Mon enfant ne veut plus aller à l'école

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Psychologie

Mon enfant ne veut plus aller à l’école

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ous les enfants se plaignent un jour ou l’autre de devoir aller à l’école. Mais ce ras-le-bol passager bien normal prend chez certains élèves une tournure plus grave. Quand l’école devient une véritable source d’anxiété, que l’enfant est en souffrance psychique et développe des maux physiques, on parle alors de phobie scolaire. Un trouble bien réel qui empêche certains d’aller en classe.

Propos recueillis par Nathalie BOTTOLLIER/Contenu & Cie Avec Caroline Cusin-Morlet, psychologue à la Clinique Belmont à Genève

La phobie scolaire toucherait entre 1 et 5 % des élèves en Suisse. Elle concerne autant les filles que les garçons et peut apparaître vers 7 ou 8 ans aussi bien qu’à l’adolescence. Elle se caractérise par des troubles anxieux à la simple idée de devoir aller à l’école et est à distinguer de l’angoisse de séparation qu’on observe chez les élèves de classe enfantine. Cause d’absentéisme, la phobie scolaire peut devenir très handicapante, certains jeunes devant même être déscolarisés, avec toutes les conséquences que cela implique. «Parents comme professeurs y sont de plus en plus sensibilisés, explique la psychologue genevoise Caroline Cusin-Morlet. Le sujet n’est plus tabou, mais il est difficile d’avoir des chiffres, d’autant plus que chaque cas est unique.»

Une angoisse ingérable «Chaque élève a ses propres raisons d’avoir peur de l’école, mais certains facteurs communs sont observés couramment», détaille Caroline Cusin-Morlet. La spécialiste évoque ainsi trois types principaux d’anxiété: celle de séparation, celle sociale, et celle de performance. Un contexte familial anxiogène peut

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en effet conduire l’enfant à redouter la séparation, suite par exemple à un événement traumatisant comme un deuil. Il a donc besoin d’être auprès des siens pour être rassuré. Quand l’école en tant que lieu social devient source d’angoisse, l’enfant ne redoute pas l’apprentissage en lui-même, mais plutôt les relations avec les professeurs ou les autres élèves. «L’anxiété de performance est aussi très répandue, même si c’est bien souvent l’élève qui se met luimême la pression alors que les parents sont contents de son travail, témoigne la psychologue. L’angoisse de la mauvaise note peut tourner au cauchemar chez certains.»

Caroline Cusin-Morlet Caroline Cusin-Morlet est psychologue, diplômée en thérapie comportementale et cognitive. Elle travaille essentiellement avec des enfants et des adolescents. Elle exerce à la Clinique Belmont à Genève depuis 2013, où elle traite quelques cas de phobie scolaire par an.


Agir rapidement

Traiter l’anxiété

S’il faut que les parents soient vigilants et repèrent certains signes, le diagnostic doit toujours être posé par un professionnel, psychologue ou psychiatre. La phobie scolaire peut en effet cacher un mal-être plus profond. «Il faut agir rapidement pour prendre en charge l’élève et sa famille, qui, elle aussi, peut être perturbée et déstabilisée face aux problèmes de l’enfant, précise Caroline Cusin-Morlet. Les parents ne savent souvent pas comment réagir, entre compréhension et fermeté, et c’est bien normal. Il faut avant tout les déculpabiliser, car ils font de leur mieux et il n’existe pas de recettes miracles face à la phobie scolaire.» La thérapie se fera de manière personna­ lisée, toujours en concertation avec l’école et les professeurs pour comprendre comment l’enfant se comporte dans le cadre scolaire.

«Le traitement aidera l’enfant à gérer son anxiété et à reprendre l’école graduellement s’il a dû être déscolarisé, car l’absentéisme n’est jamais la solution, et l’école par correspondance ne doit être envisagée qu’en dernier recours, insiste Caroline Cusin-Morlet. On peut comprendre que les parents acceptent provisoirement que l’enfant n’aille pas à l’école pour qu’il se sente mieux. Mais plus il attend pour y retourner, plus cela sera difficile pour lui, car plus il aura peur.» Il faut au contraire que l’enfant se confronte à sa peur, tout en étant accompagné sur le plan thérapeutique pour y parvenir le moins douloureusement possible, même s’il y a bien sûr des cas extrêmes où toute scolarité est impossible. Il faut en moyenne de six mois à un an pour traiter la phobie scolaire, parfois plus. Un long parcours où l’enfant aura besoin du soutien de sa famille et des professeurs.

Maux de ventre ou de tête, nausées, diarrhées, vomissements, insomnie chronique, douleurs articulaires: ces troubles somatiques, mais bien réels, sont couramment liés à la phobie scolaire. Provoqués par l’anxiété, ces signes disparaissent si l’on supprime la source de l’angoisse, c’est-à-dire si l’enfant ou l’adolescent ne doit plus aller à l’école, comme lors des week-ends ou des vacances. Même s’ils peuvent sembler bénins, ces symptômes physiques doivent être pris au sérieux, surtout lorsque l’enfant exprime également verbalement son rejet de l’école. Il est en effet important de comprendre que l’enfant ne simule pas et souffre réellement. Certains jeunes peuvent avoir des crises de panique avec des sueurs froides, le cœur qui bat de plus en plus vite, plus rarement des évanouissements ou des troubles cardiaques dans certains cas les plus extrêmes. Caroline Cusin-Morlet conseille de toujours consulter le pédiatre ou le médecin de famille pour soigner ces pathologies et s’assurer par ailleurs qu’elles n’ont pas d’autres causes. La phobie scolaire peut également s’accompagner d’états dépressifs, voire de dépression profonde avec pensées suicidaires, automutilation ou scarification. C’est une des conséquences possibles dans les cas les plus graves, quand l’anxiété liée à l’école devient trop lourde à porter, que l’élève se sent différent, pas capable de faire comme les autres, et qu’il a une mauvaise estime de lui-même. Il n’arrive plus à faire face seul et tombe dans la dépression. D’où l’importance de traiter la phobie scolaire le plus tôt possible et de consulter un professionnel, car «plus la prise en charge thérapeutique est précoce, meilleurs sont les résultats», selon la psychologue Caroline Cusin-Morlet. Cela évitera ainsi à l’enfant de subir, impuissant, une situation qui ne va que s’empirer s’il ne reçoit pas l’aide dont il a besoin. Pour résumer, selon la description faite par le Dr Apley en 1958, le problème des douleurs abdominales récurrentes de l’enfant d’âge scolaire reste mal compris

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Douleurs abdominales : des problèmes physiques bien réels

en raison de la multitude de facteurs impliqués. Les symptômes sont souvent vagues et les examens ne révèlent généralement pas de maladie sous-jacente. Une hypothèse est qu’il existe une anomalie du système nerveux de l’intestin appelée «hyperalgésie viscérale». C’est un abaissement du seuil de douleur en réponse à des modifications intestinales liées à une inflammation. L’environnement psychologique et familial semble également jouer un rôle important.

Une maman témoigne « Mon fils de 8 ans est pourtant bon élève, mais il va en cours à reculons, me répétant qu’il n’aime pas l’école. Il n’arrive pas à s’endormir, puis n’arrive pas à se lever le matin pour aller à l’école. Il menace de se suicider ou parle de faire exploser sa classe. Les bagarres entre copains se multiplient. La maîtresse a même dû m’appeler plusieurs fois parce qu’il refusait de rentrer en classe après la récréation, et j’ai dû venir le chercher ou négocier avec lui pour qu’il reprenne les cours. D’autres fois, il a refusé de chanter devant ses camardes ou de faire des tests. Heureusement, la maîtresse a été patiente et compréhensive, cherchant à chaque fois des compromis pour ne pas envenimer la situation. Elle lui a ainsi proposé de chanter seul ou de passer ses tests dans une autre classe. Mais c’est stigmatisant, car les autres élèves se moquent ensuite de lui. Les devoirs à la maison sont également une torture. En tant que maman, je suis désemparée et ne sais plus quoi faire ! »

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