Changements climatiques et santé des Autochtones du Canada

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Salubrité et sécurité des aliments L’insécurité alimentaire est un problème de santé publique urgent au Canada (Tarasuk et coll., 2014), en particulier pour les peuples autochtones des régions géographiquement éloignées où les taux de pauvreté sont élevés (Loring et Gerlach, 2015; Bhawra et coll., 2017; Human Rights Watch, 2020). De nombreuses collectivités éloignées du Nord dépendent pour leurs besoins nutritionnels des aliments traditionnels ou prélevés dans la nature (Earle, 2011). Par exemple, les données de Statistique Canada indiquent que 65 % des Inuits, 35 % des Métis et 33 % des membres des Premières Nations vivant hors réserve ont chassé, pêché ou piégé en 2017, tandis que 30 % des membres des Premières Nations vivant hors réserve et 47 % des Inuits ont récolté des plantes sauvages ou des baies16 (Kumar et coll., 2019). Les aliments traditionnels ou prélevés dans la nature ont une grande valeur nutritive et offrent un certain

nombre d’avantages sur le plan de la santé physique et mentale (Bunce, 2015; Bunce et coll., 2016; Cyre et Slater, 2019). La récolte d’aliments traditionnels ou prélevés dans la nature favorise l’activité physique, contribue à la cohésion sociale par le partage des aliments, facilite le renouveau spirituel et l’expression culturelle, et joue un rôle dans le développement de l’autonomie personnelle et communautaire et de la souveraineté alimentaire (Receveur et Kuhnlein, 1998; Earle, 2011; Cidro et coll., 2015; Hirsch et coll., 2016). Les changements climatiques ont un effet sur la taille, la répartition, la santé et les comportements des animaux sauvages, du poisson, de la volaille et d’autres sources traditionnelles d’alimentation qui, à leur tour, nuisent à la récolte et au partage avec la famille, les Aînés et d’autres membres de la collectivité (Organ et coll., 2014; Statham et coll., 2015; Archer, 2016; Spring et coll., 2018). Ces impacts peuvent être à la fois positifs et négatifs pour le renforcement de la sécurité alimentaire. Le

réchauffement des températures a introduit de nouvelles espèces fauniques et végétales, a permis à certaines espèces de prospérer et a allongé les saisons de croissance, de sorte que les collectivités du Nord peuvent cultiver plus facilement leurs propres aliments (Sheedy, 2018). Cependant, le réchauffement climatique a modifié le moment des périodes de récolte, les écosystèmes et les habitats de manière à nuire à la reproduction des espèces, ce qui a entraîné le déclin ou la disparition d’espèces particulières qui constituent des moyens de subsistance traditionnels. Des recherches considérables ont déjà été entreprises sur divers aspects de la sécurité alimentaire des populations autochtones liés au climat, en particulier des études évaluant la disponibilité de sources alimentaires traditionnellement importantes. Par exemple, de nombreuses Premières Nations s’inquiétaient du nombre décroissant de certaines espèces de poisson, de mollusques et crustacés et d’oies; de la disponibilité et de la

Les auteurs ne fournissent aucune donnée sur la proportion de Métis qui ont récolté des plantes sauvages ou des baies, sauf pour dire que cette proportion est demeurée relativement inchangée par rapport à l’Enquête auprès des peuples autochtones précédente.

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