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EN MISSION À LA DÉCOUVERTE DES JOYAUX DU BASSIN DU CONGO

Le Bassin du Congo est l'immense cœur vert du continent africain. Très difficile d’accès, il y règne une extraordinaire richesse biologique, y compris des espèces emblématiques, comme le bonobo. Le WWFBelgique y est actif depuis des années pour les protéger. Toutefois, nous n’avons que très peu de données scientifiques sur cet endroit. C’est pourquoi notre partenaire BINCO (Biodiversity Inventory for Conservation) est parti y mener une enquête : 10 scientifiques ont travaillé pendant un mois à donner un aperçu de sa biodiversité actuelle. Les résultats sont prometteurs : ils ont enregistré 158 espèces d'oiseaux, 40 espèces d’amphibiens et de reptiles, 27 espèces de mammifères et bien d’autres espèces d'invertébrés. Ces résultats incluent plusieurs espèces potentiellement nouvelles pour la science ! Ils ont aussi détecté pour la première fois des bonobos dormant dans leur nid grâce à l'imagerie thermique par drone. Cette nouvelle technique pourra nous aider à avoir une vue plus précise de la population des bonobos. Découvrez-en plus : www.wwf.be/fr/binco-bonobos

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47 INITIATIVES LOCALES REÇOIVENT LE SOUTIEN DU WWF

Parce que la nature autour de nous a aussi besoin de notre aide, le WWF a créé le Fonds pour la nature d’ici. Ce fonds vise à soutenir des initiatives locales à petite échelle, portées par des associations et des habitant·es, qui ont un impact positif sur la nature en Belgique. En tout, 116 projets ont été déposés et soumis au vote d’un jury indépendant. Et les gagnants sont là : 47 projets à travers tout le pays vont bénéficier de 2 500 à 5 000 euros chacun. Les projets rivalisaient d’inventivité et de motivation : création de vergers collectifs et de potagers solidaires, plantation de haies et de mini forêts, installation de nichoirs pour les oiseaux et d’hôtels pour les insectes, restauration de mares ou encore nettoyage des berges de rivières… Elle sera belle, notre nature !

© ASBL L'ARBRE QUI POUSSE

EXPO « MAMMOUTH ! STEPPE BY STEPPE »

Les mammouths ont disparu depuis des milliers d'années, et pourtant ils jouent un rôle central dans notre imaginaire. Saviez-vous qu'un petit groupe de mammouths laineux a survécu jusqu'en 1 700 av. J.-C. sur une île au large de la côte sibérienne alors que le reste de l’espèce s'était éteinte depuis longtemps ? Visitez l’expo « Mammouth ! Steppe by Steppe » et apprenez tout sur le mammouth, à travers la science, l'histoire, la poésie et les contes. Quand : du 02/12/2021 au 01/05/2022. Où : à l’espace Muséal d’Andenne (EMA).

LE WWF DANS VOTRE TESTAMENT

Avez-vous déjà songé à votre succession ? En plus de vos proches, vous pouvez inclure la nature dans votre testament. Une manière concrète de donner un avenir aux espèces menacées et à leur milieu de vie. Les expert·es du WWF travaillent dans plus de 100 pays pour protéger nos plus précieux joyaux naturels. Chaque année, les legs en faveur du WWF contribuent de manière significative au financement de ces projets : sans l’engagement de nos testateurs et testatrices, nous ne pourrions pas mener à bien notre mission. Ensemble, faisons la différence ! En léguant une partie ou l’ensemble de vos biens au WWF, vous

transmettez aux générations futures une planète vivante.

COUPON-RÉPONSE :

 Je souhaite être contacté pour plus d’informations sur la manière d’inclure le WWF dans mon testament.  Le WWF figure déjà dans mon testament.  Je souhaite recevoir des informations sur les projets du WWF.

Désormais, vous pouvez également établir votre testament en ligne, gratuitement. Dans ce cadre, le WWF collabore avec des conseillers juridiques et des experts de Legacio. Plus d’info sur : wwf.be/testaments

 Mme  M. Prénom : ................................................. Nom : ............................................................................ Rue : ................................................................................................................................................. N° : ......................... Code postal :.........................................Localité : ............................................................................................................ Adresse e-mail :................................................................................................................................................................ N° de téléphone :...................................................................... Date de naissance : ................................................... À renvoyer à : Dominique Weyers • WWF-Belgique • Boulevard E. Jacqmain 90 • 1000 Bruxelles Dominique se fera également un plaisir de vous répondre par téléphone au 02 340 09 37 ou au 0476 58 07 42, ainsi que par e-mail à dominique.weyers@wwf.be.

Le WWF-Belgique (Boulevard E. Jacqmain 90, 1000 Bruxelles) fait traiter vos données par Black Tiger Belgium (Allée de la Recherche 65, 1070 Anderlecht), conformément à la législation applicable en matière de traitement des données personnelles : le RGPD (règlement général sur la protection des données). Nous nous engageons à n’utiliser vos données que pour les activités liées à ce formulaire. Vous pouvez toujours contrôler vos données et les faire modifier ou supprimer si nécessaire. Pour en savoir plus sur l’utilisation de vos données, surfez sur wwf.be/fr/vie-privee/. Nous pouvons également vous envoyer notre déclaration de confidentialité par la poste.

DOSSIER

Déforestation : cette nature précieuse qui ne s’appelle pas « forêt »

Nous avons fait campagne ensemble pour pousser l’Union européenne à garder la déforestation hors nos assiettes. Et elle nous a entendu ! À nous de nous assurer maintenant que la nature la plus précieuse soit efficacement protégée, même si elle ne s’appelle pas toujours « forêt ». Mangroves, tourbières, savanes : ces autres écosystèmes extrêmement précieux purifient notre eau et la stockent face aux sècheresses, captent le carbone avec brio et abritent une quantité d’espèces animales et végétales uniques tout en offrant des moyens de subsistances aux communautés locales et même en les protégeant des inondations. Partez à leur découverte…

Enfin une victoire pour les forêts

Grâce à vous, le 17 novembre 2021, la Commission européenne a (enfin !) présenté une nouvelle loi pour écarter la déforestation du marché européen. Cette loi cruciale devrait empêcher que la nature sauvage à l’autre bout de la planète ne soit détruite pour y cultiver des produits à destination des consommateurs européens.

VOTRE VOIX A ÉTÉ ENTENDUE

Cette proposition de loi répond à la demande de la campagne #Together4Forests que nous menons au WWF depuis plus d’un an. 1,2 million de citoyen·nes ont demandé une loi qui éliminerait la déforestation de leurs assiettes. Et vos voix ont été entendues ! Le texte comprend des éléments forts, tels que l'exigence que tous les produits entrant sur le marché de l'UE soient exempts de toute déforestation et de dégradation des forêts. De plus, la proposition prévoit des mesures fermes pour faire appliquer la législation dans l'ensemble de l'UE, notamment par le biais d’amendes proportionnelles aux dommages environnementaux causés. UNE LOI À L’IMPACT ÉNORME

Responsable de la conversion d’environ 5 millions d’hectares de forêts en terres agricoles par an entre 2005 et 2017, l’expansion de l’agriculture dans les régions tropicales reste la plus grande menace pour les forêts et les autres écosystèmes naturels. Or à elle seule, l’Union européenne est responsable de 16% de la déforestation liée au commerce international de matières premières (soja utilisé pour l’agriculture, l'huile de palme, bœuf, cacao, café…). Seule la Chine fait pire. Cette nouvelle proposition de loi aura donc un impact énorme.

DES LACUNES INQUIÉTANTES

Cependant, la loi proposée contient des lacunes qui réduisent les chances de l'UE de maintenir la destruction de la nature hors de son marché. Par exemple, les entreprises qui s'approvisionnent dans des pays « à faible risque » ne doivent pas vérifier si les produits qu’elles importent sont liés à la déforestation ou à la dégradation des forêts. Or des produits à haut risque peuvent également être expédiés via des pays à faible risque. Une autre lacune particulièrement grave est le fait de ne pas inclure les écosystèmes naturels non forestiers, comme les prairies et les savanes. La Commission propose en effet d'évaluer s'il faut les inclure après la première révision de la loi, deux ans après son entrée en vigueur. Or ce sera trop tard ! Ces écosystèmes disparaissent à un rythme alarmant. Ainsi en un peu plus d'un an, plus de 5 000 km² de terres ont été détruits dans la savane brésilienne du Cerrado. C'est près d’un quart de la superficie de la Wallonie.

RISQUE DE « FUITE »

Les écosystèmes non forestiers tels que les prairies, les savanes et les zones humides possèdent également une biodiversité extrêmement riche et fournissent des services vitaux aux populations locales (voir pages suivantes de ce dossier). Or si la législation de l'UE n'inclut que la protection des forêts, il est probable qu'une partie de la production agricole actuellement en expansion dans les forêts tropicales passera tôt ou tard aux écosystèmes naturels à l’entour. De plus, les topographies plates des savanes et leur végétation clairsemée augmentent leur facilité de conversion à l’agriculture et elles font désormais partie des écosystèmes les plus menacés au monde.

© STAFFAN WIDSTRAND / WWF LE CERRADO, ZONE SACRIFIÉE

Ce changement est déjà en train de se produire. Par exemple, lorsque l'Amazon Soy Moratorium a été adopté en 2006, il a contribué à une réduction spectaculaire de la destruction de la forêt Amazonienne brésilienne liée à la culture du soja. Mais en parallèle, la conversion à l’agriculture de la savane du Cerrado – qui est contiguë à la forêt amazonienne – a continué d'augmenter : de 7% entre 2003-2005 à 16% entre 2011-13. Le Cerrado est la savane la plus riche en biodiversité du monde et elle est devenue la « zone sacrifiée » du Brésil.

© ZIG KOCH / WWF

ET MAINTENANT ?

La réalité écologique est qu'il y a rarement des frontières distinctes entre un écosystème et un autre : il y a des zones de transition et des mosaïques complexes de végétation. Plutôt que de déplacer simplement la production des zones forestières vers d'autres écosystèmes naturels précieux, l'UE doit inclure dès maintenant dans le champ d'application de sa législation tous les écosystèmes naturels menacés par la culture de matières premières « à risques » (soja, cacao, bœuf, huile de palme...). Nous allons donc continuer à mener campagne auprès de la Commission européenne pour nous assurer que cette loi soit aussi ambitieuse que possible.

 Le Cerrado brésilien, qui couvre plus de 200 millions d’hectares de forêts sèches, de savanes boisées et arbustives, de forêtsgaleries et de prairies, est la savane la plus riche en biodiversité du monde.

Retrouvez ici comment agir avec nous pour augmenter l’ambition de cette loi cruciale : wwf.be/fr/together4forests

Des praires qui ne sont pas de simples gazons

Les prairies ont une immense importance écologique et elles sont cruciales dans la lutte contre le changement climatique. Elles abritent une biodiversité extrêmement riche et unique, tout en séquestrant du carbone profondément dans le sol, filtrant notre eau et purifiant notre air.

Prairies, savanes, llanos, paramos, veld, pampas, pâturages, campos – la variété des noms des écosystèmes dominés par les herbes est un signe de leur diversité. Les prairies et les savanes font en effet parties des écosystèmes les plus riches et les plus diversifiés au monde. Ces écosystèmes ont évolué sur des millions d'années et ils ont été façonnés par le refroidissement progressif du climat mondial, les feux de forêt saisonniers, le gel ou encore l'émergence des grands herbivores. La coexistence entre la faune et les herbes (graminées) est la clé de ces écosystèmes : sa flore peut se régénérer tout en étant broutée par les animaux. Cela rend ces écosystèmes très précieux pour toutes sortes d'animaux sauvages, mais aussi pour les humains et leurs troupeaux.

UNE MULTITUDE DE SERVICES

Les prairies et les savanes abritent également plus d'un milliard de personnes dans le monde, à qui elles apportent des services écosystémiques essentiels. Le pâturage du bétail a fourni des moyens de subsistance durables aux communautés locales tout au long de l'histoire de l'humanité. Et dans la savane brésilienne du Cerrado par exemple, l'écotourisme et la cueillette de fruits sauvages - dont certains sont commercialisés à travers le monde sous le nom de « superfood » - sont des sources de revenus importantes pour les communautés locales. En plus de leur fournir de la nourriture, de l'eau, des médicaments et du carburant, les prairies et les savanes ont également une importance culturelle et spirituelle pour des

LE WWF EN ACTION

Dans les Grandes Plaines des États-Unis, le WWF s’associe aux éleveurs depuis 2011 à travers la Sustainable Ranching Initiative. Nous travaillons ensemble dans le but de protéger et de restaurer les prairies des Grandes Plaines et d’en améliorer la gestion. Notre action initiale se concentre sur le centre-nord du Montana, le nord-ouest du Dakota du Sud et les dunes du Nebraska, des zones où la diversité des espèces est particulièrement grande et les prairies les plus intactes.

millions de personnes à travers l’Afrique, l’Asie, l’Australie et les Amériques du Nord et du Sud.

Et les services fournis par ces écosystèmes s'étendent bien au-delà des communautés qui y vivent : la savane du Cerrado est ainsi à l'origine de 8 des 12 bassins versants du Brésil, ce qui signifie que les citoyen·nes des grandes villes brésiliennes dépendent directement de la santé du Cerrado pour la quantité et la qualité de l'eau qu'ils consomment.

DES STOCKS DE CARBONE RÉSILIENTS

En parallèle, les prairies, les savanes et les zones boisées qui y sont associées stockent à peu près la même quantité de carbone que les écosystèmes forestiers. Au total, les prairies et les savanes stockent jusqu'à 30% du carbone terrestre total. De plus, les écosystèmes des prairies sont souvent des réserves de carbone plus stables que les forêts, car ils en stockent la grande majorité sous terre, ce qui signifie qu'ils sont moins vulnérables que les forêts face aux sécheresses et aux incendies.

© BECCA SKINNER / WWF QUELLES MENACES POUR LES PRAIRIES ?

La riche biodiversité des prairies et des savanes est gravement menacée. Le principal moteur de sa destruction est la conversion pour y cultiver des produits agricoles, et la production de soja et de bétail sont tout particulièrement pointées du doigt. Le brûlage répété des prairies et le surpâturage font des prairies et des savanes l'un des écosystèmes les plus menacés de la planète. Et malgré leur importance écologique et climatique, elles bénéficient de très faibles niveaux de protection : seulement 8% des prairies sont protégées. À l’échelle mondiale, nous avons déjà perdu la moitié des prairies et des savanes.

UNE BIODIVERSITÉ EXCEPTIONNELLE

Quelques habitants des prairies et savanes…

Les prairies et les savanes abritent aussi une incroyable biodiversité. Elles accueillent une flore et une faune extrêmement riches et distinctes, y compris les derniers grands troupeaux d'animaux sauvages menacés ou en voie de disparition, mais aussi des oiseaux et des insectes uniques, ainsi que des milliers d'espèces végétales qui n’existent nulle part ailleurs. Par exemple, les Grandes Plaines des États-Unis et du Canada abritent des dizaines de millions d'oiseaux des prairies, des bisons, des wapitis, des antilopes d'Amérique, des cerfs et leurs prédateurs. De même, la région d'Orinoquía en Colombie abrite 318 espèces de mammifères, ce qui représente 69% de toutes les espèces de mammifères de Colombie. On estime même que la richesse des espèces de mammifères, d’oiseaux et d’amphibiens dans les prairies tropicales et les savanes est comparable à celle observée dans les forêts tropicales.

Bisons des plaines (États-Unis)

Rhinocéros noir (Tanzanie)

Eléphant de savane d’Afrique (Botswana) Magazine - ÉDITION D’HIVER 2021-2022 11

Mystérieuses tourbières, alliées du climat

Composées d'espèces végétales particulièrement bien adaptées et abritant une faune rare, les tourbières sont des zones humides naturelles d'une grande valeur pour la biodiversité, la régulation du climat et le bien-être humain. Elles ont notamment une capacité de stockage de carbone exceptionnelle et une importance cruciale dans la régulation de l'eau.

1⁄3 Bien qu'elles couvrent moins de 3% de la surface de la Terre, les tourbières stockent un tiers du carbone total du sol mondial.

Les sols tourbeux sont des zones humides particulières qui ont été formées par l'accumulation pendant des siècles ou des millénaires de résidus végétaux partiellement décomposés, dans un environnement toujours gorgé d'eau. On les retrouve dans plus de 180 pays, des zones subpolaires aux zones boréales et tropicales. La plus grande partie des zones tourbeuses se trouve dans les régions climatiques froides où la décomposition est plus lente, mais des dépôts se trouvent également sous les tropiques. Les tourbières peuvent être naturellement boisées, comme c'est fréquemment le cas en Asie du Sud-Est, ou naturellement ouvertes et moussues, comme c'est souvent le cas en Amérique latine. On les rencontre dans les vallées fluviales, autour des lacs, le long des bords de mer, dans les hautes montagnes et même dans les cratères des volcans. On trouve aussi des zones tourbeuses dans nos Hautes Fagnes ! UN RÉSERVOIR DE CARBONE HORS DU COMMUN

Les tourbières sont l'écosystème terrestre le plus dense en carbone au monde, elles contiennent environ 1 375 tonnes de carbone par hectare et stockent donc deux fois plus de carbone par hectare que les forêts. Bien qu'elles couvrent moins de 3% de la surface de la Terre, elles stockent un tiers du carbone total du sol mondial.

Les tourbières sont également très importantes pour le stockage de l'eau à long terme à l’échelle mondiale. Elles sont constituées d'environ 90% d'eau et agissent comme de vastes réservoirs d'eau. Les tourbières contiennent ainsi 10% des réserves mondiales d'eau douce et elles jouent un rôle important pour l'approvisionnement en eau potable des communautés locales et pour l'irrigation agricole des bassins versants, y compris dans les régions plus sèches où les tourbières fournissent de l’eau en quantité limitée mais constante.

DES RESSOURCES PRÉCIEUSES

Les tourbières soutiennent la santé et le bien-être des humains depuis des milliers d'années et elles assurent la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de nombreuses communautés. Les forêts de tourbe tropicales produisent certains des bois tropicaux les plus précieux et sont particulièrement importantes pour les économies indonésienne et malaisienne. Les tourbières vierges des régions boréales et tempérées sont une source de baies, de champignons et de plantes médicinales. Dans de nombreuses régions, notamment en Indonésie, la pêche dans les bassins versants des tourbières est la principale source de revenus des communautés locales. Dans les tourbières de la Cuvette Centrale en République du Congo et en République démocratique du Congo, les communautés dépendent également des ressources des tourbières pour leur subsistance, que ce soit via la pêche ou la culture à petite échelle de manioc et de bananes.

UNE BIODIVERSITÉ MYSTÉRIEUSE

Souvent inaccessible, la biodiversité de la plupart des tourbières reste encore mal connue. Les tourbières tropicales abritent un large éventail d'espèces tropicales uniques, menacées ou endémiques, y compris cinq des six espèces de grands singes. Les espèces qui y vivent - animales comme végétales - se sont particulièrement bien adaptées aux conditions spéciales de ces écosystèmes, ce qui les rend souvent uniques au monde.

© WWF-INDONESIA

Quelques habitants des tourbières...

© DYLAN DELVAUX

Tétra lyre (Belgique)

© ALAIN COMPOST / WWF

Tapir de Malaisie (Indonésie)

© SHUTTERSTOCK

Ours brun (Finlande)

© K. RÜHLAND

QUELLES MENACES POUR LES TOURBIÈRES ?

Conversion à l'agriculture, foresterie, développement des infrastructures... On estime qu'au moins 15% des tourbières ont été détruites ou dégradées. La quantité de tourbières drainées augmente en particulier en Asie du Sud-Est, notamment pour y cultiver des palmiers à huile. Et une fois asséchée, la tourbière est vulnérable aux incendies étendus et prolongés. La faible teneur en oxygène des tourbières entraîne une combustion partielle et des charges élevées de particules, contribuant de manière disproportionnée à la pollution de l'air. On estime ainsi que les émissions actuelles de gaz à effet de serre provenant des tourbières asséchées ou en feu représentent jusqu'à 5% de toutes les émissions de l'activité humaine, soit environ le double des émissions de l'aviation mondiale et deux fois plus que les émissions de CO2 dues aux incendies dans la forêt amazonienne.

LE WWF EN ACTION

Au nord du Canada, le « Cercle de feu », situé en amont du territoire traditionnel des sept Premières Nations qui forment le Conseil Mushkegowuk, est truffé de tourbières d’une densité incroyable. Le WWF soutient le Conseil Mushkegowuk dans son appel à un moratoire sur le développement minier de cette région précieuse. Nous travaillons ensemble à mesurer la quantité de carbone emmagasinée dans ces tourbières et à déterminer les mesures nécessaires pour en assurer la gestion à long terme.

Mangroves : incomparables refuge de vie

Étranges forêts entre terre et mer, les mangroves sont des écosystèmes incroyablement riches. Bordant les littoraux tropicaux, leurs arbres aux racines distinctives qui dépassent de l’eau abritent une biodiversité unique. Elles offrent également une défense très efficace contre les effets du changement climatique.

Les forêts de mangroves se retrouvent sur des rivages tropicaux et subtropicaux abrités, le long des côtes d'Afrique, d'Asie, d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale. Dans la zone située à la limite entre les écosystèmes marins, terrestres et côtiers, les mangroves s’épanouissent dans des sols boueux, gorgés d'eau salée et pauvres en oxygène. 60 espèces distinctes d’arbres y vivent, des espèces qui se sont très bien adaptées à cet habitat spécifique. Les palétuviers, remarquables par leurs « racines-échasses » émergées à moitié hors de l’eau, sont l’arbre phare des mangroves. Leurs racines aériennes absorbent l'oxygène de l'air tandis que leurs feuilles excrètent l'excès de sel. Bien qu’elles puissent être considérées comme un sous-ensemble de forêts, les mangroves ont des caractéristiques uniques et subissent des menaces spécifiques. UN ABRI POUR DE NOMBREUSES ESPÈCES MENACÉES

Les mangroves abritent une très grande biodiversité et des communautés écologiques uniques. Situées à l'interface entre les écosystèmes terrestres et marins, les mangroves offrent un large éventail d'habitats et abritent une grande diversité de plantes et d'espèces animales terrestres, estuariennes et marines. Elles abritent des espèces adaptées aux eaux salées et d'autres qui ont évolué en s'adaptant à ces sols instables, pauvres en oxygène et aux marées d’eau salées. Ces espèces sont uniques aux écosystèmes de mangroves.

Les forêts de mangroves offrent également un abri essentiel pour les nurseries de jeunes poissons et d'autres espèces marines, ainsi que des sites de nidification et d'escale clés pour les oiseaux migrateurs. À l'échelle mondiale, les mangroves abritent plus de 340 espèces menacées au niveau international, dont la tortue imbriquée, le tigre du Bengale et plusieurs espèces d'oiseaux aquatiques. Elles sont aussi essentielles à l'existence et à la santé des habitats adjacents, comme les récifs de corail ou les herbiers marins (sortes de prairies sous-marines). Les mangroves contrôlent en effet les flux de nutriments et de sédiments qui y parviennent et elles protègent par ailleurs les espèces côtières des dommages causés par les tempêtes et les inondations.

Les mangroves constituent par ailleurs une source essentielle de nourriture (poissons, fruits, herbes médicinales…), de matériaux de construction et de bois de chauffage pour les populations locales, en particulier dans les zones côtières rurales où les taux de pauvreté sont élevés. Elles sont aussi une source de revenus via la pêche et le tourisme.

UNE ALLIÉE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le potentiel total de stockage de carbone des mangroves est considérable : il est environ 50% supérieur à celui des forêts tropicales humides (470 tonnes C/ha contre 320 tonnes C/ha). La majorité du carbone est contenue dans leurs sols gorgés d'eau, où il peut rester stocké pendant des siècles. Les forêts de mangrove stockent actuellement plus de 21 gigatonnes de CO2 à travers le monde. De plus, les mangroves jouent un rôle précieux dans la protection des côtes. Les forêts denses de mangrove atténuent considérablement la puissance des vagues, protégeant ainsi les communautés côtières des tempêtes et de l'érosion. Ce service écosystémique devient d’autant plus crucial que l'élévation du niveau de la mer rend les côtes de plus en plus vulnérables. La protection contre les inondations et l'érosion fournie par les forêts de mangroves saines est ainsi évaluée à plusieurs millions de dollars par an.

Quelques habitants des mangroves...

Tigre du Bengale (Inde)

Tortue imbriquée (Indonésie)

Otarie des Galápagos (Équateur)

QUELLES MENACES POUR LES MANGROVES ?

Les forêts de mangrove déclinent à un rythme extrêmement rapide dans le monde entier. Environ 1 à 2% sont perdues chaque année - un taux égal ou supérieur au déclin des récifs coralliens et des forêts tropicales. Au total, environ 35% des mangroves ont disparu au cours des 20 dernières années. Et le défrichement des mangroves libère 24 millions de tonnes de CO2 chaque année, soit l'équivalent d'environ 5 millions de véhicules de tourisme conduits pendant un an. Les pertes sont particulièrement importantes en Asie du SudEst, où se trouvent un tiers des mangroves du monde. Leur destruction est principalement liée à la conversion pour la culture de riz, de crevettes et d'huile de palme. En parallèle, l'urbanisation côtière et l'extraction minière et pétrolière sont également des menaces importantes.

© GERMUND SELLGREN / WWF-SWEDEN

LE WWF EN ACTION

À l’ouest de l’île de Madagascar, les mangroves de la région du Manambolo sont d’une importance cruciale pour les populations locales. Le WWF mène un vaste projet de préservation et de restauration de ces mangroves, en identifiant les zones prioritaires, en mobilisant les communautés locales et en mettant en place un système de suivi environnemental participatif.

© SHUTTERSTOCK SUR LE TERRAIN

Un havre pour la Loutre en Wallonie

Le long de la rivière de la Semois, au cœur des Ardennes, où l’eau est pure et la nature un peu plus sauvage, les loutres pourraient trouver l’écrin de nature parfait pour s’épanouir. À nous de faciliter leur retour.

POURQUOI TRAVAILLER AU RETOUR DE LA LOUTRE ?

La loutre est une espèce « parapluie » : elle a besoin d’un grand territoire - 20 à 40 km de rivière -, mais aussi d’une eau très pure et, en tant que prédateur, d’une abondance de proies (poissons, amphibiens…). En s’appliquant à créer les conditions idéales pour son retour, on restaure donc automatiquement l’habitat de bien d’autres espèces, végétales comme animales. Parmi les gagnants ? La cigogne noire, le martin pêcheur, le cincle plongeur, différentes espèces de poissons, de libellules, de plantes indigènes et même le chat sauvage, qui profite des paysages plus végétalisés… À LA RECHERCHE D’UN TERRITOIRE

Le bassin de la rivière de la Semois, situé tout au sud du pays, est en assez bon état écologique et présente donc un bon potentiel pour accueillir des populations florissantes de loutres. Les experts s’accordent d’ailleurs à dire que les loutres n’ont jamais complètement disparu de la vallée de la Semois, bien qu’elles s’y fassent aujourd’hui très rares. Toutefois d’autres individus pourraient les rejoindre, en provenance des populations néerlandaise ou allemande qui sont en croissance. En effet, un jeune individu peut parcourir plus de 150 km à la recherche d’un nouveau territoire ! L’arrivée de loutres depuis ces pays accroitrait la diversité génétique - et donc la santé - de la population belge.

DES BERGES DOUCES ET ACCUEILLANTES

Sur ses 198 km de rivière, la Semois pourrait toutefois être plus accueillante. Le WWF et ses partenaires travaillent donc à en faire un véritable paradis. Une première étape est de s’assurer que la loutre dispose d’assez de cachettes, dans des berges assez larges, naturelles et bien végétalisées. Cela veut par exemple dire replanter des espèces indigènes telles que des aubépines, et laisser naturellement s’installer des ronciers. Il est aussi parfois nécessaire d’arracher certaines espèces exotiques envahissantes qui disparaissent en hiver (comme la balsamine de l’Himalaya), rendant les rives dénudées de végétation aux premiers froids. Il est également important d’assurer la continuité de l’habitat de la loutre : par exemple en restaurant des passages végétalisés entre des zones naturelles fragmentées (routes, habitations, cultures intensives...). Dans les années à venir, nous allons aussi creuser des mares le long des cours d’eau, car les amphibiens sont une source de nourriture importante pour la loutre au printemps, et ces marres bénéficient à de nombreuses autres espèces : libellules, oiseaux, plantes...

UNE EAU PURE ET POISSONNEUSE

Par ailleurs, bien que la qualité de l'eau en Belgique se soit améliorée ces dernières années, nous restons parmi les mauvais élèves de la classe européenne. La loutre étant au sommet de la chaine alimentaire, elle peut accumuler des polluants (perturbateurs endocriniens, métaux lourds) qui ont été ingérés par les poissons qu’elle chasse. Notre partenaire le Contrat rivière Semois-Chiers travaille donc à améliorer la qualité biologique des cours d’eau du bassin de la Semois : éviter les rejets des eaux usées, limiter les écoulements d’azote et de phosphate issus de l’agriculture... En parallèle, la loutre a besoin d’une eau très riche en poissons. Nous améliorons donc les conditions pour permettre aux poissons se reproduire en végétalisant les berges et en restaurant les frayères (lieux où les poissons déposent leurs œufs). Mais certains poissons comme la truite fario ont besoin de remonter les petits cours d’eau afin d’aller s’y reproduire dans une eau plus oxygénée : nous travaillons alors à enlever les obstacles qui leur barrent le chemin, ce qui bénéficie aussi à la continuité écologique de toute la rivière.

© ALKA WILDLIFE

© YVES ADAMS / VILDA PHOTO

CARTE D’IDENTITÉ DE LA LOUTRE

Nom : Lutra lutra Famille : mustélidés

Longueur : tête et corps : 50 à 95 cm. Longueur de la queue : 25 à 55 cm Poids : 8 à 12 kg Nourriture préférée : poissons (mais aussi amphibiens, crabes d’eau douce…)

Durée de vie : 3 à 4 ans (dans la nature)

Le saviez-vous ? Lorsque la loutre plonge sous l'eau, ses yeux restent ouverts tandis que ses narines et ses oreilles se ferment automatiquement. Lorsque l'eau est trouble, elle utilise ses vibrisses (moustaches et sourcils) pour se repérer, qui sont sensibles aux vibrations de l’eau.

VIADUC, AQUEDUC, « LOUTRODUC » ?

Enfin, des obstacles de taille pour la loutre sont les ponts routiers. En effet la loutre n’ose pas passer sous un pont à la nage. Elle risque alors sa vie en traversant pardessus, au niveau de la route. On estime ainsi que 28% de la population néerlandaise de loutres meurt écrasée chaque année dû à ce problème. Mais il existe bien une solution : le « loutroduc ». Il s’agit d’installer des berges artificielles en dessous du pont, afin que la loutre puisse passer à pied et au sec, mais tout en restant bien à l’abri sous le pont. Et ces passages profitent aussi à de nombreux autres animaux : hermines, fouines, écureuils, renards...

Nos partenaires :

LES LOUTRES S’ÉPANOUISSENT AUSSI EN FLANDRE

En 2012, une loutre a été photographiée en Flandre. Une première depuis de nombreuses années, car l’espèce y avait disparu ! Depuis lors, nous y trouvons de plus en plus de preuves et d’images de la loutre, notamment dans le bassin de l’Escaut. Le WWF travaille également à rendre ce territoire encore plus accueillant pour l’espèce.

FOCUS

COP26 : les promesses climatiques doivent être tenues

La 26e conférence des parties des Nations unies (COP26) s'est tenue à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021. On y note des progrès, notamment grâce aux mobilisations de la société civile : l'espoir de maintenir le réchauffement global à 1,5°C n'a pas disparu. Mais les déclarations doivent pour cela se transformer en actions concrètes.

Six ans après l’Accord de Paris, la communauté internationale s’était

© TOMMY GA-KEN WAN / WWF-UK

49e L’Indice de Performance Climatique évalue 60 pays qui sont responsables ensemble de 92% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En passant de la 40e place à la 49e place en un an, la Belgique se retrouve loin derrière la moyenne européenne, ou même des pays tels que la Chine ou l'Inde.

réunie pour renforcer la lutte contre le changement climatique et évaluer ce qui a été réalisé ou non depuis la signature de cet accord. La COP26 s’est achevée avec des décisions faibles dans un certain nombre de domaines importants, notamment l’adaptation au changement climatique, les pertes et dommages qu’il engendre et le financement climatique. Il existe toutefois des points positifs importants dans l’accord qui a été adopté, points qui permetteront aux pays d’augmenter leur ambition climatique à court terme et de mettre en œuvre des politiques climatiques contraignantes. Une victoire concerne également le maintien de l’objectif de réduire de moitié les émissions d’ici à 2030 et de garder le réchauffement global en dessous de 1,5°C. Rappelons toutefois que malgré les progrès accomplis, les plans actuels nous mènent toujours vers un réchauffement global de plus de 2 degrés. L’heure est donc à l’action : il est essentiel que les contributions climatiques nationales soient considérablement renforcées d’ici à la prochaine COP, qui se tiendra à Sharm ElCheikh, en Egypte, en 2022.

COMBUSTIBLES FOSSILES

En parallèle, cette COP26 signe la première mention officielle du rôle du charbon dans le changement climatique, même si le texte final ne parle malheureusement que d’un objectif de « diminution du charbon », et non de « sortie du charbon ». Or la crise climatique ne pourra être résolue qu’avec une décarbonisation profonde dans tous les secteurs, en complément à des actions concrètes pour arrêter la perte de nature et la restaurer à grande échelle. LE RÔLE ESSENTIEL DE LA NATURE RECONNU

Dans ce cadre, il est important de souligner que le texte final reconnaît enfin le rôle essentiel de la nature dans la réalisation de l'objectif de 1,5 °C, et encourage les gouvernements à intégrer la nature dans leurs plans climatiques nationaux. Toutefois le concept de « solutions basées sur la nature » (voir encadré) a malheureusement été retiré du texte final à Glasgow : il est essentiel qu’il soit repris lors de la COP27.

LES DEUX VISAGES DE LA BELGIQUE

D’une part la délégation belge a joué un rôle constructif dans les négociations, et la Belgique a signé un certain nombre de déclarations importantes. Cependant, l'absence d'accord intra-belge sur la répartition des efforts climatiques continue de nuire à la crédibilité de la Belgique. De plus, la Belgique n'a pas été en mesure de s’engager sur le financement climat international et n'a pas rejoint la High Ambition Coalition. La Coalition Climat demande donc à toutes les parties concernées, et particulièrement à la Région flamande, d'intensifier leur action. Ils doivent rapidement parvenir à un accord solide sur la répartition des efforts et confirmer ainsi la contribution belge aux objectifs climatiques européens.

1,5°C ENCORE ATTEIGNABLE

Bien que le pacte final qui ressort de la COP26 n’apporte pas l’accélération radicale de l’action climatique dont nous avions besoin, nous avançons dans la bonne direction : maintenir le réchauffement global de la planète en-dessous d’1,5°C est toujours possible. Mais la fenêtre se referme rapidement.

QU’EST-CE QU’UNE SOLUTION FONDÉE SUR LA NATURE ?

Face au changement climatique, les « solutions fondées sur la nature » proposent d’identifier des écosystèmes qui répondent naturellement à ces défis, et de les conserver, de les gérer durablement ou de les restaurer. Le résultat bénéficiant à la fois au bien-être humain et à la biodiversité. Par exemple la restauration d’une forêt avoisinant une ville peut contribuer à son approvisionnement en eau, mais aussi absorber du CO2, tout en protégeant la ville des inondations en captant l’eau des fortes pluies. Et une forêt gérée durablement bénéficie également à la biodiversité qu’elle renferme.

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