambassades.La race de Romulus,Rome elle-même, la mère des royaumes, s'était soumiseà cette nation; c'étaitlà que son chef, soutenude l'appui du Christ, avaitreçu le diadème le don apostolique.Heureuxs'il eut connuson bonheur, 1par empiraqui avait Rome pour citadelle et le porte-clefdu cielpour fondateurt Déchuemaintenant, cettegrandepuissancea perduà la fois son éclat et lé nom d'empire; le royaume,naguèrebien uni, est diviséen trois lots; il n'y a plus personne qu'on puisse regarder comme empereur; au lieu de roi, on voit un roitelet, et au lieu de royaume,un morceaude royaume.»


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GBAI'ITUK Xi

CHAPITRE

XI.

BUINEDÉFINITIVEDEL'EMPIRECAIILOVIÏVGIEN (843=887). Déchirements pourreintérieurs;vainseffortsdesfilsdu Débonnaire constituer de la royauté;héréditédes l'empire. Démembrement bénéfices etdesoffices. Louis le Bègue(877). LouisIII etCarloman Charles leGros(884). (879), DéeblrcmcntB

Intérieurs; naire pour

des Ois da Débonvains efforts reconstruire l'empire.

Ce drame du démembrementde l'empire'carlovingien n'est, en 843, qu'à la fin du premier acte. Sans doute les conclusionsdu traité de Verdun serontconsacréespar l'avenir, mais après avoir été contestéespendant les quarantequatre années(843-887)quepasseraencoreseulesur le trône la famillecarlovingiennejusque-là,malgrésa faiblesse,elle conserveratoujoursses prétentionsà tenir réunie en un empire l'Europe occidentale,et ne saura se résoudreà saorifier le beau rêvede Charlemagne.Ce n'est qu'avecla déchéance de cettemaisonque sera consomméle démembrement. Au milieu du déchirementgénéralqui s'achève,les tiraillementsintérieurs redoublent c'est bien moins désormais entre les groupes de peuples qu'entre le souverainet les grands de chaque pays, que la lutte existe. L'aristocratie laïque et l'aristocratieecclésias""que agissent de concertet reprennentle coursde leurs envahissementsarrêtés par la main de fer des trois premiersCarlovingiens.Les laïques usurpent à doubletitre. Commebénéficiers,ils recommencent à disputer avec les rois pour l'héréditédes bénéfices comme officiersdu pouvoirsouverain,ils élèventune pré-


RUINEBÊFJNiïIVE0fi L'EMPIREGABLOV1NGIJSN. 173 tention nouvelle,celle de rendre égalementhéréditairesles officesqui leur ont été confiésdansles provinceset de s'approprier tout a fait les portionsde l'autorité royale qui leur ont été déléguées.De leur côté, les évèquesprofitent de la piétéhumbleet soumisede la familledu Débonnairepour s'ériger en juges de la conduitedes roiset pour les tenir par là dansune dépendancequi, s'ils eussentprévalu, eût donné naissanceen Franceà un régimepresquetWooratique,comme celui des Wisigothsd'Espagne. Au milieude cette lutte que révèlenttousles événements et la législationdu temps, les royaumesnés de l'empiredeviennentde plus en plusincapablesde se défendrecontralea attaquesextérieures les Nortbmansau nord et à l'ouest,les Sarrasinsau sud, en Italie, dansla Provenceet les Alpes, et bientôt les Hongroisà l'est, viendrontimpunémentravager le pays d'où Charlemagnesortait pour frapperles barbares de coups si terrible&fd'oùLouis le Débonnaireréussissait encoreà les repousser,et que désormaisdesrois impuissants laissent envahir. Il semblait que le partagede Verdun,en renfermantdans une moindreétendue de territoire l'autoritéde chaque souverain, eût dû au moins rendre cetteautorité plus présente et plus fortedanstoutesles parties du pays où elle s'exerçait. Il n'en fut rien. En France, Charles le Chauvene régna réellementni sur la Bretagne, ni sur l'Aquitaine,ni sur la Septimanie.Noménoé, puis son fils,Hérispoé,le forcèrentà les reconnaître rois des Bretons. Guillaume, fils de Bernard, battit son armée, qui avait attaquéla Septimanie.L'inconstanteAquitaine, à qui il voulait donner pour roi son fils, reconnut d'abord Pépin II, puis appela un fils de Louis le Germanique, acceptale fils de Charleset revint encoreà Pépin. Celui-ci,pour mieux résister, s'allia aux Northmans, embrassaleur religionet s'associaà leurs dévastationsjusqu'au momentoù il fat fait prisonnieret condamnéà mort dans le concilede Pistes, en-'fi64.Charlesréussit alors à faire reconnaîtreson autorité et accepterson fils; maisce fut en le plaçantsousla tutelledes véritablesmaîtresdu pays,les trois


17'ità

CHAPITREXI.

liernards, marquisde Toulouse,de Gothie (Septimanie)et d'Auvergne. En Allemagne,Louisle Germaniqueeut le sort qu'il avait infligéà son père il passa sa vieà combattreles rébellions de ses fils. Cependantil comptaaussi quelquesvictoiressur les barbares qui se pressaient le long de ses frontières,et commençal'organisationmilitairede l'Allemagne. En Italie, Lothaireluttavainementcontre les ducs de Naples et de Bénévent,qui appelaientà leur aide les Maures d'Afrique et d'Espagne,et au centremêmede la Péninsule, il avait à résisteraux prétentionsdu saint-siégeet de l'aristocratieromaine. Dégoûtédu monde,il se retira dans l'abbaye de Pruym, au milieudes Ardennes,et y mourut.C'est mauvaissigne pour la royauté, quand le roi s'enfermeau cloître. Lothaire avait divisé ses Etats entre ses trois fils: LouisII, qui eut l'Italie et le titre d'empereur; Charles,qui eut le pays entre les Alpes et le Rhône sous le nom de royaumede Provence;Lothaire II, qui eut sousle nom de Lotharingie(part de Lothaire, Lorraine),le pays entre la Meuse et le Rhin.Le roi de Provencemouruten 863, et ses frères se partagèrentses États.Charlesle Chauveessayade s'en emparer;maislestroisBernardsrefusèrentdelui amener leurs troupes, et il ne put prendreque Vienne et Lyon avec le paysenvironnant,qu'ildonnaàsonbeau-frère, le ducBoson. Quelquesannées plus tard, LothaireII étant mort (870), après la scandaleuseaffairedesondoublemariage,oùle pape NicolasI" intervintavectant de hauteur, Charlesaccourut encoreà Métispour saisirla Lotharingie.MaisLouisle Germanique survint avec des forces supérieures, et l'obligea à abandonnercette proie. Cesprinces, commeles derniersmérovingiens,ne vivaient guère en 875, l'empereurLouisII disparut à son tour. Il avait chassé les Sarrasinsde Bari, mais il s'était vu retenu captif par les Bénéventins.Cette mort laissait libres deux couronnes celle d'empereuret celle de roi d'Italie. Deux vieillards,qui avaientchacunun pied dans la tombe, se les disputèrent.Charlesle Chauvegagna Louisle Germanique de vitesseet les eut.


HUiNK DÉFINITIVEDE L'JSMPÏKKGARLOViNGIEN. 175

L'année suivante, Louisle Germaniquemourut. Charles le Chauveessayade dépouillerses neveux,Carloman,Louis et Charlesle Gros, de leurs trois royaumesde Bavière, de Saxeet de Souabe,et par conséquentde reconstituerl'empire de Charlemagne,quoiqu'il ne fût pas même en état de défendreRouencontreles Northmans.Il fut vaincupar Louis de Saxe,et Carlomanenvahitl'Italie. Commeil se préparait à l'en chasser,il appelatousles seigneurssousses drapeaux ni les trois Bernards,ni le ducde Boson,ni Eudesde France, ne voulurenty venir. Aussifut-il obligéde fuir devantCarloman,et c'est enseretirantqu'il mourutau montConis(877). Carlomande Bavièrefut couronnéempereur. Ainsi le roi de France était désarmé il y a un contraste affligeantentre la grandeurdes souvenirset les rêvesde cet héritier de Charlemagne,d'une part, et de l'autre, sonimpuissancecomplèteà se faire obéir des seigneurs,qui, en toute sécurité, lui refusent même le servicemilitaire, cette premièreet essentielleobligationdesbénéficie»à l'égard du souverain. Eténiembrementde la royauté hérédité des bénéfices et des offices. I C'était là en effetle résultatdela révolutionqui s'opérait, et par laquellele seigneur, devenude fait indépendantdu roi, s'interposaitentre lui et les simpleshommes libres et interceptaitleur obéissance.Depuislongtempss'était réveillé chez les petits propriétaires,trop faibles pour se défendre contrela violence,l'usage germainde se recommanderà un chef puissant. Cette coutumedevint générale. Charlemagne contribuaà la rendre'telle, par l'autorisationqu'il accorda à tout hommelibre de se choisirun seigneuren y joignant l'obligationde lui resterfidèle. Il voulaitainsi rendre plus stable l'existence de ceux qui avaientconservédes goûts d'indépendancebarbare, et prévenir le retour de ces vio« lencesque des bandeserrantes n'avaient pas cesséde pro. menerpar toute la Gauleau temps des rois mérovingiens! Mais il arriva qu'en travaillant pour l'ordre, il tra-


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CHAPÏTRK XI.

vaillaitcontresonproprepouvoir,on plutôtcontrele pouvoir de ses successeurs,car pour lui, il était inattaquable.Afinde combattrelesinconvénientsde la recommandationet de n'en recueillirque les bons effets,il avait exigé le sermentdirect deshommeslibres; Louisle Débonnaireprit la mêmemesure au commencementdo son règne, et elle fut renouveléepar Charles le Chauve; mais ce n'était plus qu'un souvenir d'une autoritédisparue. L'édit de Mersen, en 847, régularisa cet état de choses a Tout homme libre, y était-il dit, pourra se choisir un seigneur,soit le roi ou un de ses vassaux aucun vassaldu roi ne sera obligé de le suivre à la guerre, si ce n'est contrel'ennemi étranger. » Alorsles hommeslibres n'eurent plus affairequ'au seigneur dont ils dépendaient,et ne connurentplusque de nom l'autorité royalequ'ils ne sentaientjamais. Commec'étaient pour la plupartles propriétairesqui se recommandaiententre eux, on considérabientôtla terre, qui reste toujours,plutôt que l'homme,qui passeet meurt.Et non-seulementl'homme faiblese recommandaau grandseigneur,maisencorele petitc champau granddomaine; certainesformalitéssymbolisèrent cette relationnouvelle la terre venait elle-mêmese placer dansla mainde l'hommepuissantsousla formed'unemotte de gazonou d'un rameaud'arbre que le petit propriétairey déposait.C'est là le germede la relationféodale. Un jour Charlemagneécrività son fils Louis, roi d'Aqui~ taine,pour lui reprocherde ne point assezsongerà s'attacher ses sujets par des présents, des concessionsde terre « Vous. ne donnez,ajoutait-il, raillant finementla dévotionde son fils, vousne donnezque votre bénédiction,encoresi on vous la demande ce n'est point assez. a Le roi d'Aquitainelui réponditqu'il n'avaitplus rien à donner,parce que les leudes refusaientde rendre les bénéfices qu'ils avaient une fois reçus et les transmettaientà leurs. héritiers. Charlemagne répliquaqu'il ne fallaitpas laisserainsiusurper lesdomaines royaux, mais les reprendre aux usurpateurs; toutefois, en souverainprudent et en bon père de famille,il ne voulutpas compromettrela popularité de son fils et se chargea lui» même d'une tâche dangereusepour tout autre des agents


RUINE DÉFINITIVEDB L'EMPIRE CARLOVINGIBN.17?

envoyésen son nomfirentsortir les bénéficieradesdomaines qu'ils détenaientIllégalement.Toute l'explicationde la révolutionde cette époque est là. Les obstaclesque Charlemagnepouvaitbriser étaientinsurmontablespour sesfaibles successeurs.Sonseux, l'héréditédes bénéficesacquitla force d'une coutume. H en fut de mêmede l'héréditédes officeset des titres de duc,comte,etc., auxquelsétait attachél'exerciced'une autorité déléguéepar la couronneet d'autant plus étendueque les rois,Charlemagnetout le premier, avaientpenséfortifier leur propre pouvoiren donnantà leurs agents des pouvoirs plus larges.Mais,pour les offices,commepour les bénéfices, Charlemagneavaitl'œil ouvertsur les empiétements,sur les allurestrop libresde sescomtes on le voit à chaqueinstant, dans les Capitulaires, arrêter leurs tentatives artificieuses pour conserverleurs dignités,gourmanderleur négligence et les empêcherd'oublierjamaisque le maître, c'estlui. Pour les mieux tenir, il évitaitde les rendre trop puissantset ne confiaitjamais qu'un comtéau même individu.Ses successeurs se départirentde cette sage et vigilanteconduite. Les abus passèrentdansla coutume,puis dans la loi, suivantla marcheordinairedes choses,et, dans le fameuxGapitukire de Kiersy-sur-Oise (877),que Charlesle Chauveaccordapour décidersesfidèlesà le suivraau delà des monts,il reconnut implicitement,au moinscommeun usage établi, que le fils du bénéficierdevaitrecueillirle bénéfice,et le 1ilsdu comte le comté,lorsquele père venaità mourir. Les grands avaientdes auxiliairespuissants dansles évoques,qui, partant du droit d'intervenirdans la conduitede touthommecoupablede péché,pour le redresserou pour le punir, arrivaientlogiquementau droitde déposerles rois et de disposerdes couronnes. En 858, les grands et les évêques,ayant à leur tête Wénilon, archevêquede Sens,aprèsavoirsomméCharlesde respecterles Capitulairessouscritsen leur faveur, résolurentde le déposeret appelèrent à sa place Louis le Germanique. Charless'onfuit ot uemandaan papasa protection.Quoique tempsaprès, à la vérité, un mouvementen sa faveurlai per~ ]? HISX. DOMOYEN AO&.

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eHAMÏiftBXÎ.

mit de rentrer dans ses États, et il se plaignit k l'assemblée publiquede l'audacede Wénilonet des évêques; mais voici en quelstermes a D'aprèssa propre élection,dit-il, et celle des autres évêqueset fidèlesdu royaume,Wénilonm'a consacré roi, selon la tradition ecclésiastique.Après cela je ne pouvaisêtrerenversédu trône par personne, du moinssans avoirété entendupar les évêquesqui m'ont consacréroi, et qui sont les trônes de la Divinité.Danstous les temps,j'ai été prompt à me soumettreà leurs correctionspaternelles, et je le suisencoreà présent.» Hincmar,ce grand évèquede Reims, défenseurde la royauté,et qui fut mêlé à toutesles principalesaffairesdu temps, écrivaitque « les rois.ne sont soumisau jugement de personne, s'ils se gouvernentselon la volontéde Dieu; mais que s'ils sont adultères,homicides, ravisseurs,ils doiventêtre jugés par les évêques.Il était bon, en effet,que les rois eussentà supporterun contrôleet à rendre comptedevant une puissancemorale ici-bas; mais cetteresponsabilitédu pouvoirroyaldevenaitde l'asservissement. L institutionmonarchiqueétait ruinée jusqu'aux fondements. Erftnis le Kègue

ail et Carloman (8*9), lonls Charles le Cts-oa (964).

(690),

C'est dans ce déplorableétat que Charlesle Chauvelaissa le royaumede France à sonfilsLouisII, dit le Bègue(877). Son règne et celuide ses deux successeurs,ses fils,LouisIII et Carloman(877),sont vides de faits.Ceux-cimontrèrent, il est vrai, quelqueactivitécontreles Northmans,qu'ils vainquirent plusieurs fois, notammentà Saucourt en Vimeu; mais ces vainqueursne trouvèrentd'autre moyen d'arrêter Hastingsque de lui céderle comtéde Chartres(883),et ils ne purent empêcherBoson,qui avaitpris le titre de roi d'Arles et de Provence,de se Mre couronnerdans une assemblée d'évêques d'ailleurs, leur règne fut court l'un mourut en 892, l'autre en 884. Ils ne laissaientpas d'enfants; la couronnefut offerteà Charlesle Gros, le dernier survivaatdes fils de Louis le


RUINE DÉFINITIVE DE JU'BMPIRB CARLOVIKOIEN

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Germanique,et qui parla mort deses frères (882)avaitréuni toute l'Allemagneet l'Italie, avec le titre d'empereur. La France y ayant été jointe (884), l'empire de Charlemagne, moins le royaume de Provence, fut reconstituéun instant pour la dernièrefois.Mais le maîtrede ce vasteempireae se trouvamêmepas en état de repousserles Northmansqui assiégeaientParis cettevillefutdéfenduepar le filsde Robert le Fort, Eudes, comtede Paris, et par l'évoquaGozlin.Pour Charles le Gros, il ne sut que payer aux Northmansune sommede 700livresd'argent,à conditionqu'ilsiraient ravager une autre partie de ses Etats, la vallée de' l'Yonne,au tiendes bordsde la Seine. Indignésde tant de lâcheté, les grands le déposèrenth la diètede Tribur (887). Septroyaumesse formèrentdu démembrementdéfinitifet désormaisincontestéde l'empire Italie, Germanie, Lorraine, France,Navarre, Bourgognecisjuraneon Provence, et Bourgognetransjurane; on en comptemêmeneuf, si l'on ajoute ceuxde Bretagneet d'Aquitaine,qui existaientde fait, sinonde droit. La couronneimpérialetombaen Italie, oùde petits souverainsse la disputèrent; personne ailloursne s'en souciaitplus, car nul pouvoirréel n'y étaitattaché. Des souverainsnationauxfurent partout élus Arnulfen Germanie, Eudes, duc de France, en France.De ce momentdatel'exis» tencedistincte de chaque nation.L'isolementcommenceet une époquetoutenouvelles'ouvrepour l'Europe.


CHAPITREXII.

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CHAPITRE XÏI.

LA THOISIÈMEINVASION,AUX WEUVîÈME ET DIXIÈMESIÈCLES. en France.-LesNorthmans-Danois Us Northmans en Angleterre.– LesNorthmans danslesrégionspolaires etenRussie. LesSarrasins. -Les Hongrois.– entrel'invasion duneuvième siècleet Différence lesprécédentes. &es

Horthmans

en

Branee.

On a déjà rencontrésouventdans les récits qui précèdent lesnoms des ,Northmanset des Sarrasins; il faut revenir un momenten arrière pour saisir dans son ensemblerinvasion nouvellequi assaillitle secondempire d'Occidentet aida tant à le précipiter, commel'invasiongermaniqueavait,quatre sièclesplus tôt, assailli et ruiné l'empireromaind'Ocoident; comme la seconde, l'invasion arabe avait, au septième siècle,dépouillél'empire d'Orientde la moitié de ses provinces. Lé mouvementpartit de trois points du nord, du sudet de l'est, et se prolongeaà l'ouest, de manière à envelopper l'empire entier.Les Northmansparurentles premiers. Depuisque Charlemagneavait pacifiél'Allemagne,l'invasion qui, durant tant de siècles,s'était portée vers le Rhin, avait été forcéede changersoncours..Aulieu de se fairepar terre, elle se fit par mer et prit le caractère de la piraterie. Accumulésdansla péninsuleoimbriqu.e,les hommesdu Nord, Northmans,en sortirent sur leurs barques et se lancèrent par petitesflottessur la route descygnes,commedisent les vieillespoésiesnationales. « Tantôt ils côtoyaient


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la terre, et guettaient leurs ennemis dans les détroits, les haies et les petitsmouillages,ce qui leur fit donnerle nom de Vikingsou enfantsdesanses: tantôt;ils se lançaientà leur poursuiteà traversl'Océan.Les violentsorages des mers du Nord dispersaientet brisaient leurs frôles navires,tous no rejoignaientpoint le vaisseaudu chef, au signdidu ralliement maisceuxqui survivaientà leurs compagnonsnaufragés n'en avaientni moinsde confianceni plus de souci; ils se riaient des ventset des flots,qui n'avaientpu leur nuire « La forcede la tempête, chantaient-ils,aida' le < bras de nos rameurs,l'ouragan est à notre service, il nous jette où nousvoulionsaller. » (AugustinThierry.) Gesontceshommesqui dèsle septièmesiècleavaientcon= qnis une partie de l'Irlande, et sousle nom de Danoiset de Norvégiens,avaient, à diversesreprises, dominéou ravagé l'Angleterre.Charlemagneles avait vus apparattre sur les côtes de son empire. Devenusplus audacieuxaprès lui, ils faisaientvoltigerleurs légersnavirestout autourdes rivages de la France, entraientdansles embouchuresdes fleuves,en remontaientfort loin le cours,s'y établissaientpar bandes de 500ou de 600, et, de ces stationsnavales, se répandaient dansle pays voisin,pillantvilleset campagnes,dont ils emportaientensuiteles richessessur l'Océan.Ils occupèrentainsi lei/ îlesde Walcheren,à l'embouchurede l'Escaut; de Betau, entre le Rhin,le Wahalet le Leck; d'Ossel, près de Rouen; de Her on Noirmoutier,en face des bouchesde la Loire. En 840,ils brûlent Rouen; en 843,ils pillent Nantes, Sainteset Bordeaux,d'où leur chef, le redoutableHastings, va, en tournantl'Espagnedontil ravageles côtes, on remon» tant les fleuvesdont il désole les rives, attaquer l'Italie et pillerLuna, qu'il prend pourRome. En 845, ils pillent l'abbaye de Saint-Germaindes Prés, aux portes du Paris d'alors. Les années suivantes,ils saccagentde nouveau,et, h plusieursreprises, Saintes et Bordeaux; en 851, ils remontent le Rhin et la Meuseet en dévastentles bords; en 853, ils prennentTours, où ils brûlent l'abbayode Saint-Martin et trois ans après ils sont à Orléans.En 837, ils brûlent lea églisesde Paris, et emmènentcaptifl'abbé de SainKOems.


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CHAPITRE XII.

BientôtMeauxet la Brie sont ravagés.En 864, on les voità Toulouse.Ils s'attaquaient généralementaux égliseset aux abbayes,où toutse réfugiait,et oùl'on cachait!es richestré. sors d'ailleurs, commeidolâtres,ils croyaient.faireacte de piété. Au milieu de l'inertie générale, un hommecombattit vaillammentces ravageurs c'était Robert le Fort, à qui Charlesle Chauveavait donné (861)le pays entre Seine et Loire, sousle nomde duché de France. Ce Robert, ancêtre des Capétiens,vainquitplusieursfoisles envahisseurset périt en lescombattantà Brissarthe,près du Mans(866).Il ne resta plus a Charlesd'autre ressourceque d'acheterla retraitedes Northmans.Ils acceptaientvolontiersson or et s'en allaient ravagerquelqueprovincevoisine,tandisqu'une autre bande venait prendre Jeur place dans celle qu'ils quittaient. Ces dévastationscontinuèrentjusqu'enl'année 911 sousle règne de Charlesle Simple. Elias cessèrentalors, mais par la victoireet l'établissementdes envahisseurs.,dé la même manièrequ'avaientautrefois cessécellesdes Burgondes,des Goths et des Francs.Les Northmansse lassèrentde ravager toujours,et d'ailleursils avaienttant détruit, qu'il ne leur restait plus rien à prendre. A force de revenir dans les mêmeslieux, ils finissaientpar y séjourner. Enfin,leur présence, commeennemis,était devenuesi désastreuse,que les grands conseillèrentà Charlesde leur abandonnerune portion de territoire, qu'ils auraientintérêt à cultiverdès qu'ils n'y verraientplus une terre étrangère, mais leur propre domaine. Charlesifiten effetporter des propositionsde ce genre à Roll ou Rollon, un de leurs plus terribles chefs. On lui offraitle pays entrel'Andelleet l'Océan, avecla main de la filledu roi, à conditionqu'il s'y fixeraitavecle titre de duc, rendrait hommage&Charleset se ferait chrétien.Rollonacconsacral'établiscepta,et le traité deSaint-Clair-sur-Epte. sèmentdes Northmansdans la contréequi a pris leur nom (911). L'année suivante,Rollonreçut le baptême, et dès ce momentla Neustrie,repeupléenon-seulementpar lesNorth. Mans,peu nombreux,sans doute,mais encorepar une foule d'aventuriersqui vinrent s'associerà cet établissementnou» veau, fut pousséepar ses duosdansune voiedo prospéritéet


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de puissance.li est difficilede croire que les Northmans aient traitéavec une grande douceur les vaincus,lorsqu'on voit dans un chroniqueur qu'ils partagèrent la terre au cordeau; maisil estcertain que le servagedisparut de bonne heure du sol de la Normandie,que le sort des cultivateursy devintassezheureux, que l'agricultureprospéra,que le régime féodals'y constituaavec plus de régularité que partout ailleurs, et que par un singulierprivilége,ce sont ces ducs normandsqui, les premiers, parlèrent la meilleure langue française. j moi)BM'a&NNMtB-BMMOta eDA1it~lIete&'f1'0. Les Northmansravirent à la France et aux Pays-Basleur sécurité avecune partie de leurs richesses,mais à l'Angleterre ils prirent de plus son indépendance. Nous n'avons jusqu'à présent parlé de ce pays que pour marquercommentil souffritde la premièreinvasion,celledu cinquième siècle, parce que l'Angleterre, qui bientôt se mêlera si souventaux affairesdu continent,était restée dans l'isolementdont sa positioninsulairelui fit longtempsune loi. Depuisque le lien de la dominationromaine avait été rompu,jusqu'au momentoù Guillaumele Conquérantrattacha l'ile de Bretagne à une dominationcontinentale,elle n'eut avecle reste de l'Europe que des relationstrès-rares. Son histoireintérieure est même videde faits intéressants. Nousmentionneronsseulementla conversionau christianisme d'Êtelbert, roi de Kent (596-616),exemplequi fut suivi peu à peu dansles autresÉtats de l'heptarchiesaxonne. En 827, après une existencefort agitée, ces États furent réunissous un seul' souverain,le roi de Wessex,Egbert le Grand,qui avait servitroisans dans les armées de Charlemagneet avaitappris a régnerh l'écolede ce grand maître. Mais déjà l'Angleterre était assaillie, commela France et unepartie de l'Allemagne,par cedernier ban d'envahisseurs qui sortit alors des deuxpdniasulesGimbriqueH, les pirates northmanson danoisut Scandinaves. Trois jours suffisaientà ces hardisroindo met' pour traverser, sur leurs barquoa à


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CHAPITREXII.

dans voiles,la mer du Nord, et pour arriversur les côtesde la grande Ilequi faisaitfacea leur proprepays. Egbert les repoussa pendant tout son règne. Mais, sons ses successeurs(836-871),les Danoisrenouvelantsans cesse leurs doscentesaccompagnéesde ravagessanglants,réussi" rent à s'établir dans le nord de l'heptarchieet occupèrent successivement le Northumberland,l'Estanglie,la Merde. En 871,ils rencontrèrentun obstacleinattendu.Alfredle Grand montaalorssur le trône. Il réussit, pendantsept années, à éloigner de ses États, qui ne comprenaientplus que le sudet l'ouestde l'île, le terrible Gothrun,chefdesDanois. Mais au bout de ce temps il ne trouvaplus dans ses sujets l'ardeur et le dévouementnécessairespour soutenircette lutte difficile.Ses connaissancesétendues,acquisespar l'étude et les voyages,lui inspiraientpour son peuple grossiei un dédain qu'il ne savaitpas cacher; sestendancesau despotisme, empruntées, commesur le continent, aux traditions romaines, blessaient l'esprit d'indépendancede la race saxonne.Cette race, il fautle dire aussi,parait s'être amolil est arrivé à presque tous les peuplesqui ont lie, comme fait la première invasion dans l'empire romain.Le clergé lui-mêmeabandonnaAlfredpournepas partagersonimpopularité. Après un vainappel aux armes, il s'enfuitau fonddu Somersetshireet demandaasile, sansse faire connaître,à un pauvre bûcheron.Il demeuralà plusieursmois un jour la femmedu bûcheron,mécontented'avoirune bouchede plus à nourrir, le jgrondarudement pour avoir laissé brûler le painqu'elle l'avait chargéde fairecuire. CependantAlfredsuivaitattentivementles affairesdu pays, les violencesde l'étranger, la haineèroissantedes Saxons,et il épiait une occasionfavorable.Il avait révéléle lieu de sa retraite à quelques-unsde ses anciens compagnons.Il leur donna rendez-vous,la septièmesemaine aprèsPâques, à la pierre d'Egberg, Tout près de là, à Éthandun, campaient Gothrunet sesDanois.Alfredpénétrasousl'habitd'un joueur de harpe dans le campdes ennemis,il étudialeur position, puis les attaqua et remportaune victoirecomplète.Gothrun consentità recevoirle baptêmeet à se retirer dansle nord;


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une limitefat tracéeentre le royaumedanois et le royaume anglo-saxon cettelimite suivaitla Waitling-Street,grande voie construitepar les Bretons et refaite par les Romains, qui allait de Douvresa Chester. Alfredgouvernaavecune grande sagesse.La divisionadministrativede l'Angleterreen comtéset centuries,que l'onà vue aussisur le continent,existaitsansdouteavantlui et était un résultatdes coutumesgermaniques mais, commeon la lui a souvent attribuée, il est probable qu'il la détermina d'unemanière plus précise. Le comté(counly,sf(ire)se divisait en centuries ou cantons(hundreds),diviséseux-mêmes en dizaines (tilhings), communautésde 10 familles; les 10 chefs de familleétaientsolidairesdesdélitscommisdans leur circonscription.Tout hommedevaitêtre enregistrédans une dizaine.La communautéjugeait elle-même les procès survenus entre ses membres ceux des communautésentre elles étaient jugés par une réunionde 12 francs tenanciers (free holders)élus par le canton, qui est l'originedu jury anglais et une institution de liberté qu'Alfred s'attacha à maintenir a LesAnglais, disait-il,doiventêtre librescomme leur pensée. » Au-dessusde l'assembléedu cantonétait celle du comté, qui siégeait deux fois l'an, et était présidéepar l'ealderman on comte,assistéde l'évêque.Un shérif, nommé par le roi, y défendaitles intérêtsde la couronneet percevait les amendes.Cette organisationhiérarchiquese terminaitau sommet par l'assembléegénérale,witlenagemot(assemblée des sages), à laquellevenaient d'abordtous les hommeslibres, et plus tard, quand ils s'en lassèrent, seulementles thanesles plus considérables;enfin, au-dessusde tout, le roi, en partie héréditaire et en partie électif,à peuprès comme chezles Francs, et dontle pouvoirétaittempérépar le wittenagemot. Alfred ayant rétabli l'ordre par la vigueur rendue à ces institutions, se montra sévèrejusticier. ll réunit en un seul codeles ordonnancesdes rois Éthelbert, Ina et Offa,et imposades'peinestrès-sévèresauxmagistratsprévaricateurs.On put alors, disent les chroniques,suspendreun braceletd'or sur la route sans que personne osât y toucher. Il s'occupa


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CHAPITREXII.

beaucoupaussi de la défensedu pays, bâtit denombieuses forteresses,construisitdesvaisseauxplus longs et plus élevés ds bord que ceux des Danois,et réussit à éloignerle redoutable Hastingsen lui faisantpromettre de ne plus revenir. Enfin il cherchaà répandre l'instructionparmi son peuple, et fonda des écoles,entre autres celled'Oxford.Lai-même traduisit en saxon l'Histoireecclésiastiquede Bëde le Vénéra Me,YEpitomede Paul Orose,le Traitéde la consolationd» Boèce, et corrigeaune traductiondes Dialoguesde Grégoire le Grand.Il mouruten 901; sonnomest presque aussicélèbre chez les Anglais que celui de Charlemagnechez les Francs. Cetterestaurationdela monarchieanglo-saxonnese poursuivitsous les successeursd'Alfred. Edouard l'Ancien, son fils (901-924)conquitla Mercieet l'Eslanglie,couvritle pays de forteresses, favorisales bourgeoisdesvilles enfinfonda l'écolede Cambridge. Athelstan (924-941)défit k Hrunanburgb, au jour du grand combat,une coalitionformidablede Danois,de Gallois, d'Écossaiset d'habitantsdesîles Orkney,armésde leur terrible claymore(937).Cettevictoire ramenasousun seul sceptre toute l'ancienne heptarchie. La renommée d'Athelstan alla au loin ses sœurs, Ogiveet Édithe, épousèrentles rois de France et de Germanie,et Louis d'Outremer,son neveu, trouva un asile à sa cour. On croit qu'il fut le premier à oorter le titre deroi d'Angleterre. Mais, apiès lui, cette prospérité déclina.Des discordes, des crimesdansla familleroyalel'accélérèrent.Onremarque, dans cette période, l'influencedes évêques, surtoutde leur chefsaint Dunstan, et les tentativesdes gouverneursde provincepour s'affranchirde l'autorité royale.Alorsles Danois revinrentà l'assautde l'Angleterreaffaiblie.ÉthelredII crut les renvoyeren leur payant par le conseildes évêques10000 livresd'argent c'étaitle meilleurmoyende les attirer. Olaf, roi de Norvége,et SveinouSuénon,roi de Danemark,ne cessèrent pas leurs attaquesjusqu'àla findusiècle.Uneseconde* une troisièmerançonne réussirentpas à les éloigner; Ëthelred trama alors contreeux un vastecomplot tousceuxqui


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s'étaientétablises Angleterrefurent massacrésle jour de la Saint.Brice(1002).Les saxonsvengèrentavec fureur leurs défaites,les femmessaxonnesleur déshonneur.Ce n'était là qu'une délivrancepassagère Suénonrefit invasionsur invasion, et enfin, en 1013, prit le titre de roi d'Angleterre. Êthelreds'enfuitauprèsdu duc de Normandie, dontil avait épousé la fille Emma.En vain son fils EdmondII, Côtede Fer, lutta avecun admirablehéroïsmecontreKanut, filset successeurde Suénon, et l'obligeaà partager aveclui l'Angleterre, commeavaitfait autrefoisAlfred Edmondmourut en 1017, et Kanut le Grandétablitsur tout le paysla dominationdanoise. Les débuts de ce règne furent cruels.Kanut mit h se débarrasserdes obstaclesune férocitétoutebarbare. Maislorsqu'il fat bien établi, il s'adoucit et se montra grand roi. Il devint le représentantet le chef de l'invasion scandinave, commeCharlemagneavaitété celuidel'invasion.germanique. En épousantEmmala veuved'Éthelred,il préparal'uniondes vainqueurset des vaincus.Il eut mêmele loisird'étendre sa dominationsur la Suède et la Norvège, sa suprématiesur l'Écosse.Il fit desageslois,ouremiten vigueurcellesd'Alfred le Grand; veillaà ce que les Danoisn'opprimassent.pas les Anglais; envoya.en Scandinaviedes missionairessaxons, chargésd'y hâterla chutedu paganismeexpirantet d'adoucir lesmœursde populationsencoresauvages.Enfinil s'efforçait de so réformerlui-même.Ayanttué un soldatdans un accès de colère,il rassemblales hommesde sa thigmannalith,reconnut son crime et en demanda le châtiment.Tous gardaientle silence.Il promitalors l'impunitéà qui feraitconnattre son sentiment.,Sesgardes remirent la décisionà sa propresagesse.Il se condamnalui-même à payer 360 sous d'or, neuf fois la valeur de l'amende ordinaire. Un autre jour ses courtisansl'exaltaient comme le plus grand des monarques,lui dontla volontéétait une loi pour six nations puissantes,les Anglais,les Écossais,les Gallois,les Danois, les Suédoiset les Norvégiens il se trouvaità Southampton; il s'assit sur la plage. La mer montait, il lui commandade s'arrêter et de respecterle souverainde six royaumes le flux


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CHAPITRE XH.

montait toujours et l'obligea se retirer: « Vousvoyez,ditil aux flatteurs, la faiblessedes rois de la terre; il n'y a de fort que l'Être suprême qui gouverne les éléments.» Et 5 sonretour à Winchester,il ôta la couronnede dessussa tête, la plaça sur le grand crucifixde la cathédrale,et ne la porta plus depuis ce jour mêmedansles cérémoniespubliques. En 1027, il fit un pèlerinage à Rome et visita, danssa route, les églisesles plus célèbres.H était si prodiguedans ses dons que, suivant un chroniqueurallemand, tous ceux qui demeuraientsur les cheminsoù il passait s'écriaientaveo raison n Quela bénédictiondu Seigneursoit sur Kanut,roi des Anglais1 « Laréputationd'opulence,que méritesi bien l'Angleterre, date de loin; car la Knythlingasaga, parlant des pays où Ranut puisait ses richesses, indique l'île de la Bretagne commela plus riche de touteslescontréesdu nord. Aprèsun assezlongséjourdansla villesainte, où il se trouva en mêmetempsque l'empereur ConradII, lemonarqueScandinavese rendit directementen Danemark,d'où il écrività ses sujetsd'Angleterreune lettre dans laquelleilleur rendait comptede son voyage,et qu'il terminaitpar une recommandationde payer bien exactement,chaqueannée, le denier de Saint-Pierre. C'étaitun impôtd'un denier qu'il avaitétabli sur chaquefeu en Angleterre, au profitdu saint-siége.Kanutterminale 12novembre1 036,à Shaftesbury,son glorieux règne. H.es

Hortbmatts

dama les réglons

polaires

et en Knssle.

Nous venonsde voirles Northmansprendre pied enFrance et en Angleterre il fautles suivredansdes expéditionsmoins connues,mais plus extraordinaires,et les voir, d'une part, découvrir l'Amérique, de l'autre fonder ce qui deviendra l'empire de Russie. Le roi anglo-saxonAlfredle Grand nous a conservéles itinérairesde deuxaventuriersnormands,l'un, Wulfstan, qui pénétra versle fonddela Baltique,ce qui étaitalorsun grand voyage;l'autre, Othor, qui doublale cap Nord et arriva en Biarmie, c'est-à-dire dans les régions situées sur la mer


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Blancheet versl'embouchurede la Dwina. On voit que la longueurdu cheminni mêmeles dangers des mers polaires n'arrêtaientpas ces hardis marins.Il n'y a donc point à s'étonnerqu'ils fussentarrivés, en 861, auxlies Feroé, vers870 dansl'Islande,qui leur dut trois ou quatre sièclesde prospérité et que de là les courants,la tempêteou l'esprit d'aventure leur ait fait trouver, en 985, à 270 kilomètresdans l'Ouest, la Terre-Verte ou le Groenland.C'est en longeant ces rivagesqu'ils découvrirentle Labrador,puis une terre où la vignepoussaitet qu'ils appelèrentVinland ils étaienten Amérique.Versle même tempsils trouvèrentles Shetland, que les Romainsne connaissaientpas ils occupèrentles Orcades, qu'Agricoleavaitseulemententrevues, et fondèrentà la pointeseptentrionaledelÉcosse le royaume de Caithness qu'ils gardèrentjusqu'à la fin du douzièmesiècle, un autre dansLesHébrideset la presqu'ile de Kantyrequi leur resta jusqu'en 1266. Ils se répandirent à l'est commeà l'ouest, en moindre nombre,parce que cette. région,que la civilisationromaine n'avaitpoint visitée,était plus pauvre. Ils fondèrentau neuvièmesiècle,dans l'Ile d'Usedom,un État qui devintricheet puissant.Dans le milieudu siècleprécédentquelquesaventuriers northmans que les écrivainsrusses appellentWarègues, du mot warg qui signifiebanni, avaientpénétré au milieu des Slavesdes environsdu lac d'Ilmen, sur les bords duquel s'élevaitla grande ville de Novgorod.Chassésd'abord, ils furent rappelés ensuite. En 862, trois frèresnommés Rurik, Sinéuset Trouwor,accourusavecde nombreux et vaillants compagnons,furent reconnuscommechefs de guerre par trois cités puissantes. Rurik, qui hérita de ses frères, est regardécomme le fondateurde l'empire russe', dontla capitalefut d'abordNovgorodet plus tard Kiew. Ainsiles Scandinavesétaientsortis,commeles Arabes,par Undistrict deSuèdes'appelait etlesAnnales desaintBertîn Roslagen racontent des L ouis le lesrenvoyer Russes vinrent Débonnaire de que prier dansla Suède, leurpatrie. D'autres tirentcenomde RôsonRoxolans, du Kuriseb-Haff Rousna du motRogaeie appelé parlesPrussiens, qui amble Aufond rien de certain. signifier peuple dispersé.


U»0

CHAPITREiSSÎt

l'ouest et par l'est de leur stérile péninsule,et commeeux, s'étaient étendu sur une ligne immensedepuis l'Amérique jusqu'au Volga, étroite aussi et sans profondeur,si ce n'est en Russie, et en restant partout dans les régionsdu nord, commelas Arabesétaientrestésdans celledu sud. Quelques chefs nr-thmans descendirentcependantau midi. On a vu quo plusieurspillèrentl'Espagneet se risquèrentpar le détroit de Gibraltar dans la Méditerranée.Mais ici la place était prise par d'autresravageurs,lesSarrasins. ftcssarrasins. Las Sarrasins furent pour l'Italie ce que les Northmans étaient pour la France comme eux ils pillèrent longtemps les côtes, commeeux encore ils s'établirentà demeuresur certains points. Ils venaient d'Afrique, de Kairoan, queles Arabesavaient fondédans la provincede Tunis, et dontles Aglabitesavaientfaitla capitaled'un florissantroyaume.Sur cetteterre punique,ils avaienttrouvédes souvenirsde grandeur navale, et parmiles indigènes,des habitudesdeviemaritime dont ils avaient profité. Ils avaientarmé des navires, et, pour la troisièmefois, après Carthage et Genséric, de cettepointed'Afriqueétaientsortisdesdominateurs ïdela Méditerranée.D'abordpirates, ils désolèrentMalte, la Sicile, la Corseet la Sardaigne,et ne reculèrentqu'un momentdevant lesflottesde Charlemagne;lui mort, leurs coursesrecommencèrentet les corsairesse firent conquérants.En 831ils soumirent la Sicile, et de là passèrent sur la GrandeTerre, commeils appelaientl'Italie. Grâce aux rivalitésdes chefs grecset lombards,ils prirent Brindbs,Bari, Tarenteet bâtirent une forteresseauxbouchesdu Garigliano.Ils brûlèrent les faubourgsde Rome et la richeabOstie, Givitta-Vecchia, bayedu Mont-Cassin,mirent maintesfois en péril Naples, Salerne,Galteet Amalfi,qui finitpar traiter aveceux, et me. nacèrentjusqu'à Venise. Malte, la Sardaigne,la Corseet les Baléaresleur appartenaient.Toute la Méditerranéeoccidentale fut leur domaineet cette domination,renouveléeau soi.


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zièmesièclepar KayreddiaBarberousse,a doré jusqu'à nos jours. Ils ne craignirentmêmepointde s'aventurer au milieudes nationschrétiennes.Ils abordèrentaux côtesde Provence Arleset Marseillefurent pillées,et, en 889,ils établirentune coloniemilitaireà Fraxinet, près de Saint-Tropez,en Provence,d'où, par des postes, ils commandaientles passages des Alpes,ce qui leur aseura, pendanttoutle dixièmesiècle, la sécuritédupillagede l'Italie et dela France.Telle était la terreur inspiréepar ces mécréants,qu'un seul,dit Luitprand, faisaitfuir millepersonnes, et que deuxen faisaientfuir dix mille. De là ils pénétrèrentdans le Dauphiné, le Valais et la Suisse,oùils se rencontrèrentavecles autres envahisseurs venusdo l'est, les Hongrois. BrCS Hongrois. Du côtépar oùvinrentles Hongrois,l'invasionn'avaitguère cessé depuis Attila. Les flots d'hommes s'y étaient pressés commese poussentet se succèdentincessammentles vagues v d'unemer fouettéeparla tempête. Après les Huns d'Attila, dont beaucouprestèrentsur les bords du Danube,aux environsdeslieuxoù leur chefavait surtoutvécu,vinrentles Slaves,« ceux qui ont la parole', » et qui,par ladestructionde l'empiredes Goths,puispar celle delà monarchied'Attila, avaientrecouvrél'indépendance;les Bulgares,a lesMauditsde Dieu, a qui avaientdonnéleur nom an fleuveAthel, le Volga les Avars,autre horde hunnique, qui furent la terreur de Constantinopledurant deux siècles, et tombèrentsousl'épëe de Charlemagne enfinles Khazares, mélangede Hunset de Turcs, et dontle kha-kanrésidadans la Crimée.Parmiles sujets des Khazarosse trouvait,au neuvièmesiècle,un peuple Hun aussiparla race, que les Latins et les Grecsont appelé Hungares et Hongrois,parcequ'ils voyaienten luiun mélangedetribushunniqueset ougriennes, 4. Sttmsignifie la mflmolanguo, proie;lesSlavesoonteeua quiparlent comme estlemuet,celuiquineparlepast'idiomo f/lameie, nal'étranger, tional


XDt. CHAPITRE et qui, après avoirlongtempshabité de l'Oural au Volga,s'était, aucommencementdu neuvièmesiècle,avancéentre le flot d'hommes,les Don et le Dnieper. En 888, un nouveau* Petschenègues,se rua sur les serviteurset les maîtres.Les Hongroisrefouléssur le Danube et la Transylvanie,allaient y périr avecleur chef Arpad, quand un débris de la nation Khazare;la tribu des Mogersou Magyars,vint les rejoindre, releverteur force, leur courage, et mériter par les services qu'elle rendit, que sonnom devintceluide la nationentière. Ceuxque nousnommonsencoreles Hongroiss'appellenteux* mêmesles Magyars. Le roi de Germanie,Arnulf,leur offraitde l'or pour attaquer ses ennemis les Slaves moraves,qui dominaientdes montsde Bohêmeà ceux de Transylvanie.Les Hongroisles battirent, mais prirent la plus grande partie du pays où ils trouvèrentun vieuxfond de populationhunnique et avare qu'ils s'assimilèrentaisément. Commele vent, au désert, amasseen un instantle sable en montagnes,la victoire,au milieu des populationsmal assisessur le sol, rallie au vainqueursde nombreusestribus, et leur donneune forceirrésistible. Les Hongrois, à peine descendusdes Carpathes, et commeemportéspar l'élan, soumirenten quelquesannéesles plainesdela Theisset de la Pannonie. En 899,ils étaientdéjàà aux portesdel'Italie et ravageaientla Carinthieet le Frioul; en l'an 900ils pénétraientdansla Bavière,et le nouveauroi de'Germanieleurpaya tribut.Leurscoursess'étendirentgrâce à la facilité du butin. Leurs hardis cavaliers se lancèrent des deuxdotésdes Alpesdansles grandesplaines de la Lom> bardieet dansla vallée du Danube.Ils franchirentmêmele Rhin, et les provinces,comme l'Alsace, la Lorraine et la Bourgogne,qui jusqu'alorsne tournaient les yeuxavecterreur que du côté du nord et de l'ouest, par où venaientles Norhtmans, apprirent par une cruelle expérienceque l'est avait encoredes barbares à vomirsur l'occident.Tel fut l'effroi que les Hongroisy répandirent,que leur nom y restaet devintpopulaireen France pourexprimerla plus abominable férocité.Les Ougresou Ogres ont longtempsété l'épouvante des populationsa 192


m ré* Las coursesdévastatricesdes Magyarseurent le. môme soltat que cellesdes Nojthmans.En: Italie, les villes;' poui' leur résister, s'entourèrent de murailles, comme lea cara=< pagnesen France s'étaient hérisséesde châteaux,et réorganisèrent leurs milices,ce qui lour permit de.reprendre leur indépendancemunicipale.En Allemagne,on. érigescontre euxles forteressesdontles possesseursdéfendirentd'abordle pays,et ensuite se l'approprièrent.Les deux plus grandes puissancesallemandes,l'Antriche et la Prusse, sont deux margraviatsorganisésmilitairementpourcouvrirl'Allemagne contreles envahisseursde l'est.. LA TROISIEME INVASION.

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otèeïe

et les précédentes

Si maintenant nous comparonsl'invasiondu neuvième siècleaveccellesqui l'ont précédée,noustrouveronscettedif-. férence,qne sans le doublechocdes barbares du nord et de ceuxdu sud, l'empireromaineût encorepu vivre longtemps, il est vrai, d'une vie misérabe, maisdont rien ne rendait la fin nécessaire,ni mêmesouhaitable,tandisque le nouvelempire carlovingienrenfermaiten lui-mêmedescausesde dissolution que l'invasionaida, maisqui auraientsuffi,sanselle, à le détruire. Autre différenceencoreles Northmanset les Sarrasins agirentpar petites bandes; l'invasionne fut pas pour eux, commepourles barbaresdu neuvièmesiècle,undéplacement en corpsdé nations ni commepour les Arabesune conquête religieuse.Ils cherchaientdu butin bien plus que des terres, et il résulta de leurs coursesbeaucoupde pillages,de ruines localeset de souffrancespour les peuples,maisnon un bouleversementgénéralet la substitutiond'une sociéténouvelleà l'ancienne. Les Hongrois seuls firent dans le bassin de la Theissetdu Danubemoyen un établissementà la façonde ceuxdesFrancs, des Burgondeset des Gotha,mais ne cherchèrentpas à l'étendre plus loin, à demeurefixe.L'invasion du neuvièmesièclea donc pour principal caractèred'avoir favoriséla confusion,monde l'avoir fait aaîtee; d'avoirhâté M8T.DuBOtmAOB.


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«SHAPITRE XII.

la chute de,l'empira c&rlovingien, c'est-à-dire la rupture de l'unité' politique, sans avoirété seule à le précipiter, euun mot, elle fat une des forcesqui poussaientla sociétéde ce temps à revêtir la forme qu'elleprit l'anarchie féodale,û l'on met sousle premierdeces deuxmotsl'idéeque PétymoIbgielui donnesl'absenced'un pouvoirsuprême la féodalité, commeon va le voir,fut, en effet,,la prépondérancedespou» voira locauxsur l'autoritécentrale.


FRANCE ET ANGLETERRE.

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LA FÉODALITÉ, OU HISTOIRE AU DIXIÈME ET AU ONZIÈME SIÈCLE DES ROYAUMES SORTIS DE L'EMPIRE CARLOVINGIEN.

CHAPITRE XIII.

FRANCE ET ÂNGLËTEIUtE (888-1108); ABAISSEMENT DECAROYAUTÉ DEEAMOYAUTE GRANDEUR i>E FRANÇAISE, FKANÇAI8E,MAt8 BIAISGRA~BEUKbE LA NATION;

CONQUÊTE OE L'ANGLETERRE (1068).

Lutte d'un siScleentre les derniers Carlovingienset les pramlers. Capétiens. Avènement de Hugues Capet (987).– Faiblesse de I» royauté Robert capétienne; (996)jHenrU« (1031); Philippe I" (1060).– Activité de la nation française. –Chute en Angleterre de la dynastie danoise (1042) Edouard le Confesseur. Harald (1068). Invasionfrançaise en Angleterre. Bataille d'JSasttags.(IO66}.~Révoltas des Saxons avec l'aide des Gallois(1067)et des Norvégiens (1069).Camp de refuge (1072) uuilHws.™ Spoliation des vaincus. Résultats de cette conquête. a<m<te~'xm ~Il~ol®os~ds~o 1)~sdeputera <C<M)hMtmg!temf)e4t!:a~c'' enleva ®apè«>&emo. Avec l'unité politique des peuples de l'empire carloviugien disparm'i l'unité de lom' histoire» Le siècle qui unit çst en effet plein de désordres ce s'est plus la confusion, imposante en quelque sorte, des grandes mêlées de l'invasion ljmrbîtry, mm


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CHAPITRE XIII.

une confusiondans laquelle paraissent surtout en jeu des intérêtsindividuelset des ambitionslocales.Deuxquestions importantescependants'agitent au fond la famillecarlovingienne,opiniâtreàréclamor,non plus le trône impérial,mais le trône de France, en sera-t-elle décidément exclue? La royauté, en quelques mains qu'elle reste, sera-t-elle-main» tenue dans son impuissanceet méconnuedans ses droits? A la première, et môme,momentanément,à la secondequestion les événementsrépondront affirmativement.. Le nouveauroi de France, Eudes, voulut se faire reconnaître del'Aquitaine,qui naguère rejetait les Carlovingiens et qui maintenantaffectaitdedéfendroleur légitimité,parce qu'elle avait desseinde repousserla souveraitété du roi de France, quel qu'il fut. Tandis qu'il était dans le Midi,un fils posthumede Louis le Bègue, CharlesIII, dit le Simple, se fit proclamerroi dans une grande assembléetenue à Reims. Le roi de Germanie,Arnulf,qui se rattachaitindirectement aussià la raceearlovingienne,et en quisurvivaitencorel'ambition impériale, malgréla grande protestationde 86?, ae~ cneillitdansla diètede Wormsle prétendant,et, se déclarant son protecteur,ordonnaauxcomteset aux évoquesdes bords de la Meus»de le soutenir.Eudes l'emporta,et terminacette querelle en accordantplusieursdomainesà son compétiteur. Ce princeactifet brave fut malheureusementenlevé par une mort prématurée(898).Son frèreRoberthérita du duchéde France, et Charlesle Simplefut reconnuroi. Le fait le plus mémorable qui se rattacheau nomde ce prince fut la cessionde la Neustrieaux Northmans;il en a été questionplus haut. Sa vie et son règne se te binèrent tristement. Les seigneurs,jalouxdu peu qui lui restait, se liguèrentcontrelui. Robert, duo de France, se fitnommeret sacrerroi k Reims (022),et, lorsqu'il mourut l'année suivante,Raoul, ducde Bourgogne,prit sa.placesur le trône.AinsiFrance on Bourgogno,c'étaitbien le centre de l'ancienneGaule qui paraissaitdestiné retenirla royauté.Aussiles extrémités,la nord aussibien quo le midi, étaient hostiles&cob seigneursdu centre. hn due de Normandieet le comteda Vonutuidois


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appuyèrentCharlesle Simple; il est vrai qu'ils le trahirent quelque tempsaprès, et le malheureuxdescendantde Charlemagne mourut emprisonné dans le château de Péronne .(929).Raoul,reconnupar les plus puissantsseigneurs,régna jusqu'en 936. Sous lui les Hongrois pénétrèrenten France jusqu'à Toulouse. A sa mort, la couronneétait àla dispositionde Huguesle Grand, duc de France, mattre des plus riches abbayes du royaume,et tout-puissantau norddela Loire. Il aima mieux faire des rois que de se faire roi lui-même, et rappela d'Angleterreun fils de Charles le Simple, Lduis IV, dit d'Outremer(936). Mais il se lassa bientôt de son œuvre, et forma contre Lcuis IV une ligne dans laquelle il Et entrer le roi de Germanie OttonI™.Assiégé dans la ville de Laon, seule possessionqui lui restât, Louis fut obligéde s'enfuir dansl'Aquitaine, dont les seigneursréunirent une année pourle défendra l'interventiondu pape Etienne.III le fit rétablir. Bientôt après, tout change. La discorde ayant éclaté do nouveauentre Hugueset LouisIV, ce n'est plus contrele secondque le princeallemands'avança,c'est contrele premier, son ancienallié. Il ravagemêmele comtéde Paris, mais il est battu ensuite et se retire au delà du Rhin, suivi du descendantde Charlemagne,qui se justifiehumblementdans le conciled'Ingelheimdes accusationsportéescontre lai, et qui demandeà Ottonde juger lui-mêmeou d'ordonnerun com~ bat singulier pour déciderla question.Quoique le concile Meut donné raisonet eût excommuniéHuguesle Grand, Louisn'en terminapas moins sa vie en mendiant de tous côtés des secourssans réussir à recouvrerune ombre d'an» torité.. Cette dynastie carlovingiennen'était pourtant pas encore arrivée tout à faità son terme.Lothaire succédaà LouisIV, grâce à l'appui de Huguesle Grand, son oncle.Sonrègne no laissa pasd'avoirquolquovigueur les prétentionsdo J'Allo mandOtton à restaurer l'ompiro mllierontautour du roi de France les grands vassauxdo plusieurs paya dont toute la tactique visait alors&empochersoit en Franco,soit en (hv-


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CHAPITRE XHI.

manie, lo retour de l'ancienne puissanceimpériale, qui les eût obligésà reculerde toutle cheminqu'ils avaientfait dans la voie des usurpationsdepuis le temps de Charlemagne. Ainsi firentles seigneurslorrains ils appelèrent Lothaire pour l'opposer h Otton; lIngues le Grand n'était plus, mais son fils, Hugues Capot, était dévoué à Lothaire, qui avait acheté assez chèrementcette fidélitédela maison de France en lui donnantla Bourgogne,qu'elle garda, et l'Aquitaine, qu'elle ne put prendre. Lothaire pénétra jusqu'à Aix-la-Chapelleet faillit enlever l'empereur. Otton, à son tour, vint jusqu'à Paris en ravageantle pays, mais sa retraite fut désastreuseet presque toute son armée périt sur les bords de l'Aisne.C'était beaucouppour Lothaire d'avoir tenu tête à un aussi puissant monarque,et, contraint d'abandonner la haute Lorraine (980), il obtint du moins pour sonfrère Charlesle duchéde basseLorraineoude Bra» bant. Cettedernière lueur de puissanceque jeta la royautécarlovingienneétait due auxcirconstancesmomentanéesqu'on vient de voir et surtout à l'appuique la maisonde Francelui avait prêté. Celle-ciavait, eneffet, une puissanceféodale bien assise maisla royauté carlovingienne,après un siècle d'ébranlements, était véritablementdéracinée.L'arbre netenait plus à rien il suffisaitde le pousserpour le renverser, ce qui ne tarda pas. Lothaire le sentit si bien à sonlit de mort,qu'il suppliaHuguesCapetde protégersonfilsLouisV, et de permettrequ'il fût roi. Huguesle promitet tint parole. LouisV régna,jmaisseulementun an, car il mouruten 987, et sanslaisser d'enfants. Avènementde Kngnes capet (OS*). Ceque les mairesdu palais avaientété.auprèsdesderniers rois mérovingiens,les ducsde Francel'étaientdepuisun siècle auprèsdes derniers Carlovingiens;avec des différences, pourtant moinsd'éclat,moinsd'autorité,un commandement moins étendu,mais en revancheune situationpeut-êtreplus indépendante,uae souverainetéterritorialeleur appartenant


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en propre.Les mairesétaientà Ja fois leudes,riches proprié= taireset ministresde la royauté aux deux premiers titres, ils étaientdespersonnagesconsidérableset influents;au der« nier seul ils devaientleur puissancepolitique; or, en droit, sinon en fait, ce titre avaiten lui quelquechosed'essentiellement subalterne. Les premiers Capétiens, au contraire, n'ont nulle chargede cour, et n'exercentle pouvoirque dans une circonscriptionbornée, mais l'exercentpar eux-mêmes. AvecPépin le.Bref,un hommes'élevaan-dessusde tous les hommesde sa nation; aveo HuguesCapet, un fief, o'est-à» direuneterre se gouvernantelle-même,s'éleva,en droit, audessus de tous les autres fiefs. C'est là la caractère de la révolutionde 987, si fortement marquéepar Montesquieu lorsqu'ildit La titre de roi fut uni au plus grand fief. » Mais aussi le nouveauroi ne régnaguère que sur sesterres, tandis que le maire du palais passé roi avait snecédé aux < prérogativesencoreréelles du prince sur tout l'État Aureste, certainesanalogiessontfrappantes.Cefut encore le pape qui donnale signal de la révolution,et par une pa« rôle toutesemblableà la fameuseréponsedu pape Zacharie « Lothaireest roi seulement de nom,disait Sylvestre II Huguesn'en porte pas le titre, mais il est roi et parle fait et par les œuvres. De la bouchedu souverainpontifetombait pour la secondefois l'arrêt d'unedynastie.L'hommequi possédait les abbayesde Saint-Denis,de Saint-Martinde Tours et de Saint-Germainsavait de quelle.efficacitéétait la sanc? tion religieusepour une révolutionpareille. Il l'obtint da il pape, il l'obtintdesévoques,il l'obtintdes saints. Comme taisaitbâtir un tombeausaint Valéry, ce bienheureux lui apparut et lui dit « Toi et tes descendantsvous aérez rois < jusqu'à la générationJa plus reculée. » Uneautre sanctionqui a une valeur suprêmepour donner de la duréeaux révolutions,c'estla nécessité,la forcemême deschoses. Hugues Capet l'eut pour lui. Quand l'empire «arlovingienexistait,seslimitesétaientlesPyrénéeset TEl.be; le milieude ce vasteespaceétait doncversle Rhin la, d'ailleurs, résidait le peuple qui avaitfondécet empire {là fat la capitaleet le centre du gouvernement,Aix-la-Chapelle.


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Aprèsque l'empire eut été divisé,ca lieu ne put être le centre ni dola Franconi de la Germanie; il était au contraire limitrophe entre elles. La France s'étendaitdes Pyrénées à la Meuse, ce fat vers le milieude cet espaceque es concentrala vie nationale; aussi a-t-on remarqué,une tendance à fixerla royautédanslesduchésdeFranceet de Bourgogne. Lessouvenirsde l'ancienneNeustrie,la résidencede Cloviset de plusieursMérovingiensàParis désignaientplus particulièrementle duché de France.Dans cette région,qu'étaient les maintenantque chaquegroupede peuplesétait Garlovingiens, revenuà ses instinctsparticuliers? desétrangers,des hommes du Rhin,parlantlalanguetudesqueet nonle roman desbords de la Seineet de la Loiredont Hugues Capet faisait usage. Voilàles caractèreset la légitimitéde son élévation. Le 1erjuillet 987, dans une assembléetenue à Senlis, où n'étaient guère représentésque les évoqueset les seigneurs du duché 4e France, il fut élu et proclamé roi. Quelques jours après, Adalbéron,archevêquede Reims, le sacra à Noyoa» dépendantJa race carlovlngiennen'était pas éteinte; le frère de Lothaire, Charles,duede basse Lorraine, se préaentapour faireannulerl'élection de HuguesCapet.Le nord et le midi,laFJandre, le Vermandois, l'Aquitainesoutenaient sa cause.Livré à HuguesCapetpar l'évoquede Laos, il fut enfermédans la tour d'Orléans;ses fils succédèrentà ses prétentions,maissans réussir à les fairevaloir.L'un mourut sans postérité,les deuxautresn'ont pas laisséde tracescertaines deleurs destinées.Hugues, ponr affermirsa maison sur le trôneet pour empêchercette successionalternativede mis earlovingienset de rois denouvellerace qu'on avait vue si fréquemmentdepuis887, fit reconnaîtreson fils Robert pourl'néritier de sa couronnedans uneassemblésdesgrands tenue à Orléans,usagequenos roisobservèrentconstamment jusqu'à Philippe Auguste. Quant au midi, Hugues Capetne put réussira 8'y faire reconnaître. Les Aquitainssignaient leurs actes « Dieu régnant, ea attendant.unroi. « II fit la guerreau comte de Poitiers*et à mcomte de Périgord à qui il demandait un


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jour Qui t'a fait comte î et qui lai répondit « Quit'a fait roi ? lia Bretagneconservaitaussi touteson indépendance. Maisles pays voisins du duché de France étaient moinsindociles c'est là que s'établissaitréellementl'ascendant do la royauté. Lecomted'Anjou,le dae de Normandie rendaienthommageà HuguesCapet. Ce roi sut d'ailleurss'assurer l'appui le plus solide et le plus considérablepar uneétroiteallianceavecl'Église, moins pourtant avecle chefde toute l'Église, commeles premiers Càrlovingieos(les relations n'avaient plus cette étendue), qu'avecle clergé-local,qu'il favorisade toutes manières, lui rendantla liberté de ses élections,et le comblantde donations.Sessuccesseurssuivirentla mêmevoie. faiblesse de la rayante capétienne }raottert {fmty;meurt m" (tOM)| Philippe a» («e«9).atb activité de la nation. A la mort de Hugues(996), son fils Robertmonta sur le trône sans difficulté.C'était un hommedoux, pieux, docile, occupéà composerdes hymnes,chantant au choeur,portant la chapeen mêmetempsquele sceptreet la couronne.Dnourrissaitplus de millepauvres par jour. U était dominé par sa femmeet par les prêtres. Pourtant il fut excommuniépour avoir voulugarder sa premièrefemme,Berthe, qui lui était parente,car l'Église défendaitles mariagesentre parentsjusqu'au septièmedegré. II se résigna et prit pour seconde femmeConstance,fijie du comtede Toulouse.Alors« osvit, ditlé chroniqueurRaoul Glaber, la France et la Bourgogne inondéesd'unenouvelleespècede gens les plus vains et les plus légers de tousles hommes. Leur façonde vivre, leur habillement, leurs armures, les harnais de leurs chevaux étaient égalementbizarres; vrais histrions dont le menton rasé, les hauts-de-chausses,lesbottines ridiculeset toutl'extérieur malcomposé.annonçaientle dérèglementdeleur âme hommessans foi, sans loi, sans pudeur, dont les contagieux exemplescorrompirentla nation française,autrefois si dégante,et la précipitèrentdans toutessortesdedébauchesetda


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méchancetés.» Gocurieuxpassagemontre quelleâpreté de haine, quelleantipathieprofondede caractères,de mœurs,de costumesmêmes, séparaientle nord du midi de la France. Le paisibleRobert, qui n'avaitnullo ambition,se vit pourtantoffrir unecouronne.Les Italiensvoulaientle reconnaitre commeroi pour l'opposerIl l'empereurConrad.Il recula devantles dangersde cetteentreprise et refusa. Cettepolitique était, après tout,la plus profitableà la dynastienouvelle les Carlovingienss'étaientperdus pouravoir voulutrop embrasser,et dominerde nom l'Europe occidentale,aulieu de s'attacherfortementà quelquecoinde terre et d'y jeter de profondesracines. Une acquisitionmoins brillante que cellede l'Italie,mais plus utile, fut cellede la Bourgogne,qui échut au roi Robert à la mortde son oncleHenri (1002).Il lui fallut pourtant douzeansd'une guerrefaite avecl'assistancedu duode Normandiepour en prendre possession,parce qu'an fils delà femmede son onclelui disputa•ca pays. Telle était la faiblessede la royauté. Lorsque Robertvoulut intervenir dansles affairesdu comtede Champagne,celui-cidit « Je mis, par la grâce de Dieu, comte héréditaire, voilà ma condition et quant à mon fief, il me vientpar la succession demes ancêtres,il ne regardedoncpas ton domaine.Ne me forcepas à faire pourla défensede mon honneurdes choses qui te déplairaient car Bien m'est témoin quej'aimerais mieuxmourir quede vivresanshonneur. » Il faut remarquercesmœursde l'époqueféodale.Le.milien du onzièmesiècle est le momentoù l'autorité souverainefut la plus méconnueet l'indépendancedes seigneurspousséele en maîtresleurs petits Etats; ils plus loin. Ils gouvernaient cherchaientà en acquérird'autraset faisaientdes entreprises au dehors pour leur propre compte. Tel est, en première ligne, à cette époque,le 'comtede Blois et de Champagne, Eudes, qui s'emparade quelquespoints du royaumed'Arles, réuni à l'empire,à la mort de RodolpheII (1033), et qui périt en essayant de conquérirla Lorraine dans l'espoir de restaurerl'ancienroyaumede Lothairel"; après, il comptait bienprendrela coumiiueroyaleque les Italienslui offraient» Tel est encore son rival, ce fameuxFoulquesNerra, comte.


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d'Anjou,qui, ayantvaincuGeoffroy,son fils révolté, lui fit faire plusieursmilles,une selle sur le dos et rampant sur la terre « Tu es vaincu,lui disait-ilen le frappant du pied, enfintu es vaincu. Oui, réponditGeoffroy,mais,par mon père; pour tout autre,je suis invincible.n Et cette réponse désarmaitle dur vieillard.Bientôt après, il partait à pied pour la terre sainte et mourait, au retour, de fatigueet de macérations.Traitscurieuxde la bizarre et sauvageénergie de cestemps. Un autre voisintrès entreprenant et très dangereuxétait le ducde Normandie Guillaume H?,le bâtard, montaen 1035sur le trôneducal après avoir battu les seigneurs qui prétendaient l'en écarter.: plus tard il conquit l'Angleterre,taudisque quelques-unsdoses vassauxsoumet» taient l'Italieméridionale. Aumilieude cesrudes et remuantsseigneurs, aussi puissantsque lui et plus belliqueux, le roi, qui, depuis 1031, était HenriI8*,semblaitcommeétouffé.II fut mêléà presque toutes leurs querelles, commeauxiliairede l'un ou de l'autre, et sans y être prépondérant maisil était le Roi et, à ce titre s'attachaientdes droit»que le temps fera valoir.Lefait le plus singulier du règne de Henri est son mariage.avec la fille de Jaroslaw, duc de Russie; il était allé si loin chercher une femme pour être sur de ne pas épouser, commeson père, une parente. PhilippeI", qui succédaà Henri son père (1060), n'eut pas un règne moinsobscur, quoique l'Europe, sortie à ce moment de son repos et de sa vie étroite, fût le théâtre des plus grands mouvements la premièrecroisadese fit, laquequelle du sacerdoceet de l'empireéclataentre GrégoireVII et l'empereur Henri IV, sans quePhilippe y prit aucune part. Son règne se passa en guerres mesquinesavec Guillaumele Conquérant,qui ravagea le Vexin français; avec Robertle Frison, qu'il voulait empêcherde prendrepossession de la Flandre; avecFoulquesle Réchin,qui lui avait cédéle Gâtinais,et dont, en récompense,il enlevala femme Bertrade.Excommuniépourcecrimepar le pape Urbain II. en présencedes peuplesaccouruspour la croisade au grand concilede Giermont(1095),il abandonnaBertrado.la reprit


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CHAPITRE XIII.

ensuite, 1abandonnaencore et la repnt de nouveau, avec une telle opiniâtretéde passionque l'Église finit par fermer les yeuxsur sa conduite. Avecses viceset sa nonchalance,avecses ventes debénéfice!» ecclésiastiqueset sesaltérationsde monnaies, exemple si souventimité par ses successeurs,Philippe 1« ne fit ni estimerni redouter la puissanceroyale.Aussi, au moment de sa mort (1108),"la royautécapétienneétait-elle à sonplus bas période. Maissi le roi s'endormaitindolentsur son trône, la nation était debout,active,passionnée,et sortait du pays par toutes les frontièresà la fois. L'esprit d'aventure,si cher aux anciensGaulois,semblase réveilleravecune forceaccrue par dixsièclesde reposforcé cinq centmille hommespassaient le Rhinet les Alpespour aller huit cents lieues de là délivrer un tombeau; des chevaliersnormands conquéraient des principautésen Italie; un prince de la maisoncapétienne de Bourgognefondaitau delà des Pyrénéesle royaume de Portugal; enfin 60000 Françaistranchissaientla Mancheet soumettaientl'Angleterre.Ce dernier événementtut de la plus grande consdquencepour l'avenir et les destinéesde notre pays. «tante

«a Angleterre de la «SynasMe danoise («M») le eonfeasea*'» HaraSd (iOSO).

édonard

L'empireScandinave(p. 188) s'écroula après Ranat le Grandcommel'empirefrancaprès Chariemagne(1030).Kanut avaitassignétrois royaumesà ohacun de ses trois fils: la Norvègeà Suénon,le Danemarkk Harald, qu'il avait eu d'une première épouse; l'Angleterrek Bard-JLanutque lui avaitdonnéEmma.Mais le dernier se trouvanton Danemark à la mort de sonpère, les Danoisd'Angleterreproclamèrent Harald.Il ae fut reconnuqu'au nord de la Tamise,le sudprit pour chefle filsd'Emma.C'était une questionde parti ou do race, le premierreprésentantlesDanois,le secondles Saxons. dont le La mort d'fiarald laissa tout le paysà H&rd=E.anut, règne servit à préparer le retour de la dynastie saxonne.


SOS FRANCEBT ANGLETERRE. Edouardm feConfesseur,filsd'Ethelredet (f Emma, monta sur le trônede ses pèresen 1042. Edouard était Saxonpar son père, Normandpar sa mère il préférait même les Normands, an milieu desquels l'exil avaitjeté sonenfanceet qui étaientplus cultivés.Il en attira doncun grand nombraà sa cour, leur distribua les principaux évêchéset accordaun grand crédit à Eustache, comte de Boulogne,sonbeau-frère. Les Saxonsfurent jaloux. Ils étaientreprésentésà la cour par un hommepuissant,le comte Godwin,Saxond'origine,qui, bien que rallié quelquetemps aux Danois,étaittoujoursle protecteurde ses compatriotes. Par lui-mêmeet par ses fils, Godwingouvernait un grand nombrede comtés.A la suite dune rixe entreles Saxonset les Normands,il se prononçapour les premierset tomba en disgrâce.Il étaitéloignéde la cour quandun nouveau visiteur normandy parut c'était le duede Normandielui-même GuillaumeII, filsbâtarddu ducRobertle Diable. Guillaume vit des Normandspartout, à la tête des troupes,dansles forteresses,les évêchés,tous le reçurent en souverain il lui sembla que la conquêtede l'Angleterreétait à moitié faite, et il revinton songeantqu'une couronneroyale valaitmieux qu'une couronnede duc. Toutefoisson voyagefit mauvais effetchezles Saxons,et Godwinrentra en faveurpar la force de l'opinion publique les Normandsfurent chassés de la cour. Godwinmourut (1053).Sonfils aîné Haraldsuccédaà ses dignitéset à soninfluence.Il se rendit en Normandie, auprès de Guillaume, pour réclamerdes otages que Godwin avait livrés à Edouard et Edouardau duc de Normandie. Guillaume l'accueillitavechonneur. Un jour qu'ils chevauchaientensemble a QuandEdouardet moi, dit le Normand, nous vivionscommedeuxfrères, il me promit que, s'il deve> nait roi d'Angleterre,il me feraitson héritier Harald, si tu m'aidaisà le devenir,je te combleraisde biens; prometsa moide me livrerle château de Douvres, et, en attendant, laisse-moiun desotages.» Haraldpromitvaguement,n'osant refusera l'homme qui le tenait en son pouvoir. Arrivé à BayeuKjen présencede Sa cour, Guillaumel'invita à jurer.


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CHAPITREXIH.

sur deux petits reliquaires,qu'il exécuteraitses promesses. Haraldjura il lui sembla qu'un sermentprêté sur deux petits reliquairesn'étaitpas unsermentde grande conséquence, maisGuillaumel'avait trompé il y avaitdessousune grande cuvepleined'ossements.Quandon la découvrit,Haraldpâtit, commentse parjurer sur les corpsde tousles saintsq Son retour fut suivi de la mort d'Edouard.Le wittenage. motlui donna la couronne.Aussitôt Guillaumelut envoya rappelerses promesses« faitessur de bonset saints reliquaires. » Haraldréponditqu'arrachéespar la force,elles étaient sans valeur,et que d'ailleurssa royautéappartenaitau peuple saxon.Guillaumetraita le Saxon d'usurpateur,de sacrilége, et en appela à la cour de Rome, alors dirigée par Hildebrand. Le pape, qui se plaignait que le dénier de SaintPierrene fût plus payé, excommuniaHarald, investitGuit* laumedu royaumed'Angleterreet lui envoya.une banniëJrè bénite,symbole de l'investiture militaire, avecun anneau contenantun cheveude saint Pierre enchâssésous un diamant, emblèmede l'investitureecclésiastique.Leduc publia alors son ban de guerrepar toutela France; une foule d'aventuriers accoururent, et une arméede 60 (KOhommes partit le 27 septembre 1066, de Saint-Valery-sùr-Somme, montéesur U00 navires. Bnvftslon

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(a©«8) Elle débarquaà Pevensey(Sussex),tandis que la flotte saxonnequi gardait la Mancheétait rentrée dans ses parts pour se ravitailler^Haraldcombattaiten ce moment dans le nord son frère Tostig, révoltéet réuni aux Norvégiens. Vainqueur, il revint très-rapidementvers le sud, et quoique sonarméene fût que le quart de l'arméeennemie, il se mit en sa présence sur une hauteur voisine d'Hastings. Les Saxonss'y palissadèrentavecde forts pieux. Ils étalent, gais et désordonnés;la nuit qui précédale combat fut pour eux une nuit de chantset de libations;au contraireles Normandsla passèrentà prier et à recevoirles safiiomenta.Le


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lendemainceux-ciattaquèrent; maisles hachessaxonnesbrisaienttout ce qui approchait;en vain Guillaumeordonaa-t-il aux archersde tirer en l'air pour éviterles palissades;Harald eut un œil crevé, maisle retranchementne fut point enlevé; il fallntune fuitesimuléepour attirer lesSaxonshorsde leurs retranchements;alors ils furent taillésen pièces.Harald périt, et la belle Édjthe an cou de cygneput seule reconnaître le corpsdu dernier roi saxon(1066). Guillaumemarchasur Londres,le cerna, et bientôtla cor

poration(conseilmunicipal)desbourgeoisdela villevintfaire' sa soumission.Il y entra et fitcommenceraussitôtla constructionde la fameuseTour, a la bride de Londres,a commeles habitantseux-mêmesl'appelaient. Puis il se fit couronner sommairementau milieu d'un tumulteexcitéà desseinpar dosincendies,afind'empêchertoute résistancesystématique. Guillaumeavaitprissa part, la couronne,en y joignant le trésordes anciensrois et l'orfèvreriedeséglises.Cefut ensuite le tour de ses compagnons la récompensefut mesuréeau


SOS

CHAWTRSXffl.

grade et aux services.Des barons, des chevalierseurent'des châteaux,de vastesdomaines,des bourgs, des villesmême. 11y en eut qui épousèrentles veuvessaxonnes,de gré ou de force,et s'installèrentdansla demeuredont ils avaientchassé ou tué le maître. Tel qui sur lecontinentétait bouvierou tisserand, se trouvahommed'armeset gentilhomme,ayantserfs et vassaux,châteauet seigneurie.Il»transmirentà leurs Gers descendantsleurs nomsgrossiers,indicedelenrorigine Front de Bœuf,Guillaumela Chartier,Huguesle Tailleur, etc. Le clergé anglo-saxonfut égalementfrappé avec rigueur. Une partie, entraînéepar la bulle du pape, s'était ralliéeaux vainqueurs,maisla majorité,d'originesaxonne,étaitchaudementdévouéeà l'indépendancenationale.Parmi les cadavres du champde batailled'Hastings,on en avaittrouvétreizerevêtusd'habit de moines «s'étaitl'abbé de Hida et ses douze religieux.Le clergésaxonfut doncdépouilléet persécuté le primatStigand,chasséde son siégearchiépiscopalde Gantorbéry, fut remplacépar le célèbreLanfranc,qu'AlexandreIl chargeade régénérerle clergéanglo-saxon;car les Normands affectaientd'avoirreçucette mission, et, si l'onen croit Mathieu Paris, le clergésaxonauraitpassélesnuits et les joursà manger et à boire. Par Lanfrancfut attribuéeau siégede Gantor* béry, non plus une suprématielégère, comme auparavant, maisune lourde autorité sur tousles évêchésd'Angleterre, a6n d'accompliravecplus de vigueurl'occupationétrangère des bénéficesecclésiastiquesdu pays. Normands,Français, Lorrains,pour peu qu'ils fassent clercs, en étaient pourvu. Lesclercssaxonsforent persécutés un des nouveauxprélats interdità ceuxde son diocèseles alimentsnourrissantset les livres instructifs, de crainte de donner trop de forceh leur corps et à leur esprit. Les saints anglo-saxonseux-mêmes n'échappèrentpas a la hainedes vainqueurs,et rien peut-être ne blessa autant les vaincus. ESUSvoHîcs ûm OQHoao av@el'aide des ©allait)(Q©ffl&) @6«3so du g-etage(ii©yo)t«&Mêlevwa. 0«««{'0!cmo (a«3©), ajEiimg) Aussi la résistancen'expirapasavecHaralddansles champs


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d'Hastings.Elle éclataencorependantsixaiméessur presque tous les pointsdu pays. La premièrerévolteeut lieu pendant un voyagede Guillaumesur le continent(1067); elle était soutenuepar les Galloiset jeta quelqueémotiondans Londres. Guillaumes'empressade calmerla capitaleen lui promettant, par une proclamationen langue saxonne, de lui rendreles lois nationalesdu temps du roi Edouard. Puis il frappa les rebelles par la ruine d'Exoter, la destructionde 300 maisonssur 700à Oxford,la subversioncomplètedeLeicester.Surles ruiness'élevèrentdesforteresseset,s'établirent desgarnisons.Devantcetteoccupationmilitaire,les plusbraves des Saxonsse réfugièrenten Ecosse,en Irlande, où ils furent bien accueillis.Delà ils adressèrentun appelauxScandinaves, leurs anciensennemis. Osbiorn,frère du roi de Danemark, débarqua l'embouchurede l'Humber, au milieu des provinces occupéespar l'ancienne populationdanoise (1069). Autour de lui accoururentles Saxons,à leur tête les comtes Edwinet Morkar,infatigableschampionsde l'indépendances Mais'Osbiornse laissa gagnerpar les riches offresde Guil. laumeet partit. Livrésà eux-mêmes,les malheureuxSaxons ne cédèrentque devantla dévastationet l'incendiepromené, par toutela Northumbrie. Vaincue commecoalition, la résistance prit une autre forme.'Entreles embouchuresde la Nen et de l'Ouse, dans Filed'Ëlr, les Saxonsouvrirentle Campdu refugeoù accoururenttousles proscrits, Edwin,Morkar, le primat Stigand, etcemalheureuxEdgarqu'ils appelaientroi. Le roi de Danemark, Suénon,y vint mêmeavecune armée (1072); il avait bannison frère pour s'être laissé gagner, mais l'or normand no le trouvapasplus invincible;le Campdu refugefut cerné par les troupesde Guillaume une chausséeconstruiteexprès leur ouvritles maraisqui en formaientla.défense, et il fat envahimalgrél'héroïquedéfensedit SaxonHereward.Celuici consentitmêmeà se réconcilieravecle roi normand.Mais un jourqu'il sereposaiten plein air après son diner, il futas=saillipar .unebanded'étrangers; il en tua quinzede sa main avant de succomber(1078). Dèslors plus de coalition,plus de camp, et pourtant les HISS.DU IIÛÏBH MO.


aie

XIII. CHAPITRE Saxonsrésistent encore.Us résistent individuellement,dans les bois, où, glorieuxbandits, ils lancentla flèchede GuillaumeTell au seigneurnormandqui passe, et se nourrissent du gibier du roi En vain on les traque en les mettanthors la loi (outlaws);cette race de braconnierspatriotes se perpétue plus d'un siècle,et son héros populaire, Robin Hood, naîtra vers 1160. Guillaumeporta cette loi « Quandun Français sera tué ou trouvé mort dans quelquecanton, les habitants da canton devront saisir et amener le meurtrier dans le délaide huit jours; sinon, ils payerontà frais communs47marcsd'argent.« Commeles hommesdu cantoneurent dès ors soin de faire disparaitredu corps des victimes les signesextérieurs,lesjuges normandsdéclarèrentFrançais tout hommeassassinédont l'anglaiserie,disaient-ils,ne pourrait être prouvée. Spoliation

des vaincus. Késnttate de ee«te eongnéto et la Wranee. pour l'Angleterre

Tels furent avec la révoltedes Manceauxet une conspiration normande, les obstaclesque Guillaumeeut à vaincre«. Tout en s'en débarrassant,il s'occupade régulariser et d'organiserla conquête.De 1080à 1086fut dressé un cadastre de toutesles propriétésoccupéespar les conquérants; on y marquaitle nombredes maisonsprises par chacun,les ressourcesdes habitants, les redevancespayéesavantl'invasion. C'est le grand terrier de l'Angleterre,appelépar les Saxons livredu jugementdernier(dooms-day-book), parcequ'il contenait leur sentence d'expropriationirrévocable.Sur cette terre, ainsi partagée et enregistrée,s'établit le corps féodal le plus régulierde l'Europe 800barons, et au-dessousd'eux 60 000 chevalris. Au-dessusde tous le roi, mais non pas faible commean France c'était le chef de la conquête,le capitainevictorieux;touslés autres n'étaient que ses soldate et ses lieutenants.Aussi la royautéanglo-normande,qui ae fitune large part territoriale, 146âmanoirset les principales villes, et eut soin, en exigeantle sermentdirect dos simples les vassaux,eutobovaliora,âofie «attacherétroitementtous .».(. 4J S


ETANGLETERRE. 211 FRANCE ello d'abordune forcecontre laquelle bourgeois et nobles furentcontraintsplus tard de se coaliserpour n'en être pas accablés. Il ne faut pasque ce nom de Normandsnousabuseet fasse voiren eux des Scandinaves.C'étaientbien des Françaisqui venaientde vaincre;c'était leur civilisation,leurs coutumes, leur langue,leurs institutionsféodalesqui allaients'implanter en Angleterre.Parmiles nomsdu baronnageanglais,on retrouveencoreaujourd'huides nomsde France, et le français resta jusqu'à Edouard III, c'est-à-dire jusqu'aumilieu du quatorzièmesiècle,la langue de la couret des tribunaux. Maisla Francepayacher cetteconquêtefaitepar ses armes, ses mœurset sonidiome.Les ducs de Normandie,devenus rois d'Angleterre,eurentune puissancequi tint longtempsen écheccellede nos rois. Deuxsièclesde guerre, huit d'inimitié jalouse entre les deux peuples, tels furent pour nousles résultatsde ce grand événement. La nouvellemonarchiese trouvavouéeelle-mêmepar son origineà de longs troubles. Le détroit de la Manchen'était pas comblé Normandieet Angleterreétaient toujoursdeux pays distincts ce fut la cause de beaucoupde tiraillements dansleroyaumeanglo-normandet même dansla familleroyale. C'étaientd'ailleursdes mœurs rudes et violentesqnecelles descompagnonsde Guillaumele Conquérantet de Guillaume lui-même ses fils en héritèrent; Robert le Diableavait mis dans leursveinesun mélangede sang barbare et de sang populaire.Ils eurentsouventd'âpres querelles,ei. sans attendrai la mort de leur père,ils commencèrentà vouloirgaaignerlea uns sur les autres. Le Conquérantlui-mêmemouruten guer^ royantcontresonfils aine, qui voulaitlui enleverla Norman» die et que le roi de Francesoutenait(1087).


SIS

OHAMfftE XIV.

CHAPITRE

XIV.

L'ALLEMAGNEET L'ITALIE (888=1050).RENOUVELLËUENTDEL'EMPIREDECUAULEB1AGNE PAILLES 11OI3ALLEBÏANBS. Derniers delafamillecarlovinCarlovingiens d'Allemagne. –ExtiDction I" (911)etdeHenri deConrad (911).–Élections SienneenAllemagne l'Oiseleur (918)grandeurdela maisondeSaxe. OttonI« le Grand en Allemagne; ilen chassedéfinitivement lesHon(936);sapuissance siècle.Ottonrétablitl'empire grois(9J5).–Étatdel'Italieau dixième et Conrad11(1024 (96?).–OttonII, OttonIII,HenriII (913-1024) 1039). Derniers

cartovlnglens

d'Allemagne.

Par le traité de Verdunqui, en 843, avait divisé en trois parts la successionde Charlemagne,la couronne impériale avait été attribuée à Lothaire, avec l'Italie et cette longue zonede paysqui séparaitla Francede la Germanie.Lorsque cet empireéphémèreeut été détruit, elle resta l'apanagede l'Italie en vertudes souvenirsde l'empireromain. Si un État puissants'était formé dans la péninsule,sans doutela couronne impérialeeût pus'y fixeraussi, étant défenduepar un bras puissant.Mais, commel'Italie tomba dans la division, ce signe de la dominationdu mondeet de l'unité politiquede l'Europe ne pouvaitrester dans les mains d'un roitelet commandantà quelquesprovincesde la Lombardie.Il paraissait devoirappartenirà biefl plusjuste titre à un des deux grands Étatsformés du démembrementde l'empire carlovingien,la Franceou la Germanie.Ce qu'on a vu de l'histoirede France au dixièmeet an onzièmesièclea montré que le sceptreimpérial n'était plus fait pour elle.Lesducsde France,qui s'a-


L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE.

21â

vaientd'ailleurs aucuntitre à revendiquerl'empire,compris rent que ce serait folie d'avoir cette ambition, <3tqu'ils y perdraientprobablementleur royauté féodale.Les rois de Germanie,au contraire;étaientles vraishéritiersde Charlemagne,d'abordparce que les souvenirsearlovingiensétaient la gloiremêmede leurspeuples, ensuiteparceque c'est à eux que les circonstancesdévolurentla continuationde son rôle. Le pays où ils régnaient,Charlemagnel'avait créé; les'peuples qui l'environnaient,Charlemagneles avait combattus, soumisà sa suzeraineté,commeils allaientfaire, eux-mêmes. Partout dans leurs États, hors de leurs États, ils retrouvaient et suivaientses traces. La Germaniemontrabienelle-mêmequ'elle n'avaitque de l'amourpour sa famille.Tandis que la Francenommaitrois ses seigneursindigènes,Eudes,Robert, Raoul et HuguesCapet, la Germanie,à la dépositionde Charlesle Gros (887), élisaitundescendantde Charlemagne,Arnulf,bâtardde Carloman, de telle sorte qu'en ce pays la lignée carlovingienne ne cessade régner que lorsqu'ellese fut éteinteen 911.Cet Arnulfétait un habile et vaillanthomme, dontl'activitécontraste avecl'inertie des autres Carlovingiens.Il éleva trèshaut ses prétentionset essayade reconstituercet empjrequi venait de se briser, en. réclamantla suzerainetésur tous les souverainsnouveauxqui s'élevaientdans l'Europe.Ainsiil se fit prêter hommageet par le roi de France, Eudes, et par le roi de Bourgognetransjurane,RodolpheWelf, et par le roi d'Arles,Louis,fils de Boson,et par le roi d'Italie,Bérenger, ancienduc de Frioul, qui avaitpris cette couronneaprès la dépositionde Charlesle Gros. Bientôtil réclamasur plusieursde ces paysune souveraineté plusdirecte. Il'donna pour roi à la Bourgogneet à la Lorraineson fils Zwentibold,qui, à la vérité, n'y fut pas.reconnuet mêmey périt. Appeléau delà des Alpespar Bérenger contreson compétiteurG.uido,duc de Spolète,qui s'était proclaméroi d'Italie.et empereur,Arnulf prit, ces deuxcouronnesf 896),ce qui ne lui donnaguère qu'un titre, il est vrai, mais montra la route à ses successeurs.En Allemagneson pouvoirfut plussérieusementétabli.


S514

CHAPITREXIV.

Les peuplesétrangers que Charlemagneavait combattus, furent aussi par lui retenuset repoussés.Les Northmansau nord, les Slaves à l'est, étaient toujours commeun double flot battant les frontièresde l'Allemagne.Arnulfchassa des bordsde la Dyleles piratesnorthmansquis'y étaientcantonnés. Quantaux Slaves,depuisles victoiresde Louis le Germanique, ils avaientenvahiquatre fois la Germanie,de 844 à 874. A leur tête étaientles Moraves,sonsleur redoutable chefZwentibold.Arnulf essayad'abord de les désarmeren leur cédantla Bohême;n'y ayantpointréussi, il appelacontre eux les.Hongrois(896),qui firent disparaitrele royaume de Moravie.La Bohêmeaffranchiefut alors convertieau christianismepar lés apôtres Méthodiuset Cyrille. Maisles Hongrois,attiréssur l'Allemagne,ne devaienten être repoussés que par de longsefforts.Sousle règne de Louisl'Enfant, fils et successeurd'Amulf(809-911),ils gagnèrentla bataille d'Augsbourget exercèrentdes ravagesqui ne furent point vengés. Extinctionde la familleearlovingtenneen Allemagne(Qfl*V Avec Louis l'Enfant s'éteignit la branche allemandedes Carlovingiens,et la Germanieeut à choisirun roi dans une autre famille. L'Allemagne,commela France, était alorsune réunionde grands fiefs;mais il y faut remarquerdeuxparties distinctes par les mœurpet l'esprit l'une comprenantles anciennesfédérations alamaniqueet austrasienne, où se trouvaientles grandes villes avec les principalessouverainetésecclésiastiques et où l'esprit municipalet les souvenirsde Romeavaient laissédesvestiges;l'autre,l'Allemagnesaxonne,encoretoute barbareet belliqueuse.Decette différencerésulteraplustard un antagonisme.L'ancienterritoiredesÂlamanset desBotes formait deux duchés Sowbe et Bavière; dans la France austrasiennoétait la Franconie.A la Saxe se rattachaientla i. LouisleGermanique étaitrevenuan ojfolème qu<? desgranJa-ducUis, avaitafcolia. Gliarlemaane


L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE.

gis

Thuringe et unepartie dolaFrise. Cesont les quatregrands» duchésprimitifsde l'Allemagne. En 911, l'élection,qui n'avaitété que temporairementprorentra dans les mœurs icrite par la gloire des Garlovingiens, politiquesde la Germanie,au moment mômeoù elle allait sortir de celles dela France.Delà résulta pour les deuxpays un sort tout différent. Les grands vassauxde Francevirent la royautési faibleet si dénuée, quand eux-mêmesétaient si richeset si forts, qu'ils ne songèrentpoint à lui retirer ces deuxnerfs puissants,l'héréditéJu pouvoiretla/propriététerritoriale. Au contraire, ceux d'Allemagne,qui virent la royautégermaniqueencore très-forte, s'appliquerontà l'énerver en lui retirant ce double avantage. Aussi, par la suite, la première alla de la faiblesseà la puissanceet la secondede la puissanceà la faiblesse; et, des deux pays,l'un arriva à une centralisationextrême, l'autre à une extrême division.Il faut ajouterque la famillede HuguesCapetdure encoredepuisneuf siècles,et que,par un singulier hasard, les dynasties allemandess'éteignirent très-rapidementdès la secondeou la troisième génération de sorte que l'Allemagne, sans cesse appelée à se donner une nouvellerace royale, prit et garda l'habitude de l'élection, tandis que la France, par la raison contraire, prit cellede l'hérédité. élections de Conradtf» (©ai)et ae Henri l'oiselear (OtS)} grandeur de la niaslonde tsase. ConradIer, qui fut élu en 911, par les trois nations de Saxe, de Thuringe et de Franconie,descendaitencore de Charlemagnepar les femmes.Il commençala lutte, qui ne devaitpoint cesser pendant tout le moyenâge, du roi contre ses grands feudataires.Ces ducs belliqueux, rudes représentants de l'esprit féodal, s'efforcèrentde secouerde leurs tâtes indomptablesle joug de la royauté, et cependantils s'imposaienttoujoursà eux-mêmescette royauté,afin, d'une part, de conserverà leur pays la gloiredu titre impérial,et, de l'autre, de résister par l'union aux attaquesextérieures. €osrad.était Franconien il voulutaffaiblirla Saxeet en


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CIIAPITRE XIV.

détacherlaThuringe il fut vaincuà Ehresbourgpar le duc Henri. A l'ouestle duode Lorraine refusaitdele reconnaître etse donnaitau roidoFrance il lui enleval'Alsace.Au sud. les administrateursde Souabe refusaient également de lui donnerle nom de roi et se liguaientavecArnoldle Mauvais, ducde Bavière.H battit celui-ci,forçaceux-làà comparaitre devant une assembéenationale; la diète d'Altheiin les condamnacommefélons et les fit décapiter.Conradtriomphait doncsur plusieurspoints,lorsqu'il mourut dans un combat contreles Hongrois(918). Après cet empereurfranconien,la couronneentra dansla maison de Saxe, où elle resta plus de cent ans (918-1034). Conradmourantavait désigné sonancienvainqueur,Heuri, comme le plus capable de défendrel'Allemagnecontreles Hongrois;ce duc de Saxe fat élu. Les députésqui lui en portèrent la nouvellele trouvèrentocoupéà chasser les oiseaux de là sonsurnom.Henri I" l'Oiseleur organisal'Allemagne,oùrégnaitle désordreet qui manquaitde barrières. Il passepour avoir établi, au profit de l'autorité royale, les comtesdu palais ou palatins,placésdans les provincesà côté du duc, et chargésde l'inspectiondes biens de la couronne, imageréduitedesBits»àominici.II n'y avaitplusniheerban, ai champsde mai, ni réunionsdes étatsà époquesfixes.En 926, Henrirétablit l'heerbanet obligeaquiconqueavait passé sa treizièmeannéeà porterles armes celui qui ne paraissait pas trois jours aprèsla levéeen masseencouraitla peine de mort. j II institua, pour arrêter les ennemisdu dehors, tout un systèmede défense;il fondales marchesdn Sleswigcontre les Danois, dela Saxe septentrionaleou marquisatde Brandebourgcontreles Slaveset les Vendes,de la Misniecontre les Hongroiset les Polonais,et les placesfortesde Quedlimbourg,Meissen,Mersebourg.Celle-cidevintcommele centre de toute la défense il y jeta une colonie de pillards et de vagabonds,chargésdésormaisde défendrele pays qu'ils dé= solaientauparavant. Ces forteressesétaient appeléesburgwarlen. Il ordonnaque, sur neuf vassaux,un serait enlevé è sonpays et placédansla burgwarteh plusvoisine,pendans


L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE.

Slï

que les autres cultiveraientson champ. Il fit construiredes magasins,où devaitêtre déposéle tiersdes récoltes,et il en. joignitd'y tenir les réunions solennelleset les marchés, d'y célébrerles fêteset les mariages. Cesbelles dispositionsportèrentleurs fruitsdèsle règnede Henri.Sa grande victoirede Mersebourgsur la Saale (934) refoulales Hongrois,et la réunion formellede la Lorraine couvritle royaumeà l'ouest, comme celle de la Bohêmeà l'estet celle de Sleswigan Nord. sa pnltwanee•» Allemagne)il en OttonBotleerand (©8«3)j ebaasedéOnUlvementles Hongrois (G3B). Henri avaitréuni une dièteà Erfurth, quelquetempsavant sa mort, et lui avaitdemandéde reconnaîtrepour roi son secondfilsOtton Celui-cise rendit à Aix-la-Chapelle,où les ducs,les princeset tous les chefsdu pays, assemblésdansle consistoireattenant à la basilique, le proclamèrent;après cetteélectionpar les grands,l'archevêquede Mayencele présentaau peuple réuni dans l'église, en disant « Voicicelui qui a été choiside Dieu, désignépar le défunt seigneur et roi Henri, et qui vientd'être élevéà la royauté par toug les princes,le noble seigneur Otton; si ce choixvousplaît, levez là main. » Tout le peupleleva la main. C'étaitun dernier restede l'électionfaite autrefoispar la tribu tout entière et non point chezles chefsseulement. Cet avénementd'unnouveauroi saxon provoqua,comme sous le règne précédent, une protestation de l'ouest.et du midi. Les ducs de Bavièreet de Franconies'unirentcontre Ottonavecla Lorraine, et se firentappuyerpar LouisIV, roi de France. Otton vainquit les rebelles et pénétra dans la Champagne,soutenupar le duc deFrance, son beau-frère,et par le comtede Vermandois,alors en armescontreLouisIV, (luise hâtade traiter (940).Par un heureuxconcoursde circonstances,les grandàrduchésqui lui étaienthostilesdevinq. Otkoti est an nom latin, Otton un nom allemand. Ces deux fions n'oul rlon de commun. lo* Allemands écrivent loiijiure. OUon. Nouo devons faire eamme eus.


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CUAP1TRE XIV.

rent vacants,et il réussità lesfaire passer à des membresdo sa famille la Bavièreà son frère Henri, la Souabeà son fils Ludolphe,la Franconieet la Lorraine à son gendre Conrad le Sage, l'archevêchéde Cologneà son autre frère, Brunon, celuido Mayenceà son troisièmefils Guillaume.Il affermit encore plus son autoritépar l'extensionqu'il donnaau pouvoir des comtespalatins, placésdans plusieurs grands fiefs au-dessousdesduos pour y rendre la justice dans les cas royauxet administrerle domaineroyal enfin par la faveur qu'il montraà la féodalitéecclésiastique.Il accordaaux évêques descomtés,mêmedesduchés, avec toutes les prérogativesdes princesséculiers,se contentantd'établir près d'eux, pour l'administrationde ce riche temporel,des avoués, dont il se réserva la nomination.Plus tard les comtespalatinsse rendirent indépendantsou les ducsse les assujettirent,et le clergés'affranchitde la surveillancedes avuués; mais Otton n'avaitpas dû faireentrer danssescalculsqueses successeurs ne sauraientpas régner. Un grandfait militaire honorale règne d'Otton,I" la victoire décisived'Augsbourg(955)sur les Hongrois,qui perdirent, dit-on, 100000hommeset cessèrentdepuisce désastre leursexcursionsen Allemagne.L'Avariequi leur fat enlevée forma le margraviatd'Autriche. Audehors,il reprit à l'égard des Bohèmes,desPolonaiset des Danoisla politiquedeCharlemagneen Saxe, tâchant à lafois deles fairechrétienset sujets de son empire. Ainsi en Bohême il força BoleslasI", peraécuteurdpchristianisme,à lui payer un tribut annuelet à favoriserle cultequ'il avaitpersécuté(950).Le duode Pologne»Miéeislas,fut mêmecontraintde lui faire hommageet delaisser s'éleverl'évôchéde Poseri les Danois, poursuivis jusqu'au fonddu Jutland, n'obtinrent la paixque sur la pro. messequeleur roi et son Sis recevraientle baptême.Comme Charlemagneavaitfondéles évêchés.dela Saxedansle bassin du Wéser, Ottonérigeadans ceuxde l'Elbe et de l'Oder, les évôohésde Magdebourg,Brandebourg,Havelberg,Meissen, Naumbourg,Mersebourget Posen; dans la péninsulecimbrique, ceuxde Slesyig,Bipen et Aarhus; en Bohême,celui de Prague. C'étaitlà prise de possessionde ces pujs par le


L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE.

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christianismeet par la civilisation;mais ce ne fut pas, an moinsd'une manière durableet pour tons, leur prise de possessionpar l'empire. état

de l'Btolte

au dixième

stèele.

©Sfoa petag»M« l'empire

(988). Les prétentions de l'Allemagne sur l'Italie avaientsommeilléaprès Arnulf.Elles se réveillèrentsous Otton.L'Italie avaitété plongée,depuisle commencement du dixièmesiècle, dans le plus affreux désordre; l'uniformitéétablie par la conquêteromaineayantdisparuaveela dominationimpériale, elleavaitperdu touteunité de caractère et de mœurs germaniqueau nord,où les LombardsetlesFrancsontséjourné romaineau centre,où le sainfr-siége a protégél'esprit romain; grecqueet presque sarrasineau midi, où Constantinoplerégnait encoreet où s'établissaientmaintenantles Arabes. Une fouleclepetites souverainetésindépendantess'étaient élevées;les seigneurslaïques, le duo de Frioulà l'est de la Lombardie,le marquisd'Ivréeà l'ouest, le duode Spolèteau centre, les ducs de Bénévent,de Salerne et deCapoueau sud; des souverainsecclésiastiques,le pape, les archevêques de Milanet de Ravenne, les évêquesde Pavie, de Vérone, de Turin des villes libres, Venise,Gênes, Gadte, Amalfi. Les plus puissante,les ducs de Frioul et de Spolèté,le marquis d'Ivrée,s'étaientlongtempsdisputéla royauté-entreeux et avecle roi de Provence Le poignard, le poisonavaient joué un rôle dansces intriguessanglantesdont l'Italie sera trop souventle théâtre. Une femmedébauchéeet souilléede meurtres, Marozia,avaitdisposéde la couronned'Italie et de la tiare pontificale. En 924, Bérenger ne l'avait

la couronne

était tombée impériale et personne, au milieu

Ier assassiné, ramassée. Rodolphe,

roide

Bourgogne^

de la tête de du désordre, et Hugues,

4. Bérenger, duc de Frioul, roi en 888, empereur on 016; (iuldo, due de Spoleio, roi d'Italie en 809; son fils Lambert, en 898; Louis III, roi de Provence, en 900 Rodolphe, roi de Bourgogne transjurane, en 920; Hugues, due de Provence, en 930 son fils Lothaire, en 931 Bérenger II, manjuiô d'îvrée, en900; aoa Ois Adàlbort, en 950.


820

CHAPITRE XIV.

comtede Provence,puis Lothaire, filsdu dernier, prirent an moinscelledu royaumed'Italie. En 951, BérengerII, marquis d'Ivréeet petit-filsde l'empereurdu mêmenom,empoisonnaLothaire, prit sa place, et pour assurer cette successionson filsAdalbert,voulut lui faire épouserAdélaïde, veuvede Lothaire.Celle-cise réfugiadansle châteaude Canossaet de là appelaOttonà sonsecours. Victorieuxde tous ses ennemis,en possession,dansl'Allemagne,d'uneautoritéincontestée,et, hors de l'Allemagne, d'une suprématiefondée sur la victoire, il ne manquait à Otton, pour renouvelerpresque l'empire de Charlemagne, que la couronnede fer et la couronneimpériale.Il les alla chercher. En 951il passa les Alpes; tout le clergé lombard vint au-devantde lui: on était las dans la Péninsule d'un souverainprésent; on s'imaginaitque bien plus légèreserait l'autoritéd'un souverainabsent, d'un roi de Germaniedont on serait séparépar les Alpes. Erreur plusieursfoisfuneste à l'Italie elle crut n'offrir aux rois dAUemagnequ'un titre, et ceux-ci, maîtres du titre, prétendirenty joindre l'autorité. Ce n'est pas à son premiervoyageque le roi d'Allemagne prit les couronnesitaliennes. Il se contentad'épouserAdélaïdeet de recevoirl'hommagede BérengerII. Mais lorsqu'il revint, en 961, et que Bérengertenta de lui résister, il se fit proclamer roi d'Italie à Milan, et couronner empereur à Rome (2 fév. 962). D s'engagea à maintenir les donations faitesau satnt-siégepar Charlemagne,et les Romainspromirentde n'élire de pape qu'en la présencedes envoyésde l'empereuret de sonconsentement. Du même coup, Otton restaurait l'empire au profit des princes qui avaientété élus' aunorddes Alpesrois des Germains, et fondaitla dominationallemande en Italie. Cene fut pas tout à fait sansrésistais. Lorsqueles Romainsle virent disposerde la tiare pontificale,ils s'indignèrent,chassèrent Jean XIII nommépar lui et élurent un préfet et douze tribuns. Otton les châtia rudement.Pour la troisième fois Romeet le pape avaientun maître. il manquaitàOitonlesudderitalie.il envoyaen ambassade


L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE.

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auprès de l'empereurd'Orient, Nicéphore, l'évêque Luitprand,chargéde lui demanderla mainde la princesseTbéophaniepourson fils Otton.Nicéphoreayantrefuséet accompagnéson refus de procédésoutrageantspour l'ambassadeur, Ottonravageale territoire grec, si bien que Jean Zimiscès, nouvelempereur de Constantinople,accordaThéophanie.Le mariageeut lien et apportaà la maisonde Saxedesdroitssur l'Italie méridionale. La positiond'Ottonfut à certains égards celle de Charlemagne.Être à l'intérieur tout-puissant,vaincreet christianiser les peuples du nord et de l'est, relever l'empire d'Occi= dent, dominer l'Italie et la papauté, négocier, en assez mauvais termes,une question de mariage avec l'empereur d'Orient, toujoursaigreet dédaigneuxpour le basikusbarbare, voilà ce qu'ils eurent de commun.Il faut y ajouterla granderenomméed'Ottonetlesambassadesqu'il reçut,même des Sarrasins,après sa victoire sur les Hongrois.11mourut en 973. ««ton ai « Ottom ©6ConradBU Bas,meurt sa (®38-fl©8<3) (fl©8«-floao). Les derniers empereursde la maison de Saxe, OttonII (973),OttonIII (983), et HenriII (1002),laissèrent tomber cet ascendant.Le premier,retenu par des soulèvementsen Allemagneet par une expéditionen France, qui le conduisit jusqu'à Paris, ne passaqu'au boutde sept ans en Italie, et la petite féodalitélaïqueet ecclésiastiqueprofitade cette longue absencedu souverainpoursurgir de toutesparts et s'organiser dans l'indépendance.Du reste, Otton II s'ocoupamoins de faire reconnaîtreson autoritédans le nord ou le centre, que de s'emparerdu midien vertu de son mariage. Il s'y fit battreà Basentello,fut pris par des piratesgrecs, se sauvaà la nage et mourut quelquesmoisaprès(983). OttonIII, imbu de souvenirsromains et d'une ambition que sa mère Théophanioet sa grand'mèreAdélaïdeavaient nourrie, songeadavantageà l'Italie, où sa longueminoriténe lui permit toutefoisd'aller chercherla couronneimpériale


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CHAPITRE XIV.

qu'en 996.Il donna la tiare à son parent GrégoireV, qui voulaitvoir dans l'Allemagne<•le bras du christianisme,• ensuiteà SylvestreII, son ancien précepteur,qui rêvait de réunir toutela chrétientésousles deux pouvoirset de la lancersur l'Asie àla conquêtede Jérusalem.Contrecette domination allemandese leva dans Rome le tribun Crescentius, qui prit les titres de patrice et de consul,et qui, soutenupar la courde Constantinople,voulaitrenouvelerla république romaine.OttonIII réprima cruellementcettesédition Crescentius,fait prisonnierdansle châteauSaint-Ange,fut pendit à un gibet de 70 pieds de haut (998),mais sa femmele vengea, dit-on, en empoisonnantl'empereur (1002). Cescruellesexpériencesde la dominationallemandesemblaientconseillerà l'Italie de se donnerun roi national. Arduin, marquis d'Ivrée, fut proclaméà Pavie.Henri de Bavière,petit-filsdeHenril'Oiseleur,venaitde succéderà Otton. Celait un prince d'une piété si ardente,qu'il voulutun jour abdiquer pourse faire moine.Son règne n'en fut pas moins agité, et il eut à combattre en Allemagneplusieurs grands vassauxet le roi de Pologne,et il passa trois foisles Alpes. A la seconde(1013),il renversaArduin,aidé par les rivalités intérieures qui perdirent toujours l'Italie. Milan jaloux de Pavie, s'était prononcécontreArduin;sonarchevêqueéntratna dans le parti impérialla plupart des prélats,que blessaitla prédominanced'un seigneur laïque. Aussi,à son troisième voyage(1014),Henri II les comblade faveurs,leur accorda tous les droits régaliens,et donnaà l'aristocratie ecclésiastique une puissanceprépondérantedansla Péninsule, A la mort deHenri II, dit le Saint (1024),lacouronneimpériale sortit de la maisonde Saxeet revintà cellede Franconie, qui l'avait déjàpossédéeune fois.Il y avaitainsi une sorte de balancemententre les deuxparties de l'Allemagne. Maisla politiquene changeait pas avec les dynasties.La royautégermanique,représentéela plupartdu tempspar des. hommesde talent et d'énergie,continuaitde s'accroîtraet de s'étendre. L'Allemagneétait en quelquesorte obligéede roidir lou» jours le bras vers l'Orient pour tenir à distanceles peuple»


L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE.

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étrangers.Henri II avaiteu à combattre,pendantde longues années, les Polonais,auxquelsil avait arraché la Bohême, mais qui l'avaientobligék renoncerà tout droit de suzeraineté de l'empire sur leur pays. ConradII le Salique reprit ce droit, cédaau roi de Danemark,Kanutle Grand, la marchede Sleswig,mais fit cesserau nordde l'Elbe les mouvementsdes Lutizes qu'il rendit tributaires des chrétiens,et pour lescontenirrelevaHambourgqu'ils avaientdétruit. DepuisOtton Ier,l'indocilitédes grandsvassauxétaitk peu près calmée; cependantConradfit condamner, commeperturbateur de la paix publique, le duc de Souabe,qui voulait s'emparer dela Bourgognehelvétique.Conradse réservaitce pays. En vertu du traité de Bâle qu'il réussità faire signer au vieuxroi d'Arles,RodolpheIII, toutela valléedu Rhône, la Franche-Comtéet la Suissefurent réuniesà l'empiregermanique(1033). La conduitede Conradle Saliqueen Italie fut d'abordla mêmeque cellede son prédécesseur il s'appuyasur les évêques qui formaientl'âme du parti allemand,principalement sur Héribert,archevêquede Milan, qui le couronna,et il angmenta encore la puissance des onnoipaux d'entre eux. Il croyaitêtre sûr de les temr dans sa dépendance,puisqu'ils recevaientde lui la orosseet l'anneau, insignesde leur pouvoir.Maiscettefaveurexcessiveaccordéeàï'épiscopattourna mal les évêques,maîtresde l'Italie, secrurenten état, d'une part, de traiter légèrementla suzerainetéimpériale;de l'autre, d'opprimerles petits vassauxet les bourgeois.Ceux-ci «'étaient pas à dédaignerdansles riches communesitaliennes. Bourgeoiset petits vassauxse coalisèrent; mais toude triompherdans jours aveccettemalheureusepréoccupation le moment,sans songerà l'avenir, ils appelèrentl'empereur. Conradarrivade nouveau,et cette fois dans de tout autres dispositions.Il fitsaisirHéribert, avecles évêquesde Verceil, de Plaisanceet de Crémone,et pour poser à jamais une digueà cettepuissanceépisoopale,qui avaitabuséde sesbienfaits, il rendit son fameuxédit de 1037,qui déclarales fiefs des vassauxou vavassauxd'Italie, irrévocables,immédiatsefe héréditaires.


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XIV. OHAKTRE

C'étaitl'acteconatitntifdela Modalitéitalienne;maisd'une féodalitéparticulière,dépourme,du développementhiérarchiquequ'elleavaitdans1esautrespays, h causede cettecondition de l'immêdialeléqui supprimait l'intermédiairedes grands vassauxentre l'empereur et les petite vassauxou bonrgeois. ConradII mouruten 1039et eat pour successeursonfils Henri III, le pluspuissantdes Césarsallemands,mais dont la Puissancemêmeamenala ruine du secondempire germanique et la plus grande guerre du moyenâge, la lutte du sacerdoceet de l'empire.


LA FÉODALITÉ.

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CHAPITRE XV. LA FÉODALITÉ. du vassal Commencement du régimeféodal. Obligations réciproques et du suzerain. Féodalité et vilains.-Anarecclésiastique.Sens chieet violences; affreusemisèredes naauaiils; quelquesrésultats heureux.Tableau del'Europe féodale. géographique Commencement

da régime

féodpl.

Les vraishéritiersde Charlemagnene furentd'abordni les rois deFrance, ni ceuxd'Allemagneou d'Italie; maisles seigneursféodaux.L'empiren'avait pasété ceuldémembréaprès la dépositionde Charlesle Gros, maisles royaumeset même les grands fiefe.Les ducs, les comtes avaientété tout aussi impuissantsque les rois contre les Normands,les Sarrasins ou les Hongroiset tout aussi inhabilesà maintenirde vastes territoiressousleur gouvernement.Lespopulationsque leurs chefsne savaientplus amener à de communsefforts,avaient prispeu à poul'habitudede ne compterquesur elles-mêmes. Aprèsavoir fui longtempsà l'approchedes païens, dansles bois, au milieu des bêtes fauves, quelques gens de coeur avaienttourné la tête et refusé d'abandonnertout leur avoir sansessayerde le défendre.Ç*iet là dans les gorgesdes montagnes, au gué des ileuves,sur la colline qui dominaitla plaine,s'étaientélevésdes retranchements,des murailles,où les bravoset les forts se tenaient. Un édit de 853 ordonna aux comteset auxvassauxdu roi de réparer les ancienschâtoatiKet d'en bâtir de nouveaux.Le paysen fut bientôt couvert, et les envahisseursse heurterontsouventen vaincontre eux. Quelquesdéfaitesdonnerontde la prudencea cesauda» liitlï. Ml JUOVKN ABU.

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CHAPITBfiXV.

cieux;ils n'osèrentplus s'aventurersi loin, au milieude ces forteressesqui sortaientde terre de tous côtés.et la nouvelle nvasion,gênée alors et rendue difficile,au siècle suivant, s'arrêta. Les maîtresde ceschâteauxfurentplus tard la terreur des campagnes,mais ils les avaientd'abord sauvées.La féodalité,si oppressivedans son figede décadence,avaitdonc eu son tempsde légitimité.Toute puissances'établit par ses serviceset tombepar ses abus. Mais quel était ce régime nouveaù?On a vu le modede propriétédevenirplus uniformedans le mondebarbare, par la consécrationde l'hérédité desterres que les rois avaient concédéeset la loi sanctionner une usurpationd'un autre ordre, l'hérédité des officesroyaux. Ce furent généralement les propriétairesd'alleux ou propriétaires de terres royales qui devinrentaussi propriétairesde cesoffices d'où résulta la réunion de la souverainetéavec la propriété dans les mêmesmains c'est ce qui constitueessentiellementla féodalité. Dans la monarchieabsoluede l'empire romain,les offices publics, à tous les degrés de la hiérarchie,étaient confiés directementpar le monarque, et demeuraienttoujoursà sa disposition,de sorte qu'il pouvaitles reprendreà son gré et quand il lui plaisait. De plus, l'officierpublic n'avait ni la propriétéde la provincequ'il gouvernait,ni h gouvernement des propriétés particulières qu'il pouvait possédercomme simple citoyen.Il relevait donc, commepropriétaire,dé la loi civileappliquéeà tout l'empire, et commegouverneur,de la volontéarbitraire du souverain. Le régimeféodalprésenta le contraire.Le seigneur, qui inféodait,c'est-à-dire concédait, à titre de fief inférieur, quelque portion de son propre fief, en abandonnaità la fois au concessionnaireou vassal la souverainetéet la propriété,qu'il ne pouvaitlui retirer qu'autant que le vassalmanquait aux devoirs contractés par lui au momentoù il en recevait l'investilure. Un seigneurveutobtenird'un autreuneterre et devenirson vassal.Il va le trouver,et alors, entre ces deuxpersonnages, se passe la cérémoniede l'laomqrau~ek genoux devant son


LA FÉODALITÉ.

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futur seigneur,les mainsdans ses mains, le futur vassalprofessehautementqu'il sera désormaissonhomme,o'est-à-dire qu'il lui seraattachéet dévoué,qu'il le défendra,aux dépens de sa vie, à peu prèscommeles anciensleudesde la Germanie faisaientà l'égard de leurs chefsde guerre. Après cette profession,qui est l'hommage proprement dit, il prête au seigneursermentdefidélitéou de foi et jure d'accomplir toi 8 les devoirsque lui imposeson titre nouveaud'hommedu set» gneur. Quandil a contractéce double lien, le seigneur») craint plus de confiersaterre à un,hommequi s'est lié à lui aussi fortement,et la lui concèdepar l'invesliluivou saisine, souvent accompagnéed'un signe symbolique,une mottede gazon,une pierre, une baguette,une branche d'arbre, ou toutautre objet, selonl'usage du fief.a C'est la coutume,dit Ottonde Freysingen,que les royaumessoient livréspar le glaive,les provincespar l'étendard'. » Cettecérémoniede l'hommageen trois actes, une foisaccomplie,les obligationsréciproquescommençaient. Obligations réciproquesdu vassal et du suaeraln. Il y avait d'abordles obligationsmoralesdu vassalenvers sonseigneur,commede garderses secrets,de lui dévoilerles machinationsde ses ennemis, de le défendre,de lui donner sonchevaldans la bataille, s'il était démonté,ou de prendre sa placeen captivité de respecteret faire respecterson honneur de l'assister de ses bons conseils,etc. Les obligations matérielles,lesservicesdus par le vassal,étaientde plusieurs sortes 4. Bouteiller, Somme rurale, livre T, titre txxxt. Vliommage simple ou vassal la main sur se le tenait rendait /ranc debout, l'Évangile et ayant son ôtait la cérémonie de pour épée et ses éperons, qu'il l'hommage lige. Dans celte dernière cérémonie, le vassal, tête nue, mettait un genou en terre et, plaçant ses mains dans celles de son seigneur, lui prêtait serment de fidélité et s'engageait à le servir de sa personne à l'armée, obligation que n'entraînait pas l'hommage simple. Un vassal devait quelquefois l'hommage lige pour ui> fief et l'bommago simple pour un autre. Ainsi le due de Bretagne consentait au premier pour le comte de Monforl, mais prétendait nedevuir que le second pour son duché. Il y avait aussi l'hommage de foi et de service, par lrqnel le vassal B'obligeait à rendre service de son propre corps au eeignenr, eomms de lui servir de champion et de combattre pour lui en.gage de bataille.


CHAPITI(B, XV. 228 1° Le servicemilitaire.C'étaitla base mêmede la relation féodale,et le principe de cette société,,qui ne connaissaitpas lesarméespermanenteset soldées.Le vassal,sur la réquisitionde son seigneur,était tenu de le suivre, tantôt seul,tantôt avectel ou tel nombre d'hommes,selon l'importancede son fief La duréede ce servicevariaitaussien proportiondu fief elleétait ici de 60 jours, là de 40,ailleursde 20,régime qui ne permettait pas les expéditionslointaines et qui ne pouvaitavoird'utilité que pour les guerres du voisinage,les guerresprivées.Il y avaitdes fiefsoù le servicemilitairen'était dû que dansles limitesdu territoireféodal,ou bien pour la défenseseulement. S0La fianceou obligationde servir le suzeraindans sa cour de justice. Comme,dans le régime féodal,le seigneur remplaçaitl'État et était investides fonctionsdupouvoirpublic, il fallaitbien que pour les exerceril appelât autourde lui les forcesdisséminéesdans les mainsde ses vassaux.La guerre était une de ses fonctions;la justiceenétait uneautre. Le seigneursemonaitses hommespourqu'ils se rendissent à ses plaids,et ils devaienty venir, soit pour lui servir de conseil,soit pour prendre part au jugement des contestations portéesdevantlui. Ils s'engageaientainsi à prêter leurs bras pour faire exécuterla sentence que leur boucheavait prononcée. a° Les aides, les unes légaleset obligatoires,les autres gracieuseset volontaires.Lesaideslégalesétaientdues généralementdanstrois cas quand le seigneurétait prisonnieret qu'il fallaitpayer sa rançon quandil armaitchevaliersonfils aîné quand il mariait sa fille aînée.Les aidestenaientlieu des impôtspublics des Étatsde l'antiquité et des États modernes, mais avecun caractère,commeon le voit, fort différent elles n'étaient,en effet, ni périodiques,ni exigéesd'une manièregénéralepour les besoinspublics; elles avaientune apparence de don volontaire, dans certainescirconstances toutes spéciales.Un impôt annueleût sembléun affront aux vassaux. A cesservicesilfautajoutercertainsdroits féodauxparles» quelsle seigneur,envertudesa souveraineté,intervenaitdans


LA FÉODALITÉ.

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les changementsimportantsque subissaitle fief qu'il avait confiéà un vassal.Quelques-unsétaientpour lui de nouvelles sourcesde revenus. Cesdroits étaient le relief, sommed'argent due par tout individu majeurqui entrait en possession d'un fiofpar succession,et plusparticulièrementsi cettesuccessionn'avait pas lieu en lignedirecte; le droit d'aliénation que devait payer celui qui vendait ou aliénait d'une façon quelconqueson fief, les droitsde déshérenceet de confiscation, par lesquelsle fieffaisaitretour au suzerain,quandle vassalmouraitsanshéritiers ou qu'il avaitfotfait et mérité d'être dépouillé le droit de garde, en vertu duquelle seigneur, pendantla minoritéde ses vassaux,prenait la tutelle, l'administrationdu fiefet jouissaitdu revenu; le droitde mariage, c'est-à-direle droitd'offrirun mari à l'héritière du fief et del'obligerà choisirentre les seigneursqu'illui présentait. Le vassalquis'acquittaitexactementdeses obligationsétait à peu près maîtrede son fief.Il pouvaiten inféodertoutou partie et devenirà son tour le seigneursuzerain de vassaux d'un moindrerang on vavasseurs,obligésenverslui aux mêmesdevoirsqu'il avaitcontractésenversson propre suzerain. Ainsise constituaitla hiérarchie. Si le vassalavait sesobligations,le suzerainavaitaussi les siennes. Hne pouvait retirer sonfief arbitrairementet sans motiflégitimeà son vassal; il devait le défendre s'il était attaqué; lui rendrebonnejustice, etc. Remarquonsque le systèmeféodal,en se développant,fit de toute choseun fief.Tonteconcession droitde chassedans uneforêt,dopéagesurune rivière,de conduite,surles routes, pour escorter les marchands,de four banal dansune ville, toute propriété utile enfin, concédéeà conditionde foi et hommage,devenaitun fief. Les seigneurs multiplièrentles concessions de cegenreafinde multiplierlenombred'hommes 4.Ondonnait le nomdebanalanschosesél'usage leseigneur desquelles dufiefétaitenpossession afind'enretirercertaines sesvassaux, d'assujettir redevances. Ainsite four,lemoulin, le pressoir oùlesvassumétaientcon. trainte devenirfairecuireleurpain,moudre leurbléet foulerleuraraieiug, delaisser au une dece charge seigneur portion qu'ilsapportaient, iiipujtj» mentduservice rendu.


§30

XV. CHAPITRE

qui leur devaientle servicemilitaire.Mais le fieflui-même, auqueldes droitsde justice étaient attachés,resta en général indiviset passa tout entierà l'aîné. L'obligationdes vassauxde se rendre aux plaids du seigneur, pour former sa cour de justice, a fait voir que le principede la justice féodaleétait le jugementpar les pairs, principequi était tout faitdansles mœurset mêmedansles institutionsgermaniques,où l'on se souvient d'avoirvu les hommeslibres jugés dans l'assemblée des hommeslibres. On appelaitpairs (pares, égaux)les vassauxd'un mêmesuzerain, établis autour de lui, sur un même territoire, et investisde fiefsdu mêmerang.Le roi lui-mêmeavaitses pairs, ceux qui relevaientdirectementde lui, non pas commeduc de France, maiscommeroi. Chacunavait le droit d'être jugé par ses pairs devantsonseigneur. Si celui-cirefusaitjustice, ou si le vassaljugeaitqu'il la lui avaitmal rendue, il formait une plainteen défaut de droit et en appelait au suzerainde son seigneur.C'étaitaussi à ce degré supérieur qu'il fallait remontertoutesles foisqu'une contestations'élevaitentre un seigneuret sonvassal. Mais ce droit d'appelne suffisaitpas à cet esprit d'indépendance individuellequi animait cette société guerrière. Les seigneursconservaientavecun soinjalouxun autredroit d'appel, celui qui s'adresseaux armes; ils aimaientmieuxse fairejustice eux-mêmesque de l'attendred'autrui. De là les guerresprivées,qui avaientun nom particulier (fehde)chez les peuplesgermaniques,tant cette coutumeétait enracinée dans leurs mœurs.La loi réglait les formalitésdont on devait faire précéderces guerres, afin que la partie que l'on voulaitattaquerfût avertieet se tfnt sur ses gardes. Au fond, nos guerres internationalespartent du même principeet ne sont pas meilleures.Les seigneursse faisaientla guerre avec leurs petitesarmées,commenous avec nos grandes. Seulement, les hostilitésavaientun caractèreplus individuel,parce queles États étaientmoinsconsidérables.C'étaitcommenos duels,ces combatsd'un hommecontreun homme,que l'antiquité n'avait pas ,connus.Le duel proprementdit lui-mime était une des procéduresde la justice de ce temps, et le


LAFÉODALITÉ.

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combatjudiciaire en champ clos, tradition barbare, fut en usagedanstout le moyenâge. La justicen'appartenaitpas à tous les seigneurs avec la même étendue. On en distinguaiten France trois degrés haute, basse et moyennejustice. La première seule donnait droit de vie et de mort. En général c'étaientles plusgrands fiefsqui avaientla justice la plus étendue; pourtant on voit aussi de simples vavasseursavoir la haute justice, et, en quelquesendroits,le seigneurqui n'avaitque la justice basse pouvaitpunir de mortle voleurpris en ilagrant.délit. Dans ceslimitesdiverses,le seigneur seul rendait la justice sur son fief quandplus tard la royauté usurpa ce droit, cefut une révolution. Pour acheverl'énumérationdes droits essentielsde souverainetééchusaux seigneurs,il faut en nommerencoredeux celuide ne reconnaître,dansl'étenduede leurs fiefs, aucun pouvoirlégislatifsupérieur nousvoyons,avec les derniers Capitulaires,rendus au commencementdu neuvièmesiècle par Charlesle Simple, la dernièremanifestationdu pouvoir publiclégiférant;depuislors, plus de lois générales, ni civiles,ni politiques,mais partout des coutumeslocales,isolées,indépendanteset différentesles unes des autres, enfin tout h fait territoriales, au contraire des lois barbares qui étaientpersonnelles.Puis le droitde battre monnaie,qui fut toujoursun indicede souveraineté dès avantCharlemagne, il parait que quelques personnes privées, des possesseurs d'alleuxsans doute, battaientmonnaie.Après lui, ce fut une des usurpationsdes seigneurs,et, à l'avénementde Hugues Capet,il n'y enavait pasmoinsen France de 150 qui exerçaientce droit. Tout régimepolitiquepourrait se caractériser par le lieu où il a placél'exercicedu pouvoir.Les républiquesanciennes avaientleur agora et leur forum la grande monarchiede LouisXIV eut son palais de Versailles les seigneurs féodauxeurent leurs châteaux. C'étaient, en général, sur des hauteurs,d'énormes édificesronds ou carrés,massifs, sans architecture,sans ornements, percés à peine de quelques mourtrières,d'oùsortaientles flèches,s'ouvrantpar une porte


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CHAPITREXV.

unique, sur de larges fossésqu'un pont-levisseul permettait de franchir,couronnésde créneauxet de mâchicoulispar où les quartiersde roches,la poixet le plombfondus tombaient au pieddu mur sur les assaillants trop hardis; aujourd'hui nids de corbeaux,masses gigantesques,grises, ébréchées, fendues, rongéespar le temps, qui écrasent,vues de loin, nos petites et légèreshabitationsmodernes monumentsà la fois de défenselégitima et d'oppression. Il ne fallait rien moinsquedes asilessemblablespour être à l'abri des incursions des; Normands,ou, plus tard, des guerres féodales. Aussitous s'y réfugiaient.Ceuxqui n'avaientpas droit d'habiter dans le château,quin'étaient ni seigneurs,ni guerriers, s'établissaientau pied des grandsmurs, sous leur puissante tutelle.Ainsise sontforméesbeaucoupde nos villes. BéodaUléeeeléelaellqne. Le clergéétaitlui-mêmeentrédans ce système.L'évoque, autrefoisdéfenseurde la cité, en était bien 'souventdevenu le comte,par usurpationtraditionnelleou par expresseconcessiondesrois qui avaientréuni le comté&i'évêché,l'autorité politiqueà l'autorUéspirituelle ce qui faisaitde l'évêque le suzerainde tousles seigneursde son diocèse.En outre de ses dîmes, l'église possédait,par donationdes fidèles, des biensimmenses.Pour les mettreà l'abri des brigandagesde ce temps, elle avaitrecoursau bras séculier. Elle choisissait deslaïques,hommesde courageet de tête, à qui elle confiait sesdomainespour qu'ilsles défendissentaubesoinparl'épée. Maisces avouésdes monastèreset des églises firentcomme lescomtesdu roi, ils rendirent leurs fonctionshéréditaires, et prirent pour eux le bien dont on leur avait commisla garde. Ils consentirentpourtant à se reconnaîtrevassauxde ceuxqu'ilsdépouillaient,à leur rendre foi et hommage,aux conditionsordinairesde redevancesen nature et de servioes personnels.Les abbés, les évêques,devinrentaiusides suzerains, des seigneurstemporels,ayant de nombreuxvassaux prêts à s'armer.pour leur cause,une cour de justice, toutes les prérogativesenfin exercéespar les grands propriétaires.


LA FÉODALITÉ.

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Alorson vit des évoquesducs, des évêquescomtes,vassaux eux-mêmesd'autres seigneurs,surtoutdu roi, dont ils recevaient l'investiture des biens attachésà leur église, ou, commeon disait,de leur temporel. Cette féodalitéecclésiastique futsi nombreuse,si puissante,qu'enFranceet en Angleterreelleposséda,au moyen âge, plus du cinquièmed<J toutesles terres, en Allemagne,près du tiers. Car il y avait cettedifférenceentre l'Église et le roi, que celui-ci,la conquête achevée,ne reçûtplus rien, tandis qu'il donnait toujours, de sorte qu'il arriva à ne plus posséderque la villede Laon; et que l'Église, si elle perdait quelquesdomaines, chosedifficile,parcequ'elle avaitl'excommunication pour les défendre,acquéraittousles jours, vu quepeu de fidèlesmouraient sans lui laisserquelquebien, de sorte qu'elle recevait sansoesseet ne rendaitjamaisou rendait peu, et seulement ce que la violencelui enlevait. Ses-fiis et vilaine. Ainsi au onzièmesiècle l'ancienneEurope carlovingienne était couverted'unemultitudede fiefs, qui formaientchacun un État ayantsa vie propre, ses lois, ses coutumes,et son chef laïqueou ecclésiastiqueà peu prèsindépendant. Voilàla sociétédes seigneurs, mais ce n'est pas toute la sociétéféodale.Voilà la société guerrière et batailleuse,la sociétéqui règne, juge, punit, Au-dessousest la opprime. sociétéqui travaille,qui fait vivre1autre, qui lui fabriqueses vêtements,ses armures, ses châteaux,son pain,la sociétédes serfsoumieuxencore'des hommesde poésie(genspotestatis). Qu'onne chercheplus les hommeslibres; ils ont disparu les uns se sont élevéset sont devenusd'heureux seigneurs; les autresont été repoussésdansles bassesrégions de la sociétéet sont devenusserfs et vilains.Cetteclassedes simples hommeslibres qui avaitété commedétruitedansl'empireromainquandvint l'invasion,a été dévoréeune secondefois.n n'y a plus de possesseursd'alleux,ou si peu que ce n'est pas la peined'en parler. Maisles vilainsétaientnombreux.Lechef, le noble,n'avait


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CHAPITREXV.

pas seulementdes vassaux,il avait des sujets résidantsur la portiondeson fiefqu'il n'avait pas inféodé. Et d'abord les serfsproprementdits, les hommesde la terre, livrés à son entière discrétion. « Le sire, dit Beaumanoir, peut leur prendre tant ce qu'ils ont, et les tenir en prison toutesles fois qu'il lui plaît, soità tort, soita droit, et il n'est tenu à en répondreforsà Dieu. » Malgrécela, la conditiondu serf était meilleureque celle de l'esclavedans l'antiquité. Le progrèsquel'esclavageavait déjà fait à la fin de l'empire romain, ne s'était point perdu au milieudes catastrophesde l'invasion; il se retrouvaitdans la sociétéféodale.L'hommelibre, dans les temps anciens, avaitété plus dur pour l'esclaveque ne le futle barbare, chez qui un certain instinct libéral fut cultivé par la moraledu christianisme.Le serf était bien tenu pour un homme, ayant une famille,issu, commele seigneur, du premier père des hommes, et, comme lui, fait à l'image de Dieu. Les serfs enfinentraient dans l'Église, et par elle arrivaientà monter quelquefoisplus haut que les pluspuissantsseigneurs. Au-dessusdes serfs sont les mainmortabks,a plus débonnairementtraités, continuele vieux juriste du Beauvaisis car le seigneurne leur peutrien demandersi ils ne melfont, forsleur cens et leurs remes et leurs redevancesqu'ils ont acconstuméà payer pour leurs servitudes.» Maisle mainmortablene peut se mariersansle consentementdu seigneur, et s'il prend femmefrancheou née hors de la seigneurie,il convientqu'il fine (finance)à la volontédu seigneur.C'estle droit de fornkriage. Les enfants seront égalementpartagés entre lesdeux seigneurs. S'il n'y ena qu'un, il sera au seigneur de la mère. A la mort des mainmortables,tout ce qu'ils possèdentappartientau seigneur.Poureux,nul moyen d'échapperà la rude main qui les courbesur le sillon.Si loin qu'ils aillent, le droit de mile s'attacheà leur personneet à leur pécule; le sire hérite partoutdé son serf. A un degré supérieurse trouventles.tenancierslibres apou roturiers. Leurconditionétaitmoins' pelésvilains, manants précaire.Ils avaientsauvé leur liberté,que le serf ne possédait pas et ils tenaient, à conditiond'une rente annuelleet


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de corvées,les terres censivesque le propriétairedomanial leur avaitconcédées,et qu'ils pouvaienttransmettreavectons leurs biensà leurs enfants.Mais, tandisque les tenures bénéficiairesou fiefsétaientsous la garantie d'un droit public et bien déterminé,les tenurescensivesétaientdans la juridictionabsoluedu propriétaireet garantiesseulementpar des conventionsprivées. C'estpourquoiles vilains, surtout ceux des campagnes,qu'il n'était pasnécessairede ménagercomme ceux des grandes villes,étaient-ils, eux aussi, soumis à un pouvoirle plus souventillimité.On lit dans un anciendocument, au sujet des seigneurs « Ils sont seigneurs,du ciel à la terre, et ils ont juridiction sur et sous terre. sur couet tête, sur eau, ventset prairies. « Le vilainne pouvaitfausser jugement,car la loi féodaledisait a Entre toi, seigneur, et toi, vilain,il n'y a juge fors Dieu. » a Nousreconnaissons à notre gracieuxseigneur,dit une autre formule,le ban et la convocation;la haute forêt, l'oiseau dans l'air, le poisson dansl'eau qui coule, la bêteau buisson,aussiloin que notre gracieuxseigneur, ou le serviteurde sa grâce, pourra la forcer.Pour ce, notre gracieux seigneur prendrasons son appui et protectionla veuveet l'orphelin comme aussi l'hommedu pays. » Ainsi abandonde toutdroit au seigneur, mais en échangeil devra défendrele faible.Tel est leprincipede la sociétéféodaleà l'égard des sujets. La royauté ne remplissantplus l'officepourlequel elleest instituée, on demandaitauxévêques,aux comtes,aux barons,à tousles puissants, la protectionqu'on ne pouvaitpas attendre du chef nominalde l'État. Tout appartenaitau seigneur; mais commeil n'y avaitni industrieni commerce,ni luxequi permît à un seul de consommeren quelquesinstantsle fruit du travailde beaucoup, lesexigencesdu seigneurne furent pointd'abord oppressives, et, pourles vilains,elles étaient régulièrementdéterminées, commele eontaujourd'huilesdroitsdu propriétaire à l'égard de ses fermiers. Seulementil faut toujours au moyenâge fairela part del'arbitraire et desviolencesque la loi maintenantne souffriraitplus. Les obligationsdes vilains étaient donc,soitdes redevancesen nature, commodes provisions,


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du blé, du bétail, de la volaille,les produitsde la terre et de la ferme soit du travail, ou services de corps, commeles corvéessur les terres et dans les vignesdu seigneur,pour la constructiondu château ou le curage des fossés, pour la réparation des routes et la confectiondes meubles et des ustensiles,fers de cheval, socs de charrues,voitures', etc. Dansles villes et partout où il avait un peu de fortune, le seigneurne se faisait pas faute, bien entendu, d'exigerdes redevancesen argentet d'imposerdestaillesarbitraires. Mais laissonsfaireau temps.Écoutonsdéjà ces parolesd'un clerc « Le seigneur qui prend desdroits injustes de son vilainles prend au péril de son âme. » Si la craintedu cielne suffit, voiciles communesqui arrivent, et les gens du roi ne tarderont guère. Il y avaitaussides redevancesbizarres pour égayer cette vie si triste du seigneur féodalenfermé tout l'an entre les sombresmuraillesde son manoir.A Bologne,en Italie, le tenancier des bénédictinsdo Saint-Proculepayait, à titre de redevance,la fuméed'un chapon bouilli. Chaqueannéeil apportaitson chaponà l'abbé, entre deuxplats,le découvrait, et, la fumée partie, était quitte il remportait son chapon. Ailleurs, les paysansamenaientsolennellementau seigneur, sur une voituretratnéepar quatre chevaux,un petit' oiseau; ou bien c'étaitun arbre de mai orné de rubans. Le porteur de singes est quitte,d'après une ordonnancede saint Louis, en faisantjouer son singe devant le péager du seigneur le jongleurne doit qu'une chanson. Les seigneurs eux-mêmes ne se refusent'pas quelquefoisà jouer un rôledans cescomédies populaires.Le margravede Juliers, à son entrée solennelle, devaitêtre montésur un chevalborgne,avec une selle de boiset une bride d'écorcede tilleul, deuxéperonsd'aubépine et un bâton blanc. Quand l'abbé.de Figeao faisait son surIsa 1.Ilfautajouterauxrevenue duseigneur lesdroitsde mutation ceuxqu'ilpercevait sur les malnmortables le profitdea terréecensives, etdroits d 'aubaine épaves t lespéages, amendes, confiscations, déshérences, lesdroitssurlesfolriw et marchés, Us» droitedechasse etdepèche, lesdroite de banalité, d u du d u du payéspourl'usage moulin, four, presaoir, ruutoir, Il yavaitencorel'obligation defalrole guetoula garda etc.,duseigneur. dansleschâteaux. Dictionnaire desdroitsJiodaux.) [Rennuldon,


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entrée dans la ville, le seigneurde Monbrunle recevaitrevêtud'uncostumegrotesqueet une jambe nue. La féodalité,ennuyéed'elle-même,riait doncquelquefois avecle pauvrepeuple,commeTaisaitaussi l'Églisequand ellu autorisaitla célébration, dansses basiliques, de la fête de l'Ane. Lespuissants, les heureux,en ces tempssi tristeset si durs, oùla misèreétaitpartout,la sécuriténullepart, devaient bien à leurs vilains et manantsquelquesinstants d'oubli et de gaieté &mmrehleet vloleneesgaffreuse misère des mabnntsiJ quelques résultats heus-eus. Ça été, en effet,un temps bien dur pour le pauvrepeuple que ce moyenâge où, malgrétoutesles formuleset toutes les conventions,lesnoblesne croyaientqu'au droit de l'épée.En théorieles principesde la relationféodalesontfort beaux,en réalité ils menaient à l'anarchie car les institutionsjudioiaires étaienttrop défectueusespour que le lien vassalitique ne fût pas, à chaqueinstant, brisé. Là fut le principe de ces interminablesguerres qui s'élevèrentsur tous les points de l'Europe féodaleet qui furent la grande désolationde cette époque. Chacun pouvant en appeler à son épée d'un tort éprouvé ou d'une sentence qu'il estimait injuste, l'état de guerre fut l'état habitueldecettesociété.Toutecollinedevint uneforteresse,toute plaine un champde bataille. Cantonnés dans des châteauxforte,couvertsd'armuresde fer, entourés d'hommes d'armes,les seigneursféodaux,les tyrans, comme un moinedu onzièmesiècleles appelle', n'aimèrentque les combatset ne connurentd'autres moyensde s'enrichir que le pillage. Plus de commerce,les routes n'étaient pas sûres 1.Richer, H, xxxm,tjrrauiù. 2. Ladiversité des monnaies étaitaussipourlocommerce untrès-grand Obstacle. ou Centcintluante battaient monnaie onzième seigneurs sUide,et souvent nevoulaient lesmarchanda étaient recevoir quetaleur;desorteque dochanger flef obligés à t raversaient. grand qu'ils d'espèces presquechaque Doladosperlesénormes. autresentraves aucomIl tantajouter,comme unauetan envertu merceledroit<F«uliaine duquel l'étrangerquipassait JuursuruuIkf, devenait leserfduseigneur. Suouecesston luiétait comme


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plus d'industrie, car les seigneurs, maîtresaussi des vil'es, rançonnaientles bourgeoisdès que ceux-cilaissaientparaitre quelquepeu d'opulence.Partoutles coutumesles plus diverses, puisqu'iln'y avait plus de législationgénérale, chaque nobleayant seul pouvoirlégislatifsur son fief; partout aussi la plus profondeignorance, si ce n'est au fond de quelques monastères;et le clergé,gardiendeslois morales,réduit non à interdirela violence,maisà la régulariseren établissantla trêvede Dieu qui défendaitde tuer et de voler du mercredi soir au lundi matin. Sur qui retombaittout le poids de ces guerres féodales? i Ellesétaientfort peu meurtrièrespour le noblebardéda fer; maisellesl'étaientbeaucouppour le manant, h peu près sans armuredéfensive.ABrennevilleoù combattentles deuxrois deFranceet d'Angleterre,900chevalierssontengagés,3 seutementdemeurentsur la place.A Bouvines,PhilippeAuguste est renverséde son chevalet restequelquetempssansdéfense auxmainsdes fantassinsennemis; ilscherchentvainementun défautdans sonarmure pour y faire passer la lamed'un poignard, et ils le frappent de masses d'armes qui ne peuvent briser sa cuirasse. Les chevaliersont tout loisir de venirle délivreret le remettreen selle. Aprèsquoi il se jette aveceux au milieu de cette ribaudaille, oùles longueslancôs et les pesanteshachesne frappentpasun coup en vain.Le seigneur pris, autre calamité:il faut payer sa rançon. Mais quipayait la chaumièreet la moissonbrûlées du pauvre diable? qui pansaitses blessures?qui nourrissaittant de veuveset d'orphelins! Deuxauteurscontemporains,deuxhistoriensdes croisades, peignentainsi ces tempsdésastreux a Avant que les chrétiens partissentpour les contréesd'outre-mer,dit Guibertde Nogent, le royaumede France était en proie à des troubles et des hostilitésperpétuels. On n'entendait parler que de brigandagescommissur les voies publiques. Les incendies dévolue. Le seigneur avait encore le droit de gtto ou à'hibergemimi chois aett vwaus, et le droit de pouwtMe, ou droit du requérir ehuvuus, volturco, denrét», «le., quand U voyageait.


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étaient innombrables, et la guerre sévissaitde toutesparts sans autrecausequ'une insatiablecupidité.Bref, deshommes avides ne respectaient aucune propriété et se livraient au pillage avec une audace effrénée.» Et Guillaume arche-» vêquede Tyr: a Il n'y avait aucune sécurité pour les propriétés quelqu'un était-il regardé commeriche, c'était un motif suffisantpour le jeter en prison le retenirdans les ferset lui fairesubir de cruellestortures.Desbrigandsceints du glaive assiégeaientles routes, dressaientdes embûches et n'épargnaientni les étrangers ni les hommesconsacrésà Dieu. Lesvilles et les placesfortes n'étaient pas même à l'abri de ces calamités des sicaires en rendaientles mes et les places dangereusespour les gens de bien. » Sur 70 années, de 970à 1040,il y en eut 40 de famineou d'épidémie. Cependantlamarchegénérale de la civilisationn'est jamais si complétementsuspendue que trois siècles puissentêtre complétementstérilespour l'humanité.Dansl'Églisela pensée renaissait,et dansla sociétélaïque la poésiese montrait.Il y eut mêmeprogrèsde moralité,du moinspourla classedomipante. Dausl'isolementoù chacun vivait, exposéà tousles périls, l'Amese retrempapour y faire face. Le sentimentde la dignitéde l'homme,quele despotismedétruit, futretrouvé et cettesociété,qui versale sang avecune si déplorablefacilité, montra souventune élévationmorale qui n'est que de cet âge. Les vicesbas, la lâchetédesRomainsdelà décadence ou des peuplesasservislui furentinconnus,et il a léguéaux tempsmodernesle sentimentde l'honneur. La noblesseféodalesavaitmourir; c'est la première conditionpour savoir bienvivre. Une autre conséquenceheureusefut la réorganisationde la famille.Dans les cités antiques l'hommevivaithors de sa maison, aux champs, au forum; il connaissaita peine sa femmeet ses enfants,et avaitsur euxdroit de vie et de mort. Sousla premièrerace, l'habitudede la polygamieet la facilité desdivorcesempêchèrentla familledo ue constituersur desbasesmeilleures.Dansla sociétéféodale,où l'hommevivaitdansl'isolement,le père fut rapproché-dessiens. QuanJ


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les combatsle laissaientoisifau fondde ce château percha sur la montagnecommean nid d'aigle, il ne trouvapour oc. cupersa vie et son cœur que la mère de sesenfants.L'Église qui avaitcourbéces rudes soldats aux pied d'une vierge,qui ldnr faisaitrespecterdansla mère du Sauveurtouteslesvertusde la femme,adoucitl'humeurfarouchedecesbatailleurs, et les prépara à tombersousle charmede l'esprit plus fin, des sentimentsplus délicatsque la naturea départisà l'autre sexe.La femmereprit alors son rang dansla familleet dans la société,celuique déjà la loi mosaïquelui donnait.On alla même plus loin elle devintl'objet d'un culte qui créa des sentimentsnouveauxdont la poésie des troubadourset des trouvèress'empara et que la chevaleriemit en action.Ainsi dans la belle légende de Saint-Christophe,le fort-estvaincu par le faible,le géantpar l'enfant. Celase voit dans une institutionde ce temps.Robert d'Arbrisselfondaprès de Saumur, à Fontevrault,versl'an 1100, une abbayequi devint bientôt célèbre et qui réunissaitdes reclusdesdeuxsexes.Lesfemmesétaientcloîtréeset priaient; les hommestravaillaientaux champs,desséchaientles marais, défrichaientles landeset restaientles serviteursperpétuels des femmes. L'abbaye était gouvernéepar une abbesse, « parceque, disait la bulle de confirmation,Jésus-Christen mourant avait donné pour fils à sa mère le disciplebienaimé. » Hors de la famille,l'État sansdouteest bienmal organisi. Il faut pourtant;faire attention,malgrétouslesfaits contraires, à la théoriepolitiqueque cettesociétéreprésente. Si le serf n'y a pas de droits, le vassalen a, et de fort étendus. Le lienféodaln'était forméqu'à des conditionsbien connues et acceptéesd'avance par lui; des conditionsnouvellesne pouvaientlui êtreimposéesque deson aveu.Delà cesgrandes et fortes maximesde droit publicqui, à traversmilleviolations,sont arrivéesjusqu'à nous nulle taxene peut être exigée qu'après le consentementdes contribuables; nulle loi n'est valablesi elle n'est acceptéepar ceux qui lui devront obéissance nulle sentencen'est légitimesi elle n'est rendue par les pairs del'accusé.Voilàles droitsde la sociétéféodale


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que les états généraux de 1789retrouvèrent sousles débris de la monarchieabsolue et, commegarantie de ces droits, le vassala la facultéde romprele lien vassalitiqueen rendant son fiefou de répondrepar la guerre à undéni dejustice de son suzerain.Cedroit de résistancearmée, que saintLouis lui-mêmereconnut, conduisait, il est vrai, à l'anarchie; il faisaitla société faible, mais il faisait l'individubien fort. Et c'est par là qu'il fallait commencer.Avant de songerè constituer savammentl'État, il était nécessairede relever l'individu,la famille cettedoubletâchefut l'œuvre dumoyen âge. L'Églisey travaillaénergiquement,en établissantla sainteté du mariage, même pour le serf; en prêchantl'égalité de tousles hommesdevant Dieu, ce qui était une menace contreles grandesinégalitésde la terre; en proclamant,par le principe de l'électionqu'elle conservapour elle-mêmeau sommetde sa hiérarchie,les droits de l'intelligence,en face d'un monde féodal qui ne reconnaissaitque les droits du sang; en couronnantenfin de la triple couronne, et en faisant asseoirdans la chaire de Saint-Pierre, d'où ils avaient le piedsur la tête des rois, un serf, commeAdrienIV, ou le filsd'un pauvre charpentier,commeGrégoireVII. Soblcau géographiquede l'Europeféodale. Telles sont les mœurs qui régnèrent dans tous les payss comprisdansles limitesde l'empirede Charlemagne,c'est-àdire, dans la société germanique presque tout entière, France, Allemagne,Italie et nord de l'Espagne.La géographie politiquede toutes ces contrées se forma d'après son organisation féodale. Comme l'axiome fondamentalde la féodalitéétait dans ces mots « Point de terre sans seigneur, s il n'exista pas, dans ce pays, de si mincedomaine qui ne fût incorporé, à tel ou tel degré, dansla hiérarchie De toutescessuzerainetéssuperposées,la suzerainetéroyale était la seule dont les limites servissent à déterminer le rayon des nationalitésdéjà entrevues, mais très-vaguement dessinées. H1ST.DC VOIES ACB.

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C'estd'après cette suzeraineté, vainmot alors dans notre' pays,mais qui contenaittoutl'avenirde la royauté, que noua rangeonssous l'appellationde France des pays qui ne portaient pas encorece nom, maisdont le duc de France, en Ea qualitéde roi, était suzerain.Ce duché était encore ce que le roi possédait de meilleur et de plus solide, quoique ce grand fief eût été lui-même bien diminué.Les anciensvassauxdeRobertle Fort, lescomtesd'Anjou,de Blois, deChartres, étaient devenusde puissantsfeudataires;et Philippe Ie* no possédaitplus, de tout le duchédeFrance,que lescomtés de Paris, de Mclun,d'Ètampes,d'Orléanset de Sens, encore n'avait-il pas la route libre de l'une de cesvilles à l'autre. Entre Paris et Étampes, s'élevaitle châteaudu seigneurde Monllhiry entre Paris et Melun, la ville de Corbeil,dont le comteespéraquelquetemps pouvoirfonderune quatrième dynastie; enfinentre Paris et Orléans,le châteaudu Puiset, dont la prise coûtatrois annéesde guerre à LouisVI. Plus près encore de Paris se trouvaientles seigneursde 31ontmo~ rency et de Dammarlin et à l'ouest, les comtesde Montfort, da Jlelun et de Mantes qui tous pillaient les marchandset les pèlerins, malgré le sauf-conduitdu roi. C'étaientlà les domainespropresdu ducde France; il avait en outre de puissants vassauxdans les comtésde Por.lhieu,entrela Canche et la Somme,d'Amiens,de Vermandoiset de Valois,de Soissonset de Clermonten Beauvaisis. Autourde ce duchéde France, devenudomaineroyal,entre la Loire,l'Opéan,l'Escaut, la Meusesupérieureet la Saône, s'étendaientde vastesprincipautésféodalesdont les possesseursrivalisaientde richesseset de puissanceavecle roi, leur suzerain. C'était,le comtéde Flandre, de l'Escaut à Térouanne, qui relevait à la foisdes empereurset desrois de France,à causedequelquesfiefsallemandsachetésau dixième sièclepar le comtede l'autre côtéde l'Escaut;\q duchéde Normandie, qui s'étendaitde la Bresleau Couesnon, et dontle possesseur, maitre depuis 1066de l'Angleterre, prétendait tenir encorela Bretagnedanssa mouvance lecomtéd'Anjou, auquel avaient été réunis la Saintongeet le Maine, et dont lespropriétaires furent souvent, contre la Normandie, les


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alliésdes rois capétiens,qui leur confièrentla dignitéde grand sénéchalet s'unirent à eux par des mariages; le duchéds Bourgogne,possédé,depuis 1032, par une branche cadette de la maisonde France; le comtéde Champagne,si puissant sousEudes II (1019-1037). Entre la Loire et les Pyrénées,l'ancienroyaumed'Aquitaineétait diviséen quatre fiefsdominants au nord, le duekè d'Aquitaine, qui appartenait aux puissants comtes de Poitiers depuis845 au sud-ouest,le duchéde Gascogne,entre la Garonne et les Pyrénées, dont le comtede Poitiers avait acheté le titre en 1052; le comtéde Toulouse,anqnel avait été joint le marquisatde Provence; enfin le comtéde Barcelone,au sud et au nord des Pyrénées orientales. A la faveur de l'éloignementde leur suzerain, la plupart de ces seigneurss'intitulaientducs 6t comtespar la grâce de Dieu. Les grands feudataires,vassauximmédiatsde la couronne, étaientappeléspairs du roi. Quandl'institutionde la pairie fut régularisée,au douzièmesiècle, il y eut six pairs laiques et six ecclésiastiques. Lespremiers étaient lesducsdeBourgogne,de Normandieet d'Aquitaine,les comtesde Flandre, de Champagneet de Toulouse.Les secondsétaient l'archevêque-ducde Reims, les deux évêques-ducsde Laon et de de Beauvais,de Châlonset Langres,les trois évêques-comtes de Noyon. Parmi les arrière-fiefson ne comptaitpas moins de cent comtés,et un grand nombrede vicomtés,seigneuries, évêchés-comtés,abbayesseigneuriales,baronnies,etc. Il ne faudrait pas,pour simplifierl'aspectde l'Europe, attribuer à la suzerainetéimpérialeune tropgrande étendue* L'Empereurprétendit quelquefoistraiter la France en vassale, et il avaitpour lui le droit des souvenirs;maisce droit ne fut jamaisreconnu.Le saint-empireromain de la nation germanique,reconstituépar Ottonle Grand,en 962, ne comprenait réellementque les royaumesde Germanie,d'Italie et d'Arles.Le royaumede Germanie,devenuempire, était directementsoumisà l'empereur,ainsi que Je royaumed'Arles depuisla réunion(1033);le royaumed'Italie, qui s'étendait jusqu'à Bénéventinclusivement,était dansle mêmecas de-


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pUIS969, encoreque, au centre, les papes et autres grands feudatairesfussentà peu prèsindépendants.Les papesavaient reçu eux-mêmesl'hommagedes Normandsde l'Italie méridionale.'Quantau royaume d'Arles,il devintbientôt de fait complétementétranger à l'Empire. avaitpour limites à l'ouest, la Lt» royaumede GERMANIE Meuse et l'Escaut; au nord-ouest, la mer du Nord; au nord, l'Eyder, la Baltique et le petit royaumede Slavonie à l'est, l'Oder, avecles royaumesde Pologneet de Hongrie; au sud, les Alpes. Il comprenaitneuf grandes divisionsterritoriales Le vasteduchéde Saxe, depuis le bas Oderjusqu'àquelque distancede la rive droitedu Rhin, et depuis la Frise et le Danemarkau nord, jusqu'à la Thuringe et la Bohèmeau sud; La Thuringe,entre la Bohême, la Franconie et la Saxe dont elleétait regardéecommeune annexe; La BoMmeet la Aloravie,soumisesà un mêmeduc héréditaire qui avait reconnula suzerainetéde l'Empire et faisait souventreconnaîtrela sienneau roi de Pologne; Le duchéde Bavière,entre les Alpes et les monts de Bohême, et comprenantà l'est la Marcheorientale qui devint plus tard l'Autriche; Le duchéde Carinthie,sur le haut coursde la Drave et de la Save; L'Alamannie,comprenantla Souabe, dont le nom commençaità prédominer,et s'étendantsur la Suisseallemande et l'Alsace La Franconie,entre la Souabe au sud, le Nordgau bavaroiset la Thuringe à l'est, la Saxe au nord, le Rhin à l'ouest; La Lorraineà l'ouestde la Franconieet dela Saxejusqu'à l'Escautet jusqu'au delàde la haute Meuse La Friseenfin, sur les rivagesde la mer du Nord.C'étaient là les, huit grands duchés allemands(la Thuringe, relevant do la Saxe, n'en portaitpas le titre) il y avaiten outre neuf ou dix margraviats,un grand nombre de comtés,plusieurs évêchésprincierset des abbayesseigneuriales.Cetteféodalité


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allemanden'était pas encorebien constituée,mais allaitdevenir puissante; la royauté, au contraire, bien plus riche alorset plus fortequ'en France, perdra tousses domaineset tout son pouvoir.On en verraplus loin les causes (voyezles chapitresxvm, xix et xxxv). Le royaumerf' Arles,qui était situé entre la France méridionale à l'ouest, la Méditerranéeau sud, les Alpes, la K.suss,le Rhin et l'extrémitéméridionaledes Vosges,à l'est et au nord, était à la foisen deçà et au delà des limitesde la France actuelleet s'étendait en Languedoc,Provence,Dauo phiné, Lyonnais, Franche-Comté,Savoie et Suisse. On y voyait,comme ailleurs, des principautéslaiques et ecclésiastiques.Le comté de Savoie y était destinéà une lente mais brillante fortune.La royauté, au contraire,y disparut de bonne heure. Divisé en deux États (Bourgognetransjurane et Bourgognecisjurane),de nouveau réunis en 933, ce royaume fut légué, un siècle plus tard, au roi de Germanie.Il fit dès lors nominalementpartie de l'empire d'Allemagne, mais en réalité n'appartint qu'à ses chefs féodaux, évêqueset comtes. On a vu que,par son édit de 1037,Conradavait empêché la formationen Italie d'une grande féodalité par contre, on y trouvaitbeaucoupde villesqui devinrentde vraiesrépubliques. Le royaume ^Italie comprenait la Lombardie,où s'élevaientMilanet Pavie, autour desquellesse groupaientla plupart des villeslombardes;sur le littoral des deux mers, trois richeset puissantescités Venise,qui possédaitdéjà les côtesde laDalmatiede l'autre côtéde l'Adriatique,Gênes, maîtressede la Corse,et Pise, maîtressede la Sardaigne; en outrele duchéon marquisatde Toscane,le plus puissant des fiefsitaliens; au centre de la Péninsule les domainesde l'Église, dans l'ancien exarchat que l'archevêquede Ravenne disputaitau pape, et la républiquede Romequi étendaitsa. juridictionsur toutela Campagneromaine, l'ancien Latium. Dansle sud les dueslombardsde Bénévenlavaientd'abord mieuxgardé leur duchéque les successeursde Charlemagne sa couronne,etles empereursd'Orientconservaientdifférents pointssur les côtes (la Pouille,les Calabres,Tarente, Mi-


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sène, Reggio,etc.) autourdesquellesles Arabesrôdaient.Dbs l'année 827, ceux-ciavaientmis le pieden Sicile. De nouveauxvenus,lesNormands,étaientoccupasà mettre d'accord ces maitres différents en les asservissanttous; ils fondèrentau onzièmesièclequatre États dansl'Italie méri= dionale la principautéde Capoueet d'Aversa,le duché de Pouilleet de Calabre,la principautéde Tarenteet le grand comtéde Sicile. L'Espagnechrétienneluttait péniblementcontreles Maures, maisallaitavantla findu siècleconquérirOporto,Tolède et Valence; le royaume d'OviÉDOdevenait le royaume de Castille.La marcheCarlovingiennede Navarre, auxsources de l'Èbre, était aussidevenueun royaume; cellede Barcelone, dans a la terre des Gotha, » la Catalogne,était restée un comté relevantde la France, mais très-puissant.Depuis 1035,le comtéde Jaccaformaitun quatrièmeroyaume,celui d'Aragon.Je reviendraiplus tard sur l'histoirede ces royaumes espagnolspour la présenteravecsuiteet ensemble. La féodalitéavaitété portée en Angleterrepar les Normands, mais dans des conditionset avec des conséquences particulièresque nous examineronsplus loin et qui poussèrent ce paysdans une voiedifférentede celleoù l'Europeféodale marcha.Commela féodalitérésulta à la foisdesinstitutions et desvicissitudesde l'empirecarlovingien,elle n'exista pas dansles pays slaveset scandinaves.Un motpourtant sur la géographiepolitiquede ces pays au onzièmesiècle. Le royaume$ Angleterre,conquisen 1066par Guillaume le Bâtard, s'étendait depuis la Manche jusqu'à Carlisle et Bamboroughau nord, qui lui servaientde boulevardcontre l'Écosse; maisle pays de Gallesétait'resté en dehorsde la dominationnormande,et il avaitfallubâtir une lignedechâteauxforts confiésaux lordsdes marchespour arrêter les incursionsgalloises.L'Écosseavaitperdu le Cumberlandrattaché à l'Angleterre, et laissait occuper par le roi des îles plusieurs de ses péninsulesde l'ouest et du nord. L'Irlande était encoreindépendanteet partagée entre plusieurs rois indigènes. Le Danemark était composédu Jutland, des îles danoise

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et de la Scaniesur la côtede Suède.La Norvégocomprenait, avecle royaumedesilesou comtédes Orcades,les Fœroer, etc. La Suèdeavait les lies d'Œland et de Gotland, une partie dela Laponie,et ies côtes de la Finlande. Dans les trois royaumesscandinaves,la piraterieavaitcessé, et l'unité monarchiqueétait rétablie; mais des ambitionsde familles,des guerresintestines,et la positiongéographiquede cescontrées qui les place commeen dehors des affaires généralesde la chrétienté,empêcherontlongtempsencoreleurs habitantsde jouer un rôle dansla politiqueeuropéenne. Les États Slavesétaient le royaume de Slavonie,sur les bordsde la Baltique,le duchéde Pologne,avecla Poméraoie orientaleet la Masovie;l'État des Prussienset celui des Lithuaniens;le grand-duchéde Russie,démembréen une foule deprincipautésrivales;le royaumede Hongrieque la Marche séparait du pays des Bohême».Par la Hongrieallaient pas.. ser les premièresbandesdes croisés. L'empired'Orientpossédaiten Europela grandepéninsule située au sud du Danube et de la Save, entre l'Adriatique, l'Archipelet la mer Noire, moinsla Croatie,récemmentsoumise pa les Hongrois,et dans l'Asie Mineure, quelques villesfortifiéessur le littoral. Menacépar les Normandsd'Italie, quiveulentlui enleverla Grèce, par les Arabesd'Egypte et d'Afrique,qui infestentl'Archipel,par les Turcsde l'Asie Mineure,qui campentde l'antre coté du Bosphore,par les Russes,qui déjà ont assiégé quatre fois Constantinople,par les PetschenègxieSf qm,tout récemmentencore,avaientoccupé la Thrace mal secondéd'ailleurs,au milieu de tant de périls, par les barbares,de toutes races (Uzes,Comans,Bulgares, Petschenègues,Turcopoles,etc.) qui habitaient ses provincesou étaientà,sa solde, l'empereur Alexisallait être contraintd'appeler les peupleschrétiensde l'Occidentau secoursdu dernierdébrisde l'empire romain.


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CHAPITREXVI.

CHAPITRE XVI. I»t CIVILISATIOM DU NEUVIÈMEAUDOUZIÈME SIÈCLE. Inutilitédeseffortsde Charlemagne en faveurdeslettres.-Seconde renaissance aprèsl'an 1000.-Languelatine. Languesvulgaires.– architecture. Chevalerie, tmutmté des effortede Charlemagneen faveur des lettres. On a vu comment la société, en tombantdes mainsde Charlemagne,se brisa. Il en fat de mêmede la civilisation, $ dont lesélémentscommençaientà se rassembleret à se coordonnerpar ses soins.Il ne lui avaitpointéchappéque l'unité d'idéesest lu cimentindispensablede l'unité politique;et il avait eu d'ailleurs,commetous les grands esprits, la passion de régner sur un empireciviliséplutôt que sur des barbares. De là ces lettres, ses capitulaires,où il ordonnede a former des écolesd'enfantset d'y appeler, non-seulementles fils des serfs,maisceuxdes hommeslibres, » c'est-à-dire,non-seulement les enfantsdes pauvresgens des campagnes,à qui les guerriers laissaientavecdédainl'humble et paoifiqueavenir de clercou de moine, mais encoreceuxmêmesqui devaient un jour succéderà ces guerriers, et porter dans les batailles la grande épée de leurs pères. <•Vous comptez,disait-il aux filsde ses grands, lorsque, les examinantlui-même, il les trouvait moins instruits que les enfants des pauvres, vous comptezsur les servicesde vos pères, mais sachezqu'ils en ont été récompensés,et que l'État ne doit rien qu'à celui qui méritepar lui-même,» faits par un tel hommene tonDe pareilscommandements


LA CIVILISATION DU IX' AU XII0 SIÈCLE.

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daientà rien moins qu'à former une sociétélaïqueéclairée, ce qui eût changé tout le moyen Age.Déjà, par une lutte opiniâtrecontre l'esprit récalcitrantde ses peuples grossiers, Charlemagneavait réussià faire surgir, par tout l'Empire auprèsde chaquemonastèreet de chaqueévèché,deces écoles publiques,où ses comteset ses chevaliersn'envoyaientleurs enfantsqu'avecunemauvaisehumeurqu'ilsn'osaientpas trop montrer.A sa mort sans doute, commeplus tard à cellede LouisXIV, ce fut une joie universelle. Toutecettenoblesse à l'école jeta bien loin la grammairelatine et la, grammaire tudesque;elle voyaitavecjoie s'ouvrirla carrièredesguerres civiles, où chacunfait ce qu'il veut, et où la licencetrouve autant de place que la valeur. Tout espoir de fonderune sociétééclairéefut perdu. Du moins, la société ecclésiastiqueconservaquelque chosede l'impulsion donnée aux études par Charlemagne.Sous le grand édificeébranlé en tous sens, mais non point encore renversé,le neuvièmesiècleabrita un développementintellectuelqui uemanqua pas d'une certainegrandeur. Hincmar remplaçaitAlcuin, et Charles le Chauves'efforçaitd'imiter Charlemagne.En 855, la loi et un concilerecommandèrentà l'envi l'enseignementdes lettresdivineset humaines nouvelles tentativesen 859 pour restaurer les écolescarlovingiennes, a parceque cette interruption des études amène l'ignorance de la foi et la disette de toute science. On trouve en 882 la premièrementionde l'école épiscopalede Paris, qui jeta plus tard tant d'éclat, et dansle cataloguede la bibliothèquede Saint-Riquier pour l'année 831, il est faitmentionde 256 volumes,parmi lesquelsles Egloguesde Virgile et la Rhétoriquede Cicéron,Térence, Macrobe,et peut-être Trogue Pompée,que nous avonsperdu. Il y eut mêmevers ce temps un mouvementd'idées philosophiqueset de disputesqui présageaientcellesdes grands sièclesdu moyenâge le moineallemandGotheschalkavait cru trouverdansles écritsde saint Augustin le dogmede la prédestination.Combattupar le savantévêquede Mayence, Bàban Maur, discipled'Alcuin,condamnépar deuxconciles, il fut enferméau fond d'un cloître par Hincmar,jusqu'à la


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CHAPITRE XVI.

fin de ses jours, sans avoir voulu se rétracter. Le célèbre Jean Scot Érigène (l'Irlandais), chargé par Hincmarde lui répondre, appela à sontour la répressionpar ses raisonnementspurementhumains,philosophiques,commeil les nommait lui-même, et puisésen effetdans l'étude de la philosophie des anciens. Maisla confusionpolitiqueaugmente l'Empire achèvede s'écrouler les seigneurss'agitent, combattent,dépouillent, font le désordreà leur aise. Quelleplace, au milieu de ces violences,pourles études?Aussine les trouve-t-onplusqu'au fondde quelquemonastèreisolé, seul asileoù se cachent,au dixièmesiècle, pour éviter le souffledes tempêtes,les derniers et pâles flambeauxde la science. Audehors, nuit profonde affreusemisèrephysiqueet morale; des pestes, des famines, oùl'on voit la chairhumaineet la farine mêlée do craie payéesau poidsde l'or. Il sembleque la mort physique va s'emparer du monde que la mort intellectuellea déjà presque entièrement conquis lui-mêmecroit qu'il va périr. L'an 1000approche,on ne bâtit plus, on ne répare plus, on n'amassaplus pourl'avenir, du moinspour l'avenir d'ici-bas; on donneau clergésesterres, ses maisons,mundi finearpropinquante,parceque la findu mondeapproche. Seconderenalssaraeeaprès l'an fl©«®. Maiscette heure d'angoisseet d'inexprimableterreur se passe commetoutes les autres. Le soleil se lève encorele premier jour de l'an 1001.La vie suspenduereprend son cours avecune impétuositénouvelle.Le monderemerciele Dieu qui a laissé vivre, par une grandepenséed'unitéchrétienne et d'héroïsme religieuxque le chefdes chrétiensexprime. « Soldatsdu Christ, s'écriele premier pape français, SylvestreII (999-1003),en montrant Jérusalem saccagée, soldatsdu Christ,lovez-vous,il faut combattrepour lui 1 n Le sièclene sera pas écouMque des millionsd'hommesauront réponduà cetappel. Eu attendant,touslesbras travaillent la terre sembledépouillersa vieillesseet sevêtir d'uneblancheparure d'églises


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nouvelles.Onreconstruitdes basiliques,on fondedes monastères. En huit siècles, 1108seulementavaient été bâtis en France; 326 s'élèvent au onzièmesiècle, 702 au douzième. Les fonctionspieuses ne sont pas moins nombreusesdans le k Etéde l'Europechrétienne,car cesdeuxsièclessontl'époque principalede ces donationsqui mirent un quart du sol dans lesmainsdu clergé, richessesmauvaisesplustard, maisalors utiles. Le mouvementse remet en même tempsdans les esprits. Sylvestrelien donnel'exemple;simple moine d'Aurillac, sous le nom de Gerbert, il était allé chezles musulmans d'Espagneétudierles lettres, l'algèbre, l'astronomieet ouvrirà l'Europe chrétienneune sourcenouvellede connaissances, la sciencearabe; il réunit une bibliothèqueconsidérable il construitdes sphères il imaginel'horlogeà balancier, merveillequi le fait passer aux yeuxde la foulepour un magicienvendu au diable. En 1022, une hérésie parait à Orléans c'est un symptômenon d'affaiblissement,mais de recrudescencedu sentimentreligieux,c'est que hul'esprit main se préoccupeet veut se convaincrede ce quil croit. Treize hérétiques,condamnéspar un concile, périssentpar le feu. Déjà la société se lasse des brigandages; son Instinct la porte à sortir de la confusion,à s'asseoirsur les nouvelles basesqui se sontforméesdansle chaos,à vivred'unevieplus régulièredansl'édificesocialqui s'élèveet à développeravec quelquesécuritéla civilisationnouvelle,dont les douleursdu dixièmesiècleindiquaientl'enfantementet dont elle sent s'agiter en elle-mêmeles éléments.Interprète de ce besoinpublic, où elle puisel'autorité de ses commandements,l'Eglise osetracer deslimitesauxviolencesdesbarons elleétablitla trévede Dieu(1041)qui;interdittoute guerreprivéedepuisle mercredisoir jusqu'au lundi matin, et menace les contrevenantsdes peinesles plus sévères, temporelleset ecclésiastiques. Biattguelatine» Cesdeuxsociétés,ecclésiastiqueet laïque,l'une qui, obéis» santà une directionunique,à une penséemure et suivie, ca=


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CHAPITRE XVI.

treprendde corrigeret de refrénerl'autre; celle-citoute récente, qui se développespontanément,suivantses passionset sesinstincts,ont désormaischacuneleur langue. La première n'ena pas changé; dansses églises,danssescouvents,à l'abri desoragesextérieurs,elle a conservéla languede la domination universelleet de la science,la languelatine, nondanssa pureté antique,mais appropriéeauxbesoinsprésents,vivante etnationale, en quelquesorte, dans le domainereligieux.L% secondeapporte avec elle, en sortantdes langes, des idiomes nouveaux,encoreimparfaits,rudes,mal fixés,variables,mais parlésde tous,vifs,pleins de vigueur,expressiondirectedes choses et des sentimentsqui l'animent. En Allemagne,c'est l'idiometudesque(languede ta), refoulé,depuis 987, au delà de la Meuse en Italie., c'est l'italien (languede si), qui ne produit rien encore, quoiquedestiné à atteindre, avant les autres,sa perfection,grâceà Danteet à Pétrarque en France, c'est le roman, qui se distinguedéjà en roman du nord, wclcheou wallon (langued'oil), et roman du midiouprovençal (langued'oc),par suitedes mœurset de l'espritdifférents de ces deuxparties de la Gaule. Le romanest le produitde la langue gallo-romainequi se parlait dans les Gaulessous l'empire romain,et que les barbares de la Germanieet du nord ont modifiéesuivantleur génie et leur ignorance.Le fonden est latin, les formesseules, ou peu s'en faut, sont changées.L'analyse remplacela synthèse.Les inflexionsdes désinencespour marquerles cas des substantifset lespersonnesdes verbes, trop subtilespour les barbares,!ont fait place aux articles, aux pronoms, aux verbesauxiliaires.La sonoritédes languesdu midi s'est asFourdiedans les rauques gosiersdes hommesdu nord. Les Normands,qui, dès leur établissement,ont adoptéla langue des vaincus,ont été les plus actifsdans ce travailde langue. Ce sont eux qui de charitasfontcharité, tandis que les méridionaux s'arrêtent à la première transformationque ce mot avait auparavantsubie,charitad. Voilàle doubleinstrumentde la littératurodu moyenâge d'une part, le latindans son imposanteunité de l'autre, les idiomes vulgaireset nationauxdans leur diversité l'un or*


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gane de la sociétéspirituelle, les autres de la sociététemporelle. Dansla langue latine s'agitentles débats religieuxet philosophiquesou s'écriventles chroniques,et ce n'est plus par la volontéd'un seul homme, commeau temps de Gharlemagne, mais par le besoin de tous que cette renaissance a lieu. Les monastèresen sont le théâtre pour les lettressavantes. La seconderenaissancese produitsurtouten Franceet plus où s'était particulièrementdanscette provincede Normandieb déjà montré, danssa plus haute expression,l'esprit guerrier de la sociétéféodale.Là se trouventla magnifiqueabbayede Fontenelle ou de Satnt-Yandrille, restaurée par la duc en 1035; celle de Jumiéges, dont on voit encoreles imposantes ruines; celledu Bec, fondéeen 1040, et qui s'illustra dèsson origineparla présencede deux grandsdocteurs,Lanfranc et saint Anselme; sansparler desmonastèresde SaintÉtiennede Caen,de Rouen, d'Avranches,de Bayeux,de Fécampet du Mont-Saint-Michel« au milieudes dangersde la mer (in periculomaris). » Guillaumele Bâtardétait appelé le Conquérant,maisaussi le grand bâtisseur. Si les seigneursne saventpas écrire, par droitde naissance et « en qualité de barons, au fond des monastères, les moinesne se contententplus de copierles rares manuscrits qui ont survécuau naufragede lacivilisationantique. Ils sont curieux des événementsqui s'accomplissentautour d'eux et les écriventou s'inquiètentd'affirmerleur foi par des discuscionsthéologiquesqui redeviennentsavantes.Richer,élèvede SylvestreII, et qui est médecin en même tempsque moine, écrit, à l'abbaye de Saint-Remi, une histoire du dixième siècledanslaquelle il imite SallustecommeÉginhardimitait Suétone. Abbon, moine de Saint-Germain,chante en vers quelquefoisboiteuxles exploitsdu comteEudeset des Parisienscontreles Novthmans,dont un autre, Guillaume,composel'histoireà l'abbayede Jumiéges. Pendant que ceux-làécrivent, d'autres enseignent et les écoliersaccourent.ASaint-Êtiennede Gaen,l'ItalienLanfranc (1005-1089)avaitplus de quatre milleauditeurs. Envain il


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CHAPITRE TLVl.

voulutfuir dansla solitudedu Becuneillustrationqui le pour suivait ellele porta, malgrélui, sur le sidgearchiépiscopal deGantorbéry.Cetteactivitérenaissantede l'esprit s'écartai parfoisdessentiers battus.Nous avonsparlé de l'hérésiequi conduisittreizemalheureuxau bûcher, en 1022.Une autre, suscitéepar Bérengerde Tours, troubla plus de trente ans ne voyait,commeScotÉrigène, l'Église(1050-1080).Bérenger qu'unpur symboledans l'eucharistie,et soumettaitles choses de la foi à la raison. <Il faut pourtantbien se résignerà ne pas comprendre,lui disait l'évêquede Liège, son ami, car comprendrastu jamais la grande énigme de Dieu? s Mais Bérengervoulaitse rendre comptede sa croyanceet portait audacieusementsa raisonaumilieu desmystères.Il estun des précurseursde Luther, quoiqueLuther n'ait rien connude ses écrits.Lanfraacfut son principaladversaire. SaintAnselme,ItaliencommeLanfranc1, sonsuccesseurà l'abbaye du Beoet sur le siégede Gantorbéry,recommença la théologiedogmatique,à peuprès délaisséedepuissaintAugustin, o'est-à-diredepuis sixsiècles.Il s'établitavecune foi absolue, au cœur du dogmechrétien, et employatoutesles forcesdesonpuissantesprit et toutesles ressourcesde la dialectique,c'est-à-dire de l'art du raisonnement,à en démontrer la vérité.Il procèdeparfoisavecla rigueurde Descartes, et la preuvefameusede l'existencede Dieudonnéepar le père de la philosophiemodernelorsqu'il s'élèvedu fait seul de la penséeà l'être absoluqui en renfermela raisonet l'origine, n'est qu'un argumentde saint Anselme. SaintAnselmeeut, commeLanfranc, à fairetête à de hardis novateursqui, s'aidantde la dialectique,cette dangereuse alliée de la théologie, ébranlait les dogmesen voulantles soumettreau raisonnementsuivantles règles de la logique d'Aristote.Bérengeravaitessayé d'interpréterle mystèrede l'eucharistie,Roscelinattaqua,vers 1085,celuide la Trinité, et la scolastiquenaissante commença,avecles querelles des réalisteset des nominalistes,les subtilesdiscussions qui stérilisèrenttant de laborieuxefforts. enPiémont, maisIlpassapresque I. Il étaitd'Aosle, toutesavie(4088etécrivit toussesduvagea esFrance.Lanfranc étaitdeParie, 1409)


LA CIVILISATIONDU IX» AU XII" SIÊCJ^E.

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Kangnesvulgaire». Tandis que l'esprit humain rentrait, par la scolastique, dans l'exercice de ses nobles fonctionsspéculatives,tandis que les frais ombragesdu Becet le cloîtreSaint-Victorretentissaientdes argumentationslatinesdes philosopheschrétiens,d'antresvoix,d'autres sujets,un autre langagefaisaient résonnerles échosdes châieaux,ou se mêlaientau cliquetis des armes, sur les champsde bataille. Les guerriers barbaresaimaientles chantsdes bardes. Ils y trouvaientun aliment à leur courage, et sans douteaussi une pâture à leur imaginationdans les périodesinévitables du repos. Les guerriers féodaux,passionnésaussi pour les batailleset lesaventuresde guerre, maiscondamnésquelquefoisà s'enfermerde longuessaisonsdansleursépaischâteaux, aimaientà entendreraconterles faitsd'armes.Ils eurentleurs bardes, appelés,dans le nord, trouvères,dans le midi troubadours, et les jongleurs. Le trouvère et le troubadour, commele noml'indique,inventaientet composaientle poëme, le jongleur(joculator)le récitait;quelquefoisle mêmehomme réunissait les deux attributs. On voit de bonne heure des jongleurs il y en avaitd'attachésà la cour de 'Charlemagne et de Louisle Débonnaire; un capitulairede 789défendait aux évêques,abbés et abbessesd'en avoirà leur service.Plus tard, ils se multiplièrent.Ils erraient de châteauxen châteaux,la viellesur le dos ou a l'arçondeleur selles'ilsétaient assez riches pour avoir une monture. Baron, châtelaine, écuyerset damoisellesaccueillaientavecjoie le trouvère il apportaitla distraction, le roman, qui abrégeait la soirée, alorsque les livresétaientbien rares. Aussiretournait-ilpour l'ordinaire richement gratifié. Tel a été le premier emploi noble de notre languevulgaire. Les trouvèresont puise leurs chants à plusieurssources, et leurs longues épopées, ou chansonsde gestes,de vingt, trente ou cinquantemille vers chacune,se classenten plusieurs cycles.Le premier fut le cyclecarlovingien,empreint d'un caractèreà la fois religieuxet féodal.Gharlemagneen


S.VI. CHAPITRE 256 est le principal héros, transfigurépar la légende. Ce n'es» plus l'énergique et habile chef des Austrasiens, qui se fait empereur, bat les Saxonset signe des capilulaires,c'est un monarque fantastique, commeces figures qui s'allongent, s'étendent,s'enflentdans les rêveriesallemandes,et dontles contoursse perdent dans le vague.Charlemagneest le type conçupar l'imaginationpopulaire; si d'autres rois antérieurs ou postérieurssont nommés,o'estrarement; et presquetoujours leurs grandesactionslui sont imputées; c'est lui qui a gagné la bataillede Tours. La haine des Sarrasins, dans ce onzièmesièclequi enfantala croisade,est le sentimentreligieuxqui domine.Aussi l'épopéepopulaireoublie les longs effortsde Charlemagnepour cantonnerses margravessur les bords de l'Èbre; mais elle le fait vainqueurdes Sarrasins jusqu'en Asie, et le promène triomphant de Jérusalem à Constantinople.Pourtant ce colo&equi enjambeles mers est en mêmetempsfaible, presquenul, assezmalmené;ceuxqui agissent,ce sontses douzepairs. C'est ici une image'de la société féodalerebelle du onzième siècle, une flatterie du trouvèreau seigneur du donjon. Si la prolixitémonotonede cesinterminablespoèmesfatigue,on y lit encoreaujourd'hui avecsaisissementdes passagesoùl'héroïsmerespire; tel est celui de la Chansonde Roland,pour n'en citer qu'un seul, oh ce héros,surpris dans la valléede Roncevaux,et ne pouvantfaire parvenirjusqu'à Charlemagnele son de son olifant, adresseses adieuxà sa bonneépée Durandal, et se couchela face vers l'Espagne pour mourir. De tels passageschantés avecfeuenflammaientlesguerriers ainsià la batailled'Hastings (1066),le jongleur Tailleferprécédaitl'arméede Guillaumele Conquérant,et Sur un chevalki tost alloit DevantIi Ducsalloitcantant DeKarlemaineet deRollant Et d'Olivere desvassàls Quimoururenten Renchevals. Un autre poèmedu même cycle,le Romandes Lohêrains, est curieux,parce qu'il exprimeavecénergiela lutte des deux racesféodalesque nous avons,en effet, signaléesdans l'hia-


LA civilisation

DU ix« AU xu» siècle.

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toire l'une lorraine ou germanique, l'autre picarde ou française. Le secondcycle épique fut le cycle armoricain,dont le héros est Arthur, Je fameux défenseur de l'indépendance bretonne.Bien des légendes erraient dans le peuple quand Robert Wace, en 1155,les réunit dans son Romande Brut, où il introduisitles sentimentset les mœurs de son époque. Untroisièmecyclevint ensuite,qui prit pour héros Alexandre et,, sous l'influencede l'étude renaissantedos auteurs anciens,transporta le roman-dechevaleriesur le terrain de l'antiquité, où il demeurajusqu'à Mlle de Scudéry. Chevalerie.

C'est la sociétéchevaleresqueque ces poètesépiques s'adressaient. Cette société, en effet, existait déjà et brillait de tout son éclat dès le temps de Philippe Ier et de la première croisade.La chevalerie est un de ces faits qu'on croit trouverdans le roman plutôt que dans l'histoirevraie. Elle a pourtant complètementexisté. Son germe était dans les usages mêmesde la Germanie,dans cette cérémonieoù le jeane hommerecevaitpubliquementl'écu et la framée, et devenaitpar ces insignes guerrier et citoyen.Depuis lors, i'épée avaittoujoursétéle symboled'unesorte d'investiture en 791, à Ratisbonne,Charlemagneceignit solennellement l'épée à sonfils Louisle Débonnaire; en 838,celui-ciconféra le même honneur à Charlesle Chauveen ajoutant « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Voilàdéjà la consécrationreligieuseajoutéeau simplearmement. Or, il arriva que les seigneurs,isolésmaissouverainsdans leurs châteaux,prirent plaisir à se former de petites cours, attirèrent autour d'eux leurs vassaux, leur confièrentdes servicesauprèsde leurs personnes,servicesqui n'étaientpas considéréscommehumiliants, mais au contrairecommedes marquesde distinction,et qui constituaientune hiérarchie connétable,maréchal,sénéchal,chambrier, bouteiller,ete., servicesqui s'inféodèrentcommeles terres. Mais le vassal ne venait pas seul à la courdu suzerain,il y amenaitses fils BIST. 00 MOYEN ABB.

1?


CHAPITRE XVI. pour y recevoirl'éducationachevéedu grand château et y remplir des services d'un certain ordre, comme page, écuyer, etc. Quand le jeune hommeparaissaitsuffisamment instruit dans l'air de tailler à table et servir, et danscelui d'araser et habillerchevalier,il le devenaità son tour par une certaineconsécrationqu'il recevaitde son seigneurdansune cérémoniesolennelle. Un bain était d'abord le symbolede la pureté quedevait avoirle chevalier; une robe rouge, du sang qu'il devaitverser une robe noire, de la mort qui l'attendait.Un jeûne de vingt-quatreheures suivait,puis une nuit passée en prières dans l'église. Le lendemain,après confession,communion, sermon, une épée bénite étaitattachéeau cou du rècipiendaire, qui s'allait agenouillerdevantle seigneuret sollicitait la chevalerie.Alorsles chevaliers,ou même les dames,lui mettaientles éperons, le haubert ou la cottede mailles, la cuirasse,les brassardset les gantelets, enfin l'épée. Après quoi, le seigneur donnaitl'accoladeen trois coups de plat d'épéesur l'épaule et disait « Au nom de Dieu, de saint Michelet de saint Georges,je te fais chevalier.» Un instant après, le jeune chevalierbondissaitsur son coursier, au milieu dela fouleassembléesur la placedu château. Quant aux devoirsdu chevalier,prier, fuir le péché, défendre l'Églisè, la veuve, l'orphelin, protéger le peuple, voyagerbeaucoup,faire la guerreloyalement,combattrepour sa dame, aimer son seigneur, écouterles prud'hommes, Commejadisfistle roi Alexandre, Ainsise doitchevaliergouverner. Cette sociétéviolenteavait donc au se créer un idéal de perfection.L'hommedu moyenâge avaitpour modèle,dans la vie religieuse, le saint, son patron dans la vie civileet politique, le chevalier. «58

Arehlteetaro.

A côtéde cette sciencenouvellede la scolastique,de cette poésienouvelledes chansonsdogestes,dece régimemilitaire nouveaude la chevalerie,allait prendre naissanceune nou°


LA CIVILISATION DU IX' AU XÏP SIÈCLE.

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vellearchitecture.« près de trois ans après l'an 1000,dit Raoul Glaber, les églisesfurent renouveléesdans presque tout l'univers,surtout dans l'Italie et les Gaules,quoique la plupartfussentencoreen assezbon état pour ne point exiger de réparations. » Les édificespublics,jusque-là bâtis avec 'ignoranceet précipitation,sanspréoccupationde durée, s'élevèrent avec plus de solidité et dans des proportionsplus grandes.Dessociétésde contrncteursse formèrentverscette époque; des évêques,des abbés en faisaient partie c'est dans l'égliseque se cultivaitl'art architectural ce sont surtoutles moinesqui coopéraientà cestravaux il s'y joignait pourtant aussi des artistes venus de l'Italie, où les arts n'avaientjamais été complétementdélaissés,et d'où ils apportaient les précédésdes artistes byzantins. Dans le midi surtout, l'architectureromaine, qui avait laissé là tant de monuments,exerçabeaucoupd'influencesur les conceptions de l'époque. Le néo-grec,le romain et quelquefoisle mélangedes deux,tels sont doncles caractèresde l'architeclvre romane,qu'onappelleaussibyzantine,lombarde,saxonne,etc. On y voitle plein cintre et la colonne,en y ajoutantles toits aigusà causedu climat,et les grandes tours pour la défense de l'église. La plupart des églises du onzièmeet du douzièmesiècle conservèrentla dispositionprimitivede la basiliquelatine. Dès lors, cependant,une transformations'opère et annonce une époque nouvelle les changementsse succèdentet se combinent au dehors, le clocher, si caractéristique des églisesd'Occident,s'élèvesur leur tête, d'abord large et bas, plus tard minceet élancévers le ciel. A l'intérieur, le système général des voûtes est substituéaux plafonds et aux charpentesdes anciennesbasiliques chrétiennes le chœur et les galeriesse prolongentau delà de la croix,la circulation s'ouvreautour de l'abside, et des chapellesaccessoiresviennent se grouperautourdu sanctuaire.Cesmodificationssuccessivesnous acheminentpeu à peu vers la dispositiondes églisesditesgothiques.' Quevenons-nousdevoir? Une sociétévéritablementcomplète et nouvelle,car elle ne manque d'aucunedes manifes-


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XVI. CHAPITRE tations essentiellesde l'existencesociale, et dans chacune d'elles ellti porte une physionomieoriginale.Église et féodalité,philosophiescolastiqueet chansonsdestrouvères,chevalerieet églisesgothiques, tout cela n'appartientqu'à cette société,ne s'est jamais vu dans aucuneautre et ne se reverra pas. Cene sontplus les tentativesavortées,mêmed'unThéodonc ou d'un Charlemagne ces accouplementsétrangesde la barbarieet de la civilisation,ces fûts de colonnesantiques dérobés& Ravenneet malajustés dans le palais impérial d'Aix-la-Chapelle;c'est une sociétécréatriceet une période organiquedola vie de l'humanité.


LA QUERELLE DES INVESTITURES.

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LIVRE VI. LUTTE DU SACERDOCEET DE L'EMPIRE(1059-1250).

CHAPITRE XVII. LA QUERELLEDES INVESTITURES(1OS9-H22). de l'empereur HenriIII (1039-1056).– Toute-puissance Effortsd'Hildela papauté;règlement de brandpourrégénérer l'Égliseet affranchir VU(1073). desfespreSesvastesdesseins. Hardiesse 1059.–Grégoire miersactes. Humiliation de l'empereur(1071). Mortde Gréde I et HenriV(1106). de goireVII(108») HenriY (1106). I*concordat dela d es Worms(1122); fin querelle investitures. vie l'empereurBBcsrtHBH won«e-palssancc (fl©8O-I»Sffi). Ottonle Grandavait relevé l'empire de Charlemagneet ressaisiles droits attachés&sa couronne,ceuxentre antres de tenir la vieilleRomepour la capitalede sonjeune empire, de confirmarl'électiondes souverainspontifeset d'exercer sur toute l'Égliseune hauteinfluence.Henri III, fils et suc-» cesseurde Conradle Salique,en 1039,fut, de tousles césars allemands,celui qui usa le plus de ce pouvoir et qui fit Je mieuxrespecterl'autoritéimpérialedes deuxcôtésdes Alpes. Il forçale duc de Bohême à lui payer un tribut annuel dee cinq centsmarcsd'argent il ramenadans Albe-Royalele roi de Hongrie, Pierre, qui avaitété chassé, et reçut son hom=


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CHAPITRE XVII.

mage. Les doux duohésde Lorraine étaient réunis, il les sépara ceux de Bavière,de Souabe et de Carinthieétaient vacants,il se crut assezfort pour y rétablir la dignitéducale, afinde donnerà cesprovincesun gouvernementplus présent, plus capable de faire exécutercettetrêvsde Dieu qui n'était encorequ'un met. Dans l'Italie méridionale,l'empereur se heurta pourtant contreun ennemi qui semblait bien faible et qui le brava. Despèlerinsnormandsvenusà Rome,vers l'an 1016,furent employés par le pape contre les Grecs qui attaquaient Bénévent. D'autres, revenant de Jérusalem, aidèrent les habitantsde Salerne à chasserles Sarrasins qui les assiégeaient. Le bruit de leurs succès, celui surtout du butin qu'ils avaientenlevé, firent atcourir d'autres Normands.Il en vint tant qu'ils se trouvèrontassezforts pour rester les mattres du pays. GuillaumeBras de Fer, l'aîné des douze fils de Tancrèdede Hauteville,gentilhommede Coutances, fut élu en 1043chef du pays sous le titre de comtede Venouse et de Pouille. Ses frères Progon (1046),Humphroy (1051)et Robert Guiscavd(1057)lui succédèrent.Cependant la papautén'avaitpas tardé a se repentir de s'être donnéde si vaillantsvoisins.Léon IX ramassades troupes, en reçut de HenriIII et combinantses effortsavecceuxde l'empereur grec Constantin Monomaque, marcha avec une armée nombreusecontre les Normands,qui le battirentet le firent prisonnier. Mais ces gens avisés (c'estle sens du mot guiscard)se souvinrentde Pépin et de Charlemagne ils se dirent que le pontifepouvaitdonnerle droit à celui qui n'avaitque la force.Ils s'agenouillèrentdevant leur prisonnier, se déclarèrent ses vassauxet reçurent de lui en fief tout ce qu'ils avaient conquis(1053).Le pape sortit de captivitésuzerain d'un nouvelÉtat. C'était le duché de Pouille, auquel les Normandsajoutèrentbientôt la Sicile, conquisepar Roger, autre frère de Robert Guiscard;le tout fut.réuni, on 1130, sons le nom de royaume des Deux-Siciles,et une dynastie normanderégna à Naples,oh des comtesd'Anjou portèrent aussi la couronne, où la maisonde Bourbon était naguère encoresouveraine.


LA QUERELLE DES INVESTITURES.

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Henrim échoua doncde ce côté il n'avaitpas, il est vrai, attachéune bien grande importanceà cette guerre, et, après tout, elle avait semblé se terminerà son avantage,puisque cettesuzerainetéque le papeavaitgagnée retournaità l'empereur, de qui le pape dépendait. Nul empereur,en effet,n'usa plus rigoureusementdu droit d'intervenirdans les électionsecclésiastiques,soit de papes, soit d'évêques.Nul non plus n'en usa plus sagement.Il fit déposertrois papesqui se disputaientRomeen mêmetemps, et disposatroisfoisde la tiareen faveurde prélats allemands, mais bien choisis ClémentII, DamasII et Léon XI. Le concilede Sutri, en 1046,avaitde noaveaureconnuqu'il ne pouvaitêtre élu de souverainpontifesansle consentementde l'Empereur. Mais, depuisCharlemagne,l'Églisen'avaitcesséde croître en puissance,en autorité morale. Elle avait la force matérielle, car elle possédait une partie considérabledu sol de l'Europe chrétienne; elle avait la force morale, car tous, grandset petits, acceptaientavecdocilitéses commandements, et, par l'excommunication,elle pouvait,contraindreles rois mêmesà lui obéir; enfinelle avaitl'unité,car l'Égliseentière, dansl'Occident,reconnaissaitpour chefle pontiferomain.Il se trouvadoncen présence,au milieudu onzièmesiècle,deux puissances,le pape et l'empereur, le pouvoirspirituel et le pouvoirtemporel, tous deux ambitieux et dans l'état des mœurs desconstitutionset descroyancesde l'époque,ne pouvant point ne pas l'être. Alors la plus grande question du moyenâge fut posée.Qui, de l'héritier de saintPierre ou de resteralemaitredumonde?Y celuid'Augusteet deCharlemagne, fEffiorta à'SMldebrand .pour régénérer l'Kgltae et affranchit* la papauté; règlementde s®»©. L'Églisen'avait pas eu encore, au moins avectant de netteté et de résolution,une ambitionaussi haute. Au tempsdes Iconoclasteset sous les successeursde Charlemagne,ellen'avait prétendu qu'à sortir de l'État qui l'enveloppait,pour vivre librement de sa vie propre; maintenant elle va pré= tendreà dominerelle-mêmela sociétélaïqueet ses pouvoirs.


864

CHAHTBEXVn.

Celui qui fit entrer la papauté dans cette voienouvellefut un moineobscur,Hildebrand,fils d'un charpentierde Soana en Toscane, et longtempsmoineà Cluny,que Léon IX, passant par ce monastère,pouraller prendrepossessiondu saint-• siége, avaitemmenéaveclui. Ce ne fut pas la seule foisqu'on vit un simple moineacquérir par la forcede son caractèreet de son génieun ascendant suprême sur l'Église entière. Il régnait alors dans les couventsune réprobationvigoureusede l'ambitiond'un certain nombre d'évêques,de leurs brigues, de leurs vices, de leur existencetoute semblableà cellede la sociétélaïque, du traficqu'ils faisaientdes dignités ecclésiastiques,et que l'on appelait simonie,de leurs passions toutes mondaines.Aux fêtesdeNoëlde l'an 1063,l'abbé mitréde Fulde et l'évêque d'Hildesheims'étaientdisputéla préséanceen pleine égliseà coupsd'épée l'empereurfaillitêtre massacré,l'autel fatcouvert de sang. s'élevaient contreces désordres,enDes voixnombreuses tre autres la voix éloquentede Pierre Damien, oardinalévêque d'Ostie, qui avait demandéune réforme sévère de l'Église, un retour à la simplicité,à la pauvretéprimitive,et aux électionsfaitespar les prêtres et le peuple. Hildebrand donnait dans cette juste réaction avec toute la fougued'un caractère ardent, austère et entier. L'intérêt de la religion n'étaitpas le seul qui l'occupât il songeaitaussià celuide la patrie italienne. Réformerl'Église,affranchirl'Italie, tel fut le doubleobjetqu'il espéraitatteindrepar le moyend'unepapauté souverainede l'Italie et de toute la chrétienté.Mais elle-mêmeavaitbesoind'être affranchieauparavant.La défaite de LéonIX à Civitella(1053)lui valut mieux, on vient de le voir, qu'un brillant succès. Les Normandss'étant déclarés vassauxdu saint-siégeet résolusà le défendre,le pape eut désormaisprès de lui de vaillantesépéesà sa disposition. Henri III mouruten 1056,laissantun fils, Henri IV, dont la minoritéfut très-orageuse,ce qui facilitales projetsde la cour de Rome. En 1059,un nouveaupape, NicolasII, toujours sousl'influence d'Hildebrand,rendit un décretqui régla l'élection des pontifes d'uce façonnouvelle il était dit


LA QUERELLE DES INVESTITURES.

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qu'eues seraientfaitespar les cardinaux-prêtreset les cardidù territoireromain; quele reste du clergéet dinaux-évêques le peupleromaindonneraientensuiteleur consentement,que l'empereurconserveraitle droit de confirmation,et qu'enfin on éliraitde préférenceun membredu clergéromain.Un au tre décretdéfendaitauxclercsderecevoird'un laïque l'inves. titured'aucunbénéficeecclésiastique. Cesdécretsde la plus haute importancedérobaientle papo à l'empereur,et dansla main du pontife, devenulibre, mettaient l'immensetemporelde l'Église. Plusieurs évêques, surtouten Lombardie,qui voulaient moinsencorede l'autoritédu pape, surtoutsi rigide, que de celle de l'empereur, importunésd'ailleurspar les anathèmes prononcéscontreles prêtressimoniaquesou mariés, firentun schismeet obtinrentde la cour impériale, fort irritée aussi, un antipape, Honorius II. Pour lui, Hildebrand avait la bourgeoisiemunicipaleet la noblesse, exceptéà Rome, où les noblescraignaientde voir s'éleverun pouvoirdangereux pour leur indépendance.On se battit.MaisHildebrandl'emporta et sa victoireparutcomplètelorsqu'il fut élevéau saintsiége, sousle nom de GrégoireVII (1073).Il estle dernier pontifedont le décret d'électionait été soumisà la sanction impériale. «arésolre

vsx

(«ffl»8). ses vastes desseins, de ses premiers aetes.

raardlèsse

Le pape allait compléterl'œuvredu moine.Ses desseins s'agrandirentaveosasitiiation.Charlemagneet Ottonle Grand s'étaientsubordonnéla papauté, et avaientmis l'Églisedans l'État. Mais la royauté!pouvoircentral, déclinaitdans toute l'Europe en raison même des progrès accomplispar la féodalité, je veux dire par les pouvoirslocaux,ducs, comteset barons.L'Kglise,au contraire, avaitvu croîtreencoredansce sièclela foides peuples,Il semblaà son chefque le moment étaitvenudesaisir pour ellelegouvernementdoscorpscomme celuidesâmes, ou dumoinsderesserrerautourdu saint-sidga toutela chrétienté,et d'y exercerune surveillanceet une ac-


266

CHAPITRÉXVII.

tioncontinuelles,afin d'y réprimerle désordredesmœurs,les violationsdela justice, toutesles causesde perdition. Cebut était élevé,et cette grande ambition était naturelle dans un prêtre. Il est heureux pourtant qu'elle ait échouéet que les nations européennesaient gardé la libre dispositiond'ellesmêmes,qu'elleseussentperdue au sein de cetteimmenseautocratiepontificale. Grégoirevoulaitquatre choses affranchirla papautéde la suzerainetéallemande,réformer l'Églisedans ses mœurs et dans sa discipline,la rendre indépendantedu pouvoirtemporel, enfindominerles laïques, peupleset princes,au nom et dans l'intérêt de leur salut. Le premierpoint fut acquispar le décretde NicolasII le secondpar les actesnombreuxde GrégoireVII pour la réformationdu clergéet notammentpour le célibat des prêtres et contrela simonie;le troisième,par la défensefaite auxprinces laïquesde donner l'investitured'aucunbénéficeecclésiastique, aux clercsde la recevoir; le dernier,par l'intervention du pontifedansle gouvernementdes royaumes. Les rois d'Allemagneet de France,HenriIV et PhilippeI", faisaient publiquement trafic des dignités ecclésiastiques; Grégoiremenaçade les excommunier,et, ce qui ne s'était pointvu encore,dedélierleursvassauxdu sermentdefidélité. En Angleterre,il força Guillaumele Conquérantà lui payer ledenierdeSaint-Pierre.Il réclamala suzerainetédes royaumesde Hongrie, de Danemarket d'Espagne,conquissur les païens ou sur les infidèlespar la grâcede Dieu,et il nomma le duc de Croatieroi des Dalmates,à conditionde l'hommage au saint-siége.Cependant,le pape, tout-puissantau loin, ne (l'étaitpas en Italie.A Romemêmele 'préfetCensio,dans une émeute,arrachaGrégoireVII d'une égliseet leretint quelque tempsprisonnier.A Milan, les citoyenschassèrentHerlembald et son protégéAtto, qui exerçaientune vraie tyrannio dans la ville, sous prétextede soutenir les réformesde Grégoire VII, et demandèrentun archevêqueà Henri IV, qui leur envoyaunnoblede Oastiglione.Cefut le commencement de la lutteentrele sacerdoceet l'empire,un des plus grands dramesde l'histoire.


LA QUERELLE

Humiliation

DES INVESTITURES.

de l'empereur

26?

(1O3»).

Les circonstancesétaient très-favorablespour Grégoireet lui promettaientdes pointsd'appui en Allemagne.Lesrébellionsféodalesavaientagité ce payspendant toutela minorité de Henri IV, qui n'avait que six ans à la mort de son père, en 1058 La régenceet le jeune roi lui-mêmeavaientétéarrachésà l'impératriceAgnès par les ducsde Saxeet de Bavière. Devenuhomme, Henri IV s'efforçade comprimerla révolte qui avait toujours son foyer che*les Saxons.Une grande victoire remportée en Thuringe, semblaitlui promettrelesuccèsde son entreprise,quand tout coup il entenditretentir à ses oreillesla voixdu pape, qui, avecune audaceinouïe, lui ordonnaitde suspendrela guerre, de laisser au saifct-siégela décisionde sa querelle avecles Saxons, de renoncer à toute investiture ecclésiastiquesous peine d'excommunicationles légatsy joignirent mêmela sommationde comparattreà Romepour se justifier de ses déportementsprivés.Acettefurieuseattaque,HenriIV réponditavec une vigueur égale; dansle synodede Worms, composéde vingt-quatreévêques,ses partisans, il fit prononcersolennel» lementla dépositionde GrégoireVII (1076). Le pape, au lieu de s'effrayer, redoubla. A peine délivré des mains du préfet de Rome, Gensio,son ennemi,par un mouvementpopulaire, il fulmina de toutesses foudres; il qui le défrappal'empereurd'une bulle d'excommunication claraitdéchucommerebelleau saint-siége il déliases sujets du sermentde fidélité, Cettebulle trouvadansles Saxons,les Souabes,tous ennemisde la maisonde Franconie,desexécuteurs impitoyables.A leur tête était Rodolphede Souabeet l'Italien Welf,de la maisond'Este, que Henrilui-mêmeavaitt créé duode Bavière.Ils convoquèrentunedièteà Tribur,suspendirentl'empereurde ses fonctions,et menacèrent de le déposers'il ne se faisaitabsoudredes anathèmesde Rome. Henri IV s'humilia,pi-otuitd'assemblerune diète généraleh Augsbourget supplia le pape d'y venir t'absoudra.BIui«, commitil sentit le danger de laisser ses ennemism rappro»


268

CliAMTBE XVII.

cher, il résolutde prévenirla diète promise,et alla lui-même enItalie implorerle pardondu pontife. GrégoireVII se le fit acheterau prix d'humiliationstelle< qu'un autre souverainn'en a jamais subi. Il se trouvaitalors dansle châteaude Canossa,sur les terres de la célèbrecomtesse Mathilde, toute dévouéeau saint-siége,et qui était le souverainle plus puissant de l'Italie, car elle possédaitles marquisatsde Toscaneet de Spolète,Parme, Plaisanceet plusieurspointsde la Lombardie,des Marches,etc.Henri IV, dansla secondeenceinte,vint solliciter uneaudiencequ'il attenditles pieds nus dansla neige, pendant trois jours; le quatrième,il fat enfinreçu et relevé de son excommunication maisGrégoire,trop habilepour se désarmertoutà fait, refusade déciderla questionde la couronned'Allemagne,et, enle renvoyantà unediète, se réservales moyensdesusciter à Henri de nouveauxembarras. Commentne pas trembler devantun hommereconnupour le représentantmême de la Divinité,et qui se croyait tellementsûr d'être approuvédu ciel, qu'ayantpris la moitiéd'une hostie,il adjura Dieudele faire périr sur-le-champs'il était coupabledes crimesdont onl'accusait1 Lorsqu'ilprésentaàHenril'autre moitiédecette même hostie, en lui proposantun sermentsemblable, celuici reculaépouvanté(1077). ator* de «arégolreVBK(*©88)et de JHenr!xv (11OO). Henri IV avaitévité,en pliant, le chocde ses ennemiscoalisés quand ce moment redoutablefut passé, il se releva. D'ailleursil n'avait plus que l'alternativede.toutrisquer de nouveauouderenoncerau trône carla questionlaisséeindécisepar GrégoireVII, lesrebelles d'Allemagneavaient prétendula résoudre; ils venaientd'élire pour roi Rodolphede Scuabe,qui avait achetéla protectiondes légats par la promessede renonceraux investitures(1077),et que le pape no tarda pas à reconnaîtresolennellement. Henri IV, ayant retrouvédes partisans,fit la guerre avec avantage.La bataillede Wolksheim,où Rodolphefuttué par la mainde Godefroyde Bouillon,duo de basse Lorraine,qui


LAQUERELLE DESINVESTITURES,869 portaitla bannière impériale,le rendit maîtrede l'Allemagne (1080).Il voulutl'être en Italie, oùune victoirede son fils lui avait préparéle succès.La comtesseMathildefut dépouillés d'une partie de ses biens,Romeprise, et l'archevêquede Ravennenommépapesousle nomde ClémentIII. Grégoireluimême fut tombé auxmains de l'homme qu'il avaittant outragé, si RobertGuiscardet ses Normands,fidèles alliés du saint-siége,ne l'eussentdélivré. Il mourut chezeux (1085) en disant « Parcequej'ai aiméla justice et poursuivil'iniquité, je meursdans l'exil. » II parut donc croire jusqu'au derniermomentque la dominationuniverselledu saint-siége était un droit rigoureux,et il y avaitdans cetteidée-làbeaucoupde logique. Grégoiremourait trop tôt quelques années plus tard, il aurait vu son ennemiexpirer, plus misérable encorequ'an châteaud&Canossa.UrbainII, devenupape en 1088,s'appuyasur les Normandset reconnutà Roger,due de Sicile,le titrede roi; il montrala papautédans toute sa grandeura l'occasionde la premièrecroisade,et reprit tous les arrêts de GrégoireVII contre l'empereur. Après un triomphepassaattaquépar ses deuxfils, que ger, Henri IV, successivement l'Égliseavaitarméscontrelui, faitprisonnierparle plusjeune, dépouillédesinsignesimpériaux,invoquantenvainlessecours du roi de France, a le plus fidèlede sesamis, »quine lui réponditpas, sollicitantsans succès,pour vivre, une place de sous-chantredansune église,« attenduqu'il saitassezdemusique, » meurten 1106,à Liège, dans une misère profonde, en appelant« la vengeançede Dieu sur le parricide. » Son corpsresta cinq ans sans sépulture. Henri v (flfloe).Keeomeordatde Worms («938)| an de la querelle des Investitures. Cefut pourtant ce fils parricide, Henri V, qui termina la querelle des investitures. La décisionfut retardée quelque tempspar l'ouverturede la successionde la grandecomtesse Mathilde,qui avait légué sesbiensau saint-siége.Henri les réclamatous, les fiefscomme chef de l'Empire, les alleux


270

CHAPWaB XVII.

commale plus proche héritier de la comtesse,et il en prit possession.C'était pour l'avenir, commeon le verra, une cause da nouvellesquerelles. Ce débat provisoirementvidé, les deuxpartis, reconnaissantenfinque la lutte neservaitqu'A les affaibliret ne profitaitqu'à l'indépendancede la féodalité et de la bourgeoisieitaliennes, résolurentde la clore par un partageéquitableet à peuprès égal des droits disputés.Le concordatde Worms(1122)fut dressédans les termes suivants « Je vousaccorde,disaitle pape CalixteII à l'empereur, que les électionsdes évoqueset des abbés du royaume teutoniquese fassent, sans violenceni simonie,en votre présence en sorte que, s'il arrivequelquedifférend,vous donniezvotreconsentementet votreprotectionà la plus sainte partie, suivant le jugement du métropolitainet des coprovinciaux.L'élu recevra de vousles régalespar le sceptre, exceptéce qui appartient à l'Église romaine, et vous en fera lesdevoirsqu'il doitfairede droit. » « Je remets au pape, disaitl'empereur,touteinvestiturepar l'anneau et la crosse; et j'accorde, dansles éghsesdemon royaumeet de monempire, les électionscanoniqueset les consécrationslibres, s Ce sage compromis,qui attribuaitle temporel au souverain temporel,et le spirituel au souverainspirituel, était accompagné de paroles de réconciliation.Mais le plan de Grégoire VII croulait le lien vassaliquequi unissaitle clergé au princen'était pas brisé; l'Égliserestait dansl'État par ses membressinon par son chef. La maisonde Franconies'éteignit avec Henri V (1125), quittant la .scèneaprès avoirclos, par un dénoûmentprovisoire, la rivalitéde la papauté et de l'empire. Le règne de LothaireII (11 25-11 37),lesuccesseurde HenriY, fut comme un intermède,pendant lequel le théâtrese disposadifféremment pour une nouvellepériodede lutte.


LUTTE

DE L'ITALIE

CHAPITRE

ET DE L'ALLEMAGNE.

271

XVIII.

LUTTE DE L'ITALIE ET DE L'ALLEMAGNE (H82-1280). et de l'empire.–Foréedela Troispériodesdansla luttedusacerdoce II (1125);le?Hohenstaufen féodalité faiblesse deLothaire allemande; del'Italie;progrèsdela petiteféodalité et des (1138). Morcellement Arnoldode Brescia(1144). FrédéricI" Barberousse républiques. (1152);ruinedeMilan(1162)la liguelombarde (1164)paixdeConstance(1183). L'empereur HenriVI (1190);Innocent111(1198); et Gibelins 11(1211-1250). Seconde Guelfes en Italie.–Frédéric ligue chute domination lombarde IV dela alle(1226). Innocent (1243); mandeen Italie(1250). "STfoIb périodesdons la lutte du saeerdoeeet de rempire. Pendantque le pape et l'empereur luttaient à qui resterait le maitre du monde, la France, demeuréeen dehorsde ce grand débat, faisait la première croisade. Il y a doncà cette époque, comae deux séries parallèles d'événements considérablesqui commencenten même temps, vers la fin du onzièmesiècleet quifinissentà lamêmeépoque,aumilieu du treizième. La chronologieexigeraitqu'on mêlât ces deux histoires,la nécessitéde les bien comprendreveut qu'on les sépare. Je continueraidoncd'exposerla querelledu sacerdoce et de l'empire, la lutte de l'Italie et de l'Allemagne,jusqu'à la solutionque reçut au moyen âge ce grand débat. Je reviendraiensuiteaux croisades.L'ordre des temps seraainsi troublé,mais au profitde l'ordre logique. Cettequerelledu sacerdoceet de l'empire est un drame en troisactes.Dansle premier, le pape et l'empereur se disputent la suprématiesur l'Europe chrétienne le concordatde Worms (1122)les obligeà de mutuellesconcessionset h un


372

CHAPITRE XVIII.

partagequela sociétémodernea consacré,tout encherchantsi la solutiondu problèmene seraitpas dans un autre problème l'Église libre dans l'État libre. An secondacte de ce grand débat, il s'agit surtout de l'indépendancede l'Italie, que les empereursdela maisonde Souabeveulentasserviret que la paix de Constance(H 83)délivre; dans h troisièmel'indépnedancedusaint-siégeest en péril, la mortde Frédéric II la sauve(1250).Ona vula premièrelutte, voicilesdeuxautres. Coréede la féodalité allemande} faiblesse de Roibalreai (118S)j les Hohenstaufen(«838). La maisonde Frauconieavaitsenti croître, sous son empire, la puissancede la grande féodalité allemande,et fait d'mutileseffortspour l'arrêter. En vain elle avait créé, au milieudes duchés,une foulede seigneuriesimmédiateset de villesimpériales,c'est-à-direne relevantque de l'empereur; en vain elle avait accordél'hérédité aux fiefs de chevalier, politiquequ'elle avaitaussisuivie on Italie et résumée dans ledit de 1037;les grands vassaux,depuis longtemps héréditaires, avaientconservéou repris, par des révoltes continuelles, leur avantagesur la royauté élective,Les.agents mômesde l'empereur, cespalatins envoyéspar, lui dans les. grands fiefs ou dans ses domaines pour y représenter son autorité, les burgraves,chargésdu mêmerôledansles villes, commençaientà imiterles anciensagentsdes empereurscarlovingiens,à s£ rendre indépendantset héréditaires.Le résultat de ceseffortscontrairesfut que la féodalité,à l'avénementde Lothaire, se trouva très-redoutable;elle le devint encoredavantagesous son règne. C'était un prince faible, qui courbala tête bien bas devantle saint-siége. InnocentII lui donna la couronneimpériale, en affectantde se dire le maitre d'en disposerà son gré il fit même consacrercette prétentionpar un tableau où l'empereurétait représentéà genouxdansl'attituded'un hommequi prête l'hommagedans les mains du pontife; on lisait au-dessousen vers latins a Le roi devientl'hommedu pape, qui lui octroie la couronne. » Sur une question aussi fort importante. Lothaire


LUTTE DE L'ITALIE ET DE L'ALLEMAGNK.

8?3

s'abaissaencore il consentità tenir en fief du saint-siégeles biensde la comtesseMathilde(marquisatde Toscane,duché de Spolète, marche d'Ancône,de Bologne,Parme, Plaisance,etc.). Dansl'empire, Lothairese trouvapressé entre deuxpuissantesmaisons cellede Souabe,qu'il combattitsansla pou'voir abattre; celle de Bavière, qu'il agrandit en faisant épousersa fille au duoHenri le Superbequi, à la mort de Lothaire,hérita de tonsses domaines,le duché de Saxe en Allemagneet, en Italie, les fiefs de la grande comtesse.La dominationde Henri le Superbes'étenditalors de la Baltique jusqu'au Tibre, mais ses fiefs étaient séparés, et cette divisionl'affaiblissait.Ceuxdes Hohenstaufen,au contraire, se touchaient c'étaientles duchésde Souabeet de Franconie. QuandLothairemourut (1137),il fut évident que la couronne passeraitdansrune de cesdeuxgrandesmaisons.Celle de Saxe paraissait assurée de l'obtenir, mais beaucoupd vassauxallemandscommencèrentà songerqu'il ne fallaitpas se donner un trop puissantmaître, et, presque subrepticement, firentnommer,dans une diète convoquéeà Mayence, en l'absencedes députés saxonset bavarois, Conradde Hûhenstaufen,seigneurde Weiblingen.Henri le Superbeprotesta. Il était chefde la maisondes Welfs. Leurs partisans s'appelèrentGuelfeset Gibelins,nomsqui passèrentles Alpes et s'établirentenItalie. Commela maisonde Souabe fut l'ennemiedu saint-siége,la fraction favorableà l'empereur, fut celledes Gibelins, lesamis de l'indépendancede l'Italie et de la papautéfurent les Guelfes. Henri le Superbe,mis par Conradau ban de l'empire, fut dépouilléde ses duchés;sonfils Henri le Lion recouvra, il est vrai, la Saxe, maisdiminuéedu margraviatde Brandebourg*, qui fut érigé en fiefdirect de l'empire (1142),en 4330ce grandfief,qui t. Lapostérité d'Albert I" l'Ours gardajusqu'en la alors à maison de ensuite àcelle du Siglaintind liassa Luxembourg. Bavière, terendit,en44i7,â la maison le de Hohenzollern (Prusse), qui possède encore d'unepartiedespava Albert l'Ours accrutle margraviat aujourd'hui. altuéa entrele basElbeetlebasOder,qu'unroidesSlavesetVandalea lui • légua. BIST. DU MOYEN &0B.

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27(4

XVIII. CHAPITflB

faveurd'Albert l'Ours de la maisonascanienne;quant à la Bavière,elle fat donnée au margraved'Autriche', et il la gardajusqu'en 1156.Elle fit retour alors à Henri le Lion, mais diminuéeaussi de l'Autriche,qui fut élevéeau rang do duché immédiat(1 156). Avec Conrad III commençaitla brillante dynastie des Hohenstaufen.Sonrègne fut consacréen quelque sorte à la fixer sur le trône qu'elle allait occuperpendant plus d'un siècleavectant d'éclat aussi fut-il étrangerà l'Italie, Mais lorsque sa mort, au retour de la secondecroisade(1152),eut donnéla couronneà son fils.l'Allemagnerecommençaà visiter l'Italie, et la lutte suspenduedepuis 1122éclataplus violenteque jamais. BSereelteinetrt

de l'Btallej et des de ta féodalité progrès publiques. Arnoldo de Brcselo («844).

ré-

L'aspect de l'Italie était entièrement changé. L'édit de 1037 avait porté ses fruits. Ducs, margraves,comtes,évê-r ques,abbés,avaientperdu leur suzerainetéet leurjuridiction. Avecla comtesseMathilde avait disparula dernièreimage de la grandeféodalité.On ne voyaitplus qu'un mélangede petits seigneurs indépendantset de villes républicainesdepuis les Alpesjusqu'à Bénévent,où commençaitlà monarchie normande,brillante non-seulementde l'éclat des victoires, maisdes poésiesque les troubadours,attirésdu midi de la France, chantaient&la courde ses rois. C'étaitle moment où les républiquesitaliennesse constituaientet vivifiaientdans leur sein les débrisdu régimemunicipalromain. Ellesavaientleurs consulsen nombredivers 12à Milan, 6 à Gènes, 4 à Florence, 6 à Pise, etc., investisgénéralement du pouvoir exécutifet judiciaire. Généralementaussi une sortede sénat (credema)les assistait. L'assembléegénérais t. te margraviat d'Autriche avaitétéérigéparOllouI", aprèssa grande deBamberg, victoire detamaison d'Augsbourg (665),onfaveur qnisubsiste 4246. L'Autriche a loro s uccessivement a Frédéric jusqu'en passa 11,auxmai. à Bons deBadeetdeBohême, enfin, celledeHabsbourg (1332); ^uil'a gardée 4710 d ans la et dansla n on maisonde .Jusqu'en lignemâle,, jusqu'à jouta l.orrutnc-llabsbourg.


LUTTE DE LiTALIE

ET DE L'ALLEMAGNE.

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des citoyenslibres, ou parlement,rendispar quartiersau son de la cloche du beffroi, sur la place publique,était seule souveraineet jugeait en dernier ressort.Les noblesdes châteauxvoisinsde chaquevilley étaientadmiscommecitoyens, touten conservantau dehorsleurs domainespropreset leurs serfs. A cause de l'ascendantdu souverainpontife, son évêque, Rome n'avait pas encore opéré cette révolutiondes autres citésitaliennes;elle la fit à son tour au milieudu douzième siècle.Ce fut un discipled'Abélard,du docteurqpi prêchait la distinctionde la raisonet de la foi, le moineArnaldode Brescia,qui demanda la séparationdu temporelet du spirituel, la suppressiondu gouvernementdesprêtres, le rétablissementde la république romaine. En 1144,InnocentII fut chasséde Rome, un sénat de 56 membres fut institué, les quatre lettressacramentellesS. P. Q. R. {SenalusPopiMusque Romanus)reparurentdans les actespublics, et l'on data e de la rénovationdu sacré sénat. » Lucius II, successeur d'Innocent,qui voulutrésister par la force, fut précipitédes escaliersdu Capitole,et la révolutiontriompha.Dans toutela Péninsule, moins le royaumede Naples,depuis Romejusqu'à la dernièrepetite cité, le gouvernementrépublicainprévalait.La noblessese trouvaitheureused'être comprisedans cetteorganisation.Tout avaitconcouruà ce résultat, la force des armes, la prospérité née du commerce,le prestige des souvenirset la puissancedesidées. SaintBernardse résignais lui-mêmeà la positionfaite au pape, et écrivait à son discipleEugènede laisserlà les Romains,ce peuplerécalcitrant (dura cervkis), et d'échangerRomecontrele monde (Urbem pro orbemulalam). srédérle g" Bsas«ceora80« (a«S8)5ruine de Ellion <fl868j la ligue de &onibas-die (fl«©«)jpnlx de Constance(«888). Mais FrédéricI" Barberoussen'était pas disposéà renoncer à l'Italie avec autant de facilité; nul empereur n'avai encoreréuni h plus d'énergie de caractèreune plus grande obstinationdans ses prétentionssur la Péninsule. Quen'y


S7S

CHAPITRE XVIII.

réclamait-ilpas! Droits régalienssur toutesles villes, droite impériauxà Rome, héritagedela comtesseMathilde,Naples, la Sicile, la Corseet la Sardaigne.Dpassales Alpes; l'Italie l'accueillitavec une confiancenaïvequi l'a plus d'une fois livrée à l'étranger. Mais bientôt tout s'assombrit.Il brûla rasa Tortone, parce que l'une refusait de se Chieri-(Quiers), soumettreau ducde Montferrat,et l'autredequitter l'alliance de Milan, qui était à la tête de l'indépendancelombarde. li s'avança vers Rome, où l'appelait Adrien IV, lit saisir et livrer au pape Arnaldode Brescia,qui fut brûlé, et, dans le jour oùil recevaitla couronneimpériale,sessoldatstuè même rent 1000 Romainsdansla ville révoltée. Enfin il montra tant de rigueur dans l'exercicede son autoritéen Italie, que bientôt ce fut contre lui une rébellion générale Adrien même,rétabli par l'empereur, se brouilla avec lui pour se réconcilieravecses sujets. Rien n'est plus curieux que d'entendrele dialogueengagé entre ces trois grands personnageshistoriques, l'empereur d'Allemagne,le pape, le peupleromain,tous trois invoquant le passéet se couvrantde l'égide des souvenirs;tous trois se reprochant et révélant au monde ou leur décadenceou la pauvretéde leur origine. Les Romainsavaient envoyédes ambassadeursdire à Barberousseque l'empire leur appartenait et qu'ils la lui offraient,moyennantsermentde respecter leurs droitset coutumes,et un donde 5 000 marcs d'argent. L'empereurrépondit « Vousexaltezl'anciennesplendeurde votreville,je sais l'apprécier; mais, commele dit un de vos écrivains,elle 'fut,fuid.Votre Romeest la nôtre. Votresénat, vos consuls,vos chevaliersse trouventmaintenantparmi les AUemands.Charlesle Grand et Otton ont conquisvotre empire. Votredevoirest d'obéir. » Le paperéclameles biens de Mathildeet veut que nul envoyéimpérialn'entre dans Rome sans son consentement;l'empereur lui écrit a Quepossédaitl'Église au tempsde Constantin,avantla donationdes empereurs?Le démonde l'orgueilse glissesur le siégede saint Pierre. » Etle paperépond: a L'empereur s'attribue le même pouvoirque nous, commesi notre pouvoir était restreint à un petit coin de terre comme l' Allemagne,


LUTTE DE L'ITALIE ET DE L'ALLEMAGNE.

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le pluspetit des royaumesjusqu'au momentoù les papesfirent son élévation.Les rois francs n'allaient-ilspas, comme des philosophes,dans des voituresatteléesde boeufs,avantque Charlemagneeilt été sacré par Zacharie?. De même que Romeest supérieureà Aix-la-Chapelle,dans ses forêts gauloises, de même nous sommes supérieursà ce roi. » Et il lui promettait, s'il était docileenversl'Église,de lui conférer de plus grands bienfaits. Ces mots majora bénéficia, qui pouvaients'entendre pour bénéficeet paraissaientfaire de la couronne impérialeune tenure féodale, soulevèrent l'indignationde la diète germaniqueoù ils furent prononcés. Le légat, qui était présent, la porta au combleen s'écriant « Eh 1 de qui donc l'empereur tient-il sa couronne, si ce n'est du pape? » Leprincede Wittelsbachvoulaitlui fendre la tête. De cestrois ambitions,celledu peupleromainn'était qu'un fantôme;les deux autres étaientencorevivantes,puissantes, absolues. Frédéric revinten 1158.La réactioncontre lui était gêné-» rale. U sévit.Milanfut sa principalevictime.Après avoirrelevéen facede cettevillela rivalequ'elleavaitdétruite,Lodi, il lui imposaun tribut de 9000marcsd'argent.Puis, dansla diète de Roncaglia,près de Plaisance,il fit consacrer,parles jurisconsultesen droitromainde l'écolede Bologne,ses prétentionsabsolues « Sachez,lui dit leur organe,l'archevêque de Milan, que tout le droitdu peuplepour l'établisemeatdes loisvous a été accordé.Votrevolontéest le droit, suivantce texte Tout ce qui a plu au prince a forcede loi. » En vertu de ces principesd'un autre âge, Frédéric agit en maîtreet voulutimposerdes podestatsimpériauxaux villesitaliennes. Milan, Brescia,Plaisance, Crèmese révoltèrent.AdrienIV étant mort, lescardinauxse divisèrent il y eut un pape impérialiste, VictorIII, et un pape patriote, AlexandreIII. La lutte, engagéeainsisur tousles points,fut terrible, surtoutà Milan cetteville héroïque se fit assiégerdeuxans, et ne cédaqu'à la famine.Les Milanaisbrisèrentleur caroccid,qui portaitl'étendardde l'indépendanceils furentdispersésdans quatre bourgades.Sur leur villeon lâchatoutesles villesvoi»


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CHAPITREXVIII.

aines, animéescontreelle d'une hainemortelle,et qui la dé» truisirent(1 162).AlexandreIII, chasséd'Italie, se réfugiaen France, où Louis VII ot Henri II d'Angleterrele reconnurent. Aprèsavoir si cruellementappris que la discordeest îuneste, l'Italie tente de s'unir, tandis, que Frédéricest allé chercher de nouvellesforcesen Allemagne.La ligue tomtarde se fonde,s'étend, gagnepeu à peu toute la valléedu Pô, depuis Venisejusqu'au Piémont Vérone,Vicence,Trévise, Pacloue;Crémone, Brescia,Bergame, Mantoue,Ferrare, Bologne,Modène,Reggio,Parme,Plaisance,puis Lodi, y entrèrent; Milan est relevé AlexandreIII se met à la tété de l'Ilalie contrela dominationallemande,qui lui avaitsuscité quatre compétiteurs.Une ville de son nom,Alexandrie, est bâtie,au confluentdu Tanaroet de la Bormida,pour me. nacerle marquisde Montferratet la villeimpérialede Pavie. Les Gibelins la nommèrentpar dérisionAlexandriede la Paille; leur fortunevint s'y briser. En 1 174,Frédériorentraen Italieavecla moitiéseulement des forces de l'Allemagne Henri le Lion, chef des Welfs, avaitrefusé de suivre l'empereur qui s'était jeté en vain à ses genoux.Depuisce moment,les Welfsfurent chersà l'Italie, qui était, au reste, leuranciennepatrie. Alexandriedela Paillearrêta Frédéricquatre mois; pendantce temps,l'armée des confédérésse rassemblait.Il l'attaquaprès de Legnano, au nord-ouestde Milan(1176).Deuxcorps milanais, le bar taillon du GrandiDrapeau et le bataillonde la Mort, commandés par le géant Albert Giussano,donnèrentla victoire aux Italiens. Frédéricfut renverséde son cheval,et le bruit courut plusieursjours qu'il étaitmort. Il se trouvaheureux d'obtenir une trêve en reconnaissantAlexandre III, avec lequolil se rencontraà Venise Six ans après (1183),le traité de Constancerégla défîniti4 Ceglorieux à cellede l'itnllo, pape,qutunitlacaiwodumlnt~8iége ansdepontificat. mourut en4481,aprèsvingt-duus PourréparerIcomaux cauoéa 11réunitte troisième conetlo deLatran,quidécréta parleDchlome, de l a de etdéclara beaucoup règlements pour dloclpllnol'Eglise qu'unebvéne dire cnnlnvo tien pouvait


LUTTEDE L'ITALIE ET DE L'ALLEMAGNE. 876

vementla querelledel'empireet de l'indépendanceitalienne» commele concordatde Wormsavaitréglé celle de l'empire Et de la papauté. Le pape recouvrales allodiauxde la comtesse Mathilde. Les villes conservèrentles droits régaliens qu'elles avaientprécédemment droit de lever des armées, de se fortifierpar des murs, d'exercerdans leur enceinte la juridictiontant civile que criminelle,de se confédérerentre elles. L'empereurne gardaque le droitde confirmer,par ses légats,leurs consuls, et d'établir un juge d'appel,danschacuned'ellespourcertainescauses.Commeen 1 122,l'autorité impérialeétait diminuée,et l'ombre de GrégoireVII put se réjouird'un doubletriomphe. Cependant,au delàdes monts,Frédéricétaittout-puissant. Henrile Lionétait dompté,dépouillédeses fiefs, les duchés de Saxeet de Bavière,et réduità ses biens patrimoniauxdu Lunebourget du Brunswick,où il fonda une maisonqui règne encoresur le Hanovreet l'Angleterre;les rois de Danemarket de Pologne reconnaissaientla suzerainetéde Frédéric, et les ambassadeursétrangers venaient assisterà ses diètes.La plus célèbredecesassembléesestcellede Mayence (1 184) un campimmenseau bord du Rhin, dans une belle plaine, réunit 40 000 ou même 70 000 chevaliers;les seigneursd'Allemagne,d'Italie, des pays slavess'y rendirent. L'empereury distribuades couronnesà ses fils,puis rompit une lancedans un brillant tournoi,malgréses soixante-trois ans. Télle étaitla pompede l'empire allemand.Mais, peu de tempsaprès, ce vieillardglorieuxse noyait dans le Cydnus, en voulantaller conquérirJérusalem (1190). Bien! ^ri (flflBO)) Bnnoeen«HHH(fltes)g8 B.'eni£>ercuF eauclfeset SnltoeJIno en Htnlle. Lqnord de l'Italieavaitéchappéà l'empereur,maisil avait saisile midi. En mariantson fils avec Constance,potite-lille du roi de SicileRogerII, Barberousselui avaitacquis des droitssur le royaumede Naples. Henri VI (1 190-1197)em« ploya son règne à les faire valoir, et y réussit. Il conquit lo royaumenormand (119&),oùil montra une cruautésaugui*


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CHAPITRE XVIII.

naire, et, pour s'en tenir le cheminouvert, il entreprit de relever dans toute l'Italie la féodalitéque ses prédécesseurs avaient au contraireabaissée.Sa mort, la minorité de son filsâge dequatreans,et l'avènement,en 1 198,d'InnocentIII, changèrentla facedeschoses. Innocent III était de la famille des comtesde Ségniet n'avait que trente-septans quand il fut élu, malgrésa résistance et ses larmes. Maître d'un pouvoirqu'il n'avait pas cherché,il agit, dès les premiersjours, commeun nouveau GrégoireVII. C'était, pour la foi ardentede ces temps, une bien difficile questionque cellede la limitedes deux pouvoirstemporelet spirituel.Le chefde l'Église,celuiqui tenaitles clefsdesaint Pierre, avaitjuridictionsur les actesdesfidèlescommebonnes œuvresou péchés. Mais quelsactesdes rois tombaientou ne tombaientpas souscettejuridiction Quelsactesne faisaient pas le salut ou la damnationdes princes eux-mêmeset de leurs sujets De là, sans ambitionmauvaise,par la force de la doctrine,et commeobligationimposéeau pasteuruniversel desâmes, l'interventiondes pontifesd'alors dansle gouvernement desEtats. Le nouveau pontifequi allait se montrer si altiern'était pas même maîtrede sa ville épiscopale.Il lui fallut subjuguer le sénatde la cité, abolir son consulat et obligerle préfet de Romeà reconnaîtrequ'il tenaitdelui, nonde l'empereur, son autorité.Pour rendre au saint -siègele prestige des temps d'Urbain II, Innocent fit prêcher une croisade, la quatrième, que les Vénitiensdétournèrentsur Constantinople. Enfin, en vertu de la directionmorale du monde qu'il revendiquait,il intervint dans tous les différendsdes souverainsde son époque,et fit gronder &esfoudres sur la tète de tous les rois, menaçantles uns, frappant les autres. Par ses anathèmes,il forçale roi de Franceà reprendresa' femmeIngeburge,et les roisdo Castilleet de Portugalà fairo la paix en face des Maures; il excommuniaen Norvégeun roi usurpateur, en Aragonun roi faux-monnayeur.En Angleterre, il abaissaet relevatour à tour Jean sans Terre. Le roi de Hongrieavaitretenuun légat du jMpo il fut menacé


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de voir son fils dépossédédu troue. En Allemagne, deux princes puissants so disputaient l'empire nn frère de Henri IV, Philippe, marquisde Toscane,duc de Souabeet de Franconie,et Ottonde Brunswick,fils de Henri le Lion, dela familleguelfe; il revendiquale jugementde cette question, ayantle droit « d'examiner,approuver,oindre, consacrer et couronner,s'ilest digne,l'empereurélu dele rejeter, s'il est indigne.«Que de telles prétentionseussentprévalu, et tous les royaumesde l'Europeseraientdevenusdes fiefsdu saint-siége,la chrétientéune autocratiesacerdotale,où toute liberté eut été morte et toute vie éteinte. Dans le conflitallemand,Innocentse déclarapour Otton qui ne possédaitrien en Italie, contrePhilippe, membrede cettemaisondes Hohenstaufenqui avaitvouludominerla Péninsuleet qui y occupaitencorele royaumede Naples. C'est alors que commençala fameusequerelledes Guelles(Welfs) et des Gibelins(,Weiblingen).Danscette lutte qui, d'abord personnelleà deuxmaisonsd'Allemagne,devintbientôtcelle de toute l'Italie, la Péninsule n'eut plus l'unité qu'elle avait trouvéeun instant sous Frédéric Barberousse. Les villes étaient diviséesentre elles, et chacuned'elles était décbjrée par des factions.Innocent, m n'avait pour lui que son génie et l'immenseascendantqu'il exerçaitsur l'Europe. Son empereurguelfe, resté seul maître par l'assassinatde Philippe de Souabeen 1208,ne tarda pas à se montrer aussi entier dans ses prétentions que les empereurs de la maison de Souabe.Le nom avaitbeau changer,la mêmeambitionpassait sur toutesles têtes' avecla mêmecouronne.Ottonrefusa de restituer les allodiauxde Mathilde,promis au pape par le traité de Constance,notammentla Marche d'Ancâneet le duchéde Spolète, et revendiqual'hommagepour la Pouille et la Calabrecommefiefs de l'empire. Le danger redevenait grand de ce côté Innocent excommuniason ancien protégerait)), et relovantlafamillegibelinequ'il avait renversée, le jeune Frédériccammoleur fntui présentaaux Allemande* empereur, en stipulant toutefoisque celui-ciabandonnerait les Deux-Sicilesdès qu'il aurait la couronneimpériale, tant il sentait le péril, pour l'Italie, surtout pour le saint-siège,


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CHAPITRE XVIII.

de laisserdans les mêmesmainsl'Allemagneet le midide la Péninsule1 Brédérte HH(fl8flfl-fl8B©)j ceeoade ligne loja&arâe (aoaa). La troisièmeet dernière phase de la lutte de l'empire contre la papauté et l'Italie commençaavec l'avénementde Frédéric II et prit cette fois encore un caractèretout nouveau. FrédéricII, Sicilienpar sa mère et par le lieu de sa naissance, avait été confiédanssa jeunesse à Innocei.:III lui-même.Il avaitdoncreçu une éducationitalienneet ecclésiastique. Otton de Brunswickl'appelait le roi desprêtres. Aussifut-il bien différentdes Hann IV et des Barberousse. Actif, énergique commeeux, il n'avait point leur rudesse allemande; son esprit délicat, cultivé, était aussi plein de ruse, de causticitéet d'incrédulité.Il usa des moyensde la politiqueavecprédilectionet une extrêmehabileté.En outre, ce ne futplus par le nord que le saint-siégeet l'indépendance italienne furent menacés, mais par le midi. Frédéric s'était bien engagé à résideren Allemagneet à donnerles DeuxSiciles à son fils mais il préférait de beaucouple ciel, les mœurs, les poëtesde l'Italie, et ne tarda pas à nommerson fils régent de l'Allemagnek sa place et à revenir résider lui-mêmeen Sicileou à Nàples,qu'il dotad'une université. La lutte n'éclataque tardivement,parce que Frédéricne fut véritablementempereur qu'en 1218, après la mort de son compétiteurOttonde Brunswickqui, quatreannéesplus tôt, avaitété vaincuà Bouvinespar Philippe Auguste. Cettemême année, Frédéricrenouvelason vœu d'aller en terre sainte, et, on 1 220,le papeHonoriusIII (1216-1227)le couronnaempereur;pour mieuxassurer l'expédition,il lui fit épouserYolande,fille de*Jeande Brienne, roi dépossédé 'de Jérusalem. Mais Frédéric trouvait,chaquefoisqu'il était pressé de partir, de nouveauxprétextespourrester. Au lieu de se rendre à Jérusalem,il délivrala Siciled'un certain Mourad-beyqui avait soulevéles Sarrasinsdans cette île, el transporta20000 de. cesinfidèlesdans la forteplacede Lucera, dans la Capitanate,certain que les excommunications


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de l'Églisen'ébranleraientpas leur fidélitéqu'il s'assura par de grandsbienfaits.Il s'occupaiten mêmetemps, avecle légiste Pierre des Vignes,de constituersonroyaumedesDeuxSiciles,qui n'avaitpas encoreété bien organisésousles princes normands. Un vieillardimpérieuxet inflexible, qui atteignitsa centièmeannéesur le trône pontifical,GrégoireIX, succédaen 1227à HonoriusIII. Il. nese tint pas pour satisfait des excusesde FrédéricIf, et, afinde délivrerl'Italie des,aprésence inquiétante,il l'obligea à s'embarquer. L'empereur partit, maisrevintau bout de quelquesjours sous prétexteque la tempêtel'avaitempêchéd'aller plus loin. Grégoirelança sur lui l'anathème; cettefois Frédéric crut prudent de faire le voyagedeJérusalem(1228).Arrivédansla villesainte, qu'un traité avecle soudand'Egypte lui offrit et lui céda(1229), il prit deses mainsla couronnequ'aucunprêtre n'osa placer sur sa tête excommuniée.Il sut bientôtpourquoisonabsence avaitététant désiréeenItalie. forméedèsl'année 1226,se forLa secondeligue tom&arde, tifiaità l'aise, et son beau-père,Jean de Brienne, soldat du saint-siége,entraitdans le royaumede Naples.Frédéric,, de retour, rassemblases Sarrasins, chassaJean de Brienne et tint à Ravenneune diète où il attira dans son parti Eooelino de Romano,seigneur de Padoueet le plus redouté des chefs de la MarcheTrévisane.D crut alors avoir rétabli dans le Nordla paix qu'il fit prêcher par le MoineJean de Vicence. Il ne demandaitque îe reposqui lui permît de venir résider dans ses palaisde Naples,de Messineet de la trilingue Palerme, an milieude sonpeuple mêléde Grecs, d'Allemands, de Normancketde Sarrasins, au milieude sa courd'artistes, de poètes,d'astrologues,de légistes,poëte lui-mêmeet faisantdes versdans la langue italienne naissante,qui était la languede sa cour,linguacortigiana. Il apprit tout à coup queson fils Henri, roi des Romains, se révoltaitcontre lui à l'instigation du saint-siége.Indigné, il s'élançaversla Lombardieavec ses Sarrasins, battit son filset gagnasur la ligue lombardela grandevictoirede CorteNuova(1237). 10 000Lombardsfurent tués "ou pris, et le


CHAPITRE Vm.

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earroccio fut envoyépar dérision au pape et au peuple de Rome. Maîtrede l'Italie, Frédéricnommaroi de Sardaigne sonsecondfilsEnzio, chassade la Sicile les dominicainset les franciscainsqui conspiraientcontre lui, et fit rrononcer par ses légistesqu'il était la loi vivante sur la turre (lex animata in terris.) Cetteprétention de l'empereurindignale pape,qui le désignacommela bêlepleinedenomset de blasphèmes dontparle saint Jean. Frédério répliquapar les noms à'antcchrhC, de grand dragonde l'Apocalypse,et la luttedu sacerdoceet de l'empirese rallumaavec l'impétuositéqu'elle avaiteue déjà deux fois, moins à cause des passionsdes deux adversaires qu'à causede l'oppositioninconciliabledes grands principes que tousdeuxreprésentaient.Grégoire IX déclara Frédéric déchu, soulevacontrelui lesvillesde la Toscaneet de la Romagne, et proposa la couronneimpérialeà Robert d'Artois, frère desaint Louis.Celui-cila refusapoursonfrère, et reprochamêmeau pape de < vouloirfouler, avec l'empereur, tous les rois sous ses pieds. » La guerre réussit à Frédéric; li vainquitles Toscanset les Romagnols.Le pape arma en vain Gèneset Venise,la plupartdes villesfirent leur soumission. GrégoireIX comptaalorssur un concilequ'il convoqua pour l'année 1241 là Saint-Jean de Latran. Mais Frédéric MoquaRomeet fit assaillirpar ses vaisseaux,réunis à ceux de Pise, la flottegénoisequi portait le concile.Les Génois, vaincusà la Méloria, perdirentvingt-deuxnavires deuxcardinauxet une fouled'évêques,d'abbés, de députés des villes lombardestombèrent aux mains de Frédéric, qui fit charger les prélats de chaînesd'argent. Grégoireen mourut de douleur. Sanoccnt

SV (4843}

ehate de la domination en Stalle (888©).

allemande

Pendantdeuxans le saint-siégefat vacant.Enfin les cardinauxy portèrent(1243)le GénoisSinibaldi Fieschi, sous le aum d'InnocentIV. Frédéricavait devinéce qu'il devait attendre de lui « Sinibaldiétaitmonami, dit-il, le pape sera


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monmortelennemi. » InnocentIV n'essaya plus de convoquer commeGrégoireIX unconcileà Rome, maisil s'échappa de cette ville, et de Gênesdemanda,sans l'obtenir, un asile dansleurs États à saint Louis,puis aux rois d'Angleterre et d'Aragon.Cethomme,devantqui le monde tremblait, n'avait pas où poser sa tête une preuveentre autres que ce n'étaientni lessoldats,ni lesforteressesqui faisaientsa force. Il se décidaà se réfugierdans la villede Lyon,qui appartenait alorsà son archevêque.Il enjoignit aux prélats de s'y réunir. Leconciles'ouvritle 26 juin 1245,Frédéric était condamnéd'avance.Il y envoyacependantson chancelierPierre des Vigneset Thaddéede Suessa,pour présentersa justification.Pierre garda un silencequi ressemblaità la trahison, et laissa déposer son maître; Thaddée, après une longue et inutile défense,protestade toutes ses forces contre la sentence. « J'ai fait mon devoir, réponditle pape, le reste est à Dieu. » Quandilsutqu'on avait disposéde sa couronne,FrédéricII la prit, l'affermitsur sa tête et s'écria « Elle n'en tombera point avantque desflotsde sang n'aient coulé. » Il en appela auxsouverainsde l'Europe « Si je péris, vouspérisseztous »D n lançasur l'Italie ses Sarrasins, tandisqu'Innocent IV agitait par ses moinesla Lombardieet la Sicile, faisaitnommer un nouveauroi des Romainset prêchait une croisadecontre FrédéricII. SaintLouiss'interposavainemententre ceshaines furieuses.La fortunefut d'abordindécise maisEnzio, le fils chéride Frédéric, fut fait prisonnier, trahi dans sa fuite et sousson déguisementpar une boucle de ses beaux cheveux blonds, et retenuen prisonpar lesBolonaisjusqu'à sa mort l'empereur en fut accablé.II voyait tous les siens tombés commeThaddéede Suessaet Enzio,outrattres commePierre des Vignes,qui tenta de l'empoisonneret qui, privéde la vue par son ordre, se brisa la têtecontrela muraille.Il songeaà se soumettreet pria saint Louisd'intervenirauprès du pape; il offritd'abdiquerl'empire,d'allermourir en terre sainte; il consentaità ce que l'Allemagneetla Sicilefussentpartagées, mais au moinsentre ses enfantslégitimes.Innocentpoursuivait l'anéantissementde cette race de vipèreset la conquête


'AU

CHAPITRE xvra.

de la Sicile; il fut inexorable.L'empereur,brisé, malade de fureur, appelade nouveauxSarrasins d'Afriquepour se venger sur Rome; il faillits'adresseraux Mongolset aux Turcs. Ecoelinode Romano,tyran de Padoue, répanditdes torrents dû sangpour s'ouvrir la route jusqu'à Frédéric, mais lamort subite de l'empereur à Fiorenraoia,dansla Capitanate(13 décembre1250}épargnaà l'Italie une dernière lutte, qui eût atteint le paroxysmede la fureur.Elle annonça en même tempsla chutede la dominationallemande et de l'autorité impériale en Italie. Elle commençapour la Péninsule une périodenouvelle,cellede l'indépendance1


LA PREMIÈRE CROISADE A JÉRUSALEM.

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LIVRE VII. LA CROISADE C1095-1270).

CHAPITREXIX. LA PREBIIÈRECROISADEÂ JERUSALEM(1086-1090). ltat dumondeavantlescroisades; l'empiregrec.– Pierrel'Ermite,le concilede Clermont et les premierscroisés.–Départdela (1095) grandearméedescroisés(1096)siégedeNicéeet batailledeDoijlée (1097).–Siègeet prised'Antioche (1098);défaitedeKerbogà; siège et prisede Jérusalem barondu Saint-Sépulcre. (1099). Godefroy, du nouveau Organisation royaume. Ëtat du monde avant les croisades J l'empire geee. Dansce mondedu moyenâge, il y avaitdeux mondestout à fait distincts celuide l'Évangileet celui du Coran. Ils s'étaient déjà heurtés quelquefois,mais, s'étant trouvés à peu près d'égaleforce,ils avaientfait commeun partagetacitedu mondeconnu.Le Coran régnait depuis les Pyrénées jusqu'aux bouches du Gange l'Évangile gouvernait toute l'Europe moins l'Espagne.De simples guerres de frontières ne,mettaientces deux mondesen contactque par les extrémités.Le momentétait venu où ils allaient se mêler par la guerre.


-§§8

CHAPITREXIX.

On vient de voirce qu'était dansla chrétientéla société germaniquequi en était l'âme. Qnoiquo l'unité n'eût pu s'y maintenir, 'e morcellementne lui avaitpoint été fatal; la vie et l'activité y étaient très-grandes; toute sorte de germes s'y-développaient avecpuissance. Poui la sociétégrecque,qui formait l'autre partie de la chrétienté,isoléeentre lès Germainset les Arabes, comme une île oubliéepar les flotsde l'invasion,ellecontinuait de vieillir, stérileet sans grandeur. C'était toujours,depuisJus tinien, la répétitionde la mêmehistoire des intriguesdepalais, mêléesde cruautés, des disputesthéologiquesqui soulevaientle peuple, desguerrescontreles maîtresde l'Asieet contreles barbares qui paraissaientparfoisdans le nord, et parmitoutcelade tempsen tempsdestravauxlégislatifs. Sa séparationde l'empire d'Orient et des peuplesgermainsétait d'autant plus profondequ'elle était devenue religieuse. Le schismedesdeuxÉglises, commencéavecla querelledes iconoclastes,s'était continuédansles deuxsièclessuivants,quoique les Grecsfassentrevenus,sous Irène et Théodora (78? et 842), au culteorthodoxedes images.L'installationde Photius sur le siègepatriarcal de Gonstaminople (857), désaple fit faire un pasà la scission prouvéepar pape NicolasI0', un pointdedogme,l'admissionduFilioquepar l'Église latine dans ce passage du symbolede Nicée où il est dit qua le Saint-Espritprocèdedu Père; quelquesdifférencesde pratiques l'emploidu pain levé au lieu du pain azymeou sans levain,le mariagedes prêtres, l'usage de la langue vulgaire pour célébrationde l'office,le baptême par immersion, le jeûne du samedi,et surtoutla rivalitédes deuxtglises &Toc-i easiondu roi des Bulgaresque lé patriarcheréussit à attirer dans sa communion,achevèrentla séparation, qui fut complèteen 1 054,aprèsque les légatsdu pape eurent déposésur'v l'autel de sainteSophieun anathèmequi flétrissaitles « sept mortelleshérésiesdesGrecs. » Livré à lui-même, l'empire de Constantinople,il faut cependant le reconnaître,eut encore assezde ressources, et quelquefoisdes princes assez capables,pour préserver ses frontièreset mêmeprendrel'avantagesur les peuplesvoisins


Original m eeulsur H F Z 43-1 ÎO-a



LA PREMIÈRE CROISADE A JÉRUSALEM.

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et ennemis,surtout sur ceuxdu nord, les Russeset les Bul-. gares. Les attaques des Russes commencèrentdès 865. C'étaient les mêmeshommesque ces pirates northmnns qui désolèrentl'occidentde l'Europe.Ils descendirentle Borysthènesur leurs barques, et, par le Pont-Euxin, arrivèrent devantConstantinople.Le feu grégeoisles éloigna cette fois et plusieursautresencore.Vers le milieudu dixième siècle, ils firentune autre entrepriseet tentèrentde s'établir sur la rivedroitedu Danube.Jean Zimiscèsles chassa(972). Découragéspeut-êtrepar ces attaquesinfructueuses^les Russes se décidèrentà avoirles Grecspour amis, et, depuisle mariagede leur chef Wladimir avecla fillede l'empereur Ba= sileII (908),la paixrégna entre les deuxpeuples. Wladimir s'était convertià la religionde safemme. Lalutte avec les Bulgaresfinit encore mieux.Constantinople,il est vrai, fut plusieursfois assiégé,et de 988à 1014, l'empirefut envahivingt-sixfoispar le roi Samuel;mais,en 1019,BasileII renversale royaumedes Bulgares.Les Byzantins redevinrentconquérants, Unefoisque les Arabes eurentjeté leur feu, l'empire grec sut aussileur tenir tête avec succès. Sa marine se releva dans le neuvièmesiècle elle reprit les Ilesde l'Archipel et plusieurspointsque les infidèlesavaient occupésen Morée; elle les poursuivitmêmejusque dansles paragesdelà Sicile. Au dixièmesiècle,NicéphorePhocasfit reparaîtreles armées de terre de Gonstantinopledans des pays depuis longtemps perdus,la Cilicie, la Syrie Jean Zimiscèsalla encoreplus loin,passal'Euphrttttj,jeta la terreur dansBagdad.LesGrecs montraientdoncunesingulièrevitalitéet, toujoursmourants, survivaientà ces barbaresqui les avaienttant de fois battus. DepuisHéraclius,trois dynasties,l'Isaurienne,de 717 à <lo867 à 802,hPhrygienne;à<sMOb 867, la Macédonienne, 10Ô6,avaientpassé sur le trône do Bysanco.La dernière, qui donnacestrois hommesremarquables,NioéphorePlioet.Bueilu,II, avaitrendu quoiquelustre h l'emcae,S5imincÔ8 dansles ot lesAbbasPire.Il ontvrai qu'oltotrO~Va oidoodés ennomiadlmisds. Au contraire, la dynastie tloo Goumône», qui montasu»; lo trônoen 10&7,avocIsanc, eut à nimr. nn hoybr aob.

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CHAPI'fBK XIX.

combattredes ennemisnouveauxettrès-vigoureux les Tare*, devenusrécemmentmaîtresde l'Asie. Laseul princede quelque valeur qu'ellefournitdans la secondemoitié du onzième siècle,RomainDiogène,vainquitle SeldjoueideAlp-Arslan, maisfat fait prisonnierpar lui dansune secondeaction(1071) AlexisDomnèae(1081), se sentanttrop faiblepour rësistet seul ans Asiatiques,appelales Germainsà son secoursetcontribuaainsi pourquelque choseà la premièrecroisade.Dans ces grandsévénements,l'empire grec, quin'avait plusni sève ni véritablevigueur,laissale premierrôle auxFrancs,et l'on vit, dansce contactde la civilisationébauchéede l'Occident et de la civilisationépuiséede l'empire d'Orientà qui appartenaitl'avenir. Tel étaitle mondechrétien. Quantau mondemusulman, on se souvientdans quel ai*· faiblissementil était tombé; Il y avait eu encore, à un certain moment, trois grandsempires ommïadeen Espagne; fatimiteenAfrique,abbassideen Asie. Puis les Ommlades de Cordoue,ébranléspar k doubleattaquedes petits États chrétiens,au nord,et parcelle despeupladesmauresquesvenues d'Afrique, au sud, avaient disparu; les Fatimitesdu Caireétaientréduitsauxlimitesde l'Egyptepar les dynasties africainesde l'ouest et les Turcsseldjoucidesvainqueursà l'est; enfinles Abbascid«sde Bagdadavaientété à peuprès renversés, en 1058; par ces mêmes Turcs.Ainsila société arabe n'avait paseu cette fortuné,qu'eut la société germanique, de pouvoirposer une limite définitive à toute invasion et de se constitueren paixderrière quelqueforte postérieure, • Barrière.

Les Turcs fondèrentun vaste empire sous Alple Lion (Arslan)(1063)et Malek-Shah(1075), successeurs de Togrul-Beg.Le premier fit prisonnierl'empereur grec Romain Diogène(1071)et conquitl'Arménie;le secondfit envahirla Syrie, la Palestine, Jérusalem,et poussamêmeses armées Jusqu'enEgypte, tandisqu'un membrede la famillede Sel dljoukenlevaitl'Asie Mineure auxfirecs et fondait,du Taurus «. Vojœ ei-deaaus. p. 99-<o« et noie» dela p. 08.


LA XJUKiliÈKK CROISADE A JÉRUSALEM.

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an Bosphore,le royaumed'Icoaium,qui prit, sous son fils Kilidje-Arslan,le nom de Sultaniede iloura. A la mort de Male&-Shah (1093), a une nuée de princes, dit un poëtepersan, s'élevade la poussièrede ses pieds,» ce qui vent dire que son empirefut brisé. La Perse, la Syrie,le &ermanformèrentdes sultaniesdistinctes:c'estle sort de toutesles conquêtesasiatiques.Néanmoins,c'était aux Tares qu'appartenait toute l'Asiequand arrivèrentles chrétiens. B?8ci?po B'EemHe, le eonelle et les prenaient!

de Clermont croisés.

J[B©©5)

Renfermédans un espace borné, ne trouvant de vaste horizonque dans sa pensés, d'alimentà sa penséeque danf les livres saints et leurs récits, le chrétien d'Europe transportaittoutesa poésievers les lieuxdont ces livresl'entretenaientsans cesse,où sans cesse ils lui montraientle Christ mourantet accomplissantsur la croixle grandmystèrede la rédemption.Jérusalem, où l'impératrice Hélèneavait rassemblé pieusement les débris vrais ou supposés de la passion,Jérusalem, et près d'elle les Oliviers, le Golgotha, Bethléem,c'était là son pays idéal, le lieu ou l'entraînaient ses plus sérieuseset plusdoucespensées. Heureuxqui pouvait voirJérusalem et surtout y mourir! Le vulgaire ne se flattaitguèrede cettefélicité. LaPalestineétaitsi loin1 Quel, quesrares pèlerinss'y rendaient. Auretour, onécoutaitavidementleurs récits.Des cris d'horreuret de hainecontreles infidèless'élevaient,lorsqu'on apprenaitla tyrannie exercée dansla ville sainte par le khalife fatimita Hakem,ou plus tard par le sultan Malat-Shah. Les pèlerins eux-mêmesn'y étaient plusadmis qu'enpayantune pièced'or, et beaucoup, leurs ressourcesépuiséespar le voyage, demeuraientà la porte de la ville sainte, et y attendaientla charitéde quelque riche seigneurarrivant d'Europe. Cependantle nombre des voyageursaugmentaitpeu à peu et devenaitconsidérable.Au onzièmesiècle, on en vit partir jusqu'à 3000 à la fois, même 7000. Ge n'étaient encoreque des troupespacifiques,mais k.. qui préparaientles autres.


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CHAPITRE'XIX.

L'empereurgrec AlexisComnène,menacépar les Arabes qui campaienten facede Constantinople,sur la rive opposée du Bosphore,faisait retentir tontes les courschrétiennesde sescris de détresse.Maisles dangersdo cedernierdébris de t'empire romainne pouvaienttirer les chrétiensoccidentaux de leur indifférence.Déjà le premierpape français, Sylvestre II, avaitécrit en vain aux princesune lettre éloquenteau nom de Jérusalem délaissée.Grégoire VII, dont l'âme ne concevaitque de grandes idées, aurait voulu se mettre à la têtede 50 000chevalierspourdélivrerle saint sépulcre.Empereurset papes échouèrent.Ce qu'ils n'avaient pu faire, un pauvremoine l'accomplit. Jérusalem venait de tomber aux mains d'unehorde farouchede Turcs,et, au lieu de la tolérancedont les khalifes de Bagdadet du Caire usaienta l'égard des pèlerins,ceux-ci étaient maintenant abreuvésd'outrages, et ce n'était plus qu'avecde grandsrisquesqu'on approchaitdes saints lieux. Pierre l'Ermite fit retentir la France du triste récit de ces calamités,et le peuple,saisi d'un pieuxenthousiasme,s'arma partoutpour arracher le tombeaudu Christ aux mainades infidèles.Le concilede Glermont,réuai en 1095,sousla présidencedu pape français UrbainII, prêcha la croisade; le nombrede ceuxqui, en cetteannéeet dansla suivante',atta- "• chèrentsur leur poitrine la croix dedrap rouge,signe de-leur engagementdansla sainte entreprise, montak plus d'un million.L'Égliseles plaçasous la protectionde la trêvede Dieu, et leur accordapourleurs biens, pendantla durée de l'expédition,plusieurs privilèges. 11vint des hommes des plus lointains pays, s Onen voyait aborderdansles ports deFrance, dit Guibertde Nogeiit,qui, • g ne pouvantse faire comprendre,mettaient leurs doigts l'un sur l'autre en signe de croix pour marquer qu'ils voulaient s'associerà leur saiaie guerre.Lesplus impatients,les pau- v vres,se confianten Dieuseul, partirent les premiers,au cri deDiBukveut! sanspréparatifs,presquesansarmes;Femmes, leurs époux,leurs pères, s enfants, vieillards, accompagnaient leursfi.is. et on entendaitlas pluspetits, placés sur des eha* riotsque des bœufetraînaient,s'écrieï, dès qu'ilsvoyaient un 2


LA PREMIÈRECROISADEA JÉRUSALEM.

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château,une ville « N'est-cepas litJérusalem? Une avantqui à eux tous n'avaient que8 chegardode 1 5 000hommes, vaux, ouvraitla route sousles ordres d'un pauvrechevalier normand,Gaultier sans Avoir.Pierre l'Ermite suivait avee 100000hommes.Unoantre troupe fermait la marche,conduite par le prêtre allemand Gotteschalk.Ils prirent par l'Allemagne,égorgeant en chemin les juifs qu'ils rencontraient,pillantpartoutpour se procurerdosvivres, et s'habituant à la violence.En Hongrie, les désordresfurent tels, que la populations'arma et rejeta les croiséssur la Thracè, aprèsen avoirtué beaucoup.Il n'en arriva à Gonstantjnople qu'unpetit nombre. L'empereurAlexis,pour se débarrasser de pareils auxiliaires,se hâta de les faire passer en Asie.Ils tombèrenttous sous le sabre des Turcs, dans la plaine,de Nicée, et leurs ossementsservirent, plus tard, à fortifierle campdes secondscroisés. armée Départ dé la grande et bataille Sleée

des erolflta (009®) ) siège de raoryl^e («O9S).

do

Pendantque cettetéméraireavant-gardemourait,les,chevalierss'armaient,se comptaient,s'organisaientet partaient enfinau nombre, dit- on,de 100000 chevalierset de 60000 fantassins,par différentesrouteset sous différentschefs.Les Françaisdu nord et le? Lorrainsprirent par l'Allemagneet laHongrie. Avecceux-là marchaientGodefroy,duc de BouilIon et de basse Lorraine,le plus brave, le plusfart, le plus pieuxdes croisés,.et ,sesdeux frères, Eustachëde Boulogne et Baudouin.Les Françaisdu midi, avec le richeet puissant comtede Toutous^ par les Alpes et par là Bal* passèrent matieet rÉsclavom?»gagnèrentla Thrace l'évêquedu Puy, Adhémar,légatdu saint-siégeet chefspirituelde la croisade, était danscette armée. Le duc de Normand^, les comtesdo Blois, de Flandre ;Mde Yermandoisallèrent rejoindreles Normandsd'Italie, B^ihéttiond,prince de Tarente, et son cousinTàncrèdeqtii futj après Godefrôy,le plus parfaitchevalierde ce temps;et tousensemblefranchirentl'Adriatique, ,• tâGrèceetlaMacédoï&e,


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CHAPITRE XIX

Le rendez-vousgénéralétaità Gonstantinople.L'empereur semblait qu'ils ne voulussentcommencerlà leur croisade, on s'emparantde la grande cité. Quelques-uns,en effet, y «ingénient,afin do mettre un ternie aux perfidiesde ces Grécules,les plus lâches des hommes.» MaisGodefroyde Bouillons'y opposa. Il consentit même a faire d'avance hommageà l'empereur Alexispour toutes les terres dont il s'emparerait. Quand il l'eut fait, personne n'osa refuser. Commeils prêtaientce serment,un d'entre eux, un comtede haute noblesse,eut l'audacede s'asseoirdans le trôneimpérial. L'empereurne dit rien, connaissantl'outrecuidancedes Francs; le comteBaudouinfit retirer cet insolenten lui disant que ce n'était pas l'usage qu'on s'assît de cette sorte à côté des empereurs.L'autre ne répondit pas, maisil regardait l'empereuraveccolèreet maugréait,disanten sa langue «Voyezce rustre qui est assislorsque tant de braves capi«fainessont debout,» L'empereurse fit expliquerces paroles, et quand les comtesse furentretirés, il prit à part cet orgueilleuxet lui demandaqui il était?a Je suis Franc,dit-il, «et des plus nobles.Dans mon pays,il y a, à la rencontre «de trois routes, une vieilleéglise où quiconquea envie de a « sebattre, va prier Dieuet attendreson adversaire.Moij'ai a eu beau attendre, personne n'a osé venir.» Alexisne fat rassuréqu'aprèsqu'il eutfait passeren Asiejusqu'au dernier de cesbatailleurssi fiers. La grandevillede Nicéese présentaitpresqueà l'entrée de la péninsuleasiatique.Les croisésl'assiégèrent.Rienn'était saisissantcommel'aspect de ce camp où se mêlaienttant -de langages,tant de cris, tant d'instrumentsde guerre différents, et foi s'obéissait pourtant qu'à une seule pensée. A cette vue de l'Occident rassemblé, les contemporains,habitués à l'isolement féodal, conçurent pour la. premièrefois na sentimentplus vaste;ils entrevirentla nationet la patrie: « 0 Frances'écrie le chroniqueur,paysqui doitêtre placé ••u-dessusde tousles autres, combienétaientbellesles tentas de tes soldatsdans la Roumanie» Aprèsde violentscombats, Kicéeallait se rendre, quand les Grecs qui sa trouvaient dansl'armée persuadèrentaux habitantsd'arborerl'étendard


LAPREMIÈRE CROISADE AJÉRUSALEM.295 (l'Alexis.Couvertspar les couleurs de l'empira grec, ceux-ci furent inattaquables.Les croisés,indignésde cette perfidie, s'éloignèrentet s'enfoncèrentdans l'AsieMineure. lls avaientvu naguère k route de Nicéecouverteencore des cadavresdes soldats de Pierre l'Ermite. Ce fut à leur tour de joncher ces plaines. L'ennemile plus redoutable, ce n'étaient pas les Turcs; Kilidje-Arslan,récemment,battu devantNicée,voulutréparer sa défaite; il fatvaincudansles plainesde Dorylée,et son campfut pris (1097).Mais, lorsque les croisés furent entrés dans cette partie 4e la Phrygie que les anciens appelaientPhrygie brûlée, la faim, la soif, les dévorèrent.La plupart des chevauxpérirent. On vit des chevaliersmontés sur des ânes et des bœufs; on chargea les bagagessur des béliers, des porcs et des chiens.Un jour 500 personnespérirent de soif.De malheureusesdissensions ajoutèrentà cesmaux.Lorrainset Italiens,Normandset Provençaux,étaient en querelle. Baudouin,frère de Godefroy, et Tancrède,cousindé Bohémond,se disputèrentla villede Tarse. Pourtant, au milieu de ces souffrances,on avançait. Baudouinréussita s'introduira dansÉdesse, sur l'Euphrate, et s'en Et prince. Cettepositionavancéecouvrait les proisés et les mettait en communicationavec les chrétiens d'Arménie. Siège et pris* d'Anttoehe («088)5 défaite de ESerfoogAj siège et pris©de aéraaatem (*OBS). Ils arrivèrent*le ,18 octobre 1097,devant la grande cité d'Antiocheaux 450tours. Cefut un longsiège;il amollitles croisés sur les beauxrivage de l'Oronte,sons les ombrages du jardin de Daphné, si célèbre dans le paganisme,ils oublièrentleur valeuret se livrèrent au désordre. L'hiver vint ensuitenoyerleur camp; la famineles obligeade mangerles chardonset les animauxmorts un peuplus tard ils mangèrent mêmedes musulmans.Bohémondles sauvaen leur ouvrant Antiocheau moyen des inteUigoncosqu'il avait pratiquées dansla villeavecle renégatarménienPhiroûs.Pendant une nuit d'orage,ou le bruit du vent et dn tonnerreassourdissait


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CHAPITRE£IK.

les sentinelles,les chrétiensescaladèrentles murailles avec deséchellesde cordequ'on leur jeta de la place, et se précipitèrentdansla ville araorisde Dieuh veut!Mais Bohémond s'était fait acheterle salut de l'armée il avaitstipulé, eu la sauvant,qu'il seraitprince d'Antiocho. Lescroisés, diminuasde moitié, retrouvèrentdans la ville les souffrancesqu'ils avaientenduréesau pied de ses murs, car ils furent assiégésà leur tour par 200000Turcssous les ordresde Kerbogâ,lieutenantdukhalifede Bagdad.Godefroy fit abattre son dernier chevalde bataille.Le désespoirétait parmi eus, quand un prêtre marseillais,nomméPierre Barthélémy,vint déclarerauxchefsde l'armée que saint André lui avaitrévélé, pendantson sommeil,que la lancequi avait percéle flanc du Christétait sousle maître-autelde l'église et qu'elle donneraitla victoireauxchrétiens.On creuse, on trouvela lance, l'enthousiasmeN'emparedes croisés,ils mar. chentcontreKerbogâet. letaillenten pièces. Au lieu de s'achemineraussitôtsur Jérusalem,ils perdirent encore six moisdans Antioche,où la peste tes dévora. Quandils partirentenfin,ils n'étaientplusque 50 000à peine, au lieu de 600 000 qui étaient venus un certain nombre,il est vrai, s'était fixédansles différente»villesque là croisade, avait traversées.Ils longèrentle rivage de la Méditerranée, afin de se tenir en communicationavecles flottes desGénois et des Pisans, qui leur apportaientdesprovisions.Ils étaient d'ailleursdans les richesvalléesdu Liban, où ils se remirent de leurs souffranceset reprirent des forces. L'enthousiasme croissaità mesuraqu'ilsapprochaientde la villesainteet traversaientdeslieuxconsacréspar les souvenirsde l'Évangile. Enfin,lorsqu'ilseurentfranchila dernièrecolline,Jérusalem semontraà leursyeux « 0 bon Jésus,dit un moinequi était dansl'armée,lorsqueles chrétiensvirent ta citésainte,quede larmes coulèrentdetous les yeux!» Descris éclatent a Jérusalem Jérusaleml Dieukveut!Dieule vèutl » Ils tendent les bras, ils se jettent à genouxet embrassentla terre. Cette ville, objet de tant de veaux,il fallaitmaintenantla prendre.Elle étaitdéfenduepar lessoldatsdukhalifefatimite du Caire,qui s'en étaitrécemmentemparésur les Turcs.Ce


LA PREMIÈRECROISADEA JÉRUSALEMU 89?

khalifeavaitoffertaux chrétiens,lonqu'ils étaientdans Antioche,de les laisserentrer danaJérusalem, mais désarmés, et ils avaientrejeté cette offre avecindignation.Ile voulaient que Jérusalemfût leur conquêteet le prix de leur sang. Ils souffrirentencorebeaucoupsousses murs.Le soleild'un été d'Asiebrûlaitla terre, le torrent de Cédronétaitdesséché,les citernescombléeson empoisonnéespar l'ennemi on netrouvaitplus que quelquesflaquesd'uneeau fétide qui faisaitreculer les chevaux.Pourreleverle moralde l'armée,une procassionsolennellese déployaautourdela ville touslescroisés s'arrêtèrent sur le mont des Olivierset s'y prosternèrent.Le 15juillet 1099, à la pointe du jour, un assaut général fat livré.Troisgrandestours roulantess'approchèrentdes murs; mais, après une journéede combat,rien n'était encorefait ce ne fut que le lendemain,après des vicissitudesnouvelles, que les croisésl'emportèrentenfin. Tancrède et Godefroy sautèrent les premiersdans la placa par deuxendroitsdifférents. Il fallut encore combattre dans les rues et forcer la mosquéed'Omar, où les musulmansse défendirent.Desflots dé sang coulèrent: dans la mosquée,les chevauxen eurent jusqu'aupoitrail.On suspenditle massacrepouraller, pieds nuset sans armes, s'agenouillerau saint sépulcre; mais recommençaensuiteet dura une semaine.• aodcfroy,baron da Salmt-Sépuleire» Organisation da néra» veau royaume. Lescroiséssongèrentsans délai à organiserleur conquête. Godefroyfut unanimeinentélu pour être roi de Jérusalem; maisil n'acceptaque le titre de défenseure. baron du SaintSépulcre,refusant «de porter couronned'or là oùle roi des rois, Jésûs«Christ,le fils de Dieu, porta couronned'épines la jour de sa passion.s La victoired'Ascalon,qu'il gagnapeu de temps après sur une armée égyptienne,venuepour reprendreJérusalem,assurala conquêtedes croisés.Les poètes musulmansgémirent VQue de sang a été répandu!que de désastresont frappé les vrais croyants 1 Lesfemmesont été obligéesde fuir en cachantleur visage.Les enfantssonttons»


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CHAPïïBE

XIX.

béa sousla fer du vainqueurI Ii ne teste plus d'autre asile à nos pères, naguèremeures de la Syrie, que.le dos de leurs chameauxagileset les entraillesdes vautours I L'islamisme en effet,expiaitses anciennesconquêtes.Maisdéjà leschrétienset aientlas detant de fatigues presquetouslesseigneurs avaienthâte de revoir leurs foyers; il neresta guère auprès de.Godefroyet de Tancrèdeque 300 chevaliers.a N'oubliez jamais, disaienttout en larmesceux qui restaientà ceuxqui partaient, n'oubliezjamais vos frères que vouslaissezdans l'exil; de retour en Europe, inspirezauxchrétiensle désir de visiter les saintslieux que nous avons délivrés;exhortezles guerriersà venircombattreavecnousles nationsinfidèles. » Mais l'Europofut refroidiequand elle vit-revenirsi peu de monded'une expéditionsi gigantesque,et cinquanteans s'écoulèrentavant qu'unenouvellecroisadefût entreprisepour secourir le royaumefondéà Jérusalem. Ainsilivré à lui-même,ce petit royaumes'organisa pourla défenseet se constituarégulièrementsuivantlos principesde. la féodalitétransportéetoutefaite en Asie. Il eut pourcode les Assisesde Jérusalem;que Godefroyde Bouillonfit rédiger en français, et où nous.trouvonsun tableau completdu régimeféodalqui ne s'était encorerésuménulle part dans un grandmonumentlégislatif.Desfiefs furentétablis lçs prineipautésd'Édesseet d'Antioche,accruesensuite du comtéde Tripoli et du marquisat4e Tvp»Je| seipeuriesde Naplouse, de Jaffa, de Ramla, de Tibénàde,mélangesingulier de noms bibliqueset d'institutionsféodales, où se voit le caractère voit foi religieuseet l'unibn .ûa~à iafcie de de la propre du du moyen ~e s l'union mdy~nâge do la vie militaire. = i -x. Le paysfut soumisà trois juridictions la courduroi, celle du vicomtede Jérusalemet le tribunal syrienpour les indigènes.Deuxgrandosinstitutionsmilitaires servirentà la défensedu pays 1'ordredes Hospitaliersdé Saint-JeandeJérusalem, fondé par Gérard de Marliguesen 1100, et celui des Templiers en t 1 18,parHuguesde Payons,institutions particulièresà l'époqueet à la circonstànco,ot oùm roncontraient à la foisl'esprit chevaleresqueet l'esprit monastique. Le nouvelÉtat continuad'abordle mouvemont do la con-


LAPREMIÈRE CROISADE AJÉRUSALEM.29» quête,commeobéissantà l'impulsionqu'il avait reçue. Sous les deux premiers successeursde Godefroy,Baudouin 1" (1100-1118)et BaudouinII du Bourg (1118-1131),Âssur, Césarée,Ptolémaïs,Biblos, Beyrouth,Sidon,Tyrfurentpiises. Mais,après ces deuxrègnes,la décadencecommençaavecles discordes.Les Atabeks,qui dominaientà Mossoulet à Damas, prirent Édesse, dont ils massacrèrentla population (1144).Il ne fallut rien moinsque ce sanglantdésastre,qui mettaitla Palestineà découvert,pour déciderl'Europe à renouvelerla croisade.


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CHAPITRE XX.

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CHAPITRE XX. EN ORIENT,RÉSULTATS LESBEttmÈïlEg CROISADES (114?-127O)o croisade Deuxième (114?).–PrisedeJérusalem parSaladin;troisième croisade(1189).–Quatrième –Fondationd'un croisade(1201-1204) croisades empireà Constantinople (1204-1261). Lesquatredernières en Orient;les Mongols de Tohinghis-Klian. et huitième Septième croisades et 1270).–Résultatsdescroisades enOrient. (1248 croisade (fl8A9). ÎBcUBlèane La premièrecroisade fat bien différentedes sept autres elle ébranla toute l'Europe,remua profondémentles masses, peuple et seigneurs,et fat le symptômed'un grandmouvement de sentimentset d'idées.Cellesqui se firentdanslesdeuxsiècles suivants n'eurent plus la mêmeportée. Presque toutes furentconduitespar les rois, qui étaientdemeurésen dehors de la première, et si la foin'y fut jamais étrangère,la politique y dominasouvent. La secondeporta encoreun Vif reflet de l'esprit do dévotion qui avait animé la première elle ne fut pourtant plus l'oeuvre du peuple, mais des firinces,de l'empereur GonradIII et du roi de FranceLouis VII, qui prit la croix, malgré les prudentsconseilsde son ministre, l'abbé Suger. La croisadefut prêchéeen France et en.Allemagnepar saint Bernard mais déjàle xèleétat bien refroidi.Une taxe générale, établie sur tout le royaumedo France, et sur toutecondition, nobles, prêtresou manants,causa beaucoupdo murmures; à Sens, les bourgeoistuèrent l'abbé doSoinUPierre le Vif,seigneurd'une partie de leur ville, à caused'un impôt


LESDERNIÈRES CROISADES EN ORIENT.

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se mit en qu'il voulaitlever. « Le roi, dit un Contemporain, route au milieudes imprécations.»On avait offert à saint Bernardle commandementde l'expédition;il se souvintde Pierre l'Ermite, et refusa. L'empereur était parti le premieravecles Allemands.Les Grecs de Constantinople,pour qui les Latins étaient aussi odieuxque les Turcs,l'avaienttrompéde toute manière,jusqu'à lui vendrede la farinemêléede chauxet l'avaientpressé de passeren Asie. QuandLouisarriva avecses Francs,l'empereur Manuelenvoyade fort loindesdéputésà saj rencontre. Nosseigneursféodauxs'indignèrentdes basses adulationsde ces Grecs,un d'eux les interrompit en disant Ne parlez pas si souventde la gloire, de la piété, de la sagessedu roi; il se connaîtet nousle connaissons.Dites brièvementce que vousvoulez.» Cequevoulait Manuel,tout effrayéqu'il était, c'est que les croiséslui prêtassent sermentde fidélité.Ils y consentirentencore,nonsans laisseréchapper,commela première fois,desourdesmenaces.Déjàles Allemands étaientau milieude l'Asie Mineure.Mais,trahis parleursguidesgrecs, ils s'égarèrentdansles, défilésdu Taurus,ety tombèrentsous l'épée desTurcs.Conradrevint presqueseul à Constantihople. Louis, averti dupéril, prit route le longde la meret Rasaurad'abordpar la victoiredu Méandre.Mais aux environs de Laodicée,on entra dans les montagnes. L'ineptie deschefs et l'indiscipline des soldatsamenèrentun premierdéisastre* Le roi faillit périr et combattitlongtempsseul, tous les seigneursqui faisaientson escorteayant été tués,«noblesfleurs de France, dit un chroniqueur,qui se fanèrentavantd'avoir porté leurs fruits sousles murs de Damas. » A Satalio,on jugea qu'il n'était pas possibled',allor plus loin. Le roi, les grands montèrent sur>'desvaisseauxgrecspour acheverpar mer leur pèlerinage,abandonnantla multitudedes pèlerins, qui périront sous les flèchesdes Turcs, ou qui, accusantle Christde les avoir trompée,'se firentmusulmans.Trois mille échapperontainsiu la mort. Louis,, arrivé à Antîoche,na songeaplus aux combats, naaisu accomplirson voju do peïorin, h prier sur lé saint sépulcreot h terminerau plusvite cette aiafeneoutreusoen»


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XSL. CHAPITRE

treprise. Sans plus écouter les prières que lui adressaient pourle retenir lo princed'Antiocheet le comtede Tripoli, il précipitasa marchevers Jérusalem. Lepeuple,.les princes, les prélats sortirentau-devantde lui, portant des branches d'olivieret chantant « Béni soit celui qui vient au nomdu Seigneur. » Il fallait cependantfaire quelque choseet tirer au moinsune foisl'épée en terre sainte.On proposal'attaque de Damas.C'est une des villes saintes de l'islamismeet la perle de l'Orient.Entouréedejardins immenses qu'arrosent les diversbras du Barradiet qui formentautour d'elle une forêt d'orangers, dé citronniers,de cèdres et d'arbres aux fruitsdoréset savoureux,elle est la capitale du désert, et, pour la Syrie, un boulevardou une monaceperpétuelle,selon qu'elle est entre des mainsamiesou hostiles.L'attaque parât d'abord réussir; on enlevales jardins, maisles princes chrétiensse disputèrentla peaude l'oursavantdel'avoirtué. Lechoixdu comtede Flandre pourprincedeDamasindisposa lesautres. On servit avec moinsde zèle une causedevenue celled'un seul homme,et ondonnale temps auxsecoursmusulmansd'arriver,à l'ours demontrerqu'il avait encoredents et ongles.Il fallut leverle siègeetrentrer en Palestine.Conrad et Louis étaient boutde patience; ils revinrenten Eucar le roi de ^France rope, bon sans nouvellesmésaventures, tomba aux mainsdes pirates grecs et ne dut sa délivrance qu'aux Normandsde Sicile.L'Europe revit,encorebien peu de ceux qui étaient partis. La première croisade avait du moins atteint son but, elle avait délivré Jérusalem; la sacondeavaitinutilementrépandule sang chrétien.Aprèselle, la Palestinese trouvaplusfaible,l'islamismeplus fort, et les croisésne rapportèrentde leur entrepriseque delà hontoou, commeLouis VII, du déshonneur. Saint Bernard, désolé*du mauvaissuccès de l'entreprise qu'il avaitconseillée,essayad'an provaquorune autre mais ils no quandles peuplesontfait uno eJitpédithm: mnlheureull0, la renouvellentpas tout do suite. Plus tard, ce fut Suger lui» mêmequi, par unecoutrudictitmmuigiiliôro, voulutorganiser \HcroiBuilo;il mourutau milieudos préparatifs.


LES DKRNIÈRES CROISADES EN ORIENT.

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II s'écoulaprès d'un demi-siècleavant qu'une expédition nouvellepartit pour la terre sainte; le zèledes pèlerinsétait bien tombé.D'ailleurs les fruits de la première expédition n'étaient pas encore entièrementperdus Jérusalemrestait aux mains des chrétiens. Maisen 1171, un musulmand'un géniesupérieur,Saladin,s'empara de l'Egypte sut les Fatimites, et, en 1173, se substitua en Syrie à son souverain, Noureddin.Une grande puissance musulmane s'était donc forméede l'Euphratejusqu'au Nil, quienveloppaitles chrétiens d'Orient. Elle les écrasaà la journée de Tibériade, où le roi de Jérusalem,Guy de Lusignan,fut pris. La cité sainte elle-même succomba.D'aussi grands coupspouvaient seuls réveillerl'Europe. Le pape réclama une croisadeet établit sur toutesles terres, mêmecelles de l'Église, la dîme salacline.Les trois pluspuissantsmonarquesde la chrétientépartirent Frédéric Barberousse,Philippe Auguste et Richard Cœurde Lion (11 89). Barboroussealla en Asie par la Hongrieet Congtantino|?le. Son trajet ne fut qu'une répétition do celui des précédente croiséa. Mémos tracasseriesdol'emperaurgrec,déguiséessous une hypocriteadulation.Malgréla rencontredes mêmesditficultésen Asie Mineure, l'armée allemande,pourvued'argeat et bien équipée, semblaitdevoirarriver au tormo du voyagebien plusheureusementqu'on ne l'avait fait jusqu'à» lors, quand l'événementle plus imprévu changeason sort. En traversantles montagnesde la Gilicie,par la chaleurd'un jour do Juin, pour abréger la route et se rafraîchir,l'empereur voulût passer à la nage une petite rivière, le Sélefou Oydnus.Ses eaux glacéeslui furent mortelles.Les musai» mans virentdan»cette-mort lo doigt de Dieu. « ErédérieSo noya,diront-ilu,dana un liou oh il n'avait pas d'eau jwsqu'Jj In cointnro preuveque Dieuvoulut,nouseu délivi'or.» Tandiiiquusouurotéo,freppdodo co coup, so dispersaiton péris" sait, ôtque5000 ÀHomanda, uur 100000<|ui'étaientptiniiu


S0&

CUAI'ITHIS XX.

atteignaientla terre sainte, les deuxrois de Franceet d'Angleterre, Philippe Augusteet Richardarrivaient. Richard s'était entendu pour partir avecPhilippeAuguste dont il avaitété le grand ami tant que son pèreavaitvécu.Ils firentroute par une voienouvelle,la mer. Philippe s'embarqua à Gênes, Richardà Marseille,ils relâchèrenten Sicile, pour y passer l'hiver ils y étaient entrés amis, ils en sortirent ennemis.Peu s'en fallut qu'ils n'en vinssentans mains. Cettemésintelligenceruinait d'avancela croisade. Philippe arrivale premier.Il trouva Ptolémaïaassiégépar Guy de Lusignanet les débris de l'armée allemande.Il refusa courtoisement de rien faire avantl'arrivée de Richard. Celui-cis'étaitarrêté, cheminfaisant,pour enleveret charger de chatnesd'argent IsaacComnèng,qui s'intitulaitempereur de Chypre, et qui avait eu l'audace de fermerses ports aux croisés. Lorsqu'il débarqua en Palestine,ces délais avaient permisà Saladinde rassemblertoutes ses forces.Ptolémaïs, vaillammentdéfendu,résistaplus de deux an»:neuf batailles furent livrées devantses murs. Maisil fautremarquer, dans les rapports des chrétienset des musulmans,le changement de mœurs qui s'était opéré depuisla premièrecroisade.Le contactfréquentdeschrétienset des infidèlesavait atténuéde part et d'autrele fanatisme,a Nousne sommespas sansreligion, disaientles musulmansà genouxen demandantla vie, nous descendonsd'Abraham,et nous nous appelonsSarrasins, de son épouse Sara. »La haine férocedés premiers temps avaitfeit place,dans les chefs, à unesortede courtoisie chevaleresque. Saladinfaisaitporter aux princeschrétiens desfruits de Damas, et ils lui envoyaientdes bijoux d'Europe. On commençaità s'estimer dansles camps opposés; mais, sur le champde bataille, le goût du sang revenaitet la guerre restait bien cruelle pourles vaincus.Richardretournait vers les siens avecune guirlande de têtes d'infidèlesau poitrailde son cheval,son bouclierhérisséde flèchesmusulmanes« commeune pelotecouverted'aiguilles,» et il faisait égorgeren un jour 2700prisonniers.. Les discordesdes rois de France et d'Angleterre avaient retardé la prise de Poîémaïs(1191); elles déterminèrenten-


LES DERNIÈRES

CROISADES

EN ORIENT.

303

suitele départde PhilippeAugura. RicharddemeuraenPalostineà guerroyer sans profit. Sa hauteur indisposait les chefscroiséset en fit partir plusieurs.Lui-môme enfin, averti des complotstramésen Angleterrepar son frère Jean sans Terre, quitta la Palestine.Il n'avait pu que regarder de loin la villesainteen gémissantde la laisser aux mainsdes infi» dèles.Du moinsil obtint que l'entrée en serait accordéeaux pèlerins;et pour dédommagerGuyde Lusignan,il lui donna l'Ilede Chyprecommeroyaume.A son retour, la tempêtele poussasur les côtesde Dalmatie;Léopold, due id'Antriche, dontil avait fait jeter la bannière dans les fossésde SaintJean-d'Acre,le fit arrêteret le vendità l'EmpereurHenri VI, qui ne le mit en liberté qu'après en avoirtiré une énorme rançon. Quatrième

eroloode

(«80«-88©J}.Fonda«ton

d'ao

empire

français &Constanttnople(«WM-flSGI.) La quatrièmecroisadefut une entrepriseparticuliôro.Depuisle mauvaissuccèsde la troisièmeon oubliaitJérusalem, et, au lieu de ces pieusesexpéditions,on ne voyaitque guerres entreles rois et les peupleschrétiens.L'Angleterre,l'Ai" lemagne,la France,jadis uniespour la délivrancedu saint sépulcre,étaientarmées les ânes contre les .autres.L'empareurOttonIV était excommunié, PhilippeAugustel'avait été, Jean le sera. Tous ces excommuniessongeaientpeu à la terre sainte.Le grand pape InnocentIII voulut la leur rappeler, il fit prêcherunecroisade,promettantla rémissionde tousleurspéchésà ceuxquiserviraientDieuun an. Foulques curéde Neuilly-sur-Marne,en fut le prédicateur.Il vint à an tournoiqu'on célébraiten Champagne, et son ardente parolefit prendrela croixà tousles princeset chevaliersquis'y trouvaient.Cette fois,commela première,les rois se tinrent à l'écart, maisle peupleaussi. La chevalerieseules'engagea pour faire prouesse d'armes plus que par; piété profonde, commeon le vit bien, car l'expéditionli©fut» ou; peu s'en faut, qujunegrandepiraterie. BaudoinIX, comtéde Flandre, et Boniface étaient à la tête.Comme II, comtédé Montferrat> on avaitéprouvéprécédemmentquela route Jemer était bien JHST. DU6I0ÏEHAfiE.

t-

20


806

enàPmus

xx.

préférableh collede la terre,.les croisésfirent demanderdes vaisseauxh Venise. Cettevilleétait alors la reine de l'Adriatique.Rejetés par l'invasiond'Attiladans les Iloisdes lagunes,les habitantsde la terre fermes'y étaienttrouvésen sûreté et avaientprospéré dans cette situationunique tu monde.Aucunedes dominations qui avaient passé sur l'Italie n'avait pu les atteindre. Leur commerces'était étendu;les îles, les côtes de l'Istrie et de FIllyrie avaientreconnuleur suprématie.Quandles croisadesse firent,ils lessecondèrentpar piété, maisaussipar es. prit de lucre. Lesmusulmanset les Grecsétaient leurs rivaux daaala Méditerranée orientale.Ustrouvèrentl'occasionbonne pour les déposséder.Les servicesintéressés qu'ils rendirent aux croisésleur valurent,en 1130,le priviléged'ouvrir dans chaqueville du nouveau royaumede Jérusalem un quartier exclusivementà eux. En même temps, ils s'emparèrentdes îles grecques de Rhodes,Samos,Scio, Mitilène et Androa. En 1177, c'est à Venise qu'eut lien l'entrevue du pape AlexandreIII et de FrédéricBarbarousse,après une victoire du doge sur la flotteimpériale. Une dallede porphyrerouge marque encoredansle vestibulede Saint-Marc,è droitedelà porte d'entrée,la placeoùse fit cetteréconciliationqui rendit la paixà l'Italie. En souvenirde ce grand événementet de sa dernièrevictoire,AlexandreIII donna au chefdé Venisecet anneau quele dogejeta dansla mer pour épouserl'Adriatique, et depuis,chaqueannée,il recommençases a xibitieuse» fiançaillesave$une pompequi axaltait l'orgueilet le patriotisme dee Vénitiens. Quatre ans auparavant,Venise avait rendu son dogeélectif et constitué,avecsongrandconseil, ce gouvernementaristocratiquequi fit si longtempssa grandeur. Telleétait Venisequand s'y présentèrentles croisés.Geoffroyde Vilfehardouin,sénéchaldu comtéde Champagne,racontelui-même l'ambassadedont il faisait partie. C'est un curieuxspectacleque celui doces seigneursféodauxobligés de requérir le peuple Immbkment, s'agenomllantet pleurant pour faire leur demande.a Nous l'octroyons,nous roctroyoas,» s'écria le peuplesouverain,VÙlemarchandeet mavitime,l,Venisene pouvait oue vawdï^uHpareil service.El-.e


ENORIENT. 307 LESDERNIÈRES CROISADES demandaquatre vingt-cinqmillemarcsd'argentou 20230kilogrammes,qui aujourd'hui vaudraient 4 066 000 francs, maisqui alors en valaient bien davantage.Les chevaliersne remuaient pas de si grossessommes.Au lieu d'argent,les Vénitiensconsentirentà recevoiren payement une villeennemieque les croisés prendraientpour eux.Ils avaientrécemmentenlevéaux Grecs les principales villes de la,côte dalmate Spalatro,Raguse et Sebenico.Une dernièreleur manquait pour dominer ces rivages et l'Adriatique, Zara, que le roi de Hongrieoccupait.En vain InnocentIII tonna contrece détournementde la croisade; les Vénitienseprent Zara; le doge Dandolo, âgé de quatre-vingt-dixans, avait lui-mêmepris la croix(120â). Ce premiercompteréglé on put partir. Mais où aller?Les échecsdes deux dernières croisadesmontraientqu'il fallait a, oirun point d'appuipour opérersûrementen Palestine; et ce point d'appui devaitêtre l'Egypte ou l'empiregrec. Les Vénitienspersuadèrentà leurs alliés que les clefs deJérusalemétaientau Caire ou à Qpnstantinople.Il avait du vrai danscette pensée,mais il y avaitsurtoutun intérêt commercial.La possessiondu Cairedonnaitaux marchandsde,Venise la route de l'Inde, celle de Gonstantinopleleur assurait le commercede la merNoireet tout l'archipel. On se décida pour Constantinople,où un jeune princegrec, Alexis,s'offrit à les conduire, à conditionqu'ils rétabliraient sur le trône sonpère, Isaacl'Ange, qui «n avaitété précipité(i 203). Quand les Français, arrivés en vue de Constantinople, aperçurent ses hauts, murs, ses églises innombrables qui étincelaientau soleil avecleurs dûmes dorés, et que leurs regardsse furent promenés,dit Villehardouin,« et de long et de large sur cetteville qui de toutesles autres étoitsouveraine, sachezqu'il n'y eut si hardi à qui le cœurne frémît. et chacunregardoitses armes,quebientôton auroitbesoin.» Sur le rivage s'alignait une magnifiquearmée de 60 000 hommes.Les croiséescomptaientsur une bataille terrible. Desbarquesles conduisirenta terre tout armés.Avantmême de toucherla plage a les chevalierssortent des vaissauxet saillenten la merjusqu'à la ceinture,tout armés, les hom-


318

CHAPITRE XX.

meslacés, les glaivesès-mainset les bons archets,et les bona sergents,et les bons arbalestriers.Et les Grecsfirent moult semblantde les arrêter. Et quand ce vint auxlances <n'ra«d baisser, les Grecsleur tournentle dos .et s'en vont fuyantet leur laissentlarivsge.Et sachezque oncquesplus orgueilleusementnuipasnefut pris. «LelSjuillet (1203)la ville lut emportée d'assaut, et le vieilempereur,tiré de son cachot,fut rétabli surle trône.Alexisavaitfaitaux croisésles plus brillantes promesses; pour les tenir, il mit de nouveaux impôts Ut exaspérasi bien ce peuple débile,qu'il étrangla son empereur, en fitun autre, Murzuphle,et ferma les portes de la ville. Lescroisésl'attaquèrentaussitôt.Trois jours leur suffirent pour y entrer (mars 1204); cette foisils la mirent ù sac. Tout un quartier, une lieue carrée de terrain, fut brûlé. Que de chefs-d'œuvrealors périrent! 400000marcs d'argent furentréunisdans une église pour être partagés. On partagea ensuite l'empire lui-même. Baudouin IV, comte de Flandre, fut élu empereur de Remanie il l'avait emportésur ses concurrentsDa^doloet Bonifacede Montferrat. Le3 Vénitiensne tenaient pas à voir leur doge sur le trône impérial.Ils prirent, ce qui leur convenaitmieux, un quartier de Constantinopleavecles côtesdu Bosphoreet do laPropontide, la plupart destles de l'Archipel,Candie,etc., et, ils s'intitulerontseigneursd'un quart et demi de l'empire grec. Le marquis de Montferrat fut élu roi de Macédoine, Villehardouinmaréchal de Romanie, et son neveu princo d'Achaïe. Lecomtede Bloiseut les provincesd'Asie. Uy eut des ducs d'Athèneset de Naxos,des comtesdo Gêphalonie; un sire de Thèbes, de Corinthe.C'était une nouvelleFrance qui s'élevaitavecses mœursféodalesà l'extrémité de l'Eugardèrentcepenrope. Des membresde la famille Gomnène dant quelques lambeauxdont ils firent des principautés Trébizonde,Napolid'Argolide, l'Êpire, Nicée. Noscroisés étaienttrop peu nombreuxpour garderlongtempsleurconquête. En 1261,l'empire latin s'écroula.Cependant,jusqu'à la findu moyen âge et aux conquêtesdes Turcs, il subsista dans certaines portionsde la Grèceunreste, de ces principautés féodales'si étrangementétablies par les Français du


LES DERNIÈRES CROISADES EN OBIENT.

309

treizième siècle sur le vieux sol de Miltiade et de Léo» nidas. H,e« qiaaît'B depï»Bèpi>o epolrsades

en Orient; SeËlogblB-Kbon.

les

Mongols

de

Cependantil y avait toujours une chrétientéde Palestine qui invoquaitsanscessecelled'Occident.En 1217,les barons de la terre sainte étant sans roi, offrirentla couronne,non pas à quelquesouverainpuissantde l'Europe quifne s'en fût pas soucié,maisà un chevalieraussi bravequ'il était paqvre, à Jean de Brienne, qui leur amena pour toutecroisade300 chevaliers.L'Allemagnene songeaitqu'a la lutte d'Ottonde Brunswicket de Philippede Souabe, la Francequ'à la guerre des Albigeois,l'Angleterre était sous l'interdit. Ce fut André II, roi de Hongrie, qui fit la cinquièmecroisade; mais elle fut infructueuse. Toutefois,Jean de Brienne en retira assezde forcepour commencerla coaquêlede l'Egyptesur Mélik-el-Kamel, neveu de^Baladin,qui régnait au Caire. Déjà Damietteétait prise, et les musulmansoffraientde la laisser aux chrétiens, de leur rendre même Jérusalem et toute la Palestine; le légat rejeta avechauteur ces propositionsavantageuses,croyantpouvoirconquérirl'Egyptemême. Mais les chrétiens, enveloppéspar le débordementdu Nil, Damiette(1331), furentheureuxde se retirer en abandonnant La sixièmecroisade fut plus utile que les précédentes. L'empereurFrédéricII, qui s'étaitenfindécidéà partir après de longsdélais, fit d'un trait de plumece que n'avaitpu faire l'épéedu Cœur de Lion. Profitantde la terreur qu'inspirait à Mélik-el-Kamell'approche des hordes tartares du Kha • risme,il obtint de lui une trêve de dix ans et la restitution de la ville sainte, avec Bethléem, Nazarethet Sidon;il se couronnalui-mêmeroi de Jérusalem(1229). Ace momentse levaità la foiscontrel'Asie musulmaneet l'Europechrétienneun-ennemiinattenduet redoutable.Des mêmesliera d'où était partie, au quatrièmesiècle, cette invasionhunniqoequi jeta l'Europe barbare sur l'Europe romaine,s'élaùçatout à coup au troisièmesiècle,une invasion


810

CHAPITREXX.

semblable,colledes Tartares mongols.Disperséesdans les steppes de l'Asie septentrionale,les hordes mongoliquesy vivaientoisives,quelques-unesmêmetributairesde l'empire chinois, lorsque Témoudgin, chef d'une d'elles, les réunit toutes sous son autorité (1203),et résolut de les conduireà la conquête du monde.Ces sociétésnomadessont toujours facilesà ébranler chevaux,troupeaux,maisons,tout marche et se transporte aisément; les maisonsétaient des chariots ou de grandes cabanesplacéessur des roues et traînées par de longues files de bœufs. Là était le ménageambulantdu Tartare; il était lui-même à chevalnuit et jour, pendant la veille et pendant le sommeil; il se nourrissaitd'un peu de viandemortifiéeentre la selle et le dosdu cheval,ou de lait cailléet desséché,ne redoutaitni fatigue ni privation,et se soumettaità ses chefsavecune obéissancepassive.Dn'avait guère de religion, commetoute la race mongole,mais une fiertéet une ambition démesuréespour sa nation, comptant pour elle sur l'empire du monde, considérantson khan commele roi de la terre, conâae un être divin. Cavalerie d'ailleursirrésistible,pleinede ruse commede férocité. Témoudgin,surnomméTchinghis-kan(chefdes chefs),entraînaseshordesen Orientet en Occident.Il soumitla Chine, les Huns,du Kharisme, le Khoraçan, la Perse, et envoya Tchouchi, son fils, contrel'Europe. Celui-cilivra, en 1223, auxRussesla bataillede la Kolka, oùsix de leurs princespérirent. Tchinghis-khanmouruten 1227après avoirélevéun empire qui s'étendaitde Tauris à Pékin, sur une étenduede quinzecentslieues. Sesquatrefils continuèrentde l'agrandir. Octaï-khanenvoyacontre les Russesson fils Baton, qui exterminaleurs armées,prit Moscou (1237)et s'avançajusqu'à Novogorodet KaminiecenPodolie.Le grand-duchéde Kiew cessa d'exister (1239); celui de Wladimir se préservaen v payanttribut. Aprèsla Russie,les Mongolsattaquèrentet vainquirentla Pologne; après la Pologne,la Silésie et la Moravie,qu'ils dévastèrent.Puis ils se jetèrent sur la Hongrie, an surprirent l'armée et la détruisirent,enfinpassèrentle Danubemême, ravageanttoujours.L'Europe, terrifiée,priaitDieu d'éloigner


LESDERNIÈRES CROISADES ENORIENT.mi ce fléauet craignaitde voirpérir sa religionet sa civilisation. Une ambassadedu pape b cesconquérantsimpitoyablesavait rapportépour touteréponsel'ordre de payer tribut.C'étaitle cas de se croiser; personnene s'arma; il semblaque le vertige s'emparâtdes têtes couronnées.L'empereurFrédéric Il prit seul des mesures énergiques ses deux fils, Conrad et Enzio,envoyésavecdes forcesconsidérablescontreles Mon. gols,taillèrent en pièces une de leurs divisions.Soitdécouragement,soit tout antre motif, ces barbares reculèrent; la Russieseuleresta asservie. Dansl'Asie occidentale,Houlagous'empara,lè58, de Bagdad, où il mit à mortle khalifeMotassem,tombé dans ses mains, et soumittout jusqu'à la frontièrede l'Egypte. Le contre-coupde cette invasionfut la perte définitive, pourles chrétiens,deJérusalem.LesTurcomansdu EJiarisme fuyantdevantles Mongols,se jetèrent sur la Syrie,y mirent tout à feu et a sang,et, après la victoirede Gaza,gagnéesur une dernière armée de croisés francs (1239),s'emparèrent de la villesainte qu'ils livrèrentau sultan d'Egypte. septième et huitièmecroisades («94»et flS9O). .V1

Le pape Innocent,à la nouvelledes cruautéscommisespar les hordesfarouchesdesKharismiens,appelaencoreune fois les fidèlesauxarmes. Maisl'esprit de la croisadeétait désormaisbien loin de la pensée dés chrétiensd'Europe.Il ne se trouvaplus que dans le cœur d'un roi plein de piété. Dans une maladiedontil faillit mourir, saint Louisfit voeud'aller délivrerJérusalem, et, malgréles prières de toute sa cour, mêmede la pieuseBlanchede Castille,sa mère,s'embarqua, à Aiguës-Mortes,avecune aprèsquatre ans de f préparatifs, puissanteet chevaleresquearmée sa femme,Margueritede Provence,voulutle suivre(1248).La navigationfutheureuse, on hivernaen Chypre. Les croisésavaient conçul'idée remarquabled'attaquerles Tores au cœurde leur empire, en Egypte,:ils voulaient mêmefonderune colonie et avaient eu la prévoyance,toute nouvelle, d'emporter une grande quantitéd'instrumentsd'agriculture.


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1,

CHAPITBE

XX-

Au printemps, la flotte mit Mavoile et fut bientôt en vue de Damiette.Toute la puissancedu Soudanétait rangéesur la rivage. Saint Louis sa jeta des premiersà la mer, suivi de son armée, an cri françaisde fiî&ntjoie,Saint-Denis qui avaitremplacéceluide Dieu le veut! Aprèsun rude combat, les croisesfurent vainqueurs et entrèrentdans la ville, que les musulmansne leur abandonnèrentque consuméepar les flammes. Les chevaliersdu Temple et de Saint-Jeanétaient venus les joindre une magnifiquecarrières'ouvraitdevanteux,les Musulmans étaient terrifiée. Deslenteursperdirenttout. L armée, subissant l'effet duclimatde l'Orient, se livra à la débauche,puis vinrentles maladies,la pestequi est endémique dans le Delta: Les chefsse disputaientle butin échappéaux flammesde Damiette.Saint Louis ne pouvaitplus dominer l'insubordinationde ses barons «Yousn'êtes dose.point roi, lui disait le comte de Salisbnry, offensépar Robert d'Artois, puisque vous ne pouvezfaire justice? Quand on sortitde l'inaction,l'armée n'était déjà plus en état de vaincre. Lecanald'Aschmonnarrêta un moisles Croisés.Enfin ils trouvèrentan gué Robertd'Artoisle franchitle premier; c'était un jeune impétueuxqui ne savait pas attendre; au lieu de s'arrêter pourlaisser à toute l'arméele tempsde le joindre, Use lançaà la poursuitedes musulmansqui fuyaient devantlui et se jeta ensuite dansle villagede Mansourahj p là il se vit enfermé, et, malgré des prodiges,périt avectoute sa troupe. L'arméevengea sa mort par la prise du camp ennemi..Mais, après cet exploit, il fut impossibled'aller plusloin la famine,la peste redoublaient,le roi lui-même ne pouvait se soutenir. Sa patienceet son couragen'étaient plus qu'un admirablemaisinutile exemple.Il fallut reculer; les maladesfurentembarquéssur le Nil.Les musulmansfirent essuyeraux croisésdes pertesénormes,30000 périrent. Cequirestait tombaenfinaux mains desinfidèles,avecle roi lui-même.Frappés de ses vertus, les ennemisl'épargnèrent; mais ils exigèrentpour sa rançon la restitution do Damiotto et un million de besants d'or. Ce traité, imposé par NedQemeddin,fut signépar.un autre souverain les mameluks;


LES DERNIÈRES CROISADES EN ORIENT.

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qui formaient,depuisSaladin,la gardedes sultansdu Kaire, l'avaient égorgéet mis à sa place Ibegh alors commença leur domination, qui s'estmaintenuejusqu'à la campagne d'Egyptesous Bonaparte. Saint Louis partit tristementavec6000hommes.n voulut. cependanttoucherla terre sainteet s'y arrêta quatreannées, occupéà releverles forteresses,à racheterdes captifs,à né.. gocieravecles Mongolset avecle Vieuxdela Montagne,chef de la secteterribledesAssassins(de haschicsch,liqueurdont leur chefles enivrait). La mortde la reine Blancheet la révoltedes pastoureaux le rappelèrenten France (1254). Ces expéditionslointainesétaientdécidémentcondamnées.«Bien foi écrit Joinville, celuiqui payant quelquepéchésur son âme, se met en un tel danger.»b Cependant, seizeans plus tard, saint Louis, infatigable danssa piété, tenta encoreunecroisade,la dernièrede tontes. 11 s'embarquade nouveauà Aiguës-Mortes,en 1870, mais non plus pour la terre sainte son frère, Charlesd'Anjou, qui avait besoin, dans l'intérêt de son royaumede Naples, d'une expéditioncontre.le roi de Tunis, lui persuadaqu'il fallait attaquer là les musulmans.Ce fut un nouveau.désastre on retrouva, sous les murs de Tunis la famineet la peste.SaintLouismourutaveccetterésignationvchrétiennequi donnetant de beautéà soncaractère.Les princesqui levaient accompagnévendirent leur retraite; Charles d'Anjou se fitpayer les tributs arriérés, et l'on ne fit plus jamais de croisade. i asésultats

deo croisades

en Orient.

Aucommencement,à la fin de ces grandesexpéditionsde l'Europecontre l'Asie nous trouvonsla France; Au milieu, alorsmêmequ'ellossodétournentde leur pieuxobjet, encore la France: un Flamand, c'est-à-direun Français, s'assied sur le trône deConstantinople.Ce paysn'estdemeuréétranger qu'aux moins importantes. Le vota,des Francs aoquit dans l'Orient un retentissementprodigieux; il servit aux


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CHABÏRE XX.

Orientauxa désignertout l'Occidentet devint pour eux un objet de terreur; ils ne concevaientplus rien au-dessus de l'audaceet de la valeur de ce pouple. a Les Francs, disentils encoreaujourd'hui; sont des démons a qui Dieu permet tout. » II est déplorableque tant de sang ait été versé. Jamais guerres n'ont dévoréautant d'hommes.Si tousceux qui périrent dansles croisadessortaientdu tombeau,il y aurait dequoi peupler un grand pays.Mais, puisqueà l'importancedu progrèsse mesuretoujoursle prixqu'il coûte il fautrecon naître que celui.qui est sorti de ces grands mouvementsn'a peut-êtrepoint été payétrop cher. L'Asiesemblaittriompher;la Palestine, complétementreconquise en 1291par les musulmans,leur demeura, et leur historien put dire avec orgueil: «Les choses, s'il plaît à Dieu,resterontainsijusqu'au dernierjugement. » Maisconserverla Palestinen'était pas le plus grand profitque l'Europe pût retirer des croisades.Ce qui fut important pour' elle, commepour l'Asie,cefut le rapprochementde ces deux partiesdu monde, le contact,et, jusqu'à un certain point, le mélangede ces deux civilisationsopposées,l'agrandissement des connaissances,l'échangedes desidées, la communication produits, en un mot, un grandpas fait versl'unité;de la vie du monde, le plusgrand, à coup sûr, depuisAlexandreet l'empireromain. Dansles paysmêmed'oh lescroisésétaientpartis, et dans l'esprit de ce hommeset de leurs contemporains,que de changements Auparavanton vivait8 l'écart et en ennemis; la croisadediminual'isolementet lesdivisions.Dansce périlleux voyage,à traversdé lointaines'contréeset au milieu de peuples d'une autre religion, les croisés s'étaientreconnus pourfrères en Jésus-Christ.Dans le partage de l'immense armée en corpsde nation, les hommesd'un même pays se reconnurentpourenfantsd'unemêmepatrie, Les Françaisdu nord so rapprochèrentdes Français du midi; la fraternité nationale,perduepournousdepuislestemps deRome,à peine un instantsentiesousGharlemagne,fut retrouvéesur la routo de Jérusalem et les troubadours,lestrouvères commencèrent


LES DERNIÈRESCROISADESEN ORIENT.

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à chanter,au moinspour lesbaronset chevaliers,le doux-pays de France*. A Clermont,UrbainII n'avait pas prêchéla croisadepour la délivranceseulementdu saintsépulcre,maisencoreen vue de mettreun terme au fléaudes guerres privées. Danstoute la chrétientésaisiede recueillement,a il se fit alors, dit Guibert de Nogent,un grand silence. » Silencedes armeset des passionsmalfaisantesqui, malheureusement,ne dura guère, mais pourtant donnaquelquerépitau mondeet favorisal'ext pansionde deux puissancesnouvelles,toutesdeus demandant la paix,je veuxparler de la royautéet des communes,idont t il sera questionplus loin. Ces grandes expéditions,qui renouèrentles liens brisés des nationschrétienneset qui rattachèrentl'Europe à l'Asie, rouvrirent aussi les routes du commerce fermées depuis l'invasion. L'Orient redevintaccessibleaux marchandsde l'Occident.L'industrie, à son tour, se réveillapour fournir les armes, les harnais les vêtementsnécessaires à tantt d'hommes.Ce mouvement une fois commencé ne s'arrêta plus. Lèsartisansse multiplièrentcommeles marchands,et peu à peu beaucoupd'argent s'accumulaentre leurs mains. Un nouvelélémentde force, qu'on ne connaissaitplus, fut doncretrouvé la richessemobilière,qui désormaisgrandira en facede la richesseimmobilière et fera monter à côtédes nobles, maîtresdu sol, les bourgeoisdevenus,par le travail des braset de l'intelligence,maîtresde l'or8. Les croisadesfurent la causede quelquesinstitutionsou coutumesnouvelles.Dansla confusionque produisaientcep grands rassemblementsd'hommes, des signesde reconnaissance étaient nécessaires;on inventaou l'on intiltiplia les armoiries, emblèmesdiversdont les guerriersde distinction couvraientleur bouclier,leur cotte d'armesou leur bannière, et qui, depuis le treizièmesiècle, passèrentdu père au fils. Cesarmoiriesdevinrentune langue compliquéequi formala 4.

Denlnnloiirs IIpriât* clioucu Aromcmbroi'

De dulco Franco, den hunico de ann ltgn. Chanson de Roland, édlt. de Gdnln, chant II), vers 941.

SiVojespinsloisleehep.ssh.


31&

CHAPITRE XX.

sciencedu blason.Les nomsde famille «ommescerentaussi versce temps à s'introduire. Aux noms de baptême jusqu'alors presqueseuls usitéset peu nombreux,de sorte que beaucoupdo personnesavaientle même, on joignit un nom de terre pour distinguerles familles.Ce nom fut héréditaire et communà tous les membresd'une mêmemaison, tandis que le nomde baptêmeétait personnelet mouraitaveccelui, qui l'avait porté. J'ai déjà dit que les croisadesavaientamené la création des ordres militairesde terre sainte (p. 280). On peut rat tacher h la mêmecause ou pour mieuxdire au mouvement religieuxdontles croisadesne furentelles-mêmesque la conséquence,la créationenEuropede nouveauxordresreligieux et placerles moinesmendiantsà côtédes opines soldats.La croisadeque ceux-cifaisaientau dehors,cetix-làla faisaient au dedans. Ce fut une importantenouveautédans l'église quel'apparition des ordres mendiants. Saint Bendt avait promulgué, versl'an 520, une règle monastiquesous laquelle s'étaient successivement. rangés tous les moinesdt l'Occident cette règle imposait le travail des bras et celui des esprits. Les Bénédictinsassociaientl'agricultureà la prédication,la copia des manuscrits à la prière s. Desécolesétaient ordinairement annexéesà leurscouventset contribuèrentà sauverles lettres d'une ruine complète.Mais, au treizièmesiècle, les anciennescongrégationsavaient vu diminuer leur inflence, parce qu'elless.'étaientenrichieset quelquefoiscorrompues. La richesse1voilàl'ennemicontre lequel lesnouveauxordres des Franciscains(1815)et des Dominicains(1916)cherchèrent à se prémunirpar un vœu formelde pauvreté. Soustraitsà la juridictiondes évêques,et milice dévouéedu saint-siége, I. Aunocourylônlùro, tenueeu <I7I,pré»do Bayoux, Il oo trouva dunomdoGuillaume. 1tuBoigiiouw a.jU'lttutoirn oMMmnu donoiilro» auxpoinla monnullques peutnoramonor oulvimia etelniiutômeaiieleo, foitmulon dmpromlci'u quatrlomo inonnntôtcn j¡ dui'onU'O do» oUlôina création voronno BAnâdiutlndt Bièclo, B«t)tl£iao nlôcl«, Denolt doacilut dlKidmo «toiiKlèmo râforma doCliiuy, VA« d'Anluno, oléolod, etCluii'vimx loftux cvôutlou deaquatre uidron (uuliit Bofiiuiil) troiElèmoatèelo, de»MimUon. création juomllnnlui Bolsloiuunieclo,


LES DERNIÈRESCROISADESEN ORIENT.

31?

ils devaientvivra d'aumônes, ne posséder rien, courir le mondepour porter l'Évangilepartout où un clergé trop riche ne le portaitplus, an milieudes pauvres,dansles carrefours, sur les chemins.Cesdeux ordres,semblablesen ce point, différaientd'ailleurspar l'esprit de leurs fondateurs; l'austère saint Dominiqueinstitua l'un le tendre,et mystiquesaint Françoisfut le chef de l'autre. L'influencede ces ardentsprédicateurssur le peuple,sur l'Églisemôme, fut immense. Les Dominicains,qui avaient reçu tout particulièrementla missionde convertirles hérétiques, turent investis, en1229,des fonctionsinquisitoriales; mais le tribunal de l'inquisition, quoique né en France à l'occasiondes Albigeois,noput heureusements'y enraciner et s'y étendre, commeen Espagneet en Italie.Les Dominicainsportèrenten France le nom de Jacobins,parceque leur premier couventfut Lûlidansla. rue Saint-Jacques.L'ordre desFranciscainsou frères mineursdonna,naissanceaux Récollets,aux Cordeliers,aux Capucins.Duns Scot, le Docteur subtil, RaymondLulle et RogerBaconétaient franciscains; saint Thomas,le Docteuruniversel,et Albertle Grandétaient dominicains.Les Carmes et les Augustins sont du même siècle et formèrent avec les précédentsles quatre ordres mendiants. L'austérité, la piété exaltée de ces nouveaux moines,-la sciencede quelques-unsde leurs docteurs, donnèrent de l'émulationaux ancienscénobiteset au clergéséculierlui-mêmedontla disciplineecclésiastiquese raffermit. Oe ne fut pas sansune viveoppositionque les ordresmondiantsreçurent des papes tant<îëfaveurs.Lesévêques,l'Université de Paris, et surtout le hardi docteur de Sorbonno, Guillaumede Saint-Amour,contesterontau papo le droit d'accorder auxmoinesmendiantsleprivilègede prêcheret de remplir les fonctionsdos prêtres do paroisse. A quoi saint Thomasd'Aquinréponditque si un évêquepouvaitdéléguer ses pouvoirsdansson diocèse,le papeon pouvaitfaireautant dans la chrétienté.


31 s

CHAPITRE XXI.

CHAPITRE XXI. LES CROISADESD'OCCIDENT. Lescroisades etconverconquête d'Europel'ordreTeutonique (1230); sionde la Prusse,de la Livonie et del'Esthonie. Croisade contre lesAlbigeois duMidià celleduNord. (1208)réuniondela/France Lacroisade dukhalifat deCordoue auneuespagnole.-Ebranlement au vièmesiècle;sa forcenouvelleau dixième,sondémembrement deNavarre et deLéon, onzième,Formation desroyaumes deCastille fondation ducomtédePortugal et d'Aragon.– PrisedeTolède (1085); et desAlmohadès le Cid. Invasions desAlmoravides (1086) (1090); LesMaures deLasNavasdaTolosa refoulés (1210). (1146).– Victoire le deGrenade. Résultats dela croisade dans royaume espagnole. fteserolaadesd'Europe:l'ordre IKeatonUjue(fl98®); conquête et conversion de la Prusse, de la idvonle et de l'EQthonte. En Orientlescroisadeséchouèrent;en Occidentellesréussirent je veuxparler des expéditionsdes chevaliersteutoniques et porte-glaivesdansla Prusse et les régionsvoisines, où ils fondèrentnn état nouveau de la guerre de Simonde Montfort contreles Albigeoisqui détruisit une civilisation ancienne; enfinde la lutte des Espagnolscontreles Maures, qui furent contraintsde rendre la péninsuleàla chrétientéet à la vie européenne. On voit que les croisadesd'Europeagirent au deuxextrémitésde ce continent, depuis les bouches du Tage jusqu'à celles du Niémen, contre les musulmans d'Espagneet les vieuxpaïens de la Baltique. Dansl'intervallede la premièreà la secondecroisade,des bourgeoisde Brème et de Lubeck venusà la terre saintey avaientfondéun hôpital pour leurs compatriotes,qui fut desservipar desAllemands.En Palestinetoute institutionde


LES CROISADES D'OCCIDENT.

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bienfaisanceet de protection était obligée de prendre la forme d'une institution militaire; les hospitaliersétaieni devenusles chevaliersde Saint-Jeanet les serviteursde la maisondu templede Salomon, l'ordre militaire des Templiers. Les hospitaliersallemandsse transformèrentaussien une corporationreligieuse et armée, l'ordre teutonique. Commeles deuxautres cet ordre acquit de grandsbiens en Europe, surtout en Allemagne, et l'empereur FrédéricII élevason grand maîtreau rang de princed'empire.En 1230, un princepolonaisutilisaleurs bras et leur zèle qui ne pouvaientplus s'employerà la terre sainte et les chargea,de subjuguer et de convertirles Prussiens, nation aujourd'hui disparueou-si complétementidentifiéeaux Allemandsvenus dansle pays, qu'il n'qst plus possiblede les en distinguer. C'est ce peuple idolâtre, établi entre le Niémen et la Vistule, dont la langue, la religion et l'histoiresont perdues, qui a donnéson nomà un des grands États de l'Europe moderne. L'Ordre se fixad'abord à Kulm il dompta les Prussiens par les moyensque Charlemagneavait employéscontreles Saxons, c'est-à-dire par la destruction d'une partie dp la population,et la fondationde forteressespour en contenirle reste: Kœnigsberget Marienbourgservirentà ce but. Quelquesannéesplustôt, un évêquedeLivonieavaitfondé, dansle mêmebut, l'Ordredesfrèresde l'Épie,dits encoreles chevaliersdù Christet les porte-glaives,qui soumirentla Livonieet FEsthonie.Des démêlésavecles évêquesde Riga les obligèrentà s'unir, en 1237, à l'Ordre teutoniquedont les forcesfurent ainsi doublées. Marienbourg,en 1309,devint la capitalede l'ordre et de ses grands maîtres qui régnèrent sur la Prusse l'Esthonie, la Livonie, la Courlande,firent entrer ces pays dans la communionde l'Europe, et y implantèrent la civilisation.Aujourd'hui encore ces provinces sont les plus riches et les plus avancéesde l'empire russe; Les chevaliersteutoniquesjouèrent jusqu'au quinzième siècle le rôle de puissanceprépondérantedans le nord de l'Europe. Tout le pays leur obéissaitentre la basse Vistule et le lac Peipus; moins la Samogitie, province


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CUAP1ÏRK XSÏ.

lithuaniennequi séparaitles,possessionsprimitivesdesdeux ordres. Croisade

eontre

les Albigeois (fl8OS)j réunion «lu midi à celle da Kord.

âe la Eranee

La croisadedirigéepar Simonde Montfortcontreles populationsdu midi de la France eut au contraired'abordles plus désastreuxeffets. Tandis que la chrétientéenvoyaitses guerriers combattre les mécréantsà l'autre bout de la Méditerranée, il y avait, au cœur mêmede son empire, des infidèles.Je ne parle pas desjuifs, par le massacredesquels la fureur abominable, mais, pour ce temps-là, assezlogiquedes premierscroisés avait commencéla croisade, je veuxparler des peuplesdu midide la France. Dans cette populationmêlée de tant de races, ibérienne, gallique, romaine, gothique,mauresque, s'étaientforméesdes opinionsreligieusestout à fait éloignées de l'orthodoxie.Quelleselles étaient on ne saurait trop le dire: le nomde manichéisme,qu'on leur a appliqué,est banal au moyenâge. En appelantAlbigeoisceshérétiques(Albi était leur centre), les hommesdu temps ont montré euxmêmes qu'ils ne savaientcommentqualifierleur hérésie.Il est seulementcertain qu'en 1167 s'était tenu près de Toulouse un concile présidé par un Grec de Constantinople nommé Nicétas, et que certainesidées orientalesy avaient étéadoptées;que, de plus, les ecclésiastiquesétaienttraités dans le pays avec mépris, et qu'on y avait accueillisaint Bernard lui-mêmepar des huées. CetteÉglise envoyaitpartoutdes missionnaires;des doctrinesmalsonnantescommençaientà parattre en Flandre, en Allemagne, en Angleterre, mêmeen Italie. Récemmenton avait vudu côté de l'Auvergne se répandredesbandesqui pillaientleségliseset s'appliquaient à profanerles objets'sacrés. Parmi ces riches et brillantes villesdu midi, la première était Toulouse,dontle comteRaymondVI était un des plus grands seigneurs du midi. Les autres puissancesétaientla maisonde Barcelone, devenuemaîtressede l'Aragon et qui possédaitle Roussillonet la Provence,puis les petitsseigneuid


LESCROISADES D'OCOIDJENT.

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des Pyrénées,fiers,indépendants,aventuriers,vivant à leur guise,sans le moindrerespectpour les préceptesdel'Église, commesanssouciduroi. Le midi de la Franco, en effet, s'était depuislongtemps séparédu nord. On a vu ses tentativespour se constituerà part sous Dagobert, Charles Martel, Pépin, Charlemagne, Charlesle Chauveet HuguesCapet.Il avaitune antrelangue, d'autres mœurs.Le commercey avaitamenél'aisanceparmi les bourgeois,le luxe parmiles seigneurs et les uns et les autres, réunis sans jalousieni haine dansles chargésmuni cipales,donnaientla paixau pays.Maisdans cesnichescités, dans ces coursbrillantesqu'animaientles chantsdes troubadours, les doctrinesreligieuses, commeon l'a vu, étaient aussi légèrement traitées que les mœurs.L'hérésie perçait de toutes parts. Le tout-puissantInnocentIII résolutde mettre la pied sur cenid d'hérésieset d'impiété.Il était effrayéde la contagion. II organisad'abord contreles sectairesl'inquisition,tribunal chargéde rechercheret dejuger les hérétiquesen s'aidantde la torture, et qui a immolé d'innombrablesvictimeshumaines, sansréussir à tuer l'hérésie, parceque le bûcher est un mauvaismoyende faire triompherla vérité.Le pape envoya à RaimondVI son légat, le moinePierre de Castelnau,qui exigeal'expulsiondes hérétiques; mais les hérétiques, c'étaient, ou peu s'en fallait, tousles habitants. Castelnaun'obtint rien. Raimondexcommunié(1207),et menacépar le légat « desflammeséternelles,» laissaéchapperdansSa colère quelques-unsde ces mots comme ceux que Henri II avait prononcéscontreThomasBecket un chevaliersuivitle légat et l'égorgeaau passageduRhône(1208). « Analhème,s'écria InnocentIII, sur le comte'deToulouse1.Rémission de leurs péchésà ceuxqui s'armeront contre ces empestésProvençaux! Allez, soldatsdu Christ! que les hérétiques disparaissentet que des coloniesde catholiquessoient établies en leur place. a Lesmoinesde Gîteaux,organesdu pontife, prêchèrentcette croisaded'extermination.Le duc de Bourgogne,les comtesde Nevers,d'Auxerre,de Genève,les év&*> ques de Reims, Sens, Rouen, Autun et bien d'autres, des HISï.DUMOYEN 21 AGE.


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CHAPITRE XXI.

Lorrains, des Allemands,marchèrenten foule.Trois armées envahirentle midi; le chef était Simon àa Montfort, petit châtelaindesenvironsde Paris, ambitieux,fanatiqueet cruel. On n'attaqua pas d'abordle comte de Toulouse, à qui le pape avaitfait espérerson pardonpour affaiblirla résistance, maisle vicomtedeBiîziera.Cettevillefutprise; les vainqueurs hésitaient à frapper, ne pouvantdiscernerles hérétiques « Tuez-lestous,dit le légat, assure-t-on,Dieusaura bienreconnaitreles siens. D Trentemillepérirent. Carcassonnesnccombaaussi; les chevaliersde l'ile-de-Francese partagèrent le paysdontSimonde Montfortfut fait suzerain. Raimond,après ce sanglant holocausteà l'orthodoxie,espérait être épargné, et Innocent lui-mêmeétait porté à la compassion;mais les légats, plus impitoyables,s'y opposèrent. Ils n'offrirentle pardon au comtede Toulousequ'à conditiond'obligertous ses sujets à se vêtir en pénitents et ses noblesà se faire vilains,de renvoyertous ses soldats,de raser tous ses châteauxetd'aller en terre sainte. Le comtese prit à rire de pareillespropositions.;mais les légats sonnèrentde nouveau l'attaque. Simon de Montfort vit accourirà luiune multituded'hommesdu nord qui apprenaient avecjoie que la grandecurée dumidi n'était pas finie. RaimondVI fut vaincuà Gastelnaudary,et les vainqueursse partagèrentles lambeauxde son territoire, évêquesles évêchés*,soldatslesfiefs.Il n'eut d'autres ressourcesquede s'enfuir auprès du roi d'Aragon,Pierre II. Celui-ciaccourutet fut rejointpar tdus les petitsseigneurs des Pyrénées,qui le considéraientcomme leur chef. La bataillede Muret, oùil périt, décidadu sort du midi de la France (1213). Le concile de Lalran, deuxans après, ratifiala dépossessionde Raimond et de la plupart des seigneurs du midi. Le légat du saint-siégeoffritleurs fiefsauxpuissants barons qui avaient fait cette croisade; ils refusèrentde prendre ce bien taché de sang. SimondeMontfortles accepta.II fut décidéque les veuvesdes hérétiquespossédantdesfiefsnoblesne porwaient épouserque des Français'durant, les dix années qui allaient 4.ta France ditenecomprenait alorsqu'une partiedespaya proprement


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auivre.La civilisationdu midi, étouffdepar ces rudesmains, périt. La gaie science, commeles troubadoursappelaientla poésie,ne pouvaitplus chantersur tant de ruines sanglantes. CependantInnocentIII à la fin se troubla; il n'était pas bien sûr den'avoirpas commisune grande iniquité « Rends-moi ma terre, lui disaitle comtede Fois, sinon je te redemanderai tout,la terre, le droit, l'héritage, au jour du jugement.. Je reconnais,réponditle pape, qu'il vousa été fait grand tort; mais ce n'est pas par monordre, et je ne saisiaucangré à ceuxqui l'on fait. » Dansleur misère, les gens de la langue d'oc se souvinrent du roi de France. Montpellier se donna à lui, et Philippe Augusteenvoya son fils Louisleur montrerla bannièrede France. Louisy retournaune secondefois après la mort de Simonde Montfort,tué devantToulouse, où le filsde l'ancien comte,RaymondVII était rentré; et l'héritierde Montfort, Amaury, offrit au roi de lui céder les conquêtesde son père, qu'il ne pouvaitplus défendrecontre l'universelle réprobationde ses nouveauxsujets. Philippe, alors sur le bord de la tombe, repoussacette offre,qui fut acceptéecinq ans plus tard. ma croisade

espagnole.

Avant, pendant, après les grandes croisades,qui eurent pour théâtrel'Orient et pour acteurstousles peuplesde l'Europe, il s'en faisait une à l'Occidentqui remuait moins de peuples,maisfut particulièreà un seul, dont les champions se trouvaienttout naturellementen présence, sans sortir da leur pays, et qui, pour cette raison, n'ayantpas l'éclat et le retentissementdes autres, eut du moinsde plus qu'elles une continuitéet une opiniâtretéqui la firentdurer huit siècles. QuandCharlesMartelet Pépin le Bref chassèrentles Arabes de France,ils se contentèrentde les jeter de l'autre côté des Pyrénées, et semblèrentconsidérercette forte barrière de située i peuprèsles entrelaSomme etla Loire.CedernierOenve séparait oui o ù oùil sedisait on la langue sedisaitoyldeceux pays oc; ler&ppelait d'oo. d'ojrellalangue


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CHAPITRE XXI.

montagnescomme la fin de l'Europe et de la chrétienté 1 Espagneparaissaitun pays sacrifié;on la livraitavecl'Afrique aux musulmansqui venaient de l'envahir. L'Espagne pourtantétait chrétienneavantl'invasion;la massede sa populationl'était encoreaprès, et mêmetoutn'était pas absolument soumis;en dehorsde la conquête,il restait un point, un point unique, mais où lefeusacréde l'indépendanceavait trouvé un abri, et qui devaits'élargir peu à peu, et former le noyau de la dominationchrétiennerenaissante. Les Pyrénées,jetées en traversde l'isthme large et court par lequel l'Espagneestattachéeau continent,se prolongent dansune directionoccidentalele long de la côte d'Espagne, où elles laissent entre elles et l'Océan une bande de terre large de dix à quinzelieues. Là elles s'appellent Pyrénées cantabriques.C'estdans ce coin, protégépar les montagnes, en dehors des grands mouvementsd'invasion, et étranger mêmeà la végétationpresqueafricainedu restede l'Espagne, que se sont réfugiés,à plusieursreprises, les débritsdesnationsque l'invasionavaitdétruitesou soumises Hermanrich et les Suèvessous l'invasionvisigothe,Pélageet ses compagnonssousl'invasionarabe. Devantle flot rapide et irrésistible des musulmans,Pélage et ses compagnons,plutôt que de se soumettre,avaientfui; mais, dès qu'ils eurentmisentre euxet leurs ennemisles montagnes,ils s'étaient arrêtés, ne tenantplusl'Espagneque par le bord, maisla tenant si bien qu'ils ne la lâchèrentjamais; Gihon,sur la côte, était leur capitale.S'adossantà l'Ooéan,ils firent volte-faceet présentèrent le front à 'l'ennemi pour engager avec lui, dans ce champclosde l'Espagne,que fermentde tous côtésla mer et les montagnes,une lutte huit foisséculaire. Peu à peu ils gagnent du terrain, et, portant avec eux leur capitaleà mesurequ!ilsavancentversle sud, voiciqu'ils abandonnentla côteet Gihon,pour faire d'Oviodo,dans les Asturies,au pieddes monts, la résidence de leur roi et le nomde leur royaume(7 60). Ustrouvèrentalors un allié puissantdans le grandprotecteur de la chrétienté,Charlemagne,qui fit passer les Pyrénéesà la dominationfranquepar deuxpoints, Pampeluneet


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Barcelone.Cette utile diversionleur permit de repousser plusieursexpéditions;sous AlphonseII, en 768,ils détruisirent une arméeennemieà Lodos,en Galice. Après Charlemagne,les Gasconsespagnols,sous Aznar, vers 831, fondèrentle petit royaumede Navarre,et les comtes francsde Barcelonese rendirenthéréditaires.Quand les donnèrentla main aux comtesde Barceseigneursà' Aragon loneet aux rois de Navarre,quandles comtesde Castilles'élevèrententre les roisde Navarreet de Léon, il y eut alors, danstoutle nord de l'Espagne,adosséeaux montscommeà leur forteresse,et depuis le cap Creus jusqu'à la Corogne, une zonecontinuede principautéschrétiennesqui marchèrent en ligneversle sud. • ébranlement sa force onzième.

da fcliallfat de Cordoue nouvelle an dixième, son

an neuvième démembrement

siècle,, an

L'ébranlementdu khalifatde Cordouedans ses provinces septentrionalespar la révoltedes Beni-Hafsoun,à partir de 864, favorisasingulièrementle développementde ces petits États chrétiens. Ainsi Adolphem le Grand (862-910)put faire des progrèsnotables.A la zonemaritime,Biscaye,Asturies, Galice qu'il possédait, au nord des Pyrénées oantabriques, il ajouta Burgos,le pays au sud du Minho, avec Toro et Zamorasur le Douro,mêmeau sudde ce fleuve,Salamanqueet Gulmbre.Déjà les relationscommençaiententre les États chrétiens Alphonses'allia au roi de Navarre; et l'ardeur de la guerre sainte se répandait parmi eux, avant qu'elle agitât le restede l'Europe saint Jacques Tueur de Maures(sanIagoMatamoros)devint leur saint national,et leschrétiensespagnolsallèrent à flotspressés en pèlerinage à son église de Gompostelle.Enfin, en 914, la capitaledes Asturiensfaitune nouvelleétape, ellefranchitles montagnes, et d'OviédodevientLéon;dèslors on put dire que les Maures ne garderaientpas l'Espagne,car la brècheétait ouverteet les ennemisétaientdansla place. La suitedu dixièmesièclene fut cependantpas aussiheu-


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XXI. CHAPITRE

reusepour les :Étatschrétiens.Tandisque la discordese glissait dans leur sein, le khalifatse releva avecAbdéranieIII, et avecl'habileAlmanzor,sous Hescham II. La grandedéfaite de Simancas,qu'ils essuyèrent en 940, le renversementdu roi Sanchele Gros par le comtede Castille,qui se rendit indépendant,et son rétablissementpar Abdérame lui-même, nous montrentle royaumede Léon assez abaissé pour que sonennemimêmey disposâtdu trône.Almanzorou le Victorieux appesantitsur les chrétiensune main plus terrible encore. Il soumit le comté de Castille, enleva Salamanque, Zàmora,Astorga,Léonmême, qu'ilrasa complètement (984). il Dansune autre expédition, prit Coïmbre,Lamégo,Braga et la villesainte, Saint-Jacquesde Gompostelle,dontil emFortales cloches.Il n'eut pas de moinsgrands succèsà l'est où il prit Barcelonne,et, en 997,il se trouvamaîtrede toutce que les chrétiensavaientconquisau suddu Douroet del'Ebre. Mais lorsqu'il eut été vaincu pour la première fois, après à Calatanazor,versles sourcesdu Douro, cinquantevictoires-, il en conçutun tel chagrin qu'il se laissa mourir de faim; toute la force du khalifat disparut avec lui (998). Onà vu (p. 104)l'empiredesArabes d'Espagnetomber,au onzième siècle, en dissolution au contraire, les États chrétiens se rapprochèrent,s'unirent par des relationsplus fréquentes, par des mariages. Getravailde rapprochementet d'arrangement intérieur, ainsi que la nécessitéde fermer les plaies ouvertespar l'épée d'Almanzor,arrêtèrentla guerre sainte pendantpresque toutcesiècle; elle ne repritqu'à la fin, mais avecplus de succèset d'éclat qu'auparavant. formation des irayasniesde SostUteet de aéosijde Howmm?© et d'Aragon. SancheIII le Grand, roi de Navarreen l'an 1000, commençala grandeurde sa maison par le mariage de sa scène avecle comtedu paysdes castillesou des forteresses,dontle comté, à l'extinctionde cettefamille,en 1029, fut réuni à la Navarre. Quelquesannéesaprès, il donnaà son second fils, Ferdinand,devenugendreet héritierduroi deLéon, cemême


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comté de Castille,qu'il érigea en royaume(1033),il transforma égalementen couronne de roi la couronne comtale de Jacca on d'Aragonpour son troisièmefils Ramire, et le comtede Barcelonese reconnutson vassal.A sa mort (1035) sonfilsaîné, Garcias,hérita dela Navarre. Ce n'est pas. seulement par ses alliancesheureuses que Sanch&IIImérita son titre de Grand.Il n'y avait de grandeur en Espagneque celle qu'on acquérait aux dépens des infidèles.Les Maures sentirent maintesfoisle poidsde son épée, et, tandis qu'il préparait la substitution dans tout le pays chrétiende la maison basqued'Aznarà la race de Pelage, il porta ses armes victorieusesau coeurdu paysjorisulman, jusque sousles murs de Cordoue. Aprèslui, l'Espagnechrétienneavaitquatreroyaumes,dont trois Navarre, Castille, Aragon, appartenaientaux fils de Sanche; le quatrième,Léon, restait séparé sous Bermudo. Mais,en 1037,s'éteignitavecce princela lignemâledes descendantsde Pélage, et le conseil.des Asturiesdonna la couronneà son gendre, Ferdinand, qui réunit Léonet Castille. Dèscettemémorableannée 103Ï, on peutdireque l'Espagne chrétienne, moins le Portugal, est constituéepour tout le moyenâge eh trois royaumes Castilleet Léonau nord-ouest et au centre, Navarre au nord, Aragonau nord-est. Ferdinand Ie' eut la malheureuseidée de partager ses États entre ses enfants, suivant l'ancienne coutumegermanique. Mais AlphonseVI les réunit en 1073, et reprit en Espagnela guerre sainte, au momentoù elle devenaitpopulaire dans toute l'Europe, par les préparatifsde la premièrecroisade. La nouvelledes malheurs de Jérusalem et l'influencede plus en plus puissantedu saint-siégeagirent aussisur l'Espagne; GrégoireVII voulut rattacherà sa do. minationles royaumeschrétiensde ce pays, restés jusque-là dans une assezgrandeindépendanceà l'égard du saint-siége. C'était une grave questionde savoir s'ils se rallieraientà la communionromaine; s'ils ne le faisaient,il était à craindre que le pape n'armât quelquejour contre euxtoute la, chrétienté. Grégoire VII, avec ses prétentions toujours sans bornes demandaà AlphonseVI l'hommage, sous prétexte


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CHAPITREXX.

que touteterre conquisesur les infidèlesétaitterre de l'Église. Alphonserefusa. Grégoirese rabattit sur un autre point, l'adoptionpar les chrétiensd'Espagnedu rituel romain, à la place du rituel goth ou mozarabique,snivi par euxjusque-là. Il envoyaun légat, et la question fut solennellementagitée dansl'assembléedes grands et des évêquesà Burgos(1077). Le roi, blessé des prétentions du saint-siége,S'opposaavec les laïques,à l'introductiondu rituel romain, pour lequelse prononcèrentla reine, l'archevêqueet tout le clergé. La discussionn'ayant amenéaucun résultat, on recourutau jugement de Dieupar le fou et l'eau et par le combatjudiciaire. La rituelgoth l'emportaen champclos; maisAlphonsecomprit le danger de cette victoire,et, de lui-même,en 1079,se décidaà adopter le rituel romain.Dès ce momentfut admis dansune complètecommunionavecRomece peupleespagnol qui devintle plus catholiquedespeuples, mais nonpas pourtant ni toujoursle plus docileau saint-siége. B°rlse de valède

(SO8S); fondation

du eomU

de Portugal (flOffiffl) te Cad. Ferdinand 1er avait profité des divisions des petits rois arabes pour gagner du terrain sur eux. H leur avait pris Viseu, Lamégo, Coïmbre, et avait rendu le roi de Tolède tributaire. En 1085,AlphonseVI fit mieux il s'empara de cette place. Tolède, l'ancienne capitaleet la métropoledes Visigoths, redevint capitale et métropole,et cet événement marque, depuis' Gihon,Oviédoet Léon, la quatrièmeétape des chrétiens partis des Asturies,désormaisétablisau cœur de la péninsuleet défenduspar la barrièredu Tage. Cinq ans après, le capétienHenri de Bourgogne,arrièrepetit-filsde Robert, roi de France, qui s'était distinguéà la prise de Tolède, s'emparait,à l'embouchuredu Douro, de Porto Calé, et Alphonse érigeait pour loi sa conquête en comtéde Portugal. Dansle mêmetemps, le fameuxCid(seigneur), Rodriguede Bivar, le héros du romanceroespagnol, qui devint le type de la chevaleriequoiqu'iln'en eût guère alorsles allures,s'avançaitde victoireen victoirele longde la


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côtede la Méditerranéeet s'emparaitde Valence(1094).Enfin, en 1118, Alphonse1°»,roi d'Aragon,gagnait, commela roi de Castille,une capitale,en s'emparant de Saragosse,où régnaitdepuislongtempsavecéclatune dynastiemusulmane. De tellesorteque l'invasionchrétiennes'avançaitcommeune arméesur trois colonnes,au centre, à l'est et à l'ouest. Buvaslomsdes AlnMravMl<B8(fl®@<B)c«ifleB &lmobad<js (flflffl®). Mais ces progrès étaient déjà arrêtés au centre, et le furent bientôt sur presque toutela ligne, par des obstaclesimprévusque leschrétiensne surmontèrentqu'après être restés stationnairesenvironun siècle.Au-devant d'eux, ils virent arriverdeuxnouveauxflotsd'invasionmusulmane,alorsqu'ils croyaientcelle-ciépuiséedepuislongtemps.Deuxsectessuccessives,issues de l'Afrique, rajeunirent dansces contrées l'islamismevieilli les Almoravides,puis les Almohades,sectes puritainesqui s'efforçaientde simplifierencorela religion de Mahomet les premiersdont le nom même signifie une allianceplus étroiteavecla foi(religieux),lessecondsdont:le nom veut dire unilaires. a 0 seigneurAllah, le plus miséricordieuxdes miséricordieux,disait pour touteprière le fondateur de la secte almohade, tu connaisnos péchés, par» donne-les; tu connaisnos besoins, satisfais-les; tu connais nos ennemis,éloignele mal qu'ils peuvent nous faire. C'en est assez avec toi, qui es notre seigneur,notre créateur et notre appui. » Le véritablechef des Almoravidesfut Yousouf,qui fonda Marocen 1069,et en fit le siége de sa dominationpolitique et religieusedans le Magreb. Quand Alphonseeut pris Tolède, Aben-Abed,roide Séville,et le dernierchefarabe qui eût quelquepuissanceen Espagne, se sentant incapablede résister seul aux chrétiens,appela Yousouf.Celui-ci arriva avecsesterriblesbandosafricaineset tailla en piècesà Zalaea l'année chrétienne (1086). Mais ce ne fut pas au profit de celuiqui l'avaitappelé. Aben^Abed,chasséde.8éville,quitta son royaume«ivœcttttephilosophietranquillequi répandtout


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CHAPITRE XXI.

de poésiesur le caractèredes Arabesd'Espagne; ses compagnons pleuraient en abandonnantleur beau pays « Amis, leur dit-il, sachonssupporter notre sort. Nousne possédons rien ici-bas que pour le perdre, et Dieu ne nous donneles biens de la terre que pour les reprendre. La douceur et l'amertume,le plaisiret ladouleurse touchent; mais lecœur généreuxest toujoursau-dessusdes capricesde la fortune. » La dominationdesAlmoravidess'affermitet s'étendit; ils reprirent Valenceà la mort du Cid(1099), s'emparèrent des Baléares, et gagnèrenten 1108,à Uclès, sur AlphonseVI, une nouvellebatailleaussisanglanteque cellede Zalaca.Les chrétiensse demandèrentsi l'Espagne à moitié reconquise, n'allait pas leur être arrachéede nouveau. Il n'en fut rien cependant.Tolède, assiégéeplusieursfois, sut se défendreavec une victorieuseénergie,et à l'ouest, le petit comté de Portugal, non-seulementrésistait, maisprenait des villeset refoulaitles infidèles. Ceux-cirevinrenten nombreformidablepour attaquerAlphonse,fils de Henride Bourgogne,qui allaà leur rencontrejusqu'en Ourique,presque à l'extrémité sud-ouestde la péninsule.La veillede la bataille,il déclaraà ses soldatsque le Christlui étaitapparu et lui avait promis la victoire, en lui ordonnantde se faire roi. Ses soldats, pour mériter la faveurdu ciel, lui décernèrent ce nouveautitre et remportèrentune victoire complète (1139),qui donnaau PortugalCintra,Santarem,sur le Tage Elvas et Évora au delà de ce fleuve. L'invasiondes Almohadesproduisit des effetsà peu près semblablesà ceux de l'invasiondes Almoravides,dont ils prirent la place. Abdalmoumen,leur chef, qui s'empara de Fez en 1146, les introduisitla même année en Espagne. Cette foisencorece fut la Castillequi supportales coupsde l'invasion.Alphonse VIII fut complétementvaincudans la batailled'Alarcos(1195). Le Portugal, au contraire,conservantsa supériorité,leurfit essuyerun grand échecà Santarem (1184).Quant à l'Aragon, dont le trône était occupé, depuis 1137, par la maisonde Barcolone,il augmentaitsa puissanceen réunissanta la Catalogne les comtésde Cordagne, de RouBsillon,de Carcassonne,de Forcalquier.la


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seigneuriede Montpellieret pendant quelquetemps la Provence,ce qui l'élevatout coup au rang de puissancemaritimeconsidérable,possédantune vasteétenduedu littoralde la Méditerranée. Cesprogrèsde l'Aragonet du Portugal mirent l'Espagne en état d'ouvrir glorieusementle treizièmesiècle, dans sa lutteavecles infidèles.Un autre puissantinstrumentde victoire lui avait été donné par la fondation,dans le cours du douzièmesiècle, de.quatre ordres militairesspéciauxpour la croisaded'Espagne,sans préjudicedes grands ordres européensde la terre sainte qui s'y étaient égalementrépandus ce sontles ordres d'Alcantara,de Calatravaet de Saint-Jacques, en Castilleet Léon, d'Évoraen Portugal. Victoire de Bas Havas da volosa dans le royaume de Grenade» espagnole,»

(8880). ILcs Btaures reroaléa de la croisade Késultato

La nouvellese répandit, en 1210,par toute la chrétienté, que 400 000 Almohadesvenaientde franchir le détroitde Gibraltar Le pape InnocentIII, quoiqu'ilfût alors occupéde la guerredesAlbigeois,ne put envisagercedangersanspresser l'Europede porter secoursà l'Espagne.Desprièrespubliques furentordonnées,des indulgencespromisesà quiconqueirait combattredansla péninsule.Les cinq rois chrétiensdu pays (Castilleet Léon) étaient alors momentanémentséparésse coalisèrentet marchèrentcontreMohammed,le cheffanatique des Almohades.La rencontre eut lieu sur le plateau de la Sierra Morena, à Alac&bselon les Arabes, Las Navasda Tolosa,selon les chrétiens.Ce fut une bataille terrible.La fuitedesAndalousladécidaen faveurdeschrétiens.Moham= med, qui s'était placésur une hauteur, au milieu des rangs épaisde sa garde africaine,sous un pavillonrouge, tenant d'unemain le Coranat de l'autre son glaive,assistaà la plus affreusedéroutedes siens sansohanger d'attitude et disant « Dieu seul est juste ot puissant,le démonest faux et porfide. » On le força enfinda prendre la fuite sur un rapide coursierdu désert qui l'emporta loin des ennemis.Cetteba-


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CHAPITREXXI.

taille fut décisive dans la lutte dont l'Espagne était le théâtre. Après les Almoravides et les Almohades, il ne vint de l'Afrique aucun secoursassez puissant pour y relever la domination musulmane. Les chrétiens, pendant tout le cours du treizième siècle, en recueillirent les fruits, et l'anarchie sanglante où se perdit la domination des Almohades le leur rendit facile. Cordoue (1236), Séville (1248), Murcie (1266), et bien d'âutrés places tombèrent au pouvoir du roi de Castille, tandis que Jayme 1er, Conquistador, roi d'Aragon, soumettait les Baléares et, à la tête de 80 000 Espagnols et Français, s'emparait de Valence (1238). Le Portugal arrivait aussi, en 1270, par la réunion définitive des Algarves.à remplir le cadre qu'il n'a jamais dépassé depuis. Les Maures ne possédèrent donc plus que le petit royaume de Grenade, enveloppé de tous les côtés par la mer et par les possessions du roi de Qastille. Mais, dans ce petit espace, recrutés par les populations que les chrétiens chassaient des villes conquises, ils se maintinrent avec une force qui différa leur raine de deux siècles. Sauf quelques descentes des Mérinides du Magreb qu'il y eut à repousser, comme les conquêtes des chrétiens ne sont réellement plus mises en question, on peut dire que la croisade d'Espagne est à peu pivs suspendue jusqu'en 1492. La croisade de Jérusalem avait eu sans doute des résultats généraux pour la. civilisation, mais n'avait pas atteint son but. Elle n'avait rien fondé en Orient; elle n'avait même pas délivré le saint et des millions d'hommes avaient laissé sépulcre, leurs os sur toutes les routes qui y conduisaient. La croisade d'Espagne, au contraire, sans conséquence aucune pour l'état social de l'Europe au moyen âge, changea la face de l'Espagne et réagit sur l'Europe moderne. Elle arracha la péninsule aux Maures pour la donner aux chrétiens; elle forma le petit royaume de Portugal qui, poursuivant sa croisade au delà des mers, trouva un jour.le cap de BonneEspérance, et les grands États de Castilleet d'Aragon, dont les chefs puisèrent dans leurs succès espagnols une ambition européenne, dont les habitants prirent dans cette guerre de huit siècles des mœurs militaires qui firent d'eux les condottières


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de Charles-Quintetde PhilippeII, maisnonles héritierspaisibleset actifsde l'industrie,du commerceet de la brillante civilisationdosMaures. Encoreune question. Pourquoicette différenceentre les deux croisades? Jérusalem placé»bien loin du centrede la dominationcatholiqueet enveloppéepar les musulmansleur restapar la même raison que Tolède,à l'extrémitéde leur ligned'occupation,leur échappapour tomberaux mainsdes populationschrétiennesqui l'entouraient. C'est une affaire de distance.La Palestinetouchaitau territoirede la Mecque, commel'Espagne est en vue de Rome. La géographieest une grande forcemêmedans les chosesqui semblentdevoir échapper le plus à son influence, comme les idées religieuses.


XîUl. CUAWl'ttK

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CHAPITRE XXII. PROGRÈSDE LA POPULATIONURBAINE. communal.Communes dites.du mouvement Origines proprement descommunes. Villesde Intervention de la royauté;décadence Commencement dutiersétat.– Progrèsdelapopulation bourgeoisie. et en Allemagne.Opposition dudroitféodal urbaineen Angleterre droit etdu coutumier. Origines

du mouvement

eommnnal.

Depuisla chute de l'empirecarlovingien,on a vu la féodalité prendre possessionde la plus grandepartie de l'Europe, le pape et l'empereur se disputer l'Italie et la direction du monde, enfin les peuplesse précipiterà flots pressés sur la routede Jérusalem. Au milieude cesgrandsévénementsun quatrièmefaitgénéralseproduisitqui résultades trois autrès, et qui, à son tour, eut aussi de gravesconséquences,c'est qu'une partie de la populationasserviese relevapar le travail des bras et de l'intelligence,et se replaçaau-dessous,maisà côté des seigneurset des prétres; c'est qu'enfin cette classe des simpleshommeslibres dontnous avionssignaléau neuvièmesièclela presque complètedisparition(voy. ci-dessus p. 233) se reformaet arrivaà l'existencepolitique.Ona vu, dans le tableaudu régimeféodal, quelabîme séparaitla sociétébatailleusede la sociététravailleuse.Celle-ci soumiseà l'autre, corpset biens, ne se résignapas toujoursà une aussi complèteinfériorité.Desrévolteséclatèrent.Dès l'année 987, on voitles vilainsde Normandiese souleverpar toutle pays, tenir des conciliabules,et formerdes associationsliées par le serment,au moyendecommissairesenvoyésde touscôtés.Ils juraient de s'affranchirde la dominationdes seigneurs, afin


PROGRÈS DE LA POPULATION URBAINE.

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de se gouvernerpar leurs propres lois et de pouvoiralors librementchasserdans les bois, pêcherdans les eaux, etc. Cetterévoltefut cruellementétoufféepar le due. C'est là un des premierssymptômespar lesquelsse révèlele peupledu moyenâge. Bientôtaprès le régime féodal s'assied, il tient souslui les campagnesavecune forcequi.leurinterdit toute lutte. La résistancealors éclate dans les villes, parmi ces réunionsd'hommesque les premiers progrès de l'industrie augmententet à qui leur situationmême procureles moyens de résister. En 1067,la villedu Mans forme une association consacréepar le sermentet prend les armescontre son seigneur. C'est le commencementdu mouvementcommunal quisemanifestapar toutel'Europedu onzièmeau quatorzième siècleavecdes caractèreset desdestinsdivers. En beaucoupde lieux,cemouvementavaitsesracinesdans les temps passés, en beaucoup d'autres il eut une origine toute récente. Dans la plupart des villes de l'Italie et du midide la France, où l'invasiondesbarbaresavait été moins violenteet plus tard la féodalitémoinscomplète,les institutions municipalesde l'empire romains'étaient perpétuées, souventgênéeset compriméessans doute, mais prêtes à se redresserà la première occasion.En Italie, dès le dixième siècle,la plupart des villesde Lombardie,sous l'autoritéde leurs évéques,qui tenait le milieu entre celle des anciens défenseursde l'empire romainet celledes seigneursféodaux, commençaientà jouir d'une existenceà peu près libre, dont leur donnaientl'exempledes villescommeGêneset Venise, que favorisaitune positiongéographiquetoute particulière. Milan,Pavie, Vérone,furent en premièreligne. A la faveur des restes de leurs institutionslibres, cesvillesdéveloppèrent Itur commerce,leur industrie, et, devenuesriches et puissantes, prétendirent se délivrer de l'autorité épiscopale. Lorsqueéclatala lutte du sacerdoceet de l'empire, elles en profitèrenthabilement,formèrentune alliancede leur bourgeoisieavacla petite noblesseenvironnante,et s'affranchissant, non-seulementde la grande féodalité, mais presque de celle de l'empereur,devinrentles républioomplétement queslombardesdont il a été déjà parlé.


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CHAPITRE XXII.

Danscertaineslimites, il en fut pdiir le midi de la France comme pour l'Italie. On trouve, du huitième au douzième siècle, dans les villes de Marseille, Arles, Toulouse, Narbonne,Nîmes,Périgueux,etc., des tracesde l'ancien régime municipalromain. On en trouve encore dans le centre et même dansla nord, mais plus rares,par exempleà Bourges, Paris, Reims,Metz. Dansces régions, commedans les plus méridionales,l'empire avaitétendujadis l'uniformitéde ces institutions mais, commela violencedes conquérantsy fut plus grande, un bien plus petit nombre seulementde villes put y conserverdes débris d'organisationmunicipale.Dans cellesqui eurentcet avantage,on voit une aristocratiebourgeoise qui parait une dérivationdes anciens ouriales; on retrouve même dans le midiles noms romains sénat, consuls, duumvirs, édiles. Bourgesa, au septièmesiècle, des famillessénatoriales.Ailleurs, ces termes ont fait place à d'autres équivalents,qui sont propresau moyenâge prwF~ hommes,bons hommes(boni hommes).On a même trouvé des monnaies du temps de Charles le Chauveportant en exergue Biturices(les habitantsde Bourges).Dans toutes ces villes régnait donc déjà la vie municipaleavant l'époque que l'on Marque commecelle du mouvementcommunal; seulementelle reçut alors plus d'activitéet d'extension. Communes

propremeiit

dites.

Au contraire,dans la plupart des villes du nord, soit anciennes, mais ayant perdu les institutionsmunicipales,soit nouvelles,et ne les ayant jamais possédées,il fallait conquérir par la forcedes avantagesque nul précédentn'autorisait, élever des prétentions étranges et malsonnantesà l'oreille des seigneurs,introduireenfin dansl'état politique des principes révolutionnairespour le temps. La féodalité, qui s'épanouissaitlà toutd'une pièceet danstoute sa rudesse germanique, combattit avec acharnementces vilains qui usaientsonger à ne plus être absolumentà la discrétionde leurs seigneurs.Cependantelle fut obligéede céder presque partoutà des massès d'hommesagglomérésdans un étroit


PROGRÈS DE LA POPULATION URBAINE.

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espace, d'artisansvigoureuxhabitués à manier le mailletet la hache,qui pouvaientfort bien, au jour de la révolte, endossereux-mêmesl'armure qu'ils fabriquaientla veillepour le seigneur, et qui opposaientà l'imprenable donjon seigneurialle dédalede leurs mes étroites et tortueuses,où le grand chevalde batailleet la longue lance pouvaientà peine se retourner. Or, le luxe allaitcroissantavecles tournois,la chevalerie,et les besoins plus délicats; avecle luxe croissaientaussi et le nombre des ouvriers,et l'étendue de leurs villes, et leur force. Aussi vit-on,un peu plus tard, jsurtout dans les Pays-Bas, des villes (Gand, Bruges, Ypres, etc.) qui pouvaientfaire sortir de leurs murs de grandesarmées. La partie de la France où ce mouvementse manifestaavec le plus d'énergie est le nord-est.On a vu cependantque la première communeétabliefut celledu Mans (1067),abolie du reste six ans après par Guillaume.On remarque ensuite celle de Cambraiqui se constitue,en 1076, après plus de centans de guerre ouverteentre les habitantset l'évêqueleur seigneur.Elle subit beaucoupde vicissitudeset fut abolieet rétablie plusieurs fois. Viennent ensuite celles de Noyon. Beauvais,Saint-Quentin.La plus célèbre est celle de Laon qui prit naissanceen 1106. Cette ville n'était auparavant qu'un coupe-gorge; les nobles y exerçaientle brigandage ouvertement,les bourgeois s'en vengeàienten les imitant les rues étaientimpraticablesla nuit. Deplus l'évêque,Normandtrès-belliqueuxet grand chasseur,mais très-peuprêtre, faisait pesersur la ville des exactionsaccablantesdontil partageaitles fruits avecles dignitairesde la cathédraleet les famillesnoblesde la ville.Il faisait torturer par un esclave noir qu'il avait, quiconquecensuraitle moindrede ses actes. Les bourgeoiss'unirenteu assembléespolitiques,adoptèrent un plan de communeet achetèrentde l'évêque le droit de l'appliquer.Mais l'évêque voulut reprendre ce qu'il avait vendu; ce fut l'occasiond'une insurrectionterrible où il fut égorgé.Le roi Louis le Grosintervint, et laissaà la villesa communeaveccertainesmodifications.Bien desvicissitudes encoreremplirent,dans les deux sièclesqui suivirent, l'histoirede cettevillequi perdit enfintout à fait ses libertéssous HiST.DOMOYEN AQE.

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CHAPITRE XXU.

Philippele Bel. Lescommunesd'Amiens,Soissons,Reims, Sens, Vézelays'établirentaussi dansla première moitiédu douzièmesiècle, et furentsouventl'objet de luttesnon moins opiniâtres.Il y eut donodans ce grand mouvementune certaine unité, et quoiqueles souffranceslocalesfussentla cause directede chaque insurrectioncommunale,on ne peut nier pourtant que l'exempledes villesvoisinesqui s'étaient déjà affranchiesn'eût de l'influencesur les autres. La preuve, c'est qu'elles s'imitent entre elles la communede Laon s'organisesur le modèledes communesde Saint-Quentinet de Noyon,la chartede Laonsert de patron à cellesde Crespy et de Montdidier;la charte de Soissonseut une grande célébrité et fut adoptéeen plusieurslieux. Qu'est-cedonc qu'une commune?Un des ennemisde la révolutioncommunale,l'abbé Guibert de Nogent, contemporaindes événements,dit « Communeestun mot nouveau et détestable,et voicice qu'on entendpar ce mot les gens taillablesne payentplus qu'une foisl'an à leur seigneurla rente qu'ils lui doivent.S'ils commettentquelquedélit, ils en sont quittes pour une amende légalementfixée; et quant aux levées d'argent qu'on a coutumed'infligeraux serfs, ils en sont entièrementexempts. D Cesdernières lignes offrent une définitionassezexactede la commune,qu'ellessont loin de rendre aussiodieuseque le voudraitfaire l'auteur. Elles nous montrentles habitantsexigeantdes garantiespour leurs personnes,pour,leurs biens, plaçant ces garanties sous la surveillancede magistratsdéjàexistants,maires,jurés, échevins, possédantenfin, par ces magistratsprincipaux,et c'est ce qui les caractérise,une juridictionpropre,maisn'essayant généralementpas de fairedesconstitutionspolitiques.Là est la différenceentreles communesfrançaiseset lesrépubliques italiennes les premièreslimitèrent, mais ne rejetèrentpas, commeles secondes,la dominationdes seigneursféodaux.On cite, commeunede celles qui restreignirentle plus les droitseigneuriaux,la communede Cambrai « Ni l'évêque, ni l'empereur, dit un contemporain,ne peuventy asseoirdo taxe; aucuntribut n'y est exigé; on n'en peut faire sortir la milice, si ce n'est pour la défensede la ville, et encorea


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cette conditionque les bourgeoispuissent le jour jnêma être de retour dans leurs maisons. a Les bourgeois de Cambraiétaient sur le mêmepied que le feudatairele plus favorise. Intervention de la rayante; décadencedes eoninranee» Ce qui empêchales communesde France d'arriver à la liberté politiqueet de former de petites républiques,c'est que, lorsqu'ellesréussirent à se dérober à la domination de leur seigneurdirect, elles n'échappèrentpoint à celle du suzerainsupérieur,le roi. La villed'Amiensavait arraché à soncomteune chartede commune quandle comtéd'Amiens eut été réuni à la couronnede France, elle eut à lutter non plus contreun petit seigneur,mais contre le roi lui-même. Chosesemblablese passa sur beaucoupd'autres points. La plupart.du temps même, au fort de la lutte, de leur propre mouvement,elles invoquaientle roi et lui demandaientdes secours,qu'il s'empressaitd'accorderpour ne pas manquer une si bel > occasiond'ébranler la puissancedes seigneurs. Elles trouvèrentdoncen lui un protecteur,fortutile au moment de la lutte, mais fatal ensuiteà lenr développement, qu'il arrêta en deçà de l'indépendancepolitique. Le grand nombred'ordonnancesroyales,relativesaux communes,dans le douzièmesiècleet le treizièmesiècle,nousmontrela large part que prit la royautéà cette révolution on a de Louis le Gros9 actesrelatifsaux communes;23 de Louis VII; 78 de Philippe Auguste; 10 de Louis VIII; 20 de saint Louis; 15de Philippele Hardi; 46 de Philippe le Bel; 6 de LouisX 12de Philippe le Long; 10 de Charlesle Bel. Dèsle temps de Louis VII même, sembles'être introduitce principeque les communesappartiennentau roi, et, soixanteans après, Beaumanoirécrivaitque a personnene peut établir de communesansle consentementdu roi. » C'estau commencement du quatorzièmesiècleque le développement communalcesse et fait place à un mouvementopposé.Onvoitalorsdes communessuppriméesd'autorité,d'antresréclamerelles-mêmes leur suppressiondans l'espoir de trouver, sous l'autoritédu


èkO

CHAPITRE XXII.

seigneurou du roi, plus de^séeuritéque dans les agitations de la liberté. Ainsi les communes,en France, ne firent rien pour accroître la liberté générale et ne surent même pas garder celle qu'elles avaient conquise non-seulementelles ne songèrentjamais, commeles villeslombardes,à se confédérer entre elles, mais elles se laissèrent tuer séparément, ou mêmese suicidèrent. WlUesde âowgeolsle. ®o«umeneement du «leiraétat. Si les communesperdirent ou n'atteignirentpas la liberté politique,elles conservèrentdu moinsdesgaranties,des privilégesmunicipaux.Elles se rapprochèrentainsi d'un autre mode d'affranchissementdu peuple, les villes proprement dites, les bourgeoisies.A proposdu châteauseigneurial,il a été questionde cesagglomérationsd'hommeset d'habitations qui venaient,en quelquesorte, s'appendreaux grands murs. Le seigneuravait intérêt à les accroître pourmultiplier ses sujets, ses artisans, augmenterses revenus,mêmeses forces militaires car, en mainte occasion,l'on voitdes hommes, soit des villes, soit des villages,les paroissiens,commeon les appelle,inarcher, sous la conduitede leur curé, là où le seigneurles appelle.Aussis'efforçait-ild'y attirerles paysans des seigneuriesvoisinespar les avantagesqu'il accordaitsur sa terre; il octroyaitd'avanceet faisait publier au loinune chartedu genre de celle-ci a Moi, Henri, comtede Troyes, faissavoirà tous présents et à venir, quej'ai établiles coutumes ci-dessous(énoncéespour les habitants de ma Villeneuve (près Pont-sur-Seine), entre les chausséesdes ponts de Pogny tout homme demeurantdans laditeville payera, chaqueannée, douzedenierset une mine d'avoinepour prix de son domicile;et, s'il veut avoirune portion de terre ou de pré, il donnera par arpent quatre deniers de rente. Les maisons,vigneset prés pourront être vendusou aliénésà la volontéde l'acquéreur.(Voilàle vilaindevenupropriétaire.) Les hommesrésidantdansladite villen'iront ni à l'ost ni à aucunechevauchée,si je ne suis moi-mêmeà leur tête. Je leur accorde, en outre, le droit d'avoir six échevins qui


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administrerontles affairescommunesde la ville, et assisteront monprévôtdans ses plaids.J'ai arrêtéque nul seigneur, chevalierou antre, ne pourrait tirer hors de la villeaucun des nouveauxhabitants, pour quelque raison que ce fût, à moinsque ce dernier ne fût sonhommede corps,ou n'eût un arriéré de tailleà lui payer. Fait à Provins,l'an de l'Incarnation 1175."Ce que fit le comte de Troyes, d'autres seigneurs et le roi lui-mêmele firent fréquemment;le nom de Villeneuve, qui se retrouveen beaucoupd'endroits(Villeneuve-le-Roi,Villeneuve-Saint-Georges, etc.) estune trace dece fait général. Il y eut aussi d'anciennescités qui obtinrentdes priviléges analoguesà ceuxdes villes neuvesen restant, commeelles, soumisesau prévôt du seigneurou du roi. Celase fit principalement dans le domaineroyal. Dans cette catégoriesont Orléanset Paris, qui,malgréleur antiquité,paraissentne pas avoirconservéle régimemunicipalromain, mais avoirreçu, au contraire, toutes leurs franchiseset privilégesdu moyen âge et des rois, sauf à Paris la corporationde Nantes, qui remontait aux empereurs et probablementaux Gaulois.On voità Orléans,en 1137,LouisVII interdireau prévôtet aux sergents de la ville toute vexationcontre les bourgeois, et fixerl'impôt à lever pour le roi sur chaquemesure de blé et de vin dix ans après, il abolitle droit de mainmorte.Plus tard il donnedes règlementspour réprimerles abus, organiser la juridiction,favoriserlecommerce. Commeon a vu certaineschartes de communeservirQde modèle,on vitaussi certaineschartesde bourgeoisieobtenir une grandevogue.Tellesfurentles coutumesde Lorisen Gâtinais, quele roi, dans l'espacede cinquanteans (1 163-1201), accordaà sept bourgs ouvillesde ses domaines,etc. La grande différenceentre les communeset les bourgeoies est que les premièresarrachaientde viveforcedes priviéges qui comprenaientla juridiction, ou droit de rendre la justice, tandis que les secondes obtenaientpacifiquement des concessionsmoinsétenduesdans lesquellesla juridiction n'était pascomprise. En résumé, on voit que, parmi les villes de France.les


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CHAPITREXXBL

unesne furentjamais affranchiesde l'autorité royale,les autres, communeset cités municipales,y retombèrent.Dans toutes te formaune classebourgeoisequi s'enrichit de jour en jour par le commerceet l'industrie, qui iorma partout des corporationspuissantes,remplitlesuniversités,et amassa, en mêmetemps que la richesse, la science, surtoutcelledes lois. Doublechemin par lequel ces roturiers marchèrentà grandspas versl'importancepolitique commemarchandset industriels,saintLouisles appelleradansson conseil comme légistes, ils régnerontsous le manteauroyal de Philippe le Bel, et, ce même Philippe le Bel les admettantaux assemblées généralesde la nation,ils formerontnon plusseulement une classe,mais un ordre reconnu, un état du royaume,le troisième,le tiers. B>rosrès

urbaine de la population et en &Uemu)0me»

en Angleterre

En Angleterre, la révolution qui releva le peuple etl'in troduisit dansla vie publiquede la nationn'eut pas le même caractère qu'en France. Tout d'abordon n'y vit point ces luttes sanglantesde nos communes.Avant la conquêtenormande,plusieursvillesd'Angleterreétaient déjà riches,peuplées et intervenaientdansles affairesdupays; les habitants de Cantorbéryassistaient, sous ÉthelreJ II, à la cour du comte, et ceuxde Londresconcoururentà l'électionde plusieurs rois. Cependantelles ne paraissentpas avoirenvoyéde députésau wittenagemotsaxon,et leursdroitsétaientrenfermésgénéralementdansl'tncointede leursmurs. La conquête leur fit beaucoupde mal; Yorktombade 16b9maisonsà 96? Oxford,de 721 à 234; il enfutde mêmede plusieursautres. Moinsredoutablesdèslors, elles perdirentleurs droits, et le seigneur, roi ou baron, dansles domainesduquelelles étaient situées; disposapresque absolumentdes bienset du sort des habitants. Henri Iorles relevaot donnaà la cité de Londres sa premièrecharte.SousHenri II, les habitantsde plusieurs villesacquirentla propriétédu sol occupaientet se raqu'ils ohetèreatdes tributs individuelsquil leur imposaitarbitrai-


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rement,moyennantune redevancedéterminée.Enfin,sonsle roi Jean,les concessionsdechartesdevinrentfréquentes.Dès lors, les villes,redevenuesriches et fortes, se firent respecter des seigneurs, rois oubarons,qui n'exigèrentplus, maisdevnàndèrentdes aides aux citéset bourgsde leurs domaines par là ellesfurentplacéessur le mêmepiedqueles possesseurs de fiefs les chefsdes citoyensde Londreset des Cinq-Ports (Douvres,Sandwich,Hyte, Hastings et Romney)obtinrent mêmeles titresdenobleset barons.Enfin,en 1264,les villes qu'on vientde nommer,cellesd'Yorket deLincoln,et toutes les autres grandes cités d'Angleterre,furent autoriséesà envoyerdes députésau parlement, ce qui marqueleur avènement à la vie politique.An parlementconvoquépar Edouard en 1295,cent vingt villesou bourgsenvoyèrentdes députés, car il est juste, disait le préambuledes writs d'élection,que ce qui toucheles intérêtsde tous soit approuvépar tons. Dans cette ascension, les villes avaient été aidéespar la petite noblesse, c'est-à-dire les chevaliersdes comtéset les francs tenanciers. Cela se vit aussi en Italie. Mais en Italie l'éloignementoul'affaiblissementde l'autoritésouveraineaffranchitcesdeuxclassesdela nécessitéde s'unir elles devinrent rivales, et la discordeconsumales républiquesitalien»i nés. Au contraire, en Angleterre, cette nécessitésubsista à causede la permanencede la puissanceroyale et de sa présencecontinuelledans toutesles parties du royaume;et, au lieu de petites républiques éphémères,on vit naître une grande représentationnationale. Si en Angleterrelesvilless'unirentavecla noblessecontre la royauté, en Allemagnecommeen France elles firent alliance avecle souveraincontre la féodalité seulementcette alliance fut bienmoinsétroiteet entraîna pour elleunebien moins grande dépendance.L'empereur les éleva a l'tmmédiateté contre les princes de l'empire, c'est-à-direque des villessituéessur le territoiredes princesrelevèrentdirectement non de cesprinces,maisde l'empereurqui eut ainsi des appuis au sein mêmedes grandsfiefs. Les villesallemande»:, déjàricheset commerçantesauparavant,accrurentleur commerce et leurs richesses, grâce à leur nouvellecondition.


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CHAPITREXXII.

Henri V aida beaucoupà cette révolution.en accordantdes privilègesà la classeinférieuredes citoyens,aux artisans,qui jusque-là,d'après l'esprit de la loi romaine, avaientété dislibres et placésplus bas; il les affranchit tinguésdeshommes notammentd'une coutumeoppressive,en vertude laquellele seigneurse trouvaitàleur mortsaiside tousleurs biensmeubles, ou avaitdu moinsla facultéde réclamerce qu'il y avait de meilleur dans la succession.Il enlevadansbeaucoupde villesl'autorité temporelleà l'évêque,et distribuales bourgeoisen compagniessuivantla nature de leurs occupations; institution qui fut bientôt adoptéedans les autres payscommerçants.Les bourgeois ainsi organisésne tardèrentpas à formerdesconseilsrecrutésparmi eux par l'élection,en manièrede sénatet de magistrature,et qui après s'être bornés d'abordà assisterl'officierde l'empereurou de l'évêque,obtinrent dansle treizièmesièclela juridiction. Unfait quicontribuaà augmenterla classedes villeslibres en Allemagnefut la chute de la familledes Hohenstaufen, anciens ducs de Souabeet de Franconie par là, toutes les ville de Souabeet de Franconie, qui avaientété soumisesà des seigneursmédiats, se trouvèrenten relation immédiate avec l'empereur, et, commel'empereur était sanspouvoir, elles formèrentde véritablesrépubliques.En Allemagne,les villesemployaient,pour accroîtreleur population,un procédé semblableà celuique nous avonsvu appliquéen Francepar les rois et les seigneursdansla fondationde leursvillenouves; i commele seigneurouvraitun asileautourde son château,les villesen ouvraientun autour de leurs murs; une multitude d'étrangersy accouraientet se fixaienten dehors,sousle nom de Pfahlburger(citoyensdes palissades;delà vientfaubourg). Lesserfs desseigneursvoisinss'y réfugiaientsouvent;et, au bout de l'an et jour, ils ne pouvaientplus être réclamés.Ce fut l'objet de plaintesnombreusesde la part des seigneurs. Les villesd'Allemagnequiacquirentla plus grandeprospérité, furent cellesdosbordsdu Rhin et de la Lotharingie Mayence,Cologne,Coblentz,Bonn,Aix-la-Chapelle,Metz cellesdela Saxe Magdebourg,Brome,Lubeck,Hambourgi en Bavière Ratisbonne; en Souabe Augsbourget Ulm; eu


PROGRÈS3B LA POPULATIONURBAINE.

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Franconie Nuremberg, Francfort-suf-le-Mein, Spire, Worms,etc.Ces villes,dont le commerces'étendaitan loinet échangeaitles denréesdu nord de l'Europe contrecellesde l'Orient, allaientbientôtêtre admisesdansles diètesde l'empire. Maiaelles ne réussirentpasà formerune classedans tout le pays, parce qu'elles ne purent ni s'associerà la noblesse féodale,commeen Angleterre,ni, commeen France,lier leur causeà celleduroi, tropfaibleet engagésouvent,à titred'empereur, dansdesintérêtstrès-différents.Aussidemeurèrentellesà peu près isoléesdu reste de l'empire, et obligéesde pourvoir elles-mêmesà leur défenseà causede la faiblesse du pouvoirsuprêmeet du mauvaisétat dela policeimpériale; ellesformèrententre ellesdes lignes qui eurent une grande importance,maisqui, pas plus que cellesdes villeslombardes, ne purent donnernaissanceà un corps véritable1. Ce progrèsdes populationsurbainesen amenaun pour les se multipopulationsrurales. Les chartes d'affranchissement plièrent pour les serfs. Au douzièmesiècledéjà on les avait admisà témoigneren justice; et des papes, AdrienIV, surtout AlexandreIII, .dont il reste une bulle célèbre, avaient demandé leur liberté. Au treizième, les affranchissements furenttrès-nombreux;caries seigneurscommençaientà comprendre ce que Beaumanoir,ce que plusieurs chartesdisent nettement, qu'ils gagneraientà avoir sur leurs terres des hommes libres, laborieux,plutôt que d'y garder des serfs paresseux« qui négligent de travailler, en disant qu'ils travaillentpour aultruy. » dmdroit Iféodotet dudroit eoutamteift ©ppoaUlora Ainsicetteclassenouvelleque l'évêqueAdalbéron,sousle roi Robertne connaissaitpoint, arrivaitmaintenantà l'existence, mais animée d'un tout autre espritque celle qui lui avait si longtempsbarré la route. Tandisque la sociétéféodale régie par le privilège accordaittout à l'aîné et imdeta population enEspagne, ef-desaous urbaine 4.Pourlacondition voyez desrépubliques lomburdoa et toscanea lochap.x*x,olpourlatransformation · xxvm. le ohap. enprincipautés,


SàG

CHAm'RË

S3UI

mobilisaitles héritagesdans les mêmes mains, les bourgeois écrivaient dans leurs chartes quelques-uns des principes du droit rationnel, le partageégal desMenaentretousles enfants. Le nouveaudroitpopulairen'auraitpu, tout humbleet tout honteuxqu'il était, entrerenlutte avecle droit aristocratique, s'il n'avaittrouvéun puissant auxiliairedans le vieuxdroit des empereursromains. Longtempsdélaissé,maisnon complètementoublié, cedroit reparut au onzièmeet au douzième siècleaveoun grand éolat dans quelquesvillesd'Italie, surtout à Bologne,où de nombreuxécoliers, accourusde toute l'Europe,se pressèrentautour de la chaire dlrnerius, le rénovateurdes étudesjuridiques. Les Français furent les premiers à passer les monts, pour aller, pèlerinsde la science, commeleurs pères l'avaientété de la croix,écouterses doctes leçons; et bientôt Montpellier,Angers, Orléans avaient eu des chairesde droitromain.SousPhilippeAugustela compilationde Jnstinienfut traduiteen français; et tel était l'attrait de cetteétude, que despapes, desconcilesl'interdirentsolennellementaux moines,afin qu'ils ne fussent point par elle détournésde la méditationdes livres saints. .C'est qu'aussi aux yeux des hommesde ce temps, perdus dans le chaosdeslois féodales,le coderomain, admirableensemble de déductionslogiquesqui ont pour points de départ l'équité naturelleet l'utilité commune,semblaitêtre -véritablement, commeils l'appelaient, la raison écrite. La riche bourgeoisievouaitses enfantsà wtte étude où ils trouvaient une arme de guerre contre le régimeféodal; et avecceslois que leur origineet leur antiquitérendaientdoublementrespectables, les légistes purent travaillerde millemanièresà l'affranchissement desdeuxgrandesservitudesdu moyenâge cellede l'hommeet cellede la terre.SaintLouisa déjà autorisé le Languedooà suivrele droitromain commesa loimunicipale d'autresprovincesobtiendrontla mêmeconcession. Dans cellesqui garderontleur législationparticulière,la loi romaine,tenue en réservepour êtreconsultéesur tous les cas douteux,pénétrerainsensiblementla coutumede son esprit Ainsicommence,au troisièmesiècle^cette sourdeguerre du


PROGRÈSDE LA POPULATIONURBAINE.

3&V

droit rationnel, soit romain, soit coutumier,contre le droit aristocratique de la sociétéféodale; cetteguerre que leslégistessoutiennentet dirigentne se terminera pour la France qu'à la grande date de 1789, par le triomphede l'équité sur le privilége.Et ellene l'est pointencorepour les paysde l'Eu» rope qui sont restés en dehorsde nos voies.


SUS

CHAPITHK XXW.

CHAPITRE XXIO. CIVILISATIONAU DOUZIÈMEET AU TREIZIÈME SIÈCLE. et I.e9voyageurs enOrientetlecommerce au moyenAge.–Industries défautde culturesnouvelles;corporations.Étatdescampagnes; sécurité. Lesjuifset la lettrede change. Progrèsintellectuels; sorciers. -Littératures scolastique, astrologie, universités, alchimie, nationales.-Artsarchitecture ogivale. BjCSvoyageursen orient ee le eosaneroe an moyenâge» A quoi la populationurbaine devait-elleces progrès? aux progrèsmêmesdel'industrie,du commerceque les croisades avaientdéveloppés. L'Orient, l'Inde surtout, étaient, pour l'imaginationdu moyenâge, le paysdesrichessesfabuleuses.Là, les denrées exquises,les pierresprécieuses,l'or se trouvaient profusion. Pour arriverà ces merveilleusescontrées, on ne connaissait d'autres voiesque cellesde l'Asie, au nombrede trois par le nord de la mer Caspienne par la Syrie et la Perse; par la mer Rougeet la mer des Indes. Cesvoiesétaientsuiviesconcurremment maisle commercene s'y hasardaitqu'à travers mille obstacleset mille dangers. Nousen pouvonsavoirune idée par les relationsd'un certain nombrede voyageurshardis du moyenâge. Vers 1173,le juif Benjaminde Tndèleallajusqu'à Samarcandeet jusqu'à l'Indoustan.En 1246,Jean du Plan Carpin, franciscain,fut envoyépar InnocentIV chezles Tartares,sur lesquels il nous a laisséun véritabletraité. En 1253,sain Louis,étant en Palestine,et désirants'allier auxMongols,s


LA CIVILISATION AU XU°ET AU XIII"SIÈCLE. â«$ toutefoisune telleallianceétait possible, envoyachezeuxle cordelierRubruquis(Ruybrœcq)avecmissionde lui écrirede longueslettressurtout cequ'il observerait.Âla mêmeépoque voyageaitdéjà cette hardiefamillevénitiennedes Polo, dont le plus jeune et le plus célèbreest Marco. Marc Paul séjourna avec son père et son oncle pendantvingt-sixans en Chine auprès des Tartares. Ils rendirent même de grands servicesau khan, qui ne voulait plus les laisser partir. Ils réussirent pourtantà revenir en Europe, ayant visité toutes les côtesde la Chineet de l'Inde. A Venise,on refusade les reconnaltre; leurs héritiers avaient affirmé qu'ils étaient morts; d'ailleursils étaientdevenuspresqueTartaresd'aspect et de langage,et se présentaientsous un fort pauvreaccoutrement.Ils assemblèrentceux qu'ils savaientêtre leurs parents ou anciens amis, et se mirent devanteux a découdre leurs grossiershabits; de chaquecouturetombaientdiamants, émeraudes,saphirs aussitôtparents et amis se retrouvèrent en foule. Marc Paul prit partà la guerrequeses compatriotes firentauxGénoiset tombaauxmainsde ceux-ci.Retenudans une captivité, adouciedu reste par de grands égards, il y écrivitsa précieuserelation. Uneantre relation,fortcurieusesousd'autres rapports,est celledu chevalieranglaisJohn Mandeville,qui voyageadans' le milieudu quatorzièmesiècle.Cette relation, écrite par lui en trois langues, en anglais, françaiset latin, et dont les manuscritsse multiplièrentprodigieusementdans ce siècleet le suivant, est remarquable,par certaines idées cosmographiques sur la rotondité de la terre, la possibilitéd'enfaire le tour, et l'existencedeslantipodes,questionsde première importancepour la découverted'une nouvellevoieversl'Inde, que Vasco de Gamatrouveraau commencementdes temps modernes. Les négociantsn'allaientpas siloin que ceshardismission» nairesde la science; ils ne quittaient guère les bords de la Méditerranée,de la mer Noire et de la Baltique, mais ils étaient en relationspar des caravanesavecles pays de l'ex* trêmeOrient. On a trouvéde monnaiesarabes sur les bords du golfe de Finlande,et les marchandsde Novogorod pion-


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CHAPITRE

XXW»

geaient des yeux et des mainsavidesdans cet Orient d'où sont toujours venues les plus richesdenrées du monde la soie, les parfums, les épices, les pierresprécieuses,l'ivoire, la poudred'or.et les plumesd'Afrique,desboisde teinture, les armesde Damas, les tissusde Mossoulet de l'Inde, le sucrede la Syrie. Cecommerceavaitan moyenAgedeuxrégionsdistinctes les bords de la mer du Nord et de là Baltique,les pays que baignela Méditerranée. Le commerceméditerranéenprospéraitbien avantcelui du nord.Sansparlerdesvillesdu littoral africainquijetèrent un grand éclat aux dixième et onzièmesiècles, ni des Arabes d'Espagnequi furent si industrieuxet si riches', Barcelonne, entrepôt et débouché de toute l'Espagne, Montpellier,Narbonne.Arles,Marseille,Nice,Gênes,Pise,Florence,Amalfi, Venisese disputaientles richessesde l'Orient. Les villesitalienneson accaparèrentla plus grande part et semèrentde leurs comptoirsles côtesde l'Archipelet de la mer Noire, où Veniseet Gênesdominèrentsoit concurremment,soit tour à tour*. Pourtant ce n'était qu'avecpeine qu'elles tiraient du fond de l'Asie, au travers de populationshostileset souventbouleverséespar la guerre, une'faible partie de ces richessesi c'était encoreavecdifficultéqu'ellesles faisaientpasserpardessusles Alpesauxvillesda nordde l'Europepouréchanger avecoelles-cilesdenréesdes deuxrégions.Marseille,Beaucaire, Lyon et Troyes servaient d'intermédiairespar la France; Constance,Bâle, Strasbourgle long du Rhin; Inspruek dansles Alpes; Augsbonrgdans la grandeplainebavaroise; Ulm, Ratisbonneet Vienne sur, le Danube; Nu. rembergdansla Franconie. A ces mêmesvillesarrivaientles produitsdu commerceseptentrional. Dans les basses terresdu nord de l'Allemagneet de la France, souventnoyéespar les eauxet entrecoupéesde fleuves nombreux, les villesfurrontnaturellementplus fortes que la féodalité.Invités au commercepar la mer qui était devant 4.Voy. cl-ie38U8, pagesI,, 8alouiv. 9. Voy.plusloin,ciiap.xxis..


LACIVILISATION AUXIFETAUX1U« SIÈCLE. suit ailes, par les neuvesqui pouvaientporter dans tontesles directionsleurs naviresjusqu'au contre d'un grandcontinent, descités elles s'ylivrèrentdebonneheure; mais, à la différence italiennesqui étaienttoujoursrivaleslesunesdesautres,parce qu'il n'y avait pas entre elles une féodalitépuissantequi les forçât de s'unir contre un ennemi commun, les citésallemandesse eonfédérërentpour s'assurerune protectionmutuelle c'estce qu'onappellela liguehaméatiquc,quidomina dans le nord de l'Europeet qui unit, dans un mêmeintérêt commercial,toutesles villesdes rivesde la Baltique,lesrichescités qui bordaientle Rhin et les grandescommunesde Flandre. De Londres à Novogorod,sur tous les navires de corn-' merce, au-dessusde tous les comptoirs,flottait un seul pavillon,celui de la hanse. Ses marchandsétalent mattresdes pêcheries, des mines, de l'agriculture et de l'industrie de l'Allemagne.C'étaitsur leurs marchésque s'échangeaientles pelleteries,les suifset les cuirs de la Russie, les grains, la cire et le miel de la Pologne,l'ambre de la Prusse, les métaux de la Saxe et de la Bohême,les vins'du Rhin et de la France, les laines et l'étain de l'Angleterre,les toiles de la Hollandeet de la Frise, les drapsde la Flandre, etc. Enfin, c'était à l'immenseentrepôt de Brugesque les Italienset les Provençauxenvoyaientles denréesde l'Orient. 52 villesfaisaient partie de cetteconfédérationen 1360,et 80 au quinzièmesiècle.Ellesse divisèrenten 4 colléges,dont Lubeck, Cologne,Brunswicket Dantzikfurentles chefs-lieux.Lubeck était la capitaleon plutôt le siège métropolitainde la ligue. Les comptoirsen pays étrangers étaient à Londres,Bruges, Berghemet Novogorodil y en avaitencoreà Paris, à Wi&by dansl'Ile de Gothland,etc. A oôté de la grande associationcommercialede l'Allemagne,la Flandre, couverte de villes et d'ateliers, était un ardent foyer d'industrie. Gand,avecses 80000 citoyensen état de porter les armes, mettaitlibrementsur son écu cette devise presque romaine S. P. Q. G. (Senatuspopulusque Gandavensium).Ypres comptait dans ses murs et dans sa banlieue, 300000 tisserands; Bruges, entrepôt de toute la


2 SS2

CHAPITREXXm,

Flandre,était le rendez-vousdescommerçantseuropéens,et posséda, dès 1310, une chambre d'assurancedeux siècles avant le reste de l'Europe. « Le mondeentier, dit Mathieu de Westminster,était vêtu de laine anglaise, travailléeen Flandre.Tons les royaumesde la chrétienté, et les Turcs eux-mêmes, furent affligésde la guerre malheureusequi éclata en 1380 entre les villes et le comté.Quant à la Hollande,encoreobscure,elleavait pourtantdéjàles éléments de la brillante fortune qui l'attendait au treizièmesiècle une inondationde l'Océanjoignitle Zuyderzéeà la mer et fit d'Amsterdamun port à l'abri des tempêtes;au quatorzième, le déplacementdu hareng, qui passa des côtes de la Scanie sur celles de l'Angleterreet de la Hollande, apporta à ces pays un trésor. L'industrie et le commerceanglais sommeillaient.Déjà pourtant l'Angleterre était en relationsavecl'Espagne; elle lui donnaitsesmoutonsd'espèceexcellente;et en échangelui prenait ses chevauxarabes,pères de la belle race chevaline qu'elle possède. En France, au douzièmesiècle»Troyes en Champagne, Beaucaire dans le Languedoc,Saint-Denis,près de Paris, avaient desfoiresannuellescélèbresdans l'Europe entière. Les marchandsde Rouen,d'Orléans, d'Amiens,doReims,,etc., se tenaientenrelationsavecles richesfabriquesde la Flandre et l'immenseentrepôt de Bruges.Ceuxde Lyon, de Nîmes, d'Avignonet de Marseilleallaientdeuxfois par an chercher à Alexandrieles denréesdel'Orient,qui nous arrivaientaussi par Venise et lesy iiïesde l'Allemagne;Bordeauxexportait déjà ses vins pour' l'Angleterre et la Flandre les villesdu Languedocachetaientà Tolèdedes armes d'une trempeex= cellente,à Cordouedes tapisseriesde cuir chargéesd'arabesques. Paris avaitune fianseou associationpourles marchandises qui loi venaientpar eau. PhilippeAugusteconfirmases priviléges.De là ce vaisseauque la villegardeencoredansses armes.SaintLouisprit les marchandssoussa sauvegarde. Ils avaientleurs règlements,qui formaient commetrois codesmaritimes.Tout,le commeroedu midi était régi par le Consolatodel mare. Celui du nord en avait deux les Lois


LA CIVILISATION AU XII8 ET AU XIII9 SIÈCLE.

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d'Oletvn,imitationdu Consolatodel mare, et que SaintLouis publiables ordonnancesde Wisby,qui furent rédigéesd'après les loisd'Oleron. Enfinje doismentionnerune découvertequiappartient au moyen âge, bien qu'elle n'ait eu tout son effet qu'au commencementdes tempsmodernes,et qui est due aussi auxrelations de l'Europe avecl'Asie, cellede la boussole.On n'en connaîtpas bien l'origine. Guiotde Provins,poëte latin qui vivaiten France versl'an 1200,parle dans ses versde la polarité de l'aimant, ce qui prouvequ'elle était connuedès lors et qu'on en a attribué à tort la découverteà un AmalGtaindu quatorzièmesiècle.C'étaittrès-probablementun héritagedes' Sarrazins,qui la tenaienteux-mêmesdes Chinois.Toutefois ça n'est qu'au commencementda quatorzièmesiècleque les Génoiset d'autres peuples riverains de la Méditerranéese mirentà en faire usageet à s'engagerle longdes côtesatlantiques sur la foide ce petit instrument,qui allait frayer aux Européenstousles cheminsde l'Océan. Kndnstrtesefteoltares nanveHes;corporations. Lescroisésrapportèrentaussid'Orientquelquesindustries nouvelles les tissusde Damas, imités à Parme et à Milan; le verre de Tyr, imité à Venise, qui en fit des glaces pour remplacerles miroirsen métal l'usage desmoulinsà vent, du lin, de la soie, de quelquesplantesutiles, comme le prunier de Damas, la canneà sucre, dontle produitallait tenir lieu du miel, seul connu de l'antiquité, mais qui ne put être cultivée qu'en Sicile'et en Espagne, d'où elle passa plus tard à Madèreet aux Antillesdont elle a fait la for-* tune enfin le mûrier, qui enrichit l'Italie avant d'enrichir la France1. Les étoffesde cotoncommencentà cette époque à se répandre8. Lepapier de cotonétait connudepuislongt. Saint Louisrapportala renoncule; le rot deNavarre,la rose de Dames. a. il est faitmentiondansle testamentd'un comte de la Marched'fopagnn, en 4320, d'une robe de coton, Lescroisadespopularisèrentl'usage de cette substance; mais ce n'est qu'au dis-septièmesiècle que te coton fouriiitta. France â une industriede quelque Importance.Elle eat aujourd'hui la premièrede l'Europe, n..23U BIST.DUHOYKN AOB


•35& a

CHAPITRE'XXUI.

temps'; !epapier de lingele fat à la fin du treizièmesiècle; mais ce n'est que depuisle seizièmequ'il remplaçagénéralement le parchemin. Les damasquinures,la gravure des sceauxet des monnaiesse perfectionnèrent.On apprit à appliquerl'émail,et l'orfèvrerieprit l'essor. Dans lés derniers temps de l'empire'romain, on voit les ouvriersde mêmeprofessions'associer entre eux. Les Germains, de leur côté, apportèrentl'usage des ghilds, dont tous les membresse promettaientappui et célébraientpar des festins leur union, placée sous le'patronage d'un dieu ou d'un héros,ce qui valaitaux membresdela ghildele nomde frères du banquet.Lesdeuxinstitutions, se mêlant, formèrentles corporationsdu moyen âge. Charlemagneles défendit; le synodede Rouen, en 1189,les prohiba mais elles étaient trop une nécessitéde ces tempsde violencepour ne pas braver toutes lesdéfenses.Les communesavaientgaranti la liberté des personnes;les corporationsassurèrentcelledu travail.Lesmembresd'une corporationtrouvaienten effetappui les uns dansles autres, secourspour les vieillards,les veuves, les orphelins. Chacuneavaitun saint pour patron, ses fêtes, sontrésor. Leschefs,syndicsoujurés,prévenaientles fraudes et veillaient à l'observationdes règlements.Cesrèglements exigeaientun apprentissagelong et sévère, et assuraientaux membresde la corporationle monopolede leur industrie; de sorteque, pour chaqueprofession,le chiffredes maîtresétait fixépar la corporationelle-même.Il résultaitde là qu'il n'y avaitpoint de concurrence,et que les prix étaientmaintenus à un tauxélevé.Maiscette disciplinesi sévèreétait nécessaire à l'industrie naissante.Plus tard les corporationsdevinrent une gène au moyenâgeelles étaientune nécessité.La bourgeoisieestsortiede là. Nousavonsencoreles règlementsque saint Louis fit rédiger pour les corporationsde Paris. Les chefsde métieravaientla policede leur corps,un certainmaniement de fondset mêmeun pouvoirjudiciaire, maisaussi ils furent responsablesdevantle prévôtdes désordrescommis 8-i seinde leur corporation. de Ala Bibliothèque desmanuscrits ourpapier impériale 4. Onconserve siècle. ouonzièinè colon,duâUiènta


AUXII»ETAUXHI'SIÈCLE.355 £«ACIVILISATION état

des

défaut de eéeovlté. campagnes; «« la leitee de ohorag©.

Ees Jnlte

Les corporationsdonnaientquelque sécurité l'industrie des villes, mais l'agriculture en avait bien peu. Les forêts, leslandescouvraientdevastesespaceset ce n'était qu'autour desvilleset des bourgsfermés, autour des châteauxforts et des monastères,qu'on trouvaitdes terres bien Cap cultivées. le laboureurn'osait s'aventurerdansla campagneloin de tout lieu de refuge.Crespyen Valoisoffreun curieuxexemplede, ce qu'étaientalorsbeaucoupde Villes.Elleavaitun longfaubourg dontelleétait séparéepar une lignefortifiée,et le faubourg lui-même était couvert par une enceintepalissadée. Les bourgeoishabitaientla ville le faubourgservaitdurant l'hiver de retraite aux paysans, avecleur bétail et leurs instrumenta d'exploitation;dans les autres saisons, dès que quelquepéril se montrait. Ils n'avaientaux champs,pendant les travaux, que deshuttes commecellesque nos bûcherons élèventencore dans les grandes forêts. On a vu que telles étaientaussiles villes.allemandes. Si le paysanprenaitde telles précautions,que n'avait pas à craindrele marchand?aussipayait-il, outre les droits de douanelevésaux portesdesvilles, un droitd'escorteà chaque seigneur dont il traversaitles domaines,pour être garanti contretouterapine.Les négociantspar eau étaientégalement soumisà bien des exactionset en particulierau droit odieux d'épave.Quandun naufrageavaitlieu, les seigneursriverains s'appropriaienttout ce quela mer rejetait « J'ailà une pierre plusprécieuseque les diamantsqui ornent la couronnedes rois, disait un seigneurde Léon, en Bretagne,en montrant un rocherfameuxpar les naufragesqu'il avaitcausés.Et l'on ne se faisaitpas fauted'aider à la colèrede l'Océanen attirant par de fauxsignauxles naviressur les écueils. Les rois essayèrentbien de renouveler un capitulaire de Charlemagne'qui obligeait les seigneursprenant péageà entretenir les routeset à garantir la sûreté des voyageursdepuisle soleil levant jusqu'à» soleilcouchant.Mais dans le


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CHAPITRE XXIIÎ.

vrai moyenâge, ils furentrarementen étatdo se faireobéir. Un autre fléau pourle commerceétait la diversitéinfiniedes monnaies.On en trouvaitrarementdela bonne,et, à chaque fief,il en fallaitchanger,toujours à perte. En France, saint Louisordonnaque la monnaiedes quatre-vingtsseigneurs, qui avaientalorsle droit d'en frapper, n'aurait pas courshors de leur terre, au lieu que celle.de la couronneserait reçue par tout le royaume;c'étaitun pas versl'abolitiondela monnaie seigneuriale,et ce fut un grand bienfaitpour le commerce. L'Église interdisant Je prêt, à intérêt, les usuriers pullulaient. C'étaient ordinairementdes juifs qui ne pouvaient faireque ce commerce,car on leur interdisaittous les autres. Delà une des causesgénéralesde la hainecontreeux. Aussi pour cacherleurs richesseset en même tempspour les faire circuleraisément,ils inventèrentou, si l'inventionest due è des banquiersitaliens,ils employèrentdes premiers la lettre de changequi supprima la distanceentreles capitaux,comme de nos jours la vapeur a supprimél'espaceentre les peuples. Dansla dernièrepartiedu moyenâge, les banquierslombards et caborsins(ceux-civenaientdumididelaFrancequi s'était, comme l'Italie, fort enrichiparis commerce)firent concurrence aux juifs, d'autant mieux qu'ils n'étaient pas exposés commeeux à être mis en coupesréglées. Lefanatismepersécuteurdu moyenAgen'a pas seulementcauséà ce malheureuxpeuple d'abominablesdouleurs,il luia inoculétous lesvicespar lesquels il essayade se venger de ses oppresseurs.L'histoire desjuifs avantet depuis1789est un curieux et mémorableexempledes résultatscontrairesqu'obtiennent l'iniquité et la justice. Offltollee&ael aPeosff&o «rafoerattéa,oeolastiqrae,œateollo@8e, atehlmte,ûoeelesa. Avecplus d'ordredans l'État, plus de travaildansles cités et d'aisancedansles familles,devaientnaîtred'autres besoins, geùxdo l'esprit. Les grandes choses qu'on avait faites, les chosesnouvellesqu'os avait vuesavaientdonnéune heureuse


LA CIVILISATION AU XU« ET AU XIII0 SIÈCLE.

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secousseaux intelligences,et, commel'industrieet le commerce, les lettres et les arts prennent alorsun magnifique essor.Les écolesse multiplient,les étudess'étendent leslittératuresnationalescommencent de grands nomsapparaissent Albertle Grand, saint Thomas, Roger Bacon, Dante. Sansles guerres affreusesdont le quatorzièmesièclefut désolé,c'est du treizièmequ'on aurait daté la Renaissance. H y avait peu d'abbayes importantesqui n'eussent une école,et ona vu,par l'exemplede la France(p. 250-1), combien les abbayes étaient nombreusesen Europe. Mais le besoinde s'instruiredevenaitsi général, que cesécolesmonastiquesne suffisaientpas. D'autres s'ouvrirentdans toutes lesgrandesvilles. La pénurie et le haut prix des livresrendaient nécessairel'enseignementpar la parole. Dès qu'un maîtrecélèbreélevaitquelquepart une chaire, les élèvesaccouraienten feule. QuandAbélard, par exemple,parlait en pleinair, sur le penchant de la montagneSainte-Geneviève encorecouvertede vigneset de fleurs, desmilliersd'écoliers se pressaientpour recueillirses paroles.Mais au moyenâge tout prenait la forme d'une corporation.Des maîtres et les discipless'associèrentcommeles artisanset formèrent,sous le nom d'universités,des corpsqui eurentdes privilégesétendus. La plus fameuse fut l'étude de Paris (on ne se servit qu'en 1250du nom d'université),qui, constituéeen 1200, reçut sesstatuts du cardinal-légatRobertde Courçonquinze ans plus tard, et servit de modèleà beaucoupd'autres. Telle était sa renomméequ'ellevoyaitvenirà elleles étudiantsde tout pays, car la languequ'on parlaitdansles écoles,le latin, était au moyenâge lalangue universelle.Elle était diviséeen quatrefacultés de théologie,de décretou de droit canon, de médecineet des arts; la dernièreenseignaitla grammaire,la rhétoriqueet la philosophie,c'était le Irivium; de plus le quadrivium, ou l'arithmétique, la géométrie, la musique, l'astronomie.Le droit romainétait étudié principalementà Orléans;la médecineprincipalementa Montpellier.La Faculté des arts élisait le recteur auquel les autres facultés obéissaient. Les plusillustresetles plus ancionnes,aprèsoellede Paris


CHAPITRE XXI3Ï. 338 furentles universitésde Montpellieret d'Orléans,enFrance; d'Oxfordet de Gambridge,en Angleterre.; dePadoue, en Italie de Salamanqueet de Coïmbre,en Espagne, toutes fondéesau treizièmesiècle.La plus ancienneuniversitéallemande,celle dePrague, ne date que de 1348. Des privilègesconsidérablesy attiraientles étudiants.Celle de Paris comptaitquinzeou vingt milleécoliersqui n'étaient point soumisà l'autorité des magistratsde la ville, qu'on ne pouvaitarrêter pour dettes,et qui bien souventtroublaientla citéde leurs querelleset de leurs débauches,mais du milieu desquelssortirent, an treizièmesiècle seulement,sept papes et un grandnombrede cardinauxet d'évèques,sans compter beaucoupd'hommesillustresqui étaientvenuss'asseoirparmi ies écoliers de la rue du Fouare et gravir a la montagne sainte de la science.» Depuisla chute de l'empire romain, la sciencaétait restéeauxmainsdu clergé, et n'était donnée qu'à ses seuls membres; les universitésla sécularisèrent. Cellede Paris, malgréson surnomde filleaînéedesrois etde citadelle de la foi catholique,aura bientôt, dans toute la chrétienté,une autorité moraleassezgrande pour forcer plus dune foislesrois et les papes à compteravecelle. Le moyenâge, dans sa foi profonde,resta longtempssans demander à d'autres cu'à ses théologiensla solution des grands problèmesque l'âme agite toujourssur elle-mêmeet sur Dieu. Cependantcette curiosités'éveilla,et de ce jour la philosophie,éteinte depuissix siècles,reparut, maisavec un caractèretout particulier qui lui a valu un nomspécial, la scolastique. Saint Anselme, au onzièmesiècle, écrività la prière des où il fait la suppositionhardie moinesdu Bec son Monologue, d'un hommeignorantqui cherchela véritéavecla seule as» sistancedes lumièresnaturelles.La raisonn'y est que l'humble servantede la foi, car o'ostdansle but uniquede prouver les véritésreligieusesqu'Anselme employaitles.procédésde raisonnementdont Ariatote s'était servi pour la découverte des véritésscientifiques.Plus tard, quand les juifs espagnols traduisirentde l'arabe en latin un grand nombre d'ouvrages d'Anatolequo l'Âgeprécédentn'avait pas connu»,car on n'a»


LA CIVILISATION AU XII" ET AU XIIT SIECLE.

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vait possédélongtempsque diversesparties de VOrganon,le treizièmesièclefat commeéblpuide cesnouvellesrichesses, et le Stagiriterégna souverainementdans toutes les chaires de philosophie.Malheureusementl'étude persévérantede ses premierslivresmal comprisavaitjeté l'esprit du moyenAge dans une voied'où il eut peine à sortir. On réduisit toute la scienceà l'art de raisonner, et on plaça l'évidencedans tout syllogismequiparaissaitrégulièrementdéduit.La scolastique ne fut donc point un certain systèmede philosophie,je veux dire.un seul corps de doctrinessur les grandesquestionsqui nousintéressent; ellefut bienplutôtune certainemanièrede dissertersur toutes les questions, en partant de prémisses qu'on recevaittoutesfaitesou qu'on posaitsoi-mêmesans en vérifierau préalablela justesse.Aussi,aucuneidée n'en sortit quiagit sur le monde.Elleresta unesortede gymnastique intellectuelleoù le prix de l'effortn'était pas la découverte d'une vérité,maisla victoiregagnéedans de&combats de mots, à l'aide de subtiles ou ridiculesdistinctionset d'un langage barbare que les initiés seulspouvaientcomprendre.Onperdit à ces disputesbeaucoupde temps et d'efforts pourtant l'esprit s'aiguisaet se fortifiadans ces luttes; l'instrumentfut i préparépourdes étudesplus sérieuses. Ledouzièmesiècleavaitretenti des grandes querelles des réalisteset des nominauxde Roscelin.et de saint Anselme, de Guillaumede Champeauxet de son plus fameuxdisciple, Abélard,qui vainquit son maître. Abélard,plus célèbreaujourd'hui par ses amoursque par sa science,produisit, dans la querelledes nominalisteset des réalistes,une opinionnouvelleet conciliatrice,plus rapprochéede la vérité cellequi refuse aux idées générales^'existencehors de nous, maisqui la leur accordeen nous commeconceptionsde notre esprit. Commeil avait osé appliquer la dialectiquepure aux choses de la foi, il fut foudroyépar saint Bernard, comme "avait été Jean Scott au neuvièmesièclepour Je mêmemotifpar le pape Nicolas. « Qui es-tu? a'éorie l'apôtre.Au douzième siècle, qu'apportos-tu do meilleur? Quelle subtile découverteas-tu faite?. Dis-nousdonc quelle est cettechose qui t'apparalt 3 toi et qui n'apparut à personne auparavant.


SCO

CHAPITRE XXIH.

Pour moi, j'écoute les prophètes et les apôtres,j'obéis à l'Évangile.Et si un ange venait du ciel pour nous enseigner le contraire, anathèmesur cet angelui-même1La lutte de la raison et de l'autorité éclataitavecsa violencoordinaire. Les deux grandesvcix du philosophebreton et de l'orateur bourguignonremplirentle douzièmesiècle. Le premier, né en 1079,mourut en 1141 le second, né en 1091,mourut en 1153. Autreizièmesiècleretentirentles longsdébatsdel'Écossaia Duns Scotet de l'Italien saint Thomas,qui tous deuxétudièrent et enseignèrentà Paris avecun succèsimmense,partagèrent entre eux l'écoleet la chrétienté,et agitèrentencore tout le quatorzièmesièclepar les disputesde leurs partisans, les Scotisleset les Thomistes.Saint Thomas d'Aquin fut la plus parfaite expressionde l'idéalismeen scolastique. Sa Sommethéologique,demeuréeinachevée,est un monument immense,où il s'est proposéde consignertout ce qu'onsavait sur les rapports de Dieuet de l'homme. Ils avaientété précédés dansl'écolede Paris par l'AllemandAlbert le Grand, qui fut ensuiteévêquede Ratisbonne,et à qui sonsavoir valut la réputation de magicien,par l'Anglais Alexandre de Halos, « le docteurirréfragable»et l'oracledesFranciscains, enfin par le FlamandHenri de Gand,a ledocteursolennel.» Après ces grandsnoms, on peut encoretaire une place à Vincentde Beauvais,chapelainde saint Louis, sinonpour la force de son esprit, du moins pour l'intérêt que nous offre l'encyclopédiequ'il traça des connaissancesde son temps, Speculummajus, cbmmePline l'avaitfait pour les connaissancesde l'antiquité. Il faut cependantse hâter de dire qua jusqu'au treizièmesiècle le moyenâge a' vécudes débris du savoirantiquesansy rienajouter. Albert le Grand commença à rentrer dans les voiesde l'observationpour l'étude de la nature physique;maisl'inventionne se montrequ'avecl'An» 1 glais RogerBacon,moinefranciscainqui étudiaaussià Pari», et découvritou du moinsexposadanssesécritsla composition de la poudre à canon, du verre grossissant, de la pompe à air. Il avait reconnula nécessitéde refaire le calendrier,et tes réformesqu'il propdsasont précisémentcelles qui furent


Là. CIVILISATION AU %na ET AU XTO" SIÈCLE.

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adoptéessous GrégoireXUI. 11y avaitduKepler et du Descartes dans ce moine qui osait écrire: a Nousavonstrois moyensde connaître: Fauloritè, qui, s'imposant à l'esprit sansl'éclairer, fait croire, maisne fait pas comprendrele raisonnementoù l'on ne peut distinguer le sophismede la démonstrationqu'en vérifiantla conclusionpar l'expérience et la pratique; enfin l'expérience qui est le terme de toute spéculationet la reine des sciences,puisqueseuleelle certifie et couronneleurs résultats.» Aussine faut-il pas s'étonner que, malgré sa foi sincère, ce précurseurait eu le sort de tous ceuxqui regardenten avantde leur siècle:Baconpassa vingt-quatreannéesdans les prisons de son ordre ou sousla persécution il mourutvers 1294. L'Espagnol Raymond Lulle développa aussi à Paris, a dansla cité,des philosopes,» scaArs magna, puissantmais vain effortpour tracer une classificationdes scienceset construire une sorte de machinea penserqui stérilisaitl'esprit. Mais, par une vicissitudeque présentesouventl'histoire de l'esprit humain, cegrand treizièmesièclen'est pas écoulé que déjà, las de ces interminablesdébats métaphysiques'et de cesargumentationsqui n'avancentpas, les uns se jettent, avec Simonde Tournay, dans la négationde toute certitude; les autres, avecsaint Bonaventure,dansles nuagesdu mysticisme. Un des

travers

de cet

âge fut l'astrologie; et ne s'éteindra qu'au

il va croissant

seizième siècle jusqu'au dix-septième. Les astrologues lire dans les astres les destinées prétendaient Une autre folie était celle des alchimistes de la vie humaine. là pierre philosophale, c'est-à-dire qui cherchaient lesmoyens des métaux. de faire de l'or par la transmutation Ces rêveries n'en conduisirent découvertes*. pas moins à d'heureuses Quel4. Les alchimistes croyaient que les minéraux étaient doués de vie comme les végétaux, et qu'ils se développaient an sein de la terre par des combinaisons nouvelles, entre leurs, éléments constitutifs, o'élevanl sans cesse de l'état imparfait à l'état parfit, convergeant tous à l'or, le métal par excellence. Ils concluaient logiquement de ce faux principe qu'on pouvait aider au travail de la nature et que la science trouverait le moyen de transmuer les métaux, du jour où elle aurait trouvé la substance nécessaire pour accomplir le phénomène, la pierre philosophale. Le grand Mixt'r, qui devait donner de l'or, des diamants. infime la santé et la vie de Hallmsalem, fut introuvable i


368

OHAPlïttiâ3DOII.

ques astrologues,à force de regarder le ciel, en vinrentà y chercherlesois dumouvementdes astres; les alchimistesne trouvèrentpas d'or dansleurs creusets, mais des corpsnouveaux, ou, chemin faisant, quelquepropriété nouvelledes corpsdéjà connus.Ainsifurentdécouvertsl'art de la distillation des sels, des acides énergiques, les émaux,les verres convexes,donton ferales lunettes. Je viens de parler de la poudre à canonque les Arabes connaissaientdéjà et de la boussolequi nousvintpeut-être par eux, dela Chine. Puisque nous parlonsdesaberrationsde la science,il faut parler aussi de cellesde l'esprit. Les sorciers pullulaient. Beaucoupde ces malheureuxcroyaient fermementêtre en rapportavecle diable, et nombrede fousqu'il eût fallu guérir furent envoyésau bûcher. aUtéoafnres

matlonalea.

A mesureque le moyen âge avançait, l'individualitédes nations se dessinait davantage. Longtempsla vie intellectuelle s'était presqueexclusivement renferméedansla société religieuse et expriméedans la langue universelle, le latin. Maintenantla sociétélaïque allait, à son tour,penser,parler, écrireen autantd'idiomesqu'il y avaitde nations. Déjàchacune avait le sien, non plus seulementparlé par la foule, mais,pourplusieurs,élevéà la puissancelittéraire, et détrônant cette languelatine jusque-là senle réservéeaux grands objetsde la vie humaine. au commencementdu treizièmesiècle, on ne Cependant, voyaitencore que trois littératures constituéeset activesen Allemagne, dans le nord et le sud de la France, la dernière ayant précédéles autres et leur servantde modèle.C'étaitla littératurede la langue d'oc, dit aussi provençale, qui délespremières denoimétaux maisondoitauxalchimlsles usuel» descriptions l es etles et desprincipaux laboratoires musagedans composés pharmacies; le l'alcali le(oie de et «outre bismuth, volatil, beaucoup decoml'antimoine, le le d escouleurs miuéralesit posésmereuriels, l'oxygène,phosphore,zinc, etlacoupellalion tapunticalion végétales, desmétaux précieux, l'introduction et lesAlchienmédecine desmédicaments metaUigoss. (VojczVAlchimie mistes, parM.L.Figuier,1866.)


LA CIVILISATION AU XIF ET AU XIIIe SIÈCLE.

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bordapar-dessusles Pyrénéessur l'Europe chrétienne, par» dessusles Alpes sur l'Italie entière, et réveillala muse endormie aux bords de l'Èbre commesur ceux du Pô et de l'Arno. Brillante, sonore, harmonieuse, pleine d'imageset de mouvement, elle fut par excellencela languedes chants d'amour et .deschantsde bataille. Bernardde Ventadour, Bertramde Bom, RichardCoeur de Lion la manientavecune vervedigne de Tyrtée. Bertram de Bom surtout aiguise ses tensonscommedes épées qui éblouissentet qui frappent la passionde la guerre y respire danstout son feu. Cettelangueméridionale,oùa passé quelque chosede l'accentarabe, s'emploieaussiavecsuccèsdans les cours d'amour, à juger ces procèsdélicatssoumisà l'ingénieuxtribunal des noblesdames. Maisla grandeurcroissantede la Francedu Nord donnaà son idiome la prépondérance.Nos Normandsle portèrent dans l'Italie méridionaleoù il ne prévalutpoint, et en Angleterreoù il s'établit pour trois siècles;nos croiséspartout. Il devint la langue de la législation c'était celledes Assises, ou lois du royaume de Jérusalem et des établissementsde saint;Louis.Villehardouin,l'historien de la quatrièmecroisade, Joinville, le biographe de saint Louis, l'avaient déjà écrit, et nouslisonsencoreleurshistoires. Un Vénitien,traduisanten françaisune chronique de son pays, en 1275, s'excusait de le faire en disant que la langue française « court parmi le monde et est plus délectableà ouïr que nulleautre. » Dixans plus tôt, BrunettoLatini, le maître de Dante, écrivaiten françaisson Trésor, a parceque 1&parlure de Franceest plus communeà toutesgens et plus délitable. « Ainsidans le mêmetempsqueParis attirait, par l'éclat de son école,les esprits émmentsde la catholicitétout entière, la languevulgairequelesdocteursdédaignaient,étendaitellemêmeson empirebienau delàde nos frontières.Il faut même ajouter que le génie français,qui a été si souventaccuséde stérilitéépique versaitalors tous les pays voisinscomme un flotde grandepoésie. Les troubadourss'étaienttus depuis que la croisadedes Albigeoisavaitnoyé dans la sang la civi-


964

CHAPITRE XXIII.

lisationde la langue d'oc, et on n'entendait plus les virils accentsde Bernardde Ventadourou de Bertramde Born, ni les mollescanzonesdes auteursde jeux partis'. Maisau nord de la Loire, les trouvèrescomposaientencoreles chansonsde gestes,véritablesépopéesqui étaienttraduitesou imitées par l'Italie, l'Angleterreet l'Allemagne.De sorte que. noussommesen droit de dire qu'au treizièmesièclela dominationintellectuellede l'Europe appartenait incontestablementà la France. Cependant les cycles épiques s'épuisent: l'époque héroïqueest passée. RobertWace, a clercde Caen,» compose, vers 1155, le Brut, fabuleusehistoiredes rois d'Angleterre. Chrestiende Troyes, qui écrit après 1160, délayeet affadit, dans un long poëme en vers de huit syllabes la légende du roi Arthur, tandis que la mêmefable reçoit d'une autre école de poètes une tournure religieuse avecl'histoire du saint Graal. C'est le tempsmêmequi sereflètedans ce poëme avecsa doubleface, chevaleriegalante et dévotion.L'inspiration naïvede la chansonde Rolandest perdue on raffine, oncherchedu neuf, ou fouilledans lesauteurs anciens.L'histoire d'Ulysse, celle des Argonautes,empruntée à la ThéLaidede 8tace,fournissentdes récitsqui nepeuventmanquer de plaire à tous ces Ulysseschrétiens que la croisadeenvoie aussi en Asie. La guerre de Troie, Médéela magicienne, Alexandreattirèrent les trouvères de cette époque. Déjà même l'imitationdes anciensapparaît dans leur style. Ainsi se dénaturel'épopée et s'opère la transition entre ce genre primitifet les genres qui appartiennentà une civilisation avancée.L'épopée se dédouble: ce qui est en elle peinture des passionsdonne naissanceau roman allégorique;ce qui est récit, à l'histoireen prose. C'est l'analyse et la vérité qui prennentla place de l'inspirationspontanéeet poétique. t. Onappelait lestroubadours oales jeuxpartislesdéfisque8efaisaient court trouvères surdiverses làlesouvenir deces De degalanterie. questions

if amouroù Bf>discalaient, dit-on, devant de nobles châtelaines, les procès tes plus délicats, les causes les plus raffinées. Cet courir d'autour n'ont été qu'une fiction des postes pu on jeu de quelques nobles dames, mais jamais unis institution sérieuse et durable. (Voy. Histoire littéraire de la Fiance, xxav vol.)


LA CIVILISATION AU XJP lï

AU XIII0 SIÈCLE.

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Guillaumede Lorris, qui mouruten 1 260 commencele fameuxRomande la Rose,où les personnagessont des abstractions, Raison, Bel-Accueil,Danger, Félonie, Bassesse, Avarice. Jean de Meung le continuerapinstard,après une transformationnouvellequi donnera naissanceà la satire. Déjà naît le fabliau, qui dérive, sanstrop de différences,du roman tel quenousvenonsde l'indiquer; lesanimauxentrent en scène pour y jouer le rôle, soit de telle passion, soitde telle conditionsociale, et le romandu Renard, tant développépar la suite, fait son apparitionen 1236; c'estla comédie du temps.Déjà aussile poèten'est plus cetrouvèreerrant de châteauen château le voicià la meilleureécolede comédie, la mansarde et le grabat. Rutebœufnous offre le premier type du poète de professionque son métiern'enrichit guère; qui toussede froid et bâillede faim; et pourtant, au milieude cettemisère,gai, hardi et mordant,il écrit sur tout sujet avecun style franc et libre, qui annonceVillon. La langueest, dans sa bouche,forte et pratique; plus douce et plus tendre que celle de Guillaumede Lorris; ou sur les lèvres du fameux comtede Champagneet dans les lais de Mariede'France. Je note quelques motsharuis dans ces vers. Les auteurs duRomande la Rosene craignentpas de dire aux nobles: Queleur corpsne vautunepomme Plus que le corpsd'uncharretier. C'estmêmeavecassezd'irrévérencequ'ilsparlentdèscom. mencementsde l'autorité royals Un grand vilain entre enlx eslurent, Le plus corsu de quant qu'ils forent, Le plus ossu et le greigneur (le plus grand) Et le firent prince et seigneur. Cil jura que droit leur tiendroit Se chacun en droit soy. luy livre Des biens dontil se puissevivre.

Ceshardiessesrépondent à la sourde haine qui couve dans le cœurdesmanantset qui éclateraavectant deforeurau


866

CHAPITRE XXin.

milieu du siècle suivant, avec le sauvagesoulèvementdes Jacques. n ne faudraitpourtantpas faire de ces libres conteurs do précocesrévolutionnaires.Ils sont la presse de ce temps-la, un échode tousles bruits et on trouvedansleurs vers comme du jour, de toutesles émotionsde la foule.Maisse gausser et rire, voilàleur grande affaire.Ils jouent même avecce qu'ils respectentle plus, l'Église, ou ce dontils ont la plus grande peur, l'enfer. Je pourraisciter de curieuses prouves de ces naïvestémérités; j'aime mieux donner le conte du Vilainquiconquistparadis par plaid, et où se trouvece bon sens, ce rude sentiment de l'équité qui relèveront Jacques Bonhommede sa déchéance,a Unvilain meurt sans que diableni ange s'en inquiète; mais son âmeen regardant à droite vers le ciel, aperçoitl'archange saint Michelconduisant un élu, et le suit jusqu'au paradis.Saint Pierre, après avoir laissé entrer l'élu, repousse, en jurant par saint Guilain, l'antre âme que personnen'a recommandée. « Beau a sire Pierre, dit l'âme éconduite Dieu s'est bien trompé a quand il vousa fait son apôtre, et ensuitesonportier, vous « qui l'avez renié trois lois. Laissezpasser plus loyal que a vous.» Saint Pierre, très-honteux,vientse plaindre à son confrèresaint Thomas, qui essaye à sontour de faire vider le paradis à l'insolent. Nouvelleboutadedu vilain: «-Tho« mas,dit-il, c'est bien à toi de fairelefier, lorsquetu n'as « voulucroire à Dieu qu'après avoir touché ses plaies. » Saint Thomasa recoursà saint Paul, qui s'attire, en voulant se mêler de cette affaire, cette autre vérité: a N'est-ce pas vous, dom Paul le Chauve,qui avezlapidé saint Etienne, a et à qui le bon Dieu a donnéun grand soumet» Pierr", Thomas, Paul, n'ayant rien a répondre, s'en vont porter leurs plaintesà Dieu lui-même, devantqui l'accusé, le serf affranchiparsa parole, sejustifie. etle vilain gagnesacause devantla justice divine*. » Un autre jour il la gagnera devantla justice humaine. Ce qui en littérature est particulier au treizième siècle, dela France, 4.LeClerc, Histoire littéraire t. XXIII, p. S19.


AU X1TET AU'XDI*SIÈCLE. 36? LACIVILISATION pour la France, c'est l'apparition de la prose. Nospremiers prosateursne sont pas, bien entendu écrivainsde métier, maisdeux seigneurs illustres, tous deux mêlés aux événements qu'ils racontent.Geoffroyde Villehardouin,maréchal de Champagne,nousa laissé l'histoirede la quatrièmecroisade, la Conquêtede Constantinople,où l'on se souvientde l'avoirvu figurer. D écrit en soldat, avecun style fermeet bref, non sans une certaineroideurmilitaire il ne compose guère, il va droit devant lui, d'assauten assaut, avecune courteexclamationlorsqu'ilrencontrequelque objet qui;l'étonne. Le sire de Joinville,égalementChampenois,montre danssesMémoiressur la septièmecroisade,plus de souplesse de style et plusde fmessed'esprit; il observe,réfléchitetcause volontiersde tout, de ses propressentimentsaussibien que des faitsde guerre.C'estdéjàFroissart,maistel que le pouvait être le conseiller,l'ami du pieuxet excellentLouisIX. Lalittératureallemandebrillaaussi sousles Hohenstaufen d'un vif éclat, mais qui nefut, en partie, qu'un refletde la France. Ces princes, poèteseux-mêmes,aimèrentet honorèrent la poésie. De leur cour, le goût s'en répandit dans cellesdes seigneurs,et l'on vit, ainsi quenos trouvères,errer dechâteauen châteaules poêlesde la Souabe.C'estde cette partie de l'Allemagneque la plupart sortirent, commeSchiller en est venu, et c'est del'idiomede cette provinceque la poésieallemandese servit d'abord.Parfoisils se réunissaient pour des joutes littéraires, commecelle de Wartbourg, en 1207,où assistaWolframd'Eschenbach,le plus fameuxdes minnesinger.Manessede Zurich réunit, au commencement du treizièmesiècle, leurs œuvreséparses ils étaient plus de cent trente. Lescaractèresde la littératurefrançaisese retrouventdans cette littérature allemande.Les deux mêmes genresy dominent,l'épique et le lyrique.Pour le premier, ils cherchent surtoutleurs inspirationsde ce côté-cidu Rhin. Ce sont des épopéesqu'ils traduisentou imitentdu Cyclede Charlemagne et de la Table<-Rond6l, commele Tilurclet le ParcivaldTàschent»Voj.cl-dosaua, p. 367»

·


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CHAPITRE XXIII.

bach, le Tristan de Gottfriefde Strasbourg, et Iwein de Hartmannvonder Aue. Les poésieshéroïques,qui appartiennenten propreà l'Allemagne, étaient nombreuses,mais beaucoupont péri. De celles qui ont été conservées,les unes sont fondéessur les et à celles-làappartiennent: traditionsgothiques-lombardes, le roi Rother, Omit, HugdietrichetWolfdietrich,la Fuite de Dietrich, la Bataillede Ravenne,la Mort d'Alphart,le petit Jardin de roses, le géant Siegenot,les Combatsde Dietrich de Berne et de ses compagnons;les autres proviennentde chroniquesfrançaiseset bourguignonnes,liéesauxchroniques gothiques-lombardes;tels sont le beau poémedesNiebelungen, que les Allemandsappellent leur Iliade, Gudrun, le grandJardin de roseset Biterolf. Entre les maîtres du genre lyrique., les minnesinger (chanteursd'amour)et les meistersinger(maîtreschanteurs), la différenceétaitassez sensible.Les uns et les autres s'inspiraient à la vérité de la poésie provençale mais l'esprit les chants délicat,poétiqueet chevaleresquequi a immortalisé desminnesingertut toujoursétrangerauxmaîtreschanteurs. De purementlyrique, le, poésie devint satirique, attaquant vivementles princes et les nobles; puis morale, didactique, allégorique la fable apparaît vers le milieu du treizième siècle.La Pierreprécieusede Bonerius,recueilde centfables; est de la fin de cette période. Quant à la prose, plus lenteà se développerquela poésie,.elle n'offrealors que trois monuments importants:/deux de législation, le Miroir de Saxe, composéentre 1215et 1218par le chevaliersaxonEike de Repgow,et le Miroirde Souabe; un d'éloquencereligieuse, les sermonsdu franciscainBwthold dans la secondemoitié du treizièmesiècle. Aima

0i'e1l"Coot\uli'e 06ftl1W1ia.

J'ai précédemmentnoté (p. 258)les tentativesfaitespour trouverune architecturequi répondîtmieux que cello do la Grèceet de Romeà la foiardentedes populations,en même tempsqu'aux exigencesd'un climat à qui ne convenaient


LA CIVILISATION AU XIP ET AU XIII8 SIÈCLE,

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pointles toituresplatesde l'Orient, et à cellesd'unculte qui admettaitdans l'enceinte sacrée tout le peupleque le paganismelaissaiten dehorsdu temple. Le treizièmesièclemarque le triomphede l'architecturesi improprementappeléegothique. Ce qui la caractérise,6!est l'ogive. Cette figure, qui ne s'est jamais et en aucun pays employéeavecla profusionet l'importancequ'elle a reçues dans l'Europe occidentaleau moyenâge, a été attribuéed'abordaux Goths,d'oùson nom, ensuiteaux Arabes, et tout aussifaussement.Sansdoute,4es pèlerins,dont beaucoupétaient des ecclésiastiques,rapportèrent de leurs voyagesen Orient desimpressions,et des souvenirsqui laissèrentleurs traces sur les édificeschrétiens nombred'églisesétaientbâties-sur le plan de celle du SaintSépulcre,les mosaïques,les couleurs alternées paraissent aussiune importationd'Orient. Mais pour l'ogive,si on la voitdansle stylearabe, on la voitaussi dansle byzantin;elle est de tous les temps et de tous les pays,depuisle tombeau d'Atréeet les portesdesvillespélasgiquesen Italie, jusqu'aux constructionsdes sauvagesde Nubie et d'Amérique.C'est simplementun procédéélémentaireet facilede suppléerà la voûtecintrée,qui exigebien plus de précisionque de science. Grossièreet irrégulièred'abord, l'ogivene devint monumentaleque peu à peu, par un progrèsnaturel, par l'épuration do seslignes,par leursjeux variés,par les colonnetteset les nervuresdontelle s'orna.Ellese prêta d'ailleurs merveilleusement,commedessinde voûte,au mysticismedes peuples chrétienset aux élans passionnésde leurs âmesvers le ciel ainsi s'élançaitla gerbe de colonnettesgothiques,droite, hardie, effrayantede légèreté,,et d'autuntplus haute, en apparence,que la voûte ogivaleétait moins ouverte.Ce n'est pas dansle midi, plus formaliste,plus romain,c'est dans le nord, plusmystique,que le gothiquese répandra et atteindra sa perfection,etc'est là, ceme semble,encoreune preuveque le gothiquene vientpasdes Arabes, au moinsde ceuxd'Espagne, qui l'eussentévidemmenttransmisaux Françaisméridionaux,avantde le faire parvenirjusqu'à ceuxdu nord. Le nouveau style, né au nord de la Loire, passa la met. nn naît ekaoe

94


3:70

CHAPITRE

XSni.

Manche,le Rhin et les Alpes^et des Coloniesd'artistesfrançàis le portèrent h Cantorbdry,à Utrecht,è4\îilaa, à Gologne, Strasbourg et à Batisboaue, mêmeen Suède. Uhq statuairegrossière, maisaaïve, décoraitles portails,les gaî©° lies, les cloîtres, et la peinture sur verremit,pour prodmre de magiqueseffets dans ]es vitrages,des gecretaquobous ve= aoss k peiné de retrouver.Les pointos ea minmtures qui ornaientles misselset les livresd'heuresbousonfcaussilaissé" ï dedélicieuxchefs-d'œuvre. L'Italien Cimabud,le maîtreda Giotto, commença dansce siècla,à Florence,la restauration de la peinture.Mais c'est au quinzièmesiècleseulementque les grands maîtres de là Flandre pségtarèroatunereVoktioadanscet art»


Originalen goûteur MFZ 43-1tD-a



PREMIÈRE PÉRIODE DERIVALITÉ.

LIVRE

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Vin.

RIVALITÉ DELAFRANCE ETDEL'ANGLETERRE. (1066-1453.)

CHAPITREXXIV. PREMIÈRE PÉRIODE DE RIVALITÉ $ LESROIS ANGLAIS PERDENT LA MOITIÉ DE lEIJRS FIEFS FRANÇAIS (1066-1217). Louis le Gros (1108-1137); Guillaume II et flenri 1" (1087-1135).– Louis VU (1137-1180)en France; Etienne et Henri II (H35-1I89) en Angleterre.– Abus de la juridiction ecclésiastique. Thomas Becket (1170).– Conquêtede lIrlande (1171); le roi de France soutient les révoltes des fils des rois anglais (1173). Caractère nouveau de la royauté française au treizième siècle Philippe Auguste (1180)et Richard Cœur de Lion (1189).– démêlésde Philippe Auguste et de Jean sans Terre; conquête de la Normandieet du Poitou (1204).– Querelle de Jeat. sans Terre avec Innocent M (1207) La grande charte (1216X. aoûts le osfoo (flflQQ-flflaa);snMiatume hh et œencl a« (a®@s-a«8S). l'histoire du moyen âge, il y a, si j'ose dire, des exclusivement à cette, époque, questions qui appartiennent qui y naissent et qui y finissent. Ce sont toutes celles que j'. ai Bans


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XXIV. CHAPITRE

traitéesjusqu'à présent, les invasions,Charlemagne, et en dernierlieu la féodalité,la lutte des papes et des empereura allemands,les croisades,enfinl'état socialqui résulta de ces mœurset de ces institutionsparticulières. Il y en a d'antres, an contraire,qui, bien quenées en plein moyen âge, sont, de leur nature, des questionsmodernes,et ont fait jusqu'à nosjours la vie de l'histoire.Tels sontla rivalitéde la France et de l'Angleterre,et d'une part les progrès de notre royauté, qui montrentdans Philippe Auguste et Philippe le Belles prédécesseursdirectsde Louis XIV et de tous les rois absolusde l'Europe, de l'antre ceuxdesinstitutionsanglaises qui font de la grande Chartedu roi Jean la base inébranlabledu gouvernementde l'Angleterre et ont préparél'expansionpar toute l'Europedes institutionslibres. Voilàpourquoi,contraintdedescendrejusqu'au milieudu treizièmesiècle pour l'Allemagne,l'Italie, l'Espagne où le moyenâge a duré si longtemps,je n'ai pas encoredépasséla fin du onzièmesièclepour la France et l'Angleterre,où les temps modernes,je veux dire le nouvel-esprit politique et social,ont commencéde si bonneheure. Philippeavaitvu avecdépit,mais sans y faire d'opposition directe, la fortunede son vassal,le duc de Normandie,passé roi d'Angleterre,et ne soutint que mollementla révolte du fils du Conquérant.Louisle Gros,qui succédaà sonpère en 1108, comprit mieux quels dangers cette grandeur faisait courirà la royautéfrançaise.C'étaitun prince actif qu'on appela d'abord VÉveillé,le Batailleur,et que plustard, à cause de son embonpoit, on nommaLouis le Gros,sans que, du reste, il enfût moinsactif. On a vu déjàcommentet dans quelle mesureil avait aidé au mouvementcommunal;je n'y reviendrai point. n trouva dansles milicesdes communesune assistancetoujours prête pour l'aider à fairela police sur les routes'de ses domaines. Lesseigneursde Montmorency,de Montlhéry,duPuiset, de Corbeil, de Coucy,descendaientvolontiers-deleurs donjons sur les grands cheminspourpiller les marchandset les voyageurs.Philippe,qui avait réussi, par un mariage,à retirer Montlhérydes mainsdu petit seigneurqui l'occupait,recom-


PREMIÈRE PÉRIODEDE RIVALITÉ, 373 mandaen mourantà son fils de ne plus laisser échapperde sa puissancece donjonqui lui avait donnétant de mal. Louis cita devant sa cour Bouchardde Montmorencypour avoir pillé les terres de l'abbayede Saint-Denis,et le condamnaà restitution.Il prit le châteaudu Puiset et le détruisit après troisannées de guerre. H attaquaun autre pillard, le sire de Coucy,Thomasde Marie, qui tomba blessédansses mains. Louisle Groscombattaitdans toutes les directionsla petite féodalitéinsoumiseet rapace de ses domaines.Quandil s'en futouvertles routes, le cerclede son activités'agrandit,et il osa s'attaquer au plus puissantde ses vassaux. Après la mort du Conquérant(1087), GuillaumeII le fils, lui avaitsuccédéen Angleterre;Robert Roux,son second Courteheuse(auxpetitesjambes),l'aîné, en Normandie.Robert essayad'abordd'enleverl'Angleterreà son cadet il n'y réussit pas, et partit pour la croisade après avoir engagé, pourcinq ans à ce même frère, son duché de Normandie. GuillaumeII, roi aux paroles brutales,rouge de cheveuxet de visage,chasseurobstinédansles vastesforêtsque son père et lui multiplièrenten Angleterre,mena rudementses sujets, prêtres et laïques;ils l'appelaientle gardien desboiset le berger des bêtesfauves.Il mourutà la chasse un cerf magnifique passaitdevantlui « Tire donc,cria-t-ilà un de ses chevaliers,tire donc, de par le diableI », maisle trait ricochaet le frappaen pleinepoitrine. Toute sa suite s'enfuit, le laissantdans le sanget la boue.Quelqu'unvint ensuiteraconter qu'il avait vu un grand bouc tout velu et tout noir qui emportaitson corps; que c'était sans faute le diable qui faisait sonprofitde ce persécuteurde l'Église(1100). Guillaumele Conquérant avait laissé un troisième fils, Henri, surnomméBeauClerc,parcequ'il était un peu moins ignorantque le reste de sa famille.Robertétait à Jérusalem; Henrien profitapour prendre la couronnequi appartenaità son frère aîné.Il espéral'affermirsur sa tête en publiantune charte, la plus complèteet la plus précisedetoutescellesqui ont précédéla Grande Charte. Il y posait certaineslimites aux droitsde relief et de mariageque son titrede suzerainlui donnait sur ses vassaux.Robert revint en 1401,reprit la


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Normandie,et réclamal'Angleterre;il y fit une descentequi échoua.Henri lui renditguerre pourguerre, et en 1106gagna la bataillede Tinchebray;il y prit son frèro et l'envoya au château de Gardiff,dans le pays de Galles,où il lui fit, dit-on, creverles yeux. Louis le Gros, effrayéde la trop grande puissancede sonvassal,le roi anglais,se porta le défenseur de GuillaumeCliton,fils de Robert, et par conséquent neveude Henri.C'étaitun projet habiledont le succès eut éloignéun péril toujoursimminentpour la couronnede France,tant que l'Angleterreétait réunieau duchénormand. La guerre se fit par beaucoupde ravages dontles paysans de Normandiesouffrirentbeaucoup;au contraire,les chevaliersdes deuxpays s'épargnaient,ou du moins,grâce à leur armure, ne pouvaient se faire grand mal. Il n'y en eut que trois de tués,dansle combatdeBranneville(1119),le plus importantde cetteguerre, et où Louisfut vaincu.Le pape, venu en France pour assisterau concilede Reims, où se débattitla questiondes investitures(1119),réconciliales deux ennemis, maissanssatisfaireaux prétentionsde GuillaumeGliton. La lutte recommença,en 1124, et se compliquad'une guerre avecl'Allemagne.Henri Iof ayant décidé l'empereur, son gendre,à attaquer de son côtéLouis le Gros, la guerre avecla Germanieétait, ce semble, à cette époque,populaire en France. On peut expliquerpar là, comme aussi par le progrèstoutrécent de la royauté,lesforcesconsidérablesque Louis réussit à rassemblerà Reims.Suger, abbé de SaintDenis, le grandministre, le compagnondu roi, et plus tard l'historiende sa vie, en fait une pompeuse^numération il avouecependantque le comtede Flandrej le comted'Anjou, les ducsde Bretagneet d'Aquitainene vinrentpas; la crainte du roi ne rayonnait pas encore loin. Toutefoisl'empereur Henri V n'osa entrer en France, ou plutôt en fut empêché par quelque autre motif. Ces grands vassauxqui ne se rendaient pas à son appel, jouis le Grososa les attaquerde fronth leur tour.Il trouva ua© excellenteoccasiond'accorderses desseins contre eu» avec son zèle ordinaireh défendreles évêques et l'Église. L'évâquode Glermotst,en guerre avec i@comted'Auvergne,


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prétenditque son égliserelevaitdirectementde la couronne et appela le roi. Louisaccourut.Il eut affairenon-seulement au comte,mais encoreà son suzerain, GuillaumeIX, duc d'Aquitaine.Maisl'armée royaleavaitsi bon aspect,qu'en la voyantle puissant Guillaumevint humblementau campdu roi, lui rendit hommageet le pria d'admettrele comted'Auvergne au jugement des barons (1126).Le roi arrangeala choseà l'amiable il avaitobtenuce qu'il voulait,c'est-à-dire la reconnaissanceformellede son autorité dans cette importante partie du midi. H vouluten faireautantdansle nord.Il se souvenaitque la Flandre n'avait pasfourni soncontingenten 1 124.Le comte Charlesle Bon fut assassinéen 1137par une familled'anciensserfs, les Van der Strate,puissanteà Bruges. Les seigneursdé Flandre prirent les armes pourvengerla victime; maisLouisles obligeaà venirà Arrasélire a en sa présence» un comte.Il leur présenta GuillaumeCliton,et à forced'instances,le leur fitchoisir. Mais à peine se fut-il éloigné,que les Flamands se révoltèrentcontre Guillaume,qui périt au siéged'Alost;puis, déclarantque le roi de Francen'avaitpas le droitde disposer de leur gouvernement,ils nommèrent Thierry d'Alsace. Enfin Louis le Gros prépara à la royauté non-seulement une influence,maisune dominationdirectesur le midi par le mariagede sonfilsLouisle Jeune avecÉléonore,fille unique de GuillaumeX, duc d'Aquitaine or, le duché d'Aquitaine comprenaitle Poitou, le Limousin,le Bordelais,l'Agénois, l'ancien duché da Gascogne,et donnait la suzerainetésur l'Auvergne,le Périgord,la Marche, la Saintonge,l'Aogoumois,etc. ftoulaWIID S8EHobp8 au eu BteaneeiÛtl&wmo (OU89-fl(le@) «mjfijagSetewa. (afl8B=flfl0®) Louis Vil, en montant Sur le trône, était donc déjà un puissant roi dont la dominationallaitdu nord au sud de la Franceactuelle. Il nesut pas la garder. Une questiond'investiturele jeta dans cettesecondecroi.


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sade qui fat si fataleà la France. Une dispute s'était élevée entre le pape InnocentII et lui au sujet de la nomination d'un évêquede Bourges. Saint Bernard tenait pour le pape, Sugerpour le roi. En faisantla guerro au comtede Champagne,qui soutenaitl'élu du pape, Louis brûla l'église de Vitryet 1200personnesquis'y étaient réfugiées.Lé.remords, le décidèrentà partir pour la terre sainte, l'excommunication où il perdittoutesonarméesansen avoir rienconquis(voy.cidessus).Auretouril divorçaavec Éléonoresous prétexte de parenté, et lui rendit sa dot (1152), que le comted'Anjou, mieux avisé,se hâta de saisir en faisant agréer sa mainà l'épouseoffensée. Le roi d'Angleterre,Henri Iw, ayant perdu ses deuxfils dans un naufrage,avait déclaré sa fille, Mathilde,sonhéiitière. Mathilde était veuve de l'empereur d'Allemagne, Henri V; en 1127,elle épousaen secondesnoces Geoffroy, comted'Anjou,surnomméPlantagenet,à causedé l'habitude qu'il avaitde mettre en guisede plumeune branchede genêt fleuri à son chaperon.Henri mourut en 1 135;il avait chargé son neveu, Étiennede Blois, comblépar lui dedomainesen Angleterre, de protégerl'empresse;commeon appelaitMathilde. Étiennefit la garde dûloup,selonl'expressionféodale il prit pour lui la couronned'Angleterre.Ce fct la sourdede grandes discordes.Mathilderéclamaet eut un parti parmi les Normandsd'Angleterre.Les Saxonssaisissaienttouteoccanon de troubler la dominationde leurs vainqueurs ils excitèrentles Gallois et offrirent la couronneà David,roi d'Écosse,qui passa la Tweed.Les Normandset les Écossais furent en présencepourla première foi à la grandebataille de l'Étendard, prèsd'Allerton,au nord d'York.Les hommes aux claymoresse'précipitèrent au cri d'AlbenlAlbenll'anciennomde leur pays; ils enfoncèrentle centre des ennemis a commeune toile d'araignée,» maisles archerssaxonset les chevauxnormandsles accablèrentensuite. c Il faisait beau voirles mouchéspiquantes sortir en bourdonnantdes carquuisdeshommesdu sudet tomberdrti commela pluie.» Les Ecossaisse retirèrent,çn conservantpourtantles provincesdu nordde l'Angleterre.


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Etienneeut alorsà combattreMathilde,qui débarquaitau midi, et qui soutenaitles barons normands du nord et de l'ouest.La guerrese fit encoreauxdépensdespauvresSaxons. a Les Normands,dit une chroniquesaxonne,enlevaienttous ceuxqui leur paraissaientavoirquelquebien. pouren tirer de l'or et de l'argent. Lesuns étaientsuspendusau-dessusde la fumée d'auties étaient penduspar les poucesavecdu feu sousles pieds; à quelques-unsils serraient la tête avec une courroie,jusqu'aupoint d'enfoncerle crâne; d'autre^ étaient placésdansla chambreà crmir. C'était une espècede coffre court, étroit, peu profond,garni de caillouxpointas, et où le patient était tenu serré jusqu'à la dislocationdes membres,» Le moyenâge était riche en supplices.CependantEtienne futfait prisonnier;Mathildeà son tour faillit l'être. Le filli d'ttienne était mort, on traita il fut convenuque le roi conserveraitsa couronnejusqu'à sa mort et aurait pour successeur Henri d'Anjou,fils de Mathilde. Il mourutl'année suivante(1154). De sa mère Henritenait la Normandie,le Maine et l'Angleterre de son père,l'Anjou et la Touraine de sa femme, le duchéd'Aquitaine,c'est-à-direPoitiers,Bordeaux,Agenôt Limoges,aveclasuzerainetésur l'Auvergne,TAunis,laSaintonge,l'Angoumois,la Marchéet le Périgord. En un mot, il possédaitenviron47de nosdépartements,et le roi de France en.avait20 à peine.Plustanly en mariant un de ses filsavec l'héritière de la Bretagne,il plaça encorece pays sous son influence.Commentcettevastepuissance,laplusconsidérable qui fut alorsen Europe,n'acquit-ellepointune prépondérance durable? commentsurtoutn'absorba-t-ellepas la faiblemonarchiede France? Celatientà l'état de discordeoù l'Angleterre fut pendant deux siècles, discorde dans la famille royaleentrel'épouxet la femme,entre le père et lèsenfants discordedansle royaumeentre le roi et lé clergé, plus tard entre le roi et les barons.Celatientencoreà l'inférioritéféodale où le roi d'Angleterreétait placé sur le continent;il lui eûtfallude très-grandesforces,que lesdissensionsintestines ne lui permirentpas de réunir, pour romprecelacetde snzeraineté,faible et lâched'abord, mais de plus en plus fort et


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resserré, par lequelle roi de France tenait attachées et en. chaînadansla suiteà sontrônetoutesles provincesfrançaises de l'Angleterre. Onle vit bien dès le règne de HenriII. II voulutfairevaloir certains,droitsde sa femmesur Toulouse LouisVII s'y jeta et le vassaln'osa assiégersonsuzerain.Il voulut mettre des bornesà l'indépendance trop grande du clergé Thomas fiecketsedressadevantlui, ThomasBecketlui-mêmed'abord, ot plus tard sonombre sanglante,plus terrible encore. a6b«bdela laplâlettoraeeeïiotonSI^ne, whoBisao EBeeKseB (ilfl'i1@). Le clergé,depuisle tempsmêmede l'empireromain,avaitle privilégede sejuger lui-même.Quandun clerc était en cause, les tribunaux laïques étaient incompétents;la juridiction ecclésiastique pouvaitseule prononcer.En Angleterre, Guillaumele Conquérantavaitdonnéà ce privilége,appelébénéfice de clergie,une très-grandeextension il voulaitse faire des évoquesdesinstrumentspuissants,quesafortemain étaitsûre de trouvertoujoursdociles.C'estce qui arriveauxgrandsfondateurs ils préjugenttrop dela forcede leur pouvoir,après eux elledécline, et ce qu'ils n'avaientpas redoutédevientredoutable.On vit aussice qui s'était passé maintesfoissur le continent,par exemple,après l'invasion'desAustrasienssous Charles Martel.Les bénéficesecclésiastiques,dont on dépouillales ancienspossesseurs,furent envahispar les conquérants,et, avec eux,par l'esprit delicenceque desconquérants portenttoujoursdans le pays conquis.Aussi le clergénormand, qui se disait envoyé pour réformerle olergésaxon, tomba aussitôt dans le dernier désordre meurtres, rapts, scandalesy étaient devenuscommuns; dans les premières annéesde Henri II, on comptaiten Angleterreprès de cent homicidescommispar des prêtres encorevivants.Or, sans parler de la propensionnaturelle du clergé à épargnerses les peinasinfligéesparées tribunauxétaient relanaeiubi'e», tivement légères c'étaient des pénitences,quelquefoisrigoureuses,jamais la mort. L'abusse glissaitdansle bien le


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clergéétait le seul asile, au moyenfige,que n'osât forcerla violenceféodale asiledu faible, c'est admirable; mais asile du crime, c'étaittrois fois odieux.Henri ïï voulut y porter remède; il se heurta sur ce terrain à plus fort que lui. Tout est romanesquedans l'histoirede Thomas Becket. GilbertBecket,bourgeoisde Londres, va en terre sainteau du siècle;il y devientesclaved'un musulman, commencement dontla fillele délivrepar amour.Il revient,et la jeune fille, qui ne peut vivresans lui, trouvele moyende le rejoindre, du Jourdainà la Tamise, avecles deuxseuls mots chrétiens qu'ellesait Londreset Gilbert.EUe se convertitet met au mondeThomas. L'enfant,protégé par un riche baron, devienthabile dansles exercicesdu corpset de l'esprit, est ordonnédiacredansl'églisede Cantorbéry,et se faitremarquer du filsdeMathilde,qui le prend en viveaffection.Précepteur du fils aîné du roi, puis chancelier,il brille au ,premierrang et déploieun fasteet un goût par lesquels il éclipseles plus magnifiquesseigneurs.EnfinHenri II le. porte an siège primatialde Cantorbéry(1162),espérantseservirde lui pour ses reformes.Mais le courtisandisparaîtdansl'archevêque plus de chiens, d'oiseaux,de richesvêtements;Becketest un prêtre austère et scrupuleux.Henri II s'irrite. Cependantil abordoses projets, et dansune grandeassembléed'évêques, d'abbés et de barons tenue à Clarendon(l164), il faitadopter lesconstitutionsde ce nom,qui obligenttout clercaccuséd'un crimeà comparattredevantles coursde justicedu roi, défendent tout ecclésiastiquede quitter le royaumesans la permissionroyale, et attribuent au roi la garde et les revenusde toutévêchéou bénéficevacant. ThomasBeckets'élèvej contrecesstatuts; poursuiviparles murmuresdes évêquespartisans du roi « J'en appelle au souverainpontife,s'écrie-t-il,et vouscite par-devantlui. » Et se retirant, il gagne sousun déguisementla côtede Sandwich, d'où il s'embarquepourla France. Lonis VII l'y reçut avec faveur,et, après sixans d'efforts,réussit à le réconcilieraveo HonriII (il 70).MaisBeeketn'avaitpoint fléchi.De retourà Cantorbéry,il excommuniade nouveaul'archevêqued'York. 4 cettenouvelle,Henri II, qui se trouvaiten Normandie,fut


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plein de colère a Quoi! s'écria-t-il, un misérablequi estvenu à macour sur un cheval boiteux, quia mangémon pain, m'osebraver ainsiPersonne ne me délivrera-t-ilde lui ? n Quatrechevaliers,comprenantle sens de cesmots, passèrent en Angleterre, et, cinq jours après, l'arohevêquetombait massacrépar euxau pied mêmede l'autel(29déc. 11 70).Les Saxonsen firent un martyr, et l'imaginationpopulaire, avec la viveet puissanteforcedecréationqui l'anime, crut bientôt qu'auprès de sontombeaules aveuglesrecouvraientla vue, les sourdsl'ouïe, que des mortsmêmey ressuscitaient. Ce crime rejaillit sur Henri II, dont l'autoritéen fut longquepar tempsébranlée.Il n'obtintl'indulgencedu saint°si<fge dessoumissionsde toutessorteset l'abolitiondes statuts de Clarendon.Il entreprit enfinpour l'Église romaineune con*quêteimportante,qui ne l'était pas moinspour lui, et ausuccès dé laquelle il employa cette même autoritépontificale qu'il lui fallaitsubir. Conquête

soutient de l'nrlande (flflSfl) le pot de ffranee révoltes deo llbi des Foto onglets (8&98)<>

Ses

L'Irlande était chrétiennedepuis le quatrièmesiècle; on l'appelaitmêmel'île des Saints.Mais cettecontréereléguée à l'extrémitéde l'Europe,demeuréeen dehorsde toutedominationeuropéenne,de celle même des Romains,cette verte Erin, couvertede pâturages,cette Perle des mers, battue des flots,cette lie des Bois,livréeà toute la férocitédes mœurs sauvages,au régimepatriarcaldes clans et du partage annuel de la terre, avait conservé,mêmedans sa conversion,quelque indépendance,et nese soumettaitni a la suprématiedu sainl-siiîge,ni aux rigoureusespratiques de la discipline canonique.Or,il était biendangereuxau moyenftged'être en dissidenceavenla communionromaine. Les Ânglo-Sàxonis avaientpayéchar, au tempsde Guillaumele Conquérant,les arréragesdu denierde saint Pierre. Henri II promit de l'établir, en Irlande; dèsl'annéô 1150 lo pape Adrien 1Vl'y autorisa. lia «hofirlandais,chassépar un rival» appelaune troiipo


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de Normands contre les grandschevauxbardésde fer et les lancesde huit coudées,lesarbalèteset les armes légèresdes Irlandaisfurent impuissantes. Richard Strongbow,chefde cesaventuriers,épousantla filled'un chefirlandais,setrouva maîtrede toutle Leinster. HenriII réclamade lui l'hommage et vint en personnedansl'île (1171) tous leschefsdu sudle reconnurentpour suzerain; en mêmetemps un synoderéuni à Cashetsoumitl'Églised'Irlande à la suprématiedu primat d'Angleterre.Maisle nord et l'ouest de l'Ile restèrent indépendants. La fin du règne de Henri II fat remplie par des querellées avecsesfils; Eléqnore, irritée de la faveur qu'avaitauprès dp roi la belle Rosemonde,les attisait, et le roi de France se tenait prêt à en profiter. L'aîné des fils, Henri Court Mantel, reçut,cependant de, lui, en1169,le Maineet l'Anjou; Richard Cœur de Lion, le second, l'Aquitaine; Geoffroy, le troisième,était due de Bretagne;le quatrième, Jean, n'avait rien on l'appela,JeansansTerre. L'aîné voulait avoir encorela Normandie,les deux suivantssentaientun besoin de révolte;toustrois prirent les armes et firent hommageau roi de France. Henri II envoyacontre eux, sur le continent des mercenaires rompus au métier de la. guerre, Braèaèçons, colereaux,routiers. Pour l'Angleterre, où la révolte pouvaitse propager,il se chargead'en gagner le peuple, en apaisant l'ombre de Becket. Nu-pieds, vêtu d'une simple robe de laine, il se rendità la tombede son martyr, y passa un jour et une nuit en oraisons, à genouxsur la pierre, sans boire ni manger,et il se flagellerpar les évêques.Après quoi, a il partitjoyeusement(1170).» Tout était dit, la pénitenceétait faite, le poidsdu remords enlevé, l'opinionpublique réconciliée.Dès lors, il vainquit égalementle roi d'Ecosseet le roi de France, aveclequel il signa le traité de Montlouis(1174). Mais il ne put on finir avecses fils, qui trouvaientappui contrelui dans les provincesfrançaise. Le midi avait saisi avecjoie l'occasion« d'éloignorle ecoptradu nord. « Le» trou badourt)chevaliers,ïforlram de Boni ou têto, enflammaientles peuplespar leurs powiiow guerrière», éclatanteset «onore»commele clairon. Eu 1183. au 1188,


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CHAPITREXXIV. nouvellesrévoltes: Henri vit mêmele plusjeune de ses fils, sonbien-aiméJean, lever la maincontre lai. H mooruten les maudissanttons(1189). ipltlllppe âoeoete (flflS©) et meïtarû de la royauté ffioroetèee nouveau olèele.

©«eus? de ttlon française

(OflOS). an trelalème

CesdiversionssauvèrentLouis VII de périls que sanselles il n'eût sans doute pas conjurés,car c'était plutôt un moine sur le trône qu'un roi actif et résolu. Cependantil seconda encorelemouvementcommunal.Vingt-cinqchartessont sou. scritesde son nom.Maiscommeson père aussi,il n'en voulut pointsur ses terres. A Orléans, un mouvementde bourgeois fat durementréprimé. Il aida mêmeparfoisles seigneursà faire dans leursdomainesce qu'il faisaitdansles siens. On aime mieuxregarderà côté de lui l'intelligente figure de son ministre Suger, qui le déconseillaitd'aller à la croisade, l'en rappelaitdès qu'il était parti en l'adjurant « par le sermentdeson sacre, » de ne pas abandonnerplus longtemps le troupeauà la fureurdes loups. C'est qu'alorsle caractèrenouveaude la royauté française se dessinait. Du neuvième au douzièmesiècle,le roi avait vécu,maisla royautésemblaitmorte,les pouvoirspublies,qui auraientdû rester dans sa main, étant devenusdes pouvoirs domaniauxexercéspar tous les grandspropriétaires.A cette révolutionaristocratiquequi avaitbrisé pendanttrois siècles l'unité dupays, une autre succédaitqui s'efforçaitde réunir les membresépars de la sociétéfrançaise, et d'enlever aux seigneursles droits usurpés par eux pourles rattacherà la couronne.Cette révolutionmonarchique,qui feradu roi le seuljuge, le seul administrateur,le seul législateurdu pays, commençaavec Louis le Gros, Philippe Auguste et saint Louis, et ne fut accompliequ'avecLouisXIV, parceque di= vers incidents,aux quatorzièmeet quinzièmesièclesla guerre de Cent ans, au seizièmeles guerres de religion) suspendi» rent ce grand travailintérieur. Le filsde LouisVII, PhilippeAuguste (1 180),répara les


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Qtt«

fautespaternelles.Il est à remarquerqu'il fut le dernier roi sacréavantson avènement.Cette précautiondevintinutile,à causede l'affermissement de la royautécapétienne. PhilippeAugustese distingua par sa patienceà attendre toujours le momentfavorable.A quinze ans, menacé par ses vassaux,il disait « Quelquechosequ'ils fassentmaintenant, leur vilainies,violenceset grands outrages il me convientde souffrir.Si à Dieu plaît, ils affoiblirontet envieilliront,et je croîtrai en force et en sagesse;j'en serai alors vengéà mon tour. » Ses premiers actes annoncèrent un roi pieux; il dépouillaet chassales juifs, ce qui passait alors pour une œuvre pie. Il est vrai qu'il leur permit de rentrer moyennantfinance.Les juifs furent ainsi périodiquementbannis et rappelés.Ils étaient commeune éponge qu'on laissait s'emplir de l'or des bourgeois et des seigneurs, qu'on pressait ensuite dans le trésor royal; de nouveau ce peuple actif travaillait, et l'on recommençait à le pressurer quandil avaitrefaitfortune. Ce que Philippe fit de plus utile au début de son règne fut ^acquisitiondu Vermandois,du Valoiset de l'Amiénois,que lui cédal'héritière pour obtenirsa protection contre Philippe d'Alsace, comtede Flandre. Quandil fut maître du comtéd'Amiens, l'évêque, qui en était suzerain,lui demandal'hommageà causede son nouveautitre Le roi ne rend hommage à personne.» répondit-il,principe nouveauet fécondqui dénaturaitles fiefsacquispar la royauté.Aussi quand ils sortirontde ses mainscommeapanages,sera-ceà de toutautres conditionsd'existenceque les autresdomainesféodaux. n s'allia étroitementavecle rebelle Richard, et ils furent, tant que vécutHenriII, d'inséparablesamis: ils mangeaient à la mêmetable, couchaientdans le mêmelit. Ils tinrenttête au roi anglaiset lui dictèrentleursconditions;tousdeuxaussi s'engagèrentà partir ensemblepour la troisièmecroisade. Ceroi Richardqui succédaà son père en 1189 était un chevalierquelquepeu routier, brillantmaisbrutal, un beau sabreur, dirions-nousaujourd'hui,et, commetel, assezporté à menerdurementson peuple: du reste, poëtehardi et caustique, spirituel jusque dans ses exactions,commelorsqu'il


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CHAPITRE XXIV.

imaginade perdre son sceauroyal et d'en faire fabriquer un autre pour quetous ceuxquiavaientdes chartesfussentobligés de les faire scellerde nouveau,en payant. Il vendittout, charges,châteaux,villages,et partit en croisade où il donna de magnifiquescoupsd'épée, qui lui valurentle surnomde Cœurdo Lion. Cette troisièmecroisadedont il a été questionplus haut échouacomplétement,maiselle ne fut pointfataleà la France commela précédente.Si Richardsy montrale plus brave,Phi» lippey parut commele suzeraindu roi anglais.Revenule pré mier ,tandis que son rivalbataillaiten Palestine et se faisait emprisonnerenAutriche,il en profitapour travaillerà la ruine de la trop puissantemaisond'Angleterre.Il s'entenditavecun frère que Richardavaitlaissé, Jean sans Terre, tous deuxes» pérantpartager ses dépouilles.Mais Richard, sorti dela prison oùl'empereurd'Allemagnel'avaitretenucontretoutefoi, était presséde se vengerde son frère et de son rival. Le premier achetason pardon en égorgeantunegarnisonfrançaise qu'il avaitintroduitedans un château;pourPhilippeAuguste, enNormandie avec violence. ilaceeptala guerre.Elle commença Richard,troubadouret roi, lafaisaitet la chantaittoutensemble.Il battit Philippeprès deGisors,maissanstirer un grand parti de sa victoire.Le pape InnocentII s'interposaet leur fit signerune trêvede cinq ans (janvier1199).Deuxmoisaprès, Richardétait tué d'un coupde flèche au siége du châteaude Chalusen Limousin,où il voulaitravir un trésor que le seigneur de ce châteauavaittrouvé.Lui qui avaittant malmené ses sujets et exercétant de rapines, il fut cependant pleuré et populaire « Aveclui furentensevelis,au jugement de plusieurs, la gloireet l'honneurde la chevalerie.» (1199). tœénaêlés de PhilippeAugmoie et JJcoa somsmemte;conquête de la Sovmâmdtoetdu E>oltoù (OS®-û). La couronned'Angleterrerevenait de droit au jeune Arthur, filsde Geoffroy,duc de Bretagne, et le ftère aîné do Jean; celui-cil'usurpa. Mais l'Anjou,le Poitou,la Touraine, las de la dominationanglaise,se donnèrentà Arthur, et in°


PREMIÈRE PÉRIODE DE RIVALITÉ.

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voquèrentla protectionde Philippe. Le roi de France prit la défense d'Arthur, puis l'abandonna (1200), dès qu'il eul obtenude Jean les avantagesquedésiraitsa politiqueégoïste. Cependantil reprit les armeslorsqu'il vit, dansla révoltede toutesles possessionsfrançaisesdu roi d'Angleterre,l'occasion des plus beaux bénéfices.Pour les faire avecle moins defraispossible,illaissale fardeaude la guerreà Arthur.Le malheureuxjeune hommefut vaincu,pris, égorgé,dit-on, et jeté à la Seine par Jean sans Terre lui-même(120J3).Ce meurtredonnaitbeau jeu à Philippe Auguste vengeurd'un crime qui soulevaitl'indignationgénérale, il sommaJean de comparaîtreà sa cour. Jean demandases sûretéspour aller et revenir a Pour aller, oui, lui fut-il répondu pour revenir, cela dépendradu jugementdes pairs. a Jeanne vint pas. Philippe, ravide cette forfaiture, enlevatoutesles placesde Normandieet entra dans Rouenmême cettericheprovince, d'où étaient partis les conquérantsde l'Angleterre,fut dès lors française, et la Bretagne qui relevait d'elle, devintfief immédiatduroi (1 204).Philippesaisitla tutelled'Alice,sœur d'Arthur, et donna plus tard l'héritage et l'héritière à son parent Pierre Mauclere. Cette belle conquêtefutsuiviede l'occupationdu Poitou,delà Touraineet de l'Anjou,de sorte que le domaineroyal fut tout à coup largementaccru et bien couvertà l'ouest. Querelle de Vmmsans Hepeeavee ïïamoeea*BBS(fl3B5?); bataille de jsonvtnes(flSfliS) }Ingrande etutrte (fi8flS). La.lâchetéde Jean nousavaitdonnéces belles provinces sa querelle avecle saint-siégeet avec ses barons nous les conserva.n avaitlessentimentsde son père contreles clercs• pour dominer ceux-ci,il fit nommerà l'archevêchéde Cantorbéry une de ses créatures.Les évêquessuffragantsréclamèrent, et le pape Innocent III, imposantune électionnouvelle, fit donner cette oharge au cardinal anglais Etienne Langton,l'auteurde l'hymne VeniCreator(1207).Jean sans Terre entra dans une grandecolère,chassaleffnioinesde Cantorbéry, et, trois évêquesétantvenusle trouverde la part du BIST. nu H0Y£H;0&

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CHAPITRE XXIV.

pape, il les menaçade les fairebattre s'ilsne se retiraient.Il jurait, « par les dentsde Dieu, qu'il ferait couperle nezà toutRomainqui viendraitdans ses Etats, et parlait de jetorà la mer tout le clergé anglais. S'il en fallaitcroire la rumeur du temps, il en serait venujusqu'àvouloirse faire musulman pour obtenir le secoursde l'émir Al-Moumenindu Maroc. Qu'arriva-t-ilde ses foreursinsensées?Excommuniéet me» nacé d'une descentepar Philippe Auguste,qu'InnocentIII autorisaità conquérirl'Angleterre,il tombadans l'excèsopposé,rampa devantle saint-siége,lui promittribut, et sereconnutsonvassal(1213). Il essayade se vengerde toutesces hontesen formantune vastecoalitioncontre PhilippeAuguste. Pendant qu'il attala Francepar le sud-ouest,l'empereurd'Al° querait lui-même lemagne, OttonIV, les comtesde Flandre et de Boulogne, avectousles princesdes Pays-Bas, devaientl'attaquer par le nord. Maisla France se levapour repousserl'invasionétrangère. Le file du roi, Louis,alla faire tête au roi anglaisdans le Poitou; et Philippe, avecle restant de la chevalerieet les milicesdes communesdu nord, marcha au-devantde l'ennemi, le rencontraprès du pont de Bouvines,sur la Marq, entre Lille et Tournai, et$après avoircouru de grandsdangers, demeura'pleinementvainqueur(S?juillet 1214)* Philippe semble n'avoir pas tiré de ce grandsuccèstous les résultats qu'a pouvaitdonner. Il n'acquit aucune terre nouvelle;la Flandre resta à la femmede Ferrand, le comté de -Boulogneà la fille de Renaud, et Jean d'Angleterre achetaunetrêvequilui laissalaSaintongeet la Guyenne.Mais il avaitrepousséune invasionformidable,fait fuir devantlui desseinsde plusieurs un empereuret un roi,déjouéles mauvais grandsvassaux,enfindonné à la dynastiecapétiennele baptême de gloire qui jusqu'alorslui avaitmanqué, et révéléla France à elle-même. Ce triomphe, en effet, fit éclaterdans le pays quelquechose qu'on ne connaissaitpas, l'esprit national,le patriotisme sentimentfaibleencore,malgrél'explosion de la joie publique, et qui plus d'une fois paraîtra s'éteindre, maispour reparaltreavecune énergievictorieuse. Il y a maintenanten Franceune nationet un roi.


PREMIÈRE PÉBIODE DE R1VALITK

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La noblessede France signala encoresous ce règne son activitéguerrièrepar deuxgrandesentreprises la quatrième croisade,qui changeal'empiregrec en empire français,et la guerrecontre les Albigeois,qui rattachaà la Franceles indocilespopulationsdu midi. Philippene prit part ni à l'une ni àl'autre expédition.Il laissa'lesnoblesuser leurs ressources et leur turbulencedans ces guerresqui profitaientdoublementà la France,et par l'ordrequ'ellespromettaientd'établir dansle royaumeet par la gloiredont elles couvraientau loin son nom. a J'ai aux flancs, écrivait-ilau pape' qui le pressaitde se croisercontreles Albigeois,j'ai aux flancsdeux grands et terribles lions, l'empereur Ottonet le roi Jean; ainsine puis-jesortirde France. » AprèsBouviuespourtant, l'un et l'autrene l'inquiétèrentpas beaucoup. Pendantque sesalliésétaientdéfaitsenFlandre, Jean avait été battudans le Poitou à la Roche-aux-Moines.En rentrant vaincu,humilié dansson île, il y trouvases baronssoulevés. Le primatEtienne Langton était à leur tête. Ils ne se sentaientpas en sûreté sousla puissancede ce tyran qui ne res. pectaitrien, et voulurentimposerdes limitesà ses caprices. Ils ressuscitèrentla charte de Henri 1°*,et, commela roi te=> naitsa couràWorcester,auxfêtesde Noël, ils seprésentèrent devant lui bien armés, et l'invitèrent à leur confirmerles libertéscontenuesdanscette'charte. Jean éluda, demandadu tempset finit par déclarerqu'il n'accorderaitrien a Que ne demandent-ilsmon royaume?» s'éoria-t-iîrouge de colère. Mais les barons étaient déterminésà ne point céder; ils se proclamèrentarmée deDieuet de sa sainteÉglise,entrèrent dans Londres aux applaudissementsdes bourgeois, et, le 19juin 1215,dansla plainede Runny-Mead,près de Wind~ sor, forcèrentle roi signer la GrandeCharte, base fondamentaledes libertés anglaises. Lorsque,la charte signée,les baronsse séparèrent,Jean, outréde fureur, voulutla déchirer cet hommecyniquequi danssesdébauchesn'épargnaitpas sa propre maison,s'accablait lui-mêmed'imprécationspour avoir cédé, et jurait de mettre l'Angleterreà sac et à pillage. Il recourutau pape InnocentIII, qui de son autorité déclarala GrandeCharte


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CHAPITRESX1V.

non avenueet releva hroi de sesserments.TIappela aussitôt des Brabançonset desroutiersqui désolèrentle paysen tous sens,sibienquo les barons, indignés, offrirentla couronneà Louis,fils dePhilippeAugusteet neveude Jean par sa femme Blanchede Castille.Innocentm menaça PhilippeAugustede l'excommunication,le roi feignit.de vouloirarrêter son fils. MaisLouis lui répondit a Sire, je suis votre homme lige pour les terres que vous m'avez bailléesen France, mais pointne vousappartientde déciderdu sort du royaumed'Angleterre. » Louiscontinuadoncson entreprise,et, le 30 mai 1216,débarqua en Angleterre,malgré une'excommunication du pape. Cette sentence,dont l'effet, à force d'être répété, commençaità s'affaiblir,n'eût point empêchéle princefran= çais de réussir si Jean n'était mort d'une indigestion(1316). Il laissaitun enfant, Henri m. Les barons comprirentque mieuxvalait pourleurcausece roi enfantqu'un prince étran= ger peu disposésans doute à respecter, après la victoire, leurs privilèges,et qui serait au besoin aidédesforcesde la France. Louisfut donc peu à peu abandonnéet contraintde revenir enFrance en 1217. AvecJean sans Terre et Philippe Augustese terminela premièrepériodede la rivalitédela France etde l'Angleterre. A partir de l'année Î217, l'histoire si longtempsmêléedes deux pays se séparepour cent vingtans. Chacunretourneà ses destinéesparticulières la Francese fait de plus en plus monarchique,l'Angleterrede plus en plus constitutionelle,et elles ne se rencontrentque de loin en loin, dansquelques combats.D faut donc, a notre tour, séparer ce que nous avionsani.


PROGRÈS DE LA ROYAUTÉ FRANÇAISE.

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CHAPITRE XXV. BEh&ROYAUTÉ DE PPÎUPPE PRO©Rȧ m&KÇAISE AUGUSTE APHILIPPEDEVALOIS. Administrationintérieure de Philippe Auguste.– louis Vin (1223)et la régence de Blanche de Castille. Saint Louis sanctifie la royauté; son ascendant en Europe; traités avec l'Angleterre (1359}et avec l'Aragon (1258).-Gouvernement de saint Louis; progrès de l'autorité royale. –Caractère nouveau de la politique, Philippe IH (1270),Philippe H de (1285),nouvelle guerre avec l'Angleterre Renouvellement à la lutte du sacerdoce et de l'empire (1296-1304). Lapapauté Avignon (1309-1376).– Condamnationdes Templiers) (1307).– Administration de Philippe III; règne de ses trois fils (1314-1328). Intérieure AtSjnîaBQ&patlloim

de OTiIUppe &vgniatoo

Philippe Auguste avait glorieusement rempli son règne de 43 ans. Le domaine royal doublé par l'acquisition du Vermandois, de l'Amiénois, de l'Artois, de la Normandie, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine, du Poitou et d'une partie de l'Auvergne, les 78 prèbâtés, dont il se composait en 1223, placées sous la surveillance des baillis; la féodalité attaquée dans le droit odieux de guerre privée par l'établissement de la quarantaine-le-roy et de Vasseuremmt; Paris embelli, pavé, ceint d'une muraille, doté de halles et surveillé par une meilleure police; le Louvre commencé, l'Université t. C'étaitune trêvefarcie de do jours entre le meurtre eommii)ou l'injure reçue, et la vengeancoqu'en tiraientles offenses.Dansl'ititervallo,les passions s'apaisaient,le roi pouvaitinterveniret justiceoliilt faite. Cetteordonnancuest aussi attribuéeA saint Louis, qui la renouvela«t la Ht csécuinedrôrvmunt,o'il nola publiapas lo praruier.


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CHAPITRE XXV.

de Paris constituéeavecde grands privilègeset les Archives fondées, l'autorité de la cour des pairs consacréepar un exemplemémorable la condamnationdu roi d'Angleterre; enfinla royautéapparaissantdenouveaucommepouvoirïdgislateur, et les ordonnancesreprenantle caractèrede généralité pour tout l'État, qu'ellesn'avaient plus depuis lès derniers capitulairesde Charlesle Simple; tels sont les actesde Phi= lippe Auguste.Il avaitmis la royautéhorsde tutelle,au grand profitde l'ordre, de l'industrie, du commerce,qu'il encou= ragea, c'est-à-direau profitd'elle-mêmeet du peuple. Ce princeavaitcependantencourules censuresde Rome. Il avait épouséen secondesnoces Ingeburge de Danemark (1193); mais le lendemain mêmedu mariageil la répudia. Un conciled'évêquesprononçala nullité de cette union, et Philippe épousaaussitôtAgnèsde Méranie. TIy avaitlà un grand scandale.Un homme,parcequ'il était roi, se jouait de l'honneur d'une femme, d'une pauvreétrangère,sans appui, sans défenseur.Philippecrut toutterminépar la sentencedes évêques.Mais Ingeburgeen appela au pape, et InnocentIII prit en main, au nomde la moraleet de la religionoutragées, la causede celleque tousabandonnaient.Philipperésista. Le pape lançal'interdit sur son royaume.Alorspartoutles offices cessèrent;les peuplesfurentsans prières, sans consolations. En vain le roi chassade leurs sièges les évêquesqui obser» vaientl'interdit, il dut plier devantle mécontentementuni. verselqui menaçaitsa couronne il renvoyaAgnèsde Méranie, qui mourutde douleur,et reprit Ingeburgeen 1213.Un de.ces grands exemples-quele christianismeseul a donnés avaitdoncété de nouveauoffertaux peuples. Philippe céda et eut raison; une autre, fois il résista, et eut raison encore.C'étaiten 1204.H envahissaitles fiefsque Jean avait perdus par sa félonie.InnocentIII le menaçades anathèmesde l'Église s'il allait plus avant. Philippes'assura doParlaet nepritlenomd'Université l'Étude 4.Elles'appelait quevers lit chargea et lesarchevêques 4250.En4184,le papeAlexandre uncardinal dedresserlesrèglement lui furentdonnés. daRouenetdeReims Les qui del'Université élèves et tesprofesseurs deParian'étaient justiciables quedu tribunal ecclésiastique.


PROGRÈS DE LA ROYAUTÉ FRANÇAISE.

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dn concoursde ses grandsvassaux,et se fit donner par écrit l'engagementqu'ils prirent de le soutenir dans cette cause envers et contre tous, même contrele seigneur pape, puis continuason entreprise. Danscesdeux circonstances,le pape et le roi fonttour à tour appelà l'opinionpubliqueet au bon droit; l'un en intéressantle peupleà la causede la moralité,l'autre en intéressant les barons aux légitimes prérogativesde la couronne. C'estun progrès, et on voit que nous commençonsà sortir des tempsoù la forceseule régnait. ) de CnDUIle. aanla wnnn(oass) es iairêgeiae© «B© HBloiaelae Le règnesi courtdu filsde PhilippeAugustene fut quele complémentdu sien. Louis VIIIavaitété un instant, du vivantde son père,proclaméroi, dans Londres, par les barons anglais révoltés,et deuxfois s'était croisé contre les Albigeois.Devenu roi de France, il poursuivit ces deux guerres. Sur les Anglais, il conquitce que Philippe Augusten'avait pas pris du Poitou, l'Aunis, la Rochelle, Limoges,Périgueux; dans la langue d'oc,il alla prendreAvignon.Le paysdepuisle Rhônejus^ qu'à quatre lieues de Toulouse lui fit soumission,et il mit dessénéchauxou desbaillis à Beaucaire,à Carcassonneet à Béziers.Ainsi,le paysà l'ouestdu Rhône,moinsla Guyenneet Toulouse,reconnaissaitl'autoritéroyale.Il n'y avaitplusdeux Frances l'œuvredel'unitéterritorialeavançait.MaisJeMidise vengeapar une épidémiequi décimal'année et emportale roi. Depuisplus d'un sièclel'épée de la royauté,qui étaitcelle de la France, avait été vaillammentportée. Mais le fils de Louis VIII était un enfant de onzeans. Les baronsprétendirent que la régencene pouvaitêtre confiéeà une femmeet refusèrentde la laisserà la reine mère, Blanchede Castille. Ils déclarèrentque le roi ne serait pas sacré, à moinsqu'il ne leurfût accordédos garantiescontrela courdespairs et contre les récentsempiétementsdé l'autoritéroyale. C'étaitdoncdéjà une rédactiontoute féodale.Thibault, comtede Champagne, Pierre do Dreux, duc de Bretagne,Hugues do Lusignan,


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CHAPITRE XX?.

comte de la Marche, Richard, duc d'Aquitaine, et même RaimondVII, comtede Toulouse,formèrentune ligue qui prit pourchef Enguerrand,sirede Gouey.Maisles Capétiens ne pouvaientdéjà plus avoirle sort des Carlovingiens.Leur dynastieétait appuyéefortementsur son propre domaineet sur les sympathiespopulaires,mêmedansles Etats desesvassaux.Elle était en outresoutenuepar ce grand pouvoirde la papauté,sans lequel ne s'étaientfaitesni l'usurpation carlovingienne,ni l'usurpation capétienne.Le cardinal légat de Saint-Angeétaitauprèsde Blanchede Castille,Qtl'aidadeses conseils;elle-même,femmehabile, gagna à sa causele comte de Champagne,ce fameuxtrouvèrecouronné,dont elle avait touchéle coeur.Louis IX fut sacréen 1227,et, en 1231,-le traité de Saint-Aubindu Cormierterminala guerre à l'avantage de la royauté. Le Languedocs'était relevé pendant ces événementsauxquels le nouveau comte de Toulouse, RaimondVII, s'était secrètementmêlé. Une dernièreexpédition,aidéede l'inquisition,amenale traité à» Paris (1229),par lequelfut régularisé ce que les armes avaientétabli depuisplusieurs années. Raimondabandonnaformellementà la Franoe tout le bas Languedoc,qui fut érigé en sénéchausséesde Beauoaireet de Carcassonne.Il ne conservaque la moitiédu diocèse de Toulouse,l'Agénois,le Ronergue,et poursa vie seulement,à la conditionqu'ils formeraientla dotde sa filleunique, fiancée à Alphonse,secondfrère du roi. Plusla royautégrandissaitet plus lebien luivenait.En 1223, Thibault de Champagne,devenuroi de Navarrepar la mort du père de sa femme,partit pour conquérirson héritage, et vendit à la couronnede Franceles comtésde Blois,de Ghar= tres et de Sancerre. La majoritéde saintLouis fut proclaméeen 1236. saint aonSoanmetlflela royauté; dosa«aBeesMÏanê eu ffim'ope traité» aveeS'Angleteireo (aa»g))et ravcel'AM»aaa(a88â). Voicile vraihéros du moyenâge, un princeaussi pieuxque


DELÀROYAUTÉ PROGRÈS FRANÇAISE.393 brave,qui aimait la féodalité,et qui lui porta les coupsles plussensibles*quivénéraitl'Église, et qui sut au besoin résisterà son chef; qui respectatonsles droits, maissuivitpardessustout la justice; âme candideet douce, cœur aimant, tout rempli de la charité chrétienne, et qui condamnaità la torture le corps du pécheurpour sauver son âme; qui sur la terre ne voyaitque le ciel, et qui fit de son officede roi une et le peumagistratured'ordreet d'équité. Romel'a canonisé ple le voit encoreassissous le chênede Vincennesrendant justice à tout venant. Ce saint, cet hommede paix fit plus, dansla simplicitéde son cœur, pour le progrèsde la royauté, queles plus subtilsconseillerset que dix monarquesbatailleurs, parceque le roi, après lui, apparut au peuple comme l'ordremême et la justice incarnée.Il trouvala royautéd'au tant mieuxétablie,qu'ellevenaitdeprouversa force.Un antre, PhilippeAuguste,se futservidetant de ressourcesaccumulées dans sa main pourla pousserencoreplus loindanscettevoie, et, ce qui eût été excellent,pour débarrasserla France des Anglaisencoremaîtresde la Guyenne saint Louis,au contraire, l'arrêta, maisla sanctifia.Cette royautéfrançaisefut belle alorsdans son manteaubleu seméde fleursde lis, pure et intègre, arbitre entre les souverainede l'Europe, et pourtant forteet vaillantequand onl'attaquait. Autourd'elles'élevait, à la placed'unepartiede l'ancienneféodalitéqui lui était étrangère,une féodaliténouvelle,docilealors, parce qu'elle était tout récemmentsortie de sonsein. Après avoirarraché les vieillessouchesféodales,la familleroyale se provignait elle-mêmepar toutela France. Le premier frère du roi, Robert, avaitétéfait comted'Artois(1237),et, par ses'alliances, rattachaitau royaumeles provincesseptentrionales.Deuxau tres lui donnaientcellesdu midi Alphonse,comtede Poitou et d'Auvergne,était héritier du grand comté de Toulouse, qui allait jusqu'auxPyrénées; Charles, qui reçut l'Anjou et le Maine (1246),devintencorecomtede Provence, par son mariage avecl'héritière Béatrix, et soumit les boids de la Méditerranéeà l'influencefrançaise.Appuyésur cettefamille féodaleet sur son bon droit, saint Louis fut invincible,au moinsdansses États,


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CHAPITRE XXV.

Jusque versle temps de sa guerre contre les Anglais,on le voit peuagir. On peut constatertoutefoisla fermetéd'un princequi ne recale pas parcequ'il ne s'avancejamaisà tort. En 1241 l'empereurFrédéricII ayantretenules prélatsfrançaisqui se rendaientRome pour un concile,saint Louis réclamaleur mise en liberté. « Puisque les prélats de notre royaumen'ont, pour aucune cause, mérité leur détention, lui écrivit-il,il conviendraitque Votre Grandeurleur rend.l, la liberté; vousnous apaiserezainsi; car nousregardonsleur détentioncommeune injure, et la majestéroyaleperdraitde sa considérationsi nous pouvionsnoustaire dans un cassemblable. Que votreprudence impériale. ne se borne pas a alléguervotrepuissanceou votrevolonté, car le royaume de Francen'est pas si affaibliqu'il se résigneà être fouléaux piedspar vous.L'empereur relâchases prisonniers.Quelque temps auparavant,Louisavait refuséde recevoir,pour lui» même et pour un de ses frères, la couronneimpériale de Frédéric II que le pape lui offrait.Il avait égalementrefusé aux évêquesde mettre à leur servicel'autorité royale pour contraindreles excommuniésà se soumettre dans le délai d'un an et d'un jour, à moinsqu'on ne le fit juge lui-même des causesde l'excommunication. Cethomme,quiparlait si fermement,agit demême quand il fut forcé de prendre les armes. En 1343, les seigneurs d'Aquitaine,toujourshostilesaux Français, avaientfomenté une coalition.Les rois d'Angleterre,d'Aragon, de Navarre en étaient le comtede Toulouseespéraitdéohirerle traitéde 1229.Le comtede le Marche commençala guerre en refusant l'hommageà Alphonse,comtede Poitiers, son suzerain, LouisIX demandaauxcommunesdes arméset des vivres,se pourvutprudemmentde tentes, do fourgons,de machines, de munitions, et s'avançaavecune belle armée. Henri III d'Angleterre,mal secondépar ses barons, vintau-devantde lui avecdes soldatsfrançais.Louispénétrarapidementdans le Poitou et la Marcho,força le passage de la Charenteà Taillebourg(1242),et remporta une victoirecomplèteprès de Saintes, où il entra. Henri III s'enfuit, les seigneurs françaisse soumirent.Au bout de peu do tompsh roi un»


DELAROYAUTÉ PROGRÈS FRANÇAISE.895 glais sollicitaune trêve et la guerre cessa (1243). L'année suivante,saint Louisfit le vœu qu'il accompliten 1248 d'aller en terre sainte, expéditionqui a été racontée plus haut. Ce fut pour ce princeunepréoccupationconstantede prévenirles querellesentre les Etatsaussibien qu'entre les particuliers.Comme il jugeait à l'amiable,sousle chênede Vincennes,les procèsde sessujets,il s'efforçaitdetarir dansleurs sourcesles guerres,cesprocèsqui coûtentauxpeuplesdusang et des larmes. Dans ce but, il s'attachaità mettre de la netteté dansles rapportsdesÉtats entre eux, à faire disparaître, mêmeà son préjudice,les prétentionsrivales.Vainqueuren 1243,il. eûtpu forcertousles baronsà se soumettre;il voulut les laisserlibres,maisen leur déclarantqu'on ne pouvaitservir deuxmaitres, et que tous ceuxqui tenaientdes fiefsde lui ou du roi d'Angleterre,devaient opter pour l'un ou pour l'autre. Par la suite, il poussaplus loin encorela délicatesse, beaucoupplus loinqu'il n'est d'usageen politique,plusmême qu'il ne convenaitauxintérêts légitimesde la France. Il ne savait trop que penserdes conquêtesde ses prédécesseurs; peut-êtrele mauvaissuccèsde sa premièrecroisadelui apparaissait-il commele châtimentde Dieu pour quelque faute dont il devaits'enquérir et se purifier. En entendantles réclamationscontinuellesde Henri III, a sa consciencelui re= mordoit.» II consentitdonc, en 1259, à signer un traité par lequel il rendait ou laissaitau roi d'Angleterre,qu'il avait pourtantvaincudansune juste guerresousla conditiond'hommage lige, le Limousin,le.Périgord, le Quercy, l'Agénois, une partiede la Saintongeet le duchéde Guyenne;en revanche, il restait incontestablementmaîtrede la Normandie,de la Touraine, de l'Anjou, du Poitou et du Maine. Au simple droitde conquêteil substituaitainsi un droit plus réel h ses yeuxsur les provincesqu'il conservait. Il agit suivantle mêmeprincipeaveclo roi d'Aragon,lui cédanton toute ot irrévocablesouverainetéla Gatalogneut le Iloussillon,mais l'obligeantabandonner toute suzeraineté sur les fiels d'Auvergneet de Languedocqui relevaientdo lui (l2S8). La départ étant ainsi fait entre toutt'iuu droits


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CHAPITRE XXV.

vagueset concurrentsqui résultaientde l'origine confusedn régime féodal, les États durent être plus libres dans leurs mouvementset moinssujets à se gêner et se heurter les uns les autres. La réputation d'intégrité de saint Louis lui valut d'être choisipour'arbitre entre le roi d'Angleterreet ses barons, à proposdes constitutionsde Clarendon(1264).Il se prononça en faveur du roi et cette foisne réussit pas, car les barons ne tinrent comptede la sentencearbitraire et renversèrent Henri III. Plus heureuxailleurs,il tranchaune questionde succession qui livrait la Flandreà la guerre civile. Enfin,au midi, l'influencefrançaisefut portéeen Italie par ce Charlesd'Anjou,frère du roi, qui était devenupar un mariage maître de la Provence,et qui avaitprofité des rapports continuelsde ses nouveauxsujets avecl'Italie pour se mêler auxaffairesde ce pays, où il finit, commeon le verraau chapitre xvm,par gagnerunecouronne.Onsait déjàquecefutce prince, montésur le trône des Deux-Siciles,qui, dans sonintérêt, dirigeasur Tunis la secondecroisadede saintLouis. ©ouverneueiafrde eainê ttoraîsj progrès

de l'antovtfté

royaRe.

Malgréle mauvaissuccèsde ses deux croisades,saint Louis continua l'œuvre de Philippe Auguste la grandeur de la France. Ses expéditionsd'outre-mer montrèrenten lui un hommevéritablementsaint; et ce nom de saint il le mérite mieux encore par la sagesse de son gouvernementintérieur, par sa sollicitude pour son peuple et ses bienfaisantes réformes.Il crut avoir mission d'apporterla paix au milieu de cette sociététroublée, de substituer aux formes de la justice féodale,qui cachaientà peine le droit du plus fort, celles d'une vraie justice, réfléchie, impartiale. En 1245,il renouvelal'ordonnancede PhilippeAuguste prescrivant qu'il y aurait trêve entrel'offenseuret l'offensépendant quarante jours [quaraniaine-k-roy), et que le plus faible pourrait requérir asseurementdu roi. Or il renditla


PBOGHËS DELA ROYAJJTÉ FRANÇAISE. 397 jugementroyalprofondémentdistinct du jugement féodal; il abolit dans ses domainesle duel judiciaire qui était une des plus grandes plaies de l'époque « Cil qui prou voit par batailles prouverapar témoins ou par chartes. » (1260.) Des témoinset des chartesau lieu du champ clos, c'était le germed'une révolution.Ce n'étaientpas les chevaliersqui pouvaientavoir, en descendantde cheval,assezde finesse,de connaissances,d'applicationd'esprit pour se reconnaîtredans la subtilitédes preuveset l'obscuritédu grimoire.On leur adjoignit des légistes,hommesnouveaux,instruitsdans les lois et surtoutdansle droit romain. D'abordles baronsfirent dédaigneusementasseoirà leurs pieds, sur de petitsescabeaux, cesroturiers. Maisbientôt, dansce rapprochementde l'ignorance et de la science, celle-ciprit son légitime empire; le baron, qui n'avait que sottisesà dire, se tut devantses savantsconseillers;à ceux-ciappartinttoutela directiondesjugements,et le sort des coupables,mêmedes plus nobles,fut dans leurs mains. Us furent admis à tous les degrés de la juridiction, dansle parlementdes barons, servantde conseil au roi (1241), et dans les coursféodalesprésidées par les baillis royaux.Partout ils s'efforcèrentde faire prévaloirles ¡ principesde la loi romaine,et de rendrela royautéfrançaise héritière desmaximesimpériales. Lequidquidprîtwipi placuit kgis hcabeâ'vigorem fut bientôt traduit exactementpar Si veutle roi, si veutta loi. Et saint Louis, malgréson respect pour les droits établis, n'hésita pas à décréterdes lois pour les terres mêmesde ses vassaux « Sachez(1257) que, par délibérationde notre conseil,nous avons prohibé toute guerredans notreroyaume,tout incendie,tout empêchement donnéaux charrues.» De iriême,beaucoupde chosesfurent évoquéesdes coursféodalesà. celledu roi. En forçantun peu ce droit, qui était dansles coutumesféodales,de fausser ju4.Ledueljudiciaire, était coutume enGauleparlesGermains, importée uncombat le jugede ce entrel'accusateur etl'aeousé. Dieuétantsupposé Levaincu la défaiteprouvait le crime;la victoire, l'innocence. combats, étaittrainéduchamp Oncomprend clManbâcherouAla potence. quetant du l'ancien derecevoir çaeprévalut droitroyal 1, l'usage dueljudiciaire, l'appel Dieu. n'existait 11 ne avoir r ecours contre le pouvait ï pas. Jugement de


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CHAWJfRR XXV.

gememet d'en appelerau suzerain,les légistesrendirent les appelstrès-fréquents.Ils étendirentaussi la nombre des cas royaux, c'est-à-dirâdescausesdontle jugementétait réservé au roi même. L'établissementdes enquestcursroyaux, image des miss> de Charlemagne,la fixationdu titre de la monnaiedu roi au chiffredéterminé de 79 grains le sou d'argent, et le cours forcéqu'elle reçut dansles provincesconcurremmentavecles monnaiesféodales,furent encorel'effetde cet esprit qui voulait faire partout pénétrer l'autorité royale, et partout faire sentir son interventioncommeun bienfait. Saint Louisfut le premier qui appela des bourgeoisdans son conseil,pour les consulter« sur le fait des monnaies« et par conséquentdu commerce.Il donna la liberté à beaucoup de serfs de ses domaines,et rappela, ce que la féodalité oubliait, que « dans un royaumechrétien,tous les hommes sont frères ». Il ne fonda.pourtantqu'une commune, celled'Aigues-Mortes,et il abolitcellesdeReimset de Beauvais. Il ne comprenaitpas la libertépolitique,à laquelleaucun hommede son temps ne pensait, et il était fort pénétré des droits de l'autorité royale, dont il faisaitau reste un si bel usage. Cemêmesentimentde ses droitsle portait à les défendreaussi bien par en haut que par en bas. Mais on ne peut plus citer delui, commeauthentique,une pragmaiiqu sanctionqui auraitmis des bornesaux prétentionsdu pape, rendu aux églisescathédraleset aux abbayesle droit d'élire leurs prélats, répriméles entreprisesdu clergésur l'autorité séculière,et restreintaux nécessitésurgentesles impositions que la courde Romepouvaitmettresur les églisesdeFrance. Le principemêmed'oùsaint Louistirait toutesses vertuslui eninterdisaitunequele moyenâge n'apas connue,la tolérance. Saint Louis fut sans pitié.pour les juifs et les hérétiques» On lui a attribué deux grands monumentslégislatifs, quii ne sont que des collectionsparticulièresauxquellesmanqua la sanctionroyale 1"desÉtablissements selonl'usagede Paris et d'Orléans,sorte de codecivil et criminelpublié en 1270 et diviséen deux livres, dont le premier ne fait guère quo constaterles droits féodauxet coutumiers,tandis que le se»


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cond s'appuie constammentsur le droit romain; 2° les Étcablissementsdesmétiersde Paris, qui contiennentles statuts de cont métiers,rédigés par le prévôtEtienneBoileauen1258. (Caractèrenouveaude la £>olUI<jae, BBn(ao<J©), B>blUppe Philippe av (S9âS)nouvelle guerre avec l'Angleterre (nIilO4l). du sentimentexpireavec saint Louis. Le grand L'époque concile de Lyon (1274) décrèteune croisadeque personne n'exécute,ce qui se renouvellerasouvent.Desintérêtsde dy» nastie, des luttes d'influencepolitique déterminerontdésor<* maisles relationsextérieuresdesÉtatseuropéens,qui oublient la croisadeet Jérusalem pour travailler à s'organiserpins régulièrement.Danscette périoded'un caractèrenouveau,la France joue le principal rôle. C'est elle qui exerceencore dans toute l'Europe, pour un demi-siècle,la prépondérance revendiquéeautrefoispar l'empereur; c'est chezelle que le travaild'organisationest le plus actif et le plus rapide. Le grand révolutionnaireà cette époque était'en effet le roi, commel'aristocratiel'avait été avant HuguesCapet,comme le peuplele sera après LouisXIV. Naguèreprisonnièredans les quatre ou cinq comtés de Philippe Iw, la royautéfrançaise avaitrenversébien des barrièreset marchait à grands pas vers le pouvoirabsolu.Déjà elleavaitimposéà ses turbulentsvassauxla paix du roi, la justice du roi, la monnaie du roi, et ellefaisait des lois pour tous. Suivonssa marche ascensionnellejusqu'à la!,fataleguerre de CentAns. PhilippeIII, filsde saint Louis, se trouval'arbitre du midi de l'Europe. La mort.d'Alphonse,son frère, dont il rapporta d'Afriquele cercueil, lui livra le comtéde Toulouseet le Rouergue,qui furent réunis à la couronne;pour le comtat Venaissin,comprisdans l'héritage,il le cédaau pape avecla moitiéd'Avignon. Une défaitedu comte de Foix, qui, pris danssa capitale, fat contraintde promettre fidèleobéissanceet d'abandonner t. Ceconcile étaitlesecondconcile tenuà Lyon,et le quaœcuménique torzième concilo général.


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une partie de ses terres, servitde leçon à ces turbulentssei» gneurs des Pyrénées;la créationd'un parlementà Toulouse, en 127Ô,montra, bien que ce parlementn'eûteu alorsqu'une courte existence,que la royauté ne pouvaitplus se laisser exilerdu midi.La dominationdu roi deFrance arrivaitdonc auxPyrénées; elle les franchitmême. Philippe fit épouserà sonfils l'héritièredu royaumede Navarre,qui entraalorsdans la maisonde France; et, s'il ne réussit pas à faire proclamer roi de Castilleun prince soumisà son influence,ni à placerla couronned'Aragonsur la tête de son secondfils Charles, il montradu moinsses armesdans la Catalogne,où il prit la forte place de Girone.Ainsi la royauté capétienne,conquérantedansl'intérieur duroyaumedepuisLouisVI,tâchaitdéjà de le deveniren dehors.C'étaittrop tôt, parceque la première œuvren'était pas achevée,et devaitl'être, avantqu'il fut possible de commencerla seconde.Cettefautedes Capétiens,les Valoisla renouvellerontquand CharlesVIII voudraconquérir Naples, au lieu de la Flandre, et les Bourbons, quand LouisXIV donneral'Espagneà son petit-fils,au lieu dedonner les Pays-Basla France. Cetteexpéditionen Catalogne,qui tourna mal, n'avaiteu d'ailleurs pour cause qu'un intérêt de famille.Philippevoulait punir don Pèdre, roi d'Aragon,de l'appui donné par lui aux SiciliensrévoltéscontreCharles d'Anjou. Il mourutau retour de cetteexpédition. Le nouveauroi Philippele Bel(1285)fut le roi deslégistes. Il fittout par eux, et il n'y eut pas d'usurpationqu'il ne se crût permiseau 'moyen d'un arrêt. Philippe IV fut d'abord obligéde continuerla guerre d'Espagne,maisil s'en débarrassa aussitôtqu'il le put. Le traité de Tarascon,signé en 1291,permit à la France de se retirer desprétentionsambitieusesqu'elle avaitélevéesau delà des Pyrénées, en y gardant cependantla Navarre. Philippele Bel eut le méritedecomprendrequecesguerres extérieuresétaientmauvaises,quand la guerre intérieuren'était pas finieet que le roi avait encore tant à conquérirau dedans du royaume. Il avait acquis du roi d'Angleterre, EdouardI", le Quercy,moyennanttrois.millelivresde rente


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qu'il ne lui payaitpas. Ce n'était là que de quoi donner la tentationde prendredavantage.Une querelleéclate,en 1292, entre quelquesmatelotsde Guyenne et de Normandie; la guerre aussitôtse fait partoutentrelesmarinsdesdeux pays. Philippe, au lieu de prendre les armes, commencela procédure en qualitéde suzerainet fait d'abordoccuperpacifiquement la Guyenne.par ses officierscivils.Les garnisonsanglaisesles chassent; pour ce méfait, Philippe cite devant sa cour le roi d'Angleterre, qui consentà laisser séquestrersa provincependantquarantejours. Maisles quarantejours s'écoulentet Philippe ne la rend pas. Edouardindignéprend les armes contreson suzerain il y a forfaiture.Aussitôtles desfiefsduroi d'Angleterre légistesprononcentla confiscation en France.En fin de compte,il fallaiten veniraux armes mais Philippeavait eu l'avantagede mettre do son côtéune apparencede légalité. Dans cette guerre, qu'on peut considérer comme le préluda de celles qui remplirontle sièclesuivant, il faut remarquer l'alliance de Philippe avec les Galloiset les Écossais,d'É° douardavecle cemtede Flandre et avecAdolphede Nassau, roi desRomains. Ce sont des systèmesd'alliancequi dureront. Les événementstournèrenten faveurdu roi de France.D ramenadansson alliancele duc de Bretagne,qui fermacette portede la France, si souventouverteaux Anglaiset pour eus si commode.Quant à Adolphede Nassau, il n'eut rien à en craindre, et put mêmeconclureavecson rival, Albertd'Autriche, un remarquabletraité d'alliance par lequella limite duRhin était stipuléepar la France. Si son parti succomba d'aborden EcosseavecBaillol,il se relevaavecWallace.Luimêmeenvahitla Flandreet s'enrenditmaître (1297),tandis qu'uneautre arméeoccupaitla Guyenne.Edouard, retenuen Angleterrepar les Écossais,demandaune trêve, qui fut conclue, sousla médiationdu pape BonifaceVIII, tout à l'avantage de la France (1299). Les deux rois se livraientleurs alliés Édouardbattit et tua Wallace. Philippe envoyaà la tour du Louvrele comtede Flandre, Guy,et prit possession ie toutle pays,Gandexcepté.II promitaux bourgeoisd'augHlSf BO BOYBH âGB.

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monterleurs libertés; maisils eurentl'imprudencede lui révêler leur richesseparla magnificencede leurs coustumes: e J'ai va six cents reines, » disait avec dépit la reine do France. La Flandre, en effet, était le pays le plus riche de l'Europe,parceque c'était celuioùl'ontravaillaitle plus. Sur cetteterre plantureuse, les hommesavaientpoussécomme les moissons;les villes y étaientnombreuses,la population active,industrieuse,affectionnéeà l'Angleterre,d'où elle tirait la lainenécessaireà ses fabriques, commeles villes de Guyenne,surtout Bordeaux,l'étaient parceque l'Angleterre achetaitleurs vins. Les draps de Flandrese vendaientdans toutela chrétienté,jusqu'à Constantinople,et les villesdes Pays-Bas étaientle marché où les denréesdu Nord venues dola Baltiques'échangeaientcontrecellesdu Midivenuesde Veniseet de l'Italie parle Rhin. Philippe leur donnapourgouverneurJacquesde Châtillon, qui les accabla d'impôts,ce qni les fit révolter; la noblesse françaiseaccourutsousRobert d'Artoispour mettreà l'ordre et piller ces manants.Avec l'imprudencequ'elle montra si souvent,elle se jeta têtebaisséedans une fossedontlesmilices flamandesavaientcouvertleur front; plus de 6000furent massacrés. Cettejournée de Courtray(1302)fut pour les seigneursunerévélationterrible commeeux,les vilains avaientdu courage;commeeux les vilainssavaientse battre. Philippele Bel, qui avaitperdu dans ce désastre son frère Robert d'Artois,son chancelierPierre Flotte, marcha contre les Flamands, après avoir imposé forcetaillesà ses sujets pour leverune armée. Il fut vainqueurà Mons-en-Puelle (1304),maisles Flamands résistèrentencore pour en finir, il restituala Flandreà son comte,ne gardantpour lui que la Flandre française,Lille, Douai,Orchieset Béthûne. Ainsi la royauté française reculaitdevant la démocratie flamande,commela royauté allemande, presqueà la même époque,devantla démocratiehelvétique.Les communesde France, étant restéesisolées,succombèrent en Flandre, en Suisse, elless'unirentet triomphèrent.


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©enemvellemeaido ta lutte du ooecrâoeo et de l'empire (f8@8.fl8©S). A vouloirgouverner comme Philippele Bel, c'est-à-dire beaucoupet partout, il fallaitquantitéd'argent.Les dépenses pour l'administration,pour l'armée, pour une flotte, pour, des subsidesaux étrangers,devenaienténormes, et les ressourcesrestaient celles des temps féodaux,c'est-à-direfort peu de chose.De là l'habitude que prit la royauté d'user de tous les moyens pour faire de l'argent. Philippe pilla les juifs c'était de tradition. H diminua à plusieurs reprises le titre des monnaies et mit des taxessur le clergé; alors une -tempête s'éleva. Ce ne fut rien moins que le renouvellementde la querelle du sacerdoceet de l'empire. Cettequerelledu sacerdoceet de l'empireest trop souvent représentéecommela lutte de l'Italie et de l'Allemagne.Ces deuxpays en furent seulementle théâtre principal.Elle s'étendità l'Europeentière,parcequ'elle étaiten réalité la lutte du spirituel et du temporelqui se retrouvaitpartout, et c'est à peme si de nos jours elle est terminée. Au temps de Grégoire VIIet d'InnocentIV, elle eut lieu surtoutavecl'empereur au temps de BonifaceVIII, e'est avecle roi de France qu'elle fut engagée. BonifaceVIII, originairede Catalogne,avaitété chanoine à Paris et à Lyon. Quandil fut élu, aprèsl'abdicationde CélestinV, les Gibelinsde Rome,la grandefamilledes Colonna, l'accusèrentd'avoir forcé cetteabdication il les bannit. Le mondeétait bien changédepuisles Innocentet les Grégoire Bonifacereprit néanmoinsleurs desseins. Lejour de soninstallation, il fit tenir la bride de son chevalpar les roisde Sicileet de Hongrie, et durant le festin ils le servirent à tablela couronneen tête. Dans la bulle Unamsanctam, il dépassale langage même d'InnocentIII; car, au lieude se bornercommelui à reconnaîtredeux pouvoirs,dont l'un in» férieurà l'autre, il parut vouloir absorbercelui-làet subor= donnercomplètementla royautéà la tiare.


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Ce quidonnaitune grandeforcea ses prétentions,c'est que de mêmequ'on avaitformésous Justinien le corpsdu droit romain (corpusjuris), en réunissant les constitutionsdes empereurset les opinionsde leurs jurisconsultes,ce qui l'avaitrendu impérissable,on forma, partir de GrégoireIX, le corpsdésrèglesou droit canonique,en réunissantdans un recueilqui se grossitsans cesse, les décrétalesetrescrits des pontifes. Des canonistesinterprétèrent ce droit ecclésiastique,et, comme,dans l'interprétationd'une loi, c'est toujoursl'esprit du législateurqu'on cherche à pénétrer, les jurisconsultes rencontraienttout d'abord, dansla loi qu'ils étudiaient,l'esprit de dominationdes pontifes qui l'avaientdictée, le droit, par exemple,de déposerles roiset lesempereurs,qui y était écriten touteslettres; et cet esprit, ils essayèrentensuitede le faire prévaloir. La papautéeut ainsi dans tous les États chrétiensdesavocatsquiplaidèrentla causede sonambition. En vertudes mêmesprincipesdu droit canonique,le pape, non-seulementimposaitles lois religieuses,mais encoreen exemptait;il tenait danssa mainles dispenses,qu'onfinit par. payer fort cher. Il prétendait encoredisposerdes bénéfices ecclésiastiques,d'abord da quelques-uns:Honorius Ilï demandait seulement que chaque église conservâtdeux prébendespour le saint-siége;plustard de tous, et ClémentIV, BonifaceVIII, ClémentV, introduisirentcette théoriequ'an pape,patron universel,appartenaitla distribution'detousles bénéfices.L'Angleterre,sous Henri III, fut en quelquesorte envahiepar les prêtres italiens. La prétentionde disposer des revenus ecclésiastiquesde la chrétientéentière arrivait commoconséquence;et, dès 1199,InnocentIII prélevasur tout le clergé chrétien un quarantièmedes revenus,qu'il fit recueillirpar ses collecteursparticuliers.Ses successeursrenouvelèrentet multiplièrent,sousdiversprétextes, lesordres do ce genre, et il ne faut pas oublier qu'au moyen âge le clergé possédaitun tiers peut-être de l'Allemagne,le cinquième do l'Angleterreet de la France. Ces grandes richessesdu clergé inquiétaientles princes; plusieursen sentirentle danger et prirent des mesurespour


DELAROYAUTÉ PROGRÈS 405 FRANÇAISE. en arrêter l'essor en restreignantpar des lois la facultépour le clergé d'acquérirdes biens fonds,qui devenaientbiensde mainmorte,c'est-à-direétaientretirésde la circulation,soustraitsauxchargespubliques,et qui de plus,la terreétantalors le seul capital, assuraientune forceénorme au corpsdisciplinéet uni entre les mainsduquelils se trouvaient.Tel fut entre autres l'objet de la loi publiéeen Angleterreen 1279, sousle titre de Statut de mainmorte. La juridictionecclésiatique,rivaleheureusede la juridiction civile,avait fait les mêmes progrès non-seulementles clercsavaientété soustraitsauxtribunauxlaïques,maisbeaucoup de personnes, par un simple voeureligieux,par une promessed'aller en croisade,acquéraientle mêmeprivilége, et une foule de causés étaient directement portées devant l'ofucialité ecclésiastique.Le pouvoirséculierfut d'abord moins ombrageuxsur ce point, et plusieursrois favorisèrent io progrès de la juridiction ecclésiastique,sans douté parce que la justice féodale y perdait plus que la justice royale. En Angleterrepourtant cette extensiondes tribunauxdes clercsavaitété, au douzièmesiècle,l'objet d'un conflitsanglant entre le pouvoirséculier et le clergé. Mais Thomas Becket était mort en triomphant. Or, ce que le clergéet lefe évêqufesavaient acquis en matière de juridiction, le saintsiège s'efforçaitde l'attirer à soi par les appels en cour de Rome, commeil s'efforçaitd'attirer par des levéesd'argent une partie de ce qu'ils avaientacquisen richesses. Armé du droit canonique,qui semblaitmettre la justice de son côté, soutenu par le clergé et par la nombreuse milicedesmoinesmendiants,BonifaceVIII pouvait-ilpenser que le chefde cetteÉglise,quiavait tant de richesses,tantde terreset tant dejuridictions,n'était pas le supérieurdesroisY En l'an 1300, il eût sourid'un doute à cet égard, lorsque, dans ce grandjubilé établi par lui, il se montra, vêtudes ornementsimpériaux et précédéde deuxglaives, aux innombrableschrétiensaccourus;àRome,et que lestrésors de l'Europe roulèrentdevantl'autelde Saint-Pierre.Trois ans après pourtant,toutavaitchangéd'aspect,le pouvoirtemporel, tan defoisvaincu,triomphaitsoudainement,et il étaitdélinitivu-


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CHAFTTBEXXV.

ment décidéquel'Europe ne serait pas une théocratie.Cefat la mainde la France qui porta ce grand coup. Cependant,depuis que la France existait,elle n'avaitjamais déméritéde sontitre defille aînée de l'Égliseromaine. Bile avaitété sonbrasdroit sousCloviscontreles ariens sous les Carlovïngiens,contrelesLombards,les Grecset les idolâtres de Germanie; plus tard contreles Albigeois. Elle avait fait les croisades;elle avait donné asile aux papes fugitifs; de monastères,et sonUniversitéde Paris, elle s'était couverte ses docteurs,sonsaint Bernardavaientété les lumièresde la catholicité.Ce n'estqu'àregret que les pontifesavaientfrappé PhilippeIeret PhilippeAugustepour de flagrantesinfractions à la loi morale. Ils avaientdonné à la maisonde France le royaumedes DeuxSiciles,qu'elle avait pris, celui d'Aragon qu'ellen'avaitpn saisir. Bonifacelui-mêmeexaltaiten toute occasionla famillecapétienne.Maisles intérêts,après avoir été si longtempscommuns, devenaientcontraires.La guerre éclatasousun hommedur, impitoyable,que nulleconsidération n'arrêta jamais. Le différendde Philippe le Bel avecBonifaceVIII, avait commencé,en 1296,au sujetdes impôtsétablispar le roi sur les églisesde France pour lès besoinsde la guerre. Le pape, par la bulle Clericislaïcos1,mit en avantla prétentionqu'aucun ecclésiastiquene pouvait être imposésans le consentetout clerc quipayeraitun ment du saint-siége.Il excommunia impôt sansl'ordre du pape, et tous ceuxqui établiraientcet impôt, a quels qu'ils fussent. » (1296). C'était soustrairei l'actiondesgouvernementslocauxet des nécessitésnationales les immenses terres de l'Église; c'était constituerun État à part dans l'État. La royauté française,qui était fort occupée depuisun siècle& rétablirl'unité du commandementque la féodalitéavaitbrisée, ne pouvaitpermettrequ'un cinquième du territoirede la Franceluidevintétranger.Philippelé'pon» dit en défendantauxétrangorsde séjourneren France,ce qui était chasserles prêtresromainset les porteursde la bulle, et en nelaissantsortirdu royaumeaucun argent sans sa permis. 4.Lobbulles despontifes sontdésignées moto. parleurspremiers


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sion,ce qui revenaità intercepterles revenusdu gaint-siége Le pape, intimidépar l'irritationdu roi, fit unpasen arrière. Il l'engageaà se méfier des conseillersperfidesqui l'entouraient il le suppliade ménagerl'Église, qui, dès qu'ellele verrait en péril, n'épargnerait rien pour l'en tirer, a pas même la croix et les calices.n Mais cela ne suffisait pas à Philippe: il prétendaitque les clercsétant citoyensde l'Etat aussi bien que membresde l'Église, devaientcontribuerà sa défense,sinonen prenantles armes, au moinsen donnant des subsides.Le pape autorisa la levéede quelquesdécimes, reconnaissantà la puissanceroyalele droit d'imposer et ne se réservantque celui d'empêcherles exactions.La concordé parut rétablie, et BonifaceVIII scellasa réconciliationavec la maisonde France en prononçantl'année suivantela cano» nisationde saint Louis.Mais la querellese ranima, en 1301, par l'interventionhautaine du pontifedans les affairesintérieures du pays. Un de ses légats, BernardSaisset, évêque de Pamiers, bravale roi en face. Le roi fit arrêterl'évêque, sous prétextede complotcontre son autorité, et lui intenta un procès. Il n'osa cependantfrapperun homme revêtudu caractèreecclésiastiqueet demandaà l'archevêquede Narbonne, son métropolitain,de le dégrader canoniquementi L'archevêqueen référa au pape, qui convoquaà Rome un concileet menaçale roi d'excommunicationpour avoir osé porter la main sur un évêque. En même temps, il lança la bulle Auscultafili, dans laquelle,il lui reprocha d'accabler son peuple, clercs et laiques d'exactions,de le molesterpar les changementsde la monnaie, d'empiétersur la juridiction ecclésiastique,d'arrêter l'effetdes sentencesépiscopales,de vacantes sous le prétexte dévorer les revenus des Églises abusifdu droit de régale En outre le pontife laissaitentrevoir cette prétention qu'il y avait dans le royaume un pouvoirplacé au-dessusdu roi, celuidu saint-siége. a Dieu, 4.Cettedéfense, aussiuuxarmesauxchevaux al Ad'auquis'appliquait étaitdirigée toutautant contrelesAnglais et lesFlamands, 1resobjuts, avec était e n lesquels guorro. Philippe 2.Droit reconnu aurotdepercevoir lesrevenus do l'égtino dontil était constitué lu gardien entrela mortdudernier titulaire etla eonBécrallou do nonsu«c«88»ur.


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CHAPITREXXV

disait Boniface,nous a constitué,quoiqueindigne, sur les roiset les royaumes,pour arracher,détruire, disperser,édi~ fier, planter en son nom et par sa doctrine.Ne te laisse donc pas persuaderque tu n'aies pas de supérieur et que tu ne sois pas soumisau chef de la hiérarchieecclésiastique qui penseainsi est un insensé qui le soutientest un infidèle.» Les reprochesdu pontifesur la mauvaiseadministrationde Philippe1hBel étaient fondés;mais,je l'ai déjà dit, ni le roi ni le pape n'avaientune idéebien nettedes limitesde l'auto* rité temporelledu premier, et de l'autorité spirituelle du second.Toutemauvaiseactionétantun péché, le pontifese croyaiten droitde juger et de punirpar les foudresde l'Église les actesrépréhensiblesdu prince, et le prince, de son côté, guidé par les légistes qui, suivantl'esprit du droit romain, reconnaissaientau roi un pouvoirabsolu,se croyait le droit d'Intervenirdansl'administrationdes églises, et voulait que les évêques,commele reste de ses sujets, fussentsoumisà ses officierset à sestribunaux, commeau temps des empereurs romainset de Charlemagne.Ces prétentionscontraires amenèrent une querelle déplorable.Philippe déclara, dans une courplénière,qu'il renieraitsesenfantspour seshéritiers s'ils s'abaissaientà reconnattre au-dessus d'eux une autre puissanceque cellede Dieu dans les affairestemporelles. Commela bulle pontificalecontenaitcertainesvéritésun peu dures pour lui, Philippe la fit brûler publiquement le 11 février 130'2; puis sonfameuxchancelierPierre Flotte fabriqua et répanditdans le public un extraitde cette bulle où tousles termes étaient forcés,où le pape réclamaitcrûment le pouvoirtemporelaussibien que le spirituel, et il fit à cette faussebulle une réponsedans le.mêmestyle a Philippe, par la grâcede Dieu, roi des Français, à Boniface,qui se dit pape, peu ou point de salut. Que sa très-grandefatuité sache, etc. » C'étaitse donnertort dansla formequand il avait raisondans le fond. Pour en venir b,ce point de violenceet d'outrage,il fallait quole roi se sentîtbien appuyépar la nation.Il l'était onoftbt et voulutle prouver.Le 10 avril 1302,il réunit dans l'église de Notre-Dameun parlement,danslequelfurentadmis,pour


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la premièrefois,les députésdes universitéset descommunes, et qui est considérée,pour cette raison, commela première assembléedes Étatsgénéraux.Clergé,barons, bourgeoisse prononcèrenten faveurdu roi. « A vous, très-nobleprince, disait une harangue qu'on fit courir sous le nom des députés du tiers, à vousnotresire Philippe,supplieet requiert le peuple de votre royaumeque vous gardiezla souveraine franchisede cet État qui esttelle que vousne reconnaissiez, de votretemporel,souverainen terre, fors que Dieu. a Ainsi la premièreparole qu'aitprononcéele peupleen France a été un cri d'indépendancenationale. A cette assembléede la France, BonifaceVIII opposacelle de l'Église. Quarante-cinqévèquessortirentdu royaumepour se rendre au concilede Rome, malgréles menacesde Philippe, qui fitsaisir leursbiens et commencerleur procès.Le conciles'ouvrit,et Bonifacey promulguala fameuseconstitutionUnamsanctam; il y déclaraitque l'Égliseest un seul corps et n'a qu'une seule tête; qu'il y a deuxglaives, l'un spirituel, l'autre matériel; le premierdevantêtre maniépar l'Église,le second pour l'Église le premier étant dans la maindu sacerdoce,le seconddanscelledesrois et desbarons, maispour s'enservir commele veut et autant que le permet le sacerdoce.Après cette.déclaration,Bonifaceexcommunia Philippe,qui persistaitdans ses mesureshostiles, et prépara une autre bulle par laquelleil le déposeraitpour donnerson royaumea l'empereurAlbertI". CependantPhilippe avaitrassembléde nouveauxÉtats généraux(1303),se confiantau fermeappui qu'il avait trouvé dans les représentantsdu pays. Les légistesy forent d'une vivacitéextrêmecontrele pape. Guillaumede Nogaret, pro fessourde droit à Toulouse/l'accusade simonie,d'hérésie, des vices les plus infâmes. Un autre légiste,Guillaumede Plasian,proposaau roi de convoquerun concilegénéral, et d'yciter Boniface.Cesdeuxhommesétaient du midi, et sans douteun vieuxlevainalbigeoisles stimulaitcontrele pouvoir pontifical,bourreaude leur pays la grand-pèrede Nogaret avaitété brûlé commehérétique.Un donconseillerslos plus iScoutés du loi, Pierre Dubois, allait plu»loin il demandait


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CHAPITRE XXV.

la suppressiondu pouvoirtemporeldes papes, la proposition de Plasian fut adoptée. Il fallait appréhenderau corps le pontife, afin de le traduire devantle tribunal par lequel on oe proposait de le faire condamner;Guillaumede Nogaret vinten Italie. Il s'entenditavec Sciarra Colonna,nobleRomain et mortel ennemidu pape. Bonifaceétait alors dans sa ville natale d'Anagni. A force d'argent, Nogaret gagna le chef des milices d'Anagni, et une nuit entra dans la place avec400hommesd'armeset quelquescentainesde fantassins. Au bruit qu'ils firentdans la ville, aux cris de « Mort au pape,vivele roi deFrance » Bonifacecrut sa dernièreheure venue. L'énergiquevieillard(il avait86 ans) ne montraaucune faiblesse.Il se revêtitde ses habits pontificaux,s'assit dans sa chaire apostolique,la tiare en tète, la croix d'une main, les clefsde saint Pierre de l'autre, et il attenditainsi les meurtriers.Ils le sommèrentd'abdiquer. <>Filsde Satan, criait Colonna,cèdela tiare qoe tu as usurpée. Voilàmon cou, voilàma tète, répondit-il trahi commeJésus-Christ, s'il me faut mourircommelui, du moinsje mourraipape. » SciarraColonnal'arrachade son trône, le frappa de songantelet de fer au visage,et l'eût tué, si Nogaretne l'en eut empêché. « 0 toi, disaitle petit-filsde l'Albigeois,ô toi, chétif pape, considèreet regardela bonté.demonseigneurle roide France, qui, si loin que soit de toi son royaume,par moi te garde et te défend.» Du moins la scènefut ainsi racontée. CependantNogaret hésita à traîner le vieillardhors d'Anagni. Il laissale tempsau peuplede revenir de sa stupeur. Lesbourgeoiss'armèrent,les paysansaccoururent etlesFran* çais furent chassésde la ville. Le pape, craignantqu'on ne mêlât du poison à ses aliments, était resté troisjours sans manger. Peu de tempsaprès, il mourutde honte et de colère des indignesaffrontsqu'il avaitsubis. Qoipapmaté&Avignon(fl!Bffl(ffi«fl33©). AvecBonifaceVIII était donc tombée cette orgueilleuse puissancedes pontifesromains,qui, deuxsiècles auparavant, tenaittroisjours piedsnus, dansla neige, l'empereur,repré=


DE LA ROYAUTÉ PROGRÈS FRANÇAISE. 411 sentantsuprême du pouvoirtemporel. Mais ce n'était pas l'empereurqui tirait cettevengeance,c'étaitle roi de France, devenupresquedans l'Europe ce que l'empereur y étaitauparavant,le roi de France qui représentaitavecplus de force qu'aucun autre souverain,le principe de la séparationdes nationalités,que la monarchie pontificaleavait voulutoutes absorber,et celuidu gouvernementlaique, qu'elleavaitvoulu subordonnerà la puissanceecclésiastique. Philippe le Bel avaitéchouécontreles milicesflamandes, puissancenouvelle il avaitréussicontrela papauté,puissance des tempspassés. Il ne crut son succèscompletque lorsqu'il la tint dans sa main. Le successeurde Boniface,BenoîtXI, ne songeadans son courtpontificatde septmois,qu'à réconcilierles deuxvieilles alliées la papautéet la France, et il leva toutesles excommunicationsprononcéespar Boniface,exceptécellequi frappait Nogaret, Colonnaet les auteurs de l'attentat d'Anagni. Ona parlé de poison,an sujet de sa mort c'est improbable. Mais Philippeprit sesmesurespour se rendre maître de l'électiondu nouveaupontife;Bertrand de Got, archevêquede Bordeaux,fut proclamé,sousle nom de ClémentV, quand il eut promis au roi de complaireà tous ses désirs. Du jour où la papauté ne fut plusqu'un pouvoirnotoirementsubordonnéau roi de France, elle perdit beaucoupde sonautoritémorale sur le mondechrétien.ClémentV n'osa paraîtreà Rome; il se fit couronnerà Lyon(1305),et se fixa en 1309à Avignon,possessiondu saint-siégeau delàdesAlpes, où il donna, par sesmoeurset sabassedocilitéà l'égard du roi de France, un spectaclede scandale.Sept papes résiderontaprès lui dans cettevillesousl'influencede la France (1309-1376).C'estla captivitédeBabylonequi ébranlal'Église et prépara le grand schismed'Occident,précurseurlui-même dela réforme. Philippe ne se contentaitjamais d'une demi-vengeance. Bonifacemort,il voulutfairecondamnersamémoireet brûler sesos commeceuxd'un hérétique, afinde se donnergain de causeet d'effacerle mauvaiseffetproduitdansla chrétienté parsesviolences.En vainClémentVépuisasa souplesseet ses


412

CHAPITRE XXV.

eftortspour sortir du piégeoù il s'était pris.Il évitade porta lui-mêmela sentence,mais il fut obligéd'indiquer, pourju ger ce grand procès, qui était celui de la papautémême, m concile œcuméniquequi se tint à Vienneen 1311.Il y fui déclaré que BonifaceVIII avait toujours été orthodoxe,suais que Philippen'avaitrien fait contrel'Église. Condamnation

des •SempUeva

(8888).

Villaniraconteune scène lugubre, cette sinistreentrevue du pape et du roi dans la forêt de Saint-Jean-d'Angély,où l'un venditla tiare, où l'autre l'acheta.L'entrevuen'eut pas lieu, mais desconditionsfurent certainementfaiteset acceptées. Une d'eUesn'était rien moins que la destructiondel'ordre militairedes Templiers.Cette milice,souvenirvivantde la croisade,dévouéeau saint-siége,étroitementliée à toutela noblesseeuropéenneet surtoutfrançaise,parcequ'ellese recrutait principalementen France, populairepar sa valeur, répanduedans toute la chrétienté, où elle possédaitplus de 10000manoirset nombrede châteauxinexpugnables,fidèlementunie par une organisationqui mettaitles chevalierssous la maindu grand maître, tout cela faisaitde ce grand corps un obstacleet un dangerpour la royauté.En outre ils étaient fort riches dans le trésor de l'ordre, il y avait 150 000florins d'or, en ne comptantni l'argent, ni les vases précieux. QuelletentationJ On ne savaitce qui se passait dans leurs maisons.Tout y était secret jamais œil profanen'en avait pénétréles mystères maisde vagues rumeurs parlaientd'orgies, de scandales, d'impiétés. Philippepouvaitdu même coup abattre des gens à craindreet mettre la main sur de riches dépouilles. Le 13 octobre1307,au matin, les Templiersfurent arrêtés par toutela France acteinique, maisquiprouvela puissance du roi, et avecquellepromptitudeil étaitobéi.Son influence était si grande,qu'il les fit mêmearrêter par tousles souverains del'Europe.En vainClémentV essayad'évoquerceformidableprocèsà son tribunal, Philippemaintintqu'en cette


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PROGRÈS DE LA ROYAUTÉ FRANÇAISE.

affaireil était le championde l'Église. Les charges portées contreles Templiersétaientde secrètesimpiétés,une immoralité profonde,et ils n'ont pas réussià se laver complètement do cesaccusations,auxquellesleur commerce continuel avecl'Orientdonne quelquepoids. La torture leur arracha les aveuxqu'elle arrachetoujours.Philippe fit déclarer par une assembléed'États généraux,convoqués&Tours,que les chevaliersétaientdignesde mort (1308).Desconcilesprovinciauxfurentensuiteréunispour les juger celuide Parisétait présidépar l'archevêquede Sens, Marigny,frère du premier ministre du roi. Cinquante-quatreTempliers y furent condamnésau feu,et l'abominablesentencefut exécutée(1309). Deuxans après, dansle concilede Vienne, ClémentV prononçal'abolitionde leur ordre. Après quoiPhilippe le Bel prit la croixet promit daller à leur place en terre sainte. Enfin, en 1314,on, tira de prison Jacques Molay, grand maître du Temple, et plusieursautresdignitaires.Ils avaient tant souffertdela torture et de l'humiditéde la prison, que les os leur tombaientdes pieds. Le grand maître et le commandeurde Normandie,après avoirrétractéles aveuxqu'ils avaientfaitsprécédemment,furent livrés aux flammes ils protestèrent de leur innocencejusqu'au dernier moment (11 mars). Une légendepopulairese forma sur cettemort le bruit courut que le grand maître avait ajournéle pape et le roi a comparaîtredevantDieu, l'un au bout de quarante jours, l'autre au bout de l'année. Philippemourut le 29 novembre 1314. Administration

de Philippe a V règne (fliBaa-agss).

de ses trois

Ois

Pendantce règne, les nouveauxéléments du gouvernement apparurent ou s'organisèrent les États généraux, les parlements.Une ordonnancede 1303établit qu'on tiendrait deuxfoisl'an, pendant deuxmois, le parlementà Paris, l'échiquierà Rouenet les grands jours à Troyes.Le parlement de Paris étaitrendu fixedanscetteville, où, du reste, il avait toujoursété d'usage de le tenir. En 1313, une Universitéde


klk(\

CHAPITRE XXV.

loisfut fondéeh Orléans,qui devintpour les légistesce que l'Universitéde Paris était pour les théologiens.L'institution du ministère public, ou de magistratschargésde défendra danstoutesles causesles droits du roi, plus tard ceuxde la société,parait remonterà Philippele Bel. Philippe IV fit varier souventla valeur des monnaies, et gôna si bim'ila fabricationdes monnaiesseigneuriales,que les seigneurstrouvèrentplus avantageuxdo lui vendre leur droit de monnayago.Comme il lui fallait beaucoup d'argent, il vendit la liberté aux serfs, déguisant ses motifs sousde belles paroles, touchantla a franchisede toutecréa= ture humaine. » Il mit des impôts sur tout, même sur les herbesqui se vendaientau marché, ce qui causa, en 1304, un soulèvementterrible dans Paris. L'argent devenait une puissance;sa circulationplus rapide exigea, en 1305, la créationde quatorzebureauxde changeen diverslieux du royaume, et dans le parlement la création d'une chambre des comptes.C'étaitl'indiced'un grand changementdans la société.Déjàla guerreelle-mêmen'était plus féodaleet commençaità se faire avecdesmercenaires:Philippele Bel bat» tit les flottesflamandesavecdes galèresgénoises. Trois filsde Philippele Bel régnèrentaprès lui. Spns le premier, Louis X, dit le Hutin, la noblesseréagit vivement contreles légistes; elleformades confédérations, se fit promettre le rétablissementdes bonnescoutumesdu tempsde saint Louis,et entraîna le roi lui-mêmedans cetteréaction, dontles victimesfurent lesministresde Philippelé Bel, Enguerrandde Marigny,Raoulde Presle (1315).LouisX continua d'affranchirles serfs, « parcequ'an pays des Francs, nul ne doit être serf; mais il les forçaitd'acheter leur li= berté,cequidiminuaitbeaucouple présent,d'abordparcequ'il fallaitlepayer,ensuiteparcequonn'étaitpaslibredele refuser. Ala mortdeLouisX (1316),qui ne laissaitqu'une fille, Jeanne, et sa femmeenceinte,la question de la succession des femmesse présentapour la première fois. Les barons, surtoutlo ducde Bourgogne,oncledeJeanne, voulaientque, si la reine n'accouchaitpas d'un fils, la couronne fût donnée à la filledu feuroi. La reine mit au mondeun fils qui ne


PROGRÈS DE LA ROYAUTÉ FRANÇAISE.

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vécutquecinqjours. AussitôtPhilippeV, frère de LouisX, qui étaitinvestide la régence,fut sacréà Reims, et il fit déclarerpar los clercs et bourgeois de Paris, assemblésaux halles, que « la femme ne succèdepas à la couronnede France, « principetout nouveauet qui n'était nullementécrit dansla loi salique,à laquelleon l'a si souventfait remonter. Philippe V eut un règne étrange, mêlé de sages ordonnancespour l'administrationdes eauxet forêts,pour l'établissementde l'unité des poidset mesuresdansle royaume,et en même tempsde persécutionscontreles Franciscains, les lépreux, les juifs, d'accusationsde sorcellcrieset de bûchers sanglants.Quandle peuplevit Philippe V mourir à son tour, sansenfantmâle, il crut qu'une malédictions'appesantissait sur la famillede Philippele Bel (1322). CharlesVI, dit le Bel, eut un règne à peuprès semblable: les persécutionset les exécutionscontinuèrent les hommes du parlement, croissant toujours en audace, firent pendre « au communpatibulaire » un seigneurdu midi, Jourdain de l'Isle, fameuxpar sescruautés. Audehors, il favorisaen Angleterrela révolutionqui précipita du trône ÉdouardII, et reçutl'hommagedu filsde ce princepour la Guyenneet le Ponthieu; en Allemagne,il fut sur le point d'obtenir la couronneimpériale.Mais une sorte de fatalitéétait attachéeà cette maison.Cesprinces, grands, et beaux, qui tous semblaientdevoirfournirune longuecarrière, meurentdansla fleurde l'âge Philippe le Bel à quarante-sixans. LouisX vingt-sept,Philippe le Long à vingthuit, Charlesle Bel à trente-quatre. Le peuple voyaitdans cesmortsprématuréesun signede la vengeancedu ciel sur cettefamillequi avaitsouffleté'BonifaceVIII, peut-être empoisonnéBenoîtXI, et brûlé les Templiers. Le moyen âge lui-même est à ce moment, du moins en France, bien près de sa fin, car tout ce qu'il avaitaimé, croirades, chevalerie,féodalité,était finiou se' mourait;la papauté, bafouéedansBoniraceVIII, était captive à Avignon; le successeurde HuguesCapet était un despote,et les filsdes vilainssiégeaientaux Étatsgénérauxdu royaume,en/aca des nobles et desclercs.


.,is

XXVÏ. CHAPITRE

CHAPITREXXVI. ANGLAISESDEPUIS!•& PROGRÈSDESIWSTITBTIOSS DE LA GRANDECHARTEJUSQU'ALA CONCESSION GUERREDE C1ÎMTAKS(1217=1328). Garanties stipuléespar la GrandeCharte(1215).HenriIII (1216).– le parlement I" (1258).Edouard Liguedesbarons;statutsd'Oxford; du paysde Galles(1274-1284). avecl'EGuerre (1272). Conquête etBruce.-Édouard II (1307); WaUaoe cosse(1297-1307); proBaliol, du grès parlement. (SMunsnties stipulée!) pat? la œirsinde «SanurS©(£1888), aieunt nnn (assis).

On a vu que c'est à Jean sans Terre que remonte la GrandeCharte. La royauté,anglaise,assezforte dès l'origine pour sefaire craindredes barons et des bourgeois,même du clergé, réunit ces troisclassescontre elle.Et voilà pourquoi de leurs effortscommunsest sortie nne communeliberté, les barons ayantstipulépour les bourgeois,en mêmetemps que pour eux-mêmes,parce qu'ils avaient besoin de leur appui. Par cet acte mémorable,le roi promettaitau clergéderespecterles libertésde l'Église,particulièrementla libertéd'élection aux seigneursd'observerles limites tracées, sous Henri 1", à ses droitsféodauxde relief, de garde, de mariage aux bourgeois, de n'établir aucun impôt dans le royaumesans le consentementdu communconseil; à tous, il accordaitla fameuseloi de l'habeascorpuset dujury, basede cetteliberté et de cettesécuritédesindividus,qui furent toujours depuisle bel apanagede l'Angleterre.Enfinil constituait à demeurefixe.la cour des plaidscommuns.Une autre


PROGRÈS DES mSTITDÏÏONS

ANGLAISES.

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charte, appeléeChartedesforêts,jointe à celle-là,tempérait l'excessiverigueur des peinesinfligéesaux délits de chasse dansles forêtsdu roi et donnait aux libertés conquisesune garantie par l'établissementd'unecommissionde vingt-cinq baronschargésd'ensurveillerl'exécutionet d'obligerle roi par tousles moyensà réformerles abus. Jean mort, les baronsabandonnèrentLouisde France, son compétiteur,et se tournèrentversle filsqueJean avaitlaissé, Henri III. C'étaitun enfantqui fut placésous la tutelle du comtede Pembroke, et à qui l'on fit confirmerla Grande Charte(1216). Il prit ainsi, dès l'enfance,l'habitude dejurer, pour ce pacte fondamentaldeslibertés anglaises,un respect qui répugnacependant à tousles rois anglaiset qu'il foula lui-mêmeaux piédspar plus d'un parjure. Ce règne, commencépar une minorité, fut presque dans toute sa durée une éclipse de la puissance royalederrière les influencesparticulièresqui se livrèrent bataille à la cour, d'abordle comtede Pembroke,puis Hubert du Bourg, qui lui succéda, et son rival le Poitevin Pierre des Roches, évêquede Wmohester.Le dernierattira à la cour une foule deses compatriotesqui envahirenttouteslesdignitésau grand mécontentementdes barons normands. Plus tard (1236), Henri III ayant épouséÊléonorede Provence, les Provençaux affluèrent,tandis qu'un onclede la reine, Pierre de Savoie,amenaitde ses montagnesun essaimde jeunes filles pauvresque le roi obligeases barons d'épouser. Un autre oncled'Éléonore fut fait archevêqueprimat de Cantorbéry. Enfinla cour de Rome prenait en quelque sorte possession de l'Angleterrepar la multitude de clercsromainsauxquels elle donnaitles bénéficesanglais.Ils venaient en foules'abattre sur le pays et y possédaientalors jusqu'à 70 000marcs de revenu. Les morsuresde toutes ces sangsuesétrangères n'étaient point adouciespar la gloire. Saint Louis battait Henri III à Taillebourg et à Saintes, et ne lui laissait ses provinces françaisesquepar un excèsdéloyauté. Son secondfils Edmond, à qui le pape AlexandreIV avait offert le trône de Naples,occupépar Manfred,ne put s'y asseoir. Son frère, BIST.DONOMttANE..2'


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CHAPITRE XXVI.

Richardde Cornouailles,élu empereurpar les ennemisde la maisonde Souabe, les vit lui tournerle dos quand sa bourse futvide. Ainsil'argent de l'Angleterreétaitgaspillé,sansprofit poui elle. HenriIII cherchaà s'en procurerpar tous les moyens. On pensebien qu'il n'épargnapas les malheureuxjuifs on les accusade crimesaffreux,comme d'avoir fait subir à un enfant le supplicede la flagellationet du crucifiement.Les juifs no pouvaientse défendre.Mais quand le roi entrepritde rançonneraussile peuplechrétien, ce futautre chose,lesba. rons se trouvèrentlà. la gtiflesisemS ((1S6Q).. Oigne des ïjoïomb)éteints â'dBsEorâ; .QuoiqueHenri III eût juré quatre époquesdifférentes, et très-solennellement,de respecterla Grande Charte, il ne se faisait passcrupuledela violeren ce qui concernaitlesim= pots, d'autantmieuxque le pape le déliait de ses serments. La longanimitédes baronsfut grande. Mais, en 1258, un envoyéd'AlexandreIV étant venuà Londres, réclamer,pour l'affaired'Edmonden Italie, 40 000 marcs, sans compter les intérêts, les baronsindignésrésolurentd'enchaînerle roinon plus par un serment,chosefragileavecdetelles consciences, mais par une constitutionpublique. Le 11 juin 1258, dans le grand conseil national d'Oxford, première assembléeà le nomde parlement, on laquelleait été donnéofficiellement forçale roi à confierla réformeà vingt-quatre barons, dont douzeseulementndmméspar lui. Ces vingt-quatredélégués publièrentlesfameuxstatuts ou provisionsd'Oxford le roi confirmaitla GrandeCharte; les vingt-quatre nommeraient touslesans le grandchancelier,le grandtrésorier, les juges et autresofficierspublics.;ils nommeraientles gouverneurs des châteaux;ce seraitcrimecapitalde s'opposerà leurs déoisions;enfin le parlementserait convoquétroisfoispar an. HenriIII protestaet en appelaà l'arbitragede saint Louis, qui prononçaen sa faveurdans l'assembléed'Amiens. Mais les baronsn'acceptèrentpas ce jugement, attaquèrentHenri les armesà la main, sousla conduitede Simon de Montfort,


PROGRÈS DESDîS

ONSANGLAISES 419

comtede Leicesteret petit-fils du vainqueurdesAlbigeois,.et le firent prisonnier avec son .fils Édouardà la bataille de Lewes(1264).Leicestergouvernaalors au nomdu roi qu'il tenaitcaptif.C'est lui qui organisala premièrereprésentation complètede la nation anglaise, par l'ordonnancede décembre 1264, qui prescrivaitl'électionde deux chevalierspar comtéet de deuxcitoyemou bourgeoispar chacunedes grandes villesou principalesvillesd'Angleterre. Ainsise scellal'alliance,si fécondepour la libertéanglaise, desnobles avecles hommesdes communes,par l'admission simultanéede la petite noblesseet de la bourgeoisiedans le grand conseil du pays. Leicester, suspect aux grands, ne garda pas longtempsle pouvoir.Le comtede Glocesterfit scission,le prince Edouard s'échappa; tons deuxrassemblé-» rent une armée, et battirent, à Evesham,le comtede Montfort, qui périt (août1265). Henri III, remontésur le trône, n'osa pourtant pas défairel'œuvre de Leicester. ûm payo«3©©allée {EdonarttH» (SS98).®ob«u»ô«o (MB~8M). Edouard Ie*,fils de Henri III, était en terre sainte quand son père mourut (1272). Il revint à cette nouvelle,et se fit couronner.Son règne fut importantet glorieux pourl'Angleterre car, d'un côté,l'admissiondeschevaliersde comtédans le parlementfut consacréecommeun fait normalen 1295,ce qui rendit définitifl'établissementdu systèmereprésentatif en Angleterre;del'autre, le royaumes'accrutpar l'acquisition du paysde Galles,et pendantquelquetempsdominal'Écosse. La race celtiqueétait toujoursindépendantedansles montagnes dupaysdeGalles,tandis qu'auprèsd'elle s'étaientsuccédé tant de dominations.Avecson indépendance,elleconservaitses bardes quilui promettaientqu'un princede Galles siégeraitun jour sur le trône d'Angleterre,et elleoffraitasile aux ennemis de la dominationnormande. Pourtantun chef gallois avaitété contraintde prêter hommageà Henri III; maisLlewelin ou Leolyn le refusaà ÉdouardIor,qui entra dansle pays.Aprèsune lutteacharnée,Leolyn fut tué sa


CHAPITRE XXVI.

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tète, couronnéede lierre, fut exposéesur la TourdeLondres. Son frère David prit sa place; il fut fait prisonnier, et les quatre quartiers de son corpsfurent dispersésdansle pays, « parcequ'il avaitconspiréen des lieuxdifférentsla mort du roi, son seigneur. »Châtimenthorrible dont l'Angleterrea puni,jusqu'au dix-huitièmesiècle, ceux qu'elle condamna commecoupablesde haute trahison; onvit les bourgeoisde Winchesteret ceux d'York se disputer,comme un morceau d'honneur,'l'épaule droite du malheureuxDavid.Edouard organisale paysde Gallessur le mêmeplan que l'Angleterre, imposasilenceauxbardes, et, pour donnerle changeauxespérancesque leur prédictioninspirait aux Gallois,fit porter à son filsle titre de prince de Galles,que l'héritier présomptifa toujoursreçu depuiscetteépoque(1284). ennemi

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(S8©»-fl8©SI)} HBaïloî, Weïlece es BBroee.

L'Ecosseétait, commele pays de Galles,encoreindépendante, quoiquequelques-unsde ses rois eussentrendu à ceux d'Angleterreun hommagepassager. Quand Édouard devint coi, le trône d'Ecosseappartenaità une jeune princessede Norvègequi n'en avaitpas encorepris possession.n réussit à la fianceravecson fils, croyant préparer ainsi l'heureuse union des deux pays; mais quand la viergede Norvégevint cherchersontrône et sonépoux,elle ne put arriverjusqu'au terme et expiradepfatiguesdu voyage,dans les tles Orkney. Deuxprétendants's'offraientpour le trôned'Ecosse,Jean Baliol et Robert Bruce. Les Écossaisprirent Edouardpour arbitre. Il désignaBaliol(1292),en stipulantformellementque î'Éoosse serait désormaisplacée sous sa suzeraineté.Baliol essayabientôt de s'affranchirdé cetteconditionhumiliante. Vaincuà Dunbar (1397),il fut fait prisonnieret alla mourir aux Andelys,en Normandie.Edouardlivra auxAnglais les dignités et les places fortes da l'Ecosseet enleva la grande pierre de Scono,sur laquelle se plaçaient les rois d'tôooHse lors du couronnement,et qui sert encoreaujourd'huipour le mêmeusageaux rois d'Angleterre.


PROGRÈS DES INSTITUTIONS ANGLAISES,

4SI

L'Ecosseétait tropfièrepour se laissertraiter en pays conquissansrésistance.Un simplegentilhomme,William Wallace, se mit à sa tête. Nul ne maniait plus vaillammentla claymore. Il se jeta sur l'avant-gardede l'armée anglaisequi venaitde traverser le Forth sur un pont étroit, près de Stirling, et la précipita dans le fleuve(1297).Ces bandes vaillantes, mais féroces,dévastaientdéjà le nord de l'Angleterre quand Edouard accourut.Il fut vainqueur&Falkirk(1298), et Wallace, livré par un traître, fut décapité et coupéen quatre morceaux. Le troisièmeacte decette glorieuserésistanceappartientà Robert Bruce, le concurrentde Baliol. Quand Baliols'était révolté contre Edouard, Bruce avait espéré être mis en sa place et s'était réfugiédansle campdes Anglais depuis ce tempsil servaitdans leurs rangs. Un jour, après une escarmouchecontreles Écossais,il se mit à'table, les mains humidesde sang « Voyez,se direntà demi-voixquelquesAnglais voyezcetécossaisqui mange son propresang. » Il les d'affranchirsa patrie,ii assementendit, et de honte fit vœu bla les baronsécossais,qui le proclamèrentroi et furent d'abord vaincus;l'Ecosseallaitpeut-être retomberpourjamais sous le joug anglais,lorsqueEdouard1" mourut(1307). lÉnSoEifflietB HS (flSHBïf); pipogFèo du parlemenS.

EdouardII, prince faibleet méprisable, succédantà un souverainénergiqueet valeureux,en parut d'autantpluspetit. Il voulut continuerla guerre contreRobert Bruce,et essuya, à Bannock-Burn(1314),la défaitela plus complètedont il soit fait mention dans les annalesd'Angleterre.L'indépen*dancecj$l'Ecossefut assurée Robert Brucey demeuraroi. La plaie de ce règnefut encorel'influence dos favoris et des étrangers.Le GasconGaveston,puis les deux Spenser furent successivementles objets de la faveurdu roi et de la hainedes barons. A ceux-cise joignit Isabelle, une fille du roi de France, Philippe le Bel, qui avait épouséÉdouardII, en 1308,et dont la cruauté égalaitles charmes.En 131g, les at lu firentdécapiter.15n1381t basons«esaisirentde( luv«Hton


422

CHAPITREXXVI.

cefut Isabelle elle-mêmequi levaune arméesurle continent et aidéedes grands, envoyales Spenser au suppliceet son épouxen prison où on le força d'abdiquer,au profit de son fils EdouardIII, et où bientôtcette femmehorriblele fitassassinerau moyend'unfer rougeintroduitdansles intestins, pour que le crime ne laissâtpas de tracesextérieures. Sous ce faible roi, les libertés firent encoreun pas. On avait bien vu déjà le parlementvoter l'impôt, on voit alors, dans la secondeannée d'EdouardII, les députés mettre des conditionsà leur vote,exigerque le roi prenne leur conseil et leur fassejusticesur leurs griefs. Ainsi En 1215,toute l'Angleterre, réunie contre l'odieux Jean sans Terre, l'oblige à donnerla GrandeCharte,déclaration des libertés nationales. En 1258,les statuts d'Oxford,sous Henri III, établissent la périodicitédu grandconseilnationalou parlement. En 1364,sous le même prince, le comtede Leicesterfait entrer au parlement les députésdes chevaliersde comtéset des bourgeoisde villes,qui formèrentplus tard la Chambre basse ou des Communes,commelesvassauximmédiatsdu roi formerontla Chambrehaute ou des lords. A partir de 1395,sousEdouardI", la présence au parlement deces députésdescomtéset desvillesdevientrégulière, ce qui fait du parlementla représentationvéritable du pays. En 1309,sous Édouard II, le parlement révèle la force qu'il aura un jour jan mettant des conditionsau votede l'impôt, et trois ans plus tard, en 1313,1econsentementdes communesest spécifiédansl'acte qui nommples lords ordonnateurs, en 1337, dans celui qui établit le prince Edouard gardiendu royaume. Les fondementsde la constitutionanglaiseont doncétéje» tés au treizièmesiècle; le quatorzièmeles affermiraet les étendra.C'est sur cettebase que s'élèveraau dix-huitièmela grandeurde la vieilleet libre Angleiorre.


LA GUERREDE CENT ANS.

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CHAPITREXXVII. SLA GUERRE DE CENT ANS. I Préliminaires de la guerre de Cent ans (1328-1337).-Bataille de l'Écluse (134C); affaires de Bretagne; Crécy (1346) et Calais (1347). Jean (1350); bataille de Poitiers; Etats généraux; la Jacquerie; traité de Brétigny (1360). CharlesV (1364) Duguesclin; les grandes compagnies en Espagne. La guerre avec les Anglaisrecommence (1369;; nouveau système de guerre.- Wiclef Wat-Tyler et le roi anglais Richard JI (1377). Déposition do Richard II et avénement de Henri IV de Lancastre (1399).-Honri V (1413).– Ia France sous Charles VI (1380-1432); insurrections populaires. Démence de Charles VI (1392); assassinat du duo d'Orléans (1407) les Armagnacs et les Bourguignons.- Henri V recommence la guerre contre la France (1415).Bataille d'Azincourt. Henri VI et Charles VII rois de France (1422); Jeanne d'Arc (1421-1431). Traité d'Arras (1436); Charles VUà Paris (1436) fin de la guerre de Cent ans S>péUminaIrc0 de la gnemr® de sent «uns (flS8@-£88S). Enfin allaient

se rencontrer,

dans une des plus longues

guerresdont l'histoire fassemention,deux pays, arrivés tous deuxà un haut degréde puissance la France, réuniepresque entière sous la main de son roi; l'Angleterre, devenueun peuplepar l'alliancedes chevaliersnormandsavecles bourgeois saxons,et qui conservaitsur le continentun grand domaine, la Guyenne.Il y avaitplus do disciplinedansla féodalité anglaise,parce que, dôsl'origine,elleavaitété organisée et contenuepar une royautépuissante,et parceque plus tard elleformacontrecettemêmeroyautédes entrepriseslongues et suivies, où elle no dédaignapas d'accorder un rôle aux gens des communes.Il y on avaitmoinsdans la féodalitédo France, parcequ'elle était plus légère, à raisonda ses habitudes, plus dédaigneusedu peuple par l'ellot du caroc'.bro


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CHAPITBE XXVH.

et des circonstances.La cour de France était le rendez-vous de cette féodalitédu second âge, chevaleresqueet brillante, maismieuxfaite pour l'éclat des tournois et des pas d'armes que pour la grande guerre. Cavalerieimpétueuse, la plus belle de l'Europe; maiscavaleriesansinfanterie,car les piétons des communesétaient tenus trop à l'écart et en trop grand méprispour pouvoirjouer un rôle sérieux; et l'infanterie étrangère,qu'on louait, se battait mal étant mal vueet mal traitée. La France avait donc,dans ses armées, de quoi commencerune victoire,maisnon pas de quoila gagner. En Angleterre,au contraire,les archerssaxons,exercésdèsl'âge de sept ans au maniementde l'arc, formaientune infanterie redoutableet honorée.On la mettait en premièreligne dans les batailles, et c'est par euxque l'Angleterrefut victorieuse. Cette noblessede France, si vaniteuseet si confiantedanssa force,le devintbien plusaprès certainssuccèssur l'infanterie des communes,quand la victoire de Mons-en-Puelle,sous PhilippeIV, eut«effacé lelugubre souvenirde Courtray;celle de Cassel, au début mêmedu règne de Philippe de Valois, accrutcetteconfiancemalheureusequi causa sa perteet prèsque cellede la France. J'ai déjà parlé de la richessede la Flandre; il faut noter un autre caractèrede ce pays. Sur ce solbas et humidequ'il avaitfallucouperde millecanauxpour l'étancher, entre tant de villesdéfenduespar leurs murailleset mieux encorepar une populationhabituée au travail, à la peine, fièrede son nombre,de sa force et de ses richesses, la chevalerien'avait pas eu beau jeu; aijssiil y avaitpeu de féodalitéen Flandre. Toutesces villes avaientleurs priviléges; il n'était pas prudent d'y toucher. Mais leur comte, Louis de Nevers, était d'une de ces famillesféodalesde France, à qui ne convenait guère le respect des bourgeois.Il trouvaitsurtout mauvais que ces manantsfussent si riches, quand lui, leur comte, n'avaitpas de quci suffireauxfollesdépensesdontles grands prenaient déjà l'habitude. Ses exactionsamenèrent des.révoltes.Il demandasecoursau nouveauroi de France, Philippe VI de Valois, cousinde CharlesIV, et qui venait de lui succéderencoreen vertu dela loi salique.Philippe mena


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en Flandreune belleannée, où se voyaientle roide Bohême et plusieurs princesétrangers.Les milicesde Flandre furent, taillées en pièces devant Cassel,et Louis de Nevers rétabli (1328). Ainsila chevaleriefrançaisese croyaità peuprès invincible le roi de France, de son côté, était puissant, et par de sagesmesures, paraissaitavoiréloignétoute contestationrelativeà son avènement.D'abordil avaitdésintéresséun des prétendantsau trône, Jean d'Évreux,par la cessionde la Navarreet des comtésd'Angoulèmeet de Mortain, en échange desquelsla Champagneet la Brie étaientdéfinitivementréunies à la couronne(1328).Ensuite, il exigea"et reçut d'Êdouard III, roi d'Angleterre, l'hommage féodal pour la Guyenne. Ce même Edouard allait pourtant se prétendre l'héritier légitimedes Capétiensdirects,commepetit-fils de Philippe IV par sa mère, et trouverdansle royaume,même dansla familleroyale,des alliéspour lui ouvrirle chemin de la France. RobertII d'Artois,un desroyaux de France,avaitdesprétentions sur ce comté, retenu par sa tante Mahautet après elle par ses filles.Il empoisonnasa tante et fabriqua contre sescousinesde faux titres. Cité devant la cour des pairs, il s'enfuit dans le Brabant et s'en prit au roi lui-même.Pour atteindreà distancenn ennemiaussi bien gardé que l'était le roi de France par ses hommesde loi, il s'adressaaux puissancesde l'autre monde, à celui qui recevaitde la superstition de l'époque les voeuxcriminels,à qui l'on demandaitla fortune,les succèsmondains,les plaisirs de la vengeance,la mort d'un ennemi,an diable. La magieavaittracédes règles pourse faire entendredesmalins espritsdontles légionspeu. plaientl'enfer; tel étaitl'envoûtementonenvoûtaitceluique l'onvoulaitfaire périr, c'est-à-dire qu'on fabriquaitune petite imagede cire à sa ressemblance,qu'on la faisaitbaptiser et que pendantune messedite à son intentionon y enfonçait une aiguillela placedu cœur,ce qui tuait inévitablement, si le voultétaitbien fait, celuiqu'on voulaitatteindre.Robert traita ainsi Philippe "VI,puis s'enfuit en Angleterre,pour éviterun châtimentqui eût pu devancerl'effetde la cérémo-


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CHAPITRE XXm

nie magique;et là, il persuadaà Edouardde faire valoirses droitsà la couronnede France. EdouardIII, avant d'attaquerPhilippe VIen France, l'attaqua en Ecosse.On a déjà remarquéque l'Ecosse,ennemie del'Angleterreà cause du voisinage,était l'alliéenaturellede la Francedepuisqu'unprince françaisrégnaità Londres; tout commela Flandre était l'alliée de l'Angleterre,parce qu'elle fournissaità celle-cile débouchéle pins importantpour ses laines,dont les Flamandsfaisaientle principalobjet de leur industrie.ÉdouardIII lança en ÉcosseEdouardBaliolcontre David Bruce,qui recevait des secoursde PhilippeVI. Philippe ordonnaà Louis de Nevers,qui lui devaitsa couronne de Flandre, de chasserde ses États tous les négociantsanglais. A quoi Édouardréponditpar une mesure très-propre à frapper vivementles Flamandset qui, par contre-coup,devint la sourced'unedes grandesindustriesde l'Angleterre.Il défenditd'exporteren Flandre les laines anglaiseset de se servir dansson royaumede draps ouvrésailleursquedansles métiersnationaux(1336);aussitôtmétiersde Flandrede chômer, ouvriersde Flandrede passer en foule le détroit.C'en était fait de la prospérité de ce pays; l'Angleterre allait en hériter, quand Jacques Artevelt,brasseur ou tisserand de Gand,assemblales députés de Gand,de Bruges et d'Ypres, lestroiscentresprincipauxde l'industrieflamandequi, dansla premièreseulementdecesvilles,faisaientbattre40000métiers, et leur montra « que sansle roi d'Angleterreils ne pouvaient vivre; car toute Flandre était fondée sur draperie, et sans laine on ne pouvait draper. Les Flamands,convaincus, chassentleurcomteet s'allientavecl'Angleterre,sans renoncer toutefoisà l'obéissancedue à leur suzerain,choseencore très-graveà cette époque. Pour le roi d'Angleterrese déclarèrentles princesvoisins des.Flamands,à la fois intéressés à la prospérité de ce pays et hostilesà la Francedont la puissance mettait leur indépendance en péril. L'empereur LouisV fit de même.L'alliancede la France et de la papautén'avait pas cessé,et pour cette raison seule l'empereur devait se déclarer en faveur d'Edouard; il y avaitmêmedans cetteconduiteune certaine


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légitimité depuisque la papauté était sous le joug du roi de France, la tête de la chrétienté était asservieà un des membres; ellesemblaitdoncnaturellementdéchue, et l'empereur, qui avait si longtempsdisputé au saint-siégecette suprématieeuropéenne,paraissaitêtre demeuréseul dignede l'exercer.LouisV réunit à Coblentzune diète où assistaient le roi d'Angleterreet 1700chevaliersou barons, et y promulguaun décret qui déclaraitla dignitéimpérialeindépendante de la papauté,et l'empereur chefdu mondechrétien. Il écoutales plaintes d'Édouardet le nommasonvicairedans les Pays-Bas. Contrele décret impérial, le pape lança des bulles, et cesdeux puissancesdéchues, se foudroyantl'une l'autre sans que le cours des événementsfût en rien changé, montrèrentqu'elles ne pesaientplus que faiblementdans la balancepolitique,et que la prépondéranceréelle était désormaispasséeà la France et à l'Angleterre. BBatoiHe de VÈelnao ((1841®); affaires de IBïetagme; Créer (03-a®) et (Valais (flS.fla).

La guerre directe commençaen 1S37. Edouard, entré en France par le Gamhrésis,pénétra jusqu'à l'Oise. C'est à ce momentqu'il exhibales droits qu'il s'attribuait sur la couronne de Franceet qu'il semblaitavoirmisde côtéjusque-là. Il obtint pour premier résultat de se fairereconnaitreroi de France par les Flamands, qui trouvèrentainsile moyende changerde suzerainsans changerde suzeraineté.La première grande bataillese livra sur mer (1340).Ce n'est pas que la France eût déjà une marine; elle avait loué une flottede 140vaisseauxcastillanset génois.Cetteflotte, mal conduite, fut détruite par celle d'Edouard à l'Écluse. Cependantla guerre languit, et, aorès un succès des Français à SaintOmer et un échecdÉdouard devant Tournay, elle fut sus" pendue par une trêve (1340).Mais en 1341, les hostilités seranimèrenten Bretagne,où les deuxrois soutinrentchacun un candidatdifférentau trône ducal. Le duc Jean III venait de mourirsanslaisserd'enfants.Le duchédevait-ilpasserà la


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filledu plus figé de ses frères, mort avant lui, tl Jeanne de Penthièvre,qui avait épouséCharlesde Blois, un neveu de PhilippeVI, ou bien à son plus jeune frère, Jean de Mont° fort? Par le droit de représentation,la comtessede Blois devaitsuccéder.Mais Montfortinvoquala loi salique, cette inventiontoute récente qui avaitjeté le troubledans la loi de successionféodale.Le parlement, la noblessefrançaise, et Philippe de Valoislui-même, combattantce principe de l'exclusiondes femmespar lequelil s'étaitfrayéle chemindu trône, se prononcèrentpour Jeanne; Montfort,appuyé sur la bourgeoisieet la Bretagne celtique, réclama l'appui de l'Angleterre.Il reconnutÉdouard pour roi de France et lui fit hommage.Le rigide et saint Charlesde Blois, d'une part, de l'autre Montfort d'abord, puis, quand il eut été fait prisonnier, sa femme, Jeanne de Flandre, intrépide héroïne, commencèrenten Bretagne une guerre de vingt-quatreans, difficile,ingrate, sans autres événementsque des sièges de placeset de forteresses,des faits particulierspar lesquelsse signalaitune noblessenombreuse, attirée par la renommée militairede Jeanne de Montfort. Ce qui anima fortementla Bretagne contre le comte de Blois et contrela France, ce futla cruelleexécutionde quinze seigneursbretons, accourusauxfêtes magnifiquesque le roi de France continuaitde donner,aux dépensdu peuple,qu'il imposaitlourdement, et des monnaies, qu'il altérait sans cesse. Ils avaientdes relations avec l'Angleterre Philippe leur fit trancherla tête (1344).Parmi les victimesétait Olivier de Clisson,dqnt la veuve prit les armes et dont le fils courutà l'armée de Montfort. Édouard trouva l'occasionfavorablepour attaquer. Bretagne à l'ouest,Flandre à l'est, étaientdeuxennemisredoutablesdontil avaitflanquéla France, deuxentréesqu'il s'était ouvertesdans ce pays, sans comptercelle de Guyenne.Cette situationmême déterminale pian de campagnede l'année 1345.Une armée anglaisedébarquaen Guyenne,et fut victorieuseà Auberoche;une autre avecMontforten Bretagne; une troisième,commandéepar Édouardlui-même,se porta en Flandre. Artevelt dominaittoujours dans ce pays; mais


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aon contentd'avoirfait des Flamandsles sujets du roi d'Angleterre, il voulutleur donner un autre comte; une assemblée de députés des villes,que choquaitcet ascendantd'un hommesorti du milieud'eux, excitale peuple contrelui, et il périt victimed'une insurrectionpopulaire. Toutefois ses ennemisavaientmoinsle désir de changer son systèmepolitique que de satisfaire une jalousie personnelle.Artevelt mort, ils envoyèrentdes ambassadeursau roi d'Angleterre, pour renouveleret resserrerl'allianceprécédemmentconclue. Pour l'année 1346,Édouardprépara un grand armement. Un Français exilé, Geoffroyd'Harcourt, le décidaà débarquer dansla Normandie,qu'il dévasta.Il remontaitla Seine pour menacerParis, quand le manque de vivresl'obligea à changersa directionet à marchervers la Flandre, dont les milices,apprenait-il,arrivaient à sa rencontre.On aurait pu le détruireau passagede la Somme,onle laissas'établirdans la fortepositionde Crécyoù l'habiletédes archers anglaiset la téméritéde la chevaleriede Francelui donnèrentune facile et complètevictoire.De notre côté, 11 princes, 2 archevêques, 80 barons à bannières, 1200chevalierset 30 000soldats restèrent sur la place(1346).Cettedéfaitene livra pas toutela Franceaux Anglais,mais en mit les clefsdansleurs mains, Calais, cette ville que le continent semble porter au-devant de l'Angleterre. Il ne le prit qu'après un long siègerendu fameuxpar le dévouementd'Enstachede SaintPierre. La France étaitvaincuepartout; en Écosse, DavidBruce avaitété fait prisonnierà Nevil'sCross(1446);en Bretagne, Charlesde Bloisavait eu le mêmesort à la Roche-Darrien (1347).Enfin unegrandecalamité naturelle se joignit à ces revers c'était la fameusepeste noire ou pestede Florence, « dont bien la tierce partie du monde mourut. » Au milieu de tant de mauxpourtantla royautécontinuaitson progrès en 1348,Philippe VI achetadu roi de Majorquela seigneurie de Montpellier;en 1349il acquitleViennois,que lui céda lo dauphinHumbertII, et, depuisce moment,il fut d'usage d'attribuer cettesouverainetéavecle titre de dauphin,au fils atné des rois de France.


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K«a«sgénérons) Seau (flSg©) ) bataille de ffoHIers(QSSffl) la Saequcrlo }traitéde Brétlgnjr (flSOO). A PhilippeVI succédaJean (1350), qui inaugura son règne déplorablepar des violences;il fit exécutersans jugementle connétabled'Eu, qu'il accusait de vouloir livrerses placesau roi d'Angleterre. Charlesle Mauvais,roi de Navarre, qui, par sa mère Jeanne, n'était pas sans prétentions sur la couronnede France,imital'exempleroyal; il fit assas° sinerle connétablede la Cerdaà qui Jean avaitdonné l'Angonmoisqu'il réclamait,puis se réfugiaauprèsd'Édouardqui fit, en1355, une campagne en Artois, tandis quele prince de Galles ravageaitles provincesvoisinesde la Guyenne. Les États générauxréunis pour parer au péril élevèrentdes prétentionsinouïesjusque-là s'ils accordèrent30 000hommes d'armes(100 000hommesenviron) et 5 millionsde livres, prouvant ainsi qu'ils étaient pénétrés de sentiments nationaux,ils exigèrenten revanchedes concessionsqui rappelaientla GrandeCharted'Angleterre le droit d'administrer par desreceveursqu'ils nommeraienteux-mêmeset qui rendraientcompteà eux-mêmesdes cinq millions accordés; rétablissementde l'impôt sur tous les ordres; l'abolitiondu droit de prise, et le droit de résister par la force à ceux qui voudraientl'exercer,l'interventionnécessairedes États dans les questionsde paixoude guerre; enfinleur convocationannuelle. L9s seigneursne se résignèrentpoint aisémentà ces empiétementset surtoutà cette extensionde l'impôt qui les atteignait.Plusieurs barons, et à leur tête Charlesde Navarre, s'opposèrentà sa levéesur leurs terres un jour que le dauphinCharles,alors duc de Normandie,avait invitéà un festin le roi de Navarre et ses amis, Jean, bien averti de l'heure, vintà Rouenles surprendreet les arrêter lui-même à la tablede son fils. Malgréles prières ot les larmes de ce jeune prince qui semblaitavoirattiré les victimesdans un guet-apens,Jean fitaussitôtjeter le roi de Navarredans une prisonet trancherla tête au comted'Haroourt et à quelques autres.


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Cet actede violenceparut à ÈdouardIII une occasionfavorable. Il envoyaen Normandieune arméecommandéepar le duc de Lancastre,qui fut repoussée. Dans la Guyenne, le princede Gallesou prince Noir (à causede la couleurde son armure)pénétrapar le Limousin«en ce bon et gras paysde Berry, » s'avançajusqu'à Vierzon,puis tournavers Poitiers. Il n'avaitque 2000cavaliers,4000 archers, 2000 fantassins, et le roi Jean s'y trouvait avec 50 000 combattants.Cefut commeà Crécy.Le roi s'y battit mieux, maisse fit prendre. Une bonne partie de la noblessequi l'accompagnaitresta, aveclui, au pouvoirdes Anglais,et 1 1 000mortscouvrirent le champde bataille, a de quoi le noble royaume fut durementaffaibli.» Le roi captif, lanoblesseprisonnièreou détruite, le peuple seul restait pour sauverla France. Ce cadet,déshéritédansla famillepolitiquedu moyenâge, prit en main le gouvernementdu royaume ébranlé par l'impéritie de ses aînés. Ce n'était pas lui qui avait été vaincuà Grécy,à Poitiers.Cesrevers, aucontraire,le relevaient,car il était.évidentque, tout mépriséqu'il était par la iblesse, il n'eût au moinspas agi plus mal, et que peut-être il eût lutté contreles archers anglais avecplus d'avantageque les chevaliers.Le peuple régnant, ce fut chose nouvelleet extraordinaire.Pourtant il n'était pas absolument,au moinsdans ses chefs, sans expérience de la direction des affaires.Les progrès antérieurs avaientpréparé celui-là.Les roturiersétaientdans le parlement,l'Eglise et les universités ils possédaienttout le commerceet formaientde vastes corporationsindustrielles.La robe, la marchandise,qui allaient bientôt devenirl'aristocratie dutiers état, fournirenttoutesdeuxun chefau mouvement qui éclataaprèsla bataillede Poitiers Robert le Coq, évéquedeLaon et présidentau parlement; EtienneMarcel, prévôtdesmarchandsde Paris. Le premier soinde Marcel, à la nouvelledu désastre,fut d'acheverles fortificationsde là capitale,d'y placer des canons, de barricaderlesrues. Bientôtarriva le dauphin Charles on ne faisaitpas grand état de ce jeune prince; sa conduite à Poitiersavait été fort équivoque il avaitfùi un des


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premiers.Charlesconvoquales États généraux à Paris pour la langue d'oil, à Toulousepour la langued'oc. Les États de Paris réunirent800 députés, dont400 desvilles.Marcelprésidaitle tiers état, Robert le Coqle clergé. La noblesseétait en petit nombre; elle avaitpour principal chef Jean de Pecquigny,seigneurde Vermandoiset ami du roi de Navarre. Les trois ordres délibérèrentséparément;mais pour mettre de l'unitédansleur action,nommèrentune commissionmixte de 80 membres.Elle formula les volontésdes États et réclamapourla réformeduroyaume le renvoiet le jugement, devantlesjuges nomméspar les États, des principauxofficiers de financeet dejustice du roi, accusésd'avoirmalversé et vendudes arrêts; la délivrancedu roi de Navarre; l'établissementd'un conseilde quatreprélats, douzeseigneurset douzebourgeoisélus par les États sans lesquels le dauphin ne pourrait rien ordonner et qui contrôleraienttout le gouvernement.A ce prix on accordaitan dauphin un décimeet demi,pour un an, sur les revenusdes trois ordres. En réalité, par ces prétentionsrévolutionnaires,le peuplese plaçait sur le trône, et entreprenaitde se chargerlui-mêmedu soin desaffaireset du bonheurpublic.Les États de la langued'oc, moins novateurs,votèrentune levéede 16UOOhommesavec l'argentnécessairepour l'entretenir. Le dauphinn'entendaitpoint souscrire à de telles condi= tions. TI joua habilementles députés du tiers état, en les engageantà consulter de nouveauses commettants,tandis secoursà l'empereur d'Allemaque lui-mêmeirait demander gne son oncle.CharlesIV publiaitalorssa fameusebulleai'or dansla diètede Nuremberg.Le dauphiny parut. Il espérait bien, à sonretour, trouverles députés dispersés et découragés. Loin de là, les conseils provinciauxs'étaient réunis, avaient approuvé les mesuresdes États, et tout le pays se prononçaitdans le mêmesens (1357).Le 3 mars, le dauphin fut obligéde réunir au palais une assembléegénérale. L'évê» de Laon porta la parole. Il demandaau prince d'éloigner de sa personnevingt-deuxde ses conseillersou serviteurset d'autoriserla formationd'un conseilde trente-six membres, élus par les États. « pour ordonnerles besognesdu royaume


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et auxquelstout le mondeseroït tenu d'obéir. » Des commissairesdevaientêtre envoyésdans toutesles provinces;enfin lesÉtats se ménageaientla facultéde surveillerce gouvernementde leur création,en se faisantdonnerle droit de s'assembler deux fois par an, sans convocation.Quant aux réformes,relativespour la plupart aux financeset à la justice, le dauphiny pourvutpar la grande ordonnancederéformation: danscette chartemémorable,il s'engageaità n'établir aucunimpôt sansle votedes États, à ne rien détourner du trésor, à laisserla levéeet l'emploides impôtsaux délégués desÉtats, à rendrela justiceimpartialeet prompte, à ne plus vendreles officesde judicature,à nepas altérerles monnaies, pour lesquelles le prévôt des marchandsdevait fournir un modèle.Droitde prise, empruntsforcés,jugementspar commissaires,aliénationdes domainesde la couronne, étaient autant d'abus corrigéspar l'ordonnance,qui déclaraitenfin inviolablesles membresdes États et autorisaitla résistance arméeà touteentrepriseillégale. Le gouvernementpopulaire de 1357 n'eut malheureusement dans son sein ni assez de concorde,ni assezde force et d'expériencepour conserverla conquêteimportanteque le peuple venaitde faire. D'ailleurssa situationétait des plus difficiles;son crédit était ébranlépar le roi Jean, qui, de sa prison, défendaitaux États de s'assembler,et au peuplede payer les impôtsvotéspar eux. Les campagnesétaientdans le plus déplorableétat.Accabléspar les impôts,par les lourdes rançonsqu'exigeaientd'eux,avecdes tortures, leurs seigneurs prisonniers,les paysansfaepouvaientplus cultiverla terre, ravagéed'ailleurspar les expéditionsprécédentes.Ils se faisaientvagabonds,et aimaient mieuxdevenircomplicesque victimesdebandes de soldatslicenciésde tous les pays, que la findela guerre avaitlaisséssur le sol français.Le dauphin se crut assezfort pour déclarerqu'il ne voulaitplus avoirde curateurs. C'étaitune rupture complèteavecles États et la reprise de possessiondu pouvoirabsolu par la royauté. Centrele dauphin,le peuple de Paris appela Chariesde Navarre,tiré de sa prison. Ce princeambitieux,habile, éloquent;vint se faireorateurdes halles,promettantde défendre H1SÏ,DUMÛÏKN AOB

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le pays, laissant entendre qu'il n'était pas sans droits à la couronnede France. Le dauphin espéra balancerce genre nouveaud'influencepar les mêmesmoyens il allaitau Pré-. aux-Clercs et Paris, commeune transformationmagique,se voyaittout à coup, en pleinmoyenâge, orné de deuxforums. Mais le dauphinse perdit encorepar ses malheureusesaltérationsdes monnaies,seulmoyendureste d'avoirde l'argent, à moinsde réunir les États. Marcel avait armé aussitôtles bourgeoiset leur avait donné pour signesde ralliementdes chaperonsmi-pàrtis rouges et bleus. Ala tête d'une compagnie de cette milice, il pénètre dans l'hôtel du dauphin, fait tuer ses deux principauxofficiers, les maréchauxde Champagneet de Normandie,en le coiffantlui-même du chaperonparisien commesigne de salut, et lui dit, tandis qu'onjetait les deux cadavresà la foule a Depar le peuple, je vous requiers de ratifier la mort de ces trattres, car c'est par la volontédu peupleque cecis'est fait! » D'une petite partie du peuple, fallait-il dire, de la bourgeoisieparisienne(1358). Plus on allait, en effet, et plus la révolutionqu'on essayait perdaitde son caractèrede généralité; les députésdes provinces,éloignésde leurs commettants,se refroidissaient,tandis que la communede Paris, toujoursprésentesans sprtir de ses foyers, restait nombreuse, ardente, populaire. Les États, jaloux de son influence, se laissèrenttransporteren partie à Compiègnepar le dauphin.La noblesseaccourutautour de ce prince. Il eut 7000 lancesavec lesquellesil vécut à discrétionsur le paysentrela Seineet la Marne, ravageant toutes les campagnesjusqu'à Paris qui souffritde la disette. Jamaisplus affreuxspectaclene s'était vu les paysans,ruinés par les Anglais,par les routiers et par ïeurs seigneursdont ils avaientà payerles rançons,s'assemblaient,marchaienten troupes, sous le nomde Jacqueset sousla conduitede leur roi JacquesBonhomme.En Champagne,en Picardie, ils passaient 100000.Ils étaientanimésd'unehaine profondecontre la noblesse,qu'ils se croyaientappelésà détruireentièrement. Ils pillaientles châteaux,égorgeaientles seigneurs, outrageaient les plus nobles dames. Ala fin on tombasur eux da


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tontesparts 7000furenttués à Meaux.Cettegrande insurrectiondescampagnesfut noyéedansle sang. Cefut un coup porté à Marcel la discordese mit dansla commune.Oblige de chercherun appui au dehors,le prévôtdesmarchandsap» pela le roi de Navarre, s'engageantà lui préparer les voies au trône de France. Mais beaucoup-de Parisiensétaient las du régimerévolutionnaireet ne voulaientpas s'armer contre le dauphin.Dansla nuit du 31 juillet 1358,commeMarcel changeaitla garde de la porte Saint-Denis, par où devait entrer Charles de Navarre, il fut massacré,avec ceuxqui l'accompagnaient,par l'échevinMaillardqui avait découvert le complot.Le dauphinrentra avecune arméedans Paris, et fit décapiterou exilales principauxcompagnonsde Marcel. La Francene s'en trouva pas mieux.Cependanton parlait de paix.D'abordle dauphin,par le traité de Pontoise,réussit à calmer Charles de Navarre, et Jean, las de captivité, t venait de traiter avecEdouard; mais à quelles conditions! Il cédait la moitié de son royaume,la meilleure,avecl'embouchurede tous nos fleuves; en outre, il promettaitpour sa rançon4 millionsd'écusd'or. Le dauphincompritque ce seraitl'anéantissementde la France, et, dansce granddanger, consentità rassemblerles États. Peu de députésvinrent,mais pleinsde patriotisme.«Les lettres du roilues et relues, bien ouïeset bien entendues, et de point en pointconsidéréeset examinées,leur sembla ce traité trop dur, et répondirent d'unevoixaux messagersqu'ils auraientplus cherà endurer et porterencorele grand meschefet misèreoù ils étoient,que le nobleroyaumede France fût amoindriet défraudé;quele roi Jean demeurâtdoncencoreen Angleterre,et que quandii deremède.» AlorsEdouardIII plairoità Dieu,il y pourvoiroit reprit les armes et débarquaià Calaisavec une armée nombreuse, suivied'un énormeattirail. Il espérait combattre; il n'en.fut rien; un systèmede défensetoutnouveaufut inauguré en France o'était de ne risquer aucune bataille et de laisserl'invasions'épuiserelle-même.Le dauphinsetint dans Paris; après sixmoisde promenadeset de provocationsinutiles,Edouardarriva à Chartresavecune armée déciméepar la famine;un violentorageempiraencore son état, et le roi


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d'Angleterre,tendant les bras vers la cathédrale,fit voeuà Dieu et à la sainte Viergede ne plus s'opposerà la paix. On conclutle traité de Brétigny(1360),désastreuxen lui-même pour la France,mais acceptableenconsidérationde sesrevers et de sa profondemisère.Édouardrenonçaà la couronnede France, et reçut en souverainetédirecte au midi, le Poitou, l'Aunis,l'Angoumois,la Saintonge,le Limousin,le Périgord, le Quercy,le Rouergue,l'Agénois,le Bigorre; au nord, le Ponthieu, Calais, Guînes. La rançon de Jean fut fixéeà 3 millionsd'écusd'or payablesen six ans (près de £50 millionsde francsaujourd'hui). Une occasions'offraitde réparer une partie de ces pertes douloureuses.La premièremaisonducalede Bourgognes'éteignit en 1361,et d'après la loi des apanages,ce grand fief échut à la couronne.Jean, aussi fatal à la France dans la paixque dansla guerre, se hâta d'aliénerla Bourgogneen faveur de son quatrièmefils,Philippe le Hardi, qui avait bien combattuà Poitiers.Ce Philippe tut la souchede la seconde maisonde Bourgognequi faillitdeuxfois perdre la France. Jean mourut en 1366,de nouveauprisonnier,mais par sa proprevolontéet parl'effet d'une loyautéchevaleresque,que la viejoyeuseet les fêtesde la cour d'Angleterrerendaient beaucoupplus facileque le dévouementde Régulus. «Dtsoirtes W (flSOâ)

les gprondes BDagaeseltn; en Espagne.

eomipagimJea

Le règnede CharlesVfut un règne de réparationet comme un temps de convalescencepour le royaume de France, si maladeet ruiné. Il fallait le guérir de trois maux que les derniers traités n'avaient pas fait disparattre,qui étaientau contraireétablisau coeurmême du paya. Le Navarraiset les compagnies,c'était tout un. Charlesla Mauvaiss'était faitle chefdecesbandeshétérogènesqui, tout rt'coiiimontencore, avaientdétruitune arméeféodaleà Brignais,et qu'il laisaitcoinmanderpar un aventuriergascon,le coptcâde lîuch. CharlesV sut leur trouver un adversaire uubbîinlrôpidout plus habile, un gon» aventurim* «%iw<Tetw,


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tilhommebreton, qui avait commencéparfaire le désespoir de sa famillepar sa laideur, sa difformité,sonméchantcaracère, battant ses frères, ses camarades,ses maîtres,toujours couvertde coupset de blessures. « Sonpère et moi, disait sa mère,nous le voudrionsvoirsous terre. » Cepetitgarçonbatailleurdevintà quinzeans un rudejouteur la lanceau poing, et ne tarda pas à faire redouterson nom de Duguesclin,qu'il a depuis rendu illustre.Avec d'autres bons compagnons,il battit à Cocherelles aventuriersdu captal de Buch,qu'il fit prisonnier (1364); et, l'an d'après, le roi de Navarreétait obligéde signerun traité qui lui enlevaitses placesdu bassin de la Seine, trop dangereusesen sa main, Mantes, Meulan,' Longueville,et qui lui promettait en échangela seigneurie de Montpellier.Là du moinsil seraitloin des Anglais. La guerre durait toujours en Bretagne. Charles envoya Duguescliny frapperle parti anglais.Maisle Bretonfut moins heureuxchezlui, parce qu'il ne fut pas le maîtredetout conduire à sa guise.Charlesde Blois,le chefdu parti français, ne suivitpas ses conseilset futtué à Auray.Duguescliny fut pris. Charles se hâta de négocier.Il consentitau traité de Guérande,par lequelJeanne de Bloiseut le comtéde Penthièvre, et Jean V de Montfortle duché, pour lequel il fit; hommageau roi. Cependantla bataille de Cochereln'avait pas épuisé les grandescompagnies c'étaitun mauvaissangqu'il fallaitjeter hors de France. Une belle occasions'offrit en Espagne. Il s'agissait de soutenirHenri de Transtamare,qui disputaitle trône de Castilleà Pierrele Cruel.Duguesclin,dontCharlesV avait payé la rançon, montraà cesbrigands le beau pays de par delàles Pyrénées, et sur le cheminla richeville pontificale d'Avignon.30000Basques,Bretons,Lorrains, Brabançons,Provençaux,Français, Anglais,arrivèrentà la ville an pape, se disant « pèlerinsde Dieu, qui avaiententroprispar grande dévotiond'aller à Grenadepour vengerNotre-Seigneur,» et, pour co pieux;objet, exigeant200000 livres et l'absolutionde leurs péchés.La papodonna tout, houreuxdo les voirpasser h côté d'Avignon,dontil redoutaitle pillnge. Duguescliufit triompher Henri do Transtamape;mais, le


XXVII. 638 CHAPITRE butin récolté, les routiers, qu'il avait retenus jusque-là, se débandèrentet repassèrentles Pyrénées,2000seulementrestèrentauprèsdelui. Le princede Galles,quitenaità Bordeaux une courmagnifique,ne pouvaitlaissers'accomplirune révolutionqui allait mettrela Castilleet sa flottedans l'alliancede la France. Il formaune arméeavecbeaucoupde ces routiers qui revenaientd'Espagne, et ramena Pierre le Cruel. Duguesclinfut vaincuet pris à la bataille de Najara ou de Navarette, que Henri de Transtamarelivra malgré lui (1367). Un peu plustard (1369)il rétablit, par la bataille de Montiel, Henri sur le trône, et aveclui le parti français. C'étaitlà un avantage,maisle principalétaitd'avoirdélivré la Francedes grandescompagnies.En leur absence,des précautionsavaientété prisespour empêcherqu'il nes'enformât de nouvelles les forts misen état de défense,des rondesorganiséesparlespaysansavecl'autorisationduroi. Le royaume se restaurait; la gabelleétait diminuéede moitié, les aides du quart, à conditionque les bourgeoisemploieraientl'argent que le roi leur laissaitaux fortificationsde leurs villes. CharlesV avait donné à ses frères, les ducs d'Anjouet de Berry, les gouvernementsdu Languedocet de l'Auvergne(et non plus en fiefscommejusque-là), de sorte que de cespays, voisins des possessionsanglaises,partaient de continuelles excitationsà la révolte,et « acquéraitle roi de France amis de tous les côtés.» II renouaitla vieilleet utilealliancede la Franceavecl'Ecosse;il fusait épouserà son frère l'héritière du comtéde Flandre!,et il entraînaitdans son parti le roi de Navarre, commey était déjà le roi de Castille.Il formaiten même temps de nouvellestroupes. Le chef qui devait les menerà la victoireétait délivréde prison.Monseigneur, dit un jour le malin chevalieran prince de Gatles, ondit par le royaumede Franceet ailleursque vousmeredouteztant, que vousne m'osezmettrehors de votreprison.»Le princeNoir, piqué, lui permitde fixerlui-mêmesa rançon a 100000florins, monseigneur,et ne vousen étonnezpas; il n'y a pas de bonne femmedans monpays qui ne cotisepour ma rançon; et d'ailleurstel qu'ilne s'yattendpas payerapourmoi.» Tout était donc prêt pour la guerre du côté de la France. Au con-


LA GUEBRE DE CENTANS.

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traire, le prince de Galles, malade depuis son expédition d'Espagne,aigri, sombre,cruel,mécontentaitles Aquitainset ne pouvaitobtenird'euxaucunsubside.AlorsCharlescrut le momentvenud'agir. Il se plaignitque le traité de Brétigny eût été violé,et en effet,après sonretourd'Espagne,le prince Noir, sans argent, avaitenvoyéses routiers se payer sur la terre de France; il réclamacontrel'oppressionde l'Aquitaine et de la Gascogneopprimées;beaucoup de seigneursde ces deux pays étaientvenuslui demander justice. Il finitpar citer le prince anglais par-devants* courdes pairs « J'irdi, réponditle prince Noir, le bassineten tête, et 60 000hommes en ma compagnie.> t,a guerre

avec les Anglais nouveau système

reeonunenee de guerre.

(flSSO})f

Les Anglais débarquèrent à Calais. Une grande armée française,sous les ordres du duc de Bourgogne,alla à leur rencontre,mais refusatout engagement,et se retira à mesure qu'ils avançaient.Les villes étant bien fermées,bien défendues, les Anglais n'en purent prendre aucune; leur expédition se borna à d'inutilesravagesdans les campagnes.Ilsrevinrenten 1370; le mêmesystème fut inexorablementappliqué. DevantReims, devant Paris, pareille immobilité. De sonhôtel Saint-Pol, où il se tenait enfermé, le roi pouvait apercevoirlès villagesqui brûlaient; maisle brave Clisson lui-mêmedisait « Sire, vous n'avez que faire d'employer vos gens contre ces enragés; laissez-lesse fatiguer. Ils ne vousmettront pas hors de votrehéritage avectoutes ces fumières.» «Il n'y eut oncquesroi de France qui moins s'armast, disaitEdouardIII, et il n'y eut oncquesroi qui tant me donnast à faire. » Le princeNoirse remit lui-mêmeaux champs et ne fut pas plus heureux. Il saccageaLimoges. Mais ce tristeexploitfut le dernier (1370).Il languitquelquesannées encoreet alla mouriren Angleterre(1376). La sagesse conseillaitd'éviter le combat avecles grosses armées; mais, dans l'intervalle des grandes -expéditions.


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GHAPmB

XXvH.

Charles laissait volontiers ses chevaliersdonner quelques coupsde lance, surtoutsonbraveDuguesclin,qu'il avait rappelé d'Espagneaprès la bataille de Montiel et pour le faire connétable.Lepoure chevalieravaitvoulurefuser cettehaute dignité « MessireBertrand, lui répondit le roi, ne vous excusezpoint; car je n'ai frère, cousin ou neveu, ni comte, ni baron en mon royaume,qui n'obéisseà vous, et si nul y était contraire,il me courrouceraittellementqu'il s'en apercevrait.» Necroirait-on pas déjà entendreLouis XI? Duguesclincommençaà battre à Pont-Valain(dans la Sarthe) les bandes de Robert Knoll, routier au servicedes Anglais. Il les poursuiviten Bretagne,où le duo,allié d'EdouardIII, était, pour cetteraison, malvudes Bretons.Ceux-ci,en effet, depuisla grande faveurde Duguesclinet de Clissonà la cour, grâce encoreauxhabilesmanœuvresdu roi qui ne perdaitpas une occasionde les flatter, étaientdevenusFrançaisde cœur. Aussifermèrent-ilsleurs forteressesauxAnglais,les ouvrant au contraireà Daguesdin au boutde peu de temps, Jean de Montfort était détrôné, et Brest seulrestait entre les mains d'Edouard.Dans le même temps, l'amiral castillan Boccanégra enlevaitune flotte anglaisedevant la Rochelle.Cette ville, françaisede cœur, et, pour le commerce,rivale de Bordeaux,la ville anglaise,s'était d'elle-mêmeaffranchie-du joug étranger (1372).Le clergé, la bourgeoisieappelaient partoutles Français. Poitiers,Angoulême,Sainteschassèrent leurs garnisonsanglaises,et Duguesclinen anéantit les débris à Chizey,dans;le Poitou (1373). Dès lors, il ne resta plus rien aux Anglaisau nordde la Gironde. Cependantl'opiniâtreennemireparutencoreen 1373.Débarqué à Calais avec 30 000 hommes,lé duc de Lancastre croyait conquérirla France il ne fit que la traverser.Le voyagefut heureuxtant qu'on resta dansles riches provinces du nord; mais dansles pauvres et maigrespays du centre, les privations,les maladiescommencèrent.En Auvergne,il ne restait plus un cheval; à Bordeaux,il ne restait plus que 6000hommes;et leschevalierscommeles soldatsmendiaient leur pain de porte en porte. Cettefois les Anglais étaientdégoûtésd'une telle guerre.


LÀGDEHHE DECENTANS.

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Ils ne revinrentpas l'annéesuivante;et, en 137S,ils demandèrent une trêve qui se prolongeajusqu'à la mort d'Édouard III, en 1377.Charlesalors romptla trêve, précipite ses coups. Il met cinq arméessur pied et conquierttoutela Guyenne, tandis qu'une flotte castillane,montée par dos troupesfrançaises,ravageles côtesde Kent et de Sussex.En 1380,les Anglais n'avaient plus que Bayonne, Bordeaux, Brest,Cherbourget Calais. Le momentétaitpropicepouren finir avecCharlesle Mauvaiset ses intrigues. Sous prétextede complotcontre ta vie de la familleroyale de France, CharlesV fit exécuterdeux de ses ministres et arrêter ses deux fils; la seigneurie de Montpellierfut conquisepar le duc d'Anjou,la Navarrepar le roi de Castillo,le comtéd'Évreuxpar Duguesclin.II ne recouvrason royaume,en 1379, qu'en livrantvingt places commegage de paix. Charlesessayaen Bretagnece qui lui avait si bien réussi en Guyenne. Le 20 juin 1378,il ajournale duc Jean V à comparaîtrepar-devantla courdes pairs, et le duc ne s'étant pas présenté, son fief fut déclaré acquis au domaine royal. Les Gasconss'étaient d'eux-mêmesdonnésà la France; les Bretonsn'entendaientmême pas se laisserprendre. Barons, chevalierset écuyerssignèrent,à Rennes, le 26 avril 1379, un actede confédération,que les bourgeoiseux-mêmessouscrivirent.Jean V, naguèreexpulsédu pays, fut rappelé.Tous les Bretonsengagésau serviceduroi deFrance, et ils étaient en grand nombre, l'abandonnèrent; ceux mêmes qui lui avaientd'abord promisde seconderses projets su tournèrent contre lui. La vieuxDuguesclinlui renvoyal'épée de connë»' table, et le lw mars 1380,un traité d'alliance fat signé, à Westminster,entre l'Angleterreet la Bretagne.On revit une à Calaissous le comtede Buckingarmée anglaise-débarquer ham, et traverserencoretout le nordde la France impunément. Elle n'avait pas atteintla Bretagne,où elle se rendait, lorsqueCharlesVmourutà Vincennes,le 16septembre1380.. Duguesclinl'avait précédé de deux mois au tombeau. Une nouvelle trêve, concluequelque temps après, mit fin à la premièrepériodede la guerre de Centans.


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CHAMTRIsXXVII,

TOietefWat-Vyleret le rot anglais Biebard as (8803). AvecCharlesV nous avonsvu se clorela premièrepériode de la guerre de Centans. Le théâtre a changéd'aspect la France, d'abord en partie conquise,est redevenuemaîtresse d'elle-même,et chacunedes deux nations belligérantesest rentrée dans son cadre naturel d'activité.Les premiers acteurs ont disparu Philippe VI, Jean, CharlesV ont passé successivement en France, EdouardIII et le prince Noir en Angleterre.De part et d'autre montentsur le trône, en 1377 et en 1380,des souverainsenfants,RichardII, filsdu prince Hoir, âgé de onze çns, et CharlesVI, qui en avait douze. Durantcesminorités,la France et l'Angleterresont en proie à des troubles intérieurs.Une effervescencesemblable les agite et jette an dehorsdes idées apportéespar le progrès général de la civilisation affranchissementdes esprits, affranchissementdu peuple,voilàce qu'on a remarquédéjà et ce qui se poursuità la fin du quatorzièmesiècle, mais d'une manièretumultueuseet violente. En Angleterre,le parlement organisé,l'industrie excitée par l'introductiondes ouvriersflamands,l'autorité du saintsiége souvent méconnue,préparèrentles mouvementspopulaires et leur imprimèrentun double caractère,politiqueet religieux. En 1866, trente-trois années d'arrérages étaient dues pour le censannuel de 1000marcsque Jean sansTerre s'était engagéà payer.au saint-siége.Urbain V les ayant réclamées, un acte public du roi, des lords et des communes déclaraque nul n'avait eu le droit d'assujettirle royaumeà un pouvoirétranger. Quinzeans auparavant,d'autres statuts avaientréservé exclusivement au roi la collationde certains v bénéfices,et portéatteinteà la juridictionétrangèrede Rome. Dans cette résistanceau saint-siégese signala un moine anglais,Jean de Wiclef,qui défenditlesdroitsde la couronne contreles prétentionspontificales.Une fois qu'il eut attaqué la papauté au nom de l'indépendancenationale,il l'attaqua aussi, au nom de l'égalité évangélique,et sapa toute la hiérarchiecatholique,en ne reconnaissantplus ni pape, ni ar-


hK OUERHEDE CENTANS.

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ehevêque,ni évoqueau-dessusdessimplesprêtres; il prétendit interdire au clergéla possessiond'aucun bien temporel, et même faire dépendre le pouvoir spirituel des prêtres de leur bonne ou mauvaiseconduite; enfin, il poussal'audace de ces attaques jusqu'au dogme,nia la transsubstantiation dans l'eucharistie,la nécessitéde la confession,du baptême, l'utilité de la cérémoniereligieusedansle mariage,etc. Unde ses actes les plus gravespar les conséquencesfut la traduction de la Bible en anglais, et par là l'admissionde tous à la lecture et à l'interprétationdes livressaints. Déjà un cerjtain LoJlard,brûlé à Colognepar l'inquisitionen 1322,avaitprécédé Wiclef dans cette voie, et, de son nom, l'on appelait lollards, en Angleterre, les hommes des campagnes qui adoptaienten grand nombre cesidées.Wiclefeut des disciples qui étendirentses doctrinesà la politique, et dont le plus célèbreest John Bail, a Un fol prêtre de Kent, nommé du Jean Bail, avait prêchéauxpaysansqu'au commencement mondeil n'y avaitpas d'esclaves,et qu'ainsipersonnene pouvait être réduit à l'esclavage,s'il n'avait trahi son seigneur, commeLucifer avait trahi son Dieu.Mais eux,ils n'étaient ni des anges, ni des esprits,mais des hommescréésà l'image de leur Seigneur. Pourquoi donc étaient-ilstraités comme desbêtes! Pourquoi,s'ils travaillaient,ne recevaient-ilspoint de salaire) Quand Adam bêchait, quand Eve filait, où donc était le gentilhomme?» Une de ces violencesqui ont tant suscité de révolutions provoqual'explosionde touscesferments.Un collecteurd'impôts insulta la fille d'un forgeron,Wat-Tyler, qui, de son marteau, l'étendit à ses pieds. Tous les vilains de Suffolk, Norfolk,Essex, Sussex et autres comtésaccoururentaux cris des hommesde Kent, déclarantqu'ils ne voulaientplus. être esclaves;ils serassemblèrentau nombrede 60 000aux portes deLondres sur la bruyère de Blackheath(1381),pénétrèrent dans Londres,prirent la Tour et mirent à mortle chancelieretle primat, commeoppresseursdu peuple. Pourtant leurs demandesétaientmodérées abolitiondu servage, liberté de vendre et d'acheter dans les foires et marchés, amnistiegénérale,et, ce qui était moinsraisonnable,réduc-


fcfefe

CHAPITRESXVO.

tion des rentes à un tauxuniforme. Le roi eut avecWat» Tyler une entrevueà Smithfield il parait que le forgeron jouait fièrementavecson poignard,et que mêmeil allait saisir par la bride le chevaldu roi, quand le lord-maire,craignant une intentionhostile,lui plongeason épéedans le sein. Cettemort déconcertaun instant les rebelles. Le jeune roi Richard II en profita, et, poussant son cheval au milieu d'eux « Mes amis, leur dit-il,Wat-Tyler n'est plus, vous n'aurez désormaisd'autre chef que moi. Ces paroles d'un roi de quinzeans enlevèrentle peuple,qui criaviveRichardt et reçut, en retour, de belles chartes d'affranchissement, scelléesdu sceau royal. Mais, à peine furent-ils dispersés qu'on ne tint compte des promessesfaites; John Ball fut décapité, ainsi que 1500 de ses adeptes, et Wiclef, cité devant un concile, fut obligé de se rétracter.Toutefoisson oeuvren'était pas perdue et devaitprofiterplus tard à la Réforme. déposition

ai et avènement de Blebard deKoneestre (88©®).

de Menu?» sv

Au retour d'une expéditionassezmalheureusecontre lÊcosse,que la France soutenait(1385),de nouveauxtroubles éclatèrenten Angleterre avec un caractèredifférent.Pour résisterà une descenteprojetéepar les Français,Richarddemanda au parlement des subsides; on lui répondit qu'il n'avait qu'à faire rendre gorge à ses favoriset qu'il aurait alors dequoi lever unearmée. H menace, il s'emporte;il va, dit-il, se réconcilieravecle roi deFrance et s'entepdreavec lui pour châtierdes sujets rebelles.Le parlement tint bon; car les oncles duroi et toute la noblessedu royaumeétaient aveclui. Jean de Gaunt, ducde Lancastre,étaitalorsen Espagne, occupésanssuccèsà réclamerla couronnede Castille, sur laquelleil prétendaitavoirdes droits les deuxautres, les ducsd'Yorket de Glocester,surtoutle dernier,qui était trèspopulaire,se mirent à la tête de l'oppositionformidableforméecontreles favorisRobert de Vère, dued'Irlande, et Mi« chelde la Pôle, chancelier.Celui-ci fut mis en accusationet


DE CENT ANS.

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condamnépar les lordsà la perte de son office.Le parlement de 1386alla plus loin; il instituaune commissionde gouvernement, composéede créaturesdu ducde Glocester,et quand le roi essayade s'en débarrasser,le duc prit les armes,battit les troupesroyaleset fit condamnerà mortles ministres, dont deuxfurent pendus(1388). Un acte d'énergieparut sauver une secondefois le roi.En 1389,il cassale conseil,déclarantn'avoirplus besoin de tuteurs, et en flattantle duc de Lancastreil put contenirle turbulentdue de Glocester.Maisses prodigalitésinsensées,j8ea violences ranimèrentl'esprit de factionet les craintes légitimesde l'Angleterre.Hne trouvaitplus à emprunter.Lacité de Londreslui avait refuséun prêt de millelivres sterling.Il extorqual'argent dontil avaitbesoinpour ses plaisirspar des donsgratuits ou plutôt forcés, « Il n'y eut, dit un contemporain, seigneur,prélat, gentilhommeou grosbourgeoisqui ne fut obligéde prêter au roi quelque sommequ'on savaitbien qu'il n'aurait ni volonténi pouvoir de rendre. » Entouré d'une garde de 10 000archers, il gouvernait sans souci des lois. H en alla ainsi pendantplusieursannées.En 1397,Richard se crut assezfort pour se débarrasserde Glocester.H vint le trouverdansune de ses terres; l'invita à le suivre à Londres pour une affairepressante, et le fit enleveren chemin,jeter sur un vaisseauet transporter à Calais, où une nuit on l'é~ touffaentre deux matelas.Ondit ensuitequ'il étaitmortsubitement.Un comted'Arundelfut exécuté,un comtede Warwickreléguédans l'île de Man, l'archevêchéde Cantorbéry condamnéau bannissement. i Richardcroyait avoir vengé ses longues humiliationset assuré à jamais son pouvoir.Un hommecependant lui donnait encorequelquesinquiétudes,Henri de Bolinbroke,fils du duc de Lancastre. Il le bannit, et quand le père mourut (1399), il ne permit pas au fils de recueillir sonhéritage; il s'appropria les biens'de cette opulentemaison. Henri, banni et dépouillé,'conspira. Il formaà Paris un complotet s'entendit avecles principauxseigneursd'Angleterre. Trois frêles embarcationsle portèrent, lui et.lessiens,


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CHAPITREXi VU.

à Ravenspur,près de l'embouchurede i'Humber. Il y fut joint par son frère, le duc d'York, par les comtesde Westmorelandet de Northumberland,entra dans Londreset occupa presquetoutle paysavantmêmeque Richard,alors en • Irlande,où il cherchaità comprimerune sédition, eût appris son arrivée. Quandle malheureuxroi eut repassé la mer, tout le mondet'abandonna.Il tombaaux mainsdeLancastre, et une députationdes lords et des communesle forçaà lire à haute voixcette déclaration a Je confesse,reconnais et, d'aprèsmon sentimentintime, déclareen conscienceque je meconsidèrecommeayant été et étant encore incapablede gouvernerce royaume,et que mesfautesnotoiresme rendent digne d'être déposé.» Le parlementdressaun acted'accusation en trente-trois articles, où on lui reprochait l'injuste vengeanceet la violationdes lois et privilégesde la nation, puis prononçasa déposition.AlorsHenri deLancastrese leva et dit, en faisantle signe de la croix « Aunom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,moi,Henri de Lancastre,je réclame ce royaumed'Angleterreet la couronneavectoutesses appartenanceset dépendances,commedescendanten ligne directe,parle sang, du bon seigneurle roi HenriIII, et comme y ayantaussidroit parceque Dieu, danssa grâce,m'a envoyé pour le recouvreravecl'aide de ma famille et de mes amjLs, ledit royaumeétant sur le point de tomberen raine, faute d'être bien gouverné,et par suite de la violationdes bonnes lois. Henri de Lancastreétablissaitainsi son droit sur la doublebase del'héréditéet del'utilitépublique.Il futreconnu roi sous le nomde Henri IV (1399). Henri.IV usurpait la couronne, non-seulementsur Richard H, mais encoresur la postéritéde Lionel,ducde Clarence, secondfils d'Edouard m, à laquellele trône devait légitimementéchoir.De là sortit plus tard la guerre des deux Roses.Le chef de la maisonde Lancastreemployatout son règne à affermirsa dynastie.Il eut poursystèmedes'appuyer sur le parlementen reconnaissantses droits. Malgré cette sage politiquedu premierLancastre,qui contribuabeaucoup &l'établissementdu régime parlementaireen Angleterre, il eut à lutter contre des révoltes.Unepremière fut étoufiée,et


LA GOEHRK DK CENT ANS.

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RichardII, le roi déposé,au nom duquelelle était faite, périt assassinédanssa prison(1400). Une autre, plus redoutable, s'appuya sur les Gallois. Un seigneurdu pays de Galles,Owen Glendower,à la suited'unecontestationoù le parlementanglaislui donna tort, enlevade forcele seigneur anglo-normandaveclequelil était en litige. Cefut le signal d'une insurrectionqu'attisèrentles bardes depuislongtemps persécutés.Les Galloistrouvèrentdes alliés dans les deux Percy, fils du duc de Northumberland,et que Henri IV avait offensés.Cette insurrectionformidablese terminaa. l'avantagedu roi, par la victoirede Shrewsbury(1403),mais le pays de Gallesne se soumit que peu à peu. Toutefois le vainqueur,après un règne aussi agité, sentaitbien que de grandes entreprises extérieurespouvaientseulesdétourner l'esprit de révoltedesbaronsetde grandssuccèsles dominer. Shakspearelereprésentesur sonlit de mort (1413),donnant son fils, en un beau langage, le conseilde reprendre la guerre contre la France, afind'y renouveler,à lagloirede la dynastiedeLancastre,les lauriers de Crécyet de Poitiers.Il méritaitbien cet hommagedu roi des poètes,anglais, celui qui reçut danssa familiaritéle .premiergrandpoètedel'Angleterre,GeoffroyGhaucer. a • meurt

V (B«*8).

Ce fils, à qui Henri IV léguaitla tâche de faire des conquêtes/était un singulierprince. Avingt-cinqans il n'était encorequele plus mauvaissujetdu royaumequ'il allait gouverner. Associéà quelquesseigneursdébauchéset perdusde dettes, dontFalstaff est le remarquabletype, mêlé mêmeà des voleursde grand chemin,il passaitsa vie dans les orgies et les brigandages,non que son caractèrefût naturellement portéà cesvicesgrossiers,maispar passe-tempset par excentricitéanglaise.Quandson père mourut,il changeacomplètement le coureurde taverneset le briseur de portesdevint un roi sage,grave,sévère,pieux. Il combladéfaveursle juge WilliamGascoignequi, un jour, l'avaitfait mettre en pri~ son il se montra clément,fitrendreles honneursaux restes


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XXVH. CSHAP1KIK.

de RichardIX,et, aprèss'être réponciliépar ces beaux commencementsl'opinionpublique,il déclaraqu'il allait passer en France où la situationétait des plu favorablespour une expéditionanglaise(1415). • « » fti»

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La Franceavaiteu en mêmetempsque l'Angleterresonroi mineur. Maiscette minoritéavaitfini en Angleterredès que RichardII étaittorti del'enfance;en France elle n'avaitpoint cessé,parce que le roi étaittombéd'une enfancedans une autre. Detontesles époquesde l'histoire de notrepays,celleci est bienla plus tristeet là plusmisérable;ony a vud'autres foisautant et mêmeplus de. sangversé, maisjamaisce spectacle extraordinaire,et digne de réflexions,d'un fou sur le trône. Dans l'ordre religieux discorde la captivitdde Babylone n'a cessé (1378) qu'en donnantnaissanceau grand schismed'Occident;tandis qu'UrbainVIa ramenéà Romela papauté,la France reconnaît ClémentVII, pape d'Avignon. Dans l'ordre politique,mille élémentsde troubles, contenus par la faiblemaishabilemain de CharlesV, fermententet se montrent partout, depuis le siègemême du gouvernement jusque dans les campagnes. Quatreoncles du roi, avides et égoïstes,les ducs d'Anjou,de Berry, de Bourgogneet de Bourbon(celui-cidu côtématernel),se disputentle trésorpublio, les impôts, pour en user au profit non de l'État, mais de leurs personnelles;le duo de Berryveut garder ambitions son gouvernementdu Languedoc,malgré l'horreur que ses exactionsy inspirent;le duc d'Anjou,à peineCharlesV a-t-il ferméles yeux, se jette sur le trésor royal, et bientôt, investi du royaumede Naplespar le pape d'Avignon,s'en va mourir (1384)dansson royaumequ'il nepeut conquérir.Pendantce temps, les paysanss'insurgentdans le Poitou,le Limousin, l'Auvergne les grandes communesde la Flandre et du nord do la Franceso révoltent.Eu 1382,à Paris, le peuple,irritédostaxesredoubléesdontle duc d'Anjoufrappele cominorco, s'arme do muilletsot massacreles percepteursdo l'impôt.


LA

GUEUSE

DE

CENT

m*

ANS.

Rouenfait commePana et renouvellecet acte audacieuxde créer un roi dont les Jacquesavaient déjà donnél'exemple un marchanddrapier devientroi deRouen. Les mouvementspopulairesn'étaient plusisolés, commeà' l'originede la révolutioncommunale ils correspondaientet se soutenaiententre eux. Gandétait le centre a Tous pre~ s noient pied et ordonnancesur les Gantois et disoient Jell communespar tout le mondeque les Gantoisétoientbonnes gens, et que vaillammentils se soùtenoienten leurs frana chises,dont ils doiventde toutesgensêtreaiméset honorés.» Gand,avecsas 400000habitants,s'était alors*donné pourchei Philippe Artevelt, non moins,célèbreque sonpère, Jacques. Elle se soulevacontrele comteLouis'deMale, quigouvernait cruellement.le pays. Avec 5000 hommes choisis, Philippe défit près de Brugesles 40 000 hommesdu comtequi faillit être fait prisonnier. Ce succèsle rendit maitre de toute la Flandreet eut un grandretentissement.La noblesse,effrayée decottovictoirede la grande commune, seatit le besoinde se coaliseret de frapperquelquerode coupau coeurdu mouvement pourse préserverd'une destructiongénérale.Le roi de Francepartit,entrainantaprèslui toutechevalerieetgmtUlesse. L'intérêt de classe l'emportantsur l'intérêt dénation, là noblesse anglaisefut d'avisde ne point secourirles fidèlesalliée de l'Angleterre.AussiArleveltne put résister.Il partit avec 50 000hommes la guerre était si terrible quel'onne devait épargnerla vie depersonne,exceptédurai; o'était unenfant, il fallaitluipardonner ceshonnêtesgensdeFlandrevoulaient a lui apprendreà parler et à être Flamand.» Mais cettefois la chevalerieprit sa revanche à Roosebekela mauvaiseordonnancede l'infanterieflamandecausasa perte,c'était une masseénorme,épaisse,sans liberté de mouvement 26 000 hommespérirent, la plus grand nombre étouffés; Artevelt tombaavectout le bataillondes Gantois(1383).La Flandrene fut pas encoretoutàfait abattue, et, soutenuecettefois parles Anglais;tenta une nouvelleinsurrectionqui ramenadansce pays le roi de Franca..La nlorfcdu comte,Louis de Maie, changea la situation.Philippe lé Hardi, duode Bourgogne, dos comtésdoFlandte,d'Artois, hérita, au nomde es, femme, Si!9T. OU MOïBM ABU

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CHAPITRE XXVII.

de Boulogne, de Neverset deRethel (1384).I) reçut le ser. mentdefidélitédesFlamandset promit, en retour, de respec. ter leurs libertés. Événement d'une grandeimportance,car dès lors Je duc de Bourgogne,quoique princedu sang, se trouvaentraîne par sesnouveauxsujetsdans un parti hostile à la France et jusquedans l'allianceanglaise. La bataille deRoosebeken'avait passeulementatteintles Flamands,maisaussitouteslescommunesrebellesdeFrance. Toutebouillantede sa victoire,la noblesssefrançaiserevint sur Paris (1383),30 000 Parisiens en armes s'avancèrentà sa rencontre,non plus pour combattre,mais pour servirde cortègeà Charles"VI.Cetactede soumissionne désarmapas le jeune roi, et des exécutionssanglantes,des confiscations, l'abolitiondes chargesmunicipaleset des corporationssignalèrent le rétablissementdu gouvernementdu roi. Mêmes rigueursà Rouen,à Châlons,à Reims,à Troyes, à Orléans car ce grand mouvement«l'étaitétendu partout; Toulouse mêmes'y était associée,a Sile roi de France eut été déconfit en Flandre, on peut bien croire que toute noblesseet gentillesse eût été perdue en France et autant bien-aux aut.es ni la jacquerie ne fut oncquessi grande ni si terrible pays; qu elle eût été. » Ainsil'historien du moyen âge, Froissart, -grandpartisan de la noblesseféodale,jugeait que la bataille de Roosebekeavait sauvél'ordre socialdé son temps (1383). Ce qui distinguaitpourtant cet ordre social, c'était, dans ceuxqui le dominaient,l'absence du sentimentnational, les vues personnelles,l'esprit d'ftventuro,la dépenseinconsidérée et inutile desforcespubliques, en un mot,le gaspillagede la France, par quelques princes du sang, avidesde royaumes étrangers, très-peu soucieuxde sa prospérité. En 1386, on prépare une grande expéditioncontrel'Angleterre on met sur le peupledes taxespontle poidschassedu paysbon nombre d'habitants.Enfin or. réussit à organiserquelquechose de gigantesque.1400vaisseauxsontrassemblésdotous côtés, 20 000 chevaliers,20 000 arbalétriers, 80 000 fantassinset une foule d'aventuriers,sont réunis; uno ville de bois, de 8000 pieds do diamètre,est chargéepiècepar piècesnr 73navireset se dressera, au débarquementsur la cota d'Angle"


LA GUERRE DE CENT ANS.

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terre. Quandtoutcelaestprêt, le duode Bercyse faitattendre, la saisonpasse,l'expéditionest manquée,et les provincesdu nord de la France sontravagéespar l'armée qui devaitconquérir l'Angleterre. Même entreprise l'année suivante et mêmeavortement.C'est ensuite une expéditionvers l'Allemagnecontre le ducde Gueldre,ennemidu nouveauduc de Flandre.Le roi la conduitlui-même, et avec 80 000hommes, elle n'aboutita rien. Unpeuplus tard, c'estLouisII d'Anjou qui se ruine'dansle royaumede Naplesau lieu dele conquérir et, presqueen mêmetemps, la noblessefrançaise,n'ayant pas assez des journéesde Créey et de Poitiers, s'en va en chercherune autresurle bord du Danube,à Nicopolis(1396). (Voy.plus loin, page 538.) Démenée

de Charles du due d'Orléans Wï (CS09); ontossinat et lëa Bourguignons. tea Armognoea (fl«o9)

Pour laisser aller ainsi à tort et travers les affaires du royaume, il fallait que la royauté fut folle, et elle l'était. En 1392,CharlesVImarchaitcontre la Bretagne pour venger le meurtredé son connétable,Clisson,assassiné,maisnontué par le sire de Craonque le duc Jean IV avait reçu dans ses États.En traversantla forêt du Manspar un brillant Holeil, et d'ailleurslourdementvêtu, dans toutes les conditionsqui pouvaientprovoquerunecongestioncérébraledansune tête naturellementdébile,il vit s'élanceràla tète de son chevalun mendiant qui lui cria «Retourne, car tu es trahi. » Un bruit dé fer de lance, derrière lui, lui fit croire qu'on allait l'assassiner;il seretournaet 'tua quatre hommesde sa suite: Il avait perdu la raisonet n'eut plus, durant trente années, que de rares instantsdelucidité.Le gouvernementfut disputé' par deuxpartis l'un était celui de Louis,duod'Orléans,frère du roi, jeune prince brillant, généreux,mais dissipateur, légerdans ses mœurs,imolontÙéflarddupouplo,bonFrançaisdu reste, grand ennemi des Anglais,onnettii aussi de l'Université,de corpsdémooraiiquo,«Avant et disputais1,dont. l'aigreet uombi'Shumouruo pouvaitbohvonirS soitcaractère, En facede lui était lu duc do Bourgogne,névôreot sombre,


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fiHAPITBEXXVH.

habituéà courtiserle peuple de Flandre, dont il avait tant besoinpour ses nécessitésfinancières,et entraînéparlui sans douteà souteniren touslieuxlacausedémocratique,par conséquent allié des bourgeoisie Paris et de l'Université,allié aussi, à raisonde ses intérêts flamands,avecles Anglais.Le duc d'Orléansn'avait de ressourcesque dans les taxes qu'il imposait aux Parisiens, au nomdu gouvernementroyal. Le ducde Bourgogne,au contraire,riche par sespropres États, ne demandaitrien aux Parisiens et mômeleur eut volontiers défendude payer. L'antagonismene devintviolentqu'après 1404,quandJean sans Peur eut succédéà Philippele Hardi. Cetterivalitémenaçaitde dégénéreren guerre civileau milieu mêmede Paris. Chacun assemblaitses gendarmeset fortifiait sonhôtel; ils allaientcombattre.On les réconcilia; maisla haine était trop vive,au moins du côtéde Jean sans Peur, dont le cœur étaitmoinsfacile.Il mangeaà la tablede son cousin,communiahypocritementavec lui, et, troisjours après, le fit assassinercommeil sortait, vers huit heures du soir, de l'hôtel du roi (l«07). Les bourgeoisde Paris ci ceux deFlandreapprouvèrentle meurtre; Jean sansPeur l'avoua hautementet trouvaun théologien,Jean Petit, pour en faire l'apologie.On fit déclarer-parle roilui-mêmeque sonfrère avaitété justementmU hors do ce monde, et Valentinede Milan,qui réclamaitla vengeancedu meurtre de son époux^ mourutsans l'avoirobtenue.La puissancede Jean sans Peur fut affermieencorepar la sanglantevictoirede Hasbain, où il tua 25000Liégeois. Cettepuissancemêmeprovoquauneréaction.Charles,nouveauduc d'Orléans, et les duos de Berry, de Bourbon,de Bretagne,formèrentune ligue avecle pluspuissantseigneur du midi,le comte d'Armagnac,Bernard VII. Le jeune due d'Orléansépousala fille de Bernard, qui devintpar ses ta» lents et sa puissancele chefdu parti des Armagnacs(1410). Avecce seigneurdes Pyrénées,accoururentdes troupesd'aventuriers gasconscherchantfortune, pleins.dehaine pour les hommes du nord, de méprispour le roi fou que ceux-ci vénéraient et plaignaient.A ces méridionaux,Jean opposa des Picards,des Brabançons,des Lorrains. Le roi était au


Là GUERRE DECENTANS/

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pouvoirde la factionBourguignonne,maîtressede Paris; le partiopposé,véritablementfrançais, s'appuyaitdéjà, comme plus tard, sur les pays au sud de la Loire. Jeansans Peur ne dominaParis qu'en y livrant tout à la démagogie,aux bouchers. Le chef de la faction fut l'écorcheur Cabocho,son orateurle chirurgienJean do Troyes. Ceshommesprirentla croixde Bourgogneet dictèrent leur volontéau conseildu roi. Paris recouvrases anciens priviléges,perdus en 1382. Partoutles Armagnacsfurentchassés,poursuivis,tuéscomme des bêtesféroces.Le peuple de Paris se laissaentraînerh de grandescruautésque le duo de Bourgognen'osait arrêter. Il renouvelaiten même temps ses alliances avec les Gantois, manifestantl'intention d'étendre partout la démocratie.Il faut remarqueraussi, commeun acte d'une grandevaleur, l'ordonnancecabochienne,due' principalementà l'Université et où étaient déorétées,avec autant de sagesseque de hardiesse, des réformesheureuses pour toutes les parties de l'administrationdu royaume.Il est inutile d'ajouter que cette ordonnancede réformationfut abolie presque aussitôt que rendue, Mais les excèsdes caboobiens,l'état révolutionnairede la ville,lassèrentles habitants.Neufquartiers sur douzese prononcèrentpour unaccommodementavecles Armagnacs, qui rentrèrent (1413), tandis que les bouchers étaient mis en faite. Ce fut un changementde tyrannie. Ces Armagnacs, avecleur esprit aristocratiqueet leur mépris du peuple,traitèrentParis en ville conquise,firent taire i'ïJniversité, rétablirent l'ancienrégime,et rapportèrenten même temps cette haine de l'Anglais, qui pour eux était en même temps la hainede l'esprit de liberté dontl'Angleterreétait déjàanimée. Ainsi, lorsqueRichard II avaitété déposé, le ducd'Orléans avaitrefusédereconnaîtreHenri IV. Il se trouvaitdoncque lesintérêtsdela libertéet ceuxde la nationalitéétaientopposés alors on France. C'était de ces derniers qu'il s'agissait avanttout, afin que le pays put acquérirunité et force; c'est cettequestionqui allait encorese débattredansune nouvelle périodede la guerre de Centans et se résoudrepar le triom» phe de la nationalitéfrançaise.


CHAPITRE XXVK.

45(4 Ilonrl

V roeommenee

la guerre contre Bataille rt'Amlueourê.

la

Vranea

(MIS).

Henri V avaitbesoin,pour s'affermir,d'une guerre contre la France, que gouvernaitd'ailleurseu ce moment le parti qui avait refusé de reconnaîtrela légitimité de son père Henri IV. Il réclamal'exécutiondu traité de Brétigny, avec la mainde Catherine,fillede CharlesVI. Ayant essuyé un refus, il débarquaà l'embouchurede la Seine et prit Harfleur.Une épidémiele forçaà changer sa route et à s'acheminersur Calais,commeautrefoisEdouard III. Au lieu de prendre les mesures nécessairespour l'arrêter, la cour de France se contentade lancer à sa poursuite'unede ces grandesarméesféodalescommeon en avaittant vu depuisun siècle. Elle montaità environ 80 000 hommes; Henri V n'en avaitque 20000. La batailles'engageaprès d'Azincourt,dans des conditionsaussidéfavorablesqu'a Crécy.Une boue visqueuseet profonderetenaitles piedsdes chevaux.Le désordre, l'indisciplineet letumulterégnaientencoredansl'armée française;l'ordre, la piétédans celle des. Anglais. Henri V affectaitde se présentercommeenvoyé de Dieu pour punir » les désordres,voluptés,péchéset mauvaisvicesqu'on voyait au royaumede France. »IIs'était étroitementallié avecl'Église et trouvaitdanscette puissanceun secoursefficace. La France était alors schismatique,soutenantle pape d'Avignon contrecelui de ^ome. Cettepersuasionajouta au sang-froid ordinairedes Anglais. Henri V lui-mêmese tenait à pied, sansapparat, ordonnanttout aveccalme. Il mit ses archers en avant. Lesflèchessaxonneseurent encorebeaujeusur ces massesde chevauxqui pouvaientà peine remuer. Quand la confusionfut suffisante,les archers, le couteau à la main, s'approchèrentet se mirentà égorgeter.sans peine les chevaliers renverséset pris dans leurs armures. 10 000 Français périrent, la plupartgentilshommes,ISOseigneursayant bannière et 7 prinees.Les Anglaisn'avaienten que 1600morts. La noblesse n'avait pas encoreété affaiblie par uno aussi largeblessure. Troisièmeet décisivecondamnationdes ar-


LA.GUERREDECENTANS.

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méesféodales,bonnespour un autre âge, désormaisimpuissantes(1415). Le désastred'Azincourtdiscréditale gouvernementdesArmagnacs,qui ne se maintinrent dans Paris qu'à forcede cruautés.En 1418,une conspirationrouvrit aux Bourguignons les portes de cette ville; avec eus, les bouchersrentrèrent et avecles bouchersles massacres.Cefut une chose affreuseque le carnagedes Armagnacsdont fut alors ensanglantéela capitale. 11y eut dans les prisons, durant vingthuit heures, une boucherie de 1600 à 3000 victimes.Le comted'Armagnacfut du nombre, et, commeCharles d'Orléans avaitété fait prisonnierAzincourt, le parti orléanais se trouvasans autre chef quele dauphin Charles,qui se séparait du roi sonpère, tombé au pouvoirdes Bourguignons. Ceux-cigouvernèrent-ilsmieux? Nullement. Si les Armagnacsavaientperdu la batailled'Azinoourt,les Bourguignons perdirent Rouen, qui, toutefois,n'ouvritses portesqu'après avoirsacrifiéle tiers desa population.Son chef,AlainBlanchard,moinsheureuxqu'Eustachede Saint-Pierre,payadesa tête son patriotisme(1419). Ainsi, par l'impuissance égale des deuxpartis qui la gouvernaient,la France allait tomber en des mainsétrangères. Un autre assassinatl'y précipita. Jean sans Peur, attiré à uneentrevuesurle pont de Montereau,y fut égorgépar Tanneguy-Duchâtel,quiagissaitde l'aveudu dauphin. Ce jeune prince,indolent,plongé dans les plaisirs, crut par ce lâche crimedevenir seul maître du gouvernement;cefut le contraire qui arriva. Il mit la pitié du côté de son ennemi et l'horreurdu sien. L'alliancedes Bourguignonsavecles Anglais n'étonnaplus personne.Les Parisiens, déciméspar une affreusefamine,trouvèrentun prétextéde passerdansle parti anglais qui seul pouvait les tirer de cette misère. « Plutôt les Anglais,disaient-ils,que les Armagnacs.» Un siècleplus tard, un chartreuxde Dijon montraità François Ier le tombeaude Jean sans Peur,et, disait-il, « cette large plaie par où les Anglais étaient entrés en France. » Peu de temps après, en effet,fut signé le traité de Troyes(142J)), par lequel Henri V étaitreconnuhéritier de CharlesVI et le dan-


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CHAPITREXXVII.

phin exclu.La reine Isabeaude Bavièreconsentit, pour une pensionde 2000francspar mois, à ce traité qu'on ne peut guère reprocherà Philippele Bon, qui vengeait son père, ni à CharlesVI, qui ne sut ca qu'il fit, mais à elle, mère dénaturée,qui put écrireet signer cesmots a le soi-disant dauphin de Viennois, p et « notre fils le roi Henri. » Au reste, saufles paysau bord de la Loire et quelquesvilles de Bourgogne,presquetoute la France en fit autant; les États généraux reconnurentHenri V pour héritier; le parlement procédajuridiquementcontre Charlesde Valois,dauphinde Viennois,et le déclarabanni du royaumeet indigne de succéder à aucune seigneurie. Les grands seigneurstemporels ou spirituelsprêtèrentsermentau nouvelhéritier sans sera» pule de conscience. Henri V épousa Catherine,fille de CharlesVI. Mais déjà commençaientpour lui les embarras; la maladiesurvint il entrevit,quand il ne serait plus,le sort d'une conquêtesi la» borieuse. Quand on lui annonçala naissancede son fils « Henri de Monmouth,dit-il, parlant de lui-même, aura régné peu et conquisbeaucoup Henri de Windsorrégnera longtempset perdratout: que la volontéde Dieu soit faitet » Le 31 août de l'année 1422,il mourut, laissantla régence à son frèreBedfort,à qui il recommandade ne jamais traiter avecle dauphin et de se maintenir en paix avec le duc de Bourgogne.Le 21 octobre, CharlesVIle suivitau tombeau. BïonvlTXet icïuwlesvu rois de Kranee(«««»)jf £eanne d'Are(148»-i«3t). < Deuxrois furent à la foisproclamés en France l'un à Paris, c'était l'Anglais Henri VI; l'autre en Berry, dans la petite église de Mehun-sur-Yèvres,c'était le Français CharlesVII. Lasituation deCharlesVII était très-critique.: Ladéfaite récentede Mons-en-Vimeuavait chassésestroupes de la Picardie, où pourtantXaintraillesguerroyaitencore,et il était près d'être rejeté derrièrela Loire.Ce n'est pasqu'il manquât d'habiles capitaineset devaillantschevaliers,mais tous


LA GDEREBDE CENT ANS.

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ces braves guerriers étaient démoralisés,la cour était la théâtre de la mollesse, des intrigueset d'un gaspillageinsensé. Les Anglais, dirigés parle sage Bedfort, mettaient plus desuite et de prudencedansleurs entreprises.Déjàsans doute ils avaient lassé lea Françaispar leur orgueilet leur insolence, déjà même le ducde Bourgogne,cetalliénécessaire, avait failli sebattre avecGlocesterau sujet de Jacqueline de Hainaut et surtout de son héritage maisBedford avait rétablila concorde,calmé les ressentiments. Le dne de Bourgognecouvaitdepuis longtempsdes yeuxcette belle successiondu Hainant, de la Hollande,de la Zélande,de la Frise, dont Jacqueline le reconnut héritier; fort occupéde s'agrandir du côtédes Pays-Bas,il achetaitle comtéde Namur, la seigneuriede Béthune; et, pour que les Anglaisle laissassentfaire tranquillementces importantesacquisitions, il les laissait poursuivretranquillementla conquêtede la France. Les batailles de Grévant-sur-Yonne(1423) et de Verneuil (1424) chassèrentles armes de Charles VII de la Bourgogneet dela Normandie.Chartres,le Mans,lui furent enlevés. Enfin, en septembre 1428, tous les abords de la Loire ayant été conquis,le comtede Salisbury vint assiéger Orléans. C'est le moment du plus grand abaissementde CharlesVII et de la France. Le trésorde ce pauvreroi contenait à peine quatre écns; sa table était misérable, et, un jour que la Hire et Xaintraillesle vinrentvoir, il ne put leur offrir que « deux poulets tant seulementet une queuede mouton.• Lesseigneursjalousaientsa gardeécossaise;ils se querellaientet se battaient jusque dansson conseil.En vain le connétablede Richemondy avait quelque temps ramené l'ordre par d'énergiquesmesures et par l'exécutionde quelques-uns des favoris les plus funestes; un d'eux, la Trémouille,venait de réussirà le faire bannir, et il ne setrouvait plus à la courd'homme capable de rétablirl'ordre et la fortune. Charles n'entendait plus que d'indignesconseils; après la déplorablejournée Ses Harengs(1429),on lui persuadades'enfuirdansle midi et d'abandonnerOrléans,cette clef de la Loire, cette porte de la Franceméridionale.La France allait deveniranglaise,quand elle fut sauvéepar un


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CHAPITRE XXVII.

de cescoups de théâtre qu'où croiraitinvraisemblablessur la scène. Dansun petithameaudépendantdu diocèsede Toul, mais perdu dans quelques enclavesque ce diocèseavait dansle royaume, Domremy,vivaitune pauvrefamillede paysans le père s'appelaitJacquesd'Arc, la mère IsabelleRomée.Ils avaient trois filset deux filles. L'une de celles-ci,Jeanne d'Arc,était une enfantpleinede douceuret de docilité, laborieuse, timideau pointqu'il suffisaitde lui adresserla parole pour la déconcerter.Sa piété, malgré lesrailleries desautres jeunes filles,s'était accraeavecl'âge. Elle se mêlait peuaux jeux de ses compagnes;une fois libre de son ouvrage,elle couraità l'église faire ses prières, qui se bornaientauPater, à l'Aveet au Credo, ou couraitaux champsrêver à l'écart et écouterle sondes cloches.La guerrealors pénétraitpartout, guerre étrangèreet guerrecivile.Jeanne en connutles effets les ravagesatteignirent son hameau; les passionspolitiques y étaient mêmesi excitéesque les enfantsde Domremy,village tout armagnac, livraient souvent des batailles à ceux d'un villagevoisin, tout bourguignon;Jeanne.vit peut-être ses frères revenir plusd'une fois ensanglantés.Avecce tempérament porté à l'extase, et d'ailleurs une santé troublée, l'exaltationpolitique se mêla aisément à l'exaltation religieuse, ce qui est assezordinairechezles femmes.Aprèsles bataillesde Crevantet deVerneuil,elle tombadans cet état étrangequiaujourd'hui nous estbien connu par des milliers d'exemples, o« îles conceptions involontairesde l'esprit prennent une réalité' extérieure..Elle eut des visions, elle entenditdes voixqui lui disaient: « Jehanne,soistoujours pieuse, honnête et bonne enfant, et Dieu t'aidera. Quand Orléansfut assiégé,l'archangeMichellui apparut et lui dit d'aller au secours da roi. Elle en fut tout effrayéeet objecta qu'elle n'était qu'une pauvrefillede campagne maisl'ange réitéra sonordreet parut mécontent.Elle eutdes lorsjusqu'à trois visionspar semaine elle voyaitsainte Marguerite et sainte Catherine.EUe ao se dirigeaitplus quepar se voix. Pour exécuterlesordres d'en haut, elle songeaà partir avec les gens de guerre; son père l'apprit .«Sijeouido^e quela


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chose advinst diî-îl à ses fils, je vouldroyeque vous la J) noyissiez,et,sevousne le faisiés,je la noyeroyemoi-mesme.» Et il s'occupade la marier. A cette nouvelle,Jeanne s'enfuit de la maisonpaternelleet alla trouver un onclequ'elleavait près de là puis ellese rendit auprès de Baudrioourt,capitaine françaisqui commandaitpour CharlesVII a Vaucouleurs, et qui, aprèsbien des hésitations,dirigeaJeanneavec une escorte de six hommes seulementvers les bords de la Loire. Elle fitheureusementcedifficilevoyage,à traversun pays que les ennemiscouraient, et arriva à Chinon,où le roi résidait. Elle se cachaparmi les courtisans.Il était difficilede convaincrecette cour railleuse-de la réalitéde sa mission, elle envint à bout cependant.Envoyée à Poitiers, elle y fut interrogée par les docteurs,car quelques-uns l'accusaient d'être l'organe du démon elle déjouapar la simplicitéde ses-réponses, la subtilité de leurs questions.Sa pureté, sa piété transportaient le peuple d'enthousiasmeet l'opinion publique triomphades hésitations'de la cour.CharlesVU consentità lui donner des armes, une bannière, un page, un écuyer, et l'envoyerà Orléans avec ses meilleurscapi-. laines. Elle ramenala décencedansle camp, réformajus-i qu'aux jurements du vieuxla Hire, ce capitainegasconendurci, qui priait en ces termes « SeigneurDieu, faispour la Hire ce que tu voudraisque la Hire fit pour toi si tu étais la Hire et que'la Hire fât Dieu. » Le vendredi 20 avril 1429,Jeanned'Arc entra dans Orléans; le dimanche8 mai, les Anglais levaient le siège. La première partie de sa mission:était accomplie;il lui restaità fairesacrer Charlesà Reims. Elle entraînasurses pas l'armée française et le roi, cequi semblaitplus, difficile. Son courage, sa piété, inspiraient l'enthousiasmede nos soldats, tandis que les Anglais, la croyantsorcière, fuyaientà son seul aspect. Elle prend Jargeau et fait Suffolkprisonnier. Elis réconcilieRichemond avecle roi. Elle gagnela bataillede Patay, onest fait prisonnier le brave Talbot. Elle fait donner assaut h la ville de Troyes,que le conseildu roi était d'avisde ne pas attaquer,


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CHAPITRE X3CVH. et Troyes est prise. Enfin, elle entre à Reimsavec le roi et assisteà son sacre(juillet. Jeanne croyaitavoir accomplile-principalde sa missionet eût.bien vouluretournerà Domremy.On lui demandaitdans quel lien elle pensait mourir « Où il plaira à Dieu, car je ne suis sûre ni du temps ni du lieu plus que vousne l'êtes vous-mêmes,et plût à Dieu, mon Créateur, queje pusse maintenantpartir, abandonnantles armes, et aller servirmon pèreet mamère, en gardant leurs brebisavec masœur et mes frères qui moultse réjouirontde mevoir. » Onla retint; elle prit part &la campagnequi suivit,assistaau siègeinfructueux de Paris et même y fut blessée.Elle fut trahie. Elles'était enferméedansCompiègnepourla sauverdesattaquesdu due de Bourgogne,elle voulut, à la suite d'une sortie, couvrirla retraite; mais le gouverneurde la ville fit fermerles portes avant qu'elle fût rentrée, et elle tomba dans les mainsdu b&tardde Vendôme(mai 1430), qui la venditan comtede Luxembourg;celui-cila cédaauxAnglaispour 10000francs. Pour les Français Jeanneétaitune envoyéede Dieu, pour les Anglaisuneenvoyéedu diable; et ils voulurentle prouver par un procèsen sorcellerie.L'Universitéde Paris demandait que le jugementse ftt à Paris; Bedfordvoulutqu'il eûtlien à Rouen, villeplus anglaiseet pins sûre, et il confiala direction de l'infâme procèsà Pierre Oauchon,évêquede Beauvais, dans le diocèseduquelelle avaitété prise. Dans cette monstrueuseaffaire, l'odieuxle disputeà l'iniquité. Toutes les formesfurent violées.Elle, calme,sereine, profondedans sa naïveté, elle déjouait tous les piéges sans effort,par la seuledroituredesonâme. Sesréponsesétaientcourtes,vives, héroïques. On lui demandaitsi elle se croyaiten étatde grâce; elle répondit avec sagesse a Si je n'y suis, Dieu veuillem'y tenir» Je portois un étendardau lieude lance, dit-elleune autre fois, pouréviter de tuer quelqu'un.Je n'ai jamais tué personne.Je disois Entrez hardiment parmiles Anglois,et j'y entrois moi-même. L'espoir de la victoire étoit-il en cet étendard?«–H étoit fondé en Dieu et non ailleurs. Pourquoiportiez-vouscet étendardprès de l'autel au sacre de Charles?=~ II avoifcété à la peine, e'étoitbien


DEGENïANS. LAGUBRKK

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raison qu'il fût à l'honneur. Est-ce que Dieu hait les Anglois? Del'amour ou haine que Dieu a aux Anglois,je ne sais rien; maisje sais bien qu'ils seront mis horuJa France, » On avaitvoulu d'abordla traiter en sorcière,mtâa il n'y avaitpas moyen. On ne maintintplus que deuxeh'As d'accusationles habits d'homme et le refus de se soumettre à l'Église. Or, on lui. avaitpersuadé que se soumettreà l'Églisee'étahreconnaîtreletribunalquila jugeait, ce qu'elle ne voulaitpas; et quant aux habits d'homme elle les quitta nn instant, mais la brutalité deses geôliersl'obligeade les reprendre; aussitôtGauchonla déclara hérétiquerelapseet la livraau bras sécnlierpourêtre brûlée a Ah1 s'écria-t-elle à cetteaffreusenouvelle,ah j'en appelleà Dieudes cruautés qu'on me fait! » Eneffet, à qui en eût-elle appelé sur la terre? Le papen'entendaitpas sescris; le roi de Francel'oubliait sur le trôné où elle l'avait fait asseoir. La pauvre fille fut brûléesur unénormebûcher dressé dans la placedu Marché, a Rouen, et supportace suppliceavecun courage héroïque(30 mai1431). œPB5«é d'Areas(*«3S)jCharles VUà S»sp10 (M8O)} .; flndeleguerre de refit ans (a«S8). v Jeiinne d^Âroqui avaitsauvéla France pendantsa vie, lai fut encoreutile par sa mort.Le parti anglaisdevint odieux et commemaudit:avoirfait périr une femme,une vierge,une sainte I Lecrimedubûcherde Rouen dépassaitde.beaucoup le crime dn pont de Montereau,d'ailleursà peu près effacé par le temps. Le duc de Bourgognecommençaità ne plus se sentir &Paiae dansle parti antinational;Jeanne d'Arcavait rallié à CharlesVIItoute la,nation.Des 1431,Philippe conélut une trêve dedeux ansavecle roi, La guerre se faisaità son avantage Richemond, qui avaitchasséJa TrémouiUeet repris son influence, la conduisaitavec énergie. En vain Bedford»pourrelever la cause des Anglais,amenaà Paris et fit couronnergolennellomont'le jeune HenriVI (1431).Cette cérémonie fut. triste, et demauvaisprésage la capitaled'ailleursmouraitdofaica8le commercev étaitparalysé, les a mal-


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CHAPITREXXVH

sonstombaienten ruine,desbandesà'èeonhewsparcouraient les campagnesvoisines.Paris,:dontles souffrancesn'avaient fait que croîtresous la dominationanglaise,songeaità reveniran roi légitime. Ons'occupade faire la paix,et un congresfut tenu à Arras (1435).C'estla premièregrande assembléede ce genre elle était presque européenne; deuxcardinauxla présidaient outreles ambassadeurs françaisetanglais,on y voyaitceuxde l'empereur, des rois de Castille,d'Aragon, de Portugal, de Navarre, de Naples, de Sicile, de Chypre,de Pologne,de Danemark, des duosde Bretagneet de Milan. 10000étrangersy assistaient.Après de longuesdiscussions,les Français consentirentà céder à Henri VI, commefief, l'Aquitaineet la Normandie. Ce n'était pas assezpour l'ambitiondes Anglais inébranlablessur les bases du traité de Troyes,ils voulaient la couronne de France commeon ne pouvaitla leur laisser, le congrèsfut rompu sans avoirrien produit.Il eut pourtantun résultatfortimportant:le duc de Bourgogne, voyantque la guerre allait se continuerpar la faute des Anglais, les abandonnaet conclutavec Charles VUle traitéd' Arras(1435) traitéfort avantageux pourlui, car il se.faisait eéder Auxerre,Mâcon,Péronne, Roye,Montdidier,avecles villesdela Sommetet obtenaitd'être dégagé,saviedurant, de touthommageenverslacouronnede-France.MaisCharlesVII jugea sagementquece n'était pasachetertrop cherlà fin des. • discordesciviles. La réconciliationdes Bourguignonspréparaitcelle deParis. Malgréles effortsdeslAnglais,le connétablede Richemond y entra par une porte que lui livra Michel Lallier, riche marchandde la ville; il promit aux Parisiensla paix, l'amnistîe, la concordedu roi et du duo (1436).CharlesVII vint l'annéesuivantevisitersa capitale,et dès lors il putse direvéritablémentroi de France,tandis que jusque-là les Anglais l'appelaient,non sans quelque raison, roi de Bourges. A partir de cette époque ce ne fut plus lo mémohomme. L'indolencedespremierstempsfit placeà l'activité,à la pradonce, à la hardiessedes entreprises.Tandis qu'il achevait de reconquérirla Fiance,'il s'occupaitaussi de la guérir de


LA GUERREDE GBNTANS.

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ses autres maux. Quelques-unsfonthonneurde ce changement à AgnèsSorel; il faut parler bien plue'del'influencedu connétablede Richemond,du comtede Dunois,du sénéchal de Normandie, Jean de Brézé, du chancelierJouvenel, de l'argentier Jacques Cœur, de Chevalier,de Cousinot,secrétaire du roi, des frèresBureau qui, par le grand progrès qu'ils firent faire à l'artillerie française, procurèrentà la France un avantagedécisifsur les champsde batailleet dans les siégesdesvilles.Par la pragmatiquesanction,CharlesVII porta remède au désordrereligieux;par l'ordonnanced'Orléans, au désordre militaire. L'établissementd'une arinée permanente,fatale au régimeféodal soulevadans toute la noblesse une résistancequi éclata par la praguerie. Il en triompha, tout en continuantd'enleveraux Anglaisles villes qu'ils occupaientencore. Un parti, à la tête duquel était le cardinalde Winchester,réclamaitla paixen Angleterre.Par son influence une trêve de deux ans fut conclueavec la Franco(1441)et scelléepar le mariagede Marguerite d'Anjou avecHenri VI. Charles profita de cet intervallepour imiter CharlesV et débarrasser la Francedes bandes qui l'infestaient.Il partit avec35 000routiers sous prétexte d'allersoutenirles droits de René d'Anjousur le duchéde Lorraine,et envoyasonfils, le dauphinLouis, avecune semblablearmée, combattreles Suisses, en guerre avecla maisond'Autriche.Il échouaau siègede Metz, et se contentad'exiger de l'argent pour luimême et pour son protégé. Quant au dauphin, il vainquit, au combatde Saint-Jacques,2600Suisses, en perdant 8000 hommes.Peu importaitla peinte,puisqu'ils'agissait«detirer du mauvaissang à la France. » Mais le dauphin,frappéde la prodigieusevaleurdes montagnardssuisses, fit avec eux un traité par lequel ils s'engageaiantà le servir, quand il voudrait, avec4000hommes. Quandles trêvesavecles Anglaiseurent expiré,CharlesVU s'empressa de reprendre une guerre viveet heureusecontre eux. La Normandiefut reconquisepar Dunoiset Richemond, qui gagnala bataillede Formigny(1450). La Guyennele fut également,malgréle penchantdes Gasconspour les Anglais.


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CHAPITRE

X3ÉVII.

La victoire de Castillon, due à l'artillerie, et où Talbotfat tué,,rendit pour jamais cette provinceà la France. Les Anglaisne conservaientplus sur le continentque Calais,a était la fin de la guerre de cent ans, da cetteguerrequi en don* nant naissanceau long antagonismede la Franceet do l'Augleterre, dessinaplus fortementleurs nationalités la France surtoutsentit'mieuxsonunité le midise rapprochadunord le peuple,qui ne se laisse remuer que par des événements violentset prolongés, fut initié à là vie nationaleet en acquit le sentiment;il vit dansle roi, non-seulementson protecteur, mais le défenseur-néde la France, et l'aima avec une sorte d'adoration.C'estce qui avait trouvé, en quelque sorte, sa personnificationdansJeanne d'Arc,fille du peuple, sainteet guerrière,libératricede son pays,avecle cultede la royauté.


HISTOIREDE LA FRANCEET DE L'ANGLETKRBE. 465 Il

CHAPITRE XXVIH.

HISTOIREIMTËBIEUIVE DE S, AFRANCE®T DEl/AN» GlETEftRE DURANTLA GUERREDE CERTT ARf§. en Angleterre.– Progrèsdu parlement Etatde la constitution. anglaise au milieudu quinzièmesiftele.«--»FraneeProgrèsde J'autorité d'uneféodalité royale.Formation princiersparlesapanages. Déinstitutions et institutions desanciennes nouvelles. veloppement «SujMM-leimeBS eu Angleterre. «•voisina Pendant la guerre de Cent ans, la France et l'Angleterre marchaienten sens opposé. La royauté française, faibleà l'origine,n'avaitpas cessé de grandir, tandis que la royauté anglaise,très-fortesous Ibs premiers rois normands,déclina 1 sous leurs successeurs.La guerre de Centans favorisace doublemouvement;les roisd'Angleterre, poula faire, furent obligésde demandersans cesse des subsidesà leurs parlements, qui tinrent ainsi la couronnedans une certainedépendance,tandis que la France, bouleverséepar la guerre étrangère, fut incapable do développerrégulièrement les germes d'institutionslibres qu'elle avait vus poindre sons Philippele Bel, et n'eut potyrainsi dire que des explosions do liberté, d'autantplus éphémèresqu'elles étaientplus violentes. C'est préoiaérnentdans la périodede la guerrede Centans quel'Angleterrearriva pardegrés ce régwneparlementaire, qni est la formeprganique dé la liberté. SoubEdouardÏIï; le plus victoriensdes rois anglais mais que les nécessités a convoquerle pavement d'urgentobligèrent s chaque année _L'" iW H1US. DU MOYHNA«H.


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CHAPirasxxvra.

et même plusieursfois par année trois principes essentiels du droit constitutionnelfurent établis: 1°l'illégalitédesimpôts levés sans le consentementdu parlement: 2ela nécessité du concours des deux chambrespour changer la loi; 3° le droit reconnuaux communesde s'enquérirdes abus et de mettre en accusationles conseillersdu roi. Sousle même règne, le crime de haute trahison fut défini et limité à sept cas très-graves,tandisqu'auparavantle roi appliquaitcenom suivantson bon.plaisir; enfin une résistancesoutenue fut opposéeà l'accroissementarbitraire des taxes et des fournitures d'hommes,de chevauxet de vivres. C'est égalementà partir du règne d'ÉdouardIII que nous commençonsà avoir des donnéesun peu précisessur les éléments constitutifsdu parlement et sa séparation en -deux chambres la Chambrehaute ou des Lords,qui comprenait los grands barons, siégeantpar droit héréditaire, mais en vertu d'uneconvocationirdividuelledu roi, qui tenaitmême quelquefoislieu de ce droit, et les hautsdignitairesdu clergé, archevêqueset évêquessiégeant en vertu d'un titre personnel la ChambrebasseondesCommunes,dontles membres, no siégeantqu'en vertu d'une élection, se subdivisaienten deuxclasses, les chevaliersou représentantsde la petite noblesse des comtés, nomméspar les francs tenanciers; les bourgeois,élus Ie par tous les bourgsconstituésen vertu d'une charte, soit qu'ils tinssent leurs privilégesde la couronne ou d'un seigneur, comme plusieurs bourgs de Cornouailles, qui avaient reçu les leurs de Richard, roi des Romains; 2° par tontes les villes qui formaientle domaine ancienouactueldeliacouronne; 3° par toutescelles qui, sans avoir été érigées en communautésmunicipales, pouvaient subvenir a l'entretien de leurs représentants. L'ordre de convocationétait envoyéau shérif et lui enjoignaitde faire élire deuxchevalierspourreprésenterle comté,deuxcitoyens at deux bourgeois pour chaque bourg. pour chaque cité, du Matsl'organisation parlement,dansla pratique,nerépon= dait pas toujoursparfaitementla théorie; souventles shérifs omettaientà desseindes bourgs;souventaussiles bourgs s'efforçaientd'esquiverl'obligationde sommer des députés


HISTOIRE DE LA FRANCE ET DE L'ANGLETERRE.

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pourn'avoirpasa leurfournirl'indemnitélégaleet se oondamnant eux-mêmesà la nullité politique. Les représentants les comtésrecevaientde leurs commettantsquatreschellings, qui vaudraientaujourd'hui 30 francs; ceuxdes cités recevaient une indemnité moindre. C'étaient d'abord tous les habitantsdu bourgqui faisaient l'élection, plus tard ce fut la corporationou conseilmunicipalqui s'en empara. Quant au nombredes députés des citéset des bourgs, il était en moyennede 180sunsEdouard m, c'est-à-dire que 90 villes environ en envoyaient;les chevaliersétaient 74, à raison de 2 aussi par comté. Malgré l'inférioritéde leur nombre c'était à eux qu'appartenaitla plus grandeinfluencedans la chambre basse, car ils y représentaientl'élémentaristocratique. Sousle règne agitéde RichardII, les progrès du parlement continuèrent. Pour la première fois, dans le procès du chancelierMichelde la Pole, il exerça d'une manière notable le dsoitde poursuivreles officierspublicsdevantla chambredes lords à raison d'actes que les lois ordinaires ne pouvaientatteindre. Nousne ferons que rappeler ici la formidableoppositionà la tête de laquelle se placèrentalors les onclesdu roi la nominationdes onzecommissaires,et enfinla dépositionjuridiquedeRichardII. Cepremier exemple d'un roi jugé par ses sujets était d'une bien autre portée qu'un meurtre ou un attentat quelconque àla persomie royale. RichardII étaitle précurseurde CharlesI". Le règne de Henri IV.fut par des raisonscontrairestrèsfavorableaux libertés publiques.La maisonde Lancastre, arrivéeau trône par l'appuides communes,montraun esprit populaireet parlementaire, dont elle fit le principede son gouvernement.Onn'entend alors aucuneplainte relativeau droitdu parlementdelégaliserseulles impôts.Sous Henri IV le redressementdes griefs devientla conditionpréalabledu votedes subsides,et le droit d'en spécifierl'emploi,déjà introduit, fut exercé sans obstacle.Au reste, le parlementfit preuved'une grandemodérationdans la revendicationde ses droits. En défendantans barons de couvrir le pays de lents livrées,il travaillait avecsueeosà diminuer les querellesdes


468

CHAPITRE XXVin.

famillesnobles.En interdisantles appels©apleinparlement, il supprimait uns source de désordres et un vrai danger publie. SonsHenri V, la royauté anglaiseredevintconquéranteet victorieuse mais,commesousEdouardIII, elle fut retenue pour l'argent nécessaireaux expéditionssur le continent, dans la dépendancedu parlement,qui obtint deuxpoints importants d'abord qu'aucunacte ne fût valides'il n'était revêtudu consentementdes communes;ensuite, que les changementsapportésauxtermes de ses pétitions,lorsqu'on en transformaitle texteen lois, ne fassentpas de nature à en altérer le sens. Eta*

de

la constitution

anglaise Bièete.

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[alilco

da

qnUialème

Ainsis'échafaudaientpu la peules libertéset leurs garanties, ainsi se construisaitle glorieuxédificeconstitutionnel de lADgleterre. Anmilieu du quinzièmesiècle, le peuple anglaisavait, dans la GrandeCharte, la proclamationdues droits, et il en avaitla garantie, pourles particuliers,dansle jury, pourle publie, danslé parlement.Oneut ramenerles garantiesnationalesau nombrede cinq: 1° Le droit de voterl'impôt, d'en régler la nature, d'en fixerla quotité,d'en surveillerl'emploi,sansque le roi puisse leveraucun impôtnon voté.. £° Droit pourle parlementde régler les questionsde successionau trône et de régence. 3° Droitde présenterdes griefs et d'en exigerle redressement avantde voter les subsides. 4°Nécessitédu concoursde deuxchambrespour changer I^loi. 5°Droit pour les communesd'accuserles officiersroyaux. Les deux principalesgarantiesindividuellesétaient ce!-» . : ' es-ci 1°Nul ne sera arrêté que par ordredu magistrat. 2° Nul no sera jugéque.parses pairs, douzejurés, jugeant en séancepublique dans !e comtéoù le délit aura été conviais et prononçant Kanstappejo


469 HISTOIRE m LA FRANCE 1 ET DE L'ANGLETERRE. de toutes ces garanties, il faut placer l'esprit Auo-dessns national, car les meilleuresinstitutions nesont rien, si les mœurspubliquesne les soutiennentet ne les défendent.Par suitede l'allianceséculairedes grands et du peuple, l'aristocratie anglaiseétait animéede l'esprit libéral qu'elle avait pris dans sa lutte contre la royauté, et que depuiselle a généralementgardé. Elle acceptaitl'égalitédevantla loi, ne se réservantque des privilégespurementhonorifiques et elle ouvraitdéjàses rangsà eauxque leurstalentset leurs services faisaientsortir de l'ombre et de la foule, tandis que les fils puînésdes plusgrandes maisonsse mêlaientà la gentry,qui; dans la chambredes communes,coudoyaientles bourgeoia dèscités. Ceux-ci, dateur côté, n'éprouvaientpoint contre l'aristocraite leur vieilleet fidèlealliée, de ces colèresqui ailleursentrèrent dansle cœurdesroturierscontrela noblesse. Aussi,dit un éminenthistorienanglais, il n'y eut pas de démocratieplus aristocratiqueni d'aristocratieplus démocratique que le peuple et la noblessed'Angleterre. Mais la guerre des deuxRosesallaitéclater, et les libertés anglaises, noyéesdans le sang, disparaîtront pourun siècle et demi. Le paysles rétrouveraau dix-septièmesiècle, et ne les perdraplus. fframee

Progrès féodalité

de l'autorité royale. Wormatlon prlnelére par ,les apanages.

d'âne

Contrairementà la royautéanglaise,qui fut seule en présencede.la noblesseet du peuplecoalisés la royauté française s'était unie avec le peuple contre la noblesseféodale, leur communeennemie. Elle avait favoriséle mouvement communala son origine (p. 339). Plus tard, le tiers état naissantfut élevépar elleauxdroitspolitiques(p. 343).Cette alliance dura autant que la nécessitéqui l'avait amenée. Mais la royauté victorieuseoublia ceux qui lui avait porté assistance,et, dèsla fin du treizièmesiècle, tenta de saisir le pouvoirabsolu. Ni les États généraux, convoquéssous Philippe leBel, ni ceuxque Philippe VIconsulta-en1328et 1345 sur les monnaies et sur les impôts, n'exercèrentd'in-


470

chapithb

xxvni.

flueneesur le gouvernementgénéraldu royaume.Dansles calamitésde la guerre de Cent ans, il en fut autrement*Le grand besoin d'argent obligea de convoquerles États pour leur en demander,et les États, réunis dansdes momentsoù las maitrès de la Francela perdaient, s'érigèrenteux-mêmes en maîtres pour la sauver. Mais ils épuisèrentleurs forces en les prodiguant,la lassitude s'ensuivit,et les États de 1 359, bien différents de ceux de 1356et 1357, rétablirentl'autorité royale sur ses anciennesbases. Le roi profita decette dispositionpourse passer.desÉtats instrument quelquefois utile au pouvoir, mais difficileà manier et redoutable. CharlesV, étant dauphin, l'avait appris par une chère expérience il réunit encoreune foisles Ëtais pour faire casserlé traité désastreuxsignéà Londresparle roi Jean,puiscessade les convoqueret ne recourut plus qu'à des assembléesde notables, désignépar ses propres officiers,ou à des assemblées provinciales,plus facilesl'endroit de l'impôt, comme on en vit en Languedoc, en Normandie, en Auvergne, etc. SousCharlesVIet CharlesVIÏ,il en fut à peu près de même. Quoiquele dernier ait assembléplusieursfoisles représentants de tout le pays, il est certain que, depuisl'avénement de CharlesV jusqu'aux États,de 1448 la royauté maintint sa victoiresur les États généraux, et n'eut rien à redouterd'eux. Elle avaitaussi triomphé de la féodalité.Par l'augmentation du domaineroyal,qui n'avait pas cessé de s'accroître mêmedurant la guerre de Cent ans, le roi avaitcontinué'do s'élever,commepossesseurde terres,infinimentau-dessusde tous les seigneursféodaux.Laféodalité,il est vrai, ne périssait que pour renaître sousune forme à1decertainségards moinsdangereuse,et quià decertainsautresl'était davantage. La plupart du temps, en effet,la couronne,au lieude garder la possessiondirecte des fiefsnouvellementacquis par elle, les donnaitcommeapanagesà quelqueprincedu sang,fondant ainsiune féodaliténouvelle, qui, émanéede la volontédu chef dol'État et rattachéeà lui par des liens de famille,pouvait être considéréecommeun©représentationde l'autorité du roi dans les provinces, mais aussi y portait parfoisune


HISTOIREDE LA FRANCEET DE L'ANGLETERRE. 471

ambitionplus haute et' touteroyale. Il y avait d'ailleursune entre les fiefset les apanages.Ceux-ci importantedifférence. ne passaientpas aux filles et revenaient à la couronne à l'extinctiondes hoirs mâles. Cet usage de conférerdes apanages auxsires desfleursde lisavait pris naissancesoussaint Louis. Les Valoisle conservèrent.Le plus célèbre exemplo de cette époqueest l'investituredu duché de Bourgogneaccordéeà Philippe le Hardi, fils du roi Jean, a la mort. de Philippe de Rouvres, dernierhéritier de la première maison capétiennede Bourgogne. Développementdes anciennes institutions et Institutions nouvelles. Le parlementau centre,les officiersroyauxdans les provinces,furent les plus utilesinstrumentsdont les roisse servirent. Les légistesavaientfait la guerre pour la royautésur touslespoints,maisn'étaientpas en mesuredela fairecomme il arriva plustard, à là royautémême; sous les premiersValois, le parlementse renfermadans ses fonctionsjudiciaires. H acquit, dansleur exercice,uneautoritéet un ascendantsur l'opinionpublique,qui lui donnèrentquelquehardiessesous CharlesV; il fit.en effet,à ce prince, les premièresremontrancessur la réforme.des abus dans l'administrationde la justice, et il en fit deuxautres à CharlesVI sur des sujets non.politiques.En l'absencedes États généraux, il semblait que ce corps,respectédéjà pour sa scienceet ses vertus; fût naturellementdésigné pour contrôler le gouvernement.En 1371 lanoblessedu Languedocen appelaau parlementd'une taxeimposéepar le roi CharlesVannula cet apptl, Une fonctionfort simple1 maisfort nécessaire,l'enregistrement des ordonnancesroyales,devintde grandevaleur. Pour appliquer la loi il fallutbien que les juges la connussent,et commel'imprimerien'existaitpas, il fallaiten prendre et en gardercopie en un mot, l'enregistrer.Mais si la loi d'aujourd'huidifféraitde celle d'hier, à laquelleobéir? Le parlement remontrait au roi saa embarras en lui demandantd'aviser. De là naquirent tout naturellementdeuxdroits.fort iropor?


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HàPÏTBEXXvTIÎ.

tantset très-élastiques,qui permirentplus tard au parlement, simplepouvoirjudiciaire, d'entrer dans les affairesd'Étatet de prétendre à devenir,unpouvoirpolitique. En refusantou en ajournantl'enregistrement,il en vint à arrêterou suspendre la promulgationet les effets des' ordonnancesroyales. Par l'usage des remontrances,érigées en droit, il prétendit modifier la loi même. On en vit desexemples dès 1418 et 1443, et l'on en revit depuis beaucoupd'autres. CharlesV fit encoreune grande concessionau parlement,celle qui lui permit de nommerlui-mêmeaux places vacantesdans son sein. CharlesTU, au contraire, reprit le droitde disposerde ces places. L'Université devait à sa science, à sa renommée,à ses 20 000 élèvesuneautoritéconsidérableet avaitplusd'unefois joué un rôle importantdansles affairespubliques. Elle soutint lesrois dansleurs effortsen faveurde l'indépendancegallicane.Aumilieudes troublescivilsdont Paris-futle:théâtre, elle influapuissammentsur les événements,et, sentant bien qu'elle était, avecle parlement,la têtepensantedu pays, elle conviace corps,quand ellevit le roi fou et les factions,furieuses (1412),à s'emparerde concertdu gouvernementaudace qu'elle justifia du reste par le mérite remarquablede l'ordonnancecaboobienne,son ouvrage.Mais, commetout le reste, elle finit.par plier sousl'autoritédes rois. Un acteconsidérablede l'administrationde Charles VU futla pragmatiquesanctionde Bourges(1438).Ellereconnut la supériorité desconcilesgénérauxsur l'autorité du pape, réservaaux égliseset auxchapitresde Francele droit d'électionaux évêchéset aux grands bénéfices,et rôtira a la cour et les annotesqui faide Rome les réserves,les expectatives saientsortir beaucoupd'argent du royaume.Cet acte accordait une grande influencesur les électionsauxpatronsdes s églises,parconséquentau roi, maisaussiauxautressoigneurs sur les terres desquellesles égliseset les abbayesb' élevaient. A raison de cette dernièrecirconstance,LouisXI abolit plus tard la pragmatiquede Bourges,et FrançoisI«*établit à sa placele Concordatda 1516, dontceluide l80i a'sst qu'une eonBéqueace.


HISTOIREDE LA FRANCEET DE L'ANGL

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Une autre mesureporta un coupterrible à la féodalité.Ce fat la créationd'une armée permanentequi enleva à la noblesse le monopolemilitaire qu'elle avaitexercéjusque-là. L'emploidéjà ancien de soldats mercenairesavait préparéce changement.Mais CharlesVII voulutque sonarmée permanente, au lieu d'être un ramasde gens de toutesnationssans patriotisme, fut une armée vraiment nationale. Les États d'Orléans de 1439 rendirent à cet égard une ordonnance qui fut exécutéeen 1445; elle établissait1b compagniesde 100 lances garnies, c'est-à-dire de 100 hommes d'armes, suivi*chacunde trois archers, d'un coutillieretd'un page, et tous portant un hoquetonde la livréede leur capitaine, ce qui fat l'origine de l'uniforme.Une taille annuelleet perpétuelle de 1200000 livresfut spécialementaffectéeà l'entretien des troupes. En 1448, la création des francs archers (francsde taille) complétacette organisationmilitaireen préparant notre infanterienationale. a En chaque paroisse de notre royaume,il y aura un archer qui sera et se tiendra continuellementen habillementsuffisant,et armé de salade, dague,épée, avec trousseset Jacquesou huguesde brigandine. Les archers seront tenus de s'exerceraux fêtes et jours non ouvrables. Nousles feronspayerde quatrefrancs par chacunmoisqu'ils nous serviront.» Ajoutonsenfin à ces efforts,pour établirl'unité politique, unetentativeprématuréed'unitédelégislation;je veuxparler de l'ordonnance de Montils-les-Tours (1454),qui enjoignit d'écrire et de mettre d'accordtoutes les coutumesdu royaume.Ainsi féodalitéet communes,noblesse et clergé, Étatsgénéraux,parlement,Université,tout ce qui, à différentes époques,avait porté ombrage à la royauté et ce qui essayeraplus tard de l'arrêter, était sinon détruit, du moins annulé. Une bonnepartie des grandes seigneuriesavait disparu, le reste tomberaavec Louis XI, CharlesVIH, FrançoisI". En outre,le roi avait gardédanssa maintout le gouvernementdu pays,malgréles effortsdesÉtatsgénérauxpour ensaisircertainesparties,surtout celledesfinances,et malgré tantde commissionséphémèreschargéesde surveillertelleou telle branche de l'administration.Le grandconseil'assistant


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CHAMÏHkî X&VHL

le Toi, pourla politiquegénérale; le parlementpour l'ordre judiciaire;la chambre des comptes,avec la cour des aides, crééeaprèsla bataillede Poitiers, pourl'ordre financier tels étaientles quatregrandscorpsà qui était demeuréedéfinitif vementl'administrationdu rôyame,partagéeentre eux.Il y avait déjà, danscette séparation, une certaineanalysegouvernementalequ'il faut reconnaître,mais en ajoutantqu'audessousde ce degrésuprême, les baillis réunissaientencore lesfonctionsjudiciaires,financières,administrativeset militaires. Onremarqueraquetandisque l'Angleterres'organisait pour marchervers le noble but de la liberté politique, la France s'organisaitpourarriverà unegrandeet fortemonarchie où le roi s'élèverait seul au-dessus de tous. On aurait donc pu dès ce momentprévoirque le sentimentle plus vif de l'une serait la liberté,celuide l'autre l'égalité.


L'ITALIE DE 1250 A 1453

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ET US AUTRESÉTATSEUROPÉENS L'ITALIE, L'AU^MAGWE SIÈCLE. JUSQU'AU MILIËO i DUQUINZIÈME

CHAPITRE XXIX. L'ITALIE,DEÎ2BOA 1483. ruinedetoutpouvoircentral desinvestitures; L'Italieaprèsla querelle (1250).Manfred et Charles d'Anjou.Principauté s dansla Lomoardie la Rqmagne et les Marches.LesrépubliquesVenise,Florence, Gêneset Pise.– Nouvelle allemands en apparitiondes empereurs Italieet retourdespapesà Rome.-Anarchie;lesCondottières. Boccaco. Eclatdeslettreset desarts Dante,Pétrarque, ruine de tout B/attilleaprèsïra querelle des taaveatUnceB) eê ebarleo «S'amJou. pouvoirsemipuï(flgffi®).sa^nfired Aumilieudu combatgigantesqueque sa livraientpour les ÎRvestitureset pour la dominatiouuniverselleles deux pou-» voira suprêmes de la chrétienté,l'Empire et le saint-sidge, l'Italie, théâtreet victimede lalutlo, n'avaitpu arriverà.l'indépandanco.Quandla puissancede l'empereur et ccllo du papo déclinèrent,on eût pu croire qu'elleallaitenfinse saisir de ses propresdestinées il n'en fut non elle conserval'habiuidndasrlifu?ovdes iatestiaes et ceHed'immiscerl'étranger


476

CHAPITREXXDL.

dansses querellesde partis. Pourtant, au milieudes conflits les plus sanglants, par un beau privilégede la liberté polim tique, elle brilla d'un rare éclat de civilisation,d'arts et de littérature,et devançabeaucoup,à cet égard, tous les autres pays de l'Europe. La mort de FrédéricII (1250)préparait, sansla consom. mer, la chutede la dominationallemandeen Italie.H laissait déniera lui des fils capables de continuerson rôle, Conrad IV en Allemagne,Manfreddansl'Italie méridionale.Il est vraique Conradmourutbientôt(1254)et ne fut remplacé que par un enfant, le jeune Conradin.ToutefoisManfred, par ses talents, pu sonalliancehabileavecles podestats,qui devenaientde plus en plus puissantsen Lombardie, et sur» tout avecle fameuxEccelinode Padoue, enfin par le secours formidablede ses Sarrasinsde Lncera, était un ennemi redoutable.InnocentIV, quel'Italie presquetout entièreavait accueillitriomphalementà son retour du concilede Lyon, n'eut pas le tempsde l'abattre. AlexandreIV, son successeur(1256),attaqua avecvigueur les ennemisdu saint-siége.Il fut favorisédansle nord par les cruautés mêmes d'Eccelino nui provoquèrerentune ligue générale vaincu à Cassano,Eccolinose donnalui-mêmela mort en déchirantses blessures.Mais, dans le midi, les tentativesd'AlexandreIV échouèrent Manfredse fit couronner roi deSicile(1258).A Romemême,le sénateurBrancaleone, à qui le peupleavait*confiépour trois ans un pouvoirdictatorial,traitaitle pape avecla dernière rudesseet allaitjusque v le chasserde la ville. AinsiInnocentIV avaittriomphé,de FrédéricII, maisnon de Manfred, et son successeurn'avaitpas été plus heureux. UrbainIV se décidaà employer le grandmoyen,le recours à l'étranger. Il offritla couronnede Naplesà saint Louisqui la refusa, puis au duc d'Anjou, son frère, qui s'empressade l'accepter.Celui-cireçut enfief du samt-eiége,pourlui et ses descendantsdirects,à laconditionde l'hommageot d'untribut annuelde 8000oncesd'or, le royaumeen deçàet au delàdu Phare, à l'exceptiondeBéndventet de sonterritoirecédésau papa. H «'engageai!à«atreteair 300 t»V3Îtes*t»»rlsswvit3ë


L'ITALIE DE 1850 A 1458.

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de l'Église,à ne jamais réunirà ce royaumela couronneimpériale, la Lombardieou la Toscane,et à conservertoutes les immunités du clergé; il consentait&sa déchéances'il n'observaitpointchaeunedecesconditions(1263). ClémentIV, qui avait succédéà Urbain IV, donna à son expéditionla couleurd'une croisade, en excommuniantManfred, et attira ainsi sousles drapeauxde l'Angevinun'assez grand nombre d'Italiensde la Lombardie.Le filsde Frédéric II et le frère de saint Louis se rencontrèrentdansla plainede Grandella, près de Bénévent(1266).Les Allemandset les Sarrasinseurent d'abordle dessus; maisCharlesd'Anjou,combattantdes excommuniéset des infidèles,donna l'ordre, considéréalors commedéloyal,de frapperaux chevaux,etia fortunetourna. Les Apuliensien secrèteintelligenceavecl'envahisseur,prirent la fuite. Manfred,à cette vue, désespéra. Il portait sur son casqueun aigle d'argent,qui tomba « C'est le signede Dieu, » s'écria-t-il, et, se précipitantau milieudes ennemis, il y trouvala mort.Le légatdu papefit jeterson cadavredans le Garigliano. AprèsManfred,il fallait encorevaincreGonradin,qui arrivait d'Allemagne avec une armée. Les Italiens éprouvant déjà une répulsionvivepourle sombreCharles, accueillirent avecamour ce dernierrejeton de la maisonde Souabe, Corradino, commeils l'appelaient.Qu'allait-il faire cet enfant, échappédes bras de sa mère, en facede cet hommedefer qui venaitde triompher de Manfred?« C'est, disaitle pape, un agneauqu'on envoieà la boucherie.» Il fut vaincuà Tagliacozzopar une ruse, et fait prisonnier avecson ami Frédéric d'Autriche,presqueaussi jeune que lui. On les cita devant une cour de justice, composéede barons provençauxet de jurisconsultes,et présidéepar le vainqueurlui-même tribunal dérisoire qui tes accusade révolte contre le roi de Sicile Ils jouaientauxéchecsdansleur prison quandonleur annonçaqu'ils allaient mourir « Quelle affreuse nouvelle et la partie conti° pour mapauvre mèreI » s'écria Gonradin, nua. L'héroïque enfant montale lendemainsur un échafaud dresséen vuede cette baie de Naples, où il avait espéré de ses pères Aprèsavoir protestéà hautevoixet régner comme


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chapitre:e^ox.

jeté, disait une légende postérieure, son gant à la foule, comme pour appeler un vengeur, il embrassaFrédéric et porta le premier sa tête sur le billot, ce qu'il avait sollicité commeune grâceafinde ne pas voir mourir son ami.Quand sa tête tomba, Frédéric poussa,un rugissementterrible, la ramassapour la baiseret a son tour livrala sienne.Le peuple prétenditavoir vul'aigle de la maisonde Souabequi planait an-dessusde l'éehafaud,descendrequand la tête tombapour teindresonailedansle sangdes empereurs,puis remonteret se perdre dans les cieux(1268), Charlesd'Anjouassurasa victoirepar des exécutions une foulede barons napolitainset siciliensfurent décapités;les chefsdesSarrasinsde Lucoraeurent le mêmesort. A Rome, cent trente barons accusésde félonie, furent e' Termeset brûlés dans une cabanede bois. Charlesse 6t nommer»ieaire impérial,pacificateur,et à diverstitres, dominadans toutel'Italie péninsulaire.C'étaitun des plus puissantssouverains.Ses alliancesde famille étendaientau loin soninfluence,et, enivréde cette fortunerapide, il en rêvait une plus vaste encore. L'empire latin venait de succomber,,un Paléologuede remontersur le trôned'Orient: or,deBrindes à Constantinoplela routen'était pas longue.Restaurerà son profitl'empire de Constantinople,avecl'Italio pour annexe, sousle spécieuxprétextede faire cesserle schisme,ce qui lui eût assurél'appui de l'Église et les ressourcesdes croisades, telleétait la chimèrecaresséepar Charlesd'Anjou. L'exécutiondecesprojets fut quelquetempssuspenduepar diverses circonstances la croisadede saint Louis à Tunis (1270),les deuxrègnes de GrégoireX et de NicolasIII. Ces deuxpapessentirent que la nouvellepuissanceélevéepar le saint-siégedevenaitexorbitanteet '.ingereusa.Le premierfit cesserenAllemagnele grand interrègneet nommer empereur de afin de mettre dans la nord un Rodolphe Habsbourg, contre-poidsa la prépondérancede Charles d'Anjoudansle midi. De même, il ôla à l'expéditionprojetéepar l'ambitieux Angevinson principalprétexte,en obtenantpar desvoiespacifiquesla réconciliationtemporairedos Ëglteosd'Orientfit d'Occident.NicolasIII ne fui occupé,suivantla mêmepolir


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tiquo,que d'opposer^empereurau roi de Sicile, de fortifier entreles deux la papauté,de réconcilierdans toute la péninsuleles guelfeset les gibelins,afind'ôter aux étrangerstoute' prise sur les affaires d'Italie il favorisamêmeles gibelins, parceque Charlesd'Anjou,chef des guelfes, étaitalors plus dangereuxque l'empereur. Maisson règne fut court, et son successeur,Martin IV (1280),fut tout dévouéà Charlesqui l'avait faitélire. Alorscelui-cise disposaà partir pour Constantinopleavecune armée régulièrede 15 000hommes'. A ce moment éclatèrentles vêpres siciliennes,explosion d'un mécontentementqui couvaitdepuis longtempsdans les âmesdes vaincus. Depuisplusieursannées un médecinsicilien,Jean de Procida,déguiséen Franciscain,parcouraitl'Espagne, l'Italie, la Sicile,ia Grèce. Il avait entraînédansune ligue le roi d'Aragon,Pierre III, le pape, l'empereurPaléologue et déjà Pierre III croisaitavecune flottedansles eaux du royaumede Naples, lorsque le lundide Pâques(1282), pendantles fêtesde cette solennité,quelquesinsolencesdes Françaisles firentassaillirpar la populationde Palerme le cridemortaux Français/gagna bientôtlavilleentièreet toute la Sicile.Presquepartoutils furent massacrés.Charlesd'Anjou, altéré de vengeance,envoyaune flottecontre Messine, que les femmesmêmesdéfendirenthéroïquement,et cette flotte,surpriseà son retour par l'amiral Roger de Loria, fut livréeauxflammes.Du rivage, Charlesla voyaitflamberen pleinemer, et, decolère,rongeaitsonsceptre.Bientôtaprès, son fils, Charlesle Boiteux,est vaincudans une nouvellebataille navaleet fait prisonnier, tandis que le roi de France, PhilippeIII, est repousséde l'Aragon et lui-même meurt, déçu dans sa dévoranteambition(1285). Letraité de 1288 assura Charles le Boiteuxl'Italie méridionale,et la Sicile a Jacques,filsde PierreIII, séparationqui a duré longtemps, qui ne subsisteplus dansles faits, mais qui existe toujours sinondans les sentimentsdu moins dans le caractère bien différentdes deuxpeuplesde Napleset de Sicile. L'acquisition de la Sicilepar la maisond'Aragon ouvritl'îtulio h h dominationespagnole, autre mal pour co pays.


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CEâPITBE XSÎÉ.

âasia la fcomtsaraïc,la Kouxagne K^BlnelpaatAs et les

jntarobea.

La maisond'Anjouattirant dansla mididel'Italiele grand mouvementdesaffairespolitiques,et, d'autrepart, les emporeurs demeuranten Allemagne, l'Italie septentrionales'appartintdavantagedans cettepériodeet fixasa constitutionou plutôt ses diverses constitutions. Commela multitude dos petitsÉtats dontelle se composaitrend son histoiresingulièrement compliquée,il faut remarquerce caractère général que les principautés,les tyrannies(dansle sensgrec dumot), sont le régimequi prévautdansla Lombardieet dontMilau nous offrele type, tandis que la démocratie,les républiques libres sont le régime qui prévaut en Toscane et dont nous trouvonsle type à Florence.La Romagnese partageaità peu près entre les deuxsystèmes.En dehors de cesdeux catégories, on remarqueencoreune autre forme, celledes républiquesaristocratiques,commeà Venise. Autrefois,la dominationmacédonienneen seretirant de la Grèceavaitlaisséderrièreelle, commeun limon impur, des tyrans. La mêmechosearriva quand se retira d'Italie la dominationallemande.Les podestatsqu'elle avait placésdans les villes,leschefsd'aventuredont ces guerresavaientfait la fortune, les citoyensmêmesqui avaientconduitles cités la victoirecontreles Allemands, avaientsaisiou gardéle pouvoir. a L'Italie, s'écrie Dante, est pleine de tyrans et tout manantqui intrigue est pris pour un héros.» AMilanonvit s'éleverles délia Tprre,podestatsguelfesde la ville(1256),et successivementseigneursde Lodi, de Novare, de Corne,de Verceilet de Bergamejusqu'en 1277 où, devenusde chefs populairestyrans odieux, ils furent renversés par l'archevêquegibelinde Milan, OthonVisconti,dont le neveuMattéoleGrandfutproclaméseigneurperpétueldeMilan(1295), et vicaireimpérialen Italie. Sa maison régna de la Sesia à l'Oglio,et souventplus loin, jusqu'en 1447. A droite de ce qui allait être le duchéde Milan Canele Grand,podestatgibelinde Vérone(1312),conquitPadoueet


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Tréviseet élevapour la maisondélia Seallaune domination qui s'étenditdu Minciojusqu'auxlagunesde Venise.Il mou. rut en 1329.Sa racefinit misérablementà la fin du siècle. A gauchedu Milanaisla maisonde Savoiequi occupaitles deuxreversdes Alpes (Savoieet Piémont) se tenait à l'écart desrévolutionsde l'Italie, enveloppantdanssesdomainesle tf errât, qui marquisatde Saluces et bordantcelui de Mon en 1305 passa par mariage dans la maison grecque de Paléologue.L'avant-dernier marquis de Monferrat, GuillaumeVI, vrai condottiere,avait été enfermédix-septmois par les habitantsde Verceildans une cage de fer et y était mort. Les Gonzagues'emparèrenten 1328de Mantoueoù ils ont régnéjusqu'en 1708 la maisond'Estdominaità Ferrare, à Modèneet Reggio. Ausud de l'Apenninun rival'de Canele Grandet deMatfondade 1314à 1328 la duchéde teo,Castruecio-Castraoani, Lucques,maissans fonder une dynastie. Dansla Romagneet les Marcheson trouvaitles Polentani à Ravenne,les Malatestaà Rimini, les Montefeltrià Urbto dansla campagnede Romeles Orsini vers Tibur et les Co. lonnavers Préneste.A Romeun légatreprésentai',Panspouvoirl'exercer,l'autoritédu pape d'Avignon. B.CB républiques!Venise,Florence,o£nen«•» S>Imi>. Nombrede villes se débattaientpour rester libres entre toutescesprincipautés,quelques-unesy réussissaient.Quatre au quatorzièmesiècleétaientarrivéesà unegrandepuissance, Venise,Gênes,Pise et Florence. C'est en 1S97que Venisearrêta sa constitutionaristocratique, en restreignantl'éligibilitépour le grand conseilaux famillesnoblesdes conseillersalorsen exercice;mesureque compléterontun peu plus tard l'inscriptionau Livre<£wet l'établissementdu conseildes Dix. Acette époque,eUe ne possédaitrien encoresur la terre ferme d'Italie, mais elle avaitoutre la Dalmatie,Négrepont,Candie,beaucoupd'iles de l'Archipel, et elle dominait sur l'Adriatique.Depuisla BIST. 00 HoïEM

AOB.

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fc82

cnAPraRE xxix.

chute de l'empire latin à Constantinople(1361) Gênesloi disputaitla suprématiedansl'Orient. Florence avaitfait quelquesannéesauparavantune révolotiontoute contraire.Sa populationbourgeoiseavait été partagéoen deux classes,les arts majeurs,comprenantles états plus relevés,juges, notaires,banquiers, médecins,merciers, fourreurs,drapiers; les arts mineurs,teinturiers, cardeurs, laveurs, forgerons,tailleurs de pierre. C'étaitla grosseet la petite bourgeoisie, le peuple noble et le peupleartisan, le peuple gras et le peuple maigre (populuscrassus, populus minulus, macer). En 1282, l'égalité politiquefut établie à peu près entre ces deux peuplesde la même cité par la mesure qui constituahsprieurs desarts, c'est à-dire les premiers de chaqueprofession, en un conseilexécutifou seigneurie, renouvelétousles deuxmois et dépositairede la toutc=puissance. L'inégalitéfut, au contraire, décrétéecontrela vraie noblesse,qui avaitsouvent,par ses querellesde famille,bonleversé et ensanglantéla cité: les seigneursfurent déclarés inadmissiblesaux fonctionspubliques,à moinsde se désennoblir en se faisantinscriresur les registresde quelquecorps de métier. Quelque temps après, Gianodella Bella rendit plus dur encorecetteproscriptionde la noblesseet compléta l'organisationde Florenceen divisenttous les citoyensde la ville en vingtcompagnies,ayant chacuneà sa tête un gonfalonier, et réuniestoutessous le commandementd'un gonfaloniersuprême. Cette curieuse organisationde Florence passa, sans beaucoupde changements,dans la plupart des villesde Toscane,^ucques, Pistoie, Pise, Arezzo, mêmeà Gênes. Cette similituded'organisationpolitique n'était pas une causede bonneintelligenceentre deux cités rivales. Gênes, qui disputaita Venisela suprématiedansl'Orientet à Pisela Corseet la Sardaigne, détruisitla force militairedes Pisans dans la grande bataillenavalede la Meloria(1348),comme ellefaillit détruireun siècleplus tard celledes Vénitiensà Ghiozza.Aussitôttoutela Toscanese jeta surla cité vaincue s'en arrachèrent Florence,Lacques,Sienne,Pistoie, Volteneà, les dépouilles.Piserésista quelquetempsea confiantle pou*


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voirau tropfameuxUgolin,cet homme affreux quitrouvaune mort épouvantable.Lorsqu'ileut péri avecsas quatre enfants dansla tourde la Faim, Piseabattuene conservala vie qu'en renonçantà toutesa puissance. Florencedominaalors en Toscane,mais elle ne jouit pas en paixde son triomphe,et tourna sesarmescontrason propre sein.Diviséeen gibelinset en guelfes,,cesnomsqui n'avaientplusd'autre objetque de désignerles hainesdespartis, elle emprunteencoreà Pistoie les dénominationsde blancs et de noirs, commepour enrichir le vocabulairede la discorde. Nouvelleapparition des empereurs allemands en Stalle et retour des papes ô sorae» 11n'y a pas d'époqueoù l'esprit de parti ait étéplus extrême, ou l'hommeait moinshésité dansl'action, soit pour le bien, soit pour le mal, où l'âme humaineait vibréaveo plus de forceet portéplus loin l'énergiedes sentimentsnobles et des sentimentsféroces.L'atrocitéet la variété des supplices étonnentquand on lit l'histoire de l'Italie d'alors. IS est-ce pomtlàl'enfer mêmeque Dante (1265-1321) voulupeindre danssa Divinecomédie?Il avait bien plus à regarder qu'à, imaginer.Lui-même,persécuté,banni de Florence,sa patrie^ commegibelin,promenantsur les cheminsde l'exilson maigre et sombre visage,il se présentaà la porte d'un monastère « Quecherchez-vous lui demandaun frère, presque effrayéde son aspectet de sonsilence.– Je cherchela paix.» Il la cherchait,non pour lui seul, mais pourl'Italie. Aqui la demander après ces tentatives avortées, après tant de puissancesécrouléessur ce sol aussi instableque les flancs de son "Vésuve ?Il se tourna, et aveolui bien d'autres, vers l'empereur ce pouvoir autrefois maudit des Italiens.' Henri VII, appelépar les Viscontiet les gibelins, fit reparaître au sud des Alpesla personne,mais non l'autorité impériale(1310).Il s'occupade rétablir l'autorité renversée de, Mattéo dans le Milw»« et de rançonnerles villes. Excommuniépar ClémentV, arrêté par les armes du roi de Naples et des guelfes,il allait repasserles Alpes,en laissantderrière


km

GHAMTHE XXIX.

lui autant d'anaroluequ'il en avait trouvé,quand il mourut soit de la mal'aria, soit empoisonnédans une hostie qu'un dominicainlui aurait donnée(1313). Dante meurt lui-même sans avoir vula paix (1321).Un autre empereurarrive, c'est Louis de Bavière,la successeur de Henri VII, et commeloi excommunié.Il descendit des Alpesen 1327pour aller chercheraussi à Romecette inutile couronned'empereur il parut plus misérablementencore, en Italie et en sortit presqueseul. La venuedu chevaleresqueJean de Luxembourg, roi de Bohêmeet vicaireimpérial en Italie (1330),fit un moment espérer auxItaliens qu'ils allaient trouverle pacificateurde leur contrée,le podestatde leurs désirs il en fut de ce royal detous les antres; au bout de quelquesmois chevalier comme il était détesté. Singulier spectacleque celui de cetteItalie courant avec un naïf enthousiasmeau-devant de tous les étrangersqui franchissentson seuil, et se dégoûtantaussivite Ne la lni reprochonspas. Elle aussi, qu'elle s'est engouée! commeDante, cherchaitla paix; elle la démandaità tous, et tous ne répondaientà sa confianceque par d'égoistes et ambitienxdesseins. D'illusionsen illusions,ellearrivaà la plusextraordinaire de ce siècle,celledontNicolasGabrini, on Cola di Rienzo», fut l'auteur et l'objet. Ce Romain,fils d'un cabaretier, élève de Pétrarque, connaisseurhabile de l'antiquité, imagina de réveillerdansle peuplede Ramedessouvenirsqui ne s'étaient jamais éteintscomplètement,et que ravivaitalors la renaissancedes étudesclassiques.Sur les marchesdu Capitole,en présencede quelquesmonumentsdes vieux âges, il parlait au peupleromaindela gloiredeses pères attestée parces édi. aces mêmes;il évoquaitles tempspassés et la vieilleRome, républicaineet maîtressedu monde.Tite Live à la main, il voulaitfaire une Romenouvelle&l'image de l'ancienne, et établirce qu'il appelaitle bonétat. Le 19mai 1347,il monta en armes au Capitoleoù le peuple étaitconvoqué,et fut proclamétribun pour l'établissementdubuonoslato. Aussitôtil donnés 4;C'estla véritable dela parfauteurcontemporain orthographe filadiColadtPicnza. ;•


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instituaune prompteet bonue justhe 'par l'organisationde milicesurbainesetd'une forcenavalesur les côtes il fit rentrer dansl'obéissanceles noblesinsoumiset pendreles brigands il établitdes grenierspublicsdans laville et de nom. breusesaumônespour les pauvres, les veuves, les orphelins de ceuxqui mourraient pour la patrie. Les républiquesde Toscaneet de Romagneapplaudirentavectransport plusieurs princesde Lombardie firent bonaccueilaux députésdu tribun. Pétrarque l'appela « le chevalierqui honoraitl'Italie entière. s II y eut un beau moment d'enthousiaéme.La « sainte république romaine» proclamaitlibres toutes les villesd'Italie. Rienzofut enivréde cette gloire et mêla un mysticismechrétienà cette évocationde l'antiquité paienne. Un jour, vêtu des anciensornementsimpériaux et consacré en mêmetemps chevalierde la croixchrétienne,il s'écria, montrantles quatre points cardinaux a Ceciest à moi, et encorececi. » Cen'étaitlà qu'un rêve. Bientôt les prosaïquesdifficultés du gouvernementébranlèrentl'autorité du tribun-poëte. Le peuplese lassa et l'abandonnaquandle légat du papel'eut déclarétraîtreet hérétique.L'Italie seréveillade son glorieux rongeavecla peste, cette terriblepestede 1348,qui sur cinq habitantsen emportaittrois, et qui fit tombersi basle moral public, commel'atteste le Décaméronde Boccace. Rienzo, qu'on avaitépargnéet qui s'était éloigné,fut rappelé à Borne par le cardinal légat, Albornoz,afin d'user de son autorité pour ramenerle peupleà l'obéissanceenversle pontifed'Avignon.Mais ce peuplene voulutplus reconnaîtresonfavori de 1 347dansl'agentdu pape, et Rienzopérit par les mêmes mains qui l'avaientapplauditantdefois.Cefut le commence» mentde la restaurationde l'autoritépontificaledans Rome, jusqu'en 1378, que le pape Urbain VI vint y replacer son siègeet fairecesserla captivitéde Babylone,en donnantnais» sanceau schismed'Occident. Pétrarque mourait,commeDante, deçà Gtdésillusionné. « Liberté, s'éoria°t-il,bien précieuxet désiré,qu'on n'ap» précieque lorsqu'on l'a perdu»g La papautérentrée à Romeen 1378n'était plus la grande


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CHAPITRE

XXIX.

papauté d'autrefois.Sanspuissance temporelleet avec peu d'influencemorale dam la Péninsule par suite de son long exil*eUene pouvaitplus rien pour l'Italie. Un libre champ s'ouvraitauxdiscordesdes républiquesdu nord. Cettemême année 1378 vit Florenceébranléepar un grand mouvement populaire,Veniseet Gênesaux prises dans une lutte qui les épuisatoutesdeux. Anarchie;

les CoraâotUdjpes.

Les Albizziet le parti guelfe étaient au pouvoir de Florence les guelfesse rangèrentautourde Silvestrode Medici, riche plébéien,et, s'appuyantsurles arts mineurs,jalouxdes arts majeurs, et sur les ciompi(compères),ou métiersinférieurs non organisésen corporationsrégulières, ils provoquèrent une révolutionqui ne tarda pas à dépasserleurs intentions. Les arts mineurs et les Ciompi demandèrentà être admis-augouvernementsur le mêmepied que les arts majeurs. Medicivoulait biensoutenirles prétentionsdesarts mineursauxquelsil appartenait,maisnon cellesdes Ciompi qui, mécontentsde sa partialité,se répandirentdans la ville etbrûlèrent les maisonsdesAlbizzi.Us mirentà leur tète un cardeurde laine, MichelLando,qui s'emparade la seigneu? rie et composaun gouvernementde neuf membres,trois des arts majeurs,trois des arts mineurs, trois du petitpeuple. Les Ciompine trouvèrentpas que ce fut assez; ils réclamèrent encorecertaines mesuresfinancières,favorablesaux débiteurs plébéiens. Lando ne crut pouvoirles satisfaire,et réprimaleurs exigencesavecautant d'énergiequ'il en avait montrécontreles nobles.Cette positionéquivoquele discret dita. Les trois prieurs des Ciompifurentchassésdu pouvoir, et l'on forma un gouvernementde neuf membres, dont cinqdenarts mineurs. Tandisque Florenceétaiten proie à cetteagitationstérile, la.rivalitédes deuxgrandespuissancesmaritimosetcommerciales del'Italie éclataitpar la guerre dite de Ghiozza. L'amiralvénitienVictorPisani attaquaet vainquitune Bottegénoise (1370).L'annéesuivante,l'amiralgénoisLucienDoria


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pénétradans l'Adriatiqueet vengeace reverspar une victoire qui obligeales Vénitiensà se réfugier dans leurs lagunes. Pour les y enfermer,Dorias'établità leursportes, à Chiozza, déclarantqu'il ne se retirerait pas avant d'avoirmisun frein aux chevauxde bronzede Saint-Marc.Venisesemblait perdue, et la seigneurievoulait transporterà Candiele siègedu gouvernement.Le peuples'y opposa,tira Pisani de la prison dû il avait été jeté en punitionde sa défaite,et les Génois, assiégésà leur tour dans Chiozza,furent obligésde se rendre à discrétion.Le seulrésultatde cetteguerre fut l'affaiblissement desdeux républiques;Venises'en releva, maisnonpas Gênes,restéeen proie aux discordesdes Adorniet des Fregosi,qui remplacèrentcellesdes Doriaet des Fieschi. Au moins, les républiquesdu Nord offraientdans leurs discordesde beauxsentimentset des traits héroïques.La monarchiedu sud de l'Italie ne présentait,après le sagerègne de RobertI* que des intrigueset des crimessans grandeur. CeRobert(1309-1348),petit-filsde Charles d'Anjou, était un ami des arts et de*la paix. Le pontife d'Avignon,Clément V, le nommavicairede l'empireen Italie il ne fit rien de ce titre. Le roi d'AragonIniabandonnala Sicile, quegoiu vernaitson frère Frédéric, et le pape ordonnaau princeara* gonaisde livrerl'île autoi de Naples.Robertla laissaà Frédéric, et pour faire avec lui une bonne paix, lui donnasa sœuren mariage.Il fut l'ami de Pétrarque et aurait voulu. fixerà Naplesle poëte nomade.Son neveuCharobertdevint, du chef de sa mère, roi de Hongrie, et fondaaux bords du Danubecette courtedynastieangevinequi élevaun moment si haut le pays des Magyares. Tout changeavec sa petitefilleJeanneIn qui lui succède elle épouseson cousinAndré' de Hongrie, et au boutde deux ans le fait assassiner.Après une vie de débaucheset de crimes, aprèsaussi, beaucoup de vicissitudes,elleadoptacommesonhéritierson cousinCharles de Duras, fils du roi de Hongrie, puis, quelque temps après, Louisde la seconde'maison d'Anjou, ce frère du roi de FranceCharlesV,que nousconnaissonsdéjà. Charles de Duras défenditson droit par les armes; il se rendit maître de Naples et de Jeanne, qu'à l'approchede sourival, il lis


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CllAPITllE XXlk.

étouffersousdes matelas(1382).Il exerçapendant quelque tempsune grandeinfluenceen Italie, et renversadans Florencele gouvernementpopulaire,pour y rétablir la prépondérance de l'aristocratie. Mais, quand il eut péri en Hongrie (1386),le royaume do Naples tomba pour longtemps dansune profondeanarchie,sousle gouvernementde Ladislas (1386-1414),et,de la secondeJeanne, aussi coupable et dissoluequela première(1414-1435).Elle appela aussideux successeursà son héritaga, AlphonseY d'Aragonet Louis, ducd'Anjou,puis René, sonfrère. Ce doublechoix est l'origine.de,lalonguelutte des partis françaiset aragonais dans le royaumede Napleset des guerres d'Italie qui éclatèrent au oommencementdes tempsmodernes. Cettedécadencedu royaumede Naplesmarquaitl'affaissement de la dernièregrande puissanceen Italie, de celle qui, après l'empereur et le pape, aurait pu exercerune sérieuse influencesur la péninsule.A ce momentil s'en élevait une autre dansle nord. Jean GaléasVisconti,arrière petit-filsde Mattéole Granddevintseul maîtrede Milanen 1385et rêva de fonderun royaume d'Italie. D'abord ennemi de Venise, puis sonallié, il s'emparade Padoue, de TrévUe, soumit la plus grandepartie de la Lombardieet de là s'efforçade pénétrer dansla Romagne.Florence ayant arrêté ses progrès, en lui opposantdes condottierifameux,le comted'Armagnac et l'AnglaisJean Hawkwood,il n'en continuapas moins,par ses intrigues,de glisserpartout son influence,et, en 1396,il achetade l'empereurWenceslasune charted'investiture qui lui conféraitlestitresde duodeMilanet de comtede Pavie,,il tenait alorsdanssa dépendancevingt-sixvillesde la Lombardie et leur territoire. Lorsquela pestel'eut emportéen 1402, la puissancemilanaisetomba presqueen dissolution. Venise et Florencereprirent l'avantage;mais ellesen osèrent avec peu de générosité Venise en soumettantà sa tyrannie Padoue, Véroneet Vicence Florence en détruisant Pise de fonden comble. Au surplus,la puissanceappartenaitalorsà desaventuriers mercenairesqui erraient par l'Italie en se louant au plus offrant,les condotlières,nouveau fléau tombésur la Pénia=


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suie.Il y en avaitdeux fameuxqui la parcouraient en tous sens,s'en disputaienttouteslesprovincesetRomeelle-même c'étaitBracciodeMontoneet SforzaAttendolo,ce paysandevenusoldat,dontla familleétait réservéeà un si grand éclat. Cesoondottières,quinecombattaientquepour sefaire payer, s-eoonnaissaientet se ménageaientd'une armée à l'autre: A labatailled'Anghiari, une des plus importantesdecette époque, il n'y eut qu'un hommetué après un engagementde dix heures. Manière'très-humaine sans doute de faire la guerre, maistrès-funesteau caractèrenational.' Philippe-Marie, iils de Jean-Galéas,relevala puissance milanaise,grâce au talent de Carmagnola,qui passa ensuite aux Vénitienset trouva chezeux une fin tragique. Le plus fameuxet le plus heureuxdescondotlièresfut FrançoisSforza qui, devenucapitaineet gendre de Philippe-Marie,s'empara à la mort de ce prince de ses Etats, triomphade la longue résistancede Milan, et vinty prendrela couronneducale,le sceptreet l'épée. Veniseprotestaen vaincontrecette restaurationde la puissancemilanaisesous un princeredoutable,et s'allia contre elleavecAlphonseV, roi d'Aragonet de Sicileet héritierde Naples. A Florence s'opérait nne révolutionsemblable Cosmede Mediciy était occupéà établir son autoritéet favorisait'lè régimedes principautésqu'il voulaitintroduiredans sache» La liberté expiraitalors partout, et la tentativede Porcaroà Rome (1453) ne fut qu'unfaible et dernier écho des entrepriseshardies d'Arnaldodé Brescia et de Rienzo. L'Italie républicaineavait vaincul'Allemagne, mais n'avait pas su se vaincreelle-même,parce que la liberté n'avait pu se régler. L'Italie princièreva s'ouvriraux influencesdu dehors,appeler sans cessel'éttanger au milieu d'elle, et commencerpar là une ère nouvellede calamités. 8 wtmtt»,npéarBpejrae, ËeBatttîvaletereo et des fflffto EBoceffloe. Si, dans la périodequ'onvient de parcourir, l'Italie fut branagitée,si elle manquace but du bonheurauqueltendent en général les actionsdes hommes,elle en fut dédommagée


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CHAPITREXXIX.

par l'éclat et la gloiredont elle fut alorsparée et cela même, n'est-ce pas une grande part du bonheur?Sa langue,déjà à moitiéforméeà lacourde l'empereurFrédéricII, devint, sous la plumedu grand FlorentinDanteAlighieri(1365et 1321), la premièrelangue modernequi fut dèslors achevée;énergique ttsonore, mêmequandelleétait gracieuse, elledonna au poêie le moyen d'écrirecet immortelpoêmede la Divine comédie(l'Enfer, le Purgatoireet le Paradis),oùtout le moyen

âge se trouve,depuitl'extatiquecontemplationde la beautéde Béatrix,transportéedansles cieux,jusqu'aux tortureset aux cris desdamnés;depuislessplendeurssereinesdu paradisjusqu'auxplus ardentesfournaisesdel'enfer, en un mot toute la conceptionreligieuseet théologiquede son époque.Elle fut moinsâpre, plus tendreet plus parfaite, sous la mainde Pétrarque d'Arezzo(1304-1374),l'auteurde ces sonnetset de oescanzonesoù vit à jamaissonconstantet invincibléamour pour Laure, mêmeabsente, mêmemorte, et son-amournon moinsfidèlepour sa patin, malheureuse,pour l'Italiedontil


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a déploréle sort en versadmirables.AprèsDante, pour qui l'on nommades professeurschargésd'interpréter son ouvrage après Pétrarque,qui montaau Capitoleau milieu de la oule, couronnéde laurierset suivi par les applaudissements de tout un peuple,vientdans les lettres la décadence des objets, des sentimentset des conceptionsavecun autre Florentin,Boccace,né à Paris en 1313,et mort à Florence fait de Boecace le premierdes proen 1375.Le ncrccamét~ona sateursmais non des moralistesde sonpays. Puis, la grande littératurese tait et sommeillepour ne se réveiller qu'à la

seconderenaissanceitalienne avecle Tasse.L'éruditionon prit la place.Pétrarque lui-mêmeétait très-versédansl'antiquité Jean de Ravenne,Uhrysoloras,Bracciolini,Léonardo Bruniou l'Arétin furent les éruditsfameuxde ce temps; ils commencèrentcetteardenterecherchedesmanuscritsanciens par qui les lettres furentremisesdansla Voiedu beau et du vrai. Bartholeavaitorofesséle àmk romainavecéolath Pis» et à Pérouse(mort en 1356),et Villaniau spectacledu grand jubilé de 1300avaitconçul'idéequ'il exécuta,d'écrire l'histoire « pourla gloirede Florence,sa patrie, qui s'élève,tanest sur son déclin, o dit; que. Rome


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CHAPITRE XXIX.

Les arts avaientfourni une carrière qui faisaitdéjà entrevoirles splendeursdu sièclede Léon X. Venise et Pise s'y y distinguèrentles premières.Dès 1071,l'églisetoutebyzantine de Saint-Marcs'élevaitau fond de l'Adriatique.En 1063, commençaità s'édifier,au bord del'Arno,le fameuxdômede Pise en 1152,sonadmirablebaptistère,où la coupolebyzantine s'associeà l'arcaderomaine,à la colonnegrecqueet aux broderiesgothiques; en 1174,la tour penchée; et en 1278, la galerieàaCampoSanto,ce cimetièrede terre sainte,destiné

LeCarapo-Santo.

aux grands hommes de Pise. Florenee, un peu plus tardive, vit, à la fin du treizième siècle, bâtir les églises de SaintFrançois d'Assise,de S tnta Croce, de Santa Maria del Fiore, où Arnolfo di Lapo maria l'ogive et la rosace à l'ordre toscan* puis vint Brunelleschi, dont le dôme placé sur cette dernière église faisait l'admiration do Michel-Ange. Jean-Galéas avait commencé en 1346 la catliddrale de Milan, montagne do marbre qui porte tout un monde de statues et qui est à peine achevée aujourd'hui. A côté de l'architecture, déjà la peinture


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avecCimalme,Giottoet Massaccio,deses pre~ s'affranchissait, mièresentraves. Dansle commerceet l'indnstriese montraitla mêmeactivitéque dans la littératureet les arts. Aussil'or affluaitdans cesmille citéslaborieuseset payait tous les travaux.Amalfi, lit premièreavaitéié visiterl'Orient avecses vaisseaux.Pise l'avaitsupplantéeet, après la bataille de la Meloria, avait elle-mêmecédél'empire des mers à Venise et à Gênes. La première,maîtressede l'Adriatiqun.d'une partie désîles, des i

Cathédrale de Milan.

côtesde la Grèce, de Candie,et de presquetout le commerce del'extrêmeOrientpar Alexandrie;la seconde,quiexploitait lescôtesde l'Espagneet de la France, avaita Constantinople, le faubourgdePéra, et au fonddela mer Noirela florissante coloniede Gaffaqui prenait le nom de reine de la Crimée. Dansl'intérieurdesterres*l'industrieflorissoit&Milan,qui possédait200000habitantset de nombreusesfabriquesd'armures, de harnais, de selles,de drapsfins; a Vérone,qui fabriquaitpar an 20 000 pièces de drap; à Florenco, qui


«9&

GnAPÏTRE XXIX.

comptait80 000habitantsdansson enceinteet autanthors de. ses murs, 30000ouvriersenlaine, etdes métiersquitissaient 30000 piècesde drap chaque année. Une irrigationsavantequi a fait de la Lombardieun immensejardin, ajoutaita la fertiliténaturelledu ool,d'où le» Lombards,les Toscanset les Romagnolssavaientfaire sortir une masseénormedo produits.L'argent circulait commeles denrées,grâce aux monliou banques d'État établisà Venise depuis 1156,et plus tard sur des bases pluslargesà Gêneset à Florence.Lombards,Florentins,Génois,Lucquoisétaient non-seulementlesgrandscommerçants,maisaussiles grands banquiers de l'époque, et leurs opérationsfinancières,aussi bien que leurs opérationscommerciales,s'étendaientà toute l'Europe. Dessouverainsmêmes'insorivaientsur leurslivres. Tellefut l'Italie au moyenftge le pays le plus avancéde l'Europe dans toutesles voiesde la civilisation.Avancement qui s'expliquepar la persistancedes traditionsde la civilisation antiqueet par les riches aptitudesde cette remarquable populationitalienne.Mais si la civilisationy jetait de vifs éclairs,c'était malheureusementau milieudemœurs fortcorrompues. Une antre misèreau milieu de cette splendeur, et celle-là pour longtempsirrémédiable,c'étaitla décadencede l'èsprit national,la ruine du patriotisme;chacunvivait pour soi, princeou bourgeois,ne comprenantpas que le plus sûr moyend'assurerle bien-êtreprivé, c'est d'établir la prospérité publique,et qu'il faut sacrifierde son indépendancepersonnellepour garantirla liberté généraleavectousles biens qui enrésultent.


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CHAPITRE XXX. DE 1260 A 1483. L'ALLEMAGNE, Grandinterrègne Envahissement desbiensetdesdroitsim(1250-1213). et desvilles.– périaux.– Ansrelue,violences; l'guesdesseigneurs de la maisond'Autriche de Habsbourg Fondation Rodolphe (1273). do Nassau(1291)et Albertd'Autriche (1292).–Adolphe (1298). V II et Affranchissement de la Suisse(1308). Henri (1308) Louisde la bulle Bavière(1314). Lamaisonde Luxembourg (1347-1438); d'or. Lamaisond'Autriche ressaisit la couronne maissans impériale, aucunpouvoir y rattacher (1438). Grand

interrègne

(S8SO-«8»3). Envahissement et des droits Impériaux.

des

biens

L'autorité impériale s'était usée en Italie sous les iffé-, rentesdynastiesqui avaientpossédéle trôned'OltonleGrand, et particulièrementsons celle des Hohenstaufen.Après la mort de FrédéricII (1250),que l'on peut considérercomme ayantmis finan règne de la maisonde Souabe, il y eut un affranchissementgénéral dans les deux pays où s'exerçait cetteautorité. On a vul'Italie livrée à elle-même, maisfatiguéepar la lutte séculairede l'Empire et du saint-siége,rester incapabled'acquérirl'unité politique.Le sort de l'Allemagne fut analogue. Là aussi, dans les vingt-troisannées qu'onqualifiede grandinterrègne(1 «50-1273),les seigneurs et les villesse dégagèrentde toute dépendance,et, agrandies par l'industrieet le commerce,s'élevèrentjusqu'au ponvoir politiquepar le mêmemouvementqui porta en haut la bourgeoisiede France, lescommunesd'Angleterre,les républiquesd'ItaUe.Seulementla forceplusgrandedu régimeféodal on Allemagneles empêchad'aller aussi loin danscettevoie.


606

XXX. CHAPITRE

Le grand interrègneest une époquede trouble et d'anarchie. On y vit cependantquelques empereurs, mais plutôt de parade et de nom que de réalité. Ainsi, Guillaumede Hollande,que le pape InnocentIV avaitopposé à Frédéric, porta ce titre jusqu'en 1256. Alors lesélecteuis vendirent sans pudeur la couronne impériale, la mettant, comme les prétoriensde Rome, aux enchèrespubliques. Pour faireune meilleureaffaire,au lieu d'un, ils en nommèrentdeux, tous deuxétrangers, Richardde Cornonailles,frère du roi d'AngleterreHenri111,et AlphonseX, roi de Castille.Le dernier ne parutjamaisen Allemagne le règnede l'autrene fut guère occupéque par des voyagesen Angleterre,où il venaitremplir sa bourse presque aussitôtvidée par les seigneursallemandsqui le pillaientet se moquaientde lui. On n'a doncpoint eu tort de nommercette périodeun interrègne,car ce fut une véritableéclipsede l'autorité impériale, dont les droitset les propriétésfurent partoutusurpés par les princes, les seigneurset les villes. Les quatre électeurs du Rhin, c'est-à-direles trois archevêquesde Trèves, Cologneet Mayençe,et le comte palatin», se partagèrent le grand domaine impérial qui se trouvaitprincipalementsur les deuxrivesde ce fleuve.Dans les duchéset les comtés,les comtes et les ducs s'emparèrentdes domainesroyauxqui y étaientépars, et les évéquesannulèrentle pouvoirdes avoués (voy.ci-dessus,p. S18).Lesvilles cessèrentde payer le tribut, le clergé de fournirles sommesqu'il devaitau fisc impérial et les droitsrégaliens,quivalaientaux empereursdes revenusconsidérables,furent partout saisis et exercés au profitdes princeset desvilles. SousFrédéric I", les revenus dépassaientannuellementsix millionsd'écus;sons Rodolphe, qui en recouvraplusieurs,ils n'allèrentpas au tiers de cette somme. Le nombredes seigneursimmédiats,c'est-à-direrelevant directementdel'empereur,et, par conséquent,ne relevantde 4. Cecomte palatin ételï le pin»importantde ceux que l'empereurOllon)• établit et le penlqui snt attirer à l'indépendance.Ses doqiainvssur les deii* Hvesdu Rhin ont Corméle Bas-Palnlinai,eauxqu'il avait entre SaDaviére«t ' 1 la Bohême,le Haul-Palatinal.


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personnequandil n'y avait point d'empereur,ou, ce qui revenaitau même, quand il y avaitun empereurfaible, s'était prodigieusementaccruaprèsla mortde Conradin(1268),par le démembrementdes duchés de Souabeet de Franconie, d'où sortirent centcinquantepetits souverains.Même chose s'était vue jadis pour les domainesde la maison de Saxe, lorsqueHenri le Lion avait été dépouillé(11 80),desorte que lesdeuxplus puissantessouverainetésde l'Allemagnese trouvaientmorceléesà l'infini.Tout ce qui, dans le voisinagede l'Allemagne,dépendaitdes empereurs, se détacha. Lesvassauxdu royaumede Bourgognes'affranchirentde la suierainetéimpériale; les rois de Danemark,de Pologne,de Hongrie, en firent autant; PrémislasOttocarII, roi de Bohême et duc de Moravie,s'empara de l'Autriche,de la Styrie, de la Carniole, de la Carinthie, et s'en fit donner l'investiture par Richard. anarchie, violencesj lignes des seigneurs et des villes. Si l'autorité impérialen'était pas capable de se défendre elle-même,elle l'était encore bien moinsde défendreles autres.Aussiles guerresprivées,les violences,les brigandage?, désolaientl'Allemagne.La noblesseimmédiatedes bords du Rhin et de Souabese distinguaitpar ce genre d'exploits.Une multitude.de donjonss'étaient élevéssur toutesles hauteurs, surtouten Alsaceet dans la forêt Noire, et de chacun d'eux descendaitsur les routesquelquebaron rapace qui ne se faisait pas faute de tuer pour voler. A côté des changements politiquess'opéraitune transformationsocialeet morale. La richesseobtenantun empireplus grand de jour en jour, les seigneursféodaux,qui dédaignaientde l'acquérirpar le commerceet l'industrie, se la procuraientpar les rapines. La soifde l'or chassaitles sentimentschevaleresques, en Allemagne commeailleurs,malgré la loyautédu caractèrenational. Les écrivainsdu temps le déploraient Autrefois, dit l'un d'eux,je voyaisdes tournois et des hommesarmés; aujourd'huion se fait honneurde volerdes bœufs,des moutonset des brebis. » a On ne peut, dit un autre, on ne peut reBIST, no BUYEHAOB.

32


kn

CUA1UTRKXXX.

garder qu'aveodouleurla misère présente, et avec regret le tempspassé. Commentus noblepeut-il s'avilirau point de déshonorersa famillepar un misérableintérêt d'argent?Du noble, le mal descenddans les classesinférieures, en sorte qu'il n'y a plushonneur ni confiance.» Puisquel'autorité suprêmene réprimaitplus les désordres, il fallait bien que les sujets eux-mêmesy pourvussent.Des ligues défensivesse formèrentpartout. Pour la plupart elles avaientpris naissancesousle règnede FrédéricII, parceque, sousce prince,après sa dépositionet pendantsonlong séjour en Italie, l'anarchiede l'Allemagneavaitdéjà commencé.Les unes étaientforméespar la noblesse; telle est celledes Ganerbinatsou Ganerbschaften, par laquelleles noblesinférieurs s'unirent dans le doublebut de régler par des pactesde famillela transmissiondesterres en casd'extinctionde la ligne directe, et de fortifierà frais communsdes châteauxdestinés à servir de retraite et de défense.Les autres comprenaient les villes,dontle commerceeût péri si elles ne l'eussenténergiquementprotégé. En 1247,les archevêquesde Mayence, Trèveset Cologne,se liguèrentavecsoixantevillesdes bords du Rhin. Cetteconfédération,approuvéeen 1255par Guillaume, sousle nom de liguedu Rhin, fut régulièrementconstituée les alliésdevaientse réunir tous les trois moisdans des assembléesdontle siège était désigné, et les villes s'engageaientà équiper 600vaisseauxsur le fleuve.Il a été déjà question(p. 340) de la plusgrande de ces confédérations,la Hansetwloniqw. Ces confédérations,cette importancedes villesattestentun progrès considérabledes populationsurbaines. Il avait été favorisépar certainsempereurs,particulièrementceuxde la maisonde Franconie,qui, cherchantà s'appuyersur la classe bourgeoise,avaientdéclarélibresles gens de métiersà Spire, à Strasbourg,etc. Dès 1153,à Magdebourg,les marchands de draps, et bientôtles cordonniers,se constituèrenten corporationsqui tenaient séanceet étaient présidéespar les anciens. Si les empereursfavorisaientles villes, c'était, bien entendu, afin d'en tirer avantage; aussi cherchèrent-ilsà y rendre leur autorité présente par l'établissement, dans les


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villesimpériales,des avouésou burgraves,e%dans les villes ducales,par celui des êchevins, dont la juridiction devait s'exercerà côté de celledes ducs. Les bourgeois,naturelle» ment, voulurentaller plus loin et s'affranchirde l'autoritéde de celledes seigneurs FrédéricII essaya l'Empereur comme de s'y opposer,maisn'en eut guère le temps. Les campagnessuivaientles villesdans cette voiede progrès. Le servagediminuait. Dans l'Allemagnedu nord, en quelquesortedépeupléeparles croisadeset lesguerrescontre les Slaves,s'étaient établiesde nombreusescoloniesde Brabançons,de Flamands, de Hollandais,de Frisons, qui s'y étaientfixéscommecultivateurslibres.Dela basseAllemagne s'étendit à la haute. Les villes l'usagedes affranchissements accueillaientles serfset accordaientle droit de cité à ceuxqui s'établissaientdans leur banlieue,ce qui obligeales noblesà mieuxtraiter ou même à affranchirleurs serfs afin de les retenir. Telleétait la situationde l'Allemagneau milieu du treizièmesiècle.Le grand interrègnene fit que donnerde nouvellesforces à ce mouvementde dislocationet d'isolement. SousFrédéricIL il était encoreincertainsi l'Allemagneserait unemonarchieavecuneconstitutiond'états, ou une contédérationdont chaquemembreparticiperaitau pouvoir.Dans le premiercas, les Allemandsseraient restés une notion, dans la pleineacceptiondu mot, puisquetoutelu vie publiqueeût conservésoncentredansla constitutionde l'empire. Maisles désirsd'indépendances'étantaffermisdurant les longs troubles qui suivirentla mortde FrédéricU, c'est le secondsystèmequi allait finir par prévaloir. Bodolphe

de

Ili Habsbourg (88S8). ffondatton d'&utrlebe (S8©8).

S» la

maison

Richardde Cornouailiesmourut en 1272. A ce moment l'anarchieétait au comble, et si les forts qui la faisaienten souffraientpeu,les faiblesen souffraientbeaucoup.On se dit qu'il seraitbon d'avoirun hommequi, sanstoucherà l'indépendancequ'onvoulaitgarder, feraitdu moins la policedan»


500

CHAPITREXXX.

l'empire,veilleraità la sûretédes routeset an maintiende la paix publique. «Tout le mondeveut un empereur bon et sage, écrivaitl'évêqued'Olmutzau pape GrégoireX; mais personnene se soucied'un empereurfort. » On élut, au bout d'un an (1273), Rodolphe,comtede Habsbourg chevalier plein de courage,mais assezpetit seigneur, dont les rares domainesétaient épars en Alsace, en Souabe et en Suisse, et qui n'appartenaitpas à la hante féodalité.Quoiqu'iln'eût, en apparence,rien de bienredoutable,les seigneurstentèrent pourtant, au jour du couronnement,d'esquiverle serment d'hommagequ'ils lui devaient,et le sceptresur lequelil était d'usagede le prêter ne se trouvapas ils l'avaientcaché.Rodolphesaisitla croixsur l'autel « Voilà,dit-il, le signequi nousa sauvés; servons-nons-encommede sceptre.» Rodolphefut un habile empereur.D'abordil sut faire sagementla part du possibleet de l'impossible,des droits bien entenduset des droits surannésdontla défenselui aurait été funeste. Ainsi il sacrifiarésolumentl'Italie, la cavernedu lion, commeil l'appelait avecjustesse. Onvoit beaucoupde tracesqui y vont, aucune qui en revienne. Il vendità Florence,Lucques,Gênes, Bologne,le droitde se gouvernerpar leurs propreslois, et il confirmasolennellementau pape la possessionde l'Exarchatet de la Pentapole,disposantainsi du domaineimpérial en Italie, commeon fait dans un pays que l'on quitte pour n'y plus revenir. Cependantil maintmt toujours un vicaireimpérial dansla Lombardiepour y percevoirquplquesrevenusqui lui restaient. Il jugeaitqu'il avaitbien assezà fairedansl'Allemagnes'il voulaity rétablir les lois, la régularitédes rapportsentre les pouvoirslocauxet l'autorité impériale.OttocarH, roi de Bohême,refusal'hommageféodal(1275).C'étaitun princepuissant qui construisaitsur le flancdu corpsgermanique,depuis la Saxe jusqu'aux Alpes italiennes, une grande monarchie descendre dued'Alsace en 684,et souche 4.Il prétendait des d'Êtfchon, maisons deLorraine et deBadeWr.ner,éveqae deStrasbourg datele onE'i'ine lechâteau deBabtelilsbourg (Suïssn) (eliàteaa sièclebâtitenÀrgovle à desAutours), sesneveux. Ceux-ci en l enom de Uabolaissa qu'il prlreàl huutn.


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slave.L'Allemagnes'en inquiétaitet suivitvolontiersson nouvel empereurquandRodolphel'attaqua.Il l'obligeaa se soumettre. On raconte qu'Ottocar ne consentità prêter l'hommagequ'à huisclos, dans une tente; mais qu'au milieude la prestationdu sermentla tente s'abattit et que tout le camp vit Ottocar,sousses magnifiquesvêtements,à genouxdevant ce chétifempereurau maigrevisage,au nez aquilin, au surtout misérable, sorte de Louis XI de l'Allemagne,moinsla cruauté. Le fait est peu certain; mais, pour une raison ou pour une autre, Ottocar reprit les armes, et dette fois fut vaincu et tué dans le Maïkfold, grande plaine en face de Vienne,sur la rive gauche du Danube(1S78).Par le traité qui suivit, Rodolphelaissa la Bohêmeau jeune Wenceslas, maisen lui fiançantsa fille et en détachantpour plusieurs annéesde ce royaumela Moravie,afinde s'indemniserde ses fraisde guerre, Cettegrandeaffaireterminée,il se tournaversles seigneurs allemandsdol'intérieur.Il annulatouteslesconcessionsfaites par les successeursde FrédéricII, et exigea, maissans l'obtenir, la restitutiondes droits et des biens usurpésau détriment de la couronneimpériale. Il défenditles guerres privées,fit jurer la paix publiqueaux États de Franconie,de Sopabe, de Bavière,d'Alsace, et détruisitnombre de châteaux, repairesde noblesbandits,dont un, le comtede Wurtemberg,avaitécrit sur sa bannière a Amide Dieu, ennemi des hommes.» Dans la seule provincede Thuringe, il rasa 70 forteresses. Outrel'abandonde l'Italieet la pacificationde l'Allemagne, letroisièmetrait de là politiquede Rodolphefut la fondation de la puissancede sa maison.Il cédala Carinthieau comte de Tyrol qui l'avaitVivementsoutenucontreOttocar,maisil donna,en 1282,à son fils atné, Albert, l'investituredes duchés d'Autriche, de Styrie et de Carniole, c'est-à-dire les provincesqui sont restéesla basesur laquelles'estélevétout l'édificede la grandeurdesHabsbourg.Il aurait encorevoulu que la dièteconférâtà son fils le titre de roi des Romains. Lesélecteurstrouvaientdéjà la nouvellemaisond'Autriche trop puissante ils refusèrent.


£03

Adolpbe

CHAPITRE

XXX.

de Hassan d'Autriche (S8»S) et Albert Affranchissement de la suisse (48OS).

(«8O9).

A sa mort (1391),en affet, un princed'une autre famille, pauvreet obscur.Adolphede Nassau, lut élu après un interrègne de dixmois.Deuxfaits marquèrent son règne de six années il se vendit à Edouard IOT,en 1294,contre Philippe le Bel, pour 100000livressterling, et employacet argent à chercher en Thuringe ce que Rodolpheavaittrouvé en Autriche,une principautépour sa maison.Lesélecteursmécontents npmmèrentAlbert d'Autriche,qui vainquitet tua son adversaireà Gelheim,près de Worms (1398). Le règnede dix annéesdu nouveauroides Romains1montra en lui une grande ambition pour sa famille,qu'il voulut établir sur le trônede Bohême,où la dynastieslavevenaitde s'éteindre,et dans la Thuringeet la Misnie, où il perdit une bataille.Il fut aussi très-occupéd'étendre,mêmeinjustement, ses droitsen Alsaceet en Helvétie, et ce fut pour son malheur. Car il provoqua,d'nne part, la révoltedes troiscantons suisses d'Uri, Schwytzet Unterwalden,et de l'autre, le mécontentementde son neveuJean de Souabe, qu'il frustra de son héritage(lesdomainesen Suisse,en Souabe:et en Alsace). Commeil traversaitla Reuss, Jean lui passason épéeau traversdu corps (1308).L'assassinéchappa.Unefille d'Albert, Agnès, reine douairièrede Hongrie, lit égorgerplus demille innocenisjpour vengerson père. La Suisse3, comprise originairementdans le royaume d'Arles,avaitété cédée,avecce royaume,à l'empire germanique en 1033.Une féodalitélaïqueet ecclésiastiques'y était fortementétablie. Cependant,au douzièmesiècle, les villes acquirent de l'importance. Zurich, BAle,Berne, Fribourg firent un grand commerceet obtinrentdesprivilégesmunicile nom deroidesRomains, tant 4.Leprinceéluparlesélecteurs portait à avec sacouronne lelitre pupris Rome. impériale, d'empereur. quiln'avait destroiscantons libéraux 2.Laeontédéïaltpn perpétuelle ayantétéconde d e où la bataille la dans lecanton libertétutgaelue Lchvrvte première à douner cenom à e t au toutlepays peuple. Lenomde gnée,ons'habitua Suisse vientdielà.


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paux. Trois petits cantons,perdus au centre des montagnes helvétiques, conservaientsurtout un esprit d'indépendance indomptable.Albert d'Antriche, devenu empereur, voulut avecarroganceempiétersur cette indépendance.Trois héros des montagnes,Werner Stauffaeher,Arnoldde Melchthalet WalterFurst, chacunavecdix amis de son choix,se conjurèrent, au HutÛ,pour repousserle joug. La tyrannie du bailli autrichienGessleret le trait d'adressede GuillaumeTell, si l'on en croitla tradition,furentle signalde l'insurrection.La mort violented'Albertlaissa à Léopold,son successeurdans le duché d'Autriche, le soin de réduire les rebelles. Il n'y put réussir et fut complétementvaincuà Mortgarten(1315). C'est le Marathon de la Suisse. La confédérationdes trois premierscantons s'accruten 1332de Lucerne, en 1351,de Zurichet Glaris,en 1352de Zng, en 1353de la grandeville de Berne. Ce sont là les huit ancienscantonsde la Suisse. Cenombrene fut augmentéque Î25 ans plus tard. La bataille de Sempach(1386) affermit ce qui avait été commencéà Mortgarten. Un autre duc Léopoldy fut tué avec 676 comtesou seigneurs.Une troisièmedéfaite des Autrichiensà Nœfels(1388)les décidaà laisser en paix ces rudes montagnards. Henri VU (*8O8)et Koalade Bavière («314). Quandles électeursavaientchoisiRodolphede Habsbourg, c'étaità raison mêmede sa pauvretéet de sa faiblesse.Aussi à samort n'avaient-ilspas porté leurs voixsurson fils Albert, maîtrede l'Autriche,mais sur un chevalierde petite maison et de petite fortuné, Adolphede Nassau.Albert parvint cependantà renverserson rival.Maisà sa mortils ne voulurent décidémentpas donnerune troisièmefoisla couronneà cette nouvelleet ambitieusemaisonde Habsbourg.Ils refusèrent (gaiement,par suite do craintesanalogues,d'accepterCharles de Valois,frire de Philippele Bel, que ce dernier cherchait à placersur le trône impérial,afinde dominerindirectement l'Allemagne.ils portèrentleur choixsur uncomtede Luxembourg,qui devint Henri VII.


504

CHAPITRE XXX.

En nommantdes empereurspauvres, les électeursdonnaientaux élus la tentationde fairefortune.Si Adolpheavait échoué en Thuringe, Rodolpheavait gagné l'Autrichepar une victoire;Henri réussiten Bohême et la par an mariage, Bohême alors valait mieuxque l'Autriche,car la Moravie, une partie de la Silésie et la Misnie en dépendaient.Le fils de Henri, Jean de Luxembourg,épousa l'héritière de cette couronneroyale.Pour Henri lui-même,il restapauvrecomme auparavant.Esprit vif, inquiet, il alla tenterla fortunepour son compteau delà desAlpes, mais ne put emmenerplusde 2000 cavaliers(1310).C'étaitune escorte,non une armée. Il déclarane vouloirreconnattreni guelfesni gibelins,espérant les soumettretons. Le roi de Naples,Robert, pnt lesarmes contrelui, ClémentV l'excommunia,les guelfes se montrèrent ses ennemis. Il fallutbien se prononcer ouvertemert pour les gibelins, et il se trouva entraîné dans les discordes italiennes, commeles empereursd'autrefois.Il nommaMattéo Viscontivicaireimpérialen Italie; il mit Florenceau ban de l'empire,ainsi que le roi de Naples. Les chosesn'enallèrent pas mieux. Toutefois,grâce à l'appui des flottesde Pise, de Gênes et du roi aragonaisde Sicile,il menaçait Naples sérieusement,quand il mourut soit de maladie,soit empoisonnédans une hostiepar un dominicain(1313). Il y eut un an d'interrègne,puis deux empereursà la fois: Louisde Bavièreet Frédéricle Bel, filsde l'empereurAlbert. Aprèshuit ans de guerre, Louis l'emporta par la victoirede Mulhdorf(jl322),qui mit Frédéricdansses mains.Il legarda troisans captif, et, au bout de ce temps, se réconciliaavec lui, au point que tons deux portèrentle titre de roi et gouvernèrenten commun.Cette singulièreconventionavait été dictée à Louis par les craintesque lui inspiraient la France et le saint-siége. Henri VII avait fait revivre la politiqued'interventiondes empereursallemandsen Italieet ralluméla querelle avec la papauté,qui depuislongtempssemblaitéteinte.LouisIV fil de même. Cependantil aies'agissaitplu, entre ces dengpouvoirs si affaiblis, des investituresou de la dominationdu monde. L'empereur voyaitmaintenantson véritableennemi


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dans le roi de France, le plus fort et le plus menaçant des souverainsde l'Europe. Lorsque BonifaceVIII faisait la guerreà Philippele Bel,Albert s'étaitalliéaveclui lorsque, ru contraire,la papautéfutréduiteà l'état d'auxiliaireservile de la France, l'empereur lui redevinthostile. Excommunia par le pape Jean XXII,qui voulaitdonnerl'empire au roi de France, Charlesle Bel, LouisIV prit les mêmesarmes; il le déclarahérétiqueet indignedu pontificat, déchaîna contrelui seslégistes,s'allia avecles condottierigibelins$t alla se faire couronnerà Rome, par les mainsdu préfet de h ville, Sciara Colonna(1328).Il fit ensuitedéposer Jean XXIIet nommer un antipape, Nicolas. Cependantl'excommunicationpontificaleétait encoreredoutable Louisfaiblit, sollicita,et même trè.c-humblement, son absolution.Jean fut inflexibleet exigeade lui l'abandon de sa couronne.BenoîtXII, devenupapeen 1334,était mieux disposé au fond, mais il ne s'appartenaitpas la roi de France lui défendaitd'absoudrel'empereur, et opposaità ce dernierle roi Jean de Bohême,son parentLouisIVrésolutalorsd'attaquerleroi deFrancelui-même; il aida EdouardIII à souleverles Flamandscontre Philippe de Valois,proclamale roi anglaisvicaire de l'empiredansles Pays-Baset lui adjugeale royaumede Fxance.Ces mesures n'eurent que peu d'effetparce que la forcene les soutenait pas.Dégoûtéd'unecouronnechargéed'inquiétudes,Louisde Bavièreallait enfinse soumettreau pape et abdiquer,lorsque lesélecteurssentirentle besoinde releverleur empereuret de dégagerformellementle pouvoir suprêmed'une dépendanceétrangèrequi étaitune honte pour toutela nation. Ce fut l'objet de la pragmatiquesanctionde Francfort,rendueen 1338parles Etats, sur le rapport des électeurs.Cetteloi fondamentale de l'empiregermaniqueétablitd'abordle principe quela majestéet l'autoritéimpérialesnerelèventque de Dieu seul; qu'ellesse confèrent par la seuleélectiondes princes électeurs;qu'un princeélu par la pluralitéde leurs suffrages doit être considérécommeroi et,empereur légitime;quele saint-siègen'a aucunesupérioritésur l'empire,et qu'il n'a ni le droit n'approuver,ni celuide rejeterle choixdes électeurs;


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CHAPITRE XXX.

enfin que toutes personnes, soit ecclésiastiques,soit séculières,qui oseraientcontrevenirà ce règlementdevrontêtre réputéescriminellesde lèse-majestéet puniescommetelles. Ainsi la question, oi longtempsdiscutée, des rapports du saint-siégeet de l'empireétaitdécidéedansle sensde l'indépendanceabsoluede l'Allemagne l'État refusaità l'Église toute ingérencedans les affaires politiques.Bientôt mêmo elle cesserade renouvelerpour ses empereursla cérémonie de l'an 800, le sacrepontificalqui, après Frédéric III, tombera en désuétude.Dans cet acte, la nationalitéallemande se manifestavictorieusement. Le roi de Franceet le pape ClémentVI, directementatteints dans leurs prétentionspar cette déclaration,opposèrent à LouisIV Charlesde Luxembourg, fils de Jean l'Aveugle, et qui devintroide Bohêmeen 1346,quand son père eut été tué dansnosrangsà Crécy.Louismourutl'annéesuivante. Il avait acquispour sa maison le Brandebourget le Tyrol qu'elle ne garda pas. Le dernier comté revintà la maison d'Autricheen 1363. Etamaisonde Ibasembonvg(«S«W-fl«8®)| la bulle d'or. Les électeursles plus hostilesan parti français tentèrent d'opposer à Charlesde Luxembourg le roi d'Angleterre, EdouardIII, qui refusa l'empire; puis un brave chevalier, Gautierde Schwartzbourg,qu'on empoisonnaau bout de quelquesmois(13&9).Leroi deBohêmedevintalors, parune secondeélection,l'empereur Charles IV. C'était un homme fort habile, et pourtant jamais empereurn'a fait plus triste figure.Son boucher l'arrêta dansles rues de Worms, afin d'être payé; il fut retenudansune hôtellerieoù il n'avait pu soldersa dépense. Celuiqui n'avaitpasde quoi dînerdevaitse souciermédiocrement de conserverl'Italie. Charles IV estima pourtant qu'il y avaitlà unovieilledéfroquedo l'ancienempireromain tfomiûiiiquodonton pouvait peut-être tirer quolquochose. Il y alla voirlui-môme,et trouva qu'en effetou pouvaitvoudra A oouss-ejquelquesdroits régaliens, &cuhx4{iquelquo


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titre, à Veniseses voisines Padoue,Vérone, Vicence.Il parcourut ainsi l'Italie à deuxreprises (1355et 1368)en vrai marchandde foire, plumant et débitant l'aigle impérial, commele lui reprochaientles électeurs.Oneutpeuderespect pour cette majestégrotesque.GaléasViscontile mit sonsclef jusqu'à ce qu'il l'eût nommévicaireperpétuelde l'empireen Lombardie.A Rome, il ne resta qu'un jour, parce que le papblui avait défendud'y resterpluslongtemps.A sonretour, les Pisans mirent le feu à sa maison.Le préfqtde Crémone le fit attendredeux heures aux portes. D'autres villes n'eurent pas le tempsde le recevoiret le prièrent de passerà côté. Cet empereursi bafouéeut cependantla gloired'arrêter et de promulguerle codeélectoralde l'Allemagne,objetcapital dans un régime électif;je veux parler de la fameuseBulle cPor,publiéeen 1356,dans la diètede Nuremberget qui tire son nomdu sceaud'or que l'empereurfit attacheraux exemplairesauthentiques.H y est dit 1°Le nombredes électeursdemeurefixéà sept, en l'honneur des sept chandeliersde l'Apocalypse;il y en aura toujours trois ecclésiastiquessavoir les électeursde Mayence, de Cologneet de Trèves; et quatre séculiers l'électeur-roi de Bohême;l'électeur-comtepalatin, l'électeur=duc de Saxe, et l'électeur-margravede Brandebourg; 2°Les troisélecteursecclésiastiquesconserverontles titres d'archichanceliers,qui appartenaient anciennementà leurs églises,et en exercerontles fonctionsdansleursdépartements respectifs;l'électeurde Mayencecontinueradoncde garderla qualitéd'archichancelierdu royaumed'Allemagne,l'électeur de Colognecelle d'archichancelierdu royaume d'Italie; et l'électeur de Trêves celle d'archiohascelierdu royaume d'Arles; 3° Les quatre archiofficesou les grandes charges de la couronnesontattachéoirrévocablementauxquatre électorals fit» séouliorti l'officede grand éolmnmmiW'éloctorat-royaumo Bohême;l'officedo grand sénéchalou d'archidroaaait,h l'é* leotorat-eomtépalatin; l'officodo grand maréchalà Mecto« rat-duchéde Saxe;et l'officedegrandchambellanà l'électoral margraviatdo Brandobourg;


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4° L'électiondu roi des Romains,futur empereur, doit se faire à Francfort,à la pluralité des suffrages il sera sacréh Aix-la-Chapelle, par l'archevêqueélecteurde Cologne,ot célébrera toujourssa première dièteà Nuremberg; 5° La dignitéélectoraledemeureraconstammentattachéeà la glèbe des provincesqui en sont titrées. Cesprovincesne pourrontjamais être partagéesni démembrées. L'Allemagne fut désormaispréservée de ces dissensions électoralesqu'on avait vuesauparavant,et eut; dans la pragmatiquede 1338et dansla bulle d'or, lesdeuxarchesde son droit public. C'étaitfaire un peu d'ordreavec beaucoupde désordre la permanenceet l'autoritédes électeurs étaient réglées, mais le pouvoirde l'empereurne l'était guère; la bulle d'or au contraireconsacraitsa déchéance.CharlesIV, du reste, ne s'en inquiéta point, tout occupéqu'il était d'agrandir sesÉtats de Bohêmeet de la basseLusace,de toutela Silésieet du Brandbourg.S'il avaitfort mal servil'empire, il avaitdu moinsfort bien servi sa maison. Il eut pour successeuren 1378son fils Wenceslas,qu'il avait, grâce à l'or italien, fait élire roi des Romains.Wenceslasrésidala plupart du temps en Bohême,et, commeson père, accrut ses domainesparticuliersen vendantles domainesimpériaux. Triste règne les guerres privéesbouleversentl'Allemagne;les seigneurs formentdes ligues pour ne pas payer leurs detteset résister aux poursuitesde leurs créanciersbourgeois,qui de leur côtése liguent pour se faire payer. En vaihla diète de Nuremberg,en vuede la paix publique, partage l'Allemagneen quatre cantons, qu'on peut considérer comme l'originedes cercles(1383) la guerrecontinue. Le mécontentementfinit par éclaterpartoutcontreun souverainméprisable.qui, chaquejour, est ivre dès le matin et on le dépose(1400). Le règnesans importancede Robert de Bavièrenousmène en dix années (1400-1410)à celui de Sigismond,frère de Wenceslas,et par lui-mêmeroide Hongrie,électeurdeBran. debourg.Deux événementsconsidérablessignalèrent cette période,le concilede Constance(1414)et la guerredes hossites.Je ne parle point d'une expéditionen Italie (t431), qui


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constata une fois de plus l'impuissancedes empereursallemandsen ce pays; il sera aussi questionplus loin du grand schismed'Occident,du concilede Constanceet des efforts faits par Sigiumondpour rendre la paix à l'Église; un des actesdu concilede Constancefut de grandeconséquencepour l'Allemagne,l'exécutionde Jean Huss. C'était un Bohémien, fort savant homme, qui ayant eu connaissancedes doctrinesque Wiclefavait,quelquesannées plus tôt, prêchéesen Angleterre, les adopta et n'en devint pas moinsrecteurde l'Universitéde Prague, confesseurdela reine et très-populairedans tout le pays.Excommuniépar le pape pour un de ses écrits, il en appela au concilede Constance, s'y rendit avecun sauf-conduitimpérial dont on ne tint pas compteet fut condamnéau bûcher (1415); son discipleJérômede Prague subit le mêmesupplice. A cette nouvelle,toute la Bohêmese souleva.Un noble, Jean le Borgne, ou Ziska,dirigea cetteinsurrectionen grand capitaine.Jamais il ne fut vaincu.Il prit Prague, fit jeter les sénateursde la ville par les fenêtresdu palais, ex moremajorum, et parcourut toute la Bohême»brûlant les églises, égorgeantlesmoines.Au bûcherdeJean Husss'était allumée une guerre épouvantable.En vainSigismondlançacontreles hussitestoutesles forcesdel'empire en vainle pape fit prêcher une croisade. Des arméesde 80 000 hommesfuyaient devant eux sans oser les attendre. Ziska devenutout à fait aveuglen'en était pas moinsterrible. Il se faisaitexpliquerla dispositiondes lieuxet des ennemis, puis donnaitles ordres en conséquence,et la victoiresuivait.Le concilede Bâlemit enfinun terme à cettelutte sauvage, en accordantaux hussitesquelques-unesdeslibertésreligieusesqu'ilsréclamaient; entre autres, la facultéde communiersousles deuxespèces delà le nom d'utraquistespar lequel on les désigne. B.Qmaison d'Autriche ressaisie la couronne Impériale mêlesans y rattacher anenn-pouvoir (flâsg). AvecSigismond(1438)s'éteignitla maisonde Luxembourg, et avecAlbert d'Autriche,son gendre, la maisond'Autriche


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CHAPITRE

XXX.

montasur le trône impérial, d'où elle n'est plus descendue qne le jour où ce trône a été brisé. Albertmourut en 1439, dans une guerre contre les Tares, et son fils posthume, Ladislas,n'hérita que de la Bohêmeet de la Hongrie. Mais un prince autrichienlui succédal'an d'après sur le trône im° périal, FrédérioIII, de la branchede Styrie, le dernier empereur qui soit allé se faire couronnerà Rome, en 1452. Pourquoiles électeursfaisaient-ils,en 1438et en 1440,ce qu'ils avaientrefuséde faire en 1308?C'est,qu'ilsn'avaient, maintenant,rien à craindrede l'empereurau sujet des usur= t plus pationsqu'ils avaientaccomplies;que, s'ils ne voyaient euxà la couronne de de dangerpour Charlemagnedans placer la maisond'Autriche,ils y voyaientun grand avantagepour l'Allemagne,menacéepar les Turcs, le chefde l'empire résidant à Vienne, au point par où les Ottomansarrivaient, plutôtqu'à l'antre bout du territoire allemand;c'est qu'enfin ce qu'ils donnaient,aveccette couronne,ce n'était plus guère qu'un titre. A considérer,en effet, les apparences,l'empire d'Allemagneétait le plus puissant des Etats de l'Europe, sommeil en était le plus étendu. L'empereurs'arrogeait la supérioritésurtouslessouverains,et se prétendaitseulinvesti du droit de conférerla royauté. Une immensepopulationreconnaissaitson titre, et le langagepompeuxde sa chancellerie rappelait les antiquesformesde la monarchiede Dioclétienet de Théodose.Mais,en réalité, le pouvoirimpérial n'était rien, et l'empire,malgréson étendueet le nombrede ses habitants, était incapabled'avoirau dehorsune sérieuse influence. Le chefde l'empiren'avait, commeempereur,ni revenus, ni forcesmilitaires,ni pouvoirjudiciaire,sauf dans certains cas, et sondroit de vétocontreles décisionsde la dièteétait le plus souventillusoire.Cetteassembléede tousles chefsou représentantsdes États d'Allemagnese divisaiten trois coliégesd'après le rang de ses divers membres 1° le collège des électeurs; Ie le collège des princes; 3° le collègedes villes.Elle délibérait et décrétaitsur les questionsde paixet de guerre intérieures ou extérieures, établissait les règlenients. statutsoulois applicablesà toutl'empire, et ne lais-


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sait à l'empereur que la missionde les mettre à exécution, habituellementsans lui en donnerles moyens.ïi n'avait en réalité qu'une prérogativeutile, celle de disposer des fiefs vacants. Ainsil'autorité du prince setrouvaitpresqueannnlée,dans l'empire,par cellede la diète, dans chaqueÉtat pris séparément, par les prérogativesparticulièresdes électeurs, des princesou des villes, qui s'étaient emparésdes droits régaliens.Le domaineimpérialn'existaitplus il avaitété partout envahiet occupépar la noblesse.Enfin, la couronnedemeurant élective, chaque nouveausouverainétait contraint, à sonavènement,de donner aux privilégesaristocratiquesune sanctionnouvelle. Non-seulementil n'y avait point de pouvoircentral en Allemagne,maisil y avait encored'énormesdifférencesdans la constitutiondes cinq ou six centsÉtats qui composaient de Mayence, l'empire.Ainsi,lestrois électoratsecclésiastiques de Trèves, de Cologne,et les quatre électoratslaïquesde Bohême,du Palatinat, de Saxe, de Brandebourg,étaient de véritablesroyaumes;les principautés,de petitesmonarchies les villes, de petites républiques.En sorte que toutes les formesde gouvernementse coudoyaient,pour ainsi dire, dansce chaos, qui s'intitulaitle saint-empireromaingermanique. L'Allemagneétait doncaussidiviséeque l'Italie, aussiprivée de vie commune,elle avait par conséquentautantde faiblesse, et commela péninsuletransalpine, elle sera, durant les tempsmodernes,le champdebataillede l'Europe,le butin ou la proiedes ambitieux.


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SCANDINAVES ET SLAVES. LES ÉTATS ESPAGNOLS, de 1252à 1453.Suspension de la croisade.ÉtatsscandiL'Espagne Suèdeet Norwége s leursoletoutsecondaire naves,Danemark, depuis tesNorthmans.dela Pologne; de Étatsslaves:puissanca faiblesse laRussie. Peuples delavalléedu DanubelesHongrois.– Serbes, les et Roumains. L'empire TurcsottoDosniaques, Bulgares grec, mansetles Mongols deTimour. Espagne de «989h fld&S.suspension de la erolsnde. Nousavonsracontéla croisadeespagnolejusqu'auxgrands succèsde l'Aragon,du Portugalet de la Castille, au milieu du treizièmesiècle, alors que les deux premiersatteignirent les limitesqu'ils ne dépassèrentplus et que le troisièmeenveloppale dernierdébrisde la puissancemusulmaneréfugié dansle royaumede Grenade.Il semblaitalors qu'il n'y eût plus qu'un faible eflort k faire pour rejeter à la mer et en Afrique ces vainqueurshumiliés. Adossésaux Alpujarras, ils tinrent ferme durant encore deux siècleset demi; c'est qu'aussiil n'y avait plus qu'un seul royaume,la Castille,intéressé à leur chute,puisqueseulil touchaitmaintenantleurs frontièressi restreintes,et que ce,royaumecessad'avoir des chefs dignes de leur rôle. En 1252régnaiten Castille,AlphonseX. Au lieu de chercher à Grenade une nouvellecouronnequi eut si bien fini cellequ'il portait déjà, il en demandaune à l'Allemagnequi ne pouvaitque lui être inutile et onéreuse. Ce que produisit cettefolle prétention,ce fut, absolumentcommepour le roi anglais,HenriIII, dontle frèreaussivoulutêtre empereur,des dépensesénormeset desmécontentementsdaRsle royaume.


t£3 ETATS ESPAGNOLS, SCANDINAVES ET SLAVES. &13 S

Rien n'était moins docile que l'aristocratie castillane; à sa tête se plaçaient les maisonsrivalesde Castro,de Lara, de Haro,qui, dans leur hainemutuelle, allaientsouventjusqu'à chercherdu secourschezles Maures.Menacépar une insurrection,le roi en fitautantet demandal'appui desMérînides la nation le déclara déchuet mit à sa place sonsecondfils, don Sanche,un bravesoldat(1282).AlphonseX était pourtant surnomméle Sage; il connaissaitl'astronomieet publia les codesdes sktepartidas(ensixparties).Il y avaitintroduit le droit de représentation,en vigueurdansles États,féodaux, mais point en Espagne.En vertude ce droit, le trône revenaitauxfilsde Ferdinandde la Corda,filsaîné d'AlphonseX, mortavantson père; don Sanchose prévalutdu droitancien et prétendit succéderà la couronne,à quoi il réussit, avec l'appuide la nation, un 1284.Cefut l'occasionde quelques hostilitésavecle roi de France,PhilippeIII. oncledes jeunes princesdépossédés. Les minoritésorageusesde FerdinandIV et d'AlphonseXI mirent de nouveaule trouble dans la Castille. Ce dernier pourtant s'illustra par la grande victoirede Rio Saladosur une invasionmérinide (1340), et par la prise d'Algésiras. Aprèslui, Pierre le Cruel préludapar un règne sanglantà la querellefratricidequi en amenala fin Henri II deTranstamare, son frère naturel, lui disputale trôneet demandadu secoursau roi de Franoe. CharlesV lui en accorda, sous prétextede vengerla mort d'une princessefrançaise,Blanche de Bourbon,qui, le lendemainde sesnocesavecPierre, avait été jetéeen prison,puisassassinée.On a vu que, en réalité,le roi de Francesongeaitbien plusà envoyerse faire tuer quelque part les aventuriersde Duguesclinqui l'embrassaient. Gesecours donnal'avantageà Transtamare,qui fut couronné; maisPierre, tirant du mêmearsenalune arme pareille,appela le prince Noir avec d'autres routiers. Duguesclinfut vaincu et pris à Najera. Remisen liberté, il se refit une arméeet rendit de nouveauTranstamarevictorieuxà Montiel. Pierre vint dansla tente du généralfrançaispour traiter aveclui et avecson frère.MaisHenri, en le voyant,le frappe au visage; de là une lutte corps à corps, et les deux frères, BIST.BBMOïBN AGE.

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roulentli terre l'un sur l'autre. Pierre avait têtes couronnées, le dessus.Dnguesclinle tira par la jambe, ce qui permit b Transtamarede dégagerson poignardet de l'égorger. Voilà leschosesaffreusesqui se passaienten Espagneen 1369.Un peu plus tôt (1360);le Portugal avaitété épouvantépar la fin tragiquedînez de Castro: les fureursde don Pèdre, ses vengeances,lessombresfunéraillesqueCamoënsa racontées; le roi exhumant,après cinq ans, du tombeau, le corpsde celle qu'il nommesa femme, qu'il déclarereine, lui posant sur la tête la couronneroyaleet forçantla courà venirbaiser la maindu cadavre.Une guerre sansrésultataveole Portugal remplitle règnede Jean I^, filset successeurde HenriII. Henri III qui vint ensuiteétait un prince mineur et maladif, maisferme et résolu (1390).Il fut vivementfrappé de l'abaissementde l'autorité royale. Un jour sonmaîtred'hôtel lui apprendqu'il n'a pas de quoilui donnerà dîner, etqueles marchandsne veulentplus faire crédit; il envoievendreson manteau,dîne d'un morceaude chair de bélier, et se rend à une fête somptueusedonnéeà tons les grands par l'archevêquede Tolède; il les voit, les entendfaire étalagede leurs richesses.Le lendemain,il les convoquedans son palais, et parait au milieu d'eux l'épée à la main; il s'assied,les laissant debout, et, les regardantd'un air terrible « Combien avez-vousconnu de rois en Castille?»demandait-il.L'un dit trois, l'autre quatre, un autre cinq, selon l'âge. « Trois, quatre, cinq rois? Queme dites-vouslà? Moi,tout jeuneque je suis, j'ai vu,je voisvingtrois. Oui,vousêtes tousdes rois, pour le malheur du royaumeet pour ma proprehonte 1 mais vousallez cesser de l'être.» Et des soldats envahissentla salle.Les grandsdemandentgrâce, il leur pardonne,mais, dansles cortès, il fait déciderque les donationsde terres faitespar sesprédécesseursaux dépensdu domaineroyal sont retirées, et que les noblesserontimposés. Henrim mourut tropjeune pour avoirle temps d'arrêter cettedécadencedela royauté,et ellecontinuade déclinersous Jean II, qui comblad'une faveur déplacéele favoriAlvaro de Luna, et fut obligéensuite, par les révoltesde ses sujots, de lui faire couperla tête (1453). Elle tomba encore plus


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bas sousson successeurHenri IV. Mais commesi elle avait touchéterre alors, ce fut pour se relever ensuite subitement et commencerune ère nouvellesousIsabelleet Ferdinandlo Catholique. était moins L' Aragon agitépar lestroublesintérieurs,et davantagepar les affairesextérieures.Dès 1213,Pierre II était intervenudans la guerre des Albigeois; on sait avecquelle infortune1 Ala findu siècle, Pierre III acceptala Sicilequi s'offrità lui aprèsles vêpressiciliennes.JacquesII y renonça par le traité d'Anagni,maisles Siciliensobstinésse donnèrent, en 1397,à un princede sa famille.Presquetout le quatorzièmesiècle fut rempli, pour l'Aragon, par l'acquisition de la Sardaigne,que le papelui avaitcédée,et par les guerres interminablesqu'il fallut soutenir, à cette occasion,avec les Génois.II resta maîtreenfinde cetteconquêtequi assuraitsa dominationdansle bassin occidentalde la Méditerranée. En 1410, s'éteignitla glorieusemaisonde Barcelone;toutes les couronnesqu'elle avait possédéesfurent transportées à un princede Castille,Ferdinand, ditle Juste, qui venaitde refuser un trône qu'onlui offraitau préjudicede son neveu. Il laissadeux fils, AlphonseV et Jean II le premier fut adoptépar Jeanne, reine de Naples, et disputaavecsnccèsce royaumeà la secondemaison d'Anjou le secondréunit par un mariagela Navarreà l'Aragon,et pour maintenir cette unionà son profit, fit empoisonnerson fia, don Carlosde Viane.Ellene fut cependantque passagère la Navarre,à sa mort, passaà la maisonde Foix, plus tard à celle d'Albert, dontl'héritièreépousaun Bourbon.C'est un autrefilsde cet hommeabominable,Ferdinand le Catholique,qui amena, par son mariageavecIsabelle de Castille,en 1469,l'unité et la gloirede l'Espagne.Il On ne peut quitter la Castilleet l'Aragonsans dire quelquesmots desinstitutionsremarquablesde ces deuxpays.Le régimeféodalne s'y établit pas avecla forcequ'il eut sur le continent.Pourtant l'Aragonfut beaucoupplus féodalque la Castille,sons doute parde que la dominationoarlovingienne s'étaitétenduesur la marchede Barcelone. La constitutionde la Gastillefutun résultat de sonhistoire


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même,qui se passaen guerres continuellesavecles Maures. Commel'ennemiétait tout près, tout le monde était appeléà l'honneur de défendrela religionet la patrie de là nne sorte d'égalitéentre la premièreet les dernièresclasses,qui ne furent jamais ravaléesau vilainage,commedansles pays féodaux. Ondiscutaitle sol pied à pied,valléepar vallée ce qui forçade marquerchaquepas en avant par un établissement. A mesure qu'on avançait, les nobles couvraientle pays de châteaux(castille),et des eoloniesétaient transportées dans les villesconquisesavocobligationde les défendre.Seigneurs dansleurs châteaux,bourgeoisdansleurs villesétaient à peu près abandonnésà eux-mêmeset indépendants;commeils eurent les inconvénientsde cetteliberté, ils en prirent aussi les avantages.Dès l'an 1020, AlphonseV institua les privilégesde la ville de Léon et lui donnaun codedestinéà régler l'administrationde ses magistrats. D'autres fueros ou chartesfurent distribués, dans le mêmesiècle, à plusieurs autres villes; en général, ces chartes concédaientaux villes un territoire fort étendu, avecle droit d'élire leurs juges et leursmagistratsmunicipaux.Le roin'avait dans les communes qu'un officier(regidor)chargé d'une surveillancegénérale, maisqui, à la vérité, sous AlphonseXI, prit une influence beaucoupplus grande. Il y avait trois classesen Castille les ricos hombres,aristocratiedes grands propriétaires;les caballeroson hidalgos,petite noblesseexemptedu payement t des impôts à conditionde servir à cheval, et les peckerosou contribuablesformantla bourgeoisie.A partir de 1169,les députésdes1villesfurentadmisdans les cortès,états généraux de la nation; en 1315,aux cortès de Bnrgos,on voit92 députés élus par plus de 90 villes; mais plus tard le nombrede cesvillestomba à 18.Les droitsdes cortès étaient' grands,et. on y sentaitla fiertéespagnole.En 1893,ayantvotéun impôt en faveurde Henri III, elles ajoutèrentque, s'il donnait des ordres pour en lever quelque autre sans leur autorisation, ilsseraientobéiset non exécutés,vive.expressiondu caractère castillan,respectueux,mais inflexible.On voitque les cortès tenaientau vote de l'impôt; quant à leur part dansle pouvoir législatif,on ne saurait la déterminer.Les hermandades(fra-


ET SLAVES.517 LESÉTATSESPAGNOLS, SCANDINAVES ternîtes),lignes forméespar les villesentre elles, étaientencoreun moyende tenir en respectl'autorité royale. En Aragon,noustrouvonsdans les ricos hombresde véritablesseigneursféodaux;ils reçoiventdu roi des baronnies ou honneurs,qui les obligent au service militaire et qu'ils doiventdiviser ou sous-inféoder.Au-dessousvenaientles mesnadaim, autres vassauximmédiats, mais dont les fiefs n'avaientpas le titre de baronnies;puis les infanzones,simples chevaliersou gentilshommes;enfin la classe des roturiers, diviséeen bourgeoisdans les villeset vilainsdans les campagnes.Lesvilains avaientété traitésdans l'origine,avec une dureté extrême, qui s'adoucitensuite.Les oorlèsd'Aragon comprenaientquatre ordres appelés brazos (bras) les prélats et commandeursd'ordres militaires, les barons ou rtcoshombresl'ordre équestreou infanzones,et les députés desvilles.Maisl'unité manquaitau royaumed'Aragon Aragon, Catalogne,Valence avaient leurs cortès séparées. Le privilèged'union,arrachéen 1287,à AlphonseIII, portait le que les cortès seraient assembléestous les ans à Saragosse 2° que, si le roi usait de violence'enversun membre de l'union sans y avoirété autorisépar la sentencedu justicier, les autres seraient déliésde leur obéissance,Ce grand justicier ou jusliza, de qui relevaitle roi lui-même et qui couvraitde sa sauvegardepuissante et respectéeles libertés du pays,est l'institutionla plu remarquabledes Aragonais. Onconnaitl'audacedeleur formulede sermentau roi Noua qui séparémentvalonsautant que toi, et qui tous ensemble valonsmieuxque toi, noust'obéironssi tu es fidèleaux conditionsqui te sont imposées sinqn, non. » Barcelone, entre tqutes les villes espagnoles, s'était de bonne heure élevéeà une grande prospéritépar son commercemaritime.Le Consulatdes mers, ou recueil des lois, coutumespour la navigationet le commerce,fut rédigé par les Catalansau commencementdu treizièmesiècle, et resta longtempsl'unique codedes nations commerçantesde l'Europe. Tandisque la Castilleet l'Aragon entraientplus ou moins dans le mouvementeuropéen, le Portugal,reléguéà l'extréd


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mitéde l'Europe, s'ouvraitdes voiesnouvelles.Jean Ier, chef de la maisond'Avis, tranche hâtarde de la maisonde Bourgogne qui venait de s'éteindre(1383), assura par la grande victoire d'AIjnbarotla(1385), l'indépendancedu Portugal contreles prétentionsde la Castille;pour en éterniserle sou-u venir, il élevasur le champde bataillele couventde Batalha, une des plus magnifiquesconstructionsdu Portugal. Comme la croisadene lui était plus possibledans la Péninsule, où la Castillelui barrait la route vers les Maures, il imagina de tourner l'attentionde ses sujets vers l'Afrique. En 1415, il prit Ceuta. Son plus jeune fils,Henri, duc de Viseu, puisa

de Bathala. Couvent dans cetteexpéditionl'amour des voyages.Il s'établit, à son retour, au villagede Sagres,sur le cap Saint-Vincent,y appela des marins, d'habiles géographesdes pays étrangers, et y fonda une académienautique.Il adoptapour devisecet adagefrançais Talentde bienfaire, et le mit glorieusement en pratique. Grandmaîtrede l'ordre du Christ, il en affecta les revenusa ses entreprisesmaritimes.En 1417,deuxde


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sesnavigateursfurentjetés par latempêtedansl'île duPuerto Santo, une des lies Madère; bientôt après, Pérestrello en découvritune autre couvertede bois, qu'il appela pour cette raisonMadeira,Madère. On mit le feu à ces bois; l'incendie dura sept ans, et sur le solainsifertilisé,le prince Henri fit planterdes vignesde Chypreet des cannesà sucre de Sicile. Le pape Martin V, pour encouragerces découvertes,accorda à Henri le droit de conquêteet de souverainetédepuisles Canariesjusqu'auxIndes, avec indulgenceplénière pour ceux qui périraient dansces expéditions.Le zèle redoublaet fut encoreencouragépar le succèsde Gilianez,qui franchit, en 1433,le cap Bojador,si terrible par ses courants.Une compagnied'Afriquese formaà Lagoset obtintdespriviléges.Le cap Blanc, le cap Vert (1450)furent doublés,les Açores reconnues la poudred'or de l'Afrique et les nègres, dontle trafic commença,vinrent stimuler, sur le continent, deux puissantsmobilesde l'activitéhumaine,la curiositéet la cupidité. Déjà les Portugais sort sur le chemin du cap de Bonne-Espérance avantla fin du siècle, la route de l'Inde par mer sera trouvéeet un nouveaumondeajouté à l'ancien. états ScandinavesBanemarte,suède eSKtorvége leur rôle font secondaire depuis les KtoFShantuuso La France, l'Angleterre,l'Espagne,l'Italie et l'Allemagne, c'est-à-dire le centre, l'ouestet le midide l'Europe, ne formaientpas le mondedu moyenAgetout entier. Au nord et à l'est, il y avaitdes États déjà importantset destinésà le devenir plusencore, maisque leur existencedistincte, leur développementplus tardif, maintenaientpresque en dehors du grand courantdes faits et des idéesde l'époque.Dans cesrégions éloignées, dans cette autre portion du monde alors connu expiraitle rayonnementdu christianismeet de la civilisationetl'ony rencontraitla limiteoù commençaientles peuples barbares, paienset mahométansaux confinsde l'Europe et dtil'Asie. Cette vasto zone, qui dépassaitautant on étenduenotre Europe,occidentalequ'ellelui étaitinférieureen civilisation, renfermaitdiversgroupesde peuples.Au nordlesEtats scan^


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CHAPITREXXXI.

dinaves (Danemark, Suèdeet Norvège) à l'est, les États slaves(Pologneet Russie),quiconfinaientaux Tartares-Mongols,situés plus à l'est encoreet plongeantjusqu'au fond de l'Asie;au sud, les Hongroison Magyares et les Roumains; enfin, au sud-est, les Turcs-Ottomans,ne formant qu'un seul groupeavecl'empire grec, leur ennemi naturel et lent proie future, de mêmeque deux lutteurs étroitementserrés l'un contrel'autre paraissentne formerqu'un seul corps. Dans la premièrepartiedu moyenfige,lesdeuxpresqu'îles scandinavesne révélaientau dehorsleur existenceque par les expéditionsde piratesqu'elleslançaienth l'ouest et à l'est, sur les deuxmers dont elles étaient baignées.Par la mer du Nord,los Northmans étaientarrivésen France,enAngleterre, en Islande,dans le Groenlandet jusqu'en Amérique,par la mer Baltique,en Russie. Quand ces établissementseurent ferméauxScandinavesles voiesdes conquêteslointaines,ils commencèrentà vivredans leur pays et à se civiliser.La conversiondu Danemarkau christianisme,commencéeau neuvièmesiècle, consomméeet sanctionnéeau onzièmepar Kanut le -Grand,qui régnaaussi sur l'Angleterre,celle de la Norvègeaccomplieau dixièmesiècleet cellede la Suèdeau du onzième, firent entrer ces pays dans la commencement grandeunité catholique,et l'on vit quelques guerriersScandinavesfigurerdansles croisades. La grandeur du. Danemarkreparut avecles deux frères KanutVI (1182)et Valdemarle Victorieux(1203),qui, par la soumissiondes Vénèdes,sur la rivedroitede l'Elbe, purent joindrele titre de roi des Vandalesà ceuxde roi desDanois, de duc de Jutlandet de seigneurde la Nordalbingie Hambourg, Lubeck, le Meck1enbdurg, l'Esthonie, le Hols. tein, furentsoumismomentanémentà Valdemar.Ce roi fut législateur;on retrouvedans le Codede Scanie beaucoupde sesordonnances.Il fit rédigeraussi, en 1240,le Codede Juiland. Déjàle goût deslettres commençaità so répandre dans le pays, les espritsà se cultiver,et l'Université de Parisrecevaitdu Danemarkdonombreuxélèves. Un sièclede discordessuivit'cegrandrègne.Le Danemark perdit, sousValdemarIII. l'Esthonie,conquisepar les cbc-


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valiersteutoniques;il perdit encorele commercede la Baltique,que la ligue hanséatiquelui enlevaet se réserva exclusivementpar le traité deStralsund(1370).Danscettepériode, pourtant, l'aisancedu pays s'était accrue, les villesavaient acquisde l'importanceet s'étaient fait admettredans la représentationnationale,depuislors composéede trois ordres, (1250).La fillede Valdemarin, la fameuseMarguerite,allait unir le Danemarkaux deuxautres États scandinaves. L'électionsouventappliquéeà la royautéet la rivalité des Gothset des Suéarsou Suédoisrendirentfortagitéel'existence de la Suède. Sous Sverker, une dynastienouvelleremplaça celle du fameuxroi de mer Ragnard Lodbrog(1138), ei le christianismese développaassezdans le pays pour que saint Bernard y envoyâtdesmoines. Éric le Saint, son fils,leporta dansla Finlande,qu'il conquit et où il fondala ville d'Abo. A sa mort, l'unité nationale se prépara par la réunion des Suédoiset des Goths sous Magnus. La famillede Sverkers'éteignità sontouren 1250.Birger, jarl héréditairedes Suédoiset des Goths,prince de Suèdepar dragrâce de Dieu, et chef de la famille des Folkungs, fut nommérégent pour son fils Valdemar,à qui les grands décernèrent la couronne.Birger gouvernad'une manière remarquable il fonda Stockholmen 1253, pour remplacer, commecapitale, l'ancienneSigtuna,réprimales guerres privéeset les combatsjudiciaires,favorisale commerceet releva la conditiondesfemmes.Les vieillardset les jeunesgens le pleurèrent, dit la chronique, les femmes, dont il avait rétabliet assuréles droits, prièrentpour sonâme. » MagnusLadulas, ou la Serrure des Granges, fut implacable pour les bandits de là son surnom.Il trouvade l'appui dans le clergé,qui'l'autorisa à lever des impôts sur les biens ecclésiastiques,et dansles Étatsde Stockholm(1282), qui accorderontla couronnela propriététtes lacs,rivières, mines,forêts.De ces revenusil fit un nobleusage, et appela de Francs l'architecte^tienne Bonneuil, pour construiraà Upsalune cathédralesur le modèlede cellede Paris. Mais ses successeurslaissèrentl'autorité royaledéclineret k» partis repi<t»drele dessus.MagnusII l'Efféminé,réunit


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CHAP1TRB XXXI

cependant,par succession,la Suède et la Norvége;mais il ne eut pas conserverces deuxroyaumes,et le sénatles donna à ses filsÉric et Haquin,la Suèdeau premier,la Norvègeau second.Eric étant mort, les SuédoisproclamèrentAlbertde Mecklenbourg.Mais l'afflueneedes Allemandsqu'il attiraà la couret l'abandonqu'il fit de l'ile de Gothlandau roi de Danemarkirritèrentles Suédois;ils appelèrentla fille du roi de Danemark,épousedu roi de Norvège. Ce pays avait été encore plus agité que la Suède. La royauté,électived'abord, n'y était devenuehéréditaire que sous MagnusVII, en 1263.Ce roi, et, avantlui, HaquinV, avaitdonnéà l'autorité royaleune force passagère.La commerce favorisé,des ports de mer creusés, de sages lois établies marquèrentles règnes de ces deux princes.Après eux, la décadencede leur dynastiealla croissant, jusqu'aumoment oùdesprincessuédoisvinrentrégnerenNorvége,MagnusYIII et HaquinVIII, qui épousaMarguerite de Danemarket en eutun filsnomméOlaf.QuandValdemarIII, pèredoMarguerite, mourut, les Danoisélurent pour roi Olaf,sousla tutelle de sa mère. HaquinVIII étant mort à son tour, les Norvégiens firent la même chose, et Marguerite,commerégente, gouvernales deux royaumesavec une grande habileté, en s'appuyant sur le clergé. Les Suédois,mécontentsd'Albert de Mecklenbourg,invoquèrent son secours; elle battit ce prince à Falkœping(1389) et réunit sous son autorité les troisroyaumes,état de chosesque consacrala fameuseUnion de Calmar(1397).Il y fut stipuléque les trois royaumesdu nord formeraientune union permanente,seraientgouvernés par le mêmesouverainet concluraientune alliancedéfensive, chacun cependantconservantsa législationparticulière, sa constitutionet sonsénat.La successionau trônecommun était régléeen détail. Cet acte, qui semblaitprésager auxÉtats scandinavesune grande puissance, n'eut qu'un effet passager.Aprèsla mort de Marguerite(1412),l'unionfut d'abordébranlée,sousÉric le Poméranien,par la rébelliondu Schleswiget du Holstein, et finitpar sedissoudrecomplétementà la mort de Christophe le Bavarois(1448).Les Suédoiss'en détachèrentalors et se


LES ÉTATS ESPAGNOLS, SCANDINAVES ET SLAVES. 583

donnèrent pour roi Charles Canutson, sous le nom de CharlesVIII. Le Danemarket la Norvège,demeurésunis, choisirentChristianI", de la maisond'Oldenbourg,qui, en 1459,rattacha au Danemarkle Sohleswiget le Holstein. rien de considéEn résumé, pour les États Scandinaves, rable depuisles pirateries des Northmans. Ëtata

de la Pologne} swloaonee slaves, de la nasale. faiblesse

Les États slaves, situés entre la mer Baltique et la mer Noire,ne laissententrevoirquelquechosed'eux-mêmes'que dansle neuvièmesiècle.LesPolènes ou Polonaisoccupaient alorsles bordsde la Vislule. Piast, leur premierduc, fonda la dynastie qui a porté son nom et qui a régné en Pologne jusqu'en 1370,en Silésie jusqu'en1675.Les Polonaisfurent convertisau christianismedansle dixièmesiècle;l'empereur d'AllemagneOttonI" envoyaun évêqueà Posen.OttonIII installaplustard à Gnesenun archevêqueen lui donnantpour suffragantslesévêquesde Cracovie,de Colbourget de Breslau. La Pologne, soumiseà cetteépoqueà la suzerainetéde l'empire germanique,fut souventmêléeaux affairesde l'Allemagne, soutintgénéralementles empereursdans leurs guerres. Mais Boleslas I" Chrobri ou l'Intrépide(992)prit le titre de roi, et depuis ce momentla Polognevisaà une complète indépendance. Elle fut puissantesous BoleslasIII la Victorieux(11021138),qui soumitles Poméranienset les força d'embrasser le christianisme.Le partagequ'il fit de ses Étatsentresesfils la fitretomberdans la discorde.La Silésiese séparaet devint un duchéindépendant.'Les chevaliersteutoniques,appelésau secoursde la Polognecontreles Prussiens (voy.p. 319), ne tardèrent pas à devenirses ennemis; ils lui enlevèrenttoute chanced'accroissementsur les bords dela Baltique et lui arrachèrent, en 1343,la cessiondéfinitivede la Pomérellieet de la richevillede Dantzick.Pourtant, à cetteépoquemôme, elk se releva.WladislasIV Loketek,enréunissantles duchés de Posenet de Kalisck,et en prenant définitivementle titre


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CHAPITREXXXI.

de roi, que tous sessuccesseursportèrent, donna au pays et au gouvernementl'unité et la force leur manquaient.Caoui simirIII le Grand(1333)détourna1 activitédes Polonaisdu nord et de l'ouest, où elle ne semblait pas devoir s'exercer avecsuccèset la dirigeavers l'est, oh il enlevaaux Russeslà Russierouge, la Podolieet la Wolhynie; la frontièrepolonaise arrivaalors jusqu'au Borysihène. Cessuccèset les sagesloisde Casimirpréparaientà la Pologneuaeère de prospérité;maisCasimirn'avaitpas d'enfants et en lui se terminaitla descendancedirecte des Piasts. Pour faire élireson neveuLouisde Hongrie, il fut obligé de permettre que la noblessepolonaiseimposâtau nouveauroi une capitulationpar laquelle elle s'arrogeait des prérogatives, commel'exemptionde tout impôt. C'est l'origine des Pacta conventa.Louis, à son tour, mourutsans postérité,et, quoiqu'il eût désigné son gendre, Sigismondde Luxembourg, commeson successeur,la noblesse refusade le reconnattre pour affermir,par un exercicefréquent,son droitd'élection. Elle offritla couronneau grand-ducde Lithuanie,Jagellon,à conditionqu'il épouseraitEdwige, filledu dernier roi, et se convertiraitavec sa nation (1386). C'était, au point de vue territorial,un choixfort heureux,puisquela Polognese trouva ainsi doubléed'étendue,et, en effet,à partir de ce moment, elle prit sur tous ses voisinsune suprématieéclatante.Les chevaliersteutoniquesavaient conquisla Samogitie,acheté l'Esthonieet régnaientdepuisl'Oder jusqu'au golfe de Finlande.Cettesituationchangeaquandla Pologneet la Lithuanie furentsouisun seul maître. Jagellon les vainquità Tanneberg en 1610; en 1436, ils furent obligés d'abandonner la Samogitie et la Sudavie; trente ans après, le traité de Thorn (1466) renferma cette grande puissance teutonique dansles étroiteslimitesde la Prusse orientale. Mais,tout victorieuxqu'il était, le fondateurde la glorieuse dynastiedesJagellonsn'en était pas moins,par la fautemême de son avènement,dans la dépendancede la noblessepolonaise, qu'il fut obligéde consulter,et pour assurer le trôneà son filset pour leverdes impôts c'estmêmesouslui queprit naissancel'usage des nonces,députés de la noblesse,et des


ET SLAVES. 525 LES ÉTATS ESPAGNOLS,SCANDINAVES

diêlines, qui introduisit à tonte occasiondans le gouvernoment cette noblessevaillante,mais désordonnée,divisée, violente,toujours en armes, et trop semblable,même dans sosréunionsdélibérantes,à quelquehordetartaredessteppes de l'Asie. Passonsà la Russie nous connaissonsses humblescommencements,cettetroupede pirates varègnesou northmans, conduitepar Rourik,qui vintse mettre en 862 au servicede la puissante république marchandede Novogorod,sur les bords du lac Ilmen, et qui s'empara de la ville qu'elle devait défendre.Si les descendantsde Rourikne la gardèrentpoint, ils fondèrentdes principautésqui furent l'origine première de la puissancerusse. S'étendantde procheen proche, ces sur leursbarques le Borysthène piratesaudacieuxdescendirent et allèrentchercher à Constantinopleun servicelucratif ou des aventures. En chemin,ils prirent Kiew, forte positionsur le Dniéper, et en firent leur capitale.Dans le sièclesuivant, leurs relations, tantôt amicales,tantôt hostiles, avec Constantinople, amenèrent leur conversion.au christianisme.Sons Vladimir I" (980-1015)et sousJaroslaf 1" (1019-1051),la puissancedu grand-duchéde Kiewfut respectable.MaisJaroslaf, l'ayant diviséeentre ses fils, en amena l'affaiblissement.Au douzièmesiècle,la suprématiepassadu grand-duchédeXiew au grand-duchéde Wladimir, sans tirer encorela Russiede l'impuissanceoù la divisionl'avait fait tomber. La loi d'aînessen'existantpas en Russie, où elle ne fut introduite dans la famille tzarienne qu'au seizièmesiècle, les principautés étaientsans cessepartagées. Unegrandecalamité,l'invasiondes Mongols,au treizième siècle,ébranla encorelot menaçad'abattre entièrementcette dominationqui depuisquatre sièclesne venaitpas à bout de s'établiravecsolidité.On a vu (p. 310)les Mongolsprendre Moscouen 1237,abattrele grand-duchédeKiew,rendrecelui de Wladimirtributaire, et après la Russie vaincrela Pologne, la Silésie,la Moravieet la Hongrie, mais sans les occuperj tandis que les Russesrestèrentdeuxsièclessous le joug des Tartaresde la hordedorée.lis étaienttenusde payer tri-


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UUAPlïHK

XXXI.

bat, et la moindreinfractioncoûtaitla vie aux grands-ducs, qui avaient, à leur avénement,demanderau Khan la confirmationde leur dignité. Un d'eux, pourtant, Dimitry III, tentade résister, et, profitantdesdiscordesde la horde d'or, vainquitles Tartares sur le Don, ce qui lui valut le surnom deDonsM(1380);mais ce fut un succèséphémère;la Russie retombadansla sujétionet n'en fut tiré» quepar Ivanm au commencementdes tempsmodernes.Depuis1328la capitale delà Russieétait Moscou,au vraicentredu pays.Novogorod, Kiew et Wladimir avaient été successivementla résidence des grandsprinces. les tgongcots. {Peuplesde la vallée «3aBMuiu&e) Le bassin de ce beau fleuveayant été la granderoute des invasionsd'Orient en Occident,les nationalitéss'y mêlaient, commeles arméess'y étaient heurtées, depuis la mer Noire jusqu'aux montagnesde l'Autriche.On y voyaitdes hommes de toute race. Sur le vieuxfondsdes anciennesémigrations gauloisesqu'Alexandrey trouva et des Dacesque Trajany combattits'étaienttour à tour superposésdes colonsromains venus de toutes les provinceset surtout d'Italie, puis des Goths,desbarbares asiatiques,Huns, Avars,Bulgares, Petschénègues,Khazares,Gumans,Hongroiset Magyares,enfin des Slaves. On a vu précédemment(p. 191)l'établissementdes Hongroisdans le bassindu Danubemoyen,leurs coursesjusqu'à l'Atlantiqueet leur défaiteà Augsbourg,en 956,qui les enfermadansle paysresté leur patrimoine.En l'an mil, l'empereur Ottonm donnale titre de roi au duc Waïk, depuis si. fameuxsousle nomde saint Etienne, et notre premier pape françaisSylvestreII lui envoyala couronneangélique. C'est une longue histoire et bien controverséeque celle de cette couronneà laquelle les Hongroisrendent presque un culte superstitieux,de mêmequ'ils font du couronnementdo leur roi, plus qu'ancraiautre peuple, un acte indispensablepour la légalitéde son pouvoir.Les uns croientque e'est une cou-


ET SLAVES.587 SCANDINAVES LESÉTATSESPAGNOLS, ronnedel'empereurgrecHéraclius,tombéeen 619 auxmains des Avars; Pepin, fils de Charlemagne,la conquit avec les trésorsde l'Avarieet la donnaau papecommesa part de butin SylvestreII l'aurait rendueau nouvelhéritier desAvars. D'autres,en y voyantdes têtes d'empereursbyzantinset des Inscriptionsgrecques supposentqu'elle a été fabriquée à GonstantiDQple poursaintEtienne.Gest lepalladiumetcomme le talismande la Hongrie. Un roi qui ne l'a pas portéeà son sacren'estvraimentpas le roi des Magyares. Saint Etienne remplaçala divisionen huit tribus par colle en palatinatsou comtés.Des ispans y rendaientla justice et exerçaientle pouvoirmilitairesousla surveillancedu NandorIspan ou palatin de Hongrie, sorte de maire du palais qui. avaitune très-grande autorité. Chaquecomté envoyaitdeux ou trois députésà Vassemblée desÉtats. Lesvilles n'étaient point représentées,parce qu'il y en avait fort peu et qu'elles n'étaient point habitées par les conquérants. Cent huit famillesavaientsuiviArpaden Hongrie. Chacuneavaiteu son lot de conquêtequi restaitfranc d'impôt.Les descendantsde cesfamillesformaientla classedes nobles.Au-dessousétaient les grands et les petits vassauxdu roi, obligéspar leurs fiefs au servicemilitaire, puis venaientles colonsallemandsformant des communes privilégiées;plus bas les paysanslibres, enfinles serfset les esclaves. Le code que saintEtiennedonnamontre les mœursde ce peuple le wehrgeldou compositionen est la base, et le prix du sang est payé avecce qui était et est encorela granderichessedu pays,des vaches.Pour tuer sa femme,cinqvaches; dix si l'on est noble, cinquantesi l'on est comte.Le meurtre d'unhommelibre coûtaitau serf centdix vaches;un premier vol, le nez ou cinq vaches;un second, les oreilles; un.troisième, la vie. Au milieudu onzièmesiècle, le puissant empereurd'Allemagne, Henri III, rétablit, après une victoire,un roi chassé, Pierre, que les Hongroisflétrirentdu sobriquetd'Allemand. Il l'obligea,àlui céderl'Avarieà l'ouest de la Leitha (Vienne et î'archiduchéd'Autriche),et b tenir son royaumeen fief de l'empire. Mais la nation se soulevacontre cette trahison.


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CHAPITRE XXXI.

Pierre fut aveuglé,jeté dansune prison oh il mourut,et l'olieux lien de vasselagafut brisé. LadislasIep,le saintLouisdes Hongrois,agranditsonpayss ie deuxcôtés à l'est, il vainquitles Gumanssortisde la Valachie,qu'il établit aux bords de la Theiss; de plus, il força les Petschénèguesde la Transylvanieà reconnaîtrela suzerainetédes rois magyares; au sud-ouest,il conquitun grand État. Aprèsla destructionpar les Francs cafloviagiensde la dominationavare, des Slavesde la BohêmenommésKhrowates,c'est-à-dire montagnards,avaientenvahila partie de l'anciennePannonie,situéeaux bordsde la Save,et la Libor= hie sur le rivagede l'Adriatique,pays qui prirent d'eux les nomsde Croatieet d'Esclavonie.Dans le même temps,d'autres Slavesou Sorabes étaient arrivésde la Lusacedans la Dalmatie, dont ils ont renouveléla population.Ces Slaves reconnurentd'abordla souverainetéde Charlemagne,puis se rendirent indépendantssous des chefs nationaux.Il y eut alorsun puissantroyaumede Croatiequi dominade la Drave jusqu'à Raguse,et, au temps de GrégoireVII, se reconnut vassalet tributairedu saint-siége. Cefut ce royaumeque Ladislassoumiten 1088.De cette conquêtequi permit aux chefsmagyaresd'ajouterà leur titre ceuxde rois dela Croatieet de la Dalmatie,datela prétention encore vivante parmi les Hongrois de regarder ces pays commepartieintégrantedu royaumede Hongrie. SousGeisaII, qui régna de 1141à 1161,la Transylvanie, dévastéepar tant d'incursions,fut repeupléepar des colons saxonset frisons qu'il y appela en leur accordantde grands priviléges.lis y bâtirent septvillessur autant de collines;de là le nomallemandde la Transylvanie,Siebenburgen,lessept villes. Hernunstadt, ainsi nomméed'un habitantde Nurenberg, en futla capitale.Aujourd'huiencore,les villagessaxons dela Transylvaniese reconnaissentà la propretédes maisons et des rues, au bon état des cultureset souventaux inscriptionsmoralesou pieusesqu'ils fontplacer au-dessusde leurs o'o8l4-tllre andelàdela forêt, te pays 4. Onnommait Transylvanie, <)« Valaenie «'étendait Al'ouest adosséauxmouUigiwa la grande qui jusqu'à forêtdontétalent couverts deSsulnub etdeKra&sna. lescomtéo


ET SLAVES. 529 LES ETATSESPAGNOLS,SCANDINAVES

portes. Quantaux Petschénègnes,Geisales cantonnaversles sourcesdu Maroset de l'Aluta. Leurs descendantsy sont encore sonsle nom de Szekelyek,donten latin on a fait Sicali, et qui selonles uns signifiegardiens,selond'autres les hommes des cantonson siéges(szeck). AndréII (1205-1235),le chefd'une cinquièmeet bieninutile croisade,est l'auteur d'une partie desmauxdont la Hongrie a eu tant à souffrir.Il donnaà ses peuplesune constitution qui organisa l'anarchie en statuant par sa bulle d'or (1222)que si le roi violaitles privilégesde la noblesse,il serait permis de lui résisterpar.la force,sans que cetterésistance pût être taxée de rébellion. En 1301, la race mâle d'Arpads'éteignit. BonifaceMI, considérantla Hongriecommeun fiefdu saint-siége,déclara que la couronnedevait revenir à un prince de la maison d'Anjouétablieà Naples,à Charles-Robertou Charobertqui par les femmes descendaitd'Arpad. Une dynastiefrançaise s'assit sur le trônede saintEtienne. Son plusillustre et pros· que son seul représentant fut Louis le Grand (1842-1385), qui conquit Naplesdeuxfois, mais pour venger son frère et sansvouloi garder ce royaume,remportade nombreuxavantages sur les princesde Servie,de Bosnie,de Moldavieet de Bulgariequireconnurentsa* suzeraineté,fut élu roi de Pologne à la mortde Casimirle Grand, et pour finir par une célébrité qui dure encore,tandisque toutessesconquêtesfurent éphémères,plantales fameuxvignoblesde Tokai. Louis régnait depuisles bouchesde Cattarojusqu'à l'embouchurede la Vistule, et de l'Autricheà la mer Noire. C'était une grandedomination,maisil n'avait pas de fils; elle croula après lui. Sa fille avait épouséun prince alleMarie mand,Sigismond,qu'ellefit asseoiravecellesur le trône de Hongrie. C'est ce prince qui fit la désastreusecroisadede Nicopoliscontreles Turcsen 1396,et fut élu empereurd'Allemagneen 1410. Sigismondn'eut malheureusementpas plus de fils que Louis,et un' mariage, celuide sa filleavecAlbertd'Autriche, livraune premièrefois,en 1437,la Hongrie à la maisonde Habsbourg.Albert ne régnaque deux ans. La-reine, après BIST. DUMOïKN AQB. 34


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CHAPITRE XXXI,

sa mort,donna le jour à un fils, Ladislasle Posthume, que tontela nationreconnutpour roi: Maisdéjà desambassadeurs étaientallés offrirà Wladislas,roide Pologne,la main de la veuveroyale.Ce prince,proclamépar une faction,acceptéde l'autre commerégentdu jeuneroi, périt à la désastreusejournée de Varnaen 1444.Maisnous Voilàarrivésau milieudes mvasionsottomaneset des exploitsde Jean Huniade, qui fut donné commerégent au jeune Ladislas; ce qui nous resteà dire de la Hongriesera mêléà l'histoiredes Turcs. et Bsoramalno. BBalgarea ecrfeee,ESosBlaqraco, On a vu que des Sorabespartis de la Lusaceau septième siècle étaient venus chercherfortune au sud du Danube. L'empereurgrec Héracliusles avaitétablisen Thessalie;ils se fatiguèrentde ce séjour,se rejetèrent dansles montagnes et arrivèrentau confluentde la Saveet du Danube, où ils s'arrêtèrent.Ds y fondèrentun État qui eut beaucoupà souffrir de ses voisinsde l'est et du nord, les Bulgares et les Hongrois,qui semaintintpourtant,et, au milieudu onzième siècle, s'affranchitde l'autorité des empereursgrecs. A cette accoururentet promirentl'apnouvelle,les légatspontificaux pui de l'Occident.Le pape HonoriusIII donnaau grand zupan Etiennele titre de roi, en échangede celuide vassaldu saint-siége.Cettebonne amitié ne dura guère. En 1221,le rite grec prévalut de nouveau; les Serviensn'avaientplus besoinde personne. En 1340,EtienneIV rendit la Bulgarie tributaireet prit les titres de tzarde Romanie,d'Esclavonie et d'Albanie.Dixans plus tard, il soumitla Bosnie toute la rive droite du Danube et une partie de celle de la Save lui appartenaient;il allait marchersur Constantinopleà la tête de 80 000 hommes,lorsqu'il mourut. Il avaitécrit dans son codede 1349 a Celuiqui, après avoirété suffisammentexhortéet avertipar le clergéde rentrer dansle sein de l'Église orthodoxe,persisteraà vivredans la religioncatholique,méritera la mort.» Mais cette grandeurtombaavecle princequi l'avaitportée le plus haut. Les krats ou gouverneursgénérauxqu'il avait


LES ÉTATS ESPAGNOLS, SCANDINAVES ET SLAVES. 531

enl'imprudenced'établirfirentdéfection,et, dèsl'année1373, la Servie,réduiteà peu près à ses proportionsactuelles,devinttributairedesTurcs. La Bosnie,ravagéesouventpar les Esclavonset les Hongrois,maisnon occupée,garda ses chefsindigènes, les bans de Bosniequi, versla fin du treizièmesiècle, furentreconnus par les Hongroisprincesindépendants,et TwarkoEtiennese fiten 1376couronnerroi de Bosnie,deRascieet des côtesde la mer (Spalatro,Trau, Cattaro, etc.). Des guerres civiles, desguerresreligieusesruinèrentcettepuissance.Le royaume de Bosnie,tributairedes sultansen 1446,devintune deleurs provincesen 1463.Les zupans du Monténégrofirent aussi soumission,mais de parolebien plus qu'en réalité. Les Bulgares,après avoir tant de foisfait tremblerConstantinople,étaient tombés à deux reprises différentessous les coupsdes Grecs byzantins.En 968, ils avaientpromis le tribut aux Russes qui, de bonne heure, on le voit, cherchèrent à s'assurerla route des Balkans,tandis que leurs flottes d'arriver par la mer Noireà la Corned'or. Quels'efforçaient quesannéesplus tard, ils le payèrentauxGrecscommesujets. Unde leurs princes, réfugiédansles montagnesde l'Albanie et de la Macédoine,y fondaune secondeBulgarieque l'empereur Basileabattit en 1018.Unetroisièmefut forméepar des Valaquesen 1186; c'est l'État queVillehardouinappelle royaumede Blaquieet de Bougrie, et qui fut d'un si fâcheux voisinagepour l'empirelatin de Constantinople.Le premier de ces empereurslatinsfut le prisonnieret la victimedu kral bulgare,sort que Bajazetinfligea,en 1396, au dernier des roisde cette nation. Les Carpathes,qui courentdes montagnesde la Bohême et de la Moraviejusqu'à la mer Noire, envoiententre la Transylvanieet la Valachieun puissantcentre-fortqui vient mourirsur le Danube, au passagefameuxdes Portes-de-Fer. Elles décriventdoncaunord de ce fleuve,à partir dece point jusqu'à son embouchure,un arc de cercle qui renfermeune plaineimmensed'uneincomparablefertilitéet qui, a l'orient, va se confondreavecla grandeplaine russe.Là on voit,aussi loinqu'onpuissepénétrerdans la nuit des temps, des Daces


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CHAPITREXXXI.

nombreux,braves,qui se firentpayer unesoldemilitairepar Domitien,et dont Trajan ne vint à bout qu'après les plu» persévérantsefforts.H appeladansla Dacie,devenuesa conquête, de nombreuxcolons romains, et aujourd'hui encore on reconnaitcommedeuxracesdifférentesdansla population, l'une méridionale,aux yeuxnoirs, brune de peau et de chevelure l'autre aussiblondeque les enfants de la Scandinavie. Les invasionssuccessivesrefoulèrentla populationindigène dansles montagnes;chaque fois que l'ouragan avait passé, elleredescendaitdans la plaine, et, au boutde quinzesiècles, elle parle encore une languenéo-latine, preuve que le mélange des nationsa pu altérer, mais non changerla nationalité roumaine. Ces Roumains,qui couvrentencorela Moldavieet la Bukowine,occupentaussi une partie de la Transylvanie,et ce fut de là que sortit leur premierprince, Radu Negro, chef transylvainqui chassa, en 1241,les Mongolsde la Valachie et resta maîtrede ce pays,malgréles Hongrois.Ses successeurs eurent beaucoupde guerres à soutenirpour conserver cette indépendance,jusque versla fin du quatorzièmesiècle, où les Turcs parurent. MarceaIe*commitla faute de lesai der à renverserle royaumevlaquo-bnlgarede la rive droite du Danube; il fut lui-même,après la destructiondel'empire serbe, dans la plaine de Cassovie,contraintde payertribut (1393). Il prit part néanmoinsà la croisadede Nicopoliset n'échappa au commundésastre que par la promessed'une soumissionqu'il n'accordapoint. En 1460, nouveautraité avecles Turcs, LaValachiese reconnutvassaleet tributaire des sultans,à conditionde conserversa complèteautonomio administrative.Un Turc n'eut mêmepas le droit de pénétrer dans la principautésans la permissiondu prince, et ne put y rien acquérir. La principauté de Moldavie, qui prit naissance vers le même temps que celle de Valachie, après l'expulsion des Mongols eut longtempsà payer tribut aux Polonais. Son chef le plus glorieux, Etienne IV, a l'Athlète du Christ,n n'appartientpas à la périodedans laquellenousdevonsnous renfermer.Il ne nous reste donc plus, pour terminer celte


SCANDINAVES 533 LESÉTATS ETSLAVES. ESPAGNOLS, rapide histoire de l'Europe orientalevers la fin du moyen âge,qu'à raconterla chute'de l'empire grec et la formation sur Eesruinesdu nouvelempiredes derniers envahisseursde la chrétienté. ^'empire

grée,

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«ores tMtomana de Klmour.

et leo

Mongols

L'empire latin que la quatrièmecroisadeavaitélevéà Gonstantinoplen'avait pas duré beaucoupplus d'un demi-siècle. Fondéen 1204,il fut renverséen 1261par le cinquièmeempereur de Nicée, Michel Paléologue,dont la dynastierégna presque sans interruptionjusqu'en 1453.Getlerestauration des princesgrecsne rendit pas la vie à l'empire. Les Hongroisdominaientsur la rive gauchedu Danube, les Serbeset les Bulgares,sur la rive droite des princeslatins, Venise, Gênes,qui avaitun faubourgmêmede Constantinople,Galata, retenaientles tles et la Grèce; les Turcs occupaientles neufdixièmesde l'Asie Mineure enfinCharlesd'Anjou, de son royaumede Naples, menaçaitd'aller reloverdans la capitale l'étendard latin. Michel effrayé essaya de conjurer l'orage en gagnantle pape. Ses députésvinrentfaire au concile de Lyon (1274) une professionde foiorthodoxequi ne trompapersonne.Les vêpressicilienneset la mortde Charles d'Anjoule délivrèrentdu dangerqu'il redoutaitle plus. Son successeurÀndronicII (1282)en vit un autre plus redoutable, le progrèsdes TurcsOttomans.Contreeuxil appeladesmercenairescatalansqui vainquirentles musulmans,mais firent tremblerConstantinople.Andronicse débarrassade leur chef en le faisantassassiner;il ne put empêcher1500de cesaventuriersde s'emparerde Gallipoliet de s'y proclamera l'armée des Francs régnantdansla Thraceet la Macédoine.» L'empire fut pendantcinq annéesincapablede se défendrecontre de pareils ennemis.Vint ensuitela guerre civile,AndronicII fut enfermédans un couventpar son petit-filsAndronioIII se montraprince (1332)qui,malgrécehardi commencement, indolent,bien plus préoccupéde querellesthéologiques,que de résister aux Turcs et aux Bulgares qui heurtaient aux portesde l'empire; il laissaitle soin de les combattreà JeaD


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CHAPITRE XXXI.

Cantacuzène. Quandil mourut,safemmevoulutproscrirele généralheureuxet redouté.Cantacuzènechaussales brodequins de pourpre, fit allianceavecles Turcs et une guerre civilede six annéesépuisa les derniersrestesde forcequ'avaitencore victorieuxparl'aide des Osmanlis,parl'empire.Gantacuzène, tagead'abordle pouvoiravecson pupilleJean Paléologue,fils d'AndronieIII, puis l'enfermadansun monastère;maisil vit ses alliés s'établir à demeureà Gallipoli,ce qui leur ouvrait l'Europe,puis les Génoisramener PaléologuedansConstantinople,d'où il sortit à son tour pour aller le remplacerdans un couvent(1357).L'histoirede l'empiren'est plusque celle d'une lente agoniequi dure un siècle,non pas que ce fût la lutte d'un corpsvigoureusementconstituéqui se débat contre la mort, mais, tout simplement,parce que les Turcs oublièrent Constantinoplepour courirjusqu'aux bords du Danube. Mais qu'étaientdoncces Turcs si redoutables? 9 Un chefde Turcomansde Kharisme, Othman,parut, vers 1269,dansl'Asie Mineure, où la ruinedu royaumedes Seldjoucideslui permit de s'étendre paisiblement.Il étaitun des dix émirs révoltésqui renversèrenten 1294 le derniersultan d'Iconium En 1325,il prit Brousseen Bythinie, mais rien n'annonçaitque cettepetitepeupladepût jamaisdevenirbien redoutable.QuandOthmanmourutl'annéesuivante,on trouva pour sa successionune cuiller, une salière, une robe de cérémonie,un turban neuf, des chevaux,quelquesattelagesde bœufset un troupeaude moutons c'étaitbien l'héritaged'un chefde Turcomans. Son filsOrkhanprit Nicomédieet Nicée;toutela Bythinie et peu de tempsaprès la MysieavecPergame sa capitalelui obéirent. Les Osmanliss'étendaient,donc le long des beaux rivagesque baignentle Bosphore,la Propontideet l'Helles. pont. De là ils voyaientbriller sur la rive opposéeles villes nombreusesque dominaitla croixde Constantin,et ils couvaientincessammentdes yeux la grande et riche Constantinople. Une nuit, disent les historiens turcs, Soliman, fila l. Lesliittorlens ontvouluconquérir leursmaîtres. lijrzanllnn Frantsy, de faitd'Ollmian Conolimlln le protovo.'Ualro (grand chancelier) Dragoeàs, pelll-Hlo d'un Comnène qut avait panne a l'islamisme.


LES ÉTATS ESPAGNOLS, SCANDINAVES ET SLAVES. 535

d'Orkhan,étaitassisau milieudes ruines de Cyzique,regardant, aux rayonsde la lune, scintillercettemer de Marmara qui conduisaitvers l'objet de son ardente convoitise.Il lui semblaque les ombresdesruines colossalesde la cité détruite s'allongeaientdevantlui commeun pont sur la mer, et en mêmetempsdes voixmystérieuseslui rappelaientqua l'empire du mondeavait été promisà sa race, a C'est là un signe de Dieu, dit-il. Le jour venuil fitcommencerdeuxradeaux sur lesquels il monta avec 39 hommes.Un empereurgrec l'avait récemmentappelé à son aide contreun compétiteur, et Soliman,à la tète de 10000 cavaliers,avaitparcouru,ra vagé toute la Thrace et la Bulgarie. Au retour, il avait remarquécombienles Grecsgardaientmal leurs forteresses du détroit. Avecses 39 hommesil surprit une d'elles. On tremblementde terre lui livra quelquetemps après la plus forteplacedecette région,Gallipoli,d'oùleshabitantseffrayés s'échappaient,fuyant ce qu'ils croyaientêtre la colèredu ciel.Elle entrait dans leurville, mais c'étaientles Tores qui la portaient'dans leurs mains. De ce jour ils prirent pied en Europe(1356).En ce temps-là,l'empire grec avaittrois empereurs, l'un à Constantinople,l'autre à Thessalonique,le troisièmeà Andrinople. Orkhanavait 70 ans alors, et ne pouvaitplus profiter de cesdivisionsdéplorablesd'un peuple qui semblait se livrer lui-même.Solimanle précédaau tombeau,s'étant tué d'une chute de cheval, mais il légua à son frère Amurath son ambitionet son ardeur. Orkhanavait commencéla création de la redoutablemilicedes janissaires,l'organisationpolitiqueet judiciairede ses provinces.Danschacuneil avait placé un gouverneurou pacha, de qui relevèrentles cadis établis danslosvilles. Amurathacheva l'organisationdes janissaires. Cette redoutableinfanterie se recrnta surtout d'enfants chrétiens robustes,faitsprisonniersou enlevésà leurs familles,qu'on instruisaitdans la loi musulmane,de manière&leurinspirer un ardent fanatisme, et qu'on soumettaitensuiteu la plus sévère discipline.Amurathsongeasans doute,en las orgauisant, aux ordresmilitairesdes chrétiens,caril affiliases nou°


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CHAPITREXXXI.

veaux soldats à une confrériereligieusefondéepar HadjiBegtasch,et il les envoyaà cesaintpersonnagepour qu'illeur donnAtun nom.Le saint, lorsqu'ilsparurent en sa présence, mit la manchede sa robe sur un de leurs chefs et s'écria « Qu'onles appelleYengi-Chéri(nouveauxsoldats) que leur 0 contenancesoittoujourssûre, leurs mainstoujoursvictorieuses, leur épée toujours tranchante et leur lance toujours suspenduesur la tête de leurs ennemis,et quelquepart qu'ils aillent, qu'ils puissent reveniravec un visage toujoursbrillant. » Le cheikhou chefdes Begtaschiétaitcoloneldansun régimentde janissaires et huit dervichesdemeuraientdans leurs casernes,y priant nuit et jour pour le saint de la Porte OttQmaneet pour le succèsdes armesde la familleguerrière de Hadji-Begtasch.Afinde les bienconvaincrede la sollioitude du sultanpourleur bien-être, leursofficierss'appelaient l'inspecteurde la soupe, le chefdes cuisines,etc., et le conseil s'assemblaitautour du chaudrondu régiment.Quandles habitantsde Constantinoplevoyaientles janissairesapporter leurs marmitessur les places,c'était signe de quelque grave événement,un vizirou un sultan allait périr ou une grande guerrecontreleschrétiensallaitcommencer. Les janissaires formaient l'infanterie, les spahis furant la cavalerierégulière de l'armée ottomane.On leur assigna à tous des lots de terre, ziam et timar, sorte de fiefs militaires, lespremiersplus considérables,les autres pins petits, quipourtantne constituèrentpas de féodalitéparce qu'ils ne furent point héréditaires. Des chrétiens,les Woinah,furent chargés, moyennentl'exemptionde tout tribut, de faire, en tempsde guerre, le service des écuries 3t des transports. Aux troupes régulièresse joignait la multitudedes troupes irrégulières,les Asabou fantassins,les Akindjiou cavaliers. Cetteforte organisationmilitairepromettaitdes succèset en donna. Soliman avait ouvert aux Turcs les portes de l'Europe. Sous Amurath,ils s'y lancèrent, mais avantd'attaquerdirectement Constantinople,ils tournèrentautour d'elle.Amurath prit Andrinople (1360), où il transféra sa résidence, bien que la même année il eût prit Ancyre,au centre"del'Asie


LESÉTATS SCANDINAVES ETSLAVES. 537 ESPAGNOLS, Mineure. Mais lorsqu'il planta sa tonto au milieu d'ennemis implacables, il imposait aux siens la nécessité de vaincreencore, et en s'établissantdans la secondeville de la Thrace, il les obligeaità prendre un jour ou l'autre la première. Jean Paléologue,empereurde Constantinople,pour conjurer le péril, rentra dans l'obéissancedu saint-siége.Il vint lui-mêmeà Rome, et l'uniondesdeux Églisesfut solennelle» ment proclamée(1369).On lui avait fait de brillantes promesses.Le pape ne put les tenir, et le malheureuxempereur épuisaà ce voyageses dernièresressources.Quandil voulut repasseren Orient, il fut retenuà Venisepar ses créanciers, et pour le tirer de leurs mains, Manuel, son fils, dut vendre tout ce qu'il possédait.Cependantun ermite de Savoieavait amené quelquescroiséssur des vaisseauxvénitienset repris pourquelquetempsGallipoli(1366) d'autres, avecle roi de Chypre, avaientdévastéAlexandrie.C'étaientlà des courses de flibustiers,non une guerre sérieuse.La dominationturque n'en fut pas un instant ébranlée, et Paléologuese décida, à payer tribut au sultan, à se reconnaîtreson vassal, à le smvre dans ses guerres; il le suivit du moins dans celles qu'Amurath engageaavecles émirs sèldjouoidesde l'Asie Mineure, dont la plupart furent contraintsde se soumettre. Au delà du montHœnrasou Balkan, dansla grande vallée du Danube, habitaient de vaillants peuples chrétiens qui trouvaientleurs nouveau voisinsbien plus à craindreque les Grecs décrépitsde Constantinople.Plusieurs d'entre eux s'unirent, dès l'année 1363,pourécraserles Turcs,et vinrent les cherchersur les bords de la Maritza,non loin d'Andri. nople. Leur défaiteassural'établissementdesOttomansdans la Thrace. Amurath rendit guerre pour guerre. Froissart racontequ'il envoya'auprince de Servie des ambassadeurs conduisantun mulet chargé d'un sacde millet. « Autant ce sacrenfermede grains,dirent-ils,autant notre sultancompte de guerriers. » Le prince m répondit pas, maisEt ouvrirle sac, répandrele grain à terre, et le donnaà manger auxoiseaux de la basse-cour.Au bout de quelquesinstantsil ne


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XXXI. CHAPITRE

restait plus rien. a Ainsidisparattrontvosgens,dit-il, et vous voyezqu'il n'y en a pas assez.DA en oroi/ele chroniqueur ou plutôt le roi d'Arméniequi lui avait contécette histoire, une armée turque de 60 000hommesfut presque entièrementanéantiepar les Servions. Aniurath cependantprit Sophia,principaleville des Bul= gares(1382),et en 1389 livra aux princesde Servie et de Bosniela bataille fameuse du Champ des Merles, dans la grandeplaine de Cassovie,qu'arrosele Drinosupérieur.H fat vainqueur,mais un Servien,MiloschKobilovich,qu'on avait accuséde trahison, voulut vengerson peupleet lui. même; il pénétrajusqu'au sultan, en se donnantpour un transfuge, et lui plongea son poignard dans la poitrine. Le prince de Servie,pris dansl'action, fut tué à coupsde sabre avecses principauxofficierssonsles yeuxdu padischahexpirant. Les Turcs ont surnomméAmurathKhodovendikar,l'ouvrier de Dieu. Sonfils BajazetUderim,où l'Éclair, lui succéda. Le premier acte du nouveausultan fut le meurtre de son frère, et ses premiers combatsdes expéditionsen Asie Mineure pour acheverla soumissiondes petits princesturcs et la conquêtedes dernièresvillesgrecquesde cette région. Un grand danger le rappela, en 1396, sur le Danube. C'était, cettefois, une vraiecroisade.Le roi de Hongrie Sigismond la commandait;une foule de chevaliersfrançaisen faisaient partie à leur tête était le fils du ducde Bourgogne,Jean sans Peur. Cettebrillante chevalerieporta à Nicopolisla présomptueusetémérité qu'elle avait montrée à Gréey, à Poitiers. Tout fut tué. Les vainqueurspénétrèrentjusqu'à la Save, et dans la Thessalie, dans la Morée, où ils prirent Argos(1397).On commençaà trembler dans les montagnes de l'Autriche,et par delà l'Adriatique.. CommentvivaitConstantinopleau milieu de ces victoires desTurcs? Dans un perpétueleffroiet en conjurantla colère du sultan par une abjecte soumission.Jean Paléologuelui payaitun tribut de 30 000écus d'or et l'aidaitavecun corps de 12000hommesà conquérirles villesgrecquesd'Asie Mi» ueure.En 1391,il bâtissaitdeuxtours auprèsd'une desportes de la ville, Bajazetlui ordonnade les démolir,s'il nevoulait


LES ÉTATS ESPAGNOLS, SCANDINAVES ET SLAVES. 539

pas que son fils Manuel, qui servaitalors la Porto, eûtles yeuxorevés.Il obéit. CemêmeManuel, à lamortde son père, s'échappade la cour du sultan pour retourner à Constantinople. Bajazetbloqua aussitôtla ville, et ce blocusdura septt ans, jusqu'àce qu'il eût été accordéaux Turcsune mosquée et un cadi dans la ville même. En 1400,Manuelsollicitade l'Europe un nouveleffort.Il vint à Paris, &Londres, étalant toutesles misèresdu grand titre qu'il portait, mendiantjusqu'à quelqueargent pourvivre.Il s'estimaheureuxd'obtenir de la France une pensionde 30000 écus. C'en était fait de l'empiregrec, quand un secoursplusefficacelui vintd'où oh ne l'attendait point. Tamerlan (Timour, surnomméLenk ou le Boiteux)descendaitde Djenghyzpar les femmes;son père, chefde tribu, possédaitune petite provinceaux environsde Samarcande L'empire du Djaggathais'était morceléen une multitudede petitesprincipautés,dont les chefs, étaienten guerrescontinuelleslesuns contreles autres.Timourse mêlade cescombats, y montra beaucoupde valeur et y acquit un grandrenom.En 1370, il se trouva assezfort pour renverserle khan de Samarcande.Deuxans après, il commençases conquêtes. Les premièresfurent le Kharisme (ouTurkestan occidental, au sud du lac Aral) et le royaumede Kachgar(Turkestan chinoisou petiteBoukharie),puis les provincesvoisinesde la Perse; en 1385,il tournala mer Caspiennepar le sud, prit Tauris, Kars, Tifliset soumitquelques-unsdes montagnards du Caucaseet de l'Arménie.En 1387,il entra dans Ispahan, où 70000 personnes furent égorgées. A Sebsvar, dans le Khoraçan,il avait déjàfait massacrerla populationtout entière^ne réservant que 2000 hommesqu'on entassavivants les uns sur les autres, avec du mortier et de la brique pour servirde fondementsà plusieurs tours qu'il fit bâtir. Plus tard, avantd'arriverà Delhi, 100000captifsl'embarrassaient, il les égorgea.Il se plaisaità éleveraux portes des villes des I. Djaggalbai,deuxièmeBis4e Djenghys-khan.avait donné son nom Aun des quatre royaumeaformésen 4827da démembrementdu premier empire mongol.Cesquatre Etatsétaientà l'O., le Kaptelmk(Russie méridionale)on domainede la Horded'or; ad S., l'fraa (laPerse), â l'E., la Mongolie propre et la Chine,an centrele Djaggathai (TurqneBlan).


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CHAPITRE XX50U pyramidesde vingt et trente mille têtes. Attilaet 863Huns, étaient dépassés. En 1390,il entrepritde renverserl'empirede la Horded'ordans la Russie méridionale.Il gagna du moinsune grande batailleprès du Volga, soumitdeuxans après ce qui restait de la Perse, entra dans Bagdad,Bassoraet Mossoul,et, provoquéde nouveauparle khan duKaptchak, franchitle Caueasepar le défiléde Derbent,à la têtede400000 combattants, et parcourut victorieusementle paysjusqu'aux environsde Moscou.Le manque de fourrage et la rigueur du climat l'obligèrent à la retraite. Il n'avait pas renverséla domination de la Horde d'or, mais en l'affaiblissantil avait préparé l'affanchissement de la nationrusse. En 1398, on le trouveà l'autre extrémitéde son empire et de l'Asie.Il avaitalors 62 ans ni l'âge ni la fatiguen'avaient de prise sur lui; il rêvait la conquêtedes Indes. Ses émirs lassés voulaientdu repos, il leur lut le Coran, qui obligeau combatéternel contreles idolâtres,et à la tête de 92000cavalierset d'une infanterie innombrable,il se précipitasur les rives de l'Indus et du Gange, semant partout répouvante.Delhifut horriblementsaccagéet les princesde l'Hindoustan domptés*.L'an d'après, le terrible voyageur, duquelon pouvaitdire qu'il fatiguaitla victoireet là mort à le suivre, était en Géorgieau pied du Caucase.C'est là que vinrent le trouverles députéstremblantsde l'empereur grec et quelquesprincesseldjoucidesque Bajazetavaitdépouillés. Les deux puissantsmonarques qui faisaienttremblerl'Europe et l'Asie 'échangèrentdes lettres hautaines, préludes d'une guerre terrible. Avant que Cette guerre éclatât,Ti-· moureut le temps de vaincrele sultan d'Egypteet d'incendier Alep,Damaset Bagdad.Aprèsla prise de cettedernière ville, il érigea commetrophéeun obélisquede 90000 têtes d'hommes(1401). AAlep c'étaientdes tours de 10coudées de hauteur, de 20 de circuit, qu'il avait fait construireavec destêtes humaines. l. Oncroit que e'eolàune tribu Indleane chassée par les Mongolsde Timourqu'il faut foire remonter l'origine dea Tsiganesou Bohémiensdont l'Europefut infestéean quinzièmegfèete.


LESÉTATSESPAGNOLS, SCANDINAVES ET SLAVES.541 Le 16juin de l'année suivantese rencontrèrent, dans les plainesd'Ancyre,Bajazetet Timour, 400000Turcset 800000 Mongols: deuxbarbaries, deux dominationsmauvaisesqui ne portaientrien que la destructiondansles plis deleur drapeau. Les Ottomansfurentvaincus,leur sultan pris et l'Asie Mineure soumise aux vainqueursqui pénétrèrentjusqu'à gfmyrne,l'emportèrentd'assautet ne s'arrêtèrent que devant les flots profondsdel'Arohipel.La terre était à eux, maisla mer aux infidèles.Ils allèrent chercherd'autres terres à conquérir. En regardant d'un bout à l'autre de l'Asie, Timour ne vit plusd'empire resté deboutet digne de ses armes que celui de la Chine,n poussaitcontrelui seshordesinnombrables, quandla mort arrêta enfin, le 19 mars 1405 l'infatigablevieillard,qui est restédansl'histoirela personnification la pins terrible du génie malfaisantdes conquêtes.Aprèslui son empire fut diviséet disparut. Bajazetn'avaitsurvécuqu'une année à sa défaite, malgré les égardsque Timonrlui avaitmontrés,mais son empirene tombapas aveclui. n eut seulementà traverserdix années de troubleset de confusiondurant lesquelsles filsde Bajazet se disputèrentson héritage; MahometI«*enrestaseulmaître en 1413. En 1421 son fils AmurathÏI lui succéda; il eut combattre un imposteurou un prétendantque l'empereurgrec présentaitcommele filsaînéde Bajazet disparu à la bataille d'Ancyre. Ce prétendantfut vaincu, pris et accrochéà une des tours d'Andrinople.Pour se vengerdes Grecs, Amurath assiégealeur capitale;ils se défendirentavecles armesde la faiblesse: la perfidieet la ruse. Amurathfut appeléen Asie par:la rébellionde son frère Moustapha.Il ne fut pas même besoin d'une bataille. Moustapha, vendu par le traître -qui l'avaitpousséà la révolte, fut pendu à un figuier des envi-d rons de Nicée.MaisConstantinople étaitencoreune foissauvée. Amurathparut l'oublier. Il attaquales Vénitiens,maîtresde Thessalonique,deNégrepontet deCandie,et les petitsprinces qui se partagèrentla Grèce. Les Acciajolide Florence'réet dansl'Àchaïe,les Tocci dansl'Acarna» gnaient à Athènes aie, la familleCastriotadans l'Albanie ou Spiresaptentrio-


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XXXI. CHAPITRE

unie.En 1430il prit d'assautThessalonique,etraanéesuivante fit reconnaîtrasonautorité à Janina et à Groîa, capitalede l'Albanie dont le prince, Jean Gastriotlui remit sonfils Georgecommeotagede fidélité* De nombreux combatsen Dalmatie, dans la Servie, la Valachiaet jusque dans la Transylvaniefirent sentir aux Hongroisla nécessitéd'un grand effortpour repousser-cette dominationottomanequi marchaitsur eux par troiscôtés&la fois,le long de l'Adriatique,sur le Danubeet au traversdes Carpathes.Un seigneur transylvain, Jean Huniade, fut le héros de cetteguerre. Le chevalierblam de Valachie,ainsi qu'il est appelépar Comines,tua, en 1442,20000Turcsprès d'Hermanstadt,et quelquetampsaprès,avec15000hommes, défit une armée dix fois plus nombreuse. Il fut vainqueur encoreà Nissa dansla Servie, prit Sophia en Bulgarie, et, rendantaux Turcsravagespour ravages,désolala rive droite du Danube. Cependant l'empereur grec, pour gagner l'Europe catholique, avait encore offert de signer l'union des deux Églises.Mais, dit un historienbyzantin, si au momentou les Tores furent maîtres d'une moitié de Constantinople, un asge descendudu cielavait dit au reste des habitants: Acceptezl'union et je chasserai les ennemis; plutôt Mahomet que le pape, auraisnt-ils répondu. L'union acceptée par l'empereur fut doncrepousséepar les évêques.Elle eut cependantpoureffet de provoquerune nouvelle croisade que Ladislas, roi de Pologne et régent de Hongrie, accompagnéd'un légat du pape, conduisitjusque dans la Bulgarie. Amurath inquiet demandala paix.!Elle fut conclue,pour dix ans. n la jura sur le Coran, Ladislas sur l'Évangile. Maisle légat s'indignade ce traité avec un infidèle, il fut rompumalgré tous les effortsd'Huniade et onmarchasur Varna à traversJa Bulgarie, comptantqu'une flottechrétienne dans l'HellespontempêcheraitAmurath d'appeler à lui ses forcesd'Asie.Les Génois,gagnésà prix d'or, lui prêAvantquel'actions'engageât,Âmurath tèrent leurs vaisseaux. fit porter dansles rangs au bout d'une lancele traité que les


LESÉTATSESPAGNOLS, £T SLAVES.543 SCANDINAVES chrétiensviolaient. Ladislasfat tué i' le légat périt dans sa faite et Huniadene sauva que des débris. Amurathns poursuivitpas les fugitifs. On ne le voit pas essayerd'entamer la grande massedes nations chrétiennes, dont, quoiquevainqueur, il venai: de sentir le poids.Avec une penséepolitiquequi l'honore,il tourna ses armescontre les petites dominationsqui le gênaient au sud du Danube; en 1446il soumitpresque tonte la Moréeet envahitl'Épire. Là, dansces montagnesdifficiles,il trouvaune race indomptable et un hommedignede cette race, GeorgeCajstriot,que ses exploitsfirentsurnommerpar les Tur– le bey Alexandre Scanderbeg.n l'avait pourtantélevé lui-même et en avait faitson favori.Maisil n'avait pu arracherdu cœurdu chrétien, fait par lui musulman le souvenirde la patrie, de la foi des aïeuxet de l'indépendance.Après une victoiregagnéesur les Turcs par Huniade en 1443, Scanderbegavaitcontraint sousle poignardle secrétairedu sultanà lui signerun ordre pour que le gouverneurde.Croïalui remîtcette place. Dece jour, rejetant l'amitié des Turcs, il était devenuleur plus terrible adversaire.En vainAmurathinondal'Albaniede ses troupes, Scanderbegétait partout, sur leurs flancs,sur leurs derrières, au-dessusde leurs têtes, partout et toujoursfeappant,jamais atteint. Huniade, proclamérégent de Hongrie, voulutréparer le désastrede Varna.,et en 1448 pénétra dans la Servie. Un même souvenirconduisitles deuxarméeschrétienneet musulmanedans la valléede Cassovie,où les Turcs avaientété vainqueurs,mais où le premierAmurath avait péri. Le secondy attendaitles chrétiensavec150 000hommes.L'armée hongroisefut presque entièrement détruite; Huniaden'échappaqu'à grand'peifie.Les deux années suivantesforent employéesparle sultan à réduire l'Albanie, mais il neput prendra.Groïani dompterScanderbeg.Au commencementde 1451,il mourutà Andrinople.Il avaitabdiquédeuxfois, et deux fois les embarras, les révoltes qui s'étaient aussitôt montrés,lui avaientfait reprendrele pouvoir. MahometII, plusbouillant, plus impatientd'en finir,arrivaau trône avecla résolutionde prendreÇpmtantinopleet


5&&

CHAPITRE XXXI.

de tout sacrifierace but. C'étaitsa penséedujour, sa pensée de la nuit. Un matin, il fit appeler son vizir: « Voisma couche, lui dit-il, vois ce désordre.Constantinoplem'omde les Donne-moiConstantinople.» Bapêche fermer yeux. jazet .avaitfaitconstruiresur la côted'Asieune forteressea l'entréedu Bosphoredeïhrace; en quelquessemainesMahomet fit élever ea face, sur la côted'Europe, un autre château, et le passagese trouvainterditauxvaisseaux.Unefonderie de canons, établieà Andrinoplesons la directiond'un Hongrois,fabriquaune artillerie formidabla,et entre autres un canon énorme qui lançait des boulets de 1200 livres. §60 000hommesenveloppèrentConstantinople,et una ùotid se plaçaà l'entrée du port, que les assiégésavaientfermeavec une chaîne.. La ville n'avait que 7000défenseurs,y compris2000 Vénitienset Génoisque commandaitnn habile homme, le GénoisJusliniani. L'emperenr ConstantinDraeosèspriait dans une église où officiaitun êvêquede la communionde Rome, sa cour priait dans les antres selon le rit grec, et des deux w côtésune haine mortelleséparaitles partis. Telle était pourtantla forcede la villequ? Mahomet faisait peu de progrès, lorsqu'ils'avisad'un expédientqui rainala défense,,Gonstantinopleest séparéede ses deux faubourgsPera et GaJatapar son port, la Corne (for, petit golfelong et étroit qui sonfoncedans les terres plusloin que Galata. Mahometfit établir derrière ce faubourg un chemin en planches qu'on graissa;et qui aboutissaitd'une part au Bosphore,de l'autre au fond,du golfe. Aforce de bras on hissa les navires sur oette routenouvelle,et unjour les Grecsvirentavec stupeur la flotteottomaneen fondde leur port, au milieu de leurs défenses.Le 39.mai, à une heure de la nuit, un assaut furieuxcommença à hait heures du matin, la moitiéde Gonstantinopleétait prise, Justiniani mèrtéllementblessé, Constantin mort; il avaitennobli par son sacrificela dernière heure de l'empire romain. Les autres quartiers, qui avaient leursfortificationspropres, capitulèrent.La croixfutabattue sur Sainte»Sophieet le croissantl'y remplaça.


L'ÊGLÏSB

DE

1370

.LÏVME

A

1453.

545

1.

LACIVILISATION DANS LESDERNIERS SIÈCLES DUMOÏEN ÂGE.

CHAPITRE DE «27OA USS. IL«ÊG£,ISE d'unecivilisation nouvelle.–LapapautédeGréSignesavant-coureurs VIII.–Lsapapesà Avignon goireVIIà Boniface (1309-1378); grand schismed'occident Jean C ersoncon(1378-1448)-" Wielef, Huss, cile»de Pise(1409), et deBàle(1431); de Constance doctrines (1414) gallianes. fi'iaiieeteUtsattommonvetle. Signes «von«-conffenïa Nousavonsvule moyenâge préparer une révolutionpolitique et une révolutionsociale,la premièrequi va substituer an pouvoir centralà tousles pouvoirslocaux et qui mettra au-dessusdes seigneurs,k volontédu roi; la secondequi affranchitles serfs, élèvela bourgeoisieet commencela fortune du,tiers état. Mais les peuplesmodernisene s'éloignentpas seulementde l'organisationpolitiqueet socialedu moyenâge, ils prennent un autre esprit, et déjà daos la religion,dansles lettres, dans les idées se montrentlas signesavamWèuraursde chongomontsbien autrementconsiddrablos. Un baron dans son armure de Milaiaet aUvson destrier mST. 1)0UOtm AOE,

36


t>46

GHAPITH B XXXIX.

d'Espagne était invincible et invulnérable; maintenant un peu de charbon, de salpêtreet de soufre dont un moine a trouvé ou reconnula composition',fait du plus pauvremanant et du plus faiblel'égal sur le champde bataille, 'du plus riche seigneuret du plus vigoureuxchevalier.La force se déplace;la pensée aussi: elle se sécularise.Dans le vrai moyen âge, la vie intellectuellene se trouvait que dans le clergé; voilàqu'elle s'éveilleparmi leslaies.Et de mêmeque les clercss'occupaientsurtoutdesquestionsduciel, les laies s'occupaientsurtoutdes questionsde la terre.La conséquence de ce simplechangementsera la créationultérieuredessciences physiques,naturelleset économiquesqui à leur tour amènerontde nouvellesidéessociales et l'hommemodernecammenceraenfinla vraie conquêtede la terre, son domaine,la conquêteausside saconsoiencequi,pour le plus grand nombre, .resta si longtempsétoufféesousle poids de l'ignorance et de la superstition. Ko papotné

de «régolro

via

& Bontgaee

vns.

Commetoute choseen ce monde, l'Église à sonhistoire, c'est-à-dire le mouvementde là vie, la transformationcontinuelle/ car il n'y a que ce qui est mort qui ae change plus. ï du DepuisGrégoireVJI fin onzièmesiècle, jusq»^Bo~ nifaceVIII, commencementdu quatorzième,la papauténe cessapas de{grandiren prétentionset en puissance;soit hors de l'Église,soit dansl'Églisemême;après cette période,elfo '•' déclina. • ..• • •. . Les doctrinesdé GrégoireVII, relativementà la suprémalie pontificale,fructifièrentaprès lui, et l'audaceexcessivede sa conduiteà l'égard des souverainsfit école, et je puisdire, dans la papauté Adrien IV força leplus grand des Césars allemands,FrédéricBarberousae,à lui tenir î'étriér»et InjuH cent III formulales doctrinespontificalesen un -magnifique mais bien extraordinairelangage; « De même que le soleil •. 4, Vof. <ra«tera|er

çhaptti*


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et la lunesontplacésdans le firmameat, le plus grand de ces astrespour présider au jour, le plus petit pour présider à la nuit; de même aussiil y a deuxpuissancesdansla communautédes fidèles la puissance1 pontificale,qui est la première, parcequ'elle a le soin des âmes; la'royale,qui est la seconde, parce qu'elle n'a que celui des corps. » En vertu de cette directionmorale il intervint dans tous les différendsdes souverainsde sonépoque,et fit gronderses foudres sur la tète de tousles rois, menaçantles uns, frappantles autres. PhilippeAuguste,Jean sans Terre, Suénonde Norvège, qui avait usurpé la couronne,le roi de Léon, qui avait épousésa cousine,furent excommuniés.Le roi de Hongrie, qui avait retenu unlégatdu pape, fut menacéde voir sonfils dépossédé du. trône.Pourn'avoir rien à craindre de cette puissanceredoutée,Pierre II roi d'Aragon se fit consacrer chevalierpar le pape, et se reconnutsonvassal«t sontribu-, taire. Dans la querelledePhilippe de Souabeet d*OttonIV» f en Allemagne,Innocent prétenditavoirle droit, « d'examiner, approuver, oindre, consacrer et couronner, s'il est digne, 1empereurélu; de le rejeter, s'ilest indigne. » C'est sanètionde Francfortdevaitrépondre a quoi la pragmatique un siècleplus tard. Si de telles prétentionseussentprévalu, tous les royaumes de l'Europe fussentdevenusdes fiefsdu saint-siége.i Dans le treizièmesiècle,l'empereurFrédéricII, condamné et déposéau concile deLyon les Aragonais déliésde leur sermentenversleur roi Pierre, le royaumede Naplesenlevé: k.Manfredet donnéà .Charlesd'Anjouattestèrentl'omnipotencepapaîàî le langage même d'InnocentIII j car an lieu de se borner commelui fe reconnaîtredeuxpouvoirs,dont l'un inférieurà l'autre, il parut vouloirabsorberle premier et le subordon. ner complétementau second, « Àl'Église appartiennentles deuxglaives,le spirituelet le temporel {celui-ci devantservir pour l'Église çelùi-làpar l'Êgli^o;l'un maniépar le sacer-* doce, l'autre par les rois et lesbavons,maissuivantla volontd ejt avecla permissiondu sacerdoce.Il faut quelo glaivesoit


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GKAPrmE sa*m

sousle glaiveet que l'autoritétemporellesoit soumiseau pou» voir spiritueL» Ce n'était pas sans avoirpréparé les voies que ces grands papesavançaientde si prodigieusesprétendons ils prenaient soin de les inscrire auparavantdans le droit, de les populariser dans la foule. Le recueil dès décrétâtes,publié sous GrégoireIX, en 1234, par Raymondde Pennafort, qui y rassemblales rescrits des dernierspapes, AlexandreIII, InnocentIII, HonoriusIII, et continuéplus tard sous BonifaceVIII, ClémentV et Jean XXII, ouvrit un champplus ,fertileà l'étude 'la. droit canon que les canonistescommentèrent, interprétèrent; et comme, dans l'interprétationd'une loi, c'est toujoursl'esprit du législateurqu'on cherche àpénétrer, les jurisconsultesrencontraienttout d'abord, dansla loi qu'ils étudiaientet faisaientensuite prévaloir,l'esprit de dommationdes pontifes qui l'avaient dictée. Le droit de déposerles rois et les empereursétait écriten touteslettres dans le code canonique. Le papauté eut danstous les États chrétiens des avocatsqui plaidaientla cause de son ambition. Elle y eut aussi des prédicateursdans les moine', mendiants, dont les ordres prirent alorsnaissance. (Voy.ci-dessus p. 326). En vertu des mêmes principes, le pape non-seulement imposaitles loisreligieuses,maisen exemptait il tenaitdans sa maiales dispenses.Il prétendaitencoredisposerdes bénéficesecclésiastiques,d'abord de quelques-uns HonoriusIII demandaitseulement que chaqueéglise réservât deux prébendespour le saint-siège,plus tard de tous; et ClémentIV, BonifaceVIII, ClémentV, introduisirentcette théorie qu'au pape, patron universel, appartenait la distributionde tous les bénéfices.On se rappelle comment l'Angleterre sous Henri III fut en quelque sorte envahiepar les prêtres italiens. La prétentionde disposeraussides revenus ecelésiastiques danstoutela chrétientéarrivait commeconséquence ot, dès 1105, InnocentIII prélevasur Je clergéchrétienun quarantièmedes revenus,qu'il fit recueillirpar ses collée»; tours particuliers. Ses successeursrenouvelèrentet multi* plièrent, sous diversprétextes,les ordresde ce genre, et il


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ae faut pas oublierqu'au moyen&ge»,leclergé possédaitun tiers peut-être de l'Allemagne,le cinquièmede l'Angleterre çt de la France. Ces grandes richessesdu clergéinquiétèrentles princes; plusieurs en sentirentle dangeret prirent des mesurespour en arrêter l'essor en restreignantpar des lois la faculté du clergé d'acquérirdes biens-fonds, qui devenaientbiens de mainmorte, c'est-à-dire qui étaientretirés de la circulation et soustraitsaux chargespubliques. Telfutentreautre l'objet de la loi publiéeenAngleterreen 1279,sousle titre;de Statut de mainmorte. La juridictionecclésiastique,rivaleheureusede la juridictioncivile, avait fait les mêmesprogrès; non-seulementles clercsavaientété soustraitsauxtribunaux laïques, mais une foule de personnes, par un simplevœu religieux,par une promessed'aller en croisade,acquéraientle même privilége, et une foule de causesétaient directementportéesdevantl'officialitéecclésiastique.Le pouvoir séculierfut moinsombrageuxsur ce point: saint Louis,FrédéricII, AlphonseX, favorisèrentla progrès de la juridictionecclésiastique,sans doute parceque la justiceféodaley perdaitplusque la justice royale; en Angleterre pourtant il avait été au douzième siècle,l'objet d'un conflitsanglantentreles deuxpuissances, mais ThomasBecketétait mort en triomphant.Or, ce que le clergélocalet les évêquesavaientacquisen matièrede juridiction,le saint-siéges'efforçaitde l'attirer à soi par lesappels en cour de Rome, commeil s'efforçaitd'attirer, par les dimeset les quarantièmes,une partie de ce qu'ils avaientacquis en richesses. Deux questionssouverainementgravesétaient doncposées au début du quatorzième siècle: l'Europe serait-elle une théocratiepar le triomphe du pouvoirspirituel sur le pouvoir temporel?L'Églisesemt-elle une hiérarchiearistocratique ou une monarchieabsolue?Eu l'an 1300,BonifaceVIII eut souri d'un doute h cet égard,lorsquedans son grandjubilé établi par lui, il fiomonta, vêtu des ornementsimpériauxet précédédos douxglaives, auximiombrableschiuficus uceounis&Rome, et quotoutesles richesse»dei'JSuroperou»


chapitre

250

xxxn.

tèrent devanil'autel de saint Pierre. Trois ans après pourtant, tout avaitchangéd'aspect,le pouvoirtemporel,tant de foisvaincu,triomphaitsoudainement,et il devenaitévident que l'Europe ne serait pas une théocratie. La secondequestionne devaitse résoudreque deuxsiècles et demiplus tard. Ses

popes

6

Avignon t grand (l8©».«as») cident («388-*<M0}.

sentante

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La papauté qui avait pris son essor au-dessus de toute l'Europe, retombabriséeà Avignon.En voulantenvahirles royaumes étrangers elle fut faite prisonnière et perdit le sien.La captivitédeBabylone,commencéeen 1309par l'établissementde ClémentV à Avignon,dura près de soixantedix ans et compritsept pontificatssuccessifs.La vie mondaine, indolenteet molle succédah la grande ambitiondes sièclesprécédents.Ces papesfrançais, serviteurs du roi de France, commed'antres l'ont été plus tard de la maison d'Autriche, n'avaient de volontéquela sienne et d'autorité que pour son service.BenoitXII répondaiten pleurant aux ambassadeursde l'empereur Louis de Bavière excommunié, qu'il étaitau fond tout disposéà l'absoudre, mais que, s'il prononçaitcette absolution, le roi de Francè le ferait déposer. A l'ambitiondu pouvoir succédacelle de la richesse; la papauté avignonaisese mit à thésauriseret à lever sur le clergé, de concert avec le roi de France des dîmeset des taxes qu'ils s'autorisaient mutuellementà percevoir. Déjà existaientlesréserveset les expectativesJean XXII imagina les annates (la première année du revenudes bénéficesvacants).Ce spectacleirrita les peuples; le plus mécontentétait celuide la ville de Rome, désertée par son souverainet qui ne voyaitplusque ses légats. L'opinionpubliquese prononça fortementpourle retour des pontifesdansl'anciennecapitale du mondechrétien.GrégoireXI portaitalorsla tiare. Sainte Catherinede Sienne, fort célèbre dans toute l'Italie par ses révélations obtint do lui qu'il rentreraiten Italie et il s'y


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rendit(1376).Il mouruten 13?8. Seizecardinauxprésents, qogtreItaliens, onzeFrançais, un Espagnol,lui cherchèrent un successeur.Sansdouteun Français eût été élu, mais le peuple de Rome assiégea en tumultela porte du conclave, friant aux cardinauxqu'il voalaitun papo romain « ou qu'il feraitleurs têtesplus rougesque leurs ohapeaux.» Ils élurent an.Italien, l'archevêquede Bari, sousle nom d'UrbainVI. A peine libres, les Français et trois Italiens protestèrent contrecette électionforcéeet nommèrentun pape français, le cardinalde Genève,sousle nom de ClémentVII. Alors il y eut deuxpapes, et le grand schismed'Occident'commença, la plaie.la plus funeste de l'Église, L'Europe se partagea l'Angleterre,l'Allemagne,la Hongrie,la Bohême,la Hollande et presque toute l'Italie demeurèrentsoumisesà Urbain la France, l'Espagne,l'Écosse,la Savoie,la Lorraine, embrassèrentle parti de ClémentVII. La divisiondans l'Église,.deuxtiares rivales,Avignonopposéà Rome,n'était-ce paslà pour les chrétiensle plus affligeant des spectacles?Tons les hommesconsidérablesde la chrétientéfurent alarmésd'un événementqni portaitun coup funesteà la foides peuples.Tous s'occupèrentdefaire cesser le schisme;l'Universitéde Paris se distinguapar son s^le et sonactivité.Elle tint une séancesolennelleen 1394et trouva trois moyens de rétablir l'unité la cessionvolontairedes deuxconcurrents, la décision d'arbitres acceptésdes deux parts, ou enfinun concile général. Un théologiencélèbre, Clémangis,qui a retracé avectant de vigueur les désordres de PJÉgliseet de la cour d'Avignon,présentacesconclusions an roi de France CharlesVI, qui les accueillitfavorablement dansun instantlucide;maisla foliele ressaisit,et les princes, redevenusles maîtres, interdirentà l'Universitéde se mêler des affairesdu schisme. Celle-cise montrafort énergiqueet se mit en grève, fermantses cours, cessantses leçons publiques. Destrois moyensproposésonreconnut, à l'expérience,que le premierétait impraticable. ClémentVII mourut; ses cardinaux, pour ne pas déchoir, se hâtèrent de procéderà une nouvelleélectionet choisirentl'EspagnolPierre de Luna,qui


im.

CMAPITK1XXXII.

prit le nom de BenottXIII (1394),et s'opposaà toutetentativede conciliation.En vain la France lui retira à deuxreprises son obédience « Qu'importe,dit-il froidement,saint Pierre ne comptaitpas ce royaumedans ses provinces.» En vainon l'assiégeadans Avignon;il resta pape dans la citadelle et réussit à s'échapper.Les pontifesqui siégèrentsucaessivementRome, Boniface IX,InnocentVIet GrégoireXII montraientles mêmes dispositions,et les deux adversaires lançaientl'un contrel'autre l'anathème. Jean Hnss, cseceon cobcHcsde Vise(t«OO)de CobTOIeleï, doctrines galUeanea. atamce(*«fl«)et de BBÛIe (84131)) C'était une grandeimprudence.On avaitvu déjà bien des antipapes,et l'Église n'en avaitpas été ébranléeparcequ'alors l'esprit d'obéissanceétaitpartout; à la findu quatorzième siècle,l'esprit contrairese montrait;il y avaitcommeunvent de révolutionqui soufflaitsur l'Europe. Bien des signesannonçaientcetteagitationredoutabledontla sociétéétait intérieurementtravaillée en France, les Jacques et Marcel, les Maillotins,lès Tuchins et les Cabochiens;en Flandre, les deuxArtewald;en Angleterre,Wat-Tyler;en Italie, Bienzo et les républiques en Espagne, les cortès. N'était-il pas lt craindreque l'agitationne gagnâtl'Église? Déjà oe mot de réformation,qui devait rencontrer tant d'échoset remplirl'Europe un siècleplus tard, commençait à se prononcer.Non-seulementl'hérétiqueWicleff,non-seulement le fougueuxClémangis,mais Gerson lui-même, ce pieux docteur,si respectédans l'Église,l'auteur probable de l'Imitationde Jésus-Christ,écrivaità t égard les parolesles plus fortes a La cour de Romea inventé mille officespour avoirde l'or, mais à peine en trouverait-onlà un seul pour cultiverla vertu. On n'y parle du matin au soir que d'armées,de terres, devilleset d'arge; maisrarement,ou plutôt jamais, on n'y parle de chasteté,d'aumône,de justice, de fidélité,debonnesmœurs. L'union n'ayant pu se rétablir par la cession volontaire d'aucundes papesrivaux,onremit I un concilele soin d'ope-


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rer à la foisla réunionet la réformationde l'Église. Les cardinauxle convoquèrentà Pise en 1409.Ce concile déposa Benoit et Grégoireet nomma AlexandreY. Mais les deux premiersayantrefuséde se soumettre,il y eut troispapes au lieu de deux le remèdeavaitaugmentéle mal. La premièrequestionà résoudreétait, en effet,cellede la supérioritédu pape ou du concile,car, si l'autorité du pape était supérieureà celle du concile,de quel droit celui-cidéposait-ilcelui-là?Or, Benoit, Grégoire,puis Alexandre,soutenaientcette doctrineet prétendaientquel'Égliseétait là ois était le pape, et que le caractèreœcuméniqueétait acquis h un concile,non point par le nombre de ses membres, mais par la présence du pontife. A cette théorie monarchique Gerson répondait « L'Égliseuniverselleest l'assemblagedo tousles chrétiens,grecs,barbares,hommes,femmes,nobles, paysans,riches et pauvres. C'est cette Église qui, selon la tradition,ne peut ni errer ni faillir; elle n'a pour chef que Jésus-Christ;les papes, les cardinaux,les prélats, les ecclésiastiques,les rois, le peupleen sont membres,quoiqueà des degrésdifférents. Il y a une autre Église, nomméeaposto. tique,qui est particulièreet renferméedans l'Église universelle, savoirle pape et leclergé; c'est celle-làqu'on a coutume d'appelerl'Église romaine,c'estelledont on tient que le pape est la tète et que les autres ecclésiastiquessont les membres, celle-làpeuterrer et faillir,elle peuttromperet être trompéeet elle peut tomberdans le schismeet dans l'hérésie; elle n'est que l'instrumentet l'organede l'Église universelleet elle n'a d'autoritéqu'autantque l'Egliseuniversellelui en.donnepour exercerle pouvoirqui résideen elle seulement. L'Églisea le droitde déposerles papes s'ilsse rendentindignesde leur officeou s'ils sont incapablesde l'exercer; car, si pour le bien public, on déposeun roi qui tenait le royaumede ses ancêtrespar droit de succession,combiendavantagepeut-on déposer un papequi n'a cette dignitéque par l'électiondes cardinaux! Ce sont là les doctrinesde l'Ëglise gallicane, que Gersonformulaun des premierset que Bossuetdéfendit plustard en les adoucissant. Mais an delà de ces doctrinesdéjà hardies s'élançaient


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GHAPITRE XXXIÏ.

quelquesesprits tout à fait audacieuxet logiciensqui ne s'effrayaient pas de sortir des limites de l'orthodoxie.On se rappelleque Wioleffne voulait,pour ainsi dire, rien laisser subsisterde l'Église catholique,et mêmeattaquaitle dogme puisqu'ilniait la présenceréelle. Jean Huss, sansaller aussi loin, réclamaitcependanttrois chosesd'une extrêmegravité l'appel à l'Écriture commeseuleautoritéinfaillible;la nécessité de ramenerle clergéà la disciplineet aux bonnesmœurs, soiten le privantde toute interventiondans les affairestemporelles,soit en le dépouillantdesbiens dontil feraitmauvais usage; enfin.ladispensationdes pouvoirsspirituelsaux prêtres par le Saint-Esprit, en raisonde leur pureté intérieure, et seulementautant qu'ils seraient aptes à les recevoiret dignesd'en user..Gelamenaittoutdroit au presbytérianisme. Jean Huss attaquaiten outre certainespratiques la confession auriculaire,le cultedes images,l'abstinencedes viandes. Enfin,les moineset le pape aveosa courétaientles objetsde sesplus violentesdiatribes;il a écrit deuxlivresintitulés,l'un de F Antéchrist. l'Abominationdesmoines;l'autre,tes Membres Les titres disentle contenu. AlexandreV avait dissous précipitammentle concile de Pise; son successeur,Jean XXIII, pressépar l'opinion publique, par l'empereur Sigismond,qui vint tout exprès en Italie pourconféreravec lui sur ce grave sujet, en convoqua un antre. Il voulaitle réunir dans une cité de Lombardie, Sigismondexigeaqu'on choisît uneville allemande; Constancefut désignée(1414). Dansce grand concilesiégèrentnon-seulementles évoques, commec'était l'usage, mais les abbés, les ambassadeursdes princeschrétiens,les députésdes universités,une multitude de théologiensd'un ordre inférieur, et jusqu'à des docteurs endroit. L'empereur Sigismondsoutenait de sa présence ceuxqui étaientrésolus à mettrefia au schisme,et leur promettaitde les appuyerau besoinde sa faveuret do sonautorité impériale.Il présidaplusieurs fois les séances. Une multituded'évêquesitaliens était accourue,décidéeà faire prévaloir,les idées ultramontaines.Les ecclésiastiques des autres pays, pourleur ôter la prépondérancedu nombre,


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firentdéciderqu'onne voteraitpaspar têtes, mais par nations, et le concilefat diviséen quatrenations,ayant chacuneune. vois Italiens, Allemands,Français,Anglais.Cette disposition assural'avantageauxthéoriesdamilieu.L'espritgallican anima le concile, qui condamnales deux extrêmes d'une part, l'absolutismedu pape et la corruptionde l'Église,de l'autre, la réformepuritainede Jean Huss. L'objet immédiatde la convocationdu concilefut atteint, non sans de longsefforts. Les pères nommèrentMartin V véritablepape. Des trois faux pontifes,l'un, GrégoireXII, abdiqua, les deux autres, BenoitXIII et Jean XXIII, furent destitués.Le schismecessa (1417)pour quelquesannées. Quant aux réformes, le conciletraça avecdu sang les limites où il entendaitles renfermer.Il brûla avecJean Huss et Jérôme de Prague la réforme radicale, celle que Luther devait faire triompherplus tard, et il formulala sienne, la réformemodérée,par l'organed'un comitéqui proposa que des concilesprovinciauxfussentréunistous les trois ans, des synodesd'évêquestous les ans; que le pape ne pût rien décidersans le conseildes cardinaux,et, en certains cas, sans l'avis du concilegénéral; qu'il pût être déposépar un concile œcuméniquepour hérésie ousimonie; que les réservesiussentabolies,les dispenseslimitées,les appelsen courdeRome très-rares, la levéedes décimesinterdite, à moinsd'autorisation, par un concilegénéral, la simoniedes prêtresune cause de déchéanceet d'excommunication ipsofacto. Le comitéde réformeréglait ensuitel'électiondes évêques,qu'il attribuait aux chapitresseuls; imposaitla résidenceà tous les ecclésiastiques; fixait,très-largement,du reste, les limitesde la juri» dictionépiscopale,réglaitsévèrementles mœurs des prêtres, rappelait aux moines,'sousde fortespeines, les trois obligations essentiellesde leur institut obéissance,chastetéet pau. vreté, eio. Ainsile concileruinait la toute-puissancedu pape, au pro. fit, il est vrai, des évêques,dontla juridictiondemeuraitfort étendue.De plus, il réformaitla disciplineet les moeursdu clergé. Mais cette réforme modérée, qui eut pu prévenir l'autre, ne fut pointaccomplie.Martin V rédigea de son côté


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CHAPITRESSXH.

an acte où il traitaita son tour de la réformecommeil l'entendait, c'est-à-dire qu'il l'éludait complètement,et, semant entre les diversesnations du concile des discordesqui n'étaient que trop facilesà provoquerentre la France et l'Angloterre, il prononçala dissolutionde l'assemblée, sans qu'aucunrésultat réel eût été obtenu (1418).. Les mômesquestionsde réformesobligèrentun peu plus tard le pape Eugène IV à convoquerun nouveauconcileà Bâle (1431).Il se repentit et en prononçala dissolution.Les pères s'obstinèrentà siéger, et reproduisirenttoutesles propositionsavancéesà Constance,relativement&la supériorité des concilesgénéraux; ils décrétèrentqu'ils seraientconvoqués périodiquement,qu'ils ne pourraientêtre dissousque du consentementdes deuxtiers de lours membres,et que le pape seraittenu d'y paraître en personne ou par ses légats. EugèneIV transférale concileà Ferrare, puis à Florence,où seulementune partiedes pères se rendit.Ceuxde Bâlele déposèrentet élurent le ducde Savoiepape sousle nom de Félix Y. La divisionde l'Église recommençait jusqu'en 1443 le concilesiégea; en 1438, Charles VII y fit présenter la pragmatiquesanction de Bourges, où étaient consacrésles principesmêmesdes concilesde Constanceet de Bâle et les libertés de l'Église gallicane.Le schismenouveaune cessa qu'en 1448par l'abdicationde Félix V. Ainsivivait, au milieudes convulsionsde la discorde,cette, grandeautoritéde l'Églisequi avaitdominétoute l'Europedu moyenâge. « Cebiensay, disaitFroissartau commencement de cestroubles(déplorables, qu'un tempson s'émerveillerada telles choses,et commel'Église peutcheoir en tels troubles, ne si longuementdemeurer.Mais ce. fut une plaie envoyée de Dieu pour aviser et faire considérerau clergé le grand estat et superfluitéqu'ils tenoientet fesoient.Mais plusieurs n'en tenoientcompte;car ils étoientsi aveuglesd'orgueilet d'outrecuidanceque chacunvouloitressemblerl'un à l'autre et pour ce, les chosesalloientmauvaisement,et si nostrefoi n'enstété confirméeen la main et en la grâcedu Saint-Esprit elle eut crousléoubranlé.Carlesgrandsseigneursterriens. ne faisoientquerire.' et jouer au temps oùje chroniquoisces


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ehroniqms, l'an de grâce 1390, dont moult de peuple commun s'émerveillut»commentsi grands seigneursn'y pourvoyoientde remèdene de conseil.» On vouluty pourvoirde remèdeet de conseil, mais sans réussir à rien changer.Les abusdansla disciplineet dansles mœursallèrentcroissant,au contraire,et pour avoir évité AUQUINZIÈME UNERÉFORME ONAURA UNERÉVOLUSIÈCLE, TIONAUSEIZIÈME. t


S58

CHAPITRE XXXIH.

G1APITRE

XXXIHo

LES UTTÉRATURES NATIONALES, LES DÉCOUVERTES»

Leslittératures italienneet française.littératuresdu Nord,anglaise et portugaise allemande et scandinave.littératuresespagnole Renaissance des étudesclassiques.L'imprimerie,la peintureà la poudreà canon. l'huile,la gravure, ïiee

littératures

Malienne

et française.

A mesureque le moyenâge avaitapprochéde sa fin, l'individualitédesnationss'était dessinéedavantage.Longtemps la vie intellectuelles'était presque exclusivementrenfermée dans la sociétéreligieuseet expriméedans la languede l'Églisequi étaitaussila langueuniverselle,le latin.Maintenant la pensée se sécularisait,la sociétélaïque allait à son tour penser,parler, écrire en autant d'idiomesqu'il y avait de nations. Déjà chacuneavait lé sien, non.plus seulementparlé par la foule, mais élevépour plusieurs à la puissancelittéraire, et détrôuant cette languelatine, jusque-laseuleréservée aux grands'objetsde la vie humaine. La langue italienne était en avant, depuis quecelle des troubadourss'était tue. C'est elle qui avait marché le plus vite.Elle avait même, par une précocitéunique, atteint sa perfectionen plein moyen âge. Elle devaitce privilège au commerce,à l'industrie, à la vie politiquequi s'étaient développés en Italie bien plus t6t qu'ailleurs,et qui réclament, non une langue savanteet morte, mais une langue vivante, usuelle, et adaptéeà tousles détailsde la vie pratique. Cette langue italienne s'était ainsi préparée, enrichie; Dante et Pétrarque l'employèrentà la poésie, tour tour élevéeoh


LESLITTÉBATURES ETC. 559 NATIONALES, gracieuse,tendre ou terrible; Baccace.îila prose littéraire. Quandelle eut fait sespreuvesdansdes œuvresdecetteportée et de cettevariété,-elleput être considéréecommeaccomplie. Nousne répéteronspas ce qui a été dit au chapitrexxix, et nous reviendronsà la France qui, littérairement, tenait le secondrang. Notre littérature monta d'abordmoins haut et ne toucha pas, commecellede l'Italie, dès le débutà la perfection,mais elle fut plus spontanée.Danteet Pétrarque s'inspiraient de Virgile, se reconnaissaientses discipleset en quelque sorte ses vassaux.Mais de qui procédaientJoinville, Froissart? Queconnaissaient-ilsde l'antiquité? Joinvilleavaitlaissé la prose françaiseclaire et facile,souple eî piquante, merveilleusementpropre au récit. Froissart l'employade mêmeen la perfectionnant.Nous admironsencore la grâcede ce conteuret le charmanttableau qu'il nous a laissé de la sociétéchevaleresquede son temps. Le coloris eh est frais,vif,naturel,*le sentimenty est délicat, tempéré, rarementélevé, commele style. Froissarta écrit l'histoirede son temps pour récréer plutôtque pour instruire. II ne demandaitde lecteursqu'à la sociétémêmequ'il a dépeinte et au milieude laquelleil a passésa vie. Non qu'il fût seigneur lui-même,commeVillehardouinet Joinville.Ceux-ciécrivirent des Mémoiresvéritables, ou ils racontaientdes actions auxquelleseux-mêmesavaient pris une large part. Messire Jehan Froissart, né à Valenciennesvers 1337, n'était qu'un clerc, chanoineet trésorierde l'église deChimay,qui se mit par goût courir le mondéde châteauxen châteaux,la plume et nonl'épée à la main, et à raconterles actionsdont il n'était que spectateur. C'est le trouvèreécrivanten prose des chosesréelles.H fut, au reste, bien servi par l'époque où il vécut.C'était le momentdes guerres des Anglaisen France. Les chevaleriesdes deux pays, les plus brillantesdu monde, rivalisaientde valeur,de luxe et de courtoisie.Les prouesses des combatsne cessaientque pour faire place aux prouesses destournois.Une activité' extrême régnait danscette société, en paix comme en guerre. II lui fallait un historien actif aussi,qui la suivitsur les champsde bataille pour regarder


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CHAPITRE

OTOU»

de loinles beauxcoupsquis'y donnaient.ondans les châteaux ponr recueillircurieusementet répéter ensuiteen les embellissant,tous les récits qui s'y faisaient.Froissart nousa donc laissé un brillantmiroirdu temps, il n'a point écrit l'histoire critique, méditéeet sévère,qui se feraattendrejusqu'à Gommines. AvantComminespourtant il faut indiquer nn changement remarquable.La Chroniquede Froissart n'était pas encore close (elleva de 1826 à 1400),et déjànaissait l'histoire de cabinet. Christinede Pisan, qui mourut en 1430, et qui a écrit l'histoirede CharlesV; AlainChartier, qui mourut en 1453,et qui a écritune histoirede CharlesVII et son Quadrilogc,étaient des écrivainsérudits,aussi versésdansl'antiquité qu'on pouvaitl'être alorsen France, nommantSénèque, Cicéron,Virgile,Orphée,Musée,Homère, bien moinsoccupés de raconter naïvementles choses contemporainesque d'ennoblirleur récit par l'imitationdes anciens.A l'humeur insouciantesuccèdele travail du style, qui perd le naturel, mais qui s'efforcede se régler, d'acquérirplus de symétrie, de gravitéet d'élévation.Alain Chartierémerveillaitses contemporainspar ses périodesbien conpées, harmonieuses;il eut le mêmesuccèsqu'obtint plus tard Balzac une reine de France voulutdéposerun baisersur ces lèvres a d'oh étaient issus tant de mots dorés.Peut-être doit-on insister sur la révolutiondont AlainChartierdonnaitle signaldanssa prose française,car ce caractèrenouveaude gravité et de solennité qu'ilcommençaitlui imprimerétaitceluiqui devaitmarquer son âge d'orau dix-septièmesiècle. Tout le mondene lisait pas la belle prose de Froissart ou d'AlainChartier.Leur public, c'étaient les seigneurs et les savants.Le fabliau,lorsqu'ilavaitsubstituéses malins récits aux épopéesguerrières, descendaitjusqu'à la bourgeoisie riche et cultivée.Mais de littérature populaire, hormis de vagueslégendes,il n'en existaitpas. Ce fut un fait graveque l'apparitiondes Mystères,qui rassemblèrentautour de quoi» ques rares tréteaux,originede notrethéâtre, le peupledevemi spectateuret jugo. Lespremierssujetsreprésentéssur cette, scèneébauchéefurent empruntésà la religion. Oncoznmsn".


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çait à traduirala Bibleen languevulgaire; onla traduisit de même en actionscênique.Danten'avait-ilpas donnéle signal par sa DivineComédie?L'Élise elle-mêmeavait ouvertcette voie par certainsdialoguesque des élèvesrécitaientan jubé, en langue latine'et en langue romane (epUtolm fareitss),au milieumêmede l'office.Un peu plus tard, elle avaitsubstitué à ces dialoguesde véritablesjeux seéniques,représentésen plein choeur,et où se mêlait même l'élément grotesqueet profane, hérité peut-être des folies du paganisme. Ainsi, dansles représentationsdela Passion,dela fuitedela Vierge, apparaissaientBarabbas,le Juif errant, et jusqu'àl'ânessede Balaamqui venaitbraire sous la nef.Mais à côtédu rire, la terreur. Parmi les mystèresque nous possédons*celui qui représentel'histoire des Viergesfollesest grandioseet saisis-* saafc;quand elles ontreconnu, au réveil, leur faute irrépara» ble «Malheureuses,ehétivesi s'écrient-elles dans le désespair, nousavonstrop dormi; » et onzefoisce cri lamentable et plein d'angoisseretentit; alors l'enfer s'ouvre, le Christ apparaît et les précipite a Allez,misérables!allez, maudis tes A tout jamaisvousêtes condamnéesà la peina,et l'enfer e V&voasrecevoir»» Lôclergélaissa volontiersles laïquess'emparerdu privi* lége de représenterles chosessacrées il s'y voyaitd'abord nul inconvénient,quoiquece fût aussi un des symptômesde l'émancipationqui commençaitdans la société laïque. Des confrériesfurentforméespour cet objet par dés bourgeois, des maîtres maçons,menuisiers,serruriers, ha. confrériede la Passion, autoriséepar lettres patentesde CharlesVI, en 1402,s'installa hors de la porte Saint-Denis, dans l'hôpital de la Trinité. La passiondu Christétait, en quelque sorte, le cycle dramatiquequ'elle s'était attribué, et elle y obtint un grand succès;la foule infatigablene se lassait pas, chaque dimanche,de voir et d'entendre, et ne se retirait qu'à la nui~ tombante.Et que voyait-elle?Dieu lui-même,la Trinité,I03 mystèreset lès miracles,ce qu'il semblaitqu'unœil chrétien dût à jamaiss'interdire de contempler. A côtédu drame religieuxso développaitdéjà la comédie laïque critiqueet railleuse,elle désignaitson propre earttcHISf. DOHOÎEBAOB.

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CHAPITRE XXXIIÎ.

tère par sonnomde moralité,Les auteursde ce genreétalent lesclercsdupalais,érigéspar Philippe le Belen corporation, la Basoche(Basilic®).Lesmoralitésprocédaientde l'écolesatiriquedes fabliaux,du romande la Rose, de Jean de Meung, de Rutebeuf.L'allégoriey étaitfort employée Bien-avisém Mal-avisé,ïïonle-de-dire-ses-pêchês, Gros-Banquet,La-soif, Mais cessubtilitésatSans-eau, tels étaient les personnages. tiraient bien moinsla fouleque lés mystères;on y substitua lés farces, qui provoquaientdavantageau rire, et* dès 1459, notre scènecomiqueeut son preraiermonumentdansla farce célèbrede l'AvocatPatelin. La poésie, à part les mystères,qui en ont parfois unpeu dans l'expressionet souventbeaucoupdans le sentiment, n'a rien produit de grand en notre languedurantce sièclede décompositionsocialeet de décadencemorale' qui marquela n du moyenâge. Nousavonspourtant de Charlesd'Orléans,le captifd'Azincourt,de gracieuxversj pleinsde délicatesseet de fraîcheur, qui reflètentcommeun sourire mélancolique. C'est que la poésie n'est plus à cette époque,dans les combats aussil'épopéea cédéla place à l'histoire.;on la trouverait plutôt dansle mysticismede l'âme humaine,agitée déjà par les douleursde l'incertitude; elle est dansl'écho de ses souffrances,YJnternelleConsolation.on Imitation de Jésus? Christ, œuvred'un inconnu, de Thomas Kempis peut-être en du grand Gerson lui-même. La vogue immenseque ce livre obtintdès le début, montrecommeil répondaitbien au besoinqueies âmes éprouvaientd'être soutenues,et dese redirecte avec Bien,en évitant tremper par une communication les intermédiairesindignes. ©6aenndlnave. mUtémtaeeB«S«a. ISof«Î,«jugJaloc,eBBcssoBiBe S'il est impossible,dansle derniersiècledu moyenâge, do séparer l'histoire politiquede la France et colle de l'Angleterre, on ne saurait davantageséparer l'histoirode leu»o langues, car ollouse mêlaient. L'Angleterre, a cause des nombreusesconquêtesqu'elle a subies,fut un des pays km plus tardif"4 former son idiome.ï/jnwion était finie ea


LES LHTJÉRâTOBES ETC. 503 NATIONALES, ;1' Francs après Clovis,ou tout au moins après la bataille de Testry; elle ne le fut «a Angleterrequ'après Guillaumele Conquérant,à la fin du onzièmesiècle. Commeautant de courantsqui déposentleurs alluvionsdifférentessur un même sol, les Saxons,les Danoiset les Normands-Françaisapportèrent en Angleterreleurs langues diverses.Du saxonmêlé avecle celtique,qui se parlait encoreen Grande-Bretagne, sous la dominationromaine, était sorti un premier idiome, british-saxon,qui se modifiaaprès l'invasion danoise, desnish-saxon,et qui fut changé en normand-saxonpar l'éta° blissemsnt des Normands-Français.Le celtiqueavait à peu près disparu, le saxonformale fond de la langue, le français y prit une place considérableet associal'élémentromain à l'élément germanique. Mais ce dernier mélangefut aussi long a se faire quecelui des deux peuples et s'acheva au profit des vainous.Les successeursde Guillaume,leur cour, leurs barons parlaient français; c'était la langue officielle, employéedans les actes,enseignéedans les écoles.Ainsi le voulaientles conquérants,dans le but d'eSaoerles derniers vestiges de l'indépendancesaxonne. Ainsi font encore les Prussiensà Posén, les Russesà Varsovip,les Autrichiensà Lemberg. Mais les Saxonsse retranchaient'dans leur vieil idiome commedans leurs forêts; on ne pouvaitles en faire sortir; et ils décochaientles traits mordantsde leurs balladessur ces mêmesbaronsnormandsqu'atteignaitla flèche de Robin Hood. La guerre des bois fut chantéedans une poésie où l'on respire la fraîcheurdes taillis, où éclatel'a= mour de l'indépendance.« Quandle taillis est brillant, le gazonbeau, et les feuillesbrges et longues, il est doux, en se promenantdans la forêt, d'écouterle chant des petits oisoauK.D Ainsi commence,une ballade; elle finit par la rencontreque fait RobinHoodd'un seigneurnormandqui ne lo connattpas; ils so défient au tir de l'arc, et Robin mot sa flèchedans la but. « Bénédictionmv toi, bon compagnon1 dit le seigneur. Si ton 'are.était aussi bon quo ta main est sûre, tu vaudraismieuxquo Robin Hood. Maintenant,dis» moi ton nomsous les feuillesdu bois.==•Non, ma foi1 dit Robin,justjn'fico que tu m'aies dit là tion. ^=Ja dentaure


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CHAPITaByarein.

dansla Vallée,dit celui-ci, et j'ai juréde prendreRobin; et, quand on m'appellepar mon vrai nom, je suis Guyde Gisborn. Mademeure est dans ce bois, dit Robin; je suis Robin Hood de Barnesdade,que tu as si longtempscherché. » Quiconquene leur est allié ni parent, aurait eu un beau spectaclede voir ces deux hommes se frapper avec leurs sabresqui étincelaientcommel'éclair,de les voircombattre deuxheuresd'un jourd'été, » etc.Voilàce qui se chantait en langue saxonneet ne pouvait se chanter qu'en cette langue. • • Cependantl'antagonismefinit par s'affaiblir. Les barons normands,pour lutter contrela royauté,toute la nationnor.. mande,pour lutter contre la France après la séparationde la Normandiesous Philippe Augusteet surtout après' quela guerre de Centans fut engagée,se rapprochèrentdes Saxons, les traitèrent mieux, leur donnèrentplace dans les armées, dansles parlements.Alorsles deuxlanguesse marièrent, et l'onvit insensiblementse formerune languemixte, l'anglais, où l'ancienlangageanglo-saxoneut sa largepart (28000mots sur 38 000 qui forment l'anglaisd'aujourd'hui).Cette révolution est marquéed'une manière très-curieusepar un contemporain. « Lesenfants à l'école, contre l'usage detoutes les autres nations,sont forcésd'abandonnerleur propre langue, et de dire leurs leçonset tout ce qui les occupeen français ainsi l'ont établi les Normandsdepuisleur venue en Angleterre. Les enfants de gentilshommessont instruits à parler français du jour où on les remuedans leur berceau, et où ils peuventparler et jouer avecun hochet.Les gensdu pays veulentressembleraux gentilshommes,et se plaisent à parler français,pour être crus tels. Cettemodeétait fort usitée depuis le premiertemps; elle commenceà s'aflaibhrun peu; car John de Gornouailles,un maître de grammaire,a changéla leçondans son école,et l'étudedu françaisen celle de l'anglais.Richardde Laincry et d'autresont apprisde lai cette manière d'enseigner; de manière qu'aujourd'hui,l'au da Notre Seigneur1385, et la neuvièmeannée du roi Richard II, dans toutes'les écolesd'Angleterre, les enfanta abandonnentle françaiset apprennentl'anglais. » Cetanglais


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allait être la languenationaled'Albion,langue hybride, irrégulière,mais puissanteet fièrecommel'esprit de ceuxqui s'en servent. Un actefort important d'EdouardHT fut le statut par lequel il ordonna, en 1362, que tonte affairesoumiseà une cour de justice fût plaidée, discutéeet jugée en anglais. Ce fat en quelque sorte la réhabilitationofficielledu langage proscrit.Déjà il avaitproduit des monumentslittéraires.En poésie,dès le règne d'EdouardIw, Robert, moinede Glocester, avaitcomposéune chroniqueen versd'aprèsl'histoire de Geoffroyde Monmouth; trente ans après, un autre moine, RobertManning,en écrivitune semblable.On avaitvu aussi, au quatorzièmesiècle, une multitudede traductionsde romansfrançaisen vers.Maisle premierécrivainanglaisqu'on puisse lire avec quelque plaisir est Guillaume ou Robert Langland, auteur de la Visionde Piers Ploughman,satire mordantedu clergé, où l'allitérationtient lieu de la rime. Il préparaitles voiesà un des poètesdont l'Angleterrese glorifie le plus, GeoffroyChaucer, l'auteur de TroUusjmd Grt$sida, de Thehomeoffame. Chaucer,né à Londresen 1328, page d'EdouardIII, puis familierdu due de Lancastre,qui devintHenri IV, passe pour avoir fixé l'idiome national et inventéla meilleuremesuredes versanglais.,n a traduit la Consolationde Boëce, et notre Roman de la Rose,qu'il a traités commedes ouvragesclassiquesen luttant contre les difficultésdu texte; il a imité enfinle Déeameronde Boccace, on mieux puisé aux mêmes sources,empruntant ainsi aux trésorsdes littératures déjà forméesdes richessespour celle de son pays. Chaucera peint son époque avec beaucoupde véritéet avec une imaginationvive, mais satirique. En religion, en politique, il était pour les doctrinesnouvelles; Wiclefle comptaparmises sectateurs,etsonSir Thopas,dans les Contesde Canterbury,est le précurseurde Don Quichotte. Vers le même temps, la prose anglaise naissaitsons la plume du fameuxJohn Mandeville,qui écrivit,au milieudu quatorzièmesiècle,la relationdesonvoyageau fonddel'Asie, et Wiclefen faisait,déjà une armede guerre il l'employaità ° traduireet h répandrela Bible,


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CHAPITRE

XXrai.

L'Allemagneest, au moyenâge, un despaysdont la langue a été la moinsaltérée.Elle demeurapurement germanique par la raison qu'aucuneinvasionne vint lui apporterd'élément nouveau.On est étonnéqu'elle n'ait pas été, en conséquence,la première a produire une littérature. Gelatient & ce qu'ellen'avait pas de capitalequi fûtun foyeractif; que sa culturecommençalongtempsaprèscelledes autres, et qu'elle resta en contact avecdes peuples qui naquirent les derniers &la civilisationeuropéenne. La Bible gothique d'Olphiks (360-380),plus tard un fragmentde la traduction, en haut allemand, du traité d'Isidore, de NativitateDomini, la traductionde la règle de saintBenoît (720), etc., sont les seuls monumentsde cettelangueavant Charlemagne,et ce ne sont pas des monumentslittéraires. Cet empereur donna aux études une impulsionféconde.On sait qu'il ordonna de recueillirles chansonsnationalesdes Allemands.Dans le nombre était sansdoutele .fameuxfragmentde la chansond'Hildebrand,qui est antérieureà la findu huitièmesiècle.Sa forme est l'allitération,principe de versificationqui est, commela rime, plus grossieret plus matérielque le nombre. Sonsles successeursde Charlemagne, on trouve, entre autres, le chant de Louis (LouisIII roi de France), dont le poëte célébrait les victoiressur les Northmans,en strophesrimées. A côté de cettepoésieguerrière, la poésiereligieuseproduisit, sousLouisle Débonnaireet par son ordre, en bas allemand allitéré, l'ouvrageintitulé HarmoniesdeVÉvangUé. It y eut un certainmouvementlittérairesons Ottonle Grand et ses successeurs; mais les désordresqui éclatèrent sons Henri IV arrêtèrentcet essor; il nereprit qu'après Pavénementdes Hohenstaufen.• On a vu précédemment(p. 367)l'éclat que jeta la poésie sous cette dynastie brillante. Au contraire,dans la période suivante(quatorzièmeet quinzièmesiècles), ce fut la prose qui gagna du terrain, la poésiequi en perdit. Au milieu du trouble des discordesintérieures, les meistersingerne>Trouvèrent plus de protectionefficaceauprès des empereurs-ni auprès des seigneurs.Les villes, alors très-prospèreset enrichiespar le commerce,essayèrentbien, celles du midi du


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moins,de les encourager,maissans grand succès. La poésie échangeasa naïvetévivantecontre l'allégorie froide, et ne sut mêmeplus trouverde sujet poétique. Quellepoésie, par exemple,que la chroniqueriméedu concilede Constance1 On ne voitguère alors qu'un monumentremarquable,la Nef des fousde SébastienBrandt.Tandis que les nieistersingerglaçaient la. poésiede l'âge précédentet l'accablaientde règles qui l'étouffèrent,le peuplelui préparait une renaissancesous la forme, depuissi populaire en Allemagne,de chansonset ballades qu'on recueillitet imprima au commencementdu seizièmesiècle. Maisd'accentspoétiquesvéritablementélevés et nobles, on n'en entendaitalors que dans la Suisse,qui, toute frémissantede sa lutte contre l'Autriche,répétait avec enthousiasmeles beauxvers de VeitWeber et de Jean Viol qui chantèrentaprès avoircombattu.Hall*Suter, de Lucerne, célébra aussi la victoirede Sempach(1386). La prose s'essayaitdansdesnouvelleset des romansqu'on empruntaitencoreau cyclecarlovingienet aux romansfrançais. Elle se développadans les recueilsde lois que les besoinsde l'époque firent rédiger, dansles prédicationsque le mouvementdes idéesreligieusesprovoquait,particulièrement celles dudominicainmystiqueJean Tauler, digne prédécesseur de Luther par l'habile emploiqu'il sutfairede la langue allemande, et dans celles de ses disciples,les Fils de Véternellesagesse.La langueprosaïques'y montraitdéjà très-propre à l'argumentationphilosophique,par sa facultéde combiner les motset d'encréerde nouveaux,don dangereuxdont elle a abusé souvent,qui lui a donnéde la richesse,maisaux dépens de la qualitépremière de toute langue, la clarté. On rédigeaau quatorzièmesiècle quelqueschroniques,cellesde Hambourget d'Alsace,'au quinzièmecelle de Thuringe, etc. En résumé, la littérature allemandene produisit au moyen âge aucuneœuvrevéritablementéminente,si l'on metà part le curieuxchant des Niebelungen,qu'il faut pourtantplacer bien loin de l'Iliade, et qui doit sa vogueprésente moins au jugementréfléchid'un goûtsévèrequ'auxpréventionsintéressées d'un patriotismefacilementsatisfait. La littératuredes Scandinavesest issue, commeleur lan-


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liiiAWi'RE yygiif.

gué, de la mêmesouchegermanique.Les Eddas, recueil des ancienschantsdespays du Nord et la sourcela plus pure de la mythologiegermaniqueen sont les principauxmonuments avant l'introductiondu christianisme.On y retrouve entre autres, une partiedes faitsdu poômeallemanddes Niebolun° gen. Avecle christianismel'influencedu Midi pénétra dans le Nord et y apportales idées chevaleresquesde la France; dans ce nouvelesprit furent composésle poèmede Ragnar Lodbrog,le dernierchant de Hialmarle Vaincu,et le chant sur Hakon, roi de Norvège. funèbre d'Eyvied-Skaldaspiller Vint ensuite une série de chants populaires,Folkvisor,où est employéela rime. Les Suédoislisent encoreavec plaisir la Victimedu couvent,lesNocessanglantes,Saint-Georges, eto. AuxFolkvisorde la Suède correspondentles Bœmpemser du Danemark,chants de guerre ou plutôt récits historiques empruntésauxvieuxsouvenirset écritsdansla languenatio= nale. La plupart furent rédigéssans doute peu après l'établissement'duchristianismeen Danemark.Un grand nombre étaient empruntésà la France, à l'Angleterre,à l'Allemagne. Enphémie, reine de Norvège(1299-1812),introduisiten ce pays les romansdes cyclesd'Artur et de Charlemagne,et en fit traduire des passagesauxquels se mêlèrent des épisodes nationaux.Un des plus touchantsest celuide la reine Aurore (Dagmar), femme du roi de Danemark, Valdemarle Victorieux.Les traditionsprimitivesdu Danemarkviventen» coredansun autour quiécrivitpourtant enlatin, SaxoGrammaticus; il composa,à la findu douzièmesiècle, une remarquable histoire du Danemarket y recueillit les légendes anciennes.C'estdecettesourceque Shakspearatira, at. moins indirectement,cette histoire à'Hamkl, si sombra sous son pinceaupuissant. SJMés-atoaieee espagnols eftportugaise. Comme l'Espagne est restée en dehors du mouvement européen, et que sonexistenceeut un caractèretout partien» lier, on peut rejeter à la fin l'esquisse de sa littérature, quoi. que, au point de vu©de l'origine, elle eût dû être mise en


NATIONAUX, iSTU

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premièreligne, parmi les rameauxde la souchelatine. La languelatine, établiedans cette péninsulepar les Romains, maintenueet enracinéepar l'influencedu clergéchrétiensons les Visigoths,l'a forméepresque tout entière. Ni les anciens idiomesceltiques ou ibères et puniques des peuplesvaincus par Rome, ni la langue des Arabesvainqueursn'y apportèrent de modificationprofonde.Gommeceux-cin'imposèrent pas leur religion,ils n'imposèrentpas non plus leur langue. Elle se répandit, il est vrai, des Espagnolschrétienss'en servirent dansdes ouvrages;les petits rois du nord de la péninsule la mirent en vogue dans leurs cours; mais elle ne jeta pas de racine, et rat refouléeplus tard avecle mahdmé» tisme. Le fond de la languedes chrétiensespagnolsétaitalors un romandiversementmodifiéselonles localités,et semblable, en Catalogne,en Navarreet dans l'île de Majorque, au provençal,dontil différaiten Castille. L'idiomecastilkn ent son premier monumentdansle code des Sielepartiras, publié au treizièmesiècle, par Alphonse cl Sabio,le Savant, et où apparattdéjà la gravitédu langage espagnol.Alphonse, qui voulut sans succèsétablir l'unité Klitique dans son royaume,s'efforçaitde la préparer par site de l'idiome; on lui doit encoreune traductionde la Bible. La poésiecastillanefat différentede celle desautres pays. Ce peuple, engagé dans des combats incessantsavec les Maures et plus tard dansdes guerrescivilesopiniâtres,n'ent la Francode grandspoëmes, pas le tempsde composer comme d'interminablesromans, sur des héros à demi fabuleux et médiocrementintéressants pour la nationalité.Mais il eut des romances,poésiescourtes, populaires,toutes nationales, où étaient en scène les héros chrétiensdu pays,ou plutôt lé héros, car le Cid à lui seul est le type du chevalierespagnol combattantles Maures. Le Romanceroest le recueil assezincohérentde cesromances,qui racontentsans suite les épisodesde la vie du Cid, et qui appartiennentà différentes époques. Les plus anciennesportent un caractèrede simplicitéet de sadesse,qui s'adoucit dansles plus récentes; dans celles-ci


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CHAPITRE XXX1H.

on trouve,non-seulementun styleperfectionné,mais même des raffinementsd'idées et de la mythologie.Pourtant, ce qui leur est généralà touteset propre au génieespagnol,c'est un accentâpre et sonore,une vervebelliqueuseet enthousiaste, une hyperbolefongueuse et visant au trait, comme celledeLuc.in, un colorischaud, une expressionemphatique, mais toujoursnoble, des sentimentsd'honneur et d'amour, avecje ne sais quoide dur et quelquefoisde féroce. Le Romanc&ro du Cid est un monumentbien curieux de l'esprit humain; c'est l'œuvre de mille auteurs travaillantà, une même épopéesanss'entendreet qui ne sont pas connus, quoiquetrès-dignesde l'être; c'est une Iliade espagnole,qui assurément,celle-làdu moins,n'a paseu d'Homère.Le héros seul en fait l'unité. On l'y voit débuter par son duel avecle comte, ce bel épisode admirablementtransformé par Corneille «Le Cid restait pensif, se voyantjeune d'âge pour venger son père, en tuant le comtede Lozano,II regardait la bande redoutable du puissant ennemi qui avait dans les montagnesmille Asturiens,ses partisans il considéraitcomment,dansles cortèsdu roi de Léon, Ferdinand, le votedu comte était le premier, et son bras le meilleur dans les guerres*Tout cela lui paraissaitpeu devant une telle injure, la premièrequi eût été faite au sang de Lain le Ghawç. Âq cielil demandaitjustice; à la terre il demandaitdu champ; à son vieuxpère, liberté de combattre;à l'honneur,du courage et un bras. Il ne s'inquiètepas de sa jeunesse,parce qu'en naissantle vaillanthidalgoest accoutuméà mourir pour les occasionsd'honneur..» » Hprend la vieilleépée d'un de ses ancêtres « Tuas recouvréun secondmaître,lui dit-il, aussi vaillant que le premier. Allons, allons au champ, parce que c'est l'heure de donner au comteLozanole châtiment que méritentsa langue si infâmeet sa main. » LaCidvenge son père en tuant celui de Chimène,qui d'aborddemandeau roi qu'il périsse,puis,gagnéepar l'éclat desa valeur,lui demandeelle-mêmesa main.« Safidélitépour le roi don Sanche la mort de ce roi, assassinésous les murs de Zamoraj l'avènementdu frère dedon Sanche,don Alphonse;le refus altier du Cid de lui prêter serment, tant que ca roi n'aura p a


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déclaréqu'il est étranger à la mort du frère dont il prend la couronne;la docilitédu roi, obligéd'obéir à un sujet si puissant, et de jurer peut-êtreun mensongepour obtenir en revanche le serment du Cid; les persécutionssuscitéesà ce héros; son exil; ses victoires;sa retraitechez les Maures; son mariage avecune secondeChimène; ses nouveauxexploits le mariage et l'affrontde ses filles; sa vengeance;la gloire de sa vieillesse;les rois de l'Orient qui lui envoient des ambassadeurset des présents; sa mort; son corpsplacé tout ermésur sonfameuxchevalBabieça,et ce corps inanimé qui gagneune dernièrevictoireet met en faite les ennemis; voilà l'épopéedu Cid.s (Villemain.) Tandis que la Castille,les Asturies, Valencechantaientle Cid en des poésiestoutes nationales, l'Aragon et la Catalogne, plus en rapportavecl'Europe et surtoutavecle midi de la France, subissaientl'influenceprovençale.La gaie science avaitremplacé, pour les princes et les nobles, les armes et les tournois c Toussemblaientdes jongleurs. » Elle avait des professeursvenusde la Provènce,et une ambassadesolennellefut envoyéeau roi de Franceà ce sujet. Cettepoésie provençalefut éphémèreau sud commeau nord des Pyrénées elle périt en Aragon,et c'est de l'école castillaneque sortirent plustard les grandspoëtesespagnols. Déjàle géniedramatique,si étrangeet si hardi, des Calderon et des Lope de Vega, s'annonçaitdans ce jnif espagnol du quatorzièmesiècle, au nom bizarre, don Santo Rabby, qui, dansune pièceintitulée to Dansegénérale, faisaitparaitre la Mort disant a Je suis la Mort, inévitablepour toutes créaturesqui sont et serontdansle monde.J'appelle chacun et je dia «Hélas pourquoi t'inquiètes-tu de cette vie si « courte, qui passe en un moment, puisqu'il n'est pas de «géant si fort qui puissese préserverde cet arc? Il convient a quetu meuresquandje te frapperaide ma flèchecruelle.» Une ronde commence;la mort y désignedeuxbellesjeunes filles «Ni les fleurs, ni les rosés, ni les paruresne les défendent.Si elles le pouvaient,elles voudraientbien se séparer de moi; maiscelane se peut, elles sontmesfiancées.» La prose espagnoleproduisit ait quatorzièmesiècle plu-


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CHAPITRE

sieurs monumentsconsidérables La comteLucanor, recueil d'histoires qu'un ministreconte à son souverain,pour l'instruire dans chaqueoccasiondifficile,et où se montrent la fois la gravité espagnoleet l'esprit allégoriquedes Arabes; puis la chroniquedAyala, qui a racontéavecune simplicité sévère et forte l'histoire d'une époque sanglante, celle où deux rois du nom de Pierre le Cruel régnaient en Castille et en Aragon, et où la France et l'Angleterre,par Duguesclin et le prince Noir, intervenaientdans les affairesde la Péninsule. L'Aragon eut aussi un curieuxmonumenthistoriquedans la chroniquede RamonMuntaner,viens gentilhommecalalan, qui avait été faire la guerre en aventurierdans presque toute l'Europe, commec'était l'usage de ses compatriotesau treizième siècle, et qui, retiré dans son château,s'avisad'écrire ses Mémoires,commeVillehardouinet Joinville. La langueportugaisese rattache, commel'espagnole,à la languelatine, et n'en est aussi, en quelquesorte, qu'un dialecte. Sans doute, si toute la Péninsuleeût été réunie en un seul État, elle eût étéabsorbéeet n'eût plus été comptéeque pour un patois.Les circonstancespolitiques, qui firent du Portugal un royaumedistinct, firent ausside sa langue une langue séparée. Sa poésie,commecellede l'Aragon,'dériva des troubadours; Henri de Bourgogne,à qui AlphonseVI donna 10 comtéde Portugal, en avaitamenéplusieurs avec1c~ lui. Plus de raffinement,plus de douceur,distinguaientdéjà le génie portngais du génie espagnol. Le Cid est le sujet national des Espagnols;on pourrait presquedire qu'Inès de Castroest celui des Portugais; ils se sont plu à développer, jusqu'au jour où le Camqënsla consacraà jamais dans ses vers, cettetouchantehistoirede la fidélitéd'un amantbien au delà du tombeau. Cepays, d'une admirablebeauté, vit éclore cette fleur délicate,la rêverie, sur ses rivages,où chaquesoir le soleil disparaitderrière cet océan immense,encoreplein de mystères. Bernard de Ribeiro, poëte du quinzièmesiècle, fait rêver ainsi une jeune fille sur un mont solitaire, d'où elle regardait« commentla terre va se perdre dans les flots, et commentla mer s'étend si loin du rivage, pour finir où


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personne ne peut la voir, » cette me? où les vaisseaux portagais s'élançaient déjà, ffieraaîfloiaae®

tSea étades

elasal^nea

Les idiomesnationaux,partout formés,indiquaientl'existence des nations, et déjà produisaientdes littératures distinctes; mais le mouvementintellectueldes temps modernes allait-ilêtre isolé? L'étude de l'antiquité y porta remède. Non-seulement elle versa à grands flotsdans nos littératures les trésorsde l'art et de la sciencedes anciens,mais elleleur donna un fondscommund'idéeset d'inspiration.L'unité intellectuelledes temps modernesse préparaitpar là. Le momentoù le moyenâge finit est précisémentcelui on lés anciensrenaissent,en quelquesorte, et deviennentl'objet d'une étude passionnéeet savante.Deux grands écrivains, Pétrafquaet Boccace,aidèrent surtout à cette renaissance. Pétrarquedonna le signal de cetterechercheactivedes monumentsclassiques,qui faisaitattacherà la découverted'un manuscrit presque autant d'importancequ'à la conquête d'une cité. Le Pogge (Bracciolini),en 1414,découvritdans un donjon abandonné du monastèrede Saint-Gall,un exemplaire de Quintilienavec unepartie de ValériusFlaccus,puis Silius Italicus, douzecomédiesde Plaute, Lucrèce, Columélle, Tertallien, AmmienMarcellin, etc. Un évêque de Lodi découvrit les traités'de Gicéronsur la rhétorique. Il faut citer encore,parmices chercheursinfatigablesde trésors enfouis, Filelfo, Laurent Valla, Nicolo Nicoli, Leonardo Arjatino,etc. Enmêmetemps, des professeursde grec arrivaient de la Grècemême. Pétrarque avait étudié cette langue. Boccace attira de ThessaloniqueLéontiusPilatus, qui ouvrit à Florenceun cours publie sur Homére.A la fin du quatorzième siècle,jEmmanuelChrysoloras vint professer la littérature grecque,à Florence.Arriverontensuite Bessarion, Théodore de Gaza,Georgesde IWbizonde,ûêimstius Plétho. ConstaatiuopleJirise allait envoyerencore dans l'OccidentLasçaria


574

GHAPlTa^

XXXIH.

et Musurus. Les papes, les rois de Naples, les Médieisouvraientles bras à ces savantsétrangers. Ce zèlerégnait surtout en Italie, mais il gagnait aussi les autres pays. CharlesV, de France, fit faire des traductions d'auteurs classiques,et, en 1456,Tifernasvint donner des leçonsde grec à Paris. Les universitésallemandes,fondéesdans le quatorzième siècle,» Prague(1348), Vienne(1386), Erfart (1392), et, après 1400, Wûrtebourg, Leipzig, Ingolstadt,Rostock, entrèrentavecardeurdansle mouvementdesétudes classiques, sous la conduited'hommessavants, RodolpheAgricola,Conrad Weissel et Jean Reuohlin. L'Angleterre avait dasa les grandes écoles de Winchesteret d'Eton, fondées, la première en 1373,la secondeen 1432,des foyersd'études classiques, et l'on a la preuve que, vers le milieu du quinzième latine y était déjà enseignée.En Espasiècle,la. versification gne, enfin, AyalatraduisaitTite Live, et Jean deMenaétudiait la poésiedans Ovide,Properce,Tibulleet Jnvénal. •'Imprimerie)la peinture &limite, la gravure, ta: pondra h eanon'o Les bibliothèques,au moyenâge, étaientfort restreintes. CharlesV porta à 90bvolumescellede saint Louis.L'universitéd'Oxforden reçut 600 du frère du duc de Glocesttr en 1440; 120d'entre euxfurent estimés1000livressterling. En .1421,l'électeurpalatin légua à l'université d'Heidelberg sa collectioncomposéede 152 volumes.C'étaientlà les bibliothèques les plus considérablesdes universités et des princes. Faible ressourceà coup sur. Mais voici quetout à et Gutenberg,invën*» coup trois Mayençais,Furst, Schœffer1 tent le moyenmécaniquede reproduireà l'infini et très-rapidementles ouvragesque la main du copistemettaitun temps énorme à reproduireune seulefois.Les cartes à jouer, dit» on, donnèrentl'idée premièrede cette grande invention.Des .cartesà jouer, en effet, on avaitpassé aux vignettesropré« sentant des saintset accompagnées de quelquesmotsdetexte 4. Pourtecommerce ohap.ssw. esl'Industrie, voy.etdeamwle


LTJSLmÉHATUBES 573 NATIONALES,ETC. explicatif.On se servaitd'un bloc de bois où étaient taillées les figures et les lettres. Les Hollandaisveulentque Goster, de Harlem, ait le premier mobiliséles caractères; mérite qu'on s'accordeà attribuerà Gutenberget à ses compagnons. Entre I&50et 1455,ils imprimèrentà Mayenceune édition de la Vulgate,dite Bibleaux quarante-deuxlignée.Avant la finda quinzièmesiècle,presquetous les classiquesqui avaient survécuétaient imprimés.En 1452,l'orfèvre florentinFiniguerra invental'art de reproduireles images par la gravure sur métal; bientôtsuivit la découvertede la gravure à l'eauforte. Un peu plus tôt, JeanVan Dyck, dit Jean de Bruges, employaen 1411, pour les grands tableauxdont il décora l'hôtel de villede Gand,une huile siccativeconnuedanscette ville dès l'année 1328, et que par conséquentil n'inventa pas, mais dont l'usage généraliséfit une révolutiondans la peinture. On peignaitauparavantà la détrempe, à la fresque, à la gomme, à la colle, au blanc d'oeuf;on connaissaitbien l'usagede l'huile pour broyer les couleurs, mais on n'y recouraitguère,parcequ'on ne savaitpasles bien sécher. Après VanDyck, les grandspeintres peuventnaître, l'instrument du génie ne leur fera pas défaut. La guerre aussiallait être changéede fond en comblepar l'usage de la poudre à canon. Il est à peu près certain que cette découvertefut introduiteen Europe par les Sarrasins. Un auteur arabe rapporte, vers 1249, qu'on employaitla, poudre dtns les machinesde guerre. Un moineanglais,Roger Bacoa, en apprit ou en reconnut la composition.Au commencementdu quatorzièmesiècle, on inventales canons, ou plutôt les mortiers.Edouardm en avait à Grécy, et, quoique Froissartn'en fasse pas mention, le témoignagede Villani, qui écrivaitdouxans après, sembledécisif.Il attribue des effetsextraordinairesaux bombardesd'EdouardIII: s II sembloit, dit-il que Dieu tonnât avec une grande des. traction d'hommeset do chevaux.» On ne savait pas toute foisen faire encoreun usage fort •habilesur les champsde bataille, et l'on s'en servait plutôt dans les siéges et lea bataillesnavales; on en vit à Ghiozza.Les Français perfeo° tionnèrent beaucoupl'artillerie, qui acquit chez euxune su-


•M.8

CHAPITRE

XXXIII.

7

priorité constatéepar les succès de Charles VII bot les Anglais.L'inventionde l'arquebuseou cartonà main,, est du commencementdu quinzièmesièeîe. L'infanterie,c'est-à-airel'arméeroturiers, reprenait, grâea h l'emploi de la pique, nne importancequ'elle n'avait pas eue depuis les Romains.C'est par les masses,profondesde fantassins armésde piques queles Suissesavaientdéjà vaincu le'â Autrichienset allaientse rendre si redoutables.Quandla pique, réunie à l'arquebuse,sera devenuele fusil moderne, la royauté l'égalité régnera sur le champde bataille comme, absoluequi se prépare, la fera régner dans la loi, comme l'imprimeriequi va se répandretendra à la me ans les esprits.Voilàbiea dés symptômesde l'âge Mn^tfcfa iwifcap-. /f"S prochait. j s. 1 ¡~t

FIN.


LISTES GHBONOtOGlOCES. DESPAPES, DES EEÎPEHEURS ET SES PRINCES QUI ONT HÉGNB DANS LES PRINCIPAUX ÉTATS DU MOYENAGE

~a~ s. amms. S-ANAMAtiE. 5; INNOOBIIT 1. S.Z08Th1I1. S. BONJJlAOB 1" 8. ç4LBSTlII1" â. B18T8III. S.LI!ON.'LE.OIlAND. 8. au.Ains. 8. $tmPLTae: S.FéLIX 11. S.C&tABB. .8. ANésTAea IL. ,1!¡mt.u.Q'CIa. HOMHSCAS. ï'&U![Ct. 11. .13ONWAC13 JBANN. ÂOAP8'f Stt.V&tM. VtMLE. PllLAoB1" dBANIIL. BIINOITl""ouBEN088. pnAoB11. 8. GUÉ00MI3 Ut 0!tAM). SAttMBtt. BdN!?AOB!H. BomMmtV. StBBONtEntT. BofnfAMV. HoNOa$ I°~r #i$9BatN. JTMtt!V. `~ '1'1IÉ01l01lJ! 8. MARTIN Z-Y 6.E<M&MBt" VtTAUBtf. ACÉODAT.t. baNneI°· AOATHON. S.H50NU. BtiMOttH. tE&«V. Co~ON. $ItaOaI°· .1'IIANVI.

7oa 7M 7U8 715 731 94t 752 76? 768 772 70S 816 819 824 827 M7 84fi 847 815 858 887' 872 881 884 6M 69t b96 8911 807 898 898 Me 008 90$ on ett Ola 6)4 928 OOO D8t M6 Me 042 042 Me D88 1 un

sat JF4N VIL 398 $I8INNInB. Ma CON8TANTEPi. 4tT 8. onteoilm n 4« tia$0ota$ 1H. 422 ZACHAMB. 432 19TIENNUII. 460 S. PÂUL1" 461 tTmuNs111 46SAnmEnf. 483 S. LI!oNm. IV, 492 ITŒNNB S. PUCAL 101 498 498 En0$ga 11. M4 VAMNTW. 1123OR~OOIBSÏV. 526 SEBOEIL 530 8- LÉONIV 583 B~NOtTtH. 1" 535 NICOLAS ACMNN Il 630 aaa aaAN~IU. ssa illAaTlN 11. B80 ADMSNIII. v 874 9TMME 11781"08M088. 690 BONIPAOB VI. N04 NTtHttNBVI. 607 ROBMN 608 TIt$uD0a8IL. ef5 JOANlx rV 618 BJ3NOIT 8a6 t~OttV. 640 CHNISTOPaa. 640 Bàaon111 C4!t AKABTASBÏU. a49 LANDON. 884 ·dBAN%> 887 t.~ONVt. 0 2 ÊTIENNK VU. 676 JEANXi D98 LËONVH. 082 9TIBNNE viii 08<1IIfUITIN 111 886 AOAt'1iTIL. 680 jKANXtt.t. est t.ËONVM! 7ut IW N9ITV.

(. ta dntoout collodot'avâneuont.

HIB'Ï.UUMOYKK AOB.

37


578

LISTES CHRONOLOGIQUES.

Dos œLl!llTIN IV. 12U JUANXlti 9ta INNOCENT lV (Simbaldt do ViesBENOITVI DONUSH. 916 que), OMOIS ta4$ 89b AI.BXAfIDRS IV. BEXOtTVU. 8254 jBAttXtV. 888 UBBAtNtV. (261 984 CL1btIUITlV. JEANXV. 1265 90S OftÊOOIRB JEANxvt.t. X, 12'" V. Gat,00tRAV. 996 INNOCRNT 1276 SYLVEIITIIR 11 (le Français GorADAMN V 12711 999 JMMXXt. t9M t)ert). 1003 NtCOLAalit tBANXVtt. t9M JEANXVUL. 1608 MMTtNtV. fa9i 1009 BONoaéIV. 1283 SBRGB IV. Vin 1012 NtCeuatV. l988 IBMOIT ID'l6 C~MSTMV. JEANXIX. i994 DENoiTIX. loS9 abdIque au bout de cinq mois. l1R$ootAaVi. VIII (Btaett Caietan).. 1294 f044 HONt9aOH JEANXX. lm., BESOtTXt. <3M C)L)6itBNT!L. 1048 Ct.$uaNT V (Bat~and de Goth), DAMASH n. 1048 Français 11105 LÉON1X.1069 Lea papea8 AvignoA,f8o8-i8q7. VtOtOBU. IosS JBAXXXtJf.Fmnssb. <Me g'j'IB~ 1X. 1057 BBttO)TXI!,FMBM!a. iSS4 vicelu U t6M CLÉMENT )S49 VI, Fnm;ds. i06f bIICOCEIiT 1362 AMïAttBM It. VI, Français 1078 UmAntV,Fnmt!tta. 136' aa~ootmVH(Hitdebrand). VICToam. 1086 èaœolllRIX, Fi'auçaJa. 1S70 TBBAmn. 1088 mort â Rome. 1378 PAMAT n. logo Successiondes papesiL ROmo. O~AN!H. ttM U1UIA1N VI. 1378 CAuxTsn. me (AA~nM,ctÉMH)rvn,Na BONoa4Il. U2' au en a « 1378.) MtMOENTn. U80 Bout ut .1. 1889 if80-li89 élu AttAOLBT.anttpape. (A AvigROn,BAIZOtTRriI, ~81n C4LBSTIN 11. 1343 aprèscJéinentvn, 139', garilera, Lues Il tt44 1 déposa,le titre de pape Hoe&tMm. 1145 j)isqn~Bamert,)t:4.) ANASTABB IV. US3 lNftOCBNTV1J. 1606 « ADBMXIV. it<4 OR660m)!XU. 1406 ALBIAITDUni 1159 déposéen. <4e< LUCENI. flot AMXAttBMV. 1409 CBBAMüI. lias iaeN XXNI. t4l0 0!tÉemnB VIn. en. l187 déposé 14t6 Ct.~M9tr[ nI. fi89 MAllTlN V (Cotonna). t4<T C4L1!11TIH ln. flot zuaîm IV. 148. INNOCENT m.t. l188 F~LIB V (Améd~eda 8av0ie),8H_ BONOB!1J8 1Il. 1216 ~papadaMncttedeB&te. <4M-t44& l449 1227 McotASV. Sa6eotBEtX(tfgeMn). JBmpel'e1U'8 roDÍa1D8 A·d®etden>t. Hotvoatns, fl1s de Théod~e' 895 urnes 8$v§RHII(. JEAN.te secretaim. 423 interrègne, a sa mort, teM67. VALEOTmtENm.MBBind'HoneANTIIIÍM!V8.

4et

PÉTM!<SMAX)ME,eenateor. AYITUB,Pa6tanP San10i5.

412 &!4 Q9S

4St GLYC4IUUS.. 456 jnMnsNEtOS. b47 RousrLU9 ADOneTpLE.

461

lBmpel'e1lH8 >qaieon de ThéodoBe s Aacrstuus. ?aÈ)D9SBN.

~'F9rleral. u~cIHN. StR Maim Thrace s 408 L~OrtI^e.e

4s0 4s?


PAPES, EMPEREURSET ROIS.

579

Won H, son fila 474 (:01lS'I1ltIl'tIN x DncAII. )M9 Zésan l'Ioaubibm, son gendre. 474 Ela Wttve BopojttE et ses 6ts, dont ANA&ÏASE ,491 Un CONSTAttTtttXt. <M7 l IOUAIN IV DIOGIU.'B,1ilsdeRomain Seconde maison Thtaoa » SOC8 AfeyK. 8)8 nioust JUSTIN 1" I fil¡¡ de ConPA1\APINAQI!, 827 JusïiNIEN Iw, son doïou etantin M M7t S8S i~enx Justin II, navau de Justiuien joie il 1081 princeo, do il» Tidèrb «sa Mauiuck Maison des Comn4neai 603 ylLliXI8 1°~ paocâa • h," 10SI fe~N. ffl8 Maison dea Héraslidea t iHANt))! 1143 HÉnAcnus 610 tkultonte 1" U83 CONSTANTIN 641 HÉHACLIUB U ISAAa t'At)6S. l185 HÈBACI.ÉONA8 641 J Luu1sIU L'ANOB,Bonfrère; nantConstantin m. 668 «95 «85 f patenr. JDSTINIENH. noavean. nos IsaAc 11, de Déposé deux fois, 69s, 608.Mort LLaXI8IV, avee son père base il. Mo4 111. Anarablo trois princes de 511 ] DUC" ?4'URTZUP»Iàl, \I1IorpatollÍ'.1204 à «T. Renversé par les chevahere de Maison Isanrienne s la quatrième croisade. ÏI7 t&OH III L'ICONOCIASTB. m Empire latin, de ta04 à titet. 741 Constantin IV Copbonïme. Maisons françaises 775 IÉON IV CriAZAIUÎ de Flandre. l201 1 BA1100Ul1l1e" Y. 780 CONSTANTIN fière. 1203 Emm, son 797 j 1RÊNB,sa mita, dès 780, seule. 802 Pimu de Conrtenay, leur. beauHIGÉPHOBB. MiS Mte. Deux princes, de 811 à 818.. 1219 ROBERT.1ils d e PIerre. J.EONV l'Arssknibn. 813 ·· de Robert 1228-t2et BADOO1JJl'l II, frère Maison phrygienne: Issit DBBRIENNI4toi titulaire de 890 MlCHBL HLE BÊODE. jermatem, tnteM de Baudouin. 1229 829 TBÉOPBILB t23i à 1237 :empereur, de. ?9 Michel Ut i.1vboone Empire ftmi recongitai par MaisonmaoWonlenne 1 les cooqt16tesdes Orem de la SOT maison de tamaris, 6tabU A BàBita I". ib 888 VI Philosophe IiÉon 1dc4ez 911 ruBoDOlIB10', depuis. CON8rANTINVIPOIU>BYnOaÉNÊTK. iM6 Romain I«.I.écAPÈr(K, Arménien, 12211 !MNDDOMVA<AOS. avec ses fils, dont an Constan1255 TmSODOBS U. M» dsert tin VII encoreEnfant et LASCA1UII, CONSTANTIN VI, de IHHMtMUl.. i 945 tm nom duquel MICHELpatio959 Romain Il La Jeune, BonSis M9CB prend Conetantinople. 12Gt 9«S PBOCAS, NICÉPHORB 1 Maisondes Pateotognee 889 JOANZlMISCÈS.. ». 1281 MMBMBasile II et Constantin VIU, pe> 1282 ANBHOMOU. 976 ilte-flls de ConstantinVI IS28 AUDROMO 111 romain m Ahgyre, mariéazaé, '!4t iffl 1 Mie de Constantin VIII 10» dsex GAI'I'1'4CUzèNs, nsurpateur Deux antres maria de Zoé. 1034-1042 t347 f955 de. ZoÊetgasœupTBÈODonA,avecun MM CAttTAOCZ&ttE. MAMMBO mari de Zoé, Constantin IV, fssa 1048 lBAI'I 1" seul. Monoraaqoe l891 THEoDOBABenle.de- loik b tos6 1IIAN1IBLIL. 142S 1096 dabte IL. Michel VI Mfe. i44t son IOiT CoNSTAII'tINXII, toiAC Comnène. • Chefs

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asanesnaffe. floprals le dixième etèele. 985 WALDSM.U\1", dit T.9 G1\4t1D, 10i4 sow. VI. 1l82` .U57 IOJ6 ItAtnIT B4BD ItAtlDT. II LBVICTOBJBlIX. '2(12 J4AGN1J8DBN01\vt"; LIS BON. 1°'2 VALDBMAR 12U £IIICIVPBOOPI!1'Il'IJ1'IO. MaIsondes Eatrllhidos: ABN.M lo4T SuÉN01'l CaalgROPHB. !« SD$NON. 1080 a2se H. BsaoR iVüïSÂin: l088 Eatc 1320 BON OLt~ Lis LB C1I1U8TOl'BB n. !!05 v~DBjMR 0! talc m Lit BON. i~ 1376 NtOOLM. py~p 1316 DlC US4OLAP. 1137 <4ta, MA1\GUI!lUTE. Unau.~81" o. U4! ~D._v.I. _on. lU 10 auÉNoR E!4111'1DSO! Ilaponrcompétitoara9aidamae M.is..d.0!d~ d'OldeJJhOllrg St Maison .tM~ 0\ KannlV. lise CBlUSTI41'II", ~i de Danemark81 l~~t de KANUT V iéta8 de U51 Nett~e. de SVÉNON 8uDt01l 1"

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PAPES, EMPEREURS ET ROIS.

581

SMMBBVn. tl94 4MAUT l2Sb '2611)AU't N. j3M BENI\t 1" t270 1214 JEA14N]4 l~ PllllJIo'l'B La BEL, roi de Frnnt:9.. f284 Idem {305 j Mme M BIITlIII. isi8 JHAR 1" PmLIPl'l! LEt,t)NO,H)tdaFtM09. <M9 CIlABL£8I" tS1I2 JSAflNa n. t~8 l'ltf1JPPB O'ËVMM. f828 ISW CahutEs 14 La Mâuvau CBA8LBS Ul t888 Tif.sNGne. 14U JMNn. 1425

FF.aDINANDII roâ de LéDn. Atj')!MMVNJ,C)BdeSAt)0]tE!n. AtpnoNSBtX,6)9deFSM))NANDH, roi de Léon HsNa1 I~ FBMtHMC roi de t:astillo, Ht. t9t7, et de Mon, en 1230 ALI'HONSBX,WSAOB,001221. SANCRBtV. FBBDtNANBtV. ALPHONSBXI. Flsnaa LB CIItJEL, 00 i83: H8NDIIL JEAN 1" BBNIU DL. 'BAlI IL.

11111 à2sa tM4 1295 <3ia isso 1369 1379 1390 1406

Royaume des Asturies, d'Oviedo f4 de Cumlea P$6A61i. FAVlLLA. ALPHONSE lU, Lu CATHOLIQUE. tpnf.tT.&tM A~J~ 4\vaWO.

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bJAUllEOAT. 1IB1UI11D8 ID' .u.PB01'l8B U;'iB'êwü" .MIIUI .2 OnD00NO 1er 4itOPn01'lSB ui;ôüiJïGiWiD: (¡:AtlÇ1A81-

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SANCBB RAMIIIEZ, roi de NavarJ1!, 7S' PnlBBBI",roideNavarre.1094 739 ALPHONSE ALPHONSB t'r0t 1", roi oe de Navarre. 1104 957 !MI1. i)34 757 RAIMOND BÉ1IB1'IOBB.. US7 7fi8 p~aoNtLta. 78S AU-BOMBU. )i6t lf87 788 IL. U96 PlBBB8 791 JACQUES on lAnt8 1" 1213 8' PNNtBnL. lu MM 1285 850 ALPHONSE

866 i29l 910 iàcqu£a IL JACQUESIL. 1291 92S PŒIIHB IV. 1336 FaOIU IL Momtn. 9:; JEAX 1 i3M .Ati'n9NSa IV. 927 1395 II liS FBUDINATID1 4.. lS95 Ó,1\!)OGNOnI. 1150 ALPBONSBV.1., 1'16 955 S"Çnc ibr, La 01103 RAMtm m. 967 Royaume de Portugal SInuIÚ1IS If. 982 JIBNI\[ DB BOU1\OOONB,comte de da 4II1'BOI'ISB V. 999 POrtugal. 1095 l1\DU1t1J¡B m. iM7 AMaottszl'totenti39. ma t~aMMM) f SANOHB snccMe, en Cas9185 de ..dji8, d SANOIIB Lu aam, ALPHONSE M.J.. Mit 'Naqne, et devientrol de Léon, SANCHB! 1223 la mon de lexamuns 1114 AMHOMsm.I. J2488 1M! MM DBXY9. 1270 1065 AMHOM~IV. 41.PJIORSBVir roi de Léon. 1395 tiAaCtA9, P01 ae (181iCe 1065 ptEBmi"<3M 1066 J1BIIDflfAND. 1899 t nés 1885 jMt<jM)~gMt,!M3,mt. AMBOttSEVU. if29 1bouAnD 14S3 SANCBBW,1'01deC'astli!e.II57 AU-NOttSEV. t4M

ssola de ffranee; 4. MJroWngtenB1 CLODioN MÛRoyisB,son parent CHILDERIO I»» CMVta. fcaptteâen

ses quatre 91s t 428 Tamnar l", à Mate. us II a an fils, Tilkodkbert &*56 un petit-fllS, THliODEBALD 48i ctoDOMm.àOriéans. m Chodbbbbï, 4 Paris

s» 584 548 su ois


582

LISTES

CHRONOLOGIQUES.

511 CnAJUEMAONB seul 77t CLOTAinBl",&8otaaons sou Destruction da royaume de Bouc» empereur • 814 gogae, 134 mort SLOTAIREI", 80ul. LOUIS 814 LE BÉBONNURE SS8 à SSt Ses quatre (Ils: Ombles LE Cuauvjs. sis Siobdbrt tl, en Ànstrade 56t Le traité de Verdun sépare la Sambbrt 1er, à Paris set francs du autres Élata ciriovin853 Sontiun, a Orléans et en Bourgions 561 Louis II i,b bè«uu pagne. en si CiULPênicI", & soisaons 6 Luoism et Carlojiam, ses ate. 81» Mort de Caribert 667 Mort de louis 88* dflSlOEBKRT 567 Mort de CABLOMAN 884 de CiiiLTÉaic 584 Charles II LisQnoa, de Souabo.. 884 de CONTRAN 593 887 déposé. de de Paris et duo Ciuldebert, fils de Sigebert et de comte Eudes, SIS France, rui.. Branchant, en Austrasie 887 en Bourgogne. 593 Charles III, La Simple, fils de mort. 598 Louis II le Bègue, son compétlSes deux gls • • 898 teur, seul Asa mort.. Theodebeht H, en Austraslo, de 822 d'Eudes. Bobbbt, Irère 598 à en îuoUL.dao de Bourgogne, gendro THffinar II, en Bourgogne, de de Robert. 838 618 Charles lb Simple, deux fols dé69a a Clotaire III, fils de Chilpérlo et 9S9 posé, meurt en captivité de Frédégonde, de Neuatrie. 184 Louis IV D'OUTflE-MEti, son fils.. 936 Mort de Frédéoondb. 9544 587 on 598 Lothairb, ttlsdetoulsIV. 6tS l0WSV,LBF*IHÉAJ|T,fil8dSlK)deBWJNKHAOT 613 à 628 086-B8» thaire. CLOTAlBBlI.seul Ses deux c:apél1eJss 628 DAOOB8RT. fil" d -"ft H^^CAœT,dnedeFfanee,ffl8 6S8 SmSTVenÀnstrarie' *« le Grand d'Hugues CLOvralI,enNeustrieetenBonr. 958 BoBKBTntBSABiT •*••?. 638 aatma.. jo?i gfwi" 656 t«c5>T*iBani J06O ••• *>CliILDÉBlCn «56 PBlUPPBl" H08 aaôs. 67S ~m$ sa 'l'DIBB1\Yln. •••*«" 674 LomsTOt8lE»SB Daoobebt II, on Austrasie 69i PHIUPPBII àUOUSTB.1180 CLOVIS III i2u, 695 LOCMVHIMUOK. .CtnLDII8BUT 111. LOB» Loms. 1M6 711 K, SAINT DAOOBEBtm. viauetïiuixmam taro. ne c5L*Éaron. .«8» 717 PBlUPPBlVusBst CLOTAinnlV. V. 720 saatraiafilsi 1 THIERRY Vacance de m à 74a., Lomaismnm 1814 742-7'f'. Cmu,ÉH.cin, 742-75^. 'SSâte^stoumedeloùlsit; (Jus 1*- fb poubumede Louis X, II. Carlovingiens 1316.) 1318 Philippe V LBLono. Maisonaustraslenne qui a grandi 1323 la lb Bel.. avec Pépin d'Héristal, depuis Charles IV Charles de bataille Testry, 887; J, Branche des Valois' Martel, depuis 715; ses deux fils, f^ ï. llfo Carloman et Pépin le Bref, depuis U511 BON. JBAN JI I8 ?1It. iss* v saôe 762 Charles La Pépin Lu Bref, roi CUARLBO VI Là BUN-Aimd 1380. CdaLOMAN8t CHAHLBMAaNB, 1422 Vu La Vlaroaœux. caaecsa '68 lUs. bsoJs de la erande-anretasne.

ABgleteSfe. vers.. Bobebï réunit l"Hep»areUe ÉtHELWOLP ÊTH8LBALD V êïHBMEBT.

827 BTHEtUBUT «enl 838 ÈtBBLBBD 857 ALBREDM GBAtlD t'AKCIBN 857 ÉDOOABD

860 J68 8JJ 801


PAPES,

EMPEREURS

ET ROIS.

ATDEWTAN 985 HENm III I». 941 BDOtlAnOl" KDMOND ÊDOOABDll 1307 EDBBD. -846 958 EDOUARDIII ËDWt'. 957 Richard H, son petit-fils EDOAHD &£»% » M*BT™ "|978 Brancha des Laneastres EjHEtaEDlI HBNBI1V HKNni Princes danois t SBÈNON 101Î HBNBIVI StHBlRBD II, de nouveau. 1014-1016 *~™ lois soosse. '.Kâkiit us Ghand BDHONDH.filsd'Èthelred, 1016à 1017 Guillaume II 1039 AI.EXANDnE HAJIOLDÎ" 1039 ALEXANDRE III HARDY-KANUT Restauration anglo-saxonne:i 104* wS^S^^V. ÊnoUAnDLE Confesseur *Sîn~3i OWde 1066 1066 awoi.D.oiadaoodwii. Rs?^-BRiœ ROIMT lep BttUC8 David H Bmjcb Dynastie normande GOTLLAUHB L8 CONQUÉRANT 1066 EDOUARD BAUJOL. 1087 déposé. H le ROUX GOHXAUME HknrtI"' 1100 David H rétabli. firœSHEOBBtow 113S Maison dssstnarts. • Robert II Maison des Plantagenets: 1194 jEANRORKnTlU HERBYII. 1189 COEDR DB RICHARD LION jACQDESl" 1199 jaoodesII Jean 8AH8teube. Bols Ï.OstMtmtha s TIŒoOOIIIO. AtM'.ABtC 8tl.DBllALD. NMmo. TMMA. 'IL jambards. Principaux rois t ~°~ CÍoII1'H" PUde $84 J'(IIs jU8ÍfI1'en,84. ARNULF, OtaABM. l'BIl1'llA1UT. emMOAM. PsHTHAMT,de nonveau. Á1II8PIlAIlfD. t.mrMA"B. 1l4TOHIS. AMOtMB. 1)¡nŒJt, dub d'Istrie.

58$ 1316 1271 ISÏ7 13)7 V

1S99 1413 1422 1168 1214 1249 lmi îoôa \IZ 1306 1339 1332 134a 1343 1371 1180 1406 1437

d'Italie

DL Francs aarlovingtens s 714 4118 CmmMMAtMi.ratd'itaUedapnis. 9at Ma P~rrn,aon '91â. 19 810 AS4 8111 5s8 LOU18LB DÉBOK1lAlBB. 840 640 LomAIBB. 855 t4t LOU18n., 875 âti CHARM6MCHACVE. 877 6M CAaLOass»,de 8avière. 880 CI1AIILBSLB OROS,de SoUBbe. nr.R.bdaMpoq..Mod~! MB 568 888 o~~adespoËS. 888 57S BÉRBNoBR, duc de Friool. LAMBERT,IiIs de Ony. 8111. roi de GerÕ\aIÚe. 898 Me <!4 toms,MtdePrevence. 591 1\ODOLPf1B,roi de Honrgogne Me 92t trenI\ÎUf8ne. 8611 HUOU88.comte d'Arles. 1126 est tomAtM.soaOb. 947 671 BÉBBNOBII U, marquis d'Ivrée, et 9~2 800 fils ADALBBRT. 858t 712 La royauté d'italia est prise, '44 dès 951, par le roi de Germanie 749 Othon 1-- Il ut couronné empe~ 766 reor en 862.

i 1IR01ode Hmptee. Noimands: daedePooMeea. 8lomTGUI8\fARO arrive en Italie 1\00811, idem. en. 1048 OomL&cME,Mem.

1057 1085 titi


§84

LISTES CHRONOLOGIQUES.

Frangainde la Maison donjon: tMO itot 'CllARLB8ID' l2od t9M itptrdtaSioite. ft2i t~8& CltAnLE8 1130 roi des Denx-SiBonBlW.13896MUACME 1". 1154 IBA1'IN&1'°. "H", 1S4$ UN Ht. CltAllL88 Ulli c3mr.cenats;l. tste LADtSLA$. AllemaDdâ~ de la MaIsDD de Mt ~BAMtBH. Sonabe: t 189 CEUM1--(n'au Aliemagne) ¡ YMIDÉRIC leu (II, enAilamagar).. t t97 Aragonats 12W AI.1'tlOlf8B1. roi d Aeagonet de COMtAB. t354 Sldle depni's i4M. tm de NaCOP7AADIN. 1~j¡.' MAN1rIBD.o.o.2$8pies. Ro9SB!Mmted6SMta. noena Il ldéin duo de èouiue.. i..

Imola IRQ1 81e11e. t3?? iM9 Ai®Rls. Pl~s (lII, 9n AragoD). i3M-t4(~ MARTIN le. t1l8S tB tem)B. JAO(Iroë8. 1'196 U"vn Il L'ANCŒlf,son père, FaBoËIUo10. i33S PMRB Il ddj8 roi d'Aragon.1'6unlt. l892 A sa mort, la SiaiÎo & 19~j Loms. MM FBÕ4roca. f4P%·, à 83 mort la siët\e à 1'1 BOI& de JI ràmmlem. tÜ8$ liup ibis H!St6NMt. père de 811, OOD1WI10Y1IB BOUILLON. douin V. "0" tl8(¡. BAUDOUIN tor,lIOnfrire.U09 JéraMiem est prisa par Sala-. natmouiff 114du BaII11r,son couneT M,4. US8 dia de J'Ol1LQU1!8d'Anjou. gendre Ro3stltnlnires: MM B..a~~ tt6<L 1142 COttMBdeMon&n~t. BAUDOUIN Ut, fils de Foulques iMt tt#2 1181'1ntdeChampl!3lle. d. Amuniit, fmre de Baudouin lu. 'if97: li7a /tMAVilin de Ltisignnn. Haronomri IV, lUs &Amurl lBANDU J3lUf1f'INB.11110. BAUDOUIN V. ne d'âne fille d'AiM5 `1185 Fa&t~tnondeSeaabt. maur4 a ~9mrea.

ffltum 9)nmMt,&n!)'deBythMe,!Mmrt en. OMHAN.Stdtan. AMC&4TI" 86deaBT E°·

SOLtMA1'l:ter.I'O, t~b 1If1/8A. tus iumomt 1 l880. AMV1\A'II IL l888 bufflust u .t;}~~

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TABLE DES MATIÈRES. (395-687). LIVRE I,– L'INVASIONGERMANIQUE Chapitres Pages. nu ETDUMONDE BABBABE ËïAT HOIIOB ROMAIN FINDU S. AL'A PBNOTRE ÈRE.– Fin des temps anSIÈOLB QUATRIÈME eiens. Nouvelleforme de l'empire romain.– Hiérarchie civile et militaire. Régimemunicipal: curiales. L'armée. Etat Impôts. Etat des personnes. moral et intellectuel. L Église chrétienne. Les bar1? bares.– Peuples germaniques. Slaves et Huns. Pbbmiêhe période ce iSinvasios (375-476);Alabic, RAH. Premier ébranlement des paoaisb, Genseric, Attila. barbares avant la mort de Théodose.-Division de l'empire à la mort de Théodose (396) Alario et les Visigoths (395-4)9); la grande Invasion de 406.– Fondation du royaume des Burgundes 413), des Visigothset des Suaves (419).– Conquêtede l'Afrique par les Vandales (431).– Invasion d'Attila (451-453).– Prise de RomeparGen3érie(465)-,fiodel'empired'Occident (476). 34 JO. Seconde pémode db l'invasion; les Francs, les Ostrogotes, les Lombards et tss Anglo-Saxons. Second Iran des barbares germains qui réussissent à fonder des États.– devis (481-511).– les fils de Clovis (511-561); de la Burgundie (634)et de la Thuringe (630). ` conquête –Tîtéodoric et le royaume des Ostrogoths en Italie (493626).– Lombards(568-174}. Fondationdes royaumes 4$ anglo-saxons(455-684).. JTV.• L'Empikbobeg/db408 A 705; béactioh êpbémêbeses eu= DECOKSTANTINOW.E LESEMVABISS80B8 PEBEURS qONTBB 6BBMA1MS.Thêodose I!, Marcien, Léon I°\ Zenon, - Anastese, Justin I" (408-527). -Justinien I" (527-566). ^Guerres contre les Perses (528-533et 640-562).– Conquêtede l'Afrique surles Vandales (534); de l'Italie sur les Ostrogoths (535-563) acquisitions en Espagne Justinien: Code (558). Administration intérieure deMaurice et Digeste. Justinien It, Tibère II, et Phocas décadence (565-610);Héraolius(610-641); profondede 62 6? Pempire greu To i'ÎRVAOION BÉSDUâB DANS LESFBÂRGSV ORARGEBMANIQIIS DES P OISDÉCADEBOB MÊBOVIHOIENS BBOT, (561-687). Puissanca des Francs mérovingiens; caractère nouveau


S86

TABLE DES MATIÈRES

< bapilMB

Pagea da leur histoire.– Clotaire I«, Frôdégonde, Brunehaut. -Clotaire JI seul roi (613-628). DagobertI» (628638). Prépondérantdes Francs dans l'Europe occidentalc– Mœurs et institutions apponéas par les Germains au milieu des populations vaincues. Lois des barbares. –Affaiblissement de la, royauté;rois fainéants; maires du palais. Lamaire Éhroïn (660)et saint Léger; hataille de Testry (687). –Hérédité des bénéBces. UVRE II.

VI.

VII.

74

-L'INVASIONARABE(622-1058).

Mahometet l'empire des Ababbs (622-732).– L'Arabie et les Arabes. Mahomet. L'hégire (632); lutte contre les &>réiscbjtes (624); conversionde l'Arabie.™-LeCeran.– Les premiers khalifes de la Perse et de l'Egypte; conquête de la Syrie (632-640).– Révolution dans le klialifat. Dynastie héréditaire des Ommlades (661-150). Conquête de la haute Asie (707) et de l'Espagne (711). 91 BÊCADENCB ET CHUTBDB L'SMPIHB SES DÊMBMBBEMENT, Ababbs (755-1058).– Avènementde3Abbassides(750)et fondation du khalifat de Cordoue (755). Khalifat de Bagdad (750-1058). Almanzor, Haroun-al-Rascbild, Al-Mamoun.–Création de la garde turque. Décadenceet démembrement du khalifat de Bagdad. Afrique khalifes fatimites (068).– Espagne; khalifat de Cordoue.™ Civilisation des Arabes. U3

L'EMPIRE CÀRLOVINOIENOU TENTATIVEPOUR UVRE m.– L'BDROPE ET CHRETIENNE ORGANISER GERMANIQUE (687^81$). VIII.

&

Les haihes d'Adstrasib et LApafauté,od efforts poub METTRE DANS L'ÉTATET DANS L'UNITE L'ÉOIJSE (687-768). d'Héristal Pépin (687-714). Charles Martel (715741); la famille carlovingienne reconstitue l'État et le pouvoir.]– Formationde la société ecclésiastique; élections hiérarchie; puissance de l'épiscopat. Moines; monastères; régie de saint Benoit. Le pape saint Léon; Grégoire le Grand. La papauté s'anjranchit de la souveraineté de Constaatinople (726), mais invoque 129 l'appui de Charles Martel.– Pépin le Brof (Î44-768). DN1TÊDD MONDE l'ÉgUSE GERMANIQUE; CtlABLEHAONE; l 'État et DANS (768-814). Réunion tentative d'organisation de tout le monde germanique par Charlemagne. -Guerres contre les Lombards (771-776). Guerres contre les Saxons (771-804). Guerres contre les Bavarois S'88), contre les Avars (788-798)et contre les Arabes 'Espagne (788-812): étendue do l'empire. Charlemagile, empereur (800). Résultats de ses guerres. Gouvernement.– Uevail littéraire Alcuin 141


TABLE DESMATÏÈKKS.

58?

DE L'EMPIRE CARL0VING1EN; LIVREÎV. CHUTE NOUVEAUXBARBARES(814-887) Chapitres Pagoa pasu ET LETRAITSDEVESTON X. tODISLBDéBOHHAIHB (814-843). Fragilité de l'œuvre de Charlemagne.– Louis le Débonnaire (814-840);sa faiblesse: partage de l'empire. Révoltes des fils e Louis le Débonnaire.– Bataille da Fontanet (841); traité de Verdun (843) 163 DEL'EMPIRE CAKLOVINQIBS ROINBDEFINITIVE XI. (843-887). Déchirements intérieurs; vains efforts des fils du Débonnaire' pour reconstituer l'empire. Démembrement de la royauté; hérédité des bénéfices et des offices.– Louis le Bègue (877), Louis III et Carlomait (879), Charles le Gros (884) m AUXNEUVIBMB BTDIHÊMB LATBO1SIÊME SIÈCLES/ XII. JNVASIOS, Les No.thmans en France. Les Northmans-Danoie en Angleterre. Les Nortbmans dans les régions polaires et en Russie.– Les Sarrasins.– Les Hongrois. «–Différence entre l'invasion du neuvième siècle et les 180 précédentes. UVRE V.– LA FÉODALITÉ,OU HISTOIRE AU DIXIÈME ET Au SORTIS DE L'EMPIRE CARONZIÈMESIECLE DES ROYAUMES XOVINGIEN. Xtfî.

XIV,

XV»

FRANCSet Anoistehbb (888-1108);Abaissembht DB LA DBLANATION; ROTAUTB MAISGRANDEUR CONFBANÇAISB, Lutte d'un siècl (1066). QUETE de i'AHOLETEBBB entre lesderniers Carlovingienset les premiers Cape-! tiens,– Avènementde Hugues Capet t (987). –Faiblesse de la royauté capétienne; Robert (996); Henri I" (1031) Philippe l" (1080).– Activité de la nation française.– Chute en Anglete.rre de 2s dynastie danoise (1042) Edouard le Confesseur, Harald (1066). Invasion française en Angleterre.– Bataille d'Hastings (1066).– Révoltes des Saxons avec l'aide des Gallois(1067) et des Norvégiens (1069).Camp de refuge (1C72) Outlaws. 19fiSpoliation des /vaincus.Résultats de cette conquête. L'Allbmaghe et l'Itaub (888-1039).Renouvellement DB l'empire DBChaelbmagne PARLESbois allemakds.– Derniers Carlovingiens d'Allemagne.– Extinction de la famille carlovingienne en Allemagne (911). Élections de Conrad 1" (911) et de Henri l'Oiseleur (918) grandeur de la maison de Saxe. Otton Ie" te Grand (936); sa puissance en Allemagne: il en chasse définitivement les Hongrois(955).– Etat de l'Italie au dixième siècle. Ottonrétablit t'empire (962). OttonII, OttonIII, 21% Henri 11(973-1024)et Conrad II (1024-1037). Commencement du régime féodal. LA féodalité. Obligations réciproques du vassal et du suzerain.


588

TABLE DIS MATIÈRES.

Chapitras

XVI.

rage* Féodalité ecclésiastique.– Sérfe et vilains.- Anarchie et violences;- "affreusemisère des manants- quelques ~j résultats heureux. Tablaau géographique de l'Europe féodale 925 ·. 1a cryms/moN DUhbovièmi?ao dodeiêmbsiècle. Inutilitô des efforts de Charlemagne en faveur des lettres. --• Seconde renaissance après l'an 1000 -Langue latine. Chevalerie, ArchitecLangues vulgaires. ture .? m

UVRE VI.– LOTTEDU SACERDOCEET DE L'EMPIRE (1059-mO). LA querelle DESinvestitures (1059-1122). Toute-puissanoe de l'empereur Henri III (1039-1056). Efforts d'Hildebrand pour régénérer l'Eglise et affranchir la va- x pauté; règlement de 1059.– Grégoire VII (1073). Ses" vastes desseins. Hardiesse de ses premiers actes. Humiliation de l'empereur (1077).– Mortde Grégoire VII (1085)et de Henri IV (1106).– Henri V(1 106).Le concordat de Worms (1122);fin de la querelle des investitures.. 261 XVm. Lotte Dal'Italie ETDBl'Allemagne (U52-12M)). Trois périodesdans la lutte du sacerdoceet de l'empire. Force de la féodalité allemande; faiblesse de Lotoalra II (1125); les Hohenstaufen (1138). Morcellement de i. f Italie; progrès de.la petite féodalitéet des républiques.,(. Arnoldode Brescia(1144). Frédéric I" Barberoussa (U62hmine de Milan (1162)îlallguelombarde (1164); • paix de Constance (1183).– L'empereurHenriVI (1190); Innocent 111(1198); Guelfes et Gibelins en Italie.– Frédéric II (1210-1250).Secondeligue lombarde (1226). –Innocent IV(1243) chute de la domination allemande ,) en Italie (1250) 2TI' XVII.

LIVREVU. XIX.

XX.

LA CROÎSADS(1095-1270).

·

`

"L.~i~ <

La première croisade AJébbsalbm (1093-1099).– État du monde avant les croisades l'empire grec.- Pierre l'Ermite, le concilede Clermont(1095) et les premiers oroiM sés.»- Départ de la grande armée des croisés (1096); siège de Nicée et bataille de Dorylée (1097). Siège et A prise d'Antioçhe 11098) défaite de Kerbogâ; siège et prise de Jérusalem (1099).– Goctefroy,baron du Saint28? Sépulcre.Organisationdu nouveauroyaume. lE3 DBBmÈaSS CHOISADES EN OHIENT,BÊSULTATS (1147= 12Ï0).– • Deuxième croisade(1147).– Prise de Jérusalem par Saladin; troisième croisade (1189). –Quatrième croisade (1201-1204).– Fondationd'un empire à.Constantinople (1204-1261)–Los quatre dernières croisades


TABLE DESMATIÈRES. CJfspiires

58$ Pages

en Orient; les Mongolsde Tehin&his-Shan.–Septième et huitième croisades (1248 et 1270).– Résultats des croisades en Orient 800Les croisades d'Europe KX1. Les crqisaobs d'Occident. l'ordre Teutonique (1230);conquête et conversion de la Prusse, de la Livonieet de l'Esthonie.-Croisade contre les Albigeois(1208); réunion de la Francedu Midi à celle du Nord.- La croisade espagnole. Ébranlement du khalifat de Cordoue au neuvième siècle; sa force nouvelle au dixième, sondémembrementau onzième.– Formation des royaumes de Castilleet dé Léon, de Navarre et d'Aragon. Prise de Tolède (1085) fondation du comté de Portugal (1090); le Cid. Invasions des AUnoravides(1086)et des Almohades (1146).–"Victoire de Las Navas da Tolosa (12JO).Les Mauresrefoulésdans le royaume de Grenade.– Résultats de la croisade espa318 gnole XXII. Phogbês se la. population ubbawk. Origine du mouvement communal. Communes proprement dites. Intervention de la royautéj décadence des communes. -Villes de bourgeoisie. Commencementdu tiers état. --Progrès de la population urbaine en Angleterre et en Allemagne.– Opposition du droit féodal et du droit coutumier 334. AUDOtJZIÈMB ET AUTREIZIÈME SIÈCLE. XXIII. LACiriUSATION Les voyageurs en Orient. Oppositiondu droit féodal et du droit coutumier. Industries et cultures nouvelles; corporations. État des campagnes: défaut de sécurité. Les juifs et la lettre de change.- Progrès inf v telleotuel; universités, scoiastique,astrologie, alchimie, sorciers.– littératures nationales.– Arts architecture 348 ogivale; DE LA FRANCEET DE L'ANGLETERRE L1VKE"VIII,™ RIVALITÉ (1066-1453). DEMVAL1ÎÉ; LESBOISANGLAIS PERIODE PERDENT XXIV. PSEMIÊRB LA DB FIEFS MOITIÉ LBDIiS FRANÇAIS (1066-1217). LoU'lS le Gros (1108-1137); Guillaume II et Henri I" (10811136).– Louis Vil (1137-1180)en France; Etienne et Henri II (1135-1189)en Angleterre. Abus de la juridiction ecclésiastique. Thomas Becket (1170).– Conquête de l'Irlande (1171); le roi de France soutient les révoltes des Sis des rois anglais (1173). Caractère nouveau de la royauté française au treizième siècle Philippe Auguste (1)80) et RichardCfeur do Lion (1189). «-Démêlés de Philippe Auguste et de Jean sans Terre; conquête de la Normandioot du Poitou (1204).– Querelie de Jean sans Terre avec Innocent III (1207). La 371 grande charte (1215)


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TABLE DES MATIÈRES.

Chapitres .pagCg pages. DELABOYAUTÈ DE PHIHPPBADOUSTE XXV, PaOGBÊS FRANÇAISE a Philippe de Valois.– Administration intérieure do " Philippe Auguste louis VIII (1223) et la régence de Blanche de Castille. Saint Louis sanctifie la royautés son ascendant en Europe; traités avec l'Angleterre (1259) et avec l'Aragon (1256).– Gouvernementde saint Louis; < progrès de l'autorité royale. Caractère nouveaude la politique, Philippe III (1270),Philippe IV (1285), nouvelle guerre arec l'Angleterre ( 1294) Renouvellement de la lutte du sacerdoce et de l'empire (1387-1304).– La papauté à Avignon (1309-1376). Condamnation des Templiers (1307). –Administrationde PhilippeIII; 389 règne de ses trois fils(1314-1328) ANGLAISES DEPOISLACONOBSXXVI. PB06BÊ3DESINSTITUTIONS DBCENT SIONDELAGRANDE CHARTE LAGOBBRg JUSQU'A ans Garanties stipulées par la Grande Charte (1216). Henri III (1216). Liguedes barons; statuts d'Oxford; le parlement (1258).– Edouard I" (1272).Conquêtedu Galles (1274-1284). Guerre avec l'Ecosse Edouard n Y -1307); Baliol, Wallace et Bruce. du 41. Ede 1307); progrès parlement Vil. LAguerrb Ds Cent ans.– Préliminaires de la'guerre de Cent ans (1328-1337). Bataille de l'Écluse (1340); affaires de Bretagne; Crêoy (1346)et Calais (1347).– Jean i la bataille de State (1350); Poitiers; généraux; Jacquerie; traité de Brétigny (1360). Charles V (1364); ; Duguesolin;les grandes compagnies en Espagne.-la • avec les recommence nouveau guerre Anglais (1369); système de guerre.– Wiclef; Wat-Tylur et le roi anglais Richard II (1377).– Déposition da Richard H et Y avénement de Henri IV de Lancastre (1399). Henri'V (1413). la France sous Charles VI (1380-1422);insurrections populaires.– Démencede Charles VI (1393); assassinat du duc d'Orléans (1407) les Armagnacs et les Bourguignons. Henri V recommence la guerre contre la France (1416).Bataille d'Azincourt,– HenriVI et ChartesVII rois de France(1422) Jeanne d'Arc (14211431). -4 Traité d'Arras (1435); Charles VII à Paria 423 (1436); fin de la guerre de Cent ans XXVIII.Histoire intébieurb db LAFRANCE bt db L'ANetBïEBRB DE Cent ams. Progrès du parleduhant LAouehbb ment en Angleterre.– État do la constitution anglaise au milieu du (juinzième siècle. France Progrès do l'autorité royale. Formation d'une féodalité princiàro par les apanages.– Développementdos anciennes institutions et institutions nouvelles. 46& ET LÊ3 AUTRES KTAT8 LIVRE IX. L'ITALIE, L'ALLEMAGNE EUROPEENSJUSQU'AUMILIEUDU QUINZIÈMESIÈCLE. XXIX. I/IïAmb DB1260A 1463. –L'Italie après la querelle des investitures; ruine de tout pouvoir ountval (1250).Man»


TABLE DES MATIÈRES.

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° Chapitres

rag»o> fred et Charles d'Anjou. Principautés dans la Loin» banlie; la Romagneet-les Marches. Les Hépubliques Venise, Florence,Gênes et Pise. Nouvelle apparition des empereurs allemands en Italie et retnur des papas à Rome.– Anarchie; les Comlottibres.– Eclat des letees et des arts Dante, Pétrarque, Boccaca 475. XXK. L'Allbmaonb de 1250 A 1453. Grand interrègne (12501273). Envahissementdes biens et des droits impériaux. – Anarchie, violences; ligues des seigneurs et des Tilles.– Rodolphede Habsbourg(1273).-Fondation de. la maison d'Autriche (1292). Adolphe de Nassau (1291) Albert d'Autriche et (1298).– Affranchissement de la Suisse (1308). Henri VII (1308)et Louis de Bavière (1314).– Lamaisonde Luxembourg(1347-1438)la bulle d'or.– La maison d'Autriohe ressaisit la couronne im-, 495> pénalemais sans y rattacher aucun pouvoir(1438). XXXI. Les Ëtats espagnols, scardînaves ET slaves. –L'Espagne de 1262&1463. Suspension do la croisade.– États Scandinaves, Danemark, Suède et Norvège leur rôle tout secondaire depuis les Northmans. Etats slaves puissance de la Pologne; faiblesse de la Russie. Peuples de la valléedu Danube les Hongrois.– Serbes, Bosniaques, Bulgares et Roumains. L'empire grée, les Turcs ottomans et les Mongolsde Timour 512 LIVREX.

DANSLES DERNIERSSIÈCLES LACIVILISATION DU MOYENAGE.

XXXU. L'Egxisb db 1270 A 1453. Signes avant-coureurs d'une, civilisation nouvelle.- La papauté de Grégoire VII à Boniface VIII.– Les papes a Avignon (1309-1378); ¡ schisme d'occident Jean (1378-1448). Wiclef, grand Huss, i, Gersonconciles de Pisé (1409) de Gonstance 645 (1414)et de Baie (1431) doctrines gallicanes KXXI1I.Les MTTtaATunEBNATIONALE8, l'industrie, LE coules Les littératures italienne DÉcouynHTKS. merce, ot française Littératures du Nord, anglaise, allemande et Scandinave. Littératures espagnole et portugaise. Renaissance des études classiques. L'imprimerie, la pointure à l'huile,' la gravure, la poudre h canon.

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