Pays'âges industriels

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Pays’Âges industriels

dans le Pays de la région mulhousienne

un paysage façonné par l’industrie

Centre régional de culture scientifique, technique et industrielle - Mulhouse


I Le Pays de la région mulhousienne, géologie et industrie L

es paysages ont une histoire. Ils reflètent non seulement l’histoire de la Terre mais également celle des hommes. Aussi bien, la nature et la structure du sous-sol, que le ballet des plaques tectoniques ou encore l’empreinte du climat... ont écrit l’histoire de ces reliefs et favorisé l’implantation de certaines espèces végétales. Ce qui a parfois même guidé l’installation d’activités industrielles, de par le passage d’un cours d’eau ou encore les propriétés d’un sous-sol. Cette réflexion apporte un nouvel intérêt à l’étude de la géologie locale : elle permet, non seulement de reconstituer notre Histoire, de faire une veille de la disponibilité et la qualité des ressources naturelles, de se protéger d’éventuels aléas naturels mais également de déterminer l’implantation d’espèces végétales en corrélation avec certaines activités industrielles sur une zone géographique précise. Cet apport scientifique peut être une aide précieuse pour comprendre le choix des matériaux de construction qui donnent un cachet particulier aux villes et à leurs monuments, mais également à l’architecture rurale.

propices à la culture de la vigne, du maïs, du blé ou encore du tabac. Cette richesse a contribué à modeler les paysages notamment par l’Homme, de la préhistoire à aujourd’hui. La révolution industrielle, ayant fortement contribué à une nouvelle définition du mot «paysage», a restructuré les milieux ruraux traditionnels avec des architectures caractéristiques de chaque activité industrielle : cheminote, minière, textile, métallurgique, chimique...

Sommaire I

II

Introduction 1

Le Pays de la région mulhousienne : géologie et industrie

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Sommaire

Quelle est l’empreinte de l’industrie sur un paysage ?

5 Le concept des trois natures : Forme naturelle, agricole et jardinée

III

Formes de la nature, homme et industrie 6

Les formes naturelles, aujourd’hui quasi-inexistantes

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Un exemple de reconstitution de la forme naturelle : l’île du Rhin

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La nature façonnée par l’Homme et l’industrialisation

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Les formes jardinées

13 Les jardins du pays de la région mulhousienne : quelques exemples

L’Alsace, la plus petite des 22 régions métropolitaines avec ses deux départements (Haut-Rhin et Bas-Rhin), représente à peine 1,5% du territoire national. Etroit couloir d’environ 180km de long sur 40km de large, le territoire alsacien n’en est pas moins constitué d’une formidable palette de paysages. Parmi eux : le versant vosgien, les collines sous-vosgiennes, la plaine rhénane et le ried.

16 Les services des Espaces Verts des villes.

conservatoire botanique, une spécificité à Mulhouse Le

IV

17 La nature et l’industrie : découverte, recherche et applications 18 Ligneux intéressants pour quelques jardins dans le Pays de la région mulhousienne

20 Clés de détermination

Coll. Musée Historique de Mulhouse.

Directeurs de la publication : Christine Welty, la Nef des sciences ; Reynald Bavay, Pays de la région mulhousienne. Responsable de rédaction, coordination et suivi de réalisation : Virginie Fiesinger-Lelièvre, la Nef des sciences. Rédactrices : Virginie Fiesinger-Lelièvre, la Nef des sciences et Colette Beaudéan, Pôle de l’inventaire général du patrimoine culturel Région Alsace. Conseillers scientifiques : Marie-Hélène Benetière, historienne de l’art des jardins, chargée d’études au Ministère de la culture et de la communication ; Frédérique Boura, Conservatrice régionale de l’Inventaire du patrimoine culturel, Région Alsace ; Joël Delaine, conservateur en chef des Musées municipaux ; Corinne Di Trani, Responsable du Service éducatif du Parc botanique et zoologique de Mulhouse ; René Giovanetti, directeur Industrialisation et patrimoine aux Mines de potasse d’Alsace (M.D.P.A.) ; Edmond Hérold, conseiller pédagogique retraité ; Bernard Jacqué, conservateur du Musée de papier peint, Rixheim ; Philippe Jéhin, agrégé et docteur en histoire ; Frédérique Lecomte, Responsable du bureau d’études de l’Agence développement Alsace, Office National des Forêts (O.N.F.) ; Véronique Scius-Turlot, botaniste chargée des Animations au Service des Espaces Verts de la Ville de Mulhouse ; Nicolas Stoskopf, professeur des universités et directeur du Centre de Recherches sur les Economies, les Arts et les Techniques (Université de Haute-Alsace) ; Frédéric Tournay, conservateur du Jardin botanique de Strasbourg et Marie-Claire Vitoux, Maître de conférénce à l’ Université de Haute-Alsace. Remerciements à : Christophe Alonso, chargé de projets au Centre Européen d’Etudes Japonaises d’Alsace ; Thierry Engasser, exploitant agricole ; Paul-Emmanuel Schoeller, E.D.F.; Lionel Pinero, assistant de conservation, Musée historique de Mulhouse, Damien Romont, agent de développement de la Communauté de communes Porte de France Rhin Sud et Frédéric Touchet, les Editions du Moutard. Expertise pédagogique : Christelle Eby, professeur des écoles ; Aurélie Stohr, professeur certifié et Chantal Vis, professeur agrégé en Sciences et Vie de la Terre. Cartographie : A.U.R.M. Mulhouse. Graphisme & illustrations : •••Trygone productions Crédits photographiques : Frantisek Zvardon. Inventaire général, ADAGP ; René Giovanetti, directeur Industrialtion et patrimoine aux Mines de potasse d’Alsace (M.D.P.A.) ; ONF ; Musée historique de Mulhouse, Virginie Fiesinger-Lelièvre, la Nef des sciences... Impression : imprimerie Manupa, Mulhouse.

1) Riedisheim, Rebberg, rue des sapins. Jardin du Waldeck, actuellement jardin public dit parc Alfred Wallach. Grand parterre. © Frantisek Zvardon. Inventaire général - Région aAlsace/ADAGP, 2007.

2) Terril et carreau Rodolphe, Ungersheim, 2000. © René Giovanetti. Coll. M.D.P.A.3)

3) Mulhouse, Rebberg, Jardin zoologique et botanique de Mulhouse, Enclos des zèbres.

« Vue de la ville de Mulhouse», R. Huber (dessin), Engelmann père et fils (lithographes), chromolithographie, 1836.

téléphone : + 33 (0)3 89 32 76 33 - télécopie : + 33 (0)3 89 32 76 31 mél : nef-des-sciences@uha.fr - site : www.nef-des-sciences.uha.fr

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Composantes de la nature

19 Pistes pédagogiques

n°ISBN : 2-909495-17-5 - Ne peut être vendu. Dépôt légal : 4e trimestre 2008. Tous droits de reproduction réservés sans l’autorisation de l’éditeur. Avertissement : La clé de détermination est valable pour une sélection de végétaux ligneux sur le territoire du Pays de la région mulhousienne. Pour les sites proposés, vous vous déplacerez sous votre entière responsabilité dans le respect du code de la route, la nôtre ne peut être engagée.

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4 Le paysage : une définition qui ne cesse de s’élargir

Le Pays de la région mulhousienne, situé au pied du massif vosgien, repose sur les dernières ondulations du Jura. Ce territoire de 38 communes s’ouvre également sur la plaine d’Alsace, façonnée par le Rhin et par l’homme et offre aux botanistes et industriels de la région un emplacement riche à explorer : comme les gisements de potasse (de 1904 à 2004), la forêt sèche de la Hardt, la nappe rhénane (la plus grande d’Europe) ou encore une qualité de sols

Cette publication est une édition de la Nef des sciences 40 rue Marc Seguin B.P. 2118 68060 Mulhouse cedex

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Nature et industrie : deux termes qui ne s’opposent pas 3

Comment la nature, la ville et les industries se sont-elles partagé le territoire ? Quelles ont été les démarches des grands industriels du siècle dernier ?

I

© Frantisek Zvardon. Inventaire général - Région Alsace/ADAGP, 2007.

Bibliographie Collectif, “Jardins”, Collection du nez en l’air n°1, Lyon, éditions le Moutard, 2001. Allain (Yves-Marie), D’où viennent nos plantes ?, Paris, Calmann-Levy, 2004. Allorge (Lucile ), La fabuleuse odyssée des plantes : les botanistes voyageurs, les jardins des plantes, les herbiers, Paris, Jean-Claude Lattès, 2003. Andrieux (Jean-Yves), Le patrimoine industriel, P.U.F., 1992. Benetiere (Marie-Hélène). - Jardin : vocabulaire typologique et technique -. Paris, Monum, Principes d’analyse scientifique, 1999. Benetiere (Marie-Hélène), Gamerre (Simon), Wessbecher (Sophie), Etude et valorisation des parcs et jardins historiques d’Alsace, Strasbourg, Région Alsace, 2007. Boehler (Jean-Michel), Histoire de l’Alsace rurale, Paris : ISTRA, Publications de la Société savante d’Alsace et des régions de l’Est. Collection Grandes publications, 1983. Cartier (Claudine), L’héritage industriel, un patrimoine, C.R.D.P. Franche-Comté, 2003. Chatelet (du) (Gaëtan), Bauer-Bovet (Pierrette), Guide des arbres et arbustes exotiques de nos parcs et jardins, Paris, Editions Delachaux & Niestlé, 1987. Demoly (Jean-Pierre) et Picard (Franklin), Guide du patrimoine botanique en France, Paris, Actes Sud, 2005. Durnerin (Alain), “Olivier de Serres et le voyage des plantes”, Trait d’union Agri-Culture, n°8, p.21. Fluck (Pierre), Les belles fabriques, un patrimoine pour l’Alsace, Jérôme Do Bentzinger, 2002. Jacqué (Bernard), Un tournant du goût : le papier peint autour de 1797, Rixheim : Musée du papier peint, 1997. Hobhouse (Pénélope), L’histoire des plantes et des jardins, Paris, Bordas, 1994. Magnin-Gonze (Joëlle), Histoire de la botanique, Paris, Delachaux et Niestlé, 2004. Rameau (Jean-Claude), Flore forestière française, Paris : Institut pour le développement forestier : Ministère de l’agriculture et de la forêt, Direction de l’espace rural et de la forêt : Ecole nationale du génie rural, des eaux et des forêts, 1989. Stearn (W. T.), Les expéditions botaniques et les grands voyages d’exploration au XVIIIe siècle, L’Empire de Flore : histoire et représentation des fleurs en Europe du XVIe au XIXe siècle, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1996, p. 65-79.

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II

Nature et industrie : deux termes qui ne s’opposent pas Quelle est l’empreinte de l’industrie sur un paysage ? La nature sauvage aux grandes perspectives est, dès le néolithique, marquée par la présence humaine, qui lui donne une dimension à son échelle. La capacité d’introduire la nature dans une ville, de faire pousser les végétaux les plus exotiques à Mulhouse, d’installer selon sa volonté des lacs, rivières ou cascades, exprime non seulement la maîtrise de la nature par l’homme, mais encore le progrès, guidé par la science. Le XIXe siècle va gommer les caractères propres à la ville ancienne pour former un nouvel espace urbain, qui accompagne les progrès techniques et sociaux de l’époque. Ce qui caractérise ce nouveau Mulhouse est tout d’abord la «mobilité». Les grands travaux d’aménagement urbain sont de trois ordres : premièrement, la démolition des anciens remparts et des portes principales (entre 1807 et 1812) ; deuxièmement, la mise en place d’un réseau de voirie périurbaine et troisièmement, le creusement entre 1810 et 1812 de la section de Mulhouse-ville du canal du Rhône au Rhin dans la banlieue Sud.

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L’intervention de l’Homme sur son paysage.

Les réalisations anglaises des dernières années du XVIIIe siècle sont les témoins d’une nouvelle façon de vivre en ville, avec du confort, de l’hygiène, des espaces privatifs. Il s’agit d’apporter la nature dans la ville par le biais de parcs, de jardins et de squares. Pour les ouvriers, l’idée est d’insérer dans leur cadre de vie un espace vert d’utilité ou d’agrément. Des projets urbains, inspirés des réalisations anglaises, sont conduits par de grands industriels mulhousiens : le Nouveau Quartier (1825-26), le quartier résidentiel Miroir-Clémenceau (1830-1840) ou encore le développement de l’urbanisation du Rebberg. Ces exemples peuvent illustrer les nouvelles références de la ville moderne. Dans ce contexte urbain, les espaces publics prennent une importance particulière. Apparaît alors une diversité de réalisations paysagères comme des jardins ouvriers, des jardins d’usine, des jardins publics, des jardins d’industriels et des ensembles urbains. Ces témoins de l’industrialisation aux XIXe et XXe siècles de Mulhouse et sa région présentent un intérêt à la fois historique, culturel, sociologique, patrimonial ou ornemental.

Voici deux représentations de jardins de 1750 à 1860. La nature donne une valeur ajoutée au bâtiment industriel, mais est-elle une représentation liée à l’imaginaire et à la symbolique ou estce une empreinte de la réalité à cette époque donnée ?

“Etablissement Dollfus Mieg et Cie”, J. Pedraglio (dessin), G. Fasoli et Ohlman (lithographes à Strasbourg), chromolithographie, 1855, Coll. Musée Historique de Mulhouse.

"Mr Dollfus,Mieg et Cie à Mulhouse", R. Huber (dessin), Engelmann père et fils (lithographes), lithographie, 1ère moitié du XIXe siècle (vers 1840), Coll. Musée Historique de Mulhouse.

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Le paysage : une définition qui ne cesse de s’élargir Etablissement Dollfus Mieg et Cie, Mulhouse © Pierre Fluck.

La Convention européenne du paysage formée en 2000 à Florence par le Conseil de l’Europe, définit le paysage comme étant « une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ». Sous-entendu par « paysage», on entend la notion d’un territoire, qui correspond à la géographie d’une région, mêlé à la représentation que l’on s’en fait. Les sens ont un rôle dans la perception du paysage et notamment la vision qui est en relation directe avec notre histoire culturelle et sociale. Le paysage est également intimement liée à l’esthétique. D’ailleurs, l’étude de l’histoire de la peinture à travers les siècles peut en témoigner : le paysage reste longtemps représenté comme un décor et ne devient un sujet à part entière qu’à partir du XVIIIe siècle. Selon les époques, le paysage peut être beau ou laid, apaisant ou effrayant. On ne peut plus parler de paysage naturel depuis le néolithique : en fait, depuis que l’homme a commencé à modifier son environnement. Au fil du temps, le paysage a été formé par la manière de vivre des hommes, leurs travaux, leurs constructions et l’élaboration de réseaux de communication. Le paysage peut être vu à l’échelle d’une maison, d’un quartier, d’une ville, d’une région et même d’un pays. En Alsace, il est diversifié et peut être défini par strates géographiques étagées : la plaine, les collines sous-vosgiennes, les Vosges. Il est parfois déterminé par les activités de l’homme : l’industrie dans le sud, l’agriculture dans la plaine du Ried mais aussi par son réseau de villes et de villages. Selon le point de vue de l’observateur, le paysage n’est pas le même : du point de vue du train, de l’avion ou d’un satellite. Il en va de même pour les représentations graphiques d’un paysage : la nature représentée comme un simple élément de décor ou d’une manière exagérée avec des lignes et des perspectives spécifiques et caractéristiques. Une vision purement subjective, en fait. Les grands industriels de la région mulhousienne ont fortement contribué à la modélisation de nouveaux paysages.

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1) Jardin d’industriel. © Virginie Fiesinger. Coll. La Nef des sciences. 2) Fret de Bantzenheim.. © Virginie Fiesinger. Coll. La Nef des sciences. 3) Canal d’irrigation de la Hardt, creusé

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à l’initiative du curé de Bantzenheim, Charles Hug, entre 1896 et 1905. Un monument commémoratif lui a été élevé en 1908 à proximité d’Ottmarsheim.

© Virginie Fiesinger. Coll. La Nef des sciences. 4) Terril Eugène. © René Giovanetti. Coll. M.D.P.A. 5) Parc Wallach, Riedisheim. © Virginie Fiesinger. Coll. La Nef des sciences. 6) Ancien carreau Marie-Louise, Staffel-

felden.

© René Giovanetti. Coll. M.D.P.A. 7)Terril Eugène. © René Giovanetti. Coll. M.D.P.A.

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III

II Le concept des trois natures : forme naturelle, agricole et jardinée. L’étude des sites du Pays de la Région mulhousienne va s’appuyer sur la théorie «des trois natures» développée par deux philosophes de la Renaissance. Les trois natures : le fondement philosophique Le concept des trois natures se base sur un précepte philosophique de la Renaissance fondé par Jacopio Bonfadio et BartolomeoTaegio. Cette théorie est elle-même tirée de l’oeuvre De natura deorum de Cicéron, philosophe de l’antiquité. Ce concept a un intérêt certain car il replace l’homme au sein de son environnement pour mieux le contrôler. En effet, les points de vue sur la nature sauvage du Moyen Age jusqu’au XIXe siècle sont très loin des nôtres : la forêt, la mer, la montagne, les forces de la nature font peur. L’homme occidental des siècles passés a donc besoin de filtres pour en apprécier toutes les beautés. Par la mise en place 1 d’une hiérarchie de nature, le paysage est gradué, lisible et accessible pour l’intellect humain.

ont entraîné un contrôle omniprésent de l’homme sur ce qui l’entoure. Il reste possible d’entrevoir la première nature mais celle-ci est passée à travers le filtre de l’histoire humaine. La seconde nature a subi une forte expansion au cours du XIXe siècle : cela est dû au « boum démographique », à la mécanisation des outils, à l’explosion industrielle et agricole. Auparavant artisanale et limitée au foyer, la seconde nature a vu des changements radicaux s’opérer, au détriment de la première nature. Pour donner à manger à tous, augmenter la production d’une usine, chauffer et loger la population, il fallait soumettre la nature, quelque fois par la force, aux besoins humains par un contrôle extrême de toute la chaîne naturelle de la faune et de la flore. A partir de la fin du XXe siècle, les systèmes d’exploitation se radicalisent vers une production de masse transformant les paysages des campagnes.

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La nature sauvage et sans trace d’intervention humaine est la première nature : elle est intacte et immaculée. L’agriculture par le travail de l’homme est une nature domptée, harmonisée pour la vie de l’homme. C’est la deuxième nature. John Dixon Hunt au XXe siècle reprend ce concept et insiste sur la fonction mimétique du jardin : «le jardin est une représentation du monde extérieur». Le jardin est l’intégration de l’art à la nature : la troisième nature.

La troisième nature existe, consciemment ou inconsciemment, depuis le fondement des cités dès l’antiquité. L’humain a toujours senti un besoin impérieux d’entourer de « vert » son habitation. Le jardin ou le parc vont gagner en reconnaissance et notamment à la Renaissance lorsque l’art paysager se développe. Les formes et les usages vont se modifier au cours des siècles grâce à une grande réflexion philosophique et paysagère et une grande création.

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Les trois natures au XXIe siècle Le concept remis au goût du jour par le paysagiste et philosophe Hunt nous permet de lire le paysage du XXIe siècle d’une nouvelle façon et de percevoir les changements profonds de notre civilisation. A l’heure actuelle, la première nature a pratiquement disparu de notre environnement. Les villes, les réseaux urbains, les villages et les cultures, l’exploitation forestière, le tourisme… tous ces facteurs

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1) Jeune pouse de Hêtre. © O.N.F. 2) Rixheim, rue Zuber. Parc de la commanderie de chevaliers teuroniques, actuellement jardin public © Frantisek Zvardon. Inventaire général - Région Alsace/ADAGP, 2007.

3) Staffelfelden. Coll. La Nef des sciences. 4) Deux hêtres “mariés”. © O.N.F.

Formes de la nature, homme et industrie Les formes naturelles, aujourd’hui quasi-inexistantes : elles sont protégées ou reconstituées Petit historique Durant la préhistoire, des espèces d’arbres que l’on qualifie aujourd’hui d’exotiques se trouvaient sur le continent européen : séquoias, cyprès, camphriers ou encore jujubiers.

après celle de Haguenau. Elle a la caractéristique d’être une des plus sèches de France, possédant une flore steppique. La forêt de la Harth n’a pas échappé à l’exploitation forestière et dès le XIVe siècle est massivement déboisée. Après le rattachement de l’Alsace à la France, la Hardt devient domaine royal : son bornage est effectué en 1768. Grâce à cette opération qui dure 6 ans, la forêt se stabilise mais a perdu les bois de Rothleible, Kastenwald, Niederwald, Oberwald, et Hartwald. Au XIXe siècle, l’administration allemande exploite les gros chênes et replante des pins. Durant la Seconde Guerre mondiale, 4000 hectares de forêt sont décimés et les pins sont touchés par l’hylésine (insecte). La forêt de la Harth présente aujourd’hui des réserves Biologiques Domaniales Dirigées et une flore intéressante : on recense de nombreuses espèces rares dans les pelouses sèches comme la Fraxinelle, l’Adonis printanier, la Filipendule vulgaire et la Potentille. C’est également une des plus grandes charmaies d’Europe. Elle est en partie protégée par des sites Natura 2000 et gérée par l’O.N.F. Bois de cœur

Assise subérophellodermique (génératrice de l’écorce)

Écorce

La forêt de la Harth © Communauté de communes Porte de France Rhin-Sud. Liber (écorce interne)

Plus tard, les glaciations du quaternaire ont appauvri la forêt, et l’obstacle formé par les massifs montagneux sur le continent n’a pas permis le retour naturel de ces espèces présentes jusqu’alors. Lorsque l’homme apparaît, la forêt est pour lui une ressource essentielle : chasse, cueillette, mais aussi bois pour le feu et les outils, et plus tard pour la construction des maisons. Durant l’Antiquité, les forêts jouent un rôle de frontière : peu fréquentées et dangereuses, leur taille évolue peu. L’essor démographique qui suit au Moyen Age engendre un déboisement important. Par la suite, les champs et les forêts se stabilisent grâce à la législation et met un frein à l’exploitation excessive : le Bois de cœur ou premier code forestier date duramen de 1346. Pourtant le déboiAubier sement va continuer, entraîné par le commerce du Partie vivante de l’arbre bois qui se développe (flottage du bois par exemple). Au XVIe siècle, les besoins de plus en plus imporEcorce tants des manufactures, verrerie et métallurgie, entraînent une raréfaction des ressources et des problèmes de ravitaillement des grandes villes. François Ier et Henri II vont être les premiers à prendre de grandes initiatives mais on retient surtout Colbert qui élabore l’ordonnance de 1669 permettant la protection de certains bois dédiés à la marine. L’industrie se perfectionnant, la forêt en France diminue fortement. Sur l’exemple de la Prusse, les premiers traités de sylviculture apparaissent et durant la seconde partie du XVIIIe siècle, des reboisements ont lieu : la forêt n’occupe alors que 16% du territoire. La situation change avec l’utilisation du charbon même si les technologies du XIXe siècle gardent constants les besoins en bois pour le chemin de fer et le papier. Au tournant du XXe siècle, on mesure l’importance de la forêt sur le climat et le maintien des sols. Les reboisements sont plus nombreux, augmentant le pourcentage de forêt en France de 28%.

Cambium (assise génératrice du bois et du liber) Cerné annuel Aubier

Un massif forestier très sensible à la sécheresse La forêt de la Harth couvre plus de 13 000 hectares et s’étend sur près de 30 km du nord au sud. Ce massif occupe une position géographique particulière : la barrière montagneuse vosgienne à l’ouest et, dans une moindre mesure, celle du Jura alsacien au sud, crée un effet dit d’ombre climatique sur la plaine qui connaît un climat continental marqué (forte amplitutude thermique annuelle) avec des gelées tardives fréquentes et surtout une pluviométrie très faible (580 mm/an au nord contre 780 mm/an au sud en sachant que la zone la plus sèche de France est de 520 mm/an). Les effets de la sécheresse sont aggravés par des facteurs naturels : • un sol à faible réserve en eau (épaisse couche filtrante de galets alluviaux rhénans) • une absence de réseau hydrographique naturel • une nappe phréatique à 10 à 15 m de profondeur hors d’atteinte des végétaux.

“Hardt” ou “Harth” ? La première mention du massif daterait de 896, lorsque le roi de Lorraine Zwentibold confirme les possessions de l’abbaye de Munster. Le domaine est alors nommé «Hard». Les orthographes sont ensuite très variables : Hart, Harth, Harte, Harthe, Hartt, Haart, Hardt... parfois deux orthographes différentes se retrouvent dans le même document, comme sur le plan de délimitation de 1776 (Harte et Harthe). Au XIXe siècle se partage les orthographes «Harth» (pendant la période française) et «Hart» (sous la domination allemande). «Harth» réapparaît après 1914 avec force, jusqu’à ce que «Hardt» se développe dans les années 1970. Les riverains vont s’habituer à utiliser «Hardt» (café de la Hardt, rue de la Hardt, ambulance de la Hardt...). L’étude des écrits d’historiens, de scientifiques ou encore de toponymistes ont conduit à employer l’orthographe «Harth» pour désigner la forêt domaniale et «Hardt» pour la région naturelle.

Il existe une des plus belles forêts de la région, située au sud de la plaine d’Alsace : la forêt de la Harth, la deuxième forêt en superficie

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III

III Un exemple de reconstitution de la forme naturelle, l’Île du Rhin Comment rétablir un nouvel équilibre entre des enjeux industriels et les écosystèmes ? La production d’hydroélectricité a des répercussions sur l’environnement. C’est pourquoi EDF a pris des mesures pour le barrage de Kembs situé sur le grand canal. Propriétaire des terrains avoisinant l’ouvrage et notamment l’»Ile du Rhin», EDF s’est associée au Conservatoire de Sites Alsaciens (C.S.A.) et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (L.P.O.) pour y préserver la faune et la flore. La réserve naturelle de la Petite Camargue s’est donc étendue sur Kembs et depuis peu, l’association a mis en place un circuit de découverte pour explorer l’île. D’autres mesures sont aujourd’hui envisagées comme : • de nouveaux débits réservés qui seront adaptés aux besoins de la faune et de la flore. Le débit réservé est le débit minimal à maintenir dans un cours d’eau lorsqu’un barrage est construit dans le lit de ce cours d’eau. En période de crue, le débit effectif peut être supérieur au débit réservé ; • des apports naturels de graviers à rétablir. Pour protéger les riverains des crues, endiguer la propagation de maladies liées à la présence de zones marécageuses et assurer une navigabilité satisfaisante sur le Rhin, l’ingénieur Tulla avait aménagé le lit du Rhin au XIXe siècle en réalisant un tracé qui éliminait les principaux méandres du fleuve, délimitant ainsi un lit régulier entre deux digues. Cependant en raccourcissant le Rhin d’environ 30 km entre Bâle et Lauterbourg, les travaux initiés par Tulla ont rompu l’équilibre du fleuve qui ne recevait alors plus d’apports suffisants en graviers, diminuant la capacité d’accueil des espèces typiques. D’où la volonté de compenser ce déficit. • des ouvrages créés pour améliorer la circulation des espèces animales, comme par exemple les passe-à-poissons.

La nature façonnée par l’Homme et l’industrialisation

La forêt aux portes de Mulhouse En 1967, les cinq communes de Bruebach, Brunstatt, Mulhouse, Riedisheim et Rixheim décident de mettre leurs forêts en commun en créant une unité de gestion de 300 hectares. Le Tannenwald est la partie la plus visitée de la forêt : elle est située à proximité du zoo de Mulhouse. Composée essentiellement de hêtres, elle comporte peu de grands arbres, essentiellement d’arbustes qui participent à la diversité biologique : noisetiers, troènes, aubépines, clématites, cornouillers... Cet étage arbustif est nécessaire à la vie de la forêt. De petits mammmifères, oiseaux et insectes y vivent, se nourissent notamment des fruits variés qui y sont produits. Dans le reste de la forêt, l’essence dominante est le chêne sessile, essence considérée communément comme la plus noble. Mais on y retrouve également : le charme, le frêne, l’érable sycomore, le tilleul, le merisier, le robinier faux acacia. Dans l’absolu, la forêt n’a pas besoin de l’homme pour se développer. En revanche, depuis toujours, l’homme a eu besoin de la forêt pour vivre. La forêt est pourvoyeuse de nourriture, de bois de chauffage et de cuisson, de bois de construction... et devient de plus en plus un espace de détente et de loisirs. Dans ce contexte, on comprend qu’il soit nécessaire d’entretenir la forêt. Cette action consiste à accompagner le travail de la nature pour accélérer le cycle de renouvellement naturel de la forêt en dosant l’espace et la lumière.

L’Alsace a une tradition ancienne de culture en openfield qui a connu son apogée à la fin du Moyen-Age. Les caractéristiques de l’openfield sont l’uniformité des parcelles et l’absence de clôture autour des champs. En Alsace, les parcelles sont le plus souvent en lanière. Dès le XIIIe siècle, une culture biennale est mise en place

LA FABRICATION DU PAPIER, du bois à la pâte Depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, on utilise le bois ou plus précisément la cellulose contenue dans ses fibres pour fabriquer du papier. On transforme les fibres en pâte et à partir de ce mélange, on parvient à faire des feuilles de papier.

Prendre de vieux journaux. Les découper en morceaux et les plonger dans une bassine remplie d’eau chaude. Mouillé, le papier se déchire.

Verser cette pâte dans un tamis. L’eau traverse le tamis, seules les fibres de cellulose restent en surface. La feuille prend ainsi forme. Par contre, elle est très fragile car elle se compose de plus de 95% d’eau à ce stade.

Ecole maternelle Mélusine, Staffelfelden.. © René Giovanetti. Coll. M.D.P.A.

Un autre exemple de préservation de la forme naturelle Malaxer le tout. Progressivement, le papier se transforme en une pâte toute lisse sans grumeau.

Lexique Cellulose : substance contenue dans les végétaux comme le bois.

Petit historique de l’agriculture

Sources : LECOMTE Frédérique, Un poumon vert aux portes de Mulhouse, La forêt du SIFAM. Rixheim.

Comment fabriquer son papier ! Matériel : papier journal, eau, bol, tamis.

Les M.D.P.A., lors de la construction de la Cité minière de Staffelfelden, ont préservé des arbres de la forêt et les ont inclus dans un parc arboré... celui de l’école maternelle Mélusine, 1 rue Barbe bleue.

FormeS de La nature, homme et induStrie

Pour fabriquer une feuille, prendre une petite quantité de pâte et la diluer avec de l’eau.

Placer une feuille de journal dessus, retourner l’ensemble sur une table. Les papetiers appellent cette opération le «couchage» de la feuille.

Retirer le tamis et laisser sécher la feuille. Voici une bonne initiation au métier de papetier !

Compléments d’informations : Le Musée du papier peint, 28 rue Zuber à Rixheim. Tél. : 03 89 64 24 56 - www.museepapierpeint.org

© Communauté de communes Porte de France Rhin-Sud.

sur la majorité du territoire : il s’agissait d’alterner une période de culture, le blé ou l’épeautre, et une période de jachère. Dès le XVIe siècle, le froment fait son apparition et remplace le seigle dans la majorité des cultures. Ce que l’on appelle « la révolution agricole » commence dès le XVIIIe siècle avec le recul des terres en jachère, plantées de maïs, de sarrasin, de fève et de pommes de terre (en minorité). Au même moment, la culture triennale perce en Alsace : l’alternance de culture se fait avec des céréales, des pois ou lentilles puis une jachère. La saison des « marsages », qui vient du mois de mars, apparaît également, permettant aux agriculteurs de faire une récolte au printemps puis une en hiver. Aux alentours des grandes villes, des cultures commerciales sont plantées comme le pavot, le chanvre et le houblon. Autour de Mulhouse, le patronat mulhousien investit dans des plantations industrielles tel que la garance ou le pastel permettant la coloration du textile. La Société Industrielle de Mulhouse fonde dès 1829 une commission d’histoire naturelle et d’agriculture : de nombreux tests sont réalisés pour la betterave et le tabac. A la fin du XVIIIe siècle, la « vogue du mûrier » envahit la France mais aussi l’Alsace. Le mûrier est conseillé pour la culture du ver à soie qui apprécie beaucoup ses feuilles. La sériciculture intéresse également l’industrie textile : des magnaneries sont installées à Hombourg, à Bollwiller, à Mulhouse et à Ensisheim. Cette culture prend fin rapidement, le mûrier ne résistant pas au climat alsacien. Au XIXe siècle, la mécanisation progressive mêlée aux révolutions industrielles provoque l’exode rural qui s’accentue considérablement au XXe siècle. Les cultures deviennent plus importantes, moins diversifiées et le nombre d’exploitations diminue mais leur surface devient plus importante. Actuellement, l’Alsace est la 19e région agricole française. Le maïs est la spécialité dominante et correspond aux trois-quarts de la production agricole, suivie du houblon et du chou à choucroute. Autour de Mulhouse, les céréalières sont cultivées en majorité : le maïs tend à prendre le dessus sur le blé et côtoit la betterave sucrière et le tabac.

Les coopératives Les coopératives permettent d’aborder une autre façon d’entreprendre et constitue, avec les associations, les mutuelles et les fondations, une économie dite «sociale». Ces entreprises partagent des traits communs qui les distinguent à la fois des entreprises individuelles, des entreprises publiques et des sociétés de capitaux : elles émanent de personnes, physiques ou morales, et ont pour finalité de répondre aux besoins et aux attentes collectives de ces personnes. Ces membres établissent entre eux des formes de solidarité : mise en commun des produits de l’activité, échanges réciproques, mutualisation des risques... Une coopérative est plus spécifiquement un groupement de moyens, de personnes physiques ou d’entreprises permettant de développer leurs activités propres pré-existantes et/ ou l’exercice d’une activité naissante en commun. Des agriculteurs, artisans, transporteurs, commerçants, consommateurs ou professions libérales... peuvent créer des coopératives en relation avec leurs besoins. En Alsace, les Coopératives agricoles, les sociétés d’intérêt collectif agricole (S.I.C.A.), la Coopérative agricole des céréales (C.A.C.) ou encore les C.U.M.A. (Coopératives d’Utilisation du Matériel Agricole) sont bien représentées. L’agriculture contribue à la construction du PIB régional, à hauteur de 2,2% en 2005 contre 2,8% en 1990. Le rendement du maïs place l’Alsace comme 1ère région française. Néanmoins, la baisse du nombre d’exploitations s’est accrue dans les années 90. En résulte une augmentation du nombre de grandes exploitations agricoles. Autre particularité alsacienne : la double activité (cumul de l’activité d’exploitant et d’une autre activité professionnelle) demeure beaucoup plus fréquente en Alsace qu’ailleurs en France. Informations complémentaires : L’essentiel sur l’agriculture en Alsace, octobre 2005, Région Alsace.

Le développement du maîs s’est réalisé grâce aux ressources de la nappe phréatique.

Barbe Feuille

Grain

Épi

Lexique

Maïs

Barbe : ensemble des poils situés sur l’extrémité du maïs. Épi : partie du maïs sur laquelle sont rattachés les grains. Grain: partie comestible du maïs. Maïs: plante de la famille des

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III

III Les canaux et écluses Le canal d’Alsace a permis l’implantation de nombreux silos de stockage à ses abords pour permettre le chargement des péniches. Ces dernières peuvent ainsi livrer des clients, consommateurs d’amidon de maïs, tant en Alsace qu’en Hollande ou Allemagne.

L’espace agricole actuel carte de travail

Le Canal Rhin-Rhône L’idée de réunir la vallée du Rhône à celle du Rhin par une voie fluviale n’est pas récente. Des travaux ont déjà été entrepris sous Charlemagne. Dix siècles plus tard, un projet de canal empruntant la vallée du Doubs a été présenté en 1763 par Lachiche, que ses campagnes avaient conduit en Alsace en qualité d’officier du génie. Cette idée fut adoptée par la Révolution, sa réalisation entreprise sous Napoléon et terminée sous Louis-Philippe en 1833. Le tonnage et les dimensions des bateaux augmentant sans cesse, des travaux de rallongement des écluses, de surélévations des ponts et de surcreusage du canal sont régulièrement entrepris dès 1863. Le Canal du Rhône-au-Rhin s’est appelé «Canal Napoléon», «Canal Monsieur» avant de devenir «Canal Freycinet», employé depuis qu’il est aménagé pour recevoir des péniches de plus de 280 tonnes (1920). Ce canal emprunte successivement la vallée du Doubs, la trouée de Belfort et la plaine d’Alsace parallèlement à l’Ill qui contribue à son alimentation. L’embranchement de Huningue permet d’assurer un débouché sur le Rhin et vers la Suisse régulé par l’écluse Le Corbusier (1932). D’autres étapes ont marqué l’histoire des canaux de navigation alsaciens, comme la construction du Grand Canal d’Alsace et du Rhin canalisé, qui a permis de relier Mulhouse au Rhin par un nouveau débouché implanté à Niffer et de supprimer la navigation d’une part sur l’extrémité amont du canal de Huningue dont le rôle est limité à l’alimentation principalement, d’autre part sur la section Ile-Napoléon-Friesenheim qui, en raison de sa position parallèle à l’axe rhénan ne présentait plus grand intérêt économique.

novembre 2008

Espaces agricoles Zones forestières Zones urbanisées Nappe d’eau permanente Réseau hydrographique Autoroutes et voies rapides Voies principales

Source : BDOCS c , 2000, Réalisation : AURM, 2005

L’importance de l’eau dans l’industrie L’eau est depuis longtemps utilisée comme source d’énergie. C’est pourquoi, au début du XIXe siècle, les manufacturiers exploitèrent la proximité des cours d’eau pour entraîner la mécanique des machines à filer et des machines à tisser, mais pas seulement... également pour le lavage et la teinture des étoffes.

vières parallèles mais le plus souvent de plaines pouvant mesurer plusieurs kilomètres (comme le Steinbächlein ou le Quatelbach, 15 km chacun ou encore le Dollerbächlein - visible de Reiningue, Lutterbach, Pfastatt, Richwiller, Kingersheim, Wittenheim et Ruelisheim). Espaces agricoles Des sites à visiter dans tout le Pays de la régionZones mulhousienne pour forestières en savoir plus. Zones urbanisées

L’Alsace comptait à la fin du XVIIIe siècle plus de 1650 roues hydrauliques. Peu sont aujourd’hui encore en activité. Qu’ils aient été utilisés comme huileries, scieries, fouleries, taillanderies, forges à martinets, moulins à farine, à papier ou à garance, ces moulins abritent d’étonnants mécanismes. Les sites préservés témoignent d’une adaptation pertinente à l’environnement, grâce à diverses facettes de la domestication de la force de l’eau. Partir à leur découverte, c’est revisiter la région au fil de l’eau, à la rencontre d’un patrimoine pittoresque et pluriséculaire, à la croisée de l’agriculture et de l’industrie. Le paysage le long de ces cours d’eau se transforme. C’est notamment le cas pour le Steinbächlein, petit canal usinier, où se sont implantés d’amont en aval les complexes Hofer à Morschwiller-leBas, Schlumberger Fils à la Mer rouge, D.M.C. à Dornach ensuite la succession Blech & Fries, Frères Koechlin, Thierry & Mieg, Heilmann Frères et enfin Josué Hofer. Et si toutes ces usines sont pourvues d’énergies plus puissantes que l’énergie hydraulique. L’eau est néanmoins toujours présente pour les innombrables lavages qu’exige l’ennoblissement textile. La rivière Burnenbach (visible de la rue du château, à Brunstatt) longe le canal et délimitait autrefois le village, mais est aujourd’hui canalisée. Seule cette partie demeure visible dans ce qui fut le fossé d’un château du XIIIe siècle qui a servi de brasserie et d’usine chimique au XIXe siècle. En 1857, il fut rasé pour la construction de la ligne de chemin de fer. Les canaux usiniers à moulins sont parfois des dérivations de cours d’eau de vallées, généralement assez courtes, de simples ri-

Nappe d’eau permanente

Réseau hydrographique

Le Rhin et le Grand canal

Autoroutes et voies rapides

Les premiers aménagements réalisés sur le Rhin à partir de 1838 pour protéger les riverains des innondations et gagner des terres arables n’offrent, en revanche, pas des conditions favorables de navigation. En 1902, l’ingénieur René Koechlin présente à la S.I.M. son projet de canal latéral au Rhin destiné, lui, à la navigation et à la production d’électricité. Réalisé entre 1932 et 1959, le Grand canal d’Alsace s’étend sur 52 km de Bâle à Vogelgrün. Il permet aujourd’hui, en

Voies principales

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détournant une partie de l’eau du Rhin, de produire une importante quantité d’énergie électrique.

Des ports fluviaux importants A Illzach, se trouve le seul chantier naval encore en activité à une centaine de kilomètres à la ronde. L’ensemble des Ports de Mulhouse-Rhin (Ottmarsheim - voir p.28-, Huningue, Illzach) constitue le troisième port fluvial après ceux de Paris et de Strasbourg. Le Port d’Ile Napoléon doit son nom à une petite île qui se trouvait à l’embranchement des trois tronçons du Canal du Rhône au Rhin, rasée en 1968, puisqu’elle constituait une gêne pour les péniches d’un gabarit de plus en plus important. Une piste cyclable permet de longer le canal au départ de Zillisheim, Didenheim, Mulhouse ou encore Illzach.

Les étangs industriels et gravières Les gravières du Bassin potassique qui ont servi pour la construction des maisons de Cité ou des bâtiments des carreaux miniers ont été soit rebouchées, soit aménagées en plan d’eau (zones de loisirs) ou étangs de pêche.

Compléments d’informations : la brochure «Pays’âges industriels dans le Pays de la région mulhousienne» disponible auprès de l’Office de Tourisme de Mulhouse et de sa région ainsi que les accueils des 38 communes participant à ce projet.

1) Nouvelle écluse © Virginie Fiesinger-Lelièvre

Autre exemple de l’utilisation de l’eau ... L’irrigation des cultures qui s’effectue de deux manières, soit par forage dans la nappe phréatique, soit par la mise en place de canaux de déviation (pour Bantzenheim ou Hombourg, le canal de la Hardt -côté ouest- ou le Mulhbach -côté est- avec prise d’eau dans le canal d’Alsace).

2) La gravière de la mine Marie-Louise, Staffelfelden © René Giovanetti. Coll. M.D.P.A.

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III

III Les plantations

Petit historique des vignes en Alsace

“Vue de la ville de Mulhouse”, D. Herrliberger (dessin et gravure), gravure sur cuivre, 1756, Coll. Musée Historique de Mulhouse.

Le vignoble Tony Troxler (auteur alsacien) Le vignoble du Rebberg est réapparu grâce à un legs de la famille Gros-Spoerry à la Ville de Mulhouse. Un terrain de 3,71 hectares a été planté en vigne (50 ares) et en verger (50 ares) à des fins culturelles et pédagogiques tout en faisant revivre un patrimoine et un savoir-faire. Dès 1990, 2500 pieds de vignes sont cultivés : du pinot gris et du pinot auxerrois, cépages bien adaptés à la nature du sol et à l’exposition du terrain. Le vignoble du Rebberg est aussi un conservatoire. Il comprend un échantillon de tous les cépages alsaciens et plusieurs rangées de cépages anciens cultivés en Alsace. Le raisin récolté est pressé et vinifié.Cette production d’environ 5000 bouteilles, dont la cuvée est baptisée «Clos du Klettenberg» est réservée aux réceptions officielles de la Ville. Renseignements complémentaires : Service des espaces verts de la Ville de Mulhouse.

La vigne se développe véritablement aux VIIe et VIIIe siècles notamment avec la percée de la religion catholique. La période économique est favorable. Au IXe siècle, il existe déjà 120 villages viticoles en Alsace. Aux XIIe et XIIIe siècles, la culture de la vigne prend le dessus sur les autres cultures : la main-d’œuvre est nombreuse, le défrichement important. Au XIVe siècle, un refroidissement du climat oblige à la plantation des vignes sur les coteaux. Au XVIe siècle, la concurrence avec d’autres vins et la volonté d’expoorter du vin obligent à une meilleure qualité. A cette époque, le cépage Pinot noir est importé d’Italie. Le refroidissement du XVIIe siècle et la guerre de 30 ans vont mettre un coup d’arrêt à la production qui reprend au XVIIIe siècle dans des proportions plus importantes. Le phylloxéra au XIXe siècle et la concurrence de plus en plus importante avec les vins français provoque une crise dans le vignoble alsacien. Au cours du XXe siècle, le vignoble est relancé et la qualité des vins alsaciens est reconnue.

Des vignes à Mulhouse La vigne du Rebberg remonte sans doute aux premiers temps de la ville. Au Moyen Age, la tribu des vignerons était la plus puissante de Mulhouse. Pourtant, ce n’est qu’en 1466 qu’apparaît avec certitude la dénomination de “Rebberg” ou “Vignoble”. Au XIXe siècle, les capitaines d’industrie ne se satisfont plus des espaces trop restreints et parfois malsains du centre historique. Ils vont s’établir en dehors de l’enceinte de Mulhouse pour profiter de grandes parcelles.

Le “Rebberg” désigne précisément la colline sise au Sud-Est de la ville et est progressivement urbanisé pendant la seconde moitié du XIXe et le début du XXe siècle. Jusqu’au XIXe siècle, ses contreforts sont plantés de vignes tandis que son sommet est occupé parla forêt dite du “Tannenwald” (forêt de sapins) qui, contrairement à ce qu’annonce son nom, est une hêtraie. Les jardins mis en place par les habitants de ce site remodelent le paysage. Bon nombre d’entre eux vont, en effet, abriter des pavillons formant des belvédères sur la ville ou au moins sur la rue. Pour épouser le relief du site tout en conservant le confort des espaces d’agrément, d’importants terrassements sont réalisés dans les propriétés. Des murs de soutènement bordent certaines rues (boulevard Léon Gambetta, rue de la Montagne, etc.) et retiennent les masses de terres des jardins, lesquels se trouvent ainsi plusieurs mètres au-dessus des voies de circulation.

FormeS de La nature, homme et induStrie Les formes jardinées

Petit historique des jardins

Mille ans de jardins Au Moyen Age, la nature est la richesse principale des hommes pour se nourrir. La culture d’un jardin est avant tout productive comme le verger et le potager. A l’Ecomusée d’Ungersheim ou encore à Zillisheim, des reconstitutions nous en donnent une repré-

Les Baumann sont une grande famille de pépiniéristes de Bollwiller. C’est Jean Baumann, originaire de Dornach en Suisse puis étudiant en Hollande qui est appelé par le marquis de Rosen et qui fonde la dynastie à Bollwiller. A partir de 1730, il établit un magnifique jardin fruitier au château de Bollwiller et obtient le droit de la part du marquis de s’installer comme pépiniériste. Son fils, François-Joseph, agrandit les plantations et publie le Catalogue des arbres fruitiers les plus estimés qui peuvent se cultiver dans notre contrée. Il laisse à ses enfants un établissement florissant, déjà d’une grande réputation. L’un de ses deux fils, Joseph-Bernard, effectue de nombreux voyages à l’étranger pour se perfectionner et travaille à Karlsruhe, à Berlin ou encore à Badenweiler. Réputée au-delà des frontières de l’Alsace, la pépinière prend de l’ampleur avec une superficie de 30 hectares et une grande diversité allant des arbres fruitiers aux arbres exotiques en passant par les plantes de serre. Au milieu du XIXe siècle, Auguste-Napoléon, le fils de Joseph Bernard fait prospérer les établissements Baumann en proposant une grande collection de plantes mais également les services de paysagistes et de jardiniers expérimentés. Sa sœur épouse François-Emmanuel Gay qui fonde une autre branche de la maison Baumann, plus orientée vers la pépinière de grosse production et qui fournit un peu plus l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche. Emile-Napoléon reprend la suite de son père, Auguste-Napoléon, et augmente encore le site de production à 40 hectares. Les Baumann sont notamment les créateurs de la Pomme reinette ou de la Pomme royale en l’honneur de la rencontre avec le roi Charles X. La découverte de la potasse et son exploitation en 1904, avec le puits Rodolphe, provoquent le ralentissement de la pépinière pour deux raisons : la potasse sale la terre, ce qui n’est pas bon pour les végétaux. De plus, les sociétés d’exploitation de la potasse payent les ouvriers deux fois plus que les pépinières ne peuvent le faire. Les entreprises Baumann, freinées par le manque de main-d’œuvre et la difficulté d’exploiter, arrêtèrent la production en 1992.

Au XVe siècle, princes et puissants font venir à leur cour des humanistes : savants, artistes et philosophes. Cette époque de bouillonnement intellectuel fait découvrir des civilisations lointaines. On mène des recherches scientifiques et on met au point de nouvelles techniques. On expérimente les dernières nouveautés liées à la géométrie, aux mathématiques, à la peinture... A la fin du siècle, les jardins se dotent de portiques pour faire de l’ombre, de statues, de fontaines, de grottes, de plantes rares venues des contrées lointaines que viennent de découvrir Christophe Colomb, Magellan... Les jardins botaniques, lieu d’expérimentation pour faire naître et découvrir de nouvelles espèces, apparaîssent dès le XVIe siècle en France. Louis XIV, un roi en ses jardins Le futur Roi Soleil décide de faire de Versailles le plus beau domaine jamais réalisé. Le chantier durera plus de quarante ans : en 1685, quelque 36 000 ouvriers et 6 000 chevaux s’y activent. Les jardins de Versailles deviennent, avant le château même, un lieu de réception. Ces jardins élaborés par André Le Nôtre sont alors un outil de pouvoir pour le roi qui garde ainsi les courtisans sous contrôle. La légère et longue pente du site se prête admirablement bien, par sa perspective, à un jardin régulier que l’on appelle “jardin à la française” à partir du XIXe siècle. A son apogée, il recouvre plus de 6000 hectares et est clos par 43 kilomètres de murs.

Les premiers aménagements visibles au Rebberg sur les plans de la ville sont concomitants de l’implantation du chemin de fer (1841). Il faut cependant remarquer que les plans précédents de Mulhouse s’arrêtaient au canal de jonction du Rhône au Rhin. On ne peut donc pas dater avec certitude les premiers aménagements paysagers du Rebberg. Sur le plan du tracé définitif du chemin de fer de 1837 tel qu’il fut présenté à Nicolas et Edouard Koechlin, on voit apparaître un jardin auprès de ce qui deviendra ensuite le square du Tivoli. Les pouvoirs publics s’associent à ce phénomène d’urbanisation du Rebberg, proposant des aménagements publics ajoutant encore aux qualités paysagères du site : par exemple avec la construction du belvédère en 1898, par celle du réservoir du Moenchsberg et de sa grande pelouse formant un cône de vision sur la ville ou encore avec la construction du zoo.

Le récit d’une pépinière... dans le Pays de la région mulhousienne

Le jardin de la renaissance

Sculpter la nature Le XVIIe siècle raffole des topiaires. Le principe consiste à tailler, greffer, suspendre des pierres aux branches, afin qu’elles se courbent dans le sens inverse de leur nature... pour contraindre l’arbre à prendre la forme de cônes, pièces d’échecs ou encore d’animaux. La modification de la forme des arbres était déjà d’usage dans les jardins romains. Aujourd’hui, de belles topiaires sont visibles au Parc zoologique et botanique de la Ville de Mulhouse.

S’inspirer

sentation. Les jardins ornementaux sont réservés à la noblesse et au clergé. La religion chrétienne hisse le jardin au rang de “jardin du paradi” contenant de nombreux symboles de l’ancien testament comme le jardin d’Adam et Eve. L’hortus conclusus apparaît à cette époque : il s’agit d’un jardin secret et clôt symbolisant la virginité de la Vierge Marie. Au XIIe siècle, une abbesse du Mont Saint Odile, Herrade de Landsberg, écrit l’Hortus Deliciarum. Il s’agit d’un jardin où sont mis en scène les préceptes de saint Augustin sur l’Eden. Les monastères conçoivent des jardins dans leur cloître car le travail de la terre devient peu à peu un acte complémentaire à la prière. Les abbayes sont divisées en plusieurs jardins : le cloître, le potager, le jardin de plantes médicinales et le verger. Les moines sont guidés par des “traités” et livres de jardinage datant des Grecs et des Romains. Dès le XIIIe siècle, ils s’échangent des graines, commencent des cultures de plantes rares et lancent la mode des greffes d’arbres. Dans la peinture médiévale, on retrouve autour des châteaux et des forteresses des “jardins d’amour” qui sont des jardins fruitiers et d’agréments faits de plates bandes d’herbes, de plantes ornementales, d’arbres fruitiers mais aussi de tonnelle, de treillage de rosier et de banquette d’herbe.

En France, au début du XVIIIe siècle, la mode est aux jardins régulier : allées rectilignes, parterres de gazons, topiaires, bosquets complexes et parfois jeux d’eau. Outre-manche, c’est l’inverse ! “Les jardins à l’anglaise” cherchent à imiter la nature et à recréer l’effet produit par celle-ci. Fondé sur les contrastes, ce type de jardin inclut des boisés, des fourrés et des ruines décoratives qui en accentuent les traits irréguliers. La promenade n’y est pas balisée comme dans les “jardins à la française” : elle est plutôt un cheminement aléatoire. L’architecte anglais, William Chambers, pris de passion pour la Chine, crée le premier jardin d’inspiration chinoise à Kew, non loin de Londres. Ce nouveau style boudé par ses compatriotes s’exile en France. Le jardin “anglo-chinois” n’est pas un jardin tel qu’il existe en Chine, mais plutôt celui que l’on imagine à la lecture des récits de voyage. A Rixheim ou encore au Parc Salvator de Mulhouse, de petites pagodes ou passerelles témoignent bien de cette influence.

Les jardins publics C’est à Paris que naissent les premiers jardins publics. Au XVIIIe siècle, le jardin des Tuileries sera le premier espace vert des Parisiens, suivi des jardins du Palais-Royal, dont l’entrée est payante. Avec ses galeries, boutiques et cafés, ce jardin devient à la veille de la Révolution française un lieu de rassemblement propice à la propagation d’idées nouvelles. Les citadins peuvent, dès la fin du XVIIIe siècle, sortir de la ville. A proximité de la capitale, ils se retrouvent dans les jardins maraîchers ou dans les guinguettes, modestes auberges au bord des rivières.

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III

III Au tournant des XIXe et XXe siècles Les avancées conquérantes de la Révolution industrielle transforment la notion de “paysage” en Europe. En crachant leurs fumées, les industries rétrécissent l’espace et les trains raccourcissent le temps. Déracinant impitoyablement les gens, cette vague provoque une rupture avec la terre. Les plus aisés “privatisent” la nature en créant des jardins pour leur usage dans les villes. Les jardins et parcs publics deviennent de véritables “poumons”. Cette même période est également l’époque des grands chantiers urbains. Les villes “s’aèrent” : destruction de quartiers insalubres, percée de boulevards et avenues que l’on plante d’arbres pour la promenade et création de grands parcs publics et squares. Le jardin devient alors un élément incontournable dans l’aménagement de la ville. Les plantes exotiques, que l’on En savoir plus : admire dans les serres, sont ANTOINE OUELLETTE, “Oiseaux beaucoup appréciées. Lorsqu’au et jardins musicaux de France”, milieu du XIXe siècle, les construcL’Agora, vol 10 no 1. printemps tions métalliques sont en vogue, 2003 “Jardins”, éditions Le la construction des serres en est Moutard. favorisée.

Les jardins industriels du Pays de la région mulhousienne : quelques exemples Les industriels mulhousiens du XIXe siècle, pour des raisons professionnelles, ont beaucoup voyagé. Ces voyages leur ont fait découvrir d’autres cultures et modes de vie et sont venus enrichir leurs conceptions quant à l’aménagement d’une ville. A Mulhouse, quatre types de jardins industriels sont visibles.

Le jardin de la fabrique d’indiennes Jean Hofer et Cie, actuelle-

mensquare des Evadés de Guerre (plus communément appelé square Kennedy).

Les bâtiments de l’usine d’impression sur étoffes sont construits entre 1797 et 1811. Le jardin en forme de cercle, qui existe apparemment dès la construction du complexe usinier, n’a des contours précis que sur le plan de la ville de Mulhouse de 1844. Ce jardin est progressivement envahi par différents bâtiments destinés soit à l’usine, soit à d’autres fins après la cession du complexe à la ville en 1847. Sa forme originelle s’en trouve remise en cause. Ce n’est qu’en 1968, suite à la destruction de l’un des deux pavillons d’entrée de l’usine, que le propriétaire des lieux (la Ville de Mulhouse) décide d’aménager la surface libérée en square avec un monument dédié à l’industriel Nicolas Koechlin.

Les jardins des établissemensts D.M.C., avenue de Pfastatt. Ce vaste complexe usinier est révélateur de l’évolution des sites industriels à Mulhouse. L’usine est répartie sur les deux bans communaux de Mulhouse et de Dornach pendant la première moitié du XIXe siècle. L’usine primitive, le nouveau D.M.C. de 1800, consiste en d’imposantes filatures et autres ateliers mais également en de nombreux terrains vierges ou jardinés destinés à la production et à l’agrément (parc anglais, manège...). Le domaine possède ainsi une ferme, des bâtiments de séchage et des prés destinés au blanchiment. Dans l’usine sise à Dornach, un jardin semi-circulaire est placé à l’avant d’un vaste bâtiment de production. Deux bâtiments d’entrée à colonnades mettent en valeur le bâtiment et le jardin. Par la suite, les progrès industriels et les changements dans les méthodes de travail induisent de nouvelles formes de constructions : de plus en plus imposantes, à un seul étage avec des toitures à sheds. Les terrains jusque-là vierges constituent des réserves foncières. Les jardins n’ont apparemment plus la même importance à l’exception du parc aménagé autour du réfectoire de 1886.

Le jardin de Rixheim, rue Zuber. La commanderie a été construite à partir de 1735. La forme du jardin à cette époque n’est pas connue. Pendant la Révolution, un hôpital militaire est installé dans le bâtiment : un jardin est alors créé pour alimenter la pharmacie. En 1797, quand le domaine est racheté par un manufacturier de papier peint, le jardin retourne à l’état sauvage. Jean Zuber et ses descendants remettent en état et le développent au XIXe siècle comme au XXe siècle. Ils y construisent des serres pour les plantes exotiques et y implantent un système hydraulique (un étang dessert de petites rigoles sillonnant tout le parc). Les plantes du jardin servaient probablement de modèle pour la création des papiers peints.

Mulhouse. Jardin de l’usine d’impression sur étoffes, fabrique d’indiennes J. Hofer et Cie actuellement square Kennedy. Pelouse centrale a l’emplacement d’un bâtiment d’usine démoli. Magnolia. © Frantisek Zvardon. Inventaire général - Région Alsace/ADAGP, 2007.

Le jardin d’usine Dans la sphère publique, le jardin est un élément de prestige qui met en valeur la fabrique ou la manufacture. Dans la sphère privée, il exprime la réussite de l’industriel, en mettant en valeur son entreprise. Cependant, un jardin aménagé sur un site manufacturier peut n’être destiné qu’au seul usage du propriétaire. A Rixheim, le jardin de l’entreprise Zuber n’était accessible que par la maison des directeurs. Néanmoins, le jardin d’usine n’est pas toujours privatif comme en témoigne celui de l’usine D.M.C. à Dornach.

Rixheim. Cour de la commanderie plantée de platanes. © Frantisek Zvardon. Inventaire général Région Alsace/ADAGP, 2007.

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Le jardin et l’industriel Dès la fin du XVIIIe siècle à Mulhouse, la conception du logement urbain se modifie : certaines maisons de l’aristocratie locale sont transformées en manufactures. C’est à cette époque que l’industriel Steinbach constitue son parc (l’actuel square Steinbach) en profitent des nombreux bras d’eau entourant la ville. Cependant, la nouvelle classe dirigeante ne se satisfait plus de ces édifices, enserrés dans le réseau dense du centre historique. Elle s’établit progressivement en périphérie des villes pour jouir de plus d’espace. A Mulhouse, par exemple, elle s’installe d’abord le long du canal, puis après 1870 sur la colline du Rebberg. Des propriétés y sont bâties, agencées de façon à profiter du relief. Des belvédères, des terrasses, des cônes de vision sont aménagés dans ces jardins, afin que leurs propriétaires jouissent d’un point de vue sur la ville. Si certains parcs privés d’industriels sont devenus publics comme le parc légué par Alfred Wallach à la population de Mulhouse, d’autres sont destinés dès l’origine aux citadins. C’est le cas du Parc zoologique et botanique de Mulhouse qui s’inscrit dans une démarche hygiéniste et éducative.

architecte suisse établi à Mulhouse de 1855 à 1871, a construit ce “château” en 1868 pour l’industriel lainier Alfred Koechlin-Schwartz. G Les jardins botaniques : exemple de celui de Mulhouse Une curiosité de tout, une tendance à tout collectionner sont des traits typiques de la Renaissance. C’est cet état d’esprit qui préside à la création des jardins botaniques. Les premiers sont créés en Italie : en Vénétie, puis à Pise et Florence... En quoi ces nouveaux jardins sont-ils différents ? Ils présentent la particularité de réunir en un même lieu de multiples espèces provenant du monde entier, et notamment celles qui ont été rapportées par les grands voyageurs. On y cultive des plantes exotiques pour l’époque : orangers, citronniers, roses de Jéricho, melons, tomates, aubergines, jasmin, maïs... C’est aussi un lieu d’expérimentation pour faire naître de nouvelles espèces. En France, le premier jardin botanique est créé à la fin du XVIe siècle à Montpellier : son catalogue compte près de 1300 plantes. Le Jardin botanique de Mulhouse a été créé dès 1867 par une société civile qui acquiert 4 hectares de vignoble et 4 hectares de forêt (mis à leur disposition par la ville). L’inauguration du Jardin zoologique a lieu le 13 septembre 1868 : l’ouverture est de courte durée du fait de la guerre entre la France et la Prusse en 1870. Le Cercle Mulhousien récupère le site en 1875 et le réhabilite en intégrant la partie botanique. De nouvelles fabriques pour animaux sont également créées. En 1893, la ville en devient propriétaire. Le restaurant date de 1899. Le parc profite de trois périodes d’extension: 1933, 1937 et 1950. Le parc a été conçu de manière paysagère grâce à la conception de M. Geiger : des allées sinueuses découpent des îlots de verdure aux programmes décoratifs différents. Les vues sont ménagées grâce aux végétaux et aux pavillons pour les animaux. Le bassin romantique est créé en 1904. La deuxième partie conçue en 1950 est dans un style plus naturaliste. Les collections botaniques sont présentes dans l’ensemble du parc : dahlias, iris, pivoines...

Quelques exemples :

G Jardin du Réservoir - rue de l’Argonne : le jardin est situé sur un réservoir d’eau de la ville de Mulhouse. Vue dégagée sur la ville par le biais d’une terrasse en belvédère. G Maison Steinbach, actuellement Musée des Beaux-Arts et square Georges Steinbach - accès par les rues de la Sinne, des Fleurs, Alfred Engel et avenue Wicky. De style irrégulier, ce parc est intéressant : deux canaux sur les trois qui entouraient le jardin ont été couverts. Les plantations actuelles sont hétérogènes et souvent exogènes (savonnier de Chine, tulipier de Virginie, Ginkgo biloba...). G Parc Alfred Wallach actuellement jardin public, rue des Sapins (à côté du Centre international du Waldeck) ou allée des Ecureuils, Riedisheim. Le paysagiste du parc Wallach est Achille Duchêne, célèbre paysagiste français du début du XXe siècle. Dans la catégorie des jardins “à la française”, ce parc possède le label ”jardin remarquable“. Il est de style régulier, c’est-à-dire que les lignes de ce jardin sont droites et les végétaux sont taillés et sculptés pour répondre à une forme artistique ; c’est le cas des buis taillés qui forment des “broderies”. Des moulages de statues célèbres sont exposés dans le jardin. G Square du Belvédère : le Belvédère, structure métallique formant une tour d’une vingtaine de mètres de haut, offre un panorama remarquable sur toute la ville. Conçu en 1898 par Maurice Koechlin, il est aujourd’hui encore une construction incontournable de la colline du Rebberg. Le parc, du même nom, date du début du XXe siècle avec une extension en 1921. Le square répond à un aménagement simple d’allées et de prairies ponctuées d’arbres. G Square du Tivoli - boulevard Léon Gambetta. Ancien jardin privé de la Villa Tivoli. Les plantations sont denses et d’une belle diversité botanique. Plusieurs séquoias géants quadrillent le square. G Villa l’Ermitage - 51 rue Léon Gambetta. Louis-Frédéric de Rutté,

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1) Porte du Miroir Jardin de l’usine d’impression sur étoffes, fabrique Vue aérienne des jardins des villas d’industriels avec notamment la maison dite villa Jaquet, actuellement parc public Jaquet. 3

© Frantisek Zvardon. Inventaire général - Région Alsace/ADAGP, 2007.

2) Mulhouse, rue de la Sinne Jardin d’agrément de la maison d’industriel dite maison Steinbach, actuellement square Georges Steinbach. Pied du ginkgo, vue vers l’ancien portail du jardin à l’Ouest. © Frantisek Zvardon. Inventaire général - Région Alsace/ADAGP, 2007.

3) Mulhouse, Rebberg, Parc zoologique et botanique de Mulhouse, Avenue plantée de tilleuls partant de l’entrée inférieure. © Frantisek Zvardon. Inventaire général - Région Alsace/ADAGP, 2007.

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III

III Les jardins et l’ouvrier Les jardins des cités ouvrières Le développement des cités ouvrières à Mulhouse, dès 1853, a donné naissance à deux types de maisons : en bandes et au “carré mulhousien” : un bloc de quatre habitations disposées de ma-

Les services des espaces verts des villes

lité de cultiver leur propre jardin le dimanche. Chaque parcelle de terre, louée à bas prix, permettait à une famille de cultiver un potager avec éventuellement des arbres fruitiers et des fleurs pour subvenir à ses besoins. Et s’ils donnaient ou donnent encore de nos jours l’impression d’être “faits de bric et de broc”, c’est que toute la place est occupée : plantations, outils, abri de jardin... Pas de place perdue ! Sorte de “patchworks” de verdure et de cabanes hautes en couleurs situés à l’origine en bordure de ville, ces petits jardins sont de nos jours de plus en plus rares.

Les principales missions d’un Service des espaces verts d’une ville sont d’entretenir les espaces verts, les propriétés de la ville, les parcs et jardins ainsi que les forêts communales, de produire des plantes à massifs et des arbustes, de réaliser des décorations florales, d’aménager et entretenir les aires de jeux et de mobilier urbain ainsi que d’assurer toute la gestion du patrimoine arboré.

Les jardins publics

G Parc Braun - accès par les rues Daguerre et Lutterbach. Aménagé en 1999 sur un ancien site industriel, il est formé d’une grande pelouse centrale et de plusieurs arbres disposés en bosquets. Ce site est intéressant du point de vue de l’histoire de la requalification urbaine. Mulhouse, jardins de la cité ouvrière dite la Cité. Vue aérienne de l’ensemble de la cité (rue des Oiseaux, rue de Strasbourg. © Frantisek Zvardon. Inventaire général Région Alsace/ADAGP, 2007.

nière à créer systématiquement un espace vert. A la création de la cité, la plantation d’un tilleul par parcelle est imposée par la Société des cités ouvrières. Aujourd’hui, les jardins sont plus diversifiés et deviennent plus fréquemment des jardins d’agrément. L’exemple des cités minières, dans le bassin potassique, suit un modèle très différent de ceux de Mulhouse. En voici le descriptif écrit en 1930 par Pierre De Retz, 1er Directeur Général des M.D.P.A. et créateur des cités. « Nous avons cherché à écarter les maisons le plus possible les unes des autres, à les isoler dans leur jardin. Le prototype de la maison ouvrière est la maison à deux logements. Chaque logement est entouré d’un jardin de 4 à 5 ares. En bordure des routes, des érables, des ormes, des platanes et des peupliers sont plantés. Les Mines plantent également à l’intérieur de chaque clos 3 ou 4 arbres fruitiers : cerisier, prunier, poirier et pommier. Enfin, un concours annuel doté de prix en nature et très apprécié du personnel, entretien un intérêt très vif à la présentation et au rendement du jardin en fleurs et en légumes.»

G Jardin public du Salvator - Accès par la place Salvator, les rues de Stalingrad et Salvator. Premier jardin public aménagé à Mulhouse à l’emplacement de l’ancien cimetière (1890), il contient une grande variété d’essences, dont beaucoup sont exotiques : tulipier de Virginie, cèdre de l’Atlas, sophora du Japon, libocèdre de Californie... mais également des arbres typiques du genre irrégulier de la fin du XIXe et du début du XXe siècle (hêtre pourpre, pin noir d’Autriche, séquoia géant...). Trois séquoias entourent un bassin décoré de rocailles.

Le «Carré mulhousien».

Les serres © Service des espaces verts de la ville de Mulhouse.

Pour répondre au mieux aux objectifs cités, le conservatoire a défini deux domaines d’action bien distincts : le programme “Alsace” qui s’occupe du patrimoine naturel régional. le programme (C.A.M.I.) qui concerne les plantes d’intérêt Chimique, Aromatique, Médicinal ou Industriel. Il permet de conserver et sauvegarder des espèces utiles dont les molécules pourraient faire l’objet d’une utilisation en médecine ou dans des traitements en agriculture. Ces plantes qui sont pour la plupart des espèces menacées proviennent du monde entier et en particulier des îles Juan Fernandez au large du Chili, de Madère, des Açores ou des Canaries mais également de France (Corse). Le conservatoire s’occupe de cultiver et multiplier les plantes afin d’en avoir un stock suffisant pour que celles-ci puissent être étudiées et analysées. C’est à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse que de nouvelles molécules sont recherchées dans ces plantes. Un certain nombre a également été analysé par le Laboratoire de Biologie Végétale du Muséum national d’Histoire Naturelle à Paris qui a étudié la biologie de la reproduction, la morphologie et la caryologie des plantes.

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Pour résumé, le conservatoire cultive environ 600 espèces différentes dont 250 pour le Programme «Alsace» et 350 pour le programme “C.AM.I.“

Le Service des espaces verts de la ville de Mulhouse C’est un patrimoine de 450 ha (forêts, promenades, parcs et squares, arboretum, berges, prairies...), 14 404 arbres d’alignement, un centre horticole de 266 ares avec 400 000 plantes produites chaque année et un conservatoire de 15 à 20 000 plantes produites pour la conservation et la recherche géré par 129 personnes. Maisons entre cour et jardin dites «through-through» en Angleterre.

G Le Nouveau Quartier et le square de la Bourse place de la Bourse. Avec l’accroissement de la ville consécutivement au développement industriel, de nouveaux terrains doivent être lotis. La classe bourgeoise déserte, la première, la vieille ville de Mulhouse devenue exiguë et insalubre en 1826. Elle réalise une opération d’urbanisme destinée à moderniser la ville et à lui assurer un espace préservé. C’est ainsi que naît le projet du Nouveau Quartier sur d’anciens terrains cultivés en vergers avec deux architectes, Stotz et Fries. De forme triangulaire (symbole maçonnique), il est bordé par des hôtels particuliers sur arcades (modèle de la rue Tivoli). Il offre de nos jours de riches décorations florales et l’ombre d’arbres vénérables dont un platane âgé d’environ 150 ans. Aujourd’hui, le jardin remanié est de style régulier composé d’un boulingrin, ce qui est original en secteur urbain.

Le Conservatoire botanique, une spécificitéà Mulhouse Qu’est-ce qu’un conservatoire botanique ? Un Conservatoire Botanique a pour but de préserver le patrimoine floral sauvage menacé car l’extinction d’une espèce en tant que combinaison génétique originale serait une perte irréparable pour le monde vivant. Ces missions principales sont les suivantes : Mettre en place des observatoires : produire, collecter et valider des données et mettre à disposition l’information aussi bien auprès de scientifiques que du grand public Préserver la biodiversité : faire le suivi de la flore et des habitats rares et menacés, définir des stratégies de conservation pour le patrimoine végétal sauvage et pratiquer la conservation ex-situ. Assurer un appui technique et une expertise scientifique pour le compte de l’état et des collectivités territoriales Informer et sensibiliser le public à la connaissance et à la préservation du patrimoine végétal sauvage

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Maisons contigües dites «Back-back»

1) Serre de germination du conservatoire © Service des espaces verts de la ville de Mulhouse.

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2) Pervenche Catharanthus sp. © Service des espaces verts de la ville de Mulhouse.

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Les jardins familiaux Les premiers apparaissent en 1900 dans les quartiers populaires. D’une superficie moyenne de deux ares, ils assurent un complément alimentaire. Dans les années 1950, les enjeux changent. La brusque hausse de natalité et l’urbanisation croissante provoquent la reconversion de ces jardins en terrains constructibles. Ils ont été créés pour que les ouvriers puissent aller prendre l’air en famille et aient la possibi-

Espaces Verts de la Ville de Mulhouse en 1993. Précédemment, les plantes étaient cultivées sur un terrain au Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse).

Lexique Boulingrin : pature de gazon généralement entouré de bordures ou de talus en forme de cuvette à fond plat.

Le Conservatoire Botanique de Mulhouse a été créé en 1985 à l’initiative de Jean-Pierre Reduron, alors Directeur du Service des Espaces Verts. Le rôle de ce conservatoire s’oriente autour de deux axes : le premier est pédagogique (au Zoo de Mulhouse ont été créées une rocaille sous-vosgienne, une rocaille jurassienne et une zone riedienne. Elles permettent de présenter au grand public des espèces typiques de ces milieux qui sont communes ou menacées d’extinction et donc protégées) ; le second est la conservation (une unité Conservatoire Botanique a été créée au sein des serres

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IV La nature et L’ induStrie : découverte, recherche et applications

Les plantes à fond de cale Dans la première moitié du XVIIe siècle apparaît dans la plupart des pays d’Europe, un engouement extraordinaire pour les “Curiosités” de la Nature. Les lieux 18 de la connaissance des plantes que sont les jardins botaniques accueillent des végétaux rares : de leur description à leur éventuelle introduction et mise en culture, ils mobilisent bien des acteurs. Au gré de leurs voyages, les explorateurs et les scientifiques prélèvent boutures et graines, établissent des herbiers (collections de plantes séchées destinées à l’étude) et décrivent les conditions de vie des plantes croisées sur leur chemin. Mais rapporter certaines plantes de lointaines contrées n’est pas sans difficultés. En effet, comment garder en vie une plante dans un bateau à fond de cale, durant des mois et des mois de traversée ? Outre l’absence de soleil, il y a le manque d’eau douce pour l’arrosage, les différences de climats et de température, les embruns salés... Seules les plus résistantes arrivent à bon port, comme le cèdre du Liban, rapporté au XVIIIe siècle par le botaniste Bernard Jussieu. Ces apports de plantes sont précieux pour les industriels : ils sont source d’inspiration pour créer de nouveaux motifs aussi bien pour les étoffes que pour les papiers peints ou panoramiques.

Des noms pour une plante. Quelle origine ? Les plantes, et bien entendu leurs noms, ont voyagé à travers les époques et les continents, comme l’Arbre aux quarante écus “Ginkgo biloba”, dont l’étymologie est composée de : - d’un mot d’origine chinoise yajiao, qui signifie “patte de canard” en référence à la forme évasée de la feuille ; - d’un adjectif latin 21 “biloba”, qui signifie bi-lobée (en référence à la forme bi-lobée de la feuille). Cet arbre est mentionné pour la première fois dans un livre chinois du XIe siècle. Plus tard, on trouve également le mot yinxing qui signifie “fruit d’argent” (en fait xìng désigne tous les fruits à noyau, abricot, prune, pêche, etc.). Sens que l’on utilise couramment au Japon. Le sens des mots se confond alors avec une mauvaise interprétation de sa sonorité : “fruit d’argent” qui se prononce “ich” est une déformation du mot chinois “ichiy” qui signifie “feuille”. Une nouvelle erreur a conduit le père jésuite Kaempfer, premier botaniste occidental à décrire le ginkgo, à lire “ginkyo” au lieu de “ginkô” (prononciation japonaise “logique” des deux caractères utilisés). De surcroît, se rajoute une erreur d’impression qui aboutit à l’orthographe aujourd’hui employée. Mais cet arbre ne porte pas le même nom selon les pays. Le nom anglais maidenhair tree découle de la ressemblance de ses feuilles avec celles d’une fougère maidenhair fern, cheveux de Vénus. Même à l’échelle d’un pays, les différentes langues et dialectes sur un même territoire font qu’une plante peut être connue sous différents noms selon les régions. Carl von Linné, médecin et botaniste suédois du XVIIIe siècle, a établi des principes qui permettent encore aujourd’hui de classer et nommer les plantes dans un langage commun. Depuis Linné, chaque plante possède sa carte d’identité universelle.

(le tilleul). La deuxième partie du nom définit l’espèce : c’est un adjectif qui fonctionne comme le prénom d’une personne qui viendrait après son nom patrimonial. Cet adjectif apporte une information sur la couleur de la plante, sur sa taille, sur son type de feuille ou encore sur la forme du fruit. Par exemple, l’une des variétés du séquoia dont la taille est particulièrement importante est appelée Sequoiadendron giganteum, ce qui signifie Séquoia géant. L’adjectif latin peut être très poétique comme pour le merisier Prunus avium, le prunier des oiseaux ou encore peut apporter des précisions sur des pratiques anciennes comme pour le Sorbier des oiseleurs dont le nom latin est Sorbus aucuparia. Pour les Celtes et les Germains, le sorbier était un arbre sacré qui protégeait le bétail contre la foudre. Les Ecossais lui attribuaient le pouvoir de chasser les mauvais esprits des maisons. Le sorbier fleurit en mai-juin pour donner des fruits, qui ont une grande résistance sur l’arbre en hiver et constituent ainsi une réserve de nourriture pour les oiseaux. 19 Ses baies rouges sont très appréciées par les grives. Si bien qu’autrefois, les oiseleurs attrappaient au filet les grives attirées par ces baies rouges.

IV LeS comPoSanteS de La nature et quelques pistes pédagogiques Reconnaître un arbre

Reconnaître un arbre grâce à sa silhouette

De la page 20 à 22, vous trouverez des clés de détermination pour identifier certains arbres présents dans les jardins du Pays de la région mulhousienne. Une liste non-exhaustive d’espèces est disponible page 18 pour vous aider.

Le port d’un arbre est parfois très caractéristique et constitue un indice, parmi d’autres, permettant son identification. Les schémas 1 à 8 représentent la silhouette de huit arbres - les plus représentatifs des espèces identifiés dans le Pays de la région mulhousienne -. En dessous se trouve le nom et une courte description de chacun de ces arbres.

Connaître le vocabulaire lié à la nature Pour exploiter tous les termes de lexique présents dans ce livret, le jeu du «Petit Bac» permet aux élèves de restituer ce qu’ils ont appris. Le principe est de citer une lettre de l’alphabet au hasard. L’objectif étant d’avoir le maximum de mots dans la thématique demandée (jardin, arbre, plante...).

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a. chêne pédonculé : tronc puissant, houppier (ensemble des ramifications portées par le tronc d’un arbre) fourni et ample, branches souvent tourmentées. b. marronnier : tronc puissant et droit, houppier très développé, large, cime (sommet, partie supérieure de l’arbre)

Selon vous, pour quelles raisons la silhouette d’un arbre estelle parfois insuffisante pour permettre son identification ?

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haut placé, branches du bas proches de l’horizontale. e. bouleau : tronc mince et droit, houppier aéré, ovoïde, rameaux secondaires pendants. f. charme : tronc qui se prolonge nettement dans le houppier dense, ovoïde.

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g. érable sycomore : tronc qui se prolonge par des branches ascendantes fortes, houppier large formant un dôme. h. saule rouge : fût assez fort et bas, houppier ample constitué par des rameaux dressés en éventail.

LES FORMES IMPOSÉES Par la concurrence des autres arbres

... et même dans l’art De tout temps, la nature a été une source inépuisable pour les artistes. Le “Land Art”, mouvement né dans les années 1960-70, est lié au tout nouveau mouvement écologique. Dans cette nouvelle forme d’art, les artistes interviennent directement sur le paysage en mettant en scène des éléments de nature. Le Service éducatif de la ville de Mulhouse propose des animations pour faire découvrir les pratiques du “Land Art” aux enfants. Renseignements auprès des Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques 16 rue de 22 la Fonderie 68093 Mulhouse Tél.: 03 69 77 77 38 Mail : cyrille.saint-cricq@mulhouse.fr 1.Engelbert Käempfer, Amoenitatum exoticarum... Lemgo, 1712. Fascicule V, p. 811-813. 2.Pierre-François Michel, Ginkgo biloba l’arbre qui a vaincu le temps, éditions du félin, 1999. 3.Peter H.Ruven, Ray F.Evert, Susan E.Eichhom, Jules Bouharmont, Biologie végétale,

A l’état isolé

En futaie (forme forestière) Une couronne haute comprimée

Une couronne largement déployée Un centre de gravité situé dans la moitié inférieure

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1/3 à 1/4

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Une ramification basse

Une B couronne descendant presque jusqu’au sol

1/3

1/3

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2/3 à 3/4

Tronc dénudé et élancé

Un tronc court et puissant

Conifère (épicéa)

En savoir plus… Connaître l’âge d’un arbre Chaque année l’arbre croît en hauteur et en largeur et, bien sûr, le nombre des cernes diminue avec la hauteur.

feuillu (chêne)

Par les éléments

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Vent dominant

j Une déformation du houppier dite “en drapeau”

La reptation de la neige

Déformation en crosse

La moelle de la jeune tige est vite détruite au cour de la croissance

Par l’homme Repousse d’1 an Coupe

8 à 10 ans 3 à 4 ans Coupe

Feuille de Tulipier de Virginie

Son nom scientifique est composé de deux parties au moins.

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pyramidale. c. saule pleureur : port gracile, caractérisé par les rameaux secondaires pendants (parfois jusqu’à terre). d. hêtre : fût (partie du tronc d’un arbre située sous les premières branches) droit et assez puissant, houppier souvent

Saule en têtard

La première partie de ce nom indique à quel genre appartient la plante, un peu comme son nom de famille : Rosa (le rosier), Tilia

Mettre en relation chacune des silhouettes avec le nom et la description qui lui correspondent.

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Que d’usages Les plantes peuvent soigner, par exemple : on extrait la substance du saule pour fabriquer de l’aspirine. L’if est exploité dans certains traitements contre le cancer. La papavérine est issue du pavot et sert pour les anesthésies locales. Mais elles ont été pendant longtemps employées pour concevoir des textiles ou encore des colorants. En Inde, sans que l’on puisse vraiment en donner la date (environ -3000 ans avant J.-C.) la garance et l’indigo sont utilisés. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’indigo va être connu des Européens avec l’introduction des Indiennes. De même pour l’importation de différents bois, tels que le bois rouge des Indes ou le bois bleu (ou bois de Campêche, province du Mexique).

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Bourrelets de cicatrisation

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Lieu géométrique de la dent du bétail

Déformation par l’abroutissement du bétail

Faisceaux de rameaux issus du développement de bourgeons dormants

Arbre d’Émonde (chêne, frêne, erable, orme)

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IV Clé simplifiée de détermination des feuillus

IV Ligneux intéressants pour quelques jardins dans le Pays de la région mulhousienne Jardin Jaquet (parc avec cartels et panneaux explicatifs) Érable Négundo Acer negundo ; Érable Sycomore Acer pseudoplatanus ; Marronnier commun Aesculus hippocastanum ; Ailanthe du Japon Ailanthus altissima ; Aucuba panaché Aucuba japonica ‘Variegata’ ; Bouleau pubescent Betula alba ; Bouleau commun Betula pendula ; Buis toujours vert Buxus sempervirens ; Charme commun Carpinus betulus ; Châtaignier commun Castanea sativa ; Cèdre de l’Atlas Cedrus atlantica ; Chimonanthe précoce Chimonanthus praecox ; Cornouiller mâle Cornus mas ; Aubépine épineuse Crataegus laevigata ; Fusain d’Europe Euonymus europaeus ; Hêtre pourpre Fagus sylvatica forme purpurea ; Forsythia à fleurs pendantes Forsythia suspensa ; Arbre aux Quarante Ecus Ginkgo biloba ; Houx commun Ilex aquifolium ; Genévrier de Pfitzer Juniperus X media ‘Pfitzeriana’ ; Seringat à bouquets Philadelphus coronarius ; Laurier-cerise Prunus laurocerasus ; Robinier Faux-Acacia Robinia pseudoacacia ; Lilas commun Syringa vulgaris ; If à baies Taxus baccata ; Tilleul argenté Tilia tomentosa.

Parc Alfred Wallach (parc avec cartels) Sapin de Nordmann Abies nordmanniana (jeunes, situés Place de Jeux) ; Érable champêtre Acer campestre (1 situé près du Centre d’Accueil) ; Érable à feuilles palmées Acer palmatum (1 situé Place de Jeux) ; Érable Plane Acer platanoides ; Érable Sycomore Acer pseudoplatanus (quelques uns sont taillés en rideau près de l’entrée de la Rue des Sapins) ; Marronnier commun Aesculus hippocastanum (26 sont en alignement de part et d’autre de la promenade située au sud-est du parc) ; Buis toujours vert Buxus sempervirens (6 taillés en boule sont alignés au-dessus des Broderies et de la Roseraie) ; Charme commun Carpinus betulus ; Cyprès de Lawson Chamaecyparis lawsoniana (2 situés près du Centre d’Accueil) ; Hêtre commun Fagus sylvatica (les plus grands sont au sudouest de la Fontaine) ; Frêne commun Fraxinus excelsior ; Houx commun Ilex aquifolium (dont 13, assez jeunes, font partie du Labyrinthe) ; Houx à feuilles de Châtaignier Ilex X koehneana ‘Chesnut Leaf’ (situés Place de Jeux) ; Épicéa commun Picea abies ; Pin noir d’Autriche Pinus nigra ; Pin sylvestre Pinus sylvestris (situés dans la partie boisée au nord-est de la Fontaine) ; Pin de l’Himalaya Pinus wallichiana (situé Place de Jeux) Platane commun Platanus X acerifolia ; Peuplier noir Populus nigra (1 situé Place de Jeux) ; Peuplier d’Italie Populus nigra var. italica (situés côté Centre d’Accueil) ; Cerisier de Pissard Prunus cerasifera ‘Atropurpurea’ (1 situé près du Centre d’Accueil) ; Sapin de Douglas Pseudotsuga menziesii (2 situés dans le massif à érables entre le parc et le Centre d’Accueil) ; Robinier Faux-Acacia Robinia pseudoacacia ; If à baies Taxus baccata (14 taillés en cône sont situés en bordure du Tapis Vert) ; Thuya pyramidal à port compact Thuja occidentalis ‘Pyramidalis Compacta’ (8 entourant les Broderies) ; Tilleul à grandes feuilles Tilia platyphyllos (35 sont taillés en rideau, répartis comme suit : 25 de part et d’autre des Broderies et de la Roseraie et 10 en massif près de l’entrée de la Rue de Sapins) ; Tilleul de Crimée Tilia X euchlora ; Tilleul d’Europe Tilia X europaea ; Glycine d’Amérique Wisteria frutescens (5, lesquelles font partie du Labyrinthe).

Parc Braun (parc avec cartels) Sapin blanc Abies alba (un sujet côté immeubles) ; Érable de Montpellier Acer monspessulanum (un sujet âgé et très remarquable au centre du Parc) ; Érable Plane Acer platanoides ; Érable Sycomore Acer pseudoplatanus (C’est l’arbre dominant / un sujet remarquable au milieu du parc possède 6 grosses branches érigées : quelques uns ont une tendance pourpre) ; Érable Sycomore colonnaire Acer pseudoplatanus ‘Erectum’ (un sujet côté immeubles) ; Marronnier commun Aesculus hippocastanum ; Bouleau commun Betula pendula ; Buis toujours vert Buxus sempervirens ; Cyprès de Lawson Chamaecyparis lawsoniana ; Aubépine monogyne Crataegus monogyna (des sujets âgés devenus de petits arbres) ; Hêtre commun Fagus sylvatica (un jeune sujet vers l’entrée sud-ouest) ; Hêtre pourpre Fagus sylvatica f. purpurea (un très beau sujet sur la limite à l’ouest du parc) ; Hêtre

pleureur Fagus sylvatica ‘Pendula’ (un arbre remarquable côté immeuble) ; Épicéa commun Picea abies ; Sapinette d’Orient Picea orientalis ; Pin noir d’Autriche Pinus nigra (parmi lesquels de beaux exemplaires) ; Merisier vrai Prunus avium ; Cerisier de Pissard Prunus cerasifera ‘Atropurpurea’ ; Prunier à greffer Prunus domestica ssp. intitiata ; Cerisier du Japon Prunus serrulata (sujets jeunes) ; Chêne pédonculé Quercus robur ; Robinier FauxAcacia Robinia pseudoacacia ; If à baies Taxus baccata (avec quelques beaux sujets) ; Thuya du Canada Thuja occidentalis ; Viorne à feuilles ridées Viburnum rhitidophyllum.

Parc Glück Érable champêtre Acer campestre (sujets jeunes) ; Érable plane Acer platanoides (de nombreux sujets, y compris les alignements extérieures, certains à troncs multiples) ; Érable Sycomore Acer pseudoplatanus (c’est l’arbre dominant / beaucoup ont des troncs multiples) ; Ailante du Japon Ailantus altissima (dont un remarquable côté Rue Josué Hofer) ; Bouleau de Maximowicz Betula maximowicziana (sujets jeunes) ; Bouleau noir Betula nigra (sujets jeunes) ; Bouleau fastigié Betula pendula ‘Fastigiata’ (sujet jeune) ; Charme fastigié Carpinus betulus ‘Fastigiata’ (sujets jeunes) ; Noisetier commun Corylus avellana (constitue un beau massif linéaire face aux immeubles) ; Frêne commun Fraxinus excelsior ; Savonnier de Chine Koelreuteria paniculata (sujets jeunes) ; Pommier commun Malus communis ; Pin noir d’Autriche Pinus nigra (sujets jeunes) ; Peuplier noir Populus nigra (tronc triple) ; Merisier vrai Prunus avium (sujet assez remarquable) ; Griottier Prunus cerasus ; Prunier Quetsche Prunus domestica ssp. domestica ; Prunier à greffer Prunus domestica ssp. intitiata (dont un remarquable près du terrain de volley-ball) ; Cerisier du Japon Prunus serrulata (sujets jeunes) ; Robinier Faux-Acacia Robinia pseudoacacia ; Saule Marsault Salix caprea.

Square de la Bourse Érable Plane Acer platanoides ; Marronnier commun Aesculus hippocastanum ; Bouleau commun Betula pendula ; Bouleau lacinié Betula pendula ‘Dalecarlica’ ; Hêtre pleureur Fagus sylvatica ‘Pendula’ ; Fèvier d’Amérique Gleditsia triacanthos ; Platane commun Platanus X acerifolia (individus remarquables) ; If à baies Taxus baccata (l’un d’eux à tronc double) ; Tilleul à petites feuilles Tilia cordata ; Tilleul à grandes feuilles Tilia platyphyllos ; Tilleul argenté Tilia tomentosa ; Tilleul à longs pétioles Tilia petiolaris.

Square des Evadés de Guerre, appelé plus communément square Kennedy (parc avec cartels) Erable Sycomore Acer pseudoplatanus ; Erable argenté de Wier Acer saccharinum ‘Wieri’ ; Marronnier commun Aesculus hippocastanum ; Buis toujours vert Buxus sempervirens ; Cyprès pleureur de Nutka ; Cornouiller mâle Cornus mas ; Houx commun Ilex aquifolium ; Magnolia à fleurs de Lis Magnolia liliiflora ; If à baies Taxus baccata ; Tilleul d’Europe Tilia X europaea ; Tilleul à long pétiole Tilia petiolaris.

Square Steinbach Sapin du Colorado Abies concolor ; Érable Négundo Acer negundo ; Érable Plane Boule Acer platanoides ‘Globosum’ (allée de 30 sujets) ; Érable Sycomore Acer pseudoplatanus ; Marronnier commun Aesculus hippocastanum ; Bouleau lacinié Betula pendula ‘Dalecarlica’ ; Buis toujours vert Buxus sempervirens ; Libocèdre Calocedrus decurrens (jeune sujet) ; Charme commun Carpinus betulus ; Cèdre de l’Atlas Cedrus atlantica ; Micocoulier de Virginie Celtis occidentalis ; Cyprès de Lawson Chamaecyparis lawsoniana ; Cornouiller sanguin Cornus sanguinea ; Noisetier de Byzance Corylus colurna ; Hêtre commun Fagus sylvatica ; Hêtre pleureur Fagus sylvatica ‘Pendula’ ; Frêne commun Fraxinus excelsior ; Arbre aux Quarante Ecus Ginkgo biloba ; Houx commun Ilex aquifolium ; Savonnier de Chine Koelreuteria paniculata ; Tulipier de Virginie Liriodendron tulipifera ; Épicéa du Colorado Picea pungens ; Pin noir d’Autriche Pinus nigra ; Platane commun Platanus X acerifolia ; Robinier Faux-Acacia Robinia pseudoacacia ; Séquoia géant Sequoiadendron giganteum ; If à baies Taxus baccata ; If d’Irlande Taxus baccata ‘Fastigiata’ ; Thuya du Canada Thuja occidentalis ; Tilleul à grandes feuilles Tilia platyphyllos.

Parc Salvator (parc avec cartels) Érable Négundo Acer negundo ; Érable Sycomore Acer pseudoplatanus ; Marronnier commun Aesculus hippocastanum ; Chicot du Canada (jeune) Gymnocladus dioicus ; Bouleau pubescent Betula alba ; Buis toujours vert Buxus sempervirens ; Buis à marges dorées Buxus sempervirens ‘Aureomarginata’ ; Charme commun Carpinus betulus ; Libocèdre Calocedrus decurrens ; Cèdre de l’Atlas Cedrus atlantica ; Cyprès de Lawson Chamaecyparis lawsoniana ; Cyprès de Nutka Chamaecyparis nootkatensis ; Noisetier commun Corylus avellana ; Noisetier pourpre Corylus maxima ‘Purpurea’ ; Hêtre à feuilles d’Asplénium Fagus sylvatica ‘Aspleniifolia’ ; Hêtre pourpre Fagus sylvatica f. purpurea (forme ramassée à tronc court) ; Frêne à feuilles étroites Fraxinus angustifolius (tronc triple) ; Frêne commun Fraxinus excelsior ; Févier à trois épines Gleditsia triacanthos ; Houx commun Ilex aquifolium ; Copalme d’Amérique Liquidambar styraciflua ; Tulipier de Virginie Liriodendron tulipifera ; Oranger des Osages Maclura pomifera ; Épicéa commun Picea abies ; Pin noir d’Autriche Pinus nigra ; Pin de l’Himalaya Pinus wallichiana ; Poirier de Chine Pyrus calleryana ; Chêne chevelu Quercus cerris ; Saule des vanniers Salix viminalis ; Saule charmant Salix X blanda (S. fragilis X S. babylonica) ; Sureau à marges dorées Sambucus nigra ‘Aureomarginata’ ; Séquoia géant Sequoiadendron giganteum ; Sophora du Japon Sophora japonica ; Staphylier Faux-Pistachier Staphylea pinnata ; If à baies Taxus baccata ; Tilleul à petites feuilles Tilia cordata ; Tilleul argenté Tilia tomentosa ; Tilleul d’Europe Tilia X europaea ; Tsuga du Canada Tsuga canadensis ; Viorne de Corée Viburnum carlesii.

Square du réservoir Sapin blan Abies alba ; Sapin de Corée Abies koreana ; Sapin d’Espagne Abies pinsapo ; Marronnier commun (huit en alignement) Aesculus hippocastanum ; Buis toujours vert Buxus sempervirens ; Noisetier commun Corylus avellana ; Hêtre commun Fagus sylvatica ; Magnolia à fleur de Lis Magnolia liliiflora ; Epicéa commun Picea abies ; Epicéa inversé Picea abies ‘Inversa’ ; Sapin Douglas Pseudotsuga menziesii ; Pin noir d’Autriche Pinus nigra ; If à baies Taxus baccata ; Tilleul à grandes feuilles Tilia platyphyllos.

Mais aussi : Le square du belvédère Parc de Rixheim Parc zoologique et botanique de Mulhouse

Les arbres en Ville Feuillus Feuilles composées : Maronnier commun Aesculus hippocastanum ; Savonnier de Chine Koelreuteria paniculata ; Sorbier des oiseleurs Sorbus aucuparia. Feuilles simples : Hêtre commun Fagus sylvatica ; Arbre de Judée Cercis siliquastrum ; Bouleau commun Betula pendula ; Tulipier de Virginie Liriodendron tulipifera ; Platane commun Platanus X acerifolia.

Conifères Feuilles en écaille : Séquoia géant Sequoiadendron giganteum. En faisceaux par deux aiguilles : Pin sylvestre Pinus sylvestris ; Pin noir d’Autriche Pinus nigra. Aiguilles en rosette : Cèdre de l’Atlas Cedrus atlantica.

Les arbres de l’île du Rhin Érable champêtre Acer campestre ; Érable Sycomore Acer pseudoplatanus ; Peuplier d’Italie Populus nigra var. italica ; Peuplier blanc Populus alba ; Charme commun Carpinus Betulus ; Orme de montagne Ulmus glabra ; Noyer commun Juglans regia.

Les arbres et plantes à fleurs de la forêt de la Harth Alisier torminal Sorbus torminalis ; Charme commun Carpinus Betulus ; Chêne pédonculé Quercus robur ; Chêne sessile Quercus petraea ; Érable champêtre Acer campestre ; Erable plane Acer platanoïdes ; Frêne commun Fraxinus excelsior ; Fusain d’Europe Euonymus europaeus (toxique) ; Merisier vrai Prunus avium ; Noisetier commun Corylus avellana ; Noyer commun Juglans regia ; Pin sylvestre Pinus sylvestris ; Ronce commune Rubus fruticosus ; Tilleul à petites feuilles Tilia cordata.

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IV cLé SimPLiFiée de détermination des feuillus

V Petit LexiQue Ramure

Feuillage

Structure d’un arbre

Cime

Arbre : grand végétal ligneux dont la tige est nue près du sol et porte des branches à son sommet. Branche : ramification du tronc d’un arbre. Chevelu : partie de la racine qui est remplie de filaments. Cime : partie la plus haute de l’arbre. Couronne : partie de l’arbre de la première branche à la cime. Feuillage : ensemble des feuilles. Fût : partie de l’arbre entre les premières branches et le sol. Pivot : racine principale enfoncée verticalement dans le sol. Racines latérales : ramifications servant à maintenir l’arbre en place et à le nourrir. Rameau : division des branches. Ramille: division des rameaux. Ramure: branches et rameaux d’un arbre. Tronc : corps de l’arbre.

Couronne Rameau Ramillle Fût

Tronc Radicelle

Racines latérales

Chevelu

Pivot

Structure d’une feuille

Limbe

Nervure centrale Pétiole Stipules

Nervure latérale Gaine Tige

Feuille : organe chlorophyllien fixé le long d’une tige ou d’un rameau. Gaine : partie de la feuille qui rattache le pétiole à la tige. Limbe : partie principale de la feuille. Nervure latérale : linge divisant, mais pas entièrement, la feuille en lattes. Nervure centrale : ligne divisant la feuille en deux. Pétiole : partie de la feuille la reliant à la tige. Stipules : point d’insertion de la feuille. Tige : partie de la plante qui porte les feuilles. Tomenteux : couvert d’une pubescence cotonneuse, feutrée Verticille, verticillé : ensemble d’organe insérés en cercle au même niveau autour d’un axe.

Formes du limbe

Asymétrique

Cordiforme

Acuminé

Mucroné

Oblong

Spatulé

Emarginé

Ovale

Ovoïde

Lancéolé

Obovale

Aciculé

Limbe : partie principale de la feuille généralement large et aplatie. Aciculé : forme longue et mince. Acuminé : feuille dont la pointe est fine et allongée. Asymétrique : n’étant pas symétrique. Cordiforme : forme d’un coeur. Décurrent : le limbe se prolonge sur la tige ou le pétiole en rétrécissant graduellement. Émarginé : échancré à son extrémité. Lancéolé : forme d’une lance. Mucroné : feuille dont la nervure centrale est allongée. Oblong : forme allongée. Obovale : forme ressemblant à celle d’un oeuf inversé. Ovale ou ovoïde : forme ressemblant à celle d’un oeuf. Spatulé : forme rappellant celle d’une spatule.

Bords du limbe Ondulé

Digité

Sinué

Acéré

Denté

Lobé

Festonné

Palmé

Bipinnatiséqué Tripinnatiséqué Pinnatiséqué Palmatiséqué Pédatiséqué

Palmotilobé

Bipartite

Tripartite

Palmipartite

Pinnatipartite

Acéré : abordure coupante. Bipartite : divisé en deux parties. Crénelé : bordé de dents obtuses ou arrondies Denté ou denticulé : bord ressemblant à des dents. Digité : ressemblant à des doigts. Lobé : avec des lobes. Ondulé : bordure rappelant la forme d’ondes. Palmé : avec des palmes. Palmatilobé : feuille palmée avec les lobes arrondis. Sinué : décrivant des sinuosités. Squameux : en forme d’écaille Tripartite : divisé en trois parties.

Pinnatifide

Ce projet est une co-production entre la Nef des sciences, Centre régional de culture scientifique, technique et industrielle (Mulhouse) et le Service de l’inventaire du patrimoine culturel, Région Alsace.

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Pays’âges et industries, une relation exposée sous le regard de philosophes, botanistes, historiens ou encore économistes.


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