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REINVENTER L’USINE URBAINE Vers le retour des activités de fabrication en ville
Ecole Nationale d’Architecture de Rabat Année universitaire 2021-2022
TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D’ETUDES Réalisé par : Najlaa Rachidi Encadré par : M. Mounir El Ouardighi Membres du jury : M. Khalid El Harrouni M. Abdelkerim Tahti
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Comme il y a eu le temps du château féodal, le temps des cathédrales, le temps des folies et des bergeries, la caractéristique du nôtre semble devoir rester celle de la machine et de l'usine. François DEBAT, « l’usine heureuse »
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PREAMBULE Dans les zones industrielles, d’énormes grues affirment leur domination à l'horizon. Tant sur le plan fonctionnel qu’esthétique, rien n’est conçu pour accueillir le public et assurer son interaction avec le paysage de la production industrielle. Alors qu’on marche sur ces grandes étendues de ce qui donne l’impression d’être la surface d'une planète à nulle autre pareille, ces endroits semblent vouloir rester invisibles et immémorables. L’expérience
de
vie
dans
une
ville
industrielle
nommément Mohammedia, est venue rebattre les cartes, et m’a permis de réaliser que les lieux dédiés à la fabrication débordent de potentialités en termes d’usages et de qualité architecturale. Ainsi, elle m’a exhorté à soulever de nombreuses interrogations au sujet du devenir de la production dans la ville et des formes urbaines et architecturales qui peuvent en découler. À l’origine de cet écrit, fut une question : Pourquoi ne pas imaginer une industrie qui franchit les murs des usines, s’invite ailleurs et va à la rencontre du public ? De la sorte, les questions qui ont pu émerger au travers de ce travail concernent le retour gratifiant des activités de fabrication en ville.
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Remerciements En préambule, je voudrais adresser toute ma gratitude à mon encadrant Mr. Mounir El Ouardighi pour ses directives précieuses et pour la qualité de ses suivis pendant l’élaboration de ce mémoire. J’adresse également mes vifs remerciements aux membres du jury, Mr. Khalid El Harrouni et Mr. Abdelkerim Tahti pour leur temps, leur rigueur et leurs orientations judicieuses qui m’ont été d’une aide inestimable pour structurer ce travail de fin d’études. Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance au corps professoral de l’Ecole Nationale d’Architecture de Rabat pour leurs enseignements, leurs efforts et dévouements. Enfin, mes remerciements s’étendent à toute personne ayant contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce mémoire, au renforcement de mes connaissances ainsi qu’à la réussite de ce parcours universitaire. A tous ces intervenants, je renouvelle mon respect et ma sincère gratitude.
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Dédicaces Je dédie ce travail, témoignage de ma profonde gratitude et mon plus grand attachement, A mes chers parents, mes piliers et ma plus grande force. Pour vous qui avez tant travaillé et m’avez tant aimé, aucun langage aussi éloquent soit-il ne saurait exprimer suffisamment ma reconnaissance et ma considération pour votre présence, votre soutien inépuisable, vos encouragements et votre bienveillance qui m’ont donné l’occasion de réaliser les études pour lesquelles je me destine et par suite ce mémoire. J’espère être à la hauteur de vos espoirs et attentes et m'être montrée digne de votre confiance. Que ce modeste travail soit l’amorce du bonheur que je m’engage à vous procurer. Un grand merci à ma sœur qui m’a encouragé et motivé tout au long de la réalisation de ce travail. À l’âme de mes grands-pères, à toute ma famille et à mes amis.
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RESUME La fabrication n'est pas en phase de déclin total, tant s’en faut. Un nouveau chapitre révèle ses premières pages. L’incroyable diversité des équations spatiales qu'impliquent les composants d'une usine et leur juxtaposition connexe, ouvrent des perspectives infinies quant à leur organisation harmonieuse et leur traduction formelle. Si le terme « innovation » n'a souvent pas sa place dans un programme industriel où la fonctionnalité prime, il n'exclut jamais d'introduire, par exemple, d'autres activités et des tiers lieux. L'ambition est d'ouvrir la voie à des villes localement productives et globalement connectées, qui favorisent la cohésion sociale et le bienêtre. De ce fait, associer la fabrication à d’autres activités, notamment la formation, la recherche et le développement, crée de nouvelles synergies et permet une intégration vertueuse dans le tissu urbain.
ABSTRACT Manufacturing is not in total decline, far from it! A new chapter reveals its first pages. The astounding diversity of spatial equations that the components of a factory imply and their related juxtaposition, opens up unlimited perspectives as to their harmonious organization and their formal translation. If the term "innovation" often has no place in an industrial program where functionality takes the upper hand, it never excludes introducing, for example, other activities and third places. The ambition is to pave the way for locally productive and globally connected cities that promote social cohesion and well-being. As such, combining manufacturing with other activities, including education, research and development, creates new synergies and enables a beneficial integration into the urban fabric.
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م ل خص الصناعة ليست في مرحلة الانحدار الكامل ،بل هي بعيدة كل البعد عن ذلك .فصل جديد يكشف صفحاته الاولى ان التنوع المذهل للمعادلات المكانية المتضمنة في مكونات المصنع وما يرتبط بها من تجاور ،يفتح افاقًا لا حصر لها فيما يتعلق بتنظيمها المتناغم وترجمتها الشكلية .على الرغم من ان مصطلح "الابتكار "في كثير من الاحيان ليس له مكان في برنامج صناعي حيث تكون الاولوية للوظيفة ،فانه لا يستبعد ،على سبيل المثال ،ادخال انشطة اخرى واماكن اخرى .الطموح هو تمهيد الطريق نحو مدن منتجة محل ًيا ومترابطة عالم ًيا ،مما يعزز التماسك الاجتماعي والرفاهية .ونتيجة لذلك فان الجمع بين الصناعة والانشطة الاخرى ،ولا سيما التدريب والبحث والتطوير ،يخلق اوجه تازر ، جديدة ويسمح بالدمج الفعال في النسيج الحضري
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Table des matières Préambule ………………………………………………………… 6 Remerciements………………………………………………….. 7 Dédicaces ………………………………………………………….. 8 Résumé ………………………………………………………………9 Introduction générale et spécification de la problématique Introduction générale ………………………………………………………………………………… 17 Problématique …………………………………………………………………………………………… 19 Déclinaison en questionnements …………………………………………………………………. 21 Corps d’hypothèse ……………………………………………………………………………………… 22 Méthodologie …………………………………………………………………………………………….. 23
PARTIE 1 : Approche interrogative I.
Le nouvel urbanisme industriel : Exploration de la dynamique villeproduction …………………………………………………………………………………. 25
Introduction …………………………………………………………………………………………. 26 1. De la machine à vapeur à la ville moderne : L’impact des révolutions industrielles sur la planification urbaine……………………………………………………………………… 27 2. Les relations ville-industrie : Trois prototypes majeurs …………………………….. 30 2.1. Le prototype intégré 2.2. Le prototype adjacent 2.3. Le prototype autonome 3. Les concepts fondateurs du nouvel urbanisme industriel ………………………….. 34 3.1. L’industrie 4.0 3.2. L’écosystème industriel 3.3. L’écologie industrielle 4. La ville productive : une nouvelle phase de la relation ville-industrie ………… 43 Conclusion et schéma de synthèse…………………………………………………………... 46 11
II.
La fabrication urbaine : Entre les récits d’hier et les ambitions de demain…………………………………………………………………………………….. 48
Introduction ……………………………………………………………………………………… 49 1. L’essor de la fabrication dans la ville…………………………………………………….. 50 1.1
Fab City
1.2
Maker City
2. Fabriquer en ville, oui… à conditions …………………………………………………… 59 2.1
Soutenir une économie prospère
2.2
Stimuler l’innovation
2.3
Faire face aux changements climatiques et aux impacts environnementaux
2.4
Assurer l’inclusion économique et sociale
Conclusion et schéma de synthèse……………………………………………………….. 66 III.
Les configurations spatiales et les typologies de bâtiments ….68
Introduction ………………………………………………………………………………………. 69 1. Les mesures urbaines et architecturales ……………………………………………….. 70 1.1
Un langage de modèles pour la fabrication urbaine
1.2
L’architecture des lieux de fabrication ……………………………………….. 75
1.2.1 L’usine comme spectacle : Relancer l'intérêt du public pour la production 1.2.2 L’usine hybride 1.2.3 L’usine durable 1.2.4 Vers une architecture réversible des lieux de fabrication 2. Les typologies de bâtiments ………………………………………………………………….. 87 2.1. L’usine verticale urbaine …………………………..………………………………………87 2.2. Les tiers-lieux : Pionniers de l’industrie de demain ……………………………. 93 2.2.1 Les Fab Labs : Pour vivre l’expérience de l’industrie 4.0 2.2.2 Makerspace : Au cœur de l’innovation et du futur Conclusion et schéma de synthèse ………………………………………………………… 90
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PARTIE 2 : Approche analytique Grille d’analyse……………………………………………………………………………………… 103 I.
Brooklyn Navy Yard …………………………………………………. 104 1. Building 77 ……………………………………………….………………………. 109 2. New Lab …………………………………………………………………………… 123
II.
Centre de fabrication, de technologie et d’ingénierie ..….. 137
III.
Matrice des concepts et principes retenus : Vers la formulation d’une typologie architecturale ……………………………………. 154
PARTIE 3 : Approche suggestive et conceptuelle I.
Contexte d’intervention et analyse du site ……………….….. 160 1. Mohammedia : Une brève présentation de la ville ………………... 161 2. Présentation et choix du site ………………………………………………. 165 3. Trame viaire et mobilité …………………………………………………….. 169 4. Le cadre bâti …………………………………………………………………….. 172 5. Espace vert ………………………………………………………………………. 176 6. Diagnostic technique …………………………………………………………. 178 7. Analyse sensorielle ……………………………………………………………. 180
II.
Projet proposé : Advanced Manufacturing and Innovation Center AMIC…………………………………………………………….. 185 1. Intervention urbaine : Mise en valeur de la zone industrialo-portuaire par le vide ………………………………………………………………….…….. 188 2. Intervention architecturale : inspirée par le passé, résolument tournée vers l’avenir ………………………………………………………………….…. 198 2.1.
Développement du concept …………………………………….. 198
2.2.
Elaboration du programme …………………………………….. 202
2.3.
Dossier graphique…………………………………………………… 205
Conclusion générale ……………………………….. 228 Références …………………………………………….. 230 Table des figures …………………………………….. 234
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INTRODUCTION GENERALE ET SPECIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE
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L’usine est à la frange de la ville. Elle est neuve,
banale, fragile. Elle ressemble à un entrepôt, elle pourrait être une supérette ou un garage, mais c’est une usine, posée là sur un terre-plein, entourée par un parking, à côté du bourg. Le paysage ne rappelle en rien la fabrique imbriquée dans la ville, faisant un quartier usinier avec ses couleurs – généralement la brique –, son animation, ses bruits et sa fureur, témoins de la révolution industrielle. Thierry PAQUOT. « L'usine dans la ville : un effacement programmé, sous l'œil de la caméra »
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Introduction générale « En ce qui concerne l'intelligence humaine, on n'a pas assez remarqué que l'invention mécanique a d'abord été sa démarche essentielle, qu'aujourd'hui encore notre vie sociale gravite autour de la fabrication et de l'utilisation d'instruments artificiels, que les inventions qui jalonnent la route du progrès en ont aussi tracé la direction… Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l'histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber. »1 Henri BERGSON La caractéristique principale l'homme n'est pas tant sa "sagesse", mais plutôt sa capacité à fabriquer des outils et des choses. En fabriquant des choses, l’homme se fabrique lui-même. Seulement, quels lieux prêteraient main forte à l’homme pour maintenir et prospérer son aptitude à fabriquer ? La révolution industrielle, celle du fer et du charbon, a longtemps tiré vanité des cheminées d’usines qui enfument le ciel des villes et incarnent le dynamisme économique. Toutefois, les étincelles de cette gloire ont commencé à se dissiper, les fumées noires sont devenues des monstres hideux sillonnant les cieux. Ainsi, les usines et leur étiquette polluante sont mises à l’écart. L’industrie a progressivement disparu des cœurs des villes, au profit d’activités de services. En revanche, le secteur manufacturier a connu des transformations impressionnantes. La production polluante et consommatrice cède la place aux processus propres et durables et la demande d'une main-d'œuvre hautement qualifiée augmente davantage. En supplément, avec l’émergence de nouvelles technologies permettant à l'industrie d'être plus silencieuse et plus discrète, il est temps de redonner une place à la fabrication dans le tissu urbain. Cette nouvelle donne oriente le développement industriel vers un modèle basé sur l’innovation technologique et engagé sur la voie de la transition écologique. Henri Bergson, L’évolution créatrice (1907), Éd. PUF, coll. "Quadrige", 1996, chap. II, pp.138-140 2 1
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Dans le cadre du plan d’accélération industrielle, l’industrie 4.0 constitue pour le Maroc un atout considérable à saisir en vue d’atteindre une nouvelle étape de développement. Il est aussi question d’améliorer la compétitivité du tissu industriel marocain, tout en renforçant les liens entre l’université et l’entreprise et en favorisant le développement des activités de recherche et développement. Le challenge Usine du Futur lancé par le Groupe OCP, leader mondial des engrais et co-produits, pose des questions parmi lesquelles : À quoi l’usine de demain pourrait-elle ressembler ? Sera-t -elle écologique avec une empreinte carbone minimale ? Outre cela, le programme Tatwir Green Growth, faisant partie du plan national de relance industrielle 2021-2023, soutient l'émergence de nouvelles filières industrielles vertes et vise à réduire la pollution industrielle. Les termes « production urbaine » ou « fabrication urbaine » indiquent le potentiel de l’industrie 4.0 pour réinsérer l’industrie manufacturière dans la ville du futur.
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Problématique : Depuis toujours, la ville était le lieu traditionnel de l’activité économique. Les bâtiments industriels ont longtemps fait la gloire des villes qui les ont vus naître. Hier intégrés et sillonnant le paysage urbain, les espaces de production furent implacablement écartés vers les périphéries à la suite d’une multitude de facteurs. Aujourd’hui, l’usine et la ville se rapportent à des mondes irrémissiblement disjoints. Toutefois, considérer que ce déplacement soit la solution ultime aux défis liés à la présence d’industries en ville demeure un argument fort contestable. Il est indéniable que cette migration prenne part dans la dépollution des villes. Cependant, force est de constater qu’elle ne réduise pas pour autant l'empreinte écologique de l'activité des hommes. Pour y mettre le comble, d’autres défis sont entrainés, parmi lesquels la question de mobilité et l’augmentation des distances entre ressources primaires et destinataires finaux, lieu de vie et lieu de travail. En revanche, les progrès technologiques actuels permettent la création d’usines plus compactes, moins polluantes, très automatisées et plus rapprochées des ressources humaines, des marchés qu’elles adressent, de la matière première et de ses débouchés. Les bâtiments industriels ne jouissent pas si souvent d’un soin particulier en termes d’intégration, de performance énergétique et de qualité architecturale. Ces édifices sont puissants par leur monumentalité et tracent des limites très peu franchissables avec leurs abords immédiats et la ville. En effet, les promesses potentielles de l’éco-usine, la Smart Factory et l’usine urbaine sont riches et variées, mais elles demeurent orphelines. Pourtant, il existe beaucoup de principes pertinents qui puissent forger une vision architecturale sur la conception des usines de demain, compte tenu du contexte environnemental et urbain. En supplément, l’industrie ne cesse de se digitaliser. Dans la perspective de l’usine 4.0, la digitalisation implique une transition vers l’internet des choses et le big data. De ce fait, il paraît primordial d’envisager les usines comme des 19
maillons mieux intégrés aux dynamiques locales et au tissu urbain. Entre forme, esthétique, programme, efficacité énergétique et empreinte écologique, la conception architecturale de l’usine de demain représente un terrain fertile pour la réflexion et l’innovation. La question portant sur les exigences de la fabrication future n'a pas de réponse unique. Par suite, il faut remettre en cause la façon dont l'industrie crée des lieux, stimule l’innovation et promeut la durabilité environnementale. L’industrie manufacturière urbaine met en avant des points d'entrée cruciaux pour acquérir des compétences et diversifier le marché du travail. Il serait donc judicieux d’implanter les espaces de fabrication dans un contexte propice à l’innovation et la recherche. Pour un autre motif, la production dans la ville a pour ambition d’impliquer le public dans les activités de fabrication et de générer des nouvelles formes d’interactions sociales. L'objectif étant de créer une ville plus inclusive, plus durable et résiliente. Tout naturellement, il est inconcevable, même dans un futur lointain, pour les villes de réinviter les usines dédiées aux industries lourdes à leurs centres. Néanmoins, il est envisageable de créer une typologie nouvelle de lieux de fabrication, qui s’implanterait au cœur des tissus urbains. Ces nouveaux espaces urbains équipés et ouverts aux novices comme aux chevronnés mettraient des machines et outils, ayant longtemps été réservés à l’industrie, à la disposition de ceux qui le désirent. Pour le reste, à l’opposé de l’idée suivant laquelle l’automatisation expulse la présence humaine, l’homme est considéré comme l’épicentre sur la base duquel tout se construit. Cette recherche s’est attachée spécifiquement à la ville de Mohammedia. Le choix s'explique par son contexte industriel déjà favorable et la présence d’un pôle universitaire prometteur. En outre, la ville accueillera prochainement le Centre Futur Technologique Digital d’Incubation des TPEs et Plateforme des Jeunes. Le projet va appuyer la recherche, le développement et l’innovation, le transfert des technologies et des compétences et l’accompagnement à la réalisation de projets, créant ainsi un cadre favorable pour promouvoir la recherche scientifique et l’innovation. 20
Déclinaison en questionnements : Comment réintégrer les activités de fabrication dans le tissu urbain tout en favorisant l’innovation et la recherche ? Telle est la question élémentaire qui se pose. Pour l'avenir, dans le dessein d’améliorer la production dans les villes et accroître leur compétitivité et résilience, nous suggérons d'explorer les questions suivantes : ▪ Quelles relations la ville et l'industrie entretiennent-elles ? ▪ Que veut concrètement dire « fabriquer en ville » ? À quoi s’apparentera la fabrication dans la ville de demain ? et quelles en sont les conditions ? ▪ Quelles stratégies d’aménagement et de conception les villes devraient-elles adopter pour retenir et accroître l'activité manufacturière ? ▪ Quelles sont les modalités d’insertion urbaine et architecturale des lieux de fabrication ? Comment les mettre sur la voie de l’industrie 4.0 et la transition écologique ? ▪ Par quels moyens faudrait-il traiter les limites entre l’usine et son environnement immédiat ? Quels espaces publics créer afin d’assurer cette jonction ? ▪ Quels types de bâtiments pourraient abriter à la fois les activités liées à l’industrie, l’innovation et la recherche ? ▪ De quelle manière peut-on passer d’un programme monofonctionnel à la polyvalence et mixité d’usage ? ▪ Quelle composition ? Quelle image et quelles ambiances cette nouvelle typologie doit-elle offrir ?
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Corps d’hypothèse : Nous pensons que la réponse réside dans une nouvelle forme de mixité industrielle, où différentes typologies sont combinées et implantées sur un même site. Nous nous appuyons sur une grande variété, allant du Fab Lab2 à l’industrie moyenne sans qu’elle soit lourde ou polluante, et tout ce qu’il y a entre les deux. En effet, il s'agit de relocaliser la production sans pour autant réinstaller de grandes usines au centre de la ville, mais d’aller plutôt vers des modèles plus petits et circulaires. Il est question de transformer l’objet usine, le réimaginer, y impulser de nouvelles activités et d’en faire un lieu d’apprentissage, de création et d’innovation. Réintroduire la fabrication dans le tissu urbain dénote d’en partager les seuils, en redéfinir les limites et les usages. Cela implique de cogiter sur les formes urbaines et architecturales. En réintégrant les activités productives dans la ville et en valorisant l'établissement des technologies propres ou d'industries « clean tech » dans nos cités, celles-ci deviennent de front le laboratoire et la devanture d'un mode nouveau de développement industriel.
Un Fab Lab est un laboratoire de fabrication qui met à la disposition du public les outils, les matériaux et la technologie de pointe nécessaires pour la fabrication et le prototypage. C’est un tiers-lieu qui favorise l'innovation et l'invention 22 2
Méthodologie En vue de répondre à la problématique et aux questionnements qui en découlent, ce mémoire est structuré en trois parties : La première partie s’inscrit dans une approche interrogative de la question. Elle est divisée en trois chapitres suivant un raisonnement déductif. En premier lieu : Le nouvel urbanisme industriel : Exploration de la dynamique ville-production, s’attardera sur les relations entre l’industrie et la ville et leurs évolutions. Ce chapitre abordera également les formes industrialourbaines ainsi que les concepts fondateurs du nouvel urbanisme industriel. En second lieu, le chapitre intitulé : La fabrication urbaine : entre les récits d’hier et les ambitions de demain, présentera un bref historique de la façon dont la fabrication a changé et pourquoi elle reste pertinente pour les villes. Subséquemment, le chapitre mettra en avant quatre besoins auxquels doit répondre la fabrication pour une intégration gratifiante dans le tissu urbain. En troisième lieu, Les configurations spatiales et les typologies de bâtiments est un chapitre ayant pour intention de déployer les mesures urbaines et architecturales à prendre en considération ainsi que les typologies les mieux adaptées pour accueillir les activités productives et de fabrication au sein des villes tout en conjuguant l’industrie à l’innovation et à la recherche. Dans une approche analytique, la deuxième partie sera consacrée à l’analyse de projets similaires afin de consolider la compréhension et concrétiser les idées théoriques. Suivant un raisonnement inductif, la détermination d’une grille d’analyse ainsi que l’établissement d’une matrice comparative traceront les contours de la typologie architecturale escomptée pour les lieux de fabrication urbaine. Les approches interrogative et analytique déboucheront sur l’approche suggestive et conceptuelle dans laquelle le contexte d’intervention sera choisi et justifié pour parvenir au bout du compte à l’élaboration d’une réponse architecturale.
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–––
I. LE NOUVEL URBANISME INDUSTRIEL : Exploration de la dynamique ville-production
25
L’industrialisation se manifeste de toutes parts ; dans chaque produit que nous consommons et chaque outil dont nous nous servons. Toutefois, la production industrielle s’opère souvent loin de nos espaces de vie. Elle fut progressivement détachée de nos routines quotidiennes et du tissu urbain. A l’encontre du processus de distanciation, l'émergence de technologies innovantes exhorte à repenser la relation entre la ville et l’industrie.
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1.
De la machine à vapeur à la ville moderne : L’impact des révolutions industrielles sur la planification urbaine
Depuis les temps proto-industriels, les villes comprennent des quartiers où se concentrent des artisans et ouvriers à domicile. Plus tard, avec les révolutions industrielles, les usines relevant des branches industrielles légères et aval (confection, petite métallurgie, tréfilerie, constructions mécaniques, etc.) s’invitent aux centres urbains. D’autres branches, plus lourdes et dépendantes de la matière première et de l’énergie (sidérurgie, métallurgie, chimie, filature, tissage, etc.) s’installent au plus près des gisements, entraînant ainsi une forme particulière d’urbanisation.
Figure 1: Essai de typologie et de modèles à propos des formes industrialourbaines 27
Figure 2: Les révolutions industrielles et la planification urbaine ©Auteur 28
La relation entre la ville et l'industrie se réinvente constamment. Avec l’affleurement des nouvelles technologies et innovations, les révolutions industrielles ont stimulé l'urbanisation à grande échelle, donnant lieu à des modifications radicales du paysage urbain. On peut identifier quatre périodes fondamentales dans l'évolution des relations ville-industrie : 3 (1) Ville marchande : révolution préindustrielle. Le mode principal de production de cette période était la fabrication artisanale. Par suite, les activités
manufacturières
étaient
étroitement
liées
aux
activités
résidentielles et commerciales. Le déploiement de la ville à partir du commerce de marchandises et de produits de gros devint l'un des modèles déterminants de l'urbanisation du monde occidental. (2) Ville industrielle : 1750 – 1880. L'évolution des technologies des machines à vapeur a révolutionné les processus de production. De ce fait, les villes ont connu une croissance démographique sans précédent. L'industrie manufacturière entraîne ainsi l'urbanisation et la croissance économique. (3) Ville planifiée : 1880 – 1970. Vers la fin du XIXe siècle, des règlements de zonage furent introduits dans la planification urbaine pour pallier aux problèmes entraînés par la présence des usines. Interpellé par le développement incoercible de la ville industrielle, l'urbaniste britannique Ebenezer Howard introduit le concept de citéjardin comme alternative pondérée et maîtrisée. (4) Piecemeal City : 1970 – aujourd'hui. Au cours des années 1970, de nombreux pays, en particulier dans le monde occidental, ont connu une désindustrialisation rapide.
La tendance à délocaliser la fabrication
couplée à la priorisation des usages résidentiels et commerciaux ont entraîné une perte massive de terrains industriels.
3
Kim, M., Ben-Joseph, E., « Manufacturing and the City », article présenté à la
réunion annuelle des American Collegiate Schools of Planning, Dublin, Irlande, juillet 2013. 29
2.
Les relations ville-industrie : Trois prototypes majeurs
L’évolution chronologique des relations entre la ville et l’industrie a eu une influence économique, sociale et spatiale considérable sur les tissus urbains. Chaque transformation a laissé sa marque spatiale sur le tissu physique, souvent sans éliminer les empreintes de la phase précédente. Ce continuum a abouti à trois prototypes spatiaux clés des espaces industriels à savoir : l’espace intégré, l’espace adjacent et l’espace autonome. Ces trois prototypes affirment la séparation accrue entre la fabrication et la ville, le renforcement de la gestion centrale des zones industrielles et l'influence croissante des entreprises internationales sur les économies locales et les espaces physiques. La tendance à éloigner l’industrie de la ville a été renforcée suivant les modèles de la cité-jardin, la cité industrielle et la cité radieuse dans laquelle Le Corbusier conçoit la « Cité Linéaire Industrielle » en vue d’assurer l’intégration rationnelle des zones industrielles à leur environnement. Outre cela, la volonté d’évincer les nuisances des quartiers résidentiels a favorisé le développement du modèle de district industriel ou parc industriel. Au fil du temps, des concepts visant à améliorer l’attractivité de ces zones se sont multipliés. A titre illustratif, on cite : technopôle, Éco-Parc, Inno parc, etc.4 La question qui en découle est de savoir quel prototype servira le mieux la ville du XXIe siècle.
4
La technopole : disposant de structures de recherche et d'enseignement
techniques, ainsi que des industries de pointe. L’Éco-Parc : groupement d’industries qui profitent de l’économie circulaire et prônent un bilan écologique et énergétique positif. L’Inno parc : ce type mise sur une mixité fonctionnelle pour créer une synergie entre des entreprises et un centre de recherche. 30
2.1. Le prototype intégré : Ce prototype intègre l’industrie manufacturière dans la structure et la grille de la ville. Les différentes zones d'usages résidentiels, commerciaux et industriels n'ont pas de limites claires et finissent par s’associer les unes aux autres. Le prototype intégré peut générer des avantages de proximité, d’une part entre les lieux de résidence et de travail et d’autre part, entre les entreprises, les services et les marchés. Néanmoins, des problèmes tels que la pollution et les nuisances sonores restreignent l’efficacité de ce modèle.
Figure 3: Schéma explicatif du prototype intégré ©Auteur 31
2.2. Le prototype adjacent : Ce prototype implique une ségrégation planifiée entre les zones industrielles et résidentielles de la ville par le biais d’un zonage souvent via une barrière physique ou des éléments naturels. Les routes interurbaines, les voies ferrées et les espaces ouverts renforcent également la division entre la ville et la zone industrielle.
Figure 4: Schéma explicatif du prototype adjacent ©Auteur 32
2.3. Le prototype autonome : Le modèle autonome fait référence à des parcs industriels autonomes isolés de toute implantation existante. Fonctionnant comme des campus indépendants, ces zones industrielles sont entourées d'espaces ouverts et situées à proximité des voies ferrées, des autoroutes et des aéroports, donnant la priorité au mouvement efficace des matériaux, des marchandises et des travailleurs.
Figure 5: Schéma explicatif du prototype autonome ©Auteur
33
3.
Les concepts fondateurs du nouvel urbanisme industriel :
Le nouvel urbanisme industriel fait référence à un concept socio-spatial dans lequel la fabrication est intégrée ou adjacente à la ville. Il est basé sur la prémisse que l'évolution technologique modifie l'empreinte physique et écologique de la fabrication, ses processus de distribution et l'innovation en termes de programme et d’espace, permettant ainsi une meilleure insertion dans le tissu urbain. En supplément, il s’agit d’une compréhension renouvelée des avantages liés à l’implantation urbaine de l’industrie manufacturière soit l'accès à une main-d'œuvre qualifiée, à des établissements d'enseignement (centres de recherche et d'expérimentation) et à des clients. Le nouvel urbanisme industriel met en évidence l'économie locale et influe sur la sphère sociale en octroyant aux petites et moyennes entreprises ainsi qu’aux entrepreneurs individuels les moyens d’innover et de renforcer le localisme. Le nouvel urbanisme industriel est lié à trois concepts capitaux : ✓ L’industrie 4.0, ✓ L’écosystème industriel ✓ L’écologie industrielle.
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3.1. L’industrie 4.0 : Après les trois révolutions industrielles qui ont marqué l’histoire, l’industrie revient modernisée et transformée de fond en comble. Avec des machines intelligentes et connectées, des robots collaboratifs, une maintenance prédictive et l’impression 3D, le futur se dessine sous nos yeux. L’Industrie 4.0 ou la quatrième révolution industrielle s’est déclenchée en Allemagne en 2010. Cette transformation des méthodes de fabrication fait référence à la numérisation des processus et des biens de consommation. Il existe maintes désignations qui sont attribuées à cette révolution digitale : Internet Industriel des Objets, Smart Production, Smart Manufacturing (fabrication intelligente), Industrie de Futur, Usine 4.0, usine du future… Il ne s’agit pas exclusivement d’une modification des procédés de fabrication et distribution des produits, mais également d’une promesse d’améliorer l’efficacité énergétique, réduire l’empreinte écologique et s’orienter vers des modèles industriels plus flexibles, propres et silencieux.
Le Maroc en voie de transition : Le Maroc inscrit l’industrie 4.0 dans les priorités de sa politique industrielle en vue d’enjamber un nouveau pallier de développement et de mettre au point la compétitivité du secteur. Le challenge aujourd’hui au niveau du pays est de former les employés aux avancées technologiques requises. Il est aussi question d’intégrer les espaces universitaires dans la formation afin d’apprêter les jeunes aux nouveaux métiers. « Nous invitons les structures universitaires à ouvrir leurs curricula vers les compétences exigées par l’industrie 4.0», atteste Karim Cheikh.5
Karim Cheikh : Président du GIMAS (Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales) 5
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Figure 6: Avantages et défis liés à l’industrie 4.0 ©Auteur
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Figure 7: Les technologies au cœur de l’industrie 4.0 et les caractéristiques d’une usine intelligente ©Auteur
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Fez Smart Factory : Un modèle national de l’usine 4.0 Le projet « Fez Smart Factory » (FSF), qui sera aménagée sur le campus de l’Université Euro-Méditerranéenne de Fès (UEMF) a pour objectif de développer une zone industrielle durable afin de répondre aux besoins d’amélioration
de
la
productivité
industrielle
et
des
performances
environnementales et sociales, et ce à travers la mise à profit des concepts de l’industrie 4.0.
Le FSF devrait générer plus de 5 milliards de DH
d’investissements et plus de 5.000 emplois directs hautement qualifiés. A cette fin, le projet bénéficiera de l’appui des compétences et des plateformes de l’UEMF (la plus grande plateforme d’impression 3D au Maroc et la première École d’ingénierie Digitale et d’Intelligence Artificielle en Afrique). Programme :
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Figure 8: Vues intérieures et ambiances du projet FSF
39
3.2. L’écosystème industriel : Un « écosystème industriel » est une sorte de cluster ou un groupement d’entreprises qui se tissent et forment des « communautés de destin stratégique » organisées. Cette collaboration favorise les relations et les échanges dans le secteur manufacturier et permet de gagner en performance et en réactivité tout en veillant à renforcer la compétitivité. Cette approche vise à encourager l'innovation et la croissance grâce à la collaboration des fabricants, des établissements d'enseignement (en particulier des universités) et des organisations gouvernementales. Ces écosystèmes ambitionnent d’inscrire le secteur industriel dans un cercle vertueux de progrès et d’en faire un pourvoyeur primordial d’emplois, notamment pour les jeunes.
3.3. L’écologie industrielle : En 1995, le scientifique américain Robert Frosch a défini l’écologie industrielle comme “l’ensemble des pratiques destinées à réduire la pollution industrielle”.6 En d’autres termes, c’est une approche adoptée par une entreprise industrielle qui aspire à la diminution des impacts négatifs de la production industrielle sur l’environnement. Cette démarche s’évertue à optimiser les flux de matière et d’énergie selon le fonctionnement des écosystèmes naturels. Spatialement, elle implique l'utilisation de technologies de construction vertes. Ainsi, l’écologie industrielle se manifeste comme une façon de mettre en œuvre le développement durable.
6
Hess, Gérald. « L'écosystème industriel. Difficulté épistémologique d'une telle
analogie », Natures Sciences Sociétés, vol. 17, no. 1, 2009, pp. 40-48.
40
Ces trois concepts cardinaux de l’urbanisme industriel reconnectent la société et l'espace à l'industrie. En termes de société, ils dépendent du capital social et de la sphère sociétale, encourageant : a. Les relations intersectorielles entre le milieu universitaire et l'industrie, le gouvernement et le milieu universitaire, et le gouvernement et l'industrie ;
b. Les relations inter-échelles entre les entrepreneurs et les entreprises établies, ou les petites et moyennes entreprises et les grandes entreprises ;
c. Les relations en amont et en aval entre les fournisseurs et les producteurs. En termes d'espace, ces concepts mettent l'accent sur le rôle de la proximité, de l'intégration et de l'amélioration de l'accès au lieu de travail. Par ailleurs, la proximité des universités et centres de recherche est considérée comme un avantage pour le développement d'un système industriel écologique.
41
Figure 9: Les concepts fondateurs du nouvel urbanisme industriel ©Auteur
42
4.
La ville productive : Une nouvelle phase de la relation ville-industrie
La phase actuelle de l'évolution de la relation ville-industrie favorise le développement d'environnements hybrides qui incluent une variété d'activités industrielles. A cet égard, la mixité des usages, variant à la fois le type d'activité et le type de programme est préconisée.
Figure 10: Evolution de la relation ville-industrie
Le concept de ville productive est au cœur de l’actualité. Dès lors, la production devrait s’afficher hardiment et être intégrée dans le tissu urbain. Tout de même, le défi est de réimaginer les dynamiques de proximité, les économies circulaires, et les nouvelles méthodes de co-production et d'éco-partage.
43
« Le crédo « produire local, penser global », nécessite une ingénierie de l’insertion et du renouvellement urbain, comme préalable à l’accueil plus large d’activités. Favoriser la ville productive permet ainsi la création d’emplois dans différents secteurs tels que l’industrie, la logistique, l’artisanat et les activités productives émergentes, notamment numériques. Cette nouvelle « philosophie urbaine » a évidemment des conséquences majeures dans la fabrique de la ville. Une ville plus mixte, plus inclusive accueillant les activités nécessaires à son adaptation à des enjeux majeurs tels que le réchauffement climatique ou la qualité de vie. »7
AGAM Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise, « La ville productive : vers le retour des activités de fabrication en ville ? », Regards Economie, N°111, Novembre 2021, pages 1-2-3-7. 7
44
De quels types d’activités s’agit-il ?
Afin d’illustrer la notion de ville productive, il serait adéquat de prendre en considération l’hybridation grandissante du secteur industriel avec celui des services. Certainement, la ville productive n’implique pas le retour en ville des industries lourdes et polluantes, mais l’implantation d’unités de production plus petites, plus propres et engagées sur la voie de l’industrie 4.0.
La mixité des usages accroît la chance des espaces de production industrielle de devenir des lieux dynamiques, vivants et supports d’innovation. Ces usages incluent également l'éducation, la formation, la recherche et le développement…
45
Conclusion et schéma de synthèse
Les révolutions industrielles témoignent de l’évolution continue des relations entre la ville et l’industrie. De notre temps, ces rapports poursuivent leur transformation eu égard à l’affleurement des nouvelles technologies de numérisation et de digitalisation. D’ailleurs, le concept du nouvel urbanisme industriel et la notion de la ville productive tracent les contours d’une réflexion renouvelée portée sur l’intégration de la fabrication dans le tissu urbain. Cette approche crée une opportunité sans précédent pour le retour en ville des unités de production plus propres et engagées sur la voie de l’industrie 4.0. Parmi les ambitions de cette démarche figure l’appui de l’innovation et l’incitation à la collaboration entre la fabrication et le milieu universitaire et professionnel.
46
Figure 11: Le nouvel urbanisme industriel: Schéma de synthèse ©Auteur
47
II. LA FABRICATION URBAINE : Entre les récits d’hier et les ambitions de demain
48
La fabrication urbaine n’a pas une définition unique et intégrale. Pareillement, il existe un accommodement limité sur les types d’activités productives qui peuvent être classés comme fabrication urbaine. Assurément, les divergences élémentaires entre les définitions sont dues à l'échelle de production. Alors que les uns adoptent une vision plus large du concept et incluent - à titre d’illustration - l’artisanat, l’agriculture urbaine, la réparation et
le
recyclage,
d'autres
se
concentrent
sur
l’industrie
manufacturière sans qu’elle soit lourde ou polluante. Dès lors, le terme « fabrication urbaine » peut être interprété pour désigner simplement toute forme de fabrication qui s'intègre dans le tissu urbain en termes d'échelle, de logistique, d'impact sur le contexte, etc. Les villes sont confrontées à de nombreuses questions concernant les types de fabrication qu’elles pourraient réinviter en leur sein et comment cela les aiderait-il à être innovantes, résilientes, inclusives et durables. Tout bien considéré, la fabrication urbaine reste encore une activité sans narration ni voix claire.
49
1.
L’essor de la fabrication dans la ville
A l'origine de la fabrication fut l’artisanat, issu du latin manu factum ou « fait à la main ». Les matériaux disponibles étaient relativement simples et en grande partie biosourcés (comme le tissu, le bois ou le cuir). La fabrication était souvent à petite échelle et les entreprises étaient familiales. Les vitrines des ateliers marquaient leur ouverture sur les rues principales qui concentraient un flux considérable de clients et étaient liées à d'autres parties de la ville, en particulier l'espace du marché.
C'était vers la fin du XVIIIème siècle au Royaume-Uni où une multitude de facteurs - soit l'énergie, des matériaux plus robustes, une mécanisation à plus grande échelle, une main-d'œuvre bon marché et des processus industriels plus efficaces- a permis d’accroître la production tout en réduisant les coûts. Cela a entraîné non seulement une évolution radicale du processus de production mais aussi une reconfiguration de la société et des villes.
Les usines, les entrepôts et d’autres bâtiments industriels ont altéré l'agencement et l'image des villes. Au fur et à mesure que les usines se développaient et employaient un nombre conséquent de personnes, elles se sont déplacées vers des zones entièrement consacrées à la fabrication. Les emplacements autour des cours d'eau étaient notablement attrayants. De ce fait, l'industrie manufacturière a transformé de nombreuses villes en énormes machines de production. Les industriels considéraient les cheminées des usines comme un symbole de progrès. Pourtant, les conditions étaient loin d'être admirables. Le charbon tapissait l'air de smog et de suie qui, à la fin du XIXème siècle, assombrissait le soleil de nombreuses villes.
50
En 1898, Ebenezer Howard8 a publié son ouvrage To-Morrow : A Peaceful Path to Real Reform (Demain : une voie pacifique vers une vraie réforme), qui introduit un modèle urbanistique combinant les atouts de la ville avec ceux de la campagne. Cette utopie de cité-jardin est devenue promptement l'idylle des classes populaires et moyennes.
« Villes et Campagne doivent s’épouser et de cette heureuse union jaillira un nouvel espoir, une vie nouvelle, une nouvelle civilisation. »
Ebenezer Howard, Les cités-jardins de demain (introduction de l’auteur). Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les innovations technologiques,
l'amélioration
de
la
productivité,
l’émergence
de
la
réglementation environnementale et la forte concurrence internationale ont entraîné la fermeture de nombreuses usines dans les villes. Par suite, de larges pans des tissus urbains furent abandonnés à des sorts de désolation et de mépris. Malgré la pression du développement, la fabrication n'est pas en phase de déclin total, tant s’en faut. Un nouveau chapitre révèle ses premières pages. De nouvelles formes de fabrication urbaine sont exigibles pour fonder des aspirations futures allant de l'économie circulaire, à l'augmentation de l'innovation, à la réduction des émissions, à la réalisation des ambitions pour l'industrie 4.0 et à la création d'emplois accessibles.
8
Urbaniste anglais fondateur du mouvement des cités-jardins 51
1.1. Fab City : Vers des villes autosuffisantes, localement productives et mondialement connectées :
Depuis 2001, l’Institut d’Architecture Avancée de la Catalogne (IAAC) et le département « Center for Bits and Atoms » (CBA) du MIT9 ont développé une nouvelle approche de l’architecture et de l’urbanisme partant d’une réflexion sur l’impact des technologies numériques sur les villes. En 2011, une collaboration avec la Fab Foundation et la municipalité de Barcelone a donné lieu au projet Fab City auquel sept nouvelles villes ont adhéré, dont Boston, Cambridge, Ekurhuleni, Shenzhen et Amsterdam (2016). La relocalisation de la fabrication est au cœur de la stratégie Fab City qui aspire à la création d’un réseau mondial de villes appartenant à un écosystème durable de production et de connaissance, passant de l’imprimante 3D domestique à l’installation des laboratoires de fabrication (Fab Lab) de proximité, de l’industrie urbaine à une infrastructure de production mondiale. A cet égard, la production est menée à bien dans la ville, tout en incorporant des activités de recyclage et en veillant à la satisfaction des besoins locaux. D’autres objectifs inhérents sont la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le renforcement des liens entre la fabrication, l’éducation, l’innovation, le développement de compétences et la création d’emplois. 10
9
Massachusetts Institute of Technology
10
Le sous-chapitre Fab City est issu de la traduction du document « Fab City
White Paper » rédigé par Tomas Diez avec la contribution et les révisions de Sharon Ede et de James Tooze. 52
Chronologie :
Figure 12 : Développement chronologique de l'initiative internationale Fab City ©Auteur
53
Devenir une Fab City implique : a- Un écosystème de production avancée : Un réseau local de laboratoires de fabrication et de centres de production à moyenne échelle, connecté à un réseau mondial de chaînes d'approvisionnement qui partagent connaissances, meilleures pratiques et projets. b- Une production distribuée d’énergie c- Une monnaie cryptographique pour une nouvelle chaîne logistique Les villes devraient créer leurs propres marchés tout en étant connectées à une économie mondiale et utilisant un système de valorisation fondé sur la blockchain11 et des technologies similaires. d- Une production alimentaire et une permaculture urbaine : L’agriculture urbaine permettra de créer un système circulaire pour la production alimentaire et pour la récolte. e- Une éducation pour le futur : En mettant l'accent sur l'apprentissage par la pratique et en engageant tous les niveaux scolaires dans la recherche de solutions à des problèmes locaux à travers des technologies de fabrication numérique. f- Construire une économie spirale : Il s’agit de réduire la quantité importée de biens, nourriture et d’autres ressources et d’encourager l’utilisation de matériaux recyclés comme matière première.12
11
Développée à partir de 2008, la blockchain est une technologie de stockage et
de transmission d’informations qui offre de hauts standards de transparence et de sécurité en fonctionnant sans organe central de contrôle. Elle permet à ses utilisateurs - connectés en réseau - de partager des données sans intermédiaire. 12
Diez,T., Fab City White Paper, pp 9. 54
Figure 13 : Fab City Manifesto: Principes de transition vers des villes autosuffisantes, localement productives et mondialement connectées ©Auteur
55
1.2. Maker City : 1.2.1. La genèse du mouvement des Makers C’est aux Etats-Unis qu’est né le mouvement des Makers au début des années 2000, issu d’une volonté de réappropriation des biens personnels. En 2005, Dale Dougherty, co-fondateur d'O'Reilly Media, a créé le magazine américain Make qui fut le catalyseur d'un mouvement Maker mondial visant à transformer l'innovation dans l'industrie, l'apprentissage pratique dans l'éducation et la vie personnelle des créateurs ou « makers » de tous âges. Le fondateur du Make Magazine est l’un des premiers à avoir réuni une véritable communauté de « bricoleurs ». En soit, le principe était que toute personne qui faisait quelque chose de ses propres mains était considérée « un maker ». Aujourd’hui, le terme « maker » est plus assimilé à un aspect numérique. Ainsi, un maker conçoit des projets qui relèvent de l’électronique, la robotique, l’impression 3D et l’usage des machinesoutils à commande numérique.
« Un maker, c’est quelqu’un d’inventif qui fabrique lui-même des objets utiles à sa vie quotidienne, un informaticien qui bricole ses propres drones ou robots, ou encore un artiste qui détourne des objets… Autant de personnes qui adhèrent à la philosophie du faire soimême
et
de
l’autonomie
d’accès
aux
objets
de
consommation, sans passer par le Mass-Market. »
- Isabelle Berrebi-Hoffmann13
13
Isabelle Berrebi-Hoffmann est sociologue, directrice de recherche au CNRS,
au sein du Lise (Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Économique) 56
1.2.2. Le mouvement Maker et la ville A une époque de changements technologiques éminents, une Maker City se veut être une ville qui se sert de toutes ses ressources afin d’apprêter ses citoyens à l'avenir. L'objectif n'est pas de transformer chaque ville en pôle technologique, mais de comprendre la façon dont la technologie modifie le paysage urbain, l'éducation, le travail, etc. Et ce en soutenant l’entreprenariat et l’innovation et en promouvant l'inclusion et la justice sociale. Il est également question de remodeler la fabrication urbaine autour de nouveaux outils de production notamment l'impression 3D et la puissance du cloud.
1.2.3. La Maker City comme écosystème ouvert La Maker City est un écosystème dynamique et ouvert de ressources qui stimulent la croissance économique et culturelle grâce à la collaboration et à l'innovation.
Figure 14 : Composition de l'écosystème Maker City ©Auteur
57
58
©Auteur
2.
Fabriquer en ville, oui… à conditions Quatre besoins reliant la ville et la fabrication
La fabrication urbaine nécessite l’élaboration d’un récit structuré qui pourrait être traduit en politique ou exploité pour fonder une vision économique locale dans laquelle la fabrication occupe une place évidente. Ce récit s’appuye sur quatre besoins qui devraient être satisfaits en vue d’intégrer vertueusement la fabrication dans les tissus urbains. Premièrement, la fabrication urbaine peut contribuer à soutenir une économie florissante en créant de l'emploi local, en développant des produits d'exportation et en fournissant une base solide pour les services. Deuxièmement, elle peut stimuler l'innovation en transformant les compétences techniques et les idées en prototypes, et ses derniers en gammes de produits. Troisièmement, elle peut être un vecteur capital pour faire face au changement climatique et aux impacts environnementaux. Enfin, l'industrie manufacturière favorise l'inclusion économique et sociale en offrant
une
diversité
de
conditions
de
travail
et
des
opportunités
d'entrepreneuriat accessibles.14
14
Hill, Adrian V (ed.). (2020) Foundries of the Future: A Guide to 21st Century
Cities of Making. With contributions by: Ben Croxford, Teresa Domenech, Birgit Hausleitner, Adrian Vickery Hill, Han Meyer, Alexandre Orban, Víctor Muñoz Sanz, Fabio Vanin and Josie Warden. Delft. TU Delft Open,2020. Pp 49 à 64. DOI 10.4121 uuid:8bcd1748-3c04-4c2f-96cd-e763fe3b5b63 59
2.1. Soutenir une économie florissante D’un côté, les activités liées à la fabrication urbaine couvre une vaste gamme de besoins quotidiens dont dépendent les habitants de n'importe quelle ville. Cela comprend la production alimentaire, la gestion des déchets, la réparation, le recyclage et bien d’autres. De l’autre, la fabrication urbaine privilégie la consommation locale et la rend la plus accessible. En effet, les producteurs locaux s’avèrent être des maillons clés pour faire face à des changements soudains dans les chaines d'approvisionnement, mettre en œuvre de nouvelles politiques et habiliter les industries locales au changement et à l’adaptation. Quant à la fabrication distribuée15, elle pourrait augmenter la productivité, réduire les coûts de production et être plus compatible avec les zones urbaines denses. En revanche, les technologies nécessaires pour le déploiement de la fabrication urbaine peuvent être coûteuses, énergivores et peuvent ne pas nécessairement fournir des emplois locaux plus nombreux ou de meilleure qualité. D’où la contrainte de tirer profit des nouvelles technologies tout en restant engagé sur la voie de la transition écologique et l’efficacité énergétique et en créant des emplois diversifiés. Pour ce qui est du Maroc : « L’analyse descriptive des indicateurs du secteur industriel révèle que l’industrie contribue le plus à la formation du PIB avec une moyenne d’environ 19% durant la période 1985-2016, suivie de l’agriculture (15%), du commerce (12%) et du Bâtiment et travaux publics (5%). A cet égard, le Maroc doit développer des avantages "compétitifs" forts plutôt que des
15
La fabrication distribuée est un mode de production décentralisé rendu
possible par le déploiement d'Internet. Elle repose sur la mise en commun de compétences et de moyens de production à taille humaine, dans le but de concevoir, fabriquer et distribuer des produits. 60
avantages "comparatifs" dans ses branches industrielles, à travers la promotion de la recherche et développement dans le système productif industriel. »16
2.2. Stimuler l'innovation Au niveau macroéconomique, l’innovation est reconnue comme le facteur dominant de la croissance économique et de la spécialisation commerciale des pays (OCDE, 1997). Elle est notamment considérée comme incontournable pour sauver l’industrie (Midler et al., 2012). La fabrication urbaine génère des compétences et des connaissances qui peuvent semer et soutenir l'innovation. Partant du fait que les villes offrent un large éventail d'options d'éducation- allant des filières de métiers pratiques aux cours universitaires plus théoriques- les lieux dédiés à la fabrication urbaine devraient être associés aux mécanismes d'apprentissage afin de partager les connaissances et l'expérience et aboutir à de nouvelles idées ou compétences. C’est ainsi que la fabrication doit profiter du partage, non seulement de la technologie, de l'infrastructure et des installations, mais aussi des savoirs et des compétences.
16
Sanae, E. O., and B. Ahmed. “Analyse Économique Du Secteur Industriel Au
Maroc”. European Scientific Journal, ESJ, Vol. 14, no. 7, Mar. 2018, p. 188-189, doi:10.19044/esj.2018.v14n7p168. 61
Figure 15 : Les catégories d’innovation ©Auteur 62
2.3. Faire face au changement climatique et aux impacts environnementaux Les villes, en tant que sources d'innovation, réservoirs de ressources et moteurs de la culture, devraient être à l'avant-garde de ce changement. Pour sa part, le secteur manufacturier urbain devrait œuvrer à la conception d'objets et le développement de services qui peuvent réduire la consommation des ressources. De plus la fabrication urbaine est un élément clé de l'infrastructure de l'économie circulaire17, avec des activités telles que la réparation, le réemploi et le recyclage qui permettent de réduire l'impact environnemental et boucler les flux de matière, sinon des matériaux parfaitement recyclables continueront à être exportés ou incinérés. De surcroît, les technologies de fabrication 4.0 contribuent à des réductions significatives de la consommation d'énergie, à la minimisation des émissions et, en général, à une plus grande efficacité dans l’exploitation des ressources. Ces technologies numériques permettent également une meilleure spécification des produits, la réduction des pertes de matériaux industriels et la minimisation des stocks invendus. C’est le cas de l'impression 3D dans le travail du métal ou du bois qui réduit les pertes ou le recyclage des chutes, entraînant une augmentation de la productivité des matériaux de 20 à 30 %. Les sites dédiés à la fabrication urbaine mettent à profit l’innovation en termes de digitalisation, de connexion et de moyens de productions intelligents pour accroître leurs performances environnementales. En outre, l’empreinte carbone des usines 4.0 est réduite par la faveur d’actions ciblées.
17 Pour l’ADEME (l’Agence nationale de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) l’économie circulaire est « Un système économique d’échange et de production qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer notre impact sur l’environnement. Il s’agit de découpler la consommation des ressources de la croissance du produit intérieur brut (PIB) tout en assurant la réduction des impacts environnementaux et l’augmentation du bien-être ». 63
En somme, l’industrie du futur est la promesse d’un écosystème industriel plus agile, avec une traçabilité accrue, des produits évolutifs, une production plus verte et durable et une prise de conscience sur la transition écologique.18
2.4. Assurer l'inclusion économique et sociale Les villes – ayant pour intention de se développer- devraient adopter des politiques et des approches conçues pour apporter des avantages à la fois économiques et sociaux. La fabrication urbaine peut y contribuer de plusieurs manières.
a- Offre d’emploi diversifiée Le secteur manufacturier offre actuellement une gamme variée de possibilités d'emploi pour les novices comme pour les chevronnés, si bien que les entreprises jouissent
de main-d'œuvre multidisciplinaire et
disponible
localement. Cela signifie également que le marché local est capable d'ajuster et de personnaliser les produits en fonction de ses besoins. La nature changeante du travail manufacturier remet en question ce à quoi ressemblera l'avenir de l'emploi manufacturier. Bien qu'il reste des incertitudes considérables quant à l'avenir du travail manufacturier, les compétences hybrides sont de plus en plus demandées, en particulier celles qui associent la résolution créative de problèmes à une connaissance de la technologie.
18
L’industrie du futur: une opportunité pour la croissance verte. (2020, août
25). ENGIE Solutions. https://www.engiesolutions.com/fr/actualites/industrie-de-demain 64
b- Création et appui des communautés des fabricants Il s’agit d’encourager la création des organisations inclusives axées sur la communauté afin de soutenir la fabrication urbaine. Les entreprises sociales, les coopératives et les groupes de créateurs sont des exemples d'organisations qui utilisent cette notion pour connecter les communautés de manière équitable et inclusive.19 Ces communautés peuvent se développer autour d'espaces d'ateliers partagés ou d'espaces de création commerciaux. Elles représentent un moyen accessible pour les entrepreneurs qui ambitionnent de démarrer une chaîne de production ou de prototyper une idée.
19
Quist, E. (2019) Small Business, Big Heart. Federation of Small Businesses.
[en ligne] 65
Conclusion et schéma de synthèse
Depuis
plusieurs
décennies,
les
activités
productives
ont
été
inexorablement écartées aux confins des métropoles. Dès lors, s’est dessiné un champ étendu de recherche autour de la fabrication urbaine. Alors que l'industrie manufacturière des XIXe et XXe siècles faisait valoir la production à haut volume, le XXIe siècle est plus concerné par la fabrication « intelligente » qui résout des problèmes sociaux et environnementaux pressants, souvent au sein de la ville elle- même. D’ailleurs, « faire », « produire » et « fabriquer » sont devenus des activités plus valorisées que jamais. Ce regain d'intérêt va stimuler le développement d'une nouvelle vague de « Makers », inspirer de nouveaux programmes d'études pour soutenir la prochaine génération de fabricants et encourager les consommateurs à chercher des produits fabriqués localement. Pour le reste, la fabrication peut aider les villes à répondre à quatre besoins importants. En soutenant des économies prospères, le secteur manufacturier peut fournir des biens commercialisables, remplacer les importations et préparer l'avenir. En stimulant l'innovation, la fabrication peut s'appuyer sur des industries établies pour développer de nouveaux produits, tirer parti de divers réseaux de concepteurs et de fabricants et canaliser l'innovation en vue d’apporter des réponses aux problèmes locaux. En abordant la durabilité environnementale, la fabrication urbaine peut contribuer à la réduction de l’impact environnemental global. Enfin, en soutenant l'inclusion sociale et économique, elle peut soutenir un large éventail d'opportunités d'emploi et diriger l’entreprenariat vers des voies nouvelles et des débuts prometteurs. 66
Figure 16 : La fabrication urbaine : Schéma de synthèse ©Auteur 67
III. LES CONFIGURATIONS SPATIALES ET LES TYPOLOGIES DE BATIMENTS
68
Les conditions peuvent être très différentes d'une ville à l'autre, rendant difficile la formulation d'une réponse concise et transférable. Certes, la culture, le patrimoine et le contexte d’intervention influent sur les types d'activités réalisables et conditionnent les solutions urbaines et architecturales. La politique est aussi une variable évidente. C’est ainsi qu’une approche unique ne pourrait pas être appliquée à la fabrication urbaine et qu'une approche systémique et adaptable demeure nécessaire. Dans un premier temps, ce chapitre présente les configurations spatiales sous forme de motifs liés les uns aux autres. Les combinaisons résultantes peuvent former « Un langage de motifs/modèles » conditionnant et améliorant l’insertion urbaine et la conception architecturale des lieux dédiés à la fabrication. Dans un second temps, le chapitre met en avant différentes typologies de bâtiments intégrant vertueusement la composante ‘fabrication’ dans leurs programmes et tenant en estime des principes préalablement établis dans le langage de modèles.
69
1.
Les mesures urbaines et architecturales :
1.1. Un langage de modèles pour la fabrication urbaine Le concept de motifs/modèles a été introduit par Alexander, Ishikawa, Silverstein, King, Angel et Jacobsen dans leur ouvrage « A pattern language : Towns, Buildings, Construction » (1976), qui présentait un « langage archétypal » aux problèmes universels trouvés dans l’environnement construit. Les modèles impliquent un ensemble d'ingrédients et de solutions possibles applicables à un large éventail de conditions. Les motifs ne se suffisent pas à eux-mêmes. Ils sont inhérents à d'autres schémas en termes de complémentarités ou de tensions éventuelles. Par conséquent, les motifs énoncés dans les pages suivantes sont basés sur des données qualitatives définies par la recherche et offrent une proposition de langage de modèles pour la fabrication urbaine.
« Chaque solution est indiquée de telle manière qu'elle donne le domaine essentiel des relations nécessaires pour résoudre le problème, mais de façon générale et abstraite, de sorte que vous pouvez résoudre le problème par vous-même, à votre façon, en l'adaptant à vos préférences et aux conditions locales de l'endroit où vous faites cela » Christopher Alexander, A Pattern Language: Towns, Buildings, Construction20
20 A Pattern Language — capi.day. (2015, 1 mars). capi.day. https://ducamp.me/A_Pattern_Language 70
Cette approche systémique décompose la complexité en blocs de connaissances facilement compréhensibles. Les modèles permettent la prédéfinition des principales mesures urbaines et architecturales relatives à l’insertion des activités de fabrication dans la ville sans dévaloriser la richesse du sujet ni se perdre dans les détails. En vue de déterminer les modèles, les recherches établies en été synthétisées en une liste d'éléments qui pourraient être traduits en hypothèses ou solutions tangibles. a- Infrastructure circulaire multiscalaire - Boucler les flux de matière et d’énergie L'infrastructure pour la circularité comprend les points de collecte des déchets, les centres de gestion et les points de vente ou de distribution. Il faut veiller à ce que ces infrastructures soient réparties dans la ville afin de tirer parti des flux de déchets locaux. Réutiliser les ressources locales (déchets), requiert des points de tri et de collecte des matériaux adaptés, des canalisations pour les réseaux de chaleur, des points logistiques, des plateformes en ligne pour suivre les flux de matériaux, etc. b- Aménager des zones de transition La transition entre la fabrication et les autres activités peut avoir lieu à l'échelle d'un quartier, d'une rue ou d'un bâtiment. c- Espace public de haute qualité Les conceptions d'espaces ouverts doivent être flexibles et capables de s'adapter à différentes activités à différents moments de la journée. L’espace public aménagé devrait être attrayant et intégré dans le contexte du tissu urbain plus large. d- Accès stratégique à la mobilité multimodale Les sites de fabrication doivent être choisis en fonction d'une variété d'options de mobilité disponibles afin d'attirer les travailleurs, les clients et le grand public. Dans la mesure du possible, l’utilisation des véhicules « verts » pour les mouvements locaux de marchandises est préconisée.
71
e- Varier la taille des unités Créez une diversité de tailles et de configurations de blocs est crucial pour répondre aux besoins des entreprises en fonction de leurs tailles et de leurs moyens financiers. Cela permet également la flexibilité nécessaire pour un secteur en évolution rapide - expansion, contraction, réutilisation, rénovation, adaptation à de nouvelles méthodes de production. Tant la subdivision en blocs plus petits que l'assemblage de « super blocs » plus grands est à prévoir. f- Associer la fabrication aux services L'association de la fabrication avec des activités connexes crée les conditions d'un flux de travail efficace et offre des opportunités de synergies de ressources et de connaissances grâce à l'innovation intersectorielle. g- Initiation à la recherche et au développement La formation, la recherche, le développement et le partage des connaissances sont des éléments inhérents à la fabrication urbaine, particulièrement dans le contexte de l’industrie 4.0, en vue d’améliorer l'efficacité et la qualité de la production. h- Installations de récupération des matières Les installations de traitement et de recyclage des déchets doivent être accessibles localement à la faveur de réseaux logistiques efficaces. i- Aménager une zone logistique centralisée (partagée) L'aménagement d’un espace logistique collectif et central facilite la livraison et le déchargement efficaces des marchandises tout en accordant des possibilités de stockage des matériaux ou des produits manufacturés. j- Centres locaux de réutilisation et réparation L’élaboration d’un réseau de centres locaux d'échange et de réparation encourage la réutilisation des biens tout en créant des opportunités d'emploi local et de développement communautaire.
72
k- Visibilité et transparence Les espaces de fabrication doivent être animés par des fenêtres donnant sur les entrées, les bureaux et les quais de chargement, pour favoriser l’interaction. Il est également avantageux de permettre au public d'accéder à des espaces sélectionnés où les processus de fabrication peuvent être vus. Cela contribue à la compréhension et l'appréciation du public vis-à-vis de la fabrication urbaine. l- Grandes ouvertures En plus d’assurer la visibilité et la transparence, les ouvertures de grande taille permettent une accessibilité verticale et horizontale pour les marchandises, matériaux et équipements. m- Cour/ patio L'organisation de la fabrication autour de cours à l'intérieur des blocs permet aux entreprises de déplacer les véhicules en toute sécurité et offre un espace supplémentaire à l'extérieur de la zone d'atelier. La cour agit également comme un espace flexible permettant l’adaptation aux besoins et l’extension. n- Toits productifs Dans le contexte des besoins croissants pour faire face aux effets du changement climatique et devenir plus résilients, une utilisation intelligente et productive des toits demeure impérative. Les toits verts présentent des avantages en termes d'évapotranspiration et de séquestration du carbone, comme ils peuvent contribuer à la production d'énergie renouvelable. La fonction du toit dépend
du
type
d'entreprise,
de
l'emplacement,
des
problèmes
environnementaux locaux, etc. o- Facilité l’organisation horizontale Un processus de fabrication efficace et sûr nécessite un flux continu de personnes, de machines et de marchandises au sein et entre les espaces de production. En général, le flux est plus efficace sur une surface horizontale, sans l'interruption de marches, de rampes abruptes ou de colonnes.
73
p- Espaces flexibles- Modularité Les espaces multifonctionnels répondent aux différents besoins des utilisateurs au fil du temps, permettant une reconfiguration, une croissance ou une réduction facile de la fabrication. En effet, la flexibilité dans l'architecture des espaces de fabrication est capitale pour permettre aux entreprises de s'adapter aux nouvelles technologies processus de fabrication et d’évoluer en fonction des besoins.
74
1.2. L’architecture des lieux de fabrication
L'usine a offert aux ingénieurs et aux architectes les moyens d'expérimenter avec les matériaux et la structure. Presque toujours, c’est une typologie marquée par la complexité de sa conception dans laquelle la fonction dicte la forme. Dans l’usine d’aujourd’hui et de demain, deux dichotomies qui influent sur l’espace ne peuvent être ignorées : les méthodes de production allégées et automatisées avec moins de travailleurs et par suite moins d'espace requis ; et le passage des chaînes de montage linéaires à des ateliers plus petits, à la personnalisation de masse et à la production à la demande. Les technologies de fabrication et la structure des flux de travail qui évoluent promptement et immuablement, ont réorienté la conception des espaces de fabrication. Dans l’intention de comprendre la façon dans laquelle la combinaison de modèles peut aboutir à la création d’un « langage de modèles » ou une solution particulière, il s’avère éminent d’aborder des archétypes qui incluent plusieurs ‘motifs’ énoncés préalablement, à savoir « L’usine comme spectacle », « L’usine hybride », « L’usine durable » et « L’usine réversible ».
75
1.2.1.
L’usine comme spectacle : Relancer l'intérêt du public pour la production
Les paysages industriels ont tendance à ne pas être admirés à la vue de tous, car la fascination du public s'est davantage intéressée aux spectacles de consommation qu'aux innovations technologiques de la production. Se cachant derrière les abondantes photographies et documentaires de paysages industriels abandonnés, les établissements manufacturiers ne suscitent guère l'intérêt du public. Ils avertissent les visiteurs curieux de rester dehors plutôt que de les inviter. La nature de l'usine en tant que spectacle est enracinée dans une question simple : comment pouvons-nous réimaginer la fabrication, non pas comme un processus invisible qui se déroule derrière un rideau fermé, mais comme un équipement public fascinant et impressionnant ? 21 La fascination du public pour voir comment les choses sont faites est liée à « l’économie de l’expérience »22. D’une part, les entreprises ont adapté la conception des usines au « spectacle » en repensant le lieu de travail comme un outil de marketing et de relations publiques. De l'autre, certaines entreprises dédaignent la question de l'image en construisant des hangars anonymes et en externalisant la production.
21
Mann, William, "The Landscape Of Industrial Spectacle: Reviving Public
Interest in Production" (2012). Senior Capstone Projects. 121. http://digitalwindow.vassar.edu/senior_capstone/121 22
L'économie de l'expérience est un concept introduit par Joseph Pine et James
Gilmore en 1998 dans un article de la Harvard Business Review qui souligne que l'expérience associée à un produit ou un service devient un facteur de différenciation de plus en plus important. 76
« Si le consommateur recherche aujourd’hui des émotions et des expériences, ce n’est pas suite à une lubie subite mais le résultat d’une évolution logique, que certains chercheurs ont annoncée il y a plus de trente ans. » Gérard Danaguezian Au lieu d'être reléguées loin de la vue du public, les usines d'aujourd'hui peuvent plutôt jouer sur la transparence, à la fois physiquement et socialement. Une façade en verre, par exemple, permet au public de voir et d'expérimenter le processus de fabrication, anime la rue et invite le public. Comme l'a noté Guy Debord, toute la sphère de la production capitaliste est devenue « une société du spectacle ». Le spectaculaire a subsumé les sites mêmes où les marchandises sont produites. L'usine spectaculaire met en avant la production en tant que processus visible et observable et explorable. Ainsi, les usines ne sont plus éloignées, le travail des chaînes de montage n'est plus caché. La production devient la mise en scène même de la promotion des ventes. Les mystères des méthodes de production n'en sont que plus affriolants : la distance engendre le désir. Aujourd'hui, alors que des vielles technologies sont exposées dans les musées et que maintes usines sont abandonnées, une fascination nostalgique pour la machine et la fabrication s'est intensifiée23.
MOTIFS Visibilité- Transparence-Grandes ouvertures
23
RAPPAPORT, NINA. “THE CONSUMPTION OF PRODUCTION: THE
FACTORY AS SPECTACLE.” PRAXIS: Journal of Writing + Building, no. 5, Temporary Publisher, 2003, pp. 58–65, http://www.jstor.org/stable/24328926. 77
Figure 17 : L’usine comme spectacle ©Auteur
78
1.2.2.
L’usine hybride
Avec l'intérêt pour l'augmentation de la densité urbaine, des idées et concepts originaux pour les usines verticales et urbaines contemporaines ouvrent de nouvelles voies pour les espaces de fabrication. Ceux-ci peuvent être conçus comme des bâtiments hybrides dans des quartiers à usage mixte, attendu que l'industrie est désormais plus petite, plus propre et plus silencieuse. L’usine hybride répond à des questions telles que : Comment le modèle hybride peut-il changer avec les nouvelles technologies, la fabrication durable et les systèmes de production avancés ? Que peut faire l'hybride pour le futur des villes flexibles et innovantes ? La réintroduction de la fabrication urbaine dans les villes et la valeur des espaces hybrides sont résolues à la fois à l'échelle architecturale et à l'échelle urbaine à travers l'usine urbaine hybride. Les exemples d’hybridation incluent l’accouplement du commercial et manufacturier, culturel et manufacturier, résidentiel et manufacturier, ou l’assortissement de tous les usages qui peuvent alors se multiplier et contribuer à la ville hybride.
Figure 18: Différence entre mixed-use et hybride ©Auteur
MOTIFS Espace public de haute qualité Associer la fabrication ç d’autre activités 79
1.2.3.
L’usine durable
L’usine, traditionnellement l'un des principaux pollueurs au monde, tant en termes de processus que d'efficacité de leurs bâtiments, se transforment pour devenir des contributeurs positifs à l'environnement. Dans un contexte d’urgence climatique, les bâtiments industriels ont un rôle primordial à jouer en fonctionnant avec des énergies renouvelables, en récupérant et en valorisant leurs déchets, et en contribuant à la vitalité de nos villes en offrant des espaces de travail et en construisant des réseaux sociaux et du capital. Pour ce faire, il faut inclure les cycles de vie des composants du bâtiment et appliquer un cadre d'économie circulaire à tous les aspects de la conception, de la construction et de l'exploitation des usines afin que leurs empreintes en carbone puissent devenir négatives. De ce fait, les usines urbaines doivent être durables à la fois dans leurs processus de production et dans la conception de leurs bâtiments. Pour le reste, des concepts tels que l’agriculture urbaine industrielle et la réutilisation des matériaux sont des exemples des voies à suivre pour l'usine urbaine durable.
MOTIFS Infrastructure circulaire Boucler les flux de matière et d’énergie Récupération Figure 19: BUEHLER ECO-FACTORY, Xian
A titre illustratif, VIRTUARCH a développé un concept d'usine durable pour la production de cadres en bois pour les systèmes de fraisage de Buehler à Xian (Chine), en utilisant l'argile et le bois comme principaux matériaux de construction.
80
1.2.4.
Vers une architecture réversible des lieux de fabrication « La réversibilité ne peut se concevoir que comme une anticipation recréatrice de l’architecture, repensée à l’aune de nos manières d’habiter en complète transformation. Habiter, c’est-à-dire à la fois se loger, travailler, étudier, se divertir, aimer et vieillir, en constatant que toutes nos activités publiques et intimes sont devenues de plus en plus imbriquées et mobiles » Patrick Rubin.
Un bâtiment réversible ne devrait pas avoir une fonction prédéfinie figée mais permettre au contraire sa mutabilité et des appropriations nouvelles dans le futur. Il faudrait accepter l’incertitude et penser un projet évolutif, qui tient compte de l’imprévu et qui interroge la temporalité. On distingue deux formes de réversibilité : La réversibilité constructive est l’aptitude d’un bâtiment à être facilement déconstruit afin de laisser le terrain semblable à son état initial. La réversibilité fonctionnelle est la possibilité de changer d’usage à court, moyen ou long terme. Un bâtiment réversible met en avant certaines caractéristiques : ▪ Avoir des dimensions compatibles avec plusieurs usages ; ▪ Être construit sur plusieurs niveaux (un seul limitant les types d’usages) ; ▪ Prévoir une hauteur sous plafond suffisante ; ▪ Favoriser l’éclairage naturel avec des fenêtres et/ou autour de puits de lumière ▪ Les rez-de-chaussée doivent être suffisamment hauts pour autoriser les activités économiques et permettre d’autres usages (logements ou bureaux duplex)24
24
La Notion de Réversibilité En Urbanisme. Sous la direction de Patrice Duny,
N. 88, Caen Normandie, AUCAME, Dec. 2016, pp. 1–3. 81
Autres principes ✓ Plan libre ✓ Capacité structurelle supplémentaire pour l’extension verticale et le changement d’usage, y compris fondations ✓ Simplicité : Plus c’est simple, plus c’est facile, rapide, et moins coûteux ✓ Indépendance entre 4 systèmes : structure, enveloppe, équipements, aménagements intérieurs. Le fait d’agir sur une couche ne doit pas affecter les autres couches, en particulier celle qui la supporte. ✓ Confort thermique, visuel et acoustique : Ce principe impacte notamment la structure, l’enveloppe, les partitions. ✓ Evolution énergétique : Changement des systèmes énergétiques, en tout ou partie, de la source énergétique aux éléments terminaux.25
Figure 20: Croquis des principes et caractéristiques de réversibilité ©Auteur
25
Transcription / adaptation / concrétisation des principes de la norme ISO
20887 (2020) Source : GUIDE D’AIDE À LA CONCEPTION POUR DES BÂTIMENTS TRANSFORMABLES et RÉVERSIBLES. Fondation bâtiment énergie, Dec. 2020, pp. 20-22 82
Le « Dôme » à Caen : Une concrétisation du principe de réversibilité Le Dôme est un espace collaboratif d'innovation ouvert au public et qui propose des activités relatives à la culture scientifique et technique autour de projets réels de recherche, d'innovation et de la transition numérique. Le bâtiment accueille un laboratoire vivant où chercheurs et public peuvent tester des innovations ou réaliser des prototypes. Il propose aussi un Fab Lab et une résidence de projets. Le Dôme dispose également d’un espace évènementiel au dernier étage « roof event » Les architectes Alexandre Thériot et Stéphanie Bru expliquent que « le bâtiment sera réversible, pour accueillir n’importe quels usages, il est fait pour évoluer ».
Figure 21 : Coupe montrant le programme du Dôme
83
Figure 22 : Vues extérieures du Dôme
84
85
Illustration personnelle
Figure86 23 : Intégration des lieux de fabrication dans la ville ©Auteur
2.
Les typologies de bâtiments
2.1. L’usine verticale urbaine La façon dont les usines verticales peuvent abriter un mélange de petites et moyennes entreprises en couches, par étage, ou être détenues et développées par une entreprise en tant que bâtiment intégré est particulièrement pertinente pour la fabrication urbaine. Cette typologie trouve ses racines dans les filatures de coton du XVIIIème siècle qui intégraient les mécanismes de traitement dans leurs volumes au fur et à mesure que la fonction suivait le flux exploitant la puissance de gravité.
Figure 24 : Maquette de la filiature de coton, 1952, réalisée par Buckminster Fuller et des étudiants du North Carolina State College. 87
Organisée par Nina Rappaport26, l’exposition « Vertical Urban Factory » (usine urbaine verticale) présente des démarches novatrices de conception architecturale et d’ingénierie employées dans des bâtiments industriels du début du XXème siècle et d’aujourd’hui. Cette exposition s’attache à deux questions capitales : Peut-on construire à nouveau des usines offrant des solutions durables adaptées aux villes autonomes de demain ? Et, à l’heure où le secteur manufacturier déploie des procédés propres et produit à plus petite échelle, comment penser la ville pour intégrer de nouvelles usines à son tissu ?27 Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, l’usine Van Nelle, à Rotterdam, est un exemple congruent du concept de l’usine verticale. Il s’agit d’une entreprise fondée par Kees van der Leeuw, conçue par les architectes Johannes Brinkman et Leendert van der Vlugtet et construite entre 1926 et 1931. Le complexe Van Nelle comprenait une série de bâtiments, séparés mais connectés, de différentes hauteurs pour le traitement et le conditionnement du café (six étages), du thé (trois étages) et du tabac (huit étages). En sus, le site comprenait des entrepôts, des bureaux et des équipements tels qu'un terrain de football et une bibliothèque. L'accent mis sur la transparence a créé un nouveau modèle pour les espaces de fabrication en illustrant un environnement hygiénique, lumineux et aéré, ouvert aux vues intérieures et extérieures. Le murrideau a été installé depuis l'extérieur et l’espace intérieur ouvert a été pensé de sorte à faciliter le mouvement des machines et évoluer en fonction des besoins. La production coulait des étages supérieurs aux étages inférieurs, les matières premières étant livrées à l'étage supérieur. En
1932,
Le
Corbusier
décrivait
l'usine
Van
Nelle
comme :
"Le plus beau spectacle de l'époque moderne"
26
Historienne et critique de l’architecture New-yorkaise
27
“Vertical Urban Factory.” EPFL, www.epfl.ch/campus/art-culture/museum-
exhibitions/archizoom/fr/vertical_urban_factory/.
88
Figure 25 : Vue nocturne de l'usine Van Nelle
Figure 26 : Vues d'ensemble de l'usine 89
2.2. Trois modèles de l’usine verticale urbaine
Figure 27 : 1er modèle de l'usine verticale urbaine 90
Figure 28 : 2ème modèle de l'usine verticale urbaine
91
Figure 29 : 3ème modèle de l'usine verticale urbaine
92
2.2 Les tiers-lieux : Pionniers de l’industrie de demain La notion de « tiers-lieu » a été introduite par le sociologue américain Ray Oldenburg en 1989, dans un ouvrage intitulé « The Great, Good Place ». Il définit les lieux hybrides comme étant : « Des lieux qui ne relèvent ni du domicile, ni du travail. Des lieux hybrides qui se situent entre l’espace public et l’espace privé, contribuant ainsi au développement économique et à l’activation des ressources locales ». 28 Les tiers-lieux d’innovation mettent à disposition des particuliers et des professionnels, tous types d’outils (imprimantes 3D, découpe laser, etc.), afin d’accélérer les process d’innovation en faisant interagir divers acteurs en s’appuyant sur des principes de partage, d’expérimentation et de prototypage. Cette typologie semble s’affirmer comme une fraction conséquente de la réponse à la question d’intégration des activités de fabrication dans le tissu urbain. Les tiers-lieux d’innovation permettent une dynamisation économique et sociale des territoires. L’intégration des caractéristiques techniques et physiques (qualité de l’air, bruit et acoustique, la juste lumière, haut débit Internet, convivialité…) doit se joindre à une réflexion globale sur les usages, qui définiront l’aménagement de l’espace et l’ambiance intérieure du tiers-lieu.
28
“Qu’est-Ce
Qu’un
Tiers-Lieu
?
-
[2022]
Tactis.” Tactis,
www.tactis.fr/definition-tiers-lieu/#:~:text=programme%20d. 93
Figure 30 : MySpace : Un hub pour les entrepreneurs créatifs à Oujda
94
2.2.1.
Les Fab Labs : Pour vivre l’expérience de l’industrie 4.0
Le concept de Fab Lab est apparu à l’université américaine du MIT (Massachusetts Institute of Technology) à la fin des années 90. Il s’agit d’un réseau mondial de laboratoires locaux, qui donnent aux individus l’accès à des outils de fabrication numérique, rendant possible l’invention et l’innovation. Pour être officiellement labellisé Fab Lab, Les Cahiers de l’Innovation précisent que l’atelier devrait impérativement : •
Être ouvert au public gratuitement ou en échange de services bénévoles
•
Déclarer, adhérer et souscrire à la Charte des Fab Labs
•
Participer au réseau international des Fab Labs en partageant des connaissances, l’état d’avancement des recherches, des designs, des logiciels, etc.
•
Partager avec le réseau un ensemble d’outils, de matériaux et de processus communs pour favoriser l’échange, l’entraide et la collaboration.29
Considérations générales pour l’aménagement d’un Fab Lab : Les Fab Labs typiques incluent les outils et processus nécessaires ainsi qu'une série de bancs et de postes de travail placés le long du périmètre de la salle en vue d’assurer une séparation entre la phase de conception et la phase de production. Le fait de placer des imprimantes 3D, des découpeuses de vinyle et des découpeuses laser parmi les ordinateurs fournit une vue instantanée du produit final au fur et à mesure de sa fabrication. Il est important de dédier une pièce ou un boîtier séparé pour le routeur CNC afin d’atténuer le bruit généré par la machine et pouvoir contenir la poussière et les particules produites.
“Qu’est-Ce Qu’un Fablab, Quel Avenir En France ?” ArchiBat Mag, 12 June 2015, archibat.com/blog/quest-ce-quun-fablab-vers-une-revolution-de-laconception/. Accessed 2 Apr. 2022. 29
95
Maître d’ouvrage : OCP Maître d’œuvre : Abdelouahed Mountassir Situation : Ville verte de Benguerir Superficie du terrain : 1500 m²
Figure 31 : Vues extérieures et ambiances intérieures du projet
96
2.2.2. Makerspace : Au cœur de l’innovation et du futur L’appellation makerspace désigne, de manière plus générale, des lieux où les visiteurs sont capables de fabriquer à partir de technologies et de machines de différents domaines. Ainsi, les Fab Labs, les Techshops et les Hackerspaces appartiennent à la grande famille des makerspaces. Le « TechShop » met à la disposition du public des machines industrielles professionnelles afin d’usiner du bois, du métal, modeler du plastique, souder, fraiser… Un Hackerspace, hacklab ou media hacklab est un lieu permettant à des gens qui partagent un intérêt commun30 de se rencontrer et collaborer. C’est une sorte de laboratoires communautaires ouverts qui sont plutôt consacrés au développement de logiciels open-source31 et d’électronique open-hardware32
Figure 32 : Différence entre makerspace, fab lab, hackerspace et techshop ©Auteur 30
Souvent autour de l’informatique, de la technologie, des sciences
31
Des logiciels dont le code est disponible et modifiable gratuitement
32
Des machines dont les plans et les plans de cartes électroniques sont
disponibles et modifiables 97
Conclusion et schéma de synthèse
En fusionnant le concept de l’usine urbaine tel qu’il a été préalablement décelé avec les principes des tiers-lieux d’innovation, une nouvelle typologie est obtenue. L'usine urbaine en tant que typologie architecturale se présente comme réponse à la question d’intégration de la production dans la ville. Avec le potentiel de conceptions d'usines spectaculaires, hybrides, durables et réversibles, de nouvelles formes pour la fabrication urbaine voient le jour.
Associer
notamment
la
la
fabrication formation,
à la
d’autres recherche
activités, et
le
développement, crée de nouvelles synergies et permet une intégration vertueuse dans le tissu urbain.
98
Figure 33 : Les configurations spatiales et les typologies de bâtiments : Schéma de synthèse ©Auteur
99
100
101
102
I.
BROOKLYN NAVY YARD
Il y a cinquante ans, le Brooklyn Navy Yard lançait des navires ; aujourd'hui, il lance des startups. Le Brooklyn Navy Yard (BNY) est une institution navale datant de 1801 qui a servi d'installation de défense capitale au milieu du XXème siècle. En 1971, un plan de renouvellement urbain a été approuvé pour le site en vue de créer un quartier industriel moderne intégré dans la ville, qui retiendra et attirera les fabricants dans le tissu urbain. Le plan directeur développé par la firme multidisciplinaire WXY comprend trois nouveaux bâtiments qui s’étendent sur 47,38 hectares, construits sur trois terrains ouverts adjacents à Navy Street, Kent Avenue et Fluhsing
Légende
Avenue.
Rez de chaussée
Services - loisirs
Étages intermédiaires
Industrie - fabrication
Étages supérieurs
Bureaux
Figure 34 : Programme et vues des 3 bâtiments
103
La vision de BNYDC33 est de créer un campus qui intègre de manière transparente les petites et moyennes opérations de fabrication avec des bureaux, des studios de production, des restaurants et des cafés, des magasins et des jardins sur les toits. C’est ainsi que le projet BNY dirige la prochaine économie manufacturière de New York et crée potentiellement un nouveau modèle pour la fabrication urbaine en Amérique. Bien que tous les éléments du chantier ne puissent ou ne doivent pas être reproduits dans d'autres zones urbaines, le BNY offre néanmoins un modèle impérissable que d'autres villes peuvent considérer comme une stratégie pour cultiver une base industrielle locale solide.
Figure 35 : Vue aérienne d'ensemble sur le Brooklyn Navy Yard
33
Brooklyn Navy Yard Development Corporation 104
Intégration urbaine et insertion paysagère
Intentions urbaines : Maximiser l'accès public au secteur riverain et au front de mer. Faire coexister la fabrication et l'espace public. Améliorer le campus grâce à un aménagement urbain innovant.
Le défi était de créer un cadre complet et flexible pour repositionner le quartier en tant que nouveau type de lieu de travail de fabrication moderne et ouvert au public. Des stratégies comprenant la conception urbaine, l'image de marque, l'aménagement paysager, les stratégies de résilience, l'orientation et la signalisation ont tracé les bases d'une nouvelle identité spatiale et visuelle, combinant l’héritage industriel riche du quartier avec son avenir tourné vers le public. Les bâtiments de fabrication verticale prônent un accès public accru. De plus, un accent particulier est mis sur l'augmentation de la connectivité au sein du site et avec le reste du quartier. Dans l’intention de mieux intégrer le Navy Yard à son environnement, le BNYDC et le studio WXY profitent de la proximité du site de Kent Avenue avec la ville de Williamsburg afin de créer une place autour d'un ancien quai et de construire des vitrines au niveau de la rue. L’esplanade offrirait également un meilleur accès au front de mer.
Figure 36 : Sur un site proche de l'avenue Kent, le BNYDC propose une esplanade publique riveraine. 105
Sur le site de Flushing Avenue, le plan directeur prévoit un marché public ainsi que des bancs et de la verdure. Quant à Navy Street, le BNYDC envisage la construction d’un musée et l’aménagement d’espaces publics.
Figure 37 : Le parc de poche près du front de mer est un exemple d’espaces ouverts ajoutés. Cette zone auparavant dominée par les véhicules a été repensée comme un ensemble d'espaces ouverts connectés et programmés, fonctionnant en séquence pour créer une expérience piétonne variée, flexible pour de nombreux usages. Ces différents espaces ouverts se rejoignent pour former le nouveau cœur de l'espace extérieur du campus, reliant le quartier au front de mer. Dans l’espace public, l'aménagement paysager, l'éclairage, le mobilier, les graphiques environnementaux et la signalisation ont été déployés pour établir une identité spatiale et visuelle qui s'inspire de l'héritage industriel.
Figure 38 : Espaces publics aménagés
106
© Mapbox
© Google Earth
Figure 39 : Intégration urbaine ©Auteur 107
1.
BUILDING 77
Le bâtiment 77 est un exemple évident de la façon dont la fabrication verticale peut prospérer dans les environnements urbains. Construit
à
l'origine
en
1942
en
tant
qu'entrepôt sans fenêtres, le bâtiment 77 donnant sur Flushing Avenue est aujourd'hui un lieu de production moderne liée aux filières
Superficie totale: ≈ 9 ha Architectes: Marvel Architects Situation: Brooklyn Navy Yard, Brooklyn, New York Année: Automne 2017
de l’industrie légère. Il est aussi un centre actif d'affaires et de création d'emplois.
Figure 40 : Perspective du bâtiment
108
1.1. Concepts L’ouverture du bâtiment et du Navy Yard à la communauté. À l'intérieur, un couloir central s'étend de la rue au campus, bordé par le commerce de détail des producteurs alimentaires et reliant le hall du bâtiment et le noyau des ascenseurs desservant les employés aux étages supérieurs. Cet axe marque l’ouverture, facilite l’accès accru du public et favorise son interaction avec les locataires du bâtiment.
Le couloir central est un élément éminent de la conception. Outre son role de circulation et distribution, il divise le rez-de-chaussée de manière asymétrique, séparant les entités fonctionnelles. Le couloir est également utilisé comme espace évennementiel.
Figure 41 : Le couloir marquant la séparation fonctionnelle et la continuité visuelle ©Auteur
Figure 42 : Le couloir aménagé pour accueillir un événement artistique
109
La porosité est exprimée en plan à travers le couloir central créant une continuité visuelle le long de l’axe longitudinal reliant les deux entrées du bâtiment. Elle est affirmée également en volume par le biais de retraits au niveau du Rez de chaussée et des niveaux supérieurs.
Figure 43 : Expression de la porosité au niveau de la volumétrie ©Auteur
Le rythme - mit en évidence par l’égalité des rapports entre différentes dimensions, l’ordonnance et la répétition- confère une harmonie et un équilibre au volume.
Figure 44 : L'expression du rythme en façade ©Auteur 110
1.2. Programme
Figure 45 : Coupe longitudinale détaillant le programme
111
Le centre Steam STEAM technologie,
signifie
science,
ingénierie,
arts
mathématiques. Conçu par
et
Perkins
Eastman, le centre vise à fournir aux étudiants une expérience de travail réelle
dans
les
technologiques émergentes.
professions Figure 46 : Espace de réception
Figure 47 : Plan et programme du Steam Center
112
L'objectif de conception de Perkins Eastman Architects pour STEAM, qui occupe une partie en forme de L du bâtiment, était d'imiter les entreprises qui l'entourent de manière à ce qu'il ressemble moins à une école qu'à un lieu de travail. La conception du centre STEAM est articulée autour d’un volume central en bois qui sert d'outil collaboratif et interactif encourageant la transparence et la collaboration. Les architectes ont conçu cinq salles de classe uniques, chacune répondant à un parcours spécifique. La salle d'informatique, appelée le « cube de verre » a été aménagée de façon à ressembler à une start-up, avec un plan ouvert, des bureaux, des chaises mobiles et des tableaux blancs.
Figure 48 : Laboratoire de fabrication
Figure 50 : Espace collaboratif
Figure 49 : « Le cube de verre »
Figure 51 : Salle des médias
113
1.3. Composition spatiale Asymétrie :
Figure 52 : Le couloir divise le plan de manière asymétrique permettant plus de variation et de dynamisme. ©Auteur
Organisation linéaire : Les espaces sont disposés en séries suivant des axes définis par les points porteurs ou le mobilier. Cet arrangement linéaire crée une hiérarchie et une continuité visuelle.
Figure 53 : L'organisation linéaire est évidente dans l'aire de restauration au RDC ©Auteur 114
L’espace dans l’espace L'espace plus grand agit pour créer une frontière visuelle à l’intérieure de laquelle l'espace plus petit est défini par une différence fonctionnelle.
Figure 54 : Exemple d'espaces dans l'espace ©Auteur 115
1.4. Qualité environnementale Maximisation de la ventilation naturelle afin de réduire les gains thermiques, améliorer le confort estival et assurer le renouvellement d’air.
La
lumière
naturelle
est
placée
comme pierre angulaire de la réflexion. Elle met en valeur la volumétrie du bâtiment tout en apportant un bienêtre physiologique et visuel aux occupants. Elle permet également
la
gestion
optimisée de l’éclairage, d’où la
diminution
énergétiques
des et
de
empreinte écologique.
coûts son Figure 55 : Eclairage naturel ©Auteur
La compacité du volume permet la réduction des surfaces déperditives et augmente l’optimisation thermique.
Les toitures végétalisées couvrent une superficie approximative de 1486 m2 et constituent un facteur de rétention des eaux pluviales et de fixation des particules poussiéreuses. Outre cela, elles permettent la régulation de la température et l’amélioration de la durabilité de l'étanchéité de la toiture.
Figure 4 : les toits végétalisés du Building 77 116
1.5. Qualité architecturale De grandes ouvertures ont été percées dans la façade en béton existante de 25 cm d'épaisseur pour créer une entrée et une loggia couverte face à la rue afin d’apporter de la lumière et de l'air et favoriser l’accès public. Divers
arrangements
de
sièges activent le rez-de chaussée en invitant
les
visiteurs
à
rester,
consommer et se détendre.
Des petits details - comme les lavabos communs que la maind'œuvre de Navy Yard utilisait pendant les années 1940- reflètent l'histoire de la fabrication du bâtiment.
Les finitions industrielles en béton et en métal servent de toile de fond aux peintures murales historiques relatives aux images de travail au Navy Yard. Figure 57 : Images représentatives de la qualité architecturale du building 77
117
Figure 58 : Ambiances intérieures du projet
118
1.6. Circulation et flux
Figure 59 : Schéma de circulation et distribution des flux ©Auteur 119
Quatre monte-charges à chaque coin du bâtiment sont reliés à deux quais de chargement à utilisation active. Ces derniers assurent l’accès direct du matériel et des matériaux aux espaces de production. Ainsi, la séparation des flux des personnes et ceux des matériaux/matériel est maintenue tant sur le plan horizontal que sur le plan vertical. Les ascenseurs des passagers sont également distincts de ceux dédiés aux usages techniques. Au rez-de-chaussée, le hall permet l’accès des usagers aux espaces de production et à l’aire de restauration. Aux étages intermédiaires et supérieurs, il se développe en noyau abritant les éléments de circulation verticale et initiant une distribution linéaire vers des espaces différents.
Figure 60 : Diagramme de circulation
120
1.7. Structure, enveloppe et matériaux
Figure 61 : Schéma synthétisant le principe de structure et indiquant les principaux matériaux utilisés pour l’enveloppe et l’espace intérieur ©Auteur 121
2.
NEW LAB
New Lab -dont l’histoire remonte à 1902a servi d’atelier d'usinage des grands navires lancés durant les deux guerres mondiales.
Superficie totale: ≈ 7803m2 Architectes: Marvel Architects- Macro Sea
Ce centre de fabrication écologique
Situation: Brooklyn Navy
situé au sud-ouest du bâtiment 128 est
Yard, Brooklyn, New York
actuellement un espace interdisciplinaire de
Année : 2016
pointe
conçu
pour
soutenir
les
entrepreneurs travaillant dans des secteurs tels
que
l'intelligence
artificielle,
la
robotique, la blockchain, l'énergie, l'AgTech, la MedTech, etc.
Figure 62 : Vue extérieure du New Lab 122
2.1. Concepts Fidélité au passé : A travers la mise en valeur de l'aspect industriel. La charpente en acier est partout exposée, les joints non embellis et les matériaux laissés inachevés. D’après Macro Sea : "L'équipe s'est inspirée de la charpente en acier et l'a abordée comme une muse moderniste high-tech des années 1970 - une sorte de beauté expressionniste structurelle".
Fusion de la culture entrepreneuriale et de la nature : Créer un espace à la fois inspirant et fonctionnel à l’image d’une oasis ou jungle pour les artistes, les ingénieurs et les entrepreneurs. D’où la mise en place de variétés de verdure uniques rappelant que de nouvelles idées poussent dans cet environnement industriel. "Nous avons adopté une approche archéologique du futurisme en créant un espace digne qui reflète l'ingéniosité et l'intégrité des personnes qui y travaillent." a déclaré Nicko Elliott de Macro Sea.34
Figure 63 : Principes conceptuels du New Lab ©Auteur
34 “Macro Sea Turns Brooklyn Warehouse into New Lab Co-Working Space.” Dezeen, 27 Sept. 2016, www.dezeen.com/2016/09/27/macro-sea-newlab-co-working-space-tech-entreprenuers-warehouse-brooklyn-navy-yard/. 123
Figure 64 : Processus conceptuel
Figure 65 : Vue sur le couloir central à partir de la mezzanine supérieure 124
2.2. Programme New Lab est composé de 8 espaces fonctionnels :
Figure 66 : Coupe transversale
125
Figure 67 : Programme et plans des niveaux 126
2.3. Composition spatiale Le programme peut être réparti en deux types d’espaces :
- Les espaces de travail : Une variété d'espaces ouverts et fermés et de zones de réunion
Figure 68 : Croquis des studios privés ouverts et fermés
Figure 69 : Croquis des espaces flexibles Figure 70 : Vue intérieure de l’espace de travail
127
- Les espaces communs L'espace événementiel est visible depuis l'entrée principale du Brooklyn Navy Yard et se connecte au couloir central intérieur du bâtiment.
Figure 71 : Plans et croquis de l'espace événementiel
Figure 72 : Croquis du laboratoire de fabrication
128
Figure 73 : Croquis du Café
Figure 74 : Espace privé et public ©Auteur 129
2.4. Qualité environnementale New Lab est certifié LEED Silver.35 Les principales caractéristiques de durabilité du bâtiment comprennent: La préservation historique: La revalorisation d’un bâtiment historique inutilisé permet de réduire la consommation d'énergie et les déchets résultant de la demolition. Le choix de matériaux respectueux de l'environnement: Les fenêtres du bâtiment sont des IGU (unites de verre isolées) à double vitrage Low E (basse émissivité) avec argon offrant une isolation thermique renforcée. Ce type de vitrage est trois fois plus performant à l’émission de radiation qu’un vitrage standard. Système MEP économe en énergie: Le rez-de-chaussée- surélevé audessus du plancher d'origine - offre une résistance aux inondations du port et une profondeur pour installer un système de chauffage par rayonnement procurant une sensation de confort agréable et rapide. Sensibilisation à l'environnement : L'accent est mis sur la fabrication verte et l'agriculture urbaine.36
Figure 75 : Le système d’agriculture verticale de Farmshell est un moyen de cultiver des herbes et des légumes sans terre. LEED : Leadership in Energy and Environmental Design est une certification écologique créée aux Etats-Unis en 1998. Elle a pour objectif d’évaluer les bâtiments sur la performance énergétique et environnementale, ainsi que sur leur durabilité. 36 TEAM# 30. NEW LAB BROOKLYN Case Study Challenge. UNIVERSITY OF MARYLAND COLVIN INSTITUTE OF REAL ESTATE DEVELOPMENT, p. 13, arch.umd.edu/sites/default/files/docs/New%20Lab%20Brooklyn.Cornell%20U niversity%20access.pdf 130 35
2.5. Qualité architecturale
Flexibilité d'utilisation: Les espaces ouverts au rez-de-chaussée créent des opportunités pour divers usages tels que les expositions, la fabrication et les événements.
Haute qualité des espaces: -
Les fenêtres placées en haut des
longs pans laissent pénétrer une lumière naturelle
indirecte
qui
améliore
l’éclairage et l’ambiance des espaces de tracail. -
Les murs sont anti-bruits afin
d’empêcher
l’écho
et
réduire
les
Figure 76 : Lumière naturelle
nuisances sonores.
Abondance de verdure: Les
plantes
créent
un
environnement naturel verdoyant et vivace qui vient se joinder à l’esthétique industrielle en vue d’atteindre l’aspect de jungle escompté. Figure 77 : Les plantes animent l'espace intérieur
Le café : Le comptoir du café coloré est façonné d'après la hiérarchie des besoins de Maslow.
Figure 78 : Le comptoir coloré 131
La palette de couleurs des éléments architecturaux a été délibérément limitée au noir et blanc pour attirer l’attention sur la verdure et le mobilier à couleurs hautement saturées.
Figure 79 : Mobilier coloré du New Lab 132
Ambiances intérieures du projet
Figure 80 : Vue sur le couloir central
Figure 81 : Vue de haut sur les studios
Figure 82 : Espace événementiel
Figure 83 : Entrée du New Lab privés
Figure84 : Les studios de travail
133
2.6. Circulation et flux Un couloir linéaire s'étend entre les portes industrielles coulissantes à chaque extrémité du bâtiment. C’est un espace de circulation public pouvant accueillir plusieurs fonctions. Cet axe central, conservé comme une colonne vertébrale de circulation, expose des vues traversantes, rappelant l'aménagement d'origine du bâtiment. En plus de connecter les ailes du bâtiment, les ponts et passerelles permettent d’orienter les usagers et étendent la vue vers divers espaces.
Figure 85 : Vue sur la passerelle supérieure
Figure 86 : Schéma de circulation ©Auteur 134
2.7. Structure, enveloppe et matériaux
Figure 87 : Schéma synthétisant le principe de structure et indiquant les principaux matériaux utilisés pour l’enveloppe et l’espace intérieur ©Auteur 135
II.
Centre de fabrication, de technologie et d'ingénierie (MTEC) Université Daley
Le projet MTEC cherche à revitaliser le quartier du sud-ouest de Chicago en créant un lien avec le campus de l’université Richard J. Daley. Le centre de fabrication, de technologie et d’ingénierie célèbre les espaces de fabrication à la pointe de la technologie en vue d’idéaliser l’image de l’industrie. À cet égard, le MTEC
Superficie totale: ≈ 6039 m2 Architectes: JGMACannonDesign Architecte paysagiste : Terry Guen Design Associates Situation : 4101 W 76th st Chicago, Etats Unis Année : 2019
soutiendra la préparation des étudiants à plus de 50 000 emplois prévus dans la région dans les domaines de l'ingénierie et de la fabrication de pointe pendant la prochaine décennie.
Figure 88 : Vue extérieure du projet
136
Intégration urbaine et insertion paysagère Construit sur une partie d’un parking existant, le MTEC constitue le point cardinal et le connecteur du campus Richard J. Daley. Le projet définit le cadre d'un plan de masse plus large en unifiant le complexe existant et en créant des parcours attrayants et des espaces collaboratifs partout.
Figure 89 : Donnant sur la 76e rue, le volume ajouté, qui s’étend vers le sud, est relié au bâtiment existant par un pont.
137
Figure 90 : Plan de masse
Figure 91 : Liaison entre le bâtiment existent et le nouveau centre 138
1. Concepts La transparence : Avec pour objectif d’améliorer l’image de l’industrie, les machines, l'équipement, les produits et le processus de fabrication sont rendus visibles. De ce fait, une connexion visuelle à l’environnement est établie. De même, la transparence du bâtiment offre au passant occasionnel une expérience similaire à celle des usagers permanents.
Figure 92 : Les murs rideaux et les grandes baies vitrées concrétisent la notion de transparence intérieure et extérieure
La fluidité de la forme a été inspirée par le flux constant et linéaire du processus de fabrication.
Figure 93 : Expression de la fluidité en façade 139
Figure 94 : Processus conceptuel
Le nouveau centre est conçu pour être non seulement un accélérateur de croissance et de changement, mais aussi une source d’inspiration et de motivation favorisant la poursuite de carrières dans le secteur de la fabrication.
140
2. Programme Le projet comprend un vaste espace de fabrication, six laboratoires, des salles de classe, des bureaux administratifs et des espaces communs.
Figure 95 : Plan du RDC et programme
Figure 96 : Diagramme du programme 141
Figure 97 : Entrée des espaces de fabrication
Figure 99 : Vue d’une classe
Figure 98 : Hall
Figure 100 : Le couloir menant aux classes
Figure 101 : Laboratoires de fabrication et prototypage
Figure 102 : Vue de l’intérieur du pont 142
3. Composition spatiale Une organisation spatiale dynamique : Grâce à des organisations spatiales dynamiques et à une architecture adaptée au site, le MTEC offre aux étudiants et au personnel une expérience unique dès leur entrée dans le bâtiment.
L’espace vert comme élément unificateur : Les terrasses extérieures et intérieures favorisent l'interaction des étudiants et des professeurs en créant des liens avec la nature. L’espace vert assure la connexion entre les bâtiments.
Le pont est un espace transitionnel qui agit en faveur des axes naturels du corps humain et intensifie leurs caractères dynamiques. En explorant ce type d’espace, l’individu est amené à se déplacer dans une ou plusieurs directions. Il s’agit également d’un espace positif dynamique où l’usager à l’impression que sa bulle individuelle est contenue.
Figure 103 : Le pont comme espace positif dynamique ©Auteur La différence de largeur entre les blocs bâtis et le pont marque un changement considérable de perception. Le pont est assimilé à un nouvel espace et à un élément de liaison.
Figure 104 : La différence de largeur entre les blocs bâtis ©Auteur 143
Figure 105 : Le passage sous le pont aux couleurs vives oriente les visiteurs et crée une nouvelle porte d'entrée symbolique pour le centre.
Figure 106 : Les grandes ouvertures expriment interpénétration de 2 espaces par le prolongement de l’intérieur avec l’extérieur et vice versa. ©JGMA
144
4. Qualité environnementale -
Le bâtiment est certifié LEED Or.
-
Eco- gestion : Un système souterrain de gestion des eaux pluviales est mis en place.
-
Les unités de verre isolées limitent la perte de chaleur et réduisent le facteur d’énergie.
Figure 107 : La maitrise des ouvertures accentue la qualité de la lumière naturelle. -
Les panneaux métalliques isolés de la façade sont anti-humidité et étanches aux intempéries. Ils ont également des propriétés thermiques supérieures.
-
Les brise soleil empêchent le transfert de chaleur entre l'extérieur et l'intérieur. Ceci réduit les coûts d’exploitation et améliore les propriétés thermiques du bâtiment.
Figure 108 : L’enveloppe du bâtiment en panneaux métalliques isolés 145
Figure 109 : Diagramme des espaces verts -
Le bâtiment est entouré d’espaces verts qui contribuent à l’atténuation de l’exposition et la réduction de la pollution de l’air. En outre, les effets de l'ombrage et l'évapotranspiration en font des îlots de fraicheur. En plus de favoriser la biodiversité, ces espaces constituent également une barrière acoustique.
Figure 110 : Vue extérieure et espace vert aménagé
146
5. Qualité architecturale Présence et visibilité Par la faveur de sa forme, son enveloppe et son esthétique marquée, le projet a une présence dynamique et vibrante qui communique l’ancrage dans la contemporanéité et la continuité (liaison avec le bâtiment existant). L’articulation de la transparence totale avec la peau métallique qui brouille légèrement la vue tout en gardant une communication éminente entre l’intérieur et l’extérieur fait valoir la visibilité du bâtiment et incite la curiosité.
Figure 111 : Le pont accentue la visibilité du projet depuis le Nord et le Sud
Connectivité extérieure
Figure 112 : L'enveloppe connecte le nouveau centre à l'ancien bâtiment et produit l'effet d'un ruban unificateur 147
Connectivité chromatique
Figure 113 : Diagramme chromatique du projet Les couleurs chaudes et vives s’associent en harmonie à l'intérieur et à l'extérieur et rajoutent plus de dynamisme au projet. Le jaune, couleur de l'illumination et de la compréhension, l’orange qui marque l’ouverture d’esprit et la créativité et le rouge rappellent les couleurs de signalisation que l’on retrouve dans les bâtiments industriels. Outre cela, la palette choisie permet également la différenciation entre les éléments du programme.
Figure 114 : Les couleurs animent l'intérieur du projet
148
6. Circulation et flux
Figure 115 : Schéma explicatif des flux et de la circulation 149
Figure 116 : La double temporalité du pont : Déplacement et pause
Figure 117 : En s’approchant du hall, le couloir s’élargit et donne accès à des espaces communs aménagés avec des sièges, des plates-formes et des alcôves pour la détente et le rassemblement. 150
7. Structure, enveloppe et matériaux
Figure 118 : Elévations et matériaux 151
✓
Le choix des matériaux de panneaux métalliques, de verre et d'acier
apparent renforce l'aspect industriel du projet. ✓
La double peau donne plus de consistance au corps du bâtiment et
fait vibrer la façade tout en jouant le rôle de brise soleil. ✓
Le système de soffite permet l’aération, la protection et l’esthétisme.
✓
Le parapet protège la toiture des infiltrations d’eau.
Figure 119 : Schéma synthétisant le principe de structure et indiquant les principaux matériaux utilisés pour l’enveloppe et l’espace intérieur ©Auteur 152
III.
Matrice des concepts et principes retenus : Vers la formulation d’une typologie architecturale
Intégration urbaine
Composition spatiale
et insertion paysagère
et qualité environnementale et architecturale
- Créer des liaisons avec le tissu urbain existant
-L’espace dans l’espace
- Maximiser l’accès public
-Plan ouvert et encombrement
- L’espace public comme élément
réduit
de transition
-Présence et visibilité
- Identité spatiale et visuelle qui
-Flexibilité d’usage
s’inspire du contexte d’insertion.
-Espace vert abondant- toitures végétalisées
Circulation et flux
-Maximiser l’aération et la lumière naturelles
-Distribution linéaireorganisation dynamique -Séparation des flux matériel/matériaux et personnes - Les quais de chargement sont directement liés aux espaces de fabrication
Concepts
Structure et matériaux -Trame structurelle régulière + Grande portée -Structure apparente -Matériaux écologiques
Ouverture et transparence- Porosité - Fluidité Connectivité - Inciter la curiosité 153
U RBAINE L’usine urbaine se veut :
S
Humaine L'usine urbaine ne peut pas reposer uniquement sur des opérations robotiques, elle met en valeur la présence humaine.
I
Propre et silencieuse Axée sur l'industrie légère employant les dernières technologies, l'usine urbaine est un lieu agréable et sans nuisances.
N
Accessible et ouverte au public Permettant aux consommateurs curieux de devenir euxmêmes des fabricants, l’usine urbaine fabrique des entrepreneurs.
E
Transparente L'usine urbaine célèbre la fabrication, elle révèle son activité au grand public dans un esprit de partage et d’ouverture. La façade le principal contributeur à l'impact visuel. L'objectif principal est la mise en valeur et la valorisation du contenu de l'usine, ou l'exposition des nouveaux procédés de fabrication.
154
Réaménagement de l'usine de sucre Domino : Une approche contextuelle, inclusive et résiliente La zone de loisirs active se compose d'espaces interactifs pour les visiteurs, un terrain de jeu flexible et un terrain de volley-ball. Le parc et l'espace ouvert intègrent une approche de conception résiliente garantissant la protection du site contre les inondations. La zone de loisirs passive comprend un jardin à l'entrée, une aire de pique-nique, un kiosque, un espace de jeux pour enfants inspiré du processus de raffinage du sucre, une grande pelouse en pente et une pelouse ombragée.
Figure 120 : Domino Park, Brooklyn, New York 155
Usine du Zhejiang : L’expression architecturale de la circulation Des lignes de circulation disposées à l'extérieur du bloc fonctionnel de l'atelier rendent la distribution de l'espace intérieur plus ouverte. Le couloir et les escaliers suspendus offrent un chemin pratique vers la cantine et la maison d'hébergement, ils forment un endroit où les travailleurs peuvent prendre de courtes pauses.
Figure 121 : Le couloir et les escaliers suspendus de l’usine 156
Références visuelles : Créer un récit à travers la circulation
Figure 122 : Situé aux Pays-Bas, le projet vise à créer un bâtiment emblématique qui soit un accélérateur de la transformation d'une zone industrielle en un nouveau quartier urbain énergétique.
Figure 123 : Les profils d'escalier s'expriment à l'extérieur du New School University Center et invitent également à l'intérieur en tant que lieu de rassemblement. 157
Figure 124 : Installation d’art contemporain réalisée par Do Ho Suh
Figure 125 : A l'extérieur, des passages couverts et transparents sont aménagés pour conduire le public vers les différentes salles multifonctionnelles.
158
159
I. CONTEXTE D’INTERVENTION ET ANALYSE DU SITE
160
1. Mohammedia : Une brève présentation de la ville Située sur la côte de l'océan Atlantique, entre la capitale économique et la capitale administrative, la ville de Mohammedia est limitée au Nord par l’océan atlantique, à l’Est et au Sud-Est par les communes Bni Yakhlef et Mansouria, au Sud-Ouest par la commune d’Echellalat et à l’Ouest par la commune d’Ain Harrouda. Le périmètre urbain de la ville se situe entre les embouchures d’Oued El-Maleh et Oued Nfifikh et s’étend sur 3.320 ha. Pour le reste, Mohammedia jouit d'un climat méditerranéen caractérisé par des étés chauds et secs et des hivers doux et humides.
Fédala : Remontons l’histoire Dès les XIVe et XVe siècles, des marchands et des pêcheurs commerçaient avec Fédala. Jusqu’au XVII e siècle, ce port sous le nom de Fédale ou de « l’isle de Fédala » servait principalement de refuge momentané aux légers bâtiments des corsaires de Salé, poursuivis par les frégates du roi de France. Ce n’est que lorsque le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah construisit la kasbah en 1773 que la ville atteindra son apogée. Le Sultan y édifia également la mosquée blanche Al-Atik. En 1912, Fédala devint une ville d’envergure après la création, par Georges Hersent, de la compagnie franco-marocaine qui contribua éminemment au développement de la cité. En 1925, la ville balnéaire prit corps. Par la suite, sous le charme des paysages de Fédala, les frères Mannesmann, héritiers d’une grande lignée d’industriels allemands, acquièrent plusieurs concessions agricoles sur des superficies étendues.
161
“
La ville elle-même offre au visiteur d'agréables
promenades. Il peut par exemple emprunter le boulevard des Zenata qui passe près du terrain de sports et du champ de courses. Le golf de Fédala, célèbre dans tout le Maroc et hors du Maroc, est situé non loin du port. On y accède par le même boulevard. Un chemin touristique conduit à l'estuaire. On peut imaginer les fantômes de corsaires qui autrefois se réfugiaient dans ce havre, maintenant devenu un port pétrolier actif…vastes usines qui donnent à la ville un essor industriel et une activité économique sans affaiblir en rien ses mérites touristiques. Les urbanistes ont vu grand, et Fédala peut avoir plusieurs visages qui en font une ville aussi attrayante qu'originale. Souriante et fleurie, Fédala mérite d'avoir été appelée « un jardin sur la mer ». Un beau jardin en vérité, réalisé à la française, et dont la renommée n'est pas surfaite. Jacques SERVOZ
162
Le port : Témoin d’un âge d’or Le port a été construit en 1913 par la compagnie du port de Fedala comme port de pêche. En 1961, l’implantation de la raffinerie la SAMIR à Mohammedia fut un tournant décisif pour l’avenir du port. Progressivement, son activité s’est développée et il s’est transformé en port pétrolier.
163
ZONING GENERAL
Figure 126 : Plan de zoning général de la ville de Mohammedia ©Auteur
▪
El Alia, signifie la « partie haute », en raison de sa surélévation au-dessus de la ville créée par les Français et bâtie dans l'ancienne lagune.
▪
El Kasbah ou la ville basse était le centre de l'ancienne "Fedala"
▪
La partie Est est connue particulièrement pour ses plages : Plage du centre, Plage Mannesmann, Plage Yasmina, Plage Santa Monica, Plage La Siesta, Plage Les Sablettes. (Par ordre du centre vers l'est de la ville)
164
2.
Présentation et choix du site Délimité au nord par la rue El Hansali, à l’est par la rue Ghazali, au sud par
le boulevard Farhat Hachad et à l’ouest par la rue Ibn Zohr, la situation géographique du site rend possible l’application de l’idée d’usine urbaine 4.0 hybride, au programme riche et diversifié, qui célèbre son identité et sa fonction et qui affirme son ouverture au public. L’atout principal est la présence de nombreux hangars dont certains sont délaissés, donnant lieu à des espaces et des vides non occupés. Le site est par ailleurs avoisinant au centre de formation par apprentissage (CFA) ce qui crée un rapport au savoir et un lien direct avec les ateliers d’apprentissage ainsi que la recherche et le développement. En outre, la présence de centres de business aux alentours du site favorise l’esprit d’entreprenariat et de collaboration. Tout est donc réuni pour faire émerger un écosystème cohérent sur le site choisi.
Figure 127 : Ancienne photo du site choisi
165
Figure 128 : Délimitation générale de la zone d’intervention ©Auteur
166
Situé
dans
la
zone
industrielle du port, le site
choisi
a
une
superficie approximative de 35 600 m2. Figure 129: Délimitation du site ©Auteur
Figure 130 : Profil topographique AA ©Auteur
Figure 131 : Profil topographique BB ©Auteur
167
Figure 132 : Carte des équipements et services aux environs du site ©Auteur
168
3.
Trame viaire et mobilité
Figure 133 : Trame viaire, itinéraires et temps de marche aux environs du site ©Auteur 169
Figure 134 : Flux majeurs et accessibilité ©Auteur
▪
Le tracé viaire montre une fusion entre la trame quadrillée, la trame rayonnante et la trame en échelle.
▪
Certes, le site est bien desservi. Toutefois, des dysfonctionnements ont été observés pour ce qui concerne les modes doux. Ceux-ci se traduisent principalement par une largeur de trottoirs qui reste satisfaisante pour les continuités piétonnes mais peu confortable pour l’aménagement d’agréments (mobilier urbain, végétation…).
170
Figure 135 : Analyse du trafic -
Le trafic est fluide sur les voies marquant un flux d’accès à la zone du projet.
-
Aux heures de pointe, le trafic est plus ralenti sur les voies comportant des flux domicile-travail. 171
4.
Le cadre bâti
Figure 136 : Schéma du parcellaire ©Auteur
Figure 137 : Schéma du plein et vide ©Auteur
172
Figure 138 : Typologies du plein ©Auteur
173
Figure 139 : Typologies du vide ©Auteur
174
Figure 140 : Schéma des hauteurs ©Auteur En majeure partie, la hauteur des bâtiments industriels dans la zone étudiée est de R+1 ou R+2. De manière générale, la ville de Mohammedia affiche, une imbrication hétéroclite des unités urbaines industrielles et d'habitat. Ce mélange est particulièrement marqué dans la basse ville avec la présence d'unités industrielles implantées près du port, notamment aux côtés du site, le long du boulevard Hassan II ainsi qu'au sud de la ville le long de la route nationale en direction de Casablanca.
175
5.
Espace vert
Figure 141 : Les espaces verts à l’échelle de la ville ©Auteur 176
Figure 142 : Zoom-in : l’espace vert autour du site ©Auteur A l’opposé du secteur du parc, la zone industrialo-portuaire est à dominante minérale et laisse peu de place au végétal. Au même titre, on note l’absence d’espace vert public de qualité.
177
6.
Diagnostic technique
Figure 143 : Analyse de l’ensoleillement et des ombres ©Auteur 178
Recommandations : ● Regrouper au nord les locaux à faibles besoins thermiques et lumineux ● Regrouper au sud les pièces plus utilisées pendant la journée
Figure 144 : Facteur de vue du ciel au sol ©Auteur
179
7.
Analyse sensorielle
Figure 145 : Cartographie sonores ©Auteur Malgré la présence d’activités industrielles et des flux qui en découlent, aucune nuisance sonore remarquable n’a été repérée sur le site. 180
181
Figure 146 : Analyse séquentielle et schémas de perception visuelle ©Auteur
182
183
184
©Auteur
I. II. PROJET PROPOSE Advanced Manufacturing and Innovation Center Centre de fabrication de pointe et d'innovation
185
Objectif Dresser un portrait de l’usine de demain qui devrait réussir à transformer l’image dépréciative dont souffre encore parfois l'industrie. Créer un lieu transversal de production, d’échange, de partage et de formation
Innover, fabriquer et réaliser autrement
Approche : Concevoir l’anti-projet Image dépréciative
Anti-projet :
associée à l’usine
Une nouvelle image
Fermeture–
Ouverture- transparence- accueil-
répulsion
échange et partage
Pollution –
Ecologie- efficacité énergétique-
nuisances
résilience
Monofonctionnalité
Hybridité
Séparation ville-
Prototype intégré
industrie Production
Production industrielle-
industrielle
production d’énergie - production de savoir et de liens sociaux
186
Intentions générales
Célébrer l'importance de l’espace public comme un outil puissant pour unir les gens et les idées.
Créer une diversité combinée à une mobilité améliorée, à des espaces communs structurés et à
Créer une zone urbaine attrayante
qui compléterait la qualité des zones de vie autour d'elle et au-
Introduire
un
nouveau
noyau
comme connecteur et tampon.
187
1.
INTERVENTION URBAINE Mise en valeur de la zone industrialoportuaire par le vide
Pour répondre aux objectifs susmentionnés, l’enjeu était de définir quels éléments seraient démolis, modifiés ou conservés. En plus de leur état de délabrement, les bâtiments en rouges présentent peu de valeur architecturale, mémorielle ou d’usage, par suite, ils sont destinés à être démolis. Les bâtiments en jaunes sont conservés partiellement. Leurs morphologies sont amenées à changer en fonction du nouveau programme. Ainsi, le choix du programme repose sur le rayon d’influence potentiel du projet.
Le projet explore les moyens d'augmenter la productivité et la flexibilité des espaces industriels pendant et au-delà de leur durée de vie, et examine des moyens réalisables en vue de réutiliser et de transformer de manière adaptative les espaces industriels existants. Les interventions à l’échelle urbaine et architecturale visent à injecter une nouvelle programmation qui pourrait compléter les fonctions existantes aux alentours du site.
188
Le vide de passage : Des parcours thématiques Passage de loisirs Passage actif Passage vert Allée piétonne
Le vide fonctionnel Espace vert Parking productif
Aboutissement du parcours : Entrée thématique Bâtiment à démolir Bâtiment à conserver
189
Les passages thématiques : Une reconquête du vide de passage Afin de recoudre le site plus amplement au quartier, susciter la curiosité et faire du projet architectural l’aboutissement d’itinéraires intéressants, trois passages thématiques ont été aménagés : ▪
S’étendant sur la rue El Hansali et la rue El Ghazali, le passage de loisirs relie le site à l’entrée du port de pêche et à la corniche.
▪
Sur une partie du boulevard Farhat Hachad, un passage vert est aménagé en vue d’établir une liaison entre l’espace vert à l’entrée du site et le jardin du parc.
▪
Le long du Boulevard des Zenatas (N9), le passage actif est un outil d’affirmation du corps au sein de l’espace public. Dès lors, le vide de passage devient un terrain d’expression physique. En y installant en parties des pavés connectés qui produisent de l'énergie grâce à la pression des pas, ce passage devient à la fois expressif et productif.
190
PLAN DE MASSE 3
7
5 6
5
4 2
LEGENDE Accès personnel et visiteurs Accès matériaux/ matériel 1. Parking productif
1
2. Ferme 4.0
1
3. Café de réparation
4. Allée piétonne 5. Esplanade d’entrée 6. Quai de chargement et déchargement 7. Zone d’extension possible pouvant servir de quai partagé 191
Le projet intègre les bâtiments existants avec des utilisations qui soutiennent l'innovation et créent du dynamisme, en plus de renforcer les liens au sein de la zone industrialo-portuaire et avec les quartiers environnants. Les aménagements extérieurs font la part belle aux piétons, en limitant les voitures aux stationnements aménagés sur la voie au Nord et au parking à l'entrée du site du côté du boulevard Farhat Hachad.
192
LE PARKING PRODUCTIF : Le parking traditionnel est transformé en un espace vert d'agriculture urbaine qui repense le parking comme un espace productif pouvant générer de l'énergie renouvelable et de la nourriture. Les espaces de stationnement conservés sont installés sur un revêtement perméable et pourraient être connectés à des bornes de recharge solaires pour améliorer les avantages écologiques du site.
Vue sur le parking productif et l’allée piétonne
193
LA FERME 4.0 : Il s’agit d’un hangar dédié à la combustion de plastiques. C’est un espace fermé, sombre, répulsif et vétuste. En effet, la combustion des plastiques libère des gaz toxiques dans l'atmosphère tels que les dioxines, les furannes, le mercure, etc. Elle expose au péril la santé des êtres humains et des animaux et constitue une menace pour la végétation.
1
2 194
Dans un esprit d’innocuité et en vue de mettre en exergue la production comme une activité éco-responsable pouvant maintenir sa présence sans heurt dans le tissu urbain, ce hangar -situé tout près du marché de poisson et des fameux restaurants du port- est aménagé pour accueillir une ferme hydroponique et aquaponique, un marché organique et une aire de restauration.
Vues sur la ferme 4.0 : Un espace dédié à l’hydroponie et l’aquaponie
195
LE REPAIR CAFE / CAFE DE REPARATION :
1257 m2
196
L’idée était d’utiliser les principes de l'économie circulaire pour concevoir un café de réparation flexible et un espace communautaire. L’objectif du Repair Café (café de réparation) est de promouvoir la récupération, le recyclage et la réutilisation. Un Repair Café est un lieu de rencontre ouvert à tous, où l'on peut apporter des biens endommagés (matériel électrique, vêtements, meubles, vélos) et travailler avec des experts pour les réparer gratuitement ! De cette manière, le café de réparation consolide non seulement les compétences de réparation des habitants, mais engage leur potentiel créatif et renforce la cohésion sociale. C’est un espace qui encourage et valorise la pensée circulaire.
Réparer
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Vue sur l’esplanade d’entrée du Repair Café 197
2.
INTERVENTION ARCHITECTURALE Inspirée par le passé, résolument tournée vers l'avenir
2.1. Développement du concept « Ramener l’industrie vers la ville et la nature vers l’industrie »
198
La circulation est souvent considérée comme « l’espace entre les espaces», ayant une fonction de connexion, mais elle peut être bien plus que cela. C'est le concept qui capture l'expérience de déplacer nos corps autour d'un bâtiment, en trois dimensions et à travers le temps. Les mouvements changeants des personnes rendent le bâtiment présent et actif. Il est aussi lieu d’offrir une expérience linéaire riche. Ainsi, la circulation horizontale et verticale sont
utilisées pour connecter les personnes, et non seulement les étages et les différents espaces. Les éléments qui assurent la circulation horizontale et verticale sont placés de façon à initier un dialogue entre les différentes composantes du projet, rendre hommage au concept et créer une image d'identité pour le projet.
Composition volumétrique d’étude
199
Le site est situé dans une zone manquant de densité ainsi que de mécanismes d’intégration à la ville dans son ensemble. Ainsi, nous concevons un bâtiment dont la densité interne est paradoxalement dominée par le vide intérieur et extérieur et le vide de passage surélevé. En intériorisant l'expérience urbaine, les usagers peuvent explorer divers espaces publics et semi-public, couloirs ouverts et espaces de rassemblement rappelant le véritable paysage urbain. Au niveau du « Boulevard dans le ciel », la circulation s'effectue en quatre étapes 1. Rencontre 2. Exploration préliminaire 3. Monter haut 4. Regarder loin
1
2
1. L’accès principal au « Boulevard dans le ciel » se fait par un espace public ouvert, de rencontre et d’initiation. 2. La passrelle suspendue traverse le volume, permettant d’observer le processus de fabrication. Il s’agit d’une exploration préliminaire.
200
3
4
3. Une fois l’exploration préliminaire achevée, un changement de niveau marque l’élévation de l’Homme par le savoir. Ainsi, il monte haut et continue son chemin pour passer d’un observateur à un créateur. 4. Apres avoir parcouru l’ensemble du volume, la passerelle relie le bâtiment conçu à la ferme 4.0 permettant de regarder loin vers un futur proche où la production et la fabrication assurent leur présence en ville sans appréhender aucun reproche.
Le « Boulevard dans le ciel » est le cœur palpitant du projet, il est la rotule qui connecte les usages et les usagers et favorise les échanges. Il devient le point d’union à la fois symbolique, volumétrique et fonctionnel.
201
2.2. Elaboration du programme
202
Le
programme
rassemble
l'industrie,
l'ingénierie, la culture, la formation et les entreprises
dans
un
seul
programme
interdisciplinaire axé sur la fabrication intelligente l’innovation et l’entreprenariat.
203
2.3. Circulation et flux
Rez de chaussée
1er étage
Flux usagers Flux matériaux/matériel
2ème étage 204
2.3. Dossier graphique
Plan du RDC assemblé
205
ZOOM-IN
Plan du Repair café
Plan de la ferme 4.0
206
Plan du RDC
207
Plans des mezzanines 208
Plan du 1er étage
209
Plan du 2ème étage
210
COUPES
211
ELEVATIONS
Elévation Est
Elévation Ouest
212
Elévation Nord
Elévation Sud
Les façades sont développées pour renforcer la lecture des volumes du programme principal, tout en les adaptant en fonction de leur utilisation et de leur exposition solaire. L’enveloppe permet une présence changeante jour/nuit et une expression d'usage. La transparence du bâtiment permet aux événements à l'intérieur d'activer la vie de la ville à l'extérieur, fidèle à l'esprit de la conception globale.
213
MATERIAUX
Les Panneaux translucides en polycarbonate alvéolaire La façade translucide en panneaux de polycarbonate alvéolaire permet la transmission d’une lumière diffuse et homogène et un affaiblissement acoustique des bruits extérieurs. Par ailleurs, elle est résistante à l’humidité et stable au rayonnement ultraviolet. La façade translucide est originale et vivante et permet un changement d’effets le jour autant que la nuit. La maille en métal déployé Elégante et harmonieuse, la maille en métal déployé assure plusieurs fonctions : esthétique, protection solaire, signalisation. Ce matériau léger et facile d’utilisation et de montage a une formidable poésie et immatérialité, il peut paraître présent ou absent suivant la lumière. Le système de mur-rideau en verre invisible isolé thermique Le mur rideau en verre est entièrement transparent et assure l'échange et l'intégration entre les espaces intérieurs et extérieurs. Il laisse voir le système structurel apparent qui ajoute un sens à l'esthétique architecturale.
214
AMBIANCES EXTERIEURES
L’une des idées primordiales était d’injecter de la couleur dans un environnement où pratiquement tout est en nuances de gris. Le rouge est une couleur qui capte l’attention immédiatement et qui ne passe jamais inaperçue. D’ailleurs, le « Boulevard dans le ciel » incarne l’idée de marcher sur un tapis rouge pour procurer au visiteur l’expérience grandiose et mémorable d’être conduit avec honneur, comme il convient, au spectacle de la fabrication. 215
Vue générale du projet
Les toitures végétalisées constituent un facteur de rétention des eaux pluviales et de fixation des particules poussiéreuses. Outre cela, elles permettent la régulation de la température et l’amélioration de la durabilité de l'étanchéité de la toiture.
216
Accès depuis la façade Est
Esplanade d’entrée Est
217
La circulation verticale apparente
Passerelle reliant l’atelier culinaire à la ferme 4.0 218
Vue sur la façade Nord
Vue sur la façade Nord
219
La maille en métal déployé met en valeur le volume central de circulation verticale
L’allée piétonne devient l’extension des places minérales et peut servir d’espace extérieur pour les activités de fabrication ou l’exposition
220
Vue sur les stationnements aménagés sur la voie au Nord
Esplanade d’entrée et place minérale centrale donnant accès aux magasins et à l’incubateur
221
Ambiances nocturnes
222
AMBIANCES INTERIEURES Une continuation interne du récit architectural
Vue intérieure du « Boulevard dans le ciel »
Vue intérieure du volume central de circulation verticale
223
Intérieur de la ferme hydroponique
Micro-Usine de démonstration
224
Salle de formation
Galerie immersive
225
Zone multijoueur
Laboratoire de recherche : Automatisation et robotique
226
Le projet est conçu pour être un point de repère unique non seulement pour sa conception flexible et hybride, mais aussi pour représenter une approche pionnière de l'architecture industrielle. Il est conçu comme une ressource communautaire pour éduquer et former une nouvelle génération dans la haute technologie et la fabrication propre. Le projet accélère l'innovation, promeut l'esprit d'entreprise et crée une communauté autour de la génération d'idées dans un cadre dynamique et polyvalent. Ces activités combinées promettent une nouvelle vitalité aux centres-villes. De la sorte, la ville fabricante redonne ses lettres de noblesse au local et aux liens de proximité. Elle se veut une réponse plurielle aux maux de l’époque, tout à la fois outil de résilience économique, vecteur d’ambition environnementale, d’innovation et de projet social.
227
CONCLUSION GENERALE De nouvelles formes de fabrication urbaine sont exigibles pour fonder des aspirations futures allant de l'économie circulaire, à l'augmentation de l'innovation, à la réduction des émissions, à la réalisation des ambitions pour l'industrie 4.0 et à la création d'emplois accessibles. A cet égard, la production est menée à bien dans la ville, tout en incorporant des activités de recyclage et en veillant à la satisfaction des besoins locaux. D’autres objectifs inhérents sont la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le renforcement des liens entre la fabrication, l’éducation, l’innovation, le développement de compétences et la création d’emplois. En fusionnant le concept de l’usine urbaine tel qu’il a été préalablement décelé avec les principes des tiers-lieux d’innovation, une nouvelle typologie est obtenue. Grâce à une approche intégrative, les sites de production urbains ne jouent plus seulement un rôle dans la création de valeur et de richesse dans les villes, mais offrent également plusieurs autres impacts positifs sur leur environnement urbain. Aujourd'hui, les grandes tendances telles que le changement climatique, les émissions, la rareté de l'énergie et des ressources et le bien-être de l’Homme ont des répercussions sur presque tous les aspects de la vie. Les impacts transformateurs sur de nombreux secteurs sont inévitables, et la fabrication ne fait pas exception. Dans cette optique, ce travail a examiné la possibilité de réintégrer la fabrication dans le contexte urbain comme solution aux mégatendances susmentionnées. L’idée est de remodeler l’image péjorative associée à l’objet « usine » et de voir comment la typologie « usine urbaine » peut être vectrice de renouveau pour la ville. Cependant, pour que cela soit efficace, la ville doit être connectée à un écosystème d'innovation plus large — un « commun » numérique — nécessaire pour nourrir l'écosystème productif au niveau local. 228
Réinventer l’usine pour qu'elle devienne vertueuse, acceptable, voire désirable, est une tâche exigeante et gratifiante pour les architectes qui doivent s'assurer que leur projet soit contextuel, conceptuel et consensuel. En effet, la réflexion doit constamment osciller entre la recherche d'une vision prospective et innovante et une approche pragmatique des faits réels. Ainsi, de tels projets offrent la possibilité d'explorer la dialectique entre l'ouverture de la créativité et les frontières fermées de la réalité. Concevoir une usine urbaine devient alors un exercice de fabrication de sens pour trouver les liens entre les hommes, leurs machines, leur production et leurs territoires. Introduire de la flexibilité est une source d'enrichissement pour le projet. C’est aussi un moyen d’améliorer les possibilités face à des exigences programmatiques incertaines dictées par la fonction de base peu ou pas soucieuse des exigences architecturales. Ce travail est un essai de réinventer la forme, la fonction et la place des usines. En moyennant cette proposition comme dispositif critique, le potentiel de la fabrication urbaine à être réintroduite dans le paysage urbain est étudié et un débat supplémentaire, espérons-le, provoqué.
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233
TABLE DES FIGURES : Figure 1 : Essai de typologie et de modèles à propos des formes industrialourbaines
©Simon
Edelblutte,
«
Ville-usine,
ville
industrielle,
ville
d’entreprise…Introduction à des approches croisées du fait industrialo-urbain », Revue Géographique de l'Est [En ligne], vol. 58/3-4 | 2018, mis en ligne le 23 juillet 2020, URL : http://journals.openedition.org/rge/9332 Figure 2 : Les révolutions industrielles et la planification urbaine ©Auteur Figure 3: Schéma explicatif du prototype intégré ©Auteur Figure 4: Schéma explicatif du prototype adjacent ©Auteur Figure 5: Schéma explicatif du prototype autonome ©Auteur Figure 6: Avantages et défis liés à l’industrie 4.0 ©Auteur Figure 7: Les technologies au cœur de l’industrie 4.0 et les caractéristiques d’une usine intelligente ©Auteur Figure 8: Vues intérieures et ambiances du projet FSF ©www.ueuromed.org Figure 9: Les concepts fondateurs du nouvel urbanisme industriel ©Auteur Figure 10 : Evolution de la relation ville-industrie : Schéma élaboré d’après les informations fournies lors du colloque « La ville créative en question » publié le lundi 12 juillet 2010, https://calenda.org/201597 Figure 11: Le nouvel urbanisme industriel: Schéma de synthèse ©Auteur Figure 12 : Développement chronologique de l'initiative internationale Fab City ©Auteur Figure 13 : Fab City Manifesto: Principes de transition vers des villes autosuffisantes, localement productives et mondialement connectées ©Auteur Figure 14 : Composition de l'écosystème Maker City ©Auteur Figure 15 : Les catégories d’innovation. Source : Figure construite à partir des définitions du Manuel d’Oslo (OCDE, 2005) Figure 16 : La fabrication urbaine : Schéma de synthèse ©Auteur Figure 17 : L’usine comme spectacle ©Auteur Figure 18 : Différence entre mixed-use et hybride ©Auteur Figure 19: BUEHLER ECO-FACTORY, Xian ©www.virtuarch.moon.rs
234
Figure 20 : Croquis des principes et caractéristiques de réversibilité ©Auteur Figure 21 : Coupe montrant le programme du Dôme ©www.ledome.info Figure 22 : Vues extérieures du Dôme ©Article publié dans : Architecture Viva235 (pages 70-73) https://arquitecturaviva.com/works/centro-deinvestigacion-caen Figure 23 : Intégration des lieux de fabrication dans la ville ©Auteur Figure 24 : Maquette de la filiature de coton, 1952, réalisée par Buckminster Fuller et des étudiants du North Carolina State College. ©www.mascontext.com Figure 25 : Vue nocturne de l'usine Van Nelle ©www.mustsee.today Figure 26 : Vues d'ensemble de l'usine ©www.broekbakema.nl Fig. 27-28-29 : Modèles de l'usine verticale urbaine © Haselsteiner, Edeltraud & Schwaigerlehner, Katja & Madner, Verena & Tschokert, Lisa-Maria & Laa, Barbara & Frey, Harald. (2019). VERTICAL urban FACTORY - Concepts innovants de concentration verticale de la production et de la ville. Figure 30 : MySpace : Un hub pour les entrepreneurs créatifs à Oujda ©www.mycospace.ma Figure 31 : Vues extérieures et ambiances intérieures du projet ©www.awmountassir.ma Figure 32 : Différence entre makerspace, fab lab, hackerspace et techshop ©Auteur Figure 33 : Les configurations spatiales et les typologies de bâtiments : Schéma de synthèse ©Auteur Figure 34 : Programme et vues des 3 bâtiments ©Schéma personnel élaboré d’après le master plan du Brooklyn Navy Yard Figure 35 : Vue aérienne d'ensemble sur le Brooklyn Navy Yard ©www.ny.curbed.com Figure 56 : Sur un site proche de l'avenue Kent, le BNYDC propose une esplanade publique riveraine. ©www.ny.curbed.com Figure 37 : Le parc de poche près du front de mer est un exemple d’espaces ouverts ajoutés. ©www.ny.curbed.com Figure 38 : Espaces publics aménagés ©www.ny.curbed.com 235
Figure 39 : Intégration urbaine ©Auteur Figure 40 : Perspective du bâtiment ©www.marveldesigns.com Figure 41 : Le couloir marquant la séparation fonctionnelle et la continuité visuelle ©Auteur Figure 42 : Le couloir aménagé pour accueillir un événement artistique ©www.marveldesigns.com Figure 43 : Expression de la porosité au niveau de la volumétrie ©Auteur Figure 44 : L'expression du rythme en façade ©Auteur Figure 45 : Coupe longitudinale détaillant le programme ©www.architecturalrecord.com Figure 46 : Espace de réception ©www.architecturalrecord.com Figure 47 : Plan et programme du Steam Center ©www.architecturalrecord.com Figure 48 : Laboratoire de fabrication ©www.turnerconstruction.com Figure 49 : « Le cube de verre » ©www.turnerconstruction.com Figure 50 : Espace collaboratif ©www.architecturalrecord.com Figure 51 : Salle des médias ©www.architecturalrecord.com Figure 52 : Le couloir divise le plan de manière asymétrique permettant plus de variation et de dynamisme. ©Auteur Figure 53 : L'organisation linéaire est évidente dans l'aire de restauration au RDC ©Auteur Figure 54 : Exemple d'espaces dans l'espace ©Auteur Figure 55 : Eclairage naturel ©Auteur Figure 6 : les toits végétalisés du Building 77 ©www.newyorkworks.cityofnewyork.us Figure 57 : Images représentatives de la qualité architecturale du building 77 ©www.marveldesigns.com Figure 58 : Ambiances intérieures du projet ©www.marveldesigns.com Figure 59 : Schéma de circulation et distribution des flux ©Auteur Figure 60 : Diagramme de circulation ©www.marveldesigns.com Figure 61 : Schéma synthétisant le principe de structure et indiquant les principaux matériaux utilisés pour l’enveloppe et l’espace intérieur ©Auteur Figure 62 : Vue extérieure du New Lab ©www.ket-nyet.org 236
Figure 63 : Principes conceptuels du New Lab ©Auteur Figure 64 : Processus conceptuel ©www.oneprize.org Figure 65 : Vue sur le couloir central à partir de la mezzanine supérieure ©www.marveldesigns.com Figure 66 : Coupe transversale ©Macro Sea Figure 67 : Programme et plans des niveaux ©www.oneprize.org Figure 68 : Croquis des studios privés ouverts et fermés ©www.oneprize.org Figure 69 : Croquis des espaces flexibles ©www.oneprize.org Figure 70 : Vue intérieure de l’espace de travail ©www.marveldesigns.com Figure 71 : Plans et croquis de l'espace événementiel ©www.oneprize.org Figure 72 : Croquis du laboratoire de fabrication ©www.oneprize.org Figure 73 : Croquis du Café ©www.oneprize.org Figure 74 : Espace privé et public ©Auteur Figure 75 : Le système d’agriculture verticale de Farmshell est un moyen de cultiver des herbes et des légumes sans terre. ©www.businessinsider.com Figure 76 : Lumière naturelle ©www.brownstoner.com Figure 77 : Les plantes animent l'espace intérieur ©www.johnmini.com Figure 78 : Le comptoir coloré ©www.businessinsider.com Figure 79 : Mobilier coloré du New Lab ©www.dezeen.com Figure 80 : Vue sur le couloir central ©www.dezeen.com Figure 81 : Vue de haut sur les studios ©www.dezeen.com Figure 82 : Espace événementiel ©www.marveldesigns.com Figure 83 : Entrée du New Lab ©www.marveldesigns.com Figure84: Les studios de travail privés ©www.marveldesigns.com Figure 85 : Vue sur la passerelle supérieure ©www.insideinside.org Figure 86 : Schéma de circulation ©Auteur Figure 87 : Schéma synthétisant le principe de structure et indiquant les principaux matériaux utilisés pour l’enveloppe et l’espace intérieur ©Auteur Figure 88 : Vue extérieure du projet ©JGMA 237
Figure 89 : Donnant sur la 76e rue, le volume ajouté, qui s’étend vers le sud, est relié au bâtiment existant par un pont. ©JGMA Figure 90 : Plan de masse ©architizer.com Figure 91 : Liaison entre le bâtiment existent et le nouveau centre ©JGMA Figure 92 : Les murs rideaux et les grandes baies vitrées concrétisent la notion de transparence intérieure et extérieure ©www.cannondesign.com Figure 93 : Expression de la fluidité en façade ©www.architectmagazine.com Figure 94 : Processus conceptuel ©dailyarchnews.com Figure 95 : Plan du RDC et programme ©architizer.com Figure 96 : Diagramme du programme ©dailyarchnews.com Figure 97 : Entrée des espaces de fabrication ©www.pbcchicago.com Figure 98 : Hall ©JGMA Figure 99 : Vue d’une classe ©www.cannondesign.com Figure 100 : Le couloir menant aux classes ©www.pbcchicago.com Figure 101 : Laboratoires de fabrication et prototypage ©www.pbcchicago.com Figure 102 : Vue de l’intérieur du pont ©JGMA Figure 103 : Le pont comme espace positif dynamique ©Auteur Figure 104 : La différence de largeur entre les blocs bâtis ©Auteur Figure 105 : Le passage sous le pont aux couleurs vives oriente les visiteurs et crée une nouvelle porte d'entrée symbolique pour le centre. ©www.architectmagazine.com Figure 106 : Les grandes ouvertures expriment interpénétration de 2 espaces par le prolongement de l’intérieur avec l’extérieur et vice versa. ©JGMA Figure 107 : La maitrise des ouvertures accentue la qualité de la lumière naturelle. ©www.architectmagazine.com Figure 108 : L’enveloppe du bâtiment en panneaux métalliques isolés ©www.architectmagazine.com Figure 109 : Diagramme des espaces verts ©architizer.com Figure 110 : Vue extérieure et espace vert aménagé ©JGMA 238
Figure 111 : Le pont accentue la visibilité du projet depuis le Nord et le Sud ©architizer.com Figure 112 : L'enveloppe connecte le nouveau centre à l'ancien bâtiment et produit l'effet d'un ruban unificateur ©architizer.com Figure 113 : Diagramme chromatique du projet ©architizer.com Figure 114 : Les couleurs animent l'intérieur du projet ©www.architectmagazine.com Figure 115 : Schéma explicatif des flux et de la circulation (source des plans : ©architizer.com- Elaboration du schéma : ©Auteur) Figure 116 : La double temporalité du pont : Déplacement et pause ©www.cannondesign.com Figure 117 : En s’approchant du hall, le couloir s’élargit et donne accès à des espaces communs aménagés avec des sièges, des plates-formes et des alcôves pour la détente et le rassemblement. ©www.pbcchicago.com Figure 118 : Elévations et matériaux ©www.archello.com Figure 119 : Schéma synthétisant le principe de structure et indiquant les principaux matériaux utilisés pour l’enveloppe et l’espace intérieur ©Auteur Figure 120 : Domino Park, Brooklyn, New York ©James Corner Field Operations Figure 121 : Le couloir et les escaliers suspendus de l’usine ©Arch-Exist Photography Figure 122 : Situé aux Pays-Bas, le projet vise à créer un bâtiment emblématique qui soit un accélérateur de la transformation d'une zone industrielle en un nouveau quartier urbain énergétique. ©Studio Komma Figure 123 : Les profils d'escalier s'expriment à l'extérieur du New School University Center et invitent également à l'intérieur en tant que lieu de rassemblement. ©Tex Jernigan 239
Figure 124 : Installation d’art contemporain réalisée par Do Ho Suh ©www.lehmannmaupin.com Figure 125 : A l'extérieur, des passages couverts et transparents sont aménagés pour conduire le public vers les différentes salles multifonctionnelles. ©www.archello.com
Contexte d’intervention et analyse du site : Figure 126 : Plan de zoning général de la ville de Mohammedia ©Auteur Figure 127 : Ancienne photo du site choisi ©www.amicaledesfedaliens.fr Figure 128 : Délimitation générale de la zone d’intervention ©Auteur Figure 129: Délimitation du site ©Auteur Figure 130 : Profil topographique AA ©Auteur Figure 131 : Profil topographique BB ©Auteur Figure 132 : Carte des équipements et services aux environs du site ©Auteur Figure 133 : Trame viaire, itinéraires et temps de marche aux environs du site ©Auteur Figure 134 : Flux majeurs et accessibilité ©Auteur Figure 135 : Analyse du trafic ©Google Maps Figure 136 : Schéma du parcellaire ©Auteur Figure 137 : Schéma du plein et vide ©Auteur Figure 138 : Typologies du plein ©Auteur Figure 139 : Typologies du vide ©Auteur Figure 141 : Les espaces verts à l’échelle de la ville ©Auteur Figure 142 : Zoom-in : l’espace vert autour du site ©Auteur Figure 144 : Facteur de vue du ciel ©Auteur Figure 145 : Cartographie sonores ©Auteur Figure 146 : Analyse séquentielle et schémas de perception visuelle ©Auteur
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FIN
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