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SECTION V : CONCLUSION

l’autodétermination ont amélioré la prestation des soins de santé dans les communautés autochtones, les efforts déployés pour les établir n’ont pas encore suffi à combler l’écart entre les disparités en matière de santé entre les populations autochtones et non autochtones (Kelly, 2011). Cela est dû, en partie, aux problèmes structurels plus profonds auxquels les communautés autochtones sont confrontées et à leur manque de contrôle sur les principaux déterminants de la santé, tels que l’accès à la nourriture, à l’eau et au logement (Levesque, 2017). L’autodétermination en matière de programmes et de services de santé a permis d’améliorer l’accès aux services de santé et de prévention pour les populations et les communautés autochtones, ainsi que certaines améliorations prometteuses sur le plan des résultats de santé, notamment une diminution des taux d’hospitalisation pour des maladies qui peuvent être traitées à l’échelon communautaire, une amélioration de la santé mentale et une réduction des otites moyennes, entre autres (APN, 2017; Sabbioni et coll., 2018; Sibthorpe et coll., 2017). Toutefois, l’autodétermination exige que les communautés disposent des outils et des ressources nécessaires pour fournir des programmes et des services de grande qualité qui répondent à leurs besoins et à leurs priorités. La littérature souligne l’importance des modèles de financement souples et durables, d’un fort sentiment d’appartenance à la communauté, de structures de gouvernance et de mécanismes de responsabilisation robustes, de partenariats solides à tous les niveaux et de possibilités de forger des liens avec d’autres secteurs pour influer sur les déterminants de la santé et renforcer la capacité des Autochtones à s’autogouverner (PSPNRA, 2016; Lavoie et Dwyer, 2016). Ces types d’arrangements sont essentiels pour encourager l’innovation dans la prestation des services de santé. Compte tenu des difficultés liées aux modalités de financement actuelles, il faut renforcer les capacités des communautés autochtones pour leur permettre de prendre en

charge leurs propres programmes et services. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent travailler en tant que partenaires égaux avec les peuples et les communautés autochtones pour déterminer les modèles de gouvernance et de financement qui répondront le mieux à leurs besoins et priorités uniques et variés. Tous les ordres de gouvernement doivent s’engager et soutenir, par des politiques et des ressources adéquates, l’élaboration de programmes et de services de santé axés sur les populations autochtones, qu’ils s’adressent aux populations autochtones urbaines ou aux populations autochtones ayant signé des accords d’autonomie.

Dans le cadre de cette analyse documentaire, les données probantes ne nous amènent pas à conclure qu’il existe un modèle particulier de pratiques exemplaires en matière de gouvernance de la santé autochtone. Bien qu’un seul modèle puisse être prometteur, les nations autochtones du pays sont uniques et distinctes, et doivent donc faire preuve de créativité pour concevoir un modèle de contrôle qui leur convienne. Les communautés autochtones doivent être capables de cerner leurs propres priorités et de répondre à leurs besoins uniques, en utilisant des approches qui reflètent leurs propres visions du monde et contextes communautaires. On ne doit pas attendre des communautés qu’elles transposent un modèle de soins de santé existant dans leur contexte individuel et collectif. Bien que la plupart des modèles prévoient des partenariats entre les gouvernements autochtones et les différents ordres de gouvernement non autochtones, le contexte intergouvernemental des nations autochtones du Canada exigera que Services aux Autochtones Canada, en partenariat avec les peuples et les communautés des Premières Nations, inuites et métisses, fasse preuve de créativité pour concevoir un modèle de contrôle qui leur convienne, en se fondant sur les connaissances autochtones sousjacentes et sur les histoires et les conditions uniques qui contribuent au succès.

Les résultats de l’étude ont montré que bien qu’il n’existe pas de modèle unique pour réussir le transfert des services de santé fédéraux aux communautés autochtones, certains traits communs sont partagés par les modèles de gouvernance de la santé autochtone ― tant à l’échelon international que national ― qui soutiennent l’autodétermination autochtone et visent à améliorer les résultats sanitaires des peuples autochtones. Il s’agit notamment des modèles suivants :

∙ engagement soutenu du

gouvernement national en faveur des droits et de l’autodétermination des

Autochtones; ∙ des rôles et des responsabilités clairement définis entre les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et autochtones en matière de gouvernance de la santé; ∙ autodétermination évolutive en fonction des capacités; ∙ engagement et participation de la communauté à la conception et à la mise en œuvre des programmes, des services et des politiques de santé, tant à l’échelon local que dans l’ensemble du système de santé; ∙ des programmes et des services de santé fondés sur les modes de connaissance, les visions du monde et les perspectives autochtones; ∙ une approche holistique des programmes et services de santé fondée sur les points forts; ∙ la citoyenneté définie par les communautés autochtones comme le fondement à la fois de relations positives avec les gouvernements et d’un plus grand sens de l’autodétermination; ∙ des modalités de financement adéquates, durables et souples pouvant être directement liées aux besoins locaux et adaptées aux nouvelles priorités, et pouvant faciliter la planification à long terme et les approches intégrées et multidisciplinaires; ∙ une structure de gouvernance

autochtone à but non lucratif représentative; ∙ un leadership collaboratif et partagé, fondé sur un véritable partenariat; ∙ des exigences contractuelles et de responsabilisation harmonisées; ∙ des partenariats et des collaborations solides avec d’autres intervenants qui s’intéressent à la santé autochtone afin de tirer parti de l’expertise et des capacités de prestation de services; ∙ une forte responsabilisation relationnelle réciproque; ∙ la participation à la collecte et à la gestion des données pour éclairer la conception des programmes et l’élaboration des politiques; ∙ la participation au développement de la maind’œuvre afin de promouvoir le recrutement et le maintien en poste, ainsi qu’une maind’œuvre bien formée et adaptée à la culture. ∙ des processus d’assurance de la qualité fondés sur des résultats et des indicateurs culturels, en utilisant des approches gérées et contrôlées par la communauté; ∙ le soutien continu des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux à la gouvernance de la santé des

Autochtones sous forme de ressources humaines, physiques et financières.

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