Mémoire - L’eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai. La frontière, la mobilité, un enjeu métropolitain.

L’eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai.

La frontière, la mobilité, un enjeu métropolitain.

Verkindère Nelson, Faculté d’Architecture La Cambre Horta de l’Université Libre de Bruxelles.

Promoteur : Nadia Casabella et Gery Leloutre.

Mots-clés : GETC1, Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai, analyse urbaine, analyse du paysage, frontière, mobilité.

Sujet brièvement exposé Depuis la construction de l’union européenne, les différences entre les territoires européens s’estompent au fil du temps. Le libre-échange dans l’espace Schengen en 1985, la suppression des douanes en 1993, l’apparition des groupements européens de coopération territoriale en 2008 contribuent à cette unification. En matière de métropole transfrontalière, celle de Lille, Kortrijk et Tournai, est l’une des pionnières dans son genre. La métropole franco-belge est la production volontariste d’une proximité transfrontalière qui puise ses racines dans une unité historique, celle des Flandres.

Le paysage, notamment celui des villes frontalières est un outil d’union des territoires de part et d’autre de cette limite, tout comme la mobilité en tant que source de liaison à l’échelle du territoire. Quelle est la réalité morphologique urbaine et paysagère des différentes liaisons de l’eurométropole ? Le mémoire permettra d’étudier ces notions qui composent le territoire eurométropolitain. De surcroît, l’étude évoquera le rôle de ces liaisons dans un tel territoire.

État de l’art Positionnement dans le champ de recherches existantes sur le sujet L’eurométropole est une structure complexe où Philippe Louguet identifie les tissus traditionnels imbriqués dans un système de polarité appuyé sur des réseaux du type périphérique, et qui s’ouvre également à l’intégration d’un système de la ville diffuse, très présent en Belgique 2. L’articulation des trois échelles, de la ville tissue, de la ville des réseaux et de la ville diffuse constitue la situation référentielle de la gouvernance de l’eurométropole. Dans les faits, ce qui est intéressant dans l’eurométropole franco-belge selon Philippe Louguet, c’est que ces trois structures sont imbriquées. Gérer cette coopération, avec trois villes représentatives, Lille, Kortrijk et Tournai, reste un défi. Ces villes, capitale de leur territoire, veulent coexister, être assimilé dans ce nouveau type de coopération. Les liaisons entre ces dernières sont primordiales afin qu’un territoire polynucléaire puisse s’y opérer, le mémoire permettra de considérer cette relation.

Au-delà de sa structure interne, la métropole se permet d’influencer un vaste territoire. Ses limites sont variables, c’est une œuvre en devenir, une « œuvre ouverte »3. Mais la construction d’une eurométrople 1

Groupements Européens de Coopération Territoriale LOUGUET Philippe, TIRY Corinne (dir.), Lille transfrontalière. L’architecture d’une métropole à grande échelle, Gollion, Infolio éditions, 2010.

Philippe Louguet est architecte et professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille où il dirige le laboratoire Conception / Territoire / Histoire (LACTH). Corinne Tiry est architecte et ingénieur de recherche du ministère de la culture. Elle est chercheuse au LACTH. 3 Notion se référant à « l’œuvre ouverte » d’Umberto Eco. 2

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se base également sur les villes frontalières. La forte contiguïté ou la forte proximité spatiale des villes belges et françaises facilite l’articulation entre les provinces. Mais ces espaces soulèvent des problèmes auxquels la frontière peut générer. Frans Thissen et Mariek van der Meer ont porté une approche sur la qualité de vie et la vitalité des villages frontaliers du point de vue des jeunes habitants 4, où entre autres, les problèmes linguistiques et les repères géographiques sont évoqués.

La notion de limite, de frontière, au sein du territoire est à regarder avec attention. Habituellement on regarde le territoire depuis son centre et au fur et à mesure que l’on s’approche de ses limites, le regard s’estompe. Dans le cas présent, ce sont les limites internes qui forgent l’identité du territoire. La frontière n’est plus seulement ce qui délimite le territoire, mais fait le territoire. Cette limite géographique « met de la distance à une proximité » selon les termes d’Arbaret-Schultz, et dans le contexte franco-belge, la barrière linguistique vient accentuer cette limite. Comme les limites et les discontinuités, la frontière produit et révèle un ordonnancement de l’espace. Elle présente une dimension symbolique et culturelle : elle renvoie à des représentations, à des constructions identitaires qui permettent de dissocier le « nous » des « autres » et qui donnent corps au territoire. En les supprimant, selon Régis Debray, on fait perdre aux hommes leurs repères5. Le mémoire approfondira l’analyse de la frontière franco-belge afin de déterminer quel rôle jouet-elle dans la coopération transfrontalière.

Bieke Cattoor6 travaille la recherche urbaine par la cartographie, notamment l’impact de l’infrastructure sur le développement d’une région. Cette dernière a cartographié et analysé les différentes voies de communication (les routes, les chemins de fer, etc.) de la région de Kortrijk. Cette méthode peut être déployée sur l’ensemble du territoire.

Recherche bibliographiques Ouvrage ANDRES Lauren, ZEPF, Marcus (dir.), Enjeux de la planification territoriale en Europe, Laussanne, Presses polytechnique et universitaires romandes, 2011.

CATTOOR Bieke, De MEULDER Bruno, Figures Infrastructures. An Atlas of Roads and Railways, Amsterdam, SUN Architecture, 2011.

CHAPEL Enrico, L'œil raisonné. L'invention de l'urbanisme par la carte, Genève, Metispresses, 2010.

De MEULDER Bruno, MICHIEL Dehaene, Atlas. Fascikel 1. Zuidelijk-West-Vlaanderen, Kortrijk, Anno’02, 2001.

BRIDOUX-MICHEL Séverine, Etude pour un projet d’aménagement d’un site transfrontalier, Ecole d’architecture de Lille, Travail personnel de fin d’études, sous la dir. de Frank Vermandel, 1995.

4 Thissen Frans, van der Meer Marieke, Les villages de la région frontalière du Westhoek, http://www.westvlaanderen.be, page consultée le 11 avril 2014.

Frans Thissen est professeur à l’université d’Amsterdam, au département de géographie, de la planification et du développement international.

5 REITEL Bernard, GRAEFE Olivier, Quelques enjeux des villes-frontières. Introduction au cahier thématique, dans « Geographica Helvetica » Jg. 62 2007/Heft 1.

Bernad Reitel est professeur de géographie à l’université d'Artois et Olivier Graefe est professeur de géographie à l’université de Fribourg Suisse.

6 CATTOOR Bieke, De MEULDER Bruno, Figures Infrastructures. An Atlas of Roads and Railways, Amsterdam, SUN Architecture, 2011.

Bieke Cattoor et Bruno De Meulder sont architectes et travaillent à l’université de Louvain, au département de l’architecture, de l’urbanisme et de l’aménagement.

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LOUGUET Philippe, TIRY Corinne (dir.), Lille transfrontalière. L’architecture d’une métropole à grande échelle, Gollion, Infolio éditions, 2010.

SPECTOR Thérèse, THEYS Jacques (dir.), Villes et métropoles : Entre villes et métropoles : rupture ou continuité, Lyon, Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme, et les constructions publiques, 1999.

Catalogues d'expositions Bruxelles 2040 trois visions pour une métropole. Bruxelles, Bozar, 2012.

Des Hommes et des frontières. Hevelland, Eglise de Kemmel, 2013-2014.

Marseille, de la ville à la métropole. Marseille, Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise, 2012-2013.

Articles GIBLIN-DELVALLET, Béatrice, « Lille métropole. Une eurométropole en devenir ? », dans : Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n°81, 2004, p.69-80, www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2004-1page-69.htm, page consultée le 6 mai 2013.

GROUEFF Sylvie, « Une métropole sans frontières – Belgique – Pays-Bas – Allemagne -.», dans : Ecologik, n°10, aout-septembre 2009, p.28-44.

LELOUP Fabienne, « Le développement territorial et les systèmes complexes : proposition d’un cadre analytique », dans : Revue d’Économie Régionale & Urbaine, octobre, 2010, http://www.cairn.info/revue-deconomie-regionale-et-urbaine-2010-4-page-687.htm, page consultée le 6 mai 2013.

LEROY Pieter, « La frontière, problème environnemental = De grens als milieu probleem », dans : De Franse Nederlanden : jaarboek = Les Pays-bas français : annales, n°34, 2009, p.10-37.

VAN ASSCHE Dirk, VIDAL Maarten, « Une primeur européenne - L'Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai = Europese primeur : Eurometropool Lille-Kortrijk-Tournai ». Dans : De Franse Nederlanden : jaarboek = Les Pays-bas français : annales, n°33, 2008, p.193-197.

Ouvrages et rapports universitaires LUCAS Mathieu, PRUVOST Bertille, Habiter à la carte, Ecole nationale supérieure d'architecture de Versailles, Travail Personnel de Fin d’Etudes, sous la dir. de Djamel Klouche, 2012.

PROVOOST Eric, L'Eurométropole Kortrijk-Lille-Tournai et son influence sur le territoire: analyse d'un GECT au travers de l'européanisation et de la gouvernance multiniveaux des frontières, Université catholique de Louvain (UCL) : Sciences politiques et sociales, sous la dir. d’Alain Schoon, 2012.

SIEGFRIED Anne, La coopération transfrontalière en matière d’urbanisme : comment améliorer l’échange d’information et développer les relations transfrontalières ? L’exemple de la métropole franco-belge, Institut d’étude politique de Paris, mémoire de DESS en urbanisme, aménagement et développement local, 2001.

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THEVENOT Valentin, Equation métropolitaine : processus de conception de la vision sur la métropole, Université Libre de Bruxelles - Faculté d’architecture La Cambre-Horta, Mémoire de fin d’études, sous la dir. de Nadia Casabella, 2012.

Sites internet Agence de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai, Eurométropole. Eurométropool. Lille – Koortrijk – Tounai, http://fr.eurometropolis.eu, page consultée le 29 mars 2014.

Collectif, 300 ans de frontière, http://www.300ansdefrontiere.eu, page consultée le 2 avril 2014.

Projet de recherche Un contact est déjà établi avec Philippe Louguet qui a une bonne connaissance du territoire et étant précurseur dans l’étude de l’eurométropole (le système urbain et du rôle de l'architecte).

L’approche de la zone frontalière, comme source de liaison à l’échelle de la ville, permettra d’identifier ce qui unit ou diverge les deux pays que côtoie l’eurométropole. Quels sont les différents types de paysages à la frontière ?

L’attention sera porté sur les villes frontalières, notamment les villes jumelles de la vallée de la Lys : les Comines, Wervik/Wervicq-Sud, Menin/Halluin, Mouscron/Tourcoing. Quel rôle jouent-elles dans le système urbain et paysager ?

Quel comportement peut-on trouver sur cette zone frontalière ? L’exemple d’équipement public partagé, d’éléments continus sur le tracé de cette frontière (évolution du parcellaire), des conflits portés par la frontière (Zone de protection des monuments historiques limités à la frontière, distance habitation/éolienne différente selon le pays en question), etc.

De même une analyse de la mobilité, comme source de liaison à l’échelle du territoire sera de mise.

La mobilité transfrontalière se réalise principalement d’une manière individuelle – le transport en commun transfrontalier fait défaut selon moi - à ce jour. La mobilité établie par l’eurométropole n’est pas à la hauteur de ce qui existe à l’échelle nationale. Quelles sont les voies de communication existantes ? Quelles sont leurs configurations spatiales ? Quelle est la stratégie à envisager ?

Méthodologie adéquate et plan de travail Positionnement avec des objectifs précis et des hypothèses de départ et table de matière L’approche du territoire frontalier – les villes frontière – s’organisera autour de reportages photographiques, de documents géographiques (topographie), de document d’archives (évolution du lieu, du parcellaire) et de sources secondaires afin de parfaire au mieux une analyse de ce lieu géographique et administrative. La séquence sur la mobilité s’axera autour d’une analyse graphique et théorique afin de mieux cibler les enjeux et les opportunités à partir de cette configuration spatiale. Les sources primaires, secondaires et notamment cartographiques seront exploités afin de mieux cibler les différents types de voies de communication (routes, chemins de fer, etc.) ainsi que la communication par la fonction (le rôle de la voiture, du transport en commun, du fluviale, du piéton, du cycliste, etc.) dans le travail préliminaire.

Le plan de travail s’articule dans un premier temps sur les deux notions abordées. L’analyse sur la frontière – structure urbaine et paysagère, source de liaison à l’échelle de la ville – et la mobilité, comme source de liaison à l’échelle du territoire. Il s’effectuera ensuite une réflexion sur la nature de ces liaisons, ce qu’il faut en tirer et du rapport qu’elles entretiennent dans le territoire.

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