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DONNÉES DÉMOGRAPHIQUES
Le lien entre activité physique et amélioration de la santé physique est bien établi (p. ex. American Diabetes Association, 2004; Elias et al., 2011; Findlay, 2011; First Nations Information Governance Centre, 2018; Wicklum et al., 2019)3. La documentation sur l’activité physique qui porte sur les Autochtones renferme également des preuves d’une grande sensibilisation des peuples autochtones du Canada aux liens existant entre activité physique et santé holistique qui correspond au bien-être physique, mental, spirituel et émotionnel (p. ex. Coppola et al., 2020; Hudson et al., 2020; Lavallée & Lévesque, 2013; McHugh et al., 2019).
Malgré l’augmentation du nombre de personnes âgées autochtones4 , il est plus souvent question du développement de la population de jeunes, puisque 46,2 % des Autochtones du Canada étaient âgés de moins de 25 ans en 2015 (Yi et al., 2015) (Yi et al., 2015). À titre de comparaison, le Recensement de 2016 indiquait que l’âge moyen de la population autochtone est inférieur de presque 10 ans à celui de la population non autochtone (Statistics Canada, 2017b)5. Bien que les jeunes autochtones soient plus actifs que leurs homologues non autochtones (Ng et al., 2010; Petrucka et al., 2016), ils s’autodéclarent en plus mauvaise santé physique et mentale (Findlay, 2011). Les données sur la santé vont dans le sens de cette déclaration, puisque les adolescents et les enfants autochtones affichent des taux nettement plus élevés de maladies chroniques évitables (p. ex. diabète de type 2 et obésité) que les jeunes non autochtones (Foulds et al., 2012; Gerlach et al., 2014; Johnson Research Inc., 2011; Yi et al., 2015). Dans les populations plus générales de Premières Nations (hors réserves) et de Métis, ces données demeurent les mêmes : les membres des Premières Nations et les Métis (de 12 ans et plus) sont plus actifs que les non-Autochtones, mais en moins bonne santé (Findlay, 2011).
Les études qui comparent les taux d’activité physique chez les jeunes des Premières Nations habitant dans des réserves à ceux des jeunes non autochtones obtiennent des résultats différents. Même s’il ne convient pas d’y aller d’une généralisation à l’ensemble des membres des Premières Nations vivant dans des réserves à partir d’à peine quelques études, Elias et ses collaborateurs (2011) ont montré que ceux qui vivent dans des réserves de régions rurales du Manitoba faisaient nettement moins d’activité physique dans leurs temps libres que les populations non autochtones vivant dans les mêmes régions de la province. Gates (2019) a observé que le surpoids et l’obésité, de même que des taux élevés d’écoute de la télévision étaient fréquents chez les jeunes des Premières Nations vivant dans des réserves. Lemstra et ses
3 Foulds et ses collaborateurs (2013) ont remarqué que la majeure partie de la documentation sur les risques pour la santé physique des Autochtones (y compris l’inactivité physique) portait essentiellement sur les membres des Premières Nations. Ils demandaient la réalisation d’une étude plus poussée dans ce domaine qui insisterait davantage sur les Métis du Canada. 4 Le nombre d’Autochtones de plus de 65 ans a augmenté de plus de 46 % entre 2006 et 2011 (Statistique Canada, 2011, cité dans Brooks-Cleator & Giles, 2016). Des données plus récentes montrent une augmentation générale moins importante du nombre de personnes âgées, mais tout de même une tendance à la hausse : « En 2006, 4,8 % de la population autochtone était âgée de 65 ans et plus; en 2016, cette proportion avait augmenté pour atteindre 7,3 % » . 5 Le Recensement indiquait que les âges moyens des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis étaient respectivement de 30,6, 34,7 et 27,7 ans.
collaborateurs (2013) ont observé que l’activité physique chez ces mêmes jeunes se situait bien endeçà des normes établies par la Société canadienne de physiologie de l’exercice.
Hopping et ses collaborateurs (2010) ont indiqué que les Inuits présentent environ les mêmes taux d’activité physique que les non-Autochtones, une constatation corroborée neuf ans plus tard par Akande et ses collaborateurs (2019). Les données tirées de l’étude plus récente montraient que les adultes du Nunavut, inuits et non inuits, n’affichaient pas plus les uns que les autres des taux élevés d’activité physique, et plusieurs études ont mentionné une dégradation de la condition physique des adultes inuits depuis le milieu des années 1950 qui serait en partie attribuable à une réduction du temps consacré à des activités traditionnelles (Akande et al., 2021; Hedayat et al., 2018; Sharma, 2010; Tvermosegaard et al., 2015). Les changements météorologiques et climatiques nuisent également à la pratique d’activités physiques (Akande et al., 2021; Petrasek MacDonald et al., 2015). Hedayat et ses collaborateurs (2018) ont mentionné que « les adultes des Premières Nations et les adultes amérindiens avaient une meilleure capacité cardiorespiratoire que les Inuits » et que « les hommes et les garçons inuits et ceux des Premières Nations et amérindiens avaient une meilleure capacité cardiorespiratoire que les femmes et les filles » (tiré à part, p. 71). Hopping et ses collaborateurs (2010) ont découvert que les taux d’obésité au sein de la population inuite avaient augmenté à l’âge adulte, malgré le maintien d’un niveau élevé d’activité physique – une constatation qui ne concorde pas très bien avec certaines autres énumérées dans la présente.
Une partie de ces observations souligne la nécessité de mettre en contexte la mesure dans laquelle l’activité physique constitue le principal facteur contribuant à de mauvais résultats pour la santé physique. Il se pourrait également qu’une exposition des jeunes autochtones à certains problèmes sociaux néfastes (p. ex. violence familiale, maltraitance), plus fréquente que chez les jeunes non autochtones, ait aussi des répercussions négatives sur leur santé physique et mentale (Halsall & Forneris, 2016). Ces déterminants sociaux de la santé et d’autres (p. ex. scolarité, revenu) font ressortir la nécessité d’adopter une approche holistique de la santé physique et mentale – une constatation formulée dans la majorité des documents publiés sur l’activité physique chez les Autochtones présentés dans ce rapport (p. ex. Fletcher et al., 2018; Mason et al., 2019; Paraschak & Thompson, 2013; Tang et al., 2016). Dans la présente, nous portons toutefois une attention toute spéciale à l’activité physique en tant que déterminant de la santé, en réponse aux références aux sports faites par la CVR et la DNUDPA.
© Crédit : Cattroll
ANALYSE DE LA DOCUMENTATION
Les obstacles à l’accroissement de l’activité physique chez les jeunes et les adultes des Premières Nations, inuits et métis sont complexes et entrecroisés. Il est tout aussi compliqué de s’attaquer au taux disproportionnellement élevé de maladies chroniques évitables qui frappe les peuples autochtones par rapport aux populations non autochtones du Canada. De plus, « les études relativement rares portant spécifiquement sur les Autochtones qui ont été publiées dans l’imposante masse de documents sur l’activité physique rendent d’autant plus difficile la création de possibilités pertinentes et respectueuses de pratiquer des activités physiques » (Hudson et al., 2020, p. 119). Outre ces faits, un certain nombre d’obstacles et d’éléments favorables à l’activité physique dans les populations autochtones se détachent dans les documents sur l’activité physique portant sur les Autochtones. Nous les présentons ci-dessous par thème. Une analyse des mêmes documents met en lumière un certain nombre de pratiques exemplaires et décèle des lacunes dans la recherche. Ces dernières seront également résumées dans la présente. La majorité des études faisant partie de cette analyse de la documentation mettent l’accent sur les points de vue autochtones en s’appuyant sur des recherches participatives communautaires réalisées auprès de participants des Premières Nations, inuits et métis du Canada. Une grande partie des études résumées dans cette analyse de la documentation ont été menées par des Autochtones.
Ce document s’inspire d’une somme considérable de travaux existants et vise à éclairer l’application des connaissances et les stratégies de partenariat qui soutiendront et feront progresser l’initiative Vision commune en offrant une synthèse des documents publiés accessibles au public, revus par des pairs et parallèles qui portent sur l’écosystème canadien de l’activité physique, des loisirs et des sports. Afin de brosser un portrait actuel et non de présenter une description exhaustive des tendances, cette analyse se bornera aux documents publiés depuis 2010.
Les publications dont elle tient compte se limitent à celles comportant plusieurs facettes qui se recoupent et ont trait à l’activité physique, aux loisirs et aux sports au sein des populations autochtones du Canada. Même si nous n’entreprenons pas un processus d’analyse systématique, plusieurs recherches dans Google Scholar, portant sur une échelle temporelle qui va de 2010 à 2021, ont servi au premier repérage des publications. Les critères de recherche suivants ont été utilisés : « physical activity sport Indigenous inequity Canada »; « best practices physical activity sport promotion Indigenous Canada »; « land-based community-focused physical activity Canada »; « Indigenous sport and recreation Canada gaps in research »; « physical activity sport Indigenous LGBTQ »; « physical activity sport Indigenous senior citizens »; « physical activity sport Indigenous disability ». Nous avons ensuite remplacé « Indigenous » dans chacun des critères de recherche par « First Nations » d’abord, puis par « Inuit » et en dernier lieu, par « Métis ». Seuls les articles qui faisaient précisément référence aux membres des Premières Nations, aux Inuits ou aux Métis du Canada ont été retenus. Cette analyse puise aussi des données dans des articles mentionnés dans les bibliographies d’études que nous avons dénichées dans Google Scholar. Pour terminer, plusieurs recherches dans Google ont permis de trouver