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Europe
from ElectroVision 2022 nr 2 - FR
by NELECTRA
Comment l’Europe réagit-elle face au déficit criant de puces électriques ?
Installateurs et détaillants sont confrontés à des problèmes de livraison. C’est ce qui ressort notamment de l’enquête menée par Nelectra à propos des conséquences de la pandémie. Nos membres ont signalé que les délais de livraison et temps d’attente s’étaient encore allongés et que le stock de certains fournisseurs était même (presque) épuisé. Un problème que l’on doit principalement à une grave pénurie de puces, également appelées semi-conducteurs. La Commission européenne planche en ce moment sur un plan stratégique à long terme : le European Chips Act. Nous avons demandé à VLEVA de plus amples explications, et les officiers de liaison Liese Dewilde et Ute De Meyer ont répondu à nos questions.
ÉlectroVision : Une grande partie du secteur de l’électro est confronté à des déficits et à de très longs délais de livraison. Pouvez-vous nous éclairer sur l’origine du problème ?
Ute De Meyer (UDM) : Les causes sont multiples. Avec la pandémie, la demande en produits numériques a explosé. Les usines de production, également appelées fabs, tournent à plein régime, mais la demande reste largement supérieure à l’offre. À cela s’ajoutent les tensions géopolitiques qui ont provoqué la constitution de stocks stratégiques de certaines puces, induisant une perturbation de la chaîne de valeur. Pour ne citer qu’un exemple : il y a quelque temps, la demande en voitures a diminué, réduisant le besoin en puces pour le secteur automobile. Vu que ce secteur applique une stratégie « just-in-time », les fabs ont réorienté leur capacité en puces vers d’autres marchés. Maintenant que la demande en voitures se redresse, les fabs ne sont pas en mesure de réagir rapidement et les pénuries dans le secteur automobile sont considérables.
Liese Dewilde (LD) : Un autre problème important concerne le lieu de production, l’Asie, principalement. La crise du coronavirus y a entraîné l’arrêt de plusieurs usines et le redressement rapide de l’économie provoque des demandes considérables, aussi bien au niveau local qu’au niveau mondial. L’offre ne permet actuellement pas de satisfaire la demande. Si l’Europe disposait d’une plus grande capacité de production, elle serait en mesure de mieux répondre à la demande de ses propres marchés. Or, à l’heure actuelle, elle dépend de l’Asie. »
Dans quelle mesure l’Europe est-elle dépendante de l’Asie ?
UDM : Aujourd’hui, la part totale de l’UE sur le marché mondial des semi-conducteurs est de 10 %. Sans investissements notables, la part de marché de l’Europe pourrait même se contracter à 5 % d’ici 2030. Nous savons par ailleurs que la demande mondiale en puces va doubler d’ici la fin de la décennie. Nous continuerons donc de dépendre des États-Unis et de l’Asie pour des quantités astronomiques si nous n’agissons pas. Liese Dewilde: “Un autre problème important concerne le lieu de production, l’Asie, principalement. ”

Ute De Meyer : “Pour répondre à la demande croissante et réduire notre dépendance, la Commission souhaite porter la production européenne à 20 % du marché mondial.” Pour répondre à la demande croissante et réduire notre dépendance, la Commission souhaite porter la production européenne à 20 % du marché mondial.
Parmi les solutions, la Commission européenne a lancé une proposition début février : le EU Chips Act. En quoi consiste-t-il ?
UDM : La stratégie européenne sur les puces s’articule autour de cinq objectifs stratégiques : • Consolider la recherche et le leadership technologique • Développer et consolider la capacité d’innovation lors de la conception, de la fabrication et du conditionnement de puces avancées et les intégrer à des produits finis • Créer un cadre pour porter la capacité de production des puces à 20 % du marché mondial d’ici 2030 • Remédier à la pénurie de compétences, attirer de nouveaux talents et soutenir l’émergence d’une population active qualifiée • Développer les connaissances dans la chaîne d’approvisionnement mondiale pour semi-conducteurs


L’EUROPE SOUFFRE D’UNE GRAVE PÉNURIE DE PUCES ...
CE SONT LES CHIENS QUI DOIVENT ÊTRE CONTENTS ! stratégie industrielle pour lutter contre les problèmes spécifiques liés à l’approvisionnement, les réserves critiques, etc. Concrètement, des alliances industrielles doivent être créées. Il y a quelques années, les batteries causaient le même problème que celui qui touche actuellement les puces. Grâce à diverses collaborations industrielles, nous avons fortement réduit notre énorme indépendance à d’autres continents pour les batteries, et nous sommes désormais en mesure de résoudre bien plus de problèmes à l’intérieur des frontières européennes.

Le but est-il de viser une autosuffisance à terme ?
UDM : La chaîne de valeur des semi-conducteurs est et sera toujours un marché mondial. Viser une autosuffisance totale serait donc utopique. Toutefois, il est primordial que l’Europe contrôle une partie importante de la chaîne de valeur, pour pouvoir jouer un rôle d’envergure internationale. Dans ce cadre, des dépendances réciproques et partenariats internationaux sont noués. Ils nous permettent d’avoir plus de poids en cas de crise.
Quand cette approche structurelle du problème portera-t-elle ses fruits ? Y a-t-il d’autres choses que l’on peut/ doit faire à (plus) court terme ?
UDM : Le EU Chips Act pose des objectifs à moyen et long termes. Pour y parvenir, nous devons mettre certaines choses en place sans attendre : • Consolider les points forts de l’UE dans le domaine de la Recherche et du Développement : faire émerger de nouveaux talents, de nouvelles technologies et de nouvelles conceptions de puces en Europe, ce qui induira une hausse de la demande et de l’offre futures en Europe. Imec est un acteur très important à cet égard. • Faciliter des investissements plus rapides dans la fabrication en Europe, et attirer les acteurs les plus avancés pour tenir tête aux leaders dans le domaine de la technologie des puces. Pour cela, il est indispensable que les États membres puissent octroyer des aides d’État supérieures à celles généralement accordées en Europe. • Libérer suffisamment de capital-risque pour les start-up et scale-up. Un EU Chips fund sera créé à cette fin.
Peu de choses sont prévues à court terme. Les résultats vont-ils donc se faire attendre ?
LD : Le EU Chips Act est en effet une proposition à long terme, mais il ne s’agit pas du seul dossier qui occupe l’Union. L’idée de maintenir certaines activités critiques à l’intérieur des frontières de l’Europe avait déjà émergé avant la pandémie. Alors que la crise du coronavirus a exacerbé certaines problématiques, d’importantes mesures ont été prises pour remédier aux problèmes actuels. Citons par exemple l’actualisation de la
Y a-t-il actuellement des fabricants de puces sur le marché européen/belge ?
UDM : Oui, et ils s’en sortent extrêmement bien. En Belgique, nous avons une production très spécifique de microcontrôleurs, imageurs, capteurs, etc. On peut citer comme entreprises notables STM, Bosch, Infineon, NXP et Melexis. Elles se renseignent également sur les nouvelles technologies fabriquées dans d’autres fabs et ont elles aussi besoin de partenariats fiables. Outre la production, imec est également un acteur d’envergure dans ce scénario, car il est un maillon neutre crucial dans le processus de recherche et de développement.
LD : L’Europe est cependant absente de la production des puces les plus avancées, que l’on doit principalement à TSMC à Taïwan et à Samsung en Corée du Sud.
Le EU Chips Act est - entendons-nous bien - n’est pour l’instant rien de plus qu’une proposition. Cependant, il est déjà évident que l’exercice le plus difficile sera le volet financier. Est-il exact qu’un soutien gouvernemental sera offert aux fabricants européens ?
LD : La recherche et la production de puces demandent énormément de capital, et impliquent des frais d’entrée élevés. De grosses sommes d’argent doivent donc être avancées dès le départ. Le volet financier est dès lors relativement compliqué et n’est pas encore tout à fait au point. Ce qui est bien clair, toutefois, c’est la stratégie envisagée. La Commission européenne souhaite, grâce à une aide publique, également attirer des investissements privés pour réunir le capital nécessaire, environ 43 milliards d’euros.
Quelle est selon vous la probabilité que la proposition de EU Chips Act se concrétise ?
LD : Tous les acteurs européens s’accordent sur l’ambition avancée. Si la forme concrète de cette proposition demande encore des négociations, ces objectifs sont communs à tous. La ratification du EU Chips Act ne fait donc presque aucun doute !
Linda Claeys
Quelques semaines après l’annonce du Chips Act par la Commission européenne, l’entreprise américaine Intel a fait savoir qu’elle avait l’intention d’investir massivement dans l’industrie européenne des puces. Les chiffres annoncés dans la presse donnent le tournis : Intel prévoit un budget allant jusqu’à 80 milliards d’euros pour les 10 années à venir.
Experience...

...pour l’avenir !


SMEunited à propos de la hausse des prix des matières premières
Fin 2021, SMEunited a publié un position paper sur l’explosion des prix des matières premières, sur la base d’informations collectées auprès de PME d’Europe. Grâce à notre excellente relation avec Véronique Willems, secrétaire générale, nous avons obtenu quelques explications de la part de SMEunited.
Comment expliquer l’explosion des prix des matières premières ?
Véronique Willems : Les problèmes d’approvisionnement, que l’on doit notamment aux difficultés dans le transport maritime, ont des conséquences fâcheuses : hausse des prix du transport, retards dans les livraisons, perturbations de la chaîne d’approvisionnement, et donc également augmentation des prix d’achat. Sans oublier une demande supérieure à l’offre. On l’explique principalement par le redressement rapide et intense de l’économie après le premier impact de la pandémie de coronavirus. S’y ajoute la pression exercée par des investissements internationaux majeurs sur les marchés des matières premières et les retombées de la transition numérique et écologique. Et, comme si cela ne suffisait pas, d’autres problèmes jouent dans l’équation : la livraison de matières premières et composants critiques, ainsi que les services d’expédition mondiaux, sont concentrés dans certains pays et chez certains fournisseurs. Remarque importante : l’impact de la guerre en Ukraine prouve qu’il faut poursuivre la diversification des matières premières et ressources importantes.

Qui sont les principaux touchés par ces hausses tarifaires ?
Même s’il y a clairement des disparités nationales et sectorielles, globalement, c’est dans le secteur de la construction que les hausses de prix des matières premières se font remarquer (acier, cuivre, minerai de fer, zinc, etc.). Ce secteur est également confronté à des délais de livraison accrus et à des pénuries. On observe également des hausses de prix pour le bois, le béton armé et les produits dérivés du pétrole (comme le plastique).
Quelle est l’ampleur de ces hausses tarifaires ?
Le prix des matières premières importées (denrées alimentaires, produits agro-industriels, minéraux) a augmenté de 25,2 % environ. Dans certains cas, on parle même de hausses astronomiques : les métaux ferreux ont enregistré une augmentation de + 91,3 %, le caoutchouc naturel de + 35,4 % et la viande de 50 %.
Quels sont les secteurs les plus durement touchés ?
Les principaux secteurs touchés par cette hausse sont le secteur de la construction, l’industrie du papier/du carton, l’industrie plastique, le secteur du transport, les articles de sport, les fabricants de meubles et d’habitations et le secteur agroalimentaire.
Et les frais de transport explosent eux aussi, n’est-ce pas ?
C’est exact : alors qu’il y a deux ans, le prix pour l’envoi d’un conteneur (40ft) d’Asie de l’Est/de Chine vers l’Europe du Nord coûtait 1 200 $, le même trajet coût aujourd’hui 23 000 $ environ.
Comment l’expliquer ?
En raison des confinements, plusieurs ports sont confrontés à une pénurie de conteneurs, ce qui conduit à des retards d’envergure inédite.
Comment les PME peuvent-elles survivre dans ces conditions ?
L’ensemble de ces facteurs a conduit à de nombreux problèmes chez plusieurs PME. En raison de leur position de négociation plus faible, à peine la moitié des PME est en mesure de répercuter les coûts de la hausse des prix sur leurs clients. Cette situation a érodé leurs marges bénéficiaires, déjà menacées depuis le début de la pandémie.
Comment SMEUnited entend-elle soutenir les PME?
Dans notre position paper, nous avons regroupé plusieurs recommandations de nos membres : des mesures destinées à soutenir les PME au niveau national, mais aussi au niveau européen. Au niveau national, l’accent porte, notamment, sur la mobilisation et la sensibilisation de l’opinion publique aux problèmes auxquels les PME sont confrontées. Nos membres se montrent également en faveur de la recommandation de suppression du prix fixe, pour éviter que les entreprises s’exposent à des risques économiques importants. Les contrats à prix révisables sont actuellement plus réalistes, car ils permettent de suivre l’évolution des prix des matières premières. Les recommandations européennes se concentrent quant à elles sur des lignes directrices dans le domaine des marchés publics, la mise en place d’une stratégie européenne des matières premières, le soutien de la poursuite des activités des entreprises dans l’UE en réduisant les dépendances, etc.
Linda Claeys
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