À nos jeunes filles. Lectures et leçons familières de morale, d'après le programme des

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Salomon, Mathilde. À nos jeunes filles. Lectures et leçons familières de morale, d'après le programme des écoles primaires supérieures de jeunes filles (1893), par Mlle Mathilde Salomon,... 2e édition. 1896.

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MATHILDE

à

SALOMON

nos

Jeunes

Filles

Paris LIBRAIRIE

LÉOPOLD CERF 12, RUE SAINTE-ANNE 1894






LECTURES ET LEÇONS

FAMILIÈRES

DE MORALE

PREMIÈRE ANNEE



A NOS JEUNES

FILLES

LECTURES KT LEÇONS

FAMILIERES

DE

MQ$/\LE '-,,[i'>QJ .'•le , programme D'après \{[\ j'' 'des Écolesprimairessupérieuresde jeunesfilles(1893) PAR M"K MAIHILUE SALOMON Directrice duCollège Sévigné Membre duConseil del'Instruction publique supérieur DEUXIKMB EDITION

PARIS LIBRAIRIE LÉOPOLD CERF 12 12, RUESAIN'IE-ANNE, Tousdroitsréservés



PREFACE

Il est plus difficilo, a-t-on dit quelquefois, do connaître son devoir quo do lo faire. Ce no sont pas pourlant les préceptes qui font défaut. Depuis quo l'enseignement do la morale a été placé en tôto du programmo d'éludés do nos écoles, touto uno bibliothèque do bons livres ont paru sur cetlo matière ; pour trouver des guides pleins do sagesse, maîtres et élèves n'ont quo l'embarras du choix et si la science du devoir n'est pas encore profondément empreinte dans l'âme de la jeunesse, ce n'est pas faute do tentatives et d'efforls auxquels des hommes éminents, quelquesuns illustres, ont attaché leur nom. Pourquoi l'auteur de ce petit livre a-t-il eu la hardiesse do venir après eux offrir ses conseils aux jeunes filles de nos écoles primaires et d'es-


l'M'FACE pérer qu'ils ne leur seraient pas inutiles? C'est qu'une longue expérience do la jeunesse féminine lui a appris, sinon à employer le langage qui la persuade, du moins à éviter celui qui, s'adressant à la raison seule, risquo do ne pas pénétrer dans lo coeur. Or, chez nos jeunes filles, rien n'est fait si l'on so contente do convaincre sans avoir en mémo temps persuadé. Rien do plus beau, do plus grand quo l'idée du devoir absolu, qui est parce qu'il est, devant lequel tout doit plier, qui commando impérieusement et no donne do ses ordres qu'une seule raison : il faut faire lo bien parco quo c'est lo bien. Mais les enfants peuvent-ils facilement s'élever à ces hauteurs? N'auront-ils pas un peu froid sur ces cimes ? Môme si vous lui traduisez les mots, uno potito fille comprendra malaisément « l'impératif catégorique ». Admettons qu'ello retienne la formulo, comme un verset do son catéchisme. Uno formulo doviendra-t-ello uno règle do conduite, des mots, si heureusement trouvés qu'ils soient, pourront-ils lutter contro les violentes impulsions do la vio ? Qu'on s'en réjouisso ou qu'on lo déplore, il est un fait indéniable : c'est lo sentiment qui mèno nolro monde. C'est donc l'éducation du sentiment qu'il faut entreprendre, surtout chez les VI


Vif PRÉFACE jeunes filles. Cette éducation est-ello possible? Le sentiment peut-il être réglé, en quelque sorte canalisé, soumis aux lois do l'austère justice ? Peut-on, en lui frayant uno large route, changer on uno force bienfaisante, lo torrent bouillonnant qui pouvait être un principe destructeur? On peut chercher du moins à éveiller la pensée, à faire réfléchir l'enfant sur sa vie do chaque jour, telle qu'il la voit, la sent, l'aider à en découvrir le sens en lui apprenant à regarder en lui-môme et autour de lui, montrer à la jeune fille qu'elle est destinée plus spécialement à soulager les peines, à répandre autour d'elle la douceur et la paix. Ni la science, ni les théories philosophiques ne sont nécessaires à cet enseignement; il y faut l'expérience, l'habitude de la connaissance approfondie des l'observalion, enfants qu'on acquiert quand on les aime. Car cet amour-là n'aveugle pas; il ajouto au contraire à la clairvoyance; nous no connaissons bien que ceux qui se sentent aimés de nous, parce qu'eux seuls se montrent à nous tels qu'ils sont. A ces conditions, la leçon do morale pourra devenir uno causerie où l'enfant aura sa part, prendre un caractère familier, intime, affectueux qui la distinguo do touto aulro leçon et dont le charme se reflétera peut-être sur les préceptes


VTÏT PRËFACE eux-mêmes. Prise dans la vie plutôt quo dans les livres, la leçon aura chance d'ôlre plus vivante, do pénétrer plus avant. Le bien et le bonheur, tout au moins la paix de l'Ame, vont plus souvent de compagnie qu'il ne semble à première vue. Si l'on arrivait à imprimer celte vérité dans lo coeur de la jeunesse, on aurait bien employé sa vio.


A NOS JEUNES FILLES

LECTURES ET LEÇONS FAMILIÈRES

DE MORALE

I MORALE DP.LA.JRUNK BOTDRL'ÉDUCATION PILLE.CONDI*. CONNAITRE TIONSDE LAVIE HONNÊTE SONDEVOIR, DELEREMPLIR. LAFORCE AVOIR LACONSCIENCE. L'AIMER, Mo* enfants, vous venez a l'école pour apprendre à bien vivre. Toutes vos leçons tondent vers ce but, plus ou moinsdirectement. C'est bien pourquoivous entendez dire qu'à l'écolo « on élevo » la jeunesse ; on la prépare, en effet, pour uno vie plus haute, aussi complète, aussi utile, aussi belle quo possible.A quelles conditionsla vie do ehaeuno do vous sera-1-elle complote, utile et belle? C'est ce quo nous allons tâcher do trouver. Toutes, vous désirez être heureuses? Voilàune de COJ questions dont on n'a pas besoin d'attendre la réponse. — Si l'on vous disait: Il existe uno sciencedu bonheur ; on peut approndro à embellir sa vie, la vio do ceux qu'on aime, avec quelle ardeur no demanderiez-vous 1.


A NOSJEUXES FILLES pas à étudier cette science, à vous on pénétrer profondément, à la mettre en pratique sans retard î El»bien, cetto scienceexiste ; elle s'appelle la morale et fera lo sujet do nos entretiens. Elle est fondée sur do savants principe;, sur des régies philosophiquesque nous n'aurons pas l'ambition d'approfondir; nos visées seront plus modestes. Puisqu'il y a un art do bien vivre, nous tâcherons do lo comprendre pour nous on servir ; pour y réussir co no sont pas les ressources qui manquent ; la grande difficulté est do savoir les employer. Chacune do vous, naturellement et sans la moindro étude, recherche co qui lui parait agréable, évite do son mieuxco qui est désagréablo, mauvais ; voilà qui semblo tout simple et no l'est pas autant à la réflexion. Pour arriver à co qui plaît, il faut passer quelquefois par un chemin qui no plaît pas ; la recherche d'un avantage, d'un plaisir peut imposer uno contrainte, un effort, uno peine. Lo proverbe populaire lo dit ; l'enfant mémo lo sait avant do lo bien comprendre. Si l'effort à fairo no se fait pas, lo bien recherché n'est pas obtenu, lo mécontentement se produit à sa place. Pour éviter uno peino on sera tombé dans uno peine plus grande No pas fairo l'effort qui monoau bien, no pas résister au penchant qui ontraino souvent au mal, co sont là deux côtés d'uno mémo faiblesse ; mais si la cause est semblable, les effets sont différents ; lo mécontontomont sera plus profond, plus douloureux pour lo mal causé quo pour lo bien non réalisé : entre les doux sentiments il y aura la différence qui sépare lo regret du remords. Rien do plus torriblo quo lo remords, cotte voix intérieure qui réprouve, qui condamno lo mal avec uno autorité souveraine. L03 souffrances qu'cllo infligo doivent étro intolérables, car on a vu des criminels so livrer eux-mêmes à l'expiation qui les attendait pour 10


BUTDEL'EDUCATION MORALE il échapper à cette voix, à co jugo quo l'homme porto en lui-mémo ot qui jamais no peut faire grâce. S03 arrêts portent sur toutes nos actions, mémo sur nos secrètes pensées ot quelles quo soiont les apparences de notro vie, ses côtés extérieurs, co sont eux qui mettent en nous la guerre ou la paix. Nous no pouvonsy échapper, quoi quo nous fassions. Invoquerons-nous, pour nous disculper de quelque faute, des circonstances qui nous oxcusont on apparence, mais non à nos propres yeux : « Tu mens », nous criera cotte voix brutalement, et la rougeur jaillira avec l'idéo du mensonge, serions-nous seuls, sans le moindre témoin. Si nous n'avions on nous-mêmes, grandissant avec nous, cetto notion du bion et du mal, nous n'éprouverions pas ce malaise intime et profond à propos d'actes ou do sentiments quo nous sommes seuls à connaître. Lo criminel no craindrait quo les conséquences matérielles do ses actions ; il no vivrait pas plongé dans l'horreur, s'il pensait rester impuni ; il n'aurait pas,'comme Macbeth, tué le sommeil. Caïn no verrait pas l'oeil implacable le regarder jusque dan3 la tombe. « Lo tigro, a dit Chateaubriand, déchire sa proie et dort ; l'homme devient homicide ot veille. » C'est qu'il est un homme, c'est-àdire un être qui connaîtla différenceentrele bienet le mal. Cetto voix do la conscienco, premier châtiment du mal, est aussi la promièrorécompensedu bion. Elle nous soutient dans les échecs, par lo sentiment de notro énergie, de notroforco; elle nous console devant uno injustice, en nous disant quo nous méritions mieux. Perdons* nous un être chéri, c'est encore elle qui soulage notre peine, si elle peut nous assurer que nous n'avons jamais manqué aux devoirs do l'affection envers celui qui nous Aquittés, do mémo que nos regrets deviennent cent fois plus cuisants, si ello y ajoute des souvenirs quo nous voudrions effacer. — Voulez-vousavoir la mesure exacte


A NOSJEUNES FILLES 12 do ce que vous valez,habituez-vousà l'écouter ; elle vous le dira. Vous avez donc en vous un avertisseur exact, précis, fidèle ; ses instructions pourtant ne vous seront utiles qu'à do certaines conditions. Chacun sait qu'on peut agir bien ou mal ; co qu'on no sait pas toujours, c'est distinguer co qui est bion do co qui est mal. Personno n'a jamais nié, depuis quo les hommes sont civilisés, quo les honnêtes gens aient à obéir au devoir; où l'on a différé, c'est quand il s'est agi d'appliquer cotto idée. Les mémos dovoirs n'ont pas été do tout temps placés au mémo rang. On nous a appris do bonno heure à aimer la patrie, à souhaiter sa grandour, à comprendro tout co qui lui est dû; mais quelques peuples anciens ont été sur ce point plus loin quo nous ; pour eux, lo devoir envers lo pays non seulement primait tout autro devoir, mais justifiait, glorifiait des actes quo nous réprouvons. Nous n'admettons Phomicido sous aucun prétoxto ; los Grecs ont élové dos statues à dos hommos qui, pour délivrer la patrie, avaient poignardé un tyran. Los Romains admiraient dans certains cas lo suicido : nous n'y voyons plus quo l'abandon do tous les devoirs, uno désertion. — Pondant do longs siècles, on a cru bion ponsor, bion agir, on haïssant, en persécutant ceux qui so séparaient do la religion générale d'un pays. Quo do bûchers ont été élevés par amour do co qu'on croyait la vérité ! C'est par charité que l'on a infligé tant do tortures, détruit tant d'existences honnêtes, utiles, parfois illustres, par charité pour los àmos! « On no fait jamais lo mal si pleinement ot si gaiement quo lorsqu'on lo fait par conscience » Co mot do Pascal oxpliquoles plus tristes pages de l'histoire. Quo la conscioncoait besoin d'étro éclairée des lumières do la raison, du savoir, do l'expérience, quo


DUTDEL'EDUCATION MORALE 13 notre sentiment intime du bien et du mal, du juste et de l'injuste puisso être obscurci, faussé par les préjugés, par l'égoïsmo individuel ou collectif, par l'ignorance, personno n'en saurait douter. Si vous voulez bien agir, cherchez d'après quelles règles votre vie doit étro conduite ot se développer; elles sont simples, faciles à comprendre ; jo no vous dirai pas qu'elles soient aussi faciles à toujours observer ; mais leur pratique seule donne la paix avec soi-mêmo et avec autrui. Uno dos premières découvertes quo nous faisons dans la vie, c'est qu'ello rcnfjrmo dos douleurs, un nombro incalculable do douleurs qui frappent, scmblc-t-il, à tort et à travers, tantôt sur nous, tantôt autour do nous. Nous n'avons pas à chercher la cause do ces souffrances ; ollo n'est, d'ailleurs, rien moins qu'aisée à trouver. Quand nous voyons dos mères perdre leurs enfants, dos petits enfants rester sans mère, nous no pouvons quo répôtor avec lo poète : Ce? clioses-làsont rudes. 11faut, pour les comprendre,avoirfuitses éludes. Mais si nous no comprenons pas lo mal, si nous no pouvons lo fairo disparaître, du moins est-il on notro pouvoir do lo soulager, do lo diminuer. Voilà un emploi do la vio, un champ d'activité plein d'intérêt : diminuer la souffrancequi accablo loshommos. Agir, chacun dans notro sphère, petite ou grande, do façon à rendro moins triste la vio do nos compagnons et la nôtro. Co n'est pas tout. La poino est un côté do la vio ; mais si nous avons commencé par l'ombre, co n'est pas quo nous oubliions lo soleil ; notro oxistonco ronfermo dos joies nombreuses, qu'il est on notro pouvoir d'augmenter, «l'épurer. La vio doviont plus belle quand nous nous mettons en


A NOSJEUNES U FILLES état do goûter, d'apprécier touto 3 les jouissancos qu'elle oflVo. Diminuer les peines, accroître los joios : lo programme est assez beau pour quo l'on tonto do lo réaliser, malgré l'immensité do la tâche, ses difficultés. Au lieu do so répéter : il y a trop do mal en co monde, on n'y peut rien changer, il vaut mieux graver dans sa mémoire cette pensée d'un hommo qui a beaucoup lutté pour la justico : Quotout soit bien ou mal, faisonsque tout soit mieux. Et d'abord, faisons quo tout soit mieux autour do nous, dans notro famillo. Regardez-y do près ; vous verrez combien los premières difficultésdu voyago à travers la vio sont adoucies, proportionnées à nos forces, et tout co quo nous puisons do beau et do bon dans lo sentiment qui unit les uns aux autres los membres d'une mémo famille.

CONSEILS. 0 mon enfant, tu vois, je me soumets, Faiscommemoi : vis du mondeéloignée; Heureuse?non ; triomphante?jamais. Résignée. Soisbonne et douce et lfeveun front pions ; Commelo jour dans les cieux met sa flamme, Toi, mon enfant, dans l'azur do tes yeux Metston ûmc. Nul n'est heureux cl nul n'est triomphant. L'heureest pour tous une chose incomplètej L'heureest une ombre, cl notro vio,enfant, En est faite.


MORALE BUTDEL'EDUCATION Oui, «leleur sorl tcis les hommessont las. Pourêtre heureux, a tous, — deslin morose!— Touta manque'.Tout, c'est-à-dire, hélas! l'eu de chose.

. is

Co peu do chose est ce que, pour sa part, Dans l'univers chacuncherche cl désire: Un mol, un nom, un peu d'or, un regard, Un sourire! La galle manque au grand roi sans amours La goullc d'eau manque au désert immense: L'hommeest un puits où le vide toujours Recommence Voisces penseursque nous divinisons, Voisces héros dont les fronts nous dominent, Nomsdont toujours nos sombreshorizons S'illuminent. Apres avoir, commefait un (lambeau Kblouide leurs rayons sans nombre, Ils soûl allés chercherdans le tombeau Un peu d'ombre. Le ciel qui sait nos maux et nos douleurs Prend en pitié nos jours vains et sonores. Chaquemalin il baigne do ses pleurs Nosaurores. Dieunous éclaire à chacunde nos pas Sur co qu'il est cl sur ce quo nous sommes Uno loi sort des choses d'ici-bas Kl des hommes. Celle loi sainto, il faut s'y conformer, iîl la voici, toute ûmey peut atteindre: No rien haïr, mon enfant; tout aimer, Ou tout plaindre! VICTOR HUGO.(Les Coiitemplattont.)


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A NOSJEUNES FILLES

II DANS LAFAMILLE. LESPREMIERS DEVOIRS RENDUS L'ENFANT NATUREL ET RECPROQUB FACILES l'AUI.'ATTAGUKVKNT DELAFAMILLE. DÉFINITION DELAFAMILLE. DESMEMU3ES ENVERS LESPARANTS DESENFANTS DEVOIRS ; LA TENDRESSE NEDOITPASNUIREAURESPECT.

« L'homme naît faibleet nu » ; les petits des animaux sont bien plus vite en état do subvenir à leurs besoins, on possession do leurs membres et do leurs forces, quo no l'est lo petit enfant. Abandonnéà lui-mémo, il serait à la merci do tous les accidents, no saurait so défendro ni du froid, ni do la faim, ni dos chocs ; il périrait misôrablomont sans l'amour des parents ; leur tendrosso est sa sauvegarde. Naturello ot instinctive chez l'hommo commo chez l'animal, ello s'éteint chez celui-ci avec la vigueur naissante des petits, tandis qu'cllo grandit chez l'hommo, s'élève, s'épure C'est qu'au bout d'un temps nssozcourt, l'animal n'a plus besoin do ses parents ; la nattire lui fournit et son instinct lui procure do quoi satisfairoà tous ses bosoins. Lo développementdo l'enfant est lent, dure dos années ; ses bosoins sont nombreux et compliqués. Pour dovonir co qu'il doit êtro, il no suffit pas quo son corps grandisse, quo ses membres deviennent souples et vigoureux, mais que son intclligoncoet son coeur grandissent aussi, lo mettent on état de remplir sa destinéo d'hommo, d'être


LAVIEDEFAMILLE 17 ; L'ENFANT utilement actif, do rendre co qu'il a reçu. C'est dans la douce chaleur du foyer domestique quo l'enfant puisera do quoi subvenir à l'épanouissement do ses premières années ; c'est là qu'il apprendra, avant toutes choses, la valeur du grand précepto qui doit dominer notro vio : « Aimez-vous los uns les autres. » Qu'est-ce qu'une famille ? C'est un ensemble do personnes unies, non seulement par des lions naturels, mais par ceux do l'affection. La parenté, la tendrosso, voilà los doux élémonts qui la forment, aussi nécessaires l'un quo l'autre; los membres do la famillo portent lo mémo nom ; leurs intérêts sont los mêmes ; los joies ot los poino3 des uns sont aussi celles dos autres. C'est là, mes enfants, quo vous avez ouvert vos yeux à la lumiôro, votro Ameà la vio. Pondant do longues annéos, vous y avez reçu los soins do vos parents, leurs bienfaits incessants; c'est pour vous qu'ils ont travaillé, peiné, souffert; rion no leur a coûté, car ils vous aiment. Vous lo comprenez bion, vous lo sentez oncoro mioux : si l'habitudo vous fait trouver tout naturel do vivro en sécurité, sans privations, sans inquiétudes, gràco à vos paronts, ollo no peut émoussor la vivo jouissance quo vous prosuro la cortitudo d'êtro los premiers dans leur coeur. Aussi ost-co prosquo d'instinct, quo vous remplissez co grand devoir : aimor, honorer ses paronts. Si vous avioz vécu il y a quelques siècles, vos paronts vous auraient aimés comme ils font aujourd'hui, sans douto : vous auriez ou pourtant uno vio do famillo moins douce Chozcertains peuples do l'antiquité, admirables à bien des égards, lo pèro do famillo était un maitro, parfois un maitro tyrannique II disposait absolument des membres do sa famillo, do leur sort, do leur vio. Lorsque, dans la tragédio doCornoillo, lo vieil lloraco, croyant avoir à rougir do la lâcheté do son fils, s'écrio :


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A NOSJEUNES FILLES Choqueinstant de sa vie, après ce lâche tour, Mold'autant plu? sa honteavec la mienneau jour. J'en rompraibien le cours, cl ma juste colère, Contreun indigne filsusant des droits d'un pèro Saura bien faire voir, dans sa punition, L'éclatantdésaveud'une lelloaction;

il exprimoseulement un droit habituel quo d'autres Ro • mains ont exercé, à l'admiration do leurs concitoyens; pour eux lo devoir envers la patrie était lo premier do tous; s'en écartor eût été uno lâcheté indigno d'un citoyen ; préférer uno satisfaction personnelle au bion général, un déshonneur quo lo pèro do famillo avait soin d'écarter do sa maison. Cetto hauteur do sontimonts n'abolissait pas la ton drosso, ello la soumettait seulement nu devoir. L'amour dos parents pour los enfants est vieux commo l'humanité mémo. Vous en trouverez dos pointures touchantes dans les poèmesles plus antiques. Quand Ilomèro rctraco la vio légondairodo l'Agehéroïque, co qui nous toucho.co sont moins les combats do géants quo los sontimontsintimes; nous sommosémus do la tendresso d'Hector pour son fils et nous reconnaissonsquo les mêmes sontimonts ont fait battro lo coeur des hommes il y a trois millo ans qu'aujourd'hui Mais, les habitudes étaient différentes. Los démonstrations oxtériouros do tendresse no pouvaient guôro êtro do miso alors. I.o respect, uno obéissance un pou terrifiée devnicnt marquer les rapports dos onfants avec leurs parents, surtout avec lo père La civilisation chrétienno a amené plus do douceur dans ces rapports. Pendant tout l'nncion régimo, mémo en Franco où les moeurs ont été do tout temps plus douces qu'ailleurs, la constitution do la famillo n'allait


LA VIEDEFAMILLE 19 ; L'ENFANT pas cependant sans quelque dureté. Los droits du pèro sur les enfants n'étaient plus sans limites, mais il était toujours leur maitro, décidait do leur sort pendant uno grando partio do leur vio. Les enfants des familles nobles surtout étaient victimes d'uno injustico qui a régné longtemps chez nous, et qui oxisto encore dans quelques pays sous lo nom do droit d'aînesse. Lo droit d'aînosso avait pour but do conserver l'importance, la grandeur do la famillo, en accumulant ses titres, sos richossos entre les inains^do l'aîné, seul représentant du nom. Ses frères et soeurs devenaient co qu'ils pouvaient; pour los filles, la grando rossource était lo couvent. Combien y sont ontréos sans goût, sans vocation, uniquement pour décharger leurs famillosdu soin do leur établissement 1 Lo droit d'aînesse ost uno des injustices supprimées — la Révolution françaiso. L'égalité, introduito dans par la famillo, a amené d'autres changements à sa suite Egaux entro eux, los enfants sont devenus plus libres vis-à-vis des paronts; lo tutoiement qui so généraliso marquo bien quo les distances sont effacées; los enfants sont plus près des paronts, do plain-picd avec eux. Mais si vos pères ot vos mères, entraînés par leur tendresse, so font petits pour élro plus près do vous, osteo uno raison pour perdro do vuo les égards quo vous leur dovez? Lo respect, toutos ses marques extérieures, so concilient avec l'affection la plus vivo. Le sentiment qui vous unit à vos parents est tondre, fort, il pourrait sans douto aller jusqu'au complet dévouement. Mérito-t-il souvent lo vrai nom qu'il doit porter : la piété filiale ? La piété no va pas sans vénération et la vénération exclut la camaraderie Vos paronts, chargés du soin do votro éducation, do votro avonir, auront à vous conseiller, à vous roprondro, à vous blâmer parfois. L'autorité qui leur ost nécessaire pour vousamonor à bon port dans


A NOSJEUNES FILLES 20 la vio, ne s'accommode pas non plus d'une trop grande familiarité de ton ot de manières. — Il y avait du bon dans le respect oxtériour exigé autrefois; cotte déférenco, co3formules mémo no serviraient-elles qu'à rappeler & chacun sa place dans la famille, elles seraient encore fort utiles. Elles ont d'autres bons effets. Là où elles sont observées, elles élèvent uno barrière contro de fâcheux accidents. — Elles vous apprendront à surveiller votro premier mouvement, qui n'est pas toujours le bon, à modérer l'expression de votro mauvaiso humeur, à proportionner los égards dus à chacun ; vous comprendrezqu'il existo des différencesentre los personnes, que lo langage, lo ton habituel entre frères, soeurs, camarades, ne convient pas dans toute circonstance ; qu'il est bon, qu'il ost nécessaire do se gêner quelquefois, et qu'une trop grande expansion de votre personnalité peut devenir gênante pour les autres. Je souhaite fort, mes enfants, quo vous sachiez de bonne heure associer le respect à la tendresse, et la famille vous on fournit l'occasion. Rien de plus sain pour l'àmo que l'union de ces deux sentiments, la vie entière en devient plus belle.

Je no crainsrien du jeune hommoqui a conservé l'esprit de famille: plein d'amour pour ses parents, il craindra de rien fairo qui puisse lus faire rougirou pleurer.Présente,la famille imposoau jeuno hommele respect do lui-môme; absente, il pourra l'oublierun instant; mais une lettre du pore, mais la penséodes larmesd'une mère, l'anôteront sur la pente d'une mauvaisoaction; el si l'un et l'autre ont disparu, leur mémoiresera encorepuissante,et il la respectera d'autant plus qu'ils ne seront plus là pour lui pardonner. Qu'est ce quo l'esprit do famille?c'est un mélangedo crainteaffectueusepour lo père, de tendressecraintivepour


PATERNELLE21 LAJEUNEFILLEDANSLAMAISON la mère, do respect pour tous deux, d'admirationpour leurs vertus, do volontaireaveuglementpour leurs travers, do reconnaissancepour leurs bienfaits, do compassionpour leurs souffrances,do pilié pour leurs sacrifices.Do tous ces sentiments se formo un sentiment unique et complexo, lo sentiment do la vénération, dont Goethe a dit : Celui qui n'a point éprouvé do vénération dans sa jeunesso no sera point luLuiemol'objet do la vénérationdans ses vieuxjour3. PAULJANBT*.

111 DELAJEUNEFILLEDANS LAMAISON DEVOIRS PARTICULIERS CEQUEPEUTÊTRELEFOYER CHACUN PATERNELLE. QUAND Y APPORTE CEQu'lL DOIT.LE BONHEUR ET LE MALHEUR TIENNENT PLUSAU CARACTÈRE CIRCONSTANCES. QU'AUX

Pour mieux comprendre co quo peut être chez ses parents une jeune fille do votro Age, mes enfants, représentons-nous la journée d'une famillo de travailleurs. Cette journée commence do bonne heure : la tâche du jour le veut ainsi. Pendant des années, c'est la mère qui a été debout la première ; lo travail do la journée, un travail assez dur l'attendait pourtant, elle aussi, au dehors; mais il fallait, avant do quitter la maison, y mettre tout en ordre, préparer le repas du matin, veiller au départ des enfants pour l'école, exercer enfin ce 1 La Famille.CalmannLéty, éditeur.


FILLES A NOSJEUNES 23 métier do ménagôro, do maitresso do maison, qui pour touto fommo, quello quo soit sa condition, huniblo ou élovéo, s'ajouto à sos autres occupations. Los enfants ont grandi ; l'ninéo dos filles à quatorzo ans; laissora-t-ollo sa môro so fatiguor, au Hou do prondro sa placo, quand sos forcos à ollo s'accroissent tous les jours ot quo colles do sa mèro suivont uno progression contrairo?Sa conscioncono lo permettrait pas ; il y a longtomps déjà quo la maman trouve son déjeuner tout prêt on sortant do sa chambro; les petits, saisis d'émulation, ont fait do lour mieux, tout mis en ordre ; lo pèro fait semblant do croiro quo los enfants ont passé la nuit à fairo lo ménage; tout lo monde ost gai, content, ot notro jouno flllo sont quo la journée do travail do sos paronts sera touto réconforféo du souvenir do sa jouno bonne volonté. L'écolo prend la plus grando partio do ses journées. Vous trouvez là oncoro un sujet do reconnaissant envers beaucoup do paronts. Ils pourraient ajouter aux rossourcos do la famillo lo fruit du travail des enfants, même très jounos ; beaucoup y sont forcés par les circonstances, boaucoup aussi rotardent pour euxmêmes lo moment du repos afin do laisser à leurs enfants lo temps nécessaire aux études, à la préparation do la vio. La jeune flllo dont nous parlons lo sait : sa môro a pris l'habitude do causer avec elle do ses difficultés, do sos soucis. Aussi cherche-t-ello à adoucir co qui pout être adouci et no ménago-t ollo pas sos efforts pour lo bien commun. Rentrée à la maison, c'est ollo qui vaque au travail du soir; ses paronts, à lour retour, vont trouver lo nid ao« cueillant et doux.*Cet intérieur pauyro a un charme: l'ordre parfait, chaque chose à sa vraie placo, d'où uno impression d'harmonio, ot uno élégance, l'oxquiso propreté, cette propreté qui so sont et so respire aussi bien


PATERNELLE23 LAJEUNEFILLEDANSLAMAISON qu'ollo so voit.'Il y faut quclquo poino, sans douto; plus d'uno houro libro ost omployéo au noltoyago, mais lo charmant résultat obtenu n'ost pas payé trop chor. Un pou de co superflu, sans lequel la vio serait bion sèclio, égaio la domouro;' quolquos fleurs, dos plantos qu'on a cultivées, dont on suit lo développement avec joio, dos photographies do figures aimées, ou do chofsd'oeuvro qu'on a appris à admirer ; do petits ouvrages à l'aiguillo aux couleurs gaios, mystérieusement préparés pour des anniversaires, lo tout disposé avec goût, ot voilà un intériour souriant. Los paronts peuvont venir : lo dîner est presque fait ; il n'y manquo plus quo lo dornior coup do main do la maman; on va s'asseoir gaiomont devant lo couvert propromont mis ; co repas du soir ost un bon moment do ropo3, do bionfaisanto récréation pour ' touto la famillo. Elle n'a rion à onvior à personne, cetto houreuso famille; ello possède lo plus grand do tous los trésors : un foyer où l'on revient avec plaisir, dont la chaleur ot la lumière échauffent et éclairent mémo quand on en est loin.'Lo secret de co bonheur n'est pas compliqué : chacun dans celte maison vit pour tous los autros aussi bion que pour soi ; on s'aimo, co qui arrivo dans beaucoup do familles, mais on a pris l'habitude do témoigner cetto affection par des attentions constantes ; on no préfère pas ses aisos au bien-être dos autres. Pourquoi tollo demeure du voisinage semble-tollo si pou aimablo ? Los situations sont pareilles, les circonstances extérieures aussi ; mais les visages y sont maussades, les paroles échangées brèves et sèches; tout y a l'air rovécho ; l'impression dominante qu'on y éprouvo, c'est le désir d'en sortir. C'est qu'au lieu d'amour ot do concorde, ,1'égoïsme y rôgno. Chacun y vit à peu près comme s'il était seul, sans tenir grand compte dos autres. En réalité* chacun y est seul, comme emprisonné


A NOSJEUNESFILLES 21 dans son égoïsmo ; on y n froid ; rion n'y sont lo foyor ; co n'est pas uno famillo; il n'ost point do famille sans affectionactivo, sans dévouomonlréciproquo. On croit parfois aimer los membres do sa famillo, parco qu'on los préfèroau rcsto du goiiro humain. Mais est-ce les aimer quo so bornor à un sentiment qui no s'oxprimo, ni no so prouvo. Quo des paronts qui travaillent, poinont, souffrent pour leurs enfants, so croiont quittes envers eux, mémo sans leur témoigner la tendresse apparonto, nécessairo pourtant à l'éclosion do la tondrosso, on pont lo comprondroon lo rogrottant. Mais co qu'on no saurait admottro, c'est uno jouno fillose dispensant do cos dovoirs qu'on aurait tort d'appolor los petits dovoii\s, ot attendant los grandes occasions toujours un pou rares. Ui;o bonne parlio do notro vio ost composéo do petites choses et nous sommes heureux ou rnalhourouxsolon quo nous los possédonsou non. Pour remplir cos petits dovoirs quotidiens, no faut-il pas uno préoccupation habituelle d'autrui qui n'est pas Bans mérite, uno succession do petitos victoires sur soimémo, facilitées sansdouto par l'affection, mais qui no vont pas sans luttes : touto victoire supposo un combat : Si l'on raconto dovant vous un acto héroïqito, lo dévouomont d'un homme qui a risqué sa vio pour sauver uno vio humaine, vous voilà saisies d'enthousiasmo, émuos d'admiration ot vous avez bien raison. Mais si l'héroïsmo ost sublimo,mémo quand il n'est dû qu'à l'impulsion d'un instant, lo dovoir do chaque heure accomplisans relâche, avec conscience ot bonno graco, a bion sa boauté lui aussi. Qui sait s'il n'est pas plus facilo d'être héroïque unofoisquo do bion fairo toujours? L'habitude intervient heureusement, qui aplanit bien dos difficultés; c'est une force iinmonso que l'habitude ; mottons-la du bon côté, du cété du dovoir. Un jour viondra, mes enfants, où vous quitterez peut-


L\ JEUNEFILLEDANSLAMAISON l'ATEHNELLE25 étro la maison patornollo, soit pour fondor uno famillo à votro tour, soit parco quo vos occupations vous appelleront ailleurs ; vous no pourroz plus alors consacror à YOSparents tout votro temps ; lo but do vos efforts, do votro travail aura changé. Mais vos dovoirs onvors vos parents pour étro d'uno nutro nnturo, n'on subsisteront pas moins. La déféronco, l'affection, lo dévouoment, leur seront toujours dus. S'ils sont pauvros, vous auroz à rondro à lour vioillesso co qu'ils ont fait pour votro onfanco ; co sera là uno dclto sacréo: la loi do notro pays on nssuro lo paiomont, s'il so trouvait dos enfants assoz dénaturés pour vouloir s'on disponsor ; ollo oblige los oiifnuts, selon tours moyens, à subvonir aux bosoins do leurs parents. Cetto loi doit bion raromont, ospérons-lo, avoir occasion d'étro appliquée Co qui so roncontro plus fréquemment, co sont les bons, les charmants rapports ontro la famillo d'origine et colles qui en sont sorties. Les paronts, un peu fatigués do leur longuo tAcho,voient leur vio so continuer en leurs onfants ; c'est par eux qu'ils s'intéressent à l'avenir ; c'est on leurs paronts quo los onfants aimont ot respectent-lo passé. 11 n'ost plus question alors do protection d'uno part, d'obéissanco do l'autro ; on n'a plus lion à so demander, on n'a plus qu'à s'aimer. Pour la jouno flllo dovonuo jouno fommo, c'est un doux momont, ot celui peut-étro où elle comprend lo mieux co qu'cllo doit à sa môro, à la maison paternelle, si charmanto dans lo souvenir. Quo do bons sontimonts ollo y aura puisés rien qu'en obéissant à co pouchaut naturel qui fait aimer lo foyer !


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FILLES A NOSJEUNES UNB UONNKMKUK.

Grélry, lo célèbre compositeur,avait uno si haulo idéodo l'importancedo la femme pour l'éducationdu caraclèroqu'il décrivait une bonne mcro commelo chef-d'oeuvredo la uuluro. Kl il avait raison, car les bonnes mères, bien plus quo les pères, tendent a la rénovation pcrpéluellodo l'humanité, en créant commoelles le font l'almospuèromoralodu foyer domestique, qui alimcnlo l'esprit do l'hommo do mémoquo l'atmosphère physiquo alimcnlo son corps. Avec sa bonno humeur, sa douceur, sa bonté, sous l'égide do son intelligence, la femmo pénèlro tous coux qui l'entourent d'uno sensation do bicn-èlre, do contentementcl do paix également favorabloau développementdes natures les plus pures et les plus viriles. La plus humble demeure où règne uno fommovertueuse, économe, gaie et propre,pcul devenirun asilo do confort, do vertu cl do bonheur; elle peut étro le Ihéfllrodes relations do famillo les plus honorables; elle rappellera à l'hommeles plus chers souvenirset sera pour son coeur un sancluairo, un refuge contre les orages do la vie, un doux lieu do ropos après le travail; il y trouvera encoio sa consolationdans lo malheur, son orgueil dans la prospérité, sa joio en tout lomps. SAMUEL SMII.ES'. ' Le Caractère, traductiondo M"»» UcshotlicsdoUcaulicu. 1 vol., l'ion. Nourritcl O', éditeurs.


LE FOÏEll DOMESTIQUE

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IV AU FOYERDOMESTIQUE. VÉNÉRATION I.'ATTACHKMENT DR ANCIENS PEUPLES POURLEFOYER;L'iIOSPITACERTAINS DUFOYERESTUNEFORCE DANSLESDIFFIUTÉ. L'AMOUR DELAVIE. CULTÉS

Nous n'avons pas dans notro languo d'oxprossion qui rondo parfaitement lo sons du mot anglais « homo » ; c'ost à la foislo foyor domestique, lo choz soi, la maison paternollo, ot il 3'y ajoute oncoro quelquos idées accessoires do sécurité, do paix, do tranquillo intimité. Do co — nous à l'étranger, mot lo manquo, quelques-uns, quo — on ont conclu quo nous n'avons pas la chose Laisserez-vous, mes onfants, s'accréditor, so perpétuer uno idéo aussi fausso, aussi injurieuse pour notro caractèro? Diro qu'en Franco n'oxisto pas l'amour du foyor, rovient à accuser los fommos françaises do manquer do charmo, do gràco, do tout co qui rond la famillo heureuso : co sont los fomrnes qui font lo foyor, aimable ou non, selon co qu'ollos sont elles-mémos. — N'aurait-on pas appolé détachomont du foyor des habitudes dues à un climat plus doux ot permettant do sortir do la maison plus souvent quo dans los pays où, à co quo disent los habitants, o il pleut quelquefois dos chats et des chiens » ? — Quoi qu'il on soit, quo nous aimions notro foyor plus ou moins qu'ailleurs, nous y renonçons assurément avec plus do peine, avec plus d'osprit do retour quo d'autres


A NOSJEUNES FILLES peuples. Co doux pays do Franco no so quillo pas aisémont, ot la maison n'est-ollo pas uno dos fortes attaches «plinous liont au pays? Pout-êlro ost-co parco quo nous lo quittons moins quo nous n'éprouvons pas si vivomont lo bosoin do lo chantor : quand on passo sa vio aux antipodes, lo « doux homo M apparaît avec tant do charmos ! 1 Cet attachement aux lieux qu'on habito ost prosquo instinctif : vous no quitterez pas uno chnmbro où vous avez passé un pou do temps sans un vaguo sontimont do rogrot. Nous laissons quolquo choso do nous-mémosaux lioux où nous vivons ; ils sont inséparables do notro vio intimo ; c'est là quo vivent coux qui nous sont chors ; nous y avons souffert, nous y avons été consolés; quo do foisy sommos-nousrovonus lassés, épuisés, et avonsnous rossonti dès lo seuil l'apaisomont qui on émnno, qui roposodo tout, dos fatiguos et dos plaisirs. La sociabilité, l'agrément quo nous éprouvons dans la compagniodo nos semblables, so concilient fort bion avec l'amour du foyor ; bion mieux, ils s'y rattachent. Notro maison nous semblera plus agréable si cllo attiro do temps à autro nos amis, ot lo plaisir quo nous pouvons éprouvor à lour rondro visito no tient pas au bosoin do sortir do chez nous. Vivro trop étroitomont, trop exclusivement dans la famillo, pourrait conduiro à so désintéresser d'autrui ; notro vio serait fort incomplète si ollo no s'étendait au-delà du foyer. Il ost la baso «lo notro vio mornlo; il formocomme los racines do l'arbro dont los floursot los fruits s'étendent au-dessus. Do tout tomps, un sentiment do respect s'est attaché au foyerdomostiquo. Lo fou qui y brûlait semblait aux anciens aussi saint que celui d'un tcmplo ; il était consacré aux dieux protootours et gardions do la maison. Cetto maison devait êtro l'asile do la pureté et do la bienveillance. L'hôlo qui s'y présentait était accueilli •28


I.KFOYEllDOMESTIQUE 20 avec les égards dus à l'envoyé dos dioux; los dovoirs do l'hospitalité étaiout do ceux auxquels los méchants soûls pouvaiont manquer. Dans lo charmant poèmo, Philémon et Raucis, vous vous rappoloz. quo los dioux vouent à la destruction lo bourg où l'on no connaît plus les lois do l'hospitalité. Los conditions do la vio modcrno ont modifié nos idéos ot nos scntimonts sur co point. N">usn'avons plus à oxorcor Ihospitalité dans lo sons où . ontondaiont los ancions, où l'on tondent oncoro aujourd'hui certaines — do l'Oriont. Toutefois, nous avons toupeuplades jours à rondro notro maison ngréablo à ceux quo nous y convions ; à do certains jours, on cortaincs occasions, l'on réunit sos amis ; s'ils n'omportont do vous, do votro domeuro, uno impression agréablo, vous soroz onfauto; los bonnes intentions no suffisent pas plus là quo sur d'autros points : il faut réussir; vos amis doivent avoir plaisir à so trouver chez vous, plaisir à y rovenir. Or, on a plaisir à so trouver dans un intériour harmonieux, où règno la concordo et la paix. Si vous pouvez offrir à vos amis cetto doucour-là, ils seront, n'on doutez pas, fort accommodants sur l'éléganco du mobilier ou la finosso do la chèro. Mais cotto sorto do régal no so préparo pas commo un ropas, mémo do gala, co n'ost pas un jour, c'est touto la vio qu'il y faut. Si la môro do famillo, si ses filles sont occupées d'habitudo du bion, du plaisir dos autres; si lour humour douco rend leurs visages souriants, si l'on ost sûr do trouvor auprès d'elles consolation dans la poino, sympathio dans lajoio, leur maison sera aiméo, charmanto, rayonnante, pour tous. Pour los membres do la famillo mémo, aucuno splondour no vaudra jamais la chaleur do co nid, rien no lo fera oublier. Un écrivain distingué J. do Maistre, à l'Ago do cinquanto ot un ans, écrivait à un do sos frères : « A six cents liouos do distance, les souvenirs 2.


A NOSJEUNES FILLES 30 do l'onfanco, los idéos do famillo mo ravissont do tristesse, .lo vois ma môro qui so promèno dans ma chambro avco sa flguro sainto, ot on t'écrivant ceci, jo pleuro commo un enfant. » La môro incarno lo foyor; c'ost ollo qu'on voit tout d'abord quand la ponséo rotourno où fut notro berceau ; son influoncodouco ot pénétrante so retrouvo dans touto vie, surtout dans la vio do ceux quo leur mérito met audossus dos autres. Beaucoup d'hommos illustros ont rendu co témoignage à lour môro. Voici co quo Micholotécrivait do la sionno : « Jo l'ai porduo il y a tronto ans (j'étais enfant alors) ot copondant ollo vit toujours dans mon souvonir ot mo suit d'annéo on année. » Kiloa souffort avoc moi dans ma pauvreté, il no lui a pas été permis do partager ma moillourofortune. Quand j'étais jouno, jo lui faisais do la pcino, ot maintenant jo no poux plus la consoler. Jo no sais mémo pas où reposent sos restes; j'étais alors trop pauvre pour acheter le terrain nécessaire à sa tombo. » VA pourtant, jo lui dois beaucoup. Jo sons profondément quo jo suis lo fils d'uno fommo. A chaquo instant dans mos pensées otdans mes paroles (pour no rion diro do mes traits et do mos gostos),jo retrouvo ma mère on moi. C'ost lo sang do ma môro qui mo donno la sympathio quo j'éprouvo pour los temps passés ot lo tendre souvonir do tous ceux qui no sont plus. » Quo pourrais-jo donc lui offrir, moi qui avanco déjà vers la vieillesse, pour tout co quojo lui dois? Uno seulo chose, dont elle m'oût remercié, cetto protostation on faveur des femmes et dos môros. » C'est aussi uno protestation on faveur du foyor domostiquo : c'ost là qu'elles régnent, los femmes et los mères.


LE FOYER DOMESTIQUE LA TBRRKNAÏALÎÎ. J'ol vu (lescicux d'azur, où la nuit est sans voiles, Dorésjusqu'au matin sous les pieds des étoiles Arrondirsur monfront dans leur arc infini Lourddmodo cristal qu'aucun vent n'a terni. J'ai vu des montsvoiles do citrons cl d'olives Réfléchirdans les Ilots leurs ombresfugitives El dans leurs frais vallons, au souffledu zéphyr, Uerccrsur l'épi mûr lo cep prôt a mûrir ; Sur des bordsoù les mers ont à peinoun murmuro J'ai vu des flots brillants l'oudulousoceinture Saisir cl relâcherdans l'azur de ses plis Doleurs caps dentelés les contoursarrondis, S'étendredans lo golfe on nappes do lumièro, Blanchirl'émcil fumantdo gerbes do poussière, Porter dans lo lointaind'un occident vermeil Des lies qui semblaientlo lit d'or du soleil. J'ai visité ces bordscl «.odivin usilo Qu'a choisis pour dormir l'ombrodu doux Virgilo, Ces champsquo la Sybillo a ses yeux déroula, El Cumo,el l'Elysée: et moncoeurn'est pas 15. Maisil est sur la terrouno montagnearido Qui no portoen ses flancsni bois, ni flot limpido Dont par l'effortdes ans l'humble sommetminé Et sous son propre poidsjour par jour ir.clino' Dépouillédo son sol fuyant dans les ravines Gardo à peine un buis sec qui montreses racines Et so couvrepartout do rocs prêts à crouler Quo sous son piedlogerlo chevreaufuit rouler, Ces débris par leur chute, ont forméd'ugo en ago Un coteau qui décroît, et d'élago en élage, Porte, à l'abri des mursdont ils sont étayés, Quelquesavares champsdo vos sueurs payés.

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A NOSJEUNES FILLES Hicnn'y consolol'oeildo sa prison stérile, Ni les dômesdorés d'uno superbo ville, Nilo cheminpoudreux, ni lo fleuve lointain, Ni les toits blanchissantsaux clartés du matin. Seulementrépandus do dhlanco en distance, Dosauvagesabris qu'habito l'indigence, Lo long d'étroits sentiersen désordresemés Montrentleur toit do chaumeet leurs murs enfumés Où le vieillard, assis au seuil do sa demeure, Dansson berceaudo jonc endort l'enfant qui plcuro. Enfinun solsans ombre, et des cieux sans couleur Et dosvallonssans ondol — El c'csl la qu'est moncoeur. LAMARTINE'.

V OBÉISSANCE ENVERS LESPARENTS. QUELLEDOITÊTRESA NATURE. E(iARDS DUSAUXPARENTS TOUTELAVIE.CE DEHKAU ETDKGRAND UNEVIED'HONOQUEREPRÉSENTE RABLE TRAVAIL.

Dans la famillo d'autrefois on demandait surtout aux onfants d'obéir ; dans colle d'aujourd'hui on lour domando avant tout d'aimer. Cherchons, mes enfants, s'il n'y a pas moyen do concilier cos doux esprits un pou opposés, et d'apprendre à obéir parce qu'on aimo. 11so répand sur notro jeunesse toutes sortes do bruits * Hachetteet C1',éditeurs.


33 IihVOIIlS KNVKIIS LESl'ADENTS fâcheux ; la trop grando tondrosso dos parents a, dit-on, donné aux enfants uno placo disproportionnée dans la maison ; ils on abusont, vivont do pair à compagnon avec coiix qui ont mission do les dirigor, pronnent lo haut du pavé, tout lo pavé, no reconnaissent aucuno supériorité, n'en croient qu'eux-mêmes sur toutes chosos ot so jottont à tort et à travors dans la vio sans on connaître los voies ni los difficultés. Kspérons qu'il y a quolquo oxagératioh dans co tableau un peu noir ; il serait attristant do voir los enfants oublier ainsi les dovoirs imposés par cot amour dos paronts qui l'ait luimémo trop bon marché do sos droits. Vous, mes onfants, qui êtes on général moins disposées quo vos frères à prondro voscoudées franches, plus habituéos à étro guidées, un pou do réiloxion vous fera aisément COL^rendro comment et pourquoi vous devez l'obéissanceà vos paronts. Leur mission ost do vous élover ; leur premier dovoir, commo leur plus grand souci, do vous préparer pour uno vio utilo, heureuse. Pourraiontils y réussir si vous opposiez votro inorlio, ou uno volonté ignornnto ot bornéo, à lour volonté éclairéo d'oxpériouco? Si lo nombre des années n'impliquo pas toujours la sagesse consomméo, qui a longtemps vécu a beaucoup vu et entendu. Son jugomont s'est fortifié, mûri, tandis quo l'emportement, la vivacité d'impressions do la jounosso sont uno fréquente cause do troublo et d'erreurs. Autant quo vous-mêmes, vos parents désirent votre bien ; ils lo voiont mieux quo vous. C'cf,t la raison qui parlo par leur bouche : sachez-lui gré do prendre cetto figure sympathique au début de votro vio ; ollo n'aura pas toujours un aspect si agréable L'autorité des paronts, conséquenconaturelle do leurs dovoirs ot do leur responsabilité, est si peu discutablo, qu'ello ost consacrée par la loi. Jusqu'à l'Age do vingt et un ans, aucuno décision importante no peut étro prisa


A NOSJEUNES FILLES 31 dans votre vio sans l'assentiment de vos parents. L'Age dola majorité donne aux enfants la libre dirootiond'euxmêmes, mais les dovoirs do fils et do fillesn'en subsistent pas moins tout entiers. Là so trouve quelquefoisun passage difficile à traverser : longtemps la mère a eu l'habitudo de diriger, d'être écoutée, non pas toujours sans réplique; ellemême n'aurait pas voulu d'uno soumission passive; mais enfin c'ost elle qui décidait en dernier ressort. Voici venir le moment où la jeune fille voudra décider, elle aussi, et ce sera parfois dans un sens différent. Comment concilier lo droit do sa mère et son droit à elle-même,non moinslégitime, de se créer uno vio personnelle? Un seul moyen, toujours lo même, peut résoudre la difficulté: l'affectueuxrespect, né de la tendresse, et qui sait obtenir dol'amourde la mère ce qu'on avait le droit d no pas demander. Il serait par trop injuste et cruel, au moment où la jeune flllocesse d'être l'élève de sa mère, pour devenir sa compagne, qu'ellela privât do goûter les fruits du travail de touto unovio. Si à ce momentlà des malentendus ou d'autres causes amènent dos rapports pénibles, dangereux pour l'harmonie do la famille, quelle quo soit l'attitude do la mère, la flllone doit pas oublier qu'elles ne sont pas toutes deux sur un pied d'égalité ; les droits do la mère à touto déférencene peuvent être déniés. On est attristé en pensant au bonheur qui se perd ainsi, faute de comprendre, do savoir faire quelques sacrifices qui no devraient même pas coûter, et grAce auxquels la flllo restera co qu'elle doit être, la joie de ses parents. Vous savez bien quo chez eux seuls se trouvera toujours cette sourco de tendresse qui pour vous no s'épuiserajamais, quoiqu'il arrive. Cette sécurité dans l'affectionfait la force et la douceur des liens de famillo.


DEVONS ENVERS LESPARENTS 35 Vousen trouverezd'autres. L'amitié entre personnes du même Age est un des biens de la vio; mais tant do circonstances viennent la modifier, la troubler, en empêcherl'expression! On a commencéla vio ensemble, on la continue aux deux pôles opposés; les intérêts sont différents, quelquefoiscontraires; les séparations s'imposent; on croit être sûr du coeurde son ami; on ne peut l'être mémode son propre coeur. Si les amitiés premières ne s'effacent pas, si elles demeurent au fond de nous, tant d'autres préoccupationsremplissent nos heures, quo ces tendresses anciennes s'engourdissent un peu. Dans lés familles, tout concourt à resserrer l'affection. Les parents n'aimeront jamais avec froideur ceux à qui ils ont donné le meilleurde leur Ame,ceux pour qui ils ont lutté, souffert, heureux de leur avoir préparé des jours plus heureux, jouissant par avance d'un bonheur dont ils ne demandent quo cette jouissance anticipée. Mesarrière-neveuxmodevrontcet ombrage Hé bien, défendez-vousau sage Dose donnerdessoinspour lo plaisird'autrul. Jamais ils ne laisseront rien s'interposer entre eux et ceux qui lour inspirent ces sentiments; leur tendresse les suivra partout, touto la vie, leur demandant seulement en retour d'être heureux, d'étro bons. Leur vie bienfaisante rayonnera longtemps, mémo après eux. La considération qui los entoure, en même temps qu'elle se reflète sur la famillo, devient la sauvegarde do ses membres. Qui, parmi les moins bons, ne reculera d'abord à l'idéo do souiller un nom honorable? Cetto partie de l'héritage est la plus sûre, commela plus précieuse; lo grand prix qu'on y attache fait comprendre pourquoinous vénérons les bellesvieillesses.Co quo nous honoronsen elles, c'est tout ce qu'ellesreprésentent : les luttes, les souffrances, les sacrifices, les


A NUSJEUNES FILLES déceptionsnon méritées, l'effort sans ccssorenouvelé,lo bien semé partout, à travers co long chemin parfoissi dur. Quandilssont à nous, ceux dont la vio s'est déroulée ainsi, utile, pure, honorée, nous n'ajouterons jamais assez d'amourà notro respect pour acquitter notro dette, à moins do devenir dignes do co quo nous avons reçu, do lo rendre à d'autres, autant qu'il est on notro pouvoir. Dans les iïnlreticnsmémorables,nous voyons Socrato faisant comprendreà son filsco qui est dû à uno mère, mémo quand ollo ost injuste, dure et déraisonnable, commel'était la fommodu grand philosopho: 36

Personne,dit le fils, ne peut supporter les violencesde ma mère, cl ello mo dit des choses telles que j'aimerais mieuxmourirquo do me lesentendrerépéter. — « Voyons, dit Socralc,ne cherches-tu pas volontiersà plaire à ton voisin,afinqu'il le donnedu feu au besoin,ou qu'il vienne 5 Ion aide en cas d'accident!— Oui, certes. — Ecrt bien.' Crois-l-iqu'il soit indifférentquand on est en voyageou des compognonsde roulo qu'on fait une traversée,d'uvoir — ou ennemis? 11vaul mieuxqu'ils vous soientamis qui soientamis. — Ainsilu feras ton possiblepour plaireà ton générala l'armée,a ton voisindans la ville, à ton compognon en voyage.C'est ta mère seule, qui pourtantt'aimo bien plus que lous ceux quo jo viensde nommer,à qui tu ne veuxni complaireni obéir. — Si tu m'en crois,monfils, nous ironsde ce pas prier les dieuxdo lo pardonnerd'uvoir oubliéle respectque lu dois u lu mère, afin qu'ils no lo regardentpas omme un ingratcl qu'ils no to déshéritentpas doleurs bienfaits. XÉNOPIION '. • H,itretientmfmoraUti. Traductionde E. TutLot.Hachetteet C", éditeurs.


FRATERNELS DEVOIRS

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VI DEVOIRS PLUSSPÉCIAUX DEL'AÎNÉE. DEVOIRS FRATERNELS; NEPASLESRÉSERETPOLITESSE EGARDS RÉCIPROQUES; POURLEDEHORS. VERSEULEMENT

Mos enfants, la famillo nous offretoutes les formes do l'affection,do quoi salUfairo tous les besoins du coeur. Los frères, los soeurs sont, comme ou l'a dit, dos amis donnés par la naturo ; quand on nous oxhorto à étro bons pour tous les hommes,on nous dit do los regarder commo dosfrères. Il ost tout naturel, on effet, d'aimer ses frères, ses soeurs.Ils ont grandi avec nous, ils portent lo mémo nom, ils partagont notro vio pondant do longues années. Nos paronts los aiment au mémotitro quo nous: notro dévouement pour nos frères, nos soeursost uno partio do notro dovoir envers notro pèro ot notro môro, à qui nous prouvons notro tondre<soen aimant ceux qu'ils aiment, on los remplaçant auprès d'oux, au besoin. Los aînés font l'apprentissage do la vio on partageant avec les parents los soins à donner aux plus jeunes; la potito avance qu'ils ont sur ceux-ci leur permet do les aider dans lour travail, d'étro leur conseil dans les menues difficultésdo la vio do l'enfant. Unosoeuraînée peut beaucoupsur l'esprit, par conséquent sur lo caractôro ot l'avonir do sos frères ot soeurs.Plus près d'oux par l'Ago ot los circonstances, cllo comprend quelquefois mieux quo la môro cllc-mèmo les défauts à modifier; sos conI


A NOSJEUNES FILLES 38 scilsont chance d'être mieuxécoutés parce qu'ils paraissent plus désintéressés.L'enfant pense, sans mémo bien s'en rendre compte, quo c'ost un pou lo métier des parents do gronder, do reprendre ; venu d'une égale, l'avis sera mieux reçu. A une cnndifioiipourtant, c'est, qu'il soit donné avec douceur, sans prétentionsà. la supériorité, à la dominalion. Sinon, reniant 110verra quo la hauteur blessante, et repoussera lo conseilutile; il déclarera quo sa su'iir ainéo « n'est pas plus quo lui », qu'il n'a pas à tenir comptedeco qu'elle dit. Il lui en voudra d'avoir usurpé une placo(pli n'est pas à elleet oublié l'égalité qu'il sait déjà très bien invoquer,quoiqu'illa comprennefort mal. Lo résultat sera mauvaiso humeur, mauvais vouloir dotous côtés: lo bion qui pouvaitétro l'aitno se fera pas. Il no so fora pas parco que les meilleuresintentions du monde n'aboutissent à rien quand elles no sont pas exprimées,réalisées sous la forme qui convient. Retenez bionco point, mes enlants; il est capital pour vous : la tendresse lo dévouementmémosont insuffisantsà assurer lo bonheur d'uno famillo,si les rapports habituelsy manquentd'agrément. « Comment,disait-onà une damo, n'avez-vouspas plus d'attachementet do reconnaissance à un tel ? Il se jetterait à l'eau pour vous V — Oui, répondait-elle, mais je ne nie noio jamais, et il m'ennuie toujours '. » Se jeter a l'eau pour les gens est fort bien, mais l'occasionen ost rnio en effet, et celle do les onnuyor excessivementfréquente dans la vio en commun. Quo do personnes aimableset gracieuses au dehors changent doton et do figure à la maison1 Nos voisins les appellent d'un nom bion caractéristique : anges dans ht rue, diablesà la maison. Or, c'est à la maison quo vous devez vivre, quo vous 1 Alphonse Kurr.


DEVOIRS FRATERNELS 39 vivez. Vous en rendrez lo séjour insupportable si vous vous dispensez do la politesse ot des égaids dans la vio quotidienne No gardez pas votro attachement et votro dévouement comnio un lingot mis en réserve pour los grandes occasionstoujoursexceptionnelles; dépensez-les en niciiuo monnaie d'attentions habituelles; lo fonds ne s'épuisera pas : l'affection est commo la lumière : ollo augmento on so répandant. La mcillcuro prouve d'attachement aux siens quo puisse oll'rir uno jouno fille, c'est do toujours so montrer avec eux, attentive, agréable, bonne, do so maitrisor assez pour quo personne n'ait à souffrir des variations de son humeur. Notro humeur à tous est variable, comme la vio clle-méino; mais quolqucs-unssont assez forts ou assez bons pour renfermer leurs agitations on eux-mêmes ; ils ont tout Jocharme des natures égales qui attirent et reposent, tandis quo rien nochoquoot no repousse commo ces personnes passant sans cesse du rose au noir ot que l'on quitte sans savoir jamais comment on les retrouvera. Il est certain (pie les inégalités do la santé, toutes sortes do circonstancesamènent dans la vio des moments fort pénibles, fort tristes. Mais la tristesse n'est pas la mauvaise humeur; c'ost là justement la différenceentro les naturels ainiahhs et les autres ; les premiers sont attristés, les seconds irrités et aigris par les difficultés do l'existence l.a tristesse n'éveille chez autrui quo les bons sentiments : la sympathie, la pitié. L'aigreur et l'amertume fatiguent et rebutent ; co sont elles qui nourrissent la mauvaise humeur, la grando ennemie des femmes, à co quo l'on prétend ; à coup sûr lo fléau do la vie de f.niiile. Fuyez-la si vousno voulezpas dovonir un dcsétrosles plus repoussants do la création I uno femmoacariâtre rit co n'est pas seulementvotro caractère qui sorait en


A NOSJEUNES FILLES danger ; los sontimonts habituels finissent par sculpter les physionomies ot la figure no tarde pas à traduire, à trahir l'être intimo ; aucune beauté n'y résiste ; co qui y résiste moins .oncoro, c'est le bonheur domestique : l'acrimonie des caractères dissout la vio do famille, commoun acido le métal. C'est donc dans la vio do chaque jour qu'il ost lo plus nécossairodo garder la douceur, la patienco, l'égalité d'humour. L'affectionvous y aido ; ollo no suffit pas cependant à rendre la tâche très facile. Fairo bon visago à qui l'on voit rarement, avec qui l'on à peu do choso on communot se procurer ainsi un renom d'affabilité à peu do frais : rion do plus aisé ; mais éviter los heurts dans l'espace restreint do l'intérieur, so montrer conciliant ot doux chaquo jour et on tout, sup| oso non do l'indifférence,mais uno grando énergie unie à uno grando bonté. Ceux qui eu sont doués possèdent lo secret du bonheur : Dienhcurcuxles doux, lo royaume do la terro ost à oux I Kt cela est justice, car ils allègent la vio ot nous apprennont à on porter lo poids en souriant. Un autre écuoil dans les relations do famillo, plus rare heureusement, qu'il faut signaler pourtant, c'ost la jalousie. Dos frères, dos sieurs, nés et élevés dans los mêmes conditions, sont cependant fort dissemblables: leur santé, leurs facultés, leurs aptitudes peuvent varier beaucoup; do là des différencesdans leur vie, dans la façon d'ôtro avec eux. Un enfant naît délicat, chétif; sa môro veillera sur lui avec plus do soin, dos soins plus tendres ; n'en a-t-il pas bosoin1 un autro montrera pour les étudos des dispositionsremarquables servies par un travail persévérant ot consciencieux; lo traitora-t-on commo celui qu'il faut gourniandor sans cesse pour on obtenir lo moindre ell'ut? C'ost ici quo l'égalité dans lo traitomont serait l'injustice. Hotrouver lésé do co qu'un autro récolto co qu'il a semé, sorait so montrer aussi 40


FRATERNELS DEVOIRS 41 déraisonnable ot aussi sottement égoïsto quo si l'on jalousait, étant robusto, les soins donnésà uno santé délicate 11existo pourtant dos enfants convaincus quo leurs parents ou louis maîtres ont des préférencespour toi ou tel d'entre eux. Ils no voient pas quo co quo l'on préfère, c'est un bon travail à un mauvais, l'obligeance à l'cgoïsmo, la bonne gràco à la rudesse des manières, et sans fairo do retour sur eux-mêmes, sans chercher à acquérir co qui leur nianquo, ils s'en prennent à ceux dont los belles qualités mettent on lumièroleurs défauts. Cette dispositionest raro ; mais ollo ost si dangorouso quo lo gernio lo plus léger doit en être combattu avec énergie; elle suppose un amour do soi-mémo qui so doublerait aisément do la haino d'autrui ; c'est la méchanceté proprement dite, le sentiment do « cos animaux malfaisants » qui no so contentent pas do chercher « leur bien premièrement », mais qui veulent do plus lo mal d'autrui. Dans la vio do famillo lo remède au fléau so trouve à coté du mal. lin général, les enfants no peuvont douter réellement do rattachement do leurs parents; si parmi eux, les uns occupent uno placo supérieure aux autres, ceux-ci finiront bien par en comprendre les raisons et n'accuseront pas longtemps leurs patents d'injustice. Il n'est pas inutile d'apprendre dès les premières années qu'il y a des différences, mémo onlro ceux quo le.s circonstances rapprochent lo plus. Si ces différences vous choquent, un moyen s'offre à vous pour les fairo disparaître : imiter ceux qui font bien, fairoaussi bien qu'eux; c'ost ainsi que celle mauvaise herbo do la jalousio pourra devenir un ferment d'émulation, puis disparaître tout à fait, n'ayant plus do quoi s'e\orcor.


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A NOSJEUNES FILLES DEUXSOEUUS. iïllc e'tait pAloet pourtant rose l'élite, avecde grandscheveux, lillc disaitsouvent: « Je n'ose », Klne disait jamais : « Je veux». Lesoirelle prenait ma ltiblo, Poury faire épeter sa soeur. VAcommeuno lampepaisible Mlleéclairaitce jeune coeur. Sur le livresaint quoj'admire Leursyeux purs venaientse fixer. Livreoù l'un" apprenaità lire, Où l'aulro apprenaità penser. Sur l'enfant qui n'eût pas lu seule Iillc penchaitson frontcharmant. Kll'on aurait dit uno aïeule Tant elle parlait doucement! Kilolui disait : « Sois bien sagol » Sans jamaisnommerle démon. Leursmainserraientde page en pago, Sur Moïsoet sur Sulomon. Sur Cyrusqui vinl de lu Perse, Sur MOIOL'II cl Léviulhan, Sur l'enfer que Jésus traverse, Surl'Iùlcn où rampeSatan. MoljVcouluis..• 0 joie immenso Dovoir lu soeurprés de la sieur, Mesyeux s'enivraienten silence Docette iuell'ubledouceur.


DEVOIRS FRATERNELS Kl dans la chambrehumbleet déserte Où nous sentions cachc'stous trois, Entrer par les fenêtresouvertes Les soufflesdes nuits cl des bois. Tandis que dans le lexlc auguste Leurscoeurslisant avec ferveur, Puisaient le beau, le vrai, lo juste, Il me semblait, à moi, rêveur, Entendre chanter des louanges Autour de nous commeau saint lieu El voirsous les doigts de ces anges Tressaillirle livre de Dieu. VICTORHuao.

LE DROITD'AINESSE. Te voilà fort et grandgarçon, Tu vas entrer dans ta jeunesse, Reçois ma dernièreleçon, Apprendsquelest Iondroit d'aînesse. Pourle connaîtreen sa rigueur Tu n'as pas besoind'un gros livre ; Ce droit est écrit dans ton coeur .. Ton coeur1c'est laloi qu'il faut suivre. Ainsi que mon pferol'a fait, Un brave aine «lenotre luce, Se montre lieret satisfait En prenant lu plus dure place.

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U

A NO.-'JEUNES FILLES A lui le travail, le danger, La lutte avecle sort contraire; A lui l'orgueildo protéger La graude soeur,!e petit frère. Son épargneest le fondscommun Où puiseronttous ceux qui l'aiment. Il accroîtla part de chacun Do loul ce qu'il s'élo à lui-môme. Il voit, au prix de ses efforts, Suivantles traces paternelles, Tous les frèressavantsel foils, Toutes les soeurssageset belles. C'estlui qui, dans chaquesaison, Pourvoyeurde toutes les fêtes, Fiiilabonderdans la maison LesHeurs,les livresdes poètes. Il travailleenfin, nuil el jour Qu'importe!les autresjouissent. N'esl-il pus le père,a son lour S'il vieillit,les autres grandissent. Ainsi quand Dieume reprendra, Tu sais, dans notre humblehéritage, Tu suis le lot qui l'écherra, El qui le tevienlsans partage.

Noschers petits seront heureux, Maisil faut qu'en toi je renaisse. Veiller,lutter, souffrirpoureux... Voilà, mon lils, Ion droit d'aînesse. VlCTOH 1>K LAt'UADK '. 1 Lviuurrc, cdilcur.


DEl'ARKNTK DEVOIRS

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\il irons m: LAKAMILLK. LA SOLILKSMBM DicvomsKNVKns DAltlTK.I.K NOM.ItOl.KUKLAJKIJSKl'ILLKDANSLUS l'KUTAI'ALSKH »Kl'AMILLK UKS HKLATIONS ; .SADUUCKUK TKKMINKH DKSlilfl'ÉÉVITtillUKSQUEUKLL1CS, HANCUNKS, RKNDS.

Mos onfants, co (pio vous devez à vos parents no so borno pas à leur personne, ni à vos frères et soeurs : pour l'amour d'eux, tous ceux à qui vous lie la parenté, depuis les aïeuls jusqu'aux petits-cousins, ont droit do votro part à des égards particuliers. Les membres do la famillo, ainsi étendue, no portent pas le mémo nom ; mais la communauté d'origine, les alliances créent entro eux dos liens et des devoirs, (ju'un membredo la famillos'élève, qu'il acquière distinction, émiiiencodans lo mondo, ses parents s'en sentiront tous honorés. & L'amitié d'un grand homme est un bienfait des dieux » ; sa parenté n'est pas moins désirable Do mémoquo nous avons part à l'honneur dos nôtres, la honto do l'un do nous nous est particulièrement sensible; si innocents quo nous on soyons, ollo nous catiso uno véritablo humiliation. Car notro vio n'est pas concentrée on nous seuls ; ollo est agrandie par los sontimontsqui nous attachent aux autres étros, à nos proches d'abord, aux hommeson général ; par oux nous pouvons éprouver grandos peines et grandes joies. I.


FILLES A NOSJEUNES 4G Il dépenddo nous, on co qui concerne nos proches,do diminuer ces peines, d'augmenter cos joies. Si chaque familloavait à coeurla prospérité do ses membres; si, à défaut do compassion,on éprouvait do la honte à voir un dos siens dans le dénuement, que do maux, quo do souffrances so trouveraient évités! L'insuccès dans co (pie l'on entreprend, la pauvreté qui s'en suit, est une des grandes causesdu mal qui afflige tant d'étros humains. Onaurait pu souvent y remédier sans:grands sacrifices : une aide venuoà propos aurait plus d'uno fois retenu à la surfaceceux qui ont sombré. Aujourd'hui, quo l'on voit so former tant d'associationsutiles, do sociétés do .secoursmutuels,pourquoi no .s'établirait-il dans les famillesdes caissesdo secours auxquelles contribueraient tous les membresdans la mesure do leurs inoyons, et qui, en cas do besoin, assureraient l'aido nécessairesans imposer l'obligation si dure do tondre la main? Cetto caisse serait un patrimoine do famille; commechacun y contribuerait, personne noserait avili d'y puiser. Des associationsdo co genro auraient do bons effets; elles fortifieraienten nouslo sentiment do la famille, un des plus réconfortantset des plus sains.; elles nous rendraient l'ellort plus facile, parce quo nous nous sentirions plus soutenus, moins isolés, ot nous retrouverions plus d'énergie pour roprendro la lutte, mémo après un échec. Si j'appello votre attention, mes enfants, sur l'importance d'une institution do co genre, les grands services qu'elle rendrait, la facilité relative avec laquelleon l'établirait, c'est quo jo crois quo vous y pourriez quelque chose un jour. Les fouîmes, les jeunes filles mémo no sont pas sans influencedans les familles; vous le savez. Kilosont donclo devoir d'employercette inlluencoutiloniont. Noserait-il pas beau de les voir aider à assurer plus d'aisance, do sécurité autour d'elles! Si dès à pré-


41 DEVOIRS DEPARENTE sont cetto idée vous sourit, qui sait si un jour vous n'arriverez pas à la réaliser? Une autro tàcho vous appartient tout onlièro ; c'est do mainterir la concorde trop souvent troublée. Parce qu'on attend davantage do sos paronts, on so contente Abeaucoup moins; la communauté d'origine avec la différence dos situations amène des froissemonts, des rancunes, des difficultésfréquentes. Lo rcmèdoserait uno bienveillance réciproque : elle est parfois endormie ; il est difficile à des personnesqui so croient lésées d'apporter toujours dans les rapports l'aménité, l'esprit do conciliation qui apaisent. Los jeunes filles, les enfants, no semblent-ils pa»slà pour unir, pour adoucir ? Hien no leur enlève à eux cotto paix, cetto tranquillité qui manquont aux hommes. EnfantsI chaque matin votre Orneavec amour S'ouvrea la joio ainsi que la fenêtreau jour. Beau miraclevraiment que l'enfant, gai sans cesso, Ayantloul le bonheur, ait toute la sagesse! Le destin vous caresse en ses commencements; Vousn'avezqu'à jouer el vousêtes charmants. Maisnous, nous qui pensons,nous qui vivons,noussommes Hargneux,tristes, muuvuis,o mes chers pcl'ilshommes! On u ses jours d'humeur, de déraison, d'ennui. VICTOR Huoo. Vous, mes enfants, seriez sans oxcusos do los avoir. La jouno fille donno un sentiment agréablo par sa seule présence « Sa bienvenuo au jour lui rit dans tous lo> yeux. » Il lui sera facile d'oxoiver l'action bienfaisante quo la nature lui a réservée ltendro la maison aimable à touscouxquiy vionnont, s'occuper des parentes Agées, dût son propre plaisir on soullïir un pou, c'ost sa tAcho. Kilo doit étro l'attrait, lo charmo dos réunions do famille 11no faut pas qu'uuo timidité hors do propos la retienuo


A NOSJEUNES 48 FILLES dans un coin, gauclio ot commo étrangère à co qui so passe autour d'elle ; cetto sorto de timidité qui paralyse et glace, cetto gêne contagieuseest un sontimont déplaisant ot qui, du reste, no supporte pas un oxamon approfondi; on y regardant bien, on trouverait uno grosso part do vanité mélangée à la défiance do soi-même ; uno enfant qui no prétend à rien cherchera simplementà étro ngréablo aux autres et y réussira. L'esprit do famillo est une force précieuse qu'il faut entretenir et développer pour sos bienfaisants offets. Mais, commoles meilleures choses, il peut être poussé trop loin et dévient pernicieux s'il n'est réglé parla raison et la justice. Lo dévouomentaux siens, à lour avancement dans lo mondene doit pas aller jusqu'à l'oubli dos droits d'autrui, faire préférer la parenté au mérite Qu'un emploi, petit ou grand, recherché par plusieurs concurrents, soit donné pour des raisons do famille sans autres considérations, la justice est blessée. L'injustice commiseaura lodoubleeffetde léser une personne, dommageparticulier, et de compromettre une besogne à fairo, dommage général. L'attachement aux siens ne dispense pas d'être juste. Il ne dispensepas davantage de s'intéresser à ses semblablesen général, do les aider, au besoin, do leur fairolobien qu'on peut. Trop souvent l'attachement réciproque des membresdo la famillon'est qu'un égoïsmo à plusieurs. Cetto tendresse pour quelques-uns exclut tous les autres, et pourvu que le nid soit douxet bien clos, on s'inquiôtopeu do co qui so passe au dehors. Los contrariétés les plus minimes semblent des calamitésquand il s'agit do soi ot des siens ; los calamités qui frappent autrui sont aisées à porter. On en arriverait ainsi à laisser s'atrophier le sentiment des devoirs les plus impérieux; tout serait subordonné à l'amour des siens; charité, patrie, fraternié, sembleraient encore de fort belles choses à admirer, à aimer


• DEVOIRS DE PARENTE 13 un peu vaguement, quand les préoccupations do famillo on laisseraient le loisir. Dans un dos romans do G. Idiot, so trouve un porsonnago, d'ailleurs sympathiquo ot boa, qui a voué uno haine mortelle à toutes les femmes, et on particulier aux mères. 11prétond qu'on elles rien ne subsiste plus que la tendresse pour lours rejetons ; u Tout, dit-il, s'est changé on lait. » Certes co grincheux prête à rire ot sos satires n'enlèvent rien à la beauté, au charme do l'amour dos mères. Mais il ost juste do reconnaître que co sentiment no doit pas ab.dir tous les autres. La vie d'un étro humain est chose complexe. Des dovoirs différents nous réclament; nous avons do quoi y sufffro. Si cortaines obligations morales se confondent presque aveo des penchants naturels, il en ost d'autres auxquelles nous nous devons. Que dos parents aiment leurs enfants, quo dos enfants aiment leurs parents, que leur vie so conforme à cette affection, ils sentent et agissent pour leur bonheur personnel. Rien déplus légitime, à condition toutefois quo leur tendresse n'ait pas pour revers l'indifférence au reste du genre humain.


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FILLES A NOSJEUNES

VIII A L'ÉCOLE. L'KNKANT Y ELLECOMMENCE LAVIK SOCIALE. AVKGDKSSUPÉLAVIK,ENRAL'L'ORT DANS KST,COMMK LKSMAÎTRES. DEVOIRS KNVKHS KTDESÉGAUX. RIEURS DEL'ADMIRATION. SENTIMENTS DURESI'EGT,

Votro programme d'études, mes onfants, ne contient pas tous los ensoignomontsquo vous offro l'écolo. Kilo préparo à la vio parco qu'olloost un champ d'oxpérionces à former los caractères. Los mêmes qualités qui font réussir plus tard donnent lo succès à l'écolo, Qu'est-ce quo réussir à l'écolo? Co n'est pas seulement être forto, commo on dit, on plusieurs branches ou même on toutes ; c'est mériter, obtenir l'estime ot l'attachement dos maîtresses ot dos compagnes; c'ost so comporter do façon à rendre los années d'études agréables et douces, à laisser do soi do bons souvenirs aux autres. Là, commo ailleurs, notro sort dépond beaucoup do nous-mêmes; nous serons aimées, recherchées, ou indifférenteset dédaignées avec plus de justice quo notro amour-propro no nous permettra d'en convenir. Dans la famillo, la sympathie do chacun vous ost acquise sans effort do votro part ; pour y être aimé, il suffit presque d'en fairo partie. Les choses changent à l'écolo. Vous y serez estimées à votre valeur et jugées sur ce quo vous donnez. Maîtres et maîtresses ne demandent quj'às'intéresser,


LA VIESOCIALE î L'IÎCOLE 51 à s'attachor aux élèves qui lour sont confiées. Il ost si naturel d'aimer son couvro ot quand cetto oeuvro ost la plus noblo do toutes, quand il s'agit d'aider à former des Amos, do quollo ardeur no s'y met-on pas tout entier! .Maisici la matière A pétrir ost vivante, ot lo travail A accomplir no pout étro qu'uno collaboration. L'élôvoot |i maîtresse doivont travailler ensemble; lo zèlo do l'une i: >peut rion s'il n'est servi par l'ardour do l'autro. Un grand désir do bion fairo toujours on éveil ost uno dos conditions du succès : ollo ost loin do suffire L'ion do plus ordinairo quo lo désir do bion fairo ; rien do plus raro quo l'effort continu par lequel il aboutit. C'est cetto continuité dans l'effort qui donno parfois la victoire aux tortues sur les liôvros; sans uno volonté suivie, les meilleures jambes du mondo servent do peu do choso. Il no faudrait pourtant pas laisser so décourager les pauvres liôvros qui ont trop compté sur leurs jambes : quand on n'ost pas parti à point, la seule chanco d'arriver quo l'on ait ost encore do courir, mais lo plus sûr do beaucoup ost do no pas so mettre en retard. L'élôvo qui emploiera touto son énergie à romplir son devoir — et cetto énergie augmento par l'usage mémo qu'on on fait — trouvera vite lo chemin du coeur do sos maîtres. Ils ont cela do commun avec les paronts qu'ils tiennent compte de l'intention, de l'effort, presque autant quo du succès. Mais c'ost lo succès qui classe ; la premiôro ou la dernière place ost donnéo, non d'après co que vous avez voulu fairo, mais d'après ce quo vous avez fait. Cetto loi do la vio, déjà appliquéo à l'écolo, paraît sans douto un peu dure aux vaincus, mais c'ost la loi, c'ost mémo une loi juste. Il ost trop difficile déjuger sur dos intentions, trop facile d'alléguer sa bonne volonté, ses louables désirs. Qui n'a pas l'intention do faire bien, lo dédr d'être premier? Serait-il justo do traiter do mémo celui qui a bravement parcouru la carrière et


A NOSJEUNES FILLES VI celui qui, tranquillomontassis, a rogardé travailler los autres, tout on souhaitantvivomontdo fairocommoeux ? La vio ost bion autromont sévôro quo l'école ; los résultats y sont soûls appréciés; on s'y occupopeu dos intentions ; l'npplaudissomontva au succès. Il ost bon do s'y necoutumor do bonno houro; c'est l'importantoleçon à tirer d'un échec dans los études. La poino qu'il cause pout aussi ouvrir los yeux et lo coeuraux souffrancesdo l'insuccèson général; elles sont cuisantes, n'étant pas toujours méritées. Tous n'nbordent pas avec les mêmeschanceslos concoursdo l'écoloou do la vio. Mais los circonstancespouvontchanger; lo vainqueur d'aujourd'hui peut dovonir lo vaincu do domain. Uion sot qui s'enorgueillirait do sa victoiro jusqu'à so croire au-dossus dos autres ; il s'on ost fallu do pou souvent quo los places no fussent intorvorties ; qu'eussiozvous senti alors dovant lodédain du victorieux? La défaite est toujours triste, quel que soit l'objet do la lutto, n'ajoutez pas à son amertume II est facilo, au rosto, d'ètro bon quand on est heureux, et compatissant à la faiblessed'autrui, quand on se sont fort. Il est plus difficile,mais aussi plus généreux, d'applaudir au succès remporté à nos dépens ; c'ost pourtant là un sentiment quo l'on rencontre fréquemmentdans nos écoles. Les moillcurosélèves sont aussi los plus recherchéesdo leurs compagnes; un dovoirbien fait, lu à hauto voix oxcito uno vivo admiration ; los premières places vous semblontmeilleuresquand elles sont partagées ontro plusieurs. Les mauvaises élôvos sont bion plus mésestiméesdo leurs compagnesquo do leurs maîtresses, qui, faisant mieux la part do toutes choses, savent quelquefoisexpliquer,sinon oxeuserlos défaillances, qui sont d'ailleurs vis-à-vis des faiblesdans la situation dumédecinvis-à-vis do son malado, non du jugo dovant un coupable. Leur sympathie adoucit lo déboiro do


LAVIE SOCIALR : L'ECOLE 53 l'échec, ajouto à la joio du succès; los onfants on ont si bien lo sentiment quo plus d'uno dédio naïvement sos efforts à sa maitrosso, commo cotto enfant qui s'écrio : « Oh! si co n'était pour vous, jo n'aurais pas fait co long travail do touto uno journéo do congé. » 11 n'est presque plus nécossairo do recommander aux onfants rattachement pour lours maitrossos ; co sontimont gagno ot s'étend do plus on plus, ot il faut lui attribuer en grando partie lo plaisir qui maintenant necompagno très souvont la fréquentation do l'école D'ollospiémos les enfants sontont quo lo respect, l'affection peuvent seuls acquitter leur detto do reconnaissance envers celles qui lour donnont tant, qui lour font comprendre lo sons élové do la vio, qui guérissent on elles lo mal cl développent lo bien, qui les rendent capables do goûter les plaisirs délicats do riiitolligonco cultivée, qui leur apprennent à discerner, à admirer, à aimer co qui est boau. Sans l'écolo, sans los études, vous no sortirioz pas do votro petit mondo do chaque jour, vous no connaîtriez pas les grands esprits, les grands coeurs des temps passés, ceux qui ont fait honneur à lour pays, qui ont été les bienfaiteurs des hommos. A votro Agodéjà on peut goûter lo charmo d'un boau livro, d'uno belle poésie, d'uno belle statue, et sentir la reconnaissance duo Aceux qui ont ainsi ombolli la vio; on peut comprondro aussi la grandeur d'autres hommos dont les travaux ontdiminué, prosquo aboli la souffrance physiquo, ont trouvé lo roraèdo do maladies autrefois mortelles, et vouer A cos hommos la vénération qu'ils méritent. Nos études, on nous habituant à admirer avec justosso et chaleur, nous auront rendu un grand sorvico; n'oubliez pas do garder un peu do cetto admiration reconnaissante pour les fondateurs do cotto écolo ou vous aurez appris à être justos.


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ANOSJEUNES FILLES LES SAVANTS. Les uns, hardis plongeursdol'Océandes nombres Poursuiventjour el nuit sous leurs flots turbulents Lesproblèmesprofondsqu'a nos yeux chargésd'ombre L'absolu,roi jaloux, tient cachésdans.ses lianes. Lesautres, voyageursaux plainesdo l'cspaco, Volentaprès l'essaimdes astres radieux, Observantdans les airs lu comètequi passe, lit nommantet comptanttoutes les fleursdes cicux. Knfln,du vieux Dédaleappliquantles doclrinos, D'autressoufflentla vioau tranquillemêlai VApeuplentl'universd'un mondodo machines Qui dansleursmouvementssurpussentl'animal. La lerroet l'océanracontentvos prouesses, Les cieuxmêmesontpleins do notrevusloessor; Nouspossédonsdéjà do bien grandesrichesses, Nousavonsbeaucoupfuil, nous feronsmieux encore. Kl do tous ces travauxle but et la penséo Nosont pas co que croientde nousnos ennemis, L'orgueildo tout connaîtreot l'ivresseinsenséo Denous poseren roissur lo globesoumis. Non,non, c'csl le bonheurdo mieuxvoiret comprendre Dansses plans iulinisla puissancedo Dieu, De louerses splendeurset d'unoAmeplus tendre De chaulerson saint nomsur des lyresde feu. C'estsurtout de porteruu secoursdonos frères Des moyensplus nombreuxde bienêtre ici-bas, D'allégerle fardeaude leurs longuesmisères Sur la voieinconnueoù s'onfouceulleurs pas.


DEVOIRS ENVERS LESMAITRES 0 douleur! noir serpent qui comprimes lu lerro Dans les mille replis de tes reins venimeux, 0,'esl contre toi surtout que lu science uuslero Dirigoincessammentses offertsvaleureux.

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Oh ! nous n'espérons pus, enfant du mal antique, Te détruire en entier; co triompho est trop beau. Maisnous espérons bien, à ton corps lyranniquo Du fer do nos peusors trancher plus d'un anneau ! AUGUSTE UARUIER \

IX AUXMAÎTRES. A QUELLES OBÉISSANCE CONDITIONS L'OBÉISSANCEEST UNACTEDE VOLONTÉ. COUHAOE DANSL'ACCOMl'LISSEMENT DU DEVOIR. I.A PATIENCE, LAl'EKSÉVÉFORMES DUGOURAOE. 1UNQE,

11fut un temps, mos onfants, où l'écolo n'avait rien do riant; los écoliers vivaient sous lo régimo do la terreur ; les maîtres visaiont surtout à inspirer la crainte, commencement do la sagossc ; on n'était pas loin do considérer roulant commo naturellement incliné au mal ; los plus doux osprits pensaiont ainsi. Lo bon La Fontaine, votro ami aujourd'hui, no vous aima guèro do son vi-' vaut ot plus d'un parmi sos contemporains vous attri1 1 vol,Dcutu,


50 A NOSJEUNES FILLES huait tous los défauts du monde Aussi imposait-on a*x onfants dos règlos fort dures ot oxigeait-on d'eux avant tout uno obéissanco aveugle, absoluo. Los raisons no manquaient pas pour appuyer cotto oxigonco, ot quolquos-uncs ont leur poids. L'onfant, disait-on, ost faible, ignorant, incapablo do prévoir; quo dovioudrait-il, livré à sa propre volonté? Il sacrifierait domain à l'heuro présouto, grandirait sans étro préparé à la vio, serait vaincu avant d'avoir lutté. Uno volonté intelligente ot forto doit remplacer sa volonté jusqu'au jour où la raison inùrio suffira pour lo guider. Mais il pouvait arriver co jour-là qu'uno volonté touto neuvo, n'ayant jamais servi, no rondit pas les services nécessaires. La volonté est une do cos forces qui s\$toignont faute d'usage Aujourd'hui, quo l'éducation moralo consiste ou grando partie dans la direction do la volonté, on demande oncoro aux onfants d'obéir, mais on veut qu'ils sachont pourquoi. La règle à l'école est commola loi dans la société : on trouvo tout naturol d'y étro soumis, parco qu'elle ost la mémo pour tous, parce qu'il est facile d'eu comprondro l'utilité, la nécessité, parco qifollo n'a rien do blossant pour aucun ainour-propro individuel. — Mais cotto obéissancono doit pas étro uno mollo ot paresseuse soumission. Fairo heure par heure co qu'indiquo lo règlement, parco qu'on y est contraint, sans ardeur, sans plaisir, produirait uno besogne bien torno, aux résultats bien mincos. Il on sera tout autrement si la règle ost assez bien compriso pour être accoptéo, voulue ot non plus subie; la suivro alors co n'ost pas plier sa volonté dovant uno volonté étrangèro, c'est l'employer A bien remplir un devoir, et ceux-là sont vraiment libres dont"* lo devoir seul dieto tous los actes. Si vous atteignez cetto sorte d'obéissauco, mes enfants, l'obéissauco consentie,


ENVERS LESMAITRES DEVOIRS 57 libro, co no sera plus do la soumission, co sera du respect (pto vous inspirera la règle, ot touto votro vio en éprouvera l'heureux olfet. Vous n'y arriverez pas du premier coup ; co résultat, pour être obtenu, demande la persevéranco dans l'offert, qui est uno des formes du courage, non moins nécossairo à l'enfant qu'à l'hommo. Lo coiirago n'est pas seulement cet élan vigoureux qui porto on avant, fait mépriser lo dangor quand lo dovoir l'orilonno : c'est uno forco intime qui soutient tous los jours, à touto houro, ot préserve des défaillances dans los grandes commo dans los potitos luttes qui font la traino do l'oxisteuco. Vous savez bien co qu'on langago populairo on ontond par uno porsonno couragouso : c'ost uno porsonno remplissant vaillamment son dovoir. L'écoliôro a bosoin do coiirago, commo la maitrosso, comme chacun do nous. La moindre des qualités oxigéos à l'écolo domando du courage Un onfaat oxact, ponctuel, no somblo pas avoir encore un niérito bion grand ; cependant, pour no jamais manquer à l'oxactitudo, il faut du courago. Ktro sur piod cliaquo jour à l'hcuro fixéo, no pas so laisser rctonir à la maison par los potitos indispositions, continuer lo travail, mémo après un pou do fatiguo, pour lo terminer au moment voulu, tout cela demande du courago. No pas laisser l'humour s'ontamor par los petites contrariétés plus tenaces dans la vio quo los mauvaises herbes dans les champs, apporter à l'écolo bon visago, mémo dans les jours difficiles, quo do courago pour y arriver? Combien il on faut pour chercher à vaincro los difficultés au lieu do s'irriter sottement contro elles, commo los bébés qui frappent do leurs petits poings lo bâton do chaiso qui los gêno! « Il est inutile do s'omportor contro les choses, a dit uno porsonno d'esprit, car cela no lour fait rien du tout. » A vous, mes onfants, on no domandora pas soulomont


58 A N( , JEUNES FILLES d'étro couragousos, mais do l'étro gaiomont. Votro mérito n'obtiendra jamais los sympathies auxquelles il a droit, si sa physionomioost rébarbative, ot votro vaillance doit étro souriante Kvitoz, quels (pie soient vos griefs, les airs boudeursot mécontonts; rien no déplaît autant chezune jeune fillo,otavcc raison : ils témoignent d'un ressentiment prolongé, i\o tendances A la rancuno, signos évidents d'un fâcheux état d'esprit. No pas savoir, no pas vouloir supporter lo blAuion'est admissiblo qu'A uno condition : être parfait, no produite quo dos oeuvres parfaites. Vouloz-vousremplir cetto condition? On pout alors vous promettro dos élogossans aucuno restriction. Trouvoz-vous qu'cllo dépasso quolquo pou vos forces? Acceptez la réprimai! lo : ollo est moins un châtiment qu'une oxcitation à mieux fairo, ot no vous vongoz pas par toutes sortes do mauvais sontimonts beaucoupplus visiblessur les visagosquo vous no pensez. Celles qui résorveront touto l'énergie do leur volonté au consciencieuxaccomplissementdu dovoir, no risqueront pas do l'user vainement et sans raison à dos caprices, des fantaisies. Vouloir est tout autro chose que désirer ; on pout mémodésirer co qu'on no vont pas, co quo la raison, la réflexiondéfendent do vouloir. Vouloir uno choso, c'ost mettre touto sa forceà la réaliser, parco qu'on a do solides raisons pour l'cntrcprendro ; uno volonté intelligente no pout changer dodirection au moindre vent; qui dit caprice ot fantaisie dans la conduito, dit faiblossodo volonté. C'ost là uno maladioqu'on attribuo souvontaux jounos filles; dos dictons, des proverbes dans toutes los langues accusont lour variabilité, leur mobilité, lour facilité cnfantino à traverser sans s'y arrêter los im[tressionsles plus diverses, on un mot, à no pas opposerplus do résistance A des impulsions contraires, quo la plumo n'en opposo au vont. D'autre part, on les accuso d'ontéto-


ENVERS LESMAITRES 59 REVOIRS mont, do cotto obstination mosquino ot déraisonnable, qui rond la vio difficiledans les petits détails, qui no sait pas céder sur dos points insignifiants en cux-riuéinos, mais tient on tout ot partout A affirmerune personnalité lourde et fatigante. — Commentconcilier ces coutindictions? Kilos sont, dit-on, dues à la mémo cause. La volonté, pour être utile ni bienfaisante, doit être éclairée. Il manque trop souvent aux jeunes filles de savoir très bien où elles vent, co qu'ollos veulent et pourquoi. Kl jo connais mêmesur co fuit lion nombre d'hommesqui sont femmes. Quand ou no voit pas bien son chemin, on est sujet A orror nu hasard. Aujourd'hui, quo los bonnes étudos, facililéosà tous, doivent développer cheztous l'habitudo do réfléchir, do raisonner, on pout espérer des volontés plus fermes, moins oirantes, qui no so dépensant pas on volléités fugitives, resteront concentrées et toutes p.'étes pour l'usago sérioux. On comprendra quo cetto force préciousono doit pas s'user à des futilités. Vouloir une choso uniquemont parco qu'on la veut, n'est pas digno d'un étro raisonnable Si l'on n'a aucuno bonne raison pour soutenir un avis, uno résolution, uno décision, il y a souvent uno excellente raison do l'abandonner : le plaisir ou lo bion à faire à ceux qui sont do l'opinion contraire Si vous savoz vouloir, vous auroz à l'écolo l'occasion d'appliquer cetto scionco,la promiôro do toutes : jo veux parler du travail, do vos étudos on ollos-mémcs,Quo do difficultésà vaincro dovant losquollos uno volonté lAcho s'arrêto tout court l On vont bion s'occuper, romplir los heures; on co sons, on rencontro pou do parosseux. L'oisiveté n'a rien do séduisant; l'inaction fatiguo plus vito (pto lo travail. Co qui fait reculer, c'ost l'effort,


G') A NOSJEUNES FILLES l'ollort continu. L'habitude, hcureusomcnt, pout intervenir ot lu, commeailleurs, produireun effetbienfaisant. D'abordil s'y prit mal, puis un peu mieux, puis bion; î'uis ciiliu il n'y manquarien. Kt mémos'il y manquaitquolqiiochoso, à co travail, vous aurez bion omployé votre temps si vous vous êtes accoutumées à le vouloir aussi parfait quo possiblo: Apporter ou touto tàcho uno conscienco minutieiiso, n'ètro satisfait (pi'aprésy avoir mis tout co qu'on a pu, c'est là uno dispositionqui irait loin ; il on ost peu do plus précieuses.Si l'écolovous la donno, vous lui dovroz plus quo l'instruction, vous lui dovroz on partie lo bonheur do votro vio, car vous posséderezdo quoi gagnor l'estimo dotous couxqui vous connaîtront.

CONSEILS. C'est un dovoir,mu flllo,quo d'employerlo temps.Quel ? Peu do gens savent l'estimer selon usage en faisons-nous sa juste valeur: « Kcndc/ vous compte, dit un ancien,de toutes vos heures,alin, qu'ayant profilé du présent, vous ayezmoinsbesoinde l'avenir. >>Lo tempsfuituvecrapidité; appreneza vivre,c'osl-a-diroà en fairebon usage. Maisla vie so consommeen espérancesvaines, à courir après la fortuneou a l'attendre.Tousles hommessententle videdo leur étal : toujoursoccupés sans èlro remplis. Songezquo la vie n'est pas dans l'espace du temps, mais dans l'emploi que vousen devezfaire. Pensezquo vous avezun esprit à cultiveret a nourrirde la vérité',un coeurà épurercl à conduire, cl un culte de religiona rendre 5 exercervotreesprit el ù en faireusage Accoulumcz-vous plus quo do voiremémoire.Nous nous remplissonsla tèlo


LESCôMl'ACNES. POLITESSE ri ENVERS DEVOIRS d'idées élrangîuos,cl ne tirons rien de notro propre fonds (piund nous nous chargeons lu mémoire d'histoires el de faits; relu ne contribue guère à la perfectiondo l'esprit. Il faut s'accoutumerù penser, l'esprit s'étend et s'augmente par l'exercice; peu do personnes en font usage : c'est chez nous un talent qui se reposeque de savoir penser. Mm0 DELAMIIEUT.

X LESCOMPAIINES. POLITESSE. EN DEVOIRS KNVEIIS QUELLE SOURCE. ESTLAVRAIE

Un do ceux, parmi nos maîtres , qui ont le plus contribué Arendre los années d'école agréables ot douces, en mémo temps quo fécondes, faisait remarquer un jour quochaque saison do la vio a ses joios, son honhoiirpropro : qu'il serait injusto do les lui Ator; qu'il est mémo bon d'aider à les fairo écloro. Il no pensait pas seulement aux plaisirs un peu austères do l'étude en ollo-ménio : acquérir chaquo jour des connaissances nouvelles, arriver à comprendro co qui semblait si obscur d'abord, découvrir lo charme, l'agrément caché dans lo travail ot quo l'efforten fait sortir, commolo laboureur do la fablo ti1 M. MichelBréal: Allocution ou CollègeSûvigntS, ù prononcée desdiplômesdefmd'éludés(18S"J). ladibtributiou 4


G2 A NOSJEUNES FILLES rait un trésor de son champ. D'autres joies s'offrent à vous, mais no viennent pas toutes seules ; là encore « la nature nous vend ce qu'on croit qu'elle donne » ; jo veux parler des amitiésavec quelques-unesdo vos compagnes, do la bonne entente avec toutes. Vouslo savez, le plaisir do retrouver vos amies chaque jour est pour beaucoupdans votre attachement à l'école L'amitié, sans doute, n'est pas un sentiment particulier à votre Age; maisdans les premières années do la vio, l'absence de grandes préoccupations,la fraîcheur, la vivacité des impressions lui donnent une chaleur, un charme qui se retrouvent rarement plus tard. Sansamis, on n'est pas heureux à l'école ; mais pour en avoir, il faut en mériter. L'amitié se distingue des affections de famille par ses causes d'abord : nous ne choisissonspas nos parents, nos frères, nos soeurs ; nous choisissons nos amis : nous leur avons trouvé telles qualités qui ont éveillé notre sympathie ; s'ils ont répondu à cette sympathie, elle deviendra vite do l'amitié. Les raisons de notro choixont été bonnes ; espérons-lo, du moins ; puis, nous nous attachons souvent à nos amis parco qu'ils sont do notro choix, et qu'en dehors des sentiments on quelque sorte imposés ot nécessaires,il nous plaît d'en éprouver d'autres, plus libres, plus désintéressés. Lo dovoir, uno communautéd'intérêts, lient ensembleles membresde la famillo; l'amie, on l'aime uniquement o parco quo c'est elle». Beaucoupdo cos liaisons, réconfortanteset douces, d'un grand secours à travers la vio, sont nées à l'écolo. ' On no s'attache pas do cette manière à toutes ses compagnes; l'amitié ost une distinction, c'est un de ses caractères ; mais la cordialité, la bonneentente peuvent, doivent régner dans l'école entière. Pourquoi telle jouno flllo so sait-ello attendue, accueillieavec plaisir, pourquoi son nbsenco fait-elle un vide sensible, tandis que l'arrivée, la présonco ou l'ub-


DEVOIRS POLITESSE 63 ENVERS LESCOMPAGNES. senco do telle autre sont à peine remarquées? Co n'est pas toujours uno grando différencedo mérite, c'est lo plus ou moinsd'affabilité qui produit ces effets. L'obligeance, l'empressement à rendre les petits services qu'on so rond volontiers entro camarades, l'esprit do bienveillancequo l'on sont sympathique dans los échecs commodans los succès, surtout l'attention à no froisser personne, la politesse enfin, voilà do quoi bien disposer toutes celles qui vivent avec vous. La politesse no consiste pas seulement, vous le pensez bion, en procédés recommandésautrefois dans les manuels « de la civilité puérile et honnête » où l'on trouvait des préceptes sur la manière d'entrer, do sortir, do saluer, de manger, do se tenir dans les diverses circonstances do la vie. Ces petites recommandationsavaient du bon, au reste, et plus d'un gagnerait à les étudier. Mais co serait vito lait, et ces usages une fois acquis, même appliqués, il no faudrait pas so croire encore trôs avancé dans le grand art do la politesse Être poli, c'est rendre à chacun co que chacun est en droit d'attendre de nous; c'est éviter do blesser, do heurter les sentiments d'autrui. On manque à la politesseen prenant des airs do supériorité, en rendant aux autres leur infériorité sensible, si elle oxiste. On manque à la politesse en so laissant aller à co qu'un moraliste du xvii0 siècle appello l'ascendant,.c'ost-à-diro « une manière impérieusodo dire ses sentimentsquo peu do gens peuvent souffrir, tant parco qu'elle représente l'imago d'uno Amefléro et hautaine, dont on a naturellement do l'aversion, que parco qu'il semble qu'on veuille dominer sur les esprits et s'en rendre lo maitro ». Lo mémomoralistenous rappelle quo « la sécheresse du ton qui no consiste pas tant dans la dureté des termes que dans lo défaut do certains adoucissements,choquo aussi pour l'ordinaire, parco qu'elle onlermo quelque


A NOSJEUNES FILLES 61 sorte d'indilléroncoou do mépris. Car elle lanso la plaie quo la contradiction fait sans aucun remède qui en puisse diminuer la douleur. Or co n'est pas avoir assozd'égards envers les hommes quo do leur fairo quelque poinosans la rossontir ot sans ossayer do l'adoucir, ot c'est co que la sécherossono fait point parco qu'elle consisto proprement à no lo point faire ot A dire duremont dos choses duros. On ménagoceux quo l'on nimoet quo l'on estiino, et ainsi on témoignoproprement A ceux quo l'on no ménago point, quo l'on n'a ni ostimo, ni amitié pour eux *. Tenir compte des autres, no pas so préférer visiblement Aeux, leur laisser la moillcuroplaco, voilà de bion légers sacrificesà fairo à la politosso; ils rapportent plus qu'ils no coûtent : la réputation d'étro bien élové, la sympathie ot l'ostimo qu'elle procure. Affirmerson droit avec insistance, no pas vouloir céder sa placo, n'est pas toujours un bon moyen do s'on montrer digno : co n'est pas seulementdans lo roynumo des cicux quo les premiers seront quelquefoisles derniers. Doux do nos grandes écoles militaires no pouvaient s'entendro sur lo salut à so reiidro. Laqucllo des doux dovait saluer la promiôro? On on référa nu Ministre « Quels élôvos, lui deinandnt-on, doivent saluer los premiers? » — « Los plus polis », répondit lo Ministre — On est assezprêt, en effet, à répondre aux politessos d'autrui ; mais on les attend trop souvent, ot ainsi on les empêche d'écloro. On croirait compromettre sa dignité en faisant co qu'on appelle dos avances et l'on s'isole dans sa raideur. Il y a là un milieu Agarder entre la réserve délicate, dans laquellej'admets un grain do fierté, qui préserve d'importuner et attend son heure, et la bailleur orgueilleusequi compte sur hs prévenances d'autrui et craint de faire les premiers pas. Ils doivent • Nicole,lissais<leutoralt.


LESCOMPAGNES. POLITESSE C5 DEVOIRS ENVERS étro faits, dans les situations inégales, par ceux qui ont plus à donner qu'à recovoir, et unejouno lîllo moinsbien partagéo attendra, si elle a du tact, la cortitudod'étro recherchée Lo manquedo politessodevient prosquocruauté quand il blcsso ceux qui dépendent do nous. Dieu quo les onfants n'aiont pas d'inférieurs, voussavez bien quo certaines personnessont vis à-vis d'autres dans des situations dépendantes.So montrer hautain, arrogant onvers qui no pout répondro sur lo mémoton, ost uno inexcusable làchoté; c'ost abuser d'un avantago fortuit, ajouter aux aniortumos des vies moins bion partagées. Jo dirai mémoquo la politesso n'a tout son prix quo lorsqu'ollo s'adresso à ceux qui soi au-dessous do nous, lour témoignant ainsi le compte qu'on l'ait d'eux. Lo mémosontiment inspirera la douceur ot los égards visà-vis do coux quo l'on peut obliger; on manquer, c'ost enlever tout son prix au servicorendu ; c'ost lo rondro lourd, prosquoinsupportable: uno obligation peso toujours un peu : combienplus si nous sommeshumiliéson mémotoinpsqu'obligésl Je vous rappellerai à co proposlo mot charmant d'uno grando damedusiècledernier, qui,partageant la rotraito doson mari après la disgrâce do celui-ci, oxpliquait A uno amie pourquoiollo so tenait à l'écart, s'affranchissait do certains devoirs mondains, c»Jo n'ai plus besoin do plairo à porsonno, disait-ollo, puisquo porsonno n'a plus besoindo moi ». — Plairo à ceux qui ont bosoindo vous, so fairo pardonner la supérioritédo celui qui obligo sur celui qui ost obligé, voilàla vraio politesso,qui n'ost autre chose que la délicate bonté. Ou a dit do la politesso quo : Deluboulédu coeurelleesl lu doucoImage; mais ce n'est pas assez. Kiloou ost la vivante et ac4.


A NOSJEUNES FILLES GG live oxprossion: coux qui l'oubliontsont insoiisiblosà la souflrancocauséopar lo manquod'égards ; ilsfont prouvo do quclquodureté.

LA POL1TKSSK. Lesmanières,quo l'on négligocommode petites choses, sont souventco qui fuit que les hommesdécidentdo vous en bienou en mal.Une légère attention a les avoir douces el polios prévient leurs mauvais jugements. Il ne fuu presquerien pour être cru dur, incivil,méprisunl,désobligeant; il faut encoremoinspour être estimé tout le contraire. Lu politesson'inspire pus toujours lu bonté,l'équité, lu complaisance,la gratitude; elle en donnedu moinsles apparencescl fait parulliol'hommeuu dehorscommeil devrait être iiilcricurcmcnl. L'on peul définir l'esprit de politesse; l'on ne peut eu fixerla pratique: elle suit l'usage el les coutumesreçues, elleest attachée aux temps, aux lieux, aux personnes,el n'csl point lu mêmedans les deux sexes, ni dansles différentesconditions;l'esprit tout seul ne le fait point deviner: il fait qu'on lo suit pur imitation, cl (pie l'on s'y perfectionne. Il sembleque l'esprit de politesseest une certuino attentionh faireque par vos parolesel par vos manières lus utitrcssoientcontentsde vouscl d'eux-mêmes. LAUtlUYÈltK. La politesseest l'expressionou rimituliondosvertussociales; c'en est l'expression,ti elleest viuieel l'imitation, si elleest fausse,cl les vertus socialessont celles qui nous rendent utiles el agréablesà ceux avec qui nous uvonsa vivre. Duci.os.


SUIVI I/EITORT i/oitiiRE,L'EXACTITUDE;

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XI ilôl.EDESANNEES LAl'OKMATION D'ECOLE DANS DUf:\IIACTEIIE.KXACTITUDK, OUI) NÉCESSITÉ DE HE, MÉTHODE; I.'EEEOUT SEULE CONDITION DUSUCCES. l'EUSONNEL, Aujourd'hui, mos onfants,nous allons chercher onsomblol'oxplication d'un fait qui n'est pas sans avoir arrêté l'attention do quolquos-unosd'ontio vous. Vous voici réunios dans uno mémoclasso; vous recevezles mêmes leçons, vous nvoz toutes lo désir do bien fairo, vousy êtes conduitos,oxcitéosdo mémofaçon. Sauf dos exceptions aussi rares en mai qu'en bien, vos aptitudes sont à peu près semblables,vos intontions sont en général les meilleuresdu monde; vous no manquezni do facilitéà comprendre,ni do douceur, ni do docilité,pourquoi los mémosd'ontro vous romportont-cllostoujours les succès, réjouissent-elleslo coeur do leurs parents, tandis quo les mémos sont étoriiollement on retard, éternellement on arrièro, incapables do fairo plaisir à porsonno, malhourousosdo cotto incapacité? Pourquoi enfin y at-il dans vos vies, qui semblontétro paroillos, touto la différencequi sépare lohonhour du chagrin ? Vousallez modiro quo les unes sont bion douées, los autres, non ; avec do la mémoire, lo travail ost plus rapido, plus facile Ktes-vousontièromont sures quo co soient cos avantages-là qui seuls lassent réussir? Ne savez-vous pas depuis longtemps quo los meilleures jambes n'arrivent pas toujoursles premièresau but? — .le pense, moi, qu'il faut trouver une autre réponsoot los unes savent voicicelle quojo propose: parmi YOUS,


63 A NOSJEUNES FILLES bien lo prix do l'heure présente, los nutros comptent sur demain, lo plus grand onnomi d'aujourd'hui. Loin do moi, mes enfants, l'idée quo vous puissiez manquer do conscicnco et no pas fairo co quo vous avez à fairo; vous êtes d'honnêtos enfants et vous rougiriez do venir à l'écolo sans avoir des dovoirs à présenter. Mais chaqtiojour amèno sa bosogno; si vous entassez sur un seul la bosogno do plusieurs, comment sera-t-olle faite ? Quel fruit produira-t-cllo? Forcées déterminer on quelques heuros lo travail do plusieurs jours, vous no retirerez do co travail qu'un grand mal do této ; il no satisfera porsonno, no vous apprendra quo pou do choso ou rien ot, pour avoir gaspillé uno partie do votro temps, vous perdrez mémo celui qui ost bien employé. Suivez los conseils do vos maîlrossos et sachez distribuer vos heures : vous serez tout étonnées de vous voir •siriches. Vous trouvoroz du temps non seulement pour lo travail, mais pour lo plaisir, la fantaisie, les lectures amusantes. Lo carnet où vous inscrivez vos dovoirs indique nettement los cours à préparer dans la semaine ; vous savez déjà lo lundi co quo vous dovroz fairo pour lo lundi suivant. Kn consultant votro carnet au jour lo jour seulement, vous verrez certains jours très chargés, d'autres beaucoup moins ; les tâches s'égalisent si vous savez prévoir, réserver au travail demandant un pou d'effort uno matinéo do congé. Collodu joudi pout sorvir à alléger lo travail do touto la semaino. Kmployoz-la A co qui dcmniidoun travail suivi, la composition française, par oxemplo. Vous no foriez rion qui vaille on comptant pour co devoir-là sur uno heuro isoléo. Vous savez bien, n'est-co pas, qu'il n'est pas très commodo do trouver c dos idéos », do les relier entro elles ; pas d'oiseau n'a les ailes plus légères pour s'envoler plus vito et plus loin ; quand on les tient, il faut bien les garder ; lo lendemain,


L'EXACTITUDE SUIVI C9 L'ORDRE, ; L'EFFORT il no servirait do rien pout-êtro do vouloir los rattraper. Mais cotto mémo heuro mal omployéopour un genre do travail, conviont fort bien pour un autro; il s'agit do savoir loquel; co n'ost pas difliciloà trouvor. Lo plan do travail une fois fait, en tenant compto do cette sorto do gradation dans los difficultés,la grando affaireest do lo suivre, sans y manquerjamais. Ici intervient oncorovotro amio, la bonnohabitude; ollovous montrera co quo vous avez gagné à vous arranger avec co savoir fairo : vous Yoicidélivrées do l'appréhension, plus pénible quo lo travail lui-même, quel qu'il soit ; ayant mis à uno bosognodéterminée lo temps qui convient, il ost probablequ'ollosera bion faito; vous aurez gagné du tomps quo vous emploierezà lire pour votro soûlagrément, dont vousferez l'usage qu'il vous plaira ; co temps sera bien à vous, puisquevous l'avez conquis sur lo travail, ot en l'omployant à votro gré, vous n'éprouvorozpas co petit sorromontdo coeursecrot quo connaissentbien los «perdeurs do tomps» négligeantlo nécossairopour l'amusant. Vous trouvoroztant d'avantages à régler ainsi vos journées, vos somainos, quo vous porterez co mémo ordre dans vos occupationsplus tard. 11vous doviondra impossibledo négliger un dovoir pour uno futilité, et vous jouiroz dos plaisirs do la vio commodo vos récréationsà l'écolo: elles voussemblontsi agréablesparco quo lo travail qui los précèdolour donno touto leur saveur. Aucunodo vousno méritorajamais la satire cruollo qu'un jouno hommefaisait un jour d'unojeune fille. On jouait au jeu des questionsot à celle-ci: « quel ost, selon vous, l'idéal do la misère humaine? co jouno hommo répondit en regardant unodo sos cousines: « Unofemmo non peignéelisantdosromanslo matin dans unochambre non faite » I Car la lecture purementamusante n'est, vouslo savez,


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A NOSJEUNES FILLES pormisoqu'aux malades, ou bion, commotous les plaisirs, après lo travail. Vousconnaissezlo proverbo do nos voisins, gons pratiques : « lo tomps, c'ost do l'argent ». C'ost bien davantage Lo tomps ost touto choso, à condition soulomcnt do l'employer, non do lo romplir, do lo passer. Passer lo temps ! qucllo oxpression désolanto 1 II y a tant à fairo pour los coeurs do bonne volonté ! Dans la jeunosso, il y a tout à apprendro pour so mottro on état plus tard do bion agir. Pas unohourc, pas uno minute à perdre Nous sommes on co inonde pour travailler; lo topos n'est permis qu'après l'action, pour la faciliter, la rondro efficace ; il no sora d'ailleurs légitimo ot doux qu'à co prix.

LU TKMPSPIÏUDU. Si peu d'oeuvrespour tant do fuliguocl d'ennui Dostérilessoucis noire journée est pleine, Leur meule sans pillé nous chasse à perdre haleine, Nous pousse, nous dévoreet l'heure utile a fui. « Demain,j'irai demainvoir ce pauvre cho/.lui, » Demainjo reprendrai co livre ouvert h pelno, » Demainjo te dirai, mon fmio,où jo lo mène, » DcmuiuJe serai juste et fort... l'as aujourd'hui. » Aujourd'hui«piede soins, do pas et do visites Ohl l'implacableessaimdes devoirsparasites Qui pullulentautour do nos lusses de thé. Ainsi chômentlo coeur,la pensée el le livro VApendantqu'on se lue h différerde vivre Le vrai devoirduus l'ombreuttend lu volonté. SULLYI'HUDIIOMMK '. i Letncrrc,éditeur.


LASOCIABILITÉ"

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XII RIVALITÉ PEUSOCIABILITÉ. SES UIENFAITS. EMULATION, DECETTE A LAl'LACK SANSÎIAINK. VENTEXISTER l'OKIlEAU DKVOlllSK MU1.E *.LUTTE l'OUHLA VIE,IL SEUA1T DKLACONCOHOE l'OURLAVIE. Iltfl'ANDHE CELLE .Lelaboureurm'a dit en songo: VaisIon pain, Je note nourrisplus,gratte la terre et sème Letisserandm'a dit : Fuis les habits toi-même Kl le muçonm'a dit : Prendsla truelle en main. Kt seul, uhondonnôdo tout le gonrohumain Dont je traînaisputtout l'implacubloanathèmo, yuund j'imploraisdu ciel une pitié suprême, Jo trouvaisdeslionsdeboul surmonchemin. J'ouvrisles yeux, doutant si l'aubeétaitréelle: Dohardiscompagnonssifflaientsur leur échelle, Les métiersbourdonnaient,les champsétuienl semés. Je connusmon bonheur,el qu'au monde où nous sommes Nulnose peut vuulerde se passerdos hommes Kt depuisce jour-là jo les ui tousaimés. SULLYPHUDIIOMME '. Si lo songo du poôto dovonnit uno réalité, l'hommo périrait; selon la vioillo définition, il no peut vivre qu'on société; c'ost co besoin d'association avec ses semblables qui a fait sa grandeur, assuré sa victoirosur lc3 forces naturelles, ses oiinoiiiiesd'abord, maintenant ses sorvantos pour la plupart. L'hommoisoléou mémo * Lcuicrro, éditeur.


A NUSJEUNES FILLES groupé par familles, sans lions les unes avec les autres, aurait pu peut-élro subvenir A sos besoins de nourriture, do vêtement, d'abri; mais quelle vio misérablol A peino ofit-il connu quelques humble»;métiers; jamais il n'eut traversé los mers, entrepris les grands travaux qui rapprochent toutes les parties du monde, qui pormoltont l'échange do leurs différents produits, grAce auxquels lo moindre parmi nous emploiochaquo jour pour son usago personnel les productions de l'Asie, do l'Afriquo, do l'Amériquo, comme celles do son proprojardin ; les arts, los sciences, aujourd'hui lo commun patrinioino dotons, sans lequel la vio perdrait presque tout son prix, no seraient [tas nés, ou n'auraient reçu aucun développemont. Le travail des uns épargne aux autres la peino do senior, do récolter, do tisser ot de maçonner, los laisse libres pour d'autres travaux plus on rapport avec Jours aptitudes ot leurs goûts. Si Homère, si Victor Hugo avaiont été forcés de préparer eux-mêmes leur nourritui'o, do bâtir oux-mémes leurs demeures, nous n'aurions pas l'fliaitc, ni la lÀynulctira sikhs. Vous-mêmo, touto proportion gardée, pouvez avoir lello vocation qui jamais no serait remplie, s'il vous fallait travailler directement A satisfaire chacun do vos besoins. Los dons, les facultés sont inégalement partagés : l'un aura la vigueur physique, ou l'adresse des doigts ; l'autre, la souplesse d'intelligence, la force, la vivacité de conception, nécessaiies Acertaines professions. Mais chacun a besoin do tous ; ceux qui portent en eux de quoi devenir dos savants, dos lettrés, dos artistes, no peuvent so passer d'être abrités, vêtus, nourris: Kl llulzuccl VnugeluH,si savunls en beaux mois, Kn cuisine pcul-èlro auraient été des sols. Nous avons donc quelque obligation à ceux qui so 72


73 chargeant do la grosse bosogno,permettent aux mieux doués do cultiver les fleurs do la vie. Kn cueillai.t la roso, on savourant la pécho, ayons uno ponséoreconnaissante pour lo jardinier qui nous a préparé ces jouissances. Aujourd'hui, co n'ost [dus l'isolement qui est Acraindro; en chaqitoprofession, c'est do l'encombrementque l'on soufl'ro plutôt. La vio est un concoursperpétuel, où I03 prix nosont pas toujours décernés avec le mémo esprit do bionvoillancoqu'A l'école II no s'agit plus seulementdo bion faire ; pour réussir, il faut faire mieux quo les concurrents. Mais en ost-on moins tenu A respecter leurs droits? La lutte est pacifiquoou peut rétro ; lo succès do l'un n'a pas pour conséquenceforcée la porto do l'autre D'ailleurs, si vous l'emportez, vous manqueriezde généro-uléen accablant ou mémo on oubliant les faiblesau milieu de votre victoire; si d'autres font mieux (pie vous, la justice défendd'envisager leur supériorité avec trop d'amertume H ost naturel, il est légitimo quo vous recherchiez votre bion premièrement; ce qui serait odieux, co serait do lo rechercher uniquement, sans aucun souci du bien d'autrui. Peut-ètro, mes onfants, connaissez-vousuno expression qui do la science est [tasséedans lo langage courant, celle do « la lutte pour la vio ». Si l'on no s'y servait quo d'armo.s « courtoises », dent les blessures ne soient pas mortelles, il y aurait do quoi so consoler des idées sombres que fait naître co mot do lutte : des savants prétendent qu'elle est utile au progrès. Mais ne verrons-nous jamais rien do meilleurque la lutte? Un romancier américain a imaginé un mondeoù chacun est heureux ; les hommesy sont encore sujets Ala matadioet à la mort, tous les autres fléauxont disparu, Au lieu do la lutte peur la vie, les membresdo cette 5 LASOCIAblLlTE"


7t A NOSJEUNES FILLES .sociétéidéalofont régner chez eux la concordo pour la vie. Chacun pour tous ost leur deviso; tous ensemble veillent au bonheur de chacun; aucune forco n'est porduo ; elles .sont mises en communet employéosau bien général. La justice et la fraternité règlent toutes les rotations; chacundonnant tout co qu'il peut donner reçoit on échangotout ce qu'il mérito. Cet Ago d'or est d'ailleurs Avenir, contrairement Ala tradition peu oiicouragcanlo d'un Age d'or dans le lointain passé; l'auteur nous le prometdans quelquessiècles; nosarrière neveux en jouiront. Kn attendant son éclesion, lâchons de no pas voir dos ennemis dans nos concurrentset rivaux. Pondonsnotro succèssur la valeurdo noire travail, non sur la médiocrité d'autrui. Vousconnaissezco sentiment aimablequi A l'école fait applaudir au triomphe d'une compagne; gardez-en quelque chose Si vous n'apprenez A fairo votro joio do celle des autres, il faudra vous résigner A n'avoir dans la vie qu'une part bien mincedo joies. Je vous supposevolontierscapablesde cesbons sentiments, du moinsd'en sentir la valeur : ils ne suffiraient pas copendant A faire de vous des personnessociables, c'est-à-dire des personnesavec qui l'on se plaiseet qui se plaisent elles-mêmesdans la compagnie de leurs semblables. ('es deux points, mes enf;inls, n'en font qu'un ; si vous plaisez aux autres, vous vous plairez avec eux; vous aimerezen eux le plaisir que vous leur procurez Quo faut-il donc pour plaire aux nulles? La réponse est simple.Pourquoiaimez-vousmieux vous rencontreravec certaines [Kisonne.s,pourquoivoustenez vous volontiers éloignéesd'autres / t'e n'ot pas toujours l'esprit ni lo mérite (pli attirent, ou plutôt, ils peuvent attirer, mais ne retiennent qu'accompagnésde bonté, de sincéiilé. Vous aimez, n'est-cepas, qu'on tienne compte do vous,


LASOCIARILITE" 75 ot voussentez fort bionla dill'éronceentre un intérêt do surfacoet le véritable intérêt qui vous ost témoigné; eh bien, traitez les autres précisément comme vous aimez être traitées vous-mêmes. Si un peu d'elfortost nécessaire[tour acquérir la sociabilité, jo vous conseilleîle faire cet effort et de lo répéter jusqu'au succès, car bionpeu do qualités sont aussi indispensablesà réussir dans la vio. C'est un grand secours que la bienveillancegénérale, et l'isolement,sauf rares exceptions,est uno cause do tristesse et de faiblesse. La solitude a du bon parfois, elle pout être nécessaire à certains travaux. Mais si j'entondais uno jeune lille ou uno femme répéter trop souvent «j'aime être seule le [dus possible», je no pourrais m'oinpécher de traduire par «je me souciepeu de la sympathie des autres; je n'aime pas mogêner, m'imposerunocontrainte [îoureux ». Il y a d'ailleurs quelque chose de pou naturel, de malsaindans le besoincontinuelde solitude Il est bon de parler,cl meilleurde se taire, Maistous deuxsont mauvuis,alorsqu'ils sont ouïtes. On a dit quo « si riiommoost un animal sociable,lo Français ost plus hommequ'un autro» parco qu'il aimo vivre hors do choz soi. Kl la Krançaisosurtout, u-t-oit prétendu, n'étant jamais [dusheureusequ'on visites ou en réceptions, ne garde [tas à l'intimité de la famille la place qui lui convient. S'il en était ainsi, ce ne serait pas la sociabilitéqu'il faudrait accuser, maisle goût du bavardage l'utile, du gaspillage des jours, deux tendancesabsolument inconciliablesavec toute vie séricuso ot utile. Ces défauts-là no peuventêtre ceux d'honnête» travailleurs; l'oisiveté los engendre entre autres produits malfaisants; ils témoignentassurément d'un vide incurabled'esprit ot do coeur,


FILLES A NOSJEUNES Mais s'il est vrai d'autre part que les femmesfrançaises ont toujours su, mieux quo d autres, rendre leurs maisonsaimableset accueillantes, souhaitons de garder précieusementce don et tout co qu'il supposedo qualités charmantes. La vio de familleest la vraie vie, certes ; maiselle-mêmeserait incomplètesi elle n'était diversifiée, égayée, agrandie par do bons rapports au dehors. 7j

CONSEILS. Le premier devoir de la vie civile est de songer aux autres. Ceuxqui ne vivent que pour eux tombculdans lo mépris cl dans l'abandon.Quand vousvoudreztrop exiger des autres, on vousrefuseratout, amitié, sentiments,services. Laviocivile est un commerced'officesmutuels; lo plus honnêtey met davantage: en songeantau bonheurdes autres,vous assurez lo vôlre; c'est habiletéquo do penser ainsi. Mm*DELAMI>EaT.

XIII LABONTÉ, LAMTIÉ.CEQU'ELLES ONTFAITPOURL'HOMME» LKSDEUX OllANDS PRÉCEPTES RELIGIEUX: NEVMSl'ASA CE QUETUNEVOUDRAIS AUTRUI l'ASQU'ONTEElT— ET VMSA AUTRUI CE QUETUVOUDRAIS TE Klf, QU'ON : JUSTICE, RÉSUMÉS PARCESMOTS ClIARITÉ. « Lorsque Dieu créa lo couir do l'homme, il y mit premièrementla bonté, commola marque de son essence


77 LAPITIÉ LABONTÉ, divine. » Celui qui a écrit ces mots comprenaitla grandeur de co sentimentdo sympathie qui nous lie à nos semblables,sourcede tout co qui est bon, et d'où est né le principedont nousvivons: la justice. Dans la nature, la justico n'oxiste pas. Un do nos grands poètes Contemporainsraconte dans do belles pages sos vaines recherches pour la trouver. Il n'a vu partout quo l'implacabledureté dos lois naturelles, les sacrificessanglants nécessairesà la conservationde tout dtro vivant : Ainsitout animal,de l'insecteau géant, Kn quôtode la proieutile à sa croissance Est un gonflïequi rôde,affamépar essence, Assouvipar hasard,et par instinctbéant. Aveugleexécuteurd'un mal obligatoire Chaquevivantpromène,écritsur sa mâchoire, L'arrêtde mort d'un autre,exigépar sa faim. Si la justico est absente dos rapports des espècesvivantes entre elles, elle n'apparaît .pas davantago chez l'homme, dans les rapports des individus entro eux. Voussavez qu'ils naissentinégaux: les uns sont beaux, vigoureux,intelligents, los autres n'ont rien, pas même commol'agneau do la fable, la patience ot la douceur, pour so résigner à coqui leur manque Dans votro classo déjà, mesenfants, vouspouvezconstaterdosdifférences: quo l'une do vous soit d'uno santé délicate, comment nura-t-ello l'assiduité régulière sans laquelle le travail n'aboutit à rien? C'ost là uno causo d'infériorité dont elle n'est pas responsable,qui n'en pesopas moinssur elle. Les unescomprennent vite, retiennent aisément; les autres saisissent difficilement,ou manquent do mémoire. La volontésans douto peut intervenir, réparer


A NOSJEUNES FILLES 78 les illégalités, mais il serait puéril do ne pas les reconnaître. Kllcs s'accentueront mémo quelquefoisplus tard, no serait-coque par la confianceen eux-mêmes, sérieux élément de succès pour los bien doués, et la défiance habituelle do soi qui ajoute tant à la faiblessodes autres. Vaincus d'avance, ceux-ci, ils semblent condamnés à manger los restes « do l'adroit, du vigilant, du fort » assis à la première do ces deux tables quo, d'après La I'ontaino, Jupiter a faites « pour chaquoétat ». Ils lo seraient irrévocablement si la justico, inconnue do l'impassiblo nature, n'existait dans lo coeur do l'hommo. Kilo a été éveilléo à uno vio qui no peut plus s'éteindre par la sympathie, la pitié, la bonté : co sont ces sentiments qui ont créé les droits dos faibles, los ont rendus sacrés aux forts. L'homme civilisé s'est fait, commo los preux d'autrefois, lo grand redresseur des torts, dos injustices do l'aveugle destinée Maintenant quo nous connaissons la justice, quo sos droits, souvent violés, hélas ! no sont du moins jamais niés, sufllra-t-cllo à régler nos rapports avec nos semblables. D'oxcollontsesprits ponsont quo la raison ot la justice doivent être nos seuls guides; selon ceux-ci la pitié n'est qu'une faiblessodont il faut so défendre. Mais nous sentons pourtant quo cette émotion stimule énorgiqitement à adoucir los souffrances ; voudrions-nous vivro parmi dos hommos incapables do ressontir los maux d'autrui, regardant d'un oeil froid touto poino en dehors d'eux-mêmes, la secourant, mais sans ajouter aucuno émotion pcrsonnclloà co secours purement extérieur. Quo do peinosprofondes resteraient alors sans secoursI L'hommo no vit pas seulement do pain; il a besoin du coeur do ses semblables ; la sympathie seule sert à panser certaines plaies. La pitié no doit pas troubler, obscurcir lo jugement ; commotous nos sentiments, elle doit étro gouvornéopar


LABONTÉ, LAPITIÉ 79 la raison ; mais on présoncodes misères, des souffrances à soulager, la bonté cllc-mémoresterait froido sans la pitié. Lo raisonnement, la volonté peuvent bien nous faire agir selon lodevoir : il produira peu sans l'impulsion chaude et vivante qui nous fait trouver un plaisir personnel dans lo soulagementde la peino d'autrui, qui nous empêche do goûter lo repos quand d'autres soufflent, qui enfin leur fait sentir quo co quo nous faisons pour eux « vient du coeur», comme disent les bonnes gens. Cosentiment sera doux au malheureux, aussi doux que lo bienfaitlui-mémo : la pitié seule peut lo donner. Kilonous égare parfois, il est vrai ; mais on pout lui appliquerco qui a été dit d'autres passions : elles ressemblentaux vents qui gonllcnt los voiles du vaisseau; elles le font sombrer quelquefois; mais sans eux lo navite no marcherait pas. Tâchons do no pas sombrer; nous avons uno intelligence commonous avons un coeur; l'uno doit éclairer, l'autre ; écoutons ses conseils. Kilo nous apprendra A satisfaire lo besoind'être socourâbles et bienfaisantes, nous dira dans quello mesure, dans quellodirection nous devons agir, nous montrera co que la réflexion,lo discernementdonnent d'efficacitéA la bonno volonté, et quo sans eux les meilleures intentions restent stériles on mémo produisentdos effets contraires au but désiré; ollo nous fera comprendre aussi quocombattre lo mal chez los autres, c'est travailler pour nousmêmes, pour notre bien, pour notre repos. Les dovoirs imposéspar la justico sont cx| rimesdans co grand préeepto: « No fais pas à autrui co quo tu no | voudrais pas qu'on te fit », c'est-à-dire, abstiens-toidu mal. Vous"nocroirez pas, mes enfants, avoir rempli tout votre devoir en vous bornant A cetto abstention. Kiloest imposée par los lois positivesdo tous les pays civilisés, commopar l'intérêt bien conquis de clrionn : être tué-


SO A NOSJEUNES FILLES chant coûtosonvont plus que cela no rapporto; on s'en convaincra en rélléchissantun peu ; si vous vous borniezAno pas fairo lo mal, l'opinion quo vous donneriez de vousserait minco, commovotre mérite. Voussavez qu'il y a du bien à fairo; pensez-vousétro en paix avec vous-mêmessans ajouter au premier préeeptoun autro tout dobienfaisanteaction : c<Fais à autrui co quo tu voudrais qu'on lo lit », c'est-à-diro aimo ton prochain, sois charitable? La charité est le meilleur moyen do servir la justico, car elle lutto contro lo mal, qu'il vienno do la nnturo ou qu'il vienno des hommes; ollocherchoà établir dans lo moudo [dus d'harmonio,à fairolos parts [duségales; c'est cllo qui poasc aux oubliés, aux dédaignés,aux pauvres, les prend par la main ot leur dit d'espérer.

DIVISION1)1ÎSDKVOIHS. Pourdésignerles deuxordresdo devoirs,dovoirdeno pas nuire, devoir de servir, on les oppclloquelquefoisdevoir négatif et devoir positif, ou devoirparfait et devoir impartait,ou encoredevoir de justice et devoirde charitéou do bicnvcil'oncc. Luqualificationdo devoirparfaitcl devoirimparfaitpourrait induireen erreur: voicisur quoi cllocsl fondée.Les dcvoiis parfaits comportentune désignationprécise; ils peuventêtrenettementdéterminés: « Tu nedéroberaspus», et colas'entendmêmed'une obole. « Tu donneras», la lot .10peut pas dire dansquellemesure.Mllen'ordonnepas de se dépouiller,ni de donnerpourdes besoinsqui ne seraient pas extiéinos.La limiteest d me laisséedans le vuguo et c'est pourquoilo devoirse dit imparfait. Il n'est pas exact do nommerle devoirde ne pas nuire devoir do justiceet le devoir do servir devoirde chiiiilé. D'abord,ce sont deux devoirsde justice. Celui qui, pou-


DEVOIRS DEJUSTICE '. RESPECT DELAVIEHUMAINE Si vont guérir un malade, le laisse souffrir,viole la loi du dovoir:il manqueà la justice. Ensuitece termedo charité! ou do bienveillance,ou do libéralité indiqueun don gratuit, cl par conséquentne peut s'appliquerà nn devoir. Nousavonsbien do la peineà no pas uo«3 admirertoutes les foisquenous faisonsdu bien. Nousvoulonspasserpour généreux,lorsmémoque nousne sommesqu'honnêtes. Deuxcirconslonccsconcourentencore h nous tromper. L'une,c'csl que la loi civilone pcul réglementerquo los devoirs parfaits; l'autre, c'csl que les devoirs imparfaits échappenta toutopoursuiteprécise;il est difficiledo savoir exactementoù finit l'accomplissement du dovoir,où commencela libéralité. Maisque celane nous(rompopas sur l'obligationstricte, absolue,universelle,que la moralo nous impose,do servir les hommesde nos biens,do notre temps,do nos lumières, de leur être, en toute occasion,non un ennemi,ni même un indifférent,maisun frère 11y a un motdans l'Hvangilo qui lovientsans cosse,cl qu'ondevrait écrire à toutes les pogesd'unlivrodo moralo: « Aimez-vousles uns les autres », car c'csl la loi cl les prophètes. '. JULESSIMON

XIV DEVOIRS DEJUSTICE. RESPECT DELAVIEHUMAINE. DUEL, • ASSASSINAT CASDELÉOITIMK L>É SUICIDE, POLITIQUE. 1-ENSE. Lo sentiment do In justico remplit l'Amohumninoet dominonotro vio moralo,Jtbto et bon sont synonymes; • LeDctoir,Hachette, éditeur. 8.


FILLES A NOSJEUXES 82 l'horreur do l'injusticeost devenueen nous presqueinstinctive. L'enfant qui so croit blAméou puni injustement souffredocetto injusticeinfinimentplus quo dola punition. Kt co n'est pas pour lui seul qu'il sont cet impérieux besoin dojustico; il applaudira au triomphe mérité, même à sos dépens.Il est intéressant do voir comment dans uno classo,par oxcmplo,los enfants so constituentnaïvement gardiens do la justico. « C'est juste, ou c'est injitsto», est uno expression quo l'on retrouve constamment dans leur bouche Ils so trompent souvent dans ces jugements sommaires; ils n'ont ni la connnissancocomplète des questions, ni los lumièresnécessaires pour on décider; ilsjugent d'après des impressions non contrôlées par la réflexion. Maisl'injustico récllo ou supposéolour inspire uiio indignationprofondo. Vous comprendrezdonc aisément touto l'importance des dovoirs de justice S'ils n'étaient pas observés, il n'y aurait ni civilisation, ni société, mais simplementla vio de la brute Aussi no dépendent-ils pas soulomcntde notro [dus ou moins bonnovolonté, mais sont-ils sous la garde do la loi, qui voilloà leur exécutionot punit leur transgression. Lo premier do ces devoirs correspondau premier droi de l'hommo: celui do vivre La vie nous est donnée pour remplir dos devoirs, nloiieir les souffrancesdont sont oucoro victimestant d'êtres humains, réaliser la justico ; nous vivons pour cultiver en nousdo belles, do nobles facultés, pour nous élever do [dusen [duspar l'habitude du bien, pour qu'il y ait en co mondedes êtres sachant préférer ce qui est beau, ce qui est bien, aux plaisirs grossiers, à l'intérêt passager. C'est pourquoi la vie humaine est infiniment précieuse; rien n'égale notro horreur pour ceux qui attentent à la vie de leurs semblables: « Tu ne tueras point. » Voilàla règle absolue, sans aucune atténuation,


DEJUSTICE : IlESi'ECT DELAVIEHUMAINE 83 DEVOIRS dont l'oubliest châtié do la façon la plus terrible.danslo mondocivilisétout entier. La vie humaineseule a co caractère sacré, parcoquo l'homme seul a dos dovoirs à remplir et qu'il est criminel de l'on empêcher. Pour toutes sortes do raisons, physiologiquesou autro 3, nous tuons les animaux : la conservationdo notro propre vio nousy oblige: nécessitéfait loi. D'ailleurs les animaux n'étant pas des personnes, nous avonsdes dovoirs relatifs à eux, mais nonenvers eux. Traiter avec cruauté les animaux domestiquesest uno lâchebrutalité ; j'aurais mémomauvaise opiniond'uno jeuno filloqui manquerait d'égards envers ces humbles amis, ces serviteurs si utiles. Il faut les rendro heureux : ils lo sont A pou do frais ; on so doit A soi-mémo, non seulementdo no pas les fairo souffrir,mais do les soulager, dono pas les laisser soulVrir-s'i'.ost possible Do devoirs proprementdits, nous n'en avons qu'envers nos semblables. Lo meurtroost toujourscriminel, mêmequand los motifs du meurtrier no lo sont pas. On comprendl'indignation do la malheureuse Charlotte Corday, quand, au cours do sou procès, Fouquior-Tinvillofaisait remarquer qu'elle avait habilementfrappé et ajoutait : « Apparemmentvous vous étiez d'avanco bien exercée. » — « 0 lo monstre I s'écria-t-clle, il mo prend [tour un assassin! » Ses intentionsétaient si pures, son héroïsme, digno do Corneille, son aïoul, faisait si volontierslo sacrificedo sa vio [tour sauver la patrie! Son acto pourtant no lit qu'ajouter aux malheursdu pays : lo bien no pout soitir du crime; l'assassinat éveilleles vengeances, attiso des haines nouvelles, n'npporto pas le salut. — L'assassin politiqueso fait A la fois accusateur, juge et bourreau. l)e quel droit a-t-il prononcé,puis exécuté l'arrêt terrible qui retranche uno vie humaiiio, quelquefois plusieurs? 11so croit magnanimeparcoqu'il expose


A NOSJEUNES FILLES 8i sa propre vio; mais il a moinslo sontimont do la justico quo co bourreauqui répondait aux agents do la Saintjjarthélomyl'ongagcant A so joindre aux tueurs : a Jo n'oxécutoqu'aprèsarrêt des tribunaux. » Mémo quand lo crimeest avéré, patent, la société donno au criminel tous les moyens possiblesdo so défondro;avant do prononcer l'arrêt, les juges réunissent des preuves, interrogent des témoins, étudient tout co (pli peut les éclairer sur los circonstancesdu fait, et c'est après do longues recherches, après avoir ontendu tout co qui pout so diro pour la défensedo l'accusé,consulté dosconsciencesimpartiales et désintéressées,qu'ils rendent \m arrêt, il n'y aurait plus do sécurité pourpersonnesi unseul individuavait ainsile droit do so substituer aux loisot Ala justico du pays. Puisquenousavons uno tAchoA remplir ot quo nous vivons pour co dovoir, il no nous est [tas [dus permis d'attenter à notro propre vio qu'à collo d'autrui. Lo suicide qui, dans certains cas, était admis par les anciens, commol'assassinatpolitique,no nous somb!oplusqu'uno désertiondo tousles devoirs. Dire quo cetto crainte de la souffrance prolongéo,do la lutte pénible,quelquefoisdu déshonneur,co bosoind'y échapper, mêmenu prix do la vio, .dénotent un coeur làcho, no serait peut-êtrepas tout Al'ait exact. 11faut do l'énergie pour dominerl'instinct do la conservation, lo [dus puissant de tous. Mais, c'est un coeurodiensomont égoïstequo celui qui n'est pas retenu par la crainte d'abandonnerles siens, doles désespérer,qui leur imposelo fardeau qu'il rejette, avec la honto do sa fin. Porsonno n'est seul dans la vio ni libro de devoirs; porsonnon'a donclo droit d'employer son énergie A se soustraire au devoir, au lieude recommencerlo combat: rendre ainsi les armes, c'est faire i'aillitoà la vio, au bien. La barbariodes temps anciensa laissédes traces dans


85 DEJUSTICE : HESPECT DELAVIEHUMAINE DEVOIRS quolqucs-unosdo nos habitudes, ccllo du duel, par exemple liion d'absurdo A la réflexion commocetto coutume Un hommoost ou so croit insulté par un autro ; commoréparation, il oxigo quo l'insultcurlui fournisselo moyendo tuer ou d'être tué, tout au moins blessé: c'est l'antique« jugomont do Dieu », ot l'on so demandoquandla raisonet la moraloarriverontAnous ondélivrer. — Jo dois vous fairo romarquorpourtant quoco n'estjamais sans motifssérieux qu'unusagoporsisto ainsi A travers los Ages.Primitivement,dans los tempsdo violenco,lo duel a été un grand progrès.Au lieu dosojeter los uns sur losaulros commedos bêtes bruteset do s'ontro-déchircr,los adversaires, au moyen du duel,vidaientloursquerellesdans doscombatsréglés, sous les yeux dotémoinsqui veillaient à co quotout so passâtdans lesformescouvenues.L'intervalleentrel'offenso et la réparation permettait quelquefoisd'apaiser des querellesnéesd'un malentendu,calmait les fureurs premières.Aujourd'huimémo,lo duel prévient ou empêcheles violencesgrossières.Loscombats à coups do poing et à coups do piedsont assurémentmoinsmeurtriers quolos luttes à l'épéo: il faut avouer qu'ils sont plusrépugnants. Co qui vaudrait mieux, co serait dorésoudrelesdifférends — inévitablesontro les hommos— d'uno façon plus raisonnable,plus pacifique,en s'en rapportant au jugomontd'honnêtesgens désintérossésdans la question. Lo duel n'est pas aussi fréquentdans d'autres pays, on Angleterre,par oxcmplo,qu'on Franco. Or, il serait inoxact autant qu'injustodocroiroles Anglaismoinssoucieux do l'honneur quo nous no le sommes.Kspérons lo progrèssurco point commoon tant d'autres, et en l'attendant, faisonsdo notre mieux, femmeset jeunes filles, pourmaintenirl'uniondans lo petit cercleoùvit chacune donous.


80 A NOSJEUNES FILLES Si vous voulezbien comprendre ce quo lo duel peut avoir de funeste, imaginez, la chosen'est pas impossible, un honnêto homme ayant tué son adversaire en duel. Co sont deux vies perdues; lo meurtrier no connaîtra [dus un instant do repos. Il aura beau raisonner sur l'opinion d'autrui, sur l'honneur à sauvegarder, il n'oublierajamaisle cadavre de sa victime; il n'échappera pas Acetto vision vengeresse Une soûle circonstance oxcuso le meurtro et cetto apparente exception est uno confirmationdelà règle. La vie humaine étant préciouso, tout moyen est bon pour la défendrequand cllo ost injustement allaquéo. Si vous no pouvezconserver votro vie menacée qu'en supprimant cello do l'assassin, vousen avez lo droit, mémole devoir. Kt à la guerre, pouvoz-vousdemander, quo devient lo respect de la vie htimaino? On vous répondra qu'il y a plusieurs sortes de guerres ; il en est d'injustes; il en est do justes, do saintes. Les nations ont une vie A elles, connue les individus. Cette vio propre, c'est ce quo l'on appelle rindépcndnnconationale, le droit pour nous, par oxemplod'être Français et non pas autre chose. Qu'un peuple vienno attaquer ce droit, notre devoir sera de le défendre, les hommes do lour sang, los femmes do sacrifices[dus douloureux encore, du sang de ceux qui leur sont ehers. Ainsi la légitime défense contre des assassins ou des agresseurs injustes qui voudraient s'emparer de notre territoire, ce sont là les deux seuls cas où le devoir do nous préserver doit primer tous los autres. La loi protège la vie humaine non seulement contre la violence, mais mémo contre l'imprudence, la légèreté, l'ignorance: le pharmacien qui donne du [toison[tour un médicament; l'aiguilleur de chemin de for qui se trompe de signal ot amène une catastrophe ne sont pas des assassinssans doute; ils sont responsablescependant de-


: UESI'ECT DELAVIEHUMAINES7 DEJUSTICE DEVOIllS vaut la loi comme devant leur conscionco d'erreurs dont les conséquences sont si graves. Cotto responsabilité ost do touto justico; co no sont pas fautos légères quo l'imprudence ou l'inexactitude dont lo résultat ost mortel. Certaines professions supposent certaines qualités : lo Distrait do La Hruyère eut été crimi ncl en so faisant pharmacien; un pharmacien sans attention, un employé do chemin do fer inexact sont dos dangers publics. Kn cherchant à nous en préserver, la loi civile, comme la loi morale, montre tout lo prix qui s'attacho à la vio humaine. AlMtKSLU MHIJUTIUÏ. —«H m'a semblé cnlendro une voix crier: MACRETU. « Ne dors plus! Macbeth a tué lo sommeil! » le sommeil innocent, le sommeilqui démêlel'écheveau embrouillé des soucis, le sommeil,mort de lu vie de chuquojour, bain du labeur douloureux,baume des Aines blessées, second service do lu grande nature, aliment suprémo du banquet de la viol — Que voulez-vousdire? I \i>vMACIIETII. — Kl celte voix crhil toujours pur tonte lu MACIIKTU. maison: Ne dors plus! Glanasu tué le sommeil,Macbethne dormiraplus. De quel côté fruppc-l-on?Dans quel élut suis-je donc que le moindre bruit m'épouvante? Regardant ses mains: yuelles sont ces mains-la?Ah! elles m'arrachentles yeuxI Tout l'Océandu grand Neptunesuflira-l-ilà laver le sang île mu main? Non, c'est plutôt mu main qui donnerait sa pourpre aux vogues iimombrubles. SlIAKESI'l'MlE. Traductiondo François-Yielor Hugo.


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FILLES A NOSJEUNES

XV DANS TOUSLESHOMMES. HUMAINE DELAIWINITE llE'PKCT 1)'EMPIÈTE 11 DlEEÛnESTES SEUVAOE. KSCI.AVAOE, l'AÇONS SUHLALIDEIITÉ D'AUTHUI.

Si l'on vous donnait, mes enfants, uno tAchoà remplir, on vous rendant responsablesdo son accomplissement, vous trouveriez fort mauvais d'êtro privées des moyensd'y travailler, et vous auriez raison. La vio qui vous attend ost uno suite do tâches à remplir; pour qu'elles lo soient bien, diverses conditionssont nécessaires: la plusindispensableest la liberté. Ce mot do libertéest pris dans [dus d'un sens ; nous nous occuperonsaujourd'hui de la liberté d'aller, do venir, d'agir, do rester innetif, selondos motifsqu'on est seul à choisir. Que la volontéd'autrui so substituoà la vôtre pour empêcherson action, la forcer d'agir contrairement A votre propre sentiment, vousn'êtes plus responsables d'actes quo vous n'avez pas voulus; vous n'ayissezplus commodosêtres humains; mais, miseseu mouvement, ou arrêtées par uno impulsionétrangère, vous produirezcortains effetsbonsou mauvais,sans qu'il y ait «levotio part mériteou démérite Quand on songeque telle a été pondantbienlongtemps la conditionde millionsdo nos .semblables,on ne sautait nier les progrèsaccomplispar l'humanité dans son long voyageà travers les siècles.


DEJUSTICE '. IlKSI'ECT DEVOIRS DELALIDEUTÉ 89 Vous avez ontondu parler dos sociétés antiques, do leur éclat, des chofs-d'oeuvroqu'ollosont laissésdans los arts, les lettres, la philosophie Aucuno époquo n'a produit do plus grands hommes; leurs nomssont synonymes do gloire et do génie Maiscos brillantessociétés étaient fondées sur l'osclavage L'hommo y servait do bétail A l'hommo; c'ost lo labour écrasant dosuns qui procurait les doux loisirs dos autroi. Chaque guerre fournissait un nouveau contingent d'csclavos dans los prisonniers qui s'y faisaient. Kncore a-t-on fait remarquor quo l'esclavage a été un adoucissomontA la cruauté dos moeurs primitives; c'ost lo missacre qui tout d'abord attondnit les prisonniers. Maisétait-co bien uno grAcoque doleur laisser cetto vio do souffrances, d'humiliations, sans dignité, où do toutos les facultéshumainesne dovait [dus gtièro subsister quo celledo souffrirl Avec lo temps l'esclavage s'adoucit; on ont soin dos esclaves, commo nousavons soin do nos troupeaux, de nos meubles. Au moyen Ago lo servago remplaça l'osclavago : co no fut guère qu'un changement do nom. Les serfs n'étaient pas beaucoup [dus libres quo les osclavcs ; du moins avaient-ils lo droit do rester toujours là où ils étaient nés, sans quo porsonnoput los séparer violemmentde leur famille, de la terre natale Mais lo maitro décidait do tous les actes importants do leur vio ; le fruit do leur travail lui appartenait on grande partie L'histoire nous apprend comment les serfs so sont alfranchis pou A pou, avec quelle peino, quelle énergie, (piel coeur. D'autres pays ont eu la honte du servago bien [dus longtemps que la France La Wussien'a proclamé l'affranchissementdes serfs qu'en 1800. Vousaurezde la peino Acroire qu'il s'est trouvé longtemps, non seulement des personnes, mais des peuples pour soutenir (pie l'esclavage a du bon, — du bon pour eux, s'entend. Quand leurs intérêts sont en jeu, les


90 FILLES A NOSJEUNES hommes trouvent malhcureusomontdos raisons pour soutonirl'injustico,— ou bionils se passont do raisons. Un grand nombro des états agricoles do l'Amérique devaient leur prospérité au travail dos esclavesnègres. Kux seuls, disait-on, sont propres à cultiver lo sucre, lo tabac, lo coton, et s'ils étaient libres, ils no fourniraient pas lo travail nécessaire Los noirs sont d'uno raco infélieuro faito pourservir losblancs,ot d'ailleurs, connnoon l'a dit en riant, « ils sont si laids ot ils ont lo noz si écrasé qu'il est presque impossibledo los plaindre ». Singulière façon,n'cst-co pas, do prouvor sa supérioritéquo do l'employer à opprimer et à maltraiter los faibles. Co no serait donc plus la justico, mais la forco qui régnerait parmi los hommes. Il n'est pas prouvé, d'ailleurs, quo los nègres soient d'unoraco inférieuro,ni qu'il y ait dos races inférieures; il y a des degrés différents do civilisation; los plus avancés parmi nous ont lo dovoir do travailler à l'avancement des autres, nondo profiter do leur faiblessephysique ou intellectuellepour les traiter en bêtes do somme. Notro pays, toujours lo premier, quand il s'agit do générosité, a proclamél'abolitiondo l'osclavagoon 1848. Maisil n'y a pas encore trente ans quo des peupleschrétiens on Amériqueno rougissaient pas do compter leurs richesses par têtes d'hommes.C'est d'un coeurdo femme qu'est parti le cri de pitié qui amena la fin do cotto ini0 M'" séculaire Boechor Stowo, dans la Case de quité l'oncleTom,a fait un tableau si vivant, si saisissantdes horreurs do l'osclavago quo tous los coeurshonnêtesen ont été révoltés. Co livre a été pour beaucoupdans los événements qui ont amené la fin do l'esclavage, en Amériquo: encoreuno victoire do la pitié, inspiratrice do tant do grandes choses. L'esclavagen'a pas disparu de touto la terre ; il sévit cruellementdans certaines parties do l'Afrique Souhai-


DEVOIRS DELAL1BEIVTIÎ91 DEJUSTICE '. MfeFECT tons quo los efforts tontes depuis quoique* années surtout pour le combattro, finissont par aboutir. La Franco » Un uno a grando part. prétro français s'est fait y pris lo promoteur d'uno véritablo croisadocontro lo trafic des esclaves. Los nations civilisées d'Europe, on s'avançant dans l'intérieur do l'Afriquo, chasseront devant ellos, il faut l'espérer, co fléau commetant d'autres. Chez nous, il n'ost à craindre ni osclavago, ni servage Lo premier mot do notro devise nationale : Liberté, n'ost pas un vain mot ; nous sommeslibros ; porsonno n'a lo droit do substituer sa volonté à la nôtre et pourtant, pronoz-y garde : il y a plus d'une façon d'attenter à la liberté d'autrui. Nous avons tous bosoin les uns des autres ; nul ne pout so passer do sos semblables. Lo chef d'uno maison do commcrco,lo directeur d'uno usine, la maîtresse d'un atelier, ont besoin du travail do leurs employés et ouvriers, commeceux-ciont besoin du salaire do co travail ; quo les uns ou los autres profitent dos circonstances pour obtenir plus ou donnermoins qu'ils no doivent, ils auront pesé sur la liberté d'autrui, cherché à la supprimer, violé la justico. Si des ouvriers dans un moment do presse demandaient dos augmentations do salairo incompatibles avec là bonno marche do la maison, ils attenteraient à la liberté des patrons, commo feraient ceux-ci on proposant des réductions on morte saison. Los uns et les autres peuvent refuser, sans douto; mais co refus leur ferait grand tort : placer quelqu'un dans l'alternative d'uno concession forcée ou d'un grand dommago personnel, c'est violer la liberté ! C'est encore la violer quo d'exercer uno action injuste en dehors des questions de travail sur la vie privée do * Lo cardinalLavigerie.


A NOSJEUNES 92 FILLES couxqui pouvontdépondrodo vous, Los courtisans d'autrefois étaient, n-t-on dit, dévots ou athéos, commoil plaisait au maitro, loquolaccordaitou refusait sa faveur selon qu'on so conformait ou non à sa façondo ponsor, do sentir, do prier. Il n'y a plus do rois cheznous ; y aurait-il oncorodos courtisans, c'est-à-diro dos personnes faisant bon marché do bion dos chosos pour sauvegarder leurs intérêts ? Si cotto raco n'a pas disparu, si d'autre part la défonsodo certains intérêts est légitime, mémoobligatoire, il faut condamnor coux qui, usant dos avantages d'uno situation inlluonto, impnsont leurs idées, leurs vuos, leurs croyances, à dos hommos d'idéos ot do croyances différentes.Lo chef d'uno grando industrio oxigeant do sos ouvriors dos opinions politiques ou roligiouscsconformes aux sionnos, si uno tello oxigoncoétait oncoro possiblo,violenterait lourconscioncoot la liberté. Quel sorait lo résultat d'unocomluitoaussi injusto? Jo mal do tous los côtés. La conscioncono so laisso pas forcor; los croyances no s'imposont pas. Pour garder lo gagno-pain on paraîtra quelquefoisaccepter co quo l'on réprouvo; un pèro do famillovoudra avant tout pourvoir aux besoins des siens, ot feindra do croiro co qu'il no croit pas. Co mensonge, cetto lâcheté retomberonton grande partie sur celui qui en a été l'occasion; c'ost lui qui aura dégradé los Ames,los aura familiariséesavec Ihypocrisie. L'oppression des Ames et dos consciencesost donc doublementodieuso, on ce qu'elle diminuoAla fois celui qui la commet et celui qui en souffre: cllo so produit chaquo fois qu'une personne profito do circonstances favorablespour obtenir d'unoautro des avantages qu'elle n'obtiendrait pas, si toutes deux so trouvaient sur ua pied d'égalité.


DEVOIRS DEJUSTICE . RESPECT DEL'HONNEUR93 LA LIHKMTK CONDITION DELAVIEDESPEUPLES. x PIlEMIEIlE Les deux pcupl s anciens dont la littératurecl l'histoire composentencoreaujourd'hui notre piincipulefortune intellectuelle, n'ont dû leur étonnante supériorité qu'à In jouissanced'unopatrie libre. Maisl'esclavageexistait chez eux, et pur conséquentles droitscl les motifs d'émulation qui doiventêtre lo patrimoinecommundes hommes,étaient lo partage exclusifd'un petit nombrede citoyens.Les nutions giccquoel romaineoui disparu du mondoà cuusodo co qu'il y uvaitdo barbare,c'est-à-dired'iijuslo dunsleurs institutions.Les vastescontréesdo l'Asio so sont perdues dans lo despotisme,et depuisnombre do sièclesce qu'il y rcslo de civilisationest stulionuairo. L'ordre social qui admet tous nos .semblablesà l'égalitédevantlu loi, commo devant Dieu,est aussibien d'accorda/cc la religion chrétiennequ'aveclu véritableliberté: l'unoet l'autre, dans des sphèresdilléioulcs,doiventsuivreles mêmesprincipes. Mn"!DE STAËL. s:r la Recolat'.o* [Uoéisi-lJi'.il!o.ts fi\in;a(39

XVI DE LA RESPECTDE L'IIONNEUK. L'ESTIME,L'IIONNEUII. DKLAMÉDISANCE. DANOEII DEIlÉPÉTEK. LES CALOMNIE, MÉCHANTS PROPOS. Mes enfants, quand après do courageux efforts, vous avez roussi à bien faire, quelle est la récompensequi


A NOSJEUNES FILLES 91 vous touche lo [dus? Interrogez-vous; vous reconnaîtrez quo le succès vous est doux surtout par l'approbation, l'cslimo, la considération qu'il vous apporto ; vous soull'riiiozdo penser quo l'on n'a pas bonno opinion do vous. Plus tard, quelleque soit votre place dans la vio, co sontimont so fortifiera oncoro; vous reconnaîtrez quo l'cstimo des autres est un dos biens los plus précieux pour tous ; lo [dus modostodos travailleurs en a besoin; lo souverain d'un état no s'en pont passer. Et cetto estimo, nous la voulonsgénérale; qu'un seul nous la rcl'uso, nous voici tourmontés. « Nous no saurions, a dit Pascal, vivre dans lo mépris d'uno Ame » Dans sa fragédio AKsIfier, itacine nous monlro Aman, le plus grand de l'empire perso après lo roi, tout troublédo co qu'un seul hommo, qu'il appelle un vil esclave, lo regardo avec dédain : Knvain do lu faveurdu plus grand dos monarques Toutrévèrea genouxles glorieusesmarques; Lorsquod'un saint respect,tousles Persans touchés N'osentlever leursfrontsà lu lerroulluchcs, Lui, fièrementassiscl la lèle immobile, Truitetousces honneursd'impiétéservile, Présenteà mes regardsun frontséditieux Kl ne daigneraitpus au moinsbaisser les yeux. Son visageodieux m'affligeet me poursuit; Kt mon esprit troubléle voit encorola nuit. Lo mépris tranquillo et silencieuxdu proscrit suffità bouleverser l'Amodu grand soigneur. Combien davantage la mésestimejustifiée, la honto rendent la vio impossible! La crainto du déshonneur est une cause fréquento dol'acte do folioqui s'appelle lo suicido;la honto méritéo est lo plus grand des maux, le seul qu'on ne puisse consoler, qui ne so puisseréparer : la pauvreté, la maladie,


DEL'IloNNEI'R 95 DEVOIRS DEJUSTICE : RESPECT toutes los souffrancessont préférables A cotto angoisse pr.ignuntode n'oser pas rencontrer lo rogard des honnêtes gens parco qu'on a perdu lo respect do soi-même Ition no coûte pour lo conserver, car lion no compense sa porto ; la crainte de la souilluro est la première sauvegarde de l'Aine, la plus puissante peut étro. Kiloa inspiré les [dus durs, los plus héroïques sacrifices. C'est cllo (pli commandoles luttes vaillantes contre soi mémo, lo renoncementdouloureuxaux plus ehors désirs, et qui, aux révoltes du coïur lui-mémo, répond par la boucho du vieux Cornoillo: ' Faites votre dovoir,et luissez faire aux dieux 1 Co n'ost pas soulomontlo bosoindo l'ostimo publiquo, c'est celui de notro propre estime qui constitue co noblo sentiment do l'honneur. 11 nous retient dans le bion, nous fait éviter lo mal commoun abaissement, uno dégradation, mémosi nos actes restent secrets ; il nous for..it rougir, il nous donnerait horreur mémo d'uno pensée basseou mauvaiso; il nous fortifie dans la résolution honnête, si péniblequ'elle puisse être d'ailleurs : Co qui fait durer l'exil Mieuxque l'eau, lo roc ou le sable, C'estun obstacleinfranchissable Qui n'a pusl'épaisseurd'un fil. C'est l'honneur; aucunstratagème, Nul ;1proeffortn'en est vainqueur, Car tout ce qu'il opposenu coeur, Il lo puise dans lo coeurmême. SULLYPHUDIIOMME'. Si l'honneur est en soi-même lo [dus précieux des biens, s'il n'est pas do vio moralo sans lui, notro vio 1 Lcir.cne,Iddcur.


90 A NOSJEUNES FILLES matériello no saurait s'en passor davantago : Nous n'aimons point avoir affuiroAqui nous n'estimons point, et l'on trouvo difficilementl'emploi do sos aptitudes sans inspirer la confiancequi liait do l'estime Chercher A déconsidérer son prochain, à lo noircir dans l'opinion d'autrui, c'ost donc attaquer à la fois son ropos et ses intérêts; c'ost gêner, paralysor sos effo.-ts pour avancer dans li vio, c'ost lui fairo un mal parfois irréparable. Co mal peut étro si gravo qu'il rentre dans la catégorie des crimes punis par la loi et quo, sous lo 1 nom do diffamation,il ost frappé do peinesjudiciaires. — Maisles torts sont plus faciles à fairo qu'à réparer; les jugements no détruisent pas toujours l'effet dos calomnies. Le calomniateur n'agit pas à ciel ouvert ; il ost donc difficiledo découvrir l'origino d'allégations perfides qui tuent une réputation; leur fausseté fut-olloprouvée, ollo no l'est pas pour tout le monde Commolo dit un jiorsonnago d'uno comédio célèbro : « La calomnie!... j'ai vu los plus honnêtes gens [dès don étro accablés. Croyez qu'il n'y a pas do plato méchanceté, pas do conto absurde, pas d'horreurs qu'on no lasso accepter aux oisifsen s'y prenant bion... D'abord un bruit léger rasant lo sol commoriiirondello avant l'orago, pianissimo, murmuroet file et sèmoen courant le bruit empoisonne. Telle bouche lo rccuoilloet piano, piano, vous lo glisse à l'orcilloadroitement ; lo mal ost fait; Mgerme, il rampe, il chomino,et rinforzando, do boucheon boucho, il va lo diablo; puis tout Acoup, no sais comment, vous voyoz calomnie so dresser, sifller, s'enfler, grossir à vuo d'oui. Kilo s'élance, étend son vol, tourbilloiuio, enveloppe, arrache, entraîne, éclate ot tonne et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel dohaino ot do destruction. Qui diablo y résisterait 1. » 1 Beaumarchais.


DEL'HONNEUR97 DEVOIRS DEJUSTICE : RESrECT Il faut avoir l'Amo bion noire pour iiivonter ainsi do toutes pièces do quoi perdre la bonnorouomméo do quelqu'un ot lui fairo un mal aussi atioco; lo calomniateur est un malfaiteur do la piro cspèco, ot los malfaiteurs sont heureusement dos êtres d'oxeeptiou, Co qui est moins rare, quoiqiio aussi pernicieux pout* étro,c'ost d'ontendro répéter dos accusations vaguomont formulées, propagées sans haino, par simple bosoin do parler. Quo pourrait la calomnio,si ollo n'était servio par lamédisanco? On no réfléchit pas aux conséquences do cos tristes bavardagos : on veut paraitro informé ; on n'a pas grand'choso Adire pour alimontor la conversation : tant pis pour lo prochain qui tombo sous les langues. Personnen'est méchant, et que de mal on fuitl Lo poèto a raison, c'ost sans méchanceté qu'on répôto los méchants propos, si .souventtombés à la légôro. Et ces propos légers, qu'il oût fallu laisser par terro, suffisent pour écraser un honnéto hommo. a Dos bruits courent », dit-on, sur tello porsonno. Vérifiez-les, du moins, avant do los aidor Acourir. Vous verriez combien do fois los intentions, mémo los faits ont été dénaturés, amplifiés hors do touto mesure, commolo secret do la fable Uno soulo protostation énorgiquo aurait pout-êtro empêché lo mal do s'étondro. Si vous no voulez pas grossir lo nombre des bavardes malfaisantes, remarquez ceci : les médisants n'ont prosquojamais été los témoins du mal quo dénonce leur vertueuse indignation; ils en tiennent les détails do tels ou tels qui eux-mêmes les ont do secondemain. Comment oser devant tant d'incertitudes formuler dos accusations sérieuses, si nuisibles? Lo médisant, d'ordinaire, no prouvo qu'une choso: la médiocrité do soiiyO^p.rjt.comme la malveillance do 6 ';'\ //\


OS A NOSJKUNKS FILLES son coin. Ceux-là seuls nourrissent lour onlretien des des torts et dos faiblessesd'autrui, qui n'ont rien d'nutio A dire, et l'on peut juger de la portée d'esprit do quelqu'un par la place que dans sa conversation tient le prochain. Sans attaquer la considération ou l'honneur des autres, il pourrait vous arriver de blesserci-nullement par la raillerie, soit directe, soit dé.'uisée.Fairo riro aux dépens de quelqu'un est une tentation A laquellenu résisterait [dus aisément si l'on se rappelait la soiill'raiice •pie peut donner le sentiment d'être ridicule, ltien de [dusdifficilea pardonner quo la moquerie. Kiloest, dit La Hruyéro, le langage du mépris, et l'une des manières dont il so fait lo mieux ontondro; elle attaque l'hommo dansson dernier retranchement, «pliest l'opinion qu'il a du lui-mémo; ollo veut lo rendre ridicule à sos propres youx, et ainsi elle lo convainc do la plus mauvaise disposition où l'on puisse être pour lui ot lo rend irréconciliable » Il no faudrait pas penser cependant qu'il est coupable do riro doco qui est lisible L'ironie, le sarcasino léger, sont souvent lo châtiment mérité, eflicacodu mal, du vico: tels abus dont lo inondo a souffert longtemps n'ont pas tenu dovant les sifllotsot la riséo publique La crainte du ridiculea été en bien doscas un puissant préservatifcontro lo mal. Co (pi'on doit éviter, c'est d'infliger des soufirancos qu'on craindrait tant pour soi mémo, do froisser, (IJ blesserinconsidérément,do riro parco qu'onne comprend pas, co qui est plus aisé quo do comprendre, de justifier enfince mot : « La moquerieest souvent indigeiicod'es1 prit. »


DURIEND'AUTRUI90 DEJUSTICE : RESl'ECT DEVOIRS

XVII ! IHI'I'ÉUENTES DE lÎESPEOTDU 1HEND'AUTKUI l'AÇONS EMPIlUNT SANS VIOLEllCETTELOI: VOL,THOMPEIUE, DEIlENDllE. CEKTITUDE

Mes enfants, on no fait partio des honnêtes gens qu'en se conformant A toutes les lois do la justice. Parmi ces lois il en est une dont l'importance est si grande qu'on iloiine spécialement le nom d'honnête ou de malhonnête Aceux qui l'observent ou la violent : o'o>t la loi qui nous commandode respecter le bien d'autrui. Il nVst pas nécessaire d'insister avec vous sur l'horrour qui s'attache Al'idée de vol ; lo voleur est le [dus abject de tous los criminels ; ce sont les tribunaux qui ont à s'occuper doeo malheureux. Vous comprenez bien aussi que nous avons besoin, pour vivre, do posséder certaines chosesen toute [inquiété, do les savoir bien à nous ; une des premières notions acquises par reniant, c'est celle du tien et du mien, la différence entre les objets piétés et ceux qui lui appartiennent. Il .sait quo ceux-ci, il [tout les donner, mais quo porsonno n'a lo droit de les prendre; son indignation est/tans bornescontro qui vomirait s'en emparer ; c'est une des formes do l'injustice qui lo révoltera le plus. Aussi n'est-co pas contro la malhonnêteté grossièro et criminelledu vol qu'on a besoin de vous prémunir. .Mais on doit vous fairo remarquer qu'il y a [dus d'uno façon


100 A NOSJEUNES FILLES do manquer à l'honnêteté ot quo l'on n'est honnéto qu'on los évitant toutes. L'écolière qui eopio le dovoir d'uno eompagno et lo donno commoson travail personnel n'ost pas honnéto : ollo s'est approprié la note ou la placo d'une autre, cllo a trompé pour obtenir le bien d'autrui. Faisons des vouix pour quo son mensonge soit découvert bien vito ; s'il réussissait, elle serait tentée de le répéter, et une fois engagée dans co chemin dangereux, oit s'arrétoraitelle ? Se faire passer [tour ce qu'on sait ne pas être, so faire donner ainsi ce qui appartient aux autres, n'est-ce pas lo leur vider? Qu'on agisso ainsi par ruse ou par violence, le mal est pareil. L'honnêteté n'est vraio quo lorsque la délicatesse la complète. S'abstenir do prendre ce qui est aux autres no suffit pas; il faut respecter jusqu'au scrupule le bion d'autrui. Knipruiiior A la légère, user do ce qui no vous appartient [tas, sans [tins do gène que de votre propre bien, est unehabitudefâcheuse,contraire à la délicatesse; ollo peut devenir dangereuse ; que, dans la vie, on emprunte do l'argent, commo il arrive à certaines personnes, sans l'absoluecertitude do rendre, ou manque A l'honnêteté. Sans doute on compte bien s'acquitter, on eu a la ferme espérance, mais l'espérance comportant toujours un degré de doute, no suffit pas. Se servir du bien d'autrui [tour ajouter A la facilité de sa vie et s'en remettre aux hasards de l'avenir [tour payer ses dettes est une conduiteavilissante que rien n'excuse Il est un moyeu de n'arriver jamais A pareille extrémité: c'est do régler ses dépenses, je dirais volontiers ses besoins, sur ses ressources. Vous verrez [tins tard, mes enfants, que les besoins réels ne sont pas les [dus difficiles A satisfaire Avec du travail et de l'ordre, les plus pauvres pourvoient aux nécessités de l'existence. Le désarroi commenceavec les faux besoins, les besoins


DEVOIRS DEJUSTICE '. RESPECT DURIEND'AUTRUI101 do la vanité. Si, possédant do quoi élro nourries, logées, vêtues, convenablement mais simplement, vous demandez [dus, il faudra recourir A l'emprunt, ou, co qui revient au mémo, remettre A [tins tard lo paiement de vos achats. Vous commettrez dans los doux cas une imprudence coupable; « [dus tard » n'est [tas A nous ; nous ne sommes sûrs que du présont. Ces dépenses, quo vous avez faites sans vous soucier do lour règlement, elles retomberont sur quoiqu'un. Une ou plusieurs personnes ont toujours A soiilfrir du gaspillage insensé de ceux qui no voiilont ni compter, ni prévoir. Ou sera la justico? D'autres, comme la cigale, ont chanté tout l'été. Jo no vous conseillerai cortos pas do leur fairo la réponse do la fourmi. Kiloest haï-sablo, cetto noiro et sèchoménagèro, qui, bion close choz ollo, laisso grolotcr les pauvres A sa porto ot so moque d'oux par dessus lo marché. Mais si cllo était capable d'un peu de charité, si elle donnait un morceau de pain, uno petite placo au foyer, on comprendrait sa mauvaise humour contro la cigale. Voilà uno jeune personno qui no veut que s'amuser, prendro du bon temps et qui compte pour vivro sur le travail d'autrui. Or, chacun a besoin du fruit do son travail pou:* soi, pour les siens, pour coux quo l'Agoot les infirmités rondeut pauvros sans qu'il y ait do leur fauto. Ceux qui, pouvant gagner leur vie, préfèrent la dovoir A la bonté dos autres, sont méprisables et malhonnêtes ; ils n'ont aucun souci do leur propro dignité, ils prennent injustement co qui no leur appartient pas, souvent la part des vrais malheureux. Aussi la prévoyance, qui conduit A l'épargne ost-ello la sauvegarde do la dignité, do l'honneur. Puisqu'unjourd'hui est A nous, faisons do notre mieux pour parer aux éventualités do domain. Vous aurez un jour A établir votro budget, c'est-A dire A calculer vos dépenses d'après vos recettes ; laissez uno placo petite ou grando 6.


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A NOSJEUNES FILLES [tourles économies.No vousresterait-il quo quelquessous pur jour, toutos vos déponsosréglées, vousseriozrichos, la richosso n'étant quo la proportion entro les bosoins et les moyens de les satislaire. L'épargno, d'ailleurs, grossit touto soûle; ot cos sous, mis on résorvo, c'est l'indépendancequelquefois,c'ost la liborté d'osprit [tondant los maladies qui interrompent lo travail, c'est la possibilité do rendre servico ; ils vous dispenseront do demander dos services aux autros, co qui est pénible toujours, dangereux quelquefois. No pas emprunter, payer oxactemonton temps voulu, ce quo vous devoz, co sont los doux côtés d'uno mémo obligation. L'inoxactitudodans lo paiomontdes salaires a souvent des conséquencesfAchcusos.On oxposo ceux qu'on lèsoainsi A do sérieux embarras et A pis encoro. Tel n'osera pas, plutôt par fausso honte quo par délicatesse, réclamer son dû, mais osera empruntor en attendant lo paiement et avec l'habiludo do l'emprunt perdra quolquochose do sa dignité. Lo rospoct du bien d'autrui doit être absolu; il no souffreaucuno excoption: quo la propriété soit collective ou individuelle,ollo doit nous étro sacréo. — On voit [dus d'uno porsonnopourtant qui rougirait A l'idéo d'uno atteinto, si ininimo qu'ollo soit, portéo au bien d'autrui et qui no so fait pas scrupule do frauder uno compaguiode chemin do 1eron montant.dans un wagon de première classe avec un billet de .seconde; bien plus, des personnos so croyant honnêtes dissimulent A la douane ou A l'octroi des objets soumis aux droits d'entrée Lo mal est dans la tronipeiio, non dans le plus ou moins grand nombrede personneslésées. [Jn grand nombrede propiiétés collectivesappartiennent Al'Etat. Celles-ci, qui formentle patrimoine commun do tous les citoyens, devraient étro sous la sauvegardo du public. Détériorer les arbres, los bancs dos


DURIEND'AUTRUI10s DEJUSTICE: RESPECT DEVOIRS promenades publiques, c'est nuiro à tout Jo monde No (rouverioz-vous [tas vraiment criminels ceux qui s'attaquoiaient aux arbres do nos belles forêts, ou qui dégraderaient les ornements publics, cos statues, ces groupos artistiques, qui font la beauté, lo charme de nos villes, et (pii ontreliennont parmi nous l'idée do l'art ot du beau ? Tout objet fabriqué, enivre d'artisto ou d'artisan, icprésento du travail, de l'effort, de la poino ; sa destruction ost un mal quo nous avons tous intérêt à éviter. Quand on trouvo vos classes tachées d'encre, vos pupitres creusés ot grattés, on aurait mauvaiso opinion do vous, mes enfants, si l'on no faisait la part do 1'étourderio do votro Age Mais votro oxcuso diminuo tous les jours et cesse du jour ou vous avoz appris quo l'honnêteté qui so borno a avoir les mains nettes du bien d'autrui est fort incomplète. Vous no vous contenterez pas de l'exacto ot sècho probité ; vous voudroz arriver A la délicatesse qui en est la fleur, ot los légitimes intérêts des autres vous paraîtront dignes de respect.

MOYKXD'AVOIUTOUJOUUSDK L'AUGIÏNT DANSSA I'OCIIi:. lïn co temps, où chacun se plaint quo l'argent csl rare, c'est uno bonne action quo d'enseigner à ceux qui sont suns argent lu manièredo garnir leurs poches. Jo leur ferai connaître lo vrai secret d'attraper de l'argent, lu façon de remplir les boursesvides, cl de les garder toujours pleines. Deux simplesrègles bien observéesferont toute l'affaire. La première: Que l'honnêteté cl le travail soient toujours les compagnons. Lu seconde: Dépense nu «ou de moins que ton bénéfice net.


A NOSJEUNES FILLES 101 Alorsta poche si plate commenceraà enfleret ne criera plusjamais qu'elle a le ventrevide. Les créanciersne t'insulteront plus, lo besoinno se fera plus sentir, la faimne te mordra plu?, la nudité no to gèlera plus. Le monde entier sera plus brillant, lo plaisir jaillira dans cous les coius do ton coeur.Suis donccet avis et sois heureux. La paresse rend tout difficile,mais le travail rend tout ai*é. A quoi bon souhaiteret attendre des jours meilleurs? Travail n'a que faire de souhaits Qui a uu métier a une terre; qui a un talent a une fonctionqui donne honneur et profit- Hicn des gens voudraient vivresans travail et sur leur espril seulement.Mais faute de capital, ils font banqueroute, lundis que le travaildonne bien-être, abondanco cl considération. FRANKLIN. .

XV11I DESENOAGEMENTS, DESCONTRATS. RESPECT DELAPAROLB DONNÉE, LE MENSONOE; SESNOMDREUSES FORMES.

Tant vaut l'homme, tant vaut sa parolo : voilà, mes enfants, un proverbe à méditer. La mesuro do l'estime est celle de la confiance en la promesse, en la parole donnée, et eussiez-vous d'autre part cent belles qualités, on no vous comptera que si l'on peut compter sur co quo vous dites. Commenten serait-il autrement, et quo peuvent être nos rapports avec coux dont la sincérité nous


105 DEJUSTICE: RESrTXTLESENGAGEMENTS DEVOIRS est suspecte? Avec eux, aucune sincérité, rien de certain, de sérieux. La vérité seule donne vie à toute choso ; rien no vaut sans elle, et l'on comprend qu'un des plus nobles penseurs de notre temps ait demandé quo pour tout éloge on gravât sur sa tombe ces mots : il aima la vérité. Qu'est - ce qu'êtro vrai ? Ce n'est pas seulement so garder de dire ce que l'on sait être faux. C'est donner sur soi-même, sur toutes choses des impressions et des idées que l'on croit exactes , conformes à la vérité ; c'est porter dans ses actes, dans ses paroles cetto sincérité qui rend toutes choses aisées en évitant l'embarras, la gêne en toute circonstance II ne suffit pas. pour être vrai, de fuir lo mensonge grossier qui altère, dénature les faits en vue d'un avantage personnel; cetto sorte do mensonge suppose tant do bassesse et do lâcheté, il éloigne si entièrement la bienveillance la plus résolue, il isole Atel point lo misérable qui y tombe, quo son nom suffit pour en garantir un enfant honnéto. Haïssable en lui-même, le mensonge est odieux encore parco qu'il suppose toujours d'autres vices. Qui fait son devoir n'a rien à dissimuler, ni A fausser. Lo paresseux, le négligent, le malveillant peuvent recourir au mensonge pour éviter la [finition, la réprimande qu'un enfant loyal et courageux r.o cherchera nullement à éviter, si elles sont méritées; ou bien, le petit malheureux voudra obtenir des éloges, sans so donner la peine de les mériter. Un mensonge en appelle d'autres [tour soutenir le premier; l'habitude se prend, et quand arrive lo jour inévitable où le vice porto ses fruits naturels, la honto, lo délaissement, il est bien tard pour réparer lo mal, en eût-on lo désir; rien de plus difficile A regagner que l'cstimo perdue, et sans l'estime, vous le savez, la vio est impossible. 11y a des degrés dans la bassesse : certains mensonges


A NOSJEUNES FILLES 106 sont plus méprisables que d'autres : ce sont ceux qu'on p-ut appeler indirects. Supposons qu'il se soit produit un acte de courage, de dévouement ou de charité dont l'auteur soit resté inconnu. Un menteur veut profiter do cette circonstance pour se faire attribuer du mérite. Il so gardera bien de dire : « c'est moi qui ai fait ce quo vous admirez. » Mais il aura des demi-mots, des sourires, des airs de no pas vouloir avouer tout en laissant deviner ; surtout il no démentira pas simplement et sincèrement co qu'il est parvenu Afaire supposer. Si la vérité se découvre, il risque peu, n'ayant rien affirmé ; sinon, il a des chances de faire illusion. No trouvez-vous pas quo mentir ainsi, c'est mentir plusieurs fois? Un mensonge direct, un franc mensonge, si ces deux mots pouvaient aller ensemble, expose son auteur à uno contradiction ouverte, A un flagrant délit ; un mensonge en action, hypocritement insinué a plus do chances de réussir pendant un temps et ses effetssont plus dangereux ; c'est la perfidie du noir Tartuffe qui, déguisé en homme de bien, so glisse dans une famille d'hcnnêtes gens et l'amène près de la ruine. L'horreur qu'inspire un tel caractère doit mettre en garde et faire éviter ce qui, même de bien loin, lui ressemble Toute altération de la vérité est une déchéance morale ; chercher Aparaître co qu'on n'est [tas, tromper sur sa position, sur son mérite, est également dangereux ot je comprendsbien cette jeune lillo d'uno comédiemoderne, trouvant mauvais de voir les siens vouloir fairo dans lo monde -plusgrande ligure qu'il ne convient A leur fortune et disant : Jo pousse l'horreur do la supercherie. Vois-tu, jusqu'à blAmerce bonnet d'avoir l'air, Tout en ne coûtantiion, de le coûter très cher* l 1 EmileAugicr,La Jeune,se.


DEJUSTICE ! RESPECT DESENGAGEMENTS 107 DEVOIRS Nous vivons do vérité et notro repos n'existerait plus si nous ne pouvions compter sur la parole les uns des autres. Cetto parole, une fois donnée, devrait suffire; entre honnêtes gens, on no devrait avoir besoin ni d'engagements écrits, ni do serments. « L'honnête homme, dit La Bruyère, no jure pas ; son caractère juro pour lui. » La loi réclame pourtant quelquefois lo serment en justice Le témoin appelé A déposer dans un procès juro do dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité ; il est parjure s'il viole cetto solennelle promesse La loi garantit aussi l'exécution des contrats ou engagements • écrits, pour sauvegarder les droits do chacun on cas do circonstances imprévues, disparition, mort, accidents quelconques. Le mensonge consistant à tromper en vue d'un avantage personnel, on ne saurait appeler de cenom ilétrissant les paroles consolantes adressées par lo médecin à un malade à qui il veut laisser l'espérance sans laquelle nous ne pouvons vivro. Soutenir l'énergie do son malade ost une partie de ce quo l'on appelle le devoir professionnel du médecin ; il y aurait cruauté de sa part à y manquer | il se trouve placé entro deux devoirs dont l'un est plus important par ses conséquences quo l'autre, puisqu'il s'agit do sauver une vie humaine : c'est donc à co dernier qu'il doit obéir. Dans un de ses ouvrages, Victor Hugo nous montro uno religieuse, la soeur Simplico, célèbre par son amour do la vérité et dont la parole vaut un serment. Des circonstances l'amènent A cacher un innocent A tort pour* suivi par la justice On lui demande si elle sait où est cet homme ; par deux fois cllo répond non ; elle l'a sauvé, mais c'est lo plus grand sacrifice quo son coeur pur ait fait jamais à la charité; ici le mensonge disparait dans l'héroïsme Méritons qu'on dise do nous co qu'un grand écrivain


103 A NOSJEUNES FILLES du xviie siècle disait do l'amie qu'il estimait par dessus tout : cllo est vraie Soyez vraies ; mais s'il est indispensable do toujours penser ce quo vous dites, il no l'est nullementdo toujours dire tout co quo vous pensez. A ipioibon déclarer, comme le veut lo Misanthrope, à la vieille Emilie, Qu'il sied mal à son (lgc de fuirela jolie. 'No confondez pas la franchise avec la brutalité, no ressemblez pas à ces gens pour qui « parler et offensersont précisément la mémo chose », no donnez votro avis quo s'il est demandé. Vous avez commotout lo monde rencontré des personnes qui commencent volontiers leur discours par « jo vais être franc », et qui lo sont jusqu'à so montrer fort désagréables. 11y a dans cetto sorte do franchise bien autro chose quo l'amour do la vérité, commole montre spirituellement un romancier anglais dans lo passage suivant : A Middlcmarch(petite ville de province)une femmen'ignoraitpas longtempsla mauvaiseopinionqu'avait la ville de son mari. Ses amiesintimespouvaientbien ne pas porter l'amitié assezloin pour raconter à la femmeles faits déplaisants attribues au mari; mais lorsque l'une d'elles, dont l'imaginationétait sans aliments, trouvaittout à coup à l'occuper de sujets vraiment compromettantspour sos voisins, diversesimpulsionsmoralesse mettaienten jeu pourl'obliger à parler. Et d'abord, la franchise. Etre franc, en phraséologie do Middlcmarch,signifiaitsaisir la premièreoccasion de fuire savoir à vos umis que voire opinionsur leur capacité, leur conduite ou leur position, n'était pas des plus encourageantes, et une franchise énergique n'attendait jamaisqu'on lui demandâtson avis. Puis venait l'amour de la vérité, phrase à large sens, mais signifiantdans le eus présent le vif regret de voir une femme avoir l'air plus heureux que tic lo permettait lu réputationde son mari cl manifestertrop de satisfactionde son loi; il fallait laisser


DECHARITÉ DEVOIRS 109 entendre à la pauvre unie que si elle savait la vérité, clic s'occuperaitmoins de ses chapeaux ou de ses petits plats du souper. Par dessus loul venait le souci du perfectionnementmoralde l'amie, do ce qu'on appelaitquelquefois son finie,qui ne pouvait que gagnerà entendredes observations tendantà attrister, faites en regardant fixement les murscl de façonà bien indiquerqu'on ne disait pas tout ce qu'on avaitsur lo coeur,par égardpour les sentiments de l'auditrice. On pcul dire en sommequ'une charité ardente agissait sur les âmes vertueusescl les excitait Arendre leurs voisins misérablespour leur bien. GEORGE ELIOT.

XIX DE LA BIENFAIDE CHARITÉ. FORMESVARIÉES DEVOIRS ET LAPITIÉ NÉCESSITÉ DBRENDRE LASYMPATHIE SANCE. ACTIVES.

Tristo vie, mes enfants, serait celle d'une personne qui se bornerait à no pas nuire aux autros. No jamais faire de mal, c'est quelque chose sans douto ; co n'ost pas tout le dovoir; la plus grande partie, la plus difficilereste à fairo. Vous savez que co n'est pas la conscioncoseule qui nous empécho do faire tort à autrui ; notro propre intérêt, les lois do notre pavs sont, à défaut do bienveillance, des raisons suffisantes peur nous maintenir dans 1


FILLES A XoSJEUNES 110 les voies honnêtes. On no mérite [tas le nom de juste on s'abstonant du mal ; pour y avoir droit, il fuit fairo lo bien. lit comment pourrait-on poursuivre son chemin, tranquille, satisfait do soi-même, A la vue, Ala pensée do toutes les souffrances qui ravagent notre inonde, sans chercher Ales soulager de tout son coeur, do toutes ses forces? La maladie, la pauvreté, l'ignorance, malheureusement aussi les vices, la faiblessod'esprit, do caractère, amènent parmi nous des maux incalculables, si nombreux, si variés, qu'il semble parfois impossible do les guérir. Toutes ces douleurs forment lo domaine do la charité; c'est cllo qui s'est donné la tàcho do diminuer la somme du mal on co moudo, de combattre la souffrance, do donner de la force au faible et d'établir plus do justice dans les rapports des hommescnlro eux. La symp.ithio qui nous émeut quand nous voyons souffrir est la première impulsion vers l'action charitable Un l'accomplissant, nous agissons pour notro soulagement personnel ; qui, pouvant soulager, laisserait souffrir d'un couir léger et détournerait son chemin do celui des malheureux? lit pourtant que do maux existent encore sans soulagement; on est ému, mais on exprimo son émotion par des mots ; on plaint la soulirauco, mais c'est do la pitié perdue puisqu'elle n'agit [tas; pou do choso suffirait pour la mettre eu mouvement, la tirer dos profondeursoù elle est engourdie, la rendre vivante, efficaco. Un Anglais raconto, A co sujet, l'anecdote suivante : Un pauvro hommo était tombé dans la rue et s'était blessé ; une grande foule so rassemble autour de lui ; chacun exprimait sa compassionsans d'ailleurs faire davantage quand un ouvrier s'avança et dit : « lih bien, moi je plains cet hommo « [tour un demi-écu ». l'eue


DEVOIRS DECHARITE 111 combien lo plaignez-vous ? » La collecte faite sur-lechamp fut, parAit-il, très productive L'oxemplo ot les paroles do l'ouvrier avaient montré (pie l'émotion no devait servir qu'Arappeler le devoir. Mais si, pour fairo le bien, il était indispensable do donner de l'argent, ceux qui n'ont que lo nécessaire no pourraient donc être gens do bien? Il n'en est rien. La souffrance humaine a tant do formes que chacun [tout y trouver do quoi remplir sou devoir, satisfaire Ases besoins do bienveillance 11est naturel, légitime, et mémo utile do choisir parmi les formes du bien A fairo celle qui nous convient le mieux. La tàcho est infinie, nul n'y suffirait. Demandez-vousdonc quello catégorie do malheureux vous intéressent le plus; sontant plus vivement co qui leur manque, vous réussirez mieux à le leur donner. C'est ainsi quo les uns préfèrent s'occuper dos enfants, les autres des vieillards ou, on particulier, de certaines professions. D'autres s'attaquent volontiersau mal n oral, cherchent à agir sur les Ames perverties, vont dans les [irisons tenter do ramener au bien des coupables; d'autres luttent contro l'ignorance, veulent répandro la lumière, augmenter los jouissances do tous en lour faisant comprendre un sens plus élevé do la vio, ils font la chasse aux idées fausses, aux superstitions haineuses, aux préjugés qui séparent, qui isolent, Atout co qui grouille dans les ténèbres. Mais, on sommo, tous ces soldats do la grando arméo du bien combattent lo mémo ennemi : le mal, la souffrance. lit vous, mes enfants, toutes jouncs encoro, no disposant do rien quo do votro bonno volonté, quo pouvozvous fairo? l'ius do bion quelquefoisqu'en distribuant do fortes sommes. Imaginons, si vous voulez, uno jouno fille pauvre, vivant dans un milieu pauvre Kilo a vu la misôro do près, elle ou a souffert déjà, et, par cola mémo, elle ne


A NOSJEUNES FILLES peut voir sans chagrin les autres en souffrir, ni sans besoin do soulager. Uno voisine, chargée de famillo, tombe malade Dût la jeune fille prendre un pou sur son sommeil pour ne pas nuire à sa tAchoquotidienne, elle peut aller, soir et matin, soigner le petit ménage, dont l'abandon ajoute pour la malade A la cruauté du mal; elle s'occupera des enfants; à cause d'elle, ils souffriront moinsdo la maladie de leur mère, de son absence, si elle a dû étro transportée A l'hôpital. lille pout aller l'y visiter un jour do congé, lui porter des nouvelles dos siens, la rassurer sur la bonne marche du ménage Quellejoie, au retour do la malade, de lui montrer son petit logement en bon état, avec un air do féto et do bienvenuequi causera plus do plaisir et fera plus de bien qu'il n'a donné de peino Aprocurer. Les maladies ne sont pas les seules occasions do' se rendre utile, de répandre le bien autour de soi. La vie do chaquejour abonde en circonstances où un peu d'aide gracieusement offerteest do l'effet lo plus bienfaisant. De petits services, quelques attentions aimables en vers ceux dont la vio est difficilesont commodes fleurs jetéos sur leur peino. Uno jeune fille un peu avancée dans ses études peut aider uno enfant [dusjeune Amieux réussir dans les siennes. .Sidans son voisinage se trouve quelque infirme confinée A la maison, uno heure passée auprès d'elle, une lecture amusante faite do temps A autre apportera bien-être et soulagement. Dans les petits ménages pauvres, où chacun est appelé au dehors tous les jours, pour la tAchoquotidienne, l'entretien de la maison est parfois négligé; une jeune fille [tout aider do [tins pauvres qu'elle dans des travaux de couture, de raccommodage, comme celte enfant qui se glissait le jeudi matin dans la chambre d uno voisine, enlovait prestement tous los bas déchirés dans lo panier au raccommodago,les rapportait lo soir bion réparés et préton • 112


DEVOIRS DE CHARITÉ 113 dait qu'il oxisto encore do bonnes fées. « Je crois bion, disait-on eu riant; nous on connaissons uno. » « Deux liards couvriraient fort bien toutes mes terres. Mais tout lo grand ciel bleu n'emplirait pas mon coeur! » dit l'enfant héroïquo do la légende. — C'est avec lo coeur quo so font les grandes choses : pour fairo du bien aux autres il faut les aimer. De grandes afflictions attendent chacun do nous; des êtres aimés nous quittent; la mort nous les prend; d'autres no répondent pas A co que nous en attendons, nous méconnaissent, nous oublient ; nous échouons dans des entreprises qui nous semblent dovoir décider do touto notro vie ; nous souffrons de mille manières: seule, la sympathio vraie nous soulage, nous console, sinon au moment mémo où lo malheur frappe, du moins bientôt après. No répétez point co qu'on dit parfois : Pour certains malheurs, il n'est point do consolation; on consolerait plus souvent si l'on et et [dus vraiment ému des peines d'autrui : lo coeur seul sait parler au coeur ; il n'entend aucune autre voix ; mais celle-cilui parvient, otla souffrance est adoucie quand on la sont partagée ot qu'on n'est plus seul à souffrir. Co qu'il y a do précieux, do profond, dans cette sympathie communicativo, est mis on lumière dans un joli fabliau du moyon-Age

LE CIIEVAL1EKAU DAH1ZEL. Il y avait un chevalier dur el cruel envers les pauvres gens. Il ne sortuit de son donjon que pour leur courir sus et les mcllro ù mal, et ses gens faisaient comme lui. Un jour il trouva sur lu route une pauvre femmeà demi motte, qui venait de donner le jour à un enfant; un peu plus loin, lo mari étuil lue. « Monseigneur,uyez pitié de moi qui vais


A NOSJEUNES FILLES 114 rendre l'Amecl de ce pauvre polit; allez me chercher un peu d'eau dans ce barizcl pour éteindre la soif qui mo brfilo. » Il lu regardaavec mépriset piqua des deux suns répondre Maisau même instant il sentit suspenduà son cou le barizcl quo la pauvre femme lui avait tendu, et il entendit une voix qui lui dit : « Marche, marche, tu ne t'arrêterasque quand ce barizclsera plein. » Il courut à la fontaine,mais dans lo barizcll'eau fuyaità mesure qu'elle entrait.El il commençason voyage,voyagesuns Irèvc, et toujours sonnaitsur sa poitrine lo barizclvide. Oh! chrétiens, danssa courseà traverslo monde,il vil bien des misères; il rencontrabien des seigneursqui foulaientle pauvre monde; il entenditbiendes lamentationsel vit coulerbien des larmes; cl son coeurde fer commençaà mollir dans sa poitrine.Un soir oii pour la centièmefois pcul-élroil approchaitdo son chilleau,où il lui était défendu d'entrer, il vil sur le bord de lu roule une pauvre femme clenduoà demimorte, qui venait de donnerle jour à un enfant un peuplus loin, le mûriétuil tué ; < Monseigneur,ayez pitié de moi qui vais rendrel'Aineet do ce pauvrepetit; allezme chercher un peu d'eau dans co barizcl. » Le chevalier, remuédans son coeur,laissa tomberuno larme, la première qu'il eût versée; la larmetomba dans lo barizcl; le barizcl était plein.

XX TOUTI.EMONDE PEUTÊTREIIIESKAISANT. DONNER DESON EST«ON;ITONNER IIIKN SES1UTORTS, SONTRAVAIL, SON ESTENGOUE C'EUH MIEUX. De tout temps les hommesont été obligés de prélover sur co qu'ils possèdent ou sur le fruit do leur travail


rT.UTÊTREBIENFAISANT 115 TOUTLE MONDE la part des pauvres, des infirmes, des onfants abandonnés, dos vieillards sans ressources. Dans certains pays cette part est assurée directement par uno « taxo de 5pauvres ». Chez nous, uno partie do l'impôt est altribuéo A l'Assistance publique, sorte de Ministèro de la Charité. Les hôpitaux, les orphelinats, les asiles do vieillards, d'infirmes, d'aliénés relèvent de l'Assistanco publique, qui est chargée en outre de distribuer des secours aux familles nécessiteuses. Cette grande organisation do la charité, un des traits los plus nobles do la civilisation moderne, semblerait devoir remédier A presque toutes les misères ; mais chacun sait combien nous sommes loin d'un résultat si heureux. Quelles (pie soient les ressources do l'Assistance publique, elles no sont pas égales aux besoins do la misère publique lin dehors de l'Assistance publique, un grand nombre do .Sociétés particulières luttent aussi contro la misèro ; parmi ces Sociétés, beaucoup ont une grando importance et une action bienfaisanto très étendue ; toutes travaillent A diminuer lo mal, qui toujours renaît. La charité privée apporte à la lutte pour le bien uno force considérable ; elle so réserve los infortunes les plus touchantes, celles qu'il faut découvrir, celles qui cachent leur misèro comme uno honto. On chercho à saisir lo mal à sa baso, en travaillant pour l'avenir : tous les enfants pauvres sont instruits gratuitement ; on leur apprend des métiers, on les prépare Ades professions qui leur seront un jour un gagnepain honorable On ôto A la mauvaiso chance le [dus possiblo do co qu'elle a do pernicieux en préparant les hommos et les femmes do domain A une vie intelligente et dominée par la dignité, qui aime mieux tendre la main pour donner «ptopour recevoir. lit lien do tout cela n'est suffisant ; et la misère r* ~


FILLES A NOSJEUNES vient, commorenaissaient les têtes do l'hydre fabuleuse, à mesure qu'on les coupait. Pour on venir A bout, il faudrait quo chacun, sans exception, apportât Ala grando oeuvre sa part de bonno volonté ; à cotto condition la victoire serait moins difficile Do grandes ressources, vous lo savez, ne sont pas toujours nécessaires ; lo vif désir d'être utile et qui s'ingénie à lo devenir peut inspirer parfois très heureusement. Si nous réfléchissions à tout co qui pourrait so fairo do bion, d'utilo, d'heureux, avec co qui soperd, depuis notro temps jusqu'à notro vieux linge, nous deviendrions sagement économes, c'est-à-diro que nous ferions do tout un meilleur usage Cette observation ressort do co quo jo vais vous raconter. 11 y a quinze ans, dans uno villo do province, vivait une dame qui, après do longues années heureuses, avait perdu prosquo en mémo temps son mari et sos doux fils, son orguoil et sa joio. C'était uno Amevaillante ; cllo sut souffrir, renoncer au bonheur qui lui était arraché, ot cetto vio qu'ello no pouvait plus donner à des êtres aimés, elle résolut do la consacrer aux malheureux. Son temps était libre, mais ses ressources modestes. lillo alla trouver toutes les dames avec qui olloétait on relations d'amitié ou do simple politesse et leur dit : « Voulez-vous vous débarrasser au profit dos pauvres, do tous los objots, vêtements, meubles, vaissollo, dont vous no faites plus usage, que vous mettez au rebut? Jo prends sur mon appartement, maintenant trop grand, deux pièces qui serviront do lieu d'entrepôt, et jo crois pouvoir mo charger d'en tirer bon parti. » Dans un grand nombre do maisons, surtout en provinco, on a la mauvaise habitude d'accumuler I03 vieil116


PEIT ETREIUENFAISANT 117 TOUTLE MONDE lerios encombrantes, de les laisser moisir sans profit pour personne; la proposition do vider les vieux tiroirs, d'aérer les armoires, do gagner de la placo, tout on contribuant à uno bonne oeuvre fut acceptée avec empressement par la plupart. Au bout do quelques mois, MmoX... eut chez elle un véritable magasin des objets les [lus variés, depuis la brassière, los petits chaussons, la petite voiture du bébé, jusqu'aux chancelières plus ou moins usées pour do vieilles infirmes. 11s'agissait do tirer parti do ces richesses qui no coûtaient rien à personne lillo avait enrégimenté quelques jeunes filles de familles pauvres qui venaient à lour de rôle l'aider à classer les objets, à repriser, raccommoder, remettro on bon état des vêtements qu'elle no donnait — ot sans déchirures, pour ces jeunes jamais quopropres filles, il y avait un vrai plaisir à contribuer, elles aussi, à une oeuvre si utile et qui no tarda pas à s'étendre quand on eut constaté tous les services qu'elle rendait, D'autres jeunes filles, disposant de plus de temps, venaient volontiers passer chaque semaine dos demi-journéos à l'ouvroir ; des ouvriers demandaient à réparer los vieux meubles et refusaient leur salaire, si bion que los haillons, les guenilles devinrent de plus en plus rares et quo maint intérieur pauvre prit un air do confort, dans le voisinago do la femme charitable, qui mettait son intelligence et son coeur au service des pauvres. Ils n'étaient pas seulement secourus : la charité do cotte femme était un enseignement. lin associant los pauvres eux-mêmes au bien qui lour était fait, en iéveillant chez eux lo sentiment do solidarité qui nouslio les uns aux autres, elle les relevait à leurs propres yeux, lillo leur montrait quo les plus petits, los plus humblos peuvent aus.-i fairo du bion à leurs frères ; quo s'ils lo pouvent, ils lo doivent. A s'occuper d'adoucir la peine des autros, ils oubliaient leur propre peino ; ils s'accoutu1.


A NOSJEUNES FILLES 118 maiont à no pas laisser entièrement ni les dovoirs, ni les plaisirsdo la charité à ceux qui possèdent. D'ailleurs n'est-co pas posséderquo d'avoir un métier, un talent qui fournit honorablomontaux besoins, et no d it-on pas réserver uno part du fruit do son travail à ceux qui sont moinsbien partagés ? Vous portez en vous, mes onfants, do quoi aider à co grand résultat. Pensezsouvontaux malheureux,lin attendant quo vous puissiez réserver leur part dans l'activité do votro vio, faites-leur uno part dans vos réflexions; c'est vous qui leur dovroz alors do la reconnaissance ; ils vous sauveront do l'égoïsmoet vous feront avancer dans la voiodu bien. UNE FEMMEDE BIEN. Ellî disait, tendant la main aux travailleurs: « La vioest dure ici, mais sera bonne ailleurs, Avançons!» Elle allait, portant de l'un à l'autre L'espérance;c'était uno espèced'apôtre QueDieu,sur cctloterre où nous gémissonstous, Avaitfail mèrecl femme,afin qu'il fût plus doux. L'espritle plus faroucheaimait sa voix sincère. Tendre,elle visitait sous leur toit do misère Tousceux que la famineou la douleurabal, Lesmaladespensifs,gisant sur leur grabat, Lamansardeoù languitl'indigencemorose; Quandpar hasardmoinspauvre, elleavait quelque chose Elle lo partageaità tous commeune soeur; Quandelle n'avail rien, elledonnaitson coeur, Calmeet grandoelle aimait commele soleil brille Le genre humainpourelle était une famille Commoses trois cnfanlsétaient l'humanité. Ellecriait: Progrès! Amour!Fraternité! Elle ouvraitaux souffrantsdes horizonssublimes. VJCTOH lluoo.


ARTDEDONNER119 DANS LACHARITÉ. DISCERNEMENT

XXI DISCRÉTION ETCHOIX A APPORTER, MÊME I.ACHARITÉ. DANS ART DE DONNER.

Vous connaissez, mes onfants, lo vieux proverbo : Charité bien ordonnéocommoncopar soi-même. Nous allons lo modifier un pou, n'cst-co pas, et nous dirons : Commonco autour do nous. La charité qui commonco par soi-mémo, vous savez son nom : c'est l'égoïsmo; nous n'avons quo fairo dola recommander. Touto souffrance est digno do pitié, mérito secours ; mais celles qui nous entourent, quo nous voyons, quo nous touchons, nous réclament tout d'abord. Cotto simplicité que l'on vous recommandoon tout, gardez-la dans la charité ; il n'y faut pas tant d'imagination ; lo coeur suffit. On trouve assez souvent tout près les occasions d'oxcrcersa bienveillanco sans aller les chercher bien loin. Dans un de ses beaux romans, Dickens nous dépeint uno femmo animée d'uno tendresse et d'un dévouement sans limites pour « les naturels do Borrioboula-Gha, sur la rivo gauche du Niger ». lillo lour donno son temps, ses pensées, no réservant rien pour autre chose, tandis quo chez elle tout so ruine et quo ses enfants passent leur vie à tomber par les fenêtres ou dans lo feu. Voiciun portrait de cetto dame, un petit tableau de son intérieur, qui vous ôtora, je lo pense, tout désir d'imitation :


FIMES A NOSJKI1NKS 120 MislrossJellybyétait uno jolio pclilo fcmmo,louto rondo, cnlro quaranlo cl cinquanteans, avecdo beaux yeux, mais qui avaient uno curicuso habitude do scmLlerregarder au loin, commes'ils 110pouvaient a]iorccvoirrien do plus prés' que l'Afri<iuo.Kiloavait do beaux cliovoux,mais tftait trop occupéodo ses devoirs africainspour les brosser.Lo chAlo qui l'enveloppaittombasur sa chaise pendant qu'elle s'a* vançail vers nous, cl commoelle so retournait pour prendro sa placo, nous dûmesremarquerque sa robono fermaitpas cl que l'ospaco blanc «finitrecouvertd'uno sorlo do lacis comme uno porlo a claire-voie.I.a salle, parseméedo papiers et à peu près remplie par un immense bureau non moins encombre'do paperasses, n'était pas seulement en désordre, mais très salo. — Co qui nous frappa surtout, c'était une jeune flllo,nullementlaide, mais l'air fane, souffreteux, assise à co bureau, mordillant sa j lumo et nous regardant lixcment; jo crois quo personne n'a jamais c'tô aussi couvertdo tachesd'encre. Depuisses cheveux défaits jusqu'à ses pantouflesdo salin sales, déchirées, les talons tordus, cllo n'avait pas sur elle un fil qui fût à sa vraieplaco cl on bon dlat. c Vous mo trouvez, mes amis, dit mislrcss Jellyby, trôs occupéo, commo d'habiludo; mais vous m'excuserez. Co projet d'Afriqueprend tout mon temps; il m'obligeà uno correspondanceénorme avec les pouvoirs publics et avec des particuliersdésireuxdu progrèsdo leur espèce Jo suis hciircusodo dire quo nous avançons; l'année prochainenous aurons do cent cinquantoà deux cents familles bien portantes, cultivant lo café, et travaillantà l'c'ducationdes naturels do Uorrioboula-Gha,sur la rivo gauchodu Nigor.» Sa conversationest interrompuepar l'entrée do l'ccpy, lo malheureuxpetit qui a failli laissersa tOtoentre les barreaux d'uno fenôtrode la cuisine; le frontcouvertdo sparadrap, il vient exhiberses jambes contusionne'cs,desquellesnous no savions que déplorerdavantage,les bleus, ou la saleté'. Mistrc>sJellyby, avec la sérénité qu'elle met en toutes vilain l'ccpy » cl choses, lui dit seulement: « Allez-vous-en, fixo do nouveauses beaux yeux sur f Afrique. Vient ensuite la description des chambresoù les rideaux


DANSl..\ CIIAMîtf..MITHP.IMXNF.ll121 DISCKRXF.MKNT des fenêtres sont rattachés par uno fourchette, où l'on trouve des iiftirmiteségarées sur des toilettes, cl des moules a piUd pour remplacer les cuvettes; puis du dîner, compose du plats superbes, absolument crus cl qui traîne en longueur par suite d'accidents varias cl du mauvais vouloirqui rogne cnlro les servantes. MislrossJellyby garde a travers toutes ces épreuves uno parfaito égalité d'humeur. Kilo raconte toutes sortes do choses intéressantessur les naturels do Honioboula-Ghacl reçoit tant do lettres pendant lo dîner quo l'on voit jusqu'à quatro enveloppesà la fois dans la saucière. J'aurais aimé savoir qui était un monsieur chauve, en lunettes, à l'air doux, entre après lo poisson et tombe' sur un siège vacant. Il semblait admettre passivement Honioboula-Gha, mais ne pas prendre un intérêt actif dans cet établissement. C'est en quittant la table .seulementquo j'eus l'idée qu'il pouvait bien être M. Jellyby. Pendant touto la soirée, il resta dans un coin, la 10tecontre lo mur, commo en proio au découragement.MislrossJellyby, assiso comme dans un nid do papier déchire', but do nombreuseslasses de café, tout en dictant à sa fille atnéo. Kilo parla do la fraternité humaine et exprima do très beaux sentiments. Jo no fus pas uno auditrice aussi attentive quo jo l'aurais désiré, occupéo quo j'étais do l'ccpy cl des autres enfants qui so pressaient autour do moi jusqu'au momentoù Mistress Jellyby, les apercevant par hasard, les envoyaau lit. Leur bonne fondit sur eux commo un dragon, cl les fourra dans leurs couchettes. DICKKSS. [lileak-House.) 11n'aurait pas fait bon, n'ost-co pas, vivro dans cotlo maison où lo supnrllu prônait la placo du nécessaire. Lo premier devoir est celui qui so trouve tout prés do nous. Un certain nombre d'élros ont sur nous dos droits tout particuliers, qui priment les autros. Nous blessons la justice en leur enlevant co qui leur appartient. Un père, uno mère qui délaisseraient leurs enfants pour mieux s'intéresser à l'humanité en général ; des enfants,


A NOSJKUXKS F1I.LKS 122 qui sacrilîoraiontlos devoirs do familloa dos préoccupations mémophilanthropiques, manqueraient à un dovoir strict et précis, Il no faut pas acheter lo bion incortain dos uns par la soiillraiico certaino dos autres, surtout quand ceux-ci ont à eomptorsur nous. Notrochamp d'action est assoz vasto, on lo bornant a notro entourage ; c'est là qu'il faut cherchor lo mal à guérir; après, s'il no resto plus do misères autour do nous, nous no demanderons pas mieux quo do nous occuper îles Chinois ou des négrillons dos pays fantastiques. N'cst-il pas à désirer quo tout lo momlo on fasso autant? Nous connaissons nos voisins, nous les comprenons et notro compassion, on cherchant à los soulager, risquera moins do s'égaror qu'on ontropronant l'éducation des naturels dos antipodes. 11 est boau certainement do s'intéresser à oux par rospect pour la solidarité qui Hotous les homnios.Mais si nous comprenons bion l'amour do l'humanité, los dovoirs qui on dérivent, nous aurons plus d'ardeur cependant à remplir ceux quo nous dicte uno sympathie plus vivante, plus consciente d'olloinémo et do co qui la fait naitro. 11 y a partout du bion à faire, du mal a pansor ; pourquoi no pas commencer par lo mal qui nous géno, qui nous blcssoles yeux? Mettons-nous à l'oeuvre bravement; sarclons notro jardin ot faisonsdosvoeuxpour lo succès do ceux qui veulent dessécher los Marais Pontins. 11n'est pas aussi facile qu'on pense do bien donner, à propos, utilement, sans humilier, do façon à produirecette reconnaissancequi est comme l'épanouissementdu coeur.Si les bienfaits rencontrent trop souvent des ingrats, c'est quo trop souvent aussi los bienfaiteurs ont manqué do tact, do discrétion. Cherchons à comprendre l'état d'esprit du malheureux quo l'on veut secourir ; vous entendez bien qu'il n'est pas question du mendiant do profession, do cet ex-


PANSLACHARITE. ARTl»K0ONNF.R123 MSCERNF.MF.NT ploitotir do pitié qui volola part du vrai pauvro ; il s'agit d'uno porsonno réduito à la misèro par aecidont. Cotto misèro mémo, qu'elle soit nmonéo par la maladio ou par dos défauts d'esprit, do caractèro, dos imprudoncos do condiiito, n'indique pas dos dons houroux pour le combat do l'oxistonco ; la défaito n'a pas amélioré l'humeur. Ce bionfait qu'on apporto, qui sait commont il va étro onvijagé? So rondro justice oxacto à .soi-mémoest encore plus difficilequo do la rendre aux autres. Votro obligé no so dira pas quo dos fautos ont amoné sa situation ; il no lo ponso pas ; lo manque do prévoyance qui lui a fait publier l'épargno, il no so l'imputera pas commo un tort ; il l'ajoutera à ses griofs contro la vio, car il lui somblo no s'être jamais accordé quo lo nécessaire Pourquoi, pourrait-il so diro, ost-co moi qui suis forcé d'attondro la graco d'un bionfait, tandis qu'un autro peut disponser cotto graco ou la refuser à son gré? — Co sont la sontimonts bion amers, mais la misère ost mauvaise conseillôro ot celui qui souflro voit lo mal partout. Si vous voulez soulager, commencez par apprivoiser ceux si qui vous voulez faire du bion : faites-vous pardonner votre supériorité sur eux. S'ils aiment la main qui donne, lo don leur paraîtra doux. No croyez pas avoir acheté par vos bienfaits lo droit do dire dos vérités désagréables ; n'imposez pas vos conseils ; tachez qu'on vous los domando. Vous n'aurez réussi quo si l'on trouvo votro visite dans la pauvro demeure trop courte, si l'on désire votro retour. La reconnaissance naîtra alors et tout co qu'elle amôno do bienfaisant : un élan plein d'affection vers la source du secours, de la confiance en soi-même, puisqu'on s'est vu traiter on égal par lo bienfaiteur, de la confiance on l'avenir, parce qu'on se sait soutenu ot non isolé dans les difficultés présentes. Qui sait 1 co sera peut-être un


A NOSJEUNES FILLES gcrmo qui produira do bollo* floraisons : lo désir do rondro co qu'on a reçu, do lo rondro a d'autres malhouroux, ot do fairo lo bion commo dos Ames noblos et tendres vous ont enseigné a ,lo faire. Fais à autrui co quo tu voudrais qu'on to fit, c'est lo principe do la charité, vous lo savez. Chorchoz, mos enfants, a lo bion comprendre. Si d'hourousos circonstances vous permettent do donner ot non d'attendre secours ot assistanco, jo vous recommando uno petito opération d'esprit qui no dépasse la portée d'aucune do vous. Iîonvorscz les rôles par la pensée : supposozquo vous recevez au lieu do donner; vous arriverez ainsi a éviter aux autres les froissomonts, les blossuros qui dénaturent lo bion ot vont jusqu'à lui donnor quolquofois une physionomio rovéchoot ronfrognéo, sous laquello il est impossibledo reconnaître la divine charité. 124

XXII SOI-MÊME. SOINSA DONNER DEVOIRS ENVERS AUCORPS. PROPRETÉ. IIVGÙ.NK.

Vous avez souvent entendu dire, mes enfants, que le premier dos biens, c'est la santé ; sans elle, il est impossible d'en goûter aucun autre. Elle est aussi une condition importante do l'accomplissement du devoir; une


DEVOIRS ENVERS SOI-MEME. HYGIENE 125 vio nctivo, utilo, réclamo un corps on bon état. C'est uno sorvitudo qu'uno mnuvaiso santé, uno causo do trop grande préoccupation do soi-mêmo, rodoutablo pour plus d'un caractère. Non quo la faiblosso physique rondo incapable do remplir sos devoirs, do faire lo bion. D'illustres oxomplos ont montré co quo peut uno Amo forte mémo dans un corps frêlo. Mais sans parler du bonheur personnel quo donno uno bollo santé, il faut bion reconnaître quo dos indispositions fréquentes ontravont ou ompêchont tout travail , suivi ; quo lo temps fort désagréablement passé à souffrir est du tomps perdu pour l'activité utilo ; dos organes on bon état, dos mombros robustes sont un précioux secours aux bollos intelligences ot aux bonnes volontés. Tout lo mondo est d'accord là-dessus Co qui semble un pou moins évident, c'est, comme on l'a prétendu, quo notro santé ost entre nos propres mains, qu'on n'est jamais malade quand on veut énorgiquomont so bien porter et quo nos maladies no sont quo des défaillances de volonté 11s'est trouvé des savants pour soutenir co paradoxe flatteur ; nous n'avons pas à lo discuter ; mais co qui ost certain, c'est quo nous pouvons beaucoup pour le maintien do notro santé : la bonne hygiôno, la tempérance, la modération en tout, bion observées diminueraient sérieusement lo travail des médocins, qui so trouverait encore plus réduit, si chacun do nous so pénétrait do bonno houro ot profondément dos vertus sans pareilles do l'eau clairo ot do l'air pur. L'usage do l'eau, do boaucoup d'eau, entre heureusement de plus en plus dans nos habitudes A tous; vous auriez poino Acroire qu'il fut un temps où l'on recommandait aux jeunos filles de no pas trop s'attarder chaque matin aux soins do ce corps destiné à devenir un jour la pAturo dos vers. Nous pensons aujourd'hui qu'on


A NOSJKI'NKS FILI.KS t?6 attendant co momout-|a, il est bon do l'entretenir dans lo moillourétat possiblo,co corps, notro instrumont do travail, ot quo l'eau froido,judicicusomontappliquée,fait grand bion. Quo do sourcos, soi-disant miraculeuses,ont fait dos merveillos on otfot, par los bains froids quotidiens qu'elleséliront aux croyants ! Lo bain froidouchaudn'est pas tous les jours Ala portéo do chacun; mais l'eau, on quantité suffisantepour los besoins d'uno bonno hygièno, chacun peut so la procurer dans notro pays. L'air, mémodans les villes, no nous ost pas non plus mesuréavec avarice L'aération compléto,minutieuso,des appartements, do la literio, ost un dos moyens d'assainissement les plus efficaces, Acondition d'ètio aidée par uno parfaito propreté. La poussiôro, voilà l'ennemi, pour unobonne ménagère Il faut lui faire uno guorro acharnée, la poursuivre dans sos derniors retranchements, dans los plus petits coins, car qui sait tous les miasmes, tous los mauvais germes, tous los vilainsmicrobes qu'elle contient. C'est elle qui, étonduo subtilcmont, sournoisement,sur les meublesou dessous, les empêche do parfumor nos chambresdo cette fine odeur do bois Alaquolloso reconnaît l'appartomont bion tenu ; elle ronge i.os étofios, donneaux pièces où nous vivons l'aspect lamentabloqui iulluo sur notro humeur, par suite sur notro santé ; la nuit, quand tout est clos, la moindre agitation, même extérieure, il met on mouvement ; ello doscond dos murs, des plafonds; nous la respirons, et Dieu sait, co qui, avec elle, pénètre en nous! Un pou d'activité, do soin préservent do ces dangers, donnent lo bénéficed'une habitation saine, agréable, si pauvro qu'ello soit. Si cetto activité, ce soin entrent dans vos habitudes, s'ils sont réglés, continus, ils vous éviteront l'espècedo liôvropériodiquetropconnuo do certains ménages ot do nature fort génanto : celle dos grands


ENVERS SOI-MEME. IIYiilEVE DEVOIRS 127 nettoyages. Do mémo quo les habitudes d'ordro rondont inutiles les fréquents a rangomonts » do mémo la propreté habituelle pormct d'espacer largement cos nettoyages qui ressemblent A dos démolitions suivies do reconstructions ; pondant qu'ils duront, la vie ordinaire ost commo susponduo; quand ils sont finis, lo respect terrifié do l'oeuvre accomplie no permet plus A personne do mettre les pieds par terro, do pour do laisser uno ompreinto, ou do s'asseoir sur uno chaiso do crainte de déranger la symétrie L'ordro, la proproté ont pour objot votro bion-étro, votro santé ; en los observant tous los jours, il no sera jamais nécessaire do rondro A porsonno la vio dure on leur nom. Lo soin do vos vêtements réclamo aussi grando attention. Vous êtos-vous jamais demandé co quo votro robo, votro manteau, votro chapeau, roprésontont d'heures du travail do vos parents ?»Plus vousles userez vito, plus il faudra do peine pour los remplacer. Combiend'entre vous so feraient scrupulo d'ajouter lo moindre poids au fardeau déjà lourd qui peso sur los sions l Mais par légèreté, innnquo do réfioxion, vous augmentez los causes do dépenses ! D'ailleurs la dépenso, mémo exagérée, no suppléo pas au soin dans la toilette Ce qui donne A la mise d'uno jeune fillo lo charmo, mémo l'élégance, co n'est pas la richosso do l'ctolïo : elle serait contrairo au bon goût, ni la modo observéo ; c'est la fraîcheur. Or, pour la garder, il faut s'impo.sor un pou do cetto gêno, sans laquello, contrairement au proverbe, il n'est point do plaisir, avoir horreur des taches et regarder uno robo déchirée ou tachée, comme uno robo déshonorée. Lo soin, pour conserver, l'adrosso des doigts pour réparer: voilà deux choses indispensables A touto jeuno filloqui so respecte Co respect do vous-même, première condition do l'os-


A NOSJEUNES FILLES K8 tinte dos autres, vous défondra la négligenco dans votro miso, dans votro coifluro, mémoaux houros où vousétos sotilos,où porsonuo ne doit vous voir. Y a-t-il rion do plus déplaisant qu'uno jouno fillotraînant toute uno matinéo son désordre A travors l'appartcmont ; no doit ello pas A louto liouro offrir un aspect décent et convcnablo? J'aimo cotto Imhitudo anglaiso qui intordit aux fommosla robo non ajustéo ot los pantoufles oti doltoi'sdo la chambro Acouchor ; on peut sans douto admottro des oxcoptions, en cas do maladio ou do grande fatigue. Maisjo no voisaucuno raison empêchant les jeunes filles do commencer leur journéo par los soins do toiletto qui los rendent présoutablos. On on trouvo toujours lo tomps, dût-on dormir quelques instants do moins. Il y a plus do rapport qu'on no croit ontro les chosos extérieures et nos dispositions. Uno miso négligéo, uno attitudo molle ot par trop abandonnée disposont mal au travail. Quand on nous raconto qu'un écrivain du xvin 0 siôclo no pouvait rcriro qu'en tenue do cérémonie, nous sourions : la cérémonio nous parait do trop ; la bonno tonuo no l'es* pas, ot lo travail s'on rossont. Or, touto votro vio doit êtro oriontéo rolativomont A votro travail. Vous mettre, rester on état do lui donner tout lo fini, touto la porfoctionpossible, voilà lo but. Aussi fauilra—t-ilménagor los intorvallos do ropos nécessaires, no pas oublier los autres conditions do la santé, l'oxorcicoau grand air, no pas attendre l'avertissement do la soufl'rancepour comprendre quo vos forces sont dépassées. Lo travail en lui-mémo produit bien rarement ces effets fâcheux; ee no sont pas les occupations bion réglées, suivies avec intelligence, avec discernement qui fatiguent; c'est lo mauvais choix dos heures, do l'espèce do travail parfois ; co sont dos raisons qui lui


SOI-MEME. IIYlilÈNE 12'J DEVOIRS ENVERS sont étrangères. Ne sommes-nous pas faits pour agir, commo l'oiseau pour voler, lo poisson pour nager? Sachons suivre sagement cotto loi do notre nature; le travail, loin de nous nuiro, nous maintiendra ou bonno sauté ut eu belle humeur.

« I.c sauté morale fait la santé physique. L'esprit a des poisons qui tuent le corps, des fruits bienfaisants qui le conserventcl le guérissent. Lo vieil adage tragique : « C'est au coupable qu'est dû lo châtiment » trouve son applicationnon seulement au point do vue de a morale et du droit, mais encore au point do vue physique Ce qu'un u dit sur l'origino des maux qui se perpétuent dans l'espèce humaine, demande à être rectifié par un naturaliste ami do i'humauit<:.Il moulicra, et chaque jour avec une évidence plus grande, que l'étal de faiblesse cl même les maladies do la génération actuelle oui leur source plutôt dans des causes morales quo ('ans des causes physiques, cl que, pour les prévenir cl pour les extirper, lo rcmèlo nécessaire, c'csl l'éducation matérielle, mais bien davanlagouno éducation plus élevée, d'un ordre dillcrcnt, qui doit commencerpar nous-mêmes. « Ne songe/, pas, dit Lavatcr, 5 embellir l'homme sans lo rendre meilleur. > Nous ajoutons, avec uno foi pleine cl cnlièio : « Si vous no le rendex meilleur, no songez pas à conserver su santé. » Docteur DEFEUUUTEHSLEUKN.


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FILLES A NUSJEUNES

XXIII SATISFAIT L>K SONÉTAT. L.KCONTENTEMENT. 1ÎTRK ONPEUTY ARRIVER. COMMENT

Certains moralistes, un pou oxigoants peut-être, regardent commo un dovoir d'ètro satisfait do son lot, content do sa vie, quello qu'cllo soit. Lo beau mérito, diront-ils, (pio la gaieié dans uno vie souiianto, lieurouso! (Jo qui est beau, c'est do conserver la sérénité, l'égalité d'humeur Atravers los contrariétés, los peines, les souffrances. Prônant A la lettre lo mot do Hossuct: o UnoAmoferte ost mailresso du corps qu'cllo animo », ils prétendent quo la volonté peut servir Arondro tout supportablo, mêmela douleur physique Uno malade, clfrayéo d'uno petito opération Asubir, demandait Ason médecinsi olloallait souffrir beaucoup; « cela dépend do vous, lui dit-il ; si vous étos bion résoluo, vous souffrirezmoins. » Ht elle reconnut qu'il avait dit vrai. Mais ces sortes do souffrances sont dos accidonls, commolos maladies,los grands chagrins ot autres fléaux auxquels nous sommes tous sujets; co no sont pas cas oxcoptionsqui donnent A la vio sa couleur générale Lo contentement recommandé,mes enfants, c'est celuiqu'on doit trouver, garder dans la viodo chaquejour. Si l'on veut apprécier avec exactitude lo plus oumoins


LECONTENTEMENT 1S1 do bonheur départi A quelqu'un, il faut bien connaître l'onsomble produit par les circonstances extérieures oii olle vit et ses dispositions personnelles. Kn louant compte do cette observation, on s'aperçoit quo les biens sont distribués aux hommes d'une façon moins disproportionnée qu'il no semble d'abord. Il eu est du bonheur commo de la (ortuno : tel ost pauvro avec des rovenus considérables, tel est riche avec fort peu d'argent. L'aisanco, la richesse étant la facilité do satisfaire ses besoins, sos désirs, il y a deux façons d'être riche : avoir do grandes ressources, ou dos désirs modestes. Le second moyen est le plus sûr, lo plus a la portéo do chacun de nous. Deux personnes pouveut avoir situation semblable, mêmes occupations, mêmes rovenus; selon leur façon d'envisager los choses, l'une peut être hcureusooù l'autio ost très malhciirousc. Les yeux do chacune d'elles voient un monde tout diU'érciit. Mais voir tout en noir n'aide pas A bion remplir sa lâche ; los bonnes dispositions qui nous montrent lo bon côté aussi bion quo le revers de; choses, facilitent singulièrement tout travail. Si c'est aller loin que do faire du contentement un devoir — car co serait souvent do tous lo plus difficilea remplir — on pont diro que le mécontentement habitue) est uno dos conditions les plus fâcheuses do la vio, un obstacle sérieux à tout succès. — Comment faire donc pour trouver boi»nouno vie qu'on voudrait différente, intéressantes, dos occupations qu'on n'a pas toujours choisies, sympathique, un milieu qui déplaît? Itogardcr autour do soi et réfléchir. Tant do gons voudraient leur vio différente! Do votre propro profession, do votro travail personnel, vous sentez surtout les difficultés, les gènes; lo lot d'autrui vous apparaît on roso, parco que vous le connaissez mal, par les dehors ; vous vous trouvez Aplaindre, les autres


A NOSJEUNESFILLES 132 vous paraissent mieux partagés ; mais qui sait? si chacun apportait son fardeau pour vous en faire sentir le poids, le vôtre vous paraîtrait peut-être le moins lourd. Nul ne peut mettre sa vio entièrement d'accord avec ses désirs : du moins peut-on no pas fermer les yeux à ce que toute vie renferme Et elle contient beaucoup do bon ; elle nous offre les joies do la famille, les jouissances do l'amitié, celles do la nature et celles de l'art ; la poésie et les beaux livres ; l'épine fleurie d'avril, l'épanouissement du mois do mai ; au retour de l'hiver, les plaisirs du foyer. N'y a-t-il pas dans tout cela quelques compensations aux peines, aux ennuis, aux déboires? Les peines elles-mêmes servent A nous faire goûter plus vivement les joies quand revient lo calme ; après l'orage, on jouit du soleil. Un des plus grands hommes qui aient jamais traversé notre monde pour nous laisser l'exemple de ses vertus et le souvenir do son héroïsme, Socrato faisait remarquer A ses disciples comment les peines et les plaisirs sont unis ici bas. C'était lo matin mémo do son dernier jour. Il s'entretenait avec les siens des nobles espérances qui doivent remplir l'Ame humaine ot lui garder sa sérénité mémo dovant le supplice On venait de lui ôter ses liens. « Il s'assit sur son lit, et pliant, la jambe d'où l'on venait d'ôter la chaîne, et la frottant avec la main : « Quelle chose étrange, nous dit-il, quo co que los hommes appellent plaisir, et comme elle s'accorde merveilleuse' ment avec la douleur qu'on croit pourtant son contraire ; car s'ils no peuventjamais so rencontrer ensemble, quand on prend l'un des deux pourtant, il faut presque toujours s'attendre A l'autre, comme s'ils étaient liés inséparablement. Je crois que si Esope avait pris garde A cette idée, il en aurait fait peut-être uno fable. Il aurait dit quo Dieu, ayant voulu accorder ces deux ennemis, et


LECONTENTEMENT 133 n'ayant pu y réussir, se contenta do les lier A une même chaîne, de sorte que, depuis ce temps-lA, quand l'un arrive, l'autre lo suit de près. C'est co quo j'éprouve aujourd'hui moi-même; car A la douleur que les fers me faisaient souffrirà cette jambe, le plaisir semble succéder à présent !. » Oui, répondra l'esprit mal fait; ici bas toute joie est mélangée do peine. — Non, dira l'esprit plus juste, touto peine est mélangée do joie Les roses ont des épines ; cela est incontestable: elles n'en sont pas moins les roses Mais comment, direz-vous, comment arriver A trouver de l'intérêt dans des occupations choisies pour nous par d'autres et quo nous n'aimons pas? — Si vous n'êtes pas propres Aces occupations, il faut y renoncer, en trouver d'autres; ayez patience, cependant. Il est probable quo le choix fait pour vous était fondé sur quelque aptitude do votro part; peut-être finirez vous par vous y complaire ; on fait généralement volontiers ce qu'on fait bien ; dès lors l'intérêt do l'oeuvre poursuivie, oeuvre d'art ou do métier, anime au travail le coeur et la main, fait naître lo plaisir; on est sauvé, lo plus fort est fait. La satisfaction du devoir rempli, et bien rempli est souverainement apaisante; peu d'amertumes y résistent : le monde prend uno autre couleur pour celui qui sait y bien jouer son rôlo, si humble qu'il soit. — Quant au milieu nntipathiqito, il existe un secret pour le rendre non seulement supportable, mais agréable Au lieu de tant souffrir des autres, do leur petitesse, do leur malveillance, do leur sottise, si nous cherchions A leur laisser do nous mêmes quelques impressions aimables, si 110113 exigions moins d'eux, si nous leur donnions davantage, sous queljour différent n'arriverions-nous pas Aiesvoir? • PhéJon,Diafogutt dePlaton.Traduction Chauvctet LeSaissel. Bibliothèque Charpentier. 8


A NOSJKUNKS FILLES 131 La choso n'est peut être pas t\a plus aiséos ; mais elle vaut d'être tentée et n'est pas impossible Tout d'abord, no montrons pas A dos personnes déplaisantes, dont lo hasard nous a-imposé pour un temps la compagnie, la piètre opinion que nous avons de leur mérite; co serait 1Auno franchise peu charitable, et, qui plus est. maladroite Pensant n'avoir plus rien A perdre dans votro opinion, elles la justifieront do plus en plus ; à quoi bon so gêner. « Les frais de la mésintelligence sont tout faits. » Il en coûterait trop de changer. La bienveillance, au contraire, appelle la bienveillanco et j'ai rarement vu répondre Aun sourire par uno grimace Il n'est pas bon dans la vie do chaque jour do tenir un compte si exact do co qui nous est dû et do l'exiger, ouvertement ou non, avant do donner quelque choso A notre tour. 11fut un temps, surtout chez nous, en Franco, où l'on était poli Justine sur le champ do bataille, où l'on se saluait avant do so battre; no pourrait-on gardor un peu de celte courtoisie jadis nationalo, qui faciliterait tant les rapports entre gens peu sympathiques les uns aux autres? L'cxacto justice qui veut oeil pour oeil, dent pour dent, rendrait la vie communo impossible; sachons céder quelque choso, mémode notre droit, pour l'amour do la paix, do l'harmonie : co sera encoro do la justico, celle qui so préoccupe des droits d'aulrui. Tout n'est pas parfait autour do nous, ot l'on peut observer : Cent choses, tous les jours, Qui pourraient mieux aller, prenant un autre cours. Est-co une raison do continuel mécontentement? Do quoi droit demanderez-vous aux autres do so conformer A votre manière de voir, do sentir, do penser sur toutes choses? Savoir être contrarié dos g.'ns et des choses ost pout-étro la grande science de la vie, celle qui demando


LE'CONTENTEMENT 135 les qualités los plus hautes, les plus douces, les plus précieuses. 11ne faut rien moins quo do la force d'Amo pour supporter avec patience les contradictions, les froissements injustes parfois, qu'amène la vie do chaque jour. Il faut do la douceur d'Ame pour rester calme dans les peines do toutes sortes, qui sont lo lot commun. Ccux-lA sont bion doués qui possèdent cette sorte do courage Lo mal peut les atteindre, il les v incra difficilement. Pendant uno épidémie do choléra, un jeune homme, un étudiant en médecine peu avancé dans ses études, s'était offert commo infirmier volontniro au médecin en chef d'un hôpital. Celui-ci n'avait d'abord pas voulu l'accepter. « Vous n'avez pas de titres. » — « Non, mais j'ai tant do gaité ! J'amuserai vos malados; ils ne voudront plus mourir. » L'aide fut acceptée et la bonuo humeur du médecin futur fit, dit-on, autant do bion quo la science des médecins présents. Cette gaité dans le courage est, en eflU, le plus efficace des toniques ; gràco A elle, la lutto so reprend avec entrain, même après l'échec ; la vaillance gaie est la plus communicativo, celle qui montro lo mieux comment l'homme peut dominer les choses. C'est aussi une vertu française ps»r oxccllenco, déjà appréciéo dos Cîaulois qui se faisaient honneur do rester gais dans la soulfraneo et dans la mort. « Il tomba, rit et mourut », était la plus belle oraison funèbre d'un guerrier. Hiro dans la mort, c'est très beau. Mai s il est aussi beau et peut-être plus utile do savoir souvent sourire dans la vio.

Souvions-toi que de même qu'il os»honteux de trouver étrangequ'un figuier porte des ligues, il ne l'est pas moins


A NOSJEUNES 136 FILLES de s'e'tonncrque lo monde porte les événements,qui sont ses fruits. Chacun a son plaisir a soi. Moi, le mien, c'est de conservermon esprit bien sain; de le préserverde touto aversion pour l'homme ou pour ce qui arrive aux hommes, de lui faireenvisagerd'un oeil de bienveillance,accueillirsans murmures,tous les e'vénetnonls,de lui faiic user do chaque choseselon sa valeur. Quelqu'unme méprise?C'est son allaire. Moi,je prendrai garde de ne rien faireou dire qui soit digne de me'pris. Quelqu'un me hait? C'est son aliaire encore. Moi,jo suis douxcl bienveillantpour tout le monde, tout prêt à montrer à chacun qu'il se trompe,non en le mortifiant, non en uficelant de faire un elleil, mais franchementcl avec bonté. MARC-AURÈLE'.

XXIV Mes enfants, jo feuilletais l'autre jour A votro intention un vieux recueil do nouvelles du siècle dernier. .l'on ai choisi une petite et l'ai habilléo un peu A la modo du jour, parce qu'elle m'a semblé rappeler et prosquo résumer nos entretiens do cette année Puis-iez-vous, chères petites, éprouver un jour par vous-mêmeslos sentiments qu'ello suggère. LE SOIR D'UN BEAU JOUR. — Ouzo heures! dans un quart d'heure tout lo momlo sera arrivé, et la mariée n'est pas prête! À quoi pensestu, Geneviève ! 1 Ptnsia. Traduction Jo A. l'icrron.llibliuilitiiue Charpentier,


LE SOI!»D'UNBEAUJOUR 137 — LA, là, Mario, no te fAcho pas ; il n'y a plus quo lo fichu et les roses A poser. Kilo est si jolie, notro mariée ! on peut bien perdre un pou do temps A la regarder. La mariée souriait avec tendresse aux deux jeunes filles. Elle portait une robe do soie d'un joli gris do lin, sur laquelle Geneviève épingla gracieusement un fichu Marie-Antoinette en dentelles blanches; dont les plis étaient retenus do côté par un bouquet do roses mousseuses ; on en avait réservé quelques-unes pour orner los beaux cheveux d'un blanc de neige, mousseux, eux aussi, comme los roses. Car la mariée avait soixantedouze ans, ses filles d'honneur étaient les filles do ses fils; ce qu'on allait célébrer, c'étaient ses noces d'or. — Oh I que tu es belle, grand'inôre, s'écrièrent los deux petites en battant des mains. Vous auriez dit commo elles. Droito dans sa potito taille, avec sos yeux noirs très vifs, qui n'avaient pas perdu tous leurs cils, son teint rosé par la petito surexcitation du jour, ses légères boucles bhnehes, la bonne maman était charmante A voir ; ello on avait parfaitement conscience et jouissait sans la moindro affectation d'humilité, ds voir ses enfants l'admirer. On a frappé Ala poi te ; lo marié, au pied dq l'escalier, attend avec un peu d impatienco que les derniers rubans soient noués; enfin la mariée descend suivie do ses filles d'honneur qui portent gravement la queue do sa robo. Grand-pôro aussi est très beau; sos quatre-vingts ans sont tout souriants ; A poino sa haute taille s'est-ello un peu inclinée ; sa physionomie a lo charme des belles vieillesses, plus pénétrant, plus touchant quo celui do la jeunesse Car la vio sculpto los visages et leur imprimo le masque des préoccupations habituelles ; de là l'attrait de certaines figures, la répugnance inspirée par d'autres ; ces sentiments, quand il s'agit dos vieillards, no 8.


138 A NOSJEUNES FILLES tiennent certainement pas A la forme des traits, au teint ou A l'éclat des yeux, mais A quelquo choso de plus profond, do moins matériel, Al'Amequi est révélée, parfois trahie par l'enveloppe (Srand-pèro est donc très beau; lui aussi est en costume de fête, la boutonniôro lleurio d'uno rose cl entouré de ses garçons d'honneur, deux do sos petits-fils. Il s'avance vers sa femme, et lui fait uno révérence A l'ancienne façon : « Peut-on vous embrasser, bcllo damo?... Non, aujourd'hui elle est trop belle; on no pont quo lui baisor la main, commeaux reines. » Lo madrigal est interrompu par un joyeux bruit Ala porto du jardin; on ouvre, et une quaranfaino do personnes, hommes, femmes, enfants, chacun portant un bouquet, s'avancent vci:>le couple ému, resté immobilo sur lo perron, les deux jeunes filles derrière grand' maman, les douxjeunes gens derrière grand-père A co moment, lo respect de la vérité oblige do constater qu'un pou de désordre so produit. On no gardo pas son rang comme il avait été convenu; chacun Ycutoffrir son bouquet, ses voeux et ses baisers lo premior. Genovièvo intervient, rappelle avec forco, bien qu'A demi-voix, qu'on oublie tous les arrangements. Co n'était pas la peine de fairo uno « répétition générale » pour manquer ainsi le principal effet ; c'est A Yvonne, la plus petite des arrière-potites-lillos, A donner la première son bouquet et A dire son compliment. » — « Genevièvea raison; bravo, Genovièvo! » et l'on avanco Yvonne; co personnage a deux ans ot parlo déjà très bien. Elle offreson bouquet Agrand'mère et commence: « Donnemamancl bon papa, jo voussouhaite uno bonno fête et uno... » lo reste no \.u\t pas. Vito, bonno maman la prend, la couvre do baisers, car il y avait péril on la demeure; ça vousa déjà son amour-propro d'ora« tour ot n'est pas content du tout do rosier court.


LE SOIR.D'UNIIEAUJOUR 139 D'autres compliments font uno houreuso diversion ot Genovièvo, qui parait l'ordonnateur en chef, propose do no pas retarder le déjeuner servi au fond du jardin. Kilo avait ses raisons pour no pas retarder ce moment. Depuis trois jours, cil-*, sa cousino et ses cousins, avaient déployé uno puissance d'invention touchant au génio, pour empêcher les grands-parents d'aller au fond du jardin. La température, bien qu'on fût on juillet, avait heureusement secondé leur diplomatie, et les surprises destinées Afêter le cinquantenaire n'avaient rien perdu do leur qualité de surprise Au bout d'un quart d'heure, les enfants curent la joio do voir lo coitègo s'acheminer vers la salle A manger improvisée au jardin : grand'mère au bras do Paul, l'ainô do ses petits-fils, et tenant Yvonne parla main ; grand-père donnant le bras AJeanne, l'aînée de sos pctitcs-fillcs; los autres suivant par couples, selon l'Ago, grands et petits très amusés par le mélango do gaité et do solennité do la cérémonie Au mémo instant retentit, commo do justo, la Marche nu/iliale de Mcndelssohn, jouée A doux pianos ot sans laquelle il n'est pas do noces valables ; elle escorta notre inondo jusqu'à la grando table, garnie do fleurs et do plantes vertes, parmi lesquelles étaient rangées los qunranto-trois cadeaux oll'erts par los quuranto-trois enfants; on y trouvait les objets habituels : bijoux, argentorio, et aussi pelotes à épingles, ossuio-plumes, vidopoches, ronds do serviettes brodés ot autres. Lo grand succès fut pour un tableau do Georgctto qui avait eu uno médaillo au Salon, et pour un diplôme de docteur en médecine dont Paul offrait la surprise à sos grands'parents. Remerciements, effusions, quelques larmes, non pas seulement dans les youx dos grands-parents. Enfin, on arrive à la table du déjeuner, d'uno sploa•


A NOSJEUNES FILLES 140 deur dont les fleurs et la verdure faisaient surtout los frais. On prend place dans l'ordre du cortègo, et tout so passe biencette fois, grâce Ala sévérité do Geneviève et de Marie, qui no permettent aucun changement do place, do sorte quo los petits, los jouncs, les vieux, so trouvent heureusemententremêlés. Grand'niaman n'a pas du tout sos inquiétudes ordinaires do maîtresse do maison qui reçoit ; c'est à cllo surtout (pio la fête so donne, elle en accepte l'hommage doucement, elle est trop émue, (railleurs, pour accorder grande attention au menu. Et puis personne n'a rien A apprendre sur ces matières A Genovièvo ; ses dispositions naturelles pour lo bon gouvernement d'uno maison ont été servies par uno éducation parfiito ; son déjeuner est apprécié de tous; elle s'est rappelé les goûts de chacun et même les infirmitésdo quelques-uns. Qui sonne? Facteur du tel graphe I Dépêche sur dépêche, il on arrivo do tous côtés; en voici trente-sept. Co sont dos parents éloignés, de vieux amis « (pli s'associent do pensée et do coeurAla belle féto do famillo », selon la formuloA pou près invariablo dos télégrammes. On apporte le Champagne. Lo moment des discours est arrivé. Grand-pèro, le verro on main, se lève; un profond silonco so fait. « Avant tout, mos onfai.'s, laissez-moi remercier votro mère : c'est A ello quo nous devons cette journée, comme jo lui dois toutes mc3 joies, toute ma lorco, et vous co qu'il y a do bon dans votre vio. » H y a aujourd'hui cinquanto ans quojo l'ai priso par la main, conduite dans la pauvro demeure qui, à causo d'elle, est restée dans mon souvenir plus belle qu'un palais. Nous n'étions pas très riches, moi, avec mes quatre francs par jour A l'usine, ello, avec son métier do fleuriste Par quelle magie avons-nous toujours eu, mémo A co momenl-lù, un intérieur charmant, où rien no pa-


141 LE SOIRD'UNBEAUJOUR laissait manquer? Sans douto, il ost toujours beau, l'ondroit où l'on relrouvo ce qu'on aime; mais nos chambres avaient leur élégance et leur charmo, malgré la pauvreté. Kilo trouvait oncoro moyen do fairo dos économies, do préparer tout co qu'il fallait pour te recevoir, toi, Georges, notre premier né. Comment faisais-tu, Jeanne, je me le demande encore. » Grand'môro qui no s'attendait pas Acette pctito apothéose était mal A l'aiso, parlagéo entro l'émotion et un peu de gène Kilo no so croyait aucun mérite et so trouvait simplement uno heureuse femme, uno heureuse mère Elle voulut protester, mais ses fils lui prirent chacun une main, l'ombrassèreut et tout le monde demande a la suite, la suite ». « Vous la connaissez, reprit grand-père Notro vio a été simple; A peino avons-nous une histoire, puisquo nous avons été heureux. Notro travail a prospéré. Vous êtes venus ; nous avons fait de notre mieux pour vous diriger dans lo chemin quo vous vouliez suivre. » Nous avons eu nos peines cotto tablo n'est pas au complet; plusieurs des nôtres dorment déj-t leur dernier sommeil. » Ces partes cruelles n'ont pas été les seules. Quo do parents, (pie d'amis disparus! (pie de tristesses, de chagrins, do déceptions ! Quand on arrive à la vieillesse, la vio s'est dépouillée comme l'an tourne qui s'avance vers l'hiver. Nous avons donc soulfe rt, puisque nous vivons depuis longtemps. » Mais jamais aucuno souffranco no nous a brisés, car nous nous sommes aimés et cette affection a chacun do nous a donné la forco de doux. Jeanne, je te dis merci ; jo bénis la vio quo tu m'as faite; lu m'as fait croire aux anges gardions dont parlait autr dois M. lo curé. — A la sauté de grand'môro ! Vivo grand'môro ! » « Vive grand'inèro ! » répètent tous los convives. Los


A NOSJEUNES FILLES Mï verres s'entrechoquent ; on so lève, on embrasso les grands-parents ; la fèto dovient bruyante.... Mais grand'môro est surexcitée ; elle veut absolumoi't parler. « Honno maman veut fah'o un speech ! Ecoulez ! écoulez! »—« Oh!jo ne veux dire qu'un mot! c'est lui qui a tout fait 1c'est sa bonté, sa force et sa douceur. Comme il a travaillé pour nous donner l'aisance, le bien-êtro, presque le luxe A la fin ; pour monter pou A peu do soi» posto do petit ouvrier, puis contremaître, puis chef do section, au rang d'associé A la direction ! MJo l'ai vu A l'oeuvre, moi, revenant tous les soirs, pondant tant d'années, si las, mais jamais fAchéni aigri do rien, et toujours content si j'étais contente ! avec lui, commentne pas l'être Vous avez raison do vous réjouit et vous pouvez être liors de porter son nom ; il veut dire : droiture, courage, bonté. — A la santé de grand'pèi'o! Vive grand-père ! » L'écho ne se lit pas [trier pour répéter « Vive grand'pôre ! » lit quand l'heureuse famille se sépara le soir, chacun de ses membres emportait un do ces souvenirs qui par/'•''' fument uno vio entière

FIN.


TABLE

DES

MATIÈRES

I. — lînl du lV'ilui-alion moralede la jeunelille.— CiiAPriiu: dela viehonnête; connaîtresondevoir,l'aimer, Concilions avoirla forcede lo remplir.— Laconscience 9 — LespremiersdeII. •- L'enfant«Ionsla fainilh*. CII/PITIIK voirsrendusplusfacilespar l'attachementnaturelcl récidesmcmhrcs de la famille.Détimtii.ii «lela famille. )evoirsdesenfantsenversles parents.La tendressene doit rroque 16 pasnuireau respect la jeunelille dansla III. — Devoirs de CHAI'ITIU: p articuliers — Ce quepeut être lofoyerlorsquechamaisonpaternelle. cun y apporteco qu'ildoit.— Le bonheuret lo malheur tiennentplusau caractère 21 qu'auxcirconstances IV. — L'attachement au foyerdomestique. VénéraCiiApiTio: tiondecertainspeuplesancienspourle foyer.L'hospitalité. — L'amourdu foyerest uneforcedanslesdifficultés dola vie 27 V. —Obéissance enversles parents.— Quelledoit CIIAPITIU: Clrosa nature.— Isards dus aux parentstoutela vie.— Coquereprésentedolaau cl de grandunovied'honorable 32 travail. VI. — Dovoirsfraternels;devoirsplusspéciauxdo CIUPITHK l'aînée.—Kj/ardset politesse ; ne pas les réserréciproques 37 verFeulement pourle dehors de la famille.La VII.—Devoirsenverslesmembres CiiAMTiiK solidarité.— Le nom.— Hôlcdo la jeunolille dans les relationsde famille; sa douceurpeutapaiserdesrancunes, 4'i éviterdes querelles ù l'école.— VIII. — La viesociale.Kilocommence CiiAPiTiiK L'enfanty est, commedansla vie,en rapportavecdes suet des égaux.— Devoirsenverslesmaîtres.Sentipérieurs 150 mentsJu icspccl,del'admiration auxmaîtres.A quelle* IX. — Obéissance conditions GIIAÏITÎO: —Couragedans l'accomeslunoclcdevolonté. l'obéissance du dovoir,—Lapatience,la persévérance, formes plissement 'oit SI du courage ,


TAULE DESMATIÈRES 114 — Politesse. X. — Devoirsenversles compagnes.— CiiAPnnK 61 Quelleen est la vraiesource du XI. — Rôicdesannéesd'écoledansla formation CiiAi'iTnK caractère.— Kxactitudc, ordre,méthode.— Nécessitédo du succès 67 l'effortpersonnel, seulecondition CIIAPITHK XII. — La sociabilité;sesbienfaits.— Kmulation, rivalité,peuventexistersanshoinc.A la placedocetteformule: laluttepourla vie, il seraitbonidevoirse répandre 71 celledola concorde pourla vio XIII.— La bonté,la pitié;ce qu'ellesontfaitpour CUAPITIIK Nefais l'homme.— Les deuxgrandspréceptes religieux: et tu ne voudrais le fil, Fuis pas qu'on pas à autruicequevoudrais a autruice que tu qu'on te fit, résuméspar les 76 mots: Justice,Charité XIV.—Devoirsde justice.— Respectde la vie CHAPITIIB humaine:duel,suicide,assassinatpolitique,casde légitime 81 défense XV.— Respectde la dignitéhumainedanstousles CUAPITHB — Ksclavagc, hommes. façonsd'empiéservage,dilléreutes 88 ter sur la libertéd'autrui XVI. — Respectde l'honneur.— L'estime.— CIIAPITKK — Médisance. — Dangerde répéL'honneur.—Caidmnie. 93 ter lesméchantspropos XVII.—Respectdu biend'autrui.— Dili'érentcs CuAvrniE façonsde violercetteloi: vol,tromperie, empruntsanscertitudederendre 99 — Descontrats. —ResCUAPITIIK XVIII.—Desengagements. ; ses nombreuses pectde la paroledonnée.—Le mensonge formes 101 CUAPITIIK XIX. — Devoirsdecharité.— Formesvariéesdo — Nécessité labienfaisance. derendrela sympathieet la 109 pitié actives XX. — Toul leinondepeut Ctrobienfaisant.— CUAPITIIK Donnerdesonbienest bon;donnerEOS efforts,sontravail, soncoeurest encoremieux 114 CitAPiTiti: XXI. — Discrétion et choixà apporter, mémodans lucharité.—Ait de donner , , 119 — Soit)sà donCiiAPirnK XXII.—Devoirsenverssoi-même. ner au corps.— Propreté.— Hygieno 124 — Etresatisfaitde son C'iAPiTitK XXIII.—Lecontentement. on pnuly arriver élut. —Comment 130 XXIV. — Le soird'un beuujour.........*....... CUAPITIIK 136 ' ' ' \ — lUPMUBtlIKS VBHSAJLLK.S. DUPLESStâ. CKHK, 59,UUK





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